paperJam Economie & Finance - Juillet-août 2007

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A C T U A L I T E · b el g i q ue

T eleco m s

Belgacom aime-t-Elle son internet wallon? L’opérateur historique devait assurer au réseau Win une expansion régionale dynamique visant les entreprises wallonnes. Huit ans plus tard, le contrat révèle des tensions entre Belgacom et la Région. Win a été créé en 1997 pour exploiter le réseau existant de fibres optiques (installé par la Région) au bénéfice de ses institutions publiques et du réseau d’enseignement. Il doit aussi (et là, on est apparemment loin d’un succès) connecter les entreprises privées du sud du pays. Lors de l’appel d’offres européen, Belgacom, à l’époque, avait joué Fatal attraction auprès de la Région wallonne pour obtenir le contrat de gestion contre France Telecom, en promettant beaucoup, et même trop selon certains. Il présentait, en outre, pour emporter le marché, un partenariat «solide» avec un consortium financier impressionnant, Albert Frère, Dexia et la SMAP (depuis devenue Ethias) en tête. Certaines mauvaises langues prétendent même que John Goossens, alors à la tête de Belgacom, l’avait «joué perso» avec le ministre d’alors, Michel Lebrun, responsable des communications. Environ vingt millions d’euros de budget ont été investis dans un contrat qui devait, pendant treize ans, exploiter conjointement le fleuron wallon en matière de réseau optique, les applications technologiques et le know how de l’opérateur historique belge, sous un label propre au sud du pays, baptisé Win, de même qu’existe le réseau de Telenet au nord. C’était avant la fameuse explosion de la bulle Internet, et l’argent coulait à flot pour la technologie. Quatre-vingt-dix personnes engagées d’emblée, des antennes locales dans chaque ville de la région, des frais de fon­ction­ ­nement à l’avenant, très peu de résultats commerciaux… Et à ce rythme, on l’imagine, bientôt plus d’argent dans les caisses! En 2001, un «nettoyeur» issu de Belgacom est appelé

pour remettre de l’ordre, et la Région wallonne se voit sollicitée par l’entreprise pour réviser les ambitions irréalistes de son contrat. De plus, les financiers du début s’étant prudemment retirés de l’aventure, l’opérateur devient «naturellement» l’actionnaire de Win à 100%. Certains points ambitieux, sont rediscutés, l’acquisition de la totalité du contrat par Belgacom est actée, ce qui rend de facto l’opérateur à la fois gestionnaire de Win, mais aussi son concurrent direct sur le marché wallon. Pour l’opérateur régional, devenu filiale à part entière de Belgacom, cela signifie également l’obligation de remplir les conditions, même révisées, du contrat signé en 1998 par son nouvel actionnaire «totalitaire».

Enthousiasme modéré Or, selon des sources proches du cabinet ministériel de tutelle, l’enthousiasme de Belgacom à promouvoir un réseau qui est aussi son concurrent est plus que modéré. Honnêtement, la société s’en sort relativement bien depuis 2004, année où elle a renoué avec les bénéfices. Et aujourd’hui, elle annonce pour 2006 un chiffre d’affaires de 19 millions d’euros et un bénéfice net d’un million d’euros. Mais son réseau de clients est principalement constitué par les institutions publiques, l’enseignement, les hôpitaux; bref, tout ce qui touche plus ou moins directement aux pouvoirs régionaux de tutelle. Pour ce qui est des clients privés, Win a beaucoup plus de mal à en trouver. Et selon un rapport provisoire du comité de concertation, il apparaît que sur l’objectif prévu, dans le contrat de 1998, de 4.000 PME affi­liées

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