La Main Tendue n°4

Page 1

Bulletin du Club Parrainage du collège Paul Bert d’Auxerre

n°° 4

0,50 E

février 2007

Concert de solidarité : Chantal Eden sera à Auxerre Le 29 mai prochain ...

Chantal Eden


Depuis la parution de notre dernier numéro, en octobre, beaucoup de choses ont bien avancé et les élèves ne chôment pas. Chaque semaine apporte son lot de travail: préparation d’un colis sur le point de partir pour le Bénin, organisation d’une nouvelle action, rédaction des courriers pour Yvette et ses camarades. Tandis que les uns s’occupent de la comptabilité, des achats de matériel scolaire à destination de l’école d’Agbanou, ou bien encore de la confection de notre petit journal, les autres font des recherches et préparent des panneaux en vue de présenter prochainement une exposition sur le Bénin et l’Afrique de l’ouest. Notre action est désormais reconnue bien au-delà des limites de notre collège. En juillet dernier, le magazine d’Aide et Action, nous avait déjà consacré un article, dans son numéro 99. Depuis peu, une partie du journal est en ligne, à l’initiative de M. Leydet, inspecteur de l’Education Nationale, sur le site de l’académie de Dijon, à l’adresse suivante: http://webpublic.ac-dijon.fr Un autre point de satisfaction est que certains de nos anciens membres, désormais lycéens, continuent à être très actifs, telle Marine Dondon, qui a offert, à Yvette, avec ses propres deniers, un superbe atlas illustré, parti avec le dernier colis.

M. Dollé, professeur coordonnateur

P 2 La vie du Club P 3 L’évènement: le concert de Chantal Eden P 4 Des nouvelles d’Yvette P 5 Recette du Bénin P 6 Mieux connaître le Bénin « Nous avons rencontré un prince béninois » P 7 Reportage: des lycéens au forum social de Nairobi P 8 A l’honneur: une femme d’exception.

DE TRES BONNES NOUVELLES Les colis que nous préparons depuis des mois sont désormais tous arrivés au Bénin, les réunions parents professeurs du premier trimestre nous ont permis d’acheter du matériel scolaire, et le concert de solidarité est maintenant sur les rails... acheter quelque chose ou simplement pour discuter des actions que nous menons. Leur intérêt nous a vraiment motivé à bloc et nous comptons bien récidiver, lors des prochaines réunions…

M.Dollé et quelques élèves du club, travaillant à l’organisation du concert

Grâce à l’aide précieuse de M. Jonas Gaba, professeur au collège de Joigny et Béninois d’origine, les colis contenant des cahiers, des encyclopédies, des livres, des dictionnaires et des casquettes (offertes par le Conseil Général), sont désormais tous arrivés, au Bénin. Ils ont été transportés gracieusement et en toute sécurité, par des personnes qui ont bien voulu les prendre parmi leurs bagages. Nous remercions particulièrement M. Emile Yessoufou, qui s’est chargé du transport par conteneur de quatre colis. Nous remercions également M. Gilles Brunsperger, qui vient de confier, il y a quelques jours, à Mme Patricia Saizonou, responsable d’Aide et Action Bénin, un dernier colis, contenant un atlas, des livres documentaires, vingt kits de géométrie (règles, équerres, rapporteurs), ainsi qu’un lot de près de 200 stylos. Mme Saizonou, que nous remercions amicalement au passage, a même proposé de faire accompagner M. Yessoufou, selon ses disponibilités, jusqu’à Ouidah, distante de seulement 30 kilomètres 2

de Cotonou, afin de remettre à Yvette et à son instituteur , en main propre, l’ensemble des colis encore présents au siège d’Aide et Action. Nous espérons vraiment que cela va pouvoir se faire, car c’est là une occasion unique d’avoir de nouvelles photos d’Yvette, réceptionnant toutes les choses que nous avons préparées, durant des mois, pour elle et ses camarades... Nous avons fait preuve de patience et de prudence, afin que rien ne soit perdu ou détérioré et cela a fini par payer. Les ventes de gâteaux, boissons et journaux, durant les réunions parents professeurs du premier trimestre, ont donné près de 300 euros de bénéfices. C’est donc un grand succès, qui a permis l’achat des kits de géométrie et de petits matériels scolaires divers. Nous remercions chaleureusement tous les parents, qui ont passé du temps aux fourneaux pour préparer des gâteaux, qui étaient vraiment hum…. Succulents… Nous remercions également tous ceux qui se sont arrêtés à notre petit stand, pour nous

En novembre dernier, nous avons envoyé par courrier, à Yvette, un paquet de deux kilos, contenant entre autres choses, une trousse avec tout le matériel dedans (ciseaux, stylos, crayons de couleurs et à papier, gomme, taille crayon…), en fait tout ce qu’une jeune élève a besoin d’avoir pour bien travailler, et nous savons que notre filleule sera en faire bon usage. Nous lui avons écrit une longue lettre collectivement, et certains d’entre nous ont également fait un petit courrier plus personnel. Inutile de vous dire que nous attendons sa réponse avec impatience… A partir de maintenant, notre principal travail va tourner autour du concert de solidarité, qui aura lieu le 29 mai prochain, au théâtre municipal. Comme vous l’avez compris, les négociations avec la mairie ont abouti. M. Rousseau, adjoint au maire à la culture, nous a accordé, au nom de la ville d’Auxerre, la gratuité de la grande salle de notre beau théâtre. Nous lui en sommes infiniment reconnaissants. Nous remercions également M. Jean-Pierre Lescot, directeur technique du théâtre, qui a finalisé l’accord et qui nous a donné une date pour notre concert. Il ne reste plus qu’à vendre quelques 500 places ! Mais là, nous savons pouvoir compter sur vous…

Justine Hermier


CHANTAL EDEN SERA A AUXERRE LE 29 MAI, POUR UN CONCERT DE SOLIDARITÉ DÉDIÉ A YVETTE Le 29 mai prochain sera un grand jour pour notre club parrainage. Deux ans après son premier passage dans notre ville, Chantal Eden revient à Auxerre, pour un concert unique au théâtre municipal. Une soirée chaleureuse et pleine d’humanité en perspective, où nous espérons vous voir très nombreux... Pourquoi ce concert ? Il s’agit d’un concert de solidarité, destiné à récolter de l’argent, grâce à la vente des tickets, dont les bénéfices seront partagés, entre d’une part, notre club parrainage, et d’autre part, Chantal Eden et son équipe. La somme ainsi récoltée permettra d’élargir notre action auprès de l’école d’Agbanou, où est scolarisée Yvette. Chantal Eden est une artiste française, auteur, compositeur, interprète, dont les textes parlent d’humanité, de solidarité, de liberté, de mains tendues… C’est une artiste généreuse, qui sait à merveille nous transporter dans son univers musical, chargé d’émotion et de joie. De plus en plus reconnue sur la scène française et internationale, Chantal Eden interprètera des titres incontournables de ses précédents albums et de toutes nouvelles chansons, qui proviennent de son dernier opus , « Invitation au voyage ». Pour mieux la connaître, allez sur son site: chantaleden.com . Quand et où aura lieu ce concert ? Cette soirée unique se déroulera le mardi 29 mai prochain, à 20 h, dans la grande salle du théâtre municipal d’Auxerre, qui sera mise à notre disposition gracieusement par la municipalité. Quel est le prix des places et où se procurer les tickets ? Une place adulte coûte 12 E en pré vente (14 E le soir même), une place enfant (moins de 12 ans) coûte 8 E en pré vente (10 E le soir même). Les élèves du club vont vendre les quelques 500 places (qui risquent de partir assez vite), lors des réunions parents professeurs, mais aussi dans leurs familles, dans leurs quartiers… Vous pouvez également vous procurer des tickets, si votre enfant est scolarisé dans notre établissement, en lui confiant une enveloppe, qu’il remettra au secrétariat, contenant un chèque à l’ordre du F.S.E. (foyer socio-éducatif) et sur laquelle seront inscrits son nom, sa classe, ainsi que le nombre de places désirées (enfants et adultes). Une enveloppe contenant les tickets commandés lui sera remise très rapidement. Vous pouvez encore commander des tickets, en envoyant votre chèque, au Club Parrainage, collège Paul Bert, 4 avenue de Provence, BP 34, 89010, Auxerre Cedex, avec un petit mot dans l’enveloppe, indiquant vos nom, prénom, adresse et numéro de téléphone, et bien entendu le nombre de tickets désirés. Pour tout renseignement complémentaire: 03.86.72.10.90. Si vous n’êtes pas libre ce soir là, mais que vous voulez nous aider dans notre action, vous pouvez acheter un ticket (ou plusieurs), qui sera ensuite offert à une association locale, comme les restaurants du cœur.

Chantal Eden, en concert à Banneux

« C’est avec un réel plaisir, que je reviendrai à Auxerre, pour être associée à cette solidarité exemplaire: tous ces jeunes réunis pour changer la vie d’une petite africaine, Yvette; tous ces jeunes qui ont décidé de prendre en charge le destin d’une enfant, née sur un continent moins favorisé. Comment pourrait-on ne pas être touché, par l’aventure humaine extraordinaire, que ce professeur hors du commun, Christophe Dollé, fait vivre à ses élèves ? Cela nous rappelle que l’école peut être aussi, grâce à des initiatives aussi belles, l’école de la vie. Cela nous propose une autre société, celle de l’entraide, celle de la bonté, et c’est de toutes mes forces que je salue de telles initiatives. Cela fait honneur à la jeunesse. S’il y a des médailles à remettre, qu’elles soient données pour récompenser l’humanité. Je suis impatiente, de les retrouver, tant j’ai gardé le souvenir,d’une ambiance chaleureuse, et d’une soirée enthousiaste.

Nous tenons à remercier l’entreprise Daniel Jalouzot, plomberie, chauffage, ramonage, 12 bis rue de Chantemerle, 89000, Auxerre (tel. 03.86.41.87.69), qui a bien voulu sponsoriser l’impression des tickets et affiches du concert. Venez nombreux...

Chantal et son mari, Alain Billen

Mes Amitiés à toute l’équipe d’Auxerre » 3

Chantal Eden


La dernière lettre d’Yvette

4


UNE GRANDE FAMILLE Dans sa dernière lettre, Yvette a répondu aux questions que nous lui avions posées, notamment à propos des photos qu’elle nous avait envoyées. Nous connaissons désormais mieux sa famille et son entourage... Une fois de plus, les progrès de notre petite filleule apparaissent évidents et nous pouvons désormais vraiment dialoguer, par courrier. A chaque fois, nous en apprenons un peu plus sur sa vie, sur Yvette et Pascal, son Papa sa famille, sur sa scolarité, sur son pays… Cet été, durant les vacances, elle a séjourné chez un de ses oncles maternels, à Cotonou. Elle s’est promenée avec sa cousine Mireille, dans les rues de la grande ville, distante d’une trentaine de kilomètres de Ouidah. Elle a, par exemple, découvert le grand stade de l’amitié de Kouhounou, qu’elle n’avait vu jusqu’ici que quelques fois à la télévision, lorsque par exemple, l’équipe nationale des Ecureuils du Bénin affrontait les redoutables joueurs du Sénégal ou du Cameroun. Depuis, les cours ont repris. Yvette, qui est désormais en CM1, n’est plus avec Madame Da Silva, mais avec un instituteur. Nul doute qu’elle saura profiter de son enseignement, pour continuer à construire son projet d’avenir.

« Poulet Amiwo » La pâte rouge à base de farine de maïs, appelée « Amiwo », est un met béninois traditionnel très apprécié, notamment pour les fêtes, qui accompagne à merveille le poulet. Pour un plat de 6 personnes

Yvette et son frère Gilbert

melle s’appelle Yvonne et qu’elle étudie en CM2, dans la même école d’Agbanou. Elle a également une grande sœur, Julienne, qui est déjà maman d’un petit Pascal, âgé de 6 ans; elle a un grand frère, Laurent, qui habite Cotonou, un autre grand frère, Gilbert, qui demeure à Ouidah, et encore un petit frère, nommé Apollinaire ainsi qu’une petite sœur, la petite dernière, Mariame. Nous avions demandé à Yvette la signification de la statuette, que tenait son frère Gilbert sur une des photos. En fait, cette dernière représente sa grande sœur Laurentine, jumelle de Laurent, qui est aujourd’hui décédée. Dans la tradition africaine, les jumeaux et jumelles sont considérés comme inséparables: ils ont souYvette appartient à une grande famille. vent des prénoms très proches (Yvette et Nous connaissions déjà les prénoms de Yvonne, Laurent et Laurentine), et lorsson papa, Pascal, et de sa maman, Louise. qu’un des deux disparaît avant l’autre, il Nous savons désormais que sa sœur ju- reste présent par exemple, par l’intermédiaire d’une statuette. Sur les photos prises à l’école, nous avions remarqué que tous les enfants portaient un habit kaki. Il s’agit en fait, d’un uniforme, que les élèves doivent porter, afin que les différences sociales soient les plus discrètes possibles. Nous souhaitons tous à Yvette une excellente année scolaire: que celleci soit couronnée de succès, de joie et 5 de réussite... Louise (la maman d’Yvette), Yvonne, Apollinaire, Mariame et Yvette

Les ingrédients: > Un poulet bien vidé. > 500 g de farine de maïs, 300 g de tomates fraîches concassées. > 200 g de tomates rondes et fermes, à découper en tranches, pour la sauce d'accompagnement. > 70 g de concentré de tomate. > Deux bulbes d'oignon (un concassé pour la pâte et un découpé finement pour la sauce), du poivre, de l’ail, du piment à volonté (selon vos goûts), de l’huile. > 50 g de crevettes fumées pilées. Comment procéder Première étape: > Découper le poulet en six morceaux, l'assaisonner avec du poivre et de l'ail. > Y ajouter du sel et les crevettes. Bien remuer et laisser reposer pendant 15 min.. > Faire revenir la tomate concassée, la tomate concentrée et l'oignon, dans de l’huile, à feu doux et de préférence, dans une cocotte. > Ajouter le poulet bien assaisonné, déjà découpé en tranches, avec un litre d'eau. > Y mettre deux pincées de sel. > Bien remuer et laisser cuire pendant 30 bonnes minutes, pour que la chair soit bien tendre, puis retirer ensuite le poulet de la sauce et le faire dorer. Deuxième étape: > Délayer le tiers de la farine dans de l'eau et le verser dans la marmite contenant la sauce. Bien remuer et laisser mijoter pendant 10 min.. > A l'aide d’un bol, prendre le tiers de cette préparation en réserve, verser en pluie le reste de la farine, tout en remuant, à l’aide d’une spatule (rapidement pour éviter d'éventuels grumeaux). > Laisser cuire 10 minutes. > Servir en boules, dans un bol creux. > Faire revenir la tomate restante avec l'oignon et le piment, puis y mettre les morceaux de poulet. > Il suffit enfin de faire accompagner la pâte de ce jus et de servir ce plat chaud. Bon appétit…

Lara Saussey


NOUS AVONS RENCONTRÉ UN PRINCE BÉNINOIS Depuis maintenant deux ans, M. Jonas Gaba, professeur au collège Marie Noël de Joigny, nous apporte une aide très précieuse, en faisant acheminer nos colis, par l’intermédiaire de Béninois de sa connaissance, qui les déposent directement au siège d’Aide et Action, à Cotonou. Nous l’avons invité au collège, afin de l’interviewer, entre autres sur les traditions de son pays. Question: Quelles sont les grandes fêtes traditionnelles, au Bénin ? Réponse: « Cela dépend des régions: dans le sud du Bénin, le Vaudou est très présent et donne lieu à de grandes fêtes animistes. Il y a aussi les fêtes de la royauté, une fois par an. » Q.: Pendant les fêtes traditionnelles, les Béninois s’habillent-ils d’une manière particulière ? R.: « Oui, pendant la fête du Vaudou, les femmes se drapent d’un pagne autour de la hanche, tandis que les hommes sont en pantalon et torse nu. Les maquillages sont également importants, mais différents selon les ethnies. Durant la fête de la royauté, les guerriers sont sur des chevaux avec des habits de cérémonie colorés ». Q.: Comment se déroulent les mariages ? R.: « En tout premier, il y a la demande de mariage. Le prétendant se présente, avec quelques membres de sa famille, pour demander la main de l’élue (qui reste cachée). L’homme apporte une dot, c’est-à-dire des cadeaux de mariage, en fonction de sa richesse. La famille de la femme décide si elle accorde le mariage ou s’il faut davantage de cadeaux. Lorsqu’on s’est mis d’accord, on fixe une date pour les festivités, qui durent trois jours. On invite la famille au sens large, ce qui peut faire une bonne centaine d’invités. » Q.: Comment se déroule un enterrement, au Bénin ? R.: « Lorsque quelqu’un meurt, il y a un moment de

Le prince Jayéola tenant un jeu d’Awalé tristesse, puis ensuite, on fête le départ du défunt. On l’enterre au bout de un à trois jours, sauf s’il s’agit d’un roi. Là, le décès n’est proclamé que le sixième jour. Avant, on dit que le roi ne veut pas quitter sa chambre ou qu’il est parti en voyage. Lors des festivités d’enterrement, on peut sacrifier tous ses animaux domestiques, qui sont mangés par les gens qui assistent à la cérémonie. » Q.: A quoi ressemble un repas béninois ? R.: « En fait, au Bénin, il n’y a que le plat de résistance. Si on veut manger un fruit, ce sera en dehors du repas. La nourriture se prépare à partir du maïs, du manioc et d’ignames (ce sont des tubercules, comme la pomme de terre). On les agrémente de sauces, souvent pimentées. Il y a trois repas par jour, et au petit déjeuner, par exemple, on prend une bouillie de maïs. » 6

Q.: Malgré les difficultés de la vie, les Africains gardent toujours le sourire. Comment l’expliquez-vous ? R.: « En fait, les Africains sont fatalistes. Quand un malheur arrive, c’est qu’il devait arriver et on se dit que le bonheur reviendra ensuite. Les Africains prennent la vie comme elle vient, avec les bonnes et les moins bonnes choses. » Q.: Le Bénin est aujourd’hui une république et pourtant, les royaumes traditionnels existent toujours. Comment cela se passe t-il ? R.: « Cela se passe très bien: la République, c’est l’Etat, tout ce qui est administration et gouvernement. Il existe en parallèle, une quinzaine de royaumes traditionnels. Les rois ont un rôle social très important. Ils règlent les conflits, donnent des conseils au niveau local. On les consulte par l’intermédiaire

de leurs ministres, pour diverses choses. Le roi a un palais et une cour. » Q.: Vous êtes vous-même prince béninois. De quel royaume ? Quel est votre nom de prince ? R.: « Ma famille est originaire du Nigéria, et appartient à l’ethnie Nago. Je suis prince de la région de Savé Tchabé et mon nom est Jayéola. En général, les noms de prince contiennent toujours les suffixes « ola » (gloire) ou « adé » (couronne). » Q.: Lorsqu’un roi meurt, comment se passe sa succession ? R.: « En fait, la succession est souvent difficile, car il y a beaucoup de prétendants. La polygamie fait que les rois ont de nombreux héritiers. Mon père, par exemple, a six femmes. Il faut donc de longues tractations, pour mettre tout le monde d’accord et pour qu’un nouveau roi soit désigné. Lors de l’intronisation, on invite tous les autres rois de la région. Pendant une semaine, le futur souverain doit rester dans une chambre. Ce n’est qu’au terme de cette période, qu’il entre en fonction et qu’il est présenté au peuple. » Q.: Etes-vous le successeur de votre père ? R.: « J’ai plusieurs frères, qui sont mes aînés, mais je leur ai déjà dit que j’étais prétendant à la succession. Nous verrons donc le moment venu. Par contre, je me suis donné cinq ans, pour retourner au Bénin, car mon pays me manque… »

Audrey, Myriam, Alexandra, Caroline, Alexis, Christopher


UNE DÉLÉGATION DE LYCÉENS BOURGUIGNONS AU FORUM SOCIAL MONDIAL DE NAIROBI , AU KENYA Deux lycéens du Club Solidarité du lycée Fourier, accompagnés de M. Hulnet, ont participé au Forum Social Mondial. Ils y ont vécu une expérience riche en émotions, une prise de conscience parfois douloureuse de la misère. Six lycéens de l’Yonne, de Saône-et-Loire et de Côte d’Or ont assisté au Forum Social Mondial à Nairobi, du 20 au 25 janvier. Cette action s’est réalisée à l’initiative de François Patriat et Safia Otokore, du Conseil Régional de Bourgogne, en collaboration avec la Fédération Léo Lagrange. Les rencontres ont débuté à l’International Stadium Kasarani, dont les tribunes ont été transformées en de nombreuses salles de conférencesdébats. Parmi les dizaines de milliers de personnes venues du monde entier, les jeunes Bourguignons ont participé à différents débats, selon leurs centres d’intérêt. Tout autour du stade, une multitude d’O.N.G. (Organisations Non Gouvernementales) transmettent leurs revendications par des manifestations spontanées, des débats improvisés sur leurs stands. Dans ce brassage interculturel se côtoient les danses et parures éthiopiennes ou massaïs, les saris indiens, les peuples sud-américains, sahraoui, vietnamien et tant d’autres, dans une ambiance conviviale et colorée. Les jeunes Bourguignons ont été frappés par « l’immense besoin d’échanges, la simplicité des contacts. Ce Forum Social Mondial est une chance formidable pour appréhender les relations Nord / Sud, les problèmes identiques provoqués en différents points du monde par la mondialisation de l’économie.» Le club Solidarité Niger du lycée Fourier a été choisi pour représenter l’Yonne, au FSM.

Les élèves bourguignons avec une délégation éthiopienne

Mélanie Magalhaes (terminale STG) et Toufik Talhaoui (terminale STI), se trouvaient ainsi parmi la délégation bourguignonne, avec André Hulnet, professeur au collège Paul Bert. Le club Solidarité parraine depuis plus d’un an une classe d’élèves de CP, dans un village de brousse, au Niger, à Tombo Dogo, près de Dogondoutchi. Il réalise de nombreuses actions pour trouver les finances nécessaires: vente de pains au chocolat, tournois sportifs, concerts... Une association devrait bientôt voir le jour, pour renforcer le parrainage, développer de nouvelles actions de solidarité, et permettre aussi aux anciens élèves de poursuivre leur

engagement solidaire, en organisant par exemple un voyage sur place, afin d’aider l’école durant l’été 2008. Lors du séjour au Kenya, Mélanie et Toufik ont été particulièrement touchés par leur expérience dans le deuxième plus grand bidonville (« slum ») d’Afrique de l’Est: celui de Matharé, qui compte plus de 500 000 personnes. Des contacts ont été noués avec une association du slum, MYSA, qui y œuvre pour développer les activités sportives, culturelles, scolaires et environnementales. Mélanie et Toufik témoignent : « Là-bas, nous avions l’impression que ça faisait des années et non pas

7

Le « slum » de Matharé

une semaine, que nous étions partis. Depuis notre retour, on a l’impression qu’on a rêvé tout ça, tellement c’est différent de chez nous. Mais tous les petits fantômes qui nous hantent, ces enfants qu’on a vus là bas, nous rappellent sans cesse la réalité brutale de la misère. Nous avons visité une école, où plus de mille élèves de 3 à 16 ans suivent les leçons, à soixante par classe, dans des locaux vétustes et insalubres, dans des salles sombres où les écoliers s’entassent à cinq par table. Ils n’ont qu’un repas par jour, et ceux-là ont de la chance: moins de la moitié des enfants du slum va à l’école. Les conditions de vie sont épouvantables: des cases d’une pièce, en tôles, en terre; au pied desquelles, dans chaque ruelle, les rigoles des égouts évacuent plus ou moins les déchets. Les ordures s’entassent partout. La tuberculose, les dysenteries, sont fréquentes. Près de 70 % des gens sont touchés par le sida. Avec moins d’un euro par jour, les gens ne peuvent ni se soigner, ni se nourrir. La prostitution est souvent le seul moyen de survivre, parfois dès huit ans, les viols sont nombreux, la violence est partout... Des mafias fabriquent de l’alcool frelaté, avec des produits toxiques et l’eau des égouts, ce qui empoisonne les gens. Nous donnons peut-être l’impression d’exagérer, mais tous ces mots ne sont rien à côté de la réalité. Le dénuement est total, c’est désespérant. Mais nous allons essayer d’aider de notre mieux, dès que nous aurons créé l’association. »


Aidons les...

VINGT-SEPT ANS DE PARRAINAGE !

Et si nous aidions, Là bas, au Bénin, Nos amis qui parlent le fon, Et qui n’ont presque rien.

Professeur de lettres au collège Abel Minard de Tonnerre, Françoise Fournier anime des actions de solidarité, depuis vingt-sept ans ! Enthousiaste et motivée, comme au premier jour, elle parraine cette année, avec des élèves de cinquième, une classe de CM1, dans une petite école du Sénégal. Si je tiens à saluer particulièrement le remarquable travail de Françoise Fournier, c’est parce que j’ai eu la chance d’être son collègue, à Tonnerre, durant cinq années. C’est Françoise qui m’a fait découvrir les actions de parrainage et qui m’a donné l’envie de suivre sa route, ce que je me suis empressé de faire, lorsque j’ai obtenu ma mutation pour le collège Paul Bert. A l’heure, où la retraite pointe déjà son nez à l’horizon, le bilan de ce professeur émérite est des plus impressionnants. De 1980 à 1988, Françoise Fournier a entretenu avec ses élèves et en collaboration avec le Comité Jeunes contre la faim, une correspondance régulière avec le collège de Fatik, au Sénégal, qui a vu une amélioration de ses conditions de scolarisation, grâce à l’envoi de manuels et fournitures scolaires. A partir de 1990, c’est avec « Aide et Action », qu’elle a poursuivi son engagement, tout d’abord par le parrainage d’une fillette sénégalaise, Kadidiatou Baldé, durant toute sa scolarité primaire, de 1990 à 1995, puis par le parrainage de la classe Kenep de l’école Moran en Haïti, de 1995 à 1999. Depuis cette dernière date, Françoise Fournier parraine, chaque année, une nouvelle classe africaine, de CM1 ou de CM2: dans l’école de Walia, en Guinée (1999-2000); dans celle de Dontougou, au Togo (2001-2202); dans celle de Saré Colly Sallé, au Sénégal (2002-2003); dans celle de Pesside Antenne, au Togo (2003-2004); dans celle de

Gakpé, au Bénin (20042005), puis dans l’école de Kamako Sansankoto, au Sénégal (2005-2006). Chaque année, une correspondance scolaire est établie, grâce à laquelle les élèves français et africains peuvent échanger sur des thèmes aussi divers que l’école, l’habitat, les coutumes, les loisirs, le climat, la poésie, etc. Régulièrement, de nombreux dessins arrivent d’Afrique. Des enveloppes, contenant chacune deux kilos de lettres, de manuels, de petits romans, de fournitures scolaires (stylos, gommes, crayons…), offerts par les collégiens des classes de cinquième, prennent le chemin inverse. En vingt-sept ans, aucun colis ne s’est perdu ! De plus, chaque mois, vingt euros sont envoyés, afin de financer le projet de la classe. Cet argent est gagné en organisant des spectacles, de théâtre, de danse ou de musique. En Afrique, les responsables de l’école montent un projet, afin d’utiliser au

mieux le dit don: achat de médicaments pour constituer une infirmerie, installation d’un jardin pédagogique pour apprendre à cultiver des légumes, achat de quelques volailles pour réaliser un petit élevage, achat de matériels de géométrie ou de livres, etc... Cette année, Françoise Fournier parraine avec ses élèves de cinquième, la classe de CM1 de l’école de Kougne, au Sénégal, dans le département de Sédhiou. Cette petite école de trois classes a été fondée en 2003. Elle compte aujourd’hui 144 élèves, pour seulement deux enseignants. Du 16 au 23 février, une exposition sera présentée au collège Abel Minard. Des rencontres entre les classes sont prévues, avec présentation du parrainage, de la correspondance scolaire, avec animation musicale et récitation de poèmes (notamment de Léopold Sédar Senghor).

La solidarité, C’est aussi aimer, Ne pas tout garder, Mais plutôt donner. C’est sûr, on se sent mieux, En aidant les malheureux, On se sent si bien, En donnant presque rien. Nous autres Français, Dormons dans un lit douillet Mais d’autres ailleurs, Attendent des jours meilleurs. Dans leurs petites maisons, De terre et de pierres, Le temps paraît parfois long Mais toujours ils espèrent, Peu de choses à l’intérieur, Mais dans leur cœur, Ils ont tant de richesses ! Alors quelques largesses, Pour nous ce n’est rien, Pour eux ce serait si bien... Alors aidons les...

Christophe Dollé Ce poème est pour toi, Yvette...

Audrey Fauve

Kougne

8

Directeur de la publication: M. Philippon; Mise en page: M. Dollé (professeur d’histoire); Rédaction des articles: les élèves du club parrainage. Remerciements à tous ceux qui nous ont aidés.


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.