lesgensdeloubli#39-40

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maison de la solidarité

AGRÉÉE PAR LA FONDATION ABBÉ PIERRE

20 ans!

NS A 0 2 / 5 1 0 2 /   0 9-4 3 ° N RE I E A L M B M O U S O D

isible me inv m o h n D’u perdu ? p. 2 / 3 monde n u s r ve istoire… t une h s e e i c e C s co m m ison pa a M e n U res !!! les aut , oraires A c c è s, h ,… s t n e p. 4 iem re m e rc ts ceuillan les d’ac o r a (e P illi )s p. 5 / 6 d’acceu paroles n a g e s, témoig , it u n La p. 7 20 ans affiche

20  ans ! La  maison de  la  Solidarité 20 ANS DE SOLIDARITÉ  POUR LES INVISIBLES par Anne Cosquer, directrice 20 ans d’existence… Quel parcours, pour un accueil de jour qui souhaitait initialement n’être actif que 5 ans… C’est dire l’importance de son existence pour tous ceux qui y ont été et y sont actuellement accueillis : tous ces « sans » : sans emploi, sans famille, sans logement, sans papiers…

Aussi, nous : administrateurs, salariés, bénévoles et accueillis, ne pouvions faire autrement que de vous faire partager un temps fort pour souligner ces 20 ans de fonctionnement et ce qu’ils impliquent au niveau sociétal.

16+17 oct

Rendez-vous, donc, le vendredi 16 octobre 2015, de 9 h à 16 h, pour une journée «  portes ouvertes  » de la Maison de la Solidarité et le samedi 17 octobre 2015 (journée mondiale du refus de la misère), à l’Espace des Grésillons de Gennevilliers, pour un temps de réflexion et d’échanges mais aussi de convivialité et de surprises…


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20 ans!

D’UN HOMME INVISIBLE VERS UN MONDE PERDU ? par Jean-François Burgos, président L’invisible est « ce qui se dérobe à notre regard ». Comme si l’essence de l’objet, désigné par ce terme, avait en elle-même la volonté de ne pas se montrer, comme si les personnes accueillies à la Maison de la Solidarité souhaitaient ne pas être là, ne pas apparaître. Pourtant, pour une personne, être là est un impératif physique contraint par un environnement. Donc, le sens de l’invisibilité est en fait une posture qui est appliquée à autrui par d’autres. Des règles, des usages sociaux sont suffisamment puissants pour transformer ce qui est là. Une béance se crée qui ne viendrait pas troubler la conscience de notre environnement. Quels que soient les territoires, il existe une population qui est là, qui existe et que l’on ne peut ou ne veut voir. Ici, le sujet n’est plus l’Autre mais nous. Nous avons à nous interroger sur notre capacité à construire un rapport avec ce que nous ne connaissons pas en tant qu’individu ou institution. Voici un exemple parmi tant d’autres qui relèvent des institutions publiques. Le « nouveau »  Contrat de Ville de Gennevilliers, comme tous les contrats de ville, est établi sur la base d’un niveau de revenus moyens par habitant (règle nationale dépassant la seule volonté de la ville). Lorsqu’il est en dessous d’un certain seuil, la situation sociale des habitants est considérée comme devant faire l’objet d’un appui spécifique coordonné par l’État et les collectivités territoriales. De prime abord, apporter un soutien mieux ciblé à une population ainsi désignée semble correspondre à nos valeurs républicaines. Oui, mais, il faut avoir un revenu et surtout il faut « habiter ». Pour un nombre de plus en plus croissant de la population ces deux conditions ne sont pas réunies (travailleurs précaires, femmes isolées, personnes en situation irrégulière, etc.).

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Jules, 72 ans, qui habitait dans sa caravanne près de la Maison de la Solidarité en 1995.

De fait, mécaniquement, ici, elles sont écartées par la règle, elles disparaissent dans le monde de la béance, dans le monde perdu (cinématographiquement évocateur). S’il faut bien des moyens pour désigner ce qui doit être avec sincérité, cet exemple montre qu’une partie des finalités est laissée de côté. Pire, il pourrait laisser entendre que ce moyen de calcul permet d’atteindre ses buts. Ceci pourrait se traduire, par le biais de la communication, par une confusion des fins et des moyens : « le chemin qui mène à la fontaine rafraîchit autant que l’eau qu’on y boit.  » (Günther Anders). Ainsi se construit pas à pas l’invisibilité, ainsi s’alimente un monde perdu. Pourtant bien d’autres questionnements viennent souligner à quel point notre société est devenue principalement technicienne, où l’emprise des moyens subdivise l’homme en fonctions, en compétences, en coûts. Il nous faut ouvrir des champs de réflexion plus larges afin de progresser dans notre rapport à l’Autre. En voici quelques uns qui pourraient venir alimenter les réflexions des journées des 16 et 17 octobre prochain : • Sur un plan de la vie de la cité : comment expliquer le marasme pluridécennal de la crise du logement surtout en région parisienne ?

• Sur le plan institutionnel : Que faire de lois qui veulent faire montre d’une empathie sociale en instituant l’idée d’accompagnement mais seulement pour les personnes en situation régulière ? • Sur le plan de la construction de l’Être : quelles influences, pour un nomadisme social obligé, sur l’identité de l’individu, lorsque sa mémoire ne peut s’ancrer, lorsque son rapport à autrui ne peut perdurer dans le temps, lorsqu’il devient sujet de la bonne volonté d’institutions ? • Sur le plan de la construction de l’Être : Peut-on réduire la culture à un supplément d’âme seulement pour des personnes insérées dans la société ? Alors que la Maison de la Solidarité existe depuis plus de 20 ans, elle se doit de garder l’espoir que cette béance, ce « monde perdu », par nos actions aussi modestes soient-elles, aussi essentielles soient-elles, révèle des êtres en capacité de nous apporter, au quotidien, la richesse d’un autre regard, d’une autre façon de faire dans le partage et la dignité que nous sommes tous en droit d’attendre de tous et pour tous. C’est pourquoi nous vous attendons tous pour nos deux journées de réflexion et de fête (à la Maison de la Solidarité et à l’Espace des Grésillons). La Fondation Abbé Pierre et l’Université Populaire du 92 sont nos partenaires par ces temps difficiles.


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20 ans!

#1

CECI EST UNE HISTOIRE… par Ghislaine Valadou, ancienne directrice … et comme toutes les histoires elle a un début , plus précisément une date : le 1er février 1995. Cette histoire se déroule dans un ville de la banlieue Nord de Paris, à Gennevilliers, et ce matin du 1er février n’était pas un matin ordinaire, et je le savais, j’avais très peu dormi la nuit, je me suis réveillée presque toutes les heures pour vérifier si la sonnette du réveil était correctement enclenchée ou si la pile fonetionnait toujours. Je suis sortie de chez moi à 7h20. Dix minutes après j’étais arrivée au 29, rue Edmond Darbois. J’ai ouvert la porte de la grille que j’ai laissée grande ouverte, puis la porte vitrée de la maison. J’ai allumé toutes les lumières et je me suis assise dans l’angle de la pièce qui me permettait de la voir toute entière.

J’étais sceule dans cette maison qui n’était pas complètement achevée, mais je rentrais ce matin là dans cette histoire. Je suis restée assise dans une posture d’attente en peuplant dans mon imaginaire ce lieu d’hommes, de femmes et d’enfants à qui je ne pouvais pas donner de visages, à qui je ne pouvais pas donner de noms. J’avais décidé de prendrc ce tcmps seule , pour m’approprier cette maison qui n’était pas la mienne, cettemaison qui était destinée à d’autres, à ceux qui je ne connaissais pas. Mais eux et moi étions dans cette histoire. Dans cette attente, seule ce matin là, j’étais dans l’émotion d’un rendez-vous amoureux. La seule certitude que j’avais

Oui, UNE MAISON PAS COMME LES AUTRES parce que, sous son toit, les personnes accueillies y sont très nombreuses, voire trop nombreuses compte tenu des problèmes que chacun porte sur ses épaules. Trop nombreuses à souffrir physiquement certes, mais également psychologiquement, à cause notamment de l’isolement.

(édito du n°1 les gens de l’oubli, 1995)

L’ouverture de la Maison de la Solidarité le 1er février 1995.

UNE MAISON PAS COMME LES AUTRES !!! par Régis Toulemonde, ancien président

ce matin là, c’est que mon amoureux à moi était singulier et pluriel. J’ai pu vous raconter le début de l’histoire, mais je n’en connais pas la fin.

demander une solution pour la soirée et les nuits à venir. Trop nombreuses à solliciter une consultation médicale. Trop nombreuses devant faire remplir un dossier de régularisation et de renouvellement de carte de séjour. Oui, très nombreuses… Et pourtant, dans ces contextes économique, social et sociétal toujours plus difficiles, la Maison de la Solidarité ouvre ses portes à toutes ces personnes depuis maintenant 20 ans.

Trop nombreuses à souhaiter un sourire, une poignée de main, une personne à qui parler sans être jugée, une personne à qui confier son histoire, sans réprobation mais avec compréhension.

Or, en ouvrant ses portes en février 1995, ce devait être pour quelques années seulement, le temps nécessaire pour éradiquer la pauvreté du moment. !!!

Trop nombreuses compte tenu de l’urgence des situations à gérer. Trop nombreuses à avouer avoir faim, et à

Elle le fait avec une grande écoute afin que celui qui ose franchir la porte se sente accueilli, comme s’il était attendu !

Je me rappelle d’un accueilli qui, pendant un an, ne m’a pas adressé la parole une seule fois. Et voici qu’un soir, alors que j’aurai dû participer au service de la collation, il m’a parlé. Tant pis pour le service. Il avait besoin de se libérer d’un gros poids et je l’ai écouté pendant presqu’une heure. J’en étais tout ému. Comme à chaque fois. Mais c’est ça l’accueil. Ils nous donnent et nous recevons beaucoup. Ne disent-ils pas que la Maison de la Solidarité c’est leur Maison, leur Famille où ils y trouvent un peu de chaleur humaine, une reconnaissance, du respect, de l’amitié. Au cours d’un petit déjeuner, un accueilli se plaint du manque de beurre. Alors son voisin de table s’exclame haut et fort : « On voit bien que tu ne sais pas ce que c’est que d’avoir faim, sinon tu serais comblé avec ce que l’on t’offre ici ». Oui, ça fait 20 ans que la Maison est là pour aider, pour soulager la souffrance, pour tendre la main. Mais le courage ne manque pas dans cette Maison vraiment pas comme les autres.

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29 rue Ed 9 2 23 0 G m o n d d a r ∫ ois e n n e v il lier s T 0 1 47 F 0 1 47 9 0 4 9 0 3 m s o lg e n 3 3 6 0 9 3 n @ fr e e. fr

http://msolgenn.∫logspot.fr

« Nous sommes tous des vers de terre. » décidé d’être un ver luisant  ill

« Je suis votre sem∫la∫le, J’ai je suis pareil à vous »

Winston Church ill

Louis Louis Aragon Aragon

luttent » « Ceux qui vivent sont ceux qui Victor Hugo

accès 29, rue Edmond Dar∫ois 92230 Gennevilliers M 13 Ga∫riel-Péri % 235 arrêt Basly

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Travaux d’agrandissement 2009 Séjour en Bretagne 2013

horaires d’ouverture

Rénovation MS 2013 Séjour « bords de Loire » en 2014

Visite du château de Versailles avec l’épicerie solidaire d’Asnières en 2011

remerciements Merci à toute l’équipe de la Maison de la Solidarité, salariés et bénévoles, pour leur implication dans le fonctionnement de la Maison que cette édition du journal illustre en partie. Merci à Valérie, Brigitte, Claudine, Michèle, Olivier et Sylvie pour l’animation des différents ateliers proposés par la Maison de la Solidarité.

Sortie à Berck 2010

Sortie en baie de Somme en 2008

Présentation théâtrale de la MS à Thor en 2012

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Merci à tous nos partenaires pour leur aide précieuse et leur dévouement envers la Maison de la Solidarité et, plus particulièrement, nos partenaires financeurs : DRIHL, CAF des Hauts-de-Seine, Fondation Abbé Pierre, ville de Gennevilliers, Conseil Général 92 (Politique de la Ville), Fondation Julienne Dumeste, COL AM Initiatives, Fondation AnBer , IKEA France.

Hors période hivernale  : lundi - jeudi :

8 h - 12 h

vendredi :

8 h - 11 h

En période hivernale  : lundi - vendredi :  8 h - 11 h / 12 h - 14 h 17 h 30 - 20 h

édition n°39-40 Directeur de publication et président de l’association Jean-François Burgos Comité de rédaction : Jeanine Boisard, Anne Cosquer, Olaf Mühlmann, Ghislaine Valadou Notre joyeuse frappeuse de textes  : Michèle Maffre Notre fidèle correctrice  : Jeanine Boisard Pour toute remarque contactez-nous au 01 47 90 49 03 Directrice de la Maison : Anne Cosquer Crédits photos : D.R. Maison de la Solidarité, Conception graphique : © rübimann design www.rubimann.com Impression : LNI Imprimé sur papier 100% recyclé, Cyclus print 115g/m2 Merci à : Jeanine,Ghislaine, Anne et Olaf pour l’élaboration de cette nouvelle édition.


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20 ans! 20 ANS DE SOLIDARITÉ  POUR LES INVISIBLES

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Colette

[2015]

La solidarité, un mot aux mille visages À la Maison de La Solidarité, un vendredi de juillet, j’ai perçu comment ce mot disait beaucoup de choses au cœur des accueillis et des accueillants. Un mot qui parle qui resonne dans nos vies. « La solidarité : je couche chez un copain ». « C’est la fortune partagée… la "fortune" pas pour la garder, ne pas être radin… donner un petit peu… ». « C’est surtout le partage… c’est l’Abbé Pierre ». « La solidarité, c’est l’entraide, c’est s’entraider, partager ses cigarettes… » « … s’organiser pour aider ». « La solidarité, elle a plusieurs vitesses ! ». Un mot qui agit jusque dans les structures. « Maison de la Solidarité, on pourrait dire "Maison des Droits de l’Homme" ». « La solidarité, c’est s’aider à faire les papiers. » « S’organiser pour avoir un logement… ». Un mot qui appelle la fraternité. « La solidarité, où existe-t-elle ? Les hommes cherchent… » « On peut être solidaire sans pour autant se sentir de la même humanité, la fraternité va plus loin. S’il n’y a pas de fraternité, il n’y a pas de vivre ensemble, la fraternité suppose l’attention à l’autre. Nous sommes responsables des autres, de l’autre, d’autrui. C’est difficile, alors on remplace fraternité par solidarité. La solidarité ne doit pas être un déni de la fraternité… ». Un mot qui peut restaurer la dignité. « La solidarité, c’est l’entraide, le partage, l’union des cœurs. Je l’ai vécu ici, cette maison m’a redonné le sens de la vie…cela m’a conduit vers la lumière, j’étais perdu, j’ai retrouvé le sourire. Grâce à cette maison, même en dormant dans la rue, au travail, j’étais toujours propre ». Ces expressions rapides de quelques personnes qui fréquentent la Maison de la Solidarité définissent la solidarité pour eux et par eux. Elle est essentielle dans la vie d’un homme, dans la vie des peuples comme l’exprime, en 1948, la Déclaration des Droits de l’Homme : " Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres, dans un esprit de fraternité. "

Jean-Paul

[2015]

Bouquet de pensées pour un anniversaire Radio-Nostalgie ? Fêter un anniversaire, est-ce célébrer le passé ? Regarder dans le rétroviseur ? La tentation est réelle de regarder le passé avec nostalgie. Mais il s’agit moins de « se tourner » vers le passé que de l’accueillir dans le présent qui porte sa marque, ses empreintes. Le présent est plein de ce passé qui ne passe pas. L’anniversaire est une occasion donnée pour développer le potentiel du passé, avancer dans la vie et se projeter dans l’avenir. Une occasion de puiser, dans l’énergie initiale, l’inspiration pour faire jaillir du nouveau. Un anniversaire ? Une halte dans une histoire particulière en marche. Souvenirs, souvenirs Lorsque la vie plonge ses racines dans une terre nourricière, il est inévitable qu’elle féconde quelques souvenirs toujours frais : les mains qui se réchauffent, intensément, quasi religieusement, autour d’un café maison ; les visages fatigués, burinés par les marches sans but, par les nuits sans sommeil, par les regards sans respect, par les mains sans amitié… ; les visages apaisés lors des sorties, des ateliers de « remise en forme » de l’âme, de « l’humanitude » : échanger, élever son regard, se nourrir du beau, s’en émerveiller, se tenir debout, marcher, faire fraternité ; les cris de rage devant toutes les portes qui se ferment et les chuchotements de honte, d’épuisement, de détresse  ; tête baissée ; les pas fermes et décidés pour trouver une place dans la société ; les voix pleines d’espoir des « malgré tout » ; les douches à rallonge : de très, très longues minutes à exposer son corps à l’eau bienfaisante, au savon réparateur, à la serviette caressante ; la bagagerie en surplomb, toujours débordante : les lourds bagages de nomades, d’errants ; bagages comme éventrés, exposant sans retenue des histoires de fuite, de ruptures, de peurs ; les ballots de voyageurs, ballots dépenaillés, tiraillés de toutes parts entre espoir et désenchantement, les humbles sacs en plastique, les cabas Tati, témoins de leur lutte pour la survie, pour sauver leurs peaux… Des « sacs de peaux »… ; le 115 appelé dès le matin, dans le stress et l’angoisse, pour réserver une place d’hébergement pour le soir et qui ne répond déjà plus !

Michèle J.

Paroles d'ac cueillant [2015]

« Lorsque la Maison de la Solidarité a ouvert ses portes, une vingtaine de personnes ont souhaité participer à son fonctionnement bénévolement  : chacune faisait deux heures sur à tour de rôle et devait se faire remplacer en cas d’empêchement. Une directrice a été embauchée, à mi-temps. La Maison ouvrait de 8h à 14h sans interruption. Les premiers accueillis : un couple. Puis ont suivi d’autres personnes, des gens très clochardisés avec des addictions (alcool, drogues) très importantes. Il y a eu un essai de repas pour 20 personnes avec les restes d’une cantine où travaillait un bénévole. Rapidement, les conflits (en particulier entre Français et Maghrébins) sont devenus ingérables et les bénévoles, dont aucun issu du social, ont pris conscience que les bonnes intentions ne suffisaient pas pour accueillir ce public. D’autant que la Maison de la Solidarité a vu de plus en plus de personnes arriver. La directrice est passée à temps complet, soutenue par un adjoint. Des femmes sont également venues, femmes dont les enfants étaient placées… Les parcours de ces femmes m’ont beaucoup « bousculée ». Heureusement, une psychologue est alors venue pour de la supervision, ce qui nous a permis de comprendre les publics accueillis. Le public accueilli était très hétérogène ; puis, au début des années 2000, une vague d’immigration d’Algérie a entraîné l’installation d’une importante population maghrébine. Et, depuis, le public reste relativement homogène avec une proportion non négligeable de personnes en situation administrative irrégulière. Mais si la Maison de la Solidarité permet que des gens souffrent un peu moins, qu’ils soient moins seuls, alors, son rôle reste entier. Parallèlement, pendant les premières années d’existence de la MS et pour sa création, la fondation Abbé Pierre était

La solidarité est ce lien, cette relation qui permet à chacun d’exister en recevant et en donnant. La solidarité ouvre à la réciprocité. Nous savons comment chacun de nous se construit, se réalise, grandit. Notre liberté nous aide à prendre des initiatives, à devenir créateurs, à apporter notre part dans la vie de notre famille, au travail, dans la cité, dans notre pays… Ceux qui passent par des chemins cahoteux, difficiles et même douloureux relèvent les actions, les moyens, les faits qui leur permettent de vivre, de retrouver leur personnalité. Un tout petit geste peut avoir une grande valeur. Ensemble, quel sens donnons-nous à la vie, au vivre ensemble ?

Ouvrir un chemin Vingt ans. Une maison ouverte à tous les exclus est née. Elle est ouverte pour entrer, mais aussi pour sortir, repartir, reprendre la route. Plus qu’une maison où l’on se pose, elle ouvre un chemin où chacun peut continuer de marcher vers son avenir. Elle répond à la question que l’accueilli se pose à chaque instant de son voyage : y a-t-il un chemin ouvert au bout de ma nuit ? A quand la lumière du jour ? L’aube va-t-elle bientôt pointer son nez ? La Maison est ouverte pour attiser le désir de franchir un espace, de marcher sur les mêmes chemins fréquentés par les autres. Une aventure collective Vingt ans. La fête pour des personnalités marquant de leur empreinte la création et/ou la responsabilité de la Maison ? Non, bien sûr, car ce qui est dans les gènes, c’est le collectif. Le président, le CA, le directeur/la directrice, les salariés, les bénévoles et les accueillis sont liés par le même projet ; ils sont partie prenante de la même aventure. Ils font œuvre commune. Ils marchent du même pas, échangeant en chemin de l’orientation de la Maison (cf : les réunions du jeudi matin). Accueillir en offrant du superflu Vingt ans. Le temps de la maturité. Le temps de la confirmation des choix clés qui ont présidé à la naissance et à la vitalité du projet : rester ce refuge, cet abri où crépite le feu de l’accueil, où les errants peuvent continuer à se réchauffer les mains autour d’un bol de café, où ils peuvent sentir l’odeur de la solidarité, où ils peuvent trouver l’utile, le nécessaire, mais aussi le « superflu », ce qui est donné en plus. Chacun d’eux a vitalement besoin que son mouvement de venir à la Maison soit reçu, apprécié, attendu. Et c’est une chose tout à fait vitale pour un être humain de s’entendre dire : « Tu es le bienvenu ». Cette parole, prononcée en vérité et bonté, peut éclairer la journée et permettre d’aller de l’avant. Le lieu de la bienveillance Dans cet abri de fortune, dans ce bon lieu, faire souffler sur les braises de l’accueil et de la solidarité la brise de la bien-veillance : veiller, éveiller, réveiller, ne pas laisser s’assoupir l’espérance que chaque personne accueillie porte au plus profond d’ellemême. Que la Maison soit comme une balise lumineuse pour la marche des errants dans leur nuit. Qu’elle demeure pour eux la Maison de l’Avenir .

#33 très présente, avec des formations, des journées nationales au cours desquelles les accueillis étaient invités. La 1ère journée nationale a eu lieu en présence de l’Abbé Pierre lui-même ; il y a eu la présentation, par la MS, de « Perdu qui comme Ulysse » (recueil de textes de Michel Séonnet et de photos d’Olivier Pasquiers). D’ailleurs, il y avait une richesse d’activités culturelles avec une importante participation des personnes accueillies. Un administrateur et un bénévole de la MS faisaient partie du comité d’organisation de ces journées. Je regrette cette forme d’autonomie et, en même temps, de stimulation impulsées par la fondation Abbé Pierre. Quant à l’atelier «  Au pays des mots » que j’anime avec Claudine, nous avons vraiment progressé tout au long de ces deux années et demie, même si le problème de la langue reste centrale. »

Claudine

P

[2015]

« C’est lors de l’assemblée générale de 2012 qu’après avoir évoqué les ateliers d’écriture et d’aquagraphie que j’animais par ailleurs, la directrice m’a proposé d’intervenir à la Maison de la Solidarité. J’ai beaucoup de joie à venir animer l’atelier du jeudi matin « Au pays des mots » et je suis émerveillée de ce qui s’écrit. Tout fait nouveau à la Maison de la Solidarité, tout évènement important déclenche beaucoup de réactions. Il y a toujours un « noyau » de fidèles, présents chaque semaine et le mélange des langues et la volonté de certains de mieux parler le français constituent un véritable moteur pour l’animation de cet atelier ».

Dr Thyrode

[les gens de l'oubli n° 15, 2004]

La solidarité, c’est la lutte. Elle ne va pas de soi, c’est un combat contre l’égoïsme personnel, c’est naturel d’être dérangé par ce qui n’est pas toi. La première fois que j’ai entendu parler de la solidarité, c’était au sein du monde ouvrier. Aujourd’hui, modestement, c’est un art de vivre « être humain » … La souffrance de l’autre t’émeut, t’interroge. La solidarité n’est pas la charité, je te donne … Je ne te donne pas en tant que solidaire mais je m’y retrouve. Tu m’apportes, réciprocité de l’humain, solidarité, le moment où, face à un danger, à une difficulté, je suis présent. Les différences se gomment pour aller à l’essentiel. Etre là, actif, au feu, au feu social, servir à quelque chose. Les modes d’emploi sont toujours les mêmes, ce n’est pas si compliqué de communiquer avec les autres. Savoir justifier les mécanismes modestes et simples par des gestes d’amour. Tu souffres de recevoir la charité, tu ne dois pas souffrir d’une rencontre solidaire ».

#15

(La solidarité vue par… le Dr Thyrode, propos recueillis par Christiane Roshem)

Stéphane

[les gens de l'oubli n° 32, 2011]

Recréer du lien social, offrir un peu de soutien aux « exclus », aux « sans... » : sans domicile, sans famille, sans travail, sans papier,… : c’est un des objectifs du projet de la Maison de la Solidarité. Mais lutter contre l’exclusion sociale, la désocialisation, c’est aussi faire retrouver à chaque personne accueillie une image valorisée d’elle-même, lui redonner le sentiment de partager avec les autres un minimum de culture commune et d’y prendre une place reconnue. Les activités socioculturelles et particulièrement le théâtre sont des outils intéressants, reconnus dans ce travail sur soi. C’est pourquoi nous avons tenu à mener à bien ce stage de théâtre de 5 jours, qui a abouti sur une représentation de 45 minutes, stage « emmené » par les membres de l’association « Cette Compagnie-là », familiarisée avec les publics en très grandes difficultés : « cette Compagnie-là » travaille en prison, en centres d’hébergement d’urgence,… « Cette Compagnie-là » et la Maison de la Solidarité souhaitent pouvoir réitérer cette expérience enrichissante pour un stage d’une dizaine de jours, courant 2012. La production serait présentée lors du premier festival culturel de la Fondation Abbé Pierre, programmé en septembre 2012. (Du théâtre à la Maison de la Solidarité … ? ? par Stéphane Barbanchon )

#3


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ts

Noël

[les gens de l'oubli n° 9, 2002]

Bachir

« Quand j’ai pas de peigne, j’ai plus rien. J’ai perdu ma structure, plein de choses. Je peux tout perdre, sauf le peigne. Le peigne, le coupe-ongles. C’est u objet de valeur. C’est un « sur soi » ; dans les poches, ça vaut 10 millions ».

20 ans!

s ) e ( i l l i e u c c a ' Paroles d Saad [les gens de l'oubli n° 7, 2001] Deux voies mènent à la solidarité indispensable. Il s’agit ici de la solidarité effective qui permet à la société d’évoluer dans l’harmonie, lui permettant d’échapper aux maux néfastes, visibles et invisibles. Cette harmonie ne peut être que le résultat d’une prise de conscience du citoyen pour exiger des dirigeants l’égalité dans la répartition des revenus de la nation ou, tout au moins, le respect de leurs promesses électorales. En l’absence de cette exigence d’équité, tout citoyen conscient de la nécessaire solidarité doit exercer son rôle dans une association du quartier pour permettre aux habitants de se découvrir et de s’enrichir réciproquement. L’épanouissement de l’individu ne résulte pas seulement de progrès matériels. Il se réalise à travers l’écoute et le partage sans arrière-pensées. Il en va de même de l’épanouissement collectif qui ne peut se réaliser que dans un environnement où l’injustice dans le sens le plus large est bannie ».

#7

Olivier

photographe [les gens de l'oubli n° 15, 2004]

« La Maison de la Solidarité de Gennevilliers, le lieu des possibles. Un lieu ouvert, donc un lieu de rencontres possibles… Un lieu de culture, donc un lieu de créations possibles… Possibles mais pas certaines car jamais rien n’est acquis avant de rentrer, de franchir la porte, ni la rencontre (l’élément de base, le plus simple) ni la création en commun, infiniment plus complexe. La Maison est (parmi quelques autres) un lieu important pour moi. Sans cela comment s’asseoir et parler avec ceux que je vois dans la rue, dans le métro… Et puisque je suis photographe comment poser la question de la photographie, au-delà du reportage, sans un environnement favorable à l’échange ? Il n’y a pas de création collective possible s’il n’y a pas les conditions matérielles minimum indispensables à une mise en commun à la fois des volontés et des intelligences. Il faut un espace de concentration, de réflexion communes. Il faut un espace où se débarrasser un temps des soucis de l’exclusion. Un espace de liberté, un espace protégé pour atteindre ensemble le but recherché. Ces chantiers qui ont été menés à bien (sculptures, film, affiches et, en ce qui me concerne photographies, écriture, livre) sont intimement liés à cette capacité qu’a ce lieu (il faut comprendre ici : les gens qui l’animent, plus que les murs) de nous mettre ensemble pour tenter ces expériences d’existence. De résistance ».

Adama

32

[2015]

« La maison de la Solidarité de Gennevilliers est digne de son nom. Cette maison-là fait partie de ma vie. Elle est papa et maman après mon papa. Je remercie Dieu de m’avoir guidé vers elle et de m’avoir fait croiser Edouard pour qu’il soit comme un grand frère et un conseiller. Dieu, merci de nous faire sortir de la rue et de nous donner la force d’endurer la rue et ses tortures. La MS, même si je vous offre la lune, je ne saurais vous payer. Je vous aime comme ma propre famille. Enfin, vous resterez gravés dans ma mémoire ». « La liberté ! À chaque fois que j’entends ce mot je me rappelle ces hommes, raison pour laquelle je me permets de citer leur nom : Nelson Mandella, Mahatma Gandhi, Martin Luther King, MalcolmX. Quant à moi, je suis un oiseau qui chante, qui s’envole et qui se pose partout sur la fenêtre : liberté, liberté, liberté… »

Noël

[les gens de l'oubli n° 4, 2000]

#4

« Histoire de Monsieur Charly qui coupait du bois… Monsieur Charly, il coupe du bois tout le temps  ; charpentier, il est né dans le bois. On ne peut pas l’empêcher de travailler. Sans le bois, il est perdu, il est plus rien. Le bois ça sert aussi à construire un habitat. « Habitat », c’est un mot bizarre, ça peut signifier un toit, une construction  ; pour Monsieur Charly, c’est la rénovation. Le toit, c’est aussi une domination. Cette domination qui fait qu’on est là ! »

Mohamed

[les gens de l'oubli n° 9, 2002]

[les gens de l'oubli n°15, 2004]

« La Rue… Acceptez d’être à la rue et vous aurez de quoi écrire. La vie est facile, la vie est difficile, mais surtout injuste. D’ellemême, elle ne pourrait l’être, facile ou difficile. L’homme est le point déterminant, tout le monde le sait, mais tout le monde n’est pas tout le monde. J’ai vu l’écart qui sépare l’homme de son discours, le sentiment de faire et l’incapacité. Tantôt le semblant faire pour plaire. Il est aussi facile de jeter l’argent par la fenêtre que d’en donner aux malheureux. J’ai vu la loi être douce avec les riches et sans remords envers les pauvres, les démunis jusqu’à les rendre miséreux ; comme si les gens avaient oublié que lorsque la pauvreté côtoie la misère, la seule issue est la violence, pas celle des fanatiques de la violence faite d’intolérance, mais celle des gens en manque du « très » minimum existentiel. La Rue m’a tout appris : l’amour, la haine et le bien mais j’ai tout supporté pour ne pas perdre la tête ».

#19

Quand la journée est passée, la nuit arrive, on doit faire le 115, La cour des miracles … J’ai vu des gens se faire laver à la lance incendie parce qu’ils étaient saouls et sales. Pour dormir la nuit tu dois mettre tes chaussures et tes vêtements comme oreiller, par crainte de vol. Les pauvres se volent entre eux au 115, numéro gagnant de la loterie des misérables. Le plus grand malheur du 115, c’est le mélange de vieux et jeunes de toutes origines, de tous pays. Beaucoup de personnes préfèrent dormir dans la rue, par un grand froid, où beaucoup trouvent la mort, « que dieu ait leur âme ». J’ai vu un vieux recouvert de plaques d’eczéma complètement saoul, il s’était endormi dans une cabine téléphonique en attendant d’avoir le 115. J’ai encore vu des gens faire la manche pou boire de l’alcool. Souvent je vois des clochards qui ne veulent pas dormir au 115 parce que les animaux ne sont pas acceptés. Souvent leurs chiens leur servent de protection contre les agressions des autres. Au 115 l’endroit où les crimes et les vols se font au début du mois, par des toxicomanes qui veulent leur drogue. Le malheur qui est volé par un autre malheur. Le malheur mange le plus malheureux, et c’est ainsi la vie.

« Il était une fois une personne qui visitait les lieux proches de son abri. Il n’y avait pas de jour, il n’y avait que la nuit, dans cette année élue par le temps. Ce programme éclipsé coïncide avec la rencontre d’une maison anonyme, faite pour rassembler des êtres perdus afin de trouver le repos qui déclenche l’aventure. Il est temps de fêter la première rencontre avec ce toit, il est temps de faire chanter ces murs et ces bois ; il est temps de se taire et de laisser la maison reprendre sa joie. Il y a des hommes derrière, qu’on ne voit pas, à nous rendre la vie éternelle ».

Paulin

[les gens de l'oubli n° 19, 2005]

Patrick [les gens de l'oubli n° 20, 2005]

#20

Nouvel hôtel à Asnières Dans ces quatorze années, il y a le souvenir d’un hôtel, où ils ont vécu trois mois. Gratuitement. - « Nouvel Hôtel, rue Diderot à Asnières » dit Patrick. « On avait la clé. Une clé ! Importance d’avoir une clé ! Quand on a une clé, on a presque un chez-soi ! »

Jean-Claude Reina

[les gens de l'oubli n° 24, 2007]

[les gens de l'oubli n°16, 2004]

« Un soleil chaud et froid, Mon visage doux et figé, Puis un rayon s’en échappe Et illumine ce visage.

#24

« Votre adresse ? Quand on n’en a pas Ou plutôt quand on n’en a plus Ou plutôt que celle notée sur mes papiers est celle d’une période heureuse où j’avais un chez moi, enfin un chez moi chez les autres. Comment faire arriver le courrier, comment rassurer un employeur qui s’étonne, un logeur qui hésite ?

#16

Partir…encore partir… Loin…dans la neige, dans le vent… Sous le soleil. Partir pour oublier ou pour se régénérer. Partir pour mieux se comprendre Ou pour mieux comprendre les autres. Devant moi les routes se croisent et s’entrecroisent, les paysages défilent et se défilent, mais je continue d’avancer, d’aller vers l’inconnu, connu. Partir pour me prouver quelque chose que je ne sais pas ou que je sais presque… Mais je pars car il le faut… »

Tout s’est enchaîné rapidement quand la famille ne m’a plus logé… perte du boulot, perte du chômage, du RMI, ça a été la dégringolade… maintenant je dors dans un squatt, dans le froid, la saleté, en veillant à ne pas éveiller les soupçons (un matin, une dame qui sortait de chez elle a eu peur en me voyant), à ne pas apparaître trop paumé : assis sur un banc d’abri bus, quelqu’un me réveille « réveillez-vous votre bus est là ». J’avais tout simplement envie de dormir, et de rester là. En hiver, les journées sont longues quand il fait froid. Je passe mon temps à chercher des endroits un peu chauffés, où je peux manger un peu, me reposer un peu, faut bien passer le temps… ».

#27 Bachir

["L'écume des jours", vendredi 20 février 2005]

“ Votre Maison est une maison de merde ”. Grossièreté insultante de Bachir crachée à travers la grille qui venait de se fermer définitivement sur lui suite à des menaces répétées à l’encontre d’une accueillie. Bachir, un jeune, accueilli à bras ouverts pendant des mois, chaque jour ; tout heureux de pouvoir venir prendre cafés, douches, bénéficier des services de la consigne, des lessives, du téléphone ; invité aux événements festifs… “  Votre Maison est une maison de merde  ”. Il y a mieux comme paroles de reconnaissance, de remerciement et d’encouragement. mais de tels événements ne sont-ils pas l’occasion de nous remettre à notre place, à la bonne place dans notre démarche d’accueil ? Si on reste plaqué à la surface de l’affectif, si on est en attente de reconnaissance, si on ne garde pas de la distance dans nos relations avec les accueillis, bref si on reste collé à la grille du quotidien, on prend un jour ou l’autre des crachats en pleine gueule dont on a bien du mal à se laver. Oui, continuer à être accueillant, attentif, au service de tous, même de ceux qui ne savent pas (plus) dire merci.

anonyme

[" Une histoire vraie ", les gens de l'oubli n° 27, 2008]

Nous nous sommes rencontrés devant le magasin « Carrefour », l’endroit où, comme vous le savez, beaucoup de gens se croisent, s’arrêtent, se saluent et racontent leurs petites et grandes histoires… Il vient au devant de moi, je sais que je le connais mais ma mémoire vieillissante (comme moi d’ailleurs), ne me permet pas tout de suite de l’identifier. « Bonjour » me dit-il avec gentillesse et chaleur « Comment vas-tu ? Comment va la Maison de la Solidarité ? » Voilà ! bien évidemment, c’est dans ce lieu que nous nous sommes connus… mais il y a déjà un certain temps. A mon tour, je lui demande de ses nouvelles, comment il va, quelles sont ses occupations, pourquoi je ne le vois plus dans notre maison d’accueil. Il me regarde toujours gentiment et il me dit avec une certaine assurance, presque avec fierté : « Non, je n’y vais plus désormais car je travaille ! » Il a dit cela d’une telle façon qu’on sent bien qu’il ne s’agit pas d’un emploi précaire mais d’un vrai travail. Je lui ai serré la main fortement et lui ai souhaité bonne chance.


maison de la solidarité

20 ans!

La Paix, tous égaux ! Liberté, EGALITE, fraternité !

20 ANS DE SOLIDARITÉ  POUR LES INVISIBLES Amitié et solidarité contre la misère !

vendredi

16 oct portes ouvertes

Sortons de nos bulles !

de 10 h à 16 h :

Tous des frères !

à la Maison de la Solidarité au 29, rue Edmond Darbois, Gennevilliers.

Allons les uns vers les autres !

samedi

17 oct échanges, dé∫ats  et rencontre festive

Fais pas couler la colère, mais fais la paix de confiance !

Partage et tolérance contre la misère !

Wahi∫a J’ai envie de mettre la tête sous l’oreiller et dormir sans réfléchir. C’est impossible à chaque fois je pense à ce qui m’attend demain ; à mes filles à leur avenir et aussi à mon enfance que j’ai vécue heureuse…

Ensemble, levons-nous contre la misère ! Accepter les différences, rester dignes face à la misère !

à l’Espace des Grésillons 28, rue Paul Vaillant-Couturier, Gennevilliers.

Main dans la main, luttons contre la misère !

Noël

On veut rester ensemble « Qu’est-ce que tu veux que je te dise ? On est tous les deux à la rue, parce que ce qu’ils me proposent, c’est de me mettre dans un foyer et elle dans un autre. Qu’est-ce que ça veut dire ? Nous, on veut pas se séparer ».

Dignité, courage, solidarité !

Partage, dignité, espoir…

Restons debout face à nos différences !

Omar La nuit un prélude pour le savoir et être dans la beauté de la nuit, suivre l’étoile du Berger, celle qui donne la direction.

Agissons tous pour la dignité !

Halte à la précarité !

On me dit «  On dit que je suis dans l’illégalité, mais pour moi ce n’est pas quelque chose Pour vivre normalement de mal. Voler oui. Mentir. Trahir. «  Je voudrais des papiers Mais pas traverser les frontières. Etre pour mener une vie normale, me sans-papiers, autrefois les gens pouvaient déplacer normalement, travailler circuler sans visas, sans rien. » On me dit « Vous normalement, être payé normalement, pouvez rester en France, mais vous ne pouvez pas habiter normalement, avoir des soucis manger ! ou alors il faut travailler au noir ! Faut voler ! ». normaux ». Voilà le désir, l’unique et seul désir de («  Ville des Villes», un travail réalisé par les ces hommes. Ils veulent sortir de l’ombre. Ils veulent personnes accueillies à la MS avec l’écrivain être considérés comme tout habitant de ce pays. Ils ne Michel Séonnet, lu par Denis Lavant veulent pas qu’on les montre du doigt, qu’on les traite comme au Théâtre de Gennevilliers le des délinquants. 29 février 2014)

Organisé par

Mohamed La nuit porte conseils… C’est un moment de détente, c’est là où l’on fait le point de la journée, c’est un moment de soulagement du corps et de l’esprit.

Avec la participation de

maison de la solidarité 29 rue Ed 9 2 23 0 G m o n d d a r ∫ ois e n n e v il lie r s T 0 1 47 9 F 0 1 47 0 4 9 0 3 m s o lg e n 3 3 6 0 9 3 n @ fr e e. fr

La solidarité, ça marche !

et le soutien de

Jean-Marc La nuit c’est l’angoisse parce que demain on peut nous mettre dehors. Les insomnies, la peur de voir surgir l’autre… le doute, se poser un tas de questions, la peur de ne pas se réveiller demain dans cette maisons vétuste, un squat…

conception graphique © rübimann.com

Un foyer «  D’endroit en endroit, de secteur en secteur : on nous trimballe comme une balle. Ils jouent avec nous au ping-pong. Allez ici, allez là. De là on t’envoie ici. Tout cela n’a pas de sens. Exclusion, structure d’accueil. Mon voyage a été long. De galère en galère. Le pire c’est l’hiver. Le froid me réveille dans cette cage d’escalier où je dormais… Un matin un képi me réveille : « Allez, lève-toi », je me lève et on descend dans le hall, il me met les bracelets avec son collègue qui ne disait rien, il avait l’air compréhensif et honteux. Le képi me frappe au visage ; sous le coup je lui dis : « Trouve-moi une maison ». Il m’embarque « pour vagabondage » ; peutêtre qu’il était de mauvais poil, ou raciste. Ce n’est pas de ma faute si je n’ai pas de toit alors que, à Paris et partout, il y a des endroits avec ton lit et le repas le soir, un « foyer ».

Je dors cartonné En ce moment, Noël dort dans le parking du carrefour. « Je suis bien », il dit. « Il y a beaucoup de cartons. Ceux qui achètent la télé ils emportent pas le carton ». Il dit : « un carton pour moi, c’est un ami ». « Je dors dans «un carton Grundig couleur télévision  », dans le parking de carrefour ».


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