La Main Tendue n°8

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Bulletin du Club Parrainage du collège Paul Bert d’Auxerre

n°° 8

0,50 E

Mars 2009

LE CLUB PARRAINAGE ARRIVE SUR LE NET ( Voir notre article en pages 3 )

Voir aussi, en pages 4 et 5: Thomas, notre nouveau nouveau filleul Les élèves du Club en plein travail sur leur tout nouveau site


Que de chemin parcouru depuis six ans ! Lorsque le Club a été créé, en 2002, avec une poignée d’élèves, les objectifs étaient modestes: établir une correspondance régulière avec Yvette, notre filleule, lui permettre de jouer pleinement son rôle d’ambassadrice auprès de sa classe et de son école, par l’envoi de colis contenant du petit matériel scolaire, apprendre peu à peu à connaître le Bénin, et trouver les moyens de financer notre action. A cette époque, le maître mot était « patience », car il nous fallait attendre de longs mois, pour avoir la réponse à nos courriers. Peu à peu cependant, les élèves ont trouvé des moyens d’être plus efficaces, les actions se sont renforcées et diversifiées. Le club a grandi, en même temps que ses créateurs. Et puis, ces derniers sont partis vers le lycée, et la relève a repris le flambeau avec brio, bénéficiant de l’expérience des ainés. Le club a muri, soutenant Yvette et son école de plus en plus efficacement. Les colis sont devenus plus fréquents et plus conséquents, nos partenaires sont devenus plus nombreux. Fort de sa devise, « Patience, rigueur et respect d’autrui », le club a continué à toujours aller de l’avant. Aujourd’hui, il entre dans une nouvelle aire, en créant son site Internet et en prenant la responsabilité d’un nouveau parrainage. Le mérite de ce succès revient aux nombreux élèves qui se sont succédés en son sein, depuis six ans: un grand bravo à eux tous...

M. Dollé, professeur coordonnateur P 2 La vie du Club. P 4 Des nouvelles de nos filleuls (Yvette et Thomas). P 6 Mieux connaître le Bénin: Djougou et sa région. P 7 Reportage: les rois du Bénin P 8 A l’honneur: les acteurs locaux d’Aide et Action.

LE CLUB PARRAINAGE RENFORCE SON ACTION En ce début d’année 2009, le Club Parrainage se lance dans deux nouvelles aventures: l’ouverture de son site Internet et le parrainage d’un nouvel enfant, dans le nord du Bénin. Nul doute que cela apportera a tous ses membres de nouvelles expériences enrichissantes. Un rendez-vous réussi Une fois de plus, le stand du Club Parrainage, durant les réunions parents professeurs de fin d’année, a rencontré un vif succès. Nombreux ont été ceux et celles qui sont venus acheter des gâteaux et boissons, qui sont venus découvrir le dernier numéro de « La Main Tendue », ainsi que l’exposition sur les actions du club, ou qui sont tout simplement venus discuter avec les élèves, qui animaient ces soirées. Nous les remercions tous chaleureusement. Cela a permis de générer un bénéfice de quelques 240 euros. Cet argent a immédiatement été utilisé pour aider financièrement la famille d’Yvette, à subvenir aux frais de scolarité inhérents à l’entrée des jumelles en sixième. Nous tenons également à remercier tous les parents qui ont participé, soit en confectionnant ces succulents gâteaux qui ont fait la joie de tant de papilles, soit en prêtant leur cuisine à leur apprenti cuisinier d’enfant. Nous espérons bien renouveler ce succès, lors des prochaines réunions parents professeurs La fin officielle du parrainage d’Yvette Cette fois, ça y est: le moment tant redouté par les élèves du club est arrivé. Le parrainage d’Yvette, par l’intermédiaire d’Aide et Action, est officiellement terminé. Nous avons d’ailleurs reçu un courrier de l’association, qui soulignait la qualité, la constance des actions du club et la totale 2 réussite de sa mission. Cela

Yvonne et Yvette avec leurs présents de fin d’année

s’explique par le fait qu’Aide et Action n’intervient que sur l’enseignement primaire, qui est, il faut bien le reconnaître, la priorité première. Permettre à un maximum d’enfants d’aller à l’école, afin d’apprendre à lire et à écrire, est déjà un grand pas vers l’autonomie et la construction d’un avenir meilleur, pour eux mêmes et pour leur pays. Mais que les âmes sensibles se rassurent, nous continuerons à avoir des nouvelles de notre petite protégée et de sa famille, par l’intermédiaire de Patricia Louise

Saizonou, responsable des actions de parrainage au Bénin, qui s’est engagée, à titre privé, à aller voir Yvette, lorsqu’elle se rendra dans la région de Ouidah pour son travail. Nous mesurons tous la chance que nous avons, et la remercions très amicalement pour ce geste exceptionnel, qui est comme une récompense de tout ce qui a été réalisé par les élèves du club. Nous avons d’ailleurs voulu finir notre mission à Ouidah, en beauté, en nous assurant que Louise, la maman des jumelles, aurait les moyens de financer la scolarité de ses filles au collège. Nous avons ainsi mis une touche finale à une action, entamée l’an passé, en lui permettant d’ouvrir un petit fonds de commerce, où elle revend, dans son quartier, avec un petit bénéfice, du pain, préalablement acheté en ville dans une boulangerie.


Et si vous veniez le découvrir à l’adresse suivante: http://parrainagepaulbert.free.fr

Nous avons par ailleurs confectionné un colis, pour les fêtes de fin d’année, qui est arrivé il y a quelques semaines. A l’intérieur, en plus des courriers, Yvette a pu découvrir une mallette à dessiner, avec tout le matériel nécessaire pour nous faire de superbes dessins: de la peinture, des feutres, des crayons de couleur, des crayons gras… Elle a également reçu quelques livrets de travail scolaire, le dernier numéro de « La Main tendue », sa carte de membre d’honneur de notre club et quelques cadeaux, comme des bijoux fantaisie. Yvonne n’a pas été oubliée, puisqu’elle a aussi reçu quelques petits présents. Une nouvelle mission En ce début d’année 2009, le Club s’est engagé dans une nouvelle mission: le parrainage d’un nouvel enfant. Il s’agit cette fois d’un garçon, prénommé Thomas, qui habite dans le nord du Bénin, plus précisément dans la région de Djougou (voir nos articles en pages 4 et 6). Il est entré en CP en 2008 et sa scolarité primaire, s’il ne redouble pas, doit nous mener jusqu’en 2012. Cela va nous permettre de découvrir une région du Bénin très différente de celle de Ouidah.

Le 4 février dernier, nous avons eu le plaisir de recevoir au collège, Romain Jannel et Tristan Sicard, deux représentants d’Aide et Action, qui sont venus spécialement de Paris, pour nous rencontrer et discuter de notre engagement. Ceci, dans le but de réaliser un article, qui paraîtra dans le prochain numéro de la revue de l’association. C’est pour nous à la fois un honneur et une reconnaissance du travail accompli. Romain, qui est responsable des actions jeunesse, nous a expliqué que notre club pouvait servir d’exemple et donner l’envie à d’autres jeunes de se lancer dans l’aventure du parrainage. Nous leur avons donc expliqué comment fonctionnent nos réunions hebdomadaires, comment nous prenons chaque décision démocratiquement, comment nous nous répartissons les tâches et quels objectifs nous nous sommes fixés. Ils ont été les premiers à découvrir les rubriques déjà réalisées de notre tout jeune site Internet.

de nombreux mois, tant l’envie de partager notre expérience avec d’autres nous titillait. Il apparaissait de plus en plus évident que ce qui manquait à notre club, c’était un site. C’est désormais chose faite. Nous avons essayé de créer un espace à la fois convivial et riche d’informations, en utilisant les nombreuses photos, les documents, les enregistrements audio et vidéo, que nous avons amassés, depuis 2002. Nous avons ouvert dix rubriques différentes, où l’on peut tout aussi bien redécouvrir, année après année, les différentes actions du club, où bien visiter le Bénin à travers un diaporama. On peut également lire ou relire toutes les lettres d’Yvette, ainsi que tous les numéros de « La Main Tendue » en couleur, on peut s’initier au Fon, la langue maternelle d’Yvette, s’entraîner à l’awalé, visiter les sites de nos partenaires, etc... Il reste encore quelques rubriques à terminer, mais l’essentiel est déjà accessible. Une inauguration officielle devrait avoir lieu, à la fin du mois de mars. C’est pour nous un nouvel outil très intéressant de communication, destiné non

Le Club Parrainage fait son entrée sur « la toile » Nous en parlions déjà depuis

Maxime lisant le petit mot de M. l’Inspecteur d’Académie, le 4 février dernier, lors de la venue de Romain et Tristan

Notre club à l’honneur Suite à la parution du dernier numéro de « La Main tendue », nous avons reçu une carte de félicitations, de Monsieur l’Inspecteur d’Académie, qui nous a vraiment fait chaud au cœur. Cela nous montre que nous œuvrons dans le bon sens et nous encourage à poursuivre.

seulement aux anciens du club, qui vont maintenant pouvoir suivre beaucoup plus facilement les différentes actions, mais aussi pour tous ceux qui veulent apprendre à nous connaître et peut-être s’inspirer de ce que nous faisons, pour se lancer à leur tour dans une opération de solidarité. Nous espérons également qu’Yvette pourra prochainement, depuis son collège, accéder à notre site, pour communiquer directement, par e-mail, avec nous. Et d’ici juin ? Nous avons encore au moins trois projets importants, que nous aimerions mener à terme. Tout d’abord, nous voudrions offrir des dictionnaires de langue française à l’école de Thomas, comme nous l’avions fait, il y a trois ans, grâce à un don du Conseil Général, pour l’école d’Yvette. Nous avons d’ores et déjà contacté Mme Hadrbolec, notre conseillère générale, pour lui transmettre notre demande. Par ailleurs, l’association Joigny Baobab, qui travaille également sur le Bénin, prépare l’envoi d’un nouveau conteneur, pour mai ou juin prochain. Mme Brayotel, sa présidente, nous a très gentiment proposé une place pour envoyer des colis à destination de Cotonou. Inutile de vous dire que c’est là une chance, que nous ne saurions manquer. Enfin, nous espérons pouvoir organiser, à la fin de l’année, une soirée béninoise, avec peut-être un nouveau tournoi d’awalé: affaire à suivre…

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Les élèves du Club Parrainage


Thomas

UNE NOUVELLE MISSION POUR LE CLUB PARRAINAGE

Yvette

Depuis quelques semaines, notre club parraine un second enfant. Il s’appelle Thomas et vit dans le nord du Bénin. Nous lui souhaitons la bienvenue (Fonakayo, en langue Dendi). Nous espérons avoir autant de joie et de réussite avec cette nouvelle mission... ques pratiquants du culte traditionnel, le vodou. Le village de Fomérou est constitué de cases rondes et de maisons carrées ou rectangulaires, construites en terre de barre (banco), recouvertes de paille ou de tôles. Dans la plupart des cas, il y a au moins deux pièces: une chambre est occupée par la femme et ses enfants, l’autre par le chef de famille. L’activité économique dominante est l’agriculture. On y

Son cadre de vie

Thomas et sa famille Thomas vit avec sa famille, à Fomérou, un village du nord du Bénin, situé dans la commune de Djougou, à environ vingt-cinq kilomètres du centre de la ville. Thomas est né vers 2001. Cette date imprécise s’explique par le fait, que dans les villages trop éloignés d’un centre de santé, les accouchements se font souvent de manière traditionnelle, avec parfois l’aide d’une matrone. Dans la plupart des cas, l’enfant n’est pas déclaré à la naissance et on oublie bien vite, dans sa famille, la date exacte. On doit alors se contenter d’une estimation, par rapport à un évènement marquant. Ceux qui suivent le Club Parrainage depuis plusieurs années, se souviennent sans doute qu’en début de scolarité, Yvette était dans le même cas; la situation n’avait été réglée, par une procédure administrative, que trois ans plus tard. Le papa de Thomas s’appelle Koffi. Il est agriculteur et a en tout dix enfants. Sa maman, Afoé, est ménagère. Dans son village, Thomas aide ses parents à faire les petits travaux domestiques, mais ce qu’il aime le plus, c’est jouer dehors avec ses camarades.

La région où vit Thomas jouit d’un climat tropical, avec une saison sèche et une saison pluvieuse. Entre les deux, sévit l’harmattan, un vent chaud et sec venu du Sahara. La végétation est caractérisée par des grands arbres et de hautes herbes, qui servent souvent à couvrir les toits des habitations. La religion dominante est l’Islam. Il y a également des Chrétiens et encore quel-

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cultive le maïs, le manioc, les haricots, l’arachide, les piments, l’igname, le sorgho et le coton. Les paysans plantent également des manguiers et des anacardiers. Certains exploitent les noix de Karité, pour faire du beurre, qu’ils revendent sur les marchés. L’école de Thomas Thomas est actuellement en deuxième année de cours primaire, dans l’école de Vanhoui-A. Cette dernière se situe dans un village proche de Fomérou, dans lequel Thomas se rend chaque matin, à pied. Vanhoui, qui signifie en langue yom « je suis venu chercher du bien », dispose d’un complexe scolaire à deux groupes (A et B), créé en 1981, par M. Célestin Zoumarou. Le groupe A, où se trouve Thomas, est dirigé par M. Janvier Dieudonné Mahouton. Il compte 369 élèves, répartis dans six classes et encadrés par six enseignants. L’école est publique et mixte (il y a 173 filles pour 196 garçons). Le groupe A dispose de deux modules de trois classes, dont un est en matériaux définitifs. La classe de Thomas compte 64 élèves, dont 28 filles. Les conditions de travail sont difficiles, à cause de la promiscuité et du manque de matériel scolaire. La plupart de ces enfants ne parlent pas français dans leur famille. C’est donc à l’école, qu’ils s’initient à notre langue, qui est aussi la langue officielle et


administrative du Bénin. Des difficultés de scolarisation Dans le nord du pays, il existe un grave problème, contre lequel doivent lutter ceux qui veulent développer l’école. Il s’agit de la traite des enfants. A cause de la grande pauvreté de beaucoup de familles, ce fléau continue à sévir aujourd’hui. Il touche principalement les jeunes de sept à quinze ans et surtout les filles. Sous prétexte de tradition, ce sont les parents eux-mêmes qui remettent les enfants, qu’ils ne parviennent plus à nourrir, à des trafiquants, pour qu’ils soient « confiés » à une famille plus aisée. Enfin, ça c’est la théorie. En réalité, ils sont revendus à des gens qui vont les exploiter, voire les maltraiter durement. On retrouve ainsi des enfants béninois, au Nigéria, qui cassent des cailloux dans les carrières, des jeunes filles qui servent d’esclaves domestiques, débarrassant et faisant la vaisselle chez des notables… Et bien d’autres situations, parfois dramatiques, puisque de nombreux cas de maltraitances sont rapportés par les autorités locales. A Djougou, il existe un comité communal de lutte contre le

trafic, qui tente de faire appliquer la nouvelle loi de 2006, plus sévère à l’encontre des trafiquants. Il organise également des campagnes d’information, auprès des parents, afin que ceux-ci envoient leurs enfants à l’école, le seul moyen de leur offrir un avenir décent. Toujours à Djougou, la police de la ville tente de contrôler les déplacements des plus jeunes, en exigeant un certificat de placement, délivré par la mairie après enquête, pour envoyer un enfant, dans une autre famille. Sans ce document, la police peut arrêter les personnes, autre que père et mère, qui voyagent avec des mineurs. C’est ainsi qu’une partie des enfants victimes de trafic sont amenés dans un centre, géré par une O.N.G. (Organisation Non Gouvernementale) soutenue par l’Unicef. Le président de la République Béninoise espère que la gratuité de l’école primaire, qui a été récemment décrétée, va améliorer la situation… Nos encouragements pour Thomas Nous espérons que grâce à Aide et Action et à notre modeste contribution, nous saurons donner le goût de l’école à notre nouveau petit protégé,

La classe de Thomas

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qui va pouvoir inaugurer son rôle d’ambassadeur auprès de ses camarades, dès la prochaine visite des représentants de l’association. Nous avons, en effet, déjà fait parvenir au Bénin, des cahiers et des stylos, ainsi que quelques effets offerts par une grande surface auxerroise, par l’intermédiaire d’un ami du club, M. Magloire Guezodgé. Ce dernier a bien voulu, lors de son récent voyage à Cotonou, prendre dans ses bagages, un carton de matériel scolaire, qu’il a déposé au siège d’Aide et Action. Nous l’en remercions très chaleureusement. C’est là un procédé que nous avons inauguré, il y a déjà deux ans, et qui donne totale satisfaction, puisque nos envois se font ainsi en toute sécurité et gratuitement. Nous venons par ailleurs, d’expédier un nouveau colis, destiné à Thomas, contenant des crayons à papier, des règles graduées, des gommes, des tailles crayons, qu’il aura plaisir à distribuer, avec son enseignant, aux camarades de sa classe. Il trouvera également ses premiers courriers, que les membres du club lui ont écrits ainsi qu’un petit cadeau: une flûte. Nous lui souhaitons de bien travailler et de ne jamais oublier, que c’est à l’école qu’on construit son avenir…

Notre premier mot de Thomas

Et nos jumelles ? Yvette et Yvonne sont maintenant au collège, depuis le mois d’octobre. Elle ne sont pas dans la même classe, mais nous les connaissons suffisamment bien, pour imaginer qu’elles s’y rendent chaque jour, main dans la main. Yvette a eu quelques petits problèmes de santé, en fin d’année, mais sans gravité. Les cours sont désormais sans doute plus difficiles, mais nous comptons sur elles deux pour faire les efforts nécessaires et continuer ainsi le très beau parcours qu’elles ont déjà effectué. Nos pensées les accompagnent en permanence et même si nous sommes éloignés de plusieurs milliers de kilomètres, nous essaierons de les soutenir au mieux. Nous espérons aussi qu’elles auront bientôt la possibilité d’aller voir, dans leur collège, notre site, où elles occupent une place si importante.

Les élèves du Club Parrainage


LA COMMUNE DE DJOUGOU Djougou est une ville commerciale du nord-ouest du Bénin, à quelques 473 kilomètres de Cotonou, la capitale. Elle se situe dans le département de la Donga, à une quarantaine de kilomètres de la frontière togolaise et aux portes du massif de l’Atakora. C’est dans cette commune, que Thomas, notre nouveau filleul, habite. Historiquement, Djougou est un ancien carrefour caravanier. Son nom, « Zougou » signifie la grande forêt. Demeuré un grand centre commercial, c’est aujourd’hui la deuxième grande ville du Nord Bénin, après Parakou. La commune est vaste et composée de trente quartiers et de quarante-six villages. Pour un total de quelques 190 000 habitants, la population proprement urbaine ne représente qu’environ 50 000 personnes, soit seulement 26 % de la population totale. Le reste des gens vit en milieu rural, dans une zone qui va jusqu’à une bonne vingtaine de kilomètres du centre. De par sa position, Djougou est un point de rencontre des peuples Yom Lokpa (51,5 %), Dendi (16,8 %), Peulhs (10,3 %), Yoa, Otamari, PilaPila, Gourmantché, Somba et Baatonou. La religion la plus pratiquée est l’Islam (72 % de la population), mais il y a aussi des communautés catholiques (8 %) et protestantes. La religion traditionnelle a également encore un nombre non négligeable d’adeptes. Pour son alimentation en eau, Djougou bénéficie de quatre rivières et dispose de cinquante et une pompes, de cinquante quatre puits aménagés et de trois citernes d’eau courante. Mais, il y a moins de cinq cents familles qui sont alimentées par ces dernières, à cause du coût de l’abonnement. Pour l’électricité, le constat est le même: il y a une seule centrale électrique et un petit millier d’abonnés. Quant au téléphone, seulement huit cents habitations sont reliées aux lignes téléphoniques.

Une rue de Djougou

Par Sophie V.

Le Grand marché de Djougou

Par Dumbell

Ramassage du Bois dans un village de la commune de Djougou

Par Sophie V.

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En ce qui concerne l’éducation, Djougou est assez bien dotée. Il y a en effet, quatrevingt deux écoles primaires et trois collèges, dont un avec un deuxième cycle. Pour presque 200 000 habitants, la commune ne dispose que d’un seul hôpital, ce qui est nettement insuffisant. Il y a par ailleurs une léproserie et six dépôts pharmaceutiques, qui complètent un dispositif de santé bien fragile. Aussi étrange que cela puisse nous paraître, le métier le plus répandu, dans « cette grande ville », est celui d’agriculteur. Cela s’explique par l’étendue des zones rurales de la commune, où l’on cultive le maïs, le coton, le sorgho (céréale alimentaire), le niébé, l’igname et le manioc. Le commerce occupe également une place importante et le grand marché de Djougou est réputé, pour la diversité de ses produits, dans toute la région et même jusqu’au Togo tout proche. L’artisanat et l’exploitation du bois des zones forestières, sont encore des activités assez répandues. Mais, la région souffre d’un certain nombre de maux: le recul inquiétant de la végétation arborée, la baisse de la fertilité des sols, du fait de leur surexploitation, et le déclenchement de plus en plus fréquent de feux de végétations anarchiques. La ville est hélas également connue pour son insalubrité, sa pollution, ses problèmes d’assainissement et sa mauvaise gestion des déchets. Ces problèmes ont d’ailleurs tendance à s’aggraver avec l’augmentation de la population.

Hermione Bankolé


La jarre trouée de Ghezo, symbole du roi Gbehanzin d’Abomey

LES ROIS DU BENIN

Le Bénin est aujourd’hui une république démocratique et laïque. Pourtant, la royauté traditionnelle persiste. Pour nous autres Européens, ce sont là deux choses tout à fait incompatibles. Et pourtant... La République et les rois Le Bénin est une république. Mais, cela n’empêche pas la persistance des rois héréditaires, légitimes descendants des chefs des royaumes disparus lors de la colonisation. Ils n’ont pas de pouvoir officiel, mais ils gardent un ascendant moral et social important sur la population. Ils maintiennent les traditions et essaient d’arbitrer les différends qui peuvent survenir entre leurs « sujets ». Rencontrer un roi n’est pas chose difficile, pour peu qu’on se plie au protocole. A Djougou, par exemple, le roi, entouré de sa cour, reçoit avec beaucoup de plaisir et dans une ambiance festive, tout étranger curieux et désireux d’entendre l’histoire des peuples de la région. A Savé, à une centaine de kilomètres au nord de Cotonou, le roi, appelé Oba, accueille avec tout un cérémonial celui qui vient lui rendre hommage. Il faut juste quitter ses chaussures et s’incliner respectueusement devant chaque membre de la cour (ministres, princes, épouses…), pour que l’Oba réponde courtoisement à toutes les questions qui lui sont posées, concernant son rôle, les traditions et même les secrets de la cité. Il existe, dans le pays, un grand nombre de royaumes. Certains sont toutefois plus importants que d’autres. Le titre de roi d’Abomey inspire, par exemple, un grand respect. Cela est dû au fait que ce royaume, qui avait fini par englober presque la totalité du Bénin, a été historiquement le dernier bastion contre la colonisation française, sous le règne du roi

Un roi en procession

Gbehanzin (détrôné en 1894).

cela, il y a une explication. La royauté est devenue une force politique, qu’il faut contrôler pour avoir les faveurs des électeurs. En effet, les chefs traditionnels béninois ont encore suffisamment d’autorité sur leurs populations de base, souvent analphabètes, pour que lors des échéances électorales, ces dernières se rapprochent du roi, pour lui demander pour qui voter. Certains responsables politiques, qui ont bien compris comment fonctionnait le système, essaient désormais de contrôler les rois, pour contrôler les électeurs. Et lorsque cela

La royauté en crise Depuis le retour du Bénin à la démocratie, les royaumes s’enfoncent paradoxalement dans une grave crise. Les lois fondamentales du pays ne définissent pas le rôle des rois, ce qui a laissé la porte ouverte à tous les abus. Aujourd’hui, les royaumes se multiplient, sans fondement historique réel. Même dans des endroits où il n’en existait pas, à l’époque précoloniale, des gens en ont inventés, de toutes pièces, et se sont proclamés rois. A

Le palais royal Gaa de Djougou

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n’est pas possible, certains n’hésitent pas à encourager l’intronisation d’un nouveau chef, ce qui provoque des conflits de plus en plus fréquents. C’est ainsi que le roi d’Abomey Langanfin Glèlè a été destitué, en 1991, parce qu’il était trop proche de l’ancien président. Un nouveau roi a alors été désigné, ce qui a provoqué une scission de la famille royale en deux camps ennemis. Les rivalités entre chefs traditionnels débouchent parfois sur des affrontements violents, comme à Kandi, en avril 2008, ou à Abomey, en mai de la même année, où il y a eu un mort et plusieurs blessés. Plus récemment encore, le 3 mars dernier, des problèmes territoriaux entre deux royaumes, dans la commune de Djougou, ont provoqué indirectement le décès du roi de Partago, Alpha Moffo Nanga. Devant un tel constat, le président de la République, M. Boni Yayi, a décidé d’intervenir. Pour lui, les rois et dignitaires incarnent « les valeurs propres du Bénin, l’essence de l’identité du pays, de ses saveurs, de ses rythmes et de ses danses ». Il est donc indispensable, à ses yeux, de réorganiser les chefferies traditionnelles, afin qu’elles puissent continuer à perpétuer les traditions, sans être « parasitées » par des politiciens qui ne défendent que leurs intérêts propres. De son point de vue, cela ne peut se faire qu’en définissant, dans la constitution du pays, le rôle des rois traditionnels.

M. Dollé


Patricia

DES ACTEURS DE TERRAIN INDISPENSABLES

Lucile

Dans chaque pays, où Aide et Action intervient, il existe des équipes locales, formées de salariés et de bénévoles, qui œuvrent ensemble pour que les programmes d’aide au développement voient le jour et se concrétisent, pour que les parrainages vivent. Dans tous les pays où Aide et Action intervient, le principe de base est le même: promouvoir l’éducation primaire et aider les communautés à mettre en place des projets de développement adaptés. Cela n’est possible que grâce au travail concerté des différents acteurs locaux. Tout d’abord, il y a dans chaque pays, une équipe de salariés de l’association. Au Bénin, par exemple, au siège d’Aide et Action à Cotonou, ils sont trente neuf, répartis en trois services: la gestion des parrainages, les activités de terrain et les services administratifs. Notre amie Patricia Saizonou travaille dans l’équipe chargée des parrainages. C’est là, entre autres, que sont traités les colis et courriers. Quand un paquet est expédié de France, il lui faut en général une semaine, pour arriver à destination. Dès lors, il est enregistré par la secrétaire et un accusé de réception est rédigé à l’intention du parrain ou de la marraine. Il est ensuite confié aux assistants relations échanges et parrainages, qui l’ouvrent pour prendre connaissance de son contenu. Si le parrain a donné des instructions, cellesci sont soigneusement notées dans un registre, pour être exécutées, le moment venu. Les colis et courriers sont acheminés dans les écoles, trois fois par an, en mars, mai et novembre, juste avant que ne soient réalisées les correspondances des filleuls. Ces dernières sont également traitées par le même service, qui répond encore aux préoccupations et sollicitations des par-

Le comité local d’Agbanou réuni à l’occasion d’une remise de prix

rains, marraines et donateurs. Dans les zones d’intervention, des comités locaux de gestion des parrainages sont institués. Il sont composés d’enseignants, de parents d’élèves, de notables et de l’équipe d’Aide et Action. Leur rôle est fondamental, car ils sont le lien direct avec la communauté du village ou du quartier. Ce sont ces comités qui sensibilisent les populations, pour qu’elles scolarisent leurs enfants, et qui collectent les informations permettant la ré-

alisation des dossiers de parrainage. Les parents sont, à cet égard, impliqués dans le projet, puisqu’on leur demande de s’engager à tout mettre en œuvre pour que leurs enfants aillent à l’école, jusqu’à la fin de l’enseignement primaire . Ce sont également les comités locaux qui préparent les correspondances des filleuls, à destination de leurs parrains et marraines. Ce sont eux encore, qui gèrent la réception des colis et courriers et qui organisent les cé-

Patricia Saizonou dans la classe d’Yvette

rémonies de distribution de leur contenu. C’est là souvent un grand moment, une véritable fête, où les enfants parrainés jouent pleinement leur rôle d’ambassadeur auprès de leurs camarades. Les comités locaux organisent aussi les visites des parrains et marraines, lorsque cela est possible. Le programme est bien souvent le même: tout commence par une séance de travail avec le directeur de l’école, puis on fait la visite de toutes les classes, puisque l’enfant parrainé est l’ambassadeur de son établissement et de sa communauté. Un moment plus long est bien sûr prévu dans celle du filleul, où l’on soumet souvent le parrain ou la marraine à une petite épreuve: reconnaître son protégé dans sa classe. Dans un second temps, le parrain est amené dans la famille de l’enfant, où l’accueil est toujours très chaleureux. Les acteurs locaux sont des gens formidables, dévoués, passionnés, qui croient qu’un avenir meilleur est possible pour les enfants de leur pays. Nous en avons rencontré plusieurs, lors du dernier forum des bénévoles d’Aide et Action, comme Lucile Bationo, responsable des parrainages au Burkina-Faso. Et nous voulions simplement leur rendre un petit hommage, en soulignant le rôle essentiel qu’ils tiennent dans le fonctionnement et l’efficacité des actions de l’association.

Les élèves du Club Parrainage 8

Directeur de la publication: M. J.-M. Dubus; Mise en page: M. Dollé (professeur d’histoire); Rédaction des articles: les élèves du club parrainage. Remerciements à tous ceux qui nous ont aidés.


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