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son projet. Il a ensuite 90 jours pour motiver son cercle intime puis les amis des amis des amis, pour les inciter à miser sur son projet. Chaque versement donne droit à une contrepartie que l’artiste s’engage à donner à ses financeurs. Si au bout de 90 jours la somme est atteinte, l’argent est versé à l’artiste. Si la somme n’est pas atteinte, rien n’est débité des comptes des donateurs. Que faites-vous pour aider l’artiste pour sa levée de fonds ? Nous donnons un maximum de visibilité au projet sur notre site (dont la fréquentation a doublé), sur nos réseaux sociaux (qui sont en plein boom), et nous proposons également à nos partenaires de le valoriser. Bref, nous mettons toute notre machine en action pour soutenir la levée de fonds. Mais celle-ci est avant tout réalisée par l’artiste.

« Nous ne sommes pas en opposition avec MP 2013. Nous sommes juste différents » Et ça marche ? En France, KKBB constate que 30 % des levées de fonds se concrétisent. Mais ils n’avaient jamais travaillé dans une configuration où l’artiste était soutenu par une équipe et porté par un projet placé sous les feux des projecteurs. Nous comptons bien faire exploser le taux de réussite.

Marseille 2013 Off Le premier Off de l’histoire des capitales européennes de la culture sera forcément marseillais. Amateurs ou professionnels, tous les créatifs du coin sont appelés à participer. Un projet initié par Eric Pringels et son association M2K13. Il nous donne le mode d’emploi. Par Alexandre Lévêque

Qui êtes-vous ? Marseille2013.com a été créé en 2004 par Martin Carrese, Antonin Doussot et moi-même. Nous sommes trois artistes marseillais et nous avions parié que Marseille serait capitale européenne de la culture en 2013. Depuis, nous avons été rejoints par d’autres personnes qui sont venues apporter leurs compétences et leurs passions. Pourquoi organisez-vous ce Off de la capitale européenne de la culture ? Nous souhaitons replacer l’artiste au centre de l’événement. L’équipe de Marseille-Provence 2013 poursuit manifestement d’autres objectifs, plus économiques et

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touristiques. Nous ne sommes pas en opposition avec eux. Nous sommes juste différents. Dans cette perspective, le Off de Marseille 2013 sera une première dans l’histoire des capitales européennes de la culture ! Comment préparez-vous ce off ? Nous avons lancé un appel à projet aux artistes, voici trois mois. Nous avons déjà reçu une trentaine de propositions dont les premières ont été publiées sur notre site marseille2013.com. Nous ne pouvons pas aller plus vite car jusqu’à présent, nous sommes tous bénévoles. Le Off, pour nous, c’est donc notre troisième journée (après le travail et la famille). Comment aidez-vous les artistes ? Nous publions leur projet sur notre site, ce qui leur donne déjà une visibilité. Ensuite, si l’artiste le désire, nous le mettons en contact avec le site kisskissbankbank.com (KKBB), notre partenaire financier, pour organiser sa levée de fonds. KKBB fonctionne comme MyMajorCompany : il aide les artistes à réaliser des micro levées de fonds (de l’ordre de 5 000 euros) pour réaliser un projet. Comment cela fonctionne ? L’artiste travaille avec KKBB pour produire du texte, des visuels et tout autre matériel permettant de faire connaître

Comment comptez-vous vous développer ? À partir de la rentrée 2011, nous allons organiser des séances de présentation des levées de fonds aux artistes présents sur notre site pour les inciter à se lancer. Nous espérons qu’un maximum d’entre eux se lancera et nous les soutiendrons. Notamment en organisant de nouvelles manifestations à Marseille. Pendant ce temps, une autre partie de l’équipe recherche des financements et surtout, un lieu dans le centre-ville de Marseille où nous pourrons installer nos bureaux, un shop et un espace d’expo. L’idée, c’est qu’en 2013 nous puissions programmer les artistes dans ce lieu. Mais nous souhaitons aussi trouver d’autres lieux partenaires. À quoi ressemblera votre 2013 à vous ? Ce qui nous intéresse, ce n’est pas la Méditerranée (on peut aller s’y baigner, c’est déjà pas mal), mais les paradoxes de la ville. Ville cosmopolite mais esprit villageois, ville urbaine mais verte, ville portuaire mais tournée vers l’intérieur, ville morte la nuit mais prochaine capitale européenne de la culture, ville qui désigne des élus mais qui est gouvernée par d’autres, ville de chaos urbain mais qui tend à la normalisation, ville incontrôlable mais prévisible, ville monde mais qui ne pense qu’à Paris, ville raciste mais solidaire, ville repoussante mais attachante… Marseille nous séduit et nous révulse par ses multiples paradoxes. C’est ce qui fait sa particularité. Mais c’est souvent ce qui ne plait pas aux pouvoirs qui voudraient bien que Marseille ressemble à une autre ville. Nous, c’est comme cela qu’elle nous plait. En 2013, tous les artistes du Off viendront offrir leur vision de ces paradoxes aux visiteurs. n www.marseille2013.com

Projet

Le festival international du film chiant Bon, on a déjà le FID… Mais le festival international du film chiant, ça sera bien pire ! Le FIFC est le premier projet du Off à faire l’objet d’une levée de fonds. Objectif : 3 999 euros. Donnez ! Pour Emmanuel Germond, un festival international du film chiant aurait la vertu « d’inciter le public à tenter une nouvelle expérience à travers des films qui prennent le temps ». Le temps de regarder, de sentir, de s’approcher, de scotcher, de bailler… En 2013, la première édition de son festival serait resserrée, pour sa programmation principale, autour de quatre « sublimes films » de Todd Solondz, Sharunas Bartas et Bela Tarr. Ennui mortel garanti. Le FIFC s’éterniserait sur toute une semaine aux cinémas Les Variétés et César (spécialistes en matière de films chiants). Mais les plus vaillants se laisseront tenter par le pack « chiant intégral » qui permet d’assister à des projections et événements dans plusieurs lieux (Vidéodrome, Daki Ling, L’Embobineuse, Polygone, Montévidéo). Pour « la nuit la plus chiante » de clôture, on agonisera devant le redoutable documentaire chinois À l’ouest des rails, d’une durée de… neuf heures. Le cinéma Les Variétés fournira bien sûr couvertures, oreillers et petits déjeuners. Aussi, avec le FIFC, il est permis de partager son ennui. Les spectateurs seraient donc invités à proposer des films chiants pour l’édition suivante, et même se pointer avec leurs films sous le bras avant une projection pour une séance improvisée. Enfin, Emmanuel Germond réfléchit à un « prix du film le plus chiant » à l’attention des créateurs locaux. Ils pourraient peut-être même bénéficier d’un accompagnement pour parvenir à réaliser un premier (trop) long métrage.

Pour soutenir le festival international du film chiant, participez à sa levée de fonds sur :

www.kisskissbankbank.com/projects/festivalinternational-du-film-chiant-fific

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