Bref Aéro 370 Mai/juin 2018

Page 1

BREF Mai/juin 2018 • N° 370

AÉRO

ÉDITO

VISEUR TÊTE HAUTE VERSUS RÉTROVISEUR. Jamais, au grand jamais, les marronniers des médias n’auront autant fleuri pour nous expliquer la fuite en avant des syndicats, leur remise en cause par les Français, ainsi que les nombreuses désaffections dans leurs rangs. Et dans une belle unanimité, voici tous les syndicats condamnés pour un crime de « non compréhension des enjeux du monde moderne », voire pour un crime « de déconnexion totale des problématiques du monde du travail ». La CFE-CGC est bien sûr amalgamée, condamnée, comme les autres dans cet imbroglio. Cependant, si nous lisons les entrefilets des plus sérieux marronniers, une tendance quasi passée sous silence se dégage. La CFE-CGC est en hausse constante d’effectifs et d’audience électorale. Et ce serait bien le seul syndicat ! Ah…la CFE-CGC n’est finalement pas comme les autres ? Et pourquoi donc ? C’est plus facile de grossir quand on est petit ? Certes…

Sommaire Actualités Évolution du personnel à Montrouge

2

150 emplois menacés

2

Élections de représentativité

2

Les nouvelles désignations/ nouvelles sections

2

Une nouvelle génération de délégués syndicaux

2

Nos adhérents à la pointe de l’innovation

3

Métallurgie : la nouvelle convention collective sur un faux plat ? 4

Vie des entreprises Latécoère confirme ses objectifs Dassault Aviation : la reprise d’activité apporte un bol d’air A380 : programme en sursis ! Politiques salariales 2018 : quelques appréciations

5 5 6-7 6-7

C’est dans l’air Expérience de vie imminente

8

POUR VOUS AVEC VOUS

PARTOUT

Ma conviction est que les salariés savent faire la différence entre le JT de 20h et les militants de leur entreprise. Car pendant ce temps-là, loin des cortèges parisiens : - les négociateurs CFE-CGC de la Métallurgie bataillent sur la mise en place d’une éventuelle nouvelle convention. Elle serait plus moderne et en adéquation avec les nouveaux enjeux. Mais c’est bien le mot « bataillent » que j’ai utilisé… ; - de jeunes adhérents se décident à passer à l’action et à s’engager dans leur entreprise en prenant un mandat ; - nous formons nos/vos militants à la compréhension des lois Macron. Ces derniers vont devoir négocier dans VOTRE entreprise l’articulation de votre représentation dans un contexte où la loi a décidé de renforcer la négociation d’entreprise. Qui ira se plaindre ? Personne ! A condition que vos mandants puissent négocier d’égal à égal avec votre employeur ; - nous nous battons avec les armes dont nous disposons dans de petites entreprises où l’emploi est menacé beaucoup plus rapidement que dans les grands groupes. C’est le cas actuellement dans un site de Figeac Aéro, ainsi que chez Jet Services au Bourget. Et puis, d’un coup survient la récompense. Les salariés ont porté la CFE-CGC comme première organisation syndicale dans les établissements d’ArianeGroup du Sud-Ouest (traditionnellement à majorité SUD/CGT). Les salariés ont-ils voulu se donner la chance d’être représentés par un syndicat qui avance ? Un syndicat qui a compris que le maintien de l’emploi dans cette entreprise passe par la réussite collective d’une aventure technique et humaine s’appelant Ariane 6 ? Ou tout simplement par un syndicat qui pilote les yeux rivés dans le Head Up Display et non pas dans le rétroviseur ? Un syndicat, enfin, qui veut réussir à mettre en adéquation les contraintes économiques qui s’imposent de l’extérieur à notre monde du travail avec les aspirations de ceux qui surmonteront ces mêmes contraintes économiques. À savoir NOUS TOUS !

Ludovic Andrevon Président de la CFE-CGC AED


Actualités

ÉVOLUTION DU PERSONNEL À MONTROUGE

La fin d’un cycle marquant toujours le début d’un autre, Élizabeth Aoustin a fait valoir ses droits à la retraite à partir du 1er septembre 2018 et, c’est Myriam Scellier qui la remplacera.

Son énergie et sa bonne connaissance des rouages du syndicat feront d’elle l’élément incontournable du bon fonctionnement de l’AED. Cette mutation interne permet l’arrivée d’une nouvelle venue : Patricia Lhoir qui prendra le poste de Myriam. Il y a donc du mouvement à l’AED, mais le personnel, comme toujours, met tout en œuvre pour que les adhérents et les sections n’aient pas à en pâtir. Bonne chance à tous .

NOUVELLES DÉSIGNATIONS SAFRAN HELICOPTERS TARNOS : Jean-Michel Balerdi est désigné délégué syndical (3ème DS).

HELISIM MARIGNANE : Philippe Debrand remplace Frédéric Dubost en qualité de délégué syndical. CASSIDIAN AVIATION TRAINING SERVICES COGNAC : Daniel Bidenbach est désigné représentant de la section syndicale (RSS). DASSAULT AVIATION ARGONAY : ANNE : Anne Perraux est désignée déléguée syndicale en remplacement de Philippe Castera.

ÉLECTIONS DE REPRÉSENTATIVITÉ

La période demeure calme, dans le cadre de la préparation de la mise en place des CSE un peu partout. Saluons, cependant, la section CFECGC HELISIM (13) qui fait carton plein avec 100 % des suffrages exprimés, et celle de SIMRA (80) qui obtient une représentativité de 33 %. Ariane Group St Médard : avec 3 sièges sur 7 au CE, en progression de près de 10 % en 4 ans, la CFE-CGC devient première organisation syndicale. Chaudes félicitations !

2

150 EMPLOIS MENACÉS SUR L’AÉROPORT DU BOURGET L’entreprise Jet Services qui a fait l’objet d’un rachat en novembre 2017 est placée en redressement judiciaire depuis février 2018. La période d’observation touche à sa fin et le Tribunal de commerce de Paris a prononcé un allongement de la période jusqu’au 11 juin. Ce sont 150 salariés qui sont menacés sur ce site. « Au moment du rachat, le nouvel actionnaire s’était engagé à injecter des fonds, 3M€ pour stabiliser l’activité. Mais depuis 6 mois, on coule ! », alerte Sandrine Pierre, déléguée syndicale CFE-CGC. Sans nouveaux fonds ou sans nouvel acquéreur, la société sera placée en liquidation judiciaire. Plusieurs candidats à la reprise de l’entreprise ont déjà fait part de leur intérêt, dans le cas où l’actionnaire actuel serait dans l’incapacité de présenter un plan de continuation .

UNE NOUVELLE GÉNÉRATION DE DÉLÉGUÉS SYNDICAUX : ANNE PERRAUX À l’occasion de son assemblée générale annuelle, la section Dassault d’Argonay (74) a procédé au renouvellement de son équipe et notamment de son délégué syndical, Philippe Castera, ce dernier aspirant à transmettre le flambeau à la nouvelle génération de militants. Avec près de 500 salariés, le site de production Dassault Équipements regroupe la direction industrielle, le département qualité contrôle, les affaires commerciales et les différents services support ainsi que le bureau d’études assurant le suivi des équipements en série. La section CFE-CGC du site savoyard, forte d’une cinquantaine d’adhérents, opte pour la jeunesse et la féminisation en désignant en qualité de déléguée syndicale, Anne Perraux, âgée de 38 ans, militante depuis 2013 à la CFE-CGC et membre active du groupe de travail « Syndicalisme 4.0 ». C’est un beau challenge que doit relever Anne Perraux au sein du site. L’entreprise traverse aujourd’hui une période de transformations, lesquelles sont parfois incomprises par les salariés. « Je vais devoir redonner confiance aux salariés dans le dialogue social et dans l’entreprise. Il est vrai qu’ils sont las des promesses de changements qui au final se dégonflent. Il est important que nous allions sur le terrain, au plus près des salariés, afin de les redynamiser et les inciter à nous rejoindre pour prendre part aux

discussions au sein de la section. Nous devosn restaurer un climat de confiance, une relation gagnant/gagnant avec la direction– ce qui n’exclut pas le contrôle », confie la jeune déléguée syndicale. Les élections de représentativité se dérouleront mi-2019 sur le site d’Argonay. D’ici-là, finis les grands discours, place à l’action sur le terrain, « plus nous seront nombreux, plus nous seront forts et entendus », conclut Anne Perraux.


Actualités

NOS ADHÉRENTS À LA POINTE DE L’INNOVATION : ISABELLE CHALONY, FONDATRICE DE L’APPLICATION TEMPO LÈVE LA MAIN Profiter d’un plan de départs volontaires pour créer son entreprise, c’est l’opportunité saisie par Isabelle Chalony, ingénieur en informatique chez Airbus Helicopters à Marignane, adhérente CFE-CGC depuis 15 ans. Une reconversion épanouissante pour cette jeune quadra qui a fondé sa start-up en octobre 2017 et lancé son application Tempo lève la main en avril 2018. Après avoir bénéficié d’un congé sans solde de 4 mois pour création d’entreprise en 2016, Isabelle Chalony voit dans le plan de départs volontaires mis en place par Airbus Helicopters une occasion de se lancer pleinement et d’être soutenue dans son projet de start-up. « J’ai eu de très nombreux entretiens avec mon employeur pour juger de la pertinence et de la viabilité de mon projet, qui me trottait depuis longtemps dans la tête. Accompagnée par ma Direction et par la CFECGC, j’ai pu concrétiser ce rêve en juillet dernier, confie la jeune entrepreneuse. En effet, grâce à la cagnotte de départ et à un financement de la part d’Airbus Développement dont j’ai profité, je me suis immédiatement entourée des partenaires technologiques et techniques nécessaires à la création de Tempo lève la main ». Le principe de Tempo lève la main est simple : il s’agit d’une application d’échanges de services contre du temps. Ici, le temps est la monnaie de contrepartie. « Le temps est une valeur universelle égalitaire, explique Isabelle Chalony. Nous avons tous à notre disposition le même nombre d’heures qui ne subit pas l’inflation ». Depuis son lancement en avril dernier, l’application connait un démarrage très encourageant, déjà plus de 200 utilisateurs partout en France. Il faut croire que Tempo lève la main répond aux attentes des utilisateurs quelle que soit leur situation géographique. En effet, un utilisateur peut rendre un service près de chez lui et avoir besoin d’une aide dans une autre ville. « Vous pouvez avoir besoin que quelqu’un fasse des courses pour votre Maman accidentée dans une

ville à plusieurs centaines de kilomètres de chez vous, et dans le même temps, vous avez l’opportunité de rendre un service à un autre utilisateur qui vit près de chez vous », détaille Isabelle Chalony. L’entreprise, labellisée French Tech, Initiative remarquable, Initiative Pays d’Aix, vient également de recevoir l’agrément « Entreprise solidaire d’utilité sociale ». Des reconnaissances qui encouragent la jeune entrepreneuse. « J’ai bon espoir de développer rapidement ma start-up. Je souhaite le faire sur un modèle d’entreprise de partage et de gouvernance participative avec mes futurs collaborateurs, c’est un modèle de société qui me tient à cœur. C’est d’ailleurs tout l’esprit de Tempo lève la main », conclut Isabelle Chalony. Si vous aussi, vous souhaitez faire partie du réseau Tempo lève la main : http://tempoapp.fr/

Application gratuite disponible sur GooglePlay et AppStore Pour les associations souhaitant nouer des partenariats privilégiés avec TEMPO LÈVE LA MAIN, contacter Isabelle Chalony : isabelle.chalony@tempoapp .fr

3


Actualités

MÉTALLURGIE MÉTALLURGIE :: LA LA NOUVELLE NOUVELLE CONVENTION CONVENTION COLLECTIVE COLLECTIVE SUR SUR UN UN FAUX FAUX PLAT PLAT ??

Dans le précédent numéro de Bref Aéro, nous avons récapitulé la situation des négociations concernant l’hypothétique future convention collective de la Métallurgie. Au stade où nous en étions, c’était principalement la grille des futures classifications qui était la plus avancée – quoique pas encore complètement au point. Nous pensions pouvoir vous présenter, aujourd’hui, les nouvelles orientations en matière de temps de travail, mais à l’heure où nous mettons sous presse, et nous dirons même « contre toute attente », ce sujet, qui pouvait se présenter comme plus facile que celui des classifications, n’a pas avancé. C’est une mauvaise surprise, donc. Alors que les organisations syndicales réformistes s’attendaient à un simple toilettage des accords de tout poil conclus en gros depuis 1999 et la construction des 35 heures, elles se sont retrouvées à compter les coups entre une organisation révolutionnaire exigeant le passage à 32 heures pour tous avec maintien de la rémunération, et l’organisation patronale, sans doute poussée par sa composante PME – PMI, proposant un positionnement de l’ensemble des curseurs aux maxima autorisés par la loi. Un premier exemple : le contingent d’heures supplémentaires. Actuellement, au-delà de 220 heures supplémentaires dans l’année, ces heures sont non seu-

4

lement payées, mais compensées à hauteur d’une heure de repos / récupération par heure travaillée. L’UIMM a proposé un système complexe pouvant aboutir à un contingent de 510 heures supplémentaires, certaines (100h) partiellement compensées, d’autres basées sur le volontariat ! Dans tous les cas, cette proposition conduirait les salariés à travailler plus pour ne pas gagner plus ! Au nom de la compétitivité des entreprises. Second exemple : alors que le forfait jour est source d’application parfois illégale (forfait jour pour des salariés en travail posté), l’UIMM est très réticente à clarifier les conditions d’applications de ce forfait et en limiter les usages abusifs. Tout ceci fait qu’à ce jour, le sujet « temps de travail » semble coincé. Peut-être aurat-il bougé à l’heure de parution de ce Bref Aéro ? Auquel cas, vos délégués syndicaux en auront-ils l’information. Le thème santé / sécurité / QVT a lui plutôt bien avancé. Comme nous vous l’avions déjà exprimé, il n’est que peu contraignant et ceci explique sans doute cela. Il consiste en un rappel précis des dispositions légales, une nomenclature des différents acteurs et de leurs rôles dans le domaine. Nous avons néanmoins pu y faire inclure des incitations à progresser. Reste que nous mesurons combien le secteur Aéronautique Espace Défense est privilégié, lorsque nous constatons les

réticences patronales à inciter les entreprises de la Branche à ouvrir des négociations sur le télétravail ou la connexion choisie, sujets qui sont abordés de nos jours dans nombre de nos entreprises. Pour nos négociateurs, le climat est donc à l’interrogation. Alors que le chapitre des classifications s’était clos sur une impression de « gagnant – gagnant » (sans perdre de vue les probables difficultés inhérentes aux changements prévus), l’élan semble s’être affaibli et les négociations sont actuellement sur un faux plat. Chacun sait, cependant, qu’il faudra en sortir : nous ne perdons pas de vue qu’en cas d’échec sur la négociation de cette future convention, les partenaires sociaux auraient démontré leur incapacité à nouer des accords, renforçant ceux qui cherchent à réduire leur champ d’influence. Face à cette perspective, la CFE-CGC préfère et de loin, négocier et rester – avec les autres parties prenantes bien entendu – maîtresse de son destin .

Fabrice Nicoud et Christophe Dumas Membres du Bureau Fédéral


Vie des entreprises

LATÉCOÈRE CONFIRME SES OBJECTIFS

Chez Latécoère, le plan de transformation 2020, lancé en 2016, avance à grand train. À présent, le premier plan social de l’entreprise est derrière nous. Pour rappel, ce plan, qui prévoyait 160 suppressions de postes, a été largement plébiscité par les salariés, puisqu’il s’est soldé par 150 départs volontaires, une dizaine de licenciements, dont 2 non souhaités. L’objectif du plan de transformation 2020 est de demeurer un équipementier de rang1, avec un chiffre d’affaires de 1.5Md$ à l’horizon 2021, mais également de rester une entreprise novatrice. À cet effet, les investissements R&T ont été rehaussés. La nouvelle usine 4.0 de Toulouse, dans la zone de Montredon, a été livrée au premier semestre 2018. Elle produit déjà les premières pièces élé-

mentaires dans un souhait “d’intégration verticale”, qui permettra à l’entreprise de mieux maitriser sa politique Make or Buy. Latécoère voit déjà plus loin pour ce site, dont la taille augmentera de 50 % d’ici deux ans, et facilitera l’intégration d’une chaine de traitement de surface de dernière génération. Sur le site historique Toulousain, place de la Roseraie, un nouveau Head Quarter va prendre lieu et place des an-

ciennes usines à l’horizon 2020. Il réunira les salariés des branches Aérostructure et Interconnection Systems. .

Thierry YNGLADA Délégué syndical Latécoère

DASSAULT AVIATION :

LA REPRISE D’ACTIVITÉ APPORTE UN BOL D’AIR Les résultats Société 2017 ont été présentés le 8 mars. Ils sont bons : progression du chiffre d’affaires à 4,8 milliards  € ; progression du résultat, même s’il est en partie dû à Thales ; progression des dividendes distribués. L’action a dépassé 1 500 €. Toutefois, la Direction annonce que la marge est insuffisante, il faut diminuer les coûts des Falcon pour mieux les vendre, de plus le taux du dollar est devenu défavorable (fin de l’alignement des planètes). Sur les avions d’affaires, certains signaux passent au vert pour la première fois depuis 2008 : activité aérienne, baisse du stock d’avions d’occasion, reprise économique sur les grandes zones clientes : USA, Europe, Asie, pays émergents. Dassault-Aviation a tout de suite rebondi sur l’arrêt du Falcon 5X en relançant un nouveau programme : le Falcon 6X, équipé de moteurs canadiens (Pratt et Whitney Pure Power 812).

Coté militaire, la commande annoncée de 12 RAFALE QATAR supplémentaires augmente la cadence de production. Ces éléments nouveaux amènent la fin de la sous-charge fabrication et augmentent la charge d’études à court terme. Pour gagner en efficacité, la Direction poursuit le déploiement du plan de transformation : YY d éplacement de services centraux de St-Cloud vers Mérignac pour se rapprocher des avions : certains secteurs du bureau d’études, du support, du développement (construction d’un nouveau bâtiment) ; YY rationalisation des sites industriels : pièces primaires migrées d’Argenteuil vers Seclin, assemblage de Poitiers et Argenteuil vers Martignas et Biarritz ;

Les mobilités des salariés se font au volontariat. La remontée de la charge a redynamisé les embauches. De ce fait, le dispositif de Congés de Fin de Carrière, qui avait été initié en 2017 pour une durée de 3 ans, est appliqué avec des critères de choix. Les NAO sont en cours de finalisation avec une proposition Direction de +2,8 % pour les cadres et +2,5 % pour les noncadres. Le budget de participation/intéressement est en hausse de 18 % par rapport à l’année dernière .

Bernard Mathieu Délégué syndical central Dassault Aviation

YY transformation numérique 4.0.

5


Vie des entreprises

POLITIQUES SALARIALES 2018 : En début d’année, faisant suite à une analyse menée au sein du Bureau de l’AED, nous avons envoyé une fiche pratique aux différents délégués syndicaux centraux pour leur donner quelques éléments contextuels, dans la perspective des négociations salariales annuelles. Parmi ces éléments : YY u ne prévision d’inflation 2018 établie à 1,1 % ; YY d e fortes tensions sur les programmes spatiaux, un monde de la Défense dans l’attente d’augmentations de budgets, des commandes soutenues dans l’aéronautique ; YY u ne politique gouvernementale mettant à mal la sphère syndicale. Dans ce contexte, cibler une politique salariale de « l’inflation + 2 % » était naturellement une gageure très difficile. Le 2 % n’est ici pas le fruit du hasard, mais juste un élément de calcul sur une trajectoire visant qu’en 42 ans de carrière, un salarié puisse espérer doubler le mon-

tant de son salaire. Du moins, en théorie. Cette théorie se retrouve sérieusement affaiblie par des années d’inflation très basse, sur fond de crise économique mondiale. Sans rentrer dans le détail, de nombreux analystes économiques s’accordent maintenant sur le fait qu’espérer doubler son salaire entre le début et la fin de sa carrière ne sera plus possible qu’au prix de nombreux changements d’employeurs, et encore, sous réserve de ne pas connaître de longue période de chômage. Voilà des perspectives peu réjouissantes pour les jeunes générations … Et après les RH s’étonnent de leur trouver « un intérêt pour leur carrière différent de celui qu’exprimaient leurs anciens » : superbe euphémisme, dont toutefois les conclusions ne sont pas complètement tirées. Les entreprises préfèrent assister, migoguenardes, mi-inquiètes, à la guerre des talents, dont seules les plus riches d’entre elles tireront profit. Pendant ce temps, la CFE-CGC AED compile depuis quelques années les politiques

salariales pratiquées dans les entreprises du secteur où elle est représentée. Ce qui, pour 2018, donne le résultat présent sur le premier graphe ci-contre. Ce graphe est construit à partir des remontées de 41 entreprises. La moyenne des politiques salariales qui y sont pratiquées, est cette année de 2,22 %. Nous ne citons personne, car il ne s’agit pas d’un tableau d’honneur. À chacun de situer sa société. Les délégués syndicaux qui ont pris part aux négociations salariales connaissent parfaitement les facteurs qui ont conduit au positionnement de leur entreprise par rapport à d’autres. Le second graphe correspond à la moyenne des politiques salariales constatées sur notre périmètre depuis 2012, comparée aux prévisions d’inflation en vigueur au moment des négociations. Selon les années, ce sont environ 60 entreprises qui nous remontent leurs données. Pour informatifs qu’ils soient, ces graphes ne disent pas tout de la politique sociale d’un groupe ou d’une entreprise. Rares

A380 :

6


Vie des entreprises

QUELQUES APPRÉCIATIONS sont celles qui joignent à une politique salariale mirifique, un intéressement phénoménal ou une participation exemplaire (encore que celle-ci soit très réglementée). Comparaison n’est pas raison … si le paradis des rémunérations existait en France et dans notre activité, ça se saurait.

% % 3,5 3,5 3 3 2,5 2,5 2 2 1,5 1,5

Politique salariale 2018 Moyenne

1 1 0,5 0,5 0 0

41 entreprises AED recensées 41 entreprises AED recensées

% % 3,5 3,5

Évolution Moyenne Inflation / INSEE

3,0 3,0 2,5 2,5

Enfin, et au risque de nous répéter, soulignons que plus un délégué syndical a d’adhérents derrière lui, plus fort est son poids dans les négociations ! Christophe Dumas Secrétaire Général CFE-CGC AED

2,0 2,0 1,5 1,5 1,0 1,0 0,5 0,5 0,0 0,0

2012 2012

2013 2013

2014 2014

2015 2015

2016 2016

2017 2017

2018 2018

PROGRAMME EN SURSIS ! Sauvé sur le fil ! L’Airbus A380 n’est pas mort ! Le 18 janvier 2018, la compagnie Emirates passait commande de 36 appareils A380 et permettait ainsi de sauver le programme. Une excellente nouvelle pour poursuivre la production de l’avion emblématique d’Airbus, l’avion de tous les superlatifs… Le géant des airs, le plus gros avion civil de tous les temps, plus loin, plus haut, le plus fiable (98,9 % de fiabilité opérationnelle) a fêté les 10 ans de son premier vol commercial en 2017… Mais l’A380 peine à trouver des clients. La commande d’Emirates apporte un peu d’oxygène pour des livraisons qui commenceront en 2020. Les cadences de

production, qui n’ont cessé de décroitre, seront alors portées à 6 avions par mois. Le 7 mars 2018, la direction d’Airbus, lors d’un Comité Européen du Groupe, annonçait un plan d’adaptation des effectifs pour faire face à la baisse de cadence A380 et ajuster la production de l’A400M. Ce plan s’effectuera sur 4 ans. L’adaptation des effectifs en France (environ 470 postes supprimés) se fera par redéploiement des salariés concernés sur les autres programmes et par une adaptation des charges intérim et CDD. La CFE-CGC est mobilisée depuis ces 2 dernières années pour accompagner les redéploiements des salariés et des managers.

Grâce aux efforts d’adaptabilité déjà consentis par ces derniers, au bon niveau de compétitivité des sites industriels français, ils n’auront pas à faire face à des impacts sociaux majeurs. Toutefois, la CFE-CGC restera vigilante sur la réduction de la flexibilité (contrats intérim et CDD), les baisses de charges chez nos fournisseurs et sous-traitants et leurs conséquences sociales . Françoise Vallin Déléguée syndicale centrale CFE-CGC Airbus Operations

7


C’est dans l’air

Expérience de vie imminente Les vacances approchent. Il traîne peutêtre par-ci, par-là, dans votre logement, quelques tongs, un seau et une pelle, des serviettes qu’on a ressorties de la naphtaline. Les moments partagés, bien mérités, se dessinent ! Dans cette optique, nous vous proposons aujourd’hui un petit exercice. Prenez (mentalement ou physiquement, comme vous voulez !) votre valise la plus solide, la plus grosse possible sans doute, mais sur ce dernier point, surtout une valise que vous pourrez transporter sans trop de mal, au gré de pérégrinations encore imprévues. Posez-là sur un endroit stable, et c’est là que les ennuis vont commencer : imaginez que la pire des catastrophes soit imminente, que vous n’ayez qu’une heure – pas une minute de plus – pour remplir votre valise avec ce qui vous semble vraiment essentiel. A vous de choisir. Des biens qui vous sont chers ? Des souvenirs inestimables ? Des objets qui pourraient plus tard se négocier comme monnaies d’échange ? Ou juste de quoi manger ? Peut-être au début vous ne saurez pas par quoi commencer. Mais ensuite la valise sera trop petite. Alors que faire ? Voilà un bien funeste scénario, un jeu pas drôle du tout. Et pourtant, c’est un processus dramatique que des milliers, des millions de personnes, en nombre sans cesse croissant, doivent jouer jour après jour.

BREF

AÉRO ÉRO 8

Ce sont les réfugiés qui fuient les guerres, les affamés qui fuient la misère, les habitants de zones sous menace de catastrophe naturelle, nos concitoyens victimes des inondations cet hiver. Parfois juste sous nos yeux, des amis en villégiature qui doivent fuir à toute vitesse devant un incendie de forêt ou une tempête submersive. En fin de compte, nous Français sommes pour la plupart des privilégiés, pour lesquels la probabilité est faible de n’avoir qu’une heure pour remplir notre valise et nous enfuir. Mais qui peut jurer que le risque soit nul le concernant ? La faiblesse de la dite probabilité nous permet d’aborder le sujet avec calme et sang-froid, finalement comme un simple exercice. Et c’est tant mieux. Et si nous voulons le prendre du bon côté, il peut nous amener à … faire de la place dans nos intérieurs, en éliminant ce qui nous y semble superflu et que jamais, au grand jamais, nous ne prendrions l’initiative d’emporter dans une fuite éperdue ! Dans la perspective du nettoyage de printemps ou d’été, c’est bon à savoir ! Toute proportion gardée, c’est peut être finalement dans le monde professionnel que le risque de supporter un aléa majeur est le plus élevé. Et là, nous ne parlerons plus de privilège car les ordonnances de 2017 sont passées par là et ont mis à bas nombre d’abris que présentait le code du Travail.

Mai/juin 2018 • n°370 Directeur de la publication : Ludovic Andrevon Ont participé à la rédaction : C.Dumas, F.Nicoud, F.Vallin, B.Mathieu, T. Ynglada Crédits photos : © Airbus, © Dassault Aviation, © Arnaud Spani Bref Aéro est une publication bimestrielle de la CFE-CGC AED 10-12 avenue de la Marne - 92120 Montrouge - contact@snctaa.fr Rédaction, conception, réalisation : Agence L’œil et la plume www.loeiletlaplume.com Impression : Imprimerie La Centrale de Lens Dépôt légal : juin 2018 - ISNN : 0293-8251 - CPPAP : 0114S 08080

Notons qu’un bulletin d’adhésion à la CFECGC, ça ne prend pas de place dans une valise. D’un autre côté, nous admettrons volontiers qu’en cas de tremblement de terre ou de tempête de neige, son utilité est discutable. Pour allumer un feu peutêtre ? Mais en cas de cataclysme professionnel, on ne sait jamais. Vous, lecteur, êtes par définition déjà un adhérent. Ce n’est peut-être pas le cas de votre collègue le ou la plus proche. Aussi, ce message vous est-il spécialement dédicacé : par rapport à votre collègue, vous êtes le météorologue qui voit venir les complications et qui peut lui vendre notre soutien commun, lorsque, demain, nous devrons mettre en place la nouvelle convention collective et le Comité Social et Économique. Il est important que vous évoquiez avec votre entourage professionnel ce futur champ de contraintes. Ce qui revient à l’image du début : en ouvrant la discussion, vous poserez sur le bureau de votre collègue une valise. Ensuite, ce sera à lui de la remplir. Mais il est encore plus important, à court terme, que vous puissiez profiter d’un été que nous vous souhaiterons chaud et lumineux ! Rendez-vous à la rentrée pour nos prochains bulletins météo. Bonnes vacances, et soyez gentils avec votre valise ! Christophe Dumas Secrétaire général CFE-CGC AED


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.