Bref Aéro 351 mars- avril 2015

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BREF Mars/avril 2015 • N° 351

AÉRO

ÉDITO

Quelle industrie AED pour demain ? Sommaire Actualités Élections de représentativité

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Nouvelles sections et désignations 2 Informations Retraites

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Manifestation nationale des retraités 3 2014, records battus pour notre développement

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43 congrès de la Fédération de la Métallurgie CFE-CGC

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ème

Vie des entreprises Airbus Group : 2015-2016, les années charnières 4 Europe de l’armement : quel jeu joue l’Allemagne ?

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Dossier Marketing et syndicalisme : illusion ou (r)évolution ?

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C’est dans l’air Mort d’un modèle

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POUR VOUS AVEC VOUS

PARTOUT

Dans son dernier ouvrage, « La Nouvelle Société du coût marginal zéro », Jeremy RIFKIN explique que l’ère du capitalisme tous azimuts va prendre fin. Car produire à coût marginal quasi nul, comme c’est de plus en plus souvent le cas dans l’économie Internet, renverse complètement les grands principes sur lesquels l’économie capitaliste est assise depuis des décennies. Partant de là, selon lui, un nouveau paradigme émerge : celui lié à la montée en puissance de l’Internet des objets, qui permet le développement d’une économie collaborative, en réseau, productrice de biens communs (les « communaux »). Pour RIFKIN, l’économie du coût marginal zéro et la crise économique actuelle sont intimement liées, car la crise marque la fin du capitalisme industriel et l’émergence de la troisième révolution industrielle. Et dans l’histoire, chaque révolution industrielle est issue de la convergence de nouvelles technologies de communication, de transport et d’énergie qui deviennent alors susceptibles de réorganiser toute la vie économique. Au XIXe siècle, la première révolution industrielle a résulté de la convergence des machines à vapeur alimentées au charbon (technologie de l’énergie), avec le télégraphe (technologie de communication) et le réseau ferroviaire national (technologie de transport). Au XXe siècle, la deuxième révolution industrielle a émergé autour de la centralisation des communications, de l’énergie et des transports. De nouvelles technologies de communication centralisées (téléphone, radio, télévision), le pétrole bon marché, et des réseaux routiers nationaux ont été introduits. Jeremy RIFKIN annonce que le capitalisme industriel est entré en convulsion pour les 30 prochaines années et que nous vivons maintenant la naissance de la troisième révolution industrielle, dans laquelle les « trois Internets » — de la communication, de l’énergie renouvelable numérisée, du transport et de la logistique automatisée et numérisée — commencent à converger vers un « super-Internet des objets ». Ce super-Internet des objets pourrait presque devenir le réseau neuronal externe de l’espèce humaine, reliant chaque être humain à des appareils connectés. L’extrême productivité entraîne des coûts marginaux nuls et la création de produits quasi gratuits. Keynes, lui-même, a prévenu que les gains de productivité technologiques généreraient des pertes d’emplois massives. D’après RIFKIN, il nous reste un sursis de 40 ans, environ une génération et demie, durant lesquels de nombreux travailleurs seront mobilisés pour créer l’infrastructure de l’Internet des objets. Les grandes entreprises emploieront et rémunèreront les travailleurs qualifiés qui construiront l’électronique sophistiquée, les capteurs, etc. À long terme, le travail migrera vers l’économie sociale. Pour Jeremy RIFKIN, un nouveau système économique, basé sur les communaux collaboratifs et l’économie du partage, est en train d’émerger. Cela me rappelle qu’Elon MUSK, le créateur de SPACE X, a mis chez TESLA les brevets en open source ! De quoi donner le vertige aux syndicalistes d’entreprises de la deuxième révolution industrielle, que nous sommes... encore. Bernard VALETTE Président CFE-CGC AED


Actualités NOUVELLES DÉSIGNATIONS SNECMA Istres > Didier Fageon est désigné délégué syndical. AIRBUS Helicopters Training Services Marignane > Michel Ollivier est désigné délégué syndical. ZODIAC AEROSPACE Plaisir > Christophe Urbero remplace Patrick Fournigault en qualité de représentant syndical au CCE. CRÉATION DE SECTIONS GENTILIN Holding à Launaguet > Philippe Pasquelato est désigné représentant syndical de section.

Élections de représentativité AED… Voici nos résultats aux élections d’entreprise qui se sont déroulées en janvier, février 2015 et début mars 2015. GOODRICH ACTUATION SYSTEMS « BUC » : une représentativité et un poids de 75,83 %, malgré une absence de candidat au 2ème collège !

LIEBHERR AEROSPACE « TOULOUSE » : une représentativité de 65,82 % et un poids de 48,95 %, dans un duel face à la CGT…

SNECMA « GROUPE » : une représentativité qui progresse de plus de 3 points de 23,65 % à 26,94 %, grâce aux établissements de Chatellerault +6, Gennevilliers +15, Istres à la suite de la création de la section, Montereau +17 et Villaroche +8 points. SODERN « LIMEIL » : une représentativité et un poids de 44,88 %, stable face à FO, malgré l’arrivée de la CGT.

GDI SIMULTATION : une représentativité et un poids de 100,00 %. SMA « BOURGES » : une représentativité et un poids de 100,00 %. CHEZ ROXEL FRANCE, la CFE-CGC est confortée en tant que 1ère OSR, tous établissements confondus, avec 43% de votes exprimés en sa faveur au 2ème collège et 67 % au 3ème collège.

L’AED poursuit, toujours et encore, ses efforts de développement qui se traduit par une optimisation continue de notre représentativité, avec, toujours et encore, une belle marge de progression au 2ème collège... À suivre… Marc Legrand, Secrétaire général AED

Informations Retraites Le premier trimestre apporte son lot de nouveautés. Petit tour d’horizon.

Rappel : le montant annuel de la retraite complémentaire dont bénéficient les anciens salariés du privé (versée par l’AGIRC pour les cadres et l’ARRCO pour les salariés) se calcule en multipliant le nombre de points acquis au cours de la carrière par la valeur du point.

Retraites complémentaires : il n’y aura pas Négociation de revalorisation en cours sur de la valeur du point les retraites cette année Au 1 avril 2015, la valeur du point et des complémentaires er

salaires de références (montant correspondant à l’acquisition d’un point) des complémentaires des salariés (ARRCO) et des cadres (AGIRC), qui sert au calcul et à la revalorisation de la retraite, n’ont pas évolué. Valeurs du point et des salaires de référence au 1er avril 2015 ARRCO : valeur du point : 1.2513 €, salaire de référence : 15.2589 € AGIRC : valeur du point : 0.4352 €, salaire de référence : 5.3075 €

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Rappel : les comptes des régimes de retraite complémentaires se dégradent et les réserves de l’AGIRC et l’ARRCO risquent d’être épuisées en 2018 et 2025. Les partenaires sociaux ont donc entamé un cycle de négociations, en février, pour trouver une solution pour redresser les comptes. Cette négociation doit déboucher sur le prochain Accord National Interprofessionnel (ANI) prévu fin juin 2015. Trois séances de négociation sont prévues : le 20 mars, le 7 avril et 27 mai 2015. La CFE-CGC considère qu’il faut à la fois agir sur les ressources et sur les dépenses, afin de répartir équitablement les efforts entre les concernés : entreprises, salariés et retraités.

Rachat de trimestres pour les années d’études Complément de l’article de BREF AÉRO n° 349 de novembre/décembre 2014 : le décret n° 2015-14 du 08 janvier 2015 (loi du 20 janvier 2014) précise les tarifs préférentiels pour le rachat de trimestres au titre des périodes d’études. La demande doit porter sur une période de formation initiale et doit être présentée au plus tard le 31 décembre de la 10ème année civile suivant la fin des études. Si cette condition est remplie, le montant du versement dû par l’assuré bénéficie d’un abattement égal à 670 € par trimestre lorsqu’il est pris en compte pour le taux seul, et 1 000 € lorsqu’il impacte le taux et la durée d’assurance. Cet abattement forfaitaire ne peut porter que sur 4 trimestres maximum. Christian Viguier Expert Retraite CFE-CGC AED


Actualités

Manifestation nationale des Retraités du 17 mars 2015 Chers (chères) collègues, chers amis retraités, merci de votre prise de conscience et de votre mobilisation le mardi 17 mars dernier partout en France. Merci pour avoir manifesté votre mécontentement et affiché vos inquiétudes face aux différentes politiques gouvernementales qui détruisent le concept de solidarité que bon nombre de nos anciens ont eu du mal à imposer. Nous ne laisserons pas faire, restons mobilisés... Le pôle senior AED

2014, records battus pour notre développement ! En ce début d’année 2015, faisons un point sur l’année écoulée en termes de développement au niveau de notre syndicat Aéronautique, Espace et Défense avec un « delta adhésions/radiations » de + 714 ! Pour l’année 2014, c’est la section Airbus Opérations Toulouse qui monte sur la plus haute marche du podium avec 227 adhésions, suivie d’Airbus Helicopters Marignane (140) et Airbus SAS (91). Mais il faut citer d’autres sections comme : MBD Bidos, Airbus Helicopters La Courneuve, Airbus Opération Nantes et St Nazaire, MBDA Bourges, AD&S Aquitaine, Stelia Aerospace Rochefort, St Nazaire et Toulouse, Herakles St Medard en Jalles, Thales Avionics Chatellerault, Daher Socata, Turbomeca Bordes, TAS Cannes et Toulouse, Derichebourg, Snecma Vernon. Leur performance est parfois remarquable en termes de pourcentage (parfois à la suite d’une création de section) et/ou en termes d’évolution culturelle… Les coaching et formations au développement des années précédentes portent leurs fruits…

La mission de notre Expert développement et de nos Secrétaires régionaux pour négocier des PAP et, notamment, la recherche de candidat(e)s pour déposer des listes aux 2eme et 3eme collèges CE, DUP ou, à défaut, DP, pour les élections de représentativité aide encore et toujours… À noter aussi la création de 11 sections : Teccon Vitroles, Sadam Cholet, Herakles Toulouse, Diehl Aircabin Toulouse, Lisi Aerospace Paris, IEA Saint Chamas, Sogeclair Aerospace Blagnac, Snecma Vernon, Sogitec Industries Suresnes, Simra Services Albert et Snecma Istres. La mise en place d’une méthodologie de cibles prioritaires (en fonction des effectifs et des dates d’élections à venir) pour la création de sections AED dans les entreprises du GIFAS devrait permettre à nos Secrétaires régionaux et à leurs Adjoints d’optimiser notre audience et notre développement !

Les radiations sont toujours expliquées par les départs de l’entreprise à la suite de PSE et des départs en retraite. C’est pour remédier à ces départs que l’AED a créé un réseau retraités ! Pour créer une émulation entre toutes nos sections, de la plus petite à la plus grande, l’AED récompense toujours, dans le cadre de l’aide aux sections : • les 5 sections ayant le meilleur « Indice de Progression Absolu » ; • les 5 sections ayant le meilleur « Indice de Progression Relatif ». Au nom du Bureau et de notre Expert développement, permettez-moi de remercier tous les acteurs de cette réussite collective… Avec 11 605 adhérents « listing » à fin 2014, l’AED a déjà dépassé l’objectif de fin de mandat 2012 à 2016 qui était de 11 500 adhérents. Alors, continuons ensemble sur 2015 et début 2016… ! Marc Legrand Secrétaire général CFE-CGC AED

43ème congrès de la Fédération de la Métallurgie Du 9 au 11 juin 2015, les militants de la Fédération CFE-CGC Métallurgie seront réunis en congrès électif à Poitiers. Une nouvelle fois, notre syndicat AED fera tout son possible pour

soutenir la dynamique fédérale en s’impliquant au maximum de ses possibilités. La liste des candidats sera soumise à l’approbation de notre Comité Directeur du 23 avril.

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Vie des entreprises

AIRBUS GROUP

2015-2016, les années charnières

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a direction d’Airbus Group a réuni l’ensemble des organisations syndicales pour une réunion de concertation sur le calendrier social du Groupe pour les 2 années à venir.

1er semestre 2015 : • Temps de travail des cadres • Éléments de la politique de rémunération des cadres • Groupe de travail « gestion des fins de carrière » 2e semestre 2015 : • Gestion des fins de carrière • Pénibilité • Qualité de la vie au travail, stress • Préparation de la négociation sur la couverture « frais de santé » 1er semestre 2016 : • Couverture des frais de santé • Diversité/formation • Success sharing (niveau Européen) • Groupe de travail « gestion de carrière » 2e semestre 2016 : • Participation + intéressement (en France)

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Cet agenda ne constitue pas une liste exhaustive des sujets qui seront négociés ou discutés au cours de cette période. Ces sujets répondent, soit à des demandes de la Direction, soit à des demandes des organisations syndicales. Cet agenda n’est donc pas une « codécision » sur les thèmes. Il ne fait qu’établir un calendrier et une méthode partagée pour traiter ces différents sujets. Un certain nombre de sujets tout aussi importants continueront à être négociés au niveau de chaque société, comme les politiques salariales cadres et non-cadres, ainsi que l’organisation du temps de travail des salariés non cadres.

Pourquoi ces négociations ? Le contexte législatif a changé : âge de départ à la retraite, prévoyance, pénibilité, qualité de vie au travail, et devrait continuer à évoluer avec les modifications des régimes de retraite complémentaire, de la représentation du personnel dans l’entreprise… À cela s’ajoute la volonté de la Direction de réfléchir de manière prospective aux améliorations pouvant permettre au Groupe de renforcer ses positions concurrentielles et de sécuriser ainsi son futur. Traduit en français, ceci se résume en un mot : « compétitivité ».

La CFE-CGC est favorable à la mise en place d’un calendrier social sur 2 ans permettant d’avoir une vision d’ensemble sur les négociations à venir et de les anticiper. Cela n’exclut pas des négociations sur d’autres thèmes qui le nécessiteraient en fonction de l’actualité, de nouvelles évolutions législatives, etc. Certains des sujets évoqués sont pertinents. La CFE-CGC en est demandeuse depuis plusieurs années : gestion de carrière, qualité de vie au travail, politique de rémunération, etc. Ainsi, à la suite d’une demande de la CFE-CGC, un groupe de travail sur « la gestion de carrière » en complément à « la gestion des fins de carrière » a été ajouté, ainsi qu’une réflexion sur le stress afin de renforcer l’accord actuel pour le rendre plus opérationnel et efficace. Par contre, la CFE-CGC n’est pas demandeuse d’une ouverture de négociation sur le « temps de travail des cadres ». La CFE-CGC a toujours négocié des accords gagnant/gagnant. Ceci a conduit le groupe Airbus à des accords donnant aux salariés un statut social bien plus favorable que les conventions collectives de la métallurgie cadres et non-cadres. La compétitivité d’une entreprise est quelque chose de bien trop sérieux pour être laissée sous la seule responsabilité d’une Direction… !!! Mieux vaut prendre le changement par la main avant qu’il ne vous prenne à la gorge. Ludovic Andrevon Coordinateur AIRBUS GROUP


Vie des entreprises

Europe de l’armement :

quel jeu joue l’Allemagne ?

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elon les informations du Alors que nous pensions avec l’Europe journal « Bild am Sonntag » nous être pour partie affranchis des contraintes ITAR sur les composants ou de fin janvier, le conseil fé- équipements US, voici que la position déral de Défense Allemand allemande risque de remettre en cause aurait décidé d’arrêter 40 ans de coopération et faire le jeu de concurrents américains, russes, istoute livraison d’armes à destination nos raéliens ou des pays émergents. de l’Arabie Saoudite, 1er client des L’export indispensable industries de Défense Françaises en Quid d’une consolidation européenne de l’industrie à la survie de la filière 2014. de Défense

Après l’épisode du missile Milan ER pour le Qatar et des hélicoptères vers le Kazakhstan, si cette décision devait être confirmée, ce serait un nouveau pas vers les restrictions imposées depuis plusieurs mois aux entreprises de Défense par le gouvernement Allemand.

Vers une remise en cause de 40 ans de coopération ? La décision d’exporter relève bien évidemment du choix de chaque État ; car c’est à la fois un élément de leur politique étrangère, mais également un frein indispensable à la prolifération des matériels de guerre. Mais voilà, cette position allemande, fondée ou pas, s’impose de fait à l’ensemble des pays et des entreprises qui coopèrent avec l’industrie allemande et qui intègrent des équipements allemands à leurs matériels. C’est, vous en conviendrez, un élément qui interroge à la fois sur la coopération et l’intégration européenne, mais également sur la souveraineté de la France, qui se voit imposer par d’autres des choix touchant à ses relations avec des pays étrangers. Pour nous syndicalistes CFE-CGC, européens convaincus soutenant depuis toujours, la construction d’une industrie de Défense européenne pour peu qu’elle permette de préserver voire de développer les compétences et les emplois présents sur notre territoire, cette position allemande unilatérale et, sans concertation semblet-il avec ses partenaires européens, ne peut que nous alerter et nous interroger.

En effet, comment construire demain une industrie de Défense européenne, si les règles ne sont pas clairement définies entre les partenaires et surtout appliquées. Nous rappellerons au passage que le Milan, fruit d’une coopération de plus de 40 ans, n’avait jamais connu ce genre de désagrément, chaque État respectant les accords Schmidt-Debré du début des années 70, accords qui spécifient qu’un État ne peut s’opposer à l’exportation d’un produit réalisé en coopération si l’autre a donné l’autorisation d’exporter. Décidemment, la consolidation européenne de notre industrie de Défense n’est pas un long fleuve tranquille ! Nous connaissions déjà les difficultés des États-majors européens pour exprimer des besoins communs permettant aux industriels de proposer aux armées européennes un produit unique, nous connaissions les difficultés liés aux partages industriels et au « juste retour » des charges de travail dans chaque État, nous savions la réticence, pour ne pas dire l’opposition de certains, à la préférence européenne (contrepoids indispensable au protectionnisme US), nous connaissions les difficultés pour faire transiter entre pays de l’UE des équipements ou composants, nous connaissions la volonté européenne de certains à condition d’en être les leaders… C’est donc bien, aujourd’hui, un nouvel obstacle à la construction d’une industrie de Défense européenne qui se fait jour.

Alors que nous assistons à une baisse régulière des budgets de Défense de nos États domestiques, la CFE-CGC AED a bien conscience que seuls des programmes développés et produits en coopération européenne peuvent nous permettre de rester demain présents sur l’ensemble des créneaux de nos activités ; conditions indispensables au maintien de nos compétences, de notre outil industriel et de nos emplois. C’est également, nous semble-t-il, un élément important de l’indépendance de nos États, qui se doivent de maîtriser sur leurs territoires le développement et la production des équipements de haute technologie nécessaires à leurs forces armées. Cette intégration européenne reposant sur des programmes multinationaux ne peut toutefois se faire que dans un cadre bien défini, avec des engagements clairs de nos États et sur la base d’une confiance mutuelle. Nos comités de groupe européens ont parfois quelques difficultés pour trouver des sujets de travail entre représentants syndicaux des différentes entités nationales, voici donc un excellent sujet de lobbying auprès de nos États et de la Commission européenne afin de les sensibiliser sur l’importance vitale pour nos entreprises de pouvoir compter sur une part d’activité à l’export significative, et ce, en respectant bien évidemment, une éthique compatible avec nos concepts démocratiques. Les représentants CFE-CGC s’y emploieront. Christian Sibuet Expert industries de Défense

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Dossier

MARKETING ET SY illusion ou (r)évolution ?

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’est en lisant la définition de Philip KOTLER, « le marketing consiste à identifier les besoins humains et sociaux, puis à y répondre », que l’on prend conscience des similitudes entre marketing et syndicalisme et de l’efficacité éventuelle d’appliquer les principes et outils du marketing au service des salariés et du développement syndical.

Néanmoins, pas de panique, pour améliorer notre performance au service de nos collègues dans nos entreprises, nul besoin de faire HEC ou Sciences-Po, il suffit de vous poser des questions simples issues du marketing, mais aussi… du bon sens.Qui sommes-nous ? Qui sont nos « clients », quelles sont leurs attentes ? Quelle est notre concurrence ? Quel est, après cette analyse, notre positionnement ? Quel est l’essentiel ?

Qui sommes-nous ? Marketing : quel produit proposons-nous ? Des syndicalistes bien sûr, mais aussi des prestataires de services, car « les services nécessitent la présence du client pour exister, à défaut des produits ». En général, les clients des services apprécient : • la tangibilité du service, son accessibilité et sa fiabilité ; • la réactivité et la compétence du personnel ou de l’organisation. Des critères aisément transposables dans notre domaine syndical et solide socle de préconisations vers l’amélioration de la qualité de nos services et de nos prestations. Des critères d’autant plus importants pour nos collègues salariés devenus « consommateurs de services ».

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Qui sont nos « clients », qui sont nos concurrents ? « Connais-toi toi-même ». Personnels administratifs, techniciens, agents de maîtrises, ingénieurs et cadres sont aussi courtisés par d’autres syndicats, soit révolutionnaires comme la CGT, soit réformistes comme la CFDT. La CGT a pour elle son histoire et sa force de frappe, mais on en verra plus loin les limites. Quant à la CFDT, le déchirement de la gauche entre générosité sociale et réalités économiques la prive d’un projet porteur et la fait s’égarer vers le MEDEF. À court terme, la CFE-CGC peut surfer sur le pillage fiscal opéré sur les classes moyennes, mais, à long terme, le corpus de la CFE-CGC ce sont ses fondamentaux de mérite, d’engagement mutuel et d’ascenseur social. Soyons néanmoins conscients qu’une des limites à ce modèle est la disparition du capitalisme entrepreneurial, décimé par le capitalisme financier. À moyen terme, l’aggiornamento de notre corpus sera aussi nécessaire. L’Histoire et le Marketing devraient nous y aider…


Dossier

YNDICALISME : Quel est, après cette analyse, le bon positionnement ?

La comparaison est troublante !

Fondamental du Marketing. Si on étudie les facteurs de désaffection des français vis à vis du syndicalisme, on trouve par ordre décroissant : • l’image politisée des syndicats, confondue avec celle de la CGT et celle du PC ; • la méconnaissance du syndicalisme, qui renforce le premier facteur de désaffection ; • la division syndicale, « arrêtez de vous faire la guerre, défendez plutôt les salariés ». Pour illustrer le premier facteur, étudions depuis 1945 l’évolution du taux de syndicalisation et le score du Parti Communiste Français aux élections nationales. Prendre le contre-pied de ces trois facteurs, c’est coller aux attentes des salariés et assurer le développement de notre syndicat. Enfin, c’est adopter une stratégie marketing de différenciation qui est d’autant plus adaptée à la CFE-CGC que nous sommes différents, catégoriels, peu marqués politiquement contrairement à nos concurrents, ce qui nous donne du crédit dans une époque de méfiance/ défiance vis-à-vis des « élites » politiques. On veillera donc à construire et à animer des équipes « forces de vente » CFECGC : • débarrassées de la lutte des classes et autres dogmes ; • visibles, compétentes et… disponibles vis-à-vis des salariés. Soutenues par une communication non agressive vis-à-vis des autres syndicats et centrée sur nos valeurs et celles de nos sympathisants.

Quel est l’essentiel ? Réponse aux « clients » pressés. Il n’est pas aisé de résumer en deux pages un an de travaux et 250 pages de mémoire consacrées au sujet. Néanmoins, si vous devez retenir une seule chose de cette démarche, c’est d’écouter et de vous mettre à la place de vos « clients » salariés de vos entreprises. Combien de fois nous lisons « si vous votez pour nous, nous passerons de trois élus au CE à quatre élus au CE », la belle affaire ! Communiquez plutôt « si vous nous donnez une majorité au CE, nous financerons la garde de vos enfants de moins de trois ans, nous…, etc. ». Vous aurez un projet, vous saurez pourquoi vous faites du syndicalisme et vous aurez des chances d’en faire via le soutien de vos électeurs ! Pensez et agissez Marketing ! Pourquoi ? Parce que vos collègues le valent bien ! Didier Jouanchicot DSC Turbomeca

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C’est dans l’air

Mort d’un modèle A

utrefois, on parlait de surmenage. Aujourd’hui, on parle de « burn out » et, pour une fois, l’anglicisme véhicule une image parfaitement claire et sans nuance : le « burn out », c’est quand on a tout donné, qu’on n’a plus rien même pour soi et qu’on ne peut plus rien donner de plus. Il y a bien entendu une énorme composante médicale. Mais quand elle s’exprime, il est trop tard, le mal est déjà fait. En amont, c’est en général la composante professionnelle qui est en cause, et ce, même si parfois le contexte familial joue aussi. Le « burn out » frappe des gens impliqués. De celles et ceux qui, à un instant donné de leur carrière, décident de s’y donner à fond. Ils en attendent naturellement un retour, mais quel retour le monde professionnel est-il capable de leur offrir ? On se donne par exemple pour aller chercher un nouveau poste. Oui, mais en France, en fonction du poste recherché, il faut en appeler au diplôme initial et pas seulement à l’implication. Voilà une source potentielle de déception. On veut aller chercher un meilleur salaire. Oui, mais en France, l’échelle des salaires est considérablement tassée. Jusqu’à près d’un cadre sur quatre dont le revenu est inférieur au plafond de la sécurité sociale. Les managers le savent bien : sur-récompenser un de leurs subordonnés, c’est risquer l’effondrement ou la

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AÉRO 8

révolte des autres, quand ce n’est pas risquer l’opposition de syndicats égalitaires. Voilà donc une autre source de déception. On veut aller chercher une meilleure autonomie. Oui, mais dans le monde occidental, tout est régi par les processus, eux-mêmes construits comme des barrières face à la judiciarisation du monde (surtout anglo-saxon). La matrice réduit tout, empêche toute prise de décision autonome, en dépit des beaux discours sur les valeurs de l’entreprise et la confiance dans le management. Voilà au bout du compte une autre source de déception. Le seul palliatif qui marche encore un peu et qui fait illusion, c’est la récompense de la mobilité. On arrive dans un poste, on y donne beaucoup pendant deux ou trois ans, et on change… avant que d’éventuelles conséquences ennuyeuses

puissent apparaître. C’est parfois hypocrite, mais le management trouve encore, dans ce cas, matière à justifier une récompense hors norme. Surtout s’il y a changement de site, ou mieux encore, de pays. La croissance du nombre de « burn outs » qu’observent partout les représentants CFE-CGC, appelle selon nous la mort prochaine et nécessaire d’un certain type de management. Les dégâts médico-sociaux du management moderne, orienté vers la seule rentabilité à court terme, doivent conduire ce modèle à sa perte, sinon ce sont les managers eux-mêmes qui vont courir à la leur. La CFE-CGC prône donc une autre vision du travail et de l’organisation. Plus d’entreprise, moins de finance. Plus de proximité, moins de matrice. Plus d’humain, moins de process. Toutes ces choses qu’on attend de nos managers et qu’eux-mêmes attendent des leurs…

Mars/avril 2015 • n°351 Directeur de la publication : Bernard Valette Coordinateur de la rédaction : Daniel Verdy Ont participé à la rédaction : C.Dumas, M.Legrand, C.Sibuet, L.Andrevon, D. Jouanchicot, C.Viguier Crédits photos : © Thinkstock - Dassault Aviation Bref Aéro est une publication bimestrielle de la CFE-CGC AED - 66, rue des Binelles 92310 Sèvres contact@snctaa.fr Rédaction, conception, réalisation : Agence L’œil et la plume - www.loeiletlaplume.com Impression : Imprimerie La Centrale de Lens Dépôt légal : avril 2015 - ISNN : 0293-8251 - CPPAP : 0114S 08080

Christophe Dumas Délégué administratif


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