Hawaii, de la jungle aux volcans en passant par les étoiles

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Lou Camino

Hawaii de la jungle aux volcans en passant par les ĂŠtoiles







Avec ses deux sommets volcaniques culminant à plus de 4 000 mètres, Big Island offre un double visage haut en contrastes et couleurs aux visiteurs souhaitant découvrir Hawaii sous un autre prisme que le farniente et les plages de sable fin…






V

ous atteindrez certainement Hawaii par l’aéroport d’Honolulu, porte d’entrée et de sortie privilégiée de cet archipel dont la seule évocation fait scintiller les mirettes. Aloha ! Nom de carte postale, ambiance de carte postale, carte postale tout court. Et pourtant, vous n’y passerez que quelques heures. Vous protestez ? Bon, très bien, je vous accorde une petite halte à Waikiki Beach, histoire de flirter avec une certaine image du paradis, en espérant que la présence, déconcertante, de tours-hôtels sur la plage même n’altèrera pas votre plaisir. Sortie en voilier, initiation au surf, paddle, barque, shopping, visite de Pearl Harbor et bien d’autres choses encore, vous aurez l’embarras du choix pour occuper vos journées. Mais honnêtement, l’eau translucide, la chaleur et les cocotiers, c’est surfait ! Vous pouvez trouver tout ça ailleurs. En revanche, un volcan toujours en activité, un sommet où côtoyer les étoiles, des forêts tropicales où se perdre, le tout dans une même unité de lieu, c’est déjà plus rare...


Big Island nous voilà ! Retour donc à l’aéroport d’Honolulu, côté vols intérieurs – vous ne pouvez en effet sauter d’île en île qu’en avion (petit), les bateaux étant réservés aux croisières organisées. Direction Hilo, sur la côte nord-est de Big Island, ou Grande Ile, appelée aussi Hawaii. Comme son nom l’indique, c’est, et de loin, la plus grande île de l’archipel qui en compte 137, distribuées sur une épine dorsale sortant de l’eau, stigmate de l’intense activité volcanique profonde à l’origine de son existence. Ainsi Big Island, Oahu (que vous venez de quitter), Mauai, Kahoolawe, Lanai, Kauai, Molokai, Niihau – les plus connues – sontelles les parties émergées d’énormes volcans basaltiques. Pendant ce court vol, avec un peu de chance, vous serez coté hublot et pourrez donc faire connaissance avec cette île singulière. Quelque chose vous sautera instantanément aux yeux : l’île paraît littéralement coupée en deux. Aridité, noirceur et désolation côté ouest, luxuriance, verdure et humidité côté est. Et au milieu, non pas une rivière, mais plusieurs sommets bombés agrippant les nuages comme une bande Velcro.

« Par-delà les confins des sphères étoilées » Parmi eux, central et impérial, le Mauna Kea, point culminant de l’île. Un mythe pour les amateurs d’astronomie et de nuits étoilées. Perché à plus de 4 200 mètres d’altitude, balayé par des vents à décoiffer un chauve, ce volcan


bouclier éteint quasi désertique figure parmi les endroits au monde où le ciel est le plus pur, garantie d’un spectacle à couper le souffle dès la tombée de la nuit. Ce n’est pas un hasard si plusieurs observatoires internationaux s’y sont installés. Après avoir été autorisé à admirer la révérence du soleil au dessus des nuages et à vous frotter aux crêtes des cônes rougeâtres alentours, le profane est invité à descendre au visitor center d’Onizuka à 2 800 m pour une visite guidée de la Voie Lactée, télescope compris. Emerveillement certifié face à ce spectacle céleste sublime et inhabituel pour nous qui peinons parfois à voir la Lune, noyée dans la pollution lumineuse de nos cités trop éclairées.

l’île verte Le Mauna Kea, où il neige en hiver offrant ainsi aux plus téméraires la possibilité de skier, fait office de frontière invisible sur cette île bicéphale, entre île verte et île noire, une sorte de barrage où s’accrochent les nuages portés par les alizés permanents venant du nord. A 15 kilomètres de distance de part et d’autre de ce sommet, la pluviométrie oscille entre 360 et 5 000 millimètres par an ! Les couleurs passent d’une palette de gris noir jaune à un vert omniprésent. Face orientale exposée aux vents ascendants : contours déchiquetés, océan agité, pluies suffisamment régulières pour générer des forêts tropicales, vallées profondes et hautes chutes d’eau...


Un exemple parmi tant d’autres : l’impressionnante Waipi’o Valley au nord-est de l’île, vallée encaissée aux airs d’amphithéâtre géant dont les parois quasi verticales atteignent 600 mètres de haut et sont recouvertes d’un camaïeu de vert. Les cascades s’y précipitent à la faveur des pluies qui l’arrosent, alimentant une rivière qui se déverse dans une baie très prisée des surfeurs. On atteint le tapis vert par une route sinueuse très pentue (plus de 25% par endroits) à pied ou en 4x4. Arrivés en bas, opter pour la droite vous conduira à l’océan et à l’une des plus grandes plages de sable noir de l’île tandis que choisir la voie de gauche, côté terre, vous entraînera dans un océan de verdure fait de plantes, de fleurs, d’arbres endémiques tentaculaires et autres cultures de taro. Une végétation luxuriante qui vous accompagnera jusqu’à Hilo, la ville la plus pluvieuse des EtatsUnis…

l’île noire De l’autre côté du Mauna Kea se déploie un visage d’apparence beaucoup plus austère, sombre, rocailleux, minéral, largement marqué par les éruptions du Mauna Loa et du Kīlauea, même si c’est aussi sur ce versant occidental moins soumis au vent que le climat est le plus clément et où se trouvent les plus belles plages de Big Island cernées de roches basaltiques noires venant contraster avec le bleu turquoise d’une eau plus que séduisante. Avec ses pentes faibles, le Mauna Loa – longue montagne


en hawaïen – est un empilement de coulées basaltiques à peine moins haut que le Mauna Kea et recouvre la moitié de la superficie de l’île ! Si sa dernière manifestation d’envergure remonte à 1996, le Kīlauea, lui, a craché jets de lave et roche fondue en 2011 et 2012, un spectacle exceptionnel pour les amateurs de sensations fortes… Plus sobrement, le visiteur pourra traverser le Kīlauea Iki, ancien lac de lave solidifiée après une éruption dans les années 1950, et découvrir fissures ouvertes, soulèvements cataclysmiques, fumerolles et scories en toute sécurité ou bien, se diriger vers l’océan pour suivre le chemin emprunté par les coulées de lave successives, barrant les routes sans complexe et redessinant progressivement les contours de l’île à chaque nouvelle explosion. Si vous n’êtes jamais allés sur la Lune, dites vous que cela ressemble un peu à cela... Mais contrairement à notre satellite, sur ces volcans, après le passage d’une lave dévastatrice, la vie reprend peu à peu ses droits, fougères, arbustes, fleurs réussissant, à force de persévérance, à se frayer leur chemin dans un territoire aussi inhospitalier que fascinant…

















































Conception, photographies, texte : Lou Camino Toute reproduction interdite sans l’autorisation de l’auteur www.loucamino.com Article publié avec une sélection de photographies dans U magazine n°6 - oct. 2013 www.uuumag.com


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