L'incontournable Magazine 01

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Janvier FĂŠvrier 2013

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" Pourquoi la débilité des débiles est−elle devenue un fait de culture, alors que le fait bien plus épouvantable de la bêtise ordinaire ne bouleverse personne ? "

Jean Baudrillard Cool Memories – 1980−1985


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Architecture

Littérature

Théâtre

Sport

Musique

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Le théâtre différemment

Les origines de la discipline

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Quatre créations incontournables

Le BJJ Lyon

Tony Garnier  Sur les traces d'un bâtisseur

Design

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Marithé et François Girbaud

Les moutons électriques " Est-ce que les androïdes rêvent de moutons électriques ? "

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Nicole Gonthier Le crime de la Rue de l'Aumône

Les explorateurs de la fibre textile

Le Club Théâtre

Festival Sang Neuf

Science

jiu-jitsu Brésilien

dossier musiques actuelles Les groupes incontournables de la scène rock lyonnaise

François Deniau

Extras !

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Les Bédés Ultra Jaimie + Sigmund

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L'agenda Suivez le guide !

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L'horoscope 100 % garanti

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Nouvelle littéraire

Publié par Les Sons Étranges issn en cours, dépôt légal à parution

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Mnesis Christophe Ramain

quizz !

Directeur de la publication Directeur de la rédaction — Philippe Deschemin

Design graphique Atelier Petit Cosmos — Sébastien Pascot

L'univers et… le temps

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La carte Tip Top, Le Marché Gare + L'épicerie moderne + le Clacson

À voir, à écouter et à lire

bons plans

Publicité contact@lincontournable-lyon.fr

L'Incontournable magazine est une marque déposée. Toute reproduction ou représentation totale ou partielle des textes et des créations graphiques est strictement interdite.

la sélection incontournable

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éditorial

01 Quelle aventure la création d'un magazine. Une aventure avec un grand A. Un voyage palpitant, une épopée par moment ubuesque, souvent captivante, parfois emplie de déception mais toujours passionnante. Un dépucelage, une intronisation dans un monde nouveau, tout à la fois intriguant, attirant, hostile, immonde et sublime.

par Philippe Deschemin

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vec élan, en vitesse maximum, tête baissée mais le cerveau bien en place nous arrivons. Le but, on ne le cachera pas, est d'exploser le vulgaire, redorer un blason, accomplir une mission. Certains diront " encore un ? ", le magazine répondra de lui-même à celui qui le lira. Nous ne lui ferons pas l'affront de le justifier. Mais nous rappellerons Orwell et sa novlangue qui démontrait dans l'immense 1984 que celui qui contrôle le langage, contrôle la réalité et la pensée. Ainsi en créant le premier magazine culturel pluridisciplinaire gratuit du grand Lyon, nous œuvrons à redonner à la réalité un semblant de réalité. Chez nous pas de novlangue, ni de langue de bois.


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ous y sommes et vous tenez entre les mains le premier numéro de l'incontournable. De quoi sera-t-il question dans nos pages ? À cette question simple nous pourrions répondre de manière très simple : " Il sera question de tout ce qui touche à l'aspect culturel et associatif de la vie dans le grand Lyon ". Pour être plus précis, nous avons identifié quelques thématiques autour desquelles viendront se dessiner notre ligne éditoriale : La musique, le théâtre, la littérature, les arts, le design( s ) et le sport. Bien évidemment les frontières entre toutes ces disciplines sont fines, et comme nous ne sommes pas psychorigides, nous aborderons des thèmes parfois plus larges ou complément hors sujet. Car l'absence de règle sera aussi une règle. Une place importante sera laissée aux entretiens, l'idée principale étant de donner la parole et de la visibilité à des artistes et des structures culturelles qui en manquent cruellement ( de visibilité, mais pas de talent ou d'intérêt ).

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a pluralité des sujets que nous abordons s'inscrivent dans un désir d'ouverture, dans une volonté affirmée de démontrer que tout est à la fois de l'ordre de la culture, que le mélange des genres est une valeur ajoutée. Au diable les clichés, les a priori, les chapelles et les freins. On peut apprécier la musique classique et le noisy-rock, on peut pratiquer la boxe française et se passionner de littérature ou de danse. Platon n'était-il pas mathématicien, philosophe et pugiliste ? Nous ne suivrons pas la meute. Jamais. Nous avons fuis Panurge, sa quiétude et sa misérable facilité. Cet enfer paradisiaque où l'effort est honni. Car oui, nous le savons tous, il est facile et tentant de suivre. En " laboratores ", nous irons chercher ceux dont on parle le moins et dont les activités méritent pourtant lumière. Nous irons les chercher pour que vous puissiez les découvrir. Point besoin de dénicher qui ou quoi que ce soit, nous ne sommes pas si prétentieux. Tous ces artistes, activistes, acteurs de la vie culturelle sont malheureusement cachés à pleine vue. Finalement, c'est cela notre mission. Une double mission dont les buts convergent. Une vis-à-vis de nos lecteurs et une autre vis-à-vis de ces laissés pour compte de la vie culturelle et artistique, ces victimes des médias. Nous parlons ici des gros medias et des moins gros qui ( par conditionnement ? ) singent les gros. Il faut garder à l'esprit que l'indifférence médiatique dont sont victime certains artistes et/ ou structures est une forme de violence, incontestablement. Une violence de la vie médiatique quotidienne. Une violence

à laquelle il convient de se soumettre en souriant, parfois en quémandant jusqu'à se corrompre. Pierre Bourdieu écrivait en 1996 à propos de la violence symbolique du système médiatique : " Cette violence invisible tacitement admise par ceux qui la subissent et souvent par ceux qui l'exercent."  02. Dans ce déferlement de violence on serait en droit de se demander jusqu'où vont les dommages collatéraux. Nous nous attarderons sur le sujet une autre fois. Dans nos pages vous trouverez également des nouvelles littéraires et de la bédé. Toujours avec ce même désir de proposer de la visibilité à de véritables talents en créant un espace d'expression comme il en existe pour les musiciens et les comédiens avec les multitudes de scènes ouvertes proposées à travers la ville. L'incontournable sera la scène ouverte incontournable des auteurs et dessinateurs. Lorsqu'on y réfléchit et que l'on se remémore des âges pas si préhistoriques, on se rappelle que la presse d'antan hébergeait régulièrement nouvelles et bédés. Finalement nous renouons simplement avec une vielle tradition.

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e premier éditorial est aussi l'occasion de mettre les choses au clair afin d'éviter toute confusion. Nous savons tous qu'une relation durable se construit sur des bases saines. Comme nous ne souhaitons pas vous duper, autant afficher la couleur tout de suite : si vous cherchez le " cool ", l'incontournable ne vous sera d'aucune utilité. On pourra seulement vous conseiller de regarder à terre, dans le caniveau, là ou les versions précédentes de la tendance et de la branchitude se retrouvent… avec les feuilles mortes. C'est tragique mais il est impossible d'échapper à son destin. Voilà donc. Quelle aventure. Une épopée palpitante, pleine de rebondissements et qui nous l'espérons vous accompagnera, vous interpellera et vous donnera envie de rencontrer tout ces artistes, de visiter tout ces lieux, de vous enivrer de senteurs, de lumières, de couleurs, de notes et de mots. Nous remercions chaleureusement tous ceux qui de près ou de loin ont contribué à la création et l'élaboration de ce magazine. On saluera avec bienveillance ceux qui contre toute attente nous ont encouragés et soutenus. Et vous aussi amis lecteurs, nous vous remercions d'accorder un peu de votre temps à la lecture de ce magazine.

Il est temps, allons-y. 01 • The New Romantics Exposition, galerie Spacejunk, 07 février > 23 mars, Lyon 1er © Martin Wittfooth 02 • Sur la télévision, Pierre Bourdieu, Raisons d'agir éditions, 1996


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architecture

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" L'invention de l'espace urbain "

Tony Garnier Sur les traces d'un bâtisseur Lorsqu'on habite la région lyonnaise, que l'on soit amateur de sport, de spectacles vivants ou simplement résident en visite, il est impossible de passer à coté de cette figure emblématique de l'architecture moderne. À l'instar de Le Corbusier ou de Haussmann à Paris, Tony Garnier a laissé une marque indélébile dans l'histoire de Lyon, notamment par la dimension sociale de son travail. Il a sculpté et gravé dans la pierre le destin d'une vie dédiée à la recherche de la cité parfaite. Une cité qui respecterait autant la pierre et la nature que l'homme. 03

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ony Garnier naît le 13 août 1869 à Lyon dans le quartier de la Croix-Rousse. Fils de canuts, son père, Pierre Garnier, est dessinateur en soierie. Anne, sa mère, est tisseuse. Tony Garnier sera très tôt en contact avec nombre d'ouvriers de la soie. Très vite curieux et ouvert aux autres, il ne restera pas insensible aux conditions de travail des ouvriers. Cette période de son enfance aura une influence majeure sur la manière dont il abordera son travail. Tony Garnier gardera toujours en mémoire ces souvenirs et fera de son rôle d'architecte une fonction de bâtisseur de meilleures conditions de vie et de travail. Il évoluera dans le sillage des utopies urbanistes du XXe siècle créées pour répondre aux problèmes des conditions de logement et de travail d'une époque où la ville grandissait de manière tentaculaire. Il commença ses études à l'école de la Martinière aux Terreaux ( 1883-1886 ), qu'il poursuit à l'école des beaux-arts de Lyon ( 1886-1889 ). Puis c'est à Paris qu'il se rend en 1889 pour tenter le Grand Prix de Rome. C'est seulement dix ans après, en 1899 qu'il

est enfin lauréat, après six tentatives. Ce prix lui permet de devenir pensionnaire de la Villa Médicis pendant quatre ans et d'y étudier les monuments antiques. Tony Garnier se démarquera très rapidement des autres élèves. Peu discipliné, il ne réalisera pas les travaux demandés par l'Académie. La plupart de ses travaux visent l'étude de simples monuments isolés. Tony Garnier voit grand et comprend que c'est le tout qui a un sens. Que tous les monuments s'articulent et que c'est l'ensemble qui détermine les particularités. Il préférera travailler sur un projet de ville entière : Tusculum. Sur les quatre années passées à la Villa Médicis, il ne travailla que six mois sur les monuments antiques. Il consacra le reste de son temps à la création d'une ville nouvelle, une ville moderne : la Cité Industrielle. Son étude sera publiée pour la première fois en 1917. Tony Garnier décide, à la fin de son séjour romain, de revenir au sein de sa ville natale : Lyon. Un premier chantier lui est confié, en 1904, par le Maire Victor Augagneur pour la réalisation de la Laiterie-vacherie municipale 04 du Parc de la Tête d'Or.

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Puis c'est au tour d'Edouard Herriot de confier à Tony Garnier plusieurs chantiers : les abattoirs de la Mouche et le marché aux bestiaux ( 1908-1928 ), l'hôpital Édouard-Herriot ( 1913-1933 ), le stade de Gerland ( 1913-1920 ) et le quartier des États-Unis ( 1919-1933 ). Entre 1930 et 1933, il conduit son dernier grand chantier, celui de la construction de l'Hôtel de Ville de Boulogne-Billancourt.

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ony Garnier prend sa retraite en 1938, au Domaine de Carnoux, commune de la Bédoule, près de Cassis. Il sera temps pour lui de revenir à son premier amour, le dessin. À la lecture de son journal de bord sur la

période 1940-1943, on découvrira qu'il avait une production abondante de croquis et dessins, un par jour en moyenne. Il meurt le 19 janvier 1948, sans descendance. Son corps est rapatrié à Lyon en novembre 1949, au cimetière de la Croix-Rousse. Dans son éloge, Edouard Herriot dira de lui : " Ce bâtisseur, ce réaliste était humain spontanément. Sa sensibilité n'avait d'égale que sa modestie. Sa culture se révélait souvent surprenante. Oui, Tony Garnier fut un maître avec tout ce que ce mot comporte de noblesse et d'intelligence. Un maître c'est-à-dire un guide et un exemple… Mais, chez lui, l'Homme était aussi admirable que le savant ; ses qualités morales étaient à la hauteur de son génie. "

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La cité industrielle, une utopie urbaniste

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Marier les besoins de l'homme vivant à l'ère industrielle tout en se conformant aux règles de la nature et de l'environnement… Tony Garnier imagina ainsi une ville de 35 000 habitants.

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urant son séjour à la Villa Médicis, Tony Garnier travailla à l'élaboration d'une cité idéale qu'il nommera Une Cité Industrielle. Cette étude, publiée en 1917, aura une influence considérable, tant du point de vue de l'urbanisme que celui de l'architecture. En effet, Tony Garnier ne se contente pas de décrire l'organi-

sation fonctionnelle d'une ville, mais il conçoit un grand nombre d'innovations architecturales avec comme moteur un fonctionnalisme toujours respectueux de la nature. Tony Garnier situa son agglomération en bordure d'un fleuve, dans un endroit imaginaire du sud-est de la France, sur un site que l'on pourrait localiser dans la région de SaintÉtienne, fortement industrialisée en ce début de siècle. Construite suivant un principe de zoning, la cité ne comprend ni caserne ni église mais une multitude d'équipements collectifs comme des parcs, terrains de sport, des hôpitaux, un centre social… Tony Garnier a exercé une influence durable sur l'architecture contemporaine. Son œuvre est celle d'un précurseur, car elle contient en puissance les bases de l'urbanisme actuel et les idées qui seront développées par le Corbusier. Dans Une Cité industrielle , Tony Garnier imagine aussi bien le plan de verre que les fenêtres

en largeur, le toit terrasse, les pilotis, les porte-à-faux et des innovations techniques comme le bloc-eau, le chauffage collectif électrique, le contrôle thermique, il adopte le béton armé pour tous ses édifices. Avec deux décennies d'avance, il définira ce que l'on appelle le style international.

Les formes qu'il donnera à ses bâtiments seront d'une prémonition étonnante.

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Informations www.museeurbaintonygarnier.com Musée Urbain Tony Garnier 4, Rue des Serpollières, 69008 Lyon 04 78 75 16 75

Iconographie 01 • Les États-Unis, projet, 1921 02 • Hôpital Edouard Herriot : construction, 1913-1933 03 • Les abattoirs de la Mouche, 1926 04 • Portrait de Tony Garnier, anonyme

05 • Laiterie-vacherie municipale, 1904-1905 06 • Stade municipal de Gerland, le portique d'entrée, après 1926 07 • Croquis de la Cité Industrielle, par Tony Garnier

Crédits photographiques © Musée Urbain Tony Garnier Remerciements © Fonds Jules Sylvestre ( 1859-1936 ) Catherine Chambon © Collections.bm-lyon.fr du Musée Urbain Tony Garnier


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design

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Entretien avec Thérèse Bachellerie par Anne Paillet

Marithé et François Girbaud Les explorateurs de la fibre textile En 1960, Marithé et François se rencontrent à Paris. Ils ont une vingtaine d'années et rêvent d'aventures. En inventant le stone wash — le délavage du jean — ils vont devenir des précurseurs dans l'industrie de la mode et continueront toujours à étudier, comprendre et ré-imaginer les tissus. Dans le mouvement, constamment, au pas de course et en avance. Ce sont mille idées qui les traversent. Il faut suivre et s'accrocher, à l'image de cet entretien que nous avons souhaité garder identique à notre échange et qui illustre parfaitement le foisonnement d'idées qui traversent ces deux personnalités.

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Sans offense, mais e m'appelle pour ceux qui ne Marie-Théte connaissent rèse Bachelpas, peux-tu te lerie mais présenter ? vous me connaissez mieux sous le nom de Marithé de Marithé + François Girbaud, le couple qui a inventé le stone washed et par là même l'industrialisation du délavage. C'est à dire convaincre le monde entier qu'il fallait laver le jean pour le vendre. Ce qui n'existait pas auparavant sinon comme un usage autre que mesure d'hygiène. Cette idée a engendré à travers le monde des pratiques qui concernent deux millions de travailleurs et six milliards de paires de blue jeans produites par an. Notre travail a commencé vers la fin des années 60. Quand j'ai quitté Lyon et la région, Saint-Fons, pour vivre la grande aventure de Western House à Paris. On aura peut-être oublié Liquettes, falzars et galurins, la boutique, le long des quais de Saône, qui a été un précurseur de la mode pour jeunes à Lyon et Saint-Tropez en 1965. Western House a ouvert en 1964, on dit que c'est la première boutique en France a avoir importé des

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États-Unis des jeans neufs et des accessoires liés à l'imagerie du Far West et du cow-boy. Je vendais là mes ponchos tricotés, c'est comme ca que j'ai rencontré François Girbaud qui faisait tourner son lasso et ses colts, Avenue de La Grande Armée à Paris, une avenue essentiellement consacrée aux cycles, motos et mobylettes. Coïncidence je suis née et j'ai grandi à côté de mon père, ancien du Tour de France, qui fabriquait les vélos Cycle Bazou. En 1972, Paris

Match va présenter notre marque sous le titre " Le pape du jean français ". Nous allons provoquer un raz de marée… Puis va suivre une saga qui nous amènera à révolutionner la rue américaine quand nous inventerons le baggy. Le succès sera global : nous allons le consolider en mettant des cailloux dans les machines à laver. Ce qui deviendra le principe du stone washed et sera copié dans le monde entier. Nous deviendrons une marque culte pour le urban street wear en habillant Jennifer Beals au moment de Flashdance. En 1989, au moment de la chute du Mur de Berlin, nous nous sommes réveillés quand nous avons vu tous les jeunes de l'Est débarquer dans ces jeans de qualité immonde, blanchis à l'acide ( snow wash, acide wash ). On avait participé et avions une part de responsabilité dans cette manière de vendre au nom du rêve américain. Nous avons décidé qu'il fallait réparer et faire autrement. Rebelle mais pas criminel, est devenu notre credo.


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Tant d'années de e pense très création de mode, sincèrement que quel regard portes- tout ce que nous tu sur ces années ? avons fait subir au jean nous l'avons fait sans connaissance. Le succès portant, personne ne se doutait que nous étions en train de contribuer à détruire des rivières, la faune et la flore dans l'environnement. Les usines et les laveries industrielles ont mis des années avant d'être obligé de recycler les eaux sales… Les bassins de décantation seront obligatoires très tard, trop tard. Le jean semblait le lien social par excellence qui avait fait tomber les frontières sociales, morales et politiques. Paradoxalement il est devenu le tueur et le pollueur planétaire. Nous ne savions pas à l'époque de toutes ces expériences sur le délavage, qui plaisait à tous sans exception, était nocif. Nous sommes allés très loin avec la chimie sans connaître les effets de l'innocente chlorine ( eau de javel ) à tous les acides, les permanganates utilisés pour obtenir des effets plus vieillis, plus usés, plus détruits… Un laisser-aller devenu le signe de la coolitude. Il a fallu tout ce temps depuis 1989 pour éveiller les consciences. Le jean business est générateur d'immense profit et la

machine financière mondiale n'a pas été trop sensible à nos arguments. Nous avons dénoncé : " Le jean est mort vive le metamorphojean ", sans réellement provoquer un résultat. Depuis deux ou trois ans, nous semblons être plus écoutés, il semble que certaines pratiques comme le sablage sont interdites dans certains pays, pourtant ces mêmes pays délocalisent à leur tour… Il faut être attentif car le public doit comprendre que les effets obtenus par cette technique entraînait des cas de silicose qui ne se soigne pas et entraîne la mort pour l'opérateur, il n'existe aucun remède. Deux millions de travailleurs à travers le monde sont concernés. L'ingestion des produits chimiques est aussi à éviter. Sont maintenant mis en place des robots ( type Picasso   ) qui remplacent les humains dans la chaîne de traitement.

Comment vois-tu le futur ?

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auver de l'eau est une priorité pour nous tous, un des facteurs de guerre dans le futur, employer moins d'énergie s'avère nécessaire pour les mêmes raisons. Et le moins de produits chimiques possible pour les effets que nous ignorons sur nos peaux. No water, no chemical comme

objectif. La catastrophe de Fukushima nous a fait comprendre que nous partagions le même air, la même eau et l'espace vital sur la même planète. Le jean peut contribuer à cette prise de conscience générationnelle. Depuis des années nous avons orienté nos recherches et collections sur l'utilisation de la lumière et de l'air avec l'emploi conjugué du laser et de l'ozone. Nous avons obtenu des résultats fantastiques qui sont adoptés au fur et à mesure par tous les brands. C'est un grand orgueil de constater que nous avons réalisé thèse et antithèse dans une durée de vie de travail. Nous sommes très fiers par ce que nous avons appelé watt wash ( lavage avec la lumière ) contre stone washed ( lavage avec les pierres ) que nous avions inventé il y a plus de quatre décennies. C'est beaucoup de travail et de passion que nous avons passés avec François vers les autres.

J

Qu'est-ce qui e ne crois pas t'as poussé et te que faire des pousse encore à collections soit créer tes propres réellement notre collections ? motivation. Ces présentations ne sont que la partie émergente de l'iceberg. Ce qui nous a toujours passionné.


13 C'est la mécanique de la filière textile. Nous avons contribué à faire adopter les notions de marketing " fit forme et fonction "à la profession entière.

Où en est ta marque MFG ?

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ujourd'hui nous venons de conclure un accord avec un géant indien propriétaire d'un groupe qui produit vingt millions de pièces par an. Pour les marques Levis, Boss, G Star. Ce fut le premier industriel qui a investi dans les technologies de pointe. Notre association nous permet désormais de ne plus être dans les théories uniquement ! Il est temps de mettre en pratique les économies souhaitées.

Lorsque tu repenses tes désirs et rêves d'adolescente, penses-tu avoir accompli ta mission ?

J

e pense que le parcours que nous avons fait doit pouvoir donner juste envie à des plus jeunes d'aller au bout de leurs rêves de leurs idées. J'aimerai que cela serve à ça. Nous avons eu le luxe de pouvoir éviter les compromissions.

N

Y a-t-il des otre travail créateurs que montre bien tu jalouses ? que ce sentiment ne nous embarrasse pas du tout. Au contraire nos idées, inventions ont servi la profession à l'échelle mondiale. Nous sommes heureux d'avoir pu faire changer les habitudes et les usages.

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Que conseilles-tu être attentif. aux lecteurs de Acheter un jean l'Incontournable peut être un acte magazine ? politique. Je ne parle pas d'un made in France uniquement ou d'un made in Lyon, qui n'est plus du tout réaliste… Les machines existent, les techniques existent. Notre cerveau fonctionne à la

même vitesse que celui d'un brésilien, d'un chinois ou d'un indien, alors pourquoi avons-nous été chassés de notre pays à chaque révolution ? La seule différence ce sont des pays émergents, avec dix mille personnes chez Ffi à Bangalore où nous sommes installés, nous faisons les fameuses 35 heures en deux jours et deux semaines en une pour la veille Europe. Par contre la vitesse de la lumière pour le laser ne peut pas être meilleure ici ou là, on peut installer un laser sur la colline de Fourvière. Il faut trouver des gens qui aient la volonté de le faire marcher 24h/24.

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Quel rapport a boutique place gardes-tu avec Bellecour, qui Lyon et que nous envoie des représente cette messages positifs. ville pour toi ? Les clientes fidèles qui aiment notre produit un peu trop comme une religion ! François trouve que la ville s'est ouverte alors qu'il était resté sur une certaine idée de bourgeoisie lyonnaise. C'est un plaisir de retourner là-bas de temps en temps sans l'entendre pester contre les règles et habitudes !

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Que préparezes traitements vous comme atmosphériques nouveautés ? pour dans dix ans. La manière de réinventer le textile avec le laser en évolution des fibres, des fils qui correspondent à notre temps. Mais peut-être d'ici là, nous allons continuer à ne pas écouter la terre qui gronde et menace. Par contre si nous sommes assez stupides pour détruire l'air que nous respirons. Vous pouvez dire à vos lecteurs que nous possédons toutes les techniques pour vivre enterré dans des malles et des abris. Des tissus autobronzants, d'autres qui soignent, certains qui déstressent, etc. Toute la technologie à l'échelle de la bêtise humaine. Ce serait plus simple si nous prenions garde à

protéger notre environnement pour les générations futures. Namaste. Il ne faut pas non plus oublier : aujourd'hui il faut en moyenne 70 litres d'eau pour " laver " un jean, 420 milliard de m3 d'eau, l'équivalent de la consommation d'eau pour deux ans d'une ville comme Paris. On y ajoute 125g de permanganate, soit 900 000 tonnes. C'est déjà effarant. Plus environ un kilowattheure dépensé par jean, égale 6 milliards de kWh. La consommation annuelle d'un pays comme le Népal. On produit 6 milliards de jean par an à travers le monde. L'immensité des économies que l'on peut réaliser, le gaspillage que l'on peut éviter. Dans l'usine de Bangalore on n'utilise plus de produits chimiques. On se sert du laser pour brûler, inciser, graver, déchirer, même si je ne vois pas aujourd'hui l'utilité de déchirer un jean. Un seul lavage suffit, on économise 97,5 % d'eau. C'est une vraie révolution !

www. mfgirbaud.com Boutiques à Lyon et aux alentours  6, Place bellecour 69002 Lyon 18, Rue Docteur Mazet 38000 Grenoble Iconographie 01 • Chemise Bleue (détail), Mathieu Iquel, 2008, huile sur toile, 50 x 50 cm, collection particulière. Galerie Mi : 32, Rue Auguste Comte, 69002 Lyon mathieu.iquel@live.fr 02 • Marithé et François Girbaud en 1968. ©DR 03 • Collections Marithé + François Girbaud © Jacques Gavard 1977, 2006, 1983

L'autre jean Pour la première fois en France, le musée d'Art et d'Industrie de Saint-Étienne invite les designers Marithé et François Girbaud à exposer 40 années de collaboration, alliant technologie et créativité. 26/10/2012 > 06/05/2013 2, Place Louis Comte, 42026 Saint-Étienne



littérature

en couverture

Entretien avec André-François Ruaud

Les moutons électriques Est-ce que les androïdes rêvent de moutons électriques ? Bientôt dix ans d'éditions et plus de cent cinquante ouvrages pour finalement n'avoir aucune réponse à cette question. Si tant est que l'on puisse en trouver une, d'ailleurs cela n'a peut-être jamais été le but des Moutons Électriques. Pour y trouver une réponse il faut certainement mieux se replonger dans le roman de K.Dick, adapté au cinéma par Ridley Scott sous le nom de Blade Runner : Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques. Référence directe au maître de la SF dont les ouvrages détiennent un record d'adaptation cinématographique à l'intérêt souvent inégal. Il serait malavisé de réduire Les Moutons Électriques à ce simple fait. Au détour de cet entretien avec André-François Ruaud, nous comprendrons qu'en dix années de travail acharné cette maison d'édition a contribué tout autant à enrichir le patrimoine littéraire en éditant romans et nouvelles, qu'à la reconnaissance de la littérature de genre avec l'édition de plusieurs essais. C'est grâce à des maisons comme celle-ci, que la littérature dîte " de l'imaginaire " gagne ses lettres de noblesse… En suivant Les Moutons Électriques, il n'est point question de se rendre au Pays des lanternes de M. Rabelais.

Depuis le Panorama illustré de la fantasy et du merveilleux votre premier titre paru en septembre 2004 vous avez publié plus de 150 ouvrages. Quel regard portez-vous sur ces années ? Comment décidet-on de se lancer dans l'édition ?

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e fut à la fois exaltant et épuisant, mais surtout une belle manière de vivre et de travailler, exactement ce dont je rêvais depuis longtemps. Je me suis lancé avec une toute petite expérience préalable et beaucoup d'espoirs, ça n'a pas tout de suite été concluant, de graves difficultés en 2007 m'ayant obligé de revoir beaucoup de choses, mais plus ça va et plus ça avance fluidement. Avec notre entrée chez le diffuseur Harmonia Mundi, je dois dire que nous envisageons l'horizon de manière assez confiante.

" Les moutons électriques " : On sent l'hommage à Philip K.Dick. Pourquoi ce nom et comment s'est passée la recherche du nom de la maison d'édition ?

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hercher un nom qui soit chouette pour la maison d'édition fut long et pas facile, on a beaucoup brainstormé avec mes associés, et puis un jour une amie a débarqué en disant " les moutons électriques " et c'était acquis : il s'agissait d'une manière de nous placer sous le saint patronage de Philip K. Dick, notamment, mais ça sonne aussi un peu comme de belles

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aventures éditoriales comme les Humanoïdes associés ou le Serpent à plume, alors ça nous a tout de suite séduit. Et puis Philip K. Dick se trouve à cheval entre littérature de genre et littérature générale, entre lettres et films, alors ça définit assez bien notre esprit, nos intérêts.

Pouvez-vous présenter l'équipe qui travaille avec vous et nous expliquer comment fonctionnent Les Moutons Électriques ?

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ous fonctionnons un peu comme une association, bien qu'étant une entreprise. Alors il y a Raphaël Colson, qui est le gérant : il s'occupe des questions de gestion, de compta, de chiffres, ce genre de choses. Mais il a aussi un droit de veto sur les couvertures, il a co-fondé l'une des collections et je discute de tous les choix éditoriaux avec lui. Enfin, il est aussi essayiste: nous mélangeons beaucoup les postes et les genres, chez nous, en fait. Julien Bétan est le co-directeur littéraire de la collection Bibliothèque des Miroirs, traducteur aussi, et il m'aide sur plein de choses. Jacques-Jacques Régnier coordonne le semestriel Fiction et corrige les traductions. Xavier Mauméjean co-dirige avec moi la collection Bibliothèque Rouge et dirige parfois d'autres ouvrages. Mais en disant cela, je me rends bien compte que c'est un résumé trop brutal : il y a tant de personnes qui collaborent à la maison d'édition, qui font des traductions ou des relectures, qui s'occupent d'un ou plusieurs volumes ( Alexandre Mare, Christine Luce, Richard Comballot, Serge Lehman ), par exemple, et puis bien sûr il y a notre graphiste principal, Sébastien Hayez, et notre webmaster, PJG Mergey, aussi responsable de nos futurs livres numériques… Tenez, un amusant exemple de mélange des genres : notre comptable a pour passion la typographie, c'est donc lui qui a créé les polices originales utilisées dans la

nouvelle Bibliothèque Rouge. Quant à moi-même, je suis le directeur littéraire, mais je coordonne un peu tout.

Vous éditez de la Science fiction ( au sens large ) et vous éditez sur la SF. Comment trouvezvous l'équilibre ?

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u-delà de la seule sciencefiction, notre passion s'étend à toutes les niches de la " culture geek ", à toutes les cultures populaires issues des médias de masse : le merveilleux, le polar, la BD, le cinéma de genre, les super-héros, la psychogéographie, l'histoire par le petit bout de la lorgnette, les littératures populaires… Disons que la SF fut le socle de départ, mais que nous voyons plus large, en abordant tous les " mauvais genres ". Et cela tout autant à travers la publication de fictions que d'essais. Il existe dans les pays anglo-saxons un rayon de librairie et un domaine universitaire quasiment pas reconnus chez nous : les popular studies. C'est cela, notre équilibre.

E

Selon vous, quelle ntre le poids est la place de des préjugés la littérature de culturels et celui genre en France. des produits bas de Notamment SF ? gamme dominant le marché, cette place n'est pas bien grande. Mais si la littérature de l'imaginaire ne s'impose pas, en revanche ces genres sont rois sur bien d'autres supports : la SF, par exemple, elle est partout en BD, en manga, en comic books, en films, en dessins animés… Alors finalement, un éditeur comme les Moutons électriques parvient à sortir du rayon SF, qui est un peu un ghetto, et à placer ses œufs dans plein de nids… Faire des livres sur les " mauvais genres ", ça nous permet de nous adresser à bien plus de monde qu'aux seuls lecteurs de SF. Et c'est d'une telle richesse, tous ces domaines que la culture officielle française continue de mépriser…

Malgré le succès d'auteurs comme Damasio, pensezvous que l'âge d'or de la SF soit révolu ?

D

e la SF non, mais de la littérature de SF stricto sensu, étiquetée SF et placée dans un petit rayon de livres de SF, oui, c'est peut-être quelque chose qui est en train de s'effacer. Ceci dit, la SF va rebondir, se réinventer autrement, j'en suis sûr. Les littératures de l'imaginaire ne sont pas figées, calcifiées, c'est d'ailleurs une des choses qui dérangent chez elles : ça mute en permanence et ça bouscule même les vieux fans, et c'est ce qui est passionnant à étudier.

O

h ! Des ennemis, Quel est selon vous l'ennemi n'exagérons principal du livre ? pas : des dangers, plutôt. Des pièges qui souvent viennent de l'intérieur du milieu livre : par exemple, les librairies presque vides parce que leur patron veut rentabiliser un max sur le nombre le plus faible possible de titres différents. C'est ainsi que la librairie française se suicide, moi ça m'enrage toutes ces librairies aux rayonnages maigrelets. Une vraie librairie ça doit être bourré à craquer de livres ! Et qu'on ne me dise pas que c'est économiquement pas viable : Mollat, l'une des plus grosses librairies de France ( à Bordeaux ), est remplie jusqu'au plafond. Ils ont tout : eh bien, si plus de librairies étaient gérées comme Mollat, moins de gens seraient tentés d'aller faire leurs courses sur le Web parce qu'ils n'ont rien trouvé d'autre à la librairie X ou Y que les dernières nouveautés des gros diffuseurs. D'autres pièges, ce sont les manœuvres des gros éditeurs du SNE ( le MEDEF de l'édition ) pour spolier les auteurs, en faisant voter une loi aussi inique que celle sur les œuvres orphelines ou en voulant imposer des royalties sur le numérique aussi bas que sur le papier. Toutes ces logiques mesquines de commerçants, voilà un


17 ennemi du livre. Mais il y a tant d'autres choses absurdes, comme l'enseignement des lettres qui semble le plus souvent destiné à dégoûter les gamins de la lecture ! Toute cette conception calcifiée de la littérature qu'on nous colporte à longueur de fonctionnariat culturel, de bibliothèques et de grande presse…

M

Que diriez-vous ais les gens à quelqu'un pour lisent : le Web, donner l'envie les e-mails, tout de lire ? cela c'est un progrès considérable de la lecture. Et je crois beaucoup au livre numérique. Ce qui ne va pas, c'est l'élitisme culturel, l'attitude qui consiste à la fois à ne reconnaître que la " haute culture " et à geindre que les gens ne sont pas cultivés, à ne produire qu'une télévision d'une imbécillité abyssale tout en n'enseignant que des vieilles croûtes pas forcément adaptées aux jeunes cervelles en formation. Les livres crèvent en partie du snobisme des élites, tout comme la démocratie.

Lors de notre premier échange, vous me laissiez penser que la plupart des médias culturels ne semblaient pas considérer la littérature comme composante de la culture. Pouvezvous en dire plus ?

E

h bien, il suffit d'ouvrir la plupart des gratuits " culturels " de l'agglomération lyonnaise: on nous tartine à longueur de pages de spectacle vivant, de cinéma, de théâtre, de concerts… et les livres sont où ? On ne leur réserve que la portion congrue, quand portion il y a. Plus largement, jusqu'à il y a quelques années les écrivains n'étaient pas considérés comme des artistes. Maintenant, le statut d'artiste-écrivain existe, vaguement, mais n'est-il pas étrange que les auteurs de livres ne bénéficient pas de la même reconnaissance automatique que n'importe quel photographe, plasticien ou chanteur ?

B

ien entendu : Le livre numérique, vous allez franchir c'est en cours. le cap ? Au moment où je vous parle nous venons de réaliser trois livres en epubs, et nous en aurons quinze ou seize déjà d'ici la fin de l'année. Quant à la revue Fiction, nous sommes en train de lui donner un volet Web important.

J

Quel est le rôle e ne sais pas de l'éditeur dans si l'éditeur la société ? a un rôle, une mission, ça me semble beaucoup dire. Mon moteur c'est la passion : mon rôle c'est donc, sans doute, de transmettre cette passion, de la faire vivre.

03

N

Lyon et la ous avons littérature ? Un l'immense couple heureux ? chance, en RhôneAlpes, d'avoir un président de Région qui aime réellement les livres et la culture. Et donc d'avoir un budget culturel qui n'oublie pas que les écrivains et les éditeurs existent. Et au niveau des littératures de l'imaginaire, nous avons également la chance, depuis peu, que trois éditeurs importants existent dans les parages : ActuSF, Mnémos et nous, tous les trois diffusés par Harmonia Mundi ( qui sont à Arles ). Mais ça n'a pas encore été concrétisé par une attention particulière des librairies sur nos domaines. Pour le reste, Les Moutons électriques sont un éditeur à Lyon, pas un éditeur lyonnais. Notre ancrage à Lyon est fortuit et notre travail national, nous n'avons encore que peu livré d'ouvrages d'intérêt local.

04 05

06

www. moutonselectriques.fr Les Moutons Électriques - éditeur 245, Rue Paul-Bert 69003 Lyon 14H00 > 19H00 09 53 38 58 61

Iconographie 01 • André-François Ruaud, auteur. © Daylon 02 • Les Moutons Électriques 03 • Patrick Marcel, auteur. © P. Marcel 04 • Jean-Philippe Jaworski, auteur. © Daylon 05 • Raphaël Colson, auteur. © Les Moutons Électriques 06 • Julien Bétan, auteur. © J. Bétan



Littérature

19

Entretien avec Nicole Gonthier

Nicole Gonthier Le crime de la rue de l'aumône Professeur d'Histoire médiévale à l'Université Jean Moulin-Lyon 3 et spécialiste de la délinquance médiévale, Nicole Gonthier nous a livré en 2011 un excellent polar : Le crime de la Rue de l'Aumône dont l'une des particularités est de se dérouler dans le Lyon du XV e siècle. L'occasion pour nous de donner la parole à cet auteur afin d'aborder plusieurs sujets, notamment celui de la délinquance médiévale et contemporaine. Vous apprendrez peut-être qui a assassiné Catherine et jeté son corps dans ce fameux puits…

J'

Vous avez participé ai fait une à l'édition 2012 conférence des Quais du polar. sur Pouvez-vous l'écriture nous en parler? du roman, dans la salle multimédia des archives municipales de Lyon, sur proposition de Madame Anne-Catherine Marin, directrice des Archives municipales de Lyon. Cette présentation du livre, intitulée De l'Histoire au Roman était illustrée par un Power-point ( photos des lieux du roman dans le Vieux-Lyon, photos des documents d'archives qui fondent le sujet, éléments de réflexion sur l'écriture, etc…) et s'attachait à expliquer les réalités historiques et les faits réels à partir desquels la fiction est née ( les organes de gouvernement de la ville de Lyon, la situation de guerre civile dans le royaume de Louis XI en 1465, la position stratégique et politique de la ville de Lyon à ce moment-là ) et à démontrer les choix faits par l'auteur d'une fiction à partir de ces éléments ( les faits retenus, les simplifications obligatoires, les types sociaux des personnages, la véracité des descriptions " matérielles ", les

différences dans les méthodes d'écriture de l'historienne et de la romancière). Cette conférence a duré une heure et a été appréciée par le public venu l'entendre. J'ajoute qu'elle a eu lieu en marge du festival du quai du polar car les organisateurs avaient fermé les inscriptions à cette manifestation dès la fin janvier. Il n'a donc pas été possible de bénéficier de la même publicité que les auteurs inscrits dans cette manifestation annuelle de Lyon. Sur internet, cependant, la publicité a été faite et a porté.

Une grande partie de votre travail d'universitaire et de votre œuvre littéraire semble tourner autour de la question de la délinquance. Chez vous il s'agit plus précisément de la délinquance médiévale. Comment est venu cet intérêt ?

J'

avais déjà écrit et soutenu une thèse ( 1977 ) dite alors " de 3e cycle " sur Lyon et ses pauvres au Moyen Age ( publiée en 1978 aux éditions L'Hermès à Lyon ). Mon maître de thèse, le professeur René Fédou, éminent spécialiste du milieu des juristes lyonnais

( sa thèse intitulée  : Les hommes de loi lyonnais à la fin du Moyen Age, parue en 1964, n'a jamais été remplacée ) m'a proposé le thème de la délinquance et de ses rapports avec la justice en Lyonnais pour ma thèse d'État ( type de thèse qui n'existe plus aujourd'hui, remplacé par " l'Habilitation à Diriger des Recherches " ou HDR ). On était alors en 1978, soit en pleine période des recherches sur les marginaux, un type de sujet caractéristique de l'école historique dite " Nouvelle Histoire " qui, depuis 1950 environ privilégiait les sujets de recherche sur les citoyens lambda plus que sur les grands hommes. C'était un sujet neuf que les enquêtes sur la délinquance et sur la justice. Aujourd'hui c'est un sujet largement exploré par les historiens médiévistes. J'ai donc fait cette enquête historique qui a abouti à la soutenance de ma thèse d'Etat en 1987, éditée en 1993 aux éditions Arguments ( éditions qui ont cessé d'exister aujourd'hui mais sans que cela soit une conséquence de mon ouvrage ! ). Ces recherches m'ont conduite à fréquenter les documents d'instructions criminelles où l'on " entend " parler les


témoins, les prévenus, où l'on assiste aux interrogatoires sous torture, où l'on découvre les obscurs lieux des crimes, les réalités des prisons, les conceptions des juges sur le Bien et le Mal. Toute une série de faits divers me fut révélée, une mine de sujets pour le polar médiéval. Très vite je me suis passionnée pour ce qui touche les délinquants comme les juges, c'est-à-dire les principes moraux, les sentiments religieux, la compréhension qu'ils avaient des limites entre le Bien et le Mal, leur rapport à l'autorité et j'ai commis plusieurs ouvrages sur ces faits de civilisation. La fréquentation des sources judiciaires et des interrogatoires m'a également permis de connaître le vocabulaire injurieux ou grossier qui était incriminé comme délit de parole, voire plus gravement comme blasphème. D'où un de mes derniers ouvrages avant le roman, sur les injures médiévales ( Sanglant coupaul ! orde ribaude ! , paru aux Presses Universitaires de Rennes, en 2007 ). De plus, travailler sur la rupture de l'ordre, la transgression morale, le délit et le crime est très révélateur des normes d'une époque : c'est donc un moyen de mieux connaître celle-ci.

Étudier la délinquance de la fin du moyen-âge vous permet il de mieux comprendre celle d'aujourd'hui ? Pouvez-vous nous dresser quelques parallèles entre la délinquance lyonnaise des siècles passés et celle d'aujourd'hui ?

C'

est une question que posent régulièrement tous ceux qui m'interrogent sur mes travaux. J'y réponds toujours de la manière suivante  :

1

Si l'on définit le crime par la transgression de quelques lois naturelles du genre " ne fais pas à autrui ce que tu ne veux pas qu'on te fasse ", ou plus simplement " ne te permets pas des actes inhumains ", je dirais que l'humanité dans ses pulsions, dans ses capacités à sortir de ces limites, est identique à elle-même de siècle en siècle. Les tendances criminelles sont les mêmes ( assassinats, viols, vols ).

2

Cependant ce que l'histoire enseigne c'est que les faits, les raisonnements, les comportements s'expliquent en fonction de contingences politiques, sociales, économiques, religieuses, morales qui, elles, sont l'élément variable ; ce qui ne permet pas d'avoir des modèles reproductibles. Les mêmes faits ( ex : crise économique ou politique ) ne produiront pas les mêmes effets en matière de violence d'une époque à l'autre.

3

L'endurance à la douleur, la sensibilité au sang ( qui est un tabou d'impureté au Moyen âge mais non une crainte ou une horreur comme de nos jours ) ou aux scènes de violence n'est évidemment pas la même à cette époque du XIV e ou du XV e s. Cependant j'insiste sur le fait que contrairement à la vision qu'on en a, le Moyen âge n'est pas la période qui est la plus cruelle : c'est le XVI e siècle qui introduit l'usage des supplices pour exécuter les condamnés et cela aboutira à l'horreur du supplice de Damien sous Louis XV. Certes il y a des sentences d'amputation ( poings,

pieds, nez, oreilles, émasculation, selon la gravité des actes commis ) mais ce sont des peines corporelles en soit, non un supplice avant exécution ( sauf cas très rares relatés comme un spectacle d'exception par les chroniques, les exécutions de traîtres politiques ). Quand on exécute au Moyen Age, on pend, on décapite ( les nobles ont ce privilège ), on brûle les impurs ( sorciers, sodomites, hérétiques ), on ne supplicie pas ! Quant à la question, c'est une méthode d'investigation, d'instruction non un châtiment ( ce qui changera à partir de l'inquisition du XVI e s. )

Dans votre premier roman Le crime de la Rue de l'Aumône ( éd. Pygmalion ), vous maniez avec brio les vérités historiques et les codes du polar à rebondissement. Le passage de l'étude des faits historiques à la fiction s'est déroulé de quelle manière ?

C'

était justement l'objet de la conférence qui durait une heure ! Je vous résume : la consultation des registres de délibérations consulaires ( les procès verbaux du conseil municipal de l'époque ) m'avait fait voir combien il existait, parmi les familles de notables qui gouvernaient la ville en 1465, des partis différents : la ville était du royaume de France mais très proche de la Bourgogne ( qui commençait à Mâcon ), du Beaujolais et du Forez (qui appartenait au duc de Bourbon ), de la Savoie ( terres de Dombes ), en un temps où les ducs de Bourgogne et de Bourbon prenaient les armes contre le roi Louis XI et où on ne savait pas quelle serait la réaction du duc de Savoie. La situation politique était donc propice à fournir un décor d'intrigues politiques. La plupart des personnages ont existé, notamment mon prévôt enquêteur et les deux consuls mentionnés, j'ai dû changer leurs prénoms car au Moyen âge ils se prénomment tous ou Pierre ou Jehan ou Guillaume et cela faisait redondance


21 et confusion dans le récit. J'ai imaginé leur vie à partir de ce que je sais des costumes, des moyens techniques, des habitations, des mœurs de l'époque. Un certain nombre d'épisodes sont fondés sur des faits réels mentionnés dans les archives : l'arrestation du médecin du duc de Bourbon pour espionnage, l'arrivée du messager de Louis XI et le texte de la lettre du roi aux Lyonnais, l'évasion de Jehan Ledoux dit Fortune des geôles du roi et son refuge en lieu d'immunité devant Saint-Jean, la rixe qui s'ensuit entre les gens du chapitre et les sergents, l'affaire du poison retrouvé entre les mains de ce Fortune, ancien serviteur de Jacques de Canlers, l'hostilité des Lyonnais au bailli François Royer, le double jeu des chanoines… Les puits dans les cours, à Lyon, sont un élément très important de l'habitat : d'où l'idée d'en faire la scène de crime. De plus, alors que j'étais professeur à l'université de Dijon, j'avais trouvé dans les archives judiciaires de Côte d'or, un procès concernant une affaire de ce genre : le corps d'une femme jeté dans un puits…

En cette période où l'on parle de crise, d'après vous quel est l'avenir du livre et de l'édition au sens large ?

P

lusieurs personnes de mes connaissances ont acheté le livre en version numérique, d'autres m'ont dit avoir préféré la version papier. Je pense que le livre édité aura toujours cet avantage sur le livre numérique de pouvoir être lu plus aisément, et manipulé pour une lecture aléatoire ou des retours en arrière, des vérifications qui, bien sûr, sont possibles sur écran mais ne sont pas aussi faciles. Pour ma part, j'écris sur ordinateur mais corrige toujours sur texte imprimé. C'est ainsi qu'on fait le moins de fautes, que l'on repère les répétitions, l'équilibre des chapitres, les amorces d'un épisode à l'autre.

Par a illeurs, ayant eu affaire à Monsieur Charles Dupêchez, directeur du département Pygmalion des éditions Flammarion qui m'a conseillée utilement pour modifier le premier manuscrit trop didactique et pas assez " romancé ", et pour avoir bénéficié de la vigilante attention à la promotion du livre de Monsieur Rémy Verne, je me réjouis qu'il existe encore de grandes maisons d'édition comme Flammarion avec de vrais professionnels responsables. Ce ne sont pas les internautes dont on dit à présent qu'ils deviennent éditeurs ou critiques littéraires qui peuvent remplacer ces compétences. Je me réjouis aussi de la qualité de l'impression et de l'attrait de la couverture. Qu'en pensez-vous ?

Les projets ?

prochains au festival du polar Sang d'encre à Vienne où mon roman a été retenu. Retraitée de l'université depuis le 1er septembre, je pense user de cette façon du temps qu'on me restitue désormais car l'écriture est pour moi un véritable plaisir.

J'

achève la rédaction de la deuxième enquête du prévôt Arthaud de Varey. Elle se situe dans un autre milieu, celui des frères prêcheurs ( les Jacobins ) et des frères mineurs ( les Cordeliers ), en 1473. On est toujours sous Louis XI qui est en guerre contre Charles le Téméraire, duc de Bourgogne. Cette année 1473 est marquée par l'achèvement de la nouvelle église des mineurs ( l'église St-Bonaventure actuelle ) grâce aux dons de Simon de Pavie, médecin et astrologue de Louis XI retiré à Lyon, par l'installation de la première maison d'édition à Lyon, celle de Barthélémy Buyer et de son imprimeur Guillaume Le Roy, par l'épidémie de peste qui sévit de 1472 à 1474, gênant les foires internationales de Lyon. L'intrigue criminelle est fondée sur un document d'archive conservé aux archives départementales du Rhône à propos de reliques soi-disant miraculeuses… Il devrait sortir en mai prochain aux éditions Pygmalion. J'ai l'intention de continuer dans cette présentation historique et ludique de la ville de Lyon au XV e siècle en écrivant une troisième enquête dont j'ai déjà quelques idées. Je participerai les 16 et 17 novembre

Le Crime de la Rue de l'Aumône Nicole Gonthier, Éditions Pygmalion, 2012

Une ÉNIGME ! VLYRX VDUUL YHCDO LUHFH PHVVD JHYRX VDYHC JDJQH XQHSO DFHGH VSHFW DFOHH QYRBH CXQPD LODOD UHGDF WLRQD YHFFR PPHRE MHWFK LIIUH GHFHV DU


01


LITTÉRATURE

La nouvelle littéraire

inédit !

Mnesis par Christophe RAMAIN

I

l y a dix ans que Romain n'avait pas fait la queue devant la salle de shoot de la place Sathonay, dix années sans came, les médecins l'avaient déclaré guéri depuis longtemps et la dépendance n'était qu'un mauvais souvenir à présent. Son corps portait encore les marques indélébiles des années d'héroïne. Il était usé. Dix ans depuis la nuit du 31 décembre où il avait retrouvé Julie étendue sur le lit, la seringue dans son bras déjà froid. Chaque année, il voit les feux d'artifices en noir et blanc et les douze coups de minuit résonnent comme un glas, le froid d'hiver lui glacera à jamais les os. Da ns la file d'attente, on ne parle que de ça, la nouvelle drogue. Les laboratoires Voralberg commercialisent depuis quelques heures le Mnesis, un médicament révolutionnaire pour lutter contre la maladie d'Alzheimer. La sortie du traitement a été annoncée à grand coup de publicités pour le 1er Janvier à minuit et déjà tous les dealers de la ville s'en étaient procurés. Cinq heures du matin, sous la neige, deux cent personnes attendent leur tour pour revivre le souvenir le plus marquant de leur vie en s'injectant dans une salle stérile leur mémoire en intra veineuse, Romain est l'un d'eux. Quand il apprit l'imminence de la sortie du Mnesis, il a tout de suite réalisé que ce médicament deviendrait la nouvelle drogue à la mode chez les camés. En cas de surdose, le médicament provoque un état de semi conscience propice à la résurgence des traces mnésiques les plus chargées émotionnellement. Romain s'occupe comme il peut, il essaye de ne pas penser au souvenir qu'il compte revivre, sa rencontre avec Julie. C'était un soir d'été sur la place des Terreaux, il était assis sur les marches de l'hôtel de ville, une bouteille de rosé à la main et elle lui a demandé à boire. Elle avait les cheveux décolorés coupés très court, les mains sur les hanches, un air de défi sur le visage et des yeux qui semblaient crier fais moi mal, à trois heures du matin ils étaient à demi nus dans la fontaine et s'étaient fait embarqués par les flics, ils avaient passé leur première nuit ensemble trempés au poste de police. Tout s'était fait simplement, comme une évidence, il n'avait jamais su draguer et elle était belle sans le savoir, des nuits blanches à refaire le monde avaient succédé à des matins câlins croissants. Vinrent ensuite les

soirées MDMA, crack et héroine qui précédaient les réveils à la méthadone et les aprem subutex. Tout avait dérapé si vite, ils avaient voulu vivre trop fort. Au bout d'un moment le corps ne suit plus et même si le cœur est là, l'amour s'étiole doucement, comme le mastic sur les fenêtres du salon. Mais même quand elle partait et que ses yeux devenaient blancs, hors d'elle même, les muscles du cou tendus vers la mort, il était fou d'elle, elle était belle comme le soleil.

I

l n'avait plus jamais repris d'héroïne. Debout, immobile dans la file d'attente et enfin il parvient à rentrer. L'heure file, bientôt il fera jour, Romain est transi de froid. Quand il entre dans la salle, l'infirmière lui tend une stéribox et l'accompagne jusqu'à un lit entouré de cloisons mobiles, il y a un rideau qu'il peut tirer pour avoir un peu d'intimité. Dans le box, un lit et une table de nuit sur laquelle sont entassés tout un tas de dépliants sur les effets de la drogue et les coordonnées du CSAPA le plus proche, à la Croix-Rousse. L'infirmière partie, Romain dépose la stéribox sur la table de nuit et pose par dessus le petit bout d'alu qu'il serre fort dans sa main à l'intérieur de sa poche depuis déjà quelques heures. Assis sur le matelas en mousse bon marché, Romain laisse sa vie défiler derrière ses yeux fermés. Ce calvaire sans nom, arrêter de mourir pour recommencer à vivre, le vide après, la peur du vide, la peur tout court de pas vivre sans ça, sans elle, l'amour. Ce matin du premier jour de l'année, il se fait le cadeau de vivre ça de nouveau, de mourir un peu de manque demain dans sa tête et dans son corps, vomir ses tripes et souvenirs sur les cloisons en agglo. Les lèvres serrées, le cœur qui s'effondre doucement dans sa cage thoraxique, Romain prépare de ses mains moites la mixture qui l'emmènera loin, là d'où l'on ne souhaiterait pas revenir. Ses gestes sont sûrs, il a fait ça des dizaines, des centaines de fois peut être, tout est si fort ancré en sa mémoire qu'aucun effort n'est nécessaire. Quand la veine est trouvée et qu'enfin il glisse l'aiguille le long de son bras, sous la peau, il appuie sur la pompe. Comme un lame froide contre la colonne vertébrale, son corps entier se raidit le temps qu'un flash passe derrière ses yeux. L'estomac coincé quelque part dans la gorge,

23


Romain attend que les souvenirs reviennent lui saccager le présent. Allongé sur ce lit sans draps, il attendait de jolis rêves et rien ne vient mis à part un mal de crâne lancinant qui tape sur sa rétine, comme si son cerveau écrasait son nerf optique. Après quinze minutes d'attente, une bouffée d'angoisse part de son ventre, semble vouloir sortir par sa peau, s'échapper par la bouche. En sueur, pris de panique, Romain se relève violement assis dans le lit puis retombe, les yeux révulsés pris dans un rêve qu'il n'aurait jamais du faire.

N

ous sommes en 2011, Romain et Julie ont alors 24 ans, ils se fréquentent depuis quelques mois et prennent leurs premières vacances ensemble. Le vent d'avril balaye les plages désertes de Royan, ramenant le sable sur les dunes, il fait doux et le soleil dore doucement les jambes nues de Julie, assise en tailleur sur le sable. Hors saison. Il ne lui a pas encore dit " je t'aime " mais le mot lui brûle les lèvres depuis des semaines. C'est sans doute l'endroit rêvé pour le faire. Romain plante sa cigarette dans le sable pour l'éteindre et glisse sa main sur la cuisse de Julie, qui fixe toujours l'horizon. Lentement ses doigts se frayent un chemin jusqu'à son entrejambe et la caressent à travers son short en jean. Les lèvres de Romain se posent sur l'épaule de Julie, puis son cou et cherchent enfin sa bouche comme son poignet décrit à présent de petits cercles entre ses cuisses. Jamais il n'avait autant souhaité le dire mais aucun son n'est sorti de sa bouche. Leurs yeux bleus se confondaient alors au ciel et à l'océan, leurs corps entiers faits de cette plage. Ils firent l'amour à cet endroit, ils n'étaient plus qu'un seul être de sable qui glissait entre les dunes, contre le vent, comme si c'était la chose la plus naturelle du monde, jusqu'à tomber à bout de souffle sur le dos dans un désordre de bras et de jambes ensablés. Jamais Romain n'avait connu autant de paix et de sérénité, tout semblait si simple, rien ne pourrait jamais les séparer. Les souvenirs se mélangent doucement à des rêves dans le demi sommeil de Romain, acheter une maison, un chien, s'endormir tous les soirs contre Julie dans leur vieil appartement sans chauffage sur les Pentes, il faisait si froid l'hiver, qu'ils sortaient pour se réchauffer. De semaines en semaines on finit par prendre de mauvaises habitudes, un soir de Février 2012, l'hiver leur traversait les os, il n'avaient plus à manger et pire encore plus de clopes et plus d'alcool pour oublier la faim, le manque qui fait trembler les doigts et bruler l'âme s'installaient en eux, entre eux. La raison de Romain avait alors dérapé, et s'était raccrochée au visage de Julie. Il l'avait frappée, une fois, une gifle dont le son a résonné dans toute la ville. Le corps de Romain commençait à refuser de se souvenir, l'envie de vomir qui traverse le rêve. Il revivait chaque seconde, la dispute pour une histoire de vaisselle mal faite ou non faite, la rage qui monte en flèche, le contact de sa

main sur la joue fragile. Il n'oubliera plus jamais ce regard, il n'y a pas lu de la douleur, simplement de la tristesse pour lui et ce qu'ils étaient devenus. Elle était partie ce soir là, elle avait balancé des affaires dans un sac à dos et couru vers la porte sans un regard, sans un mot, laissant derrière elle une trainée de silence étouffant. Par la fenêtre, en larmes, Romain l'avait regardée courir à travers la rue Sainte Catherine, foncer dans les gens sans les regarder, ils s'écartaient sur son passage. À l'angle de la rue Terme elle s'était arrêtée pour vomir, de rage. Qu'avait il fait ? Romain n'avait pas dormi, enchainé les cafés et les textos pour s'excuser en attendant qu'elle revienne passer la porte de leur minuscule appartement. Il arrêterait tout, la drogue, l'alcool, les soirées, il trouverait un job, n'importe quoi, si elle revenait. Il se revoyait enfermé dans le noir, dans le hall d'entrée, assis contre le mur à attendre son retour jour et nuit. Aucun signe de vie pendant une semaine. Et puis elle était revenue. Il pleuvait et son maquillage avait coulé sur ses joues, elle était belle comme le soir où ils s'étaient rencontrés deux ans plus tôt. Elle s'est agenouillée près de lui et a passé la main dans ses cheveux, appuyé sa tête contre ses seins, juré que tout irait bien, qu'ils allaient s'en sortir. Ils avaient fait l'amour dans ce hall d'entrée glacial, à même le sol, avec les dernières forces qu'il lui restait il était entré en elle, s'était jeté tout entier dans son corps, jusqu'à ce qu'ils s'endorment sur le carrelage froid, l'un contre l'autre, à peine séparés par leurs peaux épuisées. Ils s'étaient jurés de ne plus jamais être séparés, que l'espace et le temps entre leurs corps leur appartenaient l'un l'autre désormais. L'été avait succédé au printemps puis vinrent l'automne et l'hiver à nouveau, ils étaient partis à Berlin quelques jours en Novembre. Avant de rentrer en stop, chacun de leur coté, ils s'étaient engueulés dans un squat de Treptower Park à cause d'une histoire de drogue, encore une fois Romain avait cru la perdre et tout était rentré dans l'ordre dans les larmes et les cris, les promesses d'éternité. Décembre, les soirées de Noël et les matins de redescente, à trembler à s'en casser en deux, à se gratter au sang et se tordre les os de douleur dans la salle de bain. Il avait fallu faire sans les amis et les parents, parce qu'il n'en restait plus, parce qu'on avait pas eu le choix encore une fois. Le soir du 31 décembre, il fallait fêter ça au moins un peu. Romain avait trouvé l'héroïne qu'on disait être la plus pure de la ville. Un cadeau de Noël en retard pour Julie, leur version personnelle du cadeau au pied du sapin. Ils étaient défoncés bien avant les douze coups de minuit et n'avaient rien vu du feu d'artifice tiré au dessus de la ville. Le matin du jour de l'an Romain s'est réveillé seul sur le canapé du salon, le corps en miettes et peu de souvenirs de la veille, quand il eut enfin la force de bouger ses membres endoloris, il était déjà 15H. Il connaissait par cœur chacune des fissures du plafond, il aurait pu les dessiner toutes de mémoire. Il avait ouvert la porte de la chambre


25 espérant y trouver Julie endormie, à demi nue entre les draps inondés de soleil. Elle était effectivement sur le lit, les yeux grands ouverts et la bouche tordue dans un sourire figé. Il lui a fallu plusieurs secondes pour comprendre ce qui s'était passé, le temps pour son cœur de s'effondrer sur le sol, entre les lames du parquet. Celui de Julie s'était arrêté de battre depuis plusieurs heures déjà, elle ne redescendrait jamais de ce shoot de Noël en retard. Il s'était jeté sur elle. Romain revoit toute la scène par ses yeux, il la vivait de nouveau de l'intérieur. Il avait voulu la mémoire et l'avait à présent. Il avait choisi d'enfouir ce jour là au plus profond de sa tête et ne jamais y penser, se rappeler seulement des jolies choses qu'ils avaient vécues ensemble mais on ne choisit pas ses flashbacks. Tout au ralenti. Saisir le visage entre ses mains, déjà froid, secouer la chair, trembler sur le corps, se coucher à son coté, hurler jusqu'à en perdre sa voix, ce n'était plus qu'un amas de peau froide. Romain se serrait contre le cadavre de Julie, son corps tout entier était désormais fait de larmes et il en déposait partout sur elle à chaque fois qu'il la serrait contre lui, au bord de s'évanouir de douleur. Bonne année mon cœur, bonne santé, meilleurs vœux, les bonnes résolutions ? Ne plus boire, ne plus mentir, enfin trouver la force de te dire je t'aime. Il ne lui avait jamais dit " je t'aime ". Il l'avait pensé si fort qu'il lui semblait l'avoir écrit sur sa peau mais les mots n'étaient jamais sortis de sa bouche. Ces mots qui apaisent et qui rassurent, ceux pour lesquels on tue, ceux pour lesquels on meurt. Il ne lui avait jamais dit, il avait oublié ça aussi. Son cerveau avait fait en sorte de reconstruire leur relation en quelque chose de fort, quelque chose de beau, une histoire presque ordinaire, une love story d'écran géant " What can you say about a twenty-five-year-old girl who died ? ". Les souvenirs s'embrouillent se mêlent à présent les uns aux autres, cette bague qu'il avait offert en riant, en disant qu'il l'avait trouvée dans la rue, exactement à sa taille, comme sur mesure. Ces discussions au lever du jour sur comment il faudrait que le gouvernement arrête la crise, les banques, les lettres de relance des huissiers et les petits déjeuners en amoureux. Ces " je t'aime moi non plus " vécus si fort et jamais exprimés, ça n'avait pas d'importance. Non aucune importance parce qu'elle savait, hein que tu savais mon cœur que cette bague elle était pour toi ? Réveil, parce qu'on ne peut pas se souvenir de ça parce que la drogue n'est pas assez forte pour le maintenir sous l'eau et qu'il faut remonter à la surface, pour respirer, faire rentrer tout l'air de la salle de shoots dans ses poumons. À peine le temps de se lever pour mettre la tête dans la poubelle que déjà la bile remonte et s'échappe en jets jaunâtres entre ses lèvres. Les mots d'amours avaient pourri en lui et devaient sortir à tout prix, comme un abcès à la mémoire qu'on vide en appuyant dessus bien fort. Il relève la tête et titube doucement, les deux mains contre la paroi du

box, cherche à reprendre pieds entre deux sanglots. Ouvrir le rideau et traverser la pièce, tous ces gestes normaux, essayer de ne pas trébucher devant les infirmières affairées, garder le regard fixé sur la sortie du bâtiment, quand Romain sort enfin sur la place Sathonay il est seize heures à l'horloge de la mairie. Il pense dix ans, jour pour jour à la même heure. Sous ses yeux, quelque part derrière ses orbites, les images d'une vie qu'on lui a arrachée s'étirent sur la place, son sourire sur le visage d'une inconnue, son parfum entre ses mains ou sa voix à travers la fenêtre entre-ouverte d'un appartement. Des images de la chapelle en ruine au cœur de Berlin, le zoo et le jardin des sanglots, leurs mains qui s'accrochent tellement fort en haut de la tour penchés au dessus du vide. Ils auraient du sauter, se le dire en face, se jeter à l'eau. Son cœur avait tremblé ci fort qu'il s'était surpris à prier le ciel. Romain trébuche sur la passerelle Saint Vincent, entre les cadenas serments d'amour, une douleur au genoux et se rattraper au vide, les mains loin devant comme un aveugle. Son pantalon était trempé, sa bouche débordait de sang et de vase épaisse, la fontaine des Terreaux en Juillet n'était définitivement pas aussi glaciale que la Saône en Janvier.

Mnesis, par Christophe Ramain Inédit 2012 Pour contacter l'auteur :

cramain@gmail.com iconographie 01 • Les Pentes. 2008 © savagecat flickr.com/people/catrionasavage Vous souhaitez être publié dans l'incontournable magazine ? Envoyez vos manuscrits numérique à : contact@lincontournable-lyon.fr Tous les genres littéraires sont acceptés, les textes audacieux et subversifs sont préférés. Votre texte doit contenir au maximum 2800 mots.


THÉÂTRE

Entretien avec Julien Ribeiro

le Club Théâtre le théâtre différemment Tel pourrait être le " credo " du Club Théâtre. C'est une expérience à la fois moderne, contemporaine et traditionnelle où les codes se mélangent et se décomplexent au profit du spectateur. Ici l'ouverture est de mise et salutaire, car c'est par ces interstices que la lumière passe. Elle s'infiltre par les fêlures, et se propage comme une gangrène curative. Que le spectacle commence.

E

Le 02 février 2012, n un moins le Club Théâtre de trois cent s'installait au Lavoir jours depuis Public ( Lyon 1er ) l'ouverture pour 365 jours, quasi deux cent premier bilan ? soirées ont été proposées ! Six créations par la compagnie, huit résidences d'équipes artistiques, plus de vingt spectacles accueillis et trente partenariats ! Grâce à ce rythme d'une intensité foudroyante nous en sommes aujourd'hui à plus de trois mille adhérents et plus de six mille spectateurs! Notre bilan me ravit donc. Nous sentions dans la ville ce besoin mais nous nous n'attendions pas à tel engouement!

T

Pouvez-vous héarte est né revenir sur les oriil y a 15 ans gines de Théarte, maintenant, suite votre rencontre à la rencontre avec Olivier Rey. d'Olivier Rey, Carl Miclet, Anthony Magnin qui étaient tous les trois élèves de Catherine Marion qui officie encore au Lycée Saint-Exupery. Après plusieurs spectacles qui vont de Blanche Neige à La Maman et la Putain. J'ai rencontré Olivier, en 2008, au moment d'un tour nant artistique pour lui, à la création de L'Achat du Cuivre. 01

Notre collaboration pour ce spectacle nous a amené à nous rendre à Berlin pour ce projet. Nous avons, sur place, découvert une toute autre façon de faire du théâtre et une toute autre manière d'y emmener le spectateur. Là-bas, les lieux intermédiaires sont presque de rigueur, voir des théâtres qui incluent de vrais bars et parfois des discothèques, permettant un mélange des genres et donc des publics nous semblaient indispensables dans un paysage culturel. Cela manquait en France. Là est née notre volonté de créer le Club Théâtre et nous à emmené au Lavoir Public.

Finalement, le Club Théâtre, qu'est ce que c'est ? Un théâtre pas comme les autres ? Un lieu d'expression pluridisciplinaire, un laboratoire de chimie artistique ?

L

e Club Théâtre est un laboratoire artistique dédié aux écritures contemporaines et numériques. Derrière ce titre solennel, se dessine une volonté de diversifier notre programmation, avec comme objectif le mélange des publics et des artistes. Cela va de la projection à la rencontre, en passant par la performance et le théâtre jusqu'aux soirées Clubbing. Offrir la possibilité à des spectateurs non-initiés de passer la porte


27 d'un lieu artistique dans un contexte de fête permet de décomplexer ce geste.

On a pu voir du Deleuze, du Marx au lavoir, ce n'est pas dans l'ère du temps et on ne peut que se réjouir de voir des pièces abordant ces thèmes au théâtre. Comment s'effectue le choix de la programmation ?

N

otre premier souhait est d'offrir aux spectateurs des expériences inédites mais toujours accessibles. Le caractère insolite du lieu invite les artistes à l'expérience, chose peut-être plus difficile dans des salles institutionnelles. Vous parlez de Deleuze et Marx, mais il y aussi Foucault, et bientôt Roland Barthes et Louise Weiss, je ne suis pas d'accord avec vous lorsque vous dites que ce n'est pas dans l'air du temps. Mais leurs propos résonnent d'autant plus dans ce contexte socioéconomique et permet au spectateur un autre regard sur l'actualité.

02

Lorsque je disais que ce n'est pas dans l'ère du temps, je ne faisais pas allusion à leur œuvre. Car en effet tout comme vous, nous pensons qu'il y a une résonance toute particulière entre le travail de ces personnages et notre époque. En notre sens, ce qui n'est pas dans l'ère du temps c'est de lier divertissement avec éclaircissement ( apporter de la lumière ), inviter le spectateur à passer un bon moment tout en l'amenant à ce questionner comme vous le faites. Bien entendu d'autres lieux tentent d'adopter cette ligne. Mais il est majoritairement de mise d'ôter toute part de questionnement et d'incitation à la réflexion afin de maximiser l'effet divertissement. Ce qui est d'autant plus étonnant que le théâtre s'est en partie construit sur cette dynamique. Finalement, quel est selon vous le rôle du théâtre dans la société, si rôle il y a ?

I

l me semble évident que le théâtre doit être politique, sociétal et psychologique. Qu'il réagisse, qu'il humanise ce monde en mouvement ! L'art se doit de ne pas simplement dire quelque chose mais se doit d'apporter un regard différent, se doit de prendre position sur tous les bouleversements du local au global. S'il ne le fait pas, s'il se veut juste divertissant, juste plaisant, il ne m'intéresse tout simplement pas.

Pouvez-vous nous présenter l'équipe du lavoir ?

N

ous sommes aujourd'hui quatre. Dès que la possibilité de créer des emplois s'est présentée, grâce à la pompe à bière pour cette première année, nous avons créé un poste de régisseur avec Fred Giroux puis un poste de couteausuisse, comme elle aime se nommer, avec Séverine Bailly qui s'occupe de l'administration et de la production. Mais l'expérience Club Théâtre/ lavoir Public serait impossible sans le soutien des

bénévoles qui sont nombreux et actifs, sans les artistes qui nous soutiennent en acceptant l'économie actuelle du lieu. Pour l'instant, olivier et moi sommes encore bénévoles de la structure.

Les ateliers, un petit mot ?

I

l s'agit pour nous, avant tout d'une volonté politique. Nos ateliers, qui sont principalement orientés numériques ont deux objectifs, premièrement initier le public aux outils numériques, et surtout les rendre maîtres de ces outils en les initiant à la programmation. Car dans un monde en devenir numérique, savoir créer de nouveaux outils, c'est être indépendant face à des entreprises s'immisçant dans le social et dans nos vies.

O

À quoi peut-on n y imagine s'attendre pour encore une mulcette nouvelle tiplicité de projets ! année au lavoir? Des installations dans la ville, des soirées détonantes, des théâtres explosifs, des performances volcaniques. Il y aura aussi sans doute tout autant de collaborations artistiques qu'elles soient locales ou internationales.

www.thearte.fr Le Club Théâtre 4, Impasse Flesselles 69001 Lyon ICONOGRAPHIE 01 • Julien Ribeiro, Co-Directeur du Club Théâtre 02 • Le Penseur, Auguste Rodin, bronze, 1902


THÉÂTRE

Programmation

festival sang neuf Quatre créations incontournables Au Théâtre Les Ateliers, du 4 au 9 février, laissez vous perdre le temps d'un voyage guidé où s'entremêlent les disciplines. Pas d'inquiétudes, vous êtes entre de bonnes mains.

Un bouillonnement incandescent d'idées Des mises en scène où s'entrechoquent dans une symbiose parfaite les disciplines. Sang Neuf est un festival de Théâtre articulé autour de quatre spectacles qui permettent de se questionner habilement sur la société et d'appréhender le théâtre comme on devrait tous le faire : différemment et passionnément. Quatre spectacles incontestablement incontournables

www. theatrelesateliers -lyon.com 5, Rue Petit David, 69002 Lyon 04 78 37 46 30

À

deux pas de la rue Mercière, le Théâtre Les Ateliers, est installé depuis trente cinq années dans le site classé de l'ancienne chapelle du couvent des Antonins. Au fil des saisons, ce théâtre s'est imposé comme étant un élément incontournable du paysage théâtral lyonnais. Créé afin de défendre les auteurs contemporains à une époque où ceux-ci étaient absents des scènes françaises, le Théâtre Les Ateliers a pu s'enorgueillir d'être le premier à avoir présenté à Lyon de grands metteurs en scène comme Christoph Marthaler ou Emma Dante et des auteurs tels que Michal Vinaver, Arthur Adamov, Rainer Werner Fassbinder ou Rodrigo Garcia. Le Théâtre Les Ateliers s'est construit sur l'idée du partage et de l'innovation, se voulant être un véritable lieu de création. Un théâtre au service des écritures d'aujourd'hui, des écritures susceptibles d'interroger le monde dans lequel nous vivons.

E

ntrons dans le vif du sujet : quatre spectacles, quatre jeunes équipes dont le travail revêt des formes originales et innovantes : documentaire, photo, roman, vidéo, musique…

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JÉRUSALEM PLOMB DURCI

P

ièce de théâtre documentaire proposant un portrait politique de l'état d'Israël. Mené avec brio par le duo franco-israélien Winter family, le spectacle nous décrit une " dictature émotionnelle " dans laquelle la propagande œuvre à modifier notre perception et nos souvenirs ; qu'ils soient individuels ou collectifs. On n'est pas sans penser aux travaux de Noam Chomsky (Cf : la notion de " fabrication du consentement " ). Poignant et courageux.

04 et 05 février à 19H30 06 février à 20H00 01 • © M. Virot


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au théâtre les ateliers

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RAPPORT SUR MOI

À

travers cette autobiographie de Grégoire Bouillier dissimulée dans un roman lui-même dissimulé dans cette pièce mise en scène par Matthieu Cruciani ( ce n'est pas si compliqué que ça peut le paraître, rassurez vous ), le narrateur, interprété par Pierre Maillet nous entraîne dans un voyage plein d'humour. Une œuvre singulière où l'on " rencontre " les souvenirs de Grégoire Bouillier, période 70-90, et ceux d'un groupe de rock. Singulier et surprenant.

04 et 05 février à 21H00 02 • © J.A. Raveyre

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DÉBRIS

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e ton est donné. Trash mais odieusement généreux. Cette pièce nous entraîne dans une odyssée familiale décadente, un naufrage jubilatoire et absurde. Dennis Kelly, considéré comme l'un des auteurs les plus représentatifs du new writing anglais, jongle avec des images fortes et poétiques matinées d'humour noir. La mise en scène de Vladimir Steyaert nous permet d'embrasser pleinement l'univers déjanté et volontairement provocant des deux protagonistes. Déroutant et alléchant.

07 février à 20H00 08 février à 21H00 03 • © E. Chevalier

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AUTOPORTRAIT

D'

après Édouard Levé sur une mise en scène de Clara Chabalier qui confronte les démarches de quatre photographes contemporains ( Robert Mapplethorpe, Cindy Sherman, Francesca Woodman et Édouard Levé ). Loin des clichés, cette pièce pose la question de l'asservissement à une version de notre identité. Il est facile d'imaginer qu'une photographie n'est qu'un ersatz en deux dimensions de nous même à laquelle on accepte de se soumettre. Appuyé par un texte d'Édouard Levé, les quatre acteurs endossent des univers photographiques pour nous guider vers une réflexion sur la représentation et les gestes qui ont influencé et façonné l'histoire de l'art. Profond et étonnant.

08 février à 19H00 09 février à 20H00 04 • © M. Lahana


quizz !

L'univers et… le temps oufs d'astro, biennale du ciel et de l'espace Pour le premier quizz de votre magazine ( déjà ) préféré, voici un thème à la fois ludique est passionnant : le temps.

C

oncocté par la sympathique équipe du Planétarium de Vaulx-en-Velin, voici quelques questions qui vont vous permettre de tester vos connaissances sur le thème de l'univers, et surtout, on l'espère, vous donner l'envie de visiter ce lieu ( Le planétarium ). N'oubliez pas, quitte à le tatouer sur votre corps ( nous vous fournirons les bonnes adresses si vous le souhaitez ), que la Biennale du ciel et de l'espace : Oufs d'Astro se déroule du 12 au 24 février à Vaulx-en-Velin. Cette troisième édition s'articule autour du thème " le temps ". Nous vous invitons fortement à prendre le temps de découvrir cet événement qui s'adresse à tous, petits et grands, profanes et experts. D'ici là, à vous de jouer !


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q A – La femelle du cleps ( mollusque ) q B – L'un des premiers dispositifs permettant de mesurer le passage du temps q C – Le nom usuel d'une horloge atomique q D – Un animal mythologique représenté par la constellation du même nom

q A – 1 milliard d'années q B – 4.5 milliards d'années q C – 13.7 milliards d'années q D – 92 milliards d'années

Qu'est-ce qu'une clepsydre ?

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Combien de temps met la planète Jupiter pour faire un tour complet autour du Soleil ? q A – 12 jours q B – 12 mois q C – 12 ans q D – 12 secondes

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Cherchez l'intrus q A – Horloge à quartz q B – Horloge atomique q C – Cadran solaire q D – Cadran stellaire

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Quel est l'âge actuel de l'Univers ?

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Combien de temps met la lumière pour parcourir la distance entre le Soleil et la Terre ? q A – 8 minutes q B – 30 minutes q C – 8 heures q D – 30 heures

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Le temps s'écoule t'il toujours à la même vitesse pour tout le monde ? q A – Oui, c'est ce qu'indiquent les montres du monde entier q B – Non, cela dépend du décalage horaire q C – Non, près des trous noirs, le temps s'écoule plus lentement q D – Personne ne le sait

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En voyageant à 1000 km/h, combien de temps, environ, faudrait-il pour atteindre l'étoile la plus proche du Soleil ( Proxima du Centaure ) ? ¨ A – 500 ans q B – 5000 ans q C – 50 000 ans q D – 5 millions d'années

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Qui a inventé le proverbe : " Le temps, c'est de l'argent " ? q A – Benjamin Franklin q B – Bill Gates q C – Albert Einstein q D – Crésus

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Énigme : un nénuphar double de taille chaque jour. Au bout de 10 jours, il recouvre la moitié du lac. Combien de temps se sera-t'il écoulé lorsqu'il aura finalement recouvert la totalité du lac ? q A – 10 jours q B – 11 jours q C – 15 jours q D – 20 jours

Peut-on remonter le temps ?

Pour approfondir vos connaissances :

www.planetariumvv.com 1B – 2C – 3D – 4B – 5C – 6A – 7C – 8D – 9A – 10B

q A – Oui, à condition de ne jamais rencontrer son grand-père q B – Dans l'état actuel de nos connaissances, non. q C – Oui, à condition de disposer de 2,21 gigawatt de puissance q D – Non, on ne pourra jamais remonter le temps, c'est une certitude.


sport

Jiu-Jitsu brésilien Les origines de la discipline Très diffèrent du ju-jitsu Japonais dont il descend comme l'ensemble des arts martiaux, le jiu-jitsu brésilien est communément appelé JJB pour jiu-jitsu Brésilien ou BJJ pour Brazilian Jiu-Jitsu. Les différences entre ces deux disciplines sont notables. Alors que le ju-jitsu Japonais peut sembler à la fois trop théorique et orienté self-défense. Le JJB est un sport de préhension se pratiquant quasi exclusivement au sol et dont les coups sont absent de l'arsenal du combattant. En revanche ce dernier dispose d'un ensemble de projections, de clés articulaires et d'étrangements afin de soumettre son adversaire, le " finaliser " : l'obliger à signifier son abandon en tapant le sol. Le JJB est un sport à part entière, une discipline dédiée à l'efficacité la plus brutale et paradoxalement accessible à tous comme le démontre son inventeur, Hélio Gracie.

C'

est au début des années 1900 que démarre l'histoire du jiu-jitsu Brésilien, Esai Maeda, maître de ju-jitsu et Takaguro Ito, représentant du Judo Kodokan, effectuent une tournée aux Amériques. Ils affrontent lors de combats très en vogue à l'époque, tous les adversaires qui se présentent afin de démontrer la supériorité des techniques japonaises. En 1907 ils passent par le Brésil, puis Ito s'établit aux USA, Maeda, quant à lui, retourne au Brésil en 1914. À force de victoires spectaculaires, le gouvernement brésilien lui accorde pour le récompenser une grande concession de terres.

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Fédération Internationale de jiu-jitsu brésilien

www.ibjjf.org Gracie Academy jiu-jitsu

www.gracieacademy.com ICONOGRAPHIE 01 • Hélio Gracie, jeune 02 • Kimura 03 • Le combat de Kimura contre Hélio

G

astao Gracie, universitaire et homme politique brésilien, aide Maeda à implanter une colonie d'immigrants japonais sur ces fameuses terres. Afin de lui montrer sa gratitude, Maeda enseigne le ju-jitsu au fils aîné des Gracie, Carlos. A son tour, Carlos enseigne l'art martial japonais à ses frères. Le plus jeune d'entre eux, Hélio sera tenu à l'écart. De faible corpulence, et plutôt fragile d'après ses frères, il ne sera autorisé qu'a les observer. Ce dernier ne se décourage pas et observe avec minutie et tel une éponge absorbe toutes les techniques acquises par Carlos. Un jour, en l'absence de Carlos et à la surprise générale, Hélio affronte un des élèves et


33 réussit à le surmonter, uniquement par l'assimilation théorique de l'art japonais. Hélio est enfin autorisée à s'entraîner avec ses frères. Son manque de force physique le pousse à favoriser et perfectionner certaines techniques pour les rendre plus efficaces et surtout le rendre lui plus redoutable. Il développe tout un arsenal de renversement basé sur des systèmes de levier, ou la bio mécanique du corps humain acquiert toute son importance. Les techniques quasi chirurgicales qu'il met au point lui permettent de palier son manque de force physique. Un nouveau style est né : le Gracie ju-jitsu. Très vite, par de nombreux défis, la famille Gracie acquiert une réputation d'invincibilité dans le pays, dominant toutes les compétitions de Judo et de ju-jitsu. Les échos de leurs victoires se répandront jusqu'à l'empire du soleil levant.

sport d'une rigueur et d'une incroyable technicité ou pour progresser il faut apprendre à s'incliner, tous les jours.

E

n France, c'est un sport naissant et encore confidentiel où les clubs ne bénéficient que de peu de soutien de la part des pouvoirs publics. Entre le débat de la création d'une véritable fédération indépendante et/ou la mise sous tutelle de la fédération de Judo, c'est l'avenir d'un sport et d'un nombre grandissant de pratiquant qui se jouent.

E

n 1951, le légendaire judoka Masahiko Kimura, un des " trois hommes forts du Japon " ( avec Mas Oyama en Karaté et Gozo Shioda en Aïkido ), 16 fois Champion du Japon toutes catégories et 5 fois Champion du Monde entame une tournée au Brésil. La fin du règne Gracie est annoncé. Soutenu par tout le clan Gracie, Hélio va le défier. Avec arrogance, il est tout d'abord sommé d'affronter Kato, le N° 2 japonais. Seule une victoire contre Kato le rendra digne d'affronter le formidable Kimura. Kato est vaincu par étranglement et préfère s'évanouir plutôt que de se rendre. C'est au tour de Kimura d'affronter Hélio, le petit brésilien. Invaincu depuis seize ans, le japonais pèse 97 kg alors qu'Hélio pèse seulement 60 kg. Kimura est simplement impressionnant. Avant le combat, Il confiera à la presse : " Si le combat dure plus trois minutes, Gracie devra être déclaré vainqueur ". La rencontre est suivie en direct par tout le Brésil et après trois minutes de combat la foule hurle : " C'est fini ! " mais le combat se poursuit. Les 37 kg d'écart de poids et l'expérience finissent par favoriser Kimura. Au bout de treize minutes, le japonais parvient à appliquer à hélio une clef de bras qui portera désormais son nom : la Kimura. Le brésilien a perdu, mais l'honneur est sauf. Hélio a su sans jamais sortir du pays, développer sa science du combat pour tenir tête au meilleur combattant que le Kodokan n'ait jamais produit. Dès le lendemain Hélio est invité par Kimura en personne à venir enseigner son système à l'académie impériale du Japon.

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D

e nos jours, le jiu-jitsu brésilien a acquis ses lettres de noblesse un peu partout dans le monde, notamment aux USA et au Japon où les rencontres entre combattant de disciplines différentes sont très appréciés. Avec la montée en puissance de par le monde du MMA -Mixed martial Arts ( connu en France sous le nom de free fight ), le jiujitsu brésilien est devenu un incontournable des sports de combats. A la fois ludique et terriblement efficace, c'est un

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sport

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Entretien avec François Deniau

François Deniau Connecté à la source du Jiu-Jitsu brésilien

J'

Tu as commencé la ai compratique des sports mencé de combats très le judo à jeune, comment 11 ans. y es-tu venu ? Je cherchais un sport de combat pour apprendre à me défendre. J'habitais Cergy, qui était au départ un village entouré de champs, qui se sont transformés en cités. Mon premier professeur s'appelait Jacques Noris, ancien champion d'Europe ( 1963 ) et créateur des fameux judogi Noris. J'ai été vite passionné par la philosophie du judo et aussi par le ju-jitsu. Depuis je n'ai jamais arrêté.

L

ors de mes Comment s'est passée la rencontre études en avec le jiu-jitsu Angleterre j'ai eu la brésilien ? chance de m'entraîner dans le club de Neil Adams, ancien champion olympique de judo et grand spécialiste du combat au sol. De retour en France ( à Grenoble ) mon professeur Jean-Pierre Million ( champion du monde de judo ) m'intégra dans l'équipe compétition du GUC JCD. Mon judo debout me valut le surnom de " monolithe " car debout mon judo était assez dur et statique alors que j'étais plus habile au combat au sol. J'ai découvert le jiu-jitsu brésilien en 1996 grâce à cette fameuse vidéo où l'on voit Royce Gracie vaincre tous ses adversaires dans une cage ( UFC 1, 2 et 3 ). Ce fut le déclic ; je pus mieux m'exprimer techniquement à travers le jiu-jitsu brésilien, tout en restant fidèle à l'esprit du judo. J'ai remporté la 1ère Coupe de France de JJB en janvier

Mondiaux se déroulent à Los Angeles avec une organisation irréprochable.

À l'époque comment était structuré le sport en France et quelles ont été les évolutions marquantes selon toi ?

02

1997 ; la même année je remportais les championnats interuniversitaires de judo en gagnant plusieurs fois par ippon au sol, et je fis partie de l'équipe française de jiu-jitsu brésilien. Nous avons participé aux 2 e championnats du Monde de JJB à Rio de Janeiro en juillet 1997 en ceinture bleue sous Roméro Calvacanti  Jacaré, Club Alliance. Notre équipe composée de douzes français s'entrainait matin et soir. Le jour " J " après huit heures d'attente je gagnais mon premier combat et perdais le suivant d'un avantage. Ce fut parmi une des meilleures performances françaises, car seul quatre d'entre nous passèrent un premier tour. C'était une expérience unique, avec Royler Gracie qui fit des combats extraordinaires et réalisait dans un seul match le plus haut score jamais enregistré ( 64 à 4 ! ). Des milliers de supporters brésiliens faisaient un bruit de tonnerre, alors que la police casquée et fusil à l'épaule allait et venait dans les gradins… Aujourd'hui les

R

ien n'existait et nous n'étions que quelques passionnés. Christian Derval et Guy Mialot ont d'abord organisé un stage avec Rickson Gracie en 1996 puis la première Coupe de France en 1997. Malgré leurs efforts il a été impossible de créer La fédération de jiu-jitsu brésilien. Le jjb est resté longtemps inconnu du grand public. Il y a eu pendant longtemps un flou, jusqu'à ce que ce sport atteigne une masse critique si l'on peut dire, grâce au développement des compétitions au niveau international ( sous l'International Brazilian jiu-jitsu Federation ou l'IBJJF dirigée par Carlos Gracie Junior ). La création de l'European Open en 2004 par l'IBJJF devenait officiellement le vrai Championnat d'Europe. Il se déroule chaque année ( à la fin du mois de janvier ) à Lisbonne. C'est un modèle du genre, avec plus de 2000 participants, des combattants renommés et une organisation très pointue. Cela a incité les Français à aller dans cette direction, avec la création en France métropolitaine de la CFJJB ( Confédération Française de jiu-jitsu Brésilien, dirigée par David Giorsetti et Christian Thurin ), affiliée récemment à la FFJT. Pour la Réunion, Thiago de Guimaraes dirige de main de maître l'ARJJB ( l'Association Réunionaise de jiu-jitsu Brésilien ), affiliée à l'UFOLEP. L'affiliation de la


CFJJB et de l'ARJJB à une fédération permet une meilleure reconnaissance, d'obtenir l'agrément pour les clubs, de passer un Diplôme d'Instructeur Fédéral, d'obtenir des subventions, etc. Nous commençons donc seulement à nous structurer sérieusement, après 15 ans !

Tu es ceinture noire " sous " Royler Gracie et Megaton. Comment s'est passée la rencontre avec Megaton et peux-tu nous expliquer ce que cela représente pour toi et pour le sport en général de recevoir une ceinture noire d'un brésilien ?

M

egaton qui était de passage à Lyon en 2005 est allé dans un magasin d'arts martiaux ( les arts martiaux lyonnais à la Croix-Rousse ). Je l'ai rencontré là, il est repassé l'année suivante et j'ai décidé de devenir son élève et de le représenter à Lyon! Son haut niveau technique et son authenticité contrastent avec sa simplicité. Il était en fait un des meilleurs combattants au monde dans sa catégorie de poids. Je pu ainsi connecter mon club à la source du jiu-jitsu, car le professeur de Megaton depuis son enfance est Royler Gracie, le fils du fondateur, Hélio Gracie. Ils font tous les trois entre 63 et 65 kilos, et représentent l'efficacité du jiu-jitsu, où il est plus question d'habileté technique que de force. Ils ont profondément marqué l'histoire du sport, et les représenter est un grand honneur ( l'école originale à Rio s'appelle Gracie Humaïta ). J'ai repris la compétition après une opération du genou, j'ai voyagé plusieurs fois à Phoenix et à Rio, où j'ai pu m'entraîner avec Megaton, Royler et d'autres athlètes de haut niveau. J'ai dû rentrer encore plus dans l'univers du jiu-jitsu, à sa source, voir les favelas, traverser Rio tous les jours pour m'entraîner midi et soir, et faire partie progressivement de la famille. Rolker, le frère de Royler, m'a même emmené dans le ranch de son père qui vivait paisiblement dans

la montagne à Petropolis. Malgré son âge il m'a montré une technique d'étranglement ; la passion du jiu-jitsu et la fameuse " Gracie Diet " l'ont maintenu en forme jusqu'à ce qu'il décède six mois plus tard à l'âge de 96 ans d'une pneumonie. Grâce à lui des milliers de professeurs vivent du jiu-jitsu, et des milliers de combattants vivent du MMA. Il laisse un énorme cadeau dans l'histoire du sport et son esprit est immortel. Côtoyer régulièrement des combattants brésiliens m'a beaucoup enseigné et conforté dans le sens ou les qualités du cœur vous ouvrent toutes les portes, et vous permettent de durer. Diriger une équipe et rester fidèle au maître vous coûte à coup sûr en plus de cela du sang et des larmes. Je suis fier d'avoir reçu ma ceinture noire des mains de Megaton en 2009 en présence de Royler Gracie. C'est un immense honneur et la meilleure récompense qui soit. La ceinture noire symbolise aussi un nouveau départ, l'émancipation… mais si on a compris on restera toujours fidèle au maître. Pour le sport en général la ceinture noire représente l'objectif à viser ; c'est une étape charnière dans la vie d'un pratiquant de jiu-jitsu brésilien, qui récompense sa patience et son dévouement. Il ne doit pas être obsédé par les ceintures tout en leur donnant une considération juste. Elles marquent le rang, la place de chacun dans une hiérarchie qui fait partie de la tradition et de la structure de ce sport.

Le club BJJ Lyon, que tu as créé il y a quelques années a vu plusieurs de ses combattants s'illustrer sur des compétitions à la fois nationales et internationales. Qu'est-ce que cela représente pour toi ?

C

ela fait quinze ans que j'ai créé le BJJ Lyon, et nous fêterons bientôt l'anniversaire du club. Durant ce temps j'ai formé de nombreux élèves, dont certains sont devenus des champions. Le club devient alors une

vraie petite famille, car l'effort et les sacrifices partagés créent des liens forts. C'est une part de rêve qui nous relie tous, et fait participer aussi les noncompétiteurs. Mais nous réservons la compétition à ceux qui le veulent, nous n'obligeons personne car c'est un choix, et tout le monde n'est pas compétiteur. Nous créons aussi des compétitions à Lyon pour permettre aux débutants de vivre un moment fort, où ils doivent parfois aller au-delà de leurs limites dans un temps et un espace impartis. Cela représente une expérience humaine, d'où l'on ressort grandi. Je suis fier de mes élèves, quel que soit leur réalisation, leur performance, car la compétition ne représente pas tout heureusement. La compétition n'est qu'une incidence, un moment utile à son évolution personnelle et on ne peut pas l'imposer. Hélio Gracie récompensait son fils Royler quand il ne remportait pas la victoire. C'est ainsi qu'il allait combattre sans pression, avec en tête l'objectif non pas de gagner, mais de ne pas perdre…

Tu es toi-même compétiteur, avec un joli palmarès ( Champion d'Europe 2008, Vainqueur du Championnat de l'Etat de Rio 2008, Vice Champion d'Europe 2009, Vice Champion d'Europe 2011 ). Comment concilies-tu ta vie de compétiteur avec celle de directeur d'un club sportif ?

E

n faisant du jiujitsu un style de vie, l'entraînement fait partie intégrante du quotidien, et tant que l'on y trouve du plaisir on est dans le vrai. La compétition n'est qu'une partie, ce n'est pas le plus important. Parfois il faut se faire mal pour atteindre un objectif, mais si on le fait en toute conscience on apprend avec l'expérience que tout est possible. C'est le moteur, et le fait de le partager donne une énergie considérable. Aussi plus l'entrainement est versatile, plus il est facile de l'adapter


aux impératifs du quotidien, à tout type de travail, et cela me permet de garder un bonne moyenne sur toute l'année. S'il y avait un secret se serait la constance. Mais en réalité il s'agit de passion. La passion permet de réaliser ce qui semble parfois impossible. Au premier abord on voit juste la partie émergée de l'iceberg, mais si on savait tout on se dirait " ce n'est pas possible… " et c'est justement parce qu'on ne sait pas tout qu'on peut le faire, parce qu'on y croit. C'est ce qui donne un sens à la vie.

L

e jiu-jitsu brésiComment décrirais tu ce sport pour lien est en train les gens qui ne le de devenir un sport connaisse pas ? comme le football, il se développe de manière phénoménale, et ce n'est encore que le début… C'est l'art martial le plus révolutionnaire de la planète. Il consiste à utiliser la force de son adversaire et à le faire abandonner par des techniques de clés sur toutes les articulations, des étranglements, des étouffements, etc. Sa particularité est d'amener le combat vers le sol, sachant que dans la réalité 80 voire 90% des combats de rue vont au sol. Cela n'empêche pas un pratiquant de jiu-jitsu de pouvoir frapper, mais c'est un sport de " gentlemen " : on cherche avant tout à maîtriser l'autre et à le contraindre à l'abandon. Un pratiquant de jiu-jitsu peut faire face à des adversaires bien plus lourds que lui, car il fait effet de levier avec son propre corps, par des placements intelligents. Le jiu-jitsu est comme un jeu d'échec, il faut savoir anticiper et utiliser une stratégie. La condition physique aussi s'améliore avec la pratique. Le jiu-jitsu est un art, il permet de développer son potentiel humain, de maîtriser sa peur, ses émotions et de dépasser ses limites. Il y a aussi deux aspects dans le jiu-jitsu brésilien : le sport de compétition et le self-défense qui contient les aspects tactiques originaux, qu'Hélio Gracie considéraient plus important. Nous

pratiquons aussi une gymnastique qui prépare le combattant parfaitement au jiu-jitsu, il s'agit de la Ginastica Natural, créée par Alvaro Romano dans les années 70, alors qu'il était élève du légendaire Rolls Gracie. Toute personne peut aborder le jiu-jitsu, il n'y a pas de restriction ! Le JJB est tout un univers, avec son histoire, son époque héroïque, la famille Gracie, les stars du Pride et de l'UFC , de l'ADCC, il suffit de taper jiu-jitsu ou Gracie jiu-jitsu sur Google pour se rendre compte!

J'

aimerais Quelles sont tes projets et ceux organiser des du BJJ Lyon ? compétitions à Lyon, des échanges entre les clubs, et mettre en place une formation pour le Diplôme d'Instructeur Fédéral ( le DIF de JJB ). J'ai aussi le projet d'organiser des séjours sportifs selon les liens que j'ai pu établir. Je suis allé récemment sur une île magnifique ( Gozo, Malte ) au cœur de la Méditerranée et j'ai décidé d'y créer un centre de séjour sportif, avec non seulement du jiu-jitsu mais aussi de l'escalade, du kayak de mer, de la plongée en apnée et en bouteille, du trekking et du VTT dans des lieus magiques. J'ai rencontré là-bas par hasard Jean-Paul Pagnoud, un ami judoka. Il vit à Gozo et peut m'aider à installer une base. Il était avec Daniel Ray mon professeur de judo ( Club de Judo CS Doua, à Villeurbanne ). D'autres séjours sportifs seraient possibles aussi à Phoenix et Rio de Janeiro avec stage de jiu-jitsu intensif et découverte des environs.

www.bjj.fr club de jiu-jitsu Brésilien de François Deniau 47 Grand Rue Saint-Claire, 69300 Caluire-et-Cuire   ICONOGRAPHIE 01 • Ju-jitsu ( symbole japonais ) 02 • François Deniau

Le

rèDseniau a m l a P rançois de

F

Vice Champion d'Europe 2011 catégorie Leve Senior2

Vice champion de l'État d'Arizona 2007 – catégorie Adult mi-lourd

Champion de l'Open de Scandinavie 2009 catégorie Leve Senior 1 et catégorie Absoluto ( toutes catégories )

Vainqueur de la Coupe des Alpes de Grappling 2005 catégorie Leve Adult

Vice Champion Pan-American 2009 catègorie Leve Senior 1 ( 3 e en Absoluto ) Vice Champion d'Europe 2009 catégorie Leve Senior 1 Vainqueur du Championnat de l'État de Rio 2008 2 e étape – catégorie Leve Senior1 3 e aux Pan-American 2008 catégorie Leve Senior 1 Champion d'Europe 2008 de Jiu-Jitsu Brésilien catégorie Leve Senior 1

2 e à l'Open Robin Gracie 2000 catégorie Adult Leve 2 e de la Coupe d'Europe à Evian 1998 catégorie Adult Leve Vainqueur de la Coupe de France de Jiu-Jitsu Brésilien 1997 catégorie Adult Leve Champion Inter-Universitaire de Judo 1997 Champion universitaire de lutte et sambo 1996

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Bons plans

À une époque on l'on vous demande constamment de passer à la caisse, voila un bon moyen de bénéficier d'avantages dans le cadre des loisirs et de la culture dans le Rhône. Décryptage de deux abominables initiatives : la carte Tip Top et les nouvelles formules d'abonnement du Marché Gare, le Clacson, L'épicerie Moderne.

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La carte Tip-Top par rhône tourisme

L'enfance du monstre

Laissez-vous tenter ! PLACE À L’UNITÉ, ABONNEMENT ET BONS CADEAUX

La tête dans les étoiles... Lorenzaccio, Le bonheur des uns... Les Franglaises, Quatuor Debussy... Käfig Brasil, Ce que le jour doit à la nuit... Le voyage de Zadim, Trois petits pas...

Réservations 04 72 14 63 40

www.albertcamus-bron.fr

E

n 2010, Rhône Tourisme réoriente son positionnement et sa cible en direction du marché des loisirs des rhodaniens. Dans ce nouveau contexte des actions concrètes favorisant un accès privilégié aux loisirs pour les habitants du Rhône vont être mises en place. Une nouvelle campagne de communication Demandez le programme est donc lancée par Rhône Tourisme. L'une des propositions retenue correspond au souhait de créer une journée qui offrirait à la population rhodanienne la possibilité de découvrir l'offre de loisirs et de tourisme du Département, sous toutes ses facettes ( artisanat, patrimoine, restaurants, activités de loisirs, zoo…) C'est à partir de cette idée que Rhône Tourisme à travailler sur le concept de sa carte Tip Top qui a été présentée officiellement au grand public le 12 juin 2012.

Modus opérandi

L

a carte est gratuite et d'une durée illimitée dans le temps. Elle fonctionne sur le principe " d'une entrée offerte pour une entrée payante ", soit deux entrées pour le prix d'une. Chaque détenteur de carte peut ensuite bénéficier gratuitement des prestations proposées par les partenaires TIP.

Où la trouver ?

V

ous pouvez la commande en ligne sur www.rhonetourisme.com, elle est également disponible dans toutes les mairies et les offices de tourisme du Rhône, dans une très grande partie des sites qui participent à l'opération.

Je suis un acteur de la vie culturelle/loisir en Rhône-Alpes, comment devenir complice ?

C

ontactez le service Tip Top par téléphone au 04 72 56 70 57 par email à cbrassart@rhonetourisme. Les demandes sont étudiées au cas par cas.


39 " Bons plans " mon œil ! Quelle cruauté… À ce rythme là, c'est la mort du grand Capital

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MARCHÉ GARE + CLACSON + L'ÉPICERIE MODERNE

L'enfance du monstre

D

ans le but de favoriser l'accès aux musiques actuelles, avec la volonté de fidéliser les publics et enfin dans l'intention de renforcer la synergie existante entre les salles de musiques actuelles, le Marché Gare ( Lyon ), le Clacson ( Oullins ) et l'épicerie moderne ( Feyzin ) se sont associés cette année pour offrir à leurs abonnés et adhérents respectifs de nombreux avantages sur l'ensemble des trois lieux.

Modus opérandi

C

oncrètement, le public des différentes structures n'a pas changé pas ses habitudes mais a gagné en avantages. Lorsqu'on souscrit désormais un abonnement ( Marché Gare ou Clacson ) ou une adhésion ( L'Épicerie moderne) on bénéficie des tarifs " abonné " ou " adhérent " dans le lieu où l'on a acheté sa carte. Mais la nouveauté c'est depuis maintenant trois mois, en plus de tarifs préférentiels grâce sa carte, nous avons droit au tarif réduit dans les deux autres salles. Cerise sur le gâteau, chaque salle choisi une fois par trimestre un concert qu'il offre aux abonnés/adhérents des trois salles.

L'achat d'une carte dans l'une des trois salles donne accès • Aux concerts au tarif abonné/adhérent dans la salle où a été prise la carte. • Aux concerts au tarif réduit dans les deux autres salles. • À un concert offert au Marché Gare, à l'épicerie moderne et au Clacson ( soit trois concerts gratuits par trimestre ). • La possibilité de réserver sa place dans les trois salles

Devenir complice clacson.fr epiceriemoderne.com marchegare.fr



musique

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dossier

Musiques actuelles Les incontournables de la scène rock lyonnaise La scène musicale lyonnaise regorge de talents, incontestablement, peut être même depuis toujours. Il est difficile d'en douter au vue de l'importance de la ville des lumières dans l'histoire de France.

D

ans l'histoire du rock lyonnais, on se rappellera d'un mythique concert de Gene Vincent au théâtre des Célestins ( le palais d'hiver avait brûlé quelques mois auparavant ) en octobre de l'année 1963. Le chanteur yankee était pour l'occasion accompagné sur scène par une formation française : les Sunlights. À l'époque, pour des raisons de réglementation, les artistes étrangers devaient impérativement être accompagnés par des musiciens professionnels français. Plus près de nous dans le temps, les pentes de la Croix-Rousse peuplées de bars équipés de caveaux, furent le théâtre de l'éclosion de plusieurs centaines de groupes de rock depuis presque trente ans. Certains de ces groupes eurent un destin éphémère, porté par une époque où chaque adolescent rêvait et rêve encore de devenir une rock star, de ressembler à l'idole du moment. Il y a vingt cinq ans, les jeunes se rêvaient en Sex Pistols, il y a quinze ans en Nirvana, il y a dix ans en Korn, et plus récemment en Pete Doherty ( paix à son âme ).

P

arallèlement à ces modes, certaines formations rock perdurèrent. Parfois à contre courant des tendances, mais toujours dans le sens de l'histoire. Elles placèrent l'expression artistique avant toute chose. Avant les chimères adolescentes relayées par une télé-réalité omniprésente et aliénante, avant le désir de paraître en choisissant l'être. À une époque où pour la plupart des jeunes groupes, la balance entre subvention et subversion penche inexorablement vers subvention ; il nous a semblé intéressant de nous pencher vers certains de ces groupes rock lyonnais : les plus sulfureux, les plus singuliers, ou les deux réunis.

N

os critères de sélection afin de vous proposer ce dossier ont été simples, nous avons souhaité donner la parole à des groupes rock existants depuis plus de dix ans et dont le rayonnant artistique dépasse les frontières lyonnaises, ou françaises. Le critère " succès " en terme de ventes de disques fut secondaire, ce qui nous intéresse ici c'est la substance artistique, la sève musicale, pas les charts. Tout un chacun pourra tenter de trouver une solution à l'équation succès = qualité et rapidement se rendre compte qu'elle est fausse. Il nous démange de citer quelques exemples mais pourquoi profaner ce premier numéro ? Nous avons également accordé la parole à ce qui sera la relève avec une sélection de groupes ayant démarré leur carrière plus récemment, des groupes plus jeunes mais non moins talentueux et prometteurs.

B

ien évidemment, notre choix est composé d'une part de subjectivité, nous ne nous en cacherons pas. Il serait malhonnête de dire le contraire. On entend déjà ici et là s'élever des fameux " et pourquoi pas tel ou tel groupe ? ". Nous répondrons simplement : " parce que " tout en paraphrasant l'illustre Montaigne avec un " Parce que c'était eux, parce que c'était nous ". Et au fond, on espèrera avoir semé une graine, une forme d'invitation à destination de tous ceux qui ont un avis. Une sommation à prendre les devants, une plume ou un clavier. On les invitera à œuvrer, à militer et passer de l'idée à l'acte.

En attendant, place à la musique.


musique

dossier musiques actuelles

Fake Oddity

Dix années de service au compteur, trois albums et environ trois cent concerts font de Fake Oddity un groupe incontournable de la scène rock lyonnaise. Partagé depuis le début entre la Turquie dont est originaire Faik (  le chanteur ) et la France (  patrie d'adoption et résidence principale du combo  ) le groupe continue son bonhomme de chemin et vient de nous offrir une nouvelle galette répondant au doux nom de French Beauté. Exit le rock énergique des débuts, ce nouvel album nous prend dans le sens du poil au travers de mélodies pop et folk savamment concoctées et orchestrées.

p

Plus de dix années lein de sur le devant de la contact, scène rock lyonune naise et française, certaine ça apporte quoi ? reconnaissance sur la région, un public aimant et enthousiaste et pas mal de bonheur, d'arrêt dans la rue, de bonjour à la volé, du bonheur en barre.

I

Quel regard l y en a plein de portez-vous sur différents. Des ses années ? supers bons souvenirs comme notre premier Ninkasi Kao avec Dandelyon, des rencontres pleines de vies avec Médiatone, un regard aimant avec les nouveaux groupes qui sortent et qui commencent à nous voir comme des papas, dix ans c'est long. Après tu as les regards plus moroses des difficultés de


43 groupe. Le temps qui coule tout doucement alors que tu as envie que ça explose, les galères des tournées ou personnelles, les déceptions. Vivre une expérience de dix ans collés les uns aux autres, ça offre des milliards de possibilités. C'est comme une famille, avec ses joies, ses déceptions et ses petits secrets, mais la vision est plutôt inoubliable !

Peu de groupe arrivent à tenir la distance, et ceux qui y arrivent finissent par avoir du mal à garder une telle qualité de composition. Comment l'expliquez-vous ?

E

n fait il faut dire qu'on n'a pas une cadence de composition extrêmement rapide. En cinq ans on a fait deux albums. Certes le nombre de chansons créées est beaucoup plus grand. Entre Runfast et French beauté on a dû composer une quarantaine de morceaux. Du coup ça a tranché. Et on a dû prendre des décisions et surtout une direction. Je pense que le fait qu'on soit tous d'horizons différents, pop, rock, classique et jazz, ça donne une certaine largesse dans les choix que l'on fait. J'espère que ça continuera ainsi, c'est un grand compliment que tu nous fais là !

Quelles sont les motivations qui vous poussent à continuer à parcourir les routes et vous enfermer en studio ?

L

e partage avec le public. On est avant tout un groupe de scène. On a commencé ainsi et c'est là qu'on se retrouve vraiment, même humainement. Les moments où l'on ne se voit pas sont rares, mais quand cela arrive, ou que le temps est à la pluie, la scène ravive toujours la flamme ! Après pour le studio, cet album nous y a redonné goût. Pour une fois on a eu le temps d'expérimenter, de changer, et de poser les choses. Un tel confort te fait prendre

conscience de toutes les possibilités qui s'offrent à toi, et l'envie d'y retourner se fait vite ressentir. On a encore plein de choses à tenter, c'est infini !

Selon vous, le rock est-il mort ?

Lorsque vous repensez à vos désirs et rêves adolescents, pensez-vous avoir accompli votre mission ?

N

on,sinon on ne l'entendrait pas partout à la radio, il mute, voilà tout !

J

e ne pense pas, la réalité est plus sordide… Mais si l'on regarde en arrière avec le point de vue de maintenant, on est très fiers de ce qu'on a fait et je pense qu'on le referait sans hésiter, même si les galères sont plus nombreuses que les moments de joies extrêmes. Ca reste toujours un rêve. Le fait de pouvoir continuer et d'évoluer, c'est aussi ce qui nous fait vivre, même si maintenant la réalité nous rattrape petit à petit.

D

Être un groupe de ire quelque rock Lyonnais, chose, si on ça veut dire devait y mettre un quelque chose mot, j'en sais rien. pour vous ? Mais on y est très attaché, c'est la scène qui nous a vu et fait grandir avec toutes les personnalités qui y cohabitent. On ne cacherait pour rien au monde le fait qu'on est de Lyon, ce qu'on souhaiterait, c'est la faire grandir et que les gens s'y intéressent un peu plus. Mais bon, ça vient, il y a Laurent Lamarca, le Transgunner ou les Minf qui prouvent que l'on peut y arriver et qui jouent les têtes de fil plus tous les groupes qui se bougent pour faire vivre cette scène. C'est un plaisir affectif d'y participer.

On entend de part et d'autre qu'il existe une crise du disque. Comment percevez-vous cette crise en tant que groupe ? Est ce que cela a changé votre perception du milieu ?

L

a crise du disque… Oui certes, ça fait quelques années que ça dur déjà. Pour un groupe comme nous, qui est très loin d'être un grand vendeur de disque, on ne peut pas dire que ça nous touche vraiment. Les tirages ne sont pas énormes, French beauté a été tiré à 1000 exemplaires et la vente se fait surtout sur les concerts. Sur ce point là, on a jamais autant vendu que ces derniers temps. Je pense que cette " crise " pèse surtout sur la production. Il est difficile aujourd'hui de trouver quelqu'un qui est près à prendre des risques pour produire un album. Les disques ne se vendent plus, et pourtant, le système autour peine à changer. Produire un disque coûte toujours aussi cher, et pourtant, les moyens de revenir sur l'investissement sont toujours les mêmes. Les pourcentages de répartition n'ont pas changé. Il faut trouver l'argent ailleurs. Je pense que tout cela, au niveau des structures avec qui l'ont travail demande pas mal de débrouille, d'adaptation, parfois de sacrifice. Nous avons la chance de travailler avec des passionner, et fort heureusement, ça permet de continuer de faire de la musique et de la diffuser, même si ça reste une guerre de tous les jours.

www.fakeoddity.fr DISCOGRAPHIE 2012 : French beauté Médiatone / Yes Music 2008 : Runfast Médiatone / Muzikotek 2005 : Pinkstrasse Autoproduction


musique

dossier musiques actuelles

Triste Sire

Trio formé au début du siècle à Lyon autour de Johannès (  chant et basse  ), Mike (  guitares et piano  ), et Rudy (  batterie  ). Triste Sire a fêté son douzième anniversaire en avril 2012, avec trois disques, environ trois cent concerts, une première partie des Cure, une Découverte Printemps de Bourges, une participation à l'organisation d'un sommet anti G8, un Olympia, cinq clips, beaucoup de maquillage égaré dans les salles de France, une tentative de viol d'un fan sur le chanteur, une chute du même chanteur dans la fosse depuis la scène, une maison ravagée, un camion brûlé, des félicitations de Jacques Higelin, Jean-Louis Foulquier, Christian

Décamps, Jean Fauque et Tim Blake, beaucoup de fausses rumeurs sur leur compte, une tonne de belles rencontres, des litres de whisky engloutis pour un paquet de neurones en moins mais surtout… de la poésie, beaucoup de poésie.

B

Plus de dix années eaucoup de sur le devant de la neurones scène rock lyonen moins ! naise et française, Le groupe ça apporte quoi ? ne s'est pas imposé dès le début, il a fallu beaucoup de travail et de patience pour atteindre le niveau de maturité que nous avons atteint ces dernières années. C'est vrai aussi que nous avons eu la chance de faire de très belles rencontres durant notre parcours, je


45 pense notamment à Philippe Albaret, un coach scénique qui te secoue au plus profond de toi et te fait entrevoir les possibles de cet art appelé "spectacle vivant», il te fait prendre conscience que sur scène tu es un être tout puissant et il t'apprend à te servir de cet avantage. Pour être tout à fait honnête avec toi, au début du groupe j'avais honte de ce que nous proposions sur scène, j'avais envie de vomir. Mais à l'époque nous voulions tellement monter sur scène qu'il était inconcevable pour nous d'attendre d'être vraiment prêt. En fait, avec le recul, je pense que nous avons eu raison. Mais la personne la plus importante de l'histoire du groupe est sans doute notre ingénieur du son Stéphane Terris. On l'a rencontré un peu par hasard dans un bar de Lyon au début du siècle. Avec lui nous avons vraiment grandi et appris à jouer tous ensemble, ce qui est sans doute le plus difficile dans la musique.

Vous faites partie de ses groupes apparus au début des années 2000, que l'on a aperçu dans tous les petits cafés-concerts quasi clandestins de Lyon. Quel fut votre sentiment lorsque vous êtes montés sur les planches de l'Olympia en 2010 ?

J

e suis par nature un nostalgique donc penser à tout ce qu'on a pu faire par le passé à tendance à me faire flipper. Je crois que nous étions complètement insouciants, un peu fous. Quand tu joues dans un groupe de rock tu ne sors jamais vraiment de l'adolescence. Monter sur les planches de l'Olympia fût sans doute le moment le plus émouvant de notre carrière, mais en même temps nous ne nous sommes pas pris la tête avec ça, on a fait ce qu'on savait faire : jouer et s'éclater.

Peu de groupe arrivent à tenir la distance, et ceux qui y arrivent finissent par avoir du mal garder une telle qualité de composition. Comment l'expliquez-vous ?

J

e ne sais pas si nous avons atteint une vraie qualité de composition. Ce qui est sûr c'est que nous avons en nous une énorme frustration par rapport à la production sonore dont nous avons toujours rêvé avoir et que nous n'avons jamais vraiment réussi à toucher. Un peu comme la quête d'un absolu. Pour atteindre cet état de grâce il ne suffit pas de simplement savoir bien écrire, il faut aussi savoir s'entourer et se donner les moyens d'être à la hauteur de ce genre de projet. Il n'en reste pas moins que nous avons sorti trois albums et que nous en sommes très fiers, chaque disque a son histoire. Et pour répondre à ta question je dirais que vouloir conquérir le monde par son art est avant tout une affaire de rêve et de certitude.

Quelles sont les motivations qui vous poussent à continuer à parcourir les routes et vous enfermer en studio ?

P

artir sur la route est une aventure fabuleuse, et une histoire humaine avant tout. On rencontre beaucoup de gens, souvent d'horizons différents, on visite plein de villes, on se remet aussi en question chaque soirs. Personnellement j'ai toujours rêvé d'une tournée de 365 jours. Je me souviens encore de mes quinze ans où je bavais littéralement sur la pochette de Life After Death, de Maiden, où toutes leurs dates étaient inscrites dans le livret, plus d'un an et demi de tournée, le rêve… Le studio c'est différent. Serein et passionnant si tu es prêt, un enfer si tu ne l'es pas, nous avons vécu les deux.

Lorsque vous repensez à vos désirs et rêves adolescents, pensez-vous avoir accompli votre mission ?

N

Vous avez réussi à garder un line-up quasi identique à celui des origines ( seulement des changements de batteur ), un secret ?

R

Selon vous, le rock est-il mort ?

L

on, elle le sera quand le groupe se sera produit au Madison Square Garden. Ou alors quand nous aurons sorti vingt albums.

udy est notre troisième batteur oui. En général quand un nouveau musicien arrive dans le projet il est persuadé que nous sommes de vrais connards, ne me demande pas pourquoi. En fait nous le sommes vraiment mais avec les années nous avons appris a le cacher. Plus sérieusement je crois que la raison principale se cache dans le fait que nous avons toujours placé l'humain avant tout. C'est à la fois notre force mais aussi notre faiblesse. e rock ne sera jamais mort, il évolue mais il ne meurt pas.

P

our moi oui, Être un groupe de rock Lyonnais, je suis un fan ça veut dire inconditionnel quelque chose de Bâstard ! Et pour vous ? je crois savoir que Mike aime beaucoup High Tone, bref, on apprécie énormément la scène lyonnaise, et nous sommes fiers d'en faire partie.

www.tristesire.com DISCOGRAPHIE 2010 : Le Prince Illusion Ariok Records 2008 : Attache-moi Ariok Records 2003 : Allons, enfants… Ariok Records


musique

dossier musiques actuelles

PORN

Formé à Grenoble au début des années 2000, le groupe phare de scène rock industriel française a posé ses valises à Lyon il y a maintenant dix ans. Malgré un patronyme provocateur, derrière ce projet se cache une profondeur et une réflexion sur notre monde qui porte le groupe dans une dimension à part de la scène musicale française car la musique de Porn éclaire nos sens et sonde notre âme pour y chercher la substance de notre humanité. Sans concession, le groupe nous délivre une vision du monde à mille lieux des conventions et du politiquement correct. Ici il n'est pas question de plaire ou de charmer. Leur dernier album From the void to the Infinite est une œuvre qui se vit comme une quête. Une quête du sens dans un monde où l'obscénité a changé de camp. Dans un monde standardisé ou le mimétisme est de rigueur, l'obscurantisme a pris une nouvelle forme. La quête du sens, le questionnement est désormais obscène. Le nom du groupe prend ainsi, à nouveau tout son sens.

U

Plus de dix années n peu de sur le devant de la fierté ou de scène rock lyonsatisfaction, naise et française, peu être… ça apporte quoi ? Mais le plaisir d'être encore là dix ans après c'est certain. La fierté d'être dans un projet musical et artistique 100 % indépendant et toujours à peu près clandestin, hors du système. Nous n'avons pas le sentiment d'avoir été sur le devant d'une quelconque scène. Porn a toujours été un électron libre, non classifiable et insaisissable pour les medias aux idées courtes, un véritable groupe souterrain. Mais il est vrai que nous avons vu pléthore de groupes se créer et mourir, ainsi que de nombreux magazines musicaux

U

Quel regard portezn regard lucide vous sur principalement. ses années ? Nous sommes tous heureux du travail accompli : les albums, les concerts, les rencontres. Lors de notre première tournée en Europe ( Allemagne et suisse ) nous avions tout juste une vingtaine d'années. Je me souviens qu'à l'époque, juste avant cela, tout le monde autour de nous presque sans exception nous affirmaient que l'on n'arriverait à rien, que c'est trop dur, qu'il y a déjà trop de groupes de musique… C'est toujours comme cela, les autres disent toujours que c'est impossible. Notre détermination les fait encore mentir.

S

S'appeler Porn, ans l'ombre dix ans après, d'un doute. On est-ce que ça a nous a maintes fois toujours un sens ? demandé " pourquoi


47 un tel nom ? ". Certains pensent que c'était du marketing, du genre : " le nom est tellement choquant que cela va nous amener aux portes de la gloire ". Encore une fois, désolé de décevoir tout le monde mais il ne s'agit pas de cela. Essayez donc de nous trouver sur le net en tapant " porn " dans Google ! Imaginez donc un présentateur TV citer le nom de notre groupe à l'antenne… Au début, il est vrai qu'il y avait de cette insolence adolescente, un désir de choquer. Utiliser un terme fort comme patronyme afin de susciter une réaction. Une réaction quasi viscérale : curiosité, dégoût, attraction. Je voulais que les gens soient d'emblée interpellés. Puis derrière ce nom simple mais quelque peu choquant il y avait des références, des clins d'œil. On peut y voir une référence à l'album Pornography de The Cure par exemple. L'une de mes influences musicales principales. Il y avait aussi l'envie d'avoir un nom fort et cru à l'image de ce que je voulais faire passer dans la musique. Comme l'envie de se mettre à nue, aller au bout des choses. " Poser ses tripes sur la table " comme le disait si bien Céline. Au fil du temps, j'ai l'impression que ce nom prend de plus en plus de sens. Montrer des seins à la télévision ou dans des magazines est devenu si commun. Le sexe est omniprésent, marketé à l' extrême, c'est comme si la notion d'obscénité avait évolué, changé de camp. A un moment où en tant qu'artiste nous cherchons à explorer les sens, trouver des réponses au sens de la vie et de la mort, de l'humanité, se questionner sur le sens de la réalité comme dans notre dernier album. Finalement on se retrouve en décalage complet avec le monde. Comme si désormais se poser des questions, essayer de comprendre le monde et apporter un regard critique était obscène. Finalement oui. Notre nom : Porn a encore plus de sens.

Quelles sont les motivations qui vous poussent à continuer à parcourir les routes et vous enfermer en studio ?

B

Selon vous, le rock est-il mort ?

D

eaucoup de gens nous demande si nous vivons de la musique. Oui littéralement nous en vivons. Elle nous fait vivre, vivre. N'est pas une raison suffisante la Vie ?

éfinitivement. Si l'on pense au rock dans sa fonction subversive. Oui sans aucun doute. Il serait naïf de penser le contraire. Un des derniers groupes de rock en France fut certainement NTM dans le début des années 90 ( avant de sombrer dans la collaboration la plus misérable ). Si l'on dépouille le rock de sa substance subversif, on se retrouve face un ersatz de variété qui feint la rebelle attitude. Surtout à une époque où la rebelle attitude est devenu un moyen d'asservissement et de soumission à la société de consommation. Un peu à l'image de cette vielle campagne de pub Marlboro avec un cowboy symbolisant la liberté. Je fume donc je suis libre. Plutôt habile lorsqu'on commercialise un produit à forte dépendance. Il faut relire Debord, Michéa ou Clouscard pour comprendre cela.

N

ous sommes Être un groupe de rock Lyonnais, tous attachés ça veut dire à cette ville pour quelque chose diverses raisons. pour vous ? Mais malheureu-

On entend de part et d'autre qu'il existe une crise du disque. Comment percevez-vous cette crise en tant que groupe ?

J

e ne pense pas qu'il y ait de crise dans l'industrie de la musique. Certes les ventes d'albums diminuent. Mais au profit d'autres types de ventes liées à la technologie numérique. Les grosses maisons de disques et les majors augmentent de manière considérable leur revenu grâce à la dématérialisation de la musique. Youtube a passé dernièrement des accords avec l'ensemble des majors du disque à propos de ce qu'ils appellent la monétisation des visionnages. C'est à dire que les majors seront rémunérés chaque fois qu'un clip est visionné. Bien entendu ce n'est pas youtube qui paye mais l'annonceur dont la pub apparaît à côté de l'artiste ou avant le clip. Encore une fois les majors et les gros labels trouvent un moyen de se remplir les poches aux détriments des artistes. Le plus affolant c'est que les artistes indépendants peinent à trouver des financements pour leurs projets alors que ces grosses structures se font financer par l'État et la région leur sortie d'album, sous prétexte d'aide à la création ! Le plus désolant dans cette histoire est que vous trouverez toujours des artistes ou des groupes pour défendre ces majors et gros labels qui pourtant, les exploitent et les empêchent d'exercer leur Art. On est en face d'un syndrome de Stockholm à grande échelle.

sement non. Pas tant que ça.

www. porntheband.com DISCOGRAPHIE 2011 : From the void to the infinite Freaksound Music Mvs Distribution / Black Rain Media 2009 : A decade in glitter and danger Freaksound Music / Black Rain Media


musique

dossier musiques actuelles

Doctor Pepper's partager sur scène avec le public. Je joue beaucoup sur le second degré des textes, et la construction d'un univers imaginaire et loufoque où je peux y exprimer mes idées d'une manière très imagée et avec de l'auto-dérision. On est à mi chemin entre le disco, le punk, le rock, on va à l'essentiel dans cette énergie sans trop faire de détours.

O

Après déjà deux n a beaualbums et plusieurs coup concerts, quel travaillé regard portez-vous ces trois sur ce début de dernières années parcours ? pour produire ces deux EP, l'artwork, travailler l'aspect scénique, les concerts, la promotion, etc. Il y a d'autant plus de travail que nous sommes en autoprod. Avec le recul on est content de notre parcours, ça prend du temps pour essayer de proposer des choses cohérentes pour le public et les professionnels et le plus difficile est de gérer son impatience, les moyens financiers, etc mais on se construit et passe des caps au fur et à mesure et c'est ça qui est intéressant dans l'évolution d'un projet.

L

e style est Comment décririez-vous votre résolument univers musical ? rock, pêchu, on mise beaucoup sur l'énergie communicative. Il y a beaucoup de chansons entraînantes et dansantes, c'est ce qu'on cherche à

L

yon est notre Être un groupe de rock Lyonnais, ville d'adoption ça veut dire car aucun de nous quelque chose 3 n'est natif de pour vous ? Lyon. Mais cette ville a été importante pour chacun d'entre nous. Être aujourd'hui un groupe lyonnais actif sur la scène locale et régionale est quelque chose dont nous sommes fiers. Se dire qu'on contribue à la diversité culturelle de la ville également.

S

e débrouiller Quelles sont les principales seul est quelque difficultés rencon- chose qui n'est trées dans la vie pas évident au d'un jeune groupe ? quotidien, d'autant plus quand on est un groupe qui a une ambition professionnelle. C'est à dire que l'on doit tout gérer de A à Z de la composition des morceaux, aux démarchages promotionnels, gérer un budget, trouver des lieux pour se produire, travailler le spectacle, le visuel, le studio, la logistique etc. C'est comme devoir gérer une petite entreprise et tout le travail " d'à côté " peut parfois nous éloigner de la musique à proprement parler ce qui est assez

paradoxal. Intégrer ou être soutenu par des structures professionnelles est une difficulté majeure, mais c'est une nécessité pour pouvoir évoluer. Dans la mesure où nous sommes en autoproduction, nous ne sommes pas encore confrontés à ce problème parce que nos productions sont surtout à but promotionnel pour nous faire connaitre. On est pas dans une logique de vente à grande échelle pour l'instant donc j'ai

La crise du disque ça vous parle ?

S

eulement un avis en tant que spectatrice sur le sujet. Je pense qu'il y a un circuit indépendant dans lequel les artistes peuvent se développer et s'en sortir sans pour autant vendre des millions de disques. C'est pas tant la crise du disque qui me parle, mais plutôt le climat de crise en général, les gens n'ont pas d'argent. Dépenser 15 Euros pour un douze titres ou en payer 30 pour une place de concert ce n'est pas à la portée de tout le monde. Si les gens ont trouvé une solution alternative pour se cultiver : achèter ou télécharger des MP3 au lieu d'acheter un CD ou écouter en streaming et que ça les incitent à se déplacer en concert, ok. Il faut se demander si les artistes font de la musique pour devenir riches ou si c'est autre chose qui les pousse à faire ça.

myspace.com /doctorpeppers

DISCOGRAPHIE 2012 : The Neverending Story Outside production 2010 : Carrot cake Outside production


musique

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dossier musiques actuelles

Taïni & StroNgs

N

ous avons Après quelques années et un eu un début premier disque, de parcours quel regard porteztrès positif. vous sur ce début Très rapidement, de parcours ? nous avons été soutenu par Mediatone et Birdy Birdy Partners ce qui nous a donné l'occasion de faire de belles premières parties comme Jamaïca, Imany, et de fêter nos un an d'existence au Transbordeur en première partie de Nina Hagen. Nous avons fixé la priorité sur le travail scénique qui est essentiel pour nous lors de résidences mais aussi en essayant de jouer le plus souvent possible. Si le travail du live est pour nous une priorité on a également enregistré rapidement un EP cinq titres dont nous sommes fiers et qui s'est bien vendu sur les dates.

T

Comment aïni & StroNgs décririez-vous est une famille votre univers ? qui réunit cinq entités très différentes. Cette alliance d'univers variés est une grande force pour nous car nous nous apportons mutuellement beaucoup et cette diversité crée un climat propice au développement d'un projet artistique. En ce qui concerne la musique, les mots qui nous viennent spontanément sont éclectique, punchy et énergique. Taïni & StroNgs allie une pop anglo-saxonne teintée de sonorités électro, le tout soutenu par un basse/bat très rock.

Comment êtesvous structuré au sein du projet en matière d'organisation, est-ce très cadré ou plutôt free ?

D

epuis le départ, Taïni & StroNgs est complètement autogéré par les cinq membres du groupe. Une équipe est en train de se former autour de nous seulement maintenant pour nous aider dans notre développement. On lui délègue des tâches bien précises mais les décisions finales sont toujours prises par nous cinq.

O

ui évidemÊtre un groupe de rock Lyonnais, ment. Nous ça veut dire faisons partie d'un quelque chose microcosme de pour vous ? groupes amis et que l'on estime. Il y a une réelle solidarité entre les groupes Lyonnais. Elle est d'ailleurs bien visible sur scène quand on se retrouve sur des co-plateaux avec un autre groupe de Lyon. Etre estampillé groupe de rock Lyonnais est pour nous une fierté et un gage de qualité aux vues des autres groupes qui nous entourent sous cette bannière.

À

court terme Quels sont les projets à court terme comme on l'a et long terme ? énoncé plus haut, on fait une réédition de l'EP qui comprendra en plus un clip et une sortie numérique de celui-ci. Nous préparons la sortie de notre premier album courant 2013. Sinon nous espérons pouvoir faire plus de concerts car c'est ce que l'on défend en premier lieu.

On entend de part et d'autre qu'il existe une crise du disque. Comment percevez vous cette crise ?

B

ien évidemment c'est quelque chose dont nous avons pleinement conscience. Cela a modifié la perception de notre métier et la façon d'en vivre. Aujourd'hui vivre de ce métier là est encore plus compliqué à cause de cette crise. On ne peut désormais plus compter sur la vente de disque, du moins elle est minime. Un groupe en développement, tel que le notre, n'est pas touché directement car nous ne sommes ni signé, ni distribué, mais nous vivons et vivrons grâce aux concerts, d'où l'importance d'en faire un maximum, et que les gens se déplacent aux concerts. Et c'est en partie ce pourquoi on met l'accent sur le live.

myspace.com /tainiandstrongs DISCOGRAPHIE 2011 : EP Taïni & Strongs Autoproduction


musique

dossier musiques actuelles

brice et sa pute

P

Vous arpentez les ar rapport scènes depuis à ce quelques années projet, déjà, quel regard je suis portez-vous sur ce sujette début de parcours ? à un strabisme divergeant, un œil sur le passé un œil sur l'avenir. Ce n'est pas vraiment un début de parcours pour nous, ça fait cinq ans qu'on s'empoisonne la vie avec ces conneries, mais c'est vrai que par rapport à Metallica ce n'est rien. On a fait pas mal de choses depuis 2008 et maintenant on attend les fruits qui tomberont de l'arbre planté avec cet album, un prunier je crois…

S

i j'avais à le Comment décririez-vous l'univers décrire, j'y atypique et singu- réfléchirai sûrement lier du groupe ? à deux fois, le sujet est tellement délicat… J'imagine que je parlerai de la guerre 39-45, de l'Allemagne, et de la frigidité qui s'installe chez certaines femmes après leur première grossesse. Ou l'inverse. Je pense que je prendrais ces axes de pensées pour commencer.

"Brice et sa pute", vous êtes sérieux ?

T

rès. Pour le constater, il suffit d'enregistrer nos réunions, de nous voir aux balances, de nous voir dans un camion, de nous voir en répétition… C'est déprimant. Nous prenons très au sérieux de faire cette grande mascarade. On travaille dur pour avoir la connerie. Et puis au-delà de ça, je pense vraiment que

c'est important ce que l'on fait, il n'y a aucun second degré dans tout ça, c'est le monde qu'est pourri, pas nous.

A

Être deux dans un vantages : plus groupe, avantages de place dans et inconvénients ? le camion, dans les endroits où l'on dort. Inconvénients : on s'emmerde et du coup on s'entoure d'autres gens ce qui annule l'avantage précédemment cité et impose l'achat du dit-camion

N

Prostitution et ous sommes musique, ca prêts à tout vous évoque pour réussir, on quelque chose ? ferait n'importe quoi pour que notre album déclenche des marées de sensations. Mais une prostituée, elle, n'est pas prête à tout: elle ne fera que ce qu'elle sait faire. Jamais il ne lui viendra à l'idée de faire une poêlée de saint jacques pour obtenir des deniers, non. Alors que nous oui. C'est pourquoi je pense que nous sommes bien plus que des prostituées : nous sommes des gens motivés ! C'est sans limites, c'est vraiment dégueulasse…

N

Être un groupe on. À part le de rock Lyonnais, fait qu'on a cela a-t-il un écumé pas mal de sens pour vous ? salles dans cette bourgade et ses alentours… J'imagine que si j'habitai à Tremblay-les-gonesses, j'aurai fait mes premières joutes au Denise's paradise et au blue kitchen, comme ici on les a faite aux capucins et au trokson.

E

La crise du h bien elle n'a disque, comment jamais fait la vivez vous ? partie de notre vie. C'est notre premier vrai disque. Des gens vont l'acheter. Sûrement. Pas beaucoup. Mais quand-même. Une crise ça se vit dans une continuité, là, c'est neuf. Ce n'est pas une crise c'est une naissance. Parlons donc d'un cri tout court voulez-vous ? Un cri de nouveau-né…

myspace.com/ briceetsapute DISCOGRAPHIE 201O : DVD Brice et sa pute te regarde Autoproduction 2008 : Supervice Funky Politician Autoproduction



La BÉDÉ

Ultra Jaimie


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Vous souhaitez être publié dans l'incontournable magazine ? Envoyez vos bédés à : contact@lincontournable-lyon.fr


La BÉDÉ

Milly Chantilly : Confessions d'un canard sex-toy, Préliminaires. Éditions Ankama

Dame nature Glaglagla poursalut, certains, avril, sigmund ! c’est la saison des amours... ça va ?

Ca doit Ca doit Ca être Ca doit doit Ca la ça doit être la être la Ca doit Ca fièvre...?! doit la êtreêtre la fièvre...?! être lafièvre...?! Ca doit être fièvre...?! fièvre...?! fièvre... ?!la fièvre...?! être la fièvre...?! fièvre...?!

Nan, je sais pas ce que j’ai... je dois couver quelque chose.

regarde, regarde, regarde, je regarde, tremble ! regarde, regarde, je je tremble je tremble tremble !!! je je tremble tremble ! !

j’ai froid... Brrr... un froid de canard.

moi, c’estjetoute pense l’année... juste que t’es un sex-toy bloqué en mode vibreur !!!

y a plus de saison. tout fout l’camp !

sur une idée d’Enny

Protection Encore unerapprochée victoire de canard elle m’aime trop !!!

une vraie mère poule...

elle me bichonne, prend soin de moi tout le temps.

Pfff !!! parfois même... tu te comportes elle me couve ! comme tous les hommes après avoir fait l’amour...

19 7

c’est pas facile à vivre...


55 Littérature SALUT, sigmund.

TIENS ! ENCORE EN TRAIN DE BOUQUINER.

SALUT.

TU LIS QUOI ?

L’EXISTENTIALISME ?

BEN...

JE REGARDE JUSTE MON ALBUM DE FAMILLE...

EN FAIT ?

LES PENSéES PHILOSOPHIQUES ?

LA LOI DE LA NATURE ?

29

Chattrape-moi si tu peux Confession_canard_sextoy_OK.indd 29

Dream

in, co n ! i o c

coin ! coin coin , !

miaou, miaou !!!

coin !

?

bien tenté... mais n’essaie pas de changer de conversation.

14/11/12 17:34


Agenda Théâtre & spectacles suivez le guide ! 02

03

© Marikel Lahana

01

Du MER. 09 au MER. 16 janvier Communiqué N°10 Théâtre De Samuel Gallet, mise en scène de Jean-Philippe Albizatti • Théâtre les Ateliers — Lyon 2e theatrelesateliers-lyon.com Vendredi 11 Janvier La Mouette 01 Théâtre Mise en scène de Christian Beneditti • 20h30, Théâtre Jean Marais 69190 Saint-Fons theatre-jean-marais.com Du sam. 12 au ven. 18 janvier Festival Ré-génération # 7 Théâtre • Théâtre Nouvelle Génération — Lyon 9e tng-lyon.fr Du MAR. 15 au SAM. 26 janvier Que faire ? Théâtre Texte de Jean-Charles Massera et Benoît Lambert • Théâtre de la Croix-Rousse croix-rousse.com du sam. 12 au LUN. 28 janvier Cahier d'un retour au pays natal Théâtre D'Aimé Césaire par la compagnie Persona • Théâtre des Marronniers — Lyon 2e theatre-des-marronniers.com

du MER. 16 au VEN. 18 Janvier Thank you Faust Théâtre Mise en scène Mathieu Grenier et Aurélien Serre Cie l'Atelier Vipère • 20h30 Le croiseur — Lyon 7e scene-7.fr jeu. 22 et ven. 23 janvier Love and Money 02 Théâtre De Dennis Kelly 20h30 ( jeudi ) et 19h30 ( vendredi ) • Théâtre Astrée — Villeurbanne theatre-astree.univ-lyon1.fr Mar. 29 et mer. 30 janvier La maladie de la mort Théâtre De Marguerite Duras Compagnie Max Eyrolle • Théâtre Astrée — Villeurbanne theatre-astree.univ-lyon1.fr du 29 janvier au 13 février Sœur de… Théâtre Mise en scène d'Emilie Joumard Compagnie Mangez moi • Théâtre des clochards célestes clochardscelestes.com Du 30 janvier au 02 février Käfig brasil Danse Création de danse franco-brésilienne Compagnie Käfig / CCN de

Créteil et du Val-de-Marne • Espace culturel Albert Camus albertcamus-bron.fr Mercredi 6 février L'épreuve Théâtre De Marivaux • 20h30, Théâtre Astrée — Villeurbanne theatre-astree.univ-lyon1.fr du mer. 06 au LUN. 18 février Prenez soin de vous pour moi Théâtre D'après François Joly Compagnie Le Radeau • Théâtre des Marronniers — Lyon 2e theatre-des-marronniers.com Vendredi 1er février Bienvenue dans le nouveau siècle doktor Freud Théâtre D'après " le cas Dora "  Sabina berman, Guy Naigeon, Compagnie les Trois-huit • Nouveau théâtre du 8e — Lyon 8e nth8.com du LUN. 04 au SAM. 09 février Festival Sang neuf 03 Théâtre • Théâtre les Ateliers — Lyon 2e theatrelesateliers-lyon.com Du MER. 06 au DIM. 17 février Phèdre et autre grec Théâtre Compagnie les Trois-huit • Nouveau théâtre du 8e — Lyon 8e nth8.com


57

4 > 9 FÉVRIER 2013 04

... IDéO, PhOTO M US IqU E, v , E IR ES ! TA N E S D ISCIPLI N DOCU M E à D’AUTR E TT O FR E S éâTR E qUAN D LE Th

Du MER. 06 au SAM. 23 février Les paysans de la Farce Théâtre D'après les farces du Moyen-âge La compagnie de l'Iris • Théâtre de l'Iris — Villeurbanne theatredeliris.fr du JEU. 07 au ven. 22 février Everest Théâtre Mise en scène Nino d'Introna Texte de Stephane jaubertie • Théâtre Nouvelle Génération — Lyon 9e tng-lyon.fr

FE STIvAL FAM ILY CI - WINTE R R U D B M LO P OU ILLI E R JéR USALE M G RéGOIR E B I O M R U S RAPPORT N N IS KE LLY DéB R IS - D E R D LEvé AIT - éDOUA AUTOPORTR

Vendredi 8 février Aucun homme n'est une île 04 Théâtre De Fabrice Melquiot • 20h30, Théâtre Théo Argence theatretheoargence-saint-priest.fr Mar. 12 et Mer. 13 février Variations sur le modèle de Kraeplin Théâtre Compagnie Anteprima • 20h30, Espace culturel Albert Camus albertcamus-bron.fr du MAR. 12 au DIM. 17 février L'empereur d'Atlantis Opéra Viktor Ullmann • Théâtre de la Croix-rousse croix-rousse.com Du LUN. 18 au JEU. 21 février Un chacal, des chamots ? Théâtre Mise en scène de Claire Truche • Théâtre Astrée — Villeurbanne theatre-astree.univ-lyon1.fr

on.com

lesateliers-ly

5, rue Petit

2 Lyon Tél.

David 6900

eatre 30 www.th 04 78 37 46


musiques / concerts

CRYSTAL CASTLES. © LUKE DYSON PHOTOGRAPHY 2010

01

mardi 08 janvier Liszt - Via Crucis Musique classique, chœur • 20H00, Auditorium — Lyon 3e solisteslyontetu.com À partir du mar. 15 janvier Les Journées GRAME Musique contemporaine et plus encore grame.fr du mer. 16 au dim. 20 janvier Festival Uncivilized Arts numériques, électro, hip hop… Lowkey & Kardinal, L'animalerie, 5 Keys Kds, The Architect, Beam'Art, Vj Zero… • Marché gare / Toï Toï / Les Valseuses Dikkenek / Spacejunk / H+ axiome-asso.com du jeudi 24 janvier au vendredi 1er février SAINT-FONS JAZZ FESTIVAL • 69190 Saint-Fons saint-fons-jazz.fr Vendredi 1er Février Péchés D'Italie Rossini, Piccini… Musique classique, chœur • Nocturne au Musée des Beaux-Arts solisteslyontetu.com vendredi 1er Février CRYSTAL CASTLES 01 Electro-clash • 20H00, Transbordeur — Villeurbanne transbordeur.fr


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expositions / événements 01

02

Samedi 02 Février KICKING FESTIVAL Punk, noise Sleeppers, Hellbats, Mastervoice • 20h30, Clacson — Lyon 3e clacson.fr mardi 12 février L'Art des Castrats 1 Musique baroque Max Emanuel Cencic • 20h00, Chapelle de la Trinité — Lyon 2e lachapelle-lyon.org Jeudi 14 Février les NUITS DE L'ALLIGATOR 02 Blues garage, punk, folk pop Gallon Drunk, Molly Gene one woman band, Houndmouth • 20H30, Clacson — Lyon 3e clacson.fr Vendredi 15 février Rock glam The Heavy, The Skins, The Computeurs • 20H00, L'Épicerie Moderne — Feyzin epiceriemoderne.com Dimanche 17 février Miserere, Allegri Magnificat, Pärt Musique baroque • 17h00, Chapelle de la Trinité — Lyon 2e Samedi 23 février Concert Reggae Régional # 2 Jah gaia, Christophe Rigaud, Doctor Lass & Amiair • 19h00, MJC O Totem — Rilleux mjcrillieux.com

Jusqu'au 16 février Monument aux mains Exposition Jérémy Gobé Fondation Bullukian — Lyon 2e bullukian.com jusqu'au 02 février Chris MARS & Chet ZAR 01 Exposition Autour du travail de Zdzisław Beksinski • Galerie Spacejunk — Lyon 1er Du mardi au samedi, de 14h00 à 19h30 spacejunk.tv Jusqu'à Mai 18e siècle Exposition Du mercredi au dimanche de 11h00 à 18h30 • Musée Gadagne — Lyon 5e gadagne.musees.lyon.fr Vendredi 18 Janvier Epouvantable vendredi # 18 Projection [REC] ( 20H00 ) de Jaume Balagueró et Paco Plaza L'échine du Diable ( 22H15 ) de Guillermo Del Toro • L'Institut Lumière — Lyon 8e aoa-prod.com 19 janvier Le " bal d'hiver " Soirée Denis Plassard propose de courtes danses, sur un mode très ludique,

© Martin Wittfooth

© Chris MARS & Chet ZAR

04

que tout le monde peut reprendre. • 20h30, Studio Lucien — Lyon 8e. compagnie-propos.com SAMEDI 26 JANVIER Tu peux y aller seul Exposition • Maison du Livre, de l'Image et du Son Villeurbanne mediatheques.villeurbanne.fr Du 12 aux 24 février Oufs d'Astro Biennale du ciel et de l'espace Rencontre, Théâtre, séances de planétarium • 69120 Vaulx-en-Velin www.planetariumvv.com Du 12 au 19 Janvier Festival Un poing c'est court Cinéma, court métrage • 69120 Vaulx-en-Velin unpoingcestcourt.com Jusqu'au 30 mars Climat : à nos risques et périls ! 02 Exposition Les archives de Lyon — Lyon 2e du 07 février au 23 mars The New Romantics Exposition • Galerie Spacejunk — Lyon 1er Vernissage le 07 février à 18h30 spacejunk.tv


La mouette

Tchekhov / Benedetti Studio Théâtre d’Alfortville

... Ils sont tous magnifiques. Il faut se précipiter voir la TELERAMA Mouette.

11

vendredi janvier 20h30

BALLADES Jeux avec le grand siècle

Cie VIREVOLT - Cirque

Une ballade circassienne et insolite pour découvrir le théâtre autrement

Yves et Guy PRUNIER Cie le Temps des Uns le Temps des Autres

Une comédie passionnante à la rencontre La Corneille mouette des frères et de Charles Perrault Studio Théâtre d’Alfortville

8

vendredi février siecle Jeux avec le grand Yves et Guy Prunier

Ballades Cie Virevolt

20h30

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dimanche février 16h

tarifs 13/10/6 € Abonnement dès 2 spectacles theatre-jean-marais.com / 04.78.67.68.29


l'horoscope

Bélier

Taureau

Natif du premier, deuxième et troisième décan sachez que Léonard de Vinci est née le 15 avril 1452, cela vous fais une belle jambe. En revanche le Titanic coula également un 15 avril de l'année 1912. Gardez le moral et allez donc vous changer les idées en allant au théâtre !

Cette semaine vous serez d'humeur anticapitaliste. Vous célébrerez la naissance de Karl Marx le 5 mars. Coté argent, vous redistribuerez l'ensemble de vos revenue à un groupe bancaire. Car la solidarité n'a pas de prix.

Cancer

Vous avez de grande ambition, votre regard est orienté vers les plus hauts sommets. Vous avez raison, il n'y a de limite que le ciel. Sur les pas de Jacques Balmat et Michel Paccard vous repoussez vos limites comme ces derniers qui ont effectué la première ascension du Mont-Blanc le 8 août 1786.

Balance

Vous pétez le feu, rien ne vous arrêtes. Il est temps de sortir les pantalons pattes def, les paillettes et les strass. ABBA c'est formé un 1er novembre a Göteborg en suède. C'est pas la classe, ça ?

Capricorne

Natif du Verseau vous êtes née sous le signe de Cupidon, ce n'est peut être pas une coïncidence si la première greffe d'un cœur artificiel à eut lieu en février 1986 à l'Hôpital Broussais à Paris. Coté santé, un peu de course a pied ne vous fera pas de mal. L'agglomération lyonnaise regorge de rencontres sportives de ce type ouvert aux amateurs de tout niveau. Vous n'avez aucune excuse !

En hommage au photographe Fernando Pereira décédé le 10 juillet 1985 lors du plasticage du rainbow warrior, bateau de l'organisation écologiste Greenpeace, par les services secrets français dans le port d'Auckland en Nouvelle-Zélande : vous avez décidé de ne pas faire de plongée sous marine cet été.

Vous manquez de concentration, ressaisissez vous ! Ce n'est pas parce que l'agence nationale américaine de l'aéronautique et de l'espace à été crée le 1er octobre 1958 que vous devez être perpétuellement dans la lune !

Mettez la pédale douce sur le café et tout ce qui est excitant. Vous êtes survolté, et d'humeur indiciaire. Une étincelle et ce sera l'explosion comme le 4 janvier 1966 à la raffinerie de Feyzin. Allez donc vous changer les idées. Une ballade en foret vous fera le plus grand bien.

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Prédictions 100 % garanties

Lion

Scorpion

Verseau

Gémeaux

Vous êtes prêt à tout affronter. Il est tant de faire le grand saut ! Imaginez vous à pierre bénite le 12 juin 2009 dans la peau Salim Sdiri qui battit le record de France du saut en longueur avec un bond de 8,42 m, améliorant nettement l'ancien record ( 8,30 m ) détenu, depuis 1998, par Kader Klouchi.

Vierge

A mi vierge, il est temps de vous mettre au jiu-jitsu brésilien. Surtout si vous êtes né le 7 septembre : jour de la fête nationale brésilienne. Coté cœur: emmener votre amoureu( se ) x au restaurant, une invitation surprise sera du plus bel effet.

Sagittaire

Vous voulez vous réorienter professionnellement mais vous êtes dans le doutes ? Il n'est jamais trop tard pour se lancer ! Ni trop tôt… souvenez vous que Pu Yi devint empereur de Chine à l'âge de trois ans le 2 décembre 1908. Allez y ! Mettez la main à la pâte, vous apprendrez sur le tas !

Poissons

Amis poissons, vous vous sentez d' humeur rebelle et vous avez envie de montrer que vous en valez ! Faites donc comme Mary Shelley qui publia en mars 1818 son premier roman Frankenstein. Elle écrivit ce livre pour provoquer son mari qui affirmait qu'aucune femme ne pouvait écrire un ouvrage digne d'intérêt.

Pour toute réclamation, écrivez à www.gouvernement.fr, car l'avenir ce n'est pas une plaisanterie


La sélection incontournable

l' Voici notre sélection incontournable : une nourriture pour l'esprit et les sens. Un florilège de bonnes choses à lire, à écouter et voir. De belles choses au sens athénien du terme, c'est à dire le " Beau " comme ce accomplit au mieux sa fonction.

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object i f est de vous proposer d'autres perspectives et vous fêler amoureusement le crâne afin d'y laisser entrer la lumière. Nous avons fait le choix d'inclure dans cette rubrique des ouvrages et créations sans pour autant y adjoindre de notes. Au fond, il nous semble superficiel de vouloir expliquer notre choix. À vous de faire le reste du chemin et découvrir ces œuvres, sans oublier que ce ne sont là que des propositions. Bonnes lectures, bonnes écoutes et bons visionnages.

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L'encerclement Richard Brouillette

andoliado production / Les Films du Passeur Documentaire, 2012

PHÈDRE ET AUTRES GRECQUES

sylvie mongin-algan ximena escalante / les trois-huit DU 6 AU 17 févRiER NTH8 / NoUvEAU THéâTRE DU 8e 22 rue cdt Pégout lyon 04 78 78 33 30 www.nth8.com communication@nth8.com

WWW.encerclement.info

Chomsky & cie Olivier Azam et Daniel Mermet Les Mutins de Pangée documentaire, 2008

www.lesmutins.org

les nouveaux chiens de garde Gilles Balbastre et Yannick Kergoat jacques Kirsner, jem production documentaire, 2012

WWW.lesnouveauxchiensdegarde.com


jazz Les premiers frissons

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de l’année

Traum Philip K.Dick, le martyr onirique Aurélien Lemant

Éditions Le feu Sacré, essai, 2012

www.lefeusacre-editions.com

Hiver sur les continents cernés

F.J. Ossang

Éditions Le feu Sacré, poésie, 2012

www.lefeusacre-editions.com

Sur la télévision Pierre Bourdieu

Raisons d'agir éditions, 1996

www.homme-moderne.org

La fabrication du consentement : De la propagande médiatique en démocratie

Noam Chomsky et Edward Herman

Contre-feux / Éditions agone, 2008

www.agone.org

Jeudi 24 janvier Théâtre Jean Marais - 19h Jazz à l’Ecole et … Rue Désarchés Vendredi 25 janvier Théâtre Jean Marais - 20h30 1 ère partie : EYM TRIO Dmitry BAEVSKY 4tet Mercredi 30 janvier Théâtre Jean Marais - 20h30 CREATION !

Jeudi 31 janvier Théâtre Jean Marais - 20h30 J.C.RICHARD-E.PROST 5tet : "L'équilibre de Nash" Laurent de WILDE trio : “Over the Clouds” Vendredi 1 février Théâtre Jean Marais - 20h30 1 ère partie : ORTIE Flavio BOLTRO Quintet

Saint Fons


La sélection incontournable

r u o J s e né me a r g n o i t a é r c & e u q i mus mporaine conte 3 1 0 2 i a m 5 2 u a . 15 Janoncerts 6 c tacLes 4 spec sitions 2 expo yon s L – n o i 7e éditamme & info progrgrame.fr w w w.

É

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PleÏad Speech is Gold Rock — post-rock — métal

myspace.com/pleiad

Pethrol Black Gold trip hop — folk

soundcloud.com/pethrol

Plastic people Pink narcissus Post-punk — Rock

myspace.com/plasticpeoplefr


Courrier des lecteurs

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Témoignez, annoncez, vilipendez, encensez… cette page sera à vous

Vous souhaitez transmettre un message : Votre texte doit contenir au maximum 80 mots. Envoyez le à contact@lincontournable-lyon.fr

Dans le prochain numéro DISPONIBLE en MARS 2013

Zone Bis Le Feu sacré Les Journées Grame War Anyway Le discours de la servitude volontaire Gilles rochier la musique baroque et + encore

Y'en a marre d'être exploité, j'croyais qu'la presse était en crise… peuv'pas faire faillite comme les autres !

Ferme-la Gonzagues, la lutte des classes c'est fini… T'as pas une clope ?


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