Maxi-Basket 41

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Pape Sy... Philippe Amagou... Orchies... Edwige Lawson... Nelcha & Fond... Satoransky #41

MARS 2012

Équipe de France

Quels Bleus

pour les J.O. ?

Il y a 20 ans

Magic Johnson

Andrew D. Bernstein/NBAE via Getty Images

Ce héros

Reportage à la

Semaine des As

Chalon voit grand

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Édito • maxi-basket 03

POPB, Arena 92 et… Orchies Par Pascal LEGENDRE

C

’est un document à la couverture rouge de 100 pages intitulé Arenas 2015, rapport de la Commission Grandes Salles présidée par l’ancien entraîneur de l’équipe de France de hand Daniel Costantini. Du bel ouvrage. Y sont collectées les déficiences de la France en matière d’équipements pour les sports de salles comparées aux pays étrangers et retranscrites des préconisations. Parmi les membres de la Commission figuraient Yvan Mainini, alors président de la FFBB, René Le Goff, président de la LNB, l’ancien international Richard Dacoury, Bernard Depierre député et ancienne cheville ouvrière de la JDA Dijon, Gilles Moretton président de l’ASVEL et encore Serge Grouard maire d’Orléans. « En matière de grandes salles, la France s’est endormie », liton dès la première ligne d’introduction. Où en est-on deux ans plus tard ? La secrétaire d’État Rama Yade, qui se disait enthousiaste et qui du moins avait été lucide dans son discours, a été débarquée, remplacée par Chantal Jouanno, puis par David Douillet, en attendant le prochain sur la liste. Richard Dacoury avait été pressenti pour présider la cellule qui devait concrétiser la démarche, il nous a déclaré récemment dans BasketNews : « je crois que le changement de ministre a fait retomber cette belle dynamique comme un soufflé. Cela devait être suivi d’une autre structure pour construire ce label Arena et unifier une volonté politique d’incitation – incentive financière à l’appui – de construction de salles. » Quel gaspillage de temps, d’énergie, d’argent ! Depuis la grande salle de Montpellier (9.000 places pour le hand) a été inaugurée, mais elle était déjà en construction à l’époque. Rouen aussi, c’est sûr, va avoir son équipement dans quelques mois, mais les décideurs se contentent d’une réceptacle de 6.000 places alors qu’à l’évidence une agglomération comme celle-ci, pas sous le joug du foot ni du rugby, pouvait voir plus grand. Le Palais Omnisports de ParisBercy va être complètement remis à neuf dans les standards du XXIe siècle. Ouf ! L’Arena 92 de Nanterre, c’est du concret. Pas pour faire de la JSF un club résident mais la ligue pourrait s’en servir pour le All-Star Game. C’est primordial car sinon il n’était plus question d’organiser en France des événements de portée internationale. Et le BCM pourra passer de Gravelines à Dunkerque et à une enceinte quatre fois plus vaste par la volonté d’un homme, Michel Delebarre, le président du Conseil Régional. Le projet prévoit des rideaux pour réduire la capacité

observable lors des matches « lambda » et cela apparaît empreint de sagesse. Pour le reste ? Le projet d’Orléans semble prendre chaque année… une année de retard. Celui d’une salle multifonctions à Lyon s’embourbe. Comment ne pas considérer de première nécessité une salle de 12/15.000 places dans la 2e ville française dont le Palais des Sports fut construit dans la perspective d’une candidature pour les J.O. de 1968 ? Lille ? La « boîte à spectacles » incluse dans le stade est programmée pour recevoir de 7.500 à 30.000 spectateurs. Soyez sûr qu’on n’y verra pas des basketteurs toutes les semaines ! Par ailleurs la maire de la ville, Martine Aubry, a coupé l’herbe sous le pied au développement du club de basket local en annonçant par voie de presse que la construction d’une salle de 5-6.000 places est reportée aux calendes grecques. Bordeaux ? Houlà !, Le projet d’Arena a été enterré alors d’ici à ce que les JSA quittent la vétuste salle Jean-Dauguet, il va y en avoir des vendanges. Marseille ? Pas de club, pas de salle, juste des intentions… Souvenez-vous les anciens, il y avait déjà un projet d’OM basket du temps de Bernard Tapie. Le plus extraordinaire, c’est qu’au milieu de ce surplace des « grandes métropoles » deux maires de petites communes ont avancé leurs pions, méthodiquement, à Boulazac (6.600 habitants) qui a construit le Palio dont la capacité a été portée fin 2011 à 5.200 places, et à Orchies (8.500 habitants) qui en aura bientôt une de 5.000, et qui va accueillir la phase finale de l’Euro féminin 2013 à la suite de Riga (716.000 habitants) et Lodz (740.000 habitants). Vous allez découvrir cette « incongruité » dans ce numéro. Il n’y a pas plus centralisée, jacobine, que la France et pourtant Paris – si l’on excepte le POPB et donc la future Arena 92 qui sont avant tout destinés aux spectacles – est moins bien loti pour le basket-ball qu’une bourgade adossée à Périgueux et une autre située au Sud de Lille. Sans parler de Mouilleron-le-Captif (4.500 habitants, agglomération de La Roche/Yon) et Trélazé (12.000 habitants, dans la banlieue d’Angers) qui seront également hôtes de l’Euro féminin 2013. C’est l’un des paradoxes de ce pays qui ne veut jamais faire comme les autres et qui oblige les fans de la balle orange à prendre des cours accélérés de géographie pour situer les places fortes de leur sport sur la carte. l

Des cours accélérés de géographie pour situer les places fortes du basket sur la carte.

Directeur de la publication Gilbert CARON Directeur de la rédaction Pascal LEGENDRE (p.legendre@norac-presse.fr) Rédacteur en chef Fabien FRICONNET (f.friconnet@tomar-presse.com) Rédacteur en chef-adjoint Thomas BERJOAN (t.berjoan@tomar-presse.com) MAXI-BASKET est édité par NORAC PRESSE (Capital : 25 000 euros). Siège Social : 3 rue de l’Atlas –

75019 Paris. Téléphone : 02-43-39-16-21 Principaux associés : Print France Offset, Le Quotidien de Paris éditions, Investor.

RÉDACTION DE PARIS 3 rue de l’Atlas – 75019 Paris Téléphone : 01-73-73-06-40 – Fax 01-40-03-96-76 RÉDACTION DU MANS 75 Boulevard Alexandre & Marie Oyon BP 25244 – 72005 Le Mans Cedex 1 Téléphone : 02-43-39-16-21 – Fax 02-43-85-57-53

Correspondants à l’étranger David BIALSKI (USA), Giedrius JANONIS (Lituanie), Kaan KURAL (Turquie), Pablo Malo de MOLINA (Espagne), Streten PANTELIC (Serbie), Bogdan PETROVIC (Serbie); Yannis PSARAKIS (Grèce), Sran SELA (Israël), Stefano VALENTI (Italie). Ont collaboré à ce numéro Claire PORCHER, Gaétan SCHERRER et Frédéric TRIPODI. Secrétaire de rédaction Cathy PELLERAY (02-43-39-16-21 – c.pelleray@norac-presse.fr).

JOURNALISTES

RÉALISATiON GRAPHIQUE

Thomas BERJOAN, Jérémy BARBIER, Yann CASSEVILLE, Fabien FRICONNET, Florent de LAMBERTERIE (01-73-73-06-46), Pascal LEGENDRE (02-43-39-16-26), Antoine LESSARD, Pierre-Olivier MATIGOT, Laurent SALLARD. RÉDACTION AUX USA Pascal GIBERNÉ (New York).

Conception charte graphique Philippe CAUBIT (tylerstudio) Direction artistique Thierry Deschamps (Zone Presse) Maquettiste Cyril FERNANDO

MARS 2012 Sommaire #41

04 échos 16 équipe de France 26 Pape-Philippe Amagou

32 Un-contre-un :

Edwige Lawson

34 Pape Sy

40 Semaine des As

58 Orchies 64 Fabien Fond

& Alex Nelcha

70 Dans l’œil des scouts : Tomas Satoransky

72 Rétro : Magic Johnson

80 Fondamentaux : Le tear drop

82 Contrôle surprise : Gérard Bosc

ABONNEMENTS

Laurence CUASNET (02-43-39-16-20, abonnement@tomar-presse.com) – NORAC PRESSE – Service abonnements – B.P. 25244 – 72005 Le Mans Cedex 1

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À JUSTE TITRES : Badice BENARBIA (04 88 15 12 42) b.benarbia@ajustetitres.fr COMMISSION PARITAIRE : 0117 K 80492 RCS : Paris B 523 224 574 ISSN : 1271-4534. Dépôt légal : à parution

La reproduction des textes, dessins et photographies publiés dans ce numéro est la propriété exclusive de Maxi-Basket qui se réserve tous droits de reproduction et de traduction dans le monde entier.


04

maxi-basket

LES ÉCHOS

Par Fabien FRICONNET

Victoires/défaites, les séries

GRAVELINES ET CHALON, BIEN SÛR !

L

e 11 février, au Mans, il s’en est fallu de deux petits points (83-85) que le BCM n’égale le record de victoires consécutives, détenu par… lui-même. À l’époque de cette première salve, après une défaite initiale à Chalon, les Nordistes avaient cogné dur : 91-59 contre Roanne, 89-60 contre Pau, 106-57 contre Hyères-Toulon, 94-76 contre Le Mans, etc. Au cours de leur deuxième série, les hommes de Kiki Monschau n’ont pas fait preuve de plus de mansuétude envers Orléans (82-58) et Strasbourg (74-54). De l’autre côté du miroir, Poitiers détenait, au

moment d’écrire ces lignes, le piteux record de défaites consécutives. Mais depuis, le HTV est peutêtre revenu « à hauteur » puisque la lanterne rouge se déplaçait le 25 février à Dijon. C’est un peu remuer le couteau dans la plaie mais depuis sa dernière victoire (le 26 novembre au Havre), Hyères-Toulon prend des roustes impressionnantes : -48 contre Cholet, -42 à Nanterre, -32 à Strasbourg, -28 à Chalon, -26 à Poitiers, -22 contre Orléans et Le Mans. En Pro B ? La palme du pic de forme, 8 victoires, est détenue conjointement par Lille, intouchable de la 12e journée à la 19e journée, et Limoges, de la 15e à

Séries positives

la 22e journée – une série en cours au moment de notre bouclage. Suit l’autre patron, Boulazac, avec sept succès de rang, de la 14e à la 20e journée. Côté défaite, sans surprise c’est Vichy et Quimper qui ont fait fort (faible, en fait), avec 10 défaites d’affilée (6e à 15e journée pour la JAV et 12e à 21e journée pour l’UJAP). l

Chalon (Thicamboud) et Gravelines (Albicy) rois des séries de victoires.

Séries négatives

Équipe

Quand ?

Victoires

Équipe

Quand ?

Gravelines-Dunkerque

2e à 9e journée

8

Poitiers

4e à 14e journée

11

Gravelines-Dunkerque

e

11 à 18 journée

7

Hyères-Toulon

9 à 18 journée

10

Chalon-sur-Saône

8e à 14e journée

7

ASVEL

8e à 12e journée

5

Orléans

e

12 à 17 journée

6

Pau-Lacq-Orthez

2 à 6 journée

5

Nancy

1ère à 6e journée

6

Hyères-Toulon

1ère à 5e journée

5

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Défaites


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06

maxi-basket

LES ÉCHOS

Hervé Bellenger/IS

Par Fabien FRICONNET

Coaches en poste…

DONNADIEU, BIEN SÛR !

L

orsque Emmanuel Brochot, le président de la Chorale, a décidé d’écarter Jean-Denys Choulet du banc roannais, le 15 novembre dernier, dans l’après-midi, alors que le club ligérien disputait un match d’EuroChallenge le soir même, c’est un monument de fidélité qui était déboulonné. JDC en était en effet à sa douzième saison à Roanne. Cela aurait fait de lui le dauphin de Pascal Donnadieu dans le classement cidessous, qui a vocation de compter depuis combien de saisons (consécutives) les coaches actuels de Pro A sont en place dans leur club. Le recordman est bien sûr l’entraîneur de Nanterre. Donnadieu est plus que l’entraîneur de la JSF, il en est, avec son père Jean, le cœur. C’est en 1987 que l’Altoséquanais s’est vu confier les clés de l’équipe première, pour finalement lui faire gravir, en vingt-trois saisons, les onze étages qui la séparait de la Pro A. Deuxième, Greg Beugnot et c’est tout sauf une surprise. L’Ardennais avait déjà passé neuf saisons à l’ASVEL, de 1992-93 à 2000-01. Jean-Luc Monschau, le doyen, pourrait perdre à terme sa troisième place s’il confirme – après l’avoir suggéré durant la Semaine des As – qu’il quitte le SLUC en fin de saison, malgré une année de contrat supplémentaire. Il se dit avec insistance que Jean-Denys Choulet est en tête de liste pour reprendre en main le club nancéien. l

Entraîneur Pro A

Club

1

Pascal Donnadieu

Nanterre

24

2

Greg Beugnot

Chalon

10

3

Jean-Luc Monschau

Nancy

8

4

Philippe Hervé

Orléans

7

5

Erman Kunter

Cholet

6

6

Ruddy Nelhomme

Poitiers

5

-

Alain Weisz

Hyères-Toulon

5

8

J.D. Jackson

Le Mans

4

-

Christian Monschau

Gravelines-Dunkerque

4

-

Jean-Manuel Sousa

Le Havre

4

Dijon

2

Paris Levallois

2

11 Jean-Louis Borg -

Christophe Denis

13 Vincent Collet

Saisons*

Strasbourg

1

-

Luka Pavicevic

Roanne

1

-

Jean-François Laulhé

Pau-Lacq-Orthez

1

-

Pierre Vincent

ASVEL

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maxi-basket

LES ÉCHOS

Par Fabien FRICONNET

Il y a 10 ans…

NANCY GAGNAIT LA KORAC

Deny Mousty/L’Est Républicain/BasketNews

C’était le 17 avril 2002. C’était en Russie, à Rostov. Et c’était le basket français qui gagnait (encore un peu). Le SLUC Nancy enlevait la dernière Coupe Korac de l’Histoire (et la cinquième pour les clubs français), le dernier trophée pour notre basket. Comme un clin d’œil, ce succès intervenait vingt ans pile après que le Limoges CSP eut ramené à notre pays son premier sacre continental (la Korac 1982).

C

e SLUC 2002, coaché de main de maître par Sylvain Lautié, s’appuyait sur un jeu offensif léché et ambitieux (90 points par match lors de la campagne européenne) et une rotation serrée de huit joueurs triés sur le volet. À l’arrière, Stevin Smith, Joseph Gomis et Ross Land. Le premier, meneur américain plein de punch et de malice, était un habitué du championnat français. Il réussira une campagne européenne très solide (15,2 points et 4,9 passes). Le deuxième, on ne le présente plus, JoGo, alors âgé de 24 ans, prit la mesure de la

compétition (11,4 points et 3,5 passes). Le troisième, arrière américain spécialiste (un peu exclusif) du bombardement à distance, aura laissé de bons souvenirs, mais pas à ses adversaires (48/104 à troispoints en seize matches).

Land of the three

Dans l’aile, tout seul – sauf quand Maxime Zianveni venait y faire un tour –, le vétéran serbe Goran Boskovic, un peu fragile physiquement et parfois inconstant dans sa production offensive, mais très

précieux et indispensable rouage de la machine. Dans la raquette, que du Français, et du bon. Fabien Dubos (13,8 points) et Max Zianveni (8,8 points) au poste 4. Cyril Julian (13,4 points) et Vincent Masingue (8,0 points et 5,7 rebonds) au centre. Quatre internationaux avérés ou potentiels à l’époque. C’est avec cette troupe d’élite que le SLUC entame son épopée européenne sur le parquet allemand de Braunschweig, le 2 octobre 2001, pour le premier match du tour préliminaire. Aucun souci à l’aller (93-74) comme au retour (103-80). Nancy poursuit

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LES ÉCHOS ›››

d’ailleurs sur sa lancée en remportant ses trois premiers matches de poule. Contre Porto (106-82), Land est bouillant (6/10 à trois-points). Contre les Italiens de Vérone (90-79), l’Américain marque quatre triples de plus. Et à Anvers (80-78), la paire Dubos/ Julian fait la loi : 38 points et 16 rebonds. Ensuite, première défaite, dans la salle de Porto (98-101), malgré un Land époustouflant (7/13 à trois-points !). La réaction est immédiate, Vérone est ensuite battu chez lui (97-90) par un Smith impeccable à la baguette (20 points, 6 rebonds et 6 passes). Les Nancéiens concluent leur phase de poule en disposant d’Anvers (84-81) derrière les 18 points de Fabien Dubos.

Masingue fait sa loi

Deny Mousty/L’Est Républicain/BasketNews

Le huitième de finale se présente moyennement après la défaite dans la salle du Bayer Leverkusen à l’aller (80-87). L’écart n’est toutefois pas abyssal et, comme tout au long de la saison, la frénésie du chaud public nancéien va faire la différence. Au retour, il faut une salle enflammée et un superbe trident extérieur Land-Smith-Boskovic (59 points à 7/9 à trois-points et 24/25 aux lancers-francs) pour renverser la vapeur d’un rien (104-95).

Par Fabien FRICONNET

En quart de finale, comme cela sera le cas pour les deux marches suivantes, le scénario est inversé car c’est Nancy qui reçoit en premier et qui doit creuser un écart pour voyager plus confortablement. Le déplacement, ceci dit, sera court puis c’est la JDA Dijon qui se présente, avec son trio extérieur Paccelis Morlende-Laurent Bernard-Andre Owens. À l’aller, les Bourguignons sont pris à la gorge, notamment par Gomis (22 points), et concèdent un écart conséquent (72-95) qu’ils ne pourront pas combler au retour (malgré une victoire 79-66), où Julian veille au grain (26 points et 13 rebonds). En demi-finale, c’est un plus gros poisson. Le Pivovarna Lasko n’est certes pas une référence mondiale mais les Slovènes avaient disputé l’Euroleague deux ans auparavant. Mais comme tout le monde, ils boivent la tasse à l’aller, en Lorraine (58-89), le SLUC étant clairement monté en pression défensivement lors des « playoffs ». Au retour, Nancy perd (83-94) mais Zianveni se montre (22 points et 14 rebonds). L’adversaire en finale est un drôle d’animal. Un club russe imaginé à la va-vite grâce à des subsides soudain abondants et baptisé « Mineralnye vody ». On y trouve quelques pointures européennes d’alors : Igor Koudeline, le shooter fou, Eurelijus Zukauskas,

l’interminable pivot lituanien, Tony Farmer, Américain charismatique passé plusieurs fois par la France, ou encore Goran Jagodnik, ailier slovène encore vu à l’Euro 2011. Cette composite escouade ne résiste pas à la furia de Gentilly au match aller. Les Russes sont balayés (98-72). C’est une Fantasia. Smith règne (23 points et 10 passes). Seul point d’inquiétude : Cyril Julian se blesse après quatre minutes de jeu. Des craintes justifiées puisque c’est sans le pivot de l’équipe de France que Nancy part défendre ses 26 points d’avance en Russie. Facile ? Pas du tout. Le navire tangue et, au final, le SLUC s’en sort en descendant à la mine (74-95). Comme toujours cette saison-là, Nancy trouve l’homme providentiel. Julian sur la touche, c’est Vincent Masingue qui défend comme un viking la raquette : 24 points et 14 rebonds pour l’Isérois. l

Vincent Masingue devant Eurelijus Zukauskas (Mineralnye vody) en finale. Champagne Pour Cyril Julian et Sylvain Lautié après la victoire



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maxi-basket

LES ÉCHOS Jeremy Lin

ILS EN VEULENT TOUS UN BOUT ! Pour ceux qui n’auraient pas suivi, les Knicks, alors moribonds, ont confié leur destin à un inconnu, en février. L’Américain d’origine taïwanaise Jeremy Lin, qui avait joué quelques matches l’an dernier avec Golden State, était surtout remarquable pour ses origines ethniques, peu communes en NBA, mais depuis le mois de février, il est la nouvelle star de la NBA et les Knicks sont redevenus une équipe crainte. Lin est « bankable », comme disent les Anglo-Saxons et le buzz est énorme. La preuve en images.

On le voit, on veut l’entendre. Anonyme ultime il y a quelques semaines, le Taïwanais est désormais celui à qui la télévision tend le micro, comme le 19 février, après une victoire au Madison contre Dallas.

Nathaniel S. Butler/NBAE via Getty Images, Chris Trotman/Getty Images

Qui l’eût cru ? Lin est désormais l’invité obligatoire des conférences de presse d’après-match.

On imaginait bien que Spike Lee, fan médiatique numéro 1 des Knicks, n’allait pas rester insensible, lui qui est bouillant pendant les matches. Sur ce cliché, il arbore le maillot de Lin… au lycée.


maxi-basket 13

Par Fabien FRICONNET

Soyons honnête, tous les jeux de mots sur le nom de famille de la nouvelle star des Knicks ne sont pas de premier ordre. Mais en trouver de nouveau est devenu un sport à part entière. Les fans s’y essayent soir après soir.

De quoi discutent le Taïwanais Lin et le Chinois Yi Jianlian ? Du statut compliqué de l’île « chinoise » ou des carrières comparées de l’un, qui s’envole, et de l’autre, qui ne décolle pas ?

Il y avait les t-shirts classiques, les maillots bien sûr, voici les t-shirts personnalisés.

Jim McIsaac/Getty Images, Nathaniel S. Butler, Jeyhoun Allebaugh, /NBAE via Getty Images, Chris Trotman/Getty Images

On avait bien compris que Lin était une bonne affaire sportive pour la franchise new-yorkaise, et on ne doutait pas que cela deviendrait aussi une bonne affaire financière. Les maillots 17 s’arrachent comme des petits pains, tel ici dans une boutique du Madison Square Garden.


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maxi-basket

LES ÉCHOS

Par Fabien FRICONNET

Dans l’intimité

BORIS À LA TRACE

L

e dimanche 26 février, la chaîne de télévision Trace Sports a diffusé un documentaire de près de 26 minutes consacré à Boris Diaw, dans le cadre de sa série « Up Close With ». Pour ceux qui ne connaîtraient pas encore, Trace Sports est une chaîne, lancée en juin 2011, « exclusivement consacrée à la vie des célébrités sportives », telle qu’elle se décrit elle-même. Elle est diffusée sur Orange (canal 76) et SFR (canal 111).

Trace Sports a profité du séjour en France du capitaine de l’équipe de France pour suivre ses pas à Bordeaux, club dont il est président. Les divers intervenants – Thomas Darnauzan, Miloud Doubal, Martin Diaw, Boris Elisabeth-Mesnager, Claude Bergeaud, sa mère Elisabeth Riffiod et son père Issa Diaw – y louent son engagement. On suit Boris dans les coulisses du club girondin, mais aussi dans celles de ses activités annexes,

comme ses fondations et actions caritatives ou encore le restaurant dans lequel il a investi en région parisienne (« Arrêts de jeu »). Le principal intérêt du documentaire réside, à nos yeux, dans les séquences les plus intimes, lorsque Boris fait visiter à la caméra sa maison du Bassin d’Arcachon, jusque dans son dressing. On y voit aussi sa maman lui préparer des bons petits plats… l


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MAXI-BASKET

LE RÉSERVOIR 2012 EN QUESTION

LE PLEIN DE SUPER ? VINCENT COLLET A PRÉVENU. SON NOYAU DUR DE 8 OU 9 JOUEURS EST DÉJÀ CONSTITUÉ. SAUF BLESSURES OU PROBLÈMES D’ASSURANCES VIS-À-VIS DES FRANCHISES NBA, L’ÉQUIPE VICECHAMPIONNE D’EUROPE EN TITRE SUBIRA PEU OU PAS DE RETOUCHES L’ÉTÉ PROCHAIN. LES PLACES POUR LES JEUX DE LONDRES SERONT D’AUTANT PLUS CHÈRES QUE LE RÉSERVOIR D’INTERNATIONAUX POTENTIELS NE NOUS A JAMAIS SEMBLÉ AUSSI RICHE QUE CETTE ANNÉE. « LE RÉSERVOIR DÉBORDE », EXAGÈRE À PEINE LE DTN, JEAN-PIERRE DE VINCENZI. TOUS LES POSTES SONT-ILS CONCERNÉS ? LA RELÈVE EST-ELLE ASSURÉE ? PLUSIEURS SPÉCIALISTES, DONT LE SÉLECTIONNEUR, NOUS ONT AIDÉS À DRESSER, POSTE PAR POSTE, UN ÉTAT DES LIEUX DES FORCES VIVES DU BASKET FRANÇAIS. ET À ANTICIPER L’APRÈS LONDRES. Par Antoine LESSARD

Jean-François Molliere / FFBB

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Andrew Albicy est en train de faire une saison fabuleuse selon Alain Weisz.

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DOSSIER ÉQUIPE DE FRANCE • MAXI-BASKET


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1 - LES MENEURS

QUI DERRIÈRE PARKER ? DERRIÈRE L’ICÔNE DU BASKET FRANÇAIS, LA RELÈVE TARDE À SE DESSINER. D’OÙ CE PARADOXE : ET SI CE POSTE ÉTAIT AUJOURD’HUI LE PLUS FRAGILE DE L’ÉQUIPE DE FRANCE ?

Q

JF Molliere

Nando De Colo est plus efficace lorsqu’il est associé à Parker.

uelle équipe au monde, mis à part les États-Unis, n’envie pas à la France un meneur-leader de la trempe de Tony Parker ? Meilleur marqueur du dernier Euro, élu dans l’équipe type de la compétition, septième à l’élection du joueur européen de l’année au référendum 2011 de la FIBA – et deuxième meneur de ce classement derrière le Macédonien Bo McCalebb -, quatre fois all-star NBA, Parker est, à bientôt 30 ans, au sommet de son art. « La qualité produite par Parker peut valoir celle des trois meneurs réunis dans pas mal d’autres équipes », pose Jean-Luc Monschau. Son influence va au-delà. « Sur le terrain, autour du terrain, en dehors du terrain, l’impact qu’il a est difficilement mesurable », note le DTN et directeur de l’équipe de France, Jean-Pierre de Vincenzi. À l’Euro, l’homme était clairement en mission. Son attitude a déteint sur tout le groupe. Plus qu’aucune autre nation, sinon la Macédoine de McCalebb, les Bleus sont hyper dépendants de leur meneur star. Lorsque Parker n’est pas sur le terrain, le niveau de l’équipe chute très largement. En Lituanie, Vincent Collet n’a pas pu économiser sa star, utilisée 35 minutes en moyenne. Sur les 120 minutes des trois

derniers matches couperets (Grèce, Russie et Espagne), Parker n’est sorti en tout et pour tout que 7 minutes ! Le sélectionneur n’a pas le luxe comme son confrère Sergio Scariolo d’utiliser ses trois meneurs, Calderon, Llull et Rubio moins de 20 minutes par match. Le manque de fraîcheur de Parker a fini par peser en finale. Moins en attaque qu’en défense où TP était obligé de s’économiser. « Tony a tous les pouvoirs dans cette équipe », résume Alain Weisz. « Maintenant, on est obligé de prévoir une blessure, une baisse de forme et, à un moment donné, avoir un vrai joueur qui puisse en d’autres circonstances être premier meneur. » Ceci pose la question du réservoir hexagonal sur le poste 1.

Albicy tient la corde

« Il faut préparer un meneur derrière Tony Parker », insiste Erman Kunter. « On peut avoir 25 intérieurs au-dessus de 2,10 m mais ce sont les petits, les joueurs qui vont avoir le ballon et qui vont faire jouer les intérieurs. » Des petits, des meneurs purs, Vincent Collet n’en a pas 10.000 sous la main. Antoine Diot était la doublure toute désignée avant d’être rattrapé par ses problèmes chroniques au


LES BLEUS • MAXI-BASKET

dos. Son forfait a propulsé Andrew Albicy chez les Bleus. Or, les deux dernières campagnes ont démontré qu’Albicy était encore très tendre au niveau international. Le meneur de 21 ans n’a pas renouvelé sa superbe entrée en matière contre l’Espagne au Mondial, quand il avait éteint Ricky Rubio. « À ce niveau-là, est-ce que tu peux donner les clés à un jeune comme cela ? » , s’interroge Kunter, pourtant son premier fan. La jeunesse, la défense, les progrès indéniables d’Albicy en Pro A – « il est en train de faire une saison fabuleuse », dit Alain Weisz à son sujet – et, le manque de concurrence à son poste – Erman même si on aurait tort d’enterrer trop vite Steed Tchicamboud, le meneur chalonnais l’a rappelé lors de la finale des As – devraient pousser Vincent Collet à retenter l’expérience. On n’imagine pas le sélectionneur partir à Londres avec des combos pour seuls soutiens de Parker. L’option Nando De Colo n’a pas été positive, De Colo est plus efficace lorsqu’il est associé à Parker. Aussi talentueux soit-il, Rodrigue Beaubois n’a aucune expérience internationale et Yannick Bokolo est définitivement plus à l’aise lorsqu’il est débarrassé de l’organisation. Ces trois-là sont à ranger dans la catégorie des postes 2-1. Reste l’alternative Léo Westermann, envisagée par le sélectionneur mais dans un futur plus éloigné. « Il frappe de loin, il faudra un peu de temps », dit JPDV. Cet été, le Villeurbannais sera accaparé par l’Euro espoirs, comme

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l’autre leader des « 92 », Evan Fournier. Leur intégration n’est pas prévue avant l’an prochain. Thomas Heurtel, enfin, n’était pas dans les plans de Collet à l’ASVEL. Depuis lors, le joueur a mûri en ACB. Même si son rôle est limité au Caja Laboral (15’ en Espagne, 11’ en Euroleague), il est l’un des rares joueurs français à fréquenter le très haut niveau européen. Heurtel n’a pas encore 23 ans. Lui-aussi peut entrevoir un futur en Bleu. Albicy, Westermann, Heurtel. Voilà peut-être le trio qui tiendra les rênes des l’Equipe de France, à la retraite du boss, programmée après les Jeux de 2016. « Anticiper l’après Parker, Kunter c’est délicat parce qu’il faut se projeter à 5 ans minimum », conclut JPDV. « Ce n’est pas notre objectif numéro 1 aujourd’hui. En revanche, il faudra faire en sorte que Tony accepte de parrainer des jeunes qui monteront. » l

« Il faut préparer un meneur derrière Tony Parker »

LE TAULIER : Tony Parker (1,88 m, 30 ans en 2012, San Antonio, NBA)

LES POSTULANTS : Andrew Albicy (1,78 m, 22 ans,

Gravelines-Dunkerque), Rodrigue Beaubois (1,84 m, 24 ans, Dallas, NBA) L’INCERTITUDE : Steed Tchicamboud (1,93 m, 31 ans, Chalon) LA RELÈVE : Léo Westermann (1,98 m, 20 ans, ASVEL), Thomas Heurtel (1,88 m, 23 ans, Caja Laboral, Espagne) L’ABSENT : Antoine Diot (1,90 m, 23 ans, Le Mans)

POUR LE FUN, MAXI SE MOUILLE

NOTRE RÉDACTION. NOS JOURNALISTES JOUENT LA CONTINUITÉ, ET N’OPÈRENT QU’À UN SEUL CHANGEMENT. RODRIGUE BEAUBOIS, DANS LE RÔLE DE JOKER OFFENSIF À L’ARRIÈRE, REMPLACE STEED TCHICAMBOUD. Nos treize votants étaient chargés de donner leur liste des 12 et de désigner 4 remplaçants. Si 21 joueurs ont été cités, une liste de 17 s’est dégagée très nettement. Elle ne devrait pas être très éloignée de la liste « des 16 et 17 » que Vincent Collet dévoilera à la mi-mai. Six joueurs ont fait l’unanimité. Trois autres en sont proches. La seule divergence avec le sélectionneur devrait concerner le cas Ronny Turiaf. Un cadre important sinon indispensable dans l’esprit de Vincent Collet. Pas pour une très large majorité de notre rédaction puisque Turiaf n’arrive qu’au cinquième rang des pivots. La liste de Maxi-Basket : Parker (13 votes), Albicy (7 votes + 5 fois remplaçant) De Colo (13), Beaubois (11+2), Causeur (7+4), Bokolo (3+6) Batum (13), Gelabale (11+2), Kahudi (7+5), M.Pietrus (6+3), Diaw (13), F.Pietrus (11) Noah (13), Traoré (13), Séraphin (8+5), Mahinmi (5+8), Turiaf (2+6) Ont été égalements cités chez les remplaçants : Thomas Heurtel (+1), Pape Sy (+1), Evan Fournier (+2) et Kim Tillie (+2).

Agenzia Ciamillo-Castoria/JF Molliere

11 DES MÉDAILLÉS AUX JEUX C’EST CE QUI RESSORT DU MINI-SONDAGE RÉALISÉ AU SEIN MÊME DE


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MAXI-BASKET

2 - LES ARRIÈRES ET LES AILIERS

BEAUBOIS ET PIETRUS EN JOKERS ? NANDO DE COLO, NICOLAS BATUM, MICKAËL GELABALE, CHARLES KAHUDI. CHACUN DANS LEUR REGISTRE, LES QUATRE EXTÉRIEURS FRANÇAIS ONT ÉTÉ PERFORMANTS À L’EURO. ONT-ILS POUR AUTANT VERROUILLÉ LEUR PLACE POUR LES J.O ?

S

i elle continue à souffrir à l’occasion sur les défenses de zone, l’équipe de France ne traîne plus comme un boulet la maladresse de ses extérieurs. Sur les trois dernières compétitions, les Bleus font même partie des bons élèves pour ce qui est du pourcentage à 3-pts. Mike Gelabale a fait preuve d’une adresse insolente en Lituanie (14/22, n°1 de l’Euro), bien secondé par Nico Batum (17/42). De l’adresse extérieure, de la percussion avec De Colo et Batum, du volume physique et défensif avec Kahudi. Dans cette configuration, les ailes françaises sont bien achalandées. Ou plutôt « étaient », puisque rien ne dit que Mike Gelabale retrouvera dans quatre mois le même rythme qu’en 2011. Après une entorse de la cheville mal soignée, le nouvel ailier du Khimki Moscou n’a commencé sa saison que le 28 janvier. La reprise est timide. « Avec trois matches par semaine, j’espère avoir retrouvé toutes mes sensations d’ici la fin du mois de mars », a déclaré Mike sur son blog. « À moi de rattraper le temps perdu pour attirer l’attention du sélectionneur. » Pour l’heure, le dossier est préoccupant.

Au terme de l’Euro, Vincent Collet avait regretté l’absence d’un spécialiste défensif à l’arrière, ce que ne sont ni De Colo ni Batum ni Gelabale. Cela a pesé contre l’Espagne au moment de freiner la paire Navarro-Fernandez. L’an passé, Collet avait sélectionné deux joueurs de ce profil dans sa liste des 12. On connait la suite. Yannick Bokolo a déclaré forfait pour raisons familiales et le genou de Mike Pietrus n’a pas passé le stade de la visite médicale. Peuventils prétendre jouer les J.O. ? Sur leurs qualités propres et le niveau affiché cette saison, c’est possible. Alain Weisz Les deux sont des défenseurs de niveau mondial. Ont-ils toujours leur place, avec le risque de bouleverser l’équilibre en place ? « Ils partent avec un handicap », estime Alain Weisz. « Une équipe est née. Même si Tony Parker a porté l’équipe de façon formidable, tout le monde a été utile a un moment donné. Même s’ils sont des candidats évidents, ce serait un pari très risqué de changer l’équipe de France. » Yannick Bokolo peut chiper la place de Steed Tchicamboud, Mike Pietrus celle de Charles Kahudi mais absolument rien n’est acquis.

« Ce serait un pari très risqué de changer l’équipe de France. »

La principale menace de Rodrigue Beaubois ? Son président, Mark Cuban.

Déjouer la zone Sauf forfait(s), ces anciens cadres devront refaire leurs preuves, s’ils ont la chance d’être appelés dans le groupe des 16 ou 17 qui commencera la préparation à partir du 11 juin à l’INSEP. En effet, la concurrence est rude et Vincent Collet pourrait opter pour des combos, tel Fabien Causeur, meilleur marqueur de la saison régulière d’Eurocup et MVP français de Pro A en puissance. « Depuis le Mondial 2010, il a pris une autre dimension », a indiqué Vincent Collet à son sujet dans L’Équipe, « On n’a pas assez de joueurs au profil Euroleague, capable de maîtriser ce jeu-là, il l’est devenu aujourd’hui ». Débarrassé de ses pépins physiques, Rodrigue Beaubois conserve également l’attention du sélectionneur. « Il serait un sélectionnable évident, s’il n’y avait pas les menaces de Mark Cuban », déclarait-il l’an passé. Le joueur des Mavs apporterait un zeste de folie en attaque sur les deux postes arrières. Une sorte de joker offensif à la Ali Traoré, toujours précieux pour débloquer certaines situations, par exemple sur les zones adverses. Souvenons-nous des difficultés des Bleus face à la zone grecque en quart-de-finale de l’Euro. « Jouer contre une défense de zone, c’est une autre philosophie (qu’en NBA) », prévient Erman Kunter. « Il faut travailler, il y a des choses qu’il ne faut pas faire. » À voir si des joueurs habitués au jeu NBA (Beaubois, Pietrus) seront plus utiles que des joueurs au profil plus FIBA (Bokolo, Causeur). Et plus utiles, surtout, que le quatuor déjà en place. l

Glenn James/NBAE via Getty Images

LES TAULIERS : Nicolas Batum (2,03 m, 24 ans, Portland,

NBA), Nando De Colo (1,95 m, 25 ans, Valencia, Espagne) et Mickaël Gelabale (2,00 m, 29 ans, Khimki Moscou, Russie). L’INCERTITUDE : Charles Kahudi (1,99 m, 26 ans, Le Mans) LES POSTULANTS : Yannick Bokolo (1,88 m, 27 ans, Gravelines-Dunkerque), Fabien Causeur (1,93 m, 25 ans, Cholet) et Mickaël Pietrus (1,98 m, 30 ans, Boston, NBA). LA RELÈVE : Evan Fournier (1,97 m, 20 ans, Poitiers) et Pape Sy (2,00 m, 24 ans, Gravelines-Dunkerque).


DOSSIER ÉQUIPE DE FRANCE • MAXI-BASKET

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Brian Babineau/NBAE via Getty Images

Un joueur profilé NBA comme Mike Pietrus est-il plus utile qu’un autre habitué au style FIBA ?


MAXI-BASKET

3 - LES INTÉRIEURS

DES PIVOTS À FOISON !

PENDANT LONGTEMPS LE TALON D’ACHILLE DE L’ÉQUIPE DE FRANCE, LE POSTE DE PIVOT EST EN PLEINE RÉVOLUTION. À TEL POINT QU’IL NE SERA PAS SIMPLE POUR VINCENT COLLET DE CHOISIR ENTRE LES BIG MEN. EN REVANCHE, LE TABLEAU EST MOINS RELUISANT SUR LE POSTE 4.

«

Il va probablement falloir laisser un bon joueur sur le côté. Nous avons un problème de riches. » Le mois dernier dans Basketnews, Vincent Collet faisait ainsi allusion au vivier de pivots internationaux, absolument sans précédent. Qui l’eut cru ? Il y a 4 ans, à peine, les Bleus peinaient à trouver des big men d’envergure derrière Ronny Turiaf. Depuis les retraites des médaillés de Sydney et de Belgrade, Cyril Julian

LES HOMMES DE COLLET DEPUIS SA PRISE DE FONCTION EN FÉVRIER 2009, VINCENT COLLET A UTILISÉ 24 JOUEURS LORS DES TROIS CAMPAGNES DES BLEUS. DONT 19 EN MATCHES OFFICIELS. MICKAËL PIETRUS (44 SÉLECTIONS) ET RODRIGUE BEAUBOIS (0) N’ONT JAMAIS ÉVOLUÉ SOUS SES ORDRES. Joueur

Sélec.1 Sélec.2 Compétitions

Nando De Colo

53

68

Euro’09, Mondial’10, Euro’11

Boris Diaw

53

143

Euro’09, Mondial’10, Euro’11

Nicolas Batum

51

51

Euro’09, Mondial’10, Euro’11

Florent Pietrus

51

141

Euro’09, Mondial’10, Euro’11

Ali Traoré

48

48

Euro’09, Mondial’10, Euro’11

Tony Parker

35

117

Euro’09, Euro’11

Alain Koffi

32

36

Euro’09, Mondial’10

Mickaël Gelabale

32

69

Mondial’10, Euro’11

Andrew Albicy

31

31

Mondial’10, Euro’11

Yannick Bokolo

31

75

Euro’09, Mondial’10

Charles Kahudi

24

24

Euro’11

Ian Mahinmi

23

23

Euro’09, Mondial’10

Antoine Diot

23

23

Euro’09

Ronny Turiaf

23

87

Euro’09

Joakim Noah

22

22

Euro’11

Kévin Séraphin

21

21

Euro’11

Aymeric Jeanneau

15

56

Euro’09

Fabien Causeur

13

13

Mondial’10

Steed Tchicamboud

13

29

Euro’11

Edwin Jackson

12

12

Mondial’10

Alexis Ajinça

8

8

Johan Petro

7

25

Joseph Gomis

3

58

Abdoulaye Mbaye

3

3

Mamoutou Diarra 2 46 (1) Sélection sous Vincent Collet. (2) Sélections en tout. En rouge, les joueurs utilisés uniquement lors des matches de préparation

et Fred Weis, le poste était pratiquement déserté. Une carence mise en lumière à l’Euro 2009 au moment de jouer l’Espagne de Pau Gasol et au Mondial 2010, où les Bleus n’avaient pu rivaliser avec les centimètres et la puissance des Turcs. L’arrivée de Joakim Noah (2,11 m), l’un des dix meilleurs pivots NBA, a changé le paysage et les perspectives. Derrière Jooks, Kévin Séraphin (2,06 m, 127 kg) a démontré un niveau de jeu insoupçonné dès ses premiers pas chez les Bleus, puis lors de sa pige à Vitoria. Ali Traoré s’est épanoui dans un role de joker offensif et a affiché une sacrée rentabilité à l’Euro (7,1 pts en 11’). Ce trio tient parfaitement la route au niveau international. Sauf que la concurrence est rude. Vincent Collet compte toujours sur Ronny Turiaf (2,06 m), 87 sélections au compteur, cadre des Bleus depuis l’Euro 2007 et élément pratiquement indissociable du duo Parker-Diaw. Déjà présent en 2009 et 2010, Ian Mahinmi (2,10 m) est lui-aussi candidat. Son bon début de saison à Dallas parle pour lui.

Quatre pour deux places

Si Vincent Collet le voit actuellement comme une solution de rechange, le pivot des Mavs ne part pas battu d’avance pour les JO. « Il amène beaucoup d’ énergie, c’est un peu le registre de Joakim mais malgré tout, cela m’intéresse quand même. C’est une concurrence positive à mon sens », a indiqué Collet. Derrière Noah, indiscutable, ils seront trois NBA ers et un solide pivot d’Eurocup (15,5 pts et 7,3 rbds pour Traoré au Lokomotiv Kuban) à se disputer les places de deuxième et troisième pivot. Une richesse absolument sans précédent. Jean-Pierre de Vincenzi apporte un léger bémol. « Effectivement, le poste 5 est riche mais il nous manque peut-être le très grand, comme peuvent avoir certaines nations. » En effet, point de « sept pieds » chez les Bleus. Johan Petro (2,13 m, 26 ans, New Jersey Nets) et Alexis Ajinça (2,15 m, 24 ans, Strasbourg) n’ont pas (encore ?) su se rendre indispensable. L’équipe de France a appris à faire sans – et plutôt bien –, comme elle a appris à se passer d’ailier-fort shooteur (voir l’interview de Vincent Collet). Derrière le tandem de grognards, Boris Diaw-Flo Pietrus (284 sélections cumulées !), la relève peine à émerger au poste 4. Kim Tillie (ASVEL) et Adrien Moerman (Nancy) ont du talent, des qualités physiques et/ou athlétiques mais aussi des lacunes défensives rédhibitoires au niveau international. « Il n’est pas encore sûr de son registre défensif », concède Jean-Luc Monschau au sujet de son joueur « mais il a un profil de 4 moderne rare en équipe de France. Il peut ouvrir le jeu parce qu’il a une incroyable menace à 3-pts. Il faut garder Adrien à l’esprit pour le futur », préconise le coach du SLUC. Même si le moment n’est pas opportun pour les tester cette année, on peut parier sans risque que Vincent Collet observe attentivement la saison de ces deux « 88 ». Tout comme il surveille les Vincent Collet

« C’est une concurrence positive »

Ned Dishman/NBAE via Getty Images

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DOSSIER ÉQUIPE DE FRANCE • MAXI-BASKET

progrès d’un prospect de haut niveau, Joffrey Lauvergne (2,10 m), pas loin, à 20 ans, de réunir les qualités des deux précités. Grand, mobile, adroit et surtout vaillant, le Chalonnais a tout le package pour devenir le « 4 » de demain. Si les petits cochons ne le mangent pas… l LES TAULIERS : Boris Diaw (2,03 m, 30 ans, Charlotte, NBA), Florent Pietrus (2,01 m, 31 ans, Valencia, Espagne), Joakim Noah (2,11 m, 27 ans, Chicago, NBA), Ali Traoré (2,05 m, 27 ans, Lokomotiv Kuban, Russie). L’INCERTITUDE : Ronny Turiaf (2,06 m, 29 ans, Washington, NBA) LES POSTULANTS : Kévin Séraphin (2,06 m, 23 ans, Washington, NBA), Ian Mahinmi (2,10 m, 26 ans, Dallas, NBA) LA RELÈVE : Adrien Moerman (2,02 m, 24 ans, Nancy), Kim Tillie (2,10 m, 24 ans, ASVEL), Joffrey Lauvergne (2,10 m, 21 ans, Chalon), Alexis Ajinça (2,15 m, 24 ans, Strasbourg).

Kévin Séraphin a été détonnant avec les Bleus durant l’été 2011.

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DANS LES CARTONS DE LA FFBB

LE RETOUR DES A’ UNE PREUVE CONCRÈTE DE LA DENSITÉ DU RÉSERVOIR D’INTERNATIONAUX ? LA FÉDÉRATION ENVISAGE SÉRIEUSEMENT DE RÉACTIVER L’ÉQUIPE DE FRANCE A’, EN STAND-BY DEPUIS PRÈS DE 10 ANS. Le projet ne verra pas le jour cette année – les Jeux focalisent toute l’attention fédérale – mais plus sûrement l’an prochain, dans le cadre de la stratégie 2016 que va mettre en place la FFBB. La raison est toute simple. D’une part « une équipe de France en pleine maturité, qui peut encore tenir un certain temps (ndlr, 27 ans de moyenne pour les 12 médaillés d’argent à l’Euro) », explique le DTN et directeur des Bleus, Jean-Pierre de Vincenzi. Derrière, « des jeunes qui vont pousser, ce qui va créer progressivement un embouteillage. Les tout meilleurs vont y être et les autres vont être en attente. Il ne faudra pas les laisser sur le bas-côté. » Ces jeunes, ce sont ceux issus, pour leur majorité, des sélections « 20 ans et moins », multi-médaillés. Depuis trois ans, nos U20 sont systématiquement sur le podium européen (argent en 2009, or en 2010, bronze en 2011). Série à suivre cet été avec la très forte génération des 92 (Fournier, Westermann, Gobert, Labeyrie…). Sans oublier la génération dorée des « 88-89 », celle de Nicolas Batum et Antoine Diot, championne d’Europe junior et médaillée de bronze au championnat du monde U19, dont certains membres frappent à la porte des Bleus (Jackson, Mbaye, Moerman, Tillie, Vaty…). Tous ceux enfin passés entre les mailles des filets fédéraux, et/ou ayant progressé sur le tard.

« C’est très riche d’enseignements »

« Ces dernières années, il n’y avait plus ce besoin-là et on avait arrêté cette équipe A’ », justifie JPDV. La dernière expérience date de 2003. Cette année-là, les A’ avaient participé à un tournoi en Italie et fait une tournée aux États-Unis. En 2002, Alain Weisz avait dirigé cette équipe. Les A’ de Ronny Turiaf, Tariq Abdul -Wahad, Florent Pietrus, Patch Morlende ou encore Bill Phillips avaient battu la Nouvelle-Zélande, demifinaliste du Mondial. L’ancien sélectionneur ne voit que des avantages à réactiver cette équipe. « Cela permet d’envoyer un message aux jeunes joueurs : Les gars, vous n’y êtes pas cette année, mais vous êtes le futur. Deuxièmement, c’est très riche d’enseignements. Ce n’est pas du tout la même logique de jouer des matches internationaux que des matches de championnat. » Même son de cloche chez Vincent Collet : « Faire des compétitions et se confronter à un niveau d’exigence plus important, c’est forcément formateur et matière à progrès pour les joueurs concernés. » L’avantage d’une équipe A’, sans compétition à préparer, est d’offrir une certaine souplesse de calendrier et ainsi de se calquer facilement sur la préparation des autres équipes nationales. « Il serait intéressant qu’ils jouent des équipes nationales de renom et qu’ils puissent s’évaluer par rapport à ça », dit Weisz. L’occasion de tester grandeur nature des jeunes prometteurs – moins de 25 ans pour la plupart – dans un contexte relevé, de préparer le terrain en quelque sorte, et de découvrir pour certains le manière de fonctionner d’une équipe nationale. « On peut être surpris dans un sens ou dans un autre. On sait où sont les forts joueurs mais une équipe n’est pas composée que de cela. L’équipe de France, c’est évidemment être bon mais après c’est la capacité à être bon sur des courtes périodes, à être utile et à partager. »

« Cela permet d’envoyer un message aux jeunes joueurs »

Meneurs :Thomas Heurtel (1,86 m, 89, Caja Laboral), Léo Westermann (1,98 m, 92, ASVEL) Arrières : Edwin Jackson (1,90 m, 89, ASVEL), Abdoulaye Mbaye (1,89 m, 88, Strasbourg), Pape Sy (2,00 m, 88, Gravelines-Dk). Ailiers : Rudy Jomby (1,96 m, 88, Gravelines-Dk), Evan Fournier (1,97 m, 92, Poitiers). Intérieurs : Adrien Moerman (2,02 m, 88, Nancy), Kim Tillie (2,10 m, 88, ASVEL), Joffrey Lauvergne (2,10 m, 91, Chalon). Pivots : Alexis Ajinça (2,15 m, 88, Strasbourg) et Ludovic Vaty (2,06 m, 88, Gravelines-Dk).

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Ned Dishman/NBAE via Getty Images

Les principaux candidats à l’équipe de France A’


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Ali TraorĂŠ, le parfait joker offensif.


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Vincent Collet

« Cette année, l’objectif n’est pas de renouveler » AVANT DE S’ENVOLER POUR LES ÉTATS-UNIS EN COMPAGNIE DE PATRICK BEESLEY POUR RENDRE VISITE AUX NBAERS FRANÇAIS (EN FAIT PARKER, NOAH, DIAW, BATUM ET TURIAF), LE SÉLECTIONNEUR NOUS A LIVRÉ SON SENTIMENT SUR LA QUALITÉ DU RÉSERVOIR 2012. Le réservoir actuel est-il inédit dans l’Histoire des Bleus ?

Ce qui le rend inédit, c’est le caractère exceptionnel de nos joueurs leaders qui ont un rôle dominant en NBA, la meilleure ligue au monde. Bien sûr, on a Tony Parker, qui est dominant depuis un moment. Boris également. Mais sur le dernier Euro, on a vu l’émergence de Batum et l’arrivée de Joakim Noah. Cela nous fait quatre joueurs qui ont un rôle majeur dans leur équipe NBA. En quantité, je ne suis pas sûr. Oui, le réservoir est important mais cela fait un moment déjà qu’il est important. Nos équipes de jeunes sont performantes depuis des années. À chaque génération, il y a des potentiels éventuels pour l’équipe de France. Après, il faut confirmation. Il faut mesurer aussi ce qu’est le niveau de la compétition internationale, pour se rendre compte de qui est vraiment candidat et qui ne l’est pas. On peut être performant en championnat de France. L’être au niveau international c’est autre chose. Le décrochage des clubs français par rapport à l’Euroleague est réel. Le niveau international, c’est le top niveau de l’Euroleague, au minimum le Top 16. Or, on n’a pas beaucoup de joueurs qui peuvent jouer à ce niveau-là.

Quid de la relève après Tony Parker ?

On parle de Tony Parker, le meilleur joueur de tous les temps. Il faut mesurer ce qu’on dit. On risque d’attendre un petit moment avant de le remplacer. Après, qu’on ait des joueurs au niveau de l’équipe de France, sans aucun doute. Il y a des très bons joueurs. Andrew Albicy progresse de façon très marquée, il est vraiment dans la bonne direction, c’est forcément une relève. Rodrigue Beaubois aussi montre des choses. Derrière, Westermann évolue cette année. Mais l’après Tony, il faudra quand même le gérer. Cela sera une autre histoire.

« L’après Tony, il faudra quand même le gérer »

Le poste 5 n’a jamais été aussi riche…

Oui, cela fait quand même quelques années mais c’est une chance. On a des joueurs qui, pour le coup, ont le niveau international. En tous cas, ce sont des profils physiques, athlétiques qui peuvent tenir la marée. En plus on a quelques autres joueurs dans un registre différent qui sont très complémentaires. On l’a vu l’année dernière avec Ali Traoré au championnat d’Europe. On a plusieurs intimidateurs. Joakim et Ronny étant bien sûr les fers de lance. L’émergence de Ian Mahinmi cette année en NBA va aussi dans ce sens. Kévin Séraphin a montré des choses intéressantes et il y en a encore quelques autres derrière. C’est clairement une situation nouvelle. On n’a pas d’intérieur à profil vraiment offensif, même si Séraphin a montré des choses, mais cela reste à confirmer. Joakim met des points en ce moment de façon plus régulière, c’est plutôt intéressant. (13,1 pts sur ses 14 derniers matches avec les Bulls au moment de l’interview).

La génération des 88-89 commence-t-elle à pousser à la porte de l’Equipe de France ?

Oui, c’est une réserve de toute évidence. Après, il y a encore les générations suivantes. Les 90 ont été champions d’Europe des moins de 20 ans. Même s’il y a moins de joueurs dans cette génération, il y a quand même Andrew Albicy qui est dominant et quelques autres intéressants. Il y a aussi les 92. C’est bien pour l’avenir mais il ne faut pas précipiter. On n’est pas dans une année où l’objectif est de renouveler. Ce sera plus à partir de l’année prochaine. Pour ces générations-là, il faudra encore franchir un cap pour être aussi dominant que ceux qui y étaient précédemment. Ils sont jeunes, c’est tout le mal qu’on leur souhaite, de progresser encore pour y pénétrer de plain-pied dans cette équipe de France, et surtout pour y obtenir des résultats. l

À l’inverse, constatez-vous des carences sur d’autres postes ?

La France manque aussi de 4 shooteurs. Un poste important dans le contexte FIBA. Est-ce problématique ?

C’est forcément un problème puisque toutes les grandes équipes européennes en ont, alors que nous faisons sans depuis un moment. Les derniers passés en équipe de France avaient souvent d’autres lacunes qui étaient un peu rédhibitoires au niveau européen. Il y a quelques jeunes qui pointent le bout du nez, mais ils doivent progresser en défense.

Agenzia Ciamillo-Castoria/T.Wiendesohler/JF Molliere

On n’a pas trop de « 3 ». On a (Yakhouba) Diawara. Mike Pietrus un peu, mais il est plus un « 2 » très costaud. Dans les générations à venir, il n’y a pas beaucoup de 3 qui semblent avoir cette étoffelà. On manque d’ailiers costauds, dans le style de Ricardo Greer.


Jesse D. Garrabrant/NBAE via Getty Images

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DU CÔTÉ DE CHEZ • MAXI-BASKET 27

“ ” PAPE-PHILIPPE JE PEUX DONNER ENCORE PLUS DU CÔTÉ DE CHEZ…

AMAGOU

DEUX TITRES DE CHAMPION DE FRANCE AVEC DEUX CLUBS, UNE SEMAINE DES AS, UNE COUPE DE FRANCE, UNE MÉDAILLE D’ARGENT À LA CAN : UNE CARRIERE REMPLIE DE CHOIX, DE SUCCÈS ET DE FRUSTRATIONS. AVEC NATUREL ET SOURIRE, PAPE-PHILIPPE AMAGOU PARLE AVEC PLAISIR DE SES SOUVENIRS, DE LUI. RENCONTRE DANS LE LOBBY DE L’HÔTEL DE L’ÉQUIPE DE NANCY, QUELQUES HEURES AVANT LE QUART DE FINALE DE LA SEMAINE DES AS CONTRE CHOLET. Propos recueillis par Claire PORCHER, à Roanne Photos : Jean-François MOLLIÈRE


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MAXI-BASKET

CÔTÉ COUR

Tes premiers ballons J’ai commencé le basket à 12 ans, à Blois. Je faisais d’autres sports avant : rugby, karaté… Je touchais vraiment à tout. Mais mes trois sœurs faisaient du basket et un jour l’une d’elle m’a demandé de l’accompagner à l’entraînement. Une joueuse s’est fait mal, alors j’ai commencé à jouer. J’ai bien aimé. À 13 ans, j’ai été repéré pour aller dans un pôle espoir. J’allais toute la semaine à Tours et le week-end, je revenais pour jouer avec Blois en minimes France. J’ai appris ce que c’était de travailler dur. Quand je suis arrivé au Mans, je n’étais pas prêt physiquement, techniquement mais mentalement je savais déjà ce que je voulais et ça m’a permis de très vite passer un cap.

Le centre de formation au Mans Tout s’est enchaîné très vite : une année avec les cadets France, une avec les espoirs et à 17 ans, j’ai signé pro. J’ai pratiquement tout fait au Mans de ma vie d’adolescent à adulte. Mon bac, mon permis, la fac et pas mal de titres ! On avait une belle génération, de bons joueurs. On a gagné la Semaine des As, la Coupe et le championnat : plein de souvenirs avec des potes avec qui je suis toujours en contact. C’est d’importantes années au centre, où on se construit en tant qu’homme car on arrive assez jeune. Où on grandit, non seulement au niveau basket, mais dans la vie.

Vincent Collet J’ai d’abord travaillé avec Philippe Desnos, le directeur du centre qui m’a rapidement fait confiance. Ensuite, Vincent Collet, qui voulait vraiment s’appuyer sur le centre, ce n’est pas le cas dans tous les clubs. On était pas mal de jeunes à bosser : Alain Koffi, Yannick Bokolo, puis Jérémy Leloup, Aaron Cel, Nicolas Batum… On restait pour travailler des heures et des heures en plus des entraînements avec les pros. Il y a beaucoup de joueurs de ma promotion, celle un peu avant, un peu après, qui sous Collet ont réussi à faire une carrière.

les supporters étaient plus fatigués que nous ! Ils arrivaient torse nu, on se croyait à un match de foot. Une autre culture.

Roanne Je ne suis pas resté en Grèce. Déjà la 1ere année, il y avait des soucis de payement, donc je n’imagine même pas ce que cela aurait été alors que la crise pointait son nez ! Roanne m’a vraiment présenté un bon projet et je me suis laissé séduire par cette aventure. J’ai de bons souvenirs là-bas mais un peu mitigés. La 1ere année, on perd en demi-finale des playoffs, avec un peu de regret. Cela s’est joué sur des détails. La 2e année, l’équipe change complètement. J’avais trouvé cela un peu dommage de ne pas avoir pu garder le même groupe. Mais sur la 1ere phase, on finit 1er. Ensuite, on ne sait pas si c’est les coups du sort ou les mauvaises circonstances, mais K.C. Rivers part, (Alex) Gordon se blesse, Dylan Page aussi, Ricky Davis arrive en fin d’année. Finalement, ça gâche la cohésion, on perd cette 1ere place. On termine 5-6e, on n’a plus l’avantage du terrain et on perd en quart. Je me suis toujours fixé comme objectif de gagner un titre tous les 2-3 ans. Là, je n’ai rien gagné et on n’était vraiment pas loin à chaque fois. C’est une petite déception.

La Côte d’Ivoire Depuis 2008, je suis international ivoirien. Choisir une autre équipe nationale, c’était évident. De par mon poste de jeu, je me sentais barré. C’était évident que je serais plus important pour les sélections africaines que pour l’équipe de France. C’était l’opportunité de jouer pour un de mes pays d’origine, ma mère est sénégalaise et mon père ivoirien. Surtout que la loi qui venait de passer me le permettait puisque je n’ai jamais fait de match officiel avec les A. Ce qui était difficile, c’était de faire le choix entre les deux, entre son père et sa mère tout simplement. Mais mon père est décédé. J’ai discuté avec ma mère, elle m’a dit : « pour rendre hommage à ton père, tu devrais jouer pour la Côte d’Ivoire ». Je n’ai pas regretté mon choix par la suite, parce qu’on a eu de bons résultats.

“ J’AI PRATIQUEMENT TOUT FAIT AU MANS ”

Repères Né le 27 février 1985 à Maisons-Laffitte (78) Français • Taille : 1,85 m • Poste : Arrière • Clubs : Le Mans (2001-07), Nancy (200708), Kavala Panorama (Grèce, 2008-09), Roanne (2009-11), Nancy (2011-…) • Palmarès : Champion de France en 2006 et 2008, vainqueur de la Semaine des As en 2006, Vainqueur de la Coupe de France en 2004, médaille d’argent au Championnat d’Afrique en 2009 • Stats 11-12 : 9,1 pts à 43 %, 1,7 rbd et 2,4 pds en 22 min et 19 matches

Nancy On avait gagné le titre l’année d’avant (en 2006). Ma dernière année au Mans, on avait joué l’Euroleague, une campagne qui s’était pas mal passée même si on n’avait pas réussi à accrocher le Top 16. J’avais besoin de partir pour grandir, pour acquérir autre chose. À Nancy, le coach et le président étaient bien intéressés. Ils avaient perdu trois finales de suite, il y avait énormément d’attente que cela soit la ville, les fans. En 2008, on a eu la chance de faire une 4e finale et cette fois c’était la bonne. Je suis arrivé la bonne année (rires) !

La Grèce En 2008, j’avais vraiment envie de voir autre chose. Je suis parti tenter l’aventure en Grèce (avec Panorama Kavala). C’était ma première expérience européenne. Je ne savais vraiment pas où je mettais les pieds. Agréablement surpris ! Je me suis fait énormément d’amis là-bas avec qui je suis encore en contact. Je me disais que c’était peut-être raciste, qu’ils n’aimaient pas trop les noirs. Et en fait, j’ai trouvé des gens formidables. Et la vie était vraiment plaisante, il faisait vachement plus chaud ! (rires) J’ouvrais les volets, je voyais la mer ! C’était énormissime pour le club car il venait de monter et on a failli faire les playoffs. C’était très enrichissant, j’ai trouvé un championnat totalement différent du français, technique et stratégique, beaucoup moins athlétique que la Pro A. (…) En terme d’ambiance, les fans, c’est tout simplement des fous ! (rires) À la fin du match,

Médaille d’argent à la CAN’09 On a fini vice-champion d’Afrique, qualifié pour le Mondial. J’ai fait une très bonne CAN, élu meilleur meneur du tournoi. J’ai découvert un autre basket, rien à voir avec ce que je pratiquais en club. Vraiment un basket très athlétique, très engagé, intense. Peut-être moins technique, moins stratège. C’était enrichissant. La Côte d’Ivoire avait rarement dépassé les quarts donc c’était vraiment important. Mais frustrant ! Parce qu’on perd de 6 points face à l’Angola, un match qu’on aurait dû mieux gérer. Mais quand même une belle aventure parce qu’on ne nous attendait pas là. On a réussi à sortir le Sénégal de Pape Sow, Boniface N’Dong… On a fait de belles perfs, on peut être content de nous.

Mondial 2010 J’avais fait de belles performances en préparation. Je sortais des playoffs avec Roanne où j’avais été bon. Je me sentais très bien. Et qu’est-ce-qui se passe ? Quelque chose qui m’arrive très rarement : je me blesse. Contre l’Australie, le denier match de préparation, 10 jours avant la compétition. Le championnat du Monde, en gros, je le regarde du banc. J’ai essayé au 2e match de jouer mais je n’étais même pas à 10%. Finalement, on a la qualification au dernier match, contre Porto Rico. Une double frustration : tu ne peux pas aider ton équipe et il manque un panier pour passer au tour d’après. Et non… Finalement, c’est la Chine qui passe. La CAN reste un meilleur souvenir mais ça fait toujours bien


DU CÔTÉ DE CHEZ • MAXI-BASKET 29 dans le CV ou pour le souvenir de se dire qu’on a fait le Mondial !

Jean-Luc Monschau J’ai une bonne relation avec lui. Quand je suis parti en Grèce après le titre en 2008, on a gardé le contact. Je suivais Nancy. Le fait que ce soit lui, ça a joué dans le fait que je revienne à Nancy. C’est un coach qui, sur ces dernières années, a prouvé qu’au haut niveau, il avait de très bons résultats. Cinq finales en 7 ans, deux titres. Ça pousse au respect.

L’après-Batum C’était un plaisir de retrouver Nico. Je n’avais pas joué avec lui depuis que je suis parti du Mans en 2007. On était ensemble au centre de formation. Cette saison, il a montré tous ses progrès, au championnat d’Europe et en Euroleague. Avec lui, on était premier, on était super bien. Il apportait une bonne dynamique au groupe. C’est un garçon facile à vivre, avec qui tout le monde s’entendait. Ce n’est jamais facile de remplacer un joueur comme ça, aussi important, surtout dans les systèmes de jeu de Nancy où le poste 3 est un élément déterminant. On a

essayé avec Kenny Gregory (…) Malheureusement, il n’a pas assez vite retrouvé son niveau qu’il avait donc on s’est séparé de lui. Bernard King est un joueur de qualité. Maintenant, on est dans une phase un peu difficile, on enchaîne de mauvaises performances. Mais en travaillant, il y a encore de bonnes choses à faire pour la suite de la saison.

Ton rôle cette saison Je sors d’une saison à Roanne où j’étais titulaire indiscutable, où j’ai fini 3e au vote du MVP français. Ce n’était pas ce que j’attendais en venant à Nancy. Maintenant je suis dans la position la plus facile : celle du joueur ! Je ne suis pas un garçon qui tergiverse beaucoup, je ne me prends pas la tête sur le terrain, j’essaie juste d’aider mon équipe le mieux possible. Je sors du banc, le coach me demande d’apporter un impact, en défense ou en attaque, d’être agressif. Je pense que sur pas mal de matches, j’ai réussi à remplir mon boulot. Mais je peux donner encore plus, je ne suis pas satisfait de moi. Pour être performant, il faut être un éternel insatisfait. C’est à moi de le montrer quand je suis sur le terrain. Je me tiens toujours prêt. J’espère toujours grappiller des minutes.

“ PAS UN GARÇON QUI TERGIVERSE BEAUCOUP ”


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MAXI-BASKET

CÔTÉ JARDIN

Un match Un match dont je suis fier… (Il réfléchit) C’est vraiment n’importe quoi mais je crois que j’avais 15 ans, avec mon équipe de Blois, contre Angers. J’ai mis mon premier dunk en match ! J’étais vraiment fier de moi ! Avec mon copain, on a arrêté de jouer tellement on était content.

Petit, tu rêvais d’être… Dans l’idéal, j’aurais voulu être acteur de cinéma, je regardais énormément de films, de karaté, d’arts martiaux, etc… Un acteur qui bastonne ! Sinon je rêvais d’être économiste ! À 10-11 ans ! Mon père était

vraiment un homme de chiffres et j’aimais déjà bien les maths.

Un jour sans basket Je reste chez moi, avec ma femme, mon fils. Tranquille, posé devant la télé. L’occasion de rester en famille, profiter d’eux parce que l’on est pas mal sur la route sinon.

Une expression favorite C’est un sac ! Quand on dit de quelqu’un qu’il est nul (rires).


DU CÔTÉ DE CHEZ • MAXI-BASKET 31

L’un ou l’autre • ► Bière ou vin Aucun des deux, je ne bois pas • ► Blonde ou brune Brune

Un film préféré

Un projet après le basket

25th Hour, La 25e heure en français.

Honnêtement je ne sais pas. On commence à y réfléchir mais y’a rien de définitif… Dans les affaires on va dire (rires) !

Un rituel Quand je rentre sur le terrain, je touche le sol avec ma main droite, à la présentation des joueurs. Et ensuite avec mes deux mains, je me touche le front et je touche ma poitrine gauche.

Un cinq idéal (Il réfléchit) Magic, Jordan, Pippen, Oscar Robertson et Wilt Chamberlain.

La NBA Jeune, j’étais plus NBA et maintenant de plus en plus Euroleague. En saison, je regarde plus d’Euroleague. Je me concentre vraiment sur la NBA en playoffs où il y a vraiment en très fort niveau. Je suis plus Chicago. J’aime bien Derrick Rose, tout ça.

Ce qui te fait rire Moi, je rigole énormément ! Beaucoup de choses me font rigoler, on me dit souvent que j’ai de l’humour, je rigole assez facilement.

Ton plus gros défaut Je garde beaucoup de choses pour moi. Je n’exprime pas assez mes sentiments parfois.

Le sport Il y a très peu de choses que je ne regarde pas : tennis foot, volley, hand… Franchement quand je tombe sur une chaîne de sport, je regarde. D’ailleurs, ça aussi on me le reproche, regarder trop de sport, voilà un autre défaut ! Après, il y a des sports que j’aime moins, comme le curling ! Ou si je tombe sur du billard, je change aussi de chaîne. Mais, dans l’ensemble, je suis vraiment très sport. Avant le basket, je pratiquais pas mal de trucs, des arts martiaux et du foot bien sûr. Je supporte le PSG et en Angleterre, Chelsea. C’est une grande saison pour le PSG. On l’attendait depuis longtemps celle-là, l’année du titre !

Sur ton Ipod

Ce qui te fait pleurer Je pleure très rarement… Je dirais la perte d’un être cher.

Je suis vraiment éclectique : de la musique africaine, du RNB, du rap, un peu de variété française, du Goldman de temps en temps, des groupes ivoiriens, pas mal de trucs… En passant du Lady Gaga à Youssou N’Dour, vraiment de tout !

“ JE RIGOLE ÉNORMÉMENT ”

Un endroit où vivre Au bord de la mer, au Sénégal, tranquille.

Ton denier gros achat

La culture africaine

L’année dernière j’ai changé de télé… (Il réfléchit) Sinon, j’ai acheté une A3 à ma femme !

Tes amis dans le basket J’ai des amis très proches dans le basket, d’autres un peu moins avec qui je m’entends bien. Tout le monde les connaît mes amis : c’est (Yannick) Bokolo, (Alain) Koffi… Des gens avec qui j’ai vécu des choses plus personnelles, au-delà du basket. C’est important d’avoir des amis proches, sur qui compter, d’avoir une famille autour de soi.

La culture africaine est très importante, omniprésente. Je ne passe pas deux ans sans partir en Afrique. J’ai énormément de famille là-bas, en Côte d’Ivoire ou au Sénégal. Ça fait du bien de temps en temps d’y retourner, voir les grands-parents, les cousins, etc. Je pense que plus on voyage, plus on voit de choses, plus on apprend. Je suis quelqu’un de très curieux, de pas mal ouvert. J’y retournerai toujours mais je crois que je vais arrêter d’aller uniquement au Sénégal ou en Côte d’Ivoire et voir d’autres pays en Afrique.

Trois personnes avec qui dîner

Un souhait pour ton anniversaire (le 27 février)

Dans l’absolu, je choisirais le prophète Mohammed, Einstein et Hitler. Je les verrais les uns après les autres, plus des têtes à têtes ! Pour savoir ce qu’ils avaient dans leur tête, discuter avec eux de leurs idées, par curiosité et soif de savoir.

Une bonne santé, de pouvoir profiter encore longtemps de ma famille et de mes proches. Je ne suis pas très fête alors ça sera traditionnel, gâteau, cadeau mais pas plus que ça ! l

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• ► Facebook ou Twitter Twitter • ► Euroleague ou NBA Kif-kif • ► Sucré ou salé Salé • ► Kobe ou Lebron Kobe, direct ! • ► Fromage ou dessert Dessert

Si tu étais • ► Un personnage de fiction Vegeta • ► Une chanson Everything I am, de Kanye West • ► Une odeur Un parfum délicat, très agréable, d’une senteur incroyable ! • ► Un animal Un guépard • ► Un plat Un tchep • ► Une boisson Du bissap

1. Kung Fu Friday 2. La 25è heure 3. Guépard 4. Lady Gaga 5. Youssou N'Dour 6. Derrick Rose 6


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MAXI-BASKET

EDWIGE LAWSON-WADE

(LATTES-MONTPELLIER)

« OH LÀ LÀ ! JE DONNE TOUT, SI JE TERMINE MES PROCHAINS MATCHES À ZÉRO POINT, JE T’APPELLE ! » S’IL N’EST PAS FACILE DE LA FAIRE PARLER DE SON JEU, LA MENEUSE DE LATTESMONTPELLIER A BIEN VOULU NOUS RÉVÉLER QUELQUES-UNS DE SES SECRETS. Propos recueillis par Florent de LAMBERTERIE

Ton geste favori ?

Je pense que c’est la pénétration, pénétrer à droite et terminer main droite. J’ai commencé le basket à cinq ans et depuis que je joue, c’est ce que j’ai préféré, c’est le geste que j’ai eu le plus vite.

Ton secret pour passer ton adversaire en un-contre-un ?

Je suis petite et je suis plus rapide sur les petites distances donc sur la pénétration, ça aide. Et puis j’aime bien utiliser le in and out dribble.

Ce que tu travailles le plus à l’entraînement ?

Il y a deux choses, le shoot à trois-points et le shoot en suspension. Quand j’étais aux États-Unis je faisais beaucoup de série de trois-points après pick and roll, sur des main à main, en mouvement, ou avec des mauvaises passes qui arrivent trop hautes ou dans les pieds. Maintenant j’ai ralenti parce que je suis un peu plus âgée mais avant je finissais toujours l’entraînement par 50 trois-points marqués. Je n’ai jamais compté mais si tout va bien, j’en loupe pas plus de trois ou quatre par série de dix.

L’arme que tu voudrais rajouter à ton arsenal ?

J’aimerais bien avoir un vrai crossover, ça c’est beau ! Je le fais de temps en temps et encore, je ne m’en rends pas vraiment compte, mais ce n’est pas un geste que je maîtrise comme certaines joueuses peuvent le maîtriser. Je fais des changements de main mais pas celui du crossover, généralement au-dessus ou dans le dos. Dans ce domaine, j’aime beaucoup ce que fait Chris Paul.

Tu es une excellente shooteuse de lancers-francs mais quel est ton record consécutif ?

Je n’ai pas de record parce que pour être honnête, j’ai un problème à l’épaule et je ne peux pas en faire beaucoup à la suite. Mais les lancersfrancs, je n’y passe pas tant de temps que ça. Pour moi, c’est mental, j’ai confiance quand j’arrive sur la ligne.

Tes shoots, tu préfères les prendre en sortie d’écran, après un dribble ou en catch and shoot ? Après dribble, en sortie de pick and roll.

Contre-attaque ou jeu placé ?

J’aime les contre-attaques. C’est plus intéressant, plus excitant. En WNBA, il ne faut pas hésiter, quand tu as un shoot ouvert, il faut le prendre. En Europe, on aime plus réfléchir.

WNBA ou FIBA ?

J’aime bien les deux. En WNBA, parfois on axe trop sur les stars de l’équipe, ce sont souvent deux joueuses qui ont entre 20 et 25 shoots par match chacune, alors qu’en Europe c’est plus collectif. En WNBA on utilise aussi des systèmes mais les systèmes sont pour les stars, en Europe il y a des systèmes pour toute l’équipe.

Ta plus grande qualité défensive ?

L’interception. Pour ça, il faut savoir anticiper ce que va faire l’adversaire. Ça demande de bien les connaître mais ce n’est pas pour ça que je fais beaucoup de vidéos, ça fait un moment que je joue. Il y a aussi une partie d’instinct.

Pascal Allée/Hot Sports-LFB

Pour finir un match, trois-points de la gagne ou interception à la dernière seconde ?

Piquer le ballon à la dernière seconde, ça c’est exceptionnel ! Ça m’est déjà arrivé de mettre le trois-points de la gagne mais piquer le ballon, jamais.

« J’AIME LESUES » Q A T T A E R T N CO


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MAXI-BASKET

IN BED WITH PAPE SY

(GRAVELINES-DUNKERQUE)

LA RÉVÉLATION TOTALEMENT INCONNU IL Y A ENCORE DEUX ANS, PAPE SY A ÉCLATÉ AU GRAND JOUR EN REJOIGNANT LES HAWKS D’ATLANTA EN JUIN 2010, À LA SURPRISE GÉNÉRALE. UN AN PLUS TARD, LE VOILÀ CETTE FOIS À GRAVELINES, LOIN DES FASTES DE LA NBA MAIS OÙ IL CONTINUE DE SURPRENDRE. PAPE SY, L’UNE DES TRAJECTOIRES LES PLUS SPECTACULAIRES DE L’HISTOIRE DU BASKET FRANÇAIS. Reportage à Gravelines par Florent de LAMBERTERIE (texte) et Jean-François MOLLIÈRE (photos)


REPORTAGE • MAXI-BASKET 35


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MAXI-BASKET

M

ercredi 8 février, aux environs de 14 heures. Quelques collégiens tentent de braver le froid glacial qui sévit aux abords du Sportica en fumant des cigarettes. À l’intérieur du bâtiment, d’autres, moins téméraires, tuent les minutes en observant les quelques nageurs à travers les hublots de la piscine. Peu de monde, pas un bruit, si ce n’est celui des ballons que l’on entend rebondir au loin. L’entraînement des espoirs gravelinois commence à peine quand, soudain, la silhouette de Pape Sy surgit des vestiaires. La veille au soir, le BCM disait adieux à ses espoirs européens en s’inclinant à la maison contre Riga et Christian Monschau a donné sa journée à son effectif. Mais, comme son coéquipier Juby Johnson, Pape Sy a tout de même décidé de venir faire un peu de rab. Pourtant, avec un calendrier plutôt chargé, on aurait pu croire que le garçon en profite pour souffler. « Non, pas vraiment », tranche Pape Sy. « Quand on est basketteur, on est des compétiteurs, on a envie de jouer, de gagner, c’est un état d’esprit. Regarde l’été, tu vois

plein de joueurs de Pro A qui participent à des tournois, ils ne peuvent pas s’arrêter. On est tous pareil, c’est comme une drogue, on s’arrête une semaine et on se met à trembler. » Il est vrai que Pape Sy est tombé dedans très tôt. Fils d’un couple de basketteur et frère de Penda Sy, six fois sélectionnée en équipe de France, Pape aurait eu bien du mal à échapper à la balle orange. « On est une famille de basketteurs donc ça parle beaucoup de basket », reconnaîtil. La légende raconte que lorsqu’il était bébé, sa basketteuse de mère lui donnait les biberons durant les mi-temps de ses matches, à Loudéac, Côtesd’Armor. Là où Pape est né et a grandi. « J’y ai vécu jusqu’à 11, 12 ans, avant de partir en région parisienne. C’est vrai que ça fait un moment que je n’y suis pas retourné mais j’y ai toujours des liens, des liens assez forts parce que l’enfance, forcément on ne l’oublie jamais. Je me sens vraiment à fond breton. Mes parents étaient coaches à Loudéac et on allait très souvent voir le COB, le club de Saint-Brieuc. Ce qui est marrant c’est

« Le basket, c’est comme une drogue, on s’arrête une semaine et on se met à trembler. »

Avec son double mètre et ses qualités balle en main, Pape perfore les défenses à la pelle.


REPORTAGE • MAXI-BASKET 37 que Jean-Manuel Sousa y jouait à l’époque et je l’ai ensuite retrouvé au Havre, quand il était le coach du centre de formation. » Le basket, toujours le basket. Et ça continue.

« Je ne suis pas très console »

Vêtu d’un survêtement aux couleurs du club et d’une simple écharpe sombre, Pape a semble-t-il sous-estimé les températures. Mais la raison à cela est toute simple. À quelques mètres du Sportica, de l’autre côté de la rue, un étrange immeuble à la structure pyramidale se dresse. C’est là qu’habite Pape Sy, juste à côté de la salle. Au rez-de-chaussée, un appartement à l’aménagement sobre et discret, si ce n’est cette étagère à l’entrée où s’entassent plusieurs paires de baskets. Dans le salon, une impressionnante télévision, à côté de laquelle trônent plusieurs DVD et une console de jeu vidéo. Visiblement plus pour la déco que pour autre chose. « Contrairement à mes coéquipiers, je ne suis pas très console, je regarde beaucoup de films, de séries, mais je n’ai jamais été très jeux vidéo. » Pas de NBA Live ou de bataille endiablées sur Call of Duty pour Pape Sy, à la grande différence de ses amis basketteurs, tous plus ou moins accros aux jeux vidéo. En revanche, s’il y a bien une activité à laquelle Pape s’adonne volontiers, c’est la sieste. « Je suis très

« Chacun connaît son moment de lumière tôt ou tard. Il n’y avait pas de raison que je n’aie pas le mien. » sieste. En général, je fais des siestes de deux heures l’après-midi. » Un rythme quasi-monacal. « Moi je ne suis pas quelqu’un qui sort beaucoup », admet le joueur, pour qui vivre dans la petite ville de Gravelines ne pose visiblement pas de problèmes. « On est là pour le basket de toute façon, et on a un rythme assez soutenu, on n’a pas trop le temps pour les à-côtés. Et puis comme Gravelines est une petite ville, on peut facilement aller les uns chez les autres. Je suis quelqu’un qui aime bien être avec les autres, rigoler avec les copains. » Ce jour-là, un repas était prévu avec Yannick Bokolo et Juby Johnson mais Pape se contentera finalement d’un petit détour chez son voisin, Andrew Albicy. On est bien loin des fastes de la NBA. « En fait le contraste a été plus important quand je suis arrivé en NBA, c’est vraiment là-bas que je me suis dit que c’était un autre monde. Et puis ce n’est pas comme si j’avais été un

Repères Né le 5 avril 1988 à Loudéac (Côtes-d’Armor) Français

• Taille : 2,00 m

• Poste : Meneur/arrière

• Clubs : Le Havre (Pro A, 2004-10), Utah Flash (D-League, 2010-11), Atlanta Hawks (NBA, 2011), Gravelines-Dunkerque Pro A, 2011-12)

• Palmarès : champion de France Espoir 2007 et 2008

• Stats 2011-12 : 10,2 pts à 46,4% (44,1% à 3-pts), 2,4 rbds, 0,8 pd et 0,5 int pour 8,5 d’éval en 17 minutes (13 matches)


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joueur NBA qui n’avait jamais rien connu d’autre. » Ce serait même plutôt l’inverse. Car la NBA, rien ne le prédisposait à la connaître un jour.

Recalé à l’INSEP

Loin des clichés sur le prodige surdoué à qui tout a toujours réussi, le parcours de Pape Sy fut bien plus sinueux. Débarqué de sa Bretagne natale à Massy, dans l’Essonne, à l’âge de 11 ans, Pape a d’abord tenté d’intéger l’INSEP à la fin de sa première année cadet. Un premier échec. « À l’époque, je n’étais peut-être pas assez prêt, et puis il y avait déjà une très forte génération de 1988 », se souvient-il. « Mais on va dire que ça a été un mal pour un bien puisque le coach de l’époque, Richard Billant, m’a conseillé d’aller au Havre, club où il avait été coach par le passé. Il me disait que c’était un très bon centre de formation, que le suivi était sérieux. J’y suis allé et ça s’est bien passé. » Dans la pouponnière havraise, Pape Sy rejoint une génération espoir extrêmement prometteuse où gravitent Fabien Causeur, Rudy Jomby ou encore Romain Duport. Sous la houlette de Jean-Manuel Sousa, les jeunes havrais vont ravager le championnat espoir, remportant deux titres coup sur coup en 2007 et 2008. « Je me rappelle que le niveau était parfois bien plus élevé à certains entraînements que lors du match le samedi », se remémore Pape Sy. « L’année du premier titre, on ne perd qu’un seul match dans toute l’année, contre Gravelines, et je crois me souvenir qu’on ne le perd que d’un point. » Rapidement, les jeunes pousses intègrent les pros les uns après les autres. En 2007-08, Christian Monschau, alors en poste au STB, le fait rentrer cinq fois sur les parquets de Pro A. Sa carrière semble lancée mais un contretemps va venir perturber tout cela, à l’orée de la saison suivante. « J’avais fait une très bonne présaison, je me sentais très bien dans l’équipe et j’ai eu un bout de cartilage qui s’est décroché au niveau de mon genou. Je venais juste de signer mon premier contrat pro et j’ai dû me faire opérer. C’était un très mauvais moment pour se blesser. » Alors qu’il voit ses copains prendre leur envol, Pape ronge son frein sur le côté, ne participant qu’à un seul match avec les pros. En 2009-10, enfin, alors que Fabien Causeur est déjà parti à Cholet et que Rudy Jomby

est devenu une solide rotation, le petit Breton signe une saison complète. Dans un rôle de back-up derrière J.J. Miller, il terminera à 5,2 pts en 14 minutes, au sein d’une équipe havraise qui ne décroche qu’une très modeste 13e place au classement. En somme, à 22 ans, son CV est encore loin d’être reluisant.

« On veut te drafter »

Son nom est encore méconnu mais, en coulisses, il commence à circuler. Le 1er mai 2010, pour l’avant-dernière journée du championnat, plusieurs scouts NBA sont venus superviser Kevin Séraphin, l’étoile montante du basket français dont l’équipe de Cholet se déplace ce soir-là aux Docks Océane. Parmi eux, un émissaire envoyé par Atlanta repère ce meneur capable de porter le cuir à une vitesse folle malgré sa grande taille. « Je l’ai su à la fin du mois de mai », nous détaille le futur drafté, qui n’avait même pas été retenu pour le camp de Trévise réservé aux meilleurs prospects cette année-là. « Je me suis préparé un petit peu aux États-Unis, à Miami avec un coach. Ensuite, direction Atlanta pour deux jours où ils m’ont demandé de leur montrer ce que je savais faire. » Sans pression aucune, Pape fait admirer son potentiel qui, visiblement, séduit beaucoup en Géorgie. À l’issue des deux jours, Rick Sund, le GM d’Atlanta et Larry Drew, le tout nouveau coach de la franchise convoquent le frenchy dans leur bureau. « On veut te drafter au deuxième tour », lui disent les deux hommes. Fort de cette promesse, Pape Sy et son agent déclinent même la proposition de Milwaukee, qui souhaitait aussi superviser le jeune Français. Les Hawks tiendront parole et sélectionneront Pape Sy en 53e position de la draft 2010. Une immense surprise pour un joueur complètement sous le radar, qui ne compte d’ailleurs qu’une seule campagne en Bleu, à l’Euro Espoirs de 2007 où il n’était que le 9e temps de jeu de l’équipe. « Je n’ai jamais pris le fait que mes coéquipiers passent devant moi et soit plus mis en lumière comme un défaut, jamais », dit-il avec philosophie. « Chacun connaît son moment de lumière tôt ou tard et moi j’ai toujours continué à travailler. Il n’y avait pas de raison que je n’aie pas le mien. »

« L’équipe de France, je mentirais si je disais que je n’y pense pas. »

Petite sieste récupératrice avant d’aller tailler le bout de gras chez Andrew Albicy, qui reçoit chez lui avec des pantoufles Bart Simpson aux pieds.

En playoffs contre les Bulls

La NBA s’offre alors à lui mais Pape Sy n’est pas encore au bout de ses peines. Bien qu’il ne bénéficie pas de contrat garanti, les Hawks comptent sur lui dès à présent, mais


REPORTAGE • MAXI-BASKET 39 le club du Havre, avec qui Pape est encore lié, demande compensation financière pour laisser partir un joueur qu’il a formé. Et plus que les 100.000 dollars proposés par Atlanta. S’engage alors un bras de fer de plusieurs semaines entre les deux clubs, qui finissent par se mettre d’accord sur un montant inconnu. Mais aujourd’hui encore, Pape garde des rancœurs envers son club formateur et cela a joué au moment de choisir une équipe pour son retour en France. « Qu’ils ne me laissent pas partir alors que la NBA me tendait les bras, j’ai eu du mal à le comprendre, c’est vrai », avoue-t-il calmement. « Ça a été un moment assez difficile pour moi. Je sais que c’est compréhensible qu’ils veuillent leur part du gâteau vu tout ce qu’ils avaient fait pour moi mais au-delà de tout, je voulais aller en NBA. » L’odyssée ne s’arrête pas là puisque quelques jours avant le début du training camp des Hawks, Pape se bloque le dos et doit faire l’impasse sur toute la préparation. Au moment où la saison redémarre, les Hawks décident de l’envoyer se refaire la cerise en D-League, aux Utah Flash. Loin, très loin du rêve américain. « J’ai eu un choc. C’est loin de la NBA, loin de la Pro A, c’est autre chose. Le jeu est complètement individualiste et je n’avais jamais été habitué à jouer comme ça, nulle part. » Ses stats (8,0 pts à 42% en 22 minutes) traduisent ce mal-être mais le garçon s’accroche et, une fois remis physiquement, les Hawks le rapatrient vers la maison mère. Il disputera finalement son premier match NBA le 8 avril 2011 contre Indiana et terminera la saison avec sept capes au compteur, pour sept défaites, dont quatre en playoffs face à Chicago. « Le truc qui est frustrant c’est de ne pas avoir fait une saison complète, avec un temps de jeu, même minime », regrette-t-il. « J’en ressors grandi parce que c’est quand même une expérience mais c’est clair que j’aurais vraiment voulu faire une année complète. » Il n’en aura plus l’occasion.

« Envie de m’éclater »

À l’été 2011, la menace du lock-out a été mise à exécution. Sans contrat et sans aucune garantie, Pape se retrouve sans club, sans rien. Christian Monschau, l’homme qui lui a offert ses premières minutes en Pro A et avec qui le courant était bien passé propose au joueur de venir s’entraîner à Gravelines, le club où « Kiki » officie. Pape accepte, avant de signer un contrat avec le BCM pour la saison. La Pro A découvre alors un nouveau joueur, un combo guard de deux mètres qui n’a plus rien à voir avec le jeune meneur remplaçant aperçu au Havre

deux ans plus tôt. Un joueur rapide, athlétique, aussi à l’aise à la mène que sur le poste de deuxième arrière et qui démontre une étonnante faculté à scorer beaucoup de points en très peu de temps de jeu. 25 points à 8/11 en 20 minutes contre Pau, 19 en quinze minutes à Nanterre, 21 points en 20 minutes face au Mans, Sy éclate au grand jour au sein d’un BCM qui ravage la Pro A. Une métamorphose, à la limite de l’irrationnel. « On a souvent l’impression qu’en NBA, ils ne s’entraînement jamais, qu’ils ne font que des matches, j’ai même entendu que ça ne défendait pas », avance Pape en guise d’explications. « Alors que c’est un autre monde. Déjà, il n’y a pas de jours off comme je peux en avoir avec Gravelines. C’est vraiment tous les jours, il n’y a pas de dimanche. Et puis il y a aussi cette notion d’efficacité. J’ai côtoyé des joueurs comme Jamal Crawford, Joe Johnson ou Al Horford, ils sont vraiment efficaces. Le jeu va vite, très vite même, mais tu n’as pas trop d’erreurs au niveau de la qualité de tir, des passes. Ce sont des choses basiques mais qu’ils savent très bien faire, c’est ça qui leur permet de jouer aussi vite. De la NBA on ne voit que les matches mais derrière ça il y a énormément de travail. C’est pour ça que même si je n’ai pas beaucoup joué, j’ai beaucoup travaillé à côté. Et une telle expérience te donne de la confiance, j’ai envie de montrer toutes ces choses qu’on ne me pensait peut-être pas capable de faire. Après une année sans temps de jeu, on a envie de faire une année complète, de s’éclater sur le terrain, ça m’avait vraiment manqué. » Désormais connu de tout le basket français, Pape Sy ne compte pas s’arrêter là, et souhaite continuer sur sa lancée. Qu’importe si l’allerretour express aux États-Unis à la fin du lock-out n’a débouché sur rien et qu’importe si depuis son retour, le joueur semble peiner à retrouver toutes ses sensations, Pape a toujours des objectifs élevés. Le retour en NBA à terme, bien évidemment, mais aussi l’équipe de France et son maillot bleu, que Pape se verrait bien enfiler. « Je mentirais si je disais que je n’y pense pas », reconnaît-il sans fausse pudeur. « L’équipe de France, ça fait rêver, surtout avec les JO. Maintenant, je pense que la route est encore longue, il faut que je continue à bien jouer avec Gravelines. Après, pourquoi pas. » Les places seront chères pour cet été et, vierge de toutes sélections, il ne partira sans doute pas favori. Mais pour ce qui est de surprendre, Pape Sy s’y connaît. l

Bien que doté d’un joli jump, Pape reconnaît lui-même qu’il peut encore faire des progrès dans ce domaine.



REPORTAGE • maxi-basket 41

Minute par minute

LES DESSOUS DES AS

Une Semaine des As, c’est chaque année huit équipes, sept matches, quatre jours de tournoi et son condensé de rebondissements, joies, peines, frustrations, tensions, grandes décisions ou petites phrases. L’édition 2012, la dernière en Province, n’a pas manqué à ses obligations. Jour après jour, retour dans les coulisses d’une semaine toujours un peu particulière.

• Steed Tchicamboud se dit qu’il a vraiment eu raison de revenir à Chalon !

Jean-François Mollière

Reportage à Roanne parJérémy BARBIER (texte), Pascal ALLÉE, Hervé BELLENGER et Jean-François MOLLIERE, (photos).


maxi-basket

H.Bellenger/IS, P.Allée/Hot Sports, J.F. Mollière

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Jeudi 16 février

GROSSES COLÈRES 17h55 Un peu plus de deux heures avant l’entrée en piste de la Chorale, Le Mans et Orléans ouvrent le bal devant une salle déjà bondée. Désertée dans les gradins de Pau il y a un an, la Semaine des As est de nouveau promise au succès public. « C’est un peuple de basket qui est là à 18h même quand ce n’est pas Roanne qui joue », nous expliquera Philippe Braud un peu plus tard dans la soirée. « Ils seront là pour les quatre jours, c’est certain. » Avec 20.007 spectateurs comptabilisés, Vacheresse relooké établira en effet la 2e marque des affluences (21.671 pour Nancy’07) et le record du taux de remplissage de la compétition (99,4%, 3 jours à guichets fermés), une belle conclusion avant que le tournoi ne parte prendre ses habitudes en région parisienne probablement dès la saison prochaine. 19h55 Orléans avait une belle tête de vainqueur, le MSB était un peu mieux préparé. « Ils ont bien joué dans le 4e quart et ont été plus agressifs », nous concède Yohann Sangaré sans trop y croire. Le meneur orléanais a autre chose sur le cœur. « J.D. s’était déjà plaint de l’arbitrage quand on les avait battus. Là, tout le match, il n’a pas arrêté. Depuis le début du match il n’a fait que pleurer. Tout le match, quand on remonte la balle, on l’entend parler aux arbitres. » 20h08 « Dans la mesure du possible, ça va. » Antoine Diot tente de faire bonne figure mais depuis deux jours, le meneur a regagné l’infirmerie pour une durée indéterminée. Problème de dos, encore. « J’ai de nouveau une hernie. Je ne suis pas tombé des nues en apprenant le diagnostic car j’avais plus ou moins les mêmes douleurs. » De retour à la compétition depuis un mois, il n’a officié que quatre matches en Pro A. Il ne sait pas quand il pourra revenir, ni même s’il le fera cette saison. « J’aurais évidemment aimé participer à cette semaine en particulier mais au moins, je suis avec l’équipe. Cela me fait du bien d’être ici. » 21h40 À la hauteur de « son » évènement pendant vingt minutes, la Chorale explose en vol après la reprise. Le BCM qui prend la tête et une technique sifflée à Luka Pavicevic font bondir Emmanuel Brochot de son siège. Le président de la Chorale pénètre un bon mètre sur le terrain près d’Eddie Viator avant qu’un officiel ne l’accompagne vers l’issue la plus proche. L’ambiance se crispe. Dans les entrailles de « sa » salle, le prési en colère se soulage. « J’ai remis par écrit mes démissions à l’UCPB et à la ligue », peut lire tout Roanne le lendemain matin dans les colonnes du Progrès. « J’arrête tout le basket en fin de saison, la Chorale aussi. » 22h00 Assis à proximité de la rédaction de Maxi-Basket, le

directeur du scouting international des Phoenix Suns, Kornel David, scrute avec attention les prospects de cette première journée. Le premier Hongrois de NBA, ancien de la SIG, répètera à voix haute les noms d’Andrew Albicy et de Pape Sy chaque fois que les deux gravelinois marqueront. Plus tard dans la soirée, il s’étonnera de l’envergure déployée par Rudy Gobert. 22h15 Le buzzer n’a pas encore fini de sonner quand le président du club des supporters de la Chorale se rue sur le terrain en direction de Nicolas Maestre, troisième arbitre de la soirée. Sans l’interception autoritaire de Clément Troprès, responsable communication de la LNB, l’image d’un officiel bousculé par un fan en colère aurait peut-être été la seule à retenir en 2012. 22h40 « On ne défend rien, on a toujours tout à conquérir. » Christian Monschau répètera plusieurs fois cette phrase pendant la compétition. Le BCM, champion en titre et favori à sa propre succession, souffle un bon coup, le traquenard tendu par l’équipe hôte n’a pas fonctionné. Les co-leaders de Pro A, en vrac en première mi-temps (21-31), se sont finalement fait plaisir. « Mais on ne peut pas se permettre de commencer nos autres matches comme ça », prévient Andrew Albicy. 22h50 La tournure des évènements accentue un peu plus le malaise devant la porte du vestiaire de la Chorale. « Tout Roanne était derrière nous et c’était quelque chose de nouveau ces dernières semaines », commente Philippe Braud. Le shooteur attend la vidéo du match mais livre à chaud son premier avis. « Les fautes sifflées contre nous y étaient mais la défense de Gravelines était très agressive. Eux avaient le droit, nous un peu moins. Alors je ne sais pas si c’est le privilège du premier du championnat. Il ne faut non plus pas se cacher derrière ça pour passer pour des victimes car il faut quand même avancer. » La Chorale n’a jamais paru aussi mal en point. « On va voir si on peut rebondir ou pas », soupire Thomas Larrouquis en quittant déjà Vacheresse. Vendredi 17 février

LONDRES S’INVITE À LA FÊTE

16h45 À cinq mois des Jeux et leur cérémonie d’ouverture, l’échéancier des sélections nationales s’accélère. Jean-Pierre Suitat, Jean-Pierre De Vincenzi, Vincent Collet et Patrick Beesley sont venus dévoiler les programmes de préparation des équipes de France. « On a très sincèrement essayé de les produire sur le territoire français, c’est une vraie nouveauté », se réjouit le président de la FFBB. « Parce que c’est l’équipe olympique et parce qu’elle le vaut bien. » Les Bleus joueront 10 de leurs 11

• Antoine Diot : « Ça me fait du bien d’être ici. » • Emmanuel Brochot souffle sa colère dans l’oreille d’Eddie Viator. • Un spectateur – presque ­– anonyme : Jean-Denys Choulet, ex-coach de la Chorale. • Jean-Pierre Siutat et Vincent Collet annoncent que les Bleus joueront 10 de leurs 11 matches de préparation devant leur public. • Taylor Rochestie regrette son départ précipité.


REPORTAGE • maxi-basket 43

matches de préparation devant leur public : l’Italie à Pau et Boulazac (27 et 28 juin) pour commencer. Puis la Côte d’Ivoire à Toulouse (29 juin), la Grande-Bretagne du côté d’Orléans (7 juillet), la Belgique à Gravelines (12), la Biélorussie à Liévin (13) et des retrouvailles alléchantes avec l’Espagne sur le parquet de Bercy (15) avant le test habituel du tournoi de Strasbourg (2123 juillet avec Australie et Brésil). Copieux ! Au bout de cette tournée, ce sera Londres et un objectif olympique assumé. « On rêve d’une médaille pour les garçons et pour les filles si elles se qualifient. » Vincent Collet approuve l’ambition de son président mais n’oublie pas d’évoquer l’ogre unanime qui débarque pour le 20e anniversaire de la Dream Team. « J’ai eu le plaisir de manger hier avec deux scouts NBA et quand je disais que les Espagnols rêvent secrètement de battre les Américains aux Jeux Olympiques, ils m’ont quand même rigolé au nez. Pour eux, c’est complétement inconcevable. Derrick Rose, Kobe Bryant, Dwyane Wade, LeBron James, Dwight Howard, Blake Griffin dans la même équipe… Il faut aller les voir de près. » Le sélectionneur aimerait d’ailleurs que cela arrive le plus vite possible. « Un peu à l’image des Jeux en 2000, ce serait pas mal d’être avec les Américains en poule. C’est l’assurance de les jouer, c’est déjà sympa. » 20h00 Chalon s’est fait peur contre Paris (-16 points) mais Chalon est passé. Il a tout de même fallu se dépouiller et Steed Tchicamboud, 39 minutes au compteur, termine lessivé. « On a toujours le tempérament pour réagir et revenir avec cette équipe mais ca nous a coûté beaucoup d’énergie ce soir. Cela s’est vu à la mène en fin de match, j’étais vraiment bien fatigué. » Pendant que Cholet et Nancy – ses deux anciens clubs – finissent de s’échauffer, le meneur de l’Élan livre sa préférence. « Vu ma fatigue, je n’aimerais pas me taper Linehan demain ! » Son souhait ne sera pas exaucé. 22h35 « On a eu de la chance, il en faut à ce jeu. » Jean-Luc Monschau n’avait plus passé le premier tour depuis 2008. Un tir osé de Jamal Shuler a repoussé Cholet et le signe indien. « La réussite s’est manifestée par ce tir à trois-points qui n’était pas le mieux préparé, le mieux placé, le plus ouvert mais il est rentré et ça nous change la vie. » Samedi 18 février

PAS DE QUARTIER ! 17h00 Le président de la LNB, Alain Béral, profite de sa semaine pour accélérer quelques-uns des dossiers en cours. La veille, il a parlé droits télé avec les représentants de son diffuseur actuel. « Cyril Linette (chef du service des sports de Canal+) est venu

jusqu’à Roanne pour nous rencontrer et voir la Semaine des As. On a vécu l’après-midi ensemble et une partie de la soirée pour parler de ces choses-là. Je peux vous dire qu’on a parlé ni d’euros ni de dollars mais de visibilité. On a parlé de ce que la ligue voulait faire de son produit basket. » Alain Béral veut créer un feuilleton continu « match des Champions-All-Star-Aschampionnat. » Les As et le match des Champions justement vont déménager. Le All-Star Game aussi. À Roanne, en réaction aux dernières volontés de l’Euroleague, les intérêts de la France sur les scènes européennes sont encore débattus. « Ils veulent jouer le vendredi et, à mon sens, ce sera le samedi dans trois ans. Ni nous, ni l’Allemagne, ni l’Espagne ne peuvent accepter ça car à des niveaux différents, ces pays ont de vrais championnats dont ils ont besoin pour passionner leur public. » Le président de la ligue attend de ceux de Pro A la confirmation de ne plus s’enrôler en EuroChallenge la saison prochaine. On ouvre aussi la réflexion pour l’Eurocup en préparant une alternative aux réformes de l’Euroleague. Une ligue européenne « Atlantique » est presque sur les rails. Six pays (France, Allemagne, Belgique, Angleterre, Pays-Bas, Portugal), plus ou moins seize équipes et une autonomie totale vis-à-vis de la compétition reine. « Ce qui nous permettrait peut-être de repartir dans une attitude vertueuse vers l’Europe pour ensuite accéder aux sommets de l’Euroleague qui, aujourd’hui, me paraissent bien hauts. » Un diffuseur et des partenaires ont apparemment déjà été dénichés. « Il faut trouver une porte », plaide Alain Béral. « On la prendra ou pas mais il faut au moins apporter une possibilité. » 20h00 « C’est un super tournoi, j’aurais voulu rester jusqu’au bout. » Encore en tenue de match, Taylor Rochestie est un peu sonné. MVP potentiel en Pro A et bourreau du même BCM sept jours avant les As, le playmaker du MSB a perdu tous ses moyens face aux meneurs nordistes. 3 points à 0/6 aux tirs, 2 d’évaluation, l’Américain a du mal à comprendre. « Je ne sais pas si on nous a vraiment laissé jouer notre jeu. » Andrew Albicy l’a particulièrement enquiquiné. « C’est la première Semaine des As pour moi et j’espère que cela va continuer comme ça », savoure l’ex du P.L. « Le plus important est d’aller au bout.» « Nous sommes vraiment une bonne équipe », glisse en partant le très avenant Juby Johnson, petit préféré des supporters du BCM pendant toute cette semaine. « Mais ce n’est pas encore terminé pour nous ! » 22h30 Battu de 40 points par Chalon -– écart record en Semaine des As – Jean-Luc Monschau tente de justifier l’inexplicable. De ce match à sens unique, il n’y a que la faillite du SLUC à retenir. Pape-Philippe Amagou fait plutôt un bon résumé. « Le basket, quand il n’y a rien en attaque et que tout est parfait de l’autre

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› › › côté, tu prends le bouillon. Un match comme ça a forcément des

conséquences, on espère qu’elles seront positives. » Le passage de JLM se termine quand le coach se prête à une confession des plus inattendues. « C’est peut-être ma dernière Semaine des As. » Sous contrat en Lorraine jusqu’en 2013, l’homme fort du SLUC imagine-t-il un départ anticipé ? À moins qu’il ne considère déjà que le SLUC 2012-2013 n’aura pas l’étoffe d’un As ? 22h40 La performance fait déjà partie des highlights de la compétition. 24 points en 22 minutes, 5 rebonds, 3 passes pour 31 d’évaluation, Blake Schilb a offert le plus beau solo de la semaine au public de Vacheresse. Dans le camp chalonnais, personne n’est plus impatient de jouer le remake de la finale 2011. « Un mot ? », commente l’Américain. « Revanche ! » Dimanche 19 février

CHALON EN VEUT PLUS

Hervé Bellenger/IS, Claire Porcher/BN

15h00 Dans la salle de restaurant d’un hôtel roannais, quelques centaines de sélections en équipes nationales se font face. Après sa traditionnelle Assemblée générale, l’Amicale des internationaux s’est réunie autour d’une bonne

table où nous retrouvons, entre autres, Stéphane Risacher, Isabelle Fijalkowski, Alain Gilles mais aussi Jacky Chazalon, présidente de l’Amicale et femme à l’honneur ce dimanche. Coupe de champagne à la main, Alain Gilles lui remet la Légion d’Honneur. Son petit speech est informel et inspiré. Il se termine par un baiser fougueux entre les deux anciens internationaux, 159 (Gilles) et 189 (Chazalon) sélections au compteur. « Je ne voyais pas ça autrement car je ne voulais rien d’officiel », sourit la présidente. « J’étais étonnée de recevoir la Légion d’Honneur maintenant parce que j’ai arrêté ma carrière il y a trente ans mais cela me faisait plaisir qu’Alain Gilles me la remette.» 18h30 Installés juste derrière la table de presse, les supporters des deux finalistes sont plus qu’échauffés. 150 Chalonnais ont fait le déplacement pour la finale et 1.500 autres suivent ensemble le match au Colisée. 24 inconditionnels du BCM sont restés sur le site du jeudi au dimanche. 20h10 Yannick Bokolo et Andrew Albicy tentent le tout pour le tout à longue distance. En vain ! Gravelines ne sera pas la première équipe à réaliser le doublé aux As. Surpris par la

• 24 inconditionnels du BCM ont suivi leurs chouchous jusqu’au bout. • Quand Alain Gilles, meilleur basketteur français du XXe siècle, honore la meilleure basketteuse française du même siècle.

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• 8 points dont un dunk puissant pour Ludovic Vaty au débit du Mans.


Pascal Allée/Hot Sports

REPORTAGE • maxi-basket 45

5 QUESTIONS À BLAKE SCHILB, L’AS MVP

« LE SENTIMENT DE REVANCHE NOUS A PORTÉ » T

u avais dit la veille de la finale que tout serait une question de revanche contre Gravelines…

Oui, nous avons obtenu cette revanche et c’est un sentiment très agréable. Gravelines a fait un très bon match, ils méritaient évidemment leur place. Je ne crois pas que nous avons joué de match plus dur et plus physique que cette finale des As. Ils savaient comment gagner car ils nous ont battus l’année dernière mais la différence, c’est que nous savions également ce qu’il était nécessaire de faire pour les battre. Ce sentiment de revanche nous a porté pendant tout le match et nous a poussé à ne jamais nous relâcher. Y a-t-il une rivalité entre vos deux équipes ?

Gravelines contre Chalon, cela commence surtout à être une histoire intéressante entre

les deux clubs, les fans et les gens qui suivent le basket. Ceci étant, je ne pensais pas à Gravelines pendant le tournoi. Il fallait déjà penser à Paris puis à Nancy. C’est déjà ton deuxième titre de MVP en France…

Le titre de MVP, les récompenses, ce n’est pas le plus important. Je ne m’en moque pas, c’est génial d’être MVP, mais il ne faut jamais perdre de vue que ce sont le coach et mes coéquipiers qui me mettent dans une position où je peux briller. Ils croient en moi, je crois en eux et c’est le plus important pour jouer un bon basket. Le plus grand honneur au sujet de ce titre de MVP est qu’il m’a été remis par Stéphane Risacher. C’est mon ancien coéquipier et quelqu’un qui a été très important pour moi lors de ma première saison à Chalon.

Le voir te remettre ce trophée, cela te permet de mieux mesurer le chemin parcouru depuis ton arrivée à Chalon ?

C’est certain. Je parle à Steph en dehors des terrains et j’essaie d’apprendre de ses expériences. Il m’a dit qu’à chaque fois que je recevrais une récompense il serait là pour me la remettre. Il était déjà aux As la saison dernière pour me remettre le trophée de joueur du mois. Pendant la finale, Greg Beugnot t’a plusieurs fois répété depuis le banc de te contenter de jouer. C’était un rappel nécessaire ?

(Il sourit) Il connaît ses joueurs et il me connait bien. Il me dit de faire les choses plus simplement, que c’est de cette manière que je joue le mieux. J’essaie peutêtre d’en faire un peu trop parfois et je me frustre. l Propos recueillis par J.B.


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Hervé Bellenger/IS

• Un superbe mano a mano, Tchicamboud/Bokolo.

volonté chalonnaise en début de rencontre, les champions en titre ne sont jamais repassés aux commandes. Depuis 2003, Chalon est déjà le neuvième club différent à ajouter les As à son palmarès (Pau, Dijon, Nancy, Le Mans, Roanne, Cholet, Villeurbanne, Gravelines). 20h20 Quelques maladresses en finale n’ont pas empêché un vote à l’unanimité. Des mains de Stéphane Risacher, son ancien coéquipier et mentor à Chalon, Blake Schilb reçoit son trophée de MVP, le deuxième après celui de Coupe de France en mai 2011. Vacheresse ovationne l’As des As comme il se doit. 20h30 La remise du trophée est tout juste terminée, Dominique Juillot enchaîne les accolades de félicitations sur le parquet. À Emmanuel Brochot, revenu dans les tribunes ce dernier jour, c’est lui qui glisse un message. « Il faut que tu restes ! » Quelques minutes plus tard, aux abords d’un vestiaire en fête, le président de l’Élan accepte d’étendre son propos. « On va tous dire la même chose sur la forme, je la regrette, mais une fois qu’on a dit ça, posons-nous les vraies questions ! On ne peut pas jouer sans les arbitres mais les arbitres ne peuvent pas jouer non plus sans un niveau de basket qui leur permet d’évoluer pour être compétitif demain en coupe d’Europe ou en championnat d’Europe. Parce qu’on a aussi besoin d’arbitres au plus haut niveau européen et mondial. On se tient par la main. Si on veut tirer la ligue et la fédération par le haut, c’est toutes les composantes qui doivent se remettre en cause. » 20h45 Gros bouchon provoqué par l’arrivée commune des dix champions chalonnais dans la zone préposée aux interviews. On y retrouve une dernière fois Steed Tchicamboud. Pour celui qui fut le troisième meneur des Bleus à l’Euro lituanien, l’épilogue des As contre le BCM du duo Albicy/Bokolo représentait un peu plus qu’une finale à gagner. « Je l’avais mis sur mon Twitter (ndlr : Ce soir c’plus k un match trop de chose entre en jeu si vs voyez ce ke je ve dire!!!!!). « Le coach m’a mis un peu la pression, on va dire ça, par rapport à mon opposant direct en équipe de France. Il m’a dit que j’avais beaucoup progressé et que maintenant, il

fallait que je sois présent dans les moments importants de la saison. Je savais que j’allais être là aujourd’hui. » Comme de coutume après ses victoires majeures, le gentleman cambrioleur de la Pro A a subtilisé la gonfle de la finale. Elle rejoint celle de la Coupe 2011 dans sa collection chalonnaise. « C’est une belle histoire. J’ai dit quand je suis revenu à Chalon que je revenais pour gagner des titres et on y est arrivé dès la première année. Nous en avons un autre aujourd’hui et je ne sais pas jusqu’où on va aller avec ce groupe. » Vu sa moisson ces derniers mois (Coupe, médaille d’argent, As) on suggère à l’Escroc qu’il serait peut-être temps de changer de surnom. « Non, parce que c’est encore une escroquerie. J’ai beaucoup joué pour le premier match mais je n’ai pas beaucoup joué en demi, le coach m’a préservé. Je sors un gros match aujourd’hui, c’est une petite escroquerie quand même. » 20h55 Cyril Akpomedah préfère presque en sourire. « Ils sont premiers du championnat et en plus, ils jouaient à domicile », pince l’intérieur en référence au soutien accordé par Vacheresse à l’Élan dès le vendredi soir. Vaincu aux As et éliminé en coupe d’Europe, le BCM va naturellement recentrer ses priorités. « La vie continue, la saison ne s’arrête pas maintenant. Il y a encore des choses à espérer gagner cette saison. » 21h05 « Chalon était incapable de gagner des matches comme ça l’année dernière. » Greg Beugnot est fier de ses hommes. Son groupe quasiment inchangé récolte les fruits d’un travail entamé il y a deux ans. « Ils savent écouter. Les entraîner, c’est notre plaisir au quotidien parce qu’ils y croient, parce qu’ils sont restés pour le plus beau trophée, et aujourd’hui, ils ont une récompense intermédiaire. » Intermédiaire ? Chalon, trois finales en douze mois, n’est pas rassasié. Begor, cinq finales de championnat derrière lui, confirme la naissance d’un candidat au doublé. « Ça me chagrinerait qu’on s’arrête ici. Je serais honnêtement satisfait quand j’aurais le titre. » Un As est né à Roanne. Pourquoi pas aussi un futur champion de France ? l


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J’autorise l’établissement teneur de mon compte à prélever sur ce dernier le montant des avis de prélèvements mensuels établis à mon nom, qui seront présentés par Norac Presse. Je vous demande de faire apparaître mes prélèvements sur mes extraits de compte habituels. Je m’adresserai directement à Norac Presse pour tout ce qui concerne  le fonctionnement de mon abonnement. Organisme créancier :  Titulaire du compte Norac Presse - 3, rue de l’Atlas - 75019 Paris N° national d’émetteur : 580 138 NOM :

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• Le recueillement, l’apaisement et les compliments du coach Greg Beugnot dans l’intimité des vestiaires après la déferlante de joie dans la salle. Michel Jean-Baptiste Adolphe est visiblement tombé amoureux du trophée.


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Les As de Chalon

Sur leur élan

Après la Coupe de France 2011, l’Élan Chalon s’est approprié la Semaine des As 2012. Le début d’une collection pour les Bourguignons ?

Par Pascal Legendre, Photos : Jean-François Mollière


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• Superbe envolée d’Alade Aminu même si le cercle rejettera son dunk.


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• Au foot JBAM aurait été gardien de but.


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• Steed Tchicamboud dans son rôle préféré, celui de VRP.


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• Dans les mains de Ilian Evtimov un nabuchodonosor se transforme en mignonette.


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• Ici, c’est Chalon ! (à gauche) • À deux mois des élections, à Chalon on a déjà voté. (cidessous, à droite) • Fan de l’Élan version féminine… (à droite)… Et en plus viril (plus à droite). • Les envahisseurs sont dans la place ! (en bas à droite)


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PARTENAIRES

Dans les coulisses dU Fabrice Maud Gérant d’agences BigMat

« On portait les maillots floqués aux noms des joueurs du CSP, moi par exemple j’avais celui de Jean-Michel Mipoka. Il y avait une table de marque et des arbitres officiels qui nous ont remis une feuille de statistiques à la fin de la rencontre. Les mêmes conditions que les pros, c’est super sympa ! »

Thomas De Rouvray PDG Garage Auto Zi Nord, Concessionnaire Opel et Chevrolet

« Nous sommes partenaires avec le CSP depuis 24 ans ; on a été l’un des premiers à organiser le tir du milieu du terrain à la mi-temps pour un supporter. Dans les bonnes et les mauvaises années, on a toujours été là. Le public est un public basket, la ville est derrière le club, même en Nationale 1 la salle était pleine. »

Le match des partenaires

Philippe Dauby Responsable du Garage D 2000

« Je jouais au CSP quand j’étais jeune donc ça m’a fait plaisir de rechausser les baskets. En plus le match a été entièrement filmé, il y avait un écran géant, l’équipe adverse était coachée par Frédéric Sarre. Le contexte était très plaisant. Et rapidement on est rentré dans la partie, on s’est amusé. »

Patrick Mirablon Agent Général d’agence Assurance Axa Mirablon « Un tel événement

m’a permis de rencontrer de nouveaux partenaires et de conforter les relations que j’avais avec ceux qui m’étaient déjà familiers. On a joué, on a pu échangé ensuite autour d’un petit buffet. On est tous lié par une passion commune, le basket, mais aussi par la passion du CSP. On est toujours présent aux matches. »

Sébastien Vecchi

Photos : Olivier SARRE ; Philippe PECHER ; Limoges CSP

Actionnaire La Distribution Médicale

« Fouler le parquet de Beaublanc, jouer aux côtés de Frédéric Forte et Stéphane Ostrowski, c’était vraiment agréable. Cela faisait quinze ans que je n’avais plus joué, jeune j’étais accroc, j’achetais toujours Maxi-Basket, je collectionnais les numéros où des articles concernaient Limoges. Devenir partenaire fut comme une continuité. »

LES invités Lionel Fundere

Appolo Faye

« J’ai fais une carrière de basketteur et j’ai pu évoluer en N1 et en N2. Puis j’ai été mannequin et j’ai participé à l’émission Mister France sur NRJ 12. Ensuite, j’ai enchainé avec La Maison du Bluff. Après cette expérience, je pars m’installer au Canada, où je jouerai au basket tout en exerçant mon nouveau métier, celui de coach sportif. Si BasketBall Network me propose de revenir ce sera avec plaisir. Je n’ai pas lâché le milieu du basket, je suis toujours en contact avec des amis comme Dounia Issa. »

« Au départ Basketnall Network voulait que je joue mais j’ai préféré coacher. On menait sauf que sur la fin Frédéric Forte a pris le match a son compte et Limoges a gagné (57-54). J’ai rencontré Pierre Ménès, il gagne à être connu. À la télévision il joue son rôle, il critique tout ou presque, là il a été hyper agréable. Ce match m’a donné envie de continuer l’aventure avec Basketball Network, et surtout, peut-être, de passer mes diplômes pour devenir entraîneur. »

Ancien joueur pro devenu vice-Mister France et participant á diverses émissions de télé-réalité

Ancien joueur pro du CSP


PARTENAIRES • maxi-basket57

LA soirée v.I.P.

POURQUOI IL CROIT AU BASKET Lionel Peluhet

Directeur Général Intermarché France Sponsor maillot du Limoges CSP

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Pierre Ménès en compagnie d’une hotesse du CSP.

On a rencontré Frédéric Forte et Stéphane Ostrowski et le courant est passé. Nous sommes partenaires du CSP depuis quatre ans. On fait vivre les régions – chaque Intermarché travaille avec les clubs de proximité – et derrière il faut se donner une dimension régionale. Or quand on est dans le Limousin, le basket à Limoges est très important. Le capital notoriété de ce club est exceptionnel. Je suis né dans les Hautes Pyrénées donc je suis plutôt de l’obédience de l’ovalie mais quand j’étais jeune et que l’on parlait de basket, c’était Orthez, Villeurbanne et le Limoges CSP.

Richard Dacoury, Stéphane Ostrowski, Frédéric Forte avec MariePaule Samie – Fondatrice des Porcelaines MP / Samie – partenaire du CSP.

Joseph Gomis à la table d’Eiffage Construction Limousin – parrain de la rencontre.

Raphaël Desroses avec Éric Sarrazin – Directeur Régional GDF SUEZ – partenaire du CSP.

uand est né ce partenariat ?

« Le capital notoriété du club est exceptionnel » Comment a évolué votre partenariat ?

Gérard Amiel – Président de Renault Trucks Défense et son comité de direction – partenaires du CSP. Pierre Bilbeau – Directeur Général Natéa / Gamm Vert – partenaire du CSP avec Fréjus Zerbo.

Notre relation a beaucoup évolué. Les joueurs viennent dans les entreprises pour rencontrer les collaborateurs, les clients, faire des journées de dédicasses. Ensuite des initiatives ont été prises à l’image de ce que faisait Panini, avec les vignettes des joueurs que l’on colle sur un cahier pour reconstituer les équipes. Nous l’avons également mis en place avec Intermarché pour reformer l’effectif du CSP.

Vos clients sont demandeurs d’attentions de ce genre ?

Cindy Latoux – Miss Limousin 2011, Jean-Pierre Lacorre (Gérant Lacorre Location) – partenaire du CSP et Stéphane Ostrowski.

Oui, et les enfants des clients, beaucoup ! Notre responsabilité est de les faire rêver, et surtout de déclencher des émotions. Quand un jeune peut s’approcher d’un joueur, faire une photo avec lui, c’est un réel plaisir. l

• ENTRETIEN • Frédéric Forte

Président du Limoges CSP

« Trouver un deuxième Joseph Gomis »

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a réception de Boulazac fut un succès à Beaublanc ?

On a ouvert la billetterie dix jours avant, les places assises sont parties en quatre heures et les places debout en six heures. Par rapport aux demandes des partenaires, aux demandes sur Internet, c’est difficile de chiffrer mais on aurait pu remplir un deuxième Beaublanc ! Pour les derbys, les matches importants, c’est un phénomène qui revient régulièrement.

Gomis. C’est un joueur d’une autre époque, ça fait quelques On a rapidement vu la descente arriver. années que je n’avais pas vu ça : Nous avons expliqué les causes à nos c’est un modèle, il a connu le plus haut supporters et nos partenaires, qui nous niveau et il est arrivé en Pro B avec une ont montré un soutien inoubliable. On très grande humilité. s’est dit qu’il fallait remobiliser tout le monde et on a cherché des joueurs Quels sont vos axes de travail pour capables évidemment d’apporter l’avenir ? sur le terrain mais aussi d’avoir un Nous avons déjà beaucoup évolué. rayonnement au dehors. On a eu Nous sommes revenus aux anciennes beaucoup de chance de signer Joseph couleurs, notre logo est nouveau, notre Comment avez-vous rebondi après la descente ?

site Internet a été re-travaillé entièrement, nos locaux sont désormais au centre-ville pour avoir plus de visibilité. Le but maintenant est de trouver un 2e Joseph Gomis, voire un 3e, pour avoir des joueurs qui nous représentent parfaitement. On travaille également sur le centre de formation, pour trouver un lieu proche de Beaublanc où on pourra accueillir les jeunes. l

En partenariat avec basketball network, premier réseau du basket français


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REPORTAGE • maxi-basket 59

Orchies 8.000 habitants, de l’ambition

fait le buzz

Avec une salle de 5.000 places à venir, l’organisation de la phase finale de l’Euro féminin 2013 et l’objectif d’accéder au plus vite à la Pro B, Orchies souffle sur les braises d’une passion pour le basket qui n’a jamais réellement cessé. Reportage à Orchies par Pascal LEGENDRE (texte) et Hervé BELLENGER (photos)

• Monsieur le Maire avec toute son équipe.


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C

’est ici, dans le bureau du maire, qu’est situé le véritable Quartier Général du BC Orchies. D’ailleurs le président du club, Ludovic Rohart, est le directeur de cabinet du sénateur-maire PS, Dominique Bailly. « J’en ai vu des personnes dans ce bureau qui me disait « je veux être

« Ici le basket, ça marche ! » tonne le maire. Plus qu’un slogan, une réalité. président, demain on rase gratis. » Si quelqu’un veut prendre l’animation du club pourquoi pas, comme ça mon directeur de cabinet pourra passer encore plus de temps à la mairie, mais il faut tomber sur un vrai passionné et qui y met les moyens. » En attendant, Dominique Bailly paye de sa personne. Son

investissement est stratégique dans les coulisses et il est aussi actif sur le terrain puisqu’il accompagne son équipe en déplacement une dizaine de fois par saison. À l’image du club sa ville est en croissance. De moins de 6.000 habitants il y a 25 ans la population a bondi à plus de 8.500 et il parle d’un site idéalement placé dans le « triangle magique » Lille-Douai-Valenciennes. L’A23 met Orchies à une grosse vingtaine de minutes du cœur de Lille. Orchies, c’est la capitale mondiale de la chicorée. Dans les années quatre-vingts la ville fut aussi un haut lieu du basket féminin avec justement comme moteur La Chicorée Leroux. Après le foot et le cyclisme –par le biais de l’équipe Gitane-Leroux qui compta Jacques Anquetil en son sein-, Robert Leroux sponsorisa une équipe qui passa de la promo départementale au plus haut sommet de l’État avec comme entraineur homme à tout faire « le grand » Marc Silvert. Orchies a ainsi abrité quelques mois la Soviétique Ouliana

DERON HAYES

« Je veux faire comme Ron Anderson »

14e saison en France pour DeRon Hayes qui, à bientôt 42 ans, se voit en maillot et short jusqu’à la cinquantaine comme son compatriote Ron Anderson.

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l y a quelques années tu disais « je suis accroc au basket ». Tu joues encore à 42 ans, tu le prouves ?

J’ai toujours l’envie, le plaisir de jouer. Après l’interview je vais aller jouer dans la salle avec mon fils pendant une heure ou deux. Mon univers c’est le basket. Comment gères-tu ton corps ?

Je fais beaucoup plus attention maintenant. Quand j’étais jeune je mangeais des McDo, des choses comme ça. Désormais je mange correctement, j’ai parlé avec beaucoup de diététiciens pour pouvoir prendre soin de mon corps, même si avec la cuisine française c’est un peu dur ! J’ai pris peut-être deux kilos, pas plus. As-tu déjà eu des pépins physiques ?

Une fois en Suisse j’ai eu une fracture de fatigue, j’ai été arrêté six semaines. Rien de plus. Tu as signé à Orchies au mois de novembre, tu as cru cet été que tu arrêtais ta carrière ?

Non. J’attendais car j’espérais re-signer avec Angers avec qui j’étais depuis deux ans. Ça n’a pas marché mais j’ai continué à faire des entrainements avec eux. Et quand je suis arrivé ici j’étais en forme. Même quand je rentre aux États-Unis, je continue de jouer, toujours. Plus je vieillis et plus je joue ! Si je ne joue pas deux jours, je ne suis pas bien. Et sur le terrain, il faut faire les choses différemment vis-à-vis du temps où tu avais 20 ans ?

Oui, je joue plus intelligemment, je ne cours pas dans tous les sens pour rien. Je réfléchis avant, ça c’est bon, pas ça. Avant je fonçais ! A l’entraînement je ne saute plus dans les tribunes pour sauver un ballon (rires). Mais dans le match, oui. Tu as joué en Russie, en Ukraine, en Suède aussi, tu préfères la France et le Maine-et-Loire ?

Oui, j’aime beaucoup cet endroit. Ma femme est de Cholet et elle est restée là-bas. J’y ai construit une deuxième maison. Mon fils a 10 ans et il joue à Cholet Basket, il a les deux nationalités.

Tu sais ce que tu vas faire quand tu vas arrêter de jouer. Coach ? Rester en France, repartir aux États-Unis ?

Je préfère rester en France pour mon fils, c’est mieux qu’il aille à l’école ici. Peut-être serai-je coach, mais je n’y ai pas pensé car je me dis que si je commence à y penser la fin va arriver vite, et j’ai toujours envie de jouer, je me sens bien, en N1 c’est un bon niveau. Je veux faire comme Ron Anderson (ancien joueur de NBA qui a fini sa carrière en Régionale dans les Mauges à plus de 50 ans) ! Propos recueillis par P.L.


REPORTAGE • maxi-basket 61

Le paradoxe

Olivier Gouez

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• La maquette de la future arène de 5,000 places.

Semenova qui avait été longtemps l’arme atomique dans la mémoire collective, dans le patrimoine culturel. de ce sport du haut de ses 2,20 m avant que son corps « Ici le basket, ça marche ! » tonne le maire. Plus qu’un slogan, une réalité. martyrisé ne rende grâce. Le club a déménagé en 1991 à Valenciennes pour disposer d’une salle plus grande, d’un budget plus replet et pour enfin Maxi salle, mini prix terrasser l’ogre berruyer et gagner deux titres de champion Avec ses murs de briques rouges et son patchwork de d’Europe. « C’est un peu comme Orthez, on a vécu la même panneaux publicitaires la salle Léo-Lagrange n’a pas chose quasiment au même moment » note le manager pris une ride et lorsque les spectateurs sont tassés général Frédéric Szymzack qui était kiné à l’époque. sur les bancs ou debout, avec l’aide des tambourins, A Orchies, personne n’a oublié, les filles sont toujours des claquettes, des haut-parleurs, des perruques et des drapeaux bleu et blanc, l’ambiance peut devenir volcanique. Ils sont un gros millier toutes les deux semaines pour le BCO. « Peut-être la moitié d’Orchies et l’autre de l’extérieur », précise le maire. Comme souvent dans les clubs du Nord les fans s’exportent et c’est ainsi qu’ils étaient 600 à Calais pour un match décisif pour la montée en N1 et encore 200 pour réceptionner les joueurs au club house à 2h du matin. Si La Chicorée Leroux était la pierre angulaire du temps des filles, c’est donc l’engagement municipal qui a fait passer la surmultipliée au basket orchésien. Le budget est de 800.000 euros. À quelle place cela situe le BCO dans la hiérarchie ? « C’est compliqué à dire car on n’a pas les chiffres de la fédération » répond le président Ludovic Rohart. « Nous, le budget est sincère et transparent. Il reprend l’ensemble des dépenses faites par le club et pour l’ensemble de nos quinze équipes. Certains clubs externalisent, un joueur est salarié par la mairie et mis à disposition du club et n’apparaît pas dans le budget. Parfois aussi les budgets annoncés ne concernent que l’équipe une, nous c’est tout compris. 550.000 euros proviennent de partenaires privés, alors que d’ordinaire c’est plutôt 66% de subventions publiques et d’entrées guichets. » Il reste que sur tous les aspects l’investissement municipal est fondamental ; la construction d’une salle de 5.000 places, qui doit être livrée au plus tard dans un an, en est le meilleur exemple. Comment un patelin de 8.000 âmes peut-il se doter d’un tel équipement ? « La volonté de la › › ›

,19 m, pieds nus. Olivier Gouez est le 2e plus grand joueur français en activité, et de tous les temps, derrière le Nancéien Vincent Pourchot. Seulement le basket français est très souvent fâché avec ses big men. Et réciproquement. Après avoir goûté du bout des lèvres à la Pro A (ASVEL) et plus longuement à la Pro B, Gouez est descendu en NM1, à 27 ans. Et statistiquement ce n’est pas le Pérou : 5,7 pts et 3,1 rbds en 12 minutes. Pourtant son coach Philippe Namyst avance : « Je suis persuadé qu’Olivier a sa place sur un banc de Pro A et qu’il y serait plus utile qu’à une équipe de Nationale 1. Son salaire actuel c’est le salaire minimum en Pro A et en plus il est Français. C’est vrai que ce n’est pas le garçon le plus mature de la planète, qu’il a besoin d’un cocon pour se sentir apprécié –ce qui explique son échec à Limoges- mais il fait 2,19 m, il a des mains, il peut courir, il n’est pas idiot, il sait appliquer un schéma. » Peut-on partir du principe qui peut –éventuellement- le plus doit pouvoir accomplir le moins ? Pas une évidence au basket. Le Breton est complètement atypique dans une compétition où les intérieurs font une vingtaine de centimètres de moins que lui. « Il est dans une vraie concurrence avec Djordje Petrovic, Amadou Gacko et David Cilly, et même si j’apprécie le garçon je ne lui fais pas de cadeau » explique le coach. « La difficulté pour lui c’est qu’en NM1 il y a de petits intérieurs qui tirent, qui vont vite et sur lesquels il est incapable de défendre. Chartres l’a clairement ciblé et ils ont mis Avramovic et Ipouk en un-contre-un et Olivier ne peut pas les tenir. En Pro B et a fortiori en Pro A il serait plus à l’aise face à des garçons plus grands et c’est pour ça qu’il a été bon (10 pts et 7 rbds) contre Souffel, Ndiaye et ses 2,10 m. » l

P.L.


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Région Nord-Pas de Calais était de mailler le territoire régional de salles de sport » répond le maire. « Plusieurs projets ont vu le jour et comme on est idéalement placé sur le plan géographique, pratiquement un point central, avec un projet de club, avec l’accompagnement régional et départemental on a eu l’idée d’une salle de 3.500 places. Le nouveau président fédéral Jean-Pierre Siutat a été emballé et avec la Région et le département – le ticket d’entrée est de 600.000€ – on a envisagé d’organiser la phase finale de l’Euro féminin et de faire passer la capacité de la salle à 5.000. » Le plus épatant c’est que le coût global avec le terrain, un espace VIP pour 200 personnes et tutti quanti sera de

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Orchies paraît sur une meilleure dynamique que Lille et aussi qu’un autre voisin Denain, lui aussi en Pro B. 12M€, « alors qu’au Portel avec leur salle de 3.500 places ils en sont à 16M€… Je me suis impliqué complètement », insiste Dominique Bailly qui ajoute qu’avec les subventions à tous les étages la participation de la communauté de commune ne sera que de 2,2M€. Bref, à Orchies –comme à Orthez dans les années 80- on est petits mais aussi malins. L’ironie de l’histoire c’est qu’il y a quelques mois, c’est Lille qui avait le vent en poupe avec un certain Philippe Namyst au coaching. Depuis le maire Martine Aubry a fait savoir que la mise en chantier d’une salle de 5.000 places vouée au basket n’est plus une priorité –la construction d’un stade pharaonique a englouti pas mal de subsides- et… Namyst a été remercié. « Au-delà de ne pas avoir continué l’aventure, c’est la façon dont ça s’est passé qui m’a rendu amer. J’avais des relations fortes avec mon président qui se sont un peu altérées la deuxième année car son attentisme a amené un manque d’ambition. » Et surtout Philippe Namyst n’a pas apprécié d’apprendre par la presse que Fabien Romeyer avait été désigné comme son successeur. Pour sa part il a pris la place fin 2010 de Pascal Delaliaux débarqué –dont il avait déjà pris le relais à Calais- alors qu’Orchies en était à 3 défaites en 5 matches. C’est bien entendu le maire qui l’a convaincu que son club grandissait sous une bonne étoile.

Direction Pro B ?

Aujourd’hui Orchies paraît sur une meilleure dynamique que Lille et aussi qu’un autre voisin Denain, également en Pro B. « Ce que je crois c’est qu’il y a dans les terres le potentiel pour un club de Pro A de basket. Ça sera à Lille, Denain ou Orchies. En tous les cas à Orchies, il y aura une salle de 5.000 places. Je ne veux pas être présomptueux mais je ne m’interdis rien dans la vie », déclare le maire. Le BCO a déjà les yeux braqués sur la Pro B. Une cible à atteindre, le plus vite possible. Un accroc à Léo-Lagrange a failli tout gâcher –défaites ensuite à Blois et Liévin- mais il a eu à moyen terme des effets salvateurs, et à la fin février les Nordistes avaient engrangé huit victoires d’affilée. Terminer premier de la saison régulière, c’est possible. Se classer deuxième et organiser le Final Four, c’est toujours envisageable. Se qualifier pour les quarts de finale de playoffs qui emmènent à ce Final Four, c’est très probable. Salle, organisation de l’Euro féminin, d’une étape du Tour de France, les Orchésiens savent créer le buzz. L’année dernière ils ont recruté T.J. Parker qui, malgré un bon match en Coupe de France contre Le Portel (16pts), a constitué un échec sportif car le frère cadet de Tony était blessé d’un peu partout et surtout au genou. « Il m’a demandé de partir avant la fin pour ouvrir un restaurant à San Antonio avec son autre frère Pierre. Mais là on a appris qu’il voulait jouer en N3 (au CS Gravenchonnais en Seine-Maritime) » explique Philippe Namyst. La compensation

c’est que la venue de TJ n’a pas laissé indifférent les médias et les fans locaux surtout lorsque Tony est venu le voir jouer à Léo-Lagrange. Le meneur des Spurs aussi est passé dans le bureau du maire. Tout ceci n’aurait pas de sens si Orchies n’était pas au cœur d’un département de 21.000 licenciés dont 33% de femmes, au sud d’une métropole de plus d’un million d’habitants, toute proche de l’aéroport international de Lille Lesquin, d’hôtels étoilés. Orchies n’est pas isolé en pleine cambrousse, bien au contraire. A l’autre bout du département, sur sa face maritime, le BCM Gravelines rayonne sur la Pro A et s’apprête à déménager à Dunkerque. « Il existe la même envie, la même présence du basket dans les deux villes mais qui ne sont pas vécues de la même façon » estime Philippe Namyst qui a aussi coaché le BCM. « A Gravelines tu sens un tiraillement avec GrandFort et on va assister à la même chose lorsque l’équipe sera installée à Dunkerque. Je ne suis pas certain que le BCM s’y retrouve tout de suite en terme d’ambiance. Ici les gens sont très impliqués et naïfs dans le bon sens du terme, dans l’envie, la découverte. C’est chaud, ça pousse, ce n’est pas méchant. Comme pour Gravelines à Dunkerque on se demande si on va être capable de recréer dans une nouvelle salle l’ambiance que l’on apprécie aujourd’hui. Seulement eux leur salle ne sera pas au même endroit alors que nous on reste à Orchies. » L’objectif serait d’accueillir 2.500 spectateurs par match en Pro B. Soit pas loin du tiers de la population de la ville. l


REPORTAGE • maxi-basket 63

Djordje Petrovic

« J’ai mis des années à revenir au niveau »

Le Serbe est désormais une figure du basket français même si des blessures à répétition l’ont empêché d’atteindre le niveau auquel il pouvait prétendre.

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u es en France depuis 2003, tu n’as toujours pas la nationalité française ?

Pas encore. Lorsque je me suis fait les croisés à Mulhouse je n’ai pas joué au basket pendant un an et je suis reparti en Serbie, et c’est pourquoi je n’ai pas passé cinq ans de suite en France (le délai pour déposer un dossier de naturalisation). Je vais essayer de l’avoir cette année avec l’aide de mon agent et du club. Dans ta vie tu t’es cassé les deux jambes, les deux bras, plus deux fractures de la tête, tu as eu une rupture des ligaments de la cheville droite, et des croisés du genou. Tu tiens encore debout ?

Deux fois les croisés et une fois le ménisque ! (Il rigole) Oui, c’est tout !

Racontes-tu à tes équipiers combien était dur l’apprentissage en Serbie ?

Un peu plus avant, moins depuis que je suis rentré dans la vie française. Je pense que même s’ils essayent mes équipiers ne peuvent pas comprendre complètement. Il faut le vivre pour ça. Pour nous Serbes c’était normal, on ne connaissait pas une meilleure situation, on ne pouvait pas comparer. Dans mon club le salaire moyen pour un pro qui jouait en Pro B et qui pouvait avoir une famille, c’était 200 euros. Vraiment dur. Et puis sans rentrer dans la politique, tellement de guerres, de haine entre les peuples. C’était terrible. Tu étais l’un des leaders du championnat espoir, tu as joué 8 matches avec Nancy à 20 ans, mais après de la Pro B et puis de la Nationale 1, tu n’as jamais pu revenir en 1ère division en France ou ailleurs ?

J’avais été élu MVP en espoirs. Je pense que c’est dû à mes blessures plus que ma situation d’étranger. J’étais prêté de Nancy en Pro B et je voulais essayer d’aller en Pro A mais je me suis blessé au genou. J’ai repris à Mulhouse mais je me suis re-blessé direct et après je n’étais plus le même joueur, j’ai perdu ma vitesse, j’ai pris un peu de poids. J’ai mis des années à revenir au niveau auquel j’étais. J’étais en 4-3 à l’époque et je suis passé en 4-5. A ton arrivée tu trouvais les Français froids et tu regrettais qu’ils se critiquent par derrière, tu as réussi à t’habituer à notre mentalité ?

Ça a changé ! Lorsque je suis arrivé je ne parlais pas français, c’était dur de m’adapter à différentes coutumes, façons de vivre, pays de l’Est et pays de l’Ouest. Quand je suis arrivé beaucoup de gens se moquaient de ma façon de parler, ça me faisait un peu mal. Si quelqu’un vient jouer en Serbie, on est tellement contents qu’on essaye de l’aider. Mais maintenant j’ai beaucoup de vrais amis, je suis rentré dans la culture française. Ta famille et ta copine Nevena sont toujours en Serbie. Ce n’est pas trop dur ?

Si, mais je suis habitué. C’est le sport, tu n’as pas le choix. J’ai des amis ici, il y a une bonne ambiance, ils m’aident dans les moments difficiles. Ma copine a été obligée de repartir au bout de trois mois à cause du visa mais elle va essayer de poursuivre ses études de sport ici. Elle joue en Pro B en Serbie. Ta sœur est productrice de télé et de cinéma et son premier feuilleton est sorti à la télé serbe. C’est sur quoi ?

Le troisième épisode vient de sortir, ça s’appelle Académie Militaire, c’est un peu humoristique. On a fait la même fac, moi dans le management, je voulais être écrivain puis faire du théâtre, et elle est devenue productrice. C’est notre côté artiste. Suis-tu le basket serbe à la télé, sur Internet ?

J’ai toutes les chaines serbes, une centaine avec les chaines de Croatie, du Monténégro, etc, et je suis la ligue adriatique. Par contre pas trop la ligue serbe car le niveau a baissé. Comme il n’y a pas d’argent les bons joueurs sont partis. Mais ma vraie passion c’est l’Euroleague, je regarde tous les matches. Propos recueillis par P.L.


Pascal Allee/Hot Sports

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MAXI-BASKET

Alex version Limoges CSP.


DESTINS • MAXI-BASKET 65

ALEX NELCHA & FABIEN FOND EN ALLEMAGNE

LOVE STORIES

DEUX QUADRAS FRANÇAIS, ALEX NELCHA (43 ANS) ET FABIEN FOND (40 ANS), AUX PARCOURS DISSEMBLABLES JOUENT TOUJOURS AU BASKET EN ALLEMAGNE, EN RÉGIONALE, APRÈS Y AVOIR TROUVÉ L’ÂME SŒUR. Par Pascal LEGENDRE

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é de parents martiniquais au Vénézuela Alexander Nelcha a finalisé un cursus dans une université américaine mineure avant de gagner la France suite à un conseil de l’ancien international Georges Vestris. Nous sommes au tout début des années quatre-vingt dix et cet intérieur de 2,03 m, qui possède de solides fondamentaux pour déborder son vis-à-vis en poste haut, est dirigé vers un club de Nationale 2, Maurienne, sachant qu’il faut « trois ans FIBA » au Franco-Vénézuélien pour aspirer légalement au niveau professionnel. Curiosité, le club savoyard est alors inquiet car Alex est sujet à des tendinites aux deux genoux, il consulte plusieurs médecins et les résultats des différents scanners sont inquiétants. Une retraite prématurée à 23 ans est crainte pour celui qui est qualifié de « charmant garçon » par Jean-Paul Genon, le secrétaire du club. Fabien Fond est une petite bombe de 1,76 m, une âme bien née qui n’attend pas le nombre des années. À 17 ans et 2 mois, il signe un contrat pro à Villeurbanne. Un record dit-il. De l’ASVEL d’il y a vingt ans, il en parle encore aujourd’hui avec émotion. À 19 ans, il joue 16 minutes par match en 1ère division, à 20 il en est pratiquement à une mi-temps entière. Il se retrouve dans la même équipe que Vincent Collet et Philippe Hervé. Fabien se classe 11e au référendum Maxi-Basket des meilleurs espoirs français de la saison 90-91. Sa carrière va vite tourner au vinaigre. Un melting-pot de raisons lui a laissé de l’amertume au fond de la gorge. Une réputation excessive, juge-t-il, de fêtard. Des problèmes d’agents. Un relationnel difficile avec le coach Jean-Paul Rebatet. Pas d’Euro juniors avec l’équipe de France, pas de sélection au niveau supérieur comme un moment envisagée. Un temps de jeu qui, sans jeu de mots, fond à vue d’œil à l’ASVEL. À l’été 92 il est invité et passe trois mois au camp des Denver Nuggets, est approché par un club de CBA, et rentre en France pour constater que le contrat qui devait l’attendre tombe à l’eau. Déjà membre de l’équipe nationale du Vénézuela lors du Mondial argentin deux ans plutôt, Alex Nelcha devient un véritable héros de son pays natal lorsque lui et ses potes se qualifient à Portland pour les Jeux Olympiques de Barcelone. Et pourtant la fédération vénézuélienne est sans le sou et la sélection s’est préparée a minima. Dans l’Oregon, Alex joue la Dream Team de Jordan et Magic. « Quand nous sommes rentrés au Vénézuela, c’était dingue. L’aéroport était bondé, c’était à pleurer ! »

Tanja et Alex.

Daniela, Nunia et Fabien.

Alex est un joueur majeur de la sélection et plante à Barcelone 13 points avec 4 rebonds à la Lituanie. Alex Nelcha est sur deux fronts, en Pro A (Dijon, Toulouse, Le Mans, Montpellier, Limoges) et l’été avec son club vénézuélien du Trotamundos de Carabobo. Fin de parcours officiel en 2003.

Globe-trotter

La trajectoire de Fabien Fond est à la fois plus variée et plus chaotique. Brest en Pro B. Sablé en N2. Quelques matches à Gravelines version Jean-Denys Choulet. « À partir du moment où les clubs français ont pris des meneurs américains pas chers, toi tu restes sur le banc et tu pètes un peu les plombs dehors. » De la Bundesliga. De l’Italie. De la Suisse. Des blancs aussi. « Je me suis pété le tendon rotulien, la même blessure que Ronaldo. Dix mois de thérapie. » De la LEB d’or, à 38 ans, à Majorque. « Là, comme ils avaient des problèmes financiers, ils me disent : Fabien on te veut, tu rends les autres meilleurs à l’entraînement, mais notre priorité c’est notre meneur espagnol que l’on veut faire jouer pour le vendre ensuite en ACB. » 10 matches encore la même année en Pro B allemande, aux Skyliners de Francfort dans le starting five. Des jobs de globe-trotter qu’il a accepté contraint et forcé lui qui aurait tant aimé se stabiliser.


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MAXI-BASKET

Alex retourne au Vénézuela pour devenir directeur sportif de Trotamundos. Il rencontre Tanja, une jolie hôtesse de l’air allemande, en tombe amoureux. Ils se marient, vont avoir un enfant. Le couple part s’installer aux États-Unis, dans l’Arizona où Alex ouvre un magasin de glaces. « Mais avec la crise économique ça s’est mal passé et j’ai été obligé de vendre. » Retour au Vénézuela et cette fois Alex trouve un job d’entraîneur adjoint à Panteras, un autre club de 1ère division. Une seule saison. Le pays du sulfureux président Hugo Chavez est « devenu un peu dangereux. En plus tout est cher. La vie est un peu difficile là-bas », témoigne Alex qui y retourne fréquemment voir sa mère, sa sœur, un fils. D’où le choix il y a un an et demi de faire son nid à Limburg, tout près de Francfort. Fabien, lui, a rencontré Daniela, une ancienne tenniswoman allemande de 1ère division, qui a étudié en partie aux ÉtatsUnis et avec qui il a monté une Académie de Fitness, d’Athletic Trainer, et ouvert un magasin de sport. « Je suis bien entouré aussi ça ne me prend pas beaucoup de temps, une heure ou deux tous les deux jours et le dimanche. » Ils ont une petite fille, bientôt un deuxième enfant.

Il est toujours sur sa lancée. « J’essaye de rattraper le temps perdu entre 30 et 35 ans et je m’entraîne vraiment dur. » Fabien est depuis deux ans sociétaire du Bayern de Munich. Il joue en réserve, en Régionale comme Alex. Seulement il s’entraîne aussi avec l’équipe une de 1ère division lorsqu’il y a un blessé ou un malade. Il a même la possibilité réglementaire de jouer 5 matches avec les pros. Dirk Bauermann, coach du Bayern et ancien patron de la Mannschaft, lui a même fait part de son désir de l’investir encore davantage la saison prochaine. De toute façon, le Bayern devrait acheter une franchise pour lui permettre de faire évoluer son équipe 2 en Pro B. Alors Fabien ne va pas lâcher le morceau à 41 ans ! Comment fait-il pour être aussi performant ? « Avant je faisais un peu la fête mais ça fait douze ans que je ne bois pas d’alcool, que je ne fume plus », explique t-il. « Il y a aussi le fait que ma femme est sportive, je suis beaucoup dans le milieu « athlétique ». Je fais de la musculation, du sprint, de l’explosivité. Ma femme me soutient, elle voit que je veux prendre une revanche sur le temps que j’ai perdu. Je fais aussi de l’athletic training avec Joavan Buha, qui était aux Bulls et qui connaît bien Noah. Et puis Bauermann et le Bayern me donnent ma chance. En France, on te met une étiquette et puis c’est fini. « Ah ! Fond. C’est un très bon joueur mais il a un sale caractère, il fait ci et ça ». Parfois j’ai fait ou dit des choses pour couvrir certains joueurs. C’est une longue histoire… Les gens que j’aurais dû écouter à l’époque, c’est Pierre Galle et Alain Gilles. J’ai fait confiance à des gens, je n’aurais pas dû et je me suis brûlé les doigts. Je connais mieux mon corps et aussi le business. Je sais à qui je dois faire confiance ou pas. Et Bauermann dit « il n’y a pas de jeunes et de vieux joueurs, juste des bons et des mauvais. » Jouer avec des jeunes qui pourraient être ses fils, pas un souci pour Fabien. « À l’entraînement, je suis très provocateur, gagneur, j’aime jouer les jeunes en un-contre-un. Hors terrain je rigole avec eux, je suis resté jeune dans ma tête. La seule chose c’est qu’ils font beaucoup la fête alors que moi je reste avec ma femme et ma fille. » Pour Alex, le principal lien avec la France c’est l’ancien joueur Ahmadou Keita devenu agent et avec qui il bosse un peu. « J’ai trouvé des joueurs pour lui qu’il place un peu partout. J’ai aussi un jeune footballeur vénézuélien très fort et je vais essayer de le faire venir en Europe puisqu’Ahmadou a aussi une licence pour le foot. » Le seul obstacle dans l’intégration d’Alex en Allemagne c’est que lui qui parle couramment espagnol, français et anglais, il achoppe pour l’instant dans la langue d’Harald Schumacher. Il va reprendre des cours. « Une fois que j’aurais appris l’allemand, je vais commencer à travailler, je ne sais pas quoi, on verra. » L’Alsacien Fabien Fond parle parfaitement l’allemand. « Je me sens vraiment chez moi en Allemagne. C’était aussi le cas en Italie, en Espagne, en Suisse. Il n’y a qu’en France où je ne me sentais plus très bien. » Quand il était basé sur Francfort Fabien a pris contact via Facebook avec Alex et l’a invité à assister à un match des Skyliners. L’initiative n’a pas été concrétisée et Fabien est parti ensuite sur Munich. Leur rapprochement virtuel se fait sur ces pages, peut-être bientôt pour de vrai. l

« Je retrouve le plaisir de jouer. On ne s’entraîne que trois fois la semaine, ce n’est pas si dur que ça. » Alex Nelcha

Un dérivatif pour Alex

Le retour d’Alex au basket semble être un dérivatif. « La femme de l’entraîneur d’ici est une bonne amie de ma femme qui a fait elle-même un peu de basket. J’ai commencé à m’entraîner l’année dernière, à jouer un peu, et puis cette année. Je ne suis pas payé. C’est de la Régionale 2, de la 5e division, il y a 100-150 spectateurs pour nos matches. » Du basket du dimanche sauf que – on est en Allemagne – chaque équipe possède au moins un joueur aussi grand qu’Alex. « On est deuxième et on va jouer ce week-end contre les quatrièmes qui ont un mec de 2,10 m-2,12 m. Je crois qu’il a joué en 1ère division. Et l’équipe qui est première a un pivot de 2,15 m. » Avec son passeport français Alex joue comme « Européen » dans une compétition qui cherche visiblement ses marques au niveau des règlements des nationalités. « Ils ont fait passer une règle qui n’est pas claire », dit-il. « On a le droit à un étranger et on a un Américain. On a aussi un Américain et un Chilien mariés avec une Allemande, et un joueur qui est né en Allemagne de parents turcs et qui a opté pour le passeport turc ce qui fait qu’il ne peut pas jouer ici. Le club a porté plainte car ce n’est pas normal. » Fabien précise que le passeport allemand, il peut l’obtenir en deux semaines du fait de son mariage et même de ses origines – sa grand-mère était allemande – mais que sur le plan basket il bénéficie des mêmes droits qu’un autochtone du fait qu’il est père d’un enfant allemand. « Oui, ça fait mal partout » sourit Alex quand on lui demande si le retour sous les paniers n’a pas été sans douleurs. Il ajoute très vite : « mais je retrouve le plaisir de jouer. On ne s’entraîne que trois fois la semaine, ce n’est pas si dur que ça. » Quand on pense que vingt ans plus tôt on ne donnait pas cher de la pérennité de sa carrière ! « En France tout le monde me cassait avec ça, mais qui n’a pas mal aux genoux ? C’était une réputation mais si tu demandes aux coaches que j’ai eus, ils te confirmeront que je n’ai jamais manqué un entraînement, un match à cause de ça. Oui, j’ai encore un peu mal surtout qu’à ce niveau-là il y a des salles qui sont très dures. Mais ça ne m’empêche pas de jouer. »

« Avant je faisais un peu la fête mais ça fait douze ans que je ne bois pas d’alcool, que je ne fume plus. » Fabien Fond

Un challenge pour Fabien

On peut écrire qu’Alex Nelcha est sportivement en… postretraite. La démarche de Fabien Fond est totalement différente.


Fabien sous le maillot de l’ASVEL à 20 ans.

Pascal Allee / Hot Sports

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BAYERN MUNICH ÉTOILE DU SUD LE BAYERN MUNICH EST PROGRAMMÉ POUR DÉCUPLER LES FORCES DU BASKET ALLEMAND.

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Bayern Munich

L’équipe réserve du Bayern Munich avec Fabien à l’extrême droite.`

’endroit est un lieu mythique. C’est ici même que l’URSS terrassa les États-Unis lors de la finale des Jeux Olympiques de 1972 au cours des trois dernières secondes les plus longues et les plus controversées de l’Histoire de ce jeu. La Rudi-Sedlmayer Halle de 6.800 places a été rafraîchie, dotée d’écrans géants, baptisée Audi Dome et confiée en exclusivité au Bayern Munich pour son équipe une, sa réserve et les juniors. Le Bayern Munich est dans sa version basket un club champignon. Intéressé par ce sport depuis ses années scolaires Uli Hoeness, ancien international de foot des années soixante-dix devenu président du Bayern, a décidé de faire bénéficier à cette section de son savoir-faire et de son carnet d’adresses. Il a débauché le coach de la Mannschaft Dick Bauermann, signé pour trois ans, et renforcé l’équipe. Effets immédiats, le club bavarois est monté cette saison en première division et s’est vu attribuer par l’Euroleague une invitation en Eurocup. « Quand Hoeness veut et fait quelque chose, ce n’est jamais à moitié », confirme Fabien Fond. Le Bayern a déjà à disposition un budget de 7-8 millions d’euros dont une partie a servi à rénover la salle, mais ce n’est qu’une étape. « On ne veut pas devenir un club moyen mais rivaliser avec les grands d’Europe comme le Real Madrid et Barcelone où le basket est presque aussi performant que le football », a déclaré Hoeness. Ce n’est pas une fanfaronnade. Audi est le partenaire sur lequel le Bayern veut s’appuyer pour démultiplier ses ressources. Le roster du Bayern est ronflant avec cinq internationaux présents à l’Euro en Lituanie et des Américains réputés, y compris Chevon Troutman et Je’Kel Foster vus en France. Pourtant son démarrage en Bundesliga n’a pas été folichon et il s’est fait détacher par le quatuor Bamberg, Ulm, Quakenbruck, Berlin. « Même si on a perdu contre ALBA Berlin, on gagne beaucoup à domicile, mais on a du mal à l’extérieur. Bauermann m’a dit hier soir qu’on avait une bonne équipe, une bonne entente, mais à l’extérieur il manque que le groupe se resserre pour gagner. On a perdu trois ou quatre matches d’un point ou après prolongations. Il manque un chef, un… Éric Beugnot ! », compare Fabien en faisant référence à l’international qui fut son GM à Villeurbanne. À sa décharge, l’équipe est tout spécialement attendue partout en Allemagne, les salles sont combles, car le Bayern, à cause du foot, est peu

apprécié en dehors de la Bavière. Là-bas non plus on n’aime pas les riches ! D’après une source, Steffen Hamann serait le joueur le plus détesté du pays à cause de son arrogance. Malgré sa valeur, il n’a pas été sélectionné ni par le public ni par les coaches pour le All-Star Game de la Bundesliga.

Contacts avec les footballeurs

À l’inverse, en Bavière le Bayern est de plus en plus apprécié et on peut parler de buzz autour du basket. Déjà le record de Division 2 avait été battu l’an dernier avec 12.200 spectateurs comptabilisés pour le match contre Würzburg, principal rival à la montée. Cette année l’affluence en Eurocup est un peu décevante (3.184 en 3 matches) mais l’Audi Dome est remplie à 85% pour les matches de Bundesliga. « En Allemagne c’est football, football, football, mais depuis que Hoeness est


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Uli Hoeness, président du Bayern

président on parle de basket dans les journaux », se félicite Fabien Fond. La bonne société munichoise est de sortie et il est fréquent d’apercevoir dans les loges des anciens équipiers de Uli Hoeness, Gerd Müller et Paul Breitner aux cheveux blanchis mais pas le prestige. D’ailleurs les contacts des basketteurs avec les footballeurs sont permanents. « On s’entraîne parfois dans leur camp, on peut manger avec eux au restaurant », explique Fabien Fond qui copine avec Franck Ribéry. « Je fais parfois du basket avec lui, on parle de la France, de tout. Ma fille est dans la même école franco-allemande que la sienne. » Plus généralement, trois choses ont frappé Fabien, confirmant l’impression que l’on peut avoir outre-Rhin de la Bundesliga. 1) Les salles. « Avant ils s’entraînaient dans des écoles et jouaient

dans la salle de la ville qu’ils aménageaient. Pratiquement tous les clubs de 1ère division ont une nouvelle salle et elles sont pleines. Le basket est le sport qui monte en Allemagne. » 2) L’organisation. « Les Allemands te promettent financièrement beaucoup moins qu’en Italie ou en Espagne mais ils te payent tous les mois. Ils sont très organisés. J’ai connu des clubs italiens où il y avait deux ou trois dirigeants, c’est tout. Là, ils sont dix, et c’est très carré. Quand je vais dans les bureaux au Bayern, tout le monde a sa part de responsabilité, travaille, alors qu’en France j’ai connu des clubs où chacun se renvoyait la balle, « c’est lui qui fait ça… » « non, c’est l’autre… » 3) Le manque de formation, le talon d’Achille. « Il n’y a pas de centres de formation comme en France, sinon peut-être deux ou trois internats comme à Ulm, Berlin et Munich dans le futur, pas plus. Ici c’est parfois du streetball, tu joues contre des Américains à 1-2000 dollars par mois et ça ne ressemble pas toujours à du basket. Cette année, une mesure a été prise, l’obligation d’avoir 6 Allemands sur 12 joueurs dans chaque équipe. Dans deux ans, on passera à 7 ou 8. » Le Bayern Munich, dont l’hymne est « Étoile du Sud », portera le basket allemand au sommet de la hiérarchie des clubs européens comme Dirk Nowitzki l’a réussi avec l’équipe nationale. Les Bavarois n’en doutent pas. Nous non plus. l

P.L.

Demond Greene en Eurocup face au Benetton Trévise.

Giulio Ciamillo/EB via Getty Images

« On veut rivaliser avec les grands d’Europe comme le Real Madrid et Barcelone. »


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DAN S

IL LD’Œ ES

SCOUTS

LEJEU DANSLAPEAU LE NOUVEAU JIRI WELSCH ? COMME SON COMPATRIOTE PASSÉ PAR LA NBA, SANS VRAIMENT S’Y IMPOSER TOUTEFOIS, SATORANSKY SAIT FAIRE DE TOUT ET TRÈS BIEN. IL SEMBLE, EN OUTRE, AVOIR LA TÊTE SUR LES ÉPAULES. DÉCOUVERTE. Par Fabien FRICONNET

S

i Ettore Messina a fait le déplacement pour venir voir, c’est qu’il y a quelque chose à voir. « Consultant » pour le coaching staff des Los Angeles Lakers, le technicien italien aux quatre Euroleague a été mandaté pour superviser ce Tchèque dont on dit le plus grand bien aux États-Unis et qui, en attendant mieux, est déjà annoncé au début de deuxième tour de la prochaine Draft. Alors qu’il est encore éligible jusqu’en 2013, le meneur sévillan envisage de devancer l’appel et, donc, de ne pas activer les deux ans de contrat optionnels qui pourraient le lier au club espagnol. « Je dirais que c’est du 50-50 actuellement », déclarait-il il y a peu au site Hoopshype. « Les deux options sont toujours ouvertes. La Draft ou rester en Europe. Tout va dépendre de comment je joue d’ici là, comment je me sens dans mon club, est-ce que j’ai le sentiment de devoir progresser encore avant d’y aller… De toutes façons, la NBA est mon rêve et je veux y arriver. »

Un dunkeur ! Et il le peut. Non que l’ancien de l’USK Prague, où il a fait ses classes jusqu’en 2009, avant d’être enrôlé par Séville, soit un producteur de statistiques forcenées au plus haut niveau – enfin, pas encore. D’ailleurs, après une saison 2010-11 qui l’avait vu intégrer le cinq majeur, il a cette année été réinstallé dans la rotation – fluctuante, ceci dit – par coach Joan Plaza. Et son adresse extérieure erratique – pour le moment l’un des points à travailler – ne joue pas pour lui. Sur ses postes – Satoransky peut occuper avec un égal bonheur les deux places à l’arrière même s’il avoue préférer la position de meneur – Plaza compte déjà sur les Américains Earl Calloway et Carl English et l’international serbe Milenko Tepic. Mais qu’importe, le Tchèque est content de son sort. « J’ai incroyablement progressé depuis mon arrivée. En tant que joueur et en tant qu’homme. Je suis arrivé, j’étais un enfant et maintenant je me sens homme. » Satoransky, malgré son jeune âge, évolue d’ailleurs avec

les « adultes » de l’équipe nationale senior depuis trois ans. Auparavant, il s’est évidemment montré dans les catégories de jeunes, où ses qualités sont immédiatement apparues évidentes : le talent, déjà, tout bêtement, le sens du jeu, quoi ; le sens de la passe, la qualité de dribble, son activité au rebond, un premier pas qui a largement de quoi séduire les scouts NBA et une volonté de prendre le jeu à son compte. Et aussi un jump impressionnant, qui lui permet d’aller finir les actions au cercle, ce dont il est friand. Le Tchèque a même remporté le concours de dunks du All-Star Game ACB en 2010 !

Jouer « ouvert » Mais ce que Satoransky aime le plus, c’est avoir le ballon et jouer selon son inspiration, en usant d’un bagage offensif naturel qui mérite, toutefois, d’être poli. « J’aime jouer quand il y a de l’espace, tu peux attaquer, jouer le un-contre-un. Le basket européen est difficile, il y a beaucoup de défenses différentes sur les pick-and-rolls, donc tu dois d’abord faire jouer l’équipe et puis, après, si tu as une ouverture, tu y vas. » Ça lui va bien. Il faut dire que, avant de rejoindre Séville, le petit prodige a eu une relative liberté dans le jeu. À Prague, on n’a pas hésité à le laisser « faire son truc ». En effet, lors de sa dernière saison, à seulement 17 ans, il tournait à 9,6 points, 4,7 rebonds et 2,1 passes en 22 minutes. Le championnat national n’est pas très relevé, il est vrai, mais Satoransky a confirmé sur la scène européenne avec les équipes de jeunes de son pays. À l’Euro U16 2007, il a montré de quoi il était capable contre les cadors : 16 points et 7 passes contre la France de Léo Westermann, 16 points et 11 rebonds contre la Serbie, 16 points et 15 rebonds contre la Russie. Même tarif, grosso modo, à l’Euro U20 2010. En 2008, il avait notamment été proposé dans le scrutin FIBA du meilleur jeune de l’année, en compagnie de joueurs aujourd’hui en NBA : Ricky Rubio, Danilo Gallinari, Kosta Koufos, Omri Casspi et Enes Kanter. Il les aura bientôt rejoint… l

Liga ACB

« Je suis arrivé, j’étais un enfant »

Repères • Né le 30 octobre 1991 à Prague • Tchèque • Taille : 2,00 m • Poste : Meneur-arrière • Clubs : USK Prague (2006-09), Cajasol Sevilla (2009-12). • Palmarès : médaillé d’or à l’Euro U16 division B en 2006, médaillé d’argent à l’Euro U18 division B en 2008 (MVP). • Stats en Espagne ’12 : 5,6 pts à 44,7%, 69,2% LF, 2,6 rbds, 1,6 pds, 4,8 d’éval en 20’ (après 20 journées).


TOMAS

Liga ACB

SATORANSKY (CAJASOL SEVILLA)


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1992, l’année Magic Johnson

Au centre de

l’univers

Le meilleur meneur de jeu de tous les temps qui venait d’annoncer sa séropositivité fut le sportif le plus médiatisé de l’année 1992.

Andrew D. Bernstein/NBAE via Getty Imagew

Par Pascal LEGENDRE


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12 juin 1991

Le pouvoir change de mains

C’est un journaliste au Lansing State Journal, Fred Stabley, qui le surnomme « Magic » un soir où il franchit le mur du son lors d’un banal match de lycée : 36 points, 16 passes, 18 rebonds et 20 interceptions. La notoriété nationale il l’acquiert lorsque son université, Michigan State, remporte le titre universitaire de l’an de grâce 1979 sur le dos d’Indiana State emmené par un Blanc à la tronche pâlotte et improbable, Larry Bird. 45 millions de foyers américains assistent à cette finale en direct ; un record d’audience. Bird est élu College Player of the Year mais c’est Earvin « Magic » Johnson, de trois ans son cadet, qui se fait couronner Most Oustanding Player du tournoi final. Naissance d’une rivalité d’une grosse décennie qui va mettre sens dessus dessous Los Angeles et Boston, passionner l’Amérique et permettre à la NBA de conquérir le monde. Rien que ça. Avec sa gueule de paysan mal dégrossi Larry Bird n’a rien d’un

gés ; ils sont deux villageois nourris aux mêmes valeurs, fiers de leurs racines, et aimant le travail bien fait. Lequel des deux va laisser la plus grande empreinte dans l’Histoire de ce jeu ? Difficile de répondre. Magic est le maître du Showtime des Lakers, réinventant avec ses 2,06 m l’art de la contre-attaque avec des bottes de sept lieux et des assists en aveugle que l’on peut encore se passer au ralenti trente ans plus tard avec toujours autant d’excitation. Bird est nettement moins flashy, mais plus à l’aise sur jeu placé, d’une adresse phénoménale, il connaît aussi toutes les astuces du jeu. Magic et Bird démultiplient les triple-doubles et surtout rendent les autres meilleurs. Les Lakers sont très bling-bling à l’image de leur ville comme les Celtics rassemblent les cols bleus de Boston. « Le Showtime, les passes dans le dos, c’est vouloir se mettre en valeur, frimer. Les Lakers avaient une équipe flashy alors que les Celtics étaient une équipe de bosseurs. Ils devaient suer pour chaque chose qu’ils voulaient obtenir, comme n’importe quel travailleur. C’était les métallurgistes contre les stars du cinéma d’Holywood », com-

Magic est le maître du Showtime des Lakers, réinventant avec ses 2,06 m l’art de la contre-attaque.

ndrew D. Bernstein/NBAE via Getty Images

• NBA Finals’91, M.J. contre M.J.

jeune premier. Il est le symbole d’un État rural, l’Indiana, où longtemps le basket fut la seule distraction hivernale pour les enfants de Blancs qui ne savaient pas planer dans les airs mais qui n’avaient pas d’égal pour envoyer de n’importe quelle distance un ballon dans un panier. On sait Bird casanier, fidèle en amitié, marié avec Diana, une copine d’enfance, et n’aimant pas l’agitation des grandes villes. Le maillot vert des Celtics et le trèfle irlandais symbole de la franchise lui collent si bien à sa peau de visage pâle. Earvin Johnson est son antithèse. Un extraverti, le sourire invariablement aux lèvres, un charisme exceptionnel, profitant à fond les ballons de sa situation de célibataire célèbre et qui à Los Angeles est surnommé un temps E.J. the Deejay pour fréquenter assidûment les boîtes de nuit. Une fois en NBA, les deux stars s’ignorent, trop différents en apparence, et les médias s’amusent à les distancer. Le rapprochement a lieu en 1984 lorsque Converse les réunit pour une pub qui marque toute une génération de fans. Magic et Bird ont en fait beaucoup plus de points communs qu’envisa-

mentera l’ex-Celtic Cedric Maxwell. Bilan de la décennie 80 : Lakers 5 titres, Celtics 3. Avantage Magic donc, mais sur le plan strictement individuel les deux superstars sont à égalité avec 3 oscars chacun de MVP. En ce mois de juin 1991, le pouvoir change définitivement de mains. Les Chicago Bulls sont pour la première fois champions NBA. Les Lakers constatent juste les dégâts en finale. Magic a encore des gestes magiques mais ce n’est plus le temps du Showtime. Sexy, aérien, féroce, joueur ultime, sublime, Michael Jordan s’affirme comme le meilleur basketteur de tous les temps. En France, dans le commerce spécialisé, on vend 6 fois plus de maillots à l’effigie de Jordan qu’à celle de Magic.

14 septembre 1991

Magic épouse Cookie

Lorsque Magic annoncera sa séropositivité, Pamela McGee, ancienne joueuse de l’université de Southern California, ra-


contera dans les colonnes du Los Angeles Times que ce n’est pas pour elle une surprise. « Connaissant son style de vie flamboyant, cela devait survenir à un moment ou à un autre. Ses amis intimes savaient qu’il était un homme à femmes. Il a toujours été traqué par des filles qui voulaient simplement coucher avec le Magic Man. » « Est-ce un mal qu’un homme célibataire ait du plaisir avec une femme célibataire ? Et avec beaucoup de femmes ? », s’interroge Magic dans son excellente autobiographie Ma Vie traduite en français. « C’est sur ce point que les critiques portent. Mais à partir de quel moment peut-on dire que c’est trop ? Dans la mesure où chacun y trouve son compte, quel mal y a-t-il dans le sexe entre adultes consentants ? » Ma Vie apporte un éclairage crû sur les mœurs en NBA, sur les facilités pour les joueurs à trouver des partenaires sexuels, sur l’appétit des femmes de toutes races, de toutes conditions pour ces athlètes surdimensionnés, riches et célèbres. Pour les séduire, certaines n’hésitent pas à envoyer des fleurs à l’objet de leur désir ! D’autres des lettres parfumées avec des photos d’elles en position érotique, quand ce n’est pas des vidéos et des sous-vêtements. Si l’homme est faible, résister à la tentation peut être surhumain. « J’avais même l’impression parfois qu’elles étaient plus excitées par mon salaire que par moi-même. Elles ne résistaient pas à l’idée de coucher avec un type qui gagnait des millions de dollars », a écrit Magic pas dupe. « Quand je remontais dans ma chambre, il y avait toujours une foule de messages sur mon répondeur », poursuit-il. « Dolores a appelé, elle attend dans le hall. » « Arlene a appelé, elle porte une robe rouge. » « Marion a appelé, elle est près de l’ascenseur. » Souvent, j’avais une dizaine de messages avant même que je ne réserve ma chambre d’hôtel. Des femmes que je n’avais jamais rencontrées. À New York, c’était le summum. Une opératrice du Grand Hyatt m’a dit un jour que je détenais le record des coups de téléphone. » Dans sa bio, Magic se livre sans tabou et explique que ce qui l’attirait alors dans les femmes, c’est la façon dont elles se déplacent, leur assurance, leur capacité à le faire rire. « Je ne supportais pas d’être avec une femme qui ne savait rien faire d’autre que pouffer, même si elle était à couper le souffle(…) Avec les filles trop sottes, je trouvais toujours un moyen pour abréger la séance. » Earvin utilise aussi une méthode qui a de quoi refroidir celles qui envisagent une relation supérieure à quelques ébats : il leur parle toujours, certifie t-il, de Earlitha « Cookie » Kelly, son amour de jeunesse, celle qui trois fois sera sa fiancée. Certaines prétendantes considèrent forcément Cookie comme une rivale, lançant bravache à Magic, « je vais tellement te gâter que tu vas l’oublier. » « Mais aucune n’a réussi. » « Les gens de Los Angeles s’étonnent que Magic Johnson puisse être attaché à moi. Pas moi », s’est exprimée Cookie. « Je sais qu’en réalité Earvin n’appartient pas à ce monde hollywoodien. Il n’a jamais changé au fond de lui-même. Sa personnalité n’a pas été altérée par le succès. Il est resté tel que je le connais depuis toujours : adorable, simple et lucide. » Earvin Johnson et Earlitha Kelly se marient quelques jours avant le début de la saison 1991-92.

7 novembre 1991

Le virus du SIDA

De la France, Magic Johnson en a juste une vague idée comme il l’a confié un peu auparavant à Maxi-Basket : « je n’y suis jamais allé. Je sais ce que j’entends, ce que je lis parfois, mais là, tout de suite, ça n’évoque rien, ni personne de particulier. »

Andrew D. Bernstein/NBAE via Getty Images

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La France, celle des jeunes, elle, connaît et aime Magic Johnson. Son arrivée à Paris à l’occasion de l’Open McDonald’s est un triomphe. « Magic ! Magic ! » hurle Bercy. Les Limougeauds sont suppliciés, les Espagnols de Badalone résistent étonnamment et le prestige des Lakers en sort intact, 2 matches, deux victoires. Magic est consacré MVP, naturellement. Retour aux États-Unis. Vendredi 25 octobre. Les Lakers sont en pré-saison à Salt Lake City et Magic est à l’hôtel avec ses équipiers quand il reçoit un coup de fil du toubib de la franchise, Mickey Mellman, qui lui demande de prendre illico le premier avion pour Los Angeles. Les examens sanguins qu’il a effectués pour bénéficier d’une assurance ne sont pas bons. Il n’en sait pas plus. Magic est accompagné de son agent et ami Lon Rosen pour se rendre au cabinet de Mickey Mellman qui les introduit dans son bureau. Il ouvre un tiroir et s’empare d’une grande enveloppe. À l’intérieur une plus petite. Il fixe le joueur droit dans les yeux. « Earvin, j’ai reçu les résultats des tests pour ton assurance-vie. Ils disent que ton test VIH est positif… C’est le virus du SIDA. » Le médecin lui explique ce que cela signifie. Magic, forcément, est groggy par l’annonce. Le soir, Earvin n’a pas d’autres choix que d’alerter sa femme. Cookie se met à pleurer. Elle ne lui demande pas comment il a attrapé le virus mais pour elle son mari est condamné à brève échéance. De plus elle est enceinte. Le bébé est-il contaminé ? Une semaine plus tard, les résultats de confirmation tombent : Magic est bien séropositif mais la mère et l’enfant à naître n’ont rien. Magic doit maintenant annoncer publiquement qu’il a chopé le virus du SIDA et qu’il se retire de la NBA. Cookie est terrifiée à l’avance estimant que son mari va devenir un paria de la société. Officiellement, jusque-là, Magic Johnson a la grippe. Le staff médical des Lakers a précisé que le joueur a maigri, qu’il ›››

• À Bercy (ici face à Bruno Lejeune du Limoges CSP) Magic découvre combien en France il est aimé.

« Earvin, j’ai reçu les résultats des tests pour ton assurance-vie. Ils disent que ton test VIH est positif… C’est le virus du SIDA. »


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« Dans la mesure où chacun y trouve son compte, quel mal y a-t-il dans le sexe entre adultes consentants ? »

• Américain • Taille : 2,05 m • Poste : Meneur • Clubs : Michigan State (NCAA)’77-79, Los Angeles Lakers’79-91, 95-96 • Palmarès : Champion olympique’92, Champion NBA’80, 82, 85, 87,88, Champion NCAA’79, Meilleur Joueur NCAA’79, MVP NBA’87, 89, 90. NBA Finals ’80, 82, 87. MVP All-Star Game’ 90, 92.

9 février 1992

MVP du All-Star Game

Les bulletins de vote ont été imprimés avant sa retraite forcée et le résultat ne fait que confirmer la popularité de Magic qui n’a pourtant pas foulé les parquets de la NBA cette saison. A l’Ouest, il se positionne à la 2e place des guards derrière Clyde Drexler des Blazers et il est ainsi introduit par les fans dans le cinq de départ du All-Star Game. David Stern, le commish de la ligue, donne son feu vert à sa participation.

Un début de polémique est amorcé. Coach des Bulls, Phil Jackson prévient : « les joueurs sont sereins, favorables au retour de Magic, quand ils parlent à la presse. Mais dans les vestiaires, en privé, la plupart d’entre eux admettent qu’ils préféreraient ne pas se frotter de trop près à lui. » Afin d’effrayer personne, la NBA prend des précautions : un joueur qui perd un peu de sang doit sortir immédiatement du terrain et les kinés portent des gants antiseptiques. Ce sont les « Magic rules ». Le match à Orlando est un conte de fées comme sait les écrire la National Basketball Association. Magic Johnson plane sur le match. Son sens de la créativité, du spectacle, son pouvoir de pénétration et sa souplesse sont intacts. Et en plus il marque ses trois shoots à trois-points. Les cinq dernières minutes font lever la foule. Magic livre un one-on-one avec son héritier Michael Jordan puis avec son grand pote Isiah Thomas. A quatorze secondes de la fin, il shoote de dix mètres par-dessus Thomas et la balle rentre dedans. « Ce qui se passe alors, je ne l’oublierai jamais. Personne ne songe à récupérer la balle. Les joueurs des deux équipes m’entourent, me serrent affectueusement dans leurs bras. L’émotion est si forte que je dois lutter contre les larmes. Jamais je ne me suis senti aussi grisé qu’à cet instant, ni autant aimé. » ndrew D. Bernstein/NBAE via Getty Images

››› est sujet à des malaises, il a été dispensé des deux derniers matches d’exhibition et des trois premiers de la saison régulière. « Sa grippe n’avait rien à voir avec le virus VIH », précisera plus tard son agent. Son ancien coach Pat Riley, Michael Jordan, Larry Bird, Kareem Abdul-Jabbar, David Stern, sont parmi les premiers avertis une fois la terrible sentence confirmée. Une conférence de presse est préparée alors que la rumeur de sa séropositivité commence à se répandre. Trois cents journalistes s’entassent dans la salle de presse du Forum d’Inglewood. Les téléspectateurs du monde entier regardent fascinés le Magicien d’Inglewood rouler ses grands yeux rieurs sur l’assistance, sourire pour dédramatiser un moment insupportable. « Soyons tout de suite clair, je n’ai pas le SIDA mais le virus VIH. J’ai l’intention d’aller de l’avant, j’ai un plan pour vivre longtemps et je vais continuer à vous embêter comme je l’ai toujours fait. La vie continue et je vais être un homme heureux. C’est un nouveau challenge. C’est comme lorsque vous êtes dos au mur, il faut swinguer pour s’en sortir. C’est ce que je vais faire. » « C’est une tragédie. C’est un héros pour moi et pour tous ceux qui aiment le sport », proclame George Bush Sr, président des États-Unis. « J’ai ressenti la même réaction de stupéfaction qu’il y a 28 ans, alors que j’étais en classe de maths, et que la rumeur de l’assassinat de John Kennedy a parcouru l’école comme dans un mauvais rêve », écrit Tony Kornheiser du Washington Post. « Si nous avons envoyé quelqu’un sur la lune, nous devons être capable de faire quelque chose à propos de ce désastre », estime Charles Barkley. À la demande de George Bush, Magic entre à la Commission Nationale de Lutte Contre le SIDA, et son charisme et son courage vont provoquer un fantastique courant de sympathie pour les autres malades. « Je veux que tous, particulièrement les jeunes, prennent conscience qu’il faut pratiquer le sexe protégé. » L’intoxication médiatique de certains courants religieux et politiques laisse alors croire que le SIDA ne peut pas atteindre les hétérosexuels et Magic n’aura cesse de confirmer qu’il n’est ni homo, ni drogué. « Si je l’étais, je le dirais. » En France, cette annonce va provoquer, comme partout, une véritable onde de choc. Les télés et les radios ouvrent leurs journaux sur la conférence de presse de Magic. La rédaction de Maxi-Basket recevra près d’un millier de lettres de sympathie à son intention ! En deux semaines, le joueur des Lakers accuse réception en tout de 100.000 lettres, fax et paquets y compris des recettes miracles comme il le confie à Sports Illustrated. « Il n’y a pas longtemps, quelqu’un m’a envoyé un pot de quelque chose qui ressemblait à du lait caillé en me disant « si vous buvez ça, vous irez mieux ». Un autre m’a conseillé de boire tout mon sang et de le remplacer par du sang chaud. » Repères On redoute une perte de poids, de la fatigue, un signe que le virus se déclare au fond de son corps, mais Magic sourie toujours • Né le 14 août 1959 à Lansing et encore, et le voilà qui fait une promesse qui fait frémir tous (Michigan, USA) ses fans, « je serai aux JO ! »


RÉTRO • maxi-basket 77 Magic Johnson reçoit le trophée de MVP, les réticences semblent levées, tout paraît parfaitement aller dans le meilleur des mondes. Une semaine plus tard, son maillot « 32 » est retiré et suspendu au plafond du Forum d’Inglewood. Il fait ses débuts comme consultant sur NBC et le 5 juin Cookie donne naissance à un fils, Earvin Jr. Il n’est pas infecté par le virus du SIDA.

9 août 1992

Champion olympique

Magic Johnson, Michael Jordan, Larry Bird, Charles Barkley, Pat Ewing, David Robinson, Chris Mullin, Scottie Pippen, John Stockton, Karl Malone, Clyde Drexler, plus l’universitaire Christian Laettner, l’Amérique a appuyé sur le bouton atomique pour se venger de la perte de sa couronne olympique quatre ans auparavant à Séoul. Ladies and gentlemen, here comes the Dream Team ! Un assemblage unique de puissance, d’ingéniosité, de créativité capable à la fois d’ensorceler l’opposition et les foules. Jordan se met volontairement un peu en retrait du champ médiatique et c’est Magic qui reçoit à la face toute la lu-

mière mais qui se charge aussi de cimenter le groupe. A Portland, au Tournoi qualificatif des Amériques, la Dream Team fait du petit bois de ceux qui sont davantage des contemplateurs que des rivaux. Avant de se rendre à Barcelone où on les attend en héros, les Américains n’acceptent qu’une invitation, celle de transiter par Monaco et d’y affronter l’équipe de France qui s’est trouée en qualif’ à Grenade, mais qui empiète volontiers sur ses vacances pour servir de sparring partner à la meilleure équipe de tous les temps, et de tous les sports collectifs confondus. Les Dreamteamers sont sérieux aux entraînements mais s’offrent en famille du bon temps le reste de la journée : black jack au Loews, golf au Monte-Carlo Country Club, balades en mer, sorties diverses et variées, et pintes de bière pour Larry Bird. « Ici c’est le paradis, le plus bel endroit du monde (sic). On ne va tout de même pas s’enfermer dans nos chambres le reste de la journée », s’exclame Magic. « Je crois aussi qu’il n’y a pas meilleure façon de solidifier les liens entre les joueurs. Une véritable amitié existe désormais entre chacun des douze membres de l’équipe. C’est déterminant. » C’est Monaco… Alors si 250 journalistes sont accrédités, le Stade Louis II n’affiche pas complet, on y recense ›››

Derrière les sourires de façade certains joueurs de NBA ne sont pas à l’aise dans leurs baskets à l’idée de rejouer contre Magic.

• Magic pouvait jouer à tous les postes, meneur de jeu comme pivot. • MVP du match des étoiles à Orlando.


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• Michael Jordan et Magic Johnson, deux joyeux drilles. • Magic Johnson jouait avec des bottes de sept lieues. • L’équipe de rêve, la seule, l’unique. • La médaille d’or remise par le président du CIO, Juan Antonio Samaranch.

››› 2.800 spectateurs, et la NBA a interdit l’accès aux caméras. « Et le show débuta, une bonne dizaine de minutes après le coup d’envoi. Magic, seul sur sa planète, fit chauffer les lasers, le sourire large comme ça », relatera le lendemain Arnaud Lecomte dans L’Équipe. « Le public a vraiment été fantastique avec moi », savoure l’Américain. Quatre ans auparavant, le meneur des Lakers est allongé sur un transat à Hawaï lorsqu’il assiste impuissant au triomphe à Séoul de l’URSS du géant Arvidas Sabonis face aux frêles universitaires américains. « Il est temps de remettre les choses au point pour montrer qui est vraiment le premier pays au monde en basket », réagit-il. La Fédération Internationale ouvre les compétitions internationales aux joueurs NBA jusque-là persona non grata, mais Magic ne peut se douter qu’il lui faudra juguler une terrible maladie pour avoir le droit d’être accueilli en héros sur la pelouse du stade olympique de Barcelone. On n’avait jamais vu ça, des athlètes, des basketteurs en l’occurrence, qui soient au centre d’attention de tous, des spectateurs, des téléspectateurs et des autres sportifs présents à la cérémonie d’ouverture. Le sourire de Magic Johnson irradie la planète Terre. Ils voulaient tous le voir, beaucoup l’approcher, le prendre en photos, au caméscope, lui parler. « La cérémonie d’ouverture de Barcelone a été l’expérience la plus dingue que j’aie jamais vécue. On est habitué à la célébrité, mais j’étais loin de penser qu’autant d’athlètes d’autant de pays voulaient me voir. » À Barcelone, les basketteurs américains sont logés dans un hôtel luxueux du centre-ville, un bunker, mais à chaque apparition en dehors Magic fait l’objet des mêmes sollicitations. « S’il vous plaît, est-ce que je peux vous prendre en photo ? » Et lui de répondre positivement, avec son éternel sourire. Sauf qu’une fois, en sortie avec Cookie et leur nouveau-né en poussette, ils sont bousculés et à même d’être piétinés. Magic est le Dream Teamer à passer le plus de temps sur le parquet (29 min en moyenne) pour 11 points et 6 passes. Le coach Chuck Daly n’a pas besoin de prendre un seul temps-mort de tout le tournoi. Jamais équipes olympiques n’ont été aussi heureuses d’être malmenées, écrabouillées, humiliées. « Pour nous l’argent valait l’or », sourit le Croate Drazen Petrovic après la finale perdue de 32 points. Magic est en extase : « pour moi, les Jeux Olympiques constituent la chose la plus importante de ma vie. Je me suis complètement éclaté. J’ai éprouvé un sentiment extraordinaire et

lorsque l’hymne national a ensuite retenti, quelle émotion sur le podium ! Mon corps tout entier a tremblé. »

29 septembre

Le vrai-faux retour

Les Grecs d’Olympiakos, qui ne regardent déjà pas à la dépense, lui font une offre de 6 millions de dollars. On évoque un transfert aux Knicks où coache Pat Riley son ancien mentor. Magic passe une semaine à Hawaï et évoque un possible retour aux Lakers avec Jerry West, le general manager des Lakers avec qui il organise un camp estival. Le 20 septembre, Magic est la tête d’affiche du Midsummer’s Night Magic allstar qui rassemble chaque été une myriade d’étoiles de la NBA afin de collecter des fonds pour les Noirs défavorisés. En fait, Magic s’entraîne trois fois par jour à l’université d’UCLA et il soulève intensivement de la fonte, au point de gagner sept kilos de muscles à son retour de Barcelone. Magic prend une première décision : il démissionne de la Commission de Lutte contre le SIDA estimant que le gouvernement Bush n’a pas fait le job. Il appelle à voter pour le candidat démocrate Bill Clinton. Interrogé, le professeur français Luc Montagnier qui a découvert le virus du SIDA est formel : « je ne connais pas le cas personnel de Magic Johnson. Ce que je peux dire c’est que la pratique du sport n’accélère pas le processus qui mène au SIDA. Au contraire. Les gens qui apprennent qu’ils sont séropositifs ont souvent un extraordinaire appétit de vivre. C’est comme pour le cancer, personne ne résiste mieux au SIDA que celui qui a envie de se battre. Maintenant, évidemment, s’il y a le moindre signe d’infection, de fièvre, il faut arrêter tout de suite. » À 13 heures ce 29 septembre, Magic Johnson donne une nouvelle conférence de presse, délivrant le message que chacun attend : « je vais jouer de nouveau, yeaaaahhhh ! » Les journalistes présents, oubliant toute réserve professionnelle, se lèvent d’un bloc et l’applaudissent. Comme de simples fans. « C’est l’heure d’avoir du fun », poursuit-il. « Dieu m’a mis sur terre pour jouer au basket-ball et c’est ce que je vais faire. Je jouerai de 50 à 60 matches et pas seulement ici, à Los Angeles. J’éviterai de faire des matches deux jours de suite, mais il est hors de question que je manque des rencontres importantes à Boston, Chicago ou New York… Ce n’est pas une tournée d’adieu. Je reviens pour gagner le titre ! » « Je frissonne d’émotion pour Magic et je suis heureux qu’il


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puisse continuer de jouer », lance de la Ccôte Est son pote Larry Bird. Sans Magic les Lakers étaient orphelins. A l’annonce de son retour le bookmaker anglais Ladbrokes fait passer leurs chances d’être champions de 50 contre 1 à 33 contre 1. « Pas de doute : nous avons le potentiel pour être champions ! », commente Jerry West.

Une story merveilleuse ?

Pas tant que ça. Magic Johnson ne sera pas revu en pourpre et or cette saison-là. Quelques jours plus tard, un simple communiqué de presse à l’entête des Lakers met fin à l’espérance : « j’arrête ! » Earvin est-il malade, le SIDA s’est-il déclaré ? Non. En fait la polémique a repris depuis son retour et certains chroniqueurs ne font pas dans la dentelle, ainsi Dave Kindred, collaborateur à l’hebdomadaire Sporting News, visiblement aussi bête et méchant que Joe Dalton, écrit : « maintenant il (Magic) pourrait dire l’entière vérité

ler à visage découvert de sa peur d’être contaminé. Karl Malone, équipier de Magic à Barcelone, tient le même discours dans The New York Times : « La Dream Team était un concept que tout le monde aimait. Maintenant, nous revenons à la réalité. Je ne suis pas un fan ni une cheerleader. Son retour est sans doute bon pour le basket-ball, mais il faut regarder au-delà de ça. Pour moi, sur un un-contre-un avec Magic dans les dernières secondes d’un match, je n’hésiterais pas. Je suis là pour gagner, je penserai aux conséquences après, mais je sais que beaucoup de joueurs sont plus inquiets que moi. Il y a beaucoup de jeunes gens qui ont une longue vie devant eux. Le basket est un jeu physique avec des coups de pieds, des griffures, des écorchures. » Peur légitime ? Il faut dissocier le discours homophobe du chroniqueur de Sporting News et la réaction de certains joueurs qui, dans le contexte de l’époque où le SIDA est devenu synonyme de mort, ne savent pas réellement s’il y a un risque ou pas de jouer contre Magic. Des insiders, tel Sam Bowie des Nets, révèleront aussi que certains « veulent

« Lorsque l’hymne national a ensuite retenti, quelle émotion sur le podium ! Mon corps tout entier a tremblé. » à propos de la façon dont il a contracté le virus VIH. Il affirme que c’est en pratiquant l’acte sexuel sans précaution. Beaucoup de gens disent que c’est improbable. Une étude démontre que les chances sont de 1 sur 500 même si un homme n’utilise pas de préservatifs avec une partenaire infectée (…) Un homme a des chances des centaines de fois supérieures d’être contaminée par le virus VIH avec des contacts homosexuels ou en utilisant des aiguilles souillées. » L’Amérique bien pensante a traditionnellement l’habitude de s’enfoncer dans des certitudes aussi stupides que délétères. Autre volet, comme l’affirmait en février Phil Jackson, derrière les sourires de façade certains joueurs de NBA ne sont pas à l’aise dans leurs baskets à l’idée de rejouer avec Magic. Déjà à Barcelone le médecin de l’équipe d’Australie avait déconseillé à ses joueurs d’affronter la Dream Team et le capitaine Phyl Smith avait exposé ses craintes. Tom Copa, intérieur des San Antonio Spurs, est le premier NBAer à par-

continuer à croire qu’ils peuvent sortir avec des filles sans peur et sans précaution. » « C’est un peu décevant de la part des autres joueurs, de ses potes, surtout dans cette période de sa vie où il a besoin de l’aide de tous », nous dit alors l’international Georgi Adams qui faisait partie de l’équipe de France de Monaco. « Peut-être sont-ils mal informés sur le sujet, peut-être y a-t-il un peu de jalousie dans tout ça. S’il avait rejoué, 2-3.000 personnes supplémentaires seraient venues dans chaque salle rien que pour le voir. C’est le basket le grand perdant. Je suis les matches de la NBA à la télé et j’aurais bien aimé assister à son retour. » Épilogue : après quatre saisons blanches, Magic Johnson refait son come-back le 29 janvier 1996 pour 32 matches. Bilan : 14,6 points et 6,9 passes décisives, à 36 ans et demi. Même les plus grands magiciens un jour quittent la scène, définitivement. Mais vingt ans plus tard après les fastes de l’année 1992 Earvin Johnson est toujours vivant et c’est bien ça le plus réjouissant. l


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FONDAMENTAUX

LE TEAR DROP

LARME FATALE

COMMENT ÇA MARCHE ? Par Thomas BERJOAN

ON L’APPELLE LE TEAR DROP, LE FLOATER. EN ESPAGNE, NAVARRO A DÉPOSÉ LE BREVET SUR L’APPELLATION « LA BOMBA ». TOUT CELA DÉSIGNE FINALEMENT LA MÊME CHOSE. IL S’AGIT DE LA TECHNIQUE QUI PERMET AUX PETITS DE VENIR MARAUDER SUR LA CHASSE GARDÉE DES GROS ET DES GRANDS. UNE SORTE DE MIRACLE… Par Thomas BERJOAN

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Glenn James/N

BAE via Getty Ima ges

Le secret, c’est le tear drop », explique Tony valeur en raison d’un esthétisme étrange – un tir jeté Parker en 2006. « Il y a tellement de joueurs à la va-vite, en rapine – dépourvu de la belle ampliqui veulent finir au cercle en dunkant… Mais tude technique d’un tir lointain ou de la puissance dyquand la défense monte sur toi, une des meilleures namique du dunk. Mais, le tear drop permet de jouer façons de marquer est de jeter la balle au dessus de sur un registre différent. tout le monde. C’est pour ça que le tear drop marche aussi bien. C’est un shoot que les jeunes devraient Dégainer plus vite que son ombre bosser. » Bon, concernant Parker, ce move n’est plus Même en NBA ou les défenses sont plus écartées un secret du tout. Le Français des Spurs est devenu le qu’en basket FIBA du fait de l’existence de la règle spécialiste mondial du « dépôt de larme », traduction des « 3 secondes défensives » qui empêche les intélittérale de l’expression anglaise. Le « flotteur », rieurs adverses de rester dans leur raquette plus de 3 ce ballon qui suit une courbe délicate, lente et qui secondes sans établir un contact avec un attaquant, retombe dans le cercle comme une larme meurt sur pour un meneur de petite taille, finir au cercle est un une pommette, est l’apanage des meneurs scoreurs. acte de bravoure tant les risques de contres sont imC’est Gary Payton (joueur NBA de 1990 à 2007, 9 fois portants. Le floater permet d’exploiter la qualité prinAll-Star avec Seattle) qui le premier a fait de ce geste cipale des petits : la vitesse. Pourquoi ? une arme de catégorie A. C’est lui qui a donné ses Il se déclenche directement sur les derniers appuis lettres de noblesse à ce geste bâtard. Le tear drop du dribble. Contrairement au jump shoot qui demande est le fils illégitime d’une union entre un lay-up et un une gestuelle un peu longue – prise d’appui, équilishoot en suspension. Un hybride, pas encore telle- brage et lâché du bras – et contrairement au lay-up ment académique. Un geste pas reconnu à sa juste qu’on voit forcément venir puisqu’il intervient après

Photos par Fern

ando Medina/NBA

E via Getty Ima

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La défense d’Orlando et notamment Dwight Howard, contreur référencé, ont vécu un calvaire contre Parker et ses tear drops cette saison !


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TP devant Delonte West des Mavs.

deux appuis de course, le tear drop est un instan- bonnes, mais impossible de vraiment l’empêcher tané. Le dernier véritable appui se fait en même de tenter sa chance. temps que le dernier dribble. Chez Parker, il s’agit d’un appui à deux pieds. En général, le centre de L’aide est battue gravité est très bas et le joueur fléchi. Le deu- L’autre avantage de la manoeuvre, c’est qu’elle permet xième appui, généralement le pied droit pour les également de prendre de vitesse l’aide en deuxième droitiers vient alors se placer au même niveau rideau. Regardez l’aide défensive d’Orlando sur les clique le pied gauche, peut être un poil en avant, chés 2, 3 et 4. À aucun moment Dwight Howard, Big Baby au moment où le ballon remonte du dribble pour Davis ou Ryan Anderson ne sont dans le bon timing pour venir directement dans la main shooteuse qui venir contrarier Parker. Toujours un petit temps de retard. s’élève dans la foulée. L’impulsion de la balle est Pas énorme, mais ça suffit. Regardez également les donnée avec l’intégralité du corps. C’est un shoot pieds de Parker, notamment sur la photo 2 où la menace à une main et cette dernière ne sert vraiment qu’à du contre est très proche. TP ne saute pas beaucoup guider le ballon. Sur ce type de geste, Parker ne avant de déclencher son tir. L’objectif, c’est de shooter fouette pas le poignet de façon classique. Pas la vite. La hauteur appartient à la courbe du ballon, pas du peine. Il suffit de le contrôler. Ce qui demande shooteur. Et puis, comme expliqué précédemment, la un toucher exceptionnel, notamment parce que prise d’appui n’est pas faite pour prendre une impulsion l’attaquant shoote en avançant. Au final, tout est de saut, contrairement au lay-up ou au jump shoot. raccourci et accéléré dans ce mouvement. Parker n’est évidemment pas le seul à utiliser le tear L’objectif, c’est de prendre de vitesse son vis-à- drop. Derrick Rose, le meneur de Chicago le fait égavis. Sur la photo 1 par exemple, Delonte West, lement très bien. Après, une variante de ce geste, parpourtant rapide et plus grand que TP n’a le temps fois aussi appelé le runner ou tir en course, est utilisée que de lever la main. Pas suffisant pour contrer. notamment par Chris Paul, Juan Carlos Navarro et sa En effet, impossible de voir venir ce tir déclenché fameuse bomba ou des joueurs évoluant à d’autres « dans le dribble ». Souvent Parker alterne désor- positions comme Antwan Jamison par exemple. Il mais le tear drop avec une feinte ou il marque une s’agit d’un tear drop déclenché en course mais sur le pause dans son avancée en dribble, pour mieux premier appui des deux appuis autorisés au basket. Le repartir ensuite si son défenseur a mordu et quit- principe est le même que pour le tir de TP : prendre de té ses appuis. Ce qui est exceptionnel, c’est qu’en vitesse et par surprise son défenseur et l’aide potendépit de son gabarit, cette technique permet tielle. Ensuite, il implique le même talent et le même à Parker de déclencher son tir pratiquement à toucher pour déposer un tir en hauteur à pleine vitesse. volonté. Il obtiendra des positions plus ou moins Dans un cas comme dans l’autre, du grand art. ●


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CONTRÔLE SURPRISE !

GÉRARD BOSC Par Fabien FRICONNET

it, a répondu avec a tout vu et tout fa i qu le is, ça an fr et sk sans doute le quizz L’historien du ba 4 uelles à ce qui est ns bit ha tio e es lic qu ma les sa e et qu sa gentillesse l’on considère Si . né agi s im Ce s « on ay r. eu us plus difficile que no tails statistiques, la note de 4 est de val . Ce sont dre dé s on de rép r y su ir nt vo sa rte de po et 9 à moi peu plus pertinentes. C’était questions sont fort ondre si j’avais été un » rép pu ais ur j’a s lle . ue es xq iqu au st de stati des questions suis pas très féru ne je i, mo , rès Ap e. en 1921 ? perspicac la première division)

4/10

ellence (l’ancêtre de er championnat d’Exc 1- Qui a gagné le premi ❏ L’Évreux AC é du ❏ Le FA Mulhouse le nçais qui était crédit Lil C ❏ L’I 50, c’est le Stade Fraété accordé indûment à ées ann ux u’a sq Ju « Aucun des trois ! magouilles (il rit) et le titre a ensuite n a rendu son titre au Stade titre mais il y a eu des ans, le comité directeur de la fédératio diplôme de champion. » le Évreux. Il y a cinq-six rétabli dans son bon droit et a reçu été Français, qui a donc actuellement ? ur rebondeur de NBA 2- Qui est le meille ❏ Marc Gasol

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❏ Dwight Howard ❏ Shaquille O’Neal s très peu la NBA. » « Je suis vraiment trè

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lieu à Strasbourg ? ampions 1981, qui a eu Ch des e up Co la de e at de la final le Real Madrid 3- Quel a été le résult ❏ Maccabi Tel-Aviv bat logne ❏ Maccabi Tel-Aviv bat X Tel-Aviv al Madrid bat Maccabi

la Virtus Bo

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que c’était contre ❏ Re gagné mais je croyais tch, qui était très it ava i qu abi cc Ma le ma t « Je savais que c’étaici dit, maintenant, je me souviens bien du dy. Un sacré joueur ! » Ce abi Tal Bro cc Ma du r eu le Real. Aïe, aïe, aïe. jou le i éressant auss intéressant. Très int

? ur français de Pro A ent le meilleur passe em ell tu ac t es i Qu 4❏ Fabien Causeur rc-Antoine Pellin Ma ❏ ? Albicy ? Oui, je dis icy Alb ❏ Andrew vous pour le premier Pro A mais j’avoue que esdit ent mm Co r. eu p la Caus « Bon, ça n’est pas is évidemment beaucou llin. D’accord. Je su lui. Ah bon, c’est Pe ucoup les statistiques. » e) de je ne consulte pas bea s de la finale (perdu Tchécoslovaquie lor la de r eu rqu ma ur 5- Qui a été le meille RSS ? l’Euro 1985 contre l’U ❏ Stanislas Kropilak issait ❏ Jiri Okac ec ben l’époque. On le conna Bra il ❏ Kam ur joueur tchèque de voyez ? C’était très rare à ille me le nt ime vra t s « Oui, Kropilak. C’étaiun joueur du genre Andrei Kirilenko, vou tout, d’être partout. » bien, celui-là. C’était un joueur capable, comme ça, de faire de cette époque de voir cette saison ? r du CSKA Moscou 6- Qui est l’entraîneu ❏ Jonas Kazlauskas ❏ Sergio Scariolo min Ere Il y a de très très bons v sla ani ❏ St C’est vraiment un niveau…bien trop fort. On est balayés. » ue. leag uro d’E p ou uc « Je regarde pourtant bea, on ne peut pas jouer ces matches-là. C’est matches. Nous, en France n ? Zianveni cette saiso 7- Où joue Maxime ❏ Nanterre Nanterre ❏ Le Havre sais que ça n’est pas ❏ Strasbourg depuis Nancy. Mais je » vue de du per i l’a je g. e st Strasbour « Lui, j’avoue qu Le Havre non plus, c’e et comme ça n’est pas avec les Bleus aux l a remporté l’argent u’i sq lor 8, 194 en er es Perri 8- Où jouait Jacqu Londres ? de s ue piq ym Ol Jeux ❏ Bellegarde e ❏ Hirondelles Coutur sitions. ❏ Pont L’Évêque endre les trois propo att s dans la seconde, san du on rép a sc Bo r Monsieu ord de points isson a établi le rec bu Du rvé He e, èc Gr 5, contre la 9- Le 21 novembre 198 ien ? h par un Bleu. Comb tc ma un r su marqués ❏ 57 ❏ 54 malheureuses ❏ 53 it fait des déclarations is je sais que Hervé ava eurdreville. Il s’était fait tirer l’oreille Ma nt. me cte exa s plu match à Equ le contre « Je ne savais livré une opposition fol pour avoir fait jouer ce à l’encontre de la FFBB sur le terrain, il était dans un état… ! Il avait Mais on avait perdu (rires). » t. pour cette sortie. Mais quand il était dans cet état-là, il mettait tou , Yannakis et Galis. Hervé ns en tant que la Coupe des Champio rté po rem a e, ann Ro coach de 10- Luka Pavicevic, le uipe ? éq e ell qu ec joueur. Av ❏ KK Split

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