Longueur d'Ondes n°54 (Avril-Juin 2010)

Page 12

MARC MINELLI

Robert Gil

ON Y tiENt

m

arc Minelli a grandi au Havre, nourri par les senteurs maritimes de la porte Océane, le regard porté vers la ligne d’horizon, signe des futurs voyages à réaliser. Là, il a vu les Jam, Les Damned, suivi de près l’aventure Little Bob Story. Punk dans l’âme, punk toujours “s’il s’agit de dire non”, il effectue avec Muddy Waters, excellent nouvel album, un retour aux sources du rock et du blues. “J’avais envie de retrouver l’urgence. J’ai ressorti quelques vieux morceaux ; certains, comme Crazy Jane, datent des années 80. J’en ai composé de nouveaux aussi.” Homme-orchestre, mais “pas virtuose”, il joue aussi bien de la guitare que du piano, soutenu par ordinateur. Le titre d’ouverture Muddy Waters (non, ce n’est un hommage au célèbre bluesman) donne le ton. Le son, brut et acéré, fait raisonner les guitares avec bonheur. Dessus, il pose sa voix sauvage et des textes en anglais, puisque “tout le monde comprend.” Pas forcément engagé, il évoque les relations humaines et dénonce subtilement une société trop protectionniste “où l’on ne peut plus ni boire, ni fumer !” (Howlin’). L’album n’est pas uniforme : si une partie revisite les années 80, une autre se montre plus mélodique. Les ballades prennent alors le dessus, avec un sacré sens de la mélodie. Punk d’accord, mais les Beatles ou les Flaming Groovies, font aussi partie de sa culture. Entre complaintes obsédantes et riffs efficaces, Marc Minelli redéfini un style également très séducteur. L’âme de Bowie, période Heroes, pas Ziggy Stardust, résonne. Bourlingueur, Minelli a exploré de nombreux genres musicaux, nourri par de nombreuses escales, souvent musicales, en Afrique ou en Amérique. Il effectue là un salutaire retour aux sources. L’album a été mixé à New York, chez son ami Florent Barbier, à proximité du pont de Brooklyn. Un détour indispensable, au cœur de la famille indé, là où l’on croise les Yeah Yeah Yeahs dans les bars. Finie l’indolence tourangelle ! “C’était comme si nous étions à côté d’une autoroute, le bruit extérieur nous forçait à pousser au maximum le volume…” Le résultat, sans concession, surnage facilement au-dessus des productions plutôt guimauves du moment. Patrick Auffret “Muddy Waters” - Pirates Prod / Rue Stendhal www.marcminellimusic.com

12


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.