paperJam Economie & Finance - Juillet-août 2007

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ACTUALITE · entreprises

Photo: Etienne Delorme

Cristina Stenbeck, l’héritière du fondateur Jan Stenbeck, entourée de Daniel Johannesson, président du conseil d’administration et de Marc Beuls, CEO de Millicom.

T eleco m s

Millicom a pris ses aises C’est à partir du Luxembourg que l’opérateur téléphonique coordonne depuis quinze ans, avec succès, son développement international. Il le fait désormais dans de nouveaux et spacieux locaux. Qui se souvient encore qu’en octobre 1997, c’est à Millicom Luxembourg que fut attribuée la deuxième licence luxembourgeoise de téléphonie mobile, plus connue sous son nom «commercial» Tango? Le directeur s’appelait… Jean-Claude Bintz. A l’époque, la maison mère, Millicom International Cellular (MIC), déjà peu connue du grand public bien que présente depuis 1992 au Luxembourg, exploitait une trentaine de réseaux de téléphone cellulaire dans une vingtaine de pays, couvrant, en totalité, plus de 415 millions d’habitants. Quant à sa filiale luxembourgeoise, elle détenait 50% du capital du provider Mobilux. Et derrière tout cela? Le groupe suédois, Kinnevik, et, en particulier, un homme: Jan Stenbeck, qui avait su s’attirer quelques sympathies haut placées au Luxembourg depuis son implication décisive dans la création de la Société Européenne de Satellites quelques années plus tôt. Ce n’est qu’en 1999 que le rapprochement avec une autre branche du groupe Kinnevik, Tele2, s’était opéré, via la création d’une structure commune de commercialisation, SEC Services Luxembourg. Etablie à Bertrange, dans la même villa «historique» occupée par Tele2, Millicom n’en a pas moins pris, au fil des ans, ses distances avec sa société sœur – surtout après le décès, en août 2002, de Jan Stenbeck – et poursuivi le développement de ses opérations aux quatre coins de la planète.

Plus fort que Coca-Cola! Aujourd’hui, Millicom n’a vraiment plus rien à voir avec le réseau Tango, même si un certain nombre de synergies avec Tele2 – notamment pour ce qui est de l’achat d’équipements – est toujours mis en œuvre. Le déménagement de Millicom à Leudelange, dans des nouveaux locaux de 1.500m2 (trois fois plus qu’à Bertrange), où la société assure la coordination de l’ensemble de ses opérations «étrangères» est, dans ce contexte, plus que symbolique. Le cordon est définitivement coupé. L’événement est loin d’être anecdotique et la présence des plus hautes instances dirigeantes du groupe lors de l’inauguration officielle de ces nouveaux bureaux le prouve. Outre le CEO Marc Beuls et le président du

conseil d’administration Daniel Johannesson (autre pionnier de l’aventure SES), Cristina Stenbeck, l’héritière, était présente, à la fois en tant que membre du conseil d’administration de Millicom – au sein duquel siège également le Luxembourgeois Ernest Cravatte, directeur de la Banque Raiffeisen – mais aussi auréolée de sa toute récente élection en tant que présidente du groupe Kinnevik, l’actionnaire de référence (38%). Le tout, sous l’œil bienveillant du père fondateur, dont le portrait trône toujours sur un mur de la société. MIC compte, à ce jour, 16,5 millions d’abonnés répartis dans 16 pays d’Amérique Centrale et du Sud (75% du chiffre d’affaires y sont réalisés), d’Afrique et d’Asie, couvrant une population potentielle de 280 millions de personnes. Sa stratégie vise exclusivement les pays où le taux de pénétration du mobile est encore très faible, généralement moins de 50%, voire moins de 10%, comme en Sierra Leone, au Congo ou au Tchad. Entre les premiers trimestres 2006 et 2007, le nombre d’abonnés de Millicom a presque doublé (de 8,5 à 16,5 millions), tout comme le chiffre d’affaires (+86% à 563 millions de dollars US). Coté en Bourse sur le Nasdaq, le groupe affiche une capitalisation boursière de 8,5 milliards de dollars US. Dans les pays où elle est active, Millicom est connue sous le label Tigo (toute ressemblance avec une marque existant déjà au Luxembourg n’est certainement que fortuite…), lancée en 2004 et brandie comme un véritable étendard dans 14 des 16 pays où le groupe est présent (seuls l’Ile Maurice et le Cambodge n’ont pas encore adopté ce branding, compte tenu de quelques spécificités sur place). «La marque Tigo, dans certains pays, comme le Guatemala, a même une notoriété plus grande que Coca-Cola», se réjouit Marc Beuls, qui ne manque pas de rappeler non plus que Tigo devance, sur plusieurs marchés, de grands noms comme Telefonica ou América Móvil. «Ce qui prouve que ce n’est pas forcément la taille qui compte, mais surtout la qualité du service». MIC a, ainsi, bâti sa stratégie autour du concept (anglophone) des 3A: Affordability-Accessibility-Availability (Abordabilité-Accessibilité-Disponibilité), qui se traduit, concrètement, par des services tels que la facturation à la seconde ou encore des recharges selon le modèle «e-PIN» (y compris pour des sommes inférieures à un dollar). || Jean-Michel Gaudron

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