Numéro 1 - Magazine Karma

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rock, folk, metal, Hip-hop, classique, jazz, électro & bandes originales

Interviews Catherine Ringer, jethro tull, baru / live report Hellfest / Portfolio Festivals / Le Grand Soir, un film punk / Lenny Kravitz, star du rock / les talents de Rebecca Noël / Kavinsky, électro rétro / LA B.O. de Mirror’s Edge / votre John Lennon à découper !


Photos cahier de couverture: Ugo Schimizzi

édito

Douze mois déjà ! Un an entre le lancement de l’idée et la mise sous presse, plus concrète. Un an, pour réfléchir et peaufiner ce projet. Un an aussi pour réaliser ce premier numéro. C’est peu et tellement à la fois.   Entre vos mains, le Magazine Karma, 44 pages de couleurs, de graphismes et surtout de musiques. La musique, terrain de création, en concert, en studio et en interview. Mais aussi la musique, présente dans la vie de chacun d’entre nous, au détour d’un film, à l’intérieur d’un jeu vidéo, pour exprimer une joie, un cri. Face à tous ces sujets, nous avons opté pour ce trimestriel, mais aussi pour un site internet et une page facebook, peuplés de contenus ajoutés au fil de l’inspiration et des agendas. La Lorraine et le Luxembourg pour terrain de jeu, mais le monde entier comme terrain d’entente, avec quelques escapades, notamment en festivals dans ce premier numéro.   Un premier numéro donc, avec une belle équipe, en espérant pouvoir vous y inclure très rapidement, en tant que fidèles lecteurs.

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Schimizzi

Marc Domingo, Illustrateurs : Juliette Delvienne, Schuster Laure Fatus, Marine Pellarin, Pierre e Pusceddu Communication : J.B. La Rosa, Adelin

ume Hann Maquette et mise en page : Guilla Mathias, Ugo Schimizzi Photos : Juliette Delvienne, Cédric

Directeur de la rédaction : Ugo

Hann

erie verte 57 190 Florange Imprimé par L’huillier, imprim

Directeur Artistique : Guillaume

Marine Pellarin Flag, Nicolas Hann, Dom Panetta, Rédacteurs : Thibaut Clément, Rémi ël Fromeyer, Ioanna Schimizzi Correcteurs : Lauriane Bieber, Micka

issn : 2259-356X Dépôt légal : à parution

ine édité par : Association Son’Art Lorra 40 Avenue de Nancy 57 000 METZ Schimizzi Directeur de la publication : Ugo

Ugo Schimizzi Rédacteur en chef


2 édito 4 découverte : rebecca noël

Explorez les 5 facettes d’une musicienne de talent.

6 live report : hellfest 2012

Le festival metal bat son record d’affluence.

8 portfolio : festivals

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Retour en images sur les festivals qui ont marqué cette saison musicale.

12 dossier : lenny kravitz

La success story d’une rock star planétaire.

16 dossier : cypress hill

La légende du hip-hop américain poursuit son ascension, après bientôt 25 ans de carrière.

22 interview : jethro tull’s ian anderson Rencontre avec une légende du rock.

26 interview : catherine ringer

Un face à face débridé avec l’ancienne chanteuse des Rita Mitsouko, toujours aussi extravagante.

30 interview : baru

Le Grand Prix du Festival de BD d’Angoulême 2010 nous fait partager sa vision du rock’n’roll.

34 influences : kavinsky 36 cinéma : le grand soir 38 museek : mirror’s edge 40 jeux 41 découpage

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découverte

Rebecca Noël a la fâcheuse tendance de tout prendre sous le regard de l’art et même de la chanson. Son passeport indique à peine plus de vingt-cinq ans, mais possède déjà les marques de nombreuses expériences. Surtout, une envie intangible de créer, faire et défaire la musique.

par UGO SCHIMIZZI

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Attirée par les arts en général, c’est d’abord la musique qui va orienter Rebecca vers ses études à la Music Academy International (M.A.I. Nancy) avant de probablement la guider vers le conservatoire de Jazz de Metz. Auteur compositeur et multi-instrumentiste depuis plusieurs années, elle n’a jamais reculé devant un nouveau défi. Guidée par l’ambition de multiplier les aventures, Rebecca travaille aujourd’hui sur un ensemble de projets, du rock au théâtre polymorphe. Découverte d’une artiste aux talents variés.

Mock | www.mocksongs.com

Blossom | www.masse-blossomique.net

NosyBay est peut-être la formation la plus accessible de Rebecca. Fait de deux ou trois musiciens, le groupe se propose de vous emmener dans son répertoire de reprises pop folk, bientôt accompagné de différentes compositions, depuis l’arrivée récente d’un batteur comme nouveau compagnon. Décrit comme un groupe capable de jouer « pour toute occasion privée et publique, allant du vin d’honneur aux restaurants cosy, en passant par des pubs festifs, ou encore de grands événements », NosyBay brille par sa simplicité et son efficacité.

Blossom est à la fois le nom d’une formation de musique traditionnelle irlandaise créée en 2006 et d’une association, dont Rebecca est la présidente, chargée de promouvoir la musique traditionnelle irlandaise et folk en Lorraine. Entre voyages et rencontres, Rebecca, en plus de chanter, s’est initiée au bodhràn (percussion irlandaise) et aussi au concertina (accordéon anglo diatonique). Blossom permet à ses musiciens d’explorer, grâce à dif férents stages à t ravers l’Europe, le potentiel de la musique traditionnelle irlandaise.

Lancé à l’initiative de Fabien Bertrand, Mock tient lieu à la fois de groupe musical et de formation expérimentale. Proposant des compositions originales teintées de couleurs rock, Mock évolue en duo ou trio, selon le lieu de représentation. Véritable spectacle composé de l’alliance de différentes professions artistiques, le groupe invite les spectateurs à découvrir un monde onirique, conté par Rebecca. Les musiciens transportent le public et le font voyager.

NosyBay | www.nosybay.com

Photo fournie par Rebecca Noël


Congo Square | www.congo-square.net

Congo Square est un projet existant depuis 2009 et initié par Antonio Tarantino. à présent composé de six membres, ce groupe offre un funk groovy dont le chant a été enrichi par Rebecca, sa nouvelle chanteuse. Italiens, français, allemands et luxembourgeois participent à ce projet international pour le moins particulier, composant leurs chansons en anglais. également armé d’un saxo et d’un trombone, l’ensemble n’a pas hésité longtemps avant de saisir l’opportunité d’être programmé au Jazz’n’Blues rallye de Luxembourg en 2011.

Aislinn-Art | www.aislinn-art.com

Aislinn-Art est probablement le projet le plus ambitieux de Rebecca. Mis en place au début de cette année, cette création est à la fois un mélange de musique, de théâtre, de poésie et de peinture, le tout finement habillé d’une scénographie de Hadalyscéno. Mieux, Aislinn-Art se propose de développer un vernissage pour le moins original à chaque fin de représentation, mettant en avant douze toiles réalisées par autant d’artistes. Au total, plus d’une vingtaine de personnes participent à l’aventure, dont le premier spectacle verra le jour fin 2012.

Aislinn (« rêve » en gaélique) raconte l’histoire d’une jeune femme, entraînée dans une expédition en train, tout autant que dans ses rêveries.   C’est finalement le voyage qui semble être la composante principale des projets de Rebecca Noël. Dominante indispensable à la création et récréation, ce sentiment d’ailleurs et de découverte sert les propos d’une artiste en devenir, en pleine recherche d’un futur pluriel. Bon vent ! > Rebecca Noël, www.rebekkarts.com

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live report

Edgu

y

par NICOLAS HANN

Retour en Enfer… La fête du metal, nouvelle formule, s’est tenue en juin dernier près de Nantes. L’occasion pour nous de faire un bilan sur un festival international qui grandit encore et encore. Le chiffre est tombé : ce sont 115 000 festivaliers qui se sont rassemblés à Clisson du 15 au 17 juin, pour en prendre plein les oreilles. 35 000 de plus qu’en 2011, 15 000 de plus que l’attente des organisateurs. Dans les chiffres, le contrat est plus que rempli. Mais qu’en était-il sur le champ de bataille ?

mptatio Within Te

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C’est sous la pluie que nous arrivons à Clisson vendredi 15 juin, en fin de journée – pauvres Mosellans que nous sommes, nous ne pouvions faire mieux. Bien guidés par les panneaux, nous

arrivons rapidement sur un parking fort loin du festival et du camping. Nous sommes accueillis par un membre de la Hellfest Team qui nous demande de quoi s’hydrater. Je lui tends donc machinalement une bouteille d’eau avant de me rendre compte de mon erreur. Ses yeux brillants et la couleur écarlate de ses joues et de son nez par ce temps pourri auraient dû me mettre sur la voie : l’énergumène voulait du houblon ! Il nous en aura donc couté deux bières (évidemment son copain éméché en voulait une aussi) pour nous garer sur un parking à plus de trente minutes à pied des scènes, reçus


par un guignol qui n’avait de toute évidence plus besoin de picoler pour la journée et qui était incapable de répondre à de simples questions sur l’organisation du festival. Bref, si la première impression est souvent la bonne, le weekend s’annonçait mal !   Rassurez-vous ! C’est bien le seul couac du festival que j’ai à signaler, si tant est que l’on puisse parler de « couac ». Bon d’accord, la perfection n’est guère de ce monde et les fausses notes étaient bel et bien de la partie - manque de sanitaires par exemple, qualité sonore pas toujours bonne pendant les concerts – mais ce n’est certainement pas ce qu’on retiendra. La fête a bien eu lieu !   Avant toute agression sonore, le premier élément distinctif est sans conteste le décor. L’immense chapelle habillée du logo Hellfest accueille le public pour le plonger dans l’univers des mangeurs de chauvessouris et des adorateurs de Satan. Une fois passée la sécurité, une énorme croix nous confirme que nous sommes bien devant l’autel des dieux du rock’n’roll. Le site est plutôt petit pour un lieu qui réunit six scènes et c’est finalement une bonne chose : pas besoin de beaucoup marcher pour passer d’une scène à une autre. Le décor est soigné également dans l’enceinte, où d’énormes lampes de bureau sont allumées à la nuit tombée. La nuit, qui permet d’ailleurs de faire apparaître le logo Hellfest dans le ciel et sur le sol, créant une sorte de tapis aux couleurs du festival, du plus bel effet !   Côté musique, mis à part les quelques problèmes de son susmentionnés, que du bon à signaler. Les groupes s’enchaînent rapidement et on a à peine le temps d’aller chercher une bière quand un groupe a fini Photos : Ugo Schimizzi

de jouer, qu’un autre arrive déjà sur la scène d’à côté. C’est le cas avec les scènes installées en binôme en extérieur (Main Stages 1 et 2) et sous la tente (The Altar et The Temple). Tous les groupes sont à l’heure – y compris les Guns, peut-être vexés par la remarque du chanteur d’Edguy, qui racontait au public que la dernière fois qu’ils avaient joué avec eux, Axl et ses potes s’étaient pointés avec deux heures de retard – et performants, Mötley Crüe inclus. En 2009, la tête d’affiche d’alors avait offert au public une performance mitigée.

Trivium

Parmi les claques du week-end, on retiendra entre autres : Megadeth (notamment pour l’impressionnant duo Mustaine/ Broderick, plutôt que pour la voix de Dave), Edguy (parce qu’un peu de power metal dans ce monde de brutes ça fait du bien !), Blue Öyster Cult (un show de classic rock propre et carré « que tu crois que tu connais pas le groupe mais au final tu connais une chanson sur deux »), Trivium (peut-être le plus grand et le plus long circle pit, une des meilleures ambiances du week-end, une énergie infinie chez le groupe et le public). Même le soleil fut de la partie après la pluie du vendredi soir, mon bracelet faisant office de barrière au bronzage.   Ce sont au final 115 000 festivaliers heureux qui sont repartis de Clisson pour cette édition 2012 du Hellfest qui a tenu toutes ses promesses. Les organisateurs avaient visé gros et ont réussi leur coup. Avec tout cela, on a juste hâte que les premiers noms de l’édition 2013 soient dévoilés. > Hellfest 2012, Clisson, 15-16-17 juin 2012 > Hellfest 2013, Clisson, 21-22-23 juin 2013

Lynyrd S kynyrd magazine

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portfolio

été 2012 Pour sa première année, le Magazine Karma n’a pas hésité à parcourir la France pour couvrir de nombreux festivals. Voici ci-dessous les meilleures photos de ces évènements, qui, cet été encore, ont rassemblé des milliers de festivaliers.

Lynyrd Skynyrd > Hellfest 2012 Clisson, le 15 juin

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Bloody Beetroots

> Léz’Arts Scéniques 2012 Sélestat, le 28 juillet

The Darkness

> Sonisphere 2012 Amnéville, le 8 juillet

Tiken Jah Fakoly

> Léz’Arts Scéniques 2012 Sélestat, le 29 juillet

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portfolio

Skip The Use

> Solidays 2012 Paris, le 23 juin

Joey Starr

> Solidays 2012 Paris, le 24 juin

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Shantel lub Orkestar & Bucovina C 2012 ichel > Jardin du M in ju 2 le y, Bullign

Dope D.O.D

ichel 2012 > Jardin du M in ju 2 le y, Bullign

Photos : Juliette Delvienne & Ugo Schimizzi

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dossier

par DOM panetta

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success story


Disco

1989 - Let Love Rule 1991 - Mama Said 1993 - Are You Gonna Go My Way 1995 - Circus 1998 - 5

2001 - Lenny 2004 - Baptism 2008 - It Is Time for a Love Revolution 2011 - Black And White America

« Fly Away »,« Again », « Are You Gonna Go My Way »… Vous les avez toutes entendues au moins une fois et son nom ne vous est pas étranger, mais connaissez-vous réellement Lenny Kravitz ? De ses débuts discrets dans les années 1980 sous le pseudonyme Romeo Blue jusqu’à son dernier album, Black and White America en 2011, la carrière musicale de Lenny Kravitz est exemplaire dans le paysage musical de ces vingt dernières années. Mais si le succès n’a pas toujours été au rendezvous, le talent, lui, n’a jamais disparu.   Né en 1964, le jeune Leonard Albert Kravitz est élevé dans les beaux quartiers de New York par sa mère Roxie Roker, actrice bahaméenne, et son père Sy Kravitz, producteur de télévision américain. Dès son plus jeune âge, Lenny partage son temps entre le domicile familial et l’appartement de ses grands-parents, situé dans les quartiers pauvres de Brooklyn. C’est pourtant son arrivée à Los Angeles qui posera la pierre de ce que l’on sait être aujourd’hui l’une des carrières les plus longues et les plus prolifiques pour un musicien contemporain. En 1974, Lenny intègre la California Boys Choir, l’une des plus prestigieuses chorales de L.A. et commence son apprentissage,

notamment de la guitare, de la basse, de la batterie et du piano. Il rejoint ensuite, au début des années 1980, le Beverly Hills High School music program – où il rencontre un certain Saul Hudson, plus connu sous le nom de Slash – et décide d’arrêter ses études afin de lancer sa carrière. C’est donc sous le pseudonyme de Romeo Blue que Lenny démarche les maisons de disques et voit les portes se fermer les unes après les autres. Apparentée au style « new wave », sa musique ne correspond pas aux standards de la « musique noire » de l’époque. Lenny traverse alors une sombre période, vivant dans une voiture de location et essuyant les déceptions.   Mais le jeune homme ne baisse pas les bras et parvient, en 1989, à sortir son premier album, abandonnant au passage son pseudonyme. Le jeune Kravitz a 25 ans et Let Love Rule est enfin dans les bacs. La réussite est modeste et le disque atteint difficilement la 61e place du Billboard. Le jeune artiste n’en demandait pas plus pour lancer sa locomotive. En 1990,

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dossier sa cote de popularité fait un bond lorsque le titre Justify My Love, qu’il a co-écrit pour Madonna, triomphe à la première place des charts. C’est le début de l’ère Lenny Kravitz. Sa deuxième œuvre, Mama Said, sortie en 1991, finit rapidement dans le Top 40 et son single It Ain’t Over ’Til It’s Over parvient même à monter sur la deuxième marche du Billboard Hot 100. Kravitz ne se laisse pourtant pas aller et continue à travailler, enchaînant les featuring. Il saisit la moindre occasion d’évoluer et d’avancer, que ce soit avec son vieil ami Slash qui posera ses riffs de guitare sur le titre Always On The Run, ou avec Steven Tyler pour qui le jeune homme écrit une chanson. Il espère parvenir à la même maîtrise de la chaîne de production musicale que son idole, Prince.   Si le pari semble ambitieux, il n’en est pas pour autant démesuré.

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Le talent de Kravitz paraît inépuisable. En pleine préparation de son troisième opus, il trouve l’énergie et l’inspiration nécessaire pour co-écrire et réaliser l’album éponyme de la jeune Vanessa Paradis, sur lequel il enregistre lui-même tous les instruments.   La sortie en 1993 de Are You Gonna Go My Way consacre définitivement Lenny K rav it z au ra ng de supersta r mondiale en lui

permettant, notamment, de remporter le Brit Award du Meilleur artiste international. Les tournées s’enchaînent, les apparitions dans la presse sont de plus en plus nombreuses, toute la planète s’intéresse à lui, et surtout, à sa musique !   L’année 1998 marque un tournant décisif dans la carrière de Lenny Kravitz. Pour la première fois depuis ses débuts, le musicien se laisse aller à intégrer des samples dans les compositions de son nouveau disque 5. Cette direction artis-


tique va offrir à l’artiste la possibilité de toucher un public plus large. C’est également à cette période qu’est écrit l’un des plus gros tubes de la carrière de Lenny : Fly Away.   Tel le roi Midas, tout ce que touche Lenny Kravitz se transforme en or. Ainsi, lorsqu’il décide de reprendre le titre American Woman de The Guess Who, c’est pour en faire un tube mondial. Le morceau, à l’origine destiné uniquement à la bande originale du film Austin Powers, L’espion qui m’a tirée, connaît une telle gloire qu’il est ajouté à l’opus 5 en piste bonus. La compilation The Greatest Hits (2000) figure parmi les plus grands succès de la décennie avec 11 millions de copies écoulées à travers le monde. Le single Again, en plus d’être un morceau connu sur la planète entière, donne à Kravitz son troisième Grammy consécutif dans la catégorie Meilleure Performance Rock (2001).   S’il s’est fait plus discret depuis 2002, Lenny Kravitz n’en est pas pour autant resté inactif

avec la sortie de pas moins de trois originaux (Baptism en 2004, It Is Time For A Love Revolution en 2008 et Black And White America en 2011) et deux rééditions (Let Love Rule : 20th Anniversary Deluxe Edition en 2009 et Mama Said : 21st Anniversary Deluxe Edition). Le musicien s’est aussi laissé tenter par le cinéma avec son rôle d’infirmier dans Precious (2009) et sa prestation très remarquée dans la peau de Cinna, l’excentrique styliste de Hunger Games (2012) dont le retour est confirmé pour 2013 dans L’Embrasement, deuxième volet de la saga.   Actuellement en tournée sur le globe pour assurer la promotion de son petit dernier, Black And White America, Lenny Kravitz fait honneur au public français. L’américain a en effet posé ses amplis le temps de plusieurs dates dans l’Hexagone, dont une à Nancy pour la reprise de la seconde partie de sa tournée. Généreux, professionnel et très proche de son public, Lenny n’a eu de cesse de remercier, par tous les moyens possibles, ses fans venus en nombre et, pour certains, de très loin. Le rockeur, dont le désir de faire de la musique naquit lors d’un concert de Prince, a peut-être sans le savoir donné l’envie de se lancer à une future star de la musique. Les prochaines décennies nous le diront…

Tel le roi Midas, tout ce que touche Lenny Kravitz se transforme en or.

> Lenny Kravitz, Black and white America, 2011, Roadrunner Records

Photos : Cédric Mathias

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dossier

par UGO SCHIMIZZI

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Disco

1991 - Cypress Hill 1993 - Black Sunday 1995 - III - Temples Of Boom 1998 - IV

2000 - Skull & Bones 2001 - Stoned Raiders 2004 - Till Death Do Us Part 2010 - Rise Up

Cypress Hill est sans conteste un des plus grands groupes de hip-hop américain de ces trente dernières années. Retour sur un parcours hors norme, pour une formation aux influences illimitées. Dans le monde de la musique, Cypress Hill a depuis toujours montré un profil unique et sincère, buriné par le soleil de Californie et bien éloigné d’autres pontes partis vers divers horizons musicaux. Surtout, Cypress Hill a su conserver une ligne directrice dans le son comme pour ses membres. Les deux MC, Sen Dog et B-Real, sont présents depuis les origines en 1988, tout comme Dj Muggs, à la fois producteur et aux machines. Huit albums et plus de 18 millions de copies écoulées ont fait du combo une légende vivante dans le monde du hip-hop. C’est en 1986 que l’histoire débute, autour de la formation, baptisée DVX. B-Real et Sen Dog étaient alors accompagnés du frère de ce dernier – Mellow Man Ace, qui quittera le groupe en 1988. DVX devient alors Cypress Hill, en référence à Cypress Avenue, une rue du quartier de South Central, ghetto de la ville de Los Angeles. L’importance des origines du binôme sera vivace tout au long de leur carrière, tant au niveau des paroles, inspirées par la dure vie de la rue, qu’en termes de choix musicaux, le métissage étant sans cesse présent. Né au cours de l’année 1970, B-Real – alias Louis Freese – quitte très tôt un père dealer d’origine mexicaine

pour s’installer à South Central avec sa mère cubaine et sa sœur. L’homme ne tarde pas à se tourner vers les gangs et la drogue qui ravagent le quartier. C’est au lycée Bell High School qu’il fait la rencontre de Sen Dog, immigré cubain de cinq ans son aîné. à cette période, Sen Dog est membre du South Swan Blood, gang directement rattaché aux Bloods, organisation d’origine noire américaine. Ces derniers rivalisent sur les terres de Los Angeles avec les Crips, occasionnant de nombreux règlements de comptes, dans une sanglante guerre de territoire. B-Real, aidé par son nouvel ami, devient alors dealer pour les Bloods, ce qui lui vaudra quelques années plus tard un voyage en urgence direction l’hôpital, un poumon perforé par une balle de 9mm, avec en tête l’impression d’avoir vu d’un peu trop près la mort. Commence alors l’aventure « Cypress Hill ».   Tandis que Mellow Man Ace quitte la formation, Dj Muggs, italien de l’East Coast originaire de New York, amène de son Queens natal platines et idées de production. Le trio commence alors à sortir ses premiers eps et chansons one shot, guidés par leur amour du cannabis,

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dossier « Quand je crache mes mots, je sais que je suis béni ! » B-Real,

Bounce2dis - février 2009.

dont ils font régulièrement l’éloge (Hits From The Bong, Mary Jane, I Wanna Get High, Legalize It). Leur son underground et les paroles axées sur la violence de la vie à L.A. se font remarquer dans les scènes locales qui ciblent les immigrés et Latinos et commencent à séduire leur monde. En 1991 sort enfin le premier album – éponyme – de Cypress Hill. Ils sont alors directement signés sur le label Ruffhouse, label rattaché à Columbia Records et qui produira durant son histoire les Fugees, Wyclef Jean ou encore Lauryn Hill.   C’est avec la chanson How I Could Just Kill A Man – auparavant appelée Trigga Happy Nigga – que le groupe intéresse les radios locales. Violence, origines et rythmes latins pulsent dans ce rap West Coast. La voix si spécifique de B-Real prend son envol, tandis que la patte insufflée par Dj Muggs s’installe paisiblement 18 | magazine

dans le paysage, dévoilant un amour du son précis et crade à la fois, emprunt des influences les plus larges, de la funk au metal. Latin lingo, chantée à la fois en anglais et en espagnol, traitant des populations variées de leur zone urbaine et la chanson Tres Equis complètent le trio gagnant de ce premier opus. Dépassant largement le succès d’estime, Dj Muggs est alors appelé à produire le premier album de House of Pain, créé par Erik Schrody (Everlast, Coka Nostra) et Dj Lethal (exLimp Bizkit). C’est d’ailleurs ensemble que les deux groupes participent en 1992 au festival américain itinérant Lollapalooza. Ils rejoignent sur l’affiche Rage Against The Machine, Pearl Jam, Soundgarden ou encore les Red Hot Chili Peppers. Un an plus tard sort Black Sunday, propulsé par le single Insane in the Brain. Dj Muggs laisse éclater son talent d’orfèvre en présentant au monde cette composition aux

multiples samples : on retrouve finement mélangés un son de cheval en boucle, provenant d’une chanson du duo soul Mel and Tim, un bout de voix de James Brown, un sample de la phrase « Insane in the brain » en provenance directe d’un autre morceau de Cypress Hill, Hole in the Head et quelques autres. Succès immédiat, numéro 1 du Billboard – du nom du magazine hebdomadaire américain consacré à l’industrie du disque – et 3,25 millions de copies écoulées. Pour beaucoup, cet album restera comme celui de la consécration pour le groupe, même si, de leur propre aveu, l’album a dû être rapidement écrit afin de satisfaire aux exigences de leur maison de disques. La pochette aux tons ocres, noirs et terre, ornée d’un crâne, servira également de référence à la création d’un certain imaginaire « horror movie » au sein du hiphop américain. Cette seconde oeuvre,


psychédélique, adopte un son proche de l’indus, tout en mêlant histoires de flingues et apologie de la défonce (on notera d’ailleurs le vade-mecum historique en dix-neuf points vantant les multiples vertus du chanvre dans le livret joint). Torturées, les compositions ne sont pas pour autant dénuées de mélodies rythmées et de mélanges musicaux et ethniques. L’album est certes oppressant, mais les airs lancinants laissent également ressortir, comme un noyé émergeant d’interminables vagues, une nappe de piano ou une ligne de contrebasse plus jazzy ici et là.   La même année, le groupe participe à l’émission en vogue Saturday Night Live, au cours de laquelle Dj Muggs allume en live un joint, pendant le morceau Insane in the Brain. Aussitôt viré de l’émission, Cypress Hill squatte le plateau et fracasse ses instruments en guise de protestation sur les sons de When the Ship Goes Down. Si B-Real est l’auteur principal des textes, c’est bien Dj Muggs qui impose ce son caractéristique et cette patte inspirée au groupe. L’occasion pour lui d’aller également mixer les albums des Beastie Boys de l’époque. Sen Dog, légèrement en retrait, assure pourtant des backing vocals et des refrains puissants et remarqués.   Poursuivant leur progression musicale et scénique, le combo est invité à se produire à Woodstock. Ils en profitent alors pour incorporer à la formation Eric Bobo, alors membre des Beastie Boys. Fou de rythme comme son père Willie Bobo, qui jouait notamment avec Carlos Santana, Eric se retrouve à présent percussionniste de Cypress Hill, qu’il ne quittera plus. Le magazine Rolling Stone va également les sacrer meilleur groupe de rap cette année

« La scène est un test. Le public vient pour y voir de l’énergie brute ! » Sen Dog, Magazine Vacarmes - 1991.

là, du point de vue de la critique et des spectateurs. Un an plus tard, le milieu de la décennie voit débarquer le troisième effort du groupe, intitulé Temples of boom. « Seulement » 1,5 million d’exemplaires pour un album qui se passe de single de lancement. L’album sert au passage de défouloir à B-Real qui accuse son pote Ice Cube d’avoir subtilisé à Dj Muggs un de ses beats. Ce qui nous donne l’occasion de découvrir les morceaux Throw your set in the air ou encore Killa Hill Niggas. Autre fait notoire, Sen Dog est très peu présent sur l’album, parti se consacrer à son side project, SX-10, un groupe de rock fusion.   L’année 1997 marque quelque peu le tournant du groupe. Chacun part se ressourcer en développant des featuring ou des carrières solos. De nombreux noms circulent et font alors partie de l’entourage du groupe : le Wu-Tang Clan, Dr. Dre, Wyclef Jean, Busta Rhymes, Coolio, Nas ou encore KRS-One. En 1998 paraît le quatrième album – sobrement nommé IV – d’où ressortiront Tequila Sunrise et Dr Greenthumb, cette dernière étant, elle aussi, consacrée à l’amour du groupe pour la marijuana. Le son est ici plus direct, alors qu’émerge dans le paysage musical mondial de nouveaux noms comme Eminem. C’est ensuite en 2000 que reviennent les rappeurs de L.A. avec un concept album du nom de Skull & Bones. Un premier disque – Skull – consacré au son hip-hop, un second – Bones – aux orientations clairement metal. Cypress Hill

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dossier présente un angle innovant de tentatives de création. Cette nouvelle facette, explorant encore un peu plus les possibilités du rock et du metal, est décuplée par la présence de nombreux invités sur les compositions. Outre les featuring avec Everlast ou encore Eminem, on retrouve, pour la partie metal, Olde Wolbers et Dino Cazares bassiste et ex-guitariste de Fear Factory, Brad Wilk, batteur de Rage Against The Machine ou encore Chino Moreno, le chanteur de Deftones.   Les années suivantes sont très calmes du côté de Cypress Hill. Les rappeurs se consacrent à plusieurs projets parallèles et invitations à poser leur voix sur diverses galettes, produites par leurs amis. Deux albums, en 2001 et 2004, intitulés respectivement Stoned Raiders et Till Death do us part sortent toutefois mais marquent peu les esprits, orientés très metal pour le premier et reggae pour le second, avec la présence de Damian Marley. En 2006, B-Real apparaît sur le single Vato de Snoop Dog et prépare la sortie de son premier album solo. Il faudra finalement attendre 2009 pour que le groupe annonce la création d’un nouvel album, Rise Up, attendu par de nombreux fans comme le renouveau ou la raison ultime d’enterrer le groupe. Comme toute bonne histoire encore en cours, « ni l’un, ni l’autre », dirons-nous, la production étant certes actualisée, modernisée, 20 | magazine

mais l ’ensemble restant très proche du son qui a fait le succès de Cypress Hill. Beaucoup seront cependant heureux de voir qu’après vingt-cinq longues années de carrière, de hauts, de bas et de rencontres, « Cypress » continue de vivre sa musique sur scène, laissant exploser la joie et la motivation affichées dans leurs compositions. Visiblement encore loin de la retraite, les Américains imposent toujours aujourd’hui leur puissance de feu, leur son universel tenant lieu de référence dans bien des univers musicaux. Car si Cypress Hill, de groupe ethnique f lattant les Latinos à gloire internationale bankable, s’est imposé dans les sphères du hip-hop américain, force est surtout de constater que le combo réussit le pari de l’éclectisme. En s’ouvrant à de multiples styles musicaux, en n’hésitant pas à perpétrer des expériences que certains trouveront hasardeuses et d’autres incroyables, ils ont surtout réussi à briser des frontières, effectuant le voyage inverse entamé des années plus tôt par Rage Against The Machine. Tom Morello, guitariste de ces derniers, est d’ailleurs souvent intervenu sur les créations du combo, apportant cette touche inimitable à un groupe de talent. > Cypress Hill, Rise Up, 2010, EMI

Photos : Ugo Schimizzi / Merci au JDM Festival


1991 : Cypress Hill devient le premier groupe latino à acquérir un disque de platine.

Illustration : Pierre Schuster

1993 : DJ Muggs allume un joint durant le Saturday Night Live et provoque la fureur des producteurs.

1994 : Cypress Hill entre dans la culture populaire et apparaît dans un épisode des Simpsons.

2004 : la chanson How I could just kill a man est présente dans le jeu vidéo GTA San Andreas.

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interview

thick as a brick

Propos recueillis par GUILLAUME HANN

Jethro Tull rivalisait de notoriété dans les années 1970 avec Led Zeppelin, Yes ou encore Pink Floyd. L’année 2012 marque la sortie de l’album « Thick as a Brick 2 », suite du chef d’œuvre ayant consacré le groupe. à l’occasion de leur concert évènement au Galaxie d’Amnéville en octobre prochain, nous avons pu interviewer Ian Anderson, leader et créateur de Jethro Tull, chaleureux, drôle et peu avare en anecdotes ! > Pourquoi avoir décidé de faire une suite à Thick as a Brick ? Ian Anderson : Pendant 39 ans, beaucoup de gens m’ont demandé de faire une suite, qu’il s’agisse de fans, des maisons de disques ou des producteurs. Ils voulaient que j’écrive un Aqualung Part 2 ou un Thick as a Brick Part 2. Et c’est en discutant avec une personne de mon ancienne maison de disques que j’ai eu l’idée d’un Thick as a Brick 2 en 2012, alors que le premier était sorti en 1972. Il y a des choses qui changent pendant une telle période et d’autres qui restent les mêmes. Il s’agissait donc de reprendre des 22 | magazine

éléments de Thick as a Brick 1 et l’on s’est demandé ce que Gerald Bostok (le personnage au centre de ce concept album, ndlr) pourrait faire aujourd’hui, alors qu’il a 50 ans. L’idée était d’adapter le thème de l’album au contexte actuel, même au niveau de la couverture. Si celle du premier album était une première page de journal, celle du second est un site web. Lors de l’écriture, je me suis mis à lister une cinquantaine de choses qu’aurait pu faire Bostok de nos jours, que j’ai finalement réduite à cinq, qui devinrent les cinq thèmes musicaux de l’album. Il s’agit d’un concept album, de rock éclectique.

Illustrations : Laure Fatus


Quand nous avons commencé à jouer avec Jethro Tull, j’ai décidé que je deviendrai le Clapton de la flûte ! > Pourquoi faire cette tournée sous le nom de Ian Anderson plutôt que Jethro Tull ? Pour des projets plus spécifiques, comme la tournée Thick as a Brick, c’est le nom Ian Anderson qui est mis en avant, ce qui permet de différencier le concert d’un rock tour comme un autre, où l’on jouerait les plus grands titres du groupe. Cela permet notamment d’exclure le fan de rock qui porte un t-shirt noir et vient à un concert pour boire de la bière. Jouer sur scène est une passion pour moi, comme la pêche ou le sport pour quelqu’un d’autre. Cela demande beaucoup de préparation, d’entraînement, d’apprentissage avant un tel évènement, pour moi, comme pour les musiciens. Je suis très content de jouer et je pense que je serai triste à la fin de la tournée. Cela me donne une énergie, une direction à suivre et je trouve très intéressant de pouvoir repousser mes limites sur scène chaque soir et pouvoir improviser lors des concerts. C’est également un bon moyen de repousser encore la sénilité et la folie pendant quelques années (rires).

> à quel type de mise en scène peut-on s’attendre ? Nous avons un écran géant qui diffuse des illustrations en rapport avec le sujet des morceaux. C’est parfois abstrait et parfois très littéral, l’intérêt étant de créer un concept autour de la musique. Mais ce n’est pas diffusé pendant toute la durée du concert, ce serait ennuyeux. Parfois, il vaut mieux regarder les musiciens, parfois l’écran et parfois les deux en même temps. Encore une fois, il ne s’agit pas d’un concert où venir pour boire de la bière. Je conseillerais à ce type de public de regarder le show sur Youtube. > Quel type de public attendez-vous ? Tous les autres (rires) ! Les sous-cultures émergent et de plus en plus de nouveaux artistes se tournent vers le rock progressif, le métal progressif, ou même une forme de folk progressive qui apparaît de manière croissante aux états-Unis. Il y a une vraie énergie créatrice et les artistes comme le public, surtout les plus jeunes, se tournent

naturellement vers les groupes des seventies qui ont marqué le genre progressif. C’est d’ailleurs une réalité dont les majors prennent conscience. Les nouveaux auditeurs sont nés une, voire deux générations plus loin que les fans des 70’s, et je pense qu’une bonne partie du public sera constituée de jeunes d’une vingtaine d’années. Il faut aussi préciser que le public change beaucoup en fonction du type de concert. Nous avons fait quelques concerts en extérieur lors de festivals, dernièrement, et ce sont donc majoritairement des jeunes qui viennent à ce type d’évènements. En salle, c’est différent, le public sera probablement plus mélangé. > Que diriez-vous aux personnes, notamment les plus jeunes, qui ne connaissent pas Jethro Tull, pour leur donner envie de venir voir le concert ? Je ne crois pas que j’aurais envie de leur dire quelque chose comme « venez voir mon concert, ma musique est vraiment géniale ! ». Ce serait le meilleur moyen de faire en sorte qu’ils ne viennent pas. Ils doivent s’y intéresser par eux-mêmes et aujourd’hui les nouvelles technologies le permettent, comme par exemple internet. Je pense que découvrir des choses notamment, c’est une manière de grandir et on ne devrait pas dire aux jeunes comment ils doivent devenir adultes. > Je me demandais surtout pourquoi l’envie d’interpréter les deux albums en entier ? Tout simplement parce que nous venons de sortir Thick as a Brick 2 et que Thick as a Brick 1 ressortira en septembre, notamment en vinyle. Il y aura également un pack collector comprenant les deux albums. A l’heure de la dématérialisation,

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interview cela me semble important que les collectionneurs puissent se rattacher à un bel objet, qu’ils pourront donner à leurs enfants par la suite… ou vendre sur eBay. Aujourd’hui, on consomme la musique comme au fast-food et les gens ont envie de pouvoir conserver quelque chose de tangible. Je ne suis pas forcément comme ça. Je m’accroche à mes souvenirs plus qu’aux objets. Je conserve surtout mes photos dans un dossier sur mon ordinateur, mais c’est tout. Je ne les poste pas en ligne. D’ailleurs, je vous préviens, n’essayez pas de m’écrire sur Facebook, je ne vous répondrai pas. Pour moi, il s’agit d’une communication qui ne va que dans un sens. Je ne suis pas très présent sur ce site, en dehors du travail. > Vous faites référence aux réseaux sociaux. Vous les considérez comme un outil de travail ? Oui, je les utilise pour travailler. Pas pour parler à mes amis ou raconter ma vie. Pour ça, j’ai le téléphone ou j’écris des mails dans un anglais correct. Les réseaux sociaux sont aujourd’hui incontournables pour communiquer sur n’importe quel produit. C’est vrai pour la musique comme pour une compagnie d’aviation ou de produits pharmaceutiques. Il faut passer par là pour atteindre les gens, même si vous n’aimez pas ça. Par contre, je pense qu’il faut le faire de façon créative. > Vous avez d’ailleurs créé une page facebook de Gerald Bostok, le personnage des albums Thick as a Brick ? (Il semble surpris que je sache cela) Oui c’est vrai, d’ailleurs il est devenu notre tour manager ! Vous pouvez découvrir sur sa page ses impressions, après que nous ayons fait un live. C’est de l’écriture créative ! > Vous essayez d’être créatif dans tous les aspects de votre vie ? Tout ce que je fais, j’essaye de l’entreprendre avec style et panache. C’est sûrement mon côté féminin qui parle. Au fil des années je me suis rendu compte que j’avais des doigts de fille, sûrement à cause de la flûte. Je dois certainement avoir des côtés féminins et je pense qu’il est bon de les utiliser dans la vie. J’aime d’ailleurs les femmes qui 24 | magazine

ont du caractère, celles qui sont fortes. Elles m’intéressent. Je ne suis pas fan des hommes qui passent leur temps à boire des bières et regarder le foot. Attention, je n’ai jamais couché avec un homme ! Ne vous faites pas d’idées (rires). Je ne serais probablement pas attiré par un beau jeune homme. > Voulez-vous que cela figure dans l’interview ? (Il rit) Pourquoi pas ! Beaucoup de gens ont déjà voulu savoir si j’étais gay, mais peu osent le demander. Si on me pose la question, je répondrais que je ne sais pas. Je n’ai jamais essayé. Par exemple, je n’ai jamais fait de base jump non plus et cela ne m’attire pas, mais rien ne dit que je n’aimerais pas ça. Comme les drogues d’ailleurs, je n’ai jamais eu envie d’essayer. Mais j’aime les seins et les jolies filles, surtout ma femme ! > Une rock star des seventies qui n’a jamais pris de drogue ? Même pas de marijuana ? Je vous le dis honnêtement, je n’ai jamais pris de drogue. Le café oui et la cigarette (rires), mais rien de ce que l’on appelle « drogue », dure ou douce. à l’époque tout le monde le faisait mais cela ne m’attirait pas. Voir l’état dans lequel cela mettait mon entourage a accru mon envie de ne pas m’y mettre. J’ai vu Hendrix à la fin de sa carrière et je ne voulais pas me retrouver comme ça. Je n’avais pas envie de me retrouver addict, et puis l’idée de devoir me faire un trou dans le bras ne me plaisait pas non plus ! > Vous avez déclaré à l’AFP, il y a quelques années, être souvent en colère. Ce type d’émotions vous inspire-t-il ? Je suis souvent, comme tout le monde, consumé par la colère, la jalousie et d’autres émotions négatives. J’essaye de les réinvestir dans quelque chose de créatif. Sans ces émotions, il n’y aurait pas eu de Shakespeare, de grands films ou de grands livres ! Je suis sûr que si des aliens débarquaient sur Terre aujourd’hui, ils se diraient que cette


C’est très triste, il a longtemps lutté contre un cancer du pancréas. Nous devions jouer ensemble il y a quelques mois, mais il n’a pas pu être présent à cause de sa maladie. C’était vraiment un gentleman du rock.

Tout ce que je fais, j’essaye de l’entreprendre avec style et panache. chose, « la colère » est une bonne chose, puisqu’elle est à l’origine de grandes œuvres de l’humanité ! > En tant que leader de Jethro Tull, y a-t-il vraiment quelqu’un dont vous pourriez être jaloux ? Je pense que la jalousie, on la ressent avant tout dans nos relations de tous les jours, même entre amis. Si je voyais quelqu’un tourner autour de ma femme, bien sûr que je serais jaloux. Je ne crois pas les gens qui clament ne jamais ressentir de jalousie. Et d’ailleurs dans ce genre de situation, ils feraient mieux de l’être ! Dans un cas pareil, je pourrais toujours dire à ma femme que je ne ferai pas la lessive pendant une semaine (rires) ! Je ne lave pas souvent son linge, mais je serais content de laver des sous-vêtements féminins. D’ailleurs je voudrais que les femmes me lancent leurs sous-vêtements sur scène (rires) ! > Je me suis rendu compte que… (il prend la parole) Que John Lord est mort hier soir ? (ce n’était pas la question que j’avais en tête mais je le laisse poursuivre)

> Vous aviez beaucoup joué ensemble ? Non, je l’avais invité cette fois-ci mais comme il n’a pas pu venir j’ai dû trouver un autre guest à inviter. C’est Bruce Dickinson (chanteur d’Iron Maiden ndlr) qui l’a finalement remplacé. Un autre gentleman. Probablement une des personnes les plus intéressantes du rock ! Il est à la fois pilote de ligne et champion d’escrime et c’est également quelqu’un de très sympathique… en tout cas avec moi ! Je ne connais pas sa réputation en dehors. Je sais que les gens ne correspondent pas toujours à ce que l’on dit d’eux. Ritchie Blackmore (ancien guitariste de Deep Purple ndlr), par exemple, est connu pour être féroce envers les médias, mais avec moi c’est quelqu’un de très bien (rires) !

et finalement j’y suis arrivé en un mois et demi. J’ai pu jouer de la flûte avec Clapton au sein de Cream. C’est assez amusant. J’étais plus le Hendrix de la flûte au final. > Dernière question rituelle : Beatles ou Rolling Stones ? Je vous dirais plutôt les Stones. Mais si vous aviez ajouté Led Zeppelin à ces choix, j’aurais choisi Led Zeppelin. J’ai tendance à me tourner vers les personnages « larger than life ». Mais je reste impressionné par la créativité des Beatles et notamment de Lennon, surtout pendant la période de Sergent Pepper. Je ne suis pas un grand fan, mais ils restent très créatifs. Je me sens pourtant plus proche du côté romantique des Stones et de Mick Jagger. > Jethro Tull’s Ian Anderson, Le Galaxie (Amnéville), 17 novembre 2012 > Jethro Tull, Thick as a Brick 2, 2012 / EMI

> Pourquoi avez-vous choisi la flûte dans un groupe de rock ? Au départ je voulais jouer de la guitare, comme tout le monde. Mais je n’étais pas un très bon guitariste. Et puis j’ai entendu Clapton et j’ai réalisé que je n’atteindrai jamais son niveau. Finalement je suis passé devant une vitrine et j’ai vu une flûte que j’ai achetée sur un coup de tête. Je n’en ai pas joué pendant 7 ou 8 mois et puis quand nous avons commencé à jouer avec Jethro Tull, j’ai décidé que je deviendrai le Clapton de la flûte ! Je me suis donné trois mois pour être prêt à tourner avec le groupe

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Propos recueillis par UGO SCHIMIZZI

Catherine Ringer, fondatrice des Rita Mitsouko poursuit aujourd’hui une carrière en solo, toujours aussi proche et amoureuse de la musique. Elle nous a accordé une interview au sortir de son concert au festival Léz’Arts Scéniques. Rencontre avec une femme passionnée et passionnante ! > Alors ce concert, c’était comment ? Catherine Ringer : Très bien, on m’avait prévenue que c’était la journée rock ici, et j’étais contente d’en faire partie, avec un public qui aime bien qu’on rentre dedans. Le plaisir de rentrer dans le lard, c’est très agréable. > Vous avez décidé d’adapter votre set pour l’occasion ? J’ai changé une chanson, c’était une chanson plutôt lente, une ballade, de mon dernier disque, Pardon, je me suis dit « je vais plutôt faire un truc marrant ». On a fait Nuit d’Ivresse à la place, qui est plutôt un ska. On aurait très bien pu nous programmer demain, avec les enfants et les parents, donc j’étais ravie et fière !

> Vous passez des francofolies ou les déferlantes au festival d’été à Pau, plus familial. Ce n’est pas étrange de passer d’une ambiance à l’autre ? Je vous remercie de vous soucier de mon confort, mais en fait, la plupart des artistes sont adaptés à changer d’un énorme truc à un tout petit, des clubs, des festivals, différentes ambiances. Au contraire c’est un plaisir de pouvoir varier. Des fois c’est difficile aussi, mais ça fait plaisir d’être sur la route. > Cela vous motive toujours autant ? Oh oui, parce qu’on peut rencontrer tout ces gens qui ne viennent pas pour vous voir vous, comme les tournées d’hiver, où l’on est dans les salles et où le public paie

un billet pour un artiste. Dans les festivals, on est face à un public qui vient vous voir vous mais aussi des gens qui viennent pour d’autres et qui passent là pour voir qui joue. On se dit : « Moi, ok, je ne serais pas venu pour voir cet artiste là. Mais bon, puisque tu vas le voir, je t’accompagne ». C’est une ambiance assez festive, c’est l’été, il y a souvent les vacances pas loin, cela crée une atmosphère particulière. > Partir en tournée avec votre fils, ça fait quel effet ? C’est un effet… bien ! Je suis heureuse et fière d’avoir un super guitariste... qu’on ait fait un super guitariste (avec Fred Chichin, l’autre moitié des Rita Mitsouko, ndlr) qui

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Le rock, pour moi, c’est plutôt un truc qui frappe et qui va de l’avant ! s’est d’ailleurs bien débrouillé tout seul. Vraiment, j’aime qu’il plaise, que les gens se disent « Ouais, il est à fond, il déchire ». Sinon j’aimerais pas, ni lui, qu’on se dise « C’est le fils de, c’est normal qu’il soit là ». > Vous avez l’impression que les générations qui vous écoutent changent ? Oui, il y a des nouveaux et aussi des gens plus âgés, qui nous ont aimés depuis les années 1980 et qui suivent. On voit toujours de la jeunesse. C’est assez mélangé. > Vous avez fait des duos avec Charlie Winston, le Wu Tang Klan notamment, vous cherchiez quelque chose en particulier dans ces featuring ? C’est l’aventure musicale, le Wu Tang c’était avec RZA, j’avais imaginé finaliser mes chansons avec lui et faire un mix avec peu d’éléments mais un son génial, des trucs de voix, des rappuis, sa propre voix, qu’il m’aide là-dessus. Dans le cas de Charlie Winston, c’est lui qui m’a invitée. J’aime bien ce qu’il fait, la chanson est super (Catherine Ringer se met à chanter Crazy) ! C’est un bon musicien, il est très agréable. > Il y a d’autres artistes avec qui vous aimeriez travailler ? Et bien oui, bien sûr ! Vous voulez peut-être savoir avec qui ? 28 | magazine

> La question est plutôt de savoir si vous avez envie de nous dire qui ? Quand même ce serait la classe de faire un duo avec Daft Punk ! Avec qui est-ce que ce serait la classe encore… il y a plein d’artistes ! Il faut que j’y réfléchisse ! > J’ai vu notamment le clip et l’expo de Punk 103, chanson de votre dernier album. Pouvez-vous nous parler de l’idée du clip ? En tant que productrice, personne ne m’a demandé de faire un clip là-dessus. Ce n’est pas spécialement un single sur l’album. C’est venu de moi, je voulais illustrer cette chanson en mettant les couplets complètement déprimés en dessin et faire comme une bande dessinée, avec des planches fixes durant les passages où je chante. Les bulles composent la voix, alors que le dessin est fait de ces planches fixes qui se mettent en plein cadre au fur et à mesure de la chanson. Les couplets, qui sont au contraire complètement euphoriques, prennent place dans un décor de lumière, un endroit frais, avec des couleurs très psychédéliques. Quant à moi, je porte des tenues de rêve, de chaque couleur. Comme Peau d’âne, qui demande une robe couleur de ciel, une robe couleur de soleil. Connaissant JeanPaul Gaultier, je savais que je pouvais lui demander.

Du coup je suis partie à la recherche de dessinateurs. J’ai été dans une librairie spécialisée BD, j’ai regardé ce qui correspondait comme dessin à ce que j’imaginais. Je suis tombée sur les frères Guedin. Je les ai contactés, je leur ai proposé, on a fait des séances de brainstorming histoire de proposer des trucs. Il y a eu toute une progression. Puis j’ai cherché un réalisateur pour savoir qui pourrait être capable de filmer les robes merveilleuses. Il y a aussi la troisième chose, la réalité : je voulais un soldat de la vie. Donc il fallait l’incarner. C’est la réalité où l’on se bat. Parce qu’on ne doit pas faire qu’avec la déprime ou l’euphorie mais constituer un tout. C’était pour illustrer ça d’une manière assez fantaisiste. J’étais assez passionnée durant toute la production de ce clip. Cette aventure a commencé en septembre 2011 et s’est achevée en mai 2012. Et enfin, l’étape finale était de trouver une maison de production pour que ça se passe en vrai ! > Vous avez été à la fois mannequin, chanteuse, productrice, actrice. Qu’est-ce que Catherine Ringer n’a pas fait finalement ? Et bien, il y a plein de trucs. Qu’est-ce que je n’ai pas fait ? Je n’ai pas fait cameraman, je n’ai pas été projecteur de son, je n’ai pas démonté de matériel.

Photos : Juliette Delvienne


> Et en dehors de cela ? Si vous preniez une retraite de la chanson ? Si je prenais ma retraite de la chanson, beaucoup de choses. Quand j’étais gamine je voulais être marchande de glace. Il y a des métiers qui vous attirent un peu au début. J’aimerais bien chanter à plusieurs, avec d’autres chanteurs, mais ça c’est toujours dans la même branche, on ne peut pas dire que ce soit trop différent ! > Dans une interview, vous parliez du côté ternaire du rock, notamment dans la chanson Ring n’ Roll. Comment définiriez-vous le rock ? Le rock, pour moi, c’est plutôt un truc qui frappe et qui va de l’avant, le roll c’est plutôt rond et de côté. Un peu comme un côté balancier (Catherine Ringer fait le balancier à base d’onomatopées). Et rock, ça va plutôt en avant, comme si on scie (Catherine Ringer fait à présent la scie à base d’onomatopées). C’est ça qui est beau dans le rock’n’roll, il y a les deux mouvements. > Aujourd’hui, qui l’incarne, le rock ? Kim Lincarne ? C’est qui ça ? Une nouvelle chanteuse (rires) ? Il y a plein de gens aujourd’hui qui font du rock. Il n’y a pas une personne qui l’incarne, c’est varié ! Aujourd’hui, j’ai pu en voir et en écouter du rock ! > Vous avez été voir les autres concerts ? J’ai aperçu le groupe qui passait avant nous. (The Toy Dolls, ndlr) Je me suis dit « super des jeunes qui reprennent le punk ». Mais en fait pas du tout, ce n’est pas du tout des jeunes, c’est de l’époque des Clash. C’est super authentique, je trouve ça super bien fait, élégant. Ce n’est pas criard ou… bon, ce n’est pas la peine de dire comment ce n’était pas, c’était bien au final ! > Pour finir, nous vous soumettons la question rituelle du Magazine Karma : vous êtes plutôt Beatles ou Rolling Stones ? Ah moi, les deux ! Complètement les deux ! > Catherine Ringer, Ring n’ Roll, 2011, Six SARL / Because music

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Propos recueillis par GUILLAUME HANN Pour ce premier numéro, nous tenions à interviewer Baru, dessinateur lorrain forgé dans l’acier de Villerupt, adepte de la BD sociale et Grand Prix du Festival International de BD d’Angoulême en 2010, mais également fan de rock. > Bonjour Baru, tu étais professeur en école d’art jusqu’en 2010, année de ta consécration à Angoulême mais aussi, début de ta retraite. Qu’as-tu fait depuis ? Baru : Durant ces deux premières années en tant que retraité de l’éducation nationale, j’ai eu l’occasion de sortir Fais péter les basses Bruno, d’être effectivement président du festival d’Angoulême, comme le veut la tradition l’année suivant le Grand Prix, puis de faire de nombreux déplacements promo. Après une petite année de pause, je travaille maintenant sur un nouvel album prévu pour 2013. Depuis que je n’enseigne plus, je « fais l’auteur de BD » à plein temps. J’accepte plus facilement des boulots d’illustration et beaucoup de déplacements liés à cela (festivals, rencontres, dédicaces). > Peux-tu nous parler de ce nouvel album ? Il s’agit d’une adaptation d’un roman des années 1970 de Jean Vautrin, Canicule. Ce roman a déjà été transposé au cinéma en 1984 par Yves Boisset, avec Lee Marvin et Miou-Miou. Personnellement, c’est ma seconde adaptation, après Pauvres Zhéros de Pelot. Vautrin est un auteur local que je connais. Il m’avait remis un prix pour Le Chemin de l’Amérique. C’est un bon 30 | magazine

Photo : Baru


écrivain, à mon sens, un « magicien des mots ». Ce que j’aime chez lui, c’est son approche noire de l’humanité, la sauvagerie. On voulait travailler ensemble, mais il était trop occupé pour écrire un scénario. Du coup je me suis replongé dans ses premières œuvres. J’ai commencé à travailler à l’adaptation de Billy-Ze-Kick mais on a finalement décidé de choisir Canicule. Du coup j’ai proposé à mon éditeur, Casterman, de confier l’adaptation de Billy-Ze-Kick à un autre auteur. Casterman a accepté l’idée et nous avons décidé de lancer une collection, qui s’appellera probablement Tout Vautrin, pour laquelle je jouerai un peu le rôle de directeur éditorial. > Qu’en est-il de ton gros projet, la création de cette anthologie du peuple italien venu s’installer en Lorraine ? Cela fait dix ans que j’y pense, mais je trouve toujours des prétextes pour ne pas m’y mettre. Dans ma tête, c’est mon prochain travail, mais on ne peut pas vraiment savoir. Peut-être que je ne le ferais jamais ou que ce sera mon dernier travail. Je prévois 400 à 500 pages et il me faudra sûrement cinq ou six ans pour le finaliser. Pour le moment, je n’ai que des bribes de scénario. > En tant que président du jury d’Angoulême en 2011, tu as mis en place une expo sur le thème du rock, pourquoi ce choix ? Le rock, je suis tombé dedans quand j’étais tout petit et je ne m’en suis jamais remis. Si j’avais été musicien j’aurais été le plus heureux des hommes. Bon ça ne s’est pas fait, c’est comme ça, je ne le regrette pas. Ça ne me frustre pas. D’autant que la BD et le rock sont très proches et parlent de la même manière. Tout ceci a plus rapport avec la pulsion plutôt qu’avec l’intellect. Et il y a une promiscuité historique. La bd contemporaine et le rock datent de la même période. C’est ça qui a motivé mon choix pour l’expo à Angoulême et le double CD Rock Antédiluvien. Je dessine et j’écoute de la musique tout le temps. C’est elle qui me pousse.

> Tu ne t’es jamais imaginé en star du rock ? Je ne me voyais pas rock star mais j’avais envie d’être ce que j’écoutais. Comme je ne parlais pas anglais, ça commençait mal. Et puis, plusieurs choses m’ont éloigné du temps nécessaire à l’apprentissage de la guitare, de l’oreille musicale ou même de l’anglais. Puisque je suis un peu paresseux comme garçon, je ne l’ai pas fait. Cela ne me pose pas de problème. Mais c’est clair que si en égorgeant un poulet ou une vierge, j’avais pu me réveiller rock star, je l’aurais fait ! > Tu écoutais quoi étant ado ? à 14-15 ans, c’était avant tout Les Chaussettes Noires. Puis Elvis, mais il est venu après. Et puis les Stones, les Who (c’est très grand !) et Dr Feelgood qui se rapproche sûrement le plus du rock à mon sens. Pour moi le rock c’est la simplicité, la naïveté, l’énergie, la force. Si on prend les Who par exemple, je parle des albums du début. Les deux-trois premiers, vers 1960-1965. Pas Quadrophenia, ça c’est de la merde. Aujourd’hui j’écoute que du rock. Vraiment que ça. Pas de rap, pas de reggae, j’ai horreur de Genesis, Peter Gabriel me fait chier. Je suis peut-être un peu sectaire, mais mon domaine de prédilection est tellement riche que je n’ai pas le temps de fouiller ailleurs. Au pire si j’avais le temps, j’irais écouter un peu de classique. Et puis le rock ça m’aide à dessiner. Alors, éventuellement, si je me consacrais à mon jardin, je passerais à quelque chose de plus calme.

Le rock doit être prolétaire et primitif. Quand j’entends un clavier, je sors la kalachnikov !

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Si en égorgeant un poulet ou une vierge, j’avais pu me réveiller rock star, je l’aurais fait ! > Plus précisément, comment définirais-tu la musique rock ? Le rock doit être prolétaire et primitif. Quand j’entends un clavier, je sors la kalachnikov ! Récemment, j’ai aimé le premier Strokes et en général tous les groupes garage. Et surtout les White Stripes et les Libertines. Les premiers Arctic Monkeys aussi. Il y a eu un retour dans les années 2000 à cette musique faite par des jeunes dans un état d’urgence. C’est bien, j’ai besoin de ça et c’est là-dessus que je travaille. Pour moi, c’est nécessaire. > à ce propos, tu n’as jamais voulu écrire une bd sur la musique, ou plus spécifiquement sur le rock ? Non, car faire une bd sur le rock ce n’est pas parler de rock. Moi ce qui m’intéresse c’est l’énergie des personnages et du dessin. Raconter l’histoire des Clash en bd, on s’en fout. Le milieu du rock ne m’intéresse pas. Ce qui m’intéresse c’est la lutte des classes. > Tu racontes l’ascension au sommet d’un boxeur dans L’enragé, pourrais-tu imaginer une histoire semblable avec un rockeur ? J’aime le rock car il permet l’émancipation des « gens de peu ». Si je faisais quelque chose de ce genre, il faudrait que ce soit un prolo qui se coltine la merde capitaliste du monde du rock. Ce serait le prix à payer pour son émancipation. L’enragé aurait pu être un rockeur mais ça ne m’intéressait pas, car le monde du rock amène à une représentation forcément théâtrale, clichée et donc conduit au pastiche. Tu n’y apportes rien. La boxe est certes chorégraphiée, mais plus facile à traiter.

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> Connaissant ton travail axé sur les problèmes sociaux, que penses-tu de ce qui se passe en ce moment à Florange : les concerts de soutien, la marche jusqu’à Paris. Est-ce que tout cela te semble utile ? Tout ce qui se passe à Florange est très spectaculaire. C’est une lutte exemplaire, car moderne. Moderne au sens où elle est vraiment une lutte de maintenant : c’est un spectacle. On met en spectacle sa colère, on marche jusqu’à Paris. Quand Longwy avait fermé dans les années 1970, il y avait eu une vraie réponse violente. Aujourd’hui la réponse est plus consensuelle… plus socialiste. Florange, c’est inéluctable de toute façon. Il faudrait pouvoir conserver ce savoir-faire, ne pas le gâcher, mais pour cela il faudrait fabriquer des produits de grande consommation. Il n’y a que ça qui rapporte. Et c’est impossible, à moins de travailler pour le même salaire que les Chinois. > Enfin, notre question rituelle : Beatles ou Rolling Stones ? ça a toujours été les Stones. Avec l’âge, j’ai racheté l’anthologie des Beatles alors que je n’avais aucun de leurs vinyles. Sauf le premier. à l’époque, alors que la France avait sombré dans le yéyé, le premier album des Beatles était une véritable déflagration. Et puis, j’ai basculé chez les Stones, que je trouvais plus énergiques, plus violents. Les Beatles tiraient trop vers la pop. Ils avaient d’ailleurs tout intérêt à le faire. Mais par contre, quand ils faisaient vraiment du rock, là, c’était quelque chose ! > Baru, Fais péter les basses, Bruno, Futuropolis, première parution le 16 septembre 2010


London Calling

> Illustration amicalement fournie par Baru pour le Magazine Karma, Š Baru

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influences

un

o r t é r e l s n a d l oe i par Rémi flag

« Fan des années 80, mais fan jusqu’au bout des freins ». Voilà en somme la devise de Kavinsky. Un gars bien de chez nous, monté sur jantes 18 pouces, parti à la conquête de la planète. « Dès que j’ai appuyé sur play et entendu les premières notes, j’ai pété les plombs ». C’est ce que j’ai tenté d’expliquer à l’agent qui venait de m’arrêter pour excès de vitesse. En fond sonore, l’autoradio tournait encore et on distinguait le début de Testarossa Autodrive de Kavinsky. L’air dubitatif du policier lorsqu’il m’a tendu l’alcootest en disait long sur la force de persuasion de mes arguments. Ledit alcootest s’avère négatif, mais me sentant propulsé par la musique, j’avais largement outrepassé les limites de mon compte-tour. « Vous pouvez monter le son pendant que je brûle votre permis de conduire ? » me dit-il tout en grattant une allumette, « J’adore ce morceau et ça fera

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plus solennel ». J’obtempère. La prochaine fois je serai bon pour le cachot, simple formalité pour pouvoir vibrer pied au plancher.   Kavinsky. Seuls les adeptes d’électro avaient déjà entendu son nom et ses hypnotiques sonorités rétro, fracassant les soirées. D’autres, comme moi, ont pour la première fois croisé sa frimousse en intro du concert des Daft Punk en 2007. Peu prolifique et adepte des EPs, Kavinsky a néanmoins su se forger un style unique. Un style qui a tapé dans le tympan du réalisateur danois Nicolas Winding Refn pour son film Drive, utilisant le titre Nightcall pour donner de la classe à Ryan Gosling, qui comme chacun

Illustration : Pierre Schuster / Mavericks


le sait, en a grandement besoin. Un choix qui a popularisé pour de bon Vincent Belorgey – alias Kavinsky – marquant au passage véritablement l’ambiance du film et le cerveau des spectateurs, ayant, dès lors, la musique à portée d’autoradio.   Si le son de Kavinsky imprègne autant les esprits, c’est bien parce que, loin d’un vulgaire remix de Depeche Mode, nous sommes confrontés à un savant mélange de sonorité 80’s atmosphériques et de basses percutantes. Une idée simple en somme, mais servie par un artiste ayant, culturellement parlant, pas mal de bouteille. Lentement siphonnée au cours d’une vie de simple banlieusard égrenant les petits boulots, celle-ci le fait progressivement rentrer dans le monde musical. Mais Kavinsky est avant tout un mec qui a grandi avec Les Goonies, les rythmes funk et ceux du hip-hop. Tout cela sans oublier son amour pour les kitschissimes synthés comme le Yamaha DX7, utilisé à l’époque aussi bien par Kraftwerk que par Daniel Balavoine.   Ajoutons également d’autres codes culturels glanés par passion ou hasard, comme l’ambiance des thrillers surnaturels du réalisateur Dario Argento. Une ambiance qui inspirera la naissance de son personnage de zombie grisonnant portant un blouson rouge et blanc, mort dans un accident de voiture en 1986. Autant d’éléments qui rendent le son de Kavinsky mélancolique,

parfois vengeur et souvent irréel. En clair, chaque morceau est une montée sans concession dans la DeLorean, aux côtés de Marty, grimé en junkie et Doc Brown en fournisseur de came. Oubliez The Power of Love, Kavinsky bourlingue avec des mélodies à la Giorgio Moroder perfusées aux Daft Punk et sous vapeur de films saignants.   Les images d’un décor urbain à l’américaine qui défile au rythme des lampadaires fuyants sont les premières choses qui viennent en tête à l’écoute. S’ensuit une irrésistible envie de voler la première voiture qui passe – attention toutefois, il en faut une d’une certaine puissance – de mettre la gomme et de faire de la purée de piétons. Cela ne risque d’ailleurs pas d’aller en s’arrangeant, avec la sortie prochaine de son premier album, dont un des titres, Roadgame, a déjà filtré sur le net. Quand on sait, en prime, que l’un des deux Daft Punk est le producteur et que tout le label Ed Banger risque de remixer… Vous n’aurez plus qu’à foncer droit dans le mur, la galette arrimée au lecteur et en klaxonnant s’il vous plaît ! Vous voilà prévenus. Circulez. > Kavinsky, Nightcall, 2010, Record Makers

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cinéma

par Marine Pellarin

Trois ans après « Mammuth », les réalisateurs Gustave Kervern et Benoît Delépine reviennent à la charge avec « Le Grand Soir », une fiction drôlesque sur le thème du punk aujourd’hui, toujours habitée de la même veine sociale que leurs précédents films. Installée dans le cinéma, je me rends compte, surprise, que le panel de spectateurs est pour le moins hétéroclite. On peut apercevoir des quinquas soignés, des très jeunes, qui ne doivent pas savoir qui est Brigitte Fontaine, des étudiants à lunettes et deux filles bourrées. Un public certes varié, mais qui correspond bien à l’esprit du film, car, comme le personnage principal le dit si bien : quelque part, on est tous des punks à chien.

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Not (Benoît Poelvoorde), sait d’ailleurs de quoi il parle, s’étant auto-proclamé le plus vieux punk à chien d’Europe. C’est vrai qu’il n’est plus tout frais, ce fier représentant de la jeune génération française du début des eighties, celle qui n’allait pas en « discothèque », ma is plutôt aux premiers


concerts des Garçons Bouchers (qui participent d’ailleurs à la B.O.). Si une bonne partie de ces gens-là sont devenus mécanos ou banquiers, Not lui n’a rien lâché, de la crête au treillis. Et ses déambulations dans le désert des zones commerciales ressemblent à une vie passée à lutter contre des logos, à qui le quidam donne beaucoup trop d’importance à son goût. Mais dans sa lutte contre le conformisme, il est tout seul, Not. Alors, quand son frangin, qui voue un culte aux bâtiments et aux produits aux normes, pète un plomb, il profite de l’occasion pour l’entraîner de l’autre côté du miroir.   L’idée de tourner le film dans une ZAC est loin d’être un hasard. Organisation de magasins-temples plus proprets les uns que les

autres, elle représente tout ce que la société de consommation impose au chaland : des désirs. Enrobée dans de belles affiches « deux pour le prix d’un », la norme s’y fait attirante et colorée et écrase avec une sympathie doucereuse tous les personnages du film. C’est donc dans un espace quasireligieux et oppressant que nos deux héros font leurs plus grosses conneries. Leurs parents (Areski Belkacem et Brigitte Fontaine, formidable en maman inadaptée), gérants d’un restaurant La Pataterie, constatent avec une certaine mélancolie le choix de vie de leurs rejetons. « On a réussi à les rendre libres... Mais nous, qu’est-ce qu’on s’emmerde ! » lâche une Brigitte Fontaine, paradoxalement mère de tout ce bordel. Les deux vieux, cassés par la vie, représentent une certaine expérience et un certain recul : même s’ils participent activement à cette société-là avec leur restau franchisé, son absurdité leur est bien familière.   Le Grand Soir, merci d’avoir posé la question, c’est bien le soir de la révolution, le grand projet de nos deux zigotos. Mais pour convaincre un troupeau grégaire de se rebeller, ironiquement, il faudrait un diplôme en management et des coupons réduc’ à foison. Alors la lutte finale, comme cela a toujours été le cas, reste sans fin. Une immolation ratée par-ci, une action symbolique par-là, Not et Dead s’accrochent ma ladroitement à leurs convictions anarchistes da ns leur coin. C’est

On a réussi à les rendre libres... Mais nous, qu’est-ce qu’on s’emmerde ! drôle, un peu triste aussi. Si le mouvement punk n’a pas retourné la société le siècle dernier, il y parviendra difficilement au temps de la consommation reine.   Le Grand Soir, en plus d’être un film foutrement divertissant, est aussi une grande claque dans la gueule. On en sort en se demandant si on ne pourrait pas aller faire la révolution avec eux. Après tout, notre liberté vaut bien plus que notre petit confort normé… Mais bon, personnellement, ce soir, je ne peux pas, j’ai du monde à dîner. > Le Grand Soir, Kervern & Delépine, 2011 / Ad Vitam

Illustration : Marine Pellarin

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museek

par thibaut clément

La rubrique Museek s’attache à découvrir les musiques accompagnant des grands noms du jeu vidéo. Pour ce premier numéro, nous vous proposons le jeu « Mirror’s Edge », tourné autour de la pratique du parkour, aussi appelé « art du déplacement ». Le futur, une grande ville. Un régime totalitaire dirige la société d’une main de fer, bridant la liberté pour une meilleure sécurité. L’information est contrôlée, filtrée et une sévère répression policière décourage toute tentative de subversion. Cependant, certaines personnes, plus ou moins inf luentes, transgressent secrètement cet ordre en requérant les services d’étranges coursiers, délivrant des messages au péril de leur vie.   Faith est l’une de ces messagères. Mystérieuse acrobate urbaine, elle court, vole, et bondit par-delà les toits, grues et

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échafaudages, à l’abri des rues qu’elle juge trop dangereuses. Dans ce monde visionnaire, le jeu dégage une aura, une atmosphère, et ce, en grande partie grâce à la fraîcheur de sa bande son.   Car si Mirror’s Edge s’entiche d’allures de complot, associant la traque fugitive au parkour – cette discipline transformant le mobilier urbain en succession d’obstacles – c’est surtout grâce à une aventure musicale haletante. Un piano cristallin, une voix aérienne, une ambiance futuriste épurée : l’audio rencontre le visuel pour le meilleur.

Le style graphique des vidéos de transition, aux airs d’un Samurai Jack modernisé et au demeurant magnifique, montre bien la position qu’a adoptée dès le début DICE, le petit studio suédois à l’origine du titre. Un parti pris. Le choix de faire de ce titre un risque, mais aussi de créer un précédent. Avant même la sortie du jeu, la bande annonce donne le ton. Alors que le futur joueur découvre la personnification de Faith dans ce futur first-person shooter qu’est Mirror’s Edge, une seule chose reste en tête : la musique. Mais quelle est cette innovation si peu… usuelle pour un pareil

Illustration : Marine Pellarin


secteur ? Une chanson a suffi : Still Alive. Le titre phare du jeu était rentré dans les esprits, associant durablement la mélodie à ces sensations de liberté et d’adrénaline. Interprété par la soliste suédoise Lisa Miskovsky, le titre tient plus d’un single professionnel que d’une bande originale. Il a d’ailleurs été classé pendant plus de trois semaines dans le pays scandinave. En effet, pour beaucoup, cette interprétation compte parmi les meilleures b.o. vidéoludiques.   Le compositeur Magnus Birgersson, plus connu dans le milieu sous le nom de Solar Fields, est un auteur à l’inspiration électronique. Certains ont ainsi pu reprocher le caractère inégal des pistes : Still Alive a, par sa prestance, laissé espérer une bande originale du même acabit. Mais ce titre, au-delà de ses nombreuses reprises mélodiques dans le jeu, reste le seul chanté. Les autres sont composées de musiques d’atmosphères, parfois nerveuses, parfois longues et synthétiques. Apprécier ce type de compositions n’est pas un acquis. Et pourtant Mirror’s Edge véhicule cette ambiance d’anticipation cérulée, aux buildings de verre impeccables et au blanc d’immeubles immaculé. Telles des gouttes électroniques tombant sur un lac diaphane et

immobile, les mélodies se font avant-gardistes et nous font traverser ce monde futur pourtant si proche, sous un zéphyr bienveillant et insaisissable. Rappelant Inner Universe de Ghost in the Shell : Stand Alone Complex composé par la magistrale Yoko Kanno ou encore Blue de Utada Hikaru, Still Alive, comme le reste de la bande son, est d’une puissance imparable : une fois pris dans cet univers sonore, c’est avec une poussée puissante sur le béton poussiéreux que nous voyageons soudain au-dessus de la ville. Nous contemplons alors, sous une brise légère et sous un ciel d’azur, excités et béats à la fois, l’horizon de buildings blancs, de gazoducs rouges écarlates, et de gyrophares bleus. Still Alive est donc, au-delà de la performance, la vitrine du jeu : fluide, ambitieux et aérien.   Il n’a donc pas fallu attendre longtemps pour qu’apparaisse l’inévitable, à savoir la sortie d ’un CD presque en même temps que le jeu lui-même. La version PC a même été « enrichie » dans ses dernières sorties d’un CD à part, ce qui est assez rare pour le signaler. Cependant, et malgré le plaisir réel lié à un tel effort, il est regrettable que n’ait été sélectionné pour faire partie de cette bande… qu’un seul titre : Still Alive. Apparemment

convaincus que ce fer de lance de la campagne promotionnelle de Mirror’s Edge était le seul digne de l’intérêt du public, les éditeurs d’Electronic Arts ont alors décliné le titre en huit remixes, tous repris par des professionnels de la musique électronique. De Benny Benassi à Armand Van Helden, en passant par Junkie XL, tous redécouvrent le titre au fort potentiel. Et si certains comme JXL s’en tirent avec de nouvelles perspectives musicales ambitieuses et humbles à la fois, tout à fait intéressantes, on pourra regretter la certaine légèreté avec laquelle le titre a perdu de sa consistance entre les mains des autres. Ainsi, plutôt que de se focaliser sur cette unique création, l’album aurait gagné à intégrer la totalité de l’œuvre musicale de Birgersson. Certes les musiques d’ambiance y sont légion, mais restent appréciables et appréciées pour ce qu’elles sont, en dehors de cet univers ludique. Amon Tobin l’avait déjà prouvé, Solar Fields le redémontre. > Lisa Miskovsky, Still Alive (The Theme From Mirror’s Edge) - The Remixes, E.A.R.S. (EA™ Recordings), 11 Nov 2008 > Magnus Birgersson (alias Solar Fields), Mirror’s Edge Original Videogame Score, E.A.R.S. (EA™ Recordings), 19 mai 2009 (disponible uniquement en ligne)

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jeux

Karma réalise de nombreux live reports mais oublie parfois quels groupes se cachent derrière ces silhouettes. Et vous ?

A

B

C

D

Quizz ! Chaque pictogramme illustre le nom d’un groupe célèbre. Saurez-vous les découvrir ?

1. 2.

The doors

F

The doors

3.

The beatles

Kiss

RH

6. Ez3kiel vs hint

s

5. shaka ponk

Kis

4. le peuple de l’herbe

tle s

3. staff benda bilili

4. Th e

be a

2. nightwish

Réponses : 1. The Beatles, 2. Kiss, 3. Red Hot Chili Peppers, 4. The Doors.

1. Trivium

RH

CP

E

The beatles

Réponses : A2, B5, C3, D6, E1, F4

Photos : Ugo Schimizzi / Illustrations : Juliette Delvienne

ors

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The doors

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découpage

John Lennon s’offre à vous, entouré de ses vêtements et accessoires fétiches. Pour ne pas sacrifier une page de ce beau magazine, retrouvez le fichier en téléchargement sur notre site ! Tous à vos ciseaux !

Illustration : Laure Fatus & Marc Domingo

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Le numéro 1 du Magazine Karma est tiré à 2 5 00 exemplaires sur papier Satimat Green, contenant 60% de fibres recyclées. Il est imprimé à Florange, par l’Imprimerie Verte L’Huillier, avec le soutien de CACEIS. Le Magazine Karma tient à remercier le 915 Kaffe à Nancy et les groupes NosyBay et Greenwich Cavern.

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°2 en Sortie du n 2 01 dÊcembre 2

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AVEC LES CRéDIT MUTUEL de YUTZ et FLORANGE Découvrez la programmation des espaces culturels de Yutz et Florange


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