Bulletin bois 148/2023

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Bulletin bois 148/2023 Economie circulaire

Primeo Energie Kosmos, Münchenstein

Maison du bois, Sursee

ELYS, Maison de la culture et des Arts et Métiers, Bâle Hangar pour l’entretien des stades aux Arbères, Meyrin Habitat partagé de Chauchy, Denens

Ressources préservées et recyclables: La ville de Meyrin, maîtresse d'ouvrage du nouvel hangar pour l’entretien des stades aux Arbères, a misé sur des matériaux écologiques et de réemploi, dont fait partie le bois. Architecture: FAZ architectes, Genève. Photo: Paola Corsini pour FAZ architectes, Genève

International Award for Wood Architecture

Ce prix, décerné par la presse internationale spécialisée dans le bois, est une distinction annuelle qui récompense des réalisations exceptionnelles dans le domaine de l’architecture en bois. Il vise à encourager le développement de solutions architecturales innovantes dans le domaine de la construction en bois. Parallèlement, il permet un échange entre les différents pays dans lesquels la construction en bois joue un rôle de plus en plus important. Les revues spécialisées Bulletin Bois (Suisse), Mikado (Allemagne), PUU (Finlande), Séquences Bois (France) et Trä! (Suède) proposent chacune trois projets réalisés au cours de l’année. Un jury composé de représentants des rédactions désigne ensuite le lauréat dans le cadre du ‹Forum Bois Construction› international. Le projet lauréat 2023 est présenté en dernière page de ce fascicule.

1 Rehausser l’existant: Le projet K.118 complète un entrepôt à Winterthour qui est à ce jour le plus grand bâtiment de Suisse composé en majorité d’éléments de construction réutilisés. Architecture Baubüro In Situ AG, Zurich. Maître d’ouvrage Fondation Abendrot. Photo Martin Zeller

2 Comment construire de manière circulaire? ‹Bauteile wiederverwenden –ein Kompendium zum zirkulären Bauen›. Publié par IKE Institut Konstruktives Entwerfen, ZHAW Departement Architektur, Eva Stricker, Guido Brandi, Andreas Sonderegger, Baubüro in Situ AG, Zirkular GmbH, Marc Angst, Barbara Buser, Michel Massmünster; 2021; relié, 344 pages, 401 illustrations en couleur et 54 en n/b; ISBN 978-3-03860-259-0, disponible chez Park Books, 65 CHF. Uniquement en allemand.

3 Le livre du projet: Tout ce qu’il faut savoir sur la ‹Maison du bois› à Sursee. Publié par Pirmin Jung Immobilien AG; ISBN 978-3-033-09646-2; 296 pages. Uniquement en allemand.

4 Hortus: Le nom de l’immeuble de bureaux actuellement en construction à Allschwil signifie ‹House of Research, Technology, Utopia and Sustainability›. L’accent est mis sur un choix réduit de matériaux renouvelables et sur un mode de construction conçu pour être circulaire. Architecture Herzog & de Meuron, Bâle. Maître d’ouvrage Senn, Saint-Gall Visualisation Herzog & de Meuron

5 Nouvelle publication Lignum: Le Lignatec sur le thème de la ‹Réutilisation du bois de structure› paraîtra conjointement avec le Bulletin bois (Economie circulaire). Il peut être commandé dès le 6 octobre sous lignum.ch > Shop > Lignatec

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Le bois dans l’économie circulaire

Si jusqu’à peu la construction durable se concentrait sur l’efficience énergétique des bâtiments, l’augmentation des émissions de CO2 a amené les intéressés à prendre conscience de l’impact de l’énergie grise nécessaire à l’édification du bâti. Mais alors, quels matériaux utiliser et comment gérer les moyens disponibles? La construction est en effet particulièrement prodigue en ressources et en énergie. Même en fin du cycle de vie d’un ouvrage, le secteur de la construction a sa part de responsabilité: en Suisse, la part de déchets de chantier représente 84 pour cent du total, soit 500 kg par seconde. Un chiffre élevé qui pousse à élaborer de nouvelles stratégies pour réduire ce volume. Une approche possible est de moins construire à neuf, mais de transformer, d’agrandir, voire de surélever et de davantage réutiliser les matériaux.

Lors de l’élaboration d’un projet de nouvelle construction, il faut ainsi penser à la réutilisation des éléments existants et concevoir les édifices de manière à ce qu’en fin de vie, ils puissent être déconstruits et leurs composants réutilisés.

L’‹économie circulaire› est ainsi aujourd’hui le sujet de prédilection du secteur de l’architecture et de la construction lors de congrès, de tables rondes et de numéros dédiés de revues spécialisées, même si à l’heure actuelle seule une petite fraction des bâtiments est construite de manière à pouvoir être recyclée. Compte tenu de l’urgence de la question, il faut espérer que l’intérêt porté à ce sujet ne soit pas uniquement un battage médiatique, mais qu’il débouche sur des approches méthodologiques dans la planification et la conception, ainsi que sur de nouveaux processus et procédures dans la réalisation. L’idée de réutiliser des parties de construction existantes n’est cependant pas nouvelle comme le déclarent les architectes de Rapp AG dans le texte accompagnant le projet pour Primeo Energie que nous présentons dans ce numéro du bulletin bois: ‹Autrefois, il était tout à fait courant d’utiliser des matériaux provenant de ruines et

démolitions comme base pour de nouvelles constructions. Ce n’est qu’avec l’avancée de la technologie, la facilité d’extraction des matières premières et le développement de matières (composites) que nous avons oublié comment utiliser les matériaux de manière économique et écologique en les réutilisant plusieurs fois›.

Dans un tel cadre, comment la construction en bois, déjà économe en ressources grâce à ses propriétés, peut-elle être mise en œuvre de manière à favoriser sa réutilisation par les générations futures? A quoi faut-il prêter attention lorsqu’on veut réutiliser des éléments de construction en bois dans des structures porteuses? C’est à cet aspect technique de l’économie circulaire qu’est consacré le nouveau numéro 36 de Lignatec ‹Réutilisation du bois de structure› (pour en savoir plus, voir voir ci-dessous).

L’architecte Barbara Buser est une pionnière de l’économie circulaire avec son bureau Insitu. Le premier objet de taille modeste qu’elle a conçu en réemploi, il y a déjà plus de 20 ans, se trouve sur la page d’accueil d’Insitu. Il s’agit de: ‹Gartenhaus im Schrebergarten Binningen, 1998› (Abri de jardin – Jardins familiaux de Binningen) et il est précisé plus loin que ‹les éléments de construction réutilisés proviennent tous de la Bauteilbörse Basel›. La fondation de cette bourse aux éléments de construction, qui a vu le jour également dans les années 1990, s’appuie sur une idée commune avec Klara Kläusler, à une époque où l’économie circulaire n’était pas encore thématisée. Ce n’est plus le cas en 2023: le projet K.118, une surélévation d’un entrepôt à Winterthour, a été développé par Insitu dans le but d’utiliser exclusivement des éléments déjà existants issus de la déconstruction. Ce projet pionnier a déjà été récompensé à plusieurs reprises. Et la publication ‹Wiederverwenden Bauteile› (réutilisation des éléments de construction), parue aux éditions Park Books, rassemble les résultats de la réalisation évaluée dans le cadre d’un projet de recherche

interdisciplinaire.

Dans ce Bulletin Bois, nous présentons en détail la Maison de la culture et des Arts et métiers ‹Elys› à Bâle: les architectes d’Insitu ont misé sur la réutilisation de matériaux provenant des environs, dont ceux issus de la réaffectation d’un centre de distribution, pour construire une paroi extérieure et l’enceinte de la cour intérieure. Il en résulte une façade à la fois complexe et vivante. Un deuxième projet d’Insitu se trouve dans l’aperçu sur le thème de l’‹économie circulaire› que nous avons rassemblé sur une double page en fin de fascicule.

Les ouvrages que nous vous proposons dans ce numéro partent de différentes approches circulaires ou les combinent: la ‹Maison du bois›, par exemple, est certes un nouveau bâtiment, mais il a été conçu de manière à ce que les générations futures puissent le démonter relativement facilement et réutiliser ses éléments constitutifs. En outre, le projet répond à des exigences très élevées en matière de construction durable. Le projet ‹Hortus› de Herzog & de Meuron est encore en chantier, mais suit une voie similaire. Il en va de même pour l’immeuble de bureaux ‹The Cradle› à Düsseldorf, qui sera bientôt terminé, ou pour le projet ‹Werkstadthaus› à Ostermundigen, qui en est encore au tout début du processus de planification. La ‹Charte pour une construction circulaire›, qui vient d’être signée par douze organisations partenaires de renom, montre que les grands acteurs du secteur de la construction ont eux aussi compris l’intérêt d’une économie circulaire, comme le demandent par exemple les architectes avec l’initiative Countdown 2030. Le bois est donc le matériau phare du moment qui peut être recyclé et préserve les ressources.

Communication technique Lignum

Economie circulaire dans la construction bois: références bibliographiques

Rückbau und Wiederverwendung von Holzbauten Daniel Müller, Dan Moser (Pirmin Jung Schweiz AG) für das Bundesamt für Umwelt (BAFU), 2022 Uniquement en allemand

circularWOOD. Paradigmenwechsel für eine Kreislaufwirtschaft im Holzbau

Sandra Schuster (Lehrstuhl für Architektur und Holzbau, Technische Universität München), Sonja Geier (Kompetenzzentrum Typologie & Planung in Architektur CCTP, Hochschule Luzern – Technik & Architektur), 2023. Uniquement en allemand

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Primeo Energie Kosmos, Münchenstein

A Münchenstein, au sud de Bâle, un nouveau bâtiment en bois a donné naissance à un centre scientifique interactif qui, tant par la portée de son message que par ses matériaux recyclés, sensibilise à la transition énergétique et à la neutralité climatique. La construction associe le réemploi et les matériaux neufs en une expression formelle pertinente.

Primeo Energie Kosmos est un centre dédié à la science et la découverte pour lʼéducation et la transmission du savoir, où le public, en particulier les élèves de tous âges, peut expérimenter de manière interactive les thèmes du climat et de lʼénergie. Cʼest à lʼoccasion du 125e anniversaire de la coopérative Elektra

Birseck Münchenstein (EBM) que le musée de lʼélectricité a été rénové et complété par ce nouveau bâtiment. Tous deux ont été inaugurés en tant que complexe sous le nom de ‹Primeo Energie Kosmos› en octobre 2022. Cet ensemble permet de vivre différentes expériences et phénomènes liés au climat et à lʼénergie. Outre un spectacle dʼenviron 45 minutes dans lʼancien musée de lʼélectricité, le nouveau bâtiment propose sur deux étages des stations interactives consacrés à ces thématiques tandis quʼau 3e, des ateliers permettent de développer les notions abordées en petit groupe.

De par sa conception, le nouveau bâtiment incarne les thèmes de la protection du climat, de lʼénergie et de la durabilité. Afin de minimiser lʼénergie grise, plus des deux tiers de ses composants sont ainsi réutilisés, recyclés ou issus de matières premières renouvelables provenant dans la mesure du possible de la région. Lorsque le réemploi nʼétait pas envisageable, le nouveau matériau sélectionné devait être au moins recyclable ou réutilisable. Il devait donc dʼêtre de haute qualité et du-

rable, dʼune seule nature et non traité. Dans ce contexte, le bois apparaissait comme le matériau idéal destiné à répondre à cet objectif. Le volume de trois niveaux, sans sous-sol, avec terrasse en toiture coiffée par une installation photovoltaïque, est une construction poteauxpoutres exclusivement en bois. Ses fondations sur pieux soutiennent un radier en béton à partir duquel sʼélève la structure en bois sur un plan dʼenviron 15 x 15 m, divisé en quatre carrés de 7,5 m de portée. En complément aux parois extérieures porteuses, les planchers sont soutenus par un unique pilier central en hêtre dont les caractéristiques mécaniques supérieures ont permis de réduire la section.

Afin de limiter lʼénergie dʼexploitation, les circulations sont reléguées hors du volume chauffé, à lʼexception de lʼescalier intérieur en colimaçon desservant tous les niveaux. Ces coursives qui courent sur le pourtour du volume compact limitent ainsi la surface de référence énergétique et par là même les coûts.

A lʼintérieur, le bois massif des parois, brut et sans revêtement, est apparent. Les lames de planchers des étages supérieurs sont issues pour moitié dʼun hangar à bateaux de Kaiseraugst datant de 1911. Les marches en bois de lʼescalier intérieur proviennent de celui du chantier. Dʼautres aménagements intérieurs de réemploi, telle une cuisine complète, proviennent de la bourse aux éléments de construction de Klybeck (Bâle). Tous les sanitaires sont presque exclusivement aménagés avec des éléments mis au rebut, comme des lavabos, des cloisons ou des robinets, et les surfaces carrelées proviennent de stocks restants ou de fins de série. Lʼensemble du concept dʼéclairage est basé sur des luminaires qui ont pour origine des ouvrages déconstruits. A cet effet, les éléments ont été reconditionnés et équipés de lampes LED modernes.

Pour le revêtement de façade de la structure bois, il a également été possible de recourir aux matériaux résiduels dʼun important lotissement de la région de Lucerne. Les chutes bon marché de stratifiés décoratifs, constituées de pièces de différentes tailles, ont cependant nécessité une implication particulière lors de la planification et du montage, ainsi que des compromis esthétiques. Des pylônes à haute tension, vieux de 60 ans et rachetés à lʼexploitant du réseau Swissgrid, jouent également un rôle central. Au lieu dʼêtre refondus, ils enserrent désormais les coursives en formant une structure grillagée en acier autour du cube en bois. A lʼorigine, les concepteurs souhaitaient utiliser ces profilés usagés comme structure porteuse, mais il eut été nécessaire de les protéger pour des raisons de résistance au feu, car les coursives servent également de voies dʼévacuation. Les anciens pylônes électriques sont donc désormais mis en œuvre comme de simples supports pour les plantes grimpantes qui fourniront à lʼavenir de lʼombre et un climat intérieur agréable. Ces équerres métalliques ont cependant trouvé une fonction porteuse en tant que balustrades de la mezzanine. Afin de coordonner les nombreux composants et matériaux de diverses provenance et de varier si nécessaire les configurations, les bureaux dʼarchitectes des chantiers partenaires ont également travaillé avec des modèles numériques détaillés, de sorte que les quantités et les géométries des matériaux de rebut, comme les panneaux de façade, puissent être planifiées à temps. En effet, en construction circulaire, le processus de planification est inversé: il sʼappuie sur des éléments de construction existants et sʼadapte en conséquence, ce qui requiert de la part de tous les acteurs impliqués de la flexibilité, une capacité à faire des compromis et la volonté de repenser les processus.

Situation

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3774 20 m Coupe longitudinale 1er étage Rez-de-chaussée 2ème étage Combles
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Lieu Weidenstrasse 6, 4141 Münchenstein

Maître dʼouvrage EBM (Genossenschaft Elektra Birseck Münchenstein), Münchenstein

Architecte Rapp AG, Münchenstein

Architecte paysagiste Bryum GmbH, Bâle

Bureau dʼétude Rapp AG, Bâle

Ingénieur civil Rapp AG, Bâle

Ingénieur bois Rapp AG, Bâle

Protection incendie/Conception acoustique Rapp AG, Bâle

Ingénieur CVS/Physique du bâtiment Waldhauser+Hermann AG, Münchenstein

Ingénieur électricité Pro Engineering AG, Bâle

Ingénieur sanitaire Anima Engineering AG, Bâle

Entreprise bois Stamm Bau AG, Arlesheim (montage, parquets); Jäggi AG, Arlesheim (portes int.)

Coûts Pas de données

Surface de terrain SIA 416 1269 m2 (partie du site de Primeo)

Surface bâtie SIA 416 241 m2 (bâtiment central), 169 m² (coursives, y c. ascenseur)

Surface de plancher SIA 416 1592 m2

Volume bâti SIA 416 5539 m3

Durée de construction août 2021 – mars 2022

Photos Beat Ernst, Bâle

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Composition toiture:

Dalles céramiques sur plots 40 mm

Ventilation

Couverture bitumineuse

Isolation façon pente 1,5 %, épaisseur

moyenne 176 mm

Pare-vapeur

Panneau trois plis 60 mm

Isolation 100 mm

Solivage, classe d’aspect I 480 mm

Composition plancher:

Plancher en bois 40 mm

Vide d’installation 50 mm

Panneau trois plis 60 mm

Solivage, classe d’aspect I480 mm

Composition paroi extérieure:

Panneau de façade 6 mm

caoutchouc cellulaire 2 mm

Sous-construction 40 mm

Lé de façade

Laine de roche lattage intégré 80 mm

Laine de roche 200 mm

Montants, C24 100/200 mm

Lamibois, étanche à l’air, vissé collé (visible) 27 mm

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Coupe de détail façade

Maison du bois, Sursee

Planifiée et réalisée en grande partie en sʼappuyant sur le BIM (Building Information Modeling), la ‹Maison du bois› montre le potentiel de ce matériau pour une construction tournée vers lʼavenir et lʼéconomie circulaire. Les espaces de travail et de logement agréables et lumineux caractérisent ainsi cet ouvrage dont la déconstruction et la réutilisation des éléments ont été anticipées.

En 2016, le bureau Pirmin Jung Schweiz AG a souhaité transférer son siège social de Rain à Sursee afin de bénéficier dʼune meilleure desserte par les transports publics et de réduire ainsi lʼempreinte carbone des trajets pendulaires. Parallèlement, lʼentreprise désirait optimiser la collaboration entre ses trois secteurs dʼactivité: la conception et planification de structures porteuses en bois, la physique du bâtiment et la protection incendie. Le bureau a négocié le terrain situé à proximité immédiate de la gare, auquel sʼajoutait une parcelle voisine appartenant à la ville de Sursee et disponible en droit de superficie. Le développement et la recherche dʼune construction en bois favorisant lʼéconomie circulaire et sʼappuyant sur le BIM étaient au cœur du projet de cette ‹Maison du bois›. Celle-ci sʼincarne dans un bâtiment de services et de logements aux espaces harmonieux et accueillants. A lʼexception du sous-sol en béton, tous les étages ont été réalisés en construction bois. Parmi les locaux disponibles, lʼappartement de 3½ pièces en attique, un autre de 4½ pièces ainsi que le studio de yoga ont été rachetés par le propriétaire initial du terrain.

Lʼarchitecte Marc Syfrig a conçu et accompagné le projet. Il en résulte une architecture en bois qui se réfère à son environnement urbain. Brisant pourtant lʼuniformité du bloc, le volume à la hauteur inférieure qui relie les deux corps de bâtiments rappelle, par son expression formelle, un empilement de planches. Les lames qui courent devant les ouvertures servent dans le même temps de protection solaire et un large avant-toit préserve la façade des aléas climatiques. La façade se réfère à la tradition des maisons en bois colorées et décorées du contexte urbain. La teinte de base de lʼouvrage correspond aux terres dʼexcavation telles quʼelles sont apparues en février 2021. Les traverses horizontales qui créent le contraste et animent lʼensemble sont peintes en bleu de Prusse symbolisant ici les nouveaux horizons de la construction en bois. Lʼaménagement des alentours favorise en outre la biodiversité dans ce contexte citadin grâce à des plantes sèches et du bois mort. Le système constructif est conçu de telle sorte quʼil puisse être démonté par les générations futures et que les différents éléments et matériaux puissent être entièrement réutilisés. La volonté du maitre dʼouvrage était de recourir au bois dans la mesure du possible et de conserver la structure porteuse perceptible. Le choix sʼest donc porté sur un plafond nervuré en bois lamellé-collé avec solives apparentes. Dans la zone des bureaux, le frêne est lʼessence visible alors que les éléments cachés sont en épicéa, à lʼimage du panneau en lamellé croisé qui assure par ailleurs les diaphragmes de planchers transmettant les actions aux parois de stabilisation. La composition du plancher intègre également un panneau de hêtre qui fonctionne comme la ‹chape› du parquet en frêne. Entre nervures, un plancher dʼentrepoutre reçoit un remplissage

de granulats calcaires et un revêtement de plafond acoustique en sapin. Les parois sont en ossature bois, revêtues sur les deux faces de plaques de plâtre fibrées et isolées de laine minérale. A lʼextérieur, la façade est recouverte dʼun bardage bois ventilé tandis que le revêtement intérieur est en sapin. Dans les parois extérieures de stabilisation, un panneau en bois lamellé-croisé supplémentaire supporte les charges horizontales. Les assemblages sont réalisés à lʼaide de raccords en vis croisées, dans le but que ces éléments de parois et de plancher puissent être à lʼavenir démontés relativement facilement afin dʼêtre affectés, le cas échéant, à un autre usage. Les joints verticaux aux passages des étages sont quant à eux réalisés par des consoles superposées. Les parois de la cage dʼescalier sont à doubles cloisons: côté escalier, elles sont formées dʼun panneau lamellé-croisé encapsulé dont les deux faces sont protégées par un revêtement plâtre, tandis que côté pièce elles sont constituées dʼune simple cloison à ossature revêtue de plâtre et isolée par laine minérale. La structure primaire poteaux-poutre est composée de poteaux et de sommiers en tasseaux collés de frêne et assemblée par tiges filetées encollées. Lʼaménagement intérieur est caractérisé par le bois laissé brut, avec les meubles de bureau blancs en contrepoint.

La planification et lʼexécution se sont appuyées sur un modèle BIM, sans plans papier. Toutes les décisions et tous les documents de projet devaient être accessibles et compréhensibles à tout moment. Le concept énergétique laisse le bâtiment fonctionner avec un apport dʼénergie externe aussi faible que possible. Le choix du bois a permis de réduire dʼenviron un tiers lʼempreinte carbone dʼun immeuble équivalent réalisé en construction massive et cʼest ainsi près de 1000 t de CO2 qui ont été épargnées. En ce qui concerne lʼempreinte carbone, un immeuble comparable massif aurait une empreinte dʼenviron 3190 tonnes, alors que le mode de construction réalisé a permis dʼen économiser 1000. En outre, les plus de 1600 m3 de bois mis en œuvre stockent environ 1600 tonnes de CO2 à long terme. La maison a obtenu la certification SNBS Platine, la plus élevée en matière de construction durable. A cette fin, 45 indicateurs sont évalués avec 135 mesures et 95 % des points possibles doivent être atteints.

Situation

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3780 Rez-de-chaussée 1er étage 2ème étage 3ème étage Coupe transversale
3781 20 m Coupe longitudinale

Composition toiture bureau:

Végétalisation extensive 100 mm

Drainage 20 mm

Etanchéité

Isolation PIR Alu 120 m

Filet NIP

Isolation avec forme de pente panneaux EPS

20 – 300 mm

Etanchéité de chantier

Panneau trois plis épicéa 70 mm/

nervures épicéa 360 mm, quatre lamelles inférieures en frêne

Isolation

Plancher d’entrepoutre épicéa 30 mm

Elément d’isolation acoustique 40 mm

Voile acoustique

Listes profilées sapin 15 mm

Composition plancher bureau:

Parquet à lames frêne 22 mm

Sous-structure pour chauffage au sol hêtre 45 mm

Isolation en fibres de bois 22 mm

filet NIP isolation phonique 20 mm

Panneau de fibres de bois mi-dur 8 mm

Granulats calcaires, vrac 83 mm

Panneau trois plis épicéa 70 mm/

nervures épicéa 360 mm, quatre lamelles inférieures en frêne

Granulats calcaires, vrac 90 mm

Plancher d’entrepoutre épicéa 30 mm

Elément d’isolation acoustique 40 mm

Voile acoustique

listes profilées sapin 15 mm

Composition paroi standard:

Listes profilées 227 mm et 147 mm

Lambris à clin rainé-crêté, épicéa 26 mm

Lattage 40 mm

Papier coupe-vent

Plaque de plâtre fibrée 15 mm

Lattage croisé 60 mm/isolation fibres minérales RF1

Ossature 240 mm/isolation fibre minérale RF1

Couche d’étanchéité à l’air sd = 5 m

Plaque de plâtre fibrée 18 mm

Lambris rainé-crêté, sapin 15 mm

Coupe de détail façade

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Lieu Centralstrasse 34, 6072 Sursee

Maître dʼouvrage Pirmin Jung Immobilien AG, Sursee Architecte Marc Syfrig Architekt ETH SIA BSA, Lucerne Architecte paysagiste Land Schafft GmbH, Sursee

Direction et gestion des travaux Jung Meyerhans AG, Lucerne Ingénieur bois Pirmin Jung Schweiz AG, Sursee Physique du bâtiment/acoustique/durabilité Pirmin Jung Schweiz AG, Sursee

Protection incendie Pirmin Jung Schweiz AG, Sursee

Construction circulaire Pirmin Jung Schweiz AG, Sursee BIM-Manager/coordination Pirmin Jung Schweiz AG, Sursee Entreprises bois Consortium composé de Haupt AG/Ruswil; Hecht Holzbau AG, Sursee/Tschopp Holzbau AG, Hochdorf (construction bois et revêt. bois int./ext.); Kaufmann Schreinerei AG, Altishofen (menuiserie, travaux généraux, cuisines, amén. int.); Bösch-Team AG, Adligenswil (revêt. de sol); 4B AG, Hochdorf (fenêtres); Frank Türe AG, Buochs (portes int.); Vogel Design AG, Ruswil (cuisines, amén. Int.); Trinatura AG, Buttisholz (tables bois massif); Treppenbau.ch AG, Ganterswil (escalier colimaçon avec comptoir dʼaccueil)

Bois mis en œuvre 1670 m3 (plus de 90 % de bois suisse)

Coût CFC 2* CHF 22,7 millions

Coûts CFC 1–9* CHF 26 millions

Surface de terrain SIA 416 1748 m2

Surface bâtie SIA 416 688 m2

Surface de plancher SIA 416 4757 m2

Volume bâti SIA 416 16 773 m3

Durée de construction février 2021 – octobre 2022

Photos Marcoleu GmbH, Rothenburg; copyright Pirmin Jung Schweiz AG, Sursee

* Il sʼagit dʼun projet de recherche et de développement pour une construction numérique (BIM), dʼéconomie circulaire et durable. De nombreuses solutions ont été élaborées à partir de zéro. Le gros œuvre des espaces de bureaux ne nécessitent pas de finitions.

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3784 Situation

ELYS, Maison de la culture et des Arts et métiers, Bâle

Dans une zone industrielle au nord de Bâle, la reconversion dʼun centre de distribution a mis en avant les possibilités de réutilisation de matériaux provenant tant de lʼouvrage lui-même que des alentours. 150 m3 de bois, des tôles trapézoïdales, de lʼisolation ainsi que des fenêtres vouées à la destruction, ont ainsi pu être réutilisés pour les façades du bâtiment issues de son remodelage.

Dans le cadre du développement de lʼilôt ‹VoltaNord› dans le quartier de St. Johann à Bâle, Immobilien Stadt Basel souhaitait transformer lʼancien centre de distribution Coop, proche de la frontière française, en un complexe culturel et artisanal. Le bâtiment, construit dans les années 1970 et adossé à dʼanciens entrepôts, devait être conservé au maximum afin de minimiser les déchets, les rejets de CO2 et préserver les ressources. En effet, grâce à sa flexibilité, la structure à large trame existante permettait dʼenvisager une multitude dʼaffectations. Celles-ci devaient pouvoir évoluer au fil du temps et nʼétaient pas encore arrêtées, à quelques exceptions près, au moment de la planification. Lʼélaboration dʼune salle de sport double pour lʼécole voisine était par exemple prévue de longue date, tout comme une salle dʼescalade au premier étage et le parking public au sous-sol. Le programme comportait la création dʼune cour intérieure comme puits de lumière ainsi que des mesures à lʼimage de la végétalisation de la toiture et lʼinstallation de panneaux photovoltaïques. Afin dʼoffrir une zone de transition vers lʼécole voisine, une bande du bâtiment devait en outre faire place à une rampe en pente douce nécessitant ainsi de réaliser une nouvelle paroi extérieure. Au total, une surface de façade dʼenviron 1000 m2 devait donc être réalisée, en priorité à partir de matériaux de récupération. Cʼest ainsi que des pannes, des chevrons et des poutres en bois lamellé-collé collectés lors de déconstructions dans les environs, ont été récupérés puis

resciés en lamelles. Ces 150 m3 de bois reconditionnés ont servi à produire des montants dʼossature stables en lamellé-collé répondant parfaitement aux exigences de la construction en bois.

Les ossatures de façade préfabriquées ont été ensuite comblées en atelier de restes dʼisolation en laine de roche, récupérés sous forme de fragments de panneaux isolants neufs ou encore de matériaux exempts de polluants provenant dʼautres chantiers. Ces types de résidus dʼisolation sont normalement collectés par les distributeurs dans des sacs de recyclage, transportés chez le fabricant et refondus pour être à nouveau transformés en matériau dʼisolation. Afin dʼépargner lʼénergie nécessaire au transport et à la refonte, ces déchets dʼisolation ont été directement réintégrés, complétés le cas échéant, par des granulés de laine de roche remplissant les cavités restantes.

Pour obturer les baies, les architectes ont souhaité recourir à des éléments de rebuts dans un rayon dʼenviron 100 km autour du site du projet. 200 fenêtres à lʼétat neuf, stockées dans des entreprises en raison dʼune surproduction, dʼune erreur de commande ou provenant de fins de série, ont été de cette manière valorisées. Différentes par leurs tailles, leurs couleurs, leurs formes et leurs matériaux, elles forment aujourdʼhui une façade vivante, comme un jeu de damier.

La configuration de la nouvelle façade sʼinspire enfin de celles dʼorigine. Les tôles trapézoïdales vertes de lʼancienne structure de toit de la bande démolie rythment ainsi la nouvelle façade à lʼest, tout en créant une certaine uniformité avec les revêtements métalliques existants des autres faces. Pour les nouvelles superstructures de toiture, ce sont cette fois les tôles dʼun ancien entrepôt de vin voisin qui ont été mises en œuvre. Au total, 2000 m2 de tôles trapézoïdales provenant directement du site ont été réutilisés pour lʼenveloppe extérieure du bâtiment.

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Lieu Elsässerstrasse 215, 4056 Bâle

Maître dʼouvrage Immobilien Basel Stadt

Architecte Baubüro in situ AG, Bâle (enveloppe), S+B Baumanagement, Pratteln (intérieur)

Direction des travaux Baubüro in situ AG, Bâle (enveloppe), S+B Baumanagement, Pratteln (intérieur)

Ingénieur civil Jauslin Stebler AG, Bâle

Planification électricité HGK Engineering AG, Pratteln

Ingénieur CVS RMB Engineering, Bâle

Certificat énergétique/Physique du bâtiment Gartenmann

Engineering, Bâle

Ingénieur protection incendie Peter Deubelbeiss AG, Diegten

Signalétique Lengsfeld, Designkonzepte, Bâle

Entreprise bois Husner AG Holzbau, Frick (façades)

Coûts Pas de données

Surface de terrain SIA 416 34 314 m2

Surface de plancher SIA 416 32 400 m2

Volume bâti SIA 416 146 047 m3

Durée de construction octobre 2018 – décembre 2020

Photos Martin Zeller, Bâle

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Coupe détail façade sud, 1er étage

Composition paroi:

Zones parois crépies (fenêtres)

Plaque de plâtre 15 mm

Pare-vapeur

Ossature bois/isolation 300 mm

Panneau de fibres isolant 60 mm

Système d’enduit 10 mm

Zones tôles trapézoïdales

Plaque de plâtre 15 mm

Pare-vapeur

Ossature bois/isolation 300 mm

Panneau de fibres isolant 60 mm

Lattage vertical 100 mm

Lattage horizontal 40 mm

Tôle trapézoïdale 45 mm

Recyclage des éléments de construction:

Montants bois 30 %

Isolation en laine de roche 100 %

Fenêtres 100 %

Tôles trapézoïdales 100 %

Coupe détail façade cour intérieure, 1er étage

Composition paroi:

Zones parois crépies (fenêtres)

Plaque de plâtre 15 mm

Pare-vapeur

Ossature bois/isolation 300 mm

Panneau de fibres isolant 60 mm

Système d’enduit 10 mm

Recyclage des éléments de construction:

Montants bois 30 %

Isolation en laine de roche 100 %

Fenêtres 100 %

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1er étage
Coupe Rez-de-chaussée

Hangar pour lʼentretien des stades aux Arbères, Meyrin

Alors que les préoccupations face à lʼénergie et aux émissions liées à la construction se font jour, le nouveau hangar du stade des Arbères sʼinscrit dans le cercle vertueux dʼune économie circulaire. Pour répondre à la demande de la ville de Meyrin, cette réalisation, qui fait la part belle au bois, repose sur des solutions constructives exemplaires en termes de ressources durables.

Le bâtiment utilitaire des Arbères, destiné à lʼentretien des terrains de football qui le jouxtent, est situé aux confins de lʼécoquartier des Vergers à Meyrin, à la limite de la zone agricole. Son emprise est réduite puisquʼil sʼinsère entre deux champs de sport, sur une étroite parcelle qui prolonge la tribune du stade éponyme. La ville de Meyrin, maîtresse dʼouvrage, a souhaité sʼengager dès la genèse du projet dans une voie de préservation des ressources en misant sur des matériaux biosourcés, durables et récupérés.

Les architectes se sont pleinement impliquées dans cette démarche dʼécoconstruction, valorisant également lʼéconomie circulaire de proximité et le savoir-faire des artisans. Le programme prévoyait des ateliers et un garage au rez-de-chaussée, des vestiaires et un réfectoire à lʼétage. On peut en faire la lecture en observant les matériaux utilisés et leurs logiques constructives. Le projet mise sur le bois massif nʼayant subi que le minimum de transforma-

tion. Au rez, les murs dʼenceinte sont constitués dʼun système de planches juxtaposées en épicéa suisse, chevillées entre elles par des tourillons en hêtre, sans colle ni clous. Les planchers ont été réalisés avec le procédé traditionnel de sommiers et solives assemblés avec tenons et mortaises en queues dʼaronde dont la réalisation est aujourdʼhui particulièrement simplifiée par les méthodes de façonnage numérique. A lʼétage, seule zone chauffée, les ossatures sont isolées avec de la laine de bois tandis quʼà lʼextérieur la façade est recouverte de liège. Les planchers et la toiture sont dotés de sciure insufflée entre solives, issue des déchets de production de la charpente. Les cloisons intérieures sont constituées quant à elles de briques de terre crue qui apportent une meilleure inertie thermique à lʼouvrage et régulent son hygrométrie. Les espaces intérieurs soignés tranchent ainsi avec lʼaspect extérieur brut et massif de la volumétrie, dont la toiture sʼapproche du shed adouci.

Le bâtiment nʼétant pas excavé, le radier et la cour attenante ont pu bénéficier de portions de dalles de béton de réemploi de 18 à 25 cm dʼépaisseur et de formats variés, provenant de différents chantiers genevois de démolition. Elles ont été disposées entre les travées des porteurs en bois et calepinées en jouant sur les largeurs de joints. Le second œuvre propose une riche panoplie dʼobjets réemployés:

chaises, tables, éviers, lavabos, robinets, jusquʼau lift élévateur dans la cour de travail. Un accent particulier a été mis sur les menuiseries intérieures qui recourent au savoir-faire des artisans pour mettre en lumière des matériaux simples, laissés la plupart du temps bruts. Repenser les déchets pour garantir une empreinte environnementale faible est devenu un enjeu contemporain tout comme celui de mettre en œuvre des matériaux de proximité au bilan carbone exemplaire. La modularité du système porteur, basé sur des composants simples assemblés de manière réversible, permet en outre dʼenvisager dans le futur un réemploi des matériaux de construction sans quʼil soit nécessaire de prendre des mesures particulières. Lʼusage de modules de béton récupérés dans des applications ne nécessitant pas de caractéristiques mécaniques élevées est également une source notable de réduction des gaz à effet de serre. Travailler avec des éléments de récupération implique cependant de la réactivité afin de tirer profit des matériaux glanés dans les chantiers de démolition, souvent en flux tendu. Une réalisation certes modeste, mais qui explore la voie dʼun art de construire économe en ressources et permettant de valoriser au mieux tant le bois que les matériaux gourmands en énergie qui trouvent ici une nouvelle vie.

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Situation
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3791 20 m Coupe transversale Coupe longitudinale Rez-de-chaussée 1er étage

Composition toiture:

Sous-structure panneau solaire 140 mm

Etanchéité bitumineuse

Voliges 27 mm

Contrelatte 60 mm

Panneau fibre de bois 80 mm

Voliges 27 mm

Chevron/sciure de bois insufflée 180 mm

Pare vapeur

Lambris 21 mm

Composition plancher:

Revêtement de sol lino

Chape anydrite 70 mm

Laine minérale 20 mm

Voliges 27 mm

Solivage/sciure de bois insufflée 200 mm

Pare vapeur

Lambris 21 mm

Composition façade étage:

Panneau liège 40 mm

Sous-structure 38 mm

Ecran pare-pluie

Panneau fibre de bois 140 mm

Panneau fibre de bois 120 mm

Pare vapeur

Sous-structure 34 mm

Lambris verni blanchi 21 mm

Composition façade rez:

Planches verticales juxtaposées chevillées

épicéa massif 140 mm

Panneau fibre de bois 140 mm

Pare vapeur

Sous-structure 34 mm

Lambris verni blanchi 21 mm

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Coupe de détail façade

Lieu Avenue Louis Rendu 11, 1217 Meyrin

Maître dʼouvrage Ville de Meyrin

Architecte FAZ architectes, Genève

Ingénieur civil et bois Ingeni SA, Lausanne

Physique du bâtiment Perenzia Ingénieurs Sàrl, Lausanne

Conception incendie Dinges Consulting, Thônex

Entreprise bois Atelier Casaï, Petit-Lancy

Bois mis en œuvre 87 m3 (CH): épicéa massif (structure, charpente), planches juxtaposées liées par chevilles en hêtre (murs porteurs); planchers épicéa bois du nord, laine de bois (déchets de charpente), liège

Ingénieur CVS Conti & Associés Ingénieurs SA, Versoix

Ingénieur électricité Savoy Engineering SA, Carouge

Surface de terrain SIA 416 59 092 m2

Surface de plancher SIA 416 323 m2

Surface utile de plancher SIA 416 243 m2

Volume bâti SIA 416 1579 m3

Coûts CFC 1–9 CHF 1,853 millions TTC

Coûts CFC 2 CHF 1,742 millions TTC

Dont coûts CFC 214 CHF 541442.– TTC

Prix/m³ SIA 416 (CFC2) CHF 1465.–/m³ TTC

Durée de construction mai 2021 – septembre 2022

Photographe Paola Corsini pour FAZ architectes

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Habitat partagé de Chauchy, Denens

Au cœur de la région de La Côte, le village de Denens conserve des exploitations agricoles et viticoles malgré la pression croissante de lʼurbanisation. La transformation dʼune grange illustre une démarche novatrice dans la manière dʼhabiter, en mutualisant les espaces et en mettant lʼaccent sur lʼéconomie circulaire.

Au centre de Denens, une ancienne grange était sans affectation depuis plusieurs décennies. Le village fait partie de ces régions jusquʼici rurales, peu à peu intégrées à la métropole lémanique, où les fermes sont transformées en bâtiment de plusieurs logements, au détriment parfois de la sauvegarde du caractère typique de ces édifices. Dans cette commune qui conserve encore une part de son tissu tradition-

nel, il sʼagissait de réaménager cette bâtisse du 19e en gardant son esprit, mais en proposant dans le même temps des appartements adaptés à la mutation de la société. Cette démarche allait ainsi dans le sens du développement durable et dʼune économie circulaire. Depuis lʼacceptation de la nouvelle loi sur lʼaménagement du territoire (LAT), les communes doivent repenser leur modèle de développement. Plutôt que de concevoir des appartements figés selon un type de famille traditionnelle – deux parents-deux enfants – qui longtemps servit dʼunique modèle mais ne représente aujourdʼhui quʼun tiers de la demande, cʼest à une solution de cluster favorisant la mixité sociale et intergénérationnelle à laquelle les architectes se sont attelés. En effet, il convient de tenir compte de

lʼévolution de la société avec des personnes seules ou séparées, des familles monoparentales ou recomposées et des couples qui sʼajoutent au schéma classique dʼun foyer. Si les logements proposés sont de taille modeste, lʼintérêt de cette réalisation réside dans les vastes espaces communs mettant en relation directe leurs habitants. Une telle configuration à ce niveau de prix serait impensable pour de lʼhabitat privé. Elle a lʼavantage dʼoffrir des lieux dʼéchange et de partage où lʼon cuisine, se divertit, crée, tout en préservant lʼintimité et lʼautonomie de chacun. Pour cela, chaque unité individuelle de 1½ à 3 pièces allant de 25 à 50 m2 est équipée dʼune salle de bain privée et dʼune kitchenette. La zone médiane, qui servait alors au déchargement du foin, est conservée et accueille

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aujourdʼhui lʼespace commun de 124 m2 qui sʼétend sur quatre étages. Il vient compléter la surface relativement restreinte des logements individuels avec au rez une buanderie et un espace polyvalent avec accès au jardin ainsi quʼau 1er une vaste cuisine qui intègre également un lieu à manger. Au 2e, une pièce avec vue et cheminée devient un salon, tandis que la surface de 14 m2 sous les combles se transforme en lieu de travail ou chambre dʼamis.

Le jardin qui sʼétend au sud est également partagé. Outre la desserte par les transports publics, le projet anticipe par ailleurs une solution de mobilité mutualisée, puisque seules deux places de parc ont été prévues pour lʼensemble de la maisonnée.

Cette construction a été pensée de manière à réduire au maximum lʼimpact du bâtiment sur

lʼenvironnement et de limiter lʼénergie grise liée à lʼextraction et à la production des matériaux.

La structure originale de support de la toiture a ainsi été conservée à partir du rez-de-chaussée et la forme originelle de la charpente est encore perceptible. Aux étages, les planchers en bois massif ont bénéficié du bois de récupération dʼun immeuble locatif à Genève, tandis que les sanitaires et les cuisines sont issus de réemploi ex situ. Les éléments récupérés ont été collectés au travers de différentes associations actives dans le réemploi. Pour les matériaux neufs, des solutions locales et biosourcées ont été privilégiées. Les briques dʼadobe qui forment le remplissage des parois de séparation au rez ont été élaborées dans le cadre dʼun chantier participatif avec les propres

produits dʼexcavation du chantier. Quant aux pierres des murs en moellons, dégagées pour faire place aux nouvelles baies, elles ont été réutilisées dans les gabions des murs ceinturant le jardin.

Cette réalisation sensible, favorisant la conservation du patrimoine, intègre pleinement la démarche du développement durable par ses aspects sociaux, environnementaux et dʼéconomie circulaire. Elle ouvre ainsi une perspective vers une nouvelle façon dʼhabiter. Une démarche cohérente qui lui a valu dʼêtre récompensée par le Prix ‹Sprungbett, impulsion pour le logement›.

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Situation avec rez-de-chaussée
3796 10 m 1er étage 2ème étage Combles Coupe

Lieu Rue de Chauchy 5, 1135 Denens

Maître dʼouvrage Claire de Buren et Geneviève de Buren

Architecte projet, réalisation et DT Coopérative dʼarchitecture C/O Charles Capré et Arthur de Buren avec Laurent Guidetti (conseil habitat) et Stéphane Michlig (conseil DT)

Architecte paysagiste Taïga créations, Lavigny

Ingénieur civil et bois Normal Office Sàrl, Fribourg

Entreprise bois GV Charpentier Sàrl, Forel/Lavaux

Bois mis en œuvre Bois structurel murs, planchers, toiture: 58,3 m3 et 797,5 m2; bois équarri (Suisse romande). Bois de ré-emploi: Association Matériuum, Genève

Ingénieur CV Normal Office Sàrl, Fribourg

Surface de terrain SIA 416 1126 m2

Surface de plancher SIA 416 582 m2

Surface utile de plancher SIA 416 399 m2

Volume bâti SIA 416 1903 m3

Coûts CFC 1–9 CHF 2,835 millions TTC

Coûts CFC 2 CHF 1,987 millions TTC (sans honoraires)

Dont coûts CFC 214 CHF 376 000.– TTC

Prix/m3 SIA 416 (CFC2) CHF 1044.– /m3 TTC

Nombre dʼappartements 1 cluster de 6 unités

Durée de construction octobre 2021 – juin 2023

Photographe Nora Rupp, Lausanne (intérieurs), Charles Capré, Lausanne (extérieurs)

Composition toiture:

Tuiles plates

Lattage 27 mm

Contre-lattage 60 mm

Sous-toiture fibres de bois 60 mm

Chevrons existants moisés max 260 mm/

Isolation fibre de cellulose

Pare-vapeur

Lattage technique 50 mm

Plaques de plâtre fibrées 20 mm

Lissage

Peinture

Composition plancher:

Parquet 10 mm

Chappe anydrite poncée 60 mm

Laine minérale 20 mm

Lambourdes 60 x 60 mm/sable chaud

Géotextile

Solive 140 mm (équarrie, plancher 2ème ou récupérée, 1er étage)

Lattage 27 mm

Plaques de plâtre fibrées 12,5 mm

Lissage

Peinture

Composition paroi intérieure, étage:

Peinture

Lissage

Plaques de plâtre fibrées 12,5 mm

Panneau OSB 12 mm

Double structure bois 100 x 80 mm et 60 x 40 mm/

isolation ouate de cellulose 160 mm

Placo-plâtre 75 mm

Lissage

Peinture

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Coupe de détail porteur intérieur

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Les grandes arches en bois de l’ancienne patinoire de Porrentruy, d’une portée de 24 mètres, ont trouvé une nouvelle vie en retournant sur les lieux de leur conception à Vendlincourt. Le Groupe Corbat qui avait perdu sa halle suite à un incendie, a pu reconstruire et réutiliserces ces éléments qui assument leur demi-siècle d’existence.

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Des espaces pour vivre et travailler dans des conditions favorables pour diverses activités créatives et culturelles: pour y parvenir, la structure existante du bâtiment a été conservée autant que possible et les matériaux laissés bruts et non traités.

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International Award for Wood Architecture 2023

Crèche Martta Wendelin à Tuusula

1 De vastes zones couvertes servent de toile de fond aux activités ludiques dans la cour. La façade, traitée avec une lasure teintée, est recouverte de panneaux verticaux en mélèze de différentes largeurs. Photo Hannu Rytky.

2 Les espaces intérieurs forment des grappes de salles polyvalentes destinées aux petits groupes d’enfants. Entre ces deux zones s’insère le cœur dubâtiment,

ouvert et offrant une multitude d’espaces, dont une salle également utilisée le soir. Lors de la phase de conception, les architectes ont accordé une importance particulière à la flexibilité et à la possibilité de relier les pièces entre elles: des passages de 3 m de large peuvent être découpés dans les cloisons porteuses en CLT, même ultérieurement, sans qu'un renforcement structurel ne soit nécessaire. Photo Hannu Rytky.

Lignum

Holzwirtschaft Schweiz

Economie suisse du bois

Economia svizzera del legno

Mühlebachstrasse 8 Ch. de Budron H6, CP113 CH-8008 Zurich CH-1052 Le Montsur-Lausanne

Tél. 044 267 47 77 Tél. 021 652 62 22 Fax 021 652 93 41 info@lignum.ch cedotec@lignum.ch www.lignum.ch www.lignum.ch

Bulletin bois, septembre 2023

Editeur

Lignum, Economie suisse du bois, Zurich

Fondé il y a près de 30 ans, le bureau AFKS (Arkkitehdit Fondelius+Keppo+Salmenperä Oy) est spécialisé dans les jardins d’enfants et les écoles et emploie une quinzaine de personnes. Le projet de crèche à Tuusula illustre les diverses possibilités d’utilisation du bois lamellé croisé (CLT) qui ont été développées en Finlande ces dernières années, comme l’utilisation de ces panneaux pour des poteaux ou des parois permettant d’insérer des ouvertures de plusieurs mètres de large. Cette utilisation du bois lamellé croisé attire ainsi tous les regards. Cela a séduit le jury qui note: ‹Cette architecture légère et déstructurée est surtout spectaculaire par ce qu’elle sait éviter et permet d’utiliser abondamment le bois dans l’aménagement intérieur sans être ostentatoire›. Le bâtiment légèrement allongé de la crèche Martta Wendelin, situé à l’extrémité nord du terrain, est orienté vers le sud et isole la cour intérieure du bruit de la voie rapide toute proche qui, à l’inverse, permet une bonne desserte. Les gestes architecturaux des aménagements extérieurs pour les jeux d’enfants sont volontairement amples.

Rédaction

Jutta Glanzmann, Lignum et Ariane Joyet, Lignum-Cedotec

Conception graphique

BN Graphics, Zurich

Impression

Kalt Medien AG, Zoug

Administration, abonnements, expédition Lignum, Zurich

La publication du Bulletin Bois est soutenue par lʼOffice fédéral de lʼenvironnement dans le cadre du Plan dʼaction bois.

ISSN 1420-0252

Le Bulletin bois paraît quatre fois par année, en allemand et en français.

Abonnement annuel CHF 48.–

Publications isolées CHF 20.–Classeur (10 numéros) CHF 140.–Classeur vide CHF 10.–Prix sous réserve de modifications.

Les membres de Lignum reçoivent le Bulletin bois et le Lignatec gratuitement. Les droits pour la publication des différents objets présentés restent réservés aux architectes respectifs. Les informations publiées ont été recueillies auprès des concepteurs.

Hotline – Service technique: 021 652 62 22 Nos spécialistes répondent gratuitement à vos questions entre 9 h et 17 h.

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