Now Playing Magazine : Nneka, Made in Africa

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NOWPLAYING

15 QUESTIONS à Ben Mazué

30 ANS

de tubes de l'été

Beirut AALIYAH

Kanye West

& Jay Z

NNEKA Made in africa

N°3 AOUT/SEPTEMBRE

LeOn Ware



NP

SOMMAIRE Edito

2.

En Bref Focus Nicola Roberts

3. 4. 5. 9. 10. 11. 12. 13. 14 15.

5 quEstioNs à BEN MAZuÉ L’union de LittLE DRAGoN tout simplement, BEiRut NNEkA made in Africa

Chronique Cool kids

AALiYAH 10 ans déjà

interview Alice Russell

3o ans de tubes de l’été

Focus Mama’s Gun interview Blastar 17. Chronique kelly Rowland 18. 19. Focus ornette Chronique théophilus London 20. 16.

21.

LÉoN WARE le vrai «patron» de la soul

22.

Wu-tANG aux armes...

Focus Big krit 24. Coup de coeur et agenda 23.

Direction de rédaction : Wadji Boukari Rédacteurs : Stéphane Morisset, Clémentine Péron Stephan Fabre, Emilie Fleutot Graphisme et conception : Stéphanie Archimède, Wadji Boukari Photos (Nneka) : Ludovic Etienne Mercà à Antoine Berger, Clément Lebours, Pascaline Pizzighini, Cédrick Lohou, Nesrine Lathil. Remerciements à tous ceux qui soutiennent et croient en ce projet.



NP

EDITO Chère Amy, La mort d'un artiste est un étrange et terrible phénomène avec son lot de détracteurs, de mots bien intentionnés, de fans inconsolables, de blagues parfois mesquines et souvent hautes en couleurs et tout le reste. Avec ton physique de personnage de cartoon doté d'une aura légèrement obscure, tu étais une jeune fille qui nous a offert son cœur avec ce qu'il contenait de plus personnel et de plus obscur, déchirée par la célébrité, le chagrin, et surtout, par ses démons. Tu laisses derrière toi deux albums, deux témoignages de ton histoire. Back To Black était déjà un classique, avant ce samedi après-midi. Aujourd'hui, il est à jamais scellé dans l'histoire de la musique comme ton chef d'œuvre tragique, un étonnant recueil de Soul, d'un lyricisme déconcertant de réalisme, désormais emblème parfait du potentiel gaspillé. Si certains retiendront comme dernière image de toi celle du fiasco de Belgrade, d'autres ne retiendront que l'artiste ou le talent. Celle dont la voix habitait les titres, celle qui a vraiment vécu et respiré chaque mot douloureux et chaque mélodie brisée de chaque chanson qu'elle ait jamais enregistré. Le plus triste c'est que ce troisième album tant attendu verra enfin le jour. Si l'on se fie à tes deux précédents opus, on sait que tu nous y diras tout, sans embellissement. ..Mais sans toi pour le défendre, sans toi pour nous le conter à ta manière. What kind of fuckery is this? Amy Winehouse 1983-2011 Par Wadji B.


NP

EN BREF

Noël Gallagher Celui qui a toujours été considéré comme l' « âme d'Oasis » a finalement annoncé son premier album solo, High Flyin’ Birds, pour la fin de l'année.

Phonte et 9th Wonder des Little Brother vont sortir leurs albums respectifs le 27 Septembre, Charity Starts at Home pour le premier, Wonder Years pour le second.

La chanteuse de Neo Soul Ledisi sera de passage à Paris à la rentrée. Elle sera sur la scène du Nouveau Casino le 27 Septembre 2011.


Le dernier titre enregistré par la chanteuse Amy Winehouse sera disponible en septembre. Il s'agit d'un titre avec le crooner Tony Bennett qui figurera sur l'album de duo de ce dernier où l'on retrouvera Mariah Carey, Lady Gaga, John Mayer ou encore Queen Latifah entre autres.

Le célèbre producteur Pharrell Williams vient de monter sa propre structure, I Am Other Records. La chanteuse Maxine Ashley fait partie des signatures.

Un album et une tournée en 2012 pour Madonna. La reine de la Pop a repris le chemin des studios avec William Orbit (le producteur de son album Ray Of Light) 3 ans après son dernier album. Une grande tournée mondiale est en préparation.



NP

Focus

NICOL A S T R E B O R Les girls band. A l’époque, ils poussaient comme des champignons, au goût plus ou moins douteux d’ailleurs. Cependant, ceux qui nous

venaient d’outre Atlantique avaient cette pop imparable made in UK dans les veines, qui leur permettait de perdurer (chez nous et partout dans le monde). Les Girls Aloud ne font pas exception. Arrivées avec Sound Of The Underground en 2002, hymne pop ultra efficace, elles séduisent des millions de gens.

Mais voilà, dans chaque girl band, il y a des

divas/chanteuses en devenir, qui aspirent à une carrière solo. Evidemment on pense toujours à la chanteuse leader (ici Cheryl Cole, mais encore Nicole Scherzinger pour les Pussycat Dolls ou Mutya Buena pour les Sugababes) et pourtant, tapie dans l’ombre il y a l’outsider (Siobhan Donaghy chez les Sugababes, et évidemment toutes les autres Pussycat Dolls), celle qu’on n’attendait pas. Si Nadine Coyle a tenté sa chance désespérément après la number one du groupe, c’est bien sur Nicola Roberts, la petite ginger timide du groupe sur qui il va falloir compter.

Nicola nous a pris par surprise, en sortant son

1er single, intitulé « Beat Of My Drum ». D’abord confidentiel, ce titre a fini par faire le buzz et se retrouver sur les blogs musicaux les plus pointus. La chanson n’est pas sans rappeler « Pon De Floor » de Major Lazer (mais en beaucoup plus subtile que la version « Run The World (Girls) » de Beyoncé). La belle a travaillé pour son 1er album avec la crème des producteurs, j’ai nommé Diplo ainsi qu’avec les groupes Metronomy ou Dragonettes. Avec son univers graphique et coloré, elle nous propose une pop teintée électro beaucoup plus actuelle que Cheryl Cole et son acolyte Will.I.Am. Une rentrée qui s’annonce donc prometteuse. Par Clémentine P.

Cinderella’s Eyes Sortie le 26 Septembre


. .. A S N O I T S E U Q 15

E U Z A M BEN

Il aurait pu faire simplement carrière dans la chanson française, Ben Mazué a choisi d’être un rappeur. C’était plus fort que lui, c’est ce qu’il voulait être, le rap devait être sa vocation comme il le déclare sur son single « Confessions D'un Rap Addict ». Un choix extrêmement risqué qui a fait de ce niçois atypique une exception culturelle bien de chez nous.

La chanson de Soul que tu mets en fond pour créer une ambiance séduction ?

3

premier disque de 1asLe hip-hop américain que tu possédé ?

Je crois que le premier que j'ai acheté, c'est le 1er Nas Illmatic. Je l'ai toujours même.

"A Song For You" de Donny Hathaway, bien sûr. Si l'ambiance doit durer, j'aime bien aussi mettre le 1er album de India Arie Acoustic Soul.

Un disque de vinyle que tu gardes précieusement ?

L'album de chanson 4 2 française qui te sert de Bible ?

Camille Le Fil. Je sais pas si c'est une Bible, mais je suis toujours content de tomber dessus, alors qu'en terme d'écoute, je l'ai bien usé…

Le seul vinyle que j'ai, c'est "Let It Be" des Beatles. Je le garde même pas précieusement, mais il a survécu à toutes les époques, déménagements, ruptures, etc… C'est un miracle.


11

Une anecdote musicale sympa à nous raconter ?

Ma référence ultime c'est plus une époque qu'un groupe ou un artiste en particulier, 1994-2000 c'est ma référence.

Ah les anecdotes, elles viennent quand on s'y attend pas, et quand t'en cherches c'est comme les blagues, y'a jamais rien qui vient. Tiens si, on venait de faire la première partie de Hocus Pocus, ça s'était bien passé, c'était à Cannes. Trois jours après je tombe sur une interview de 20Syl (rappeur des Hocus Pocus, Ndlr) à Toulouse, le gars lui demande ce qu'il écoute en ce moment. Il dit: "ah tiens, y'a 3 jours on a joué avec ce gars-là, Ben Mazué" … et là il sort le skeud de sa poche... "et j'ai trouvé ça bien fait, émouvant et tout". Cela m'a fait plaisir. Beaucoup même. Déjà j'étais touché qu'il ait écouté le live, et le disque. C’est rare que les artistes en tête d'affiche fassent l'effort de s'intéresser à la première partie.

souvenir de ta 7 Le première scène ?

12

registrement de ce truc, je l'ai écouté hier justement, ça devait faire 5 ans que je l'avais pas entendu. On peut pas dire que ça manque d'envie ni de plaisir, mais ça manque de technique, ça c'est évident...

Il faut s'attendre à être surpris je pense, Nous on l'a fait en se disant qu'on irait bien se fourrer dans un triangle entre Aloe Blacc, Vampire Weekend et Janelle Monae.

La réaction de tes 5 parents quand tu as dit « papa, maman je veux faire du rap quand je serai grand » ?

Ce sont eux qui m'ont poussé. Ils sont plutôt du genre à encourager les parcours aventureux.

Ta référence ultime en matière de rap francophone ?

6

À quoi faut-il s'attendre de ton album qui sort à Non seulement je m'en souviens, mais j'ai un en- la rentrée ?

8. Si tu devais porter un pseudonyme, lequel serait-ce ?

8

Ahlala, ça c'est le truc que j'ai jamais réussi à trouver, j'ai dû retourner mille fois la question dans tous les sens, mais un pseudo, c'est se choisir, moi, je me subis plutôt…

9

Ton plus grand moment de solitude ?

Un open mic quand j'avais 14 ans, j'ai chanté une partie d'un texte d'Assassin "L'Underground S'exprime". Je suis fait griller direct, le mec m'a pris le micro des mains, en m'insultant. Bonne leçon.

10.

Romain Osi

10

Le meilleur moment de ta jeune carrière ?

Un dîner récent avec les gars avec qui j'ai joué ces deux dernières années. Se souvenir des gens, des scènes, des galères, des concerts ratés, des bleds, des salles vides, des organisations à moitié faites, des trajets, des dîners après concert, des soirées qui s'éternisent, des paysages, des spécialités culinaires, des personnages, etc… On a fait 100 dates l'année dernière, t'imagines qu'il y a de quoi parler. Un bonheur de se remémorer tout ça avec ceux qui étaient là.

13. Cite-nous tes trois chansons rap estivales préférées puisque la saison s'y prête.

13

Busta Rhymes/ The Cure: "Woohah/Close To Me". M.O.P.: "Ante Up". Akinyele : "Put It In Your Mouth".

toi, si tu étais un 4 Et morceau de rap, lequel 1serait-ce ?

"Volte/Flow" de Disiz et Busta Flex... "Seulement ceux qui nous connaissent ont compris ce qui se passe".

15. Enfin, le featuring que tu rêves d'avoir dans un futur projet.

15

"Le"? "Les" oui, surtout. Busta Flex tiens par exemple, un flow et une voix inimitables. Je te dirai aussi Joss Stone pour la grâce. Ou ce raggaman de Brest que je kiffe, PupaJim. Par Stéphane M.

Ben Mazué

(Sony Music/ Columbia) Sortie le 10 Octobre 2011


Studio Seek

L’uniOn de

G A R D E LITTL


GON

Si c'est avec la participation de la chanteuse Yukimi Nagano sur Plastic Beach,

le dernier opus de Gorillaz que le collectif suédois Little Dragon s'est fait remarquer, cela fait déjà 6 ans qu’ils ont publié leur premier album. Le talent du groupe réside dans le fait de trouver cette limite mince qui transcende un album d'électro: émotions, voix magnifique, rythmique et des sonorités électro abstraites qui créent un son qui est à la fois unique et étrangement familier.

Le son de Little Dragon est un mélange de Soul, influencée par l'électro-pop, une parfaite 'union' des sons et une voix pour arriver à un album inventif.

Bien que l'ambiance générale de cet album paraisse sombre, des titres tels que

« Shuffle A Dream » et « Nightlight » pourraient s'inscrire dans la continuité de leur précédent opus, Machine Dreams. Les subtiles inflexions R&B que l'on retrouve dans la voix de Yukimi Nagano sont les ingrédients qui font tenir en place la magie de ses acolytes.

Bien que ce soit la voix de la chanteuse qui domine, c'est bien le groupe qui fournit des rythmes subtils, inventifs et toutes les variations qui permettent à la voix de Yukimi de s'épanouir comme sur le titre d'entrée « Ritual Union ».

«Nightlight» illustre bien ce délicieux mélange de la Soul, du funk et l'électropop. Malheureusement, la magie n'opère pas toujours comme sur le titre « Brush The Heat », un peu noyé sous les effets.

Sans être aussi excellent que Machine Dreams, Ritual Union est un très bon album, suite

logique du précédent opus et qui continue d'explorer les possibilités découvertes. Par Wadji B.

Ritual Union

(Peacefrog / Emi) Sortie le 5 Septembre 2011 En concert le 14 Novembre à La Maroquinerie (Paris)


JAY-Z E Y N A K T S E W

&

POur L’HiStOire


Jay-Z et Kanye West ont écrit quelques-unes des premières grandes lignes de l’Histoire du HipHop du troisième millénaire. C’est ensemble qu’ils ont composé parmi les faits les plus marquants de la musique rap et de l’industrie du disque depuis le début des années 2000. C’est mutuellement qu’ils ont fait évoluer leurs carrières pendant plus d’une décennie. Ce sont les croisements réguliers de leurs destins hors du commun qui ont petit à petit initié le processus de création de leur projet ubuesque Watch The Throne. En voici la chronologie en avance-rapide.

L’avènement du roi et de son dauphin

Retour à la fin des années 90. Kanye West est un grand fan de Jigga, comme un million d’autres personnes. Lors du Hard Knock Life Tour en 1999, Kanye était quelque part dans le public en train soutenir son idole. Quelques mois plus tard, son nom est crédité dans les auteurs de « The Truth » de Beanie Sigel, un des artistes de Roc-AFella Records, label dont Jay-Z (Shawn Carter de son vrai nom) est co-fondateur. À l’époque, Kanye était un simple beatmaker. Il a commencé à faire ses armes aux côtés de No ID. No ID, ce n’est pas n’importe qui, c’est lui avait produit l’immense classique Resurrection de Common, le MC numéro 1 à Chicago dans les années 90. Fin 2000, Jay-Z choisit un instrumental de Kanye qui deviendra le magnifique « This Can’t Be Life » qui figurera sur Dynasty : Roc La Familia. Ce fut leur toute première collaboration officielle. Mais celle qui va marquer les esprits à tout jamais est définitivement « Take Over », brûlot sur lequel Jay-Z assassine son rival Nas sur un sample des Doors pour gagner par la force son titre de King

of New-York. Sans les productions de Kanye West (le culte « I.Z.Z.O », « Never Change », « Heart of the City »), Blueprint ne serait sans doute pas le classique qu’il est. Et dire que ce grand album est sorti ce jour tristement célèbre des attentats du World Trade Center, le 11 Septembre 2001. En tout cas, le début du troisième millénaire commence par le couronnement de Jayhova et le sacre de Kanye comme l’un des producteurs le plus doué de sa génération. Mr West devient par affiliation, au même titre que Just Blaze, un producteur ‘maison’ du label Roc-a-Fella Records. Il rempile logiquement sur Blueprint 2 et signe entre autres le tube « Bonnie & Clyde’02 » de Jay et Beyoncé en s’inspirant de « Me & My Girlfriend » de 2Pac et du « If I Was Your Girlfriend » de Prince. Le point le plus important à retenir de ce double-album est le début de la carrière de Kanye West en tant que rappeur, titularisé suite à son couplet sur « The Bounce » (un morceau produit par Timbaland). Cette prestation lui vaudra pour contractualisation en tant qu’artiste solo chez Roc-A-Fella Records. À ce propos, c’est la seule et unique fois que l’on pourra entendre sa voix et son flow avant son grave accident de voiture qui nécessitera une lourde opération de reconstruction de la mâchoire.

Le nouvel héritier

Novembre 2003 paraît le très estimé The Black Album, annoncé comme le “dernier” album de Jay-Z. Celui-ci avait décidé de mettre un terme à sa carrière de rappeur solo pour se consacrer au business… Ce n’était qu’un ‘au revoir’. Quelques mois après sort College Dropout de son protégé. Le succès du premier album de Kanye West est total, tant critique que commercial. Le disque atteint des certifications multi-platines, gagne de nombreux Grammy et de fait, le rappeur/producteur ultra-talentueux devient le nouvel homme fort de Roc A Fella. Un statut qu’il endosse avec fierté comme il le déclare sur son single « Diamonds Of Sierra Leone », titre sur lequel apparaît


NP

t Jay-Z & Kanye Wes

Vers une passation de pouvoir ?

le patron de Def Jam en personne pour le remix, Shawn Carter. Hé oui, bien que nommé début 2005 président du puissant label hip-hop, Jay-Z n’a jamais su raccrocher le micro. Et avec sa Carter Administration, il veille à la confection de Late Registration, le nouveau chef d’œuvre de Kanye. Fin 2006, sans trop de surprise, Hov’ sort de sa retraite anticipée et récupère sa place sur le trône qu’il a laissé vacant avec Kingdom Come. Pour l’anecdote, cet opus est entièrement mixé par Dr Dre… Lui et le Louis Vuitton Don succèderont leurs sorties en 2007 avec respectivement American Gangster et Graduation. Néanmoins les deux hommes collaborent très peu sur ces albums, encore moins sur le déroutant 808’s & Heartbreak. Kanye préfère occuper les colonnes avec ses coups de gueule et ses histoires personnelles. Il est également très occupé par le développement des artistes de son label GOOD Music (dont font partie Common, Consequence, John Legend…) et sa tonne de sollicitations… On retiendra tout de même de Graduation ce morceau en particulier, « Big Brother ». Ses textes parlent plus amplement de ses rapports avec Jay-Z et la façon dont il le perçoit. Calculateur et pragmatique, le président Carter de son côté termine sa mission chez Def Jam avant de se joindre à Warner Music et fonder un nouveau label, Roc Nation. Roc A Fella existe toujours, avec Kanye West comme artiste principal, mais demeure sous l’égide de Def Jam Recordings. La rentrée 2009 attend un nouvel événement, Blueprint III, dernier volet de la trilogie. Qui dit Blueprint dit productions signées Kanye West, dont l’extrait « Run This Town » en mode « all black everything » avec une Rihanna revancharde. L’alchimie opère à nouveau et à merveille, malgré des rapports parfois tendus entre les deux hommes. Jay lui rend la pareille l’année suivante sur My Beautiful Dark Twisted Fantasy de Kanye en posant un couplet sur « Monster » et le remix de « Power ».

Nous revoilà en 2011. Jay-Z et Kanye West ont gravi de tels sommets qu’ils font partie de ce qu’on pourrait considérer comme la haute aristocratie du hip-hop. Le luxe, l’art, les choses chères, les rumeurs d’appartenance aux Illuminati et les belles femmes font partie de leur train de vie. L’idée de leur projet commun Watch The Throne a été évoquée avant la sortie du dernier album de Kanye West, d’abord sous la forme d’un EP. Qui s’est transformé par la suite en un LP. Les deux protagonistes se sont retranchés dans un manoir anglais pour s’imprégner du concept de l’album, incluant des beats d’illustres producteurs newyorkais comme RZA, Pete Rock et Q-Tip pour ne citer qu’eux. En revanche, aucun autre rappeur n’est présent sur l’album. Ça reste strictement une affaire entre Jay-Z et Kanye, aucun rappeur en featuring n’est admis. Du coup, des interrogations viennent à l’esprit, dont celle-ci : Jay-Z cèdera-il son trône au prince Kanye ? Le magnat du rap jouit d’une longévité et d’une carrière sans égal dans le business du rap et il est toujours capable de réguler le game en quelques rimes avec un flegme que lui seul possède. Kanye pourra-t-il le surclasser ? En technique pure, sûrement pas mais son égo hypertrophié peut faire la différence dans ses lyrics, sachant qu’il a également l’avantage d’avoir la mainmise sur les beats sur lesquels il pose. Ou à l’inverse, feront-ils front commun pour asservir la concurrence ? Duo ou duel, il nous tarde d’en connaître l’issue. Pour boucler la boucle, Watch The Throne de JayZ & Kanye West sera édité chez Roc A Fella Records, même si la bonne vieille époque dynastique du label paraît tellement lointaine. La sortie physique sera accompagnée d’un packaging en métal doré. Royal. Par Stéphane M.

Watch The Throne

(Roc a Fella Records / Def Jam / Barclay) Disponible



tOut SiMPLeMent

U R I E B


Zach Condon, c’est qu’on ne s’en lasse pas. Deux ans après leur dernière œuvre musicale Beirut revient avec un album d’une simplicité désarmante mais tellement évidente que ça en est absurde. C’est connu, c’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures soupes, et c’est avec la même recette que Beirut revient en force. Ou pas totalement. Un rien plus solennel, The Rip Tide n’en est pas moins émouvant, et nous renvoie l’écho d’un spleen à peine prononcé parfois plaintif (« The Peacock »), ou mélancolie parfois enjouée sur l’hymne à la ville natale de Zach Condon « Sante Fe ». Trompettes, accordéons, piano et cuivres s’entremêlent pour une invitation à l’évasion telle la bande sonore d’un coucher de soleil. Cela ne fait aucun doute The Rip Tide est la plus belle œuvre de Beirut, léger et aérien qu’on a parfois l’impression qu’il nous glisse entre les doigts de « A candle’s fire » à « Port Of Call » magnifique conclusion d’un album qui se révèle comme étant l’ouvrage le plus accessible, et peut être le plus mature de la bande. Tout le talent réside dans l’équilibre savamment trouvé entre le piano de « Rip Tide » ou « Vagabond », les cornes, et le rythme des ukulele. 33 minutes, c’est le temps qu’il a fallu à Zach Condon pour apposer sa petite touche sur les 9 titres que compte l'album.

The Rip Tide se présente plus comme un résumé de la carrière de Zach Condon, des inflences balkaniques, électro, ou encore de son voyage à Mexico...en version plus ‘joyeuses’. Chose paradoxale car la majeure partie des titres de ce dernier opus ont été écrits pendant trois mois enneigés dans un endroit isolé dans l'état de New York, loin de la chaleur de son Nouveau Mexique natal où il avait écrit des titres plus tristes pour les 2 albums précédents. En vrai, tout est là, servi dans un écrin et cet écrin ne pourrait venir de personne d'autre que Zach Condon. Par Wadji B.

The Rip Tide

(Pompeii Records/ Differ-ant) Sortie le 29 Aout

Kristianna Smith

UT

Les albums de Beirut se suivent et se ressemblent. Et là où réside tout le talent de


NP

Interview

A K E N NMade in africa

Depuis son arrivée dans le paysage musical, Nneka a porté haut les couleurs de l’Afrique. Cette germano-nigériane s’est faite connaître tout d’abord en Europe où ses deux premiers albums Victim Of The Truth et No Longer At Ease ont été très bien accueillis par le public et la critique. L’année dernière, ce fut au tour des Etats-Unis de lui ouvrir les bras. Aujourd’hui, 3 ans après son dernier album, Nneka revient sur le devant de la scène avec un nouvel opus intitulé, Soul Is Heavy. L’ambassadrice de l’Afrique est de retour. Rencontre avec une artiste sincère et engagée.

Bonjour Nneka, nous n'avons pas entendu parler de toi depuis ton dernier album. Qu'as-tu fait pendant tout ce temps ? J'ai été en tournée, joué de la musique, fait le tour de la planète. J'ai appris à connaître les gens … J'ai juste vécu et joué de la musique.

En Europe, nous te connaissons depuis 2005 avec ton premier album Victim Of The Truth et puis après avec No Longer At Ease. Aux Etats-Unis, ils ont seulement découvert ta musique l'année dernière avec Concrete Jungle, un mélange des deux albums. As-tu eu peur de la réaction des gens là-bas ? Et comment ontils réagi à ta musique ? Concrete Jungle est sorti l'année dernière aux ÉtatsUnis et comme tu l'as dit, c'est un mix des deux précédents albums, pas nécessairement tous les titres, mais certains titre auxquels je me sens toujours connectée. J'ai fait 2 tournées solo là-bas toute seule et ils étaient ... tu sais je faisais mes tournées solo et j'ai eu l'impression que c'était comme si j'étais une



Nneka

brise fraîche venant de l'extérieur. Mon style, la manière dont je suis, je ne sais pas les gens étaient un peu hésitants en premier lieu et finalement ils comprenaient "OK c'est de là qu'elle vient, elle a un accent africain, son message est ceci et cela» et les gens, beaucoup d'Afro Américains, de noirs américains se sentent connectés à ma musique parce que c'est une sorte de transition facile pour se connecter à l'Afrique. Ce n'est pas complètement de la musique traditionnelle africaine. C'est un mélange de musique africaine moderne et contemporaine, mélangé à d'autres sons. Je suppose que c'est une transition facile, une brèche pour eux vers l'Afrique. J'ai été en tournée avec Nas & Damian, c'était plus facile. Bien sûr, ils avaient un public et ils m'ont invité à ouvrir pour eux c'était très inspirant.

Comme tu l'as dit tu as été en tournée avec Nas & Damian. Y'a t-il d'autres artistes que tu aimerais faire une tournée ou travailler avec ? Oui, bien sûr, il y 'en a beaucoup. J'adorerais faire une tournée avec K'naan, nous étions censés en faire une, mais quelque chose s'est passé. Je pense que je l'ai annulée. Je l'ai foirée parce que j'étais fatiguée. J'ai été en tournée pendant 3 mois et ils ont voulu me faire faire une autre tournée avec K'naan. J'ai dit « Non, Dieu, Non». Alors j'ai foiré celle-là mais oui K'naan par la grâce de Dieu et peut-être Mos Def, des artistes Nigérians aussi, peut-être Keziah Jones encore ou Femi Kuti.

Dans ta musique tu nous ramènes toujours à l'Afrique et à ses problèmes. À quel point ce thème est-il important pour toi ? Tout est important. La corruption est présente partout dans le monde. Le fait est que je ne peux m'identifier qu'à ce dont je parle. Vu que je vis au Nigeria, je suis plus connectée à la société nigériane, plus ou moins. Je parle de ce sujet et je vois qu'on a effectivement besoin d'entendre

ça. Nous devons entendre ce message, même en Afrique. Porter ce message hors de l'Afrique est important pour les Africains vivant dans la diaspora et qui n'ont aucune idée de ce qui se passe chez eux, de ce à quoi ils peuvent contribuer à la maison. C'est pourquoi je porte le drapeau de l'Afrique si haut. Il est bien évidemment important de parler de ce thème. On en a déjà parlé à plusieurs reprises. Beaucoup de gens sont venus et sont partis parce qu'ils ont dit la vérité. A la fin de la journée, si je me sens connectée à ce que je dis, je crois que je suis capable d'avoir un bon impact sur mon environnement … tant que je suis connecté à ma musique, à mon message. Certaines personnes parlent de la paix parce que c'est à la mode. Certaines personnes parlent de révolution, car ils pensent que c'est la mode, c'est cool. Il y'a une différence en ce qui me concerne. Vous ne pouvez être efficace que si vous êtes connecté à un message.

De par ton engagement, on peut dire que tu es comme une version féminine moderne de Fela ? Si tu le dis. C'est gentil, c'est génial, c'est agréable d'être comparée à lui (rires). Mais je ne me considère pas assez puissante. Je ne surestime pas mon efficacité, mon pouvoir. Je suis juste comme un enfant courant partout qui essaie de devenir une meilleure personne, de partager un message et … oui de devenir une meilleure personne.

Fela était une grande influence pour toi ? En plus vous êtes tous les deux du Nigeria. Bien sûr, Fela Anikulapo Kuti est une légende. Le fondateur de l'Afro beat, le père du rythme à mon avis. De nombreuses personnes ont tenté de marcher sur ses pas. L'afro Beat est encore … je veux dire l'afro beat pur, c'est Fela. Personne ne peut faire mieux que lui, bien sûr, avec le soutien de Tony Allen à ne pas oublier. Et il est une référence, une très grande référence quand il s'agit en particulier du Nigeria, de s'exprimer sans avoir peur. Je peux m'identifier à cela.

Ludovic Etienne

NP



NP

Nneka

A propos de la musique, à quel moment as-tu su que tu voulais être chanteuse ? Non, je n'ai jamais imaginé que je ferais de la musique. Je ne l'ai jamais même voulu ... Pas comme quelque chose que j'avais en tête enfant et de dire je veux devenir un musicien. Je n'ai jamais vraiment eu de rêve comme ça. C'est bizarre que je fasse ce que je fais aujourd'hui parce que je n'ai jamais rien appris. Je n'ai jamais appris à chanter, je n'ai jamais appris à jouer d'un instrument de musique. Ok la guitare, j'en suis encore à essayer. Je suis gauchère mais je joue comme une droitière ce qui est déjà bizarre. En tant que gauchère, mon cerveau fonctionne différemment. Oui, je n'ai jamais voulu être musicienne, mais je fais ce que je fais avec mon cœur, avec amour, c'est quelque chose qui m'appartient. « Voilà. C'est ça » (Ndlr:en francais).

Alors qu'est-ce que tu voulais chée à ces instruments. Et les percussions, faire quand tu étais enfant ? j'aime les percussions. Les percussions sont aussi proches de moi. Si je commence je ne veux pas arrêter. J'aime la guitare et les percussions. J'y travaille toujours.

Tu es sûr le point de publier ton troisième album ... Exactement!

A quoi ressemble t-il? Mon troisième album est une sorte de mélange ... Il est très sombre … (réfléchit) sombre, mélancolique dans un sens, un peu triste. Mature et dans le même temps enfantin...Oui il est bien. Je pense. J'espère. Je veux dire, je l'aime d'une certaine manière. Maintenant voyons ce qu'en dit le monde.

Tu as dit une fois que tu aimes la guitare parce que c'est l'instrument le plus proche de ton cœur, c'est toujours vrai ? As-tu une chanson préférée?

Eh bien, pour moi, il semble assez proche. Je peux Oui ... oui je dois dire le nom? (rires) Je crois l'attraper. Le clavier, le piano, j'en joue un peu, que celle que j'aime le plus est «Soul Is Heavy». mais je ne me sens pas émotionnellement atta- C'est un titre hip-hop, je rappe dessus.

Ludovic Etienne

Je n'ai jamais vraiment eu de rêves. Je voulais une vie meilleure. C'était un peu difficile de grandir dans le genre de milieu où j'ai grandi mais je l'ai apprécié. Je n'étais pas consciente de la folie qui se passait autour de moi jusqu'à ce que je commence à y penser. Je voulais juste une vie meilleure, je voulais juste me réveiller le matin et sentir que tout allait bien, que la vie est belle. Je suis sûre que tu peux comprendre cela et la manière dont ça se passe en Afrique parfois. Mais maintenant je comprends que le bonheur ... est-ce le bonheur? … L'équilibre ne vient que quand tu vas bien à l'intérieur de toi, en dépit de ce qui se passe autour de toi et j'ai dû apprendre cette façon de vivre.


Est-ce la seule chanson où tu rappes ?

une personne malheureuse peut faire de la musique, je vous le dis. Un bon artiste est toujours malheureux pour autant que je sache ... Je veux dire si vous me considérez comme tant une bonne artiste aussi. Je suis assez malheureuse et ce que je veux que vous ressentiez est clairement à l'opposé de la misère, c'est à dire l'amour, la lumière, le bonheur, être inspiré. Mais, pour ceux qui marchent dans l'obscurité je veux qu'ils en voient le bout. La vie n'est pas focalisée sur vous et sur votre argent. Ce n'est pas la gratification personnelle, le profit, mais se laisser aller, écouter sa conscience et ressentir, ressentir les gens autour de soi, la nature, changer ses habitudes. Parents, soyez bons pour vos enfants. Ceux qui violent les femmes ... On n’a pas besoin de ça. Allons, réveillez-vous. Il y'a tellement de choses horribles qui se passent dans ce monde et si je pouvais … Mais je suis juste une petite partie de cette planète et j'essaie d'aller bien, et voir si je peux avoir un impact dans un sens positif.

Quel est le meilleur conseil Non, je pense que je rappe plus sur cet album. Sur qu'on t'ait donné jusqu'à prétrois chansons différentes, non quatre chansons. sent ? Y'a t-il des featurings ?

Le meilleur conseil? Ne sois pas colérique, ne sois pas cynique envers le monde. La vie est belle. Je comprends que la seule façon que je puisse la Oui mais je ne vais pas te le dire encore (rires). vivre est en acceptant qu'il y ait de la polarité. Il Qu'est-ce que tu veux que les y'a du bon et il y'a du mauvais. Il faut trouver gens entendent quand ils écou- l'équilibre, mais toujours essayer d'être bon pour soi-même et ne pas toujours regarder les ténètent ta musique ? bres. Ne pas voir tout de manière négative dès le Eh bien c'est drôle mais je fais de la musique en départ. premier sans mon esprit. Je ne suis pas très rationnelle à ce sujet. Ce qui sort, sort. Je pense que Merci beaucoup Nneka. du fait que je prenne l'inspiration dans les ténèbres, j'utilise la musique comme une sorte de Merci. tube, de transmetteur comme une transition, une Propos recueillis par Wadji B. possibilité pour l'obscurité de devenir lumière. Donc ce que je veux que les gens ressentent est Soul Is Heavy l'opposé des ténèbres, malgré le fait que les ténè(Sony Music/ Jive Epic) bres ont du bon. J'aime les ténèbres. Je suis en 26 Septembre fait si malheureuse, mais vous ne savez pas (rires). C'est pourquoi je fais de la musique. Seule


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L O CO S D I K Chronique


Le labeur des Cool Kids se concrétise avec When Fish Ride Bicycles, un album annoncé depuis la mi2008. Un mini-événement en soi dans la sphère hip-hop indépendante catégorie 'hipsters'. Place à la nouvelle génération de b-boys ! Commençons d'abord par faire connaissance avec ces Cool Kids :

Chuck Inglish, beatmaker/rappeur, et Mikey Rocks a/k/a Sir Michael Rocks, MC. Chacun d'eux provient respectivement des suburbs de Chicago et Detroit, deux villes du Midwest américain, les plus dynamiques sur la scène hip-hop américaine.

pour en arriver à When Fish Ride Bicycle. Leur style de rap s'identifie très rapidement avec « Rush Hour Traffic », « Boomin' » et les singles « Bundle Up » et « Swimsuits » avec en featuring de choix Mayer Hawthorne. Derrière le micro, les flows se veulent flegmatiques, fluides et monocordes, comme si leurs lyrics étaient passés à bas volume et au ralenti. Côté son, les instrus alternent entre beats lourdement bassys et rythmiques sophistiquées accompagnées de petites mélodies synthétiques entêtantes et très stylées. Ce qui sort des enceintes est underground et frais à la fois, avec de temps en temps une teinte ensoleillée.

Un des facteurs suscitant l'intérêt pour des artistes qui plongent dans le grand bain est la liste de gros poissons qui y figurent. Pour When Fish

Ensuite continuons par comprendre Ride Bicycles, la guest-list se veut aussi variée que ce que l'on entend par le mouvement surprenante : Bun B, Ghostface Killah du Wu'hipsters'. Visuellement ces rappeurs sont re- Tang, le punk Travis Barker qui alimente la bat-

connaissables par leur code vestimentaire un poil 'bobo' comme on dirait chez nous : épaisses montures de lunettes, style skater ou jeans slims pour certains, couleurs flashys et fringues vintages recyclées des années 80 et 90, décennies durant lesquelles a grandi cette génération de nerds (ou geeks si vous préférez) nourris au hip-hop boombap et mainstream du début des années 2000. Musicalement, deux tendances rap se profilent : la première très ancrée dans un hip-hop minimaliste, branché et rafraichissant; l'autre s'aventure dans des mélanges avec de l'électro ou du rock (Kid CuDi en est un exemple très parlant). Les Cool Kids s'inscrivent dans la tendance hip-hop ultra-moderne.

Il faut dire qu'ils en ont parcouru du chemin depuis le succès d'estime de leur EP The Bake Sale trois ans plus tôt. Des premières parties pour Jay-Z pendant

sa tournée européenne de 2008, un EP spécial Noël, trois mixtapes... tout ce chemin parcouru

terie de « Sour Apple » et les rappeurs en herbe Chip the Ripper et Asher Roth qui se passent-passent le mic sur « Roll Call ». Les oreilles affutées reconnaîtront sur « Get Right » et le soleilleux « Summer Jam » la touche des Neptunes. Normal vu que les hitmakers hype partagent la même philosophie que les Cool Kids.

Ce premier album est parfaitement à l'image du lifestyle des Cool Kids,

mais probablement que leurs supporters de la première heure s'attendaient à quelque chose de mieux foutu et moins léger. Vous pourrez toujours vous pencher sur leur mixtapographie pour les découvrir sous leurs jours les plus street. Par Stéphane M.

When Fish Ride Bicycles

(Green Label Sound) Disponible


H A Y I A A10L anS déJà L'anniversaire de la mort d'une personne, proche ou non, n'est jamais un jour heureux. Ces non-événements ont un arrièregoût qui n'est pas celui de la fête. Toujours est-il qu'une date de disparition est synonyme de commémoration. Le 25 Août 2011, cela fera dix ans que Aaliyah nous a quittés. Elle avait seulement 22 ans.

Comme beaucoup d'amoureux de R&B j'imagine, l'atroce nouvelle de la dis-

parition de la jeune chanteuse a endeuillé la fin des grandes vacances de cette année 2001. Je m'en souviens encore comme si c'était hier tellement le choc fut brutal, de ce matin d'été où j'ai appris avec effarement et incrédulité la mort soudaine d'Aaliyah par un flash de news sur MTV. L'avion qui la ramenait elle et l'équipe du tournage des Bahamas, lieu de tournage du clip de « Rock The Boat », s'est crashé en mer. Motif officiel de la perte de contrôle de l'appareil : celuici était en « surcharge »... Je vous laisse imaginer la scène (ou pas). C'était à peine croyable. Pas elle ! L'onde de choc dans la musique urbaine fut presque aussi dévastatrice que les assassinats de Biggie et 2Pac dans le rap. Je me rappelle aussi quelques jours après cette tragédie de l'émotion très vive vécue en direct des MTV Video Music Awards et des mots d'adieu de son amie Missy Elliott et du producteur Timbaland, qui depuis lors a perdu de son génie créatif.

s'offrait à elle. Précoce, sa carrière démarre dès l'âge de 13 ans. Ses deux premiers disques, en 1994 Age Ain't Nothing But A Number écrit et réalisé par R.Kelly (avec qui elle s'est mariée alors qu'elle était alors âgée de 15 ans) et le second en 1996 One In A Million produit par Timbaland, faisaient tous deux figure de référence en matière de R&B. Hollywood l'a accueilli à bras ouverts, avec des rôles de premier plan dans Romeo Must Die (aux côtés de Jet Li et DMX) et le film fantastique La Reine Des Damnées dans lequel elle jouait une déesse vampire. Chanteuse, actrice, mais aussi danseuse et mannequin. Elle n'avait même pas la majorité dans son pays (21 ans aux USA), et pourtant, Aaliyah était, et est encore de nos jours, une immense source d'inspiration, un modèle pour de nombreux autres artistes en devenir. Le choc fut d'autant plus brutal qu'elle venait de sortir au début de l'été 2001 son album éponyme (écrit ΛΛLIYΛH), le plus réussi et apprécié de sa carrière, incluant ses singles « We Need A Resolution » avec Timbaland, « More Than A Woman » et le superbe « I Care 4 U » qui fera l'objet d'une compilation posthume (complétée avec d'autres morceaux inédits).

Aujourd'hui encore, on se pose la ques-

tion de savoir quel visage aurait eu le R&B féminin dans les années 2000 si Aaliyah était de ce monde. Sûrement une de ses plus grandes ambassadrices. Son dernier album laissait entrevoir son épanouissement en tant que femme, passant du statut de princesse à celle de reine adorée par le monde de la musique, indépendante et rayonnante. C'était la plus belle étoile filante que j'ai jaAaliyah avait déjà tout pour elle. Un mais vu... destin hors du commun et plein de promesses Par Stéphane M.




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Interview

ALICE L L E S S U R Ces dernières années, la scène musicale anglaise nous a offert des chanteuses plus talentueuses les unes que les autres. Parmi elles, se trouve Alice Russell. Si cette chanteuse originaire du Suffolk s’est fait connaitre par des collaborations avec des artistes comme Quantic ou Nostalgia 77, c’est surtout son album Pot Of Gold et sa voix hors du commun qui l’ont propulsé au rang de diva soul anglaise. Puisant ses inspirations dans la Pop, le Funk mais surtout la Soul, Alice Russell a réussi à s’imposer aux côtés de chanteuses telles que la regrettée Amy Winehouse, comme une des valeurs sures de la Soul Anglaise. Après un moment d’absence Alice est de retour avec un nouvel album en préparation et nous en parle entre 2 festivals.

Bonjour Alice, tout d'abord, toi et ta voix nous avez ont manqué. Où étiezvous ? J'ai été à la montagne avec quelques moines ….Non c'est pas vrai. Je travaille sur le nouvel album, je joue quelques spectacles et festivals, ici et là, et j’ai aussi passé un peu de temps à la maison, ce qui est un plaisir rare!

Alors tu es de retour avec un nouvel album, de nouvelles chansons. Peuxtu nous parler de l’album et du processus d'écriture ? Eh bien, j'ai travaillé avec TM Juke pour l’écriture et la création de ce nouvel album. Certaines des pistes, nous les avons faites ensemble en échangeant des idées. Pour d'autres, je suis partie sur un groove que TM, Alex, avait fait et j'ai travaillé sur la voix, les paroles, puis je suis revenue en studio où on travaillait. Tout est organique et on voit juste où la musique nous transporte, mais c'est génial d'écrire seule tout comme le faire ensemble. Les deux procédés donnent des résultats très différents.


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Alice Russell

Y a t-il d'autres artistes français Est-il différent des précédents avec qui tu aimerais travailler ? albums au niveau du son ou de l’inspiration? A quoi doit-on Il y'en a quelques-uns avec qui j'ai hâte de travails'attendre ? ler. Souleance notamment. Ça fait un moment Eh bien, je dirais que le prochain album est moins comme Pot Of Gold et plus comme My Favourite Letters, comme c'est un album fait en studio. On a bien sûr eu des musiciens live mais aussi beaucoup de synthés et de tambours produit en studio. L'inspiration est venue de partout, de Prince à D'Angelo, Fleetwood Mac et au-delà. Le thème principal qui m'a le plus influencé est le fait de perdre l'esprit et d'essayer de retrouver la raison. Il y a également quelques pistes enjouées. Il y en a aussi une où je chante du point de vue d'un verre de whisky ...

Intéressant. Donc tu travailles avec TM Juke pour cet album et tu as déjà collaboré avec Quantic, ou Mr Scruff par le passé. T'ont-ils aidé sur ce nouvel album ? As-tu travaillé avec de nouveaux artistes ? Pour ce nouvel album ce ne sera que TM Juke et moi. Mais j'ai aussi travaillé avec Quantic sur un album avec lui en Colombie et cet album va également sortir très bientôt. Mr Scruff m'a envoyé un mail l'autre jour car il est en train de commencer à travailler sur son nouvel album et je pense que nous allons nous retrouver bientôt pour écrire quelque chose pour l'album. Nous sommes tous encore très en contact et on continue de travailler ensemble.

qu'on a un titre en projet mais j'ai été très prise avec la finition de l'album. Mais je vais rectifier ça cet automne.

Nous avons récemment perdu la grande artiste qu'était Amy Winehouse, qu'est-ce que cela t'évoque ? Je suis vraiment triste à ce sujet, Back to Black est une surprenante collection de superbes chansons. De plus ses paroles et sa voix étaient étonnantes. Je suis juste désolée qu'elle nous ait quitté si tôt, 27 ça fait si jeune.

Quels sont les artistes que tu écoutes beaucoup en ce moment ? Que tu ne peux pas te sortir de la tête ? Flying Lotus, Little Dragon, et beaucoup de Benga (Ndlr : producteur de Dubsteb Londonien) j'aime beaucoup en ce moment ...

Pour terminer Motown ou Stax ? Troooop difficile de choisir... je pense que ça va être Motown ... Ahh mais j'aime Stax… Je dois choisir?

Non, je comprends. Marvin Gaye ou Otis Redding ? Marvin Gaye.

Tu as collaboré récemment avec un groupe de chez nous Blues ou Jazz ? Hocus Pocus sur le titre « Beautiful People ». Comment vous Le blues ....Encore une fois c'est très difficile de êtes-vous rencontrés ? Et pour- choisir car ils mélangent souvent dans un seul quoi eux ? parfois. En fait, ils sont amis avec des amis à moi en Angleterre c'est ainsi que nous nous sommes connus. J'adorais ce qu'ils font donc ça a été vraiment facile pour moi de leur répondre quand ils m'ont demandé de venir chanter avec eux … « Oh oui ».

En effet. Merci beaucoup pour tes réponses. Merci (Ndlr : en français) Propos recueillis par Wadji B.



S N A O 3 TUBES

DE E T E ’ L DE

À chaque période estivale son lot de hits festifs, de chansons aux airs de vacances qui sont assenés à longueur de journée sur les ondes, passés tous les soirs dans les boîtes de nuits, joués dans les fêtes de campings pour remuer les silhouettes bedonnantes, pour finir dans les compilations du genre ‘Dance Machin Truc 200X’. Pas de listes des grands tubes de l’été, ici. Ici l'idée est de décrypter les tendances qui se sont succédées ou enchevêtrées au fil des trois dernières décennies à travers un zapping non-exhaustif.


Années 80

Toutes les bonnes choses ont une fin. La fièvre disco qui a ravagé l’Europe avec les Cerrone (« Give Me Love »), Boney M (« Daddy Cool », « Ma Baker »…), Patrick Hernandez (« Born To Be Alive »), les Bee Gees, Village People et compagnie commence à se refroidir doucement. Un petit dernier pour la route avec « Funky Town » ? Les français font également le deuil de leur idole Claude François, disparu accidentellement. Mais ses 45 tours n’ont jamais pris la poussière, il y a toujours un « Alexandrie, Alexandra » qui finit bien par ressortir chez un disc-jockey local… Cela fait partie de notre patrimoine, que voulez-vous ? Beaucoup d’ « artistes » à la carrière relativement courte ont écumé les lieux de vacances de notre douce enfance. Totalement has-been de nos jours, ces mêmes chansons font encore et toujours ressurgir cette indécrottable pointe de nostalgie quand on songe à ces artistes d’un jour ou ces chansons dont on ne se rappelle plus du nom du chanteur (à moins que ce soit l’inverse). De mémoire : Lio, Emile & Images, « La Lune Est Chaude », « Est-ce Que Tu Viens Pour Les Vacances » de David & Jonathan, Début de Soirée, « Voyage Voyage » de Desireless et sa coupe au carré… C’est plus fort que nous, on s’en souvient un peu honteusement. C’est fou de voir qu’avec

deux, trois morceaux au succès indiscutable, certains chanteurs ont pu s’assurer une retraite dorée. Ils ont marqué à jamais nos mémoires à vie, qu’on l’ait voulu ou non. Impossible non plus d’oublier « Le Sunlight Des Tropiques » de Gilbert Montagné (rien qu’en y pensant, on a déjà le refrain dans le crâne pour la journée) ou la Compagnie Créole. La Compagnie Créole ! Le groupe caribéen qui a livré durant chaque année de la décennie 80 un tube incontournable (« Douanier Rousseau », « Célimène », « C’est Bon Pour Le Moral »…). Et dire que les américains avaient des Earth Wind & Fire, les Kool & The Gang… Autant de chansons qu’on finira par rechanter dans un karaoké. Depuis que Gainsbourg a popularisé la pratique du « Sea, Sex Sun » à la fin des années 70, cette tradition s’est perpétuée depuis. Le soleil est au zénith, les bimbos des Banarama et Sabrina en émoustille plus d’un lorsqu’elle remonte son soutien-gorge dans le clip de « Boys Boys Boys ». Michel Polnareff et Herbert Léonard se chargeaient très bien aussi de perturber les hormones avec toutes ses chansons tendancieuses.

Autres tubes en vrac : « Beat It » Mi-

chael Jackson, « All Night Long » Lionel Richie, « Last Night A DJ Saved My Life » Indeep, « Stoned Love » Kool & The Gang, « Ebony & Ivory » Paul McCartney & Stevie Wonder, « Marcia Baila » Rita Mitsouko, « Tainted Love » Soft Cell, « Into the Groove » Madonna, « Reggae Night » Jimmy Cliff, « I’m Callin You » Lisa Stansfield.

Années 90 Cette décennie a commencé fort en exotisme avec Zouk Machine, Franky Vincent, Chico & Roberta, La Lambada, la « Saga Africa » et tout le tralala. Les tropiques et les destinations touristiques ça fait toujours rêver n’est-ce pas? Au fil des années, ça s’est doucement latinisé. Après « la Macarena » et « Tic Tic Tac » de Carapicho (qui n’a pas dansé sur leurs chorégraphies ?), on a eu droit à « Uno Dos Tres Maria » de Ricky Martin. Et à la fin des années 90, le créneau est repris par Enrique Iglesias avec« Bailamos » et Lou Bega avec son « Mambo n°5 » (reprise d’un vieux classique mambo des années 70), mais lui ça compte pas pour de vrai, il est allemand, la portoricaine Jennifez avec son single « If You


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30 ans de tubes de

l’été

Had My Love ». Quoique comme Brandy & Monica (« The Boys is Mine »), la ‘bomba latina’ était plutôt branchée R&B, mais elle compense avec son « Let’s Get Loud » plus dans ses racines latines. L’intemporel « Gypsy Woman » de Crystal Water, bande-son ultime de l’été 91, a succédé l’année suivante à l’invasion de la musique techno, démocratisé par « No Limit » des 2Unlimited, titre désormais culte. C’est à partir de ce moment que le mouvement eurodance (appelé plus communément ‘dance music’) a débuté sa suprématie sur le marché des hits de l’été et dans les ventes de supermarchés, avec des standards comme « The Rhythm of The Night » de Corona, « Short Dick Man » des 20 Fingers... Et il y a eu le petit Jordy qui a trusté le top 50 de l’été 93 avec « Les Boules ». Tout à fait Thierry… Autant de mégahits qui finiront remixés dans les compilations ringardes de la Schtroumpf Party. Qui dit années 90 dit aussi les fameux « boys band », une mode qui vient tout droit d’Angleterre avec les East 17, Take That et autres Boyzone. Quelques-uns de leurs titres ont permis aux jeunes pré-adolescentes de passer de bonnes vacances (« Around the World », « Everything Changes »…). Le phénomène fut bien plus éphémère en France. On retiendra vers la moitié des nineties que la musique rock avait aussi eu des morceaux qui passaient à longueur de journée sur les chaînes musicales, à savoir « Country House » de Blur, « Champagne Supernova » d’Oasis, « Salvation » de Cranberries... Le soleil californien s’est également invité à travers le gangsta-rap westcoast de Snoop Dogg (« What’s My Name » en 93), 2Pac avec l’immense « California Love » en featuring avec Dr Dre en 1996 puis « Changes » en 1998, Warren G et son « I Want I All »… Pour les amateurs de rap, l’été était devenu synonyme de sorties westcoast. Le rap français, dans son plein âge d’or, a eu droit entre 1997 et 1999 à des rotations sur toutes les stations radios, que ce soit IAM (« l’Empire Du Côté Obscur »), Doc Gynéco (« Né Ici »), Passi (« Il Fait Chaud »), Stomy Bugsy (« La vie C’est Comme Ca »), Def Bond avec son « Tu Me Plais » feat K-Reen (extrait de la bande-son de Taxi), Solaar (« Paradisiaque »), Ménélik (« Bye Bye »), Ärsenik, Bambicruz… Jusqu’à Yannick qui termine avec « Ces Soirées-là » sur un sample de

Cloclo. On retiendra le générique du Prince de Bel Air avec Will Smith de la première moitié des années 90… mais c’était qu’un générique. C’était cent fois mieux que son « Wild Wild West ». Dans le genre ‘rap américain cool’, il y avait le one-hit-wonder A+ (« Enjoy Yourself »), Puff Daddy et sa famille (« All Night Long » de Faith Evans, le posthume « Mo Money Mo Problems » de Notorious BIG, le rock « Come With Me » pour la BO de Godzilla…). En parallèle, l’électro et le trip-hop avaient le vent chaud en poupe à la fin des années 90. Dans le mix : Armand Van Helden (« You Don’t Know Me »), les Chemical Brothers (« Block Rockin Beats ») et le remix de « It’s Like That » des Run DMC par Jason Nevins, puis encore Cassius, Mousse-T, Phats & Smalls, Moloko (« Take It Back »)… Titre bonus : Coupe du Monde 98 oblige, « I Will Survive » de Gloria Gaynor devient le nouvel hymne national.

Autres tubes en vrac : « Sensa Una

Donna » Zucchero & Paul Young, « Do It To Me » Lionel Richie, « Your Latest Trick (live) » Dire Straits, « All That She Wants » Ace of Base, « Groove Thang » Zhane, « Bombastic » Shaggy, « Killing Me Softly » The Fugees, « Fast Love »


George Micheal, « You Are Not Alove » de Michael Jackson, « Human Nature » Madonna, « Pretty Fly (For a White Guy) » Offspring « Canned Heat » Jamiroquai, « Intergalactic » Beastie Boys, « Hi My Name Is » Eminem, « Look Around » Limp Bizkit, « Maria Maria » Wyclef feat Satana.

Année 2000

Exception faite de l’australienne Shania Twain avec son tube pop « That Don’t Impress Me Much », le début du troisième millénaire a commencé comme a terminé la fin du deuxième : avec de la musique électro dancefloor et des hits rap et R&B mainstream. Avec Sisqo, c'est carrément la fête du string avec sa « Thong Song ». Des noms comme Starlight, Modjo ou One-T s’incrustent dans les playlists estivales à côtés des « Little L » de Jamiroquai par exemple. Au « Next Episode » de Dr Dre, Nate et Snoop Dogg enchaînent les étés suivants d’autres titres rap/R&B commerciaux comme « Family Affair » de Mary J Blige, « Hot in Herre » de Nelly et le redoutable « Rock Your Body » de Justin Timberlake. Cette période a été par ailleurs très propice à l’émergence au grand public du reggaeton et des riddims dancehall, grâce à Sean Paul (« Get Busy ») et Shaggy, grand spécialiste du genre (« Hey Sexy Lady »), Daddy Yankee (« La Gazo-

lina ») et la petite nouvelle Rihanna (« Pon de Replay »). Plus tard en France viendront d’autres les tubes venus d’autres destinations, comme la chanson annuelle des Magic System, puis le Collectif Métissé,… La vie est parfois injuste. Le R&B a eu droit à une nouvelle heure de gloire en 2007 en se mariant avec la pop. La danse de la pluie de Rihanna (« Umbrella »), Eve, Kelly Rowland, « The Way I Are » de Timbaland et Keri Hilson ont fait un tabac. Une heure qui s’est prolongée jusque l’été 2008 avec « American Boy » d’Estelle, la grosse surprise. A cette même période, l’eurodance connaît un nouveau rebond par le biais David Guetta et Bob Sinclar (« Sound of Freedom »). À vrai dire, des artistes venant de la musique dite ‘urbaine’ (pour ne pas dire rap et R&B) se sont convertis à la dance, comme Pitbull (« Hotel Room ») et les Black Eyed Peas (« I Gotta Feeling »). On pardonnera sans problème à Kid Cudi de s’être fait remixer « Day N Nite » par les italiens des Crookers, c’est très bien fichu. On terminera si vous le permettez avec un petit « Waka Waka » de Shakira hein, histoire de nous rappeler la formidable Coupe du Monde de football qu’on a passé l’an dernier !

Autres tubes en vrac : « 12/0013 » Matt

Houston feat Def Bond, « 911 » Wyclef feat Mary J Blige, « You are my High » Demon, « Boys » Britney Spears, « Beautiful » Snoop Dogg feat Pharrell, « Satisfaction » Benni Bennassi, « Money » David Guetta, « Goodies » Ciara feat Lil Jon, « S.O.S. » Rihanna, « Why U Wanna » T.I., « Hips Don’t Lie » Shakira, « What I’ve Done » Linkin Park, « Beautiful Girl » Sean Kingston, « Rayon de Soleil » William Baldé, « Boom Boom Pow » Black Eyed Peas, « I Need a Dollar » Aloe Blacc.


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Focus

Si Mama’s Gun vous évoque l’album de la prêtresse Neo Soul Erykah Badu, rassurez-vous, ici on n’en est pas loin.

Mamas Gun est un groupe composé d'Andy Platt au chant, Terry 'Spiller' Lewis aux guitares, Dave 'Eighties' Oliver aux claviers, 'Professeur' Rex Horan à la basse et 'Union' Jack Pollitt à la batterie. Armés de Soul et de Pop, les Mamas Gun ont d'abord conquis le japon où ils ont atteint la 3ème place des ventes. Et ils ont eu du flair les japonais. De leur premier album aux tournées avec De La Soul ou encore Raphael Saadiq, les Mamas Gun ont conquis petit à petit l’Asie puis l’Europe. C’est avec leur deuxième album, The Life & Soul, que le groupe vient à l’assaut de l’hexagone.

Et pour cela, ils ont une recette : ¼ de Soul, ¼ de Pop, ¼ de Funk et le dernier quart de talent, le tout avec beaucoup d’envie. The Life & Soul, le

deuxième album du groupe a été écrit, enregistré, bouclé en moins de trois mois. Moins de trois mois pour 14 titres à l'esprit funky. Et même si l'aspect groovy domine, on retrouve de part et d'autres de douces ballades à la saveur rétro telles que « Sending you a Message » ou « The Art » avec un piano mettant en évidence la voix d'Andy Platt. On ne retrouve que deux collaborations sur cet album. Si celle avec Beverley Knight se veut à la limite du légitime tant l'harmonie est forte (« Only One »), celle avec notre Tété national (« Pots Of Gold ») surprend de par son originalité. Ce Life & Soul regorge de titres aussi entraînants les uns que les autres, de « Heavy Hands » aux deux reprises en bonus : « Yes We Can » des Pointer Sisters et « Bicycle Race » de Queen. Mamas Gun s'inscrit comme une des belles découvertes de la rentrée. A surveiller. Par Wadji B.

The Life & Soul

(Candelion/Pias) Sortie le 3 Octobre

MAM


N U G S MA’



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Interview

R A T S A BL

Ce n’est pas tous les jours que l’on a l’occasion de croiser sur un réseau social un producteur très sollicité par des pointures du rap hexagonal et de la musique dancehall. Moi si, j’ai cette chance de pouvoir converser de temps à autre avec Blastar, producteur du 94 et membre de Golden Eye Music. En France les producteurs ne sont pas starifiés comme aux Etats-Unis et leurs noms ne sont pas souvent affichés sur les stickers des CDs posés en tête de gondole. Du coup, ce n'est pas si évident que ça de savoir qui se cachent derrière les prods et les tendances de la scène urbaine tricolore. En revanche c’est moins compliqué d’entrer en contact avec eux, il n’y a pas d’intermédiaires comme un manager filtrant ou un label ultra-sélectif à relancer sans arrêt. Malgré un agenda über-booké, Blastar a eu l’amabilité de se montrer disponible pour répondre à mes interrogations principalement axées sur son travail de producteur. Avec le souci du détail.

Vers le début des années 2000 avec l'entité Scorblaz, j'ai collaboré avec des artistes populaires des Antilles notamment Admiral T, Krys, Straïka D, Mighty Ki La, Big Jay, etc… C'est grâce à des succès comme "Le Grand Manitou" ou "Made In Gwada" que j'ai étendu mon rayon d'action. De là, j'ai pu avoir un entretien déterminant avec Oumar, qui était à l'époque chez Première Classe, pour mon management. Sa vision jeune et dynamique du milieu hip-hop français a apporté un essor conséquent à ma jeune carrière. En effet, déjà grand amateur de hip-hop, j'ai pu totalement m'exprimer artistiquement en commençant très vite à travailler avec des artistes d'expérience. Avec mon manager, l'idée était de véhiculer une image de qualité, de productions sur-mesure auprès des acteurs du hip-hop. Il a fallu travailler sans relâche, se perfectionner et apprendre au quotidien pour atteindre cet objectif. Avec le recul, je pense être totalement satisfait du chemin accompli avec mon manager qui a su nourrir nos ambitions. J'ai eu l'occasion de travailler avec un panel large d'artistes comme Rohff, Kery James, Diam's, Mac Tyer, Admiral T, Salif, Kennedy, Ol Kainry, La Fouine, Youssoupha, Vitaa, etc…

Une question un peu facile pour commencer : comment en es-tu arrivé à produire pour des gros noms de la musique urbaine en Qu'est-ce qui fait selon toi le succès de tes instrumentaux ? C'est France ? quoi ta touche personnelle ? Cela s'est fait de fil en aiguille. J'ai commencé ma carrière de beatmaker en tâtonnant comme tout débutant. Mon adolescence a été imprégnée par un environnement artistique et donc musical. J'ai fait mes premières armes dans le milieu Gospel avec des prestations devant un certain public puis je me suis tourné vers la musique afro-caribéenne du fait de mes origines antillaises. La rencontre avec Scorpius, ami d'enfance compositeur, et Dj Brisco, deejay connu localement, a déclenché mon envie de produire et d'accéder à un niveau national dans la musique dite urbaine.

C'est souvent très délicat de parler de soi ou de son travail. Lorsque je fais une session d'écoutes, l'expression qui revient le plus souvent c'est "le souci du détail". Avant de composer, j'ai souvent une idée précise de là où je dois aller. Forcément avec une forme musicale rigoureuse dans la tête, je me dois de reproduire au plus proche ce à quoi je pense. Effectivement, j'ai un goût prononcé pour les détails. Et après j'ajouterai que le fait d'être polyvalent, parce que j'aime la musique, toute la musique, me permet d'agir dans un


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Blastar

champ plutôt vaste. Maintenant en tant que beatmaker, on a tous, également, nos secrets de productions qui nous permettent d'acquérir une vraie signature sonore. Bien entendu, nos influences transpirent dans nos compositions. Par exemple du Dr Dre dans "Pimp My Ride" d’Ol Kainry & Jango Jack, du Timbaland dans "Calmement" de Youssoupha ou Hi Tek dans "Obama Said" de Mac Tyer, après bien évidemment tout ça à mon niveau. Le fait de proposer plusieurs couleurs et de la faire "le souci du détail" peut contribuer à un succès auprès de certains artistes.

Comment travailles-tu avec les artistes ? Est-ce que ce sont eux qui te « commandent » un beat à faire sur-mesure ou est-ce que tu leur proposes un panel d'instrus ? Aujourd'hui après une dizaine d'années de pratique, ma démarche sera plutôt de combiner les talents. Il faut passer du stade de beatmaker qui propose des palettes à celui de producteur ou réalisateur, c’est-à-dire proposer une idée et la développer avec l'artiste en binôme. J'essaye d'offrir du sur-mesure le plus souvent possible ou à terme proposer ma vision artistique. Mon expérience me permet de tenter certaines échappées dans des sessions de composition. Cela m'est arrivé avec Mac Tyer, Vitaa, Dixon... Et j'espère que ça deviendra de plus en plus naturel, le beatmaker a aussi une âme musicale forte qui a besoin de s'exprimer le plus librement possible.

est bien fait et honorable. Ce n'est pas vexant, c'est juste un constat général. Toutes les générations activistes dans le hip-hop s'inspirent de l'Amérique. Qui plus est la France qui a une histoire différente de celle des anglais que tu as cité. La France n'est pas un pays à proprement dit amateur de musique populaire, mondiale, exportable plus exactement. Elle est conservatrice dans son patrimoine artistique. Maintenant, il est vrai, je pense, que l'expansion de la culture américaine en Europe nous a fortement poussé à idéaliser le hip-hop US jusqu'à le copier. Les Anglais ont déjà une forte histoire dans la musique notamment dans la Pop et veulent toujours se démarquer par leur manière de vivre et leur culture ...ils roulent à droite, refusent l'Euro, mangent des brunchs... Je vous laisse imaginer tous les groupes et les tendances qu'ils ont apporté à la musique au début des années 70 jusqu'à aujourd'hui … Les Beatles, Led Zeppelin, David Bowie, Elton John, The Police…

Cite-moi cinq des morceaux rap dont tu es le plus fier... "Réel" de Kery James, le mix est vraiment bon. Le thème de Kery apporte vraiment une valeur ajoutée à l'ambiance pesante de la prod'. "Que Pour Les Vrais", un néo-classique street de Rohff qui vient du même département que moi, le Val-deMarne. "Obama Said" de Mac Tyer, parce que ce genre de combinaison est trop rare et vu comment le public a été réceptif, je pense que musicalement ça apporte de la richesse en profondeur pour le hip-hop. Une reprise de Donny Hathaway et un featuring avec un chanteur soul d'expérience, Derek Martin, choriste de Marvin Gaye entre autres. "Coeur de Bombe" de Diam's, parce que c'est mon premier hit grand public. "Le Grand Manitou" d’Admiral T qui est devenu un classique incontournable sur mes îles et dans la communauté antillaise.

Trouves-tu ça vexant de dire que les producteurs rap français s’inspirent trop souvent des productions américaines (trap music, vibes eurodance,...) plutôt que de se démarquer comme le font les Parle-moi un peu de Dixon, le rappeur que tu pousses en ce anglais par exemple ? moment. J'ai envie de répondre par une interrogation. N'est-ce pas une question de culture, de patri- Dixon, c'est une rencontre toute particulière. Une moine, d'histoire et de mentalité ? Je n'ai jamais artiste me l'a présenté en me vantant sa qualité été contre la copie ou le calque du moment qu'il d'écriture et son univers. J'avoue que j'ai mis un


celui de "La Main", voire plus poussés, on vous tiendra au courant. Sa mixtape Symptômes Vol.1 est dans les bacs depuis Juin, elle a eu un très bon accueil critique. C'est une présentation variée de son potentiel artistique.

Actuellement, quels sont actuellement les producteurs américain et français les plus influents à ton avis ? Niveau américain, je pense que des producteurs comme Lex Luger, Alex Da Kid (anglais mais actif sur la scène US, Ndlr), Dj Khalil, Araab Muzik sont clairement dans la tendance. Chacun évolue dans un style qui lui est propre. Khalil privilégie les sons Rock, Alex Da Kid est plus axé sur la Pop par exemple. En France, c'est moins défini. Il n'y a pas de culture du beatmaking. Aujourd'hui je pense à des Therapy, Skalp, Cannibal Smith, Tyran, Skread et des "rookies" comme Richie Beats, S2Keyz et Drum Dreamers qui ont à mon sens une touche particulière et/ou une influence dans le hip-hop d'aujourd'hui.

J'ai vu dernièrement que tu allais travailler avec Disiz la Peste. Il y a d'autres artistes avec qui tu aimerais bosser ? Ou d'autres qui te convoitent ? certain temps avant de m'intéresser au personnage. Mais une fois que tu as saisi son approche de l'écriture et sa sensibilité artistique, tu t’aperçois que c’est brillant. C'est surtout sa capacité à créer des "punchlines" à retardement, comme j'aime bien le souligner. Il y a des phrases chocs que tu comprends plus tard parce que tu te rends compte qu'il y a plusieurs couches de compréhension. Je pense que c'est assez rare. Avec lui et Golden Eye Music, le label, on a décidé de donner une alternative plus profonde au hip-hop avec ce style d'artiste singulier et même moi au niveau musical, je suis amené à réaliser des titres beaucoup plus en détail et en évolution. Il est presque mon cobaye, on tente, on essaye et on prend quelques risques ensemble parce qu'il a une vision sur le long terme et c'est un amoureux de la musique en général. Nous préparons des concepts originaux comme

Avec Disiz, c'est vraiment récent. Nous sommes liés à la même maison de disque Warner Chappell Music France. C'est d'abord un artiste que j'apprécie et travailler avec lui ne peut être qu’enrichissant. Je trouve qu'il a bon goût. J'attends de voir ce que va donner notre collaboration. J'élargis le plus possible ma palette, je travaille avec des artistes R&B et de variété. J'ai des projets d'habillage sonore pour un film et des courts-métrages. Mes perspectives de carrière vont dans le sens de l'exportation de ma musique. Il y a des connexions qui se font doucement mais sûrement. Les beatmakers et réalisateurs deviennent une denrée rare surtout quand au final musicalement ça devient rébarbatif. Ceux qui sont le plus demandés sont ceux en général qui ont leur touche. Propos recueillis par Stéphane M.


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Chronique

KELLY D N A L W RO

Derek Blanks

Des mois qu’on l’attendait cet album maintes fois annoncé et maintes fois reporté de Kelly Rowland… Avec un nom

comme Here I Am, Kelly Rowland venait nous annoncer qu’il fallait aussi compter sur elle. Mais est-ce donc bien vrai ? Après tant d’années dans l’ombre de sa compagne Beyoncé, deux albums dont un Grammy Awards pour sa collaboration avec Nelly (« Dilemma ») et un succès commercial et critique relatif, l'arrivée de ce troisième opus se révèle être plus compliqué que prévu. Une tournée des dancefloors avec David Guetta, un changement de label et une séparation d'avec Matthew Knowles plus tard et initialement prévu pour septembre 2010, c’est finalement ce mois de juillet 2011 que Here I am voit le jour mené par le single « Motivation » en collaboration avec Lil Wayne. Décidément les collaborations lui vont bien car le titre devient le premier single de Kelly Rowland en tant qu’artiste solo à atteindre la première place des charts R&B/ Hip Hop au moment même où Beyoncé a du mal à y faire accéder son « Run The World (Girls)». Assistée de producteurs tels que RedOne, Rico Love, Tricky Stewart, Jim Jonsin ou Rodney Jerkins, Kelly livre ainsi son troisième opus entre titres dance et sonorités R&B. En somme rien de bien nouveau. … Elle joue la carte de la 'sécurité ' en reprenant

la recette qui a fait le succès de sa collaboration avec le Frenchy David Guetta et leur « When Love Takes Over » en surfant la vague électro/dance. On trouve à l’arrivée un album qui manque d'originalité et ne la différenciant aucunement des autres Rihanna ou Keri Hilson. Si certains titres (« All Of The Night », « Feeling me Right Now ») renouent avec le R&B à travers ballades et beats, elle invite aussi des guests plus hip hop comme Big Sean. Ce que l'on peut reprocher à cet opus, c’est un manque de personnalité, une recherche de la facilité. Pour résumer, un album où l'on écoute que quelques titres comme « Turn It Up » ou « Motivation » et puis l’on passe à autre chose. Mention: Peut Mieux faire. Par Wadji B.

Here I Am

(Universal/ Label Barclay) Disponible



Discograph


NP

E T T E N OR Focus

Quelques chanceux ont pu découvrir cette petite tête blonde en première partie de Yodelice, sur la scène de l’Olympia, où elle était venue présenter comme une grande quelques-uns de ses titres avec son clavier. Quelques mois plus tard, l’album, Crazy, s’apprête enfin à débouler dans les bacs.

Elle, c’est Ornette, 28 ans, et toutes ses dents, chanteuse de son état, mais aussi musicienne touche à tout, et songwriter de talent (et en anglais s’il-vous plait !). Crazy

elle l’est peut-être un peu, mais ça fait partie de son originalité. Entre la pop de Sia et la douceur de Feist, sa fraicheur et sa pointe de folie (ah le sang italien !) se ressentent dans les chansons. « Crazy », le 1er single se révèle être un titre efficace, pas formaté comme ce que l’on pourrait entendre à la radio. L’album s’écoute d’une traite, avec une cohérence entre chaque titre, ce qui est vraiment plaisant !

Parfois funk, parfois piano/voix, les chansons catchy (« Today Is The Day », « Phone Call ») cohabitent parfaitement avec les ballades plus downtempo (« There’s A Man, Talk About »). Mention spéciale pour « Rescue Song », poignante, et « Totta’s Unicorn » qui tend un peu vers la bossa nova. Ses chansons, à l’instar de « The Dawn », pourraient très bien habiller ces petits films indie made in London.

Ornette, personnage haut en couleur, entre

dans le cercle de ces rares artistes français à pouvoir se vanter de nous livrer de la pop de qualité. Pop qui se veut parfois enfantine ou expérimentale, mais jamais entendue ailleurs. Une vraie bonne surprise en somme. Une seule critique peut-être quand on termine l’album… on en veut plus ! Par Clémentine P

Crazy

(Discograph) Sortie en Septembre


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S U L I H P THEO N O D N LO Chronique

Ne nous trompons pas sur la marchandise: Theophilus London n'est pas bri-

tannique mais new-yorkais, brooklynite pour être exact. En observant son court curriculum vitae, on s'aperçoit que ce rappeur a vécu le parcours devenu banal d'un jeune artiste en herbe qui a propagé sa musique sur Internet pour créer son buzz via des mixtapes digitales. Mais à l'instar d'autres net-rookies dans son cas, Theo n'a pas reçu le soutien d'un poids lourd de l'industrie ou d'un rappeur populaire pour signer un contrat en major. Une constatation pas si anodine qui suscite la curiosité. Qu’a-t-il de si spécial ?

Ce bébé des années 80 débute son premier essai intitulé Timez Are Weird These Days par le morceau d'intronisation « Last Name London » qui nous dévoile son univers électro-hop sous influence newwave. Cette orientation musicale s'apparente

Jonathan Mannion

curieusement à celle de la scène anglaise (les sorties du label Ninja Tune et Calvin Harris en tête) quand on écoute de près « Lighthouse », « Girls Girls $ » et les quelques autres pistes pseudo-synthépop sur lesquelles il pousse la chansonnette (« All Around The World », « One Last Time »). Cette orientation artistique peut être étendue à l'ensemble de l'album. Sans doute le 'London' de son pseudonyme qui explique cette attirance pour la scène britannique.

Pour revenir au 'hop' dans 'electrohop' (parce que ça reste un rappeur avant tout), son style de rap cross-over aurait

été plus original si Kid CuDi n'était passé avant lui. À ce propos, la ressemblance avec le kid de Cleveland est extrêmement troublante sur

« Wine And Chocolates ». C'est comme si Theophilus nous faisait une imitation de Kid CuDi sous Prozac et sevré de toutes substances illicites et alcoolisées. On n'est pas loin de crier intérieurement au plagiat tellement c'est flagrant sur ce morceau-là. Sur le plan vestimentaire, même constat. Il recycle grossièrement sur la pochette le swag des stars hip-hop de la fin des années 80, style Big Daddy Kane et Slick Rick (pose avec les lunettes de soleil, chapeau et chaînes en or), dans un format slim.

Manifestement, Theo est tiraillé entre deux

époques, présent et proche passé, qu'il tente de concilier à travers quelques titres à tendance dark-disco et funk gavés d'arrangements pop musique (« Love is Real », « Why Even Try » et « Stop It »), en plus des inspirations new-wave et synthé-pop omniprésentes sur cet album… Après tout ça paraît normal de voir réapparaître au grand jour ces genres depuis quelques temps puisque c'est caractéristique de cette génération ‘années 80’. Ce retour dans cet esprit club branché de la Grosse Pomme d'il y a vingt ans est certes divertissant, mais cet espace-temps ne nous rajeunit pas franchement.

Ne comptant qu'à peine dix chansons au total, Timez Are Weird These Days

ne fait que surfer sur la vague '80s revival'. Comme quoi, ce n'est pas tout de suivre à la mode, surtout lorsqu'on n'y met pas assez de personnalité. Navré, Theophilus London n’était pas le phénomène annoncé. Par Stéphane M.

Timez are Weird These Days

(Warner) Disponible



LEON WARE Le Vrai « PatrOn » de La SOuL Par où commencer ? Depuis que la Soul existe, Leon Ware en est un des principaux acteurs. Acteur est même un faible mot, on dira plutôt l’un de ses plus grands réalisateurs.

Il a toujours déclaré que son moteur était son amour inconditionnel pour les femmes, et encore récemment que cela ne s’atténuait

pas avec l’âge. Son empreinte vocale est marquée par une grande sensualité, en phase avec ce que dégage le personnage, ses textes et ses compositions.

Vous le connaissez déjà tous, même si vous lisez aujourd’hui son nom pour la première fois. En effet il est à l’origine de la plupart des titres phares de la musique Soul depuis la fin des années 60, et de l’ascension de nombreux artistes depuis Marvin Gaye jusqu’à Maxwell. Il collabore aussi avec Mary J. Blige, ou plus récemment Jamie Foxx et John Legend.

Publicity Photo

Né en 1940 à Détroit, il fréquente la même école

que Stevie Wonder suite à un grave accident le laissant aveugle pendant 2 années. Il démarre sa carrière de parolier et arrangeur en 1967 aux cotés de Smokey Robinson, Marvin Gaye et nombre d’autres étoiles de la Motown, et contribue tout d’abord aux albums des Isley Brothers, d’Ike et Tina Turner, puis devient partenaire du frère de Diana Ross, Arthur 'T-Boy' Ross. Cette collaboration l’amène à travailler avec Michael Jackson, puis Donny Hathaway, les Jackson 5, les Average White Band, les Miracles, les Main Ingredient, Vesta Williams, ou encore les Con Funk Shun . Nous sommes en 1972 et c’est à cette époque qu’il sort en parallèle son 1er Album intitulé Leon Ware.



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Leon Ware

Dès 1973 il participe à l’album Body Heat de Quincy Jones, sort The Education

Of Sonny Carson et travaille avec Minnie Riperton jusqu’en 1975. En 1976, Marvin Gaye lui volera la vedette en chantant le célèbre titre « I Want You », sur la demande de Berry Gordy. Cette même année il sort l’album Musical Massage qui fit peu de bruit car n’ayant trouvé que peu de soutien, malgré sa qualité indéniable.

et restera son meilleur opus. Il sort en 1995 Taste The Love.

Pendant les années 2000 il sortira 4 autres albums : Candlelight en 2001, Love’s

Drippin et Deeper en 2003, A Kiss In the Sand

Pendant la fin des 70’s et les 80’s il en 2004 et MoonRide en 2008. continue de collaborer avec de grands artistes comme Isaac Hayes, Le monde du Rap n’est pas resté inBobby Womack ou James Ingram, mais semble sensible à sa musique, et de nombreux aussi s’occuper de plus près de sa propre carrière en tant que chanteur. Il sortira les albums Inside is Love en 1979, Rockin’ You Eternally en 1981, Leon Ware en 1982 et Undercover Lover en 1987.

samples de ses morceaux furent utilisés par des artistes tels que Tupac, Jay-Z, Ice Cube, A Tribe Called Quest, EPMD, Cannibus ou Xzibit…

avec Maxwell. En naitra l’album Maxwell’s Urban Hang Suite. Cet album fera le succès de Maxwell

collaborations à succès.

Son dernier album Leon Ware & Les années 90 amènent le R’n’B et la Friends, sorti en 2009 est une pure merveille, Nu-Soul, et Leon Ware, commence à travailler et une compilation parlante de ses nombreuses Par Stephan F.

“i Wanna Be Where You are” pour Michael Jackson “Body Heat” et “if i ever Lose this Heaven” pour Quincy Jones “inside My Love” pour Minnie riperton “i Want You” pour Marvin Gaye (initialement prévue pour un album de Leon Ware

mais que Berry Gordy, patron de la Motown, offrira à Marvin Gaye sur un plateau) “Sumthin’ Sumthin’ ” pour Maxwell

Publicity Photo

UNE LISTE NON EXHAUSTIVE DE SES COLLABORATIONS ET DES MORCEAUX QU IL A ECRIT :



G N A T WU auX arMeS, etc... Derrière cette sortie sertie de l’emblème du Wu se cache en réalité un intéressant side-project du WuTang, et non un nouvel album officiel du crew

de Staten Island. Dans les faits, Legendary Weapons renouvelle l’expérience très réussie de Chamber Music paru durant l’été 2009, dont le principe était de créer un album possédant l’ambiance asiatique et soul typique du Wu-Tang mais avec une team de producteurs externes : Lil Fame (moitié des groupe hip-hop hardcore M.O.P.), Andrew Kelley et Noah Rubin.

L’autre particularité de Legendary Weapons, comme son prédécesseur, est d’invi-

ter des challengers issus de l’underground (Termanology, AZ, Sean Price, Roc Marciano, les M.O.P… ) pour s’associer aux membres des 36 chambres en léger sous-effectifs (Masta Killa et GZA sont aux abonnés absents). RZA, dispensé de productions, et Ghostface Killah sont les deux principaux protagonistes de cet album, le cerveau du groupe se permettant le luxe de poser lui (et son égo) sur l’extrait « Only The Rugged Will Survive ».

L’univers des arts martiaux est bien illustré par les nombreux interludes instrumentaux de Legendary Weapons, ainsi que par des extraits de film de kung-fu (e.g. « Laced Cheeba »), histoire de respecter les traditions du Wu-Tang et les voies du samouraï. Les beats sont artisanaux, forgés à la main pour la plupart, tout comme les lignes de basses, bien graves si possible. Le terrain idéal pour ces rappeurs qui font parler leur expérience du combat sur des tracks comme « 225 Rounds ».

Pour faire simple, Legendary Weapons est

un album du Wu-Tang Clan qui fait du Wu-Tang autrement, tout en restant bien entendu extrêmement fidèle à leur philosophie et leur style originel. En ce qui concerne le véritable successeur de 8 Diagrams, ce n’est qu’au stade de promesse pour le moment. Par Stéphane M.

Legendary Weapons

(E1 Music/Import) Disponible



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R K BI G Focus


La fin des années 2000 a vu venir de nombreux talents des Etats du Sud et l’Ouest des Etats-Unis. Mais après fil-

trage dans les rouages de l’impitoyable industrie du disque, peu d’entre eux peuvent décrocher un contrat en major. On avait déjà évoqué le cas de Yelawolf qui débarque d’Alabama dans notre premier numéro. Dans celui-ci, il sera question d’un rappeur provenant d’un état sudiste voisin, d’un bled qui s’appelle Meridian dans le Mississippi plus précisément, Justin Scott alias Big K.R.I.T., acronyme signifiant ‘King Remembered In Time’.

Country sh*t

Grâce aux réseaux sociaux, blogs et l’aide de quelques sites Internet, Big K.R.I.T. se fait connaître en 2010 avec sa digitape KRIT Wuz Here, avec en featuring ses camarades Curren$y, Wiz Khalifa mais aussi le texan Devin The Dude. Ce n’était pourtant pas son premier coup d’essai. Ce rappeur/producteur qui va souffler ses 25 bougies fin Août a fait ses dents en 2005 avec See Me On Top I et II, suivi de quatre autres mixtapes jusqu'en 2009. Jusque-là, sans écho. C’est donc KRIT Wuz Here qui le place au stade de révélation, un projet abouti dans lequel on perçoit très nettement l’inspiration des références locales comme David Banner et les UGK, en particulier le défunt Pimp C. Ses instrumentaux sont très soulful et bluesy, et c’est avec un accent typique des campagnes du Sud qu’il relate son quotidien avec des approches politiques et sociales. Est extrait de KRIT Wuz Here le titre « Country Shit » qui sera repris plus tard dans un remix avec deux poids lourds du Dirty South, Ludacris et Bun B.

RIT

Flairant le potentiel gigantesque de KRIT, un des actuels dirigeants de la firme Def Jam Records Sha Money XL, anciennement président et producteur de G Unit Records (label du magnat 50 Cent), lui offre un contrat. Lu et approuvé par l’intéressé.

King de l’underground

Désigné comme ‘freshman’ de l’année 2011 par le fameux magazine hip-hop XXL – et c’est humblement mérité– Big K.R.I.T. élève significativement son niveau au Printemps 2011 avec une nouvelle digitape très élaborée, Return Of 4eva, avec en feat des noms prestigieux comme Chamillionaire, David Banner et le chanteur Raheem DeVaughn. Il confirme avec brio ce que tous attendaient de lui et même plus encore, à tel point que la qualité de ce projet surpasse la majorité des sorties rap du premier semestre, physiques ou non. Ceci probablement parce que sa musique s’inspire plus nettement des Outkast. Car consciemment ou pas, l’atmosphère ‘southernplayalisticadillacmuzik’ très spleen de Return of 4eva ressemble étrangement à un certain grand classique hiphop intitulé ATLiens… Outre les tracks destinées aux radio-CDs, les textes aussi sont plus recherchés et mieux écrits, abordant des sujets importants tels que le racisme par exemple. Réussir son coup en se frottant aux meilleurs, on tire notre chapeau. Alors, Big K.R.I.T., héritier spirituel des Underground Kingz ? Avec un peu de chance, le 27 Septembre sera la date officielle de son couronnement avec Live From The Underground, titre de son premier album. Par Stéphane M.


E O C E COUP D Rahsaan Patterson – Bleuphoria (Artistry Music):

Le retour de l'une des figures de la Nu Soul revient avec un album plus que réussi, funky et groovy à souhait. (Wadji B.)

Kendrick Lamar -Section.80:

L'une des nombreuses révélations rap westcoast de l'année 2011. Pas seulement parce que Dr Dre s'intéresse à lui, ce premier album est extrêmement prometteur (Stéphane M.)

Will Young – Echoes (RCA/Sony BMG):

De la pop anglaise habitée comme on l'aime ! (Clémentine P.)

Curren$y -Week-end at Burnie's :

Le très prolifique rappeur de la Nouvelle-Orléans poursuit sa série de musique 'rap pour conducteurs' avec ce disque planant et très ensoleillé. (Stéphane M.)

Alexander Ebert- Alexander (Rough Trade/Beggars):

Le leader du groupe Edward Sharpe and the Magnetic Zeros a dévoilé son premier album solo. De la grâce, du folk, à la fois intime et personnel. (Wadji B.)


EUR New Villager - Light House (Sony / Iamsound) :

Découverte du moment, Ben Bromley et Ross Simoni, plus connu sous le nom de New Villager ont livré en juin dernier LightHouse, leur premier album. Très sympa!

Lenny Kravitz - Black & White America (22 Aout /Roadrunner Records-Warner Music):

Le 9ème album studio de Lenny Kravitz s'annonce rock et funky. A noter des collaborations avec Drake et Jay-z.

Red Hot Chili Peppers – I'm With You (30 Aout 2011/Warner Bros):

Les Red Hot Chili Peppers sont de retour et ça, ça veut tout dire !

Superheavy - Superheavy (19 Septembre/ Universal-label Az) :

Une date, un album, cinq artistes : Mick Jagger, Dave Stewart, Joss Stone, A.R.Rahman, Damian Marley

Bjork- Biophilia (26 Septembre /Label Barclay) :

L'exportation la plus singulière de l'Islande revient avec Biophila, album distillés en applications pour Ipad/Iphone.

A D N E G ET A



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