LES POUPÉES DE RIVESALTES

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Serge Pey & Joan Jordà

les p up s de Rivesaltes



ne sont pas des

poupées devant

les s ldats





les poupĂŠes de rivesaltes


Ce livre est né de l’amitié entre Serge Pey et Joan Jordà. Une première série de dix dessins, dont il ne reste ici que le frontispice, a été réalisée en , à partir d’un texte de Serge Pey. Ce poème, qui donne son titre au recueil, court tout au long du livre. Le projet s’est poursuivi, en , par une série de lettres adressées au peintre, qui a répondu au poète par de nouveaux dessins. Trois poèmes inédits complètent le recueil. Une numérotation imaginaire (inspirée du modèle romain) désigne chacune des  « lames » du poème originel, « Les poupées de Rivesaltes ». ! = 1 — !i = 2 — !i! = 3 — !i!i = 4 — ? = 5 — : = 10 — ¿ = 50

© Quiero,  pour la présente édition  : ---   •   © Serge Pey & Joan Jordà pour les textes et les dessins


serge pey & joan jorda

l s p up s d Riv s lt s

quiero





Être captif, là n’est pas la question. Il s’agit de ne pas se rendre. Voilà. Nazim Hikmet, 1948


les p up s de Rivesaltes boivent le lait des statues que sculptent les s ldats

!


les p up s de Rives ltes ont un Christ crucifié dans leur ventre par les s ldats À Joan Jordà Lettre au temps et à la douleur  janvier  Cher Joan, amic, germa de llet, tio, padre, hermano. Nous avons un temps à rattraper, comme si la guerre nous avait dispersés encore après la guerre. Nous nous rencontrons quarante ans après. Après le camp de concentration, le bombardement de Figueras. Plusieurs vies sont passées entre nous. Les bombes pleuvent dans ta peinture et mes poèmes. Dans cette amitié, où nous pleurons ensemble, nous nous échangeons des tombes et des légions Condor. Nous savons : les fosses communes, les trous de chaux vive, les anarchies, les républiques de poètes. Je pourrais être ton fils dans la respiration des calendriers. Mais parfois je t’embrasse, comme si tu étais mon fils, dans son renversement. Nous sommes les frères du sang et de l’histoire, qui irriguent notre poème.

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les p up s de Rives ltes témoignent devant le tribunal des poupées contre les s ldats Tous les deux nous avons le droit de cracher sur le souvenir, parce que nous sommes entourés de souvenirs venus d’une région particulière du présent. Les souvenirs sont devant nous. Seul l’infini arrête nos chronologies. Nous sommes libres parce que nous n’avons pas d’avenir. Nous sommes libres parce que sans espérance. L’espérance est la dernière des prisons. Être libre, c’est libérer les prisons. Non les enfermer dans d’autres prisons. Le secret passe par le renversement des barreaux verticaux de la fenêtre de sa cellule. Retourne tes barreaux et fais une échelle que tu dresses contre le mur. Nous sommes ici dans le temps et la douleur. Nous sommes des enfants du désespoir. Quelle différence effectuer entre les terreurs ? Entre le passage de la frontière, le bombardement de Figueras et le calvaire des petits christs.

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les p up s de Rives Il faut fusiller le C’est la raison des Nous sommes de la pas le bonheur, ou qui nous réunit cirée pour partager le Le présent est éternel. Quand tu fais valser étoiles pour qu’on dansant nous inventons Dans ton atelier réalisent les muraux de s’arrachent du ciment

ltes sont des îles que

temps. révolutions. race qui ne connaît alors celui des simples, autour d’une toile vin et les tomates.

surveillent

Ta peinture est celle Nous sommes anargnons sur un dieu qui excréments athées de Nous sommes les code nos peintures. « Deus dit Spinoza.

les s ldats

Tout poète est maudit. nous aide à crever les Seule la malédiction vaise façon de dire. La Le monde parle en arra« Le beau c’est le mal »,

devant nous tes toilespuisse les voir en un autre temps. minuscule où se la douleur, des corps pour nous parler. d’un mystique. chistes. Nous pein’existe pas, avec les nos rires. prophages infinis sive natura », La malédiction yeux de la beauté. existe. La maumauvaise diction. chant nos dents. disait Baudelaire.

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l s p up s de Rives ltes jettent le civet noir du soleil à travers les fenêtres des s ldats La seule réalité que nous ayons est celle de notre vie entre deux non-existences. Mais la mort n’est pas le contraire de la vie, seulement de la naissance. Le vivant en nous ouvrant le contraire de la naissance, la mort, nous dit de vivre ce vivant. Rien n’est plus vivant que ta peinture comme une preuve de la science de l’espérance éternelle du présent. Tes toiles et tes dessins sont des trous où l’on voit le monde. Toute peinture doit créer un trou insondable. Si ce trou n’existe pas, l’œuvre n’est qu’une surface de faussaire. Tout ce que nous faisons est un passage entre deux trous. Je suis heureux du pin dans ta maison. Il fait un toit sur le toit. Le toit d’une maison n’est que les branches d’un arbre. Ce pin est un morceau d’une terre d’Espagne qui n’existe plus, il est devenu toute la maison. Les Espagne que nous aimons sont celles de nos communes. J’aime te voir peindre avec des tomates et coudre tes toiles, comme des pantalons, avec des épines de pin. À bientôt, bien le bonjour au Coquelicot*, comme un drapeau. À vendredi avec les Amis.

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l s p up s de Rives ltes croisent Ton frère du poème.

leurs doigts de ciment pour attraper les s ldats

* Amapola est le prénom de la compagne de Joan Jordà et signifie coquelicot en espagnol.

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Serge Pey


l s p up s de Rives ltes sont numérotées dans l’ombre liquide des s ldats

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l s p up s de Rives ltes ont des jugements qui cassent les verres des s ldats À Joan Jordà Nous avons plusieurs vies en nous  février  Cher peintre, cher Joan, chère rivière, Je regarde les animaux de dos. Je peigne les chiens et les éléphants. J’enlève les morts des photos. Les canaris enferment les hommes dans les cages et leur donnent des graines à manger. Nous suçons les pieds des danseuses. Nous avons plusieurs vies en nous. Nous avons le bonheur de l’éternité de l’œuvre. C’est pour cela que nous ne voulons pas vendre ce que nous faisons. Car nous voulons regarder encore notre pauvreté. Être nu est difficile dans les labyrinthes du feu. Nous ne vendons pas de l’esthétique même si nous équilibrons nos masses, nos mots et nos couleurs et que nous jonglons avec la rime et la vie. Hegel disait que « les pages de bonheur dans l’histoire sont des pages blanches ».

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l s p up s de Rives ltes crient sur les marchands de jouets déguisés en s ldats Les nôtres, les tiennes, tes toiles sans titres de l’infini. Ton bon heur. Étymologiquement, la façon de frapper à la porte, la bonne façon de frapper à cette porte, que nous inventons chaque jour. Le malheur étant le mauvais coup contre la mauvaise porte. Toc toc ! Entrez ! La porte tombe. Nous savons qu’il n’est pas de bonheur historique. Nous sommes de la race qui ne connaît que la joie. La joie est grave. Nous échangeons des poèmes uniquement, quand nous parlons entre nous. Ta parole me fait du bien. Tu me soignes de mon histoire, comme un morceau de pain. Parfois, je pense que tu ne peins que pour moi et que moi je n’écris que pour toi. J’ai vu une de tes peintures, qui représente le meurtre d’une femme. Je pense que ce meurtre au couteau est aussi un hommage à Delacroix. J’ai aimé la croix que font les pieds et les mains de la victime, si on regarde le tableau à l’envers. J’y ai vu l’Espagne, l’assassinat de la république mais aussi le quotidien infernal du fait divers.

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l s p up s de Rives ltes lancent des toupies avec des cordes contre les s ldats Comment trouver l’homme à l’intérieur de l’homme ? C’est notre tâche. Dieu est le passé de l’homme et l’homme l’avenir de Dieu. Ensemble, nous écrivons un présent écartelé et athée. Nous déclouons les christs des croix. Nous déclouons les clous. Nous cherchons l’homme à l’intérieur du fils de l’homme. Joan, tu es un ouvreur de monde. Je comprends que, parfois, tu sois réticent à vendre tes œuvres. Elles sont les morceaux de ton histoire, c’est-à-dire : de l’homme tout entier. Les crucifixions ne sont pas à vendre ou à voler. On m’a dit qu’on t’avait volé trente toiles et dessins. Je comprends que tu ne fasses pas du divertissement et que l’on ne négocie pas des morceaux de chair et d’intelligence. Quelqu’un m’a dit : je n’aimerais pas avoir une toile de Jordà chez moi. Elle n’est pas décorative. Quel hommage ! Le goût bourgeois, s’il a évolué, est toujours celui de la nature morte, du portrait et du paysage. Même en poésie, j’ai horreur des natures mortes comme des engagements traités de cette façon. La poésie, dans les excréments de ses cacadémies, même d’avant-garde, expose ses gibiers et ses fleurs dans les salons des porcgeoisies.

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l s p up s de Rives ltes ont des sexes de paille abandonnés par les s ldats Comment vendre du divertissement ? La peinture est aussi de la morale. La peinture de Marx Ernst, La vierge corrigeant l’enfant Jésus devant trois témoins, est la peinture théologique la plus surprenante de notre siècle. Le mystère de la sainte Trinité, dans sa relation à l’homme est un éclat de rire, car nous pensons aux éclats. La peinture des charniers fait de toi un peintre de l’Histoire à côté des Picassos, des Delacroix, des Siqueiros mais aussi plus profondément, dans la descente de l’art presque brut, fou, psychiatrique, l’art arracheur de douleur. La guerre civile, où l’on enferme les nôtres dans des trous de chaux vive, où les fascistes fusillent Lorca par l’anus, où l’on éventre les pauvres, cette guerre civile est la nôtre. De quelle corrida parlons-nous ? L’Espagne n’est pas l’Espagne, l’Espagne est le monde entier de notre douleur. Nous sommes la mémoire paléolithique de l’avenir. Comment acheter une œuvre qui n’est pas du divertissement ? Ta peinture doit être vue par tous, car elle est, comme le dit Lautréamont à propos de la poésie, « faite par tous ».

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l s p up s de Rives ltes La douleur jordanienne monde. Je comprends la difficulté Comment peut-on qu’un galeriste t’ait volé le témoignage d’un amour ? Pour les marchands, tout On vend du divertissement, bonbons ou des hommes. La mort est aussi un jeu tournante des dominos. J’aime partager, avec toi les tortillas de l’infini, paellas que nous donnons aux fantômes que nous

ont leurs pieds cloués sous la

est celle du de la vendre. imaginer désespoir et le est égal. comme des

semelle des sur la table s ld ts

et Amapola, les petites à manger aimons.

Ta peinture est aussi ma enterrée dans un cimetière où danse la sardane des

langue, celle de Toulouse, ardents.

Je t’embrasse, je te dis de barreaux, dans ce temps de nouvelles cages pour

à bientôt, scieur qui invente libérer le monde. Serge Pey

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l s p up s de Riv s ltes regardent la mer fusillĂŠe devant la mer par les s ld ts

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l s p up s de Riv s ltes lavent leurs visages de sable et d’acide au milieu des s ld ts À Joan Jordà Lettre du secret et de la joie  mars  Cher Joan, Quijote-marinero, navaja central del imagen, danseur de la sardane des guillotines Balle de ping-pong de ciment noir qu’on s’envoie, avec des raquettes de mains nues, sur une table aussi de ciment noir. Nuage noir qu’on crève au-dessus de la rivière noire, car elle accouche de dix petits chiens noirs. Casserole noire où l’on fait bouillir les étoiles noires pour le repas noir des alchimies. Le secret d’un artiste est de ne pas exister. Tout artiste doit supprimer son miroir, ce barrage qui contient le fleuve de tous les angles de ses schizophrénies réunies. Vive la mort des polygones ! Contre leurs angles pour n’en conserver que les diagonales et les diamètres dans l’invisible de notre destin. Ce que reflète un miroir n’est que la plus petite représentation de ce que nous sommes. Un artiste doit laisser entrer en lui la liberté des contradictions

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l s p up s de Riv s ltes ont un ongle brisé qui déchire le sang des s ld ts au-delà de ses psychologies. Le « je » comme l’outil pour faire un trou jusqu’à la disparition de l’outil. Chez tous les grands peintres ou poètes, je vois leur « moi » disparaître derrière le trou qu’ils ont fait en eux. À force de se creuser, ils sont passés derrière eux. On doit voir le monde à travers toute œuvre. Quand je conseille les jeunes poètes, je leur demande de casser le miroir dans lequel ils se regardent. Si le miroir n’est pas cassé, l’œuvre n’existe pas. À travers ta douleur et celle de notre peuple, ce n’est plus toi qui te racontes, c’est le monde tout entier. L’essentiel est de construire le trou. Nous devons ne plus exister dans la séparation de l’œuvre. Nous n’existons pas. Une œuvre c’est la contemplation singulière, par celui qui l’a fait, de la non-existence de l’ego. Nous nous lavons, non devant un miroir, mais avec ses tessons cassés. C’est pour cela que nous saignons, c’est la condition de nos accouchements. Une œuvre signe le contraire d’une propriété. Notre corps, dans le sang de ses mises au monde, alimente les fontaines du vivant.

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l s p up s de Riv s ltes sont des gibiers rouillés dans les pièges des s ld ts L’art est ce miroir cassé où nous voyons le monde éparpillé, comme plusieurs mondes. C’est le titre de cette toile sans titre, que nous avons appelée La Corrida et que je ne voulais pas que tu vendes. Les mondes sont simultanés. En poésie, la profération, en même temps, de plusieurs textes, fonde une cacophonie mais aussi les coexistences contradictoires et absolues de l’état radical de l’infini, qui contient tous nos mondes. Un sandwich de réalité. Un vrai artiste est un être désespéré. Un artiste de l’espoir et de l’espérance est un faussaire. Il ne faut pas confondre la joie que nous vivons avec une espérance. C’est parce qu’il n’y a pas d’espérance que l’art existe. Un artiste optimiste est un déchet de consommation. La seule gloire pour lui est la malédiction, par laquelle la société le défigure. Désespérer est plus libérateur qu’espérer. Le bonheur est dans la durée. La joie est dans l’éternité des moments. Les réactionnaires sont du côté du bonheur et les révolutionnaires du côté de la joie.

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l s p up s de Riv s ltes se déshabillent devant le fusil froid des s ld ts

L’esprit du bourgeois reste dans l’accumulation des profits et des propriétés. Quant à nous, nous défendons une beauté de la destruction. Nous sommes maudits, parce que nous sommes dans la joie. Nos empreintes, dans la glaise préhistorique et illettrée de nos cavernes, sont les traces de nos guerres de Cent Mille Ans. Cher Joan, j’aime tes christs parce qu’ils sont des hommes et non des dieux. Le Christ, par son suicide, nous dit que son art de la résurrection est au-delà de la monstruosité de l’ego, comme une œuvre d’art. L’art est un partage des résurrections. Cher Joan, un jour, il pleuvait de l’encre sur les arbres. Tous les deux, nous sommes devenus si tristes que nous avons jeté les fenêtres par les fenêtres, simplement pour voir le vide se perdre dans le vide. Cher Joan, les présents que je vis avec toi sont éternels.

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l s p up s de Riv

Ta peinture est une langue, car tu peins avec ta langue. Ton pinceau a des dents et des cheveux. Ta peinture est une bouche. Pour le baiser, pour le vomi, pour le cri et pour le chant des barricades. L’art est la seule réponse à la monstruosité. Le dessin de ton cheval faisant l’amour impossible sur un tapis de fakir est notre destinée de fou. Devant l’invisible qui contient toutes nos réalités et que tu peins inlassablement dans le rythme de ton verbe, nous tremblons d’impossible.

s lt s traversent avec une épingle les photos gardées par les s ld ts

Aujourd’hui, je t’offre ce tremblement. Serge Pey

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l s p up s de Riv s lt s tuent l’âme des mouches dans l’air que respirent les s ld ts

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l s p up s de Riv s lt s versent de la pluie sur les barbelés qui entourent les s ld ts

Lettre à Joan Jordà et à son Chien polychrome  janvier  Cher Joan, Ce matin, tu es le Chien polychrome de mon espoir. Nous regardons ensemble le monde avec des jumelles noires pour en déceler les éclipses. J’écris à travers le chien d’une mémoire. Dans ce camp de sable où nous avons marché, nos pieds sont des chiens qui parlent avec des morts. Chaque matin, ils ressuscitent en mangeant nos langues. Nos orteils sont chauds de leur haleine. Leurs ongles coupés recouvrent la terre. On appelle nos pieds des chiens, car nous sommes sans chaussures.

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l s p up s de Riv s lt s tricotent des manches froides aux squelettes des s ld ts J’entends toujours ceux qui aboient dans nos espérances à l’envers. J’entends pisser un chien dont les pattes s’ouvrent sur du verre. Pourtant, même si je tranche sa langue, son hurlement fait exploser les horloges. Ton chien, loin d’imiter un chien, ne s’en inspire que pour faire comprendre l’os qu’il mange. Ton chien n’a pas la vérité pour chien. Il faut demander cette vérité essentielle à ses os. Ton chien est beau quand il a l’aspect d’un chien qui n’est pas un chien, et ce chien ne peut être appelé « chien » que si nous avons conscience que c’est un chien, et s’il offre l’apparence de l’os qu’il mange. Un chien se distingue de la nature quand il obéit à l’homme. En vérité, on ne devrait nommer « chien » que le produit de la liberté d’un chien, c’est-à-dire d’un vouloir qui fonde ses actes de chien sur la raison des chiens. Kant aurait pu dire qu’il faut comprendre que le travail des chiens n’est pas une œuvre d’art.

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l s p up s de Riv s lt s aiguisent des pioches pour enterrer les s ld ts

Le travail de Joan Jordà n’est pas une œuvre d’art, mais le travail d’un chien. L’art d’imiter un chien est donc bien éloigné du vrai chien, et, si l’artiste peut tout exécuter, c’est, semble-t-il, qu’il ne touche qu’une petite partie du chien, et cette partie n’est qu’un fantôme. Platon a raison contre le philosophe du chien. Mais il est aussi permis de soutenir que le beau d’un chien, dans la peinture, est plus élevé que le beau d’un chien dans la nature. Ainsi Joan Jordà, tu restes mon Hegel prolétaire. D’une façon générale, il faut dire que l’art, quand il se borne à imiter, ne peut rivaliser avec la nature, et qu’il ressemble à un os qui s’efforce, en aboyant, d’imiter un chien. Rien ne nous empêche de dire que, comparée à cette réalité, l’apparence d’un chien est illusoire ; mais l’on peut dire, avec autant de raison, que ce que nous appelons chien est une illusion plus forte, une apparence plus trompeuse que l’apparence de chien. Ainsi Joan, à toi tout seul, tu es L’Esthétique.

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s p up s de Ri

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s lt s ont de s gueule s de peti ts L’individualité d’un chien nous échappe toutes les fois que son aboiement n’est pas chiens matériellement utile à notre aboiement. devant fond de ce chien, qui fascine les images, les lesDuchiens que nous sommes se souviennent d’un temps où les chiens ne se voulurent de s ld ts supériorité que sur la mort. Un chien est ce par quoi toutes les formes deviennent des chiens. Un chien naît de la fascination de l’insaisissable du chien, du refus de copier des chiens, de la volonté d’arracher les chiens aux niches. Les artistes-chiens ne sont pas les transcripteurs des chiens, ils sont les rivaux des chiens.

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l s p up s d Riv s lt s sont clouées sur une croix décapitée par les s ld ts

Cher Joan, La peinture est une mort perpétuelle, sa plus grande gloire n’est pas de tomber dans le précipice des esthétiques, mais de se relever. Ce qu’apprend ta peinture, tu ne le sais pas, mais elle le devine dans notre marche, quand nos pieds sont devenus des os. Le sens de ta peinture, c’est ce qui reste quand on se débarrasse de tout ce qui est beau. Ta peinture crée le monde et le vrai problème qu’elle pose n’est pas la mort mais pourquoi on ne peut pas se suicider, car nous savons que le bonheur n’est pas une arme. L’esprit de la peinture consiste à proposer des erreurs, comme des clous dans l’œil de celui qui voit. En fait, une vraie peinture rattache la mort à un hasard qui ne veut pas exister. Et s’il y a des pierres, dans la peinture que tu peins, c’est parce que la peinture déplace la montagne. Comment échapper de la prison de sa liberté reste l’interrogation suprême de toute interrogation.

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l s p up s d Riv s lt s n’aiment ni la rose ni le coquelicot ni le drapeau de ciment des s ld ts

« Les camps d’extermination, en tentant de transformer l’homme en bête, ont fait pressentir qu’il n’est pas homme, seulement par la vie », dit Malraux. Tous les deux, nous nous sommes évadés, d’une certaine manière, d’un camp de concentration. Un jour, on me le reprocha. Mais nous ne sommes pas damnés, car nous avons une histoire. Quelle femme nous porta dans son ventre à travers les barbelés ? La boîte aux lettres d’Antonio Machado, à Collioure, est notre fond baptismal où nous plongeons la main pour nous signer.

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l s p up s d Riv s lt s écoutent le chien muet qui injurie le soleil des s ld ts Cher Joan, Ta peinture est celle d’un chaman, comme Jackson Pollock. Monstre sur femme couchée est une dialectique de la main et de la patte, du pied et de la gueule. Quel sang rose se pose soudain sur nous, comme une source ? L’acrylique coule sur les pansements du mythe vers les poubelles des intentions. On peut imaginer une humanité composée uniquement de cochons et de seringues. La voix des chevaux retentit, extraite de nos cavernes. La peinture est une insurrection. Le cheval à deux têtes est celui de nos destins que nous éventrons dans les abattoirs de la philosophie. Aussi des oiseaux-rats que nous envoyons, comme des bombes, dans le brouillard. Cher Joan, Tu es un arracheur de l’invisible et je tiens en laisse le rat de ta peinture contre son anagramme de l’art. L’Enlèvement d’Europe, par le sorcier à masque de taureau, nous laisse entrer dans la giration éternelle d’un soleil fou d’une femme à trois membres. La course du taureau bleu enjambe la tête du peintre qui regarde.

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s d Riv s lt s

mangent un sandwich de chien dans une assiette o첫 aboient l s s ld ts

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s d Riv s lt s

nouent les intestins des juives tuées par l s s ld ts Les Dragons jaunes, cette armée de Saturne montée par une femme qui mange son propre enfant, est une vision hallucinogène du destin. La mort féminine offre un bouquet de fleurs, un bouquet de sang, son pus coule dans le verre. La mort mange même la mort. Notre destin est toujours celui d’un festin nu. La peinture est une vision des mains. Car tout peintre est aveugle, et ce n’est pas son œil qui voit, mais sa main. Ce n’est pas son oreille qui entend, mais sa main. Un peintre a toujours des yeux au bout des mains, qui regardent à l’intérieur des yeux. La peinture n’est pas faite pour voir, mais pour entendre. Son oreille nous laisse ressusciter dans l’initiation du mystère. Un peintre ne peint pas réellement avec le corps que nous lui connaissons mais avec un corps qu’on ne voit pas. C’est avec son double qu’il réveille notre double. Toute peinture n’est qu’une communication entre les auras. À Port-Bou, Walter Benjamin a laissé le poison de son suicide au bord de la plage pour que nous comprenions l’art du point de vue de la philosophie.

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Le sorcier-crocodile a inversé ses yeux et sa bouche et nous porte l’ananas de la vie. C’est un hommechaman. Il parle avec un nuage aux sabots impossibles. Nous sommes dans l’enfer des dernières flammes de Dante. Un long voyage sort de la grotte des malédictions, le mufle de l’animal impossible dégouline de couleur dans la dysenterie de nos tripes de craie.

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Jordà préhistoires brutes : mains langues qui sortent croupe d’âne, pattes comme sexe en érection, gargouille souffle un œil au de la langue.

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Le conquistador à tête de mort piétine le peuple. Les Indiens vomissent des fruits.

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est le peintre des de nos révélations amputées, des yeux, et sabots une bout

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l s p up

s d Riv s lt s

ont des juments qui retroussent leurs genoux devant l s s ld ts Le conquistador a une croix pour éperon. Sa dentition impossible est celle de sa faim. Le pouvoir est toujours celui de la mort. Joan, Le génie de Jordà est de révéler le détail, comme une clef dans la porte de l’œuvre. Je vais énumérer certains de tes titres et en faire des phrases pour une logique de la poésie : Ton Nu rouge est une peinture de notre folie, qui fait des trous dans le chaos en ne laissant passer que nos ombres. La lumière est le vêtement que la nuit pend à son portemanteau après avoir tiré sur nous à bout portant. Ensuite elle se dissimule et cache son crime. Le sens de la forme qui nous défait, comme dans le masque de L’Oiseau du rêve, est celle d’un fantôme indien. Les formes sont des soldats pieds nus. Guerre civile de la couleur dans les formes de l’oppression.

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l s p up

s d Riv s lt s

arrachent les mains molles du soleil au milieu d s s ld ts La peinture des Lutteurs est une œuvre des forces dialectiques. Une mathématique de bloc. Les personnages ne sont pas des hommes mais des entités issues de la logique et d’un « quelque chose » héraclitéen. À travers la masse tournoyante de l’orgie des forces, les lutteurs s’aiment et jouent la contradiction de leurs mouvements. En tournant leurs masses, ils deviennent un moteur du chaos. Le tableau de la Retirada fait suite, dans la chronologie, à celui des Égorgeurs où s’intègre aussi une histoire de la peinture. Cette multitude peinte, microbienne, groupée, comme des virus, additionne notre rumeur à celle des fourmis des concentrations. Retirada : aussi ce dieu de la Kabbale qui crée le monde en se retirant. Mais notre retirada, notre retraite, est celle de notre présent. On ne vote pas pour l’art dans la démocratie des fourmis, mais on témoigne d’une façon métaphysique de respirer. Parfois on croit reconnaître le Munch du Cri. Ce pont que nous traversons, mais pour aller où ? Le monde de notre douleur n’est habitable qu’avec notre peinture. Les croix repoussent sur nous comme des chancres. Nous nous allaitons aux bouteilles de perfusion.

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l s p up

s d Riv s lt s

ont des trous qui parlent dans les trous que creusent l s s ld ts Le Long voyage porte un don Quichotte sur son cheval pâle. Il a perdu son moulin. Un taureau nous regarde. La danse des titres qui sont sans titre, c’est nous : les anonymes de nos marches et de nos espoirs dans des géographies inconnues. Dans une œuvre sans titre, celui qui regarde nomme ce qu’il voit. C’est le miroir du titre. La Maternité est celle des nuages. Une femme berce la poubelle de la lumière. L’Enfant au bras levé est celui du ghetto de Varsovie. Je l’ai reconnu. Il me reconnaît. Comme un fantôme, il m’invite à jouer. Il attend un ballon de ciment pour le renvoyer dans les buts de la terre. Des Chiens quittent leurs niches. Des petits jouets d’enfants nous regardent pour nous tuer car nous sommes déjà la mort. La Musique céleste de nos rêves est celle du voyage de l’air. Entre les Contes d’enfants et les Accumulations, le feu de la parole s’installe. Le regard est un corbeau.

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l s p up s d Riv s lt s effacent leur visage avec du vinaigre volé ux s ld ts Un Acrobate sur fond rouge nous invite à vivre sur le trapèze. On se balance entre l’homme-canon et le dompteur des fourmis. Je te prie Maternité au fœtus, traversée d’un coup de couteau. Je te prie Madone des avortements. Je te prie Vierge des seringues. Un oiseau attend à manger dans son bec. Tout est pareil. Les naissances ont toujours faim. Nous accouchons de squelettes humides. La Mère douloureuse est une montagne, on imagine ses torrents jusqu’à la vallée. Et encore, sur un autre pont un personnage à tête de chouette nous rencontre pour nous traverser. Ce n’est pas nous qui regardons ta peinture, mais elle qui nous regarde. Ou mieux, elle regarde une autre peinture en nous, que nous ne ferons jamais. Ta première exposition, en , marque le début d’une longue chirurgie du silence. Sur la table de dissection de la violence et des taxidermies des pouvoirs totalitaires, le pinceau pose sa couleur, comme des mots.

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l s p up

s d Riv s lt s

ont des rires qui laissent leurs os sur les tables où mangent l s s ld ts Le coyote et les alligators, le singe de la douleur sont au rendezvous des angoisses. Déjà dans Bombardements (), on entend les explosions de Figueras dans ta fuite en laissant San Felíu de Guixols dans les épaules de la mer. À Figueras, où un inconnu du comité exécutif de la poésie faisait exploser un christ, nous avons nettoyé la mort. Ménines, en , est une revendication de l’héritage de la peinture et celle de la monarchie du poème. Dans sa robe de naine, c’est l’histoire de la peinture qui nous explique la peinture. Après Vélasquez et Picasso, Jordà dialogue avec sa corporation. Dans le titre de Majas, Goya, le voisin de Castres se réveille. Nous sommes nus devant ses images comme devant les tiennes. À la Corrida, quel monstre affronter ? Dans quelle arène ? Quelle métaphore est-elle mise à mort ? Les Égorgeurs () te situent dans la misère du monde et de la peinture des grands engagements. Toi, l’homme de la paix et de la générosité de la sardane interdite sous le franquisme.

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l sp u p

s d Riv Toi, de la main ouverte où l’on peut lire les lignes de la souffrance des boussoles. Toi, de l’amour simple qui met la table et ouvre la porte. Tu le sais, parfois nous sommes un peuple à nous tout seul. Comment aborder le bonheur dans une peinture du passage ? Les Nageurs nous invitent à l’espérance, non des plages de la mer, mais à celles internes de la sérénité dans la joie spinozienne de la connaissance.

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s ld t s

Des origines de l’artiste, de toi, rien n’a été dit. Car les origines n’ont pas de lieu et ne répondent jamais à la question du quand et du où, mais du comment. Comment l’origine ? Et c’est dans ce comment que nous pouvons répondre au temps et au lieu. La peinture est le lieu de rencontre des images, celle du visible et celle de l’invisible. Elle dialogue avec les anges.

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l s p up s d Riv s lt s récitent la lumière pendant l’ ppel rouge d s s ld ts

Elle rencontre notre histoire et l’Histoire. Notre exil et l’Exil. Notre douleur et la Douleur. Les majuscules, ici, nous indiquent comment conjuguer les verbes du souvenir. Ta peinture, Joan, est le clou rouillé de nos cerveaux. Souviens-toi, ensemble, sans nous connaître, nous remontions les allées Jean-Jaurès, les Ramblas de Toulouse, avec ses vendeurs de chiens et d’oiseaux. Les limpiabotas de la place Wilson ciraient les chaussures de l’Histoire. Au café des Américains, on écoutait le jazz. Mais ce n’était pas pour nous. Le tramway nous attendait pour aller aux puces. Tes sandales de corde étaient trempées par l’orage et tu en défaisais les nœuds qui attrapaient la lune. Naturellement, nous étions adhérents à la CNT. On cotisait à l’AIT. On lisait le journal. On laissait traîner L’Espoir, notre journal, sur toutes les tables. Nous avions perdu la guerre et la république. Nous avions perdu nos barques et nos baraques. Nous avions la gloire des vaincus qui ont eu raison et notre défaite était plus grande que leur victoire. Les assassins et les mangeurs d’hosties n’avaient

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bouchers qui saignent la lune comme une truie sous l s jambes d s s ld ts que la conscience de leurs médailles. Nous le savions, nous le répétions : nous avons toujours perdu depuis Spartacus. Le combat de la libération est toujours une pierre de Sisyphe. La montagne, c’est ceux qui ne comprennent pas. On jouait aux échecs, comme tous les anarchistes. Mon père m’apprenait tous les soirs avec des mies de pain, des bouchons de liège et des cailloux. On étalait des blasphèmes, comme de la confiture sur les chemises. C’était notre communion de voyous. On chantait, assis par terre, en se faisant passer un soulier de main en main, Los esclòps de deu. On gueulait en espagnol « ¡ A las barricadas por el triunfo de la Confederación ! » pour que la république comprenne notre bannière. On n’aimait pas Dieu. Quand tu peignais, à Toulouse, le réseau Sabaté passait la frontière et attaquait les banques franquistes pour la cause du bonheur. On se croisait rue du Taur et puis, une fois par an, au Palais des sports, pour le rassemblement des éventails. Nous étions dans la même salle, à applaudir des orateurs qui parlaient sans papier, avec des bérets noirs, comme des auréoles de saintes.

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font des soleils de mégots pour éclairer l’ mbre d s s ld ts Tu dessinais, j’écrivais mes premiers poèmes d’enfant, on savait que nous deviendrions des hommes. Nos tripes se nouaient dans les pendus des tarots. Un jour, on a chanté Los Segadors puis L’Estaca. Un jour, on a dansé la sardane. Celle faite au soleil, quand tu peins en rouge les coquilles des escargots sur les grils en rond du bonheur. Un jour, on a mangé des sardines jusqu’à en pleurer. Un jour, on a mangé l’Histoire. Nous étions catalans : on nous disait espagnols. Mais nous étions noirs comme la poêle à frire de nos sardines. Nous sommes allés à la même école, aux murs effondrés, rue Labéda. Nous étions destinés à devenir ouvriers ajusteurs dans les usines. Nous avons été sur le même établi, nous avons limé le même fer à U, avec la même équerre, avec le même garde derrière nous. Pour un Espagnol, c’était toujours la retirada. Nous avons eu la même mère, une couturière qui assemblait les chiffons de notre vie.

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s nt des veuves de sable qui dansent d vant l s s ld ts C’est pour cette raison que tu racontes si bien les trous que nous avons dans les pantalons et les chemises du cerveau. Notre héritage : la Tour de Babel des espérances espérantistes, un ramassis de toutes les folies du fouriérisme, et des scénarios cénétistes. Toulouse a été une bonne ville pour les pirates de l’exil. Pas pour les poètes ni pour les peintres. Quel humanisme cultivé pouvait reconnaître l’art d’un pauvre, génial dans un tramway ? Toulouse a été pendant longtemps un W-C public pour les artistes. Ville rose aux excréments d’hémorroïdes, aux mains de voleurs et d’escrocs, aux yeux d’imbéciles de province et de poéseux. Totémistes des transparences et barbares de l’art brut, tes œuvres ne sont pas dans le métro comme un scandale. Tu es resté inconnu longtemps, sauf pour les anges et les démons des pinceaux de l’acrylique. Ta peinture, comme une pierre lancée dans le centre d’un lac, dessine des cercles qui touchent toute la peinture. Dans ta clandestinité, ton art a atteint les sommets de l’universel. Ton œuvre tutoie Saura, Clavé ou Picasso.

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Quiero éditions c/o Marginales « Les Billardes »  Forcalquier


Photographie Sebastià Goday Cuixart

Joan Jordà Peintre, sculpteur et graveur ; né à San Felíu de Guixols (Espagne), en . Émigre en France, en janvier , avec les républicains espagnols. Se fixe définitivement à Toulouse, en . Bref passage à l’école des Beaux-Arts de cette ville. Première exposition personnelle en . Depuis cette date, il expose régulièrement une œuvre qui témoigne d’un engagement contre la violence, les aberrations des pouvoirs totalitaires et des obscurantismes. Sélection d’ouvrages

Joan Jordà, peintre et sculpteur, textes réunis par René Pinies (avec un extrait de la « Lettre au Chien polychrome » publiée ici), Centre Joë Bousquet et son Temps & Musée des Arts et Métiers du livre de Montolieu,  ; la très belle monographie de son œuvre peinte : Joan Jordà par Muriel Sirat Jougla et Jean-Julien Urbain, Association des amis de Joan Jordà,  & de nombreux livres d’artistes : Les Cinq Sens, Joseph Delteil, Le Temps qu’il fait/Collot,  ; Fils de la lumière et de l’ombre, Miguel Hernandez, Sables,  ; Tauromachie, Pépé Hillo, Sables, . Alchimie du Verbe, Arthur Rimbaud, Finn,  ; Le Cœur grec, Joseph Delteil, Finn,  ;


Photographie 

Serge Pey Inclassable et universel, il expérimente depuis quarante ans, avec la poésie orale, une forme d’écriture incarnée, qui se dresse contre toutes les tentatives d’enfermement de la poésie. Cette « traversée de l’histoire de la poésie » fait de lui l’une des voix les plus singulières de la littérature française contemporaine. Sélection d’ouvrages

Auteurs de très nombreux recueils, nous citerons ici : L’Enfant archéologue, Jacques Brémond,  ; Dialectique de la Tour de Pise, Le Dernier télégramme,  ; Lèpres à un jeune poète, principes élémentaires de philosophie directe, Délit Éditions,  ; Droit de voirie, Maelström,  ; Le Trésor de la guerre d’Espagne, Zulma,  et l’essai le plus récent sur son travail de poète : Serge Pey et l’Internationale du rythme, ouvrage collectif dirigé par Andréas Pfersmann, Dumerchez/Atelier des Brisants, .


o Les Poupées de Rivesaltes, texte extrait des bâtons de Serge Pey et des carnets de Joan Jordà, troisième livre des éditions Quiero, imprimé en août  pour les communes d’Espagne les chiens polychromes & les portes renversées où nous nous sommes retrouvés dans l’affirmation d’un art poétique prônant la libération de la liberté o Édition & mise en page : Samuel Autexier Achevé d’imprimer sur les presses d’Archétype et celles de Rapid Compo à Forcalquier oo Il a aussi été imprimé, chez Archétype, un tirage de tête de cinquante exemplaires numérotés et signés, qui contient une lithographie réalisée par Philippe Moreau à partir d’un dessin de Joan Jordà (lame :?!i!i)


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