Bref Aéro 355

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BREF Novembre/décembre 2015 • N° 355

AÉRO

ÉDITO Demain l’industrie.

L’effritement de l’activité et de l’emploi industriels résulte non du hasard, mais de choix issus de quelques croyances : l’industrie est dépassée, les services sont séparables de l’industrie, on peut sans dommages découper les entreprises en tranches, et la transition numérique peut se faire sans renoncer aux organisations cloisonnées et pyramidales. La première croyance est, qu’à l’ère postindustrielle, le tertiaire est le secteur essentiel. Parler de «fabriquer » était ringard jusqu’à ce que le « made-in france » s’impose dans le discours médiatique.

Sommaire Actualités 3ème année consécutive de certification de nos comptes

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Rapport Combrexelle, un rapport qui va dans le bon sens

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AGIRC - ARRCO, le retour

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Vie des entreprises Groupe Safran : formation et évolution professionnelles au cœur des accords

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Airbus Helicopters : négociation sur le temps de travail des non-cadres

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Dossier Vous avez dit « Mobilité » ????

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C’est dans l’air Procès-verbal de la réunion extraordinaire du C.E. de la société Noël

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POUR VOUS AVEC VOUS

PARTOUT

La CFE-CGC se bat pour préserver le secteur productif : l’industrie génère 80 % des innovations de l’Europe et assure 75 % de ses exportations. Tout miser sur les services est illusoire. Le recul de l’industrie ne peut pas être compensé par des services qui vivent en partie grâce à elle : les services représentent un quart des achats de l’industrie, de la maintenance à la comptabilité en passant par le conseil et l’hôtellerie. Les délocalisations d’activités ont appauvri les territoires, en y détruisant des compétences ; elles ont déplacé des activités et des postes à haute création de valeur comme le développement et la conception de produits et de processus ainsi que le marketing. En outre, la désindustrialisation affaiblit les classes moyennes : elle polarise l’emploi entre des postes à haut revenu et des fonctions à faibles compétences comme celles du tourisme et de la grande distribution. Cette vision court-termiste, que la CFE-CGC dénonce, a fait sacrifier des activités rentables, mais ne procurant pas les retours sur investissement suffisants pour des actionnaires toujours plus gourmands Elle a imposé une comptabilité myope découpant la chaîne de création de valeur industrielle en fonctions isolées les unes des autres. Ce découpage a détruit les synergies entre fonctions amont et aval indispensables pour intégrer dès la conception les caractéristiques permettant de faciliter la production, la logistique, la vente et l’après-vente. En cette période d’innovation intense, les entreprises de l’économie numérique nous rappellent que l’erreur est de définir son métier par une technique et non par ce qu’achète le client : un service, donc de l’immatériel. Bien avant l’arrivée du numérique, des leaders ont été détrônés par des « barbares » qu’ils ont d’abord traités par le mépris : « ça ne marchera jamais ! », puis attaqués en justice. Ils ont enfin tenté de prendre le train en marche, généralement trop tard. La majorité des entreprises sont-elles mûres pour échapper aux erreurs qui ont tué Kodak ? Rien n’est moins sûr. La CFE-CGC AED s’impliquera pour accompagner cette transition numérique de l’économie dans l’intérêt de nos salariés et de leurs entreprises. C’est sur ces notes porteuses d’évolution, donc de vie, que je vous souhaite de bonnes fêtes de fin d’année pour vous et vos familles. Bernard VALETTE Président CFE-CGC AED


Actualités

3 année consécutive de certification de nos comptes ème

BRAVO À TOUS ! Depuis 2012, notre syndicat a l’obligation de se conformer au critère de « transparence financière » défini par la loi du 20 août 2008 sur la représentativité des organisations syndicales.

Nous rappelons à nos adhérentes et adhérents que les cotisations doivent être réglées en début d’année afin de répondre aux contraintes fixées par la loi. Les attestations fiscales, permettant de bénéficier d’une déduction d’impôts sur les cotisations versées, sont envoyées en mars/ avril.

L’implication et la rigueur du service comptabilité de l’AED ont permis de consolider l’ensemble des pièces justificatives fournies par nos sections permettant ainsi d’obtenir la certification de nos comptes par notre Commissaire aux comptes.

Les rapports sur nos comptes annuels sont publiés et consultables sur le site internet du Journal Officiel : www.journal-officiel.gouv.fr/comptessyndicats/

Il est à souligner que la tenue des plannings et la qualité des informations transmises par les Trésoriers de nos sections syndicales impactent directement le processus de certification, sachant que ces exigences sont plus fortes d’année en année.

MERCI à toutes et à tous… et rendez-vous pour l’exercice comptable 2015. Christophe Berthiau Trésorier de la CFE-CGC AED

Élections de représentativité AED… Des élections se sont déroulées dans nos entreprises au cours des mois de septembre, octobre et début novembre 2015, en voici les résultats. ZODIAC AEROSAFETY SYSTEMS PLAISIR : une représentativité et un poids de 100 %, à la suite d’une création de section… AIRCELLE LE HAVRE : une représentativité de 32,02 % et un poids de 27,52 %, remarquable progression de 8 % aux dépends de la CGT... AIRCELLE PARIS SACLAY : une représentativité de 55,73 % et un poids de 50,95 %, malgré l’absence de candidat au 2ème collège... AIRCELLE TOULOUSE : une représentativité de 42,78 % et un poids de 37,56 %. ZODIAC AEROTECHNIC PLAISIR : une représentativité de 44,01 % et un poids de 37,04 %, remarquable progression de 12 %, aux dépends de la CGT... AIRBUS GROUP TOULOUSE : une représentativité et un poids de 28,40 %, à la suite d’une faible participation, notamment des cadres… THALES AVIONICS VALENCE : une représentativité de 30,68 % et un poids de 27,32 %, en progression de 6 %, avec l’absence de candidat au 2ème collège...

De remarquables progressions, avec un axe de développement sur le 2ème collège… À suivre… Marc Legrand Secrétaire général AED

NOUVELLES DÉSIGNATIONS AIRCELLE : ont été reconduits dans leurs fonctions de délégués syndicaux centraux : Jean-François Renault, Gérard Clere,

Ouamar Ait Ali Braham et Omar Benhamma (suppléant). Jean-François Renault est reconduit en qualité de représentant au CCE.

AIRBUS Group : Patrick De Percin a été reconduit dans ses fonctions de délégué syndical central. ZODIAC AEROTECHNICS : Christophe Urbero a été reconduit en qualité de délégué syndical central et de représentant syndical au CCE. AIRBUS Defence and Space SLC Élancourt : Sylvie Alif est désignée représentante syndicale de section syndicale. HERAKLES CERAMICS Le Haillan : Jean-Éric Barbier est désigné représentant syndical de section syndicale. ZODIAC AEROSAFETY SYSTEMS Plaisir : Laurent Beurguet est désigné délégué syndical.

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Actualités

Rapport Combrexelle,

un rapport qui va dans le bon sens. C e rapport de plus de 100 pages a été remis, cet été, par Jean-Denis Combrexelle au ministère du Travail. Il semble qu’il ne soit pas parti pour rejoindre la pile de rapports poussiéreux garnissant les couloirs des ministères. Il faut dire que ses recommandations sont innovantes, parfois déstabilisantes, mais somme toutes assez réalistes sur l’analyse des blocages du dialogue social français. La CFE-CGC rejoint d’ailleurs les conclusions de ce rapport sur plusieurs points, moyennant la mise en place d’un certain nombre de garde fous. Ce rapport est en court d’analyse détaillée par les parties et participera certainement à la réflexion engagée pour la simplification du code du Travail. La négociation collective doit être renforcée, le dialogue social réformiste réaffirmé ! Lorsque les acteurs de la négociation défendent réellement les intérêts collectifs

et savent sortir de leur dogme respectif, des accords sur des sujets aussi sensibles que la sauvegarde des retraites complémentaires peuvent être trouvés. Il aura fallu quelques années de plus que chez nos voisins européens. Mais nous y sommes arrivés. Reste à savoir cependant si l’État saura faire preuve du même courage et du même esprit de responsabilité sur le régime général.... Là où tous les dogmes sont permis ! Si vous voulez en savoir plus sur ce rapport très technique, rendez- vous sur : www. gouvernement.fr/partage/5179-rapportla-negociation-collective-le-travail-etl-emploi-de-jean-denis-combrexelle Ludovic Andrevon Vice-Président Délégué CFE-CGC AED

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Actualités

AGIRC - ARRCO

>LE RETOUR

La question de l’accord sur les retraites complémentaires, acté fin octobre par la CFE-CGC, la CFTC, la CFDT et les organisations patronales, peut être abordée sous un double aspect : démographique et politique.

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n terme démographique, ce qui était vrai il y a trois ans, concernant le régime général, demeure vrai aujourd’hui pour les complémentaires : on vit plus longtemps, on entre sur le marché du travail de plus en plus tard, l’emploi salarié est tendanciellement menacé pour les prochaines décennies : tout concourt à une baisse des recettes et à une hausse des dépenses. On peut donc tourner les choses comme on veut, même si on ne parle pas de faillite, il fallait, pour assurer la pérennité des répartitions, rééquilibrer la balance recettes / dépenses. Il faut cependant garder à l’esprit un certain nombre de choses. D’abord, parler de faillite des caisses de retraites complémentaires n’a pas de sens. Elles distribuent à un instant T l’équivalent de leurs recettes – reçues des actifs, pour faire simple – aux retraités. Rééquilibrer les finances de l’ensemble, c’est éviter tout simplement… de n’avoir plus rien à distribuer, cas de figure extrême, bien évidemment. La notion d’équilibre prend ici tout son sens, puisqu’il s’est agi de répartir l’effort. On aurait aussi bien pu réduire de quelques 12 % les pensions et tout faire peser sur les retraités, mais le message ainsi passé aurait été désastreux pour les actifs actuels : « Mesdames, Messieurs, d’ici la fin de votre vie active, vous n’aurez plus de retraite ». Ce qui nous amène à un deuxième facteur : le fait que le système de retraites par répartition est mort à plus ou moins long terme. Pour la CFE-CGC, ce type de préjugé peut vite devenir une prophétie autoréalisatrice. Autrement dit, si on laisse mourir le système… il va mourir. C’est pourquoi, au-delà de notre accord sur les complémentaires, et parce que tout se tient, la CFE-CGC milite pour un élargissement de l’assiette des cotisations sociales dans le futur pour répondre à la baisse programmée de l’emploi salarié : il faudra inévitablement en venir un jour à assoir une

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partie des cotisations sociales sur certains outils industriels qui remplacent des actifs, ou sur une TVA « sociale ». Un certain nombre de fossoyeurs du système par répartition ont, il y a quelques années déjà, promu la retraite par capitalisation. Il en est découlé notamment les PERP, PERCO et autres supports, assez appréciés. Mais l’actualité est là pour nous rappeler le risque à mettre tous les œufs dans le même panier : les systèmes assis sur des fonds de pension ou plus globalement sur le cours de la bourse sont très volatils. Pour toutes ces raisons (et d’autres encore), la CFE-CGC souhaitait la survie du système par répartition, au travers d’un effort réparti sur l’ensemble des parties. Faute de quoi, les cadres auraient vu leurs cotisations augmenter de 17,5 % ou les retraités leurs pensions baisser de 12 %, en moyenne. Si nous en venons maintenant au côté politique des choses, interprétons l’accord signé. Les retraités contribuent par un décalage des revalorisations à novembre (il y a peu, c’était avril) et une désindexation des revalorisations par rapport à l’inflation. Les entreprises vont cotiser légèrement, mais il est vrai que sur fond de reprise-économique-qui-tend-à-venir et de pression sur l’emploi, elles peuvent paraître un peu épargnées par les mesures arrêtées. Les salariés portent le gros de l’effort : le système d’abattement sur les complémentaires (-10 % pendant deux à trois ans avant l’âge de départ) marque une nouvelle fois la volonté du monde politique, en général, de faire travailler les actifs plus longtemps. Un autre combat était pour l’occasion porté par la CFE-CGC, un peu seule sur ce champ de bataille : la définition du statut de l’encadrement en général, et des cadres en particulier. Nous sommes nombreux à avoir « coupé notre cravate » lors de la campagne d’opposition à la fusion AGIRC – ARCCO, laquelle avait de notre part pour fondement la défense du statut des

cadres. Or ce statut repose d’un point de vue conventionnel essentiellement sur la constitution de l’AGIRC. Le fait de conditionner la fusion de l’AGIRC et de l’ARCCO à une nouvelle définition légale du statut des cadres, acceptée et pérenne, est une main tendue en direction de la CFE-CGC et de ses milliers d’adhérents, que nous ne pouvons que saluer.

Moyennant quoi, si nous devions résumer la situation à ce jour : • le régime général a été « provisoirement » traité lors de la dernière réforme promue par le gouvernement Fillon. Tous les experts s’accordent pour dire qu’à l’aube du prochain quinquennat et quel que sera le prochain gouvernement, une nouvelle réforme sera nécessaire ; • que ce soit de manière explicite ou implicite, toutes les réformes entérinent un recul de l’âge de départ, sans toucher à l’âge légal qui demeure un tabou politique. Mais les faits sont là ; • au travers d’un dispositif de plus en plus individualisé, on tend vers une retraite à la carte où chacun gérera son compromis personnel entre salaires, temps de travail, durée dans la vie active et retraites ; • la plupart des acteurs sociétaux demeurent attachés à la retraite par répartition, qui constitue une base fondamentale des équilibres sociaux français. Dans la mesure où les choses deviennent de plus en plus individualisées, nous ne reprendrons pas ici les différents exemples ou cas de figure nouveaux qui vont se présenter. Nous laissons à vos représentants CFE-CGC locaux le soin de rechercher avec vous les réponses aux questions précises que vous pourriez vous poser ! Christophe Dumas Délégué administratif


Vie des entreprises

Groupe Safran :

formation et évolution professionnelles au cœur des accords

A

u cours du troisième trimestre, plusieurs accords portant sur la formation professionnelle, la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences, la reconnaissance des diplômes, ont été négociés par les partenaires sociaux du groupe. La CFE-CGC, partie prenante de ces négociations, a signé ces accords, dont certains ont repris largement ses revendications. Les diplômes et diplômés enfin reconnus ! Dès les premières réunions de négociations sur la formation au sein du groupe Safran, la CFE-CGC avait insisté sur l’importance de reconnaitre les diplômés qui suivent de leur propre initiative une formation et obtiennent un diplôme, souvent au prix d’efforts soutenus sur plusieurs années. Depuis de nombreuses années, la Direction refusait de traiter ce sujet difficile. Début septembre 2015, cette dernière y était une fois encore réticente. Afin de détailler ses arguments sur le sujet, la CFE-CGC de Safran a pris rendez-vous avec la Direction. C’est ainsi que les demandes formulées par la CFE-CGC ont été intégrées dans l’accord formation Safran soumis à signature. Les avancées de cet accord sont multiples.

Pour un salarié qui s’est engagé dans un cursus diplômant ou certifiant de sa propre initiative : • il pourra postuler prioritairement sur les offres de postes ouvertes correspondant à son nouveau diplôme ou certificat. Il sera reçu par les recruteurs. Avant, nos collègues diplômés qui tentaient de le faire se faisait poliment éconduire ; • sa candidature sera prise en compte et évaluée suivant les mêmes critères de sélection que les autres ; • en cas de sélection sur le poste visé, le salarié sera positionné sur son nouveau statut et/ou sa nouvelle qualification à sa prise de poste. Ainsi, un collègue ouvrier ou employé sera promu technicien ou cadre, à sa prise de poste ! Un collègue technicien sera promu cadre, à sa prise de poste, hors passage cadre ! En conséquence, par sa signature, la CFE-CGC sécurise cette avancée majeure qui relance l’ascenseur social dans le Groupe. Daniel Verdy Coordinateur CFE-CGC Groupe Safran

Airbus Helicopters : négociation sur le temps de travail des non-cadres Le 28 octobre s’est tenue la première réunion de négociation sur le projet « CARE : Competitiveness Agreement to Reach Excellence». La Direction a présenté ses propositions concernant le modèle global du temps de travail des non cadres. À l’issue de cette première réunion, la CFE-CGC se demande ce que souhaite réellement la Direction. « Ces premières propositions nous font penser à un retour très lointain que nous ne souhaitons pas faire ressurgir dans notre époque et d’une complexité toute Kafkaienne ».

La Direction d’Airbus Helicopters suivra-telle la volonté de la maison mère Airbus Group en s’ouvrant vers le Futur de la digitalisation, de la flexibilité, de l’entreprise libérée ou souhaite-t-elle faire un retour vers une époque devenue obsolète ? La CFE-CGC entend que la compétitivité soit importante pour Airbus Helicopters. Elle considère que toutes mesures qui favorisent réellement la compétitivité doivent être étudiées avec attention. C’est une obligation et un devoir pour la CFE-CGC.

A contrario, des pseudo mesures qui n’auraient pas d’impact sur la vraie compétitivité, mais qui favoriseraient le désengagement des salariés n’auront pas notre soutien. Hélas, l’employabilité des salariés et la sauvegarde de l’emploi sont toujours absents de cette négociation ! Cela doit impérativement changer! Ludovic Andrevon Délégué syndical central CFE-CGC Aribus Helicopters

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Dossier

Vous avez dit

« Mobilité » ???? Dans la précédente parution de Bref Aéro, nous avons démarré un cycle de présentation des concepts de la nouvelle économie et de ce qu’elle véhicule en termes d’impacts via la notion d’entreprise libérée et de digitalisation. Après les Réseaux Sociaux d’Entreprise présentés précédemment, nous examinons rapidement ici, les impacts sur la notion de « Mobilité ».

La mobilité chez soi, c’est le télétravail L’impact du télétravail sur la qualité de vie est jugé positif par 98 % des (vrais) télétravailleurs : sentiment de liberté, de responsabilité, et davantage de travail (bien que 80 % se disent moins fatigués et moins stressés par les transports, en particulier ceux résidant en Île-de-France). Le télétravail est rendu possible par la miniaturisation, la baisse radicale des coûts, et les nouvelles technologies de communication. Cette organisation est véritablement gagnant-gagnant pour les deux contractants. Cependant, au lieu de laisser une grande flexibilité à ce mode d’organisation, il faut au contraire cumuler toutes les règles du code du Travail, plus celles spécifiques prévues par la loi du 22 mars 2012, c’est à dire :

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respectant le temps de repos pour les forfait jours, entretiens réguliers pour évaluer la charge de travail, inaccessibilité de l’intranet, des serveurs, en dehors des horaires dédiés, souscription par l’employeur d’une assurance spécifique dommages aux biens et d’une assurance responsabilité civile ; - l’accident de travail ; - les obligations de contrôle par l’employeur de la mise en conformité du lieu de travail (art 7 de l’ANI), éclairage (R. 4223-1 CT), risque d’incendie (R. 4227-1 CT), principe de l’accès au lieu de télétravail par l’employeur, le CHSCT, le médecin, l’inspecteur du travail (art. 8 de l’ANI) ; - les obligations supplémentaires : prise en charge de tous les coûts découlant directement de l’exercice du télétravail ; informer le salarié de toute restriction à l’usage d’équipements et des sanctions en cas de non-respect de telles restrictions ; lui donner priorité pour occuper ou reprendre un poste sans télétravail qui correspond à ses qualifications et compétences professionnelles ; organiser chaque année un entretien qui porte notamment sur les conditions d’activité du salarié et sa charge de travail ; fixer les plages horaires durant lesquelles il peut habituellement le contacter ;

- la durée de temps de travail ;

- la réversibilité : lorsque les parties sont convenues d’une exécution de tout ou partie de la prestation de travail au domicile du salarié, l’employeur ne peut modifier cette organisation contractuelle sans l’autorisation du salarié ;

- l ’accord collectif applicable ou le contrat de travail précisent les modalités de contrôle du temps de travail (définition des plages horaires, interdiction du travail en dehors de ces espaces en

- la vie privée : distinction entre données professionnelles et données personnelles similaire à celle opérée au sein de l’entreprise (accès aux fichiers non identifiés…) ;

- la gestion des problèmes de confidentialité et de confiance ; - la garantie de l’égalité de traitement : rémunération du salarié, conditions d’emploi (avantages légaux et convenions), méthodes d’évaluation, formation …

Le coworking, une alternative au télétravail Pour favoriser la créativité locale et la collaboration, tout en préservant la qualité de vie des salariés, les entreprises peuvent faire appel au coworking. Il s’agit d’une alternative entre son propre domicile et le bureau professionnel : les salariés peuvent travailler, seuls ou en équipes, dans des espaces extérieurs à l’entreprise. Le coworking implique la mise en place de télé centres : les salariés ne se rendent plus sur le lieu de travail, mais dans des espaces aménagés par l’entreprise, plus proches de leur domicile. Ces espaces de travail collaboratifs sont aménagés dans des open-spaces et permettent de créer un réseau solide et le développement des compétences. Plus qu’un gain de temps, cela implique une réduction des déplacements et impacte positivement l’environnement, mais également le stress du salarié qui est moins pris par le temps. Pour qu’un sentiment d’appartenance à l’entreprise demeure et que les salariés ne perdent pas le dialogue avec le reste de leurs collègues, il est cependant judicieux d’instaurer quelques contraintes et notamment d’imposer aux salariés d’être présents au moins un jour par semaine dans l’entreprise. Ce jour-là, tout le service est physiquement au bureau pour faire le point et régler les problèmes.


Dossier

Afin de s’adapter aux besoins de l’entreprise, chacun doit également être joignable sur des plages horaires fixées en fonction des demandes des clients, des télétravailleurs, de la direction. Au-delà du coworking qui peut être qualifié « d’interne » (l’entreprise prévoit elle-même des espaces de travail indépendants de l’entreprise), les salariés peuvent faire du coworking « externe ». Grâce à l’avènement des viséo-conférences individuelles et collectives, le travail peut se faire n’importe où, et notamment dans des endroits « branchés » et très haut débit désormais omniprésents en Europe où se trouvent déjà des dizaines d’indépendants et d’autro-entrepreneurs. > Une telle méthode de travail peut néanmoins poser de délicates questions de confidentialité lorsque des groupes de salariés d’entreprises concurrentes travaillent à la table voisine… Le recours au coworking, interne ou externe, a des conséquences très positives sur le moral des salariés : absentéisme et turn-over plus faibles, créativité démultipliée…

Travailler où l’on veut, mais également quand on veut Selon l’enquête de la DARES publiée en décembre 2014, les salariés français déclarent moins souvent que leurs collègues européens devoir travailler « pendant leur temps libre pour parvenir à faire leur travail » ; mais ils sont plus nombreux à affirmer qu’il leur est difficile de parvenir à « prendre une ou deux heures sur leur temps de travail pour résoudre des problèmes personnels » (45 % contre 38 %). Spécificité : temps professionnel et extra-professionnel sont plus nettement distingués en France. Ce qui expliquerait pourquoi, en France, les salariés déclarent un peu plus souvent que leurs horaires de travail s’accordent mal avec leurs engagements sociaux et familiaux, comparés aux salariés de l’ensemble de l’Union Européenne (21 % contre 18 %).

Des formations aussi mobiles : les Digital learning Platforms Un exemple populaire de « digital learning platform » est le MOOC . Il s’agit d’une formation en ligne ouverte à tous à distance. Un MOOC est un événement. Il a un début et une fin, contrairement à un cours en ligne, qui est accessible toute l’année. Les MOOCs permettent de mobiliser peu d’intervenants, de réaliser des économies et de gagner du temps (plus de déplacements). Néanmoins, le transfert d’un savoir peut-il se passer d’un contact physique, d’une interactivité avec la salle ou l’amphi et d’un suivi personnalisé ?

Mobilité… ce que nous en pensons Tout ce qui vient d’être décrit peut sembler avant-gardiste. Pas du tout. C’est l’avenir proche, très proche. On serait en droit de se demander comment cela pourrait être mis en place dans nos entreprises en général plutôt traditionalistes.

Il est vrai que la mise en place de télétravail, coworking ou autre va à l’encontre des cultures managériales courantes. La CFE-CGC veut que cette culture évolue. Ce qui fut fait pour l’égalité professionnelle, la mixité n’allait pas de soi et pourtant ce fut fait, même si de nombreux progrès restent à faire. Il faudra donc démontrer que ces nouveaux outils fonctionnent et apportent du plus aux organisations. Le changement ne pourra pas intervenir soudainement. La CFE-CGC voudra négocier des accords concrets et réalistes, faciles à mettre en œuvre. Dans ces domaines, les usines à gaz ne fonctionnent pas. La CFE-CGC agira par la persuasion de manière à amener le management à apprécier ces nouvelles pratiques. Pourquoi pas en mettant en place des accords « à l’essai » pour ne pas effrayer la tradition, qui bloquerait la réussite de ces organisations innovantes ? Une fois la démonstration de viabilité faite, ces accords pourraient être rendus pérennes car compris et surtout acceptés par l’ensemble des parties. Mais ce que doivent comprendre nos entreprises, c’est qu’elles devront évoluer et surtout maîtriser cette évolution. Elles n’ont pas le choix. Les nouvelles générations de salariés en sont demandeuses. Leurs aînés aussi, de plus en plus. Et ce que l’on ne peut pas empêcher… il faut le désirer ! Ludovic Andrevon Vice-Président délégué CFE-CGC AED

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C’est dans l’air

Procès-verbal de la réunion extraordinaire du C.E. de la société Noël tenue le 24 décembre au matin Ouverture par le Père Noël, Président. Rappel de l’ordre du jour : perspectives de digitalisation et entreprise libérée. En introduction, le Président évoque sa visite auprès de sociétés américaines qui pratiquent un management déstructuré dans une organisation matricielle, en adaptant leurs processus aux outils qu’elles emploient, et non l’inverse. Ainsi libérées à la fois de coûts informatiques très lourds et de fortes contraintes procédurales, elles peuvent se permettre une « grande souplesse dans leurs relations sociales » et affichent des profits records. Le Président demande aux présents leurs opinions sur ces considérations.

Humaines, demande à Mr Balthazar de se mêler de ses affaires, non mais sans blague. Cette fluidité recherchée du travail passera par une période de changement, soulève Mme Élizabeth A. de la CFE-CGC, qui rappelle qu’on ne rayera pas d’un trait de tablette 2 000 ans de traditions et de coutumes, pour passer du jour au lendemain au digital : il importe par conséquent de préparer le changement de processus, si changement il doit y avoir, et Mme Élizabeth A. de souligner que s’il devait y avoir un retard quelconque, une livraison aux clients pour Carême ou même Pâques nuirait grandement et durablement à la crédibilité de l’entreprise.

Mr Gaspard, Directeur Général Logistique, émet un doute : pour faire parler entre eux des ateliers chinois, des transporteurs lapons et des clients du monde entier, il faudra bien conserver, de toutes façons, des logiciels de traduction spécifiques d’une part, des procédures douanières locales, d’autre part. Pour Marc L. de la CFE-CGC, c’est en effet bien joli de vouloir parler d’entreprise libérée, mais il faudrait savoir « libérée de quoi », et si on veut bien prendre en compte qu’une entreprise c’est d’abord le projet d’un groupe d’humains, c’est peut-être eux qu’il faudrait libérer de l’entreprise.

Mr Melchior (déjà cité) partage le point de vue de la CFE-CGC sur la tentation du misonéisme, mais estime qu’on peut anticiper en menant une politique d’approvisionnements pertinente, ce à quoi Mr Balthazar (déjà mentionné) objecte que chacun son métier et les rennes seront bien gardés, non mais tout de même. Mr Daniel V. de la CFE-CGC, observant au passage la « bonne entente » au sein de l’équipe directoriale visiblement peu sous l’emprise de l’esprit de Noël, constate que si avant même une modification de l’organisation les directeurs se regardent de travers, l’entreprise n’est pas sur les bons skis.

Mr Balthazar, Directeur Général Achats, applaudit à la présentation du Président : l’utilisation d’outils communs ne peut qu’être favorable à la fluidité du travail, voire à la mobilité. Sur ce point, Mr Melchior, Directeur des Ressources

BREF

AÉRO 8

Suite à une interruption de séance, le Père Noël explique avoir pu débattre en visioconférence avec Mr Bernard V. de la CFE-CGC AED, qui lui a proposé ce qui suit :

• L’AED, ayant elle-même rencontré des représentants des sociétés citées comme modèles, estime qu’il peut y avoir en effet de bonnes idées à en retirer, mais que l’habitude consistant à vouloir calquer sur nos entreprises un modèle brut rien que parce qu’il est américain, est à proscrire. Abandonner cette habitude serait d’ailleurs un premier exemple d’acceptation du changement de la part de la Direction, ô humour ! • L’AED tient, cependant, à être aux premières loges des changements annoncés, tant pour y défendre les intérêts du personnel et ceux de l’entreprise, que pour les accompagner par une montée en gamme de ses propres représentants. Le Père Noël prend acte de cette attitude responsable et s’engage en plénière à veiller à la conciliation des intérêts de tous. Il financera une étude sans tabou sur la pertinence des choix proposés et s’engage à ne pas adopter aveuglément les suggestions des cabinets de conseil sans en référer préalablement aux représentants du personnel. Moralité : qu’en sera-t-il dans le monde réel en 2016 ? Encore une riche année syndicale en perspective !

Novembre/décembre 2015 • n°355 Directeur de la publication : Bernard Valette Coordinateur de la rédaction : Daniel Verdy Ont participé à la rédaction : C. Berthiau, C.Dumas, M.Legrand, L.Andrevon, D.Verdy Crédits photos : © Istock Bref Aéro est une publication bimestrielle de la CFE-CGC AED - 66, rue des Binelles 92310 Sèvres - contact@snctaa.fr Rédaction, conception, réalisation : Agence L’œil et la plume - www.loeiletlaplume.com Impression : Imprimerie La Centrale de Lens Dépôt légal : décembre 2015 - ISNN : 0293-8251 - CPPAP : 0114S 08080

Christophe Dumas Délégué Administratif CFE-CGC AED


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