Longueur d'Ondes n°60 (Été 2011)

Page 15

L

’apparente légèreté pop-rock des refrains d’Honey for Petzi est rattrapée par les atmosphères troublantes instaurées par les synthés et le dialogue incisif entre basse et guitare. Tout cela laisse présager que sous cette fausse naïveté se cache un autre univers… plus complexe et plus inquiétant. Les mélodies entêtantes donnent de l’épaisseur aux polyphonies pop qui subliment les morceaux de General thoughts and tastes. Les Helvètes se préparent à présenter ce cinquième album aux Eurockéennes de Belfort début juillet, car ils ont ensorcelé le jury des “Repérages suisses”. Le disque marque un tournant : ils n’ont jamais collé à des formats traditionnels, ni donné autant d’importance aux voix par le passé. Car avant de ciseler ces ballades aux ambiances électro brumeuses, Honey for Petzi faisait du math rock. Voilà qui explique les mélodies à la limite du vertige. “Nous avons beaucoup exploité ce style, il était temps de passer à autre chose”, explique Philippe Oberson (basse). L’étiquette colle néanmoins encore à leur nom. “Ce que l’on garde du math rock ? Les constructions rythmiques qui ne sont pas toujours des plus évidentes, même si elles se sont adoucies et simplifiées. Avant, on recherchait des sons ingrats. L’atmosphère de ce dernier album est par contre très travaillée”, poursuit Philippe. Enregistré en 2010, le disque a nécessité un an de mixage ! Car en studio, le groupe est à la recherche de nouveaux sons. Ils dépassent leur habituel trio basse-batterie-guitare en ajoutant des synthés et beaucoup de voix. C’est alors qu’ils se rendent compte que pour assurer un set live, il leur faut un quatrième larron ! Michel rejoint alors Sami, Christian et Philippe. Le groupe remonte sur scène après une absence de cinq ans : “De l’extérieur, ça ressemble à une pause, mais nous n’avons jamais arrêté. Notre batteur était monopolisé par un projet parallèle, le duo plus électro Larytta. Les autres membres étaient à l’étranger”, expliquent-ils. Honey for Petzi, qui ne renie pas son passé, a pris le parti d’offrir un set tranché : une moitié de nouveaux morceaux, une moitié d’anciens. Vivement qu’ils passent par la France ! C’est pour l’automne, soufflent-ils… Tatiana Tissot “General thoughts and tastes” - Two Gentlemen myspace.com/honeyforpetzi 15

MONOFOCUS

HONEY FOR PETZI

Zagoil

Maud Constantin + Blakam

oN y TieNT

A

pprochez approchez, mesdames et messieurs ! Vous allez assister à quelque chose d’inhabituel et spectaculaire : une représentation unique d’électro blues forain.” Ainsi pourrait commencer le deuxième album d’un trio que l’on avait déjà remarqué en 2009. Véritable bête de foire à trois têtes, leur musique reste et demeure inclassable, ce qui en fait son plus grand charme. L’un des géniteurs, Vincent Petit (au chant et aux cuivres) précise : “Monofocus, c’est l’évolution logique et en tout cas souhaitée de trois musiciens qui se sont rencontrés dans une compagnie de théâtre de rue.” Cette “autre école” c’est la compagnie d’arts de rue nommée 2 Rien Merci. Elle fabrique des spectacles dans des baraques foraines aux rondeurs de chapiteau, comme au XXème siècle où les foires étaient des lieux de vie magnifiques, bariolés, étranges et merveilleux. Bien que le disque envoie le bouzin, on se doute que c’est en live que leur musique prend toute son ampleur. Yann Servoz (voix, orgues et machines) explique comment cela se passe : “Nous ne sommes pas dans le jugement et le public comprend vite que l’on ne va pas tout faire tout seul. Faire une bonne fête, être heureux, ça se décide aussi.” Bien dit ! Et Vincent de rajouter : “Le public est très varié, on a l’impression que l’on peut aussi bien faire danser les punks que les grand-mères.” Entre les deux albums, la plage sonore s’est élargie et l’orchestration s’est faite plus dense. Ces empilements d’instruments ont vite fait de dérouler une parfaite bande originale pour parc d’attraction imaginaire. Yann ajoute : “Nous préférons la maturation au changement.” Une maturation faite de rencontres (Kerfi, Momette, Alice et les Ogres de Barback, Mazalda, Sxip Shirey) et d’expérimentations, car pour Vincent : “On aime l’idée d’être influencé par des gens que l’on a rencontrés et pas forcément par l’album d’un type que l’on n’a jamais vu.” Ça se tient, et si dans l’inconscient collectif le mot forain fait plutôt rêver, ce groupe-là est bien réel, et paraît même conçu pour durer. Julien Deverre “Spaghetto blaster” - Irfan www.monofocus.fr


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.