Longueur d'Ondes n°54 (Avril-Juin 2010)

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BRuitaGE CHRIS JOSS “Monomaniacs Volume 1”

NICOLAS JULES

(ESL)

“Shaker”

Sixième album pour notre groover national, et toujours aucune fausse note. Un parcours qui force le respect d’autant qu’au lieu de pondre du funk au mètre, Chris Joss a pour principe de créer un concept différent et original à chaque fois. Ce dernier LP n’échappe pas à la règle et, pour une fois, brille par son manque total d’homogénéité. Une faiblesse ? Certainement pas car le parti pris est de présenter une (fausse) compilation de singles couvrant la période 1968 /1975. Un exercice de style difficile qui permet ainsi à l’artiste de faire le tour du sujet qu’il affectionne tout en captivant l’auditeur. Il faut bien le reconnaître, Chris relève brillamment le défi et parvient à créer douze dancefloor killers imparables d’une rare diversité. Entre deep-funk, hammond-beat, sitar-psych, philly sound… toutes les couleurs funk sont passées au crible avec une maîtrise exceptionnelle par le mono maniaque de service ! myspace.com/chrisjoss

(Stand by Be / L’Autre Distribution)

Varsas

Ce quatrième album est né sur la route, entre Paris et Québec. Voilà peut-être pourquoi ces onze titres respirent l’errance. Celle de la guitare, d’abord. Electrique, elle plante des ambiances nébuleuses, parfois dissonantes et dissipées, colorant d’un son rugueux et bienvenu une base blues ou rock qui serait sans elle un peu trop sage. L’errance des textes, ensuite, portés par une poésie évidente. Le musicien écrit : “Les guirlandes du ciel marchent une fois sur deux / Le plâtre de la lune tombe sur mes cheveux / C’est pas moi qui suis vieux, c’est la nuit “, ou encore : “La terre a la forme d’un cri”. Sur ses textes ciselés et fluides, auréolés d’un désenchantement lunaire, il pose une voix monocorde et grave, qui n’est pas sans rappeler, parfois, celle d’un Daho. Le résultat est plus rock, brut est vénéneux que son précédent disque Powête, et c’est tant mieux. www.nicolasjules.com Aena Léo

LIMA*DJARI

LUDEAL

“Syndrome de Stockholm”

“Allez l’amour”

(Z.F.record)

(Sony Music / Columbia)

Depuis le trip hop mâtiné d’électro-rock de leur prometteur premier album Interhôtel, le jeune trio a pris une tournure plus froide, intensifiant ses affinités avec le big beat. En même temps, le propos se fait lui aussi plus dur, jetant un regard aussi noir qu’éclairé sur notre monde moderne. En filigrane, un texte sans concession placé le lendemain du 11 septembre 2001 sur Internet par un inconnu, constat désabusé de l’acceptation passive par chacun des travers destructeurs de notre société, tel l’otage subissant le syndrome de Stockholm. De ces diatribes portées par une électronica sous tension aux tissus plus soyeux de mélodies planantes évocatrices d’ailleurs, de paysages trip hop à la Morcheeba qui imprègnent toujours l’imaginaire du groupe et de la voix caressante de Sandra, Lima*Djari dessine des espaces troubles, à la fois ouverts et suffocants, infinis et claustrophobes. limadjari.fr

Le premier essai (2007) avait titillé les amateurs de bonnes chansons, et le dénommé Ludéal, avec son univers crépusculaire, s’imposait avec brio. A l’époque, la critique usait de superlatifs, suggérant même une filiation avec le Bashung perfectionniste et soucieux de faire cohabiter avec grâce la langue française et le rock. Allez l’amour poursuit le chemin, mais évite le surplace pour finalement proposer d’autres perspectives. Si en ouverture d’album Crapaud magnifique et Finir flou auraient sans mal pu figurer au générique du précédent opus, dès le troisième titre le climat mute vers d’avantage de luminosité, plus d’accessibilité. Les musiques se font plus guillerettes, les textes plus explicites, un parti-pris un rien déconcertant, car Ludéal était attendu dans le registre qui a fait le charme de ses premiers pas. Pari risqué mais réussi car la magie opère toujours, et pour couronner le tout, le titre Allez l’amour possède une belle propension à devenir un tube. www.ludealmusique.com Alain Birmann

Jessica Boucher-Rétif

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