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ADDITION. ADDITION. ADDITION. ADDITION.

M. Garousove, dans son édition de 1875, a donne un passage assez long qui ne se trouve pas dans celle de M. Ephrémove, et que pour cette raison nous avons omis. Ce passage est trop spirituel et trop dans le ton de Griboièdove pour n’être pas très vraisemblablement de lui. Il est possible qu’il ait été uniquement retranché, comme faisant un peu longueur. Nous le rétablirons ici. Il forme la fin de la scène X du troisième acte, et doit être intercalé p. 84 de notre traduction. Khlestova continue ainsi après les mots seulement pas assez :

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(Montrant Platon Mikhaïlovitche, qui est assis en lui tournant le dos.)

Mais quel est ce mannequin-là ? Dis, qui est-ce ?

SOPHIE.

C’est le mari de Natalie Dmitrievna, Platon Mikhaïlovitche. (Platon Mikhaïlovitche fait demi-tour et salue).

KHLESTOVA.

Ah ! — je sais ! — Bonjour ! Votre femme est pour sûr ici ; vous êtes deux amis inséparables.

NATALIE DMITRIEVNA (s’approchant).

Je vous ai saluée ; mais vous ne m’avez pas reconnue. (Elles s’embrassent).

KHLESTOVA.

Ce n’est pas étonnant ; mes yeux se sont affaiblis en vieillissant. (Natalie Dmitrievna se retire). En voilà un couple ! D’honneur, c’est touchant à voir ! (Regardant passer deux des petites princesses). Ah ! mon Dieu ! regarde, ma nièce, comme la seconde des petites princesses est chiffonnée par derrière. — Comme son corsage est ouvert bas ! — Non, vrai, c’est dégoûtant ! — Elle est ébouriffée, comme si elle était seule chez elle ! (Passent deux autres jeunes princesses). Elles ont toutes des guimpes sales, chiffonnées ! (Apercevant la princesse, à haute voix, vers elle). Princesse ! Comme vos filles sont jolies ! Elles sont bonnes à marier, charmantes, toutes ! On leur mettrait à toutes ensemble la couronne nuptiale.

LA PRINCESSE (à part, avec dépit).

Cette vieille ! Toujours méchante ! (Haut.) Elles grandissent. — Ô mon Dieu ! il n’y a pas si longtemps que moi-même....

KHLESTOVA (l’interrompant). Nous nous sommes mariées en même temps.

LA PRINCESSE (l’interrompant). Laissez donc ! Je n’étais qu’une enfant.

KHLESTOVA (à Sophie).

Elle se rajeunit diablement. (À la princesse. ) Est-ce que nous vous verrons demain ? Tatiana Jurievna nous a invités.

LA PRINCESSE.

Elle nous a invités aussi. Nous nous retrouverons ensemble. Prince ! Prince ! prends-en note. — Pour sûr nous n’oublierons pas. (Elle se dirige vers d’autres invités.)

KHLESTOVA (montrant à Sophie Skalozoube).

Mais qui est donc là-bas auprès de la colonne ? (Sophie, qui n’a pas entendu, se dirige vers les invités.) Quelles modes à présent ! C’est la fin du monde ! — Quelles tailles ! Ce sont des horreurs ! Et quelles cravates ? De vrais colliers ! (Apercevant la vieille comtesse.) Quel immense bonnet elle s’est fourré sur la tête ! Regarde un peu, ma petite Sophie !... Ma nièce ? Ah çà ! où es-tu ? (Sophie s’approche.) Vois donc comme elle est serrée ! Il y a de quoi en étouffer ! Elle est sourde, édentée, grêlée, laide... Il y a longtemps qu’elle devrait être au cimetière... Mais, quand il y a un bal, on est sûr qu’elle arrive des premières. (Apercevant la jeune comtesse.) Et la petite-fille !... Quelle honte ! Fi ! Elle est toute en décolletage ! Il s’en faut de bien peu qu’elle ne soit nue... Voir cela est au-dessus de mes forces. (Les deux comtesses s’approchent et saluent.) Chère comtesse, chère amie ! Il y a longtemps que nous n’avons fait ensemble une partie de piquet ou d’impériale. Nous nous mettrons du même côté... Ah ! Il me semble que j’ai une petite dette ? Alors vous vous mettrez de moitié avec le prince, comme vous voudrez, et ensuite nous réglerons d’une façon ou de l’autre. (Elle embrasse la jeune comtesse.) Assieds-toi, ma chère petite amie ! Comme tu es gentille ! Comme tu t’es épanouie ! (À la vieille comtesse. ) Com-

tesse, ma chère ! Que je suis heureuse de vous voir !.. Je vous jure... j’oublie tout... je suis seule... je vis dans un désert... Voir mes amis est toute ma consolation.

Texte établi par la Bibliothèque russe et slave, déposé sur le site de la Bibliothèque le 26 février 2012.

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