Lëtzebuerger Land 29 du 22 7 2022

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« Un nouveau champ de tensions s’ouvre » Entretien avec Francis Delaporte, président de la Cour administrative, sur la crise climatique, le droit de propriété et la finance offshore

Harte Zeiten Die LSAP bewies als einzige große Partei bei der Steuerdebatte Mut und warb für ihre „Neuerfindung einer strukturell nachhaltigen Gesellschaft“

Holding the gun Le gouvernement prépare une législation pour contrôler les concentrations dans le cadre des fusions d’entreprise. Un move politique

Vous avez dit légal ? Plusieurs États se sont engagés sur la voie de réparations au titre du colonialisme, tout en affirmant que celui-ci n’aurait pas été illégal à l’époque. Un argument contestable

Schung oder Schong, Teletravail an Home office Die luxemburgische Sprache ist eine politische Angelegenheit, die sich in einem linguistischen Wandel befindet

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Unabhängige Wochenzeitung für Politik, Wirtschaft und Kultur

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69. Jahrgang 22.07.2022 ­

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T H E M A

22.07.2022

Sven Becker

Francis Delaporte, ce lundi dans la salle d’audience de la Cour administrative

« Un nouveau champ de tensions s’ouvre » Interview : Bernard Thomas

Entretien avec Francis Delaporte, président de la Cour administrative, sur la crise climatique, le droit de propriété et la finance offshore d’Land : La crise climatique apparaît comme un des grands sujets qui occuperont la Cour administrative durant les prochaines décennies. La protection du climat s’imposera-t-elle comme nouvelle norme juridique ? Francis Delaporte : Dans nos pays voisins, la question climatique a déjà été thématisée. Surtout celle de savoir si les États respectaient les objectifs de l’Accord de Paris. Je pense à l’arrêt « Urgenda » du Hoge Raad néerlandais, à l’affaire de la commune de Grande-Synthe devant le Conseil d’État français ou à l’arrêt « Future Generations » du Bundesverfassungsgericht. Au Luxembourg, il n’y pas encore eu d’affaire où l’échéance climatique aurait été mise en exergue devant la Cour administrative. De toute manière, toutes les affaires ne viendraient pas devant les juridictions administratives. Par exemple les actions en responsabilité relèveraient de la compétence des juridictions judiciaires. Mais nous disposons déjà d’un article de notre Constitution qui, actuellement, est relativement intéressant à ce sujet : le 11bis. Il dispose en substance que les autorités publiques doivent « œuvrer à l’établissement d’un équilibre durable » entre la préservation des ressources naturelles et les besoins des générations présentes et futures. Cet article fournit un standard aux juges et nous l’appliquons assez régulièrement. C’est d’ailleurs le seul passage de notre Constitution qui parle des générations futures. Si le gouvernement accélérait la décarbonation de l’économie et de la société, le tribunal administratif ne risquerait-t-il pas d’être pris d’assaut par des plaignants défendant leurs anciens modes de consommation ? Il faudra d’abord voir quels seront les actes administratifs exactement attaqués. Ce sera alors une question de mise en balance des différents intérêts en jeu. Un nouveau champ de tensions est en

« Chaque fois que l’avocat exerce son ‘core business’ de défense en Justice, le secret professionnel doit être en béton. Si maintenant l’avocat se met à produire des petits pains, il n’a pas besoin du même secret professionnel » train de s’ouvrir. La Cour ne manque jamais de champs de tensions intéressants… Permettez-moi de vous poser une question plus générale : La Cour administrative reflète-t-elle l’idéologie dominante ? Et en anticipe-telle les changements ? Je ne pense pas que la Cour ait une idéologie. Il y a par contre des idées dominantes, et nous les avons énoncées à travers plusieurs arrêts. Pour nous, la Justice est d’abord un service public. Nous sommes là pour appliquer le droit, pour rester dans le cadre de l’ordonnancement juridique existant, mais nous devons au moins essayer de résorber les tensions. C’est cela notre « idéologie », ou plutôt notre but ultime. Nous sommes des juges d’appel et non de cassation, nous sommes donc face à l’ensemble du litige : le fait et le droit. Du coup, si l’affaire s’y prête, nous nous rendons sur les lieux avec les parties, nous essayons d’y voir plus clair. Nous nous

voyons comme des facilitateurs, des solutionneurs dans l’intérêt des justiciables : entre les administrés et la puissance publique, entre le pot de terre et le pot de fer, nous essayons de trouver l’équilibre. Cette Justice dans un objectif de paix sociale fait un peu partie de notre image de marque. Or, à l’exception des demandeurs de protection internationale, les plaignants sont dans leur très grande majorité des personnes aisées qui ont des intérêts matériels à défendre, à commencer par la pléthore de propriétaires contestant les PAG. Le jeune ménage qui ne trouve pas à se loger n’aura, lui, pas accès à la juridiction administrative... Ce n’est pas exclu. Ce ménage pourrait par exemple réclamer des subventions en matière de logement. Il devra pour cela justifier d’un intérêt direct et personnel… Évidemment, puisqu’on n’est pas là pour répondre à des questions théoriques. La question de l’accès à la Justice se posait pour l’ancienne circulaire des « stock-options », régulièrement critiquée comme illégale. Or, ceux qui en bénéficiaient n’avaient pas intérêt à la contester, alors que ceux qui en étaient exclus n’avaient pas de voie de recours ; une sorte de Catch 22 juridique. C’est une problématique véritable. D’un côté, la Cour constitutionnelle a consacré l’accès aux juges et le recours effectif comme grands principes fondamentaux. Mais pour avoir accès aux juges, il faut avoir intérêt à agir. Il faut donc qu’une décision administrative vous ait fait mal ou qu’un règlement vous ait directement impacté. Au Luxembourg, il n’y a pas de voie directe devant la

Cour constitutionnelle, puisque le constituant ne l’a pas prévue. En discutant avec le président du tribunal suprême de Monaco, j’ai appris que la Principauté disposait depuis un siècle d’un recours direct sur la question de constitutionnalité des lois. Donc tout intéressé, qu’il soit détenteur d’un yacht ou d’un appartement à Monaco, peut mettre en cause une loi qui l’affecte négativement. Chez nous, cela n’est jamais entré en ligne de compte. Mais c’est une décision tout à fait politique du constituant. Lors de la constitutionalisation de l’état de crise en 2017, la possibilité d’introduire un recours devant le tribunal administratif était présentée comme un frein aux dérives autoritaires. Or, pendant le Grand Confinement du printemps 2020, il ne s’est trouvé personne pour saisir la Justice. Comment la juridiction administrative a-t-elle vécu ces mois ? Je suppose qu’en interne, la perspective de devoir juger si le « lock-down » était justifié ou non créait une certaine nervosité ? Cela n’aurait pas été évident, mais on était prêts. Nous avons continué à fonctionner presque normalement. Durant le confinement, nous n’avons accusé quasiment aucun retard. Mais les juges administratifs sont habitués à comparer les normes juridiques, ils ne sont pas experts en épidémiologie ou virologie… Nous sommes confrontés à cette problématique à la Cour constitutionnelle, puisque deux questions préjudicielles sont actuellement pendantes. Nous devons déterminer si les mesures mises en place au début de 2021 étaient adéquates. Mais dans toutes les matières, aussi techniques soient-elles, nous avons l’habitude de considérer la valeur des arguments et de chercher à ce que le meilleur argument gagne. Évidemment, s’il n’y a pas de certitude, cela devient beaucoup plus flou. Mais on doit faire alors avec les moyens du bord.


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Ce lundi, la ministre de l’Intérieur, Taina Bofferding (LSAP), se plaignait dans Le Quotidien d’un droit de propriété qui serait « illimité » et « absolu » au Luxembourg ; « une vache sacrée ». Le droit de propriété est-il plus cadenassé au Luxembourg que dans d’autres pays européens ? Cadenassé, non, il ne l’est pas. Sous Napoléon, il y a plus de deux cents ans, c’était un droit absolu. Mais tout cela a bien changé. Il y a deux normes qui régissent aujourd’hui la matière. L’article 16 de la Constitution ne dit pas autre chose que l’expropriation pour cause d’utilité publique n’est possible que contre une « juste indemnité ». L’autre norme, c’est l’article 1er du protocole additionnel à la Convention européenne des droits de l’Homme qui régule de manière plus précise la protection des biens. Mais les deux textes admettent que l’usage du droit de propriété peut être limité dans l’intérêt public. Pour débloquer la situation, entend-on chez le LSAP, les Verts ou Déi Lénk, il faudrait changer la Constitution. De nouveau, on bute sur un blocage, puisqu’il faudrait rassembler deux tiers des députés. … Mais il faut voir ce que dit la Constitution. L’article 16 ne parle que de l’expropriation, et non pas du droit de propriété. Ce dernier est consacré par l’article 544 du Code civil, modifié en 1987 à l’initiative du ministre Robert Krieps, qui a introduit l’idée d’un usage plutôt social. La Cour administrative doit régulièrement déterminer si des servitudes constituent déjà une expropriation. La Cour constitutionnelle a pris position sur le sujet en 2013, dans une affaire concernant le PAG de Walferdange. Il s’agissait de terrains préalablement classés en zone constructible que le PAG avait déclassé en zone non-constructible. La Cour constitutionnelle a tenté de déterminer si ces actes administratifs n’étaient pas équipollents à une expropriation, dans le sens où ils limitaient de manière significative l’usage d’un des éléments du droit de propriété. Nous utilisons souvent l’image de l’artichaut : Les mesures prises s’arrêtent-elles au feuillage, ou est-ce qu’elles atteignent le cœur même de l’artichaut ? Si elles atteignent le cœur, la Cour constitutionnelle qualifierait cela comme étant équipollent à une expropriation. Concrètement, cela veut dire qu’il faudra alors prévoir une juste indemnité, à déterminer par le juge civil. Les premières affaires pour des reclassements de PAG sont actuellement pendantes devant le juge judiciaire. Tout le monde est très intéressé de voir ce qui va en ressortir. La question se posera notamment pour toutes ces communes rurales qui avaient massivement élargi leurs périmètres constructibles dans les années 1980-2000. Si ces énormes réserves foncières étaient un jour mobilisées, cela aurait des conséquences fâcheuses pour l’aménagement du territoire… Tous les PAG, tous, ont été faits sous le sigle de l’intérêt public. Tous les classements antérieurs auraient donc dû se justifier par des considérations d’urbanisme et des considérations politiques, prises dans le sens d’un meilleur vivre en commun. Autant pour la belle théorie. Car quand on voit les rebrousse-chemins, on se demande ce qui a pu se passer… Au Luxembourg, on peut exproprier pour construire des autoroutes, mais pas pour construire des logements sociaux. La notion d’utilité publique ne couvre donc pas le logement ? La question de l’expropriation pour la construction de logements sociaux ne s’est pas encore vraiment posée à la Cour. Au niveau

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politique, on a préféré ne pas passer par l’expropriation, vu que l’utilité publique en est discutable. Toute la discussion a donc été délogée sur le terrain du droit de préemption. Le gouvernement a incité les communes à acheter des terrains, pensant qu’il suffisait de mettre ceux-ci en cagnotte à la manière d’un écureuil. C’est un nouveau chapitre qui s’ouvre pour la Cour. Le droit de préempter est quand même un droit « exorbitant », c’est-à-dire exceptionnel. Si nous ne nous étions pas déclarés compétents en la matière, nous aurions autant pu fermer la boutique. La Cour a donc forgé une jurisprudence. Je pense qu’on a trouvé un juste équilibre : L’État, la commune ou l’établissement public préemptant (comme le Fonds du Logement) doivent au moins définir l’objectif concret de la préemption, que ce soient des logements sociaux, des voies publiques ou des aires de récréation. Si, dans un délai raisonnable, ils ne réalisent pas ce qu’ils ont annoncé, cela pourra ouvrir la voie à une nouvelle joute judiciaire. J’aimerais tout de même revenir à la question de l’expropriation. La France a étendu la notion d’utilité publique aux logements pour familles nombreuses (1935), à la rénovation urbaine (1958) et à la constitution de réserves foncières (1967). Il existe des législations spéciales plus aiguës, oui. Mais dès le début du XXe siècle, le Luxembourg a lui aussi introduit des lois sur les logements sociaux ou les jardins collectifs. La fiscalité occupe beaucoup la juridiction administrative. Au nom de la « légitime confiance » et de la « sécurité juridique », la Cour a généralement maintenu la validité des rulings, y inclus des plus fantaisistes, contestés par l’administration fiscale elle-même. En s’érigeant en dernier rempart de l’ancienne fabrique à rulings, la Cour n’a-t-elle pas raté le train de l’Histoire ? À la base, le ruling est une très bonne chose. Parce que même en tant que personne privée, il vous permet de savoir à quelle sauce vous allez être mangé, par exemple lorsque vous héritez d’une maison et que vous comptez la revendre. Mais comme toute bonne chose, le ruling a été tellement exploité qu’il a sans doute dépassé les limites ; même si ce n’est pas à moi d’en juger dans le cadre de cette interview. De longue date, aussi bien en France que chez nous, les principes combinés de la sécurité juridique et de la légitime confiance sont appliqués pour que l’administré puisse se fier à une application courante de l’administration dans un domaine donné. Il s’agit donc de protéger l’administré contre les changements brusques, imprévisibles et inopinés de la pratique administrative. Ce principe a des racines fortes, et nous l’avons appliqué de manière générale. Pas besoin d’analyser le fonds du dossier et de décortiquer les prix de transfert ; le « Stempel » de l’Administration des contributions directes suffisait. Pour le principe, l’accord et la parole donnée par l’État jouaient. Mais il faut encore respecter des délais raisonnables. Un ruling ne jouera pas ad aeternam. Vous invoquez le principe de la légitime confiance. Mais qu’en est-il du principe de l’égalité devant l’impôt dans le contexte des rulings ? Si la question était plaidée sous cet aspect-là, la réponse serait peut-être différente. Toutes les affaires ont de nombreux reflets. Il n’y a pas de vérité absolue, il y a des perspectives multiples, c’est cela qui fait leur intérêt … L’arrêt de la Cour qui a sans doute fait le plus de bruit en 2021, c’est le dossier des « Panama Papers ». Certains avocats avaient refusé de révéler au fisc l’identité de leurs clients cachés derrière des structures

« Nous ne nous arrêtons pas comme une taupe devant chaque petit argument. Nous essayons d’avoir une vue panoramique sur l’entièreté de la problématique et de scruter les normes supérieures qui conditionnent le tout »

fiscales opaques. L’affaire, qui opposait le Barreau à l’Administration des contributions directes, n’a pas dû être évidente... … Aucune de ces affaires n’est évidente (rire) ! Il s’agissait d’abord de savoir si l’administration fiscale avait le droit d’aller chercher des informations en-dehors d’un cas d’imposition précis. Le tribunal a répondu par la négative, le Cour par la positive, puisque de telles mesures d’investigation sont inscrites dans la « Abgabenordnung ». Même si ces passages de la loi n’étaient guère appliqués, ils n’étaient pas désuets pour autant. Surtout, s’ils n’ont pas été abrogés, alors que, contextuellement, le législateur avait maintes fois la possibilité de le faire. Quelque part, c’est quand même paradoxal : Un ancien passage de la « Abgabenordung » qui n’a jamais été appliqué finit par fournir la base juridique à une nouvelle approche de l’administration fiscale. C’est faire du neuf avec du vieux. Il nous est arrivé d’abroger par voie de désuétude des textes qui ne correspondaient plus aux données actuelles, ce qu’un Pierre Pescatore n’aurait d’ailleurs jamais admis. Mais ici, c’est tout l’inverse : Nous avons appliqué un texte existant, qui certes n’était guère appliqué, mais qui ne s’opposait pas au Zeitgeist, au tissu du moment. Cela a été vivement critiqué. En novembre dernier, j’ai assisté sur invitation du barreau à la table ronde dans le cadre de la Journée de l’avocat. Une des questions posées portait évidemment sur les « Panama Papers ». J’ai rappelé que le secret professionnel avait été instauré pour sauvegarder la confiance nécessaire entre le client et son avocat, puisque c’est un droit de l’Homme que d’être défendu en Justice. Chaque fois que l’avocat exerce son « core business » de défense en Justice, le secret professionnel doit être en béton. Si maintenant l’avocat se met à produire des petits pains, il n’a pas besoin du même secret professionnel. Il faut alors nuancer et cela devient de la dentelle. La Cour a démonté l’illusion de l’unicité du Barreau que celui-ci a toujours essayé de maintenir. Le Barreau est de fait très hétéroclite, on le sait bien. Le Barreau veut garder l’unicité alors que sous le label de l’avocat, de très nombreuses attributions s’exercent. Vous avez donc tranché entre les uns et les autres, entre ceux qui font du contentieux et ceux qui font du conseil. Nous avons pris ce parti-là. Nous sommes d’ailleurs en bonne compagnie puisqu’à la fois la Cour de Justice de l’Union Européenne

et la Cour Européenne des droits de l’Homme ont joué dans le même sens au sujet du secret professionnel des avocats. Évidemment, tout le monde n’était pas content. Mais nous ne sommes pas là pour plaire, c’est normal qu’il y ait des critiques. Mais historiquement, la création du secret professionnel de l’avocat – tout comme celui du médecin ou du curé – se justifiait par la confiance, indispensable pour que l’avocat devienne un confident nécessaire. D’autres questions fort complexes se posaient par ailleurs. Il fallait mettre au diapason l’avocat par rapport à l’expert-comptable, au banquier, aux fiduciaires, aux Big Four etc. On n’aurait pas pu imaginer qu’un avocat exerce dans ces matières-là entouré d’un secret professionnel en béton, alors que les autres se retrouvent à nu, du moins par endroits. C’est là qu’il fallait nuancer, ce qu’on a fait. La méthode de travail de la Cour est réputée dynamique, inductive, téléologique. Votre approche est très peu littéraliste. Vous vous référez souvent aux principes généraux du droit qui vous donnent une certaine marge de jugement. Tout comme les autres juges, nous appliquons la loi. Mais la loi au sens tout à fait général, pas seulement celle votée par la Chambre des députés. Nous appliquons ainsi également la loi fondamentale – la Constitution –, le droit international, ainsi que tous les principes qui sous-tendent l’édifice juridique. Nous ne nous arrêtons pas comme une taupe devant chaque petit argument. Nous essayons d’avoir une vue panoramique sur l’entièreté de la problématique et de scruter les normes supérieures qui conditionnent le tout. Les juridictions judiciaires traitent, elles, de domaines pour lesquels la législation est très balisée : le Code civil, le Code pénal, le Code de la route, le Code de la Sécurité sociale. En général, il ne vient même pas à l’esprit des plaideurs, ni des juges d’aller voir plus loin. Mais les juges administratifs – que ce soit en France, en Belgique ou au Luxembourg – ont historiquement toujours été confrontés à une absence de textes ; même pour des éléments essentiels, comme les procédures devant l’administration. Du coup, ils ont été amenés à consacrer des principes généraux du droit. Peut-on parler d’une « école Delaporte » ? Et si oui, va-t-elle survivre à votre départ à la retraite d’ici quelques années, sachant que la Cour fonctionne de manière collégiale avec des majorités plus ou moins solides ? Si nous n’étions pas d’accord au niveau de la Cour de procéder de cette manière, nous ne le ferions pas. Sinon notre groupe de cinq juges ne fonctionnerait pas. Évidemment il y a des impulsions provenant des différents côtés, mais il n’existe pas d’école de pensée qui serait attachée à une seule personne. On perçoit une divergence entre le tribunal et la Cour administratives en ce qui concerne les méthodes d’interprétations, la première restant plus étroitement littéraliste… Ici encore, il y aurait beaucoup de nuances à apporter. Il existe sans doute une différence au niveau de l’expérience. Les membres de la Cour sont là, en majorité, depuis le début de la création des juridictions administratives en 1997. Par la force des choses, vu les renouvellements nécessaires, tel n’est pas le cas pour les membres du tribunal L’expérience permet donc de calculer quels risques on peut prendre ?

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Par la force des choses, oui. Même si, en première instance, le juge peut lancer des ballons d’essai. En deuxième instance, on ne se rattrape plus. C’est une lourde charge. Il faut donc rester prudents. D’ailleurs la jurisprudence implique la prudence.

Les bureaux de la Cour au -3 de L’Hémicycle (« Klenge Kueb »)


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P O L I T I K

22.07.2022

ÉDITO

GESUNDHEIT

Who-hoohoo

Connection restored

Bernard Thomas

Fin juin, Soufiane Saadi passait dans « La Bulle Immo », le podcast immobilier de RTL. Le CEO d’atHome Group y détaillait les dernières données de sa plateforme. Le volume de nouvelles annonces aurait atteint un record, « énormément de biens sont mis en vente, principalement sur l’ancien ». Or, « ce qui sort » (c’est-à-dire les biens vendus) ne serait « plus aussi important ». Saadi voyait dans cette accumulation d’annonces le premier signe d’une « décélération » : « Est-ce qu’on n’est pas en train de shifter d’un seller’s market vers un marché d’acheteurs ? » La hausse des taux hypothécaires semble avoir enterré la période du super-boom (2018-2022), avec ses croissances annuelles entre dix et quinze pour cent. Aujourd’hui, les biens ne se vendent plus tout seuls au bout de quelques jours. Julien Licheron, économiste à l’Observatoire de l’Habitat, se veut rassurant : Un « effondrement » des prix lui paraît « exclu ». Les fondamentaux resteraient « sains », soutenus par le solde démographique et l’appétence des investisseurs. Il prévoit tout au plus un « ajustement ». Et de rappeler : « Même si les prix baissaient de quinze pour cent – ce qui serait déjà énorme –, on ne ferait finalement que retrouver les niveaux de 2020 ». Les indicateurs officiels n’ont jusqu’ici pas enregistré de baisse. (Entre janvier et mars 2022, les prix ont connu une augmentation annuelle de 10,5 pour cent.) Dans son dernier « Conjoncture Flash », le Statec annonce pourtant « une hausse en train de se modérer ». À première vue, le scénario qui s’annonce semble analogue à celui de 2008-2009. Au lendemain du meltdown financier, plus rien ne bougeait sur le marché de l’immobilier. Les acheteurs refusaient de payer les prix demandés, alors que les vendeurs ne voulaient pas revoir leurs attentes à la baisse. Une drôle de guerre s’installa. Elle se traduisit par une chute du volume des transactions de 55 pour cent. Enfin, les prix de l’immobilier baissaient légèrement (moins cinq pour cent), avant de reprendre de nouveau leur envol. Mais 2022 ne sera pas 2008. Même si une « correction » des prix se concrétisait, les primoaccédants n’en ressentiraient pas les effets. Car toute baisse des prix se retrouvera illico phagocytée par la hausse des taux d’intérêts. Sur les six derniers mois, le fixe a plus que doublé, passant de 1,50 à plus de trois pour cent. Pour un prêt hypothécaire d’un million d’euros sur vingt ans, ceci signifie une augmentation des mensualités de 4 825 à 5 545 euros. La capacité de financement des ménages s’en trouve sérieusement entamée. Dans l’actuelle édition de Fonction Publique, le président de la CGFP se plaint que cette hausse subite se ferait ressentir « bis weit in die Mittelschicht ». Romain Wolff emploie ici la nouvelle périphrase standard, qui doit signifier que le problème est à considérer comme sérieux, puisqu’il touche les électeurs luxembourgeois. Au cours de ces derniers mois, le rêve de l’accès à la propriété s’est évanoui pour de nombreux jeunes qui ne peuvent compter sur un héritage. Les agences évoquent « un reality check assez dur ». Dans son nouveau spot publicitaire, la BCEE fait encore danser et chanter un jeune couple devant son siège : « Mir géife gär een Haus kafen/ Am Land oder hannert der Grenz/ Vläicht solle mir et vergiessen/ Who-hoo-hoo […]. » La Banque centrale du Luxembourg note sèchement dans son dernier rapport trimestriel : « Selon les banques, les ménages auraient diminué leur demande pour des prêts à l’habitat lors du premier trimestre 2022 (-50 pour cent en pourcentages nets). […] Pour le deuxième trimestre 2022, les banques ont anticipé un nouveau durcissement de leurs critères d’octroi, combiné à une baisse de la demande des ménages pour ces prêts ». Tout semble se liguer contre les primo-accédants. L’indice des prix de construction a augmenté de quatorze pour cent en une année, la hausse la plus importante enregistrée depuis 1975. La pénurie de gaz qui s’annonce pour l’hiver a transformé la performance énergétique en réelle préoccupation. Enfin, les investisseurs continuent à s’engouffrer dans le marché immobilier. Les Big Four font de leur mieux pour alimenter la surchauffe. « Luxembourg has become even more attractive for developers and investors interested in having safe returns for their funds », se réjouissent ainsi deux associés d’EY dans l’édition actuelle de PropertyEU Magazine. « Residential assets have proven their resilience and as a positive effect, investors are turning more towards this market segment ». Le logement comme « asset » ; jeunes ménages s’abstenir.

Unangenehm überrascht zeigten sich die Ärzte, die die Newsletter der CNS abonniert haben, als sie am Mittwoch daraus erfuhren, dass Videosprechstunden künftig nicht mehr möglich seien und die Gesundheitskasse solche Leistungen nicht mehr zurückerstatte. Eingeführt worden waren die téléconsultations zu Beginn der Corona-Pandemie im April 2020 per Verordnung von der Direction de la Santé, die den Ärzten damit die Verschreibung von Medikamenten und die Ausstellung von Krankenscheinen vereinfachte. Die hoch ansteckenden Patient/ innen mussten sich nicht mehr in die Privatpraxen und Krankenhäuser begeben, sondern konnten zuhause in Isolation bleiben. Auf diese Weise konnte das Risiko, andere mit Covid-19 zu infizieren, verringert werden. Die Verordnung von Santé-Direktor Jean-Claude Schmit, die das ermöglichte, lief am 15. Juli aus und wurde nicht verlängert. Der Ärzteverband AMMD kritisierte am Mittwoch in einer Mitteilung an seine Mitglieder, die CNS habe diese Entscheidung aus finanziellen Gründen getroffen; sie sei nicht mit der Ärzteschaft abgesprochen gewesen. Und das obwohl die sanitäre Krise noch nicht vorbei sei und die Anzahl der Krankenscheine wegen Covid-19 nach wie vor hoch sei. Auch wenn inzwischen kaum noch jemand schwer an Corona erkrankt, liegt die Zahl der aktiven Infektionen seit einigen Wochen höher als im Winter 2020/2021, Isolationsregeln gelten nach wie vor. CNS-Direktor Christian Oberlé begründete die Entscheidung am Mittwoch gegenüber dem Land damit, dass eine Weiterführung der Videosprechstunden über die sanitäre Krise hinaus nur in einem angemessenen rechtlichen Rahmen und unter Bedingungen möglich sei, die die Sicherheit und die Qualität dieser Maßnahme gewährleisten würden. Der politische Druck der AMMD hat offenbar geholfen, denn am Donnerstag stellte die Santé etwas überraschend eine neue Verordnung aus, die Videosprechstunden rückwirkend auf den 16. Juli wieder erlaubt, so dass auch die CNS nun wieder die Kosten dafür rückerstattet. (Foto: Sven Becker). ll

P E R S O N A L I E

Philippe Majerus, 41 ans, se retire de la Fondation du Grand-Duc et de la GrandeDuchesse. Aide de camp de Maria Teresa depuis 2013, il avait pris la direction de ladite fondation en septembre 2019, quelques mois après l’organisation du forum Stand Speak Rise Up! (SSRU). La fondation destinée aux œuvres sociales avait modifié en novembre son objet pour justifier les fonds (1,4 million d’euros) versés pour l’organisation de cet événement qui avait installé l’épouse du chef de l’État comme ambassadrice de la lutte contre les violences sexuelles liées aux conflits. La fidélité et la loyauté de Philippe

Blog

Majerus à l’égard de Maria Teresa était louée : « La Grande-Duchesse lance les choses puis Monsieur Majerus prend la balle au vol », avait dit l’administrateur des biens du Grand-Duc et président de la Fondation, Norbert Becker, dans une interview à Paperjam. Au Land, Philippe Majerus indique que son « congé sans traitement touche à sa fin ». « Je réintègre l’armée comme directeur ressources humaines forces à partir du 1er août », informe-t-il. pso

K L I M AWA N D E L

Warnstufe rot „Virun allem bei der Summergeescht a beim Mais gesäit et ganz schlecht aus“, behauptete am Montag der Chef der ASTA-Meteostation, Andrew Ferrone gegenüber Radio 100,7. Wahrscheinlich werden die Bauern nicht ausreichend Heu einlagern können, um ohne Zukauf durch den Winter zu kommen. Denn wo es zu warm und zu trocken ist, wächst kein Gras mehr. Hitzewellen beeinträchtigen nicht nur das Pflanzenwachstum, sondern können bei Menschen zu einem Hitzeschlag führen. Um diesem präventiv vorzubeugen schaltete Meteolux für Dienstag auf „Warnstufe rot“. Der Meteorologe Ferrone ist außerdem Mitglied des Weltklimarates; er erläutert auf Land-Nachfrage, dass eine 1,5-Grad Erhitzung laut IPCC zwischen 2040 und 2050 erreicht werden wird. Diese verursache den Berechnungen zufolge alle sechs Jahre eine Hitzewelle. Falls die Menschheit es nicht schaffe, die 1,5-Grad-Schwelle zu halten, würden planierende Hochs noch öfter auftreten. Ferrone erwähnt eine Reihe an leicht umsetzbaren Maßnahmen, wie das Energiesparen oder die Produktion von erneuerbaren Energien über Solarpanels. „All eenzelen ka mathëllefen. Beim Transport, kann een kucken fir méi Trajeten zu Fouss, mam Vëlo oder mam ëffentlechen Transport ze maachen. Wann ee en eegene Gaart huet, kann een och kucken dee gréng ze halen, well een esou hëlleft, erëm CO2 aus der Loft erauszehuelen,

a Beem bei Hëtzt Schiet ginn“, erklärt Ferrone. Wer keinen eigenen Garten hat, kann sich bei Initiativen wie Urban Forestry– Mäi Stater Bësch einbringen. sm

Tankrabatt RTL bekam am Dienstag „aus gutt informéierte Source confirméiert“, dass der Tankrabatt von 7,5 Cents möglicherweise um einen Monat verlängert werde. Prompt reagierten déi jonk Gréng mit einem Presseschreiben und forderten statt des Tankrabatts Maßnahmen wie eine Steuerbefreiung des Mindestlohns oder eine Energieprämie für Geringverdiener. Die Piraten ihrerseits sprachen sich am Tag zuvor für eine Kilometerpauschale statt eines Tankrabatts aus, „dat schützt déi Kleng, déi op hire Fiat 500 ugewise sinn“, so Sven Clement. Freuen dürfte sich hingegen CSVOppositionspolitikerin Martine Hansen. Ende Juni twitterte Sie: „#Spritpraisser – gezielt ideologisch Benoodeligung vun blo, roud a gring vun all deenen Leit, wou den Auto brauchen“. Fernand Kartheiser (ADR) unterstützte den Zuschuss am Mittwoch mit einer religiös anmutenden Wendung: „Mir bekennen eis zum Tankrabatt“. Gestern bestätigte déi Gréng, dass sie die Verlängerung mittragen werde. Im April bezeichnete Verkehrsminister François Bausch den Rabatt gegenüber Reporter als „sinnlos“. Die Subventionierung von fossilen Energien sei nicht nur klimabezogen unklug, sie unterstütze darüber hinaus kaum Personen mit niedrigem Einkommen. sm

PA RT E I E N

Ideologie überall Die CSV, die sich seit einem Monat offiziell im Wahlkampf befindet, sieht hinter fast jeder Entscheidung der Regierung, die die größte Oppositionspartei nicht mitträgt, „ideologische Gründe“; sei es in der Sicherheits-, Gesundheitsoder in der Steuerpolitik – und beim Klimaschutz sowieso. Die

CSV selbst hat sich vergangenes Jahr offiziell von ihrer Ideologie getrennt, mit der sie jahrzehntelang gesellschaftspolitische Reformen verhindert hat. An ihrem konservativen Familienbild hält sie dennoch fest, denn auf ihrer Bilanzpressekonferenz am Dienstag hat sie sich explizit gegen die individuelle Besteuerung ausgesprochen. Die von Blau-RotGrün geplante und schließlich doch nicht durchgeführte Abschaffung der 1941 eingeführten und ursprünglich auf der nationalsozialistischen Ideologie beruhenden Steuerklassen sei vermutlich illegal, verfassungswidrig und finanziell nicht umsetzbar, monierte KoFraktionspräsident Gilles Roth. ll

Grüne Umfrage Im Auftrag der Grünen und des Sinus Marktforschungsinstituts führt Ilres zurzeit eine Umfrage durch, die Aufschluss über die Einstellungen der Luxemburger/ innen zu Fragen wie Digitalisierung und Klimawandel geben soll. Neben dem Medienkonsum fragen die Marktforscher auch persönliche Meinungen und politische Ansichten ab. Die Befragten sollen ihre Einschätzungen geben zu Aussagen wie: „Bevor man sich auf der Arbeit herumkommandieren lässt, lebt man lieber vom Chômage“, „mit das Wichtigste ist eine anerkannte Stellung“, „mein Zuhause ist meine Insel“, „ich glaube an die Liebe fürs Leben" oder „für meine Zukunft setze ich voll auf meine Leistungsfähigkeit“. Auch die Erwartungen an die politischen Parteien werden abgefragt. Hier reicht die Bewertung von harmonisch (nicht zerstritten) bis staatstragend (sorgt für einen guten Ruf Luxemburgs). Was die Grünen mit diesen Informationen anfangen wollen, ist unklar. Vermutlich dienen sie ihnen als Vorbereitung für ihre Wahlstrategie. ll

S I C H E R H E I T

Körperkameras Nachdem das Parlament vergangene Woche den Gesetzentwurf zur Einführung

des Platzverweises verabschiedet hatte (d᾽Land; 15.07.2022), stellte Polizeiminister Henri Kox (déi Gréng) in dieser Woche den rechtlichen Rahmen vor, der es erlaubt, die Polizei mit Bodycams auszustatten. Der Regierungsrat hatte vor einer Woche seine Zustimmung dafür gegeben. Damit wollen die Ordnungshüter darauf reagieren, dass immer mehr Menschen Polizeieinsätze mit ihrem Smartphone filmen. Die Kameras seien zwar immer eingeschaltet, doch damit sie aufnehmen, müssten die Beamten sie aktivieren, wenn die Situation es erfordere, wird Alain Engelhardt von der Polizei im Le Quotidien zitiert. Demzufolge dienen die Bodycams vor allen den Polizeibeamten selbst, für die Opfer von potenzieller Polizeigewalt sind sie nutzlos. ll

S OZ I A L E S

Sozialkonflikte Während der OGBL sich nach der Gedenkfeier für ihren vor zehn Jahren verstorbenen langjährigen Präsidenten John Castegnaro am vergangenen Samstag in den Urlaub verabschiedet hat, warnte die CGFP gestern in einer Mitteilung vor einer Zunahme der Sozialkonflikte. Der Unmut der Staatsbeamtengewerkschaft ist vor allem auf die Dreiergespräche zurückzuführen, die kürzlich im Rahmen des Europäischen Semesters stattgefunden haben. Dort hätten Spitzenvertreter des Patronats dem Staat vorgeworfen, „einen unlauteren Wettbewerb“ zu betreiben, weil die Regierung die 80/80/90-Regelung wieder abgeschafft hat. Eine Forderung der Arbeitgeberseite sei es gewesen, dass keine zusätzlichen Mitarbeiter bei Staat und Gemeinden mehr eingestellt werden dürften, informiert die CGFP. Der Regierung wirft die Gewerkschaft vor, auf diese "unverschämten Arbeitgeberforderungen" nicht reagiert zu haben. ll


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Land 22.07.2022

P O L I T I K

Harte Zeiten

Z UFALL SGE SPR ÄCH MIT DEM M ANN IN DER EISENB AHN

Trockenschwimmen

Luc Laboulle

„Siri, ist der Mindestlohn steuerfrei?“ – „D’Kafkraaft vu grad deenen och sozial méi schwaache Stéit ass e Sujet, dee mir ganz no um Häerz läit.“ „Siri, welche Länder haben eine Sondersteuer auf Extraprofiten?“ – „Ech soe merci fir déi vill exzellent Iddiën.“

Olivier Halmes

Dan Kersch mit Wirtschaftsminister Franz Fayot beim Kongress im März in Vianden

Dunkle Wolken Die „schwaarz Wolleken“, die die

UEL kurz vor Beginn der Tripartite im März „über unserer Wirtschaft“ aufziehen sah, hatten sich am Donnerstag vergangener Woche weiter verdichtet. Am Ende der bereits im November 2020 von der LSAP beantragten „großen Steuerdebatte“ machte DP-Finanzministerin Yuriko Backes alle Hoffnungen auf „mehr Steuergerechtigkeit“ zunichte. „D᾽Leit ënnen op der sozialer Leeder“ und die Mittelschicht zu entlasten, Reiche höher zu besteuern und gleichzeitig Talente anzuziehen: Das sei „komplex“ und „alles net ganz esou einfach“, meinte die Ministerin in ihrer Schlussfolgerung. Dass die 2013 angekündigte und 2018 fortzusetzende „große Reform“ mit einer „neuen einheitlichen Steuertabelle“ und einer Entlastung „benachteiligter Personen“ scheitern würde, war spätestens vor zwei Jahren klar geworden. Erst die Corona-Pandemie, dann der Krieg in der Ukraine und die hohen Energiepreise hätten den Staatshaushalt stark belastet, 2022 solle die Wirtschaft laut EU-Kommission zwar um 2,6 Prozent wachsen, 2023 aber nur noch um 2,1 Prozent statt den 2,7 Prozent, die noch im Frühjahr prognostiziert worden waren. Deshalb müsse Luxemburg sich auf wirtschaftlich harte Zeiten einstellen, der hohe Wohlstand dürfe nicht mehr als selbstverständlich angesehen werden, mahnte Backes. Dass die Wirtschaft in den fünf Jahren vor der Pandemie durchschnittlich um 2,8 Prozent jährlich und 2021, nach einem kurzen Einbruch von minus 1,78 Prozent im Corona-Jahr 2020, um ganze 6,89 Prozent gewachsen war, spielte dabei keine Rolle.

Nicht einmal das Patronat hatte sich vergangenes Jahr einer Bereinigung der Steuertabelle verschlossen, wie aus dem Steuergutachten des Wirtschaftsund Sozialrats (CES) von 2021 hervorgeht. Einer automatischen Anpassung der Steuertabelle an die Inflation, wie die Gewerkschaften sie fordern, aber schon. Auch die LSAP, die eigenen Aussagen zufolge nach einem „neuen Gesellschaftsmodell“ strebt, bezeichnete die automatische Anpassung am Donnerstag in Zeiten von Multikrisen als ungerecht und nicht zielführend. Stattdessen schlug Dan Kersch eine progressivere Einkommenssteuer mit zusätzlichen Gehaltsgruppen vor, bei der höhere Einkommen proportional stärker besteuert würden als niedrige. Die Grünen sprachen sich hingegen für eine „selektive“ Anpassung der Steuertabelle an die Inflation aus. Nur die DP findet die Inflationsbereinigung der Steuertabelle grundsätzlich zu teuer und unterstützt Geringverdiener lieber mit Steuerkrediten. Nicht viele Reiche Überschneidungen zwischen

CSV, LSAP und Grünen waren auch beim Spitzensteuersatz zu beobachten. Zwar gingen die einzelnen Vorstellungen in Detailfragen etwas auseinander, doch über eine generelle Anhebung des Steuersatzes

für Haushalte mit sehr hohen Einkommen war man sich einig. Lediglich die DP konnte damit überhaupt nichts anfangen, weil es erstens „nicht so viele Reiche“ in Luxemburg gebe, zweitens der Spitzensteuersatz samt Solidaritätssteuer im OECD-Vergleich eh schon recht hoch sei und drittens, weil eine Anhebung um drei Prozent dem Staat lediglich Mehreinnahmen von 50 Millionen Euro einbringen würde, rechnete Yuriko Backes vor. Ihr Parteikollege André Bauler kam auf zusätzliche 110 Millionen, in seinem Berechnungsmodell wurde der Spitzensteuersatz jedoch um sieben Prozentpunkte erhöht. Laut Backes würden 2,13 Prozent der Haushalte eh schon 75 Prozent des Impôt sur le revenu des personnes physiques (IRPP) zahlen, sodass die „breiten Schultern“ den Sozialstaat heute bereits überproportional finanzieren würden. Was sie nicht erwähnt hat: Der Anteil des IRPP (Abgabe auf Geschäftsgewinnen) an den Gesamtsteuereinnahmen lag in den vergangenen Jahren lediglich bei zehn bis zwölf Prozent, während die Lohnsteuer mehr als die Hälfte der Einnahmen ausmacht, sodass die Behauptung der Finanzministerin über die breiten Schultern nicht ganz richtig ist. Die größte Steuerlast tragen auch nach der Reform von 2017 noch immer die Angehörigen der Mittelschicht, und unter denen vor allem die Angestellten aus dem öffentlichen Dienst, sodass der Staat einen großen Teil seiner Steuereinnahmen selbst bezahlt. CSV und LSAP stellten am Donnerstag beide fest, dass die Betriebssteuern seit Jahren rückläufig sind. War das Verhältnis zwischen der Besteuerung von Unternehmen und Privatpersonen vor 20 Jahren noch ausgeglichen, machen die Betriebssteuern je nach Berechnung heute nur noch rund ein Drittel bis ein Viertel der Gesamtsteuereinnahmen aus. 2017 wurde die Körperschaftssteuer erneut gesenkt. Bislang habe Luxemburg bei der internationalen Steuerkonkurrenz gut mitgemischt, stellte Dan Kersch fest, der vorschlug, die Solidaritätssteuer für Betriebe mit Gewinnen von über 175 000 Euro von sieben auf neun Prozent anzuheben und sie gleichzeitig für kleine Betriebe auf vier Prozent zu senken. Diese Maßnahme könnte sich durchaus positiv auf den Staatshaushalt auswirken, denn in Luxemburg werden laut OECD 71 Prozent der Betriebssteuern von multinationalen Unternehmen bezahlt, mehr als 95 Prozent von ihnen haben ihren Hauptsitz im Ausland und betreiben in Luxemburg lediglich eine Filiale. Weil Luxemburg die „Jahrhundertreform“ (Yuriko Backes) der OECD zur Abschaffung der internationalen Steuervermeidung (Beps) umgesetzt hat und seitdem nicht mehr auf den Listen der Steueroasen auftaucht, sollten die aggressivsten Steuervermeidungspraktiken inzwischen Geschichte sein. Und wenn Luxemburg die europäische UnshellRichtlinie annimmt und die von der OECD vorgeschlagene globale Mindeststeuer von 15 Prozent für internationale Konzerne einführt, soll Steuervermeidung künftig noch komplizierter werden, vor allem für die undurchsichtigen Briefkastenfirmen Soparfi, die rund 75 Prozent zu den staatlichen Kapitaleinnahmen beisteuern.

Die LSAP sprach sich am Donnerstag auch für die Wiedereinführung der Vermögenssteuer aus, die 2006 unter ihrer Regierungsbeteiligung abgeschafft worden war, und würde vor diesem Hintergrund eine Aufhebung des Bankgeheimnisses für Gebietsansässige in Kauf nehmen. Die Grünen wollen zumindest darüber diskutieren. Für DP und CSV kommt die Vermögenssteuer nicht in Frage, genau wie die Erbschaftssteuer in direkter Linie, die von keiner der großen Parteien als sinnvoll erachtet wird. Lediglich die Grünen wollen im Sinne der Chancengleichheit darüber reden. Vorwahlveranstaltung Am Ende einigten die drei

Regierungsparteien sich auf eine schwache Motion, die insbesondere den Ansprüchen von LSAP und Grünen an eine potenzielle Steuerreform in keiner Weise gerecht wird. Trotzdem werden die Sozialisten später sagen, sie hätten die Anhebung der Kaufkraft für Alleinerziehende und den sozialen Ausgleich für die steigenden Energiepreise durchgesetzt. Die DP wird sich mit ihrem Einsatz für weitere steuerliche Vorteile für hochqualifizierte Talente im Sinne der Kompetitivität brüsten und die Grünen werden bei ihrer Wahlklientel mit den Steuererleichterungen für die Energietransition werben, obwohl die – gemessen an den sich durch die Klimakrise stellenden Herausforderungen – sowohl für Privatpersonen als auch für Betriebe bislang völlig unzureichend sind.

Mehr war von der großen Steuerdebatte ein Jahr vor den Wahlen wohl nicht zu erwarten. Die DP inszenierte sich als staatstragende Partei, die seit 2013 alles richtig gemacht hat, und in wirtschaftlich schwierigen Zeiten die Staatsfinanzen im Blick hat. Die CSV versuchte ihrem Anspruch als dissoziative Volkspartei gerecht zu werden, indem sie Steuerentlastungen für die „breite Mittelschicht“ und Steuervorteile für die Wirtschaft miteinander in Einklang zu bringen versuchte. Die Grünen ließen gewohnt Vorsicht walten, verschlossen sich einer Umverteilung der Steuerlast nicht, stellten aber nur wenige konkrete Forderungen. Lediglich die LSAP, die 2023 erstmals die Premierministerin stellen will, nutzte die Gelegenheit, um für ihre „Neuerfindung einer strukturell nachhaltigen Gesellschaft“ zu werben. Mit wem sie dieses „neue Gesellschaftsmodell“ umsetzen will, ist noch unklar. Mit der DP jedenfalls nicht. Mit den Grünen vielleicht. Und möglicherweise auch – so hoffen es die Sozialisten – mit dem christlich-sozialen Flügel der CSV.

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Der Haushalts- und Finanzausschuss hatte zwei Berichterstatter bestimmt. So machte die Mehrheit die Opposition zu Komplizen. Das gelang besser als erwartet. „Schaffe muss sech lounen. Dofir Steiererliichterungen elo“, tönte die CSV. Dann stimmte sie für die Motion der Regierungsmehrheit. Die Motion listet alle Leistungen der Regierung auf. Ansonsten verspricht sie bloß, zu untersuchen, zu beobachten, zu studieren und zu analysieren. Die Berichterstatter André Bauler (DP) und Gilles Roth (CSV) wurden für ihre Kompetenz ausgewählt. Will heißen für ihre rechtsliberalen, unternehmerfreundlichen Standpunkte: Sachzwänge, Wettbewerbsfähigkeit, Maßhalten. Ihr Bericht zählte vor allem die verschiedenen Steuerarten auf. Das tat der Wirtschafts- und Sozialrat schon gründlicher. Die nach der Lohnsteuer zweitgrößte Steuer kam in dem Bericht nicht vor: DP, LSAP und Grüne hatten die TVA gleich nach ihrem Amtsantritt erhöht. Ein Jahr vor den Wahlen wollte die Regierung die Besteuerung der Lohnabhängigen und Kleinbürger „modernisieren“. Die besitzenden Klassen wagte man nicht zu stören. Die Abschaffung der Steuerklassen steht im Koalitionsabkommen. Sie sollte zur Individualisierung der Einkommensbesteuerung führen. Das interessierte besonders die liberale Klientel. Dann kamen die Covid-Seuche und der Wirtschaftskrieg mit Russland. Nun fehlt es am Geld. Die Individualisierung verlangt Ausgleichsund Übergangszahlungen. Sie sollen einen Aufstand wütender Hausfrauen und Brotverdiener verhindern. Die DP sorgte dafür, dass auch LSAP und Grüne keine Erfolge beanspruchen können. Sie hatten sich die Forderungen

Aus einer Steuerreform wurde eine Steuerdebatte. Die LSAP hatte sie beantragt. Sie wollte keine Steuerreform. Sie wollte ihr Wahlprogramm für nächstes Jahr vorlesen.

An der Steueroase und dem Tanktourismus rüttelte keine regierungswillige Partei. Wie der Öslinger Schiefer und der Luxemburger Sandstein gehören sie zur Morphologie des Landes

Von den regierenden und regierungswilligen Parteien rüttelte keine an den Bagatellsteuern auf den Profiten von Investitionsfonds und Briefkastenfirmen, an dem Steuerdumping auf fossilen Energieträgern. Steueroase und Tanktourismus gehören zur Morphologie des Landes wie der Öslinger Schiefer und der Luxemburger Sandstein. „Wäre Geld da“, wollten die Parteien etwas für Internetgiganten und für Start-ups tun, für Mindestlohnbezieher und für „Talente“. Nur die Grundstücksund Ertragshausbesitzer sollen bestraft werden. Weil sie die Arbeitskraft verteuern. Viele, die einst die Anpassung der Steuertabelle an die Inflation verlangten, wollen sie nun deckeln wie den Index. Die Regierung will sich kostengünstig sozial geben. Sie will im Haushaltsgesetz für nächstes Jahr „eppes fir d’Monoparentale maachen“. Laut Steueramt wäre selbst eine Verdoppelung des „crédit d’impôt monoparental“ die billigste aller Steuersenkungen. Die Liberalen halten die Alleinerziehenden für die letzten Armen nach dem Platzverweis. In der alleinerziehenden Mutter sehen sie kein Opfer wirtschaftlicher Verhältnisse, sondern eines privaten Schicksalsschlags. Sie fühlen ihr Weltbild bestätigt. Die DP ging als Siegerin aus der Orientierungsdebatte hervor. Ihre Finanzministerin hielt den Kassenstand bis zum Ende der Debatte zurück. Am Montag hieß es, der Zentralstaat verbuchte im ersten Halbjahr 1,1 Milliarden Euro Überschuss. Romain Hilgert

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SIP

Am Samstag belohnte die Rating-Agentur Fitch Luxemburg wegen seiner mustergültigen Steuerpolitik und seiner vorbildlichen Haushaltsführung mit einem weiteren AAA. Am Montag – nur drei Tage nach der großen Steuerdebatte – stellte Yuriko Backes dem parlamentarischen Ausschuss für Finanzen und Budget die Haushaltszahlen für die erste Jahreshälfte vor: Die Einnahmen des Zentralstaates liegen 10,9 Prozent über denen vom vergangenen Jahr, über die Hälfte der Mehreinnahmen in Höhe von einer Milliarde Euro stammt von der durch zwei Indextranchen gepushten Lohnsteuer (445 Millionen Euro) und den Akzisen auf Tabak (80 Millionen). Schon alleine damit hätte die Regierung die Inflationsbereinigung der Steuertabelle samt Erhöhung des Eingangsbetrags von 11 285 auf 15 000 Euro finanzieren können, die die CSV bei der Debatte gefordert hatte, meinte ihr Abgeordneter Gilles Roth am Dienstag auf einer Pressekonferenz. Im März hatte die Regierung sich aber dazu entschlossen, dieses Geld der zum größten Teil florierenden Wirtschaft zu spenden, indem sie die automatische Lohnanpassung verzögerte und stattdessen Steuerkredite an Arme verteilt.

Die LSAP bewies als einzige große Partei bei der Steuerdebatte Mut und warb für ihre „Neuerfindung einer strukturell nachhaltigen Gesellschaft“. Am Ende stimmte sie trotzdem für die schwache Motion der Mehrheit

Während die LSAP also zumindest die Solidaritätssteuer erhöhen möchte, lehnen DP, Grüne und CSV eine Erhöhung der Betriebssteuersätze grundsätzlich ab. Das Argument, das in diesem Zusammenhang immer wieder angeführt wird, ist das der Wettbewerbsfähigkeit. Luxemburg müsse international attraktiv bleiben, es brauche eine starke Wirtschaft mit erfolgreichen Betrieben, sicheren Arbeitsplätzen und guten Löhnen, meinte etwa die Finanzministerin. Der „Schlüssel der Wirtschaft“ sei es, die richtigen „Talente“ zu finden, deshalb müsse der Staat diese steuerlich entlasten. Aus diesem Grund wolle die Regierung die Sondersteuerregelung für hochqualifizierte und spezialisierte Arbeitnehmer/innen und das System der Beteiligungsprämien noch attraktiver gestalten. Angesichts der hohen Konjunktur und des Fachkräftemangels auch in Sektoren mit niedrigen und mittleren Löhnen müsste die Regierung jedoch darüber nachdenken, ob sie die Situation der Arbeitnehmer/innen nicht insgesamt verbessern will. „Gute Mitarbeiter mit guten Löhnen, die sich eine ordentliche Wohnung leisten können“ wünschen sich schließlich alle Unternehmen und nicht nur die aus dem Finanzsektor, der IT-Branche und die Big Four. Der diesbezügliche Vorschlag von Dan Kersch, Firmen mit einem Kollektivvertrag steuerlich zu entlasten, stieß aber bei den anderen Parteien auf taube Ohren.

Vergangene Woche führte das Parlament eine steuerpolitische Orientierungsdebatte. Finanzministerin Yuriko Backes spielte die elektronische Sprachassistentin. Sie beherrschte sogar die synthetische Satzmelodie.

der Berufskammern und Lobbys wohlwollend angehört. Bis das Steueramt die Ausfälle schätzte: Alles unbezahlbar!

Finanzministerin Yuriko Backes (l.) in einer

Videokonferenz des Finanzausschusses


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Land

P O L I T I K

22.07.2022

Sven Becker

Schung oder Schong, Teletravail an Home office

zwar auf Französisch und Englisch. Ebenso der Verlag Maison Moderne, der 2011 das englischsprachiges Delano Magazin lancierte. Es hat eine Auflage von 10 000 und bringt vor allem Wirtschaftsakteure zusammen. Im November 2017 folgt der damalige Sankt Paulus Verlag mit der Luxembourg Times; sie erläutert luxemburgische Polit-Debatten für eine englischsprachige Leserschaft.

Stéphanie Majerus

Die luxemburgische Sprache ist eine politische Angelegenheit, die sich in einem linguistischen Wandel befindet Vor zwei Wochen meldeten die Basler Medien, die Schweizer Umweltministerin Simonetta Sommaruga habe ihre deutschsprachigen Amtskolleginnen getroffen. Unter ihnen waren auch die grüne Ministerin Joëlle Welfring. Ist Joëlle Welfring deutschsprachig? Für Fernand Fehlen, mittlerweile pensionierter Sozialforscher der Universität Luxemburg, sind solche Fragen hochgradig politisch: „Den 10. Oktober 1941 hunn d’Lëtzebuergerinnen an d’Lëtzebuerger bei der sougenannter Personenstandsaufnahme dat, wat mir hei schwätzen, als Sprooch deklaréiert.“ So konnte die deutsche Besatzung, die die Volkszugehörigkeit an der Sprache festmachte, die Einwohner Luxemburgs nicht als Volksdeutsche vereinnahmen. „Das war ein mutiger Akt des zivilen Ungehorsams“., sagt Fehlen. Dieser Volksentscheid wurde allerdings erst 1984 im Sprachengesetz offizialisiert. Die Schweiz hat die alemannischen Dialekte und das Schweizer Hochdeutsch politisch nicht im gleichen Maße vom Standarddeutsch getrennt. Die Sprachwissenschaftler ihrerseits argumentierten nach Kriegsende linguistisch und unterstrichen vor allem den Dialektcharakter des Luxemburgischen. In einigen Köpfen herrsche heute noch der Stand der luxemburgischen Sprachwissenschaft der 1950-er Jahre: „Dem eigenständigen Sprachen-Status scheinen Politiker nicht so recht zu trauen, denn weder Bildungsminister Claude Meisch noch Militante wie Fred Keup ziehen beispielsweise eine luxemburgische Alphabetisierung in Betracht“, schlussfolgert Fehlen. Trotzdem wird sich schon länger mit den Eigenheiten der luxemburgischen Mundart befasst. 1847 erschien das Lexicon der Luxemburger Umgangssprache von Jean-François Gangler, das als erstes Luxemburger Wörterbuch gehandelt wird. Anders als in dem monolingualen Duden oder Petit Robert werden die luxemburgischen Wörter darin über die deutsche und französische Übersetzung bestimmt, - was in einem mehrsprachigen Kontext funktioniert. Soziologisch betrachtet, spiegelt dies das Selbstverständnis der luxemburgischen Politik: „Zu Lëtzebuerg gëtt eng Méisproochegkeet verlaangt mat enger difuser Hierarchie tëschent deenen dräi Landessproochen an dem Engleschen als éischter Friemsprooch. Et kann ee net soen, dass dat Lëtzebuergescht dominéiert. D’Sproochen iwwerhuele verschidde Rolle jee no hirem Gebrauchskontext. Eise Schoulsystem baséiert dorop dës Méisproochegkeet ze legitiméiren“, erwähnt der Soziologe. Ob die Dreisprachigkeit in dieser Form beibehalten werden kann, bezweifelt

Fernand Fehlen denkt über die multilinguale Gesellschaft nach

Luc Marteling blättert durch den Sprachatlas von 1963

Fernand Fehlen mit Blick auf den Anteil von Personen aus Ländern, die keine Muttersprachler einer der drei Sprachen sind.

„Am Ablack ass d‘Englesch amgaang all aner Sprooche platt ze maachen“. Fernand Fehlen

In der Tradition des mehrsprachigen Wörterbuchs steht auch das LOD – Lëtzebuerger Online Dictionnaire. Für jedes Wort sind deutsche, französische, englische und portugiesische Übersetzungen aufgelistet. In seinem nicht-virtuellen Zuhause in Strassen versucht ein Team an Lexikografen und Sprachwissenschaftlern, die in Luxemburg gebräuchlichen Wörter zu dokumentieren – und zu erklären. Bisher wurden 32 000 Wörter kategorisiert. Wie identifizieren die Lexikografen das „richtige“ Luxemburgisch? „Unsere Mission ist zunächst wertneutral die Wörter zu dokumentieren, die im Gebrauch sind, und da halten wir zunächst die dominante Variante fest“, antwortet Luc Marteling, Leiter des Zenter fir d’Lëtzebuerger Sprooch. Es ginge bei den Vokabeln nicht darum zu bestimmen, welche korrekt sind, sondern welche die Hauptvarianten seien. Die normative Setzung beschränke sich auf die Bestimmung der Orthografie. Sich auf eine Variante und eine Orthografie festzulegen, sei nicht unwichtig, „denn Luxemburgsich als Fremdsprache ist am boomen“. Und in einem Sprachkurs könne man niemandem mehrere regionale Aussprachen zumuten. Könnte das LOD nicht dennoch zu einer Sprachpolizei gegenüber Dialekten mutieren? Offiziell schreibt sich der „Naturpark Öewersauer“ mit einem Ö, obwohl das LOD hier eine Orthografie vorschlägt, die mit einem „U“ beginnt. Im Süden hört man häufig Guar, muar, Tuart, im LOD steht Gare, muer, Taart. Luc Marteling sieht das anders: „Den LOD ass natierlech net géint Dialekter. Wa mer d’Standardvariante bis an den LOD opgeholl hunn, da kënne mer lues awer sécher nach méi Formen ophuelen“. In den Bücherregalen des ZLS stehen im Eigenverlag veröffentlichte Bücher. Eins erschien 2021 und befasst sich mit luxemburgischen Redewendungen – „Ech brauch elo eppes fir hanner d’Knäpp“. Im gleichen Jahr erschien ebenfalls der Band „Vun Dréischel bis Kréischel“. Was ist eine Dréischel? „Ee Pilz oder Champignon“, erläutert Luc Marteling. In den sozialen Medien behauptete ein User, er finde diese Bände nicht zeitgemäß. Diese Kritik weist der Zentrumsleiter zurück: „Das LOD schaut nach vorne und nach hinten. Wir dokumentieren ältere Varianten aber auch Jugendsprache, zu der im September eine Forschung startet. Wir sind nicht reaktionär,

wir haben den Sprachwandel natürlich auf dem Schirm, aber wir haben aus pragmatischen Gründen begonnen, alte Sprachvarianten zu dokumentieren, da wir hierfür aus einem bereits bestehenden Korpus schöpfen können“. Während unter anderem durch die Arbeit am ZLS eine Aufwertung des Luxemburgischen stattfindet, vollzieht sich gerade ein weiterer Wandel: „Am Ablack ass d’Englesch amgaang all aner Sprooche platt ze maachen“, behauptet Fernand Fehlen. Und um dies zu veranschaulichen, liefert er Zahlen: „In der ersten soziolinguistischen Umfrage von 1983 wurde erhoben, dass nur fünf Prozent der Einwohner am Arbeitsplatz Englisch sprechen, mittlerweile sind es mehr als 30.“ Die letzten Daten stammen von 2011, es müssten also noch deutlich mehr geworden sein. Überdies deuten die Daten auf regionale Unterschiede hin. In der Flughafen-Gemeinde Sandweiler beispielsweise spricht mehr als die Hälfte der Erwerbstätigen Englisch. Auch die formalen Bildungshintergründe und Berufslaufbahnen weisen Unterschiede auf: Bei Führungskräften, Akademikern und in der Computerbranche drängelt sich das Englische vor. „Für die Jugend verliert das Französische an Bedeutung. Englisch ist hip, cool und praktisch, Netflix-Serien werden auf Englisch geschaut, – sie suchen den Zugang zu einer globalisierten englischsprachigen Kultur“, so Fehlen. Bildungspolitisch wurde dieses Bedürfnis allerdings kaum erkannt; seit 1968 wird an den Schulen erst ab der zweiten Sekundarstufe Englisch unterrichtet. Lusophone Muttersprachler lernen Englisch als fünfte Sprache, nachdem sie sich im staatlichen Grundschulcurriculum bereits drei Fremdsprachen aneignen mussten. Eine Herkulesaufgabe. „Mee och op manner qualifizéierte Plaze ginn et Changementer an och d‘Fransouse schwätze mëttlerweil Englesch“, analysiert Fehlen. Ebenso verhalte es sich mit dem Austausch innerhalb der EU. Fehlen zitiert gerne den niederländischen Soziologen Abraam de Swan, der die Faustregel aufgestellt hat: „The more languages, the more English.“ Sie soll veranschaulichen, dass sich in einem mehrsprachigen Debattenraum auf das Englische als Konsenssprache festgelegt wird. Für Soziolinguisten wie Fehlen wird das gesellschaftspolitische Potenzial des Englischen übersehen. Erkannt hat es jedoch der Gemeinderat der Stadt-Luxemburg: Sein Einwohner-Magazin erscheint zweisprachig – und

Im LOD schlägt sich das Englische der Jugendlichen und des Tech-Milieu nieder. Genau 100 englische Verben wurden aufgenommen: aloggen, adden, kidnappen, muten, managen. Das Adjektiv „cringe“ wird ebenfalls im LOD erläutert, während „nice“ bis auf Weiteres vor der Tür bleibt. Lassen sich englische Verben bereits in den Bänden des Luxemburger Wörterbuchs finden, das zwischen 1950 und 1975 herausgegeben wurde? Für downloaden, swipen, printen und retweeten, kann man sich die Überprüfung sparen. Aber wie ist es mit joggen, interviewen, toasten? Keins der drei wurde aufgenommen. Auf Anhieb war nur „flirten“ auffindbar. Im LOD wird darüber hinaus für jedes luxemburgische Wort eine englische Übersetzung eingetragen, über die der Benutzer umgekehrt ein luxemburgisches Wort nachschlagen kann. Was die Suchanfragen betrifft, stellt der Programmierer vom ZLS, Sven Collette, allerdings keinen Anstieg von englischen Suchbegriffen fest. Vergleicht man Wortkoppelungen wie Confinement und Lockdown sowie Teletravail und Home office, die ins Luxemburgische übertragen wurden, bleibt die Variante, die aus dem Englischen übernommen wurde, deutlich hinter der Variante aus dem Französischen zurück. Warum das so ist, ist kaum zu beurteilen: Wollen die Nutzer vor allem überprüfen ob Confinement im Luxemburgischen mit einem K oder C geschrieben wird, während sie hingegen die Schreibweise von Lockdown beherrschen? Allerdings deuten weitere Indikatoren auf die voranschreitende Übernahme englischer Begriffe hin: „Boosteren“ wurde 2021 von luxemburgischen Medienschaffenden und Sprachwissenschaftlern zum Wort des Jahres gewählt. („Copytani“ – in Anlehnung an Xavier Bettels Plagiieren – fiel auf Platz sechs). Luc Marteling und Fernand Fehlen sind sich eins, dass der Sprachwandel zunimmt, die Menschen sind mobiler und vernetzter, viele haben einen internationalen Bildungshintergrund oder mehrsprachigen Migrationshintergrund. Zugleich flachen die luxemburgischen Dialekte ab und eine Homogenisierung des Luxemburgischen schreitet voran: Muar seet vläicht kee méi Guar. In den Sproocheronnen, die im Juni stattfanden und in denen sich Interessierte beteiligen konnten, wurde darüber hinaus beklagt, dass zu viele deutsche Wörter ins Luxemburgische eingebaut werden wie lieben. Andere fanden die Verwendung von frankophonen Vokabeln wie Canicule nicht angemessen, im Luxemburgischen müsste man „Hëtztwell“ sagen. Wiederum andere monierten, zu häufig würde eine deutschen Syntax ins Luxemburgische übertragen, wie in „ab dräi Auer“ statt „vun dräi Auer un“. Zu beobachten ist auch, dass Hauptvarianten von einer Unterform abgelöst werden können: Dominierte noch vor einiger Zeit das Wort „Schong“, so ziehen Luxemburger vermehrt Schung un.

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Land 22.07.2022

E U RO PA

ROUMANIE

L’art digital à la rescousse des ours et des forêts Mirel Bran, Bucarest

Ce qui fait la valeur du tableau original c’est qu’il est unique. Cette unicité, qui garantit sa valeur, est aujourd’hui assurée par la technologie de la blockchain. Un tableau digital peut être enregistré en tant qu’exemplaire unique sur un réseau de la blockchain, et c’est ainsi qu’il devient un NFT. Le caractère unique de cette œuvre est garanti par un algorithme mathématique. Elle peut être vendue sur Internet et celui qui l’achète peut la revendre plus cher si un autre acheteur est prêt à payer le prix. C’est ainsi qu’en l’espace d’un an les collections de NFT ont créé un marché de plusieurs milliards d’euros.

Cette forme d’art digital est la nouvelle religion d’une jeunesse née avec un téléphone mobile dans une main et une tablette dans l’autre. Les Pokémons, c’est de la préhistoire. Aujourd’hui, les NFT et les métavers se multiplient comme des champignons dans l’espace digital. C’est là que les jeunes Roumains sont allés chercher une solution pour sauver les 6 700 ours bruns de leur pays et les forêts des Carpates. « Nous allons créer 6 700 NFT, c’est-àdire 6 700 images digitales qui représenteront chacune un ours réel, explique Andrei Badita, 32 ans, co-fondateur de ce projet. La plupart des fonds que l’on va recueillir seront distribués automatiquement à un orphelinat d’ours aménagé dans les Carpates. Le transfert de l’argent sera automatique grâce au contrat intelligent que nous mettrons sur la blockchain. Ce projet permettra d’adopter un ours en passant par l’univers digital. » Le projet « Mos Martin » (le Vieux Martin), appellation populaire des ours en Roumanie, émergera des entrailles de l’espace digital au mois d’août. Il sera accompagné d’un autre projet issu de la même veine, à savoir la plantation d’arbres dans les Carpates, projet que ces jeunes sont en train de mettre an place avec la fondation, « La forêt de demain ». On pourra bientôt acheter un arbre NFT dans l’univers digital, et l’argent sera transféré automatiquement à la fondation qui plantera un arbre dans le monde réel. Les NFT dont les jeunes Roumains se servent pour changer la donne écologique de leur pays sont le produit de la rencontre entre leur intelligence et

Pierre Huguet-Dubief/Biosphoto via AFP

L’aventure commence par des petits dessins digitaux qui représentent des ours et des arbres. Ces illustrations sont ensuite exportées sur les réseaux de la web.3, le dernier cri en matière d’innovation sur la toile. C’est ce qu’on appelle des NFT. Les jeunes Roumains en profitent pour sauver les ours et les forêts de leur pays. NFT est l’abréviation de Non Fungible Token, ce qui signifie « jeton non fongible ». Un objet non fongible est un objet unique non interchangeable. Par exemple, le portrait de Mona Lisa peint par Léonard de Vinci et exposé au Louvre est « non fongible », ce qui veut dire qu’il est unique. Les experts évaluent sa valeur à des centaines de millions d’euros. Certes, on peut faire des milliers de photos de ce tableau, mais personne n’offrira des centaines de millions d’euros pour une photo de ce tableau. Les photos ne valent que quelques euros parce qu’elles sont fongibles, c’est-àdire qu’elles peuvent être reproduites à l’infini pour un prix modique.

Cette forme d’art digital est la nouvelle religion d’une jeunesse née avec un téléphone mobile dans une main et une tablette dans l’autre celle du robot. Irina Raicu, 31 ans, est l’artiste qui gère leur fabrication. « Aujourd’hui nous sommes capables d’utiliser des réseaux neuronaux artificiels pour créer de l’art, explique cette artiste qui est passée par la Sorbonne pour soutenir une thèse sur l’intelligence artificielle. J‘utilise un code mathématique que j’alimente avec des textes, ce qui lui permet de créer des œuvres artistiques. L’art qui en résulte est la rencontre entre l’humain et l’intelligence artificielle. Le résultat est aussi beau qu’imprévisible. » L’aventure de ces jeunes Roumains passionnés par les nouvelles technologies se déroule dans un espace créé pour stimuler leur créativité. Mis en place en novembre 2021 dans le centre de Bucarest, le hub V7 est devenu un lieu mythique des start-up qui veulent connecter la Roumanie au futur technologique. Miriam Constantin, 36 ans, la fondatrice de cet espace réservé à l’innovation, a quitté le milieu des grandes entreprises pour travailler dans cet incubateur qui

Ours brun fouillant les poubelles du

parc de Racadau Brasov en Roumanie

accueille aujourd’hui quinze start-up. « J’avais besoin de donner un sens à ma vie, affirme-t-elle. Je veux me lancer dans cette aventure qui vise à sauver les ours et les forêts de mon pays, et nous utilisons les technologies digitales pour créer un impact dans le monde réel. C’est ça l’astuce des nouvelles technologies : elles créent un pont entre l’imaginaire et le réel et nous permettent d’augmenter la valeur de nos projets de manière exponentielle. »

Ces projets destinés à connecter la Roumanie au futur seront accessibles sur la blockchain Elrond créée en 2018 par Beniamin et Lucian Mincu, deux jeunes frères de la ville de Sibiu, située au centre de la Roumanie. En l’espace de quatre ans Elrond a atteint une valorisation d’un milliard d’euros. « Ce n’est que le début, assure Andrei Badita. Mais plus que l’argent c’est l’idée de bâtir un monde meilleur qui nous anime. »

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DEUTSCHLAND

Die Sommermelodie Martin Theobald, Berlin

Endlich ist sie da, die heiße Jahreszeit. Und mit ihr die Sehnsüchte nach Mittelmeerstränden fernab jedweder sozialen Kontrolle, Kaltgetränkekonsum ohne Sinn und Verstand und Auszeiten in der Tumbheit des einfachen, schlichten Lebens. Gerade in Zeiten wie diesen scheint der Wunsch nach einer absoluten Betäubung grenzenlos zu sein. Was hilft dann mehr als laute, eingängige, einfache Musik mit wummernden Beats und einprägsamen Refrains – und einer gehörigen Portion prahlender toxischer Männlichkeit in herabwürdigenden Textzeilen. Die spätestens am Ende des Sommers als seichte Erinnerung an das leichte Leben gelöscht werden. Diese Sorglosigkeit habe ihre Grenzen, befanden jedoch einige Straßenfestveranstalter in Deutschland und stießen damit eine kulturpolitische Debatte an, die alle drängenden Probleme ins Abseits stellt. Stein des Anstoßes ist ein Grölkracher namens Layla, den vermutlich kaum jemand abseits der Kneipen und Diskos am mallorquinischen Ballermann wahrgenommen hätte, wenn nicht einige Stadtverwaltungen als Volksfestveranstalter das Abspielen des Lieds untersagt hätten. Der Song sei sexistisch. So ihre Begründung. Geschrieben wurde das Lied von Michael Müller, Künstlername Schürze. Er verdankt seine recht überschaubare Karriere seinen Auftritten in der Kneipe Bierkönig auf Mallorca, wo er das – vorwiegend – deutschsprachige Publikum ins Partykoma begleitet. Mit Schlagermusik. Dort arbeitet auch Robin Leutner, der ihn als DJ Robin Müller begleitet. Produziert wurde das Lied von Dominik De Léon. Er begründete zusammen mit Matthias Distel, besser bekannt als Ikke Hüftgold, das Label Summerfield, in dem weitere Klassiker des Saufsonggenres erschienen – wie etwa Unten kommt die Gurke rein. Layla erschien Ende März dieses Jahres und hat es über den Ballermann auf die Playlists der Bierzelte und

Das Lied ist keine Kritik an der Prostitution, aber auch keine Verherrlichung, auch keine theoretische Abhandlung über das Geschlechterverhältnis in der heutigen Zeit, keine Herabwürdigung am Feminismus. Es ist einfach nur ein schlichtes, einfaches Lied

schließlich auf Platz Eins der deutschen Single-Charts geschafft. Der Song erfüllt alle Vorgaben eines typischen Ballermann-Werks. Es ist kein sozialkritisches, zeitkritisches, kulturkritisches oder in irgendeiner Weise künstlerisch ansprechendes Lied, das für die Ewigkeit zusammengezimmert wurde, sondern soll einzig und allein zum Mitgrölen ab mindestens 1,3 Promille animieren und den weiteren Alkoholkonsum befördern. Diese Vorgabe erfüllt das Werk perfekt, denn es besteht aus einem treibenden Rhythmus von etwa 140 bpm (beats per minute) und einem äußerst schlichten, doch sehr eingängigen Chorus mit schlüssiger Akkordfolge, einem einprägsamen Text mit anstößigem, tabubrechendem Inhalt, dem ohne tiefergehende Analyse schnell das Etikett „geile Mucke“ übergestülpt wird. So schließlich als immaterielles Mitbringsel aus dem Urlaub schnell das Ballermann-Milieu verlassen hat, um Bierzelte zu beschallen. Spätestens Ende Juli wäre es durch den endgültigen, internationalen Sommerhit an der Spitze der Charts abgelöst worden und in den Niederrungen des „Kann aus der Playlist gelöscht werden“ verschwunden. Wer kann sich etwa heute noch an die Lieder vom Duo Finger und Kadel erinnern, die vor einer Dekade Svetlana besangen.

ein Bordell und die überaus ansprechende „Puffmutter“ heiße Layla: „Sie ist schöner, jünger, geiler, La-la-la-Layla.“ Damit ist der Inhalt des Songs umfassend und abschließend wiedergegeben. Die übrigen Zeilen beschwören in immer wiederkehrenden Worten die Vorzüge eben jener Layla. Das Lied ist keine Kritik an der Prostitution, aber auch keine Verherrlichung, auch keine theoretische Abhandlung über das Geschlechterverhältnis in der heutigen Zeit, keine Herabwürdigung am Feminismus. Es ist einfach nur ein schlichtes, einfaches Lied. Für schlichte, einfache Zeiten.

Bräche derzeit nicht ein neues Biedermeier an. In diesem finden Kulturkritiker den Text des Songs anstößig. Dieser handelt von einem Mann, der von einem Zuhälter angesprochen wird: Er habe

Andere Liedtexte aus der der deutschen Jugend- und Populärkultur: „Dein Chick ist ne Broke-Ass-Bitch, denn ich fick sie, bis ihr Steißbein zerbricht“, singt Kollegah. „Schlag dir die Zähne aus, man

Die Kritiker und Verbotsboten des Songs bekamen umgehend wissenschaftlichen Beistand. Etwa von Michael Fischer von der Universität Freiburg, Direktor des Zentrums für Populäre Kultur und Musik. In dem Song werde eine Frau namens Layla beschrieben und „in sexistischer Weise besungen, und das Video unterstützt das natürlich auch in seiner Bildsprache.“ Doch gerade in dem Film zur Musik wird der Text eindeutig ironisch kontextualisiert. Was darin gipfelt, dass die angehimmelte, besungene und begehrte Layla von einem Mann mit blonder Perücke dargestellt wird – „schöner, jünger, geiler, queerer“. Zeitgeist, was begehrst du mehr.

hört nur noch dein Fotzengeschrei, logge mich bei Instagram, es wird auf Story geteilt“, rappt Al-Gear. Aber im Genre von Hiphop und Rap gehören maskuline Überheblichkeit, vulgäre Sprache, gewaltverherrlichender Habitus, Frauenfeindlichkeit, Antisemitismus und jedwede Menschenfeindlichkeit ganz selbstverständlich zur Protestkultur des jugendlichen Aufbegehrens – ohne dass es einen Laut des Aufbegehrens oder Worte der Kritik gibt. Eben jener Kollegah, im bürgerlichen Leben Felix Blume, hatte gemeinsam mit Farid Bang vor knapp fünf Jahren den Song 0815 veröffentlicht. „Mein Körper definierter als von Auschwitz-Insassen“, heißt es darin und weiter: „Mache wieder Mal nen Holocaust, komm an mit dem Molotow“. Der Song erschien auf dem Album Jung, brutal, gutaussehend 3, für das das Duo sogar mit dem deutschen Musikpreis Echo der Deutschen Phono-Akademie ausgezeichnet wurde. Deren Ethikrat hat die Preisverleihung mit der Meinungsfreiheit gerechtfertigt: Provokationen seien allgemeines Stilmittel der Rapper. Die Sprachwissenschaftler Sven Bloching und Jöran Landschoff stellten seinerzeit in einer Textuntersuchung des Songs fest: „Im Kontext dieser Analyse liegt die Vermutung eines systematischen Antisemitismus allerdings fern, da sich diese zwei Zeilen als drastische Tabubrüche lesen und der Auschwitz-Vergleich sich in die Kategorie der Diffamierung von Opfern historischer Ereignisse generell, die Holocaust-Zeile als der Versuch der Darstellung einer maximal grausamen Gewaltanwendung einordnen lassen.“

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Tendance : le jugement sur accord En période estivale, la presse people consacre les tendances maillot de bain, la presse juridique la justice transactionnelle. Dans son numéro à paraître la semaine prochaine, la Revue pénale luxembourgeoise (RPL) traite plus particulièrement du jugement sur accord, sorte de plaidé coupable négocié entre le ministère public et le prévenu. La procédure permet d’évacuer plus rapidement les affaires alors qu’elles augmentent en nombre et en complexité et que les services d’enquête policière sont saturés, explique Marie Lahaye, avocate chez Wurth Kinsch & Olinger. Le jugement sur accord permet de prononcer des peines plus importantes que celles couvertes par l’ordonnance pénale, explique la juriste. Jusque’à cinq ans d’emprisonnement. Récemment les anciens dirigeants du grossiste Grosbusch ont écopé de neuf mois de prison avec sursis et 150 000 euros d’amende pour abus de biens sociaux, faux bilan et escroquerie fiscale dans le cadre d’un jugement sur accord. Idem, les anciens cadres de la société

technologique Hitec ont négocié un forfait 80 000 euros pour avoir mis en place un système d’évasion fiscale et d’abus de biens sociaux de 2002 à 2019. « Il appert que le parquet use de cette procédure dans des affaires financières complexes où les parties avaient un intérêt commun à ce que l’affaire soit traitée rapidement, en évitant de longues années d’investigation », écrit Marie Lahaye, qui relève par ailleurs que le jugement sur accord implique que la personne poursuivie renonce à l’exercice de certains de ses droits fondamentaux (droit de ne pas s’auto-incriminer, droit à un procès dans lequel elle est confrontée aux enquêteurs et témoins). Le recours à cette procédure reste faible : trente jugements sur accords ont été rendus en 2020 sur 933 affaires jugées au fond (19 sur 1 214 en 2019). Toujours à la rubrique doctrine, la RPL aborde en outre la médiation pénale. En chronique: les sanctions plus sévères pour les crimes de haine. De quoi passer le temps sur la plage (photo: sb). pso

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Land

W I R T S C H A F T

22.07.2022

L’honneur lavé des sanctionnés de Madoff

les courriers émanant de la route d’Arlon.

Ils sont les seuls professionnels de la finance à avoir été punis au Luxembourg pour leur implication dans l’affaire Madoff. Ils viennent d’être blanchis… administrativement tout le moins. Il s’agit de Patrick Littaye et Pierre Delandmeter, respectivement cofondateur d’Access Management et directeur juridique de Luxalpha, le fonds commercialisé par la banque suisse UBS et lié à Bernard L. Madoff Investment Securities (BLMIS).

Les deux banquiers français, René Magon de la Villehuchet et Patrick Littaye, avaient fondé en 1994 Access International Advisors, une société que le liquidateur américain des fonds Madoff, Irving Picard, a défini comme « the center of a network of funds that provided the point of entry to Madoff for billions of dollars from European investors ». Au Luxembourg en 2004, ils s’étaient alliés à UBS pour distribuer le fonds Sicav (tout public) Luxalpha en cachant (selon la plainte déposée en 2009 par les liquidateurs Alain Rukavina et Paul Laplume) que le gestionnaire derrière était Bernard Madoff, l’homme d’affaires américain qui avait monté une arnaque à la Ponzi de cinquante milliards de dollars puis écopé de 150 ans de prison. René Magon de la Villehuchet s’est suicidé en 2008 dans son bureau après la découverte du scandale. Bernard Madoff est mort en prison en 2021 à l’âge de 82 ans.

En 2010, la Commission de surveillance du secteur financier (CSSF) avait déclaré Patrick Littaye et Pierre Delandmeter personae non gratae à Luxembourg. À quelques mois d’intervalles et à chacun d’entre eux, le régulateur écrivait qu’il n’était « plus apte à exercer auprès d’une entité surveillée par la Commission une fonction d’administrateur ou une autre fonction sujette à agrément. Il doit par conséquent démissionner de toutes ses fonctions dans les meilleurs délais », lisait-on dans

Ticker

Au Grand-Duché, les recours se sont multipliés devant toutes les juridictions. Une enquête pénale a été ouverte en 2009. Des affaires commerciales opposent UBS, Access Management, les liquidateurs, Pierre Delandmeter et Patrick Littaye. Ces deux derniers, respectivement 63 et 83 ans aujourd’hui, contestent depuis 2010 leur condamnation administrative, synonyme de mort professionnelle, et veulent que chaque partie endosse sa

responsabilité (UBS et Ernst & Young, auditeur du fonds, ont échappé aux sanctions et condamnations). L’avocat Fernand Entringer, bientôt 80 printemps, œuvre en sous-main depuis le début de l’affaire. Après douze ans de procédures devant le tribunal administratif, avec un crochet par la Cour de justice de l’Union européenne de l’autre côté de l’avenue Kennedy au Kirchberg, les sanctions, ou plutôt les « mesures de police », prises par la CSSF contre les deux hommes sont jugées « illégales ». À l’époque, la loi n’octroyait pas à la CSSF un tel pouvoir de bannissement. Elle aurait tout au plus pu prononcer des amendes. La CSSF ne pouvait aborder la question de l’honorabilité des fonctions d’administrateur des intéressés que dans le cadre de ladite fonction dans ces entités mêmes, disent en somme les juges administratifs dans le jugement du 11 juillet dont le Land s’est procuré copie. « Les sanctions administratives prononcées directement à l’encontre de Monsieur Delandmeter respectivement de Monsieur Littaye par la CSSF (…) étaient dépourvues de base légale et encourent l’annulation pour être illégales », est-il écrit. Si bien que la CSSF est condamnée aux frais et dépens pour ce qui concerne les recours en annulation de la décision de perte d’honorabilité. Contacté pour savoir s’il faisait appel, le régulateur indique qu’il « ne commente pas les dossiers spécifiques, ni les affaires en cours devant les tribunaux ». pso

Gesundheitsmarkt Digital Health Network (DHN), die Firma, die die Vereinigung der liberalen Ärzteschaft AMMD 2019 mit dem Software-Entwickler Claude Havé gegründet hat, um das digital environment für ihre Gesondheets-App zur elektronischen Bezahlung von Arztrechnungen zu entwickeln und zu betreiben, hat im vergangenen Jahr Verluste in Höhe von 129 334 Euro eingefahren. Das geht aus der Geschäftsbilanz hervor, die DHN vergangene Woche im Handelsund Firmenregister hinterlegt hat. 2020 lagen die Verluste noch bei rund 40 000 Euro. Im vergangenen Jahr hatte DHN sein Kapital auf 300 000 Euro verdoppelt. Zurückzuführen sind die Verluste auf zusätzliche Investitionen in Höhe von über zwei Millionen Euro, für die DHN Kredite aufgenommen hat. Ungewöhnlich ist das freilich nicht, schließlich müssen Hardund Software ja bezahlt werden, bevor damit Gewinne eingefahren werden können. Schließlich ist mit der Digitalisierung des Sozialversicherungssystems viel Geld zu verdienen. Laut einer Konvention zahlen Ärzte beim Remboursement accéléré dem App-Betreiber 44 Cent pro Transaktion, die ihnen von der CNS rückerstattet werden. Lange Zeit war DHN davon ausgegangen, die CNS räume ihr ein exklusives Nutzungsrecht der eSanté-Datenbanken ein.

Vergangenes Jahr hatte die CNS dann aber eine eigene App herausgebracht, die von der AMMD als Konkurrenz zu der ihren angesehen wurde. Auch andere Privatanbieter hatten angekündigt, auf dem Markt der digitalen Bezahlung von Arztrechnungen mitmischen zu wollen. Die Digitalisierung des Sozialversicherungswesens könnte durch das Paiement immédiat direct, das Sozialminister Claude Haagen (LSAP) im Herbst vorstellen will, weiter beschleunigt werden. Diskutiert wird auch darüber, ob Rezeptverordnungen und Krankenscheine künftig digital per App ausgestellt werden können. Ein erster Schritt in diese Richtung wurde schon zu Pandemiebeginn mit den Téléconsultations eingeleitet (siehe S.4). Ende vergangenen Jahres war noch unklar, ob und inwieweit die CNS DHN an der Entwicklung dieser Lösungen beteiligen will oder ob sie im Rahmen einer europäischen Lösung mit großen internationalen Dienstleistern zusammenarbeiten will. ll

Le Swift de Becca assigne la FLF Le Football Club Swift Hesperange assigne la Fédération luxembourgeoise de football et l’UEFA devant la justice luxembourgeoise et sollicite la justice européenne pour violation de la libre concurrence (via le mécanisme de question préjudicielle). Le club sponsorisé par la marque Leopard de Flavio

Becca dénonce l’illégalité de règles de la fédération nationale et de son homologue européenne qui empêchent les clubs de créer et gérer des compétitions transnationales, par exemple une ligue Benelux. Le Swift reproche l’interdiction faite aux clubs luxembourgeois de se constituer en sociétés commerciales ou d’imposer des quotas de joueurs formés localement. L’entrepreneur du sport, de l’immobilier et de l’alimentaire, Flavio Becca, verrait une opportunité économique à ce que son équipe évolue dans un marché plus large que le seul Luxembourg. « Ce conglomérat de règles, parfaitement contraires au droit de l’UE, condamne Swift Hesperange à demeurer pour toujours une micro-entreprise », font savoir ses avocats dans un communiqué diffusé jeudi. Dans l’équipe juridique figure notamment Jean-Louis Dupont, ponte du droit européen qui avait provoqué l’arrêt Bosman en 1995, décision levant les quotas de joueurs nationaux imposés aux clubs et contraires à la libre-circulation des travailleurs. Jean-Louis Dupont est également avocat de la société derrière le projet de Super Ligue européenne souhaitant concurrencer la Ligue des champions, reine des compétitions de clubs sur le Vieux Continent, chasse gardée de l’UEFA. L’affaire a été plaidée la semaine passée devant la Cour de justice de l’Union européenne (d’Land, 15.07.2022). Les clubs que représentent Jean-Louis Dupont (Real Madrid, FC Barcelone et Juventus Turin) contestent le monopole exercé par l’UEFA sur la production de compétitions de football. pso

Les start-up ont leur lobby

Un aréopage d’entrepreneurs locaux, plus ou moins jeunes, plus ou moins connus, ont précipité lundi le lancement de l’association startups.lu (photo) au cours d’une cérémonie organisée à la House of Startups, en centre-ville. Xavier Buck (Euro DNS), Patrick Kersten (Doctena), Ilana Devillers (Food4all), Genna Elvin (Tada Web) ou encore Christophe Folschette (Talkwalker) ont pour ambition de porter des idées favorables au développement des start-up au Luxembourg en amont des élections de 2023. Il s’agit du premier lobby pour ce secteur qui compte autour de 600 sociétés, selon Xavier Buck. L’entrepreneur explique que le besoin était aussi ressenti au ministère de l’Économie pour avoir un interlocuteur sur les dossiers thématiques. En tête des priorités du lobby figure le tax shelter, une déduction fiscale pour qui investit dans les start-up. L’association prévoit un lancement effectif et la divulgation de son calendrier en septembre. Xavier Buck ambitionne d’embaucher une ou deux personnes à plein temps pour mener les activités, lesquelles consistent aussi à accompagner les entrepreneurs dans leurs affaires. pso


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Land 22.07.2022

W I R T S C H A F T

Holding the gun Pierre Sorlut

Le gouvernement prépare une législation pour contrôler les concentrations dans le cadre des fusions d’entreprise. Les artisans plussoient. L’industrie s’y oppose

Le ministre de l’Économie, Franz Fayot (LSAP), a viré sa cuti au sujet de cet examen ex ante des conditions dans lesquelles une entreprise envisage d’en acheter une autre. Le socialiste était d’abord contre. En juin 2014, le député Franz Fayot, président de la Commission de l’Économie, interrogeait ainsi : « La structure même d’un marché de la taille du Luxembourg favorise la formation de monopoles ou de marchés avec très peu de concurrents, donc très concentrés. Dans ces conditions, est-il désirable de limiter les concentrations ? Ou ne devrait-on pas plutôt s’inquiéter des comportements anti-concurrentiels résultant de telles situations ? » Philippe-Emmanuel Partsch, associé chez Arendt & Medernach et référence du droit de la Concurrence confirme: le degré de concentration est plus élevé dans une petite économie. « Assez vite, on se retrouve dans une situation où il y a deux trois quatre opérateurs », commente-t-il. Pour leur permettre de grandir ou de résister à la concurrence internationale, le législateur luxembourgeois avait opté pour un cadre légal minimaliste consistant à appliquer les règles en matière antitrust et d’abus de position dominante. « Une position dominante n’est pas illicite en tant que telle », précise l’avocat-associé. Clin d’œil de l’histoire, ce 4 avril en présence de la Commissaire Vestager, de Lodyss est servie à table. C’est l’eau produite par la Brasserie nationale. Son grand patron, George Lentz Jr a toujours manifesté son intention de mettre la main sur tous ses concurrents locaux pour attaquer la Grande Région. Battin est tombée dans l’escarcelle. La Brasserie Simon à Wiltz lui résiste. La manœuvre lui permet aussi de mieux affronter le géant InBev, présent au Grand-Duché via Diekirch et la Brasserie du Luxembourg. Le Conseil de la concurrence a les deux leaders du marché dans le viseur. Dans une enquête sectorielle publiée en 2019, l’autorité veillant à une saine compétition avait sous-entendu un abus de position dominante dans le circuit de « consommation de bière hors domicile », notamment via des contrats d’exclusivité passés avec les locataires des cafés. Jean-Louis Schiltz siège au conseil d’administration de la Brasserie nationale, tout comme dorénavant (depuis le 22 juin) Anouk Agnès, fraîchement partie du cabinet du Premier ministre. Frédéric de Radiguès, directeur général de la brasserie de Bascharage, est administrateur de la Fedil. Un communiqué diffusé mardi par la Commission européenne explique l’une des raisons au revirement du ministre de l’Économie. Pour l’exécutif européen, les entreprises Grail et Lumina ont enfreint le règlement de l’UE sur les concentrations en concluant leur fusion alors que l’enquête de Bruxelles était en cours. En avril 2021, la DG Comp avait accepté d’examiner le projet de fusion de ces deux entreprises américaines de la santé à la demande de six États-membres. « La Commission a fait pression sur les autorités nationales pour qu’elles lui renvoient cette affaire », précise Philippe-Emmanuel Partsch. L’acquisition n’avait pas atteint les paliers de la réglementation européenne sur les fusions, liés au chiffre d’affaires réalisé sur le Vieux continent. (Une concentration est de dimension européenne lorsque le chiffre d’affaires total mondial des entreprises concernées est supérieur à cinq milliards d’euros et que le chiffre d’affaires individuel dans l’UE d’au moins deux de ces entreprises est supérieur à 250 millions d’euros.) Ni la

Sven Becker

Le déjeuner n’apparaît pas sur le calendrier officiel de la Commissaire européenne à la Concurrence Margrethe Vestager de sa dernière visite le 4 avril. Seuls sont indiquées ses réunions au Parlement, avec la ministre des Finances Yuriko Backes (DP), le ministre de l’Énergie Claude Turmes (Déi Gréng) et avec le Premier ministre Xavier Bettel (DP). La vice-présidente de la Commission mentionne toutefois rue du Marché-aux-Herbes qu’elle rencontre « l’industrie ». Cette entrevue s’incarne au détour d’une photo postée sur Twitter. Figurent notamment autour de la table dans cette petite salle du Cercle Munster : JeanLouis Schiltz, vice-président de la Fedil et Claude Seywert, administrateur de ladite organisation patronale. Pour le ministère de l’Économie : Sascha Baillie, directrice de Luxinnovation, et Mario Grotz, DG industrie. Entre le plat et le dessert est évoqué la prochaine instauration des contrôles des concentrations au Luxembourg, seul pays européen à en être dépourvu. Les représentants patronaux glissent que le marché de référence des grandes entreprises doit être envisagé à l’aune de la Grande Région, et pas se cantonner aux frontières luxembourgeoises.

pertinents. On apprend dans la partie sur les procédures que lorsque l’opération a été notifiée, il convient de ne pas la réaliser avant que l’autorité ne se soit prononcée. C’est l’obligation de stand still. En écho à l’affaire Grail-Illumina, on lit :« Le non-respect de cette dernière obligation est connu sous l’expression de gun jumping ». Il est bien question ici d’une arme, une arme politique à disposition des gouvernements et de leurs autorités en charge de la supervision de la concurrence. Le ministère de l’Économie relève que des États membres élaborent certains critères « de nature plus politique, autres que l’intérêt général de préservation de la concurrence et le bien-être qui en découle pour le consommateur ». Ainsi, sous certaines conditions prédéfinies, « une opération considérée comme restrictive de la concurrence peut néanmoins être autorisée ou une opération non problématique pour la concurrence, finalement être bloquée ». Il est question de la protection d’intérêts stratégiques. Et un autre dossier parlementaire justifie le passage au contrôle des concentrations. La Commission permet maintenant de légiférer pour filtrer les investissements directs étrangers (une initiative du président de l’exécutif européen Jean-Claude Juncker qui avait parlé en 2017 d’investment screening). En déposant une proposition de loi, le CSV avait tordu le bras au gouvernement pour qu’il introduise un projet de loi qui permettra à l’exécutif d’intervenir en amont sur les transactions liées aux infrastructures et à la sécurité publique. « L’apparition de nouveaux types d’investisseurs, tels que des entreprises publiques en lien avec des gouvernements étrangers, a suscité certaines craintes, tant au niveau européen que parmi les États membres, que certains investisseurs n’acquerraient pas une entité pour des raisons purement économiques, mais pour accéder à des technologies, informations, biens ou services essentiels pour la sécurité d’un État », est ainsi motivée la loi en cours de discussion. L’achat d’actifs stratégiques comme le port du Pirée ou de l’aéroport de Toulouse par des groupes chinois pourrait être bloqué dans ce cadre. La tentative de prise de contrôle du géant allemand de la robotique Kuka par la société chinoise financée par Pékin Midea aussi. Qu’en seraient-ils des injections de capital chinois dans la BIL, Cargolux ou encore Enovos ?

« When the facts change, I change my mind », avait dit John Maynard Keynes. Franz Fayot reprend l’adage à son compte au sujet du contrôle ex ante des concentrations. Le ministre de l’Économie a proposé en juillet 2021 au gouvernement de légiférer en la matière

Commission, ni les autorités en charge de la concurrence dans les États-membres ne pouvaient s’en saisir de fait. Les services de Margrethe Vestager ont ainsi provoqué une saisine (résolument politique) de ses services pour se prémunir d’une concentration dans un secteur en particulier, ici le séquençage génétique en vue du diagnostic du cancer, une niche d’importance pour Bruxelles. « Un changement d’approche », avait tweeté le Conseil de la concurrence luxembourgeois. « Cela donne aussi la possibilité à tout intéressé de dénoncer certaines opérations à la Commission qui ne lui auraient pas été notifiées. C’est une sorte d’appel d’air qui est créé en faveur d’un contrôle national des concentrations au Luxembourg », analyse Philippe-Emmanuel Partsch. La compétence de la Commission a été validée par le Tribunal de l’UE le 13 juillet dernier.

Le Luxembourg, dernier État européen dépourvu du régime de contrôle, a revu sa position sur le sujet dans une logique éminemment politique

L’absence de contrôle des concentrations ex ante a aussi généré une certaine insécurité juridique. Le dossier Enovos la matérialise. Après son acquisition des entreprises Paul Wagner et PowerPanels, la Fédération des artisans avait saisi en 2018 le conseil de la concurrence pour dénoncer la concentration du groupe principalement capitalisé par l’État sur le marché de l’énergie. Elle avait été déboutée faute de compétence du Conseil. L’organisation patronale a répété son courroux fin 2020 quand Enovos Services a pris une participation majoritaire dans Minusines, leader sur le marché et auprès duquel de nombreuses sociétés s’approvisionnent. « Avec ces acquisitions, Enovos contrôle toute la chaîne de valeur du secteur, en commençant par la vente de matériel en passant par l’installation jusqu’à la vente d’énergie. En outre, en raison de sa position de quasi-monopole sur le marché de l’énergie, Enovos détient des informations commerciales d’un énorme réservoir de

clients », s’était emportée la Fédération des artisans. La boulimie d’Enovos, liée à une volonté d’avoir un champion national d’envergure capable de résister à un concurrent étranger, a été l’une des raisons pour lesquelles les ministres de l’Économie socialistes Jeannot Krecké puis Etienne Schneider ont écarté tout contrôle des concentrations. Enovos est aussi l’une des raisons pour lesquelles leur successeur, Franz Fayot, se dirige vers ledit régime, pas prévu dans l’accord de coalition. Au Land, le secrétaire général de la Fédération des artisans, Romain Schmit, écrit : « On s’est arrangé avec Enovos. Par contre, on a obtenu que le ministère de l’Économie travaille sur le dossier du contrôle des concentrations. » De plus et d’une manière plus générale, si une juridictiontiers est saisie d’un dossier, « il se peut qu’elle ne voie pas nécessairement de la même manière dans quelle mesure une transaction impacte le marché luxembourgeois », réagit Philippe-Emmanuel Partsch.

En fin de semaine dernière, le ministère de l’Économie a publié son bilan de la consultation publique en vue de l’introduction d’un contrôle national des concentrations. Dix réponses au questionnaire ont été reçues. Cinq émanent de fédérations professionnelles, deux d’entreprises individuelles, une d’un cabinet d’avocats, une d’un cabinet de conseil et une d’une association de consommateurs. Le rapport tait poliment le « Non » (souligné) de la Fedil. « Un régime national est non seulement souhaitable, mais aussi largement souhaité par les parties intéressées », lit-on dans le bilan des services de Franz Fayot. Or, dans le questionnaire rendu par la Fedil, à l’affirmation selon laquelle il est nécessaire d’introduire un tel instrument de contrôle des concentrations, l’organisation patronale avait répondu par la négative. « L’impact de la concurrence régionale, voire internationale est tel qu’un nouveau régime de contrôle des concentrations purement national ne fera que peu de sens. Nous estimons qu’il serait plus opportun d’instituer un système de concertation facultatif très simple, permettant d’assurer la sécurité juridique des entreprises », écrit ainsi le lobby dans une réponse que le Land a pu consulter. On y retrouve la volonté de ne pas limiter le marché étudié aux seul marché luxembourgeois. Dans son résumé, le ministère de l’Économie souligne sa volonté d’empêcher les effets négatifs d’éventuelles concentrations pour le consommateur. Nonobstant l’intérêt qu’ont les regroupements en termes de synergies et d’économies d’échelle. Les spécificités liées à la taille du pays mènent à des questionnements sur le système de notification (obligatoire, volontaire ou hybride), sur la détermination des seuils qui déclencheront la compétence de l’autorité (point critique), mais aussi sur la détermination des marchés

Dans le cadre du contrôle des concentrations, l’autorité de la concurrence devra aussi surveiller les killer acquisitions, ces situations dans lesquelles une entreprise bien établie acquiert une cible plus petite, mais au fort potentiel et qui menace de tuer dans l’œuf toute concurrence. La possibilité pour les États membres d’attirer l’attention de la Commission intéresse cette dernière, justement dans le cadre de ces acquisitions prédatrices avec pour exemple la fusion Grail-Illumina. Puis, le Digital Markets Act, en cours de finalisation à Bruxelles, imposera aux grands acteurs du numérique comme Amazon, qui a son siège européen au Luxembourg, de notifier toute acquisition. Le conseil européen a finalisé lundi les dernières règles en la matière. Avec l’instauration d’un régime de contrôle des concentrations en amont, le Conseil de la concurrence prendra du poil de la bête et devra s’étoffer. L’institution aujourd’hui considérée comme un tigre de papier occupe 22 personnes avec quatre conseillers effectifs, cinq suppléants (issus principalement de la magistrature et qui siègent dans les formations collégiales), dix collaborateurs permanents et trois conseillers non-gouvernementaux. Le ministère de l’Économie ne sait pas encore dans quelle mesure les effectifs augmenteront mais assure que ladite autorité disposera des ressources nécessaires. Elle va d’ailleurs bientôt gagner en indépendance et en moyens par le vote en cours du projet de loi 7479 transposant une directive européenne pour renforcer le réseau européen d’autorités de la concurrence. Le Conseil d’État a rendu son avis complémentaire la semaine passée. Pour ce qui concerne le contrôle des concentrations, après cette phase de consultation (d’une transparence inédite et remarquable), on entre dans la phase de rédaction du projet de loi pour un dépôt espéré au printemps 2023. Une fois ces textes votés, l’instance dirigée par Pierre Barthelmé (CSV) pèsera de tout son poids sur l’économie nationale avec le pouvoir de vie ou de mort sur des transactions qui créent une position dominante sur un marché.

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F I N A N Z E N

22.07.2022

Craquements Georges Canto

La récession se profile dans un contexte de forte inflation. Les pays vertueux comme le Luxembourg ou la Suisse luttent pour ne pas être contaminés

Sven Becker

les PME vers des niveaux d’endettement élevés qu’il faudra résorber ». Un peu partout dans le monde, les défaillances d’entreprises augmentent très rapidement. En France, une étude du cabinet Altares fait état d’une hausse préoccupante de 49 pour cent au deuxième trimestre 2022 par rapport à la même période de 2021. Depuis février, la tendance à la hausse s’accélère nettement avec une augmentation mensuelle moyenne de 45 pour cent. S&P Global Market Intelligence a publié fin juin les résultats d’une enquête montrant « une forte détérioration de la croissance économique de la zone euro », la plus sévère depuis novembre 2008, soit au plus fort de la crise financière mondiale. Elle est marquée par la diminution de la production manufacturière au printemps 2022, pour la première fois depuis deux ans, recul illustré par le cas du marché automobile européen. Toujours impacté par les pénuries, il a connu une baisse de 13,7 pour cent au premier semestre par rapport à la même période en 2021. Juin a été le douzième mois consécutif de baisse et le pire depuis 1996. Avec à peine plus d’un million d’immatriculations, c’est 17 pour cent de moins qu’en juin 2021 et même moins qu’en juin 2020 en pleine crise sanitaire. Les marchés français et italien ont le plus souffert avec des baisses respectives de 16,3 et 22,7 pour cent sur le semestre. Les marchés financiers sont à la peine. En Europe, les principaux indices sont revenus à leur étiage de début mars, juste après le début du conflit russo-ukrainien, qui était fort bas. L’Euro Stoxx 50 a perdu 18 pour cent depuis le 1er janvier. Le DAX allemand a cédé 19 pour cent, le CAC 40 français un peu moins (-16 pour cent). Aux États-Unis, le Dow Jones a également baissé de quinze pour cent en 2022. Les marchés ayant la réputation (discutée) d’anticiper les tendances de fond de l’économie, leur évolution depuis plusieurs mois n’incite pas à l’optimisme. S’agissant de l’Europe, deux indicateurs sont encourageants, mais ils doivent être considérés avec prudence.

L’épargne forcée accumulée par les ménages pendant le Covid offre une lueur d’espoir (livrets au musée de la BCEE)

Le graphique de la croissance économique mondiale sur les cinquante dernières années ressemble beaucoup à un paysage de haute montagne, avec une succession irrégulière de creux et de pics. Mais les creux ne sont ni nombreux ni très profonds car ils correspondent surtout à des ralentissements, avec une progression faible, mais bien réelle de l’activité (0,6 pour cent en 1975, 0,4 pour cent en 1982, 1,5 pour cent en 1991). Il a fallu attendre 2009 pour que survienne la première récession depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, avec une baisse-plutôt modérée de 1,3 pour cent du PIB planétaire. Selon la Banque mondiale, le creux de 2020 a été davantage marqué (-3,3 pour cent), mais cette moyenne est faussée par le chiffre de la croissance chinoise (2,3 pour cent), très sujet à caution par ailleurs. Dans un grand nombre de pays, le recul du PIB a été supérieur à huit voire dix pour cent (France, Italie, Inde, Royaume-Uni, Espagne), des niveaux inconnus depuis les années 30. D’autres ont limité les dégâts comme l’Allemagne (-4,9 pour cent), les États-Unis (-3,5 pour cent) et le Luxembourg (-1,8 pour cent). Mais cette chute a été plutôt bien supportée, car pour une fois elle n’était pas due à des causes financières ou économiques mais à une pandémie d’une ampleur jamais vue depuis 1918, face à laquelle les gouvernements se sont mobilisés pour en atténuer les effets sanitaires, mais aussi économiques et sociaux. On s’attendait donc à un rebond rapide, dès lors que la situation épidémique s’améliorerait. De fait, et bien que le virus ait continué sa progression, une forte reprise a eu lieu dès 2021 avec une croissance mondiale de 5,8 pour cent en moyenne, contre 3,1 seulement sur les années 2017 à 2019. Dans le passé, des hausses soutenues du PIB ont toujours été observées après un ralentissement (1976, 1984, 1994, 2004) ou une récession (2010). L’année 2022 s’annonçait bien, même si dès l’été 2021 sont apparus des pénuries causées par la vigueur du rebond économique et si un « retour à la normale » progressif était attendu. En janvier dernier les prévisions pour l’année allaient de 4,1 pour cent pour la Banque mondiale à 4,9 pour cent pour le FMI en passant par 4,5 pour cent pour l’OCDE. C’était avant que le conflit en Ukraine ne provoque une véritable « onde de choc » sur l’économie mondiale, selon l’expression utilisée par la secrétaire américaine au Trésor Janet Yellen. Dès qu’il est apparu que la guerre serait durable, et que les pertes humaines, les destructions et les sanctions auraient un impact planétaire, les prévisions ont été ajustées à la baisse. Selon la Banque mondiale, la croissance mondiale

l’histoire des pays développés depuis 1945. Cette éventualité laisse les économistes en grand désarroi car ils ne savent pas trop comment la traiter. Les remèdes classiques de la lutte anti-inflation, comme la hausse des taux d’intérêt, pourraient en effet aggraver la récession.

Les remèdes classiques de la lutte anti-inflation, comme la hausse des taux d’intérêt, pourraient aggraver la récession

Le risque est bien réel, car déjà des craquements sinistres se font entendre dans divers domaines. Du côté des entreprises, le Secrétaire général de l’OCDE, Mathias Cormann, déclarait dans un rapport publié en mars 2022 que « les mesures de soutien et les conditions de prêts favorables ont entraîné

Le chômage est au plus bas depuis qu’Eurostat suit cette variable en 1998. En mai, il atteignait 6,6 pour cent de la population active dans la zone euro et 6,1 pour cent dans l’UE avec toujours de fortes divergences selon les pays. Mais il reste élevé (plus de treize pour cent) chez les moins de 25 ans et la situation, qui tient autant au fort rebond d’aprèsCovid qu’à des facteurs démographiques, aura de la peine à résister à la détérioration annoncée de la conjoncture. Les prix de l’immobilier ont continué leur forte progression en 2021 et l’ont poursuivie début 2022, mais la hausse rapide des taux pourrait compromettre la solvabilité des ménages et conduire à une contraction de la demande et une « correction des prix ». Le seul point positif est que, dans de nombreux pays, le surplus d’épargne accumulé lors des confinements en 2020 et de diverses restrictions en 2021 n’a pas encore été dépensé et constitue une réserve pour soutenir la consommation et éviter la récession, comme l’a reconnu Janet Yellen.

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Îlot de fraîcheur

devrait être ramenée de 5,7 pour cent pour cent en 2021 et à 2,9 pour cent en 2022. C’est une division par deux, « plus du double de la décélération enregistrée dans les années 70 à la suite du premier choc pétrolier ». Dans les pays riches, on passerait de 5,1 pour cent en 2021 à 2,6 pour cent en 2022 et seulement 2,2 pour en 2023. Dans les pays émergents et en développement, la croissance devrait chuter de 6,6 pour cent en 2021 à 3,4 pour cent en 2022, bien en deçà de la moyenne annuelle de 4,8 pour cent sur la période 2011-2019. Les chiffres de l’OCDE et du FMI sont un peu plus optimistes. Pour l’instant il n’est pas question de récession, qui signifie une baisse du PIB, mais de ralentissement. Mais elle pourrait parfaitement se produire dans certains pays, surtout les plus exposés aux problèmes d’approvisionnements en énergie et en matières premières, en produits agricoles et en composants industriels. Ils sont nombreux. De fait un « scénario récessionniste » mondial est bien à l’étude dans les grandes organisations internationales. On pourrait alors avoir affaire à une situation totalement inédite. Il ne s’agirait plus de « stagflation », une configuration bien connue dans les années 70 et 80 qui associe faible croissance et forte inflation (d’Land, 21.01.2022) mais de la concomitance d’un recul du PIB et d’une inflation soutenue (il faut remonter à plus de quarante ans pour trouver des niveaux comparables à ceux du premier semestre 2022). Ce serait la première fois dans

Le Luxembourg a fait preuve d’une grande résilience pendant la crise sanitaire. En 2020, son PIB ne s’est contracté que de 1,8 pour cent selon le FMI alors qu’il chutait de deux à six fois plus dans les pays voisins. Ce qui n’a pas empêché le Grand-Duché de connaître lui aussi un fort rebond en 2021 avec une croissance de 6,9 pour cent. Selon le FMI, qui a rendu en juin un rapport sur l’économie luxembourgeoise, suite à sa mission réalisée en mars, ce bon résultat est dû à la performance du secteur financier, « qui a contribué au redressement rapide du pays après la pandémie, et qui continue d’afficher de solides marges de capital et de liquidité ». Avant même la crise sanitaire la croissance économique du Luxembourg était plus rapide que celle des pays voisins. Le document est plutôt optimiste malgré le contexte délétère. Comme dans le monde entier

la prévision pour 2022 a dû être revue à la baisse, avec un PIB qui devrait connaître une progression de deux pour cent en volume au lieu des 3,5 pour cent prévus fin 2021. Mais en 2023, la croissance pourrait être de quatre pour cent dans le scénario le plus favorable. Avec une dette publique de 24,4 pour cent du PIB (un des meilleurs niveaux en Europe, sachant que l’Allemagne est à 69 pour cent, la Belgique à 113 et la France à près de 116 pour cent), une situation de plein-emploi et une hausse soutenue des prix de l’immobilier (+12,8 pour cent au premier trimestre par rapport à la même période en 2021), le Luxembourg fait figure d’îlot de prospérité dans un monde agité. Reste à savoir combien de temps peut durer une telle situation pour un petit pays dont l’économie est aussi imbriquée dans les échanges internationaux si la conjoncture mondiale se dégrade. Le FMI prévoit déjà que le

secteur financier marquera le pas en 2022 sous l’effet de la baisse des marchés et des hausses de taux. Des goulots d’étranglement persistants, notamment des pénuries de main-d’œuvre, réduisent l’offre et alimentent une inflation déjà boostée par la hausse des prix de l’énergie et des denrées alimentaires. « Des déséquilibres en matière de logement persistent » et pour couronner le tout la confiance des consommateurs est en berne. Les mesures de soutien aux ménages et aux entreprises, pour un montant de deux pour cent du PIB sont appréciées du FMI qui note que le Luxembourg dispose d’une « ample marge de manœuvre budgétaire ». Mais comme dans d’autres pays qui cherchent à protéger le pouvoir d’achat, il est difficile de savoir combien de temps ce dispositif peut durer et quelles seront les conséquences de l’arrêt des mesures de soutien. gc


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Land 22.07.2022

M E I N U N G

DIE KLEINE ZEITZEUGIN

ZU GAST

Käferwalk

Unverschämte, teure Geheimniskrämerei

Michèle Thoma

Dass geplante staatliche Investitionen am Ende teurer werden, als ursprünglich geplant, ist ärgerlich, kommt aber leider immer wieder vor. Doch was sich der frühere Verteidigungsminister Etienne Schneider (LSAP) im Zusammenhang mit dem Militärsatelliten LUXEOSys geleistet hat, ist an Dreistigkeit kaum noch zu überbieten.

Die Ampeln sind rot und grün und wieder rot, die Autos fließen vorbei, die Vierbeiner*innen mit ihren Zweibeiner*innen ziehen vorbei, die Dame mit dem Rollator, der Herr mit dem Rollator, die vor sich hin gestikulierenden Verkabelten, die Kinderwagen mit von zierlichen Müttern geschobenen Riesenkleinkindern, die elektrisch rollenden Statuen. Die Straßenbahn, noch eine, noch eine. Alles fließt vorbei, alles geht vorbei. Alle sind auf der Überholspur, haben etwas vor, wollen etwas erreichen. Sie haben Pläne, die werden in die Tat umgesetzt, vermutlich. Vielleicht wollen sie sich auch ergehen beim Gehen, Muße statt Muss, welch ein wunderschöner Giebel, schau, diese Wolkenformation! Schau, Wolke, sagt Vorfahr*in zu Nachfahr*in. Menschlein zeigt vier Finger neuerdings, und Wolke hatte er schon. Wolke ist schön, aber was für Omis, Elternteile und Ähnliche, in ihrem verzweifelten Versuch Erhebendes auszumachen. Etwas über den Mühen der Ebene. Die ist gerade endlos. Schön, sagt Menschlein gnädig und widmet sich wieder seinem Spezialgebiet. Seinem Forschungsgegenstand, also allem was fleucht und kreucht, was kriecht und krabbelt und macht, dass es kribbelt, allem was sticht oder beißt oder einfach nur tumb seines Weges zuckelt auf übertrieben viel Beinen. Was Pünktchen hat oder schillert oder fett schwarz lackiert ist wie aus dem ägyptischen Todesgottkatalog. Schwerpunkt Käferkunde. Wieso wird überall den Insekten nachgetrauert? Diese Trauernden sind wohl nie mit Nachwuchs unterwegs, der zweifellos über Lupenaugen verfügt und auch unsere diskretesten Mitgeschöpfe beim Dasein ertappt. Dieser Forschungsgegenstand ist allgegenwärtig, er zuckelt die Hausmauern hoch, von unergründlicher Strebsamkeit, dauernd im

Es ist alles da. Leben und Tod. Das profane Dazwischen. Die großen Gewühle

Stress. Wie die Passant*innen auf dem Gehsteig. Er unternimmt Kamikazetrips auf dem Gehweg. Er hat Beine und Flügel und Fühler und Hörner und Greifzangen und Alienaugen oder gar keine oder keine mehr, er ist Wesen mit Behinderung, auch multiplen, extrem divers, in allen möglichen Stadien der Existenz oder Exexistenz. Diese Mini-Mumie, wow, und diese einsame Ameise, wo ist ihre Mami? Der nur noch Siebenbeinige, er hat sicher der Oma nicht gehorcht! Das Observatorium ist die Straße, sie ist Labor, Intensivstation und zuständig für posthume Rituale. So etwas erfordert logischerweise Zeit. Die wird dehnbar wie Kaugummi, Zeit und Raum dehnen sich aus, bei Assistentin stellt sich allmählich ein Trance- Zustand ein, eine Betäubung, Siddharta neben dem Verkehrsstrom, ein radikales Hier-Sein, wahrscheinlich Satori. Dieser perfekt gedrechselte Hundehaufen, dieser sich mit dem Asphalt vereinigende Kaugummi, wer braucht noch eine Kunstinstallation? Wer braucht überhaupt noch etwas, wie schnöde hechelhetzen doch diese Passant*innen vorbei, die aus irgendeinem lächerlichen rätselhaften Grund die Forschenden stören? Wer braucht noch eine Safari mit den üblichen touristischen Zutaten, mit so mainstream Geschöpfen wie Lö-

wen und Büffelinnen? Was ist das gegen eine Käfersafari, mit Millionen unbekannter Kriechobjekte (UKOs), wo die dramatisch unkompetente Beisteherin immer öfter passen muss. Den schämgenier kenn ich leider nicht persönlich! Wie die heißt, weiß ich leider nicht. Noch muss sie nicht guggeln, sondern darf sich der Anschauung hingeben. Was ist das gegen Action-Urlaub, gegen Abenteuertrips? Hier findet das Leben statt, das Überleben, die Arbeiterinnenklasse ist unterwegs und Faulpelze, die sich vom Proletariat schleppen lassen. Verirrte Null- Checker*innen, die trunken zwischen Bierdosen und nicht näher definierbaren Substanzen herumtorkeln. Lahme und Sieche, panische Kids und arthritische Omis. Liebe. Zwei Feuerkäfer, die nur noch einer sind. Action pur. Blutige Federn, ein Hübscher auf der Schuhsohle. Eine geköpfte Taube, eine Blutfreske, die Innereien kleben auf dem Pflaster, Myriaden an kleinen Brüdern und Schwestern delektieren sich. Jetzt wird‘ s ernst. Eingeschlafen geht nicht mehr. Es ist alles da. Leben und Tod. Das profane Dazwischen. Die großen Gewühle. Das ganze Welttheater zu unseren Füßen. Gratis. Was verpasst ihr nur alle! Ihr Vorbeigeher*innen!

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C H R O N I Q U E S D E L’ U R G E N C E

Dass er im März 2018 einen halbgaren Gesetzestext zu einem unausgereiften Projekt auf den Instanzenweg brachte, ist das eine. Wesentlich schwerer aber wiegt, dass Schneider das Parlament damals bewusst hinters Licht geführt hat. Mit dem Verweis auf die erforderliche Geheimhaltung von militärisch brisanten Informationen verweigerte er den Abgeordneten den Einblick in die finanzielle Tragweite des Vorhabens. Dabei wusste er bereits vor der Abstimmung ganz genau, dass die veranschlagten 170 Millionen Euro nicht reichen würden, um das Projekt zu finanzieren, geschweige denn, um alle Folgekosten zu decken! Dennoch war er nicht bereit, die Karten auf den Tisch zu legen, so wie dies von der Opposition bereits damals gefordert wurde. Unter solchen Bedingungen kann das Parlament seiner Kontrollfunktion gegenüber der Exekutive nicht nachkommen. Trotz massiver Bedenken haben die Abgeordneten mit breiter Mehrheit damals grünes Licht gegeben, weil sie hinter dem Engagement des Landes gegenüber der NATO stehen. Es kam, wie es kommen musste: Um das Projekt nicht zu gefährden, sah sich das Parlament im März 2020 gezwungen, zusätzlich finanzielle Mittel für den Militärsatelliten zur Verfügung zu stellen. Am Ende kam das LUXEOSys-Projekt den Steuerzahler fast doppelt so teuer zu stehen, wie ursprünglich geplant. Mit einem Gesamtetat von letztendlich knapp 310 Millionen Euro übersteigt das Projekt Schneiders Berechnungen um satte 82 Prozent! Doch damit nicht genug. Um dem Parlament sein Projekt schmackhaft zu

machen, hat der ehemalige Verteidigungsminister nicht nur beim Budget getrickst. Er gaukelte den Abgeordneten mit einer Art Marketingstrategie zudem wirtschaftliche Vorteile für hiesige Betriebe vor und sprach von einem möglichen zivilen Nutzen des Satelliten durch die Vermarktung von Bildern.

Diane Adehm (CSV) ist Vorsitzende des Haushaltskontrollausschusses

All diese Versprechen entpuppten sich als Luftschlösser, wie der vom Parlament in einer Resolution geforderte Bericht des Rechnungshofes nun schwarz auf weiß beweist, ein Bericht, der vernichtender nicht sein könnte. Und obwohl sich die aufgedeckten Missstände bereits im November 2019 abzeichneten, als das Parlament die Cour des Comptes einschaltete, sprachen sich die Fraktionen von DP, LSAP und Grünen aus Koalitionsräson gegen einen von der Opposition geforderten Untersuchungsausschuss aus. Auch Schneiders Nachfolger steht nicht gut da. Nachdem er im Januar 2019 das Verteidigungsressort übernommen hatte, wurde er im Juni des gleichen Jahres darüber informiert, dass der Satellit weitaus teurer wurde, als geplant. Doch Bausch brauchte ganze neun Monate, bis er den zuständigen Ausschuss im März 2020 informierte! Etienne Schneider hat sich längst ins Privatleben verabschiedet. Doch die Regierung muss Verantwortung übernehmen. Diane Adehm

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D’GEDICHT VUN DER WOCH

Une taxonomie à rebours de la science Jean Lasar

Simon Redfern, un scientifique de l’université technique de Nanyang, à Singapour, a cherché à comprendre les causes de cette hausse. En particulier, il voulait comprendre pourquoi la concentration en méthane, déjà près de trois fois plus importante qu’à l’ère préindustrielle, s’est fortement accrue au cours des deux dernières années, c’est-à-dire pendant la période de la pandémie, dont on assumait qu’elle devait correspondre à une baisse des sources anthropogéniques. Le méthane se décompose plus rapidement dans l’atmosphère que le dioxyde de carbone,

mais durant ses vingt premières années de présence, il y a un effet de serre environ 80 fois plus élevé que ce dernier : une véritable bombe. Les scientifiques estiment que quarante pour cent des émissions de CH4 proviennent de sources naturelles telles que les zones humides et soixante pour cent de sources anthropogéniques telles que l’extraction de produits fossiles, l’élevage et les décharges. L’augmentation des émissions de méthane peut être expliquée par une intensification de ces activités humaines, ainsi que par une croissance des émissions des zones humides tropicales et par la fonte des toundras arctiques. Mais comment expliquer la concentration galopante de ces deux dernières années ? Redfern soupçonnait que la principale réaction chimique par laquelle le méthane est résorbé est ralentie par la présence accrue dans l’atmosphère de monoxyde de carbone, résultat notamment des incendies de forêts, qui lie les mêmes radicaux responsables de cette résorption, les hydroxyles (OH). Lui et son collègue Chin-Hsien Cheng ont compulsé quatre décennies de mesures de

méthane et de données climatiques. Leur étude, publiée par Nature Communications, suggère qu’en plus d’une hausse des émissions de CH4, la multiplication des incendies a effectivement réduit la disponibilité de radicaux hydroxyles et a donc eu pour conséquence une longévité plus importante du méthane dans l’atmosphère. Une fois de plus, le réchauffement s’avère être une redoutable arme à double tranchant. « Cela a vraiment été un résultat choquant, qui montre que les effets du changement climatique peuvent être encore plus extrêmes et dangereux que nous ne le pensions », a-t-il dit au Guardian. En plus de réduire les émissions de CO2, il va falloir agir sur le méthane : mieux contrôler les installations d’extraction de gaz, sources de fuites, les brûlis et les décharges, et tout faire pour empêcher les incendies de forêts. Aberrante, la décision de promouvoir le méthane comme source d’énergie dans le cadre de la taxonomie l’était déjà. Avec la découverte de cet effet d’emballement, elle l’est encore plus. Les institutions européennes feraient bien de se réveiller.

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Sven Becker

Sur proposition de la Commission, le méthane a été approuvé le 6 juillet par le Parlement européen, en même temps que l’énergie nucléaire, comme étant éligible comme investissement contribuant à la neutralité climatique visée par l’Union d’ici trente ans. Une récente étude sur ce qui cause la brusque augmentation de la concentration dans l’atmosphère de ce gaz au puissant effet de serre ajoute un nouvel éclairage inquiétant à cette funeste décision.

En Trapp Kéi (Fräi nom Barthold Heinrich Brockes, 1680-1747)

Jacques Drescher Op enger Blummewiss mat engem Schapp Gesouch ech Kéi, e ganzen Trapp. E Bild vu Fridden a vu Rou War dës Famill mat Kallef a mat Kou.

Wéi aartlech ass et, Wa si mat hallef opp’nen Aen Dat säftegt Gréngs genësslech knaen, Mat hire flénken hoeregen Ou’re spillen.

Ech hu gekuckt dee groussen Apparat, Deen idderzt, frësst a knätscht a knat. Ech hu gelauschtert wéi e Gras a Blumme seet An hu mech kinneklech gefreet.

Et ass wéi wa sech Rou an Duussheet fannen Fir sech an hiren hallef zou’nen Aen ze verbannen. Schued, dass een iech, mat rouegem Gemitt, Net dacks, zu eiser Léier, virgefouert kritt!


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Land

M E I N U N G

22.07.2022

Sven Becker

Truth Social – et le projet trumpien qui est derrière – se propose de réaliser consciemment ce qui dans le cas de Twitter est un effet non planifié d’une architecture communicationnelle

De Twitter à Truth Social Jean-Marie Schaeffer

L’inconscient épistémologique des réseaux – Mythologies web (3)

Le 21 février de cette année, l’ex-président américain Donald J. Trump a lancé son propre réseau social, intitulé, avec la sobriété qui caractérise le chef du mouvement MAGA, « Truth Social ». Le monde allait voir ce qu’il allait voir ! Truth Social promettait d’engager le combat contre la Big Tech – « to fight back against Big Tech », pour citer la prose de l’ex-président – et damer le pion aux réseaux des GAFA, et en particulier à Twitter qui venait d’interdire Trump de tweets pour une durée indéterminée. À ce jour, donc bientôt six mois après le lancement, on n’a toujours pas vu grand-chose. Après un départ poussif et des problèmes techniques considérables, Truth Social vivote. Malgré le nombre plutôt limité de personnes voulant s’inscrire les délais d’inscription sont de plusieurs semaines et l’adresse n’est accessible qu’à partir des États-Unis (ce qui pour un réseau qui a la prétention de concurrencer Twitter est le comble du ridicule). Trump lui-même ne se sert que parcimonieusement de Truth Social, préférant manifestement, maintenant qu’il n’est plus président, les déclarations « présidentielles » depuis Mar-a-Lago aux messages sur les réseaux sociaux, alors qu’à l’époque de sa présidence, il préférait au contraire les tweets aux déclarations officielles en bonne et due forme ! Comme quoi… Quoiqu’il en soit de son succès, le projet de la plateforme Truth Social est passionnant au moins à un titre : elle exhibe fièrement, dans son nom même, l’inconscient épistémique des autres réseaux et en particulier celui de Twitter, la Vérité ! Bien sûr, la plateforme pouvait difficilement utiliser le terme de « tweet » qui appartient à Twitter. Il fallait donc trouver un autre terme. Mais le fait de choisir le terme de « truth », consonne particulièrement bien avec la prétention de l’ex-président d’être le juge unique du vrai et du faux, et donc par implication d’être toujours dans le vrai (et donc d’être un génie, comme il l’affirma à de multiples reprises). Être la plateforme de la « vérité » signifie beaucoup plus prosaïquement, servir de voie de transmission et d’amplification des opinions trumpiennes. Twitter ne fait nulle référence à la notion de vérité, ni dans son nom, ni dans les règles que les tweets doivent suivre pour être acceptables. Pourtant la plateforme fonctionne selon des modalités qui font de la prétention à la vérité le présupposé implicite de tous les échanges.

La recherche de la visibilité est une pulsion narcissique. Elle ne sait que dire : « Moi, moi, moi ! » Elle n’est pas propice à la production de connaissances qui est dialogique

Le nom de « Twitter » ancre la plateforme dans un univers de référence dont tout le monde admet que la vérité de ce qui s’y énonce est le moindre des soucis de ceux qui y conversent. Le verbe « to twitter » signifie en effet « pépier, caqueter, gazouiller » (Cambridge Dictionary : « [of a bird] to make a series of short, high sounds »). Le substantif « tweet » quant à lui désigne un « pépiement » ou un « gazouillis » (toujours selon le CD : « a short, high sound made by a bird »). À côté de leur sens littéral « twitter et « tweet » ont aussi un sens figuré : parler rapidement et nerveusement, d’une voix perchée, pour dire des choses de peu d’importance ou d’intérêt » (CD : « to talk quickly and nervously in a high voice, saying very little of importance or interest”), donc « bavarder », « jaser », verbes dont l’équivalent anglais, « to chat », est utilisé pour désigner les échanges par SMS et autres messageries instantanées. Ainsi, dans l’esprit des créateurs de la plateforme – ou du moins des créateurs de son nom – l’univers de référence n’était pas

celui de l’échange d’informations factuelles, validées etc., donc une communication régie par la norme du vrai, mais celui d’un équivalent électronique d’un type d’échange conversationnel en face-à-face dans la vie quotidienne, dont le but est essentiellement la facilitation et le renforcement des liens de sociabilité : des « discussions de café du commerce », des bavardages entre ami(e)s, permettant d’échanger des humeurs, des états d’âme, des opinions, des jugements à l’emporte-pièce – bref tout ce qui fait le charme (paraît-il) de la sociabilité humaine. Mais bien entendu les échanges sur les réseaux sociaux en général, et sur Twitter en particulier, ne sont pas des situations de communication face-à-face. Ce sont des échanges à distance qui ne présupposent aucune communauté de lieu, ni aucune connaissance réciproque, fût-elle la plus rudimentaire, entre les personnes impliquées. Il leur manque aussi l’incarnation corporelle de l’autre et de son discours. Or, on sait l’importance du langage corporel – regard, ton de la voix, mimiques de toute sorte, mouvements de la tête, ballet des bras ou des mains, posture, etc. – pour la création d’un véritable espace conversationnel partagé et nuancé, contexte dans lequel la manière de dire est aussi importante que ce qui est dit, qui souvent n’est qu’un prétexte pour maintenir le contact. C’est donc la fonction phatique du discours qui l’emporte sur sa vérité, selon le proverbe italien : « Se non è vero è ben trovato ». Les seules applications informatiques qui permettent un succédané d’une conversation face-à-face de cet ordre sont les plateformes de conversations vidéo (type WhatsApp). En fait, lorsque Twitter est utilisé avec ses paramètres par défaut, les messages sont des bouteilles jetées à la mer adressées à quiconque les trouve et veut bien les ouvrir, pour éventuellement faire savoir qu’il aime le contenu, devenir un follower de l’expéditeur, répondre à son tweet, ou convoyer le message à ses propres followers en le retweetant et en y ajoutant éventuellement quelques mots ou quelques lignes de commentaire. Autrement dit, c’est un espace communicationnel ouvert à tout vent mettant en relation un nombre indéterminé et variable de participants, qui, la plupart du temps, ne se connaissent pas et ne se connaîtront jamais, parce que communiquer au vrai sens du terme est le moindre de leurs soucis. On peut certes protéger son compte et donc créer des communautés fermées, mais dans ce cas Twitter remplit la fonction banale d’une liste de mailing classique. Son architecture n’a pas été pensée dans

ce but. Ce n’est pas par hasard si, à côté des icônes qui permettent de choisir les différentes actions possibles, figurent des nombres qui indiquent le succès que rencontre le tweet ou le compte de l’expéditeur. Ils pointent vers ce qui est le but réel de ceux qui tweetent : non pas communiquer avec autrui mais augmenter leur propre visibilité sur le réseau. Or pour être visible il faut s’exposer et s’affirmer, et donc asserter et asséner ses propres vérités. Ce qui n’est ni dialoguer avec autrui dans la recherche du vrai ni construire un lien social avec autrui en engageant une conversation détendue, ludique avec elle ou lui. La recherche de la visibilité est une pulsion narcissique. Elle ne sait que dire : « Moi, moi, moi ! » Elle n’est donc pas propice à l’ouverture d’un dialogue autour du vrai ni à la création d’un lien social. En particulier elle n’est pas propice à la production de connaissances, car la recherche de connaissances est dialogique et elle implique un échange d’incertitudes, de doutes et d’objections raisonnées. En revanche la recherche de la visibilité se marie très bien avec la certitude d’être dans le vrai et avec l’irrépressible besoin de claironner « mes » vérités. Nous autres humains avons une tendance irrépressible à confondre l’intensité de nos convictions avec leur vérité, et la raison en est que croire que nous sommes dans le vrai augmente notre puissance vitale. Certes, il s’agit d’une illusion, car le réel est têtu et il n’a que faire de l’intensité de nos opinions et de notre puissance vitale. Mais la logique de renforcement mimétique qui régit Twitter (notamment à travers le retweet qui renforce l’intensité du sentiment de vrai attaché au contenu relayé) donne naissance à des communautés de croyance qui, dans des cas extrêmes, sont immunisées contre le réel à un point tel que lorsqu’il leur résiste il est disqualifié comme « hoax » et les informations qui nous en transmettent la connaissance sont dénoncées comme des « fake news ». Truth Social – le terme et le projet trumpien qui est derrière – se propose de réaliser consciemment ce qui dans le cas de Twitter est un effet non planifié de son architecture communicationnelle. Les effets délétères que l’usage stratégique de Twitter par Trump durant sa Présidence a eus sur la formation de l’opinion publique aux États-Unis témoignent en tout cas d’une crise de la démocratie délibérative dont nous n’avons pas encore mesuré toutes les conséquences.

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Land 22.07.2022

M E I N U N G

Vous avez dit légal ? Michel Erpelding

Plusieurs États se sont engagés sur la voie de réparations au titre du colonialisme, tout en affirmant que celui-ci n’aurait pas été illégal à l’époque. Un argument contestable Longtemps cantonné à une poignée de militants, de journalistes et d’historiens, le débat sur le passé colonial du Luxembourg a désormais atteint le grand public (d’Land, 24.06.2022). En revanche, la réponse des pouvoirs publics nationaux se limite pour l’instant au financement d’une thèse de doctorat. S’il est vrai que l’État luxembourgeois n’a jamais exercé sa souveraineté sur des possessions ultramarines, son implication, tout comme celle de ses ressortissants et entreprises, dans les politiques de différentes puissances coloniales fut réelle. Ce passé appellera tôt ou tard des mesures de la part des pouvoirs législatif et exécutif, voire, notamment en cas de carence de ces derniers, du pouvoir judiciaire. Pour les pouvoirs publics luxembourgeois, un regard vers la Belgique semble particulièrement indiqué. Longtemps rétive à tout réexamen critique de son passé colonial, celle-ci s’illustre aujourd’hui par des mesures ambitieuses. Le Parlement belge a ainsi créé en 2020 une commission spéciale chargée « de faire la clarté » sur le passé colonial du pays et de formuler des recommandations en vue de « la réconciliation entre les Belges » et d’« optimaliser [sic] les relations entre les Belges et les Congolais, Rwandais et Burundais »1. Devant rendre son rapport définitif fin 2022, la commission a déjà auditionné plus de cent intervenants, dont l’auteur de ces lignes2. Le 30 juin 2022, la Chambre des Représentants a par ailleurs adopté une loi ouvrant la voie à des restitutions systématiques de biens culturels pillés à l’époque coloniale3. Avec le paiement d’indemnités et la « satisfaction » (qui regroupe des mesures symboliques : excuses, monuments…), la restitution est une des principales formes de réparations en droit international. Dans l’exposé des motifs de son projet de loi, le gouvernement belge avait précisé que les restitutions prévues ne découlaient pas d’une obligation internationale. Cela implique que les pillages coloniaux auraient été licites, car seuls des actes internationalement illicites peuvent entraîner une obligation de réparer de la part des États. Cela implique aussi que les réparations annoncées auraient été librement consenties sur la base de considérations d’ordre moral et politique. Or, la portée de telles réparations n’est évidemment pas la même que celle de réparations résultant d’une obligation juridique. D’aucuns pourraient même y voir une forme de charité fleurant bon le paternalisme d’antan.

Pour commencer par des observations historiographiques, il faut noter l’essor considérable qu’a connu l’histoire du droit international depuis le début des années 2000. Jusque-là assez confidentielle, elle s’est progressivement affirmée comme une discipline à part entière, suscitant un nombre croissant de publications. La méthodologie employée a également évolué. Il y a vingt ans encore, la plupart des historiens du droit international s’appuyaient essentiellement sur des écrits doctrinaux. Aujourd’hui, l’accent est mis sur les normes juridiques effectivement produites et mises en œuvre par les acteurs de l’époque, ce qui implique la consultation de sources primaires. En résulte une vision beaucoup plus précise du droit applicable, permettant de réévaluer la légalité des actes commis par les colonisateurs au regard des obligations auxquelles ils avaient effectivement souscrit. Cette observation vaut, tout d’abord, pour les règles élaborées entre États occidentaux. Certes, il est juste d’observer qu’il n’y avait pas, jusqu’au milieu du XXe siècle, de droit international des droits de l’Homme, ni de Convention sur le génocide, ni de droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Mais peut-on par exemple en déduire que le génocide des Héréros et Namas était licite à l’époque ? Assurément non. Les puissances coloniales n’étaient pas entièrement libres de faire comme bon leur semblait avec les popula-

tions dominées. Elles avaient pris des engagements juridiquement contraignants à cet effet, notamment à travers l’Acte général de la Conférence de Berlin de 1885 fixant les modalités du « partage de l’Afrique ». À cet égard, il arrive que des historiens notent les « contradictions » entre l’humanitarisme affiché des puissances coloniales et la réalité sur le terrain, marquée par la recherche du rendement à tout prix et l’impunité assurée aux auteurs d’atrocités. En termes juridiques, ces « contradictions » constituaient en réalité autant de violations d’obligations internationales préexistantes. Or, au moins deux types de pratiques doivent être considérées comme ayant été illicites au regard de l’Acte de Berlin. La première de ces pratiques fut le meurtre de masse des populations locales. En effet, l’article 6 de l’Acte de Berlin obligeait ses signataires à « veiller à la conservation des populations indigènes ». Cette disposition résultait en partie de la volonté des puissances coloniales de se démarquer, en tant que « nations civilisées », des acteurs politiques africains, présentés comme « barbares » car accusés de se livrer à des « guerres d’extermination ». Dans le même esprit, l’Institut de droit international vota en 1888 une résolution interdisant « toute guerre d’extermination des tribus indigènes, toutes rigueurs inutiles, toutes tortures, même à titre de représailles »5. Certes, la règle fut allègrement violée par toutes les puissances coloniales. Elle ne demeura pas moins valable, avec parfois des conséquences majeures : en 1903, l’Empire britannique l’opposa à l’État indépendant du Congo6, conduisant à la reprise de ce dernier par la Belgique en 1908 ; en 1919 à Versailles, les Alliés la brandirent face à Allemagne pour priver celle-ci de l’ensemble de ses colonies7. Une deuxième pratique illicite au regard du droit international applicable entre puissances coloniales fut le travail forcé, du moins dans certaines de ses manifestations. L’article 6 de l’Acte de Berlin obligeait en effet ses signataires « à concourir à la suppression de l’esclavage et surtout de la traite des noirs ». La nécessité de mettre fin à ces pratiques « barbares » avait été un argument central pour justifier l’expansionnisme colonial, tout comme le fait de pratiquer l’esclavage était qualifié comme incompatible avec la qualité de « nation civilisée ». Or, le travail forcé pratiqué par les puissances coloniales pouvait-il vraiment être distingué de l’esclavage ? Les juristes de l’époque tentèrent tant bien que mal d’échafauder différents critères de distinction entre ces deux pratiques8, affirmant par exemple que le travail forcé ne portait qu’une atteinte limitée à la liberté individuelle. Mais quid si ces critères étaient violés ? Un État « civilisé » pouvait-il alors être accusé de pratiquer l’esclavage ? Ici également, il y eut des précédents en ce sens. En 1904, l’Empire britannique accusa ainsi l’État indépendant du Congo d’esclavagisme9. En 1916, les Alliés qualifièrent la déportation de 150 000 ouvriers belges et français par l’occupant allemand comme contraire aux règles antiesclavagistes que le Reich avait accepté d’appliquer en Afrique10 ; en 1919, à Versailles, le caractère « arbitraire » du travail forcé colonial pratiqué par l’Allemagne fut un motif supplémentaire pour ôter à celle-ci son empire ultramarin. Les accords entre puissances coloniales ne doivent cependant pas constituer notre seul horizon. En effet, contrairement à une affirmation courante, les États (occidentaux) n’étaient pas les seuls sujets du droit international au moment du « partage de l’Afrique ». Fondée sur des considérations purement doctrinales, cette affirmation n’a en réalité aucun fondement dans la pratique. Deux études récentes soulignent en effet que les puissances coloniales reconnaissaient tout à fait aux entités politiques extra-européennes la qualité de sujets du droit international et se considéraient comme internationalement liées par les accords conclus avec elles11. Dans la plupart des cas, la mainmise des puissances européennes sur l’intérieur

Sur le chantier du chemin de fer Congo-Océan (1921-1934), le taux de mortalité fut d’environ vingt pour cent

du continent africain ne put en réalité se faire qu’au prix d’une violation de ces accords conclus avec les gouvernants légitimes des territoires concernés. Or cela était contraire au principe pacta sunt servanda, qui depuis des siècles avait régi les relations entre Européens et Africains. La soumission de l’Afrique à la domination coloniale se fit donc en réalité dans des conditions plus que douteuses au regard du droit international de l’époque. Par conséquent, des pans entiers des politiques coloniales européennes peuvent être considérées comme ayant toujours été illicites. Mais qu’en estil de pratiques dont l’illicéité historique semble moins établie, comme le pillage des œuvres d’art locales ? Ici, de plus en plus de voix plaident pour un dépassement de la règle du droit intertemporel, elle-même formulée pour la première fois à l’époque coloniale. Cette demande d’une « décolonisation du droit international » – donc d’une mise à l’écart de règles historiques créées par des Européens au seul profit d’Européens et au détriment du reste du monde – n’est en rien récente. Déjà en 1975, l’Algérie suggérait de rendre inopposable toute norme historique contraire à une règle impérative du droit international d’aujourd’hui, comme le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes12. Des aménagements plus limités du principe intertemporel semblent également envisageables. Certaines règles protectrices, comme l’interdiction des pillages d’œuvres d’art, étaient présentées à l’époque comme bénéficiant aux seuls peuples « civilisés ». Les appliquer rétroactivement aux peuples colonisés permettrait d’acter une fois pour toutes que ce « privilège blanc » ne doit plus produire d’effets aujourd’hui. Dans un esprit similaire, on a pu proposer l’application rétroactive de principes internationaux actuels lorsque ces

BNF

L’affirmation selon laquelle le colonialisme et les crimes coloniaux n’auraient pas été illégales à l’époque n’est pas une spécificité belge. Il s’agit d’un lieu commun répété par l’ensemble des anciens colonisateurs, qui prétendent s’appuyer sur le principe du droit « intertemporel ». Selon ce dernier, « tout fait, tout acte et toute situation doivent être appréciées à la lumière des règles de droit qui en sont contemporaines »4. Or, ce principe subit aujourd’hui une double inflexion. D’une part, le développement de l’histoire du droit international a fait considérablement évoluer notre vision du droit de l’époque. D’autre part, la simple application mécanique du droit intertemporel semble de plus en plus incompatible avec le caractère universel de la communauté internationale actuelle.

La portée de réparations librement consenties n’est pas la même que celle de réparations résultant d’une obligation juridique

principes étaient déjà défendus par une partie de l’opinion publique de l’époque13. Une telle « décolonisation du droit international » serait hautement souhaitable dans le contexte mondialisé d’au-

Michel Erpelding est docteur en droit public et chercheur à la faculté de droit, d’économie et de finance de l’Université du Luxembourg

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jourd’hui. Bien évidemment, la décision de s’engager ou non sur cette voie relève des États, idéalement par la voie de leurs représentants démocratiquement élus.

16 juin 1919, in La Paix de Versailles, Paris : Éditions Internationales, 1930, pp. 266-267. M. Erpelding, Le droit international antiesclavagiste des « nations civilisées » (1815-1945), Bayonne : Institut Universitaire Varenne (distr. LGDJ), 2017, XIII-927 p. 8

Résolution du 17 juillet 2020, DOC 55 1462/001. 1

2 Audition du 4 juillet 2022. Le présent article est en partie basé sur cette intervention.

Projet de loi reconnaissant le caractère aliénable des biens liés au passé colonial de l’État belge et déterminant un cadre juridique pour leur restitution et leur retour, adopté le 30 juin 2022, DOC 55 2646/004. 3

« Le problème intertemporel en droit international public », résolution adoptée par l’Institut de droit international le 11 août 1975. 4

« Projet de déclaration internationale relative aux occupations de territoires », résolution adoptée par l’Institut de droit international le 7 septembre 1888. 5

British and Foreign State Papers, vol. 96, pp. 536-537. 6

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Réponse des Alliés à la délégation allemande,

9

Parliamentary Debates, vol. 184, p. 1878.

Protestation des Alliés, 6 décembre 1916, Revue générale de droit international public, vol. 24, documents, pp. 52-53. 10

M. Hébié, Souveraineté territoriale par traité, Paris : PUF, 2015 ; M. van der Linden, The Acquisition of Africa (1870-1914), Leiden : Brill, 2016. 11

12 CIJ, Sahara occidental, Exposé oral de M. Bedjaoui, représentant du Gouvernement algérien, CIJ Mémoires, Sahara occidental, vol. 4, pp. 490-494.

A. von Arnauld, « How to Illegalize Past Injustice: Reinterpreting the Rules of Intertemporality », European Journal of International Law, vol. 32, pp. 408-417. 13


DA N S E

La coulée de la danse-vidéo Les 22 et 23 juillet, le Plancher des Coulées à Esch-Belval se transforme en scène provisoire pour accueillir le projet multidisciplinaire Choreochroma initié par le collectif de danse Lucoda (photo: Sven Becker). L’idée est de danser la peinture et de peindre la danse. Le spectacle dresse un pont entre deux disciplines, la peinture et la danse, et entre deux capitales culturelles, Esch et Novi Sad. Cette recherche pluridisciplinaire, mêlant danse, peinture, vidéo, musique et photographie, interroge les rapports au temps et à l’espace, les différences et similitudes entre les arts, pour faire émerger une nouvelle forme d’expression. Les chorégraphes

et danseurs Rhiannon Morgan et Giovanni Zazzera, auxquels se joint sur scène Gabriele Montaruli, ont travaillé à partir du tableau de Sava Šumanović Luncheon On The Grass (1927), lui-même inspiré de la célèbre toile éponyme d’Édouard Manet. La plasticienne luxembourgeoise Chantal Maquel fait le lien entre le tableau et les danseurs en pleine exploration de leurs ressources corporelles. Les images sont multipliées par les vidéastes Paul Schumacher et Gilles Seyler. Le trio de danseurs évolue dans l’univers musical du compositeur serbe Ljubomir Nikola. Aux spectateurs de laisser leurs sens se faire happer par les formes et les couleurs. ai

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Land

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É V É N E M E N T

Estival festival Il fera bon flâner sur la terrasse du Pomhouse entre le 28 juillet et le 1er septembre, car l’événement So So Summer se déploie à nouveau à Dudelange. Depuis sa première édition en 2013, le projet initié par le Centre national de l’audiovisuel (CNA) a bien cheminé. Il a commencé avec une série de soirées thématiques qui valorisait les fonds d’archives du CNA. Des projections de ces « trésors d’archives » invitaient les spectateurs à s’immerger dans le passé luxembourgeois. L’événement garde aujourd’hui son caractère initial de plateforme de promotion d’archives, mais développe une approche transdisciplinaire et multimédia. Les organisateurs lui ont imprégné une ambiance « after

22.07.2022

work »pour attirer un public curieux d’images et désireux de passer du bon temps. Le CNA met à profit le cadre insolite de l’ancien site industriel et invite des DJs de renom et des restaurateurs. So So Summer 2022 est marqué par le dixième anniversaire du site Waassertuerm & Pomhouse. L’édition de cet été est dédié aux « Souvenirs de Dudelange » : le CNA exposera quelques archives précieuses, soigneusement choisies dans ses collections (photo : CNA). Pour les valoriser, on a installé des écrans à l’intérieur du Pomhouse. Des photos et des films provenant de la recherche pour l’exposition Stëmme vun der Schmelz, mais qui n’ont pas pu être exposés initialement, seront montrés au public cet été. Ainsi le festival ravivera l’esprit de la Forge du Sud dans un hommage à la sidérurgie et à ses ouvriers. Parmi les musiciens qui assureront l’ambiance estivale tous les jeudis soirs, on retrouvera Ferocious Few, Key Heinen, Silk & Sonic et Pascal vu Wooltz. L’esprit festif culminera lors de la soirée finale avec Giamba’s Freestyle Madness et les performances de Nicool et Skibi. Au milieu des images du passé dudelangeois, la ville en fête répond présente. ai

F I L M

An der lauen Luft

Tablo

Auszuhalten ist es momentan draußen eher nach 20 Uhr, Hitzewelle oblige. Da trifft es sich gut, dass das City Open Air Cinema erst nach dem Sonnenuntergang gegen 21.30 Uhr beginnt. Das

einwöchentliche Programm, das heute Abend startet, kommt abwechslungsreich, wenngleich etwas vorhersehbar daher. Bei den Klassikern reist man von Hitchcock (The Man Who Knew Too Much) über Jacques Tati (Les Vacances de Monsieur Hulot), Blake Edwards Breakfast at Tiffany’s, Sergio Leones A Fistful of Dollars und Charlie Chaplins The Circus hin zu Jean PierreJeunets Evergreen Le fabuleux destin d’Amélie Poulain. Wer es zeitgenössischer mag, kann sich heute Abend Kenneth Brannaghs Agatha-Christie-Streifen Death on the Nile anschauen; nächsten Freitag läuft Steven Spielbergs Neuauflage des Musicals West Side Story und am Samstag die Disney-Animation Encanto. Man vermisst bei der Programmierung die Ausgewogenheit zwischen Blockbuster und Klassiker; allerdings sind Kinos ja gerade auch angenehm kühle Orte. Eintritt kostenlos. sp

A RC H I T E K T U R

RIBA-Preis für das beste neue Gebäude ausgezeichnet. Chowdhury, dessen Werke nun mit Faraway so close in einer Einzelausstellung im Luca (Luxembourg centre for architecture) bis Oktober dieses Jahres zu sehen sind, bewegt sich oft im Spannungsraum zwischen sozialem Engagement und modernem Design, in einer Gegend des Planeten, in der die Klimakrise sich zunehmend zuspitzt. So schuf er etwa eine Zyklon-resistente Schule und entwarf Schulgebäude in einem Rohingya-Flüchtlingslager an der Grenze zu Myanmar – und bedient sich dafür stets lokaler Materialien. Kenneth Frampton, seinerseits Urgestein der Architektur und Professor für ebendiese an der Columbia University, nannte Kashef Chowdhury den „auserwählten Architekten seiner Generation“ – mit Sicherheit bringt er Design auf die Agenda, die ein westliches Publikum in ihrer Dringlichkeit interpelliert. sp

Aesthetic emergency Hellbraune Ziegel, spitze Winkel, klare Linien umgeben von Palmen, ein dunkler Wasserkanal dazwischen, Licht und Schatten: Das Friendship Hospital vom bangladeschischen Architekten Kashef Chowdhury in Gaibandha unweit des Golf von Bengalen an einem Fluss-Delta ist nicht nur Augenweide, sondern garantiert auch die medizinische Versorgung von Menschen in der ländlichen Region (Foto: Kashef Chowdhury). Hierfür wurde der Architekt kürzlich mit dem renommierten internationalen

M E D I E N

What goes around comes around Vergangene Woche traf sich der kleine Kreis des luxemburgischen

Kulturjournalismus in den Rotondes. Überschrieben war der Workshop mit „Presse culturelle – la culture dans la presse“. Nach einer Einleitung, in der Raphaël Kies von der Universität Luxemburg viele Themen anschnitt, etwa die Notwendigkeit größerer Transparenz was die Eigentümer der verschiedenen Medienhäuser angeht, den Pluralismus und die mehrsprachige Besonderheit der Luxemburger Medienlandschaft, sprachen Marc Thill (Luxemburger Wort), Jeff Schinker (Tageblatt), MarieLaure Rolland (Blog La Glaneuse), Valerija Berdi (100,7), Céline Coubray (Paperjam), Samuel Hamen (Autor und Blogger), Henning Marmulla (forum) und Moderatorin und ehemalige LandJournalistin Josée Hansen über die vielfältigen Herausforderungen, die die kulturelle Medienlandschaft beschäftigen. Jeff Schinker meinte, die Spezies der Kulturkritiker sei ähnlich wie die Bienen „en voie de disparition“. Tatsächlich waren sich alle einig, dass es zu wenig spezialisierte Journalisten in diesem Bereich gibt, und jene, die produzieren, stehen unter enormem Zeit- und Ressourcendruck. Henning Marmulla bemängelte die Qualität des Feuilletons im Tagesjournalismus allgemein, das könne so nicht weitergehen, wenn Kultur uns wichtig sei. Marie-Laure Rolland fragte sich, weshalb spezialisierte Blogs und Magazine sich nicht für Pressehilfe qualifizieren, Samuel Hamen gab ebenfalls zu bedenken, dass Individuen, die außerhalb von Institutionen und Strukturen auf sozialen Netzwerken publizieren eine immer wichtigere Rolle spielen werden; die Frage des (doch sehr kleinen) Feuilleton-Publikums und seiner Intelligenz und der

allgemeinen Wertschätzung stand im Raum. In der Tat lesen lediglich vier Prozent der Zeitungsleser Kulturberichterstattung, das sei aber nicht weiter problematisch, fand Marc Thill. Und dann bliebe da noch die Frage der Kritikfähigkeit. Viele Kulturschaffende tun sich hierzulande schwer mit negativen Kritiken, und im hiesigen Journalismus übt sich eigentlich niemand (mehr?) in echter Kulturkritik. Denn alle kennen sich ja untereinander: Wie soll man denn nun das Buch der Grundschul-Freundin verreißen, in einem Land, das so groß wie ein Nuesschnappech ist (Zitat Josée Hansen)? Ganz schön schwierig alles. sp

M U S I Q U E

Béatitudes musicales Dans le cadre intimiste du Jardin du Cloître au Neimënster, Garden Delights, une série de trois concerts à l’ambiance contemplative, a démarré hier. Ce cycle présente des artistes émergents ou confirmés qui transmettent leur sens de la mélancolie ou de la douceur de vivre dans des tonalités diverses : pop/rock, jazz alternatif ou électro minimaliste. Après le concert d’ouverture de Bartleby Delicate du jeudi soir, c’est la nuit flamenco-électro-rock, en la seule personne de Rosario La Tremendita, qui résonnera entre les arcades du cloître mercredi prochain. Chanteuse, compositrice, productrice et multi-instrumentiste, née dans une maison flamenca à Séville, Rosario s’émancipe des clichés liés

au genre. Nourrie du flamenco traditionnel, elle l’enrichit de sonorités actuelles. Nommée aux Latin Grammy Awards pour son deuxième album Fatum dans la catégorie flamenco, elle réitère la performance avec une deuxième nomination, pour son album Delirium tremens ; cette fois avec un flamenco à la sonorité résolument neuve, enrichie de jazz et d’électro. En clôture de la série Garden Delights, on accueille Patricia Vanneste et son nouveau projet musical Sohnart. Après avoir quitté le groupe rock belge Balthazar il y a quatre ans, la musicienne est passée par une introspection et a renoué avec la nature afin de sonder l’essence de sa musique. Sohnart est le fruit de ce retour sur soi-même. Puis changement d’ambiance dimanche matin. Entre le rêve et la lucidité, Brigitte Behara, nominée pour les Ivors Composer Awards 2021, prendra la scène de la salle Robert Krieps avec sa formation Lucid Dreamers. Le quartet a sorti son premier album Lucid Dreamers en 2020. Le public découvrira également le deuxième album Blink, sorti en 2022 et puisant dans le monde du jazz, du folk, du classique contemporain, de l’improvisation libre et de l’électronique, avec des improvisations atmosphériques, des grooves excitants et des silences percutants. ai


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Land 22.07.2022

K U LT U R

BEGEGNUNGEN AM MINE T T TR AIL (1)

Aus alt mach neu? Franziska Peschel

Lokale Vereine in ländlichen Regionen kämpfen ums Überleben: Die Mehrheit der Ehrenamtlichen sind Rentner und die Jugend kommt nicht nach. Die Geschichtsfrënn Petingen haben nun Aussicht auf zumindest ein zukünftiges Mitglied Auf über 90 Kilometern verbindet der Minetttrail die Gemeinden im Süden mit den Erholungsgebieten vom Minett. In unserer Sommerserie geht es um die Menschen, die man am Wegesrand trifft, und darum, was sie bewegt

Dennoch ist der Titelberg Guy Kummers Stolz. Normalerweise führt der Präsident des Vereins Geschichtsfrënn Petingen Besuchergruppen im

Das Geschichtshaus ist ein helles Gebäude mit klaren Kanten, dessen Modernität und Offenheit im Kontrast zum angestaubten Image der Geschichtsfrënn steht

Wanderschritt auf die Hochebene, erzählt dabei von keltischen Tempelanlagen und rostigen Nägeln, die er zuhauf in den Wiesen findet und die tatsächlich Relikte der Kelten sind. Heute sind wir mit dem Auto unterwegs, denn Guy Kummer hatte eine Operation am Knie und kann mit Krücken nur kurze Strecken laufen. „Wenn Sie ohne Führer auf dem Titelberg sind, sehen Sie halt ein paar aufgebaute Mauern. Spannung null“, gibt er zu. „Das ist archäologisches Sperrgebiet, für den Tourismus mehr als unterentwickelt.“ Guy Kummer würde eigentlich gern ein Keltendorf als Freilichtmuseum nachbauen, doch das Interesse bei Archäologen und den Kulturbeauftragten der Gemeinde fehlt. Kummer ist groß und stämmig, sein Haar ist grau, seine Stimme tief. Er ist 62 Jahre alt, ei-

Im Geschichtshaus in Petingen, dem Hauptquartier der Geschichtsfrënn, führt Guy Kummer durch die Archive. Eine Bibliothek, Schränke voller Ordner, mehr Schränke voller Ordner. Guy Kummer kennt den Wert seiner A.s.b.l: „Jeder Verein gibt uns seine Archive, und wenn die dann eine Broschüre rausgeben wollen oder 100 Jahre feiern, fragen sie uns, könnt ihr nicht unsere Vereinsgeschichte aufarbeiten. Die wissen ja nicht, was 1925 passiert ist“, sagt Guy Kummer. Das Geschichtshaus ist ein helles Gebäude mit klaren Kanten, dessen Modernität und Offenheit im Kontrast zum angestaubten Image der Geschichtsfrënn steht. 2017 hat die Gemeinde Petingen den Geschichtsfrënn das Gebäude zur Verfügung gestellt. Es ersetzt die muffige Dachkammer am Rathausplatz, wo sie vorher ihr Büro hatten, und bietet dem Archiv einen sicheren Aufbewahrungsort. In einigen Vitrinen liegen Relikte Petinger Familien, Füller, Stempel, Teller. Eine Bibliothek sammelt alle Werke, die mit der lokalen Geschichte zu tun haben, die Sport- und Kulturvereine lassen ihre Archive von den Geschichtsfrënn verwalten.

Gilles Kayser

Die alten Stadtpläne und Landkarten hat Liv Heiderscheid mit Holzleim geklebt, damit sie nicht auseinanderfallen, und ordentlich abgelegt. Außerdem hat sie, zusammen mit Guy Kummer, 18 000 Fotos eingescannt, sortiert und kategorisiert. Die sind jetzt auf dem PC leicht zu finden. Liv Heiderscheid ist 29 Jahre alt, tätowiert und trägt Nasenpiercing und Locken. Seit knapp fünf Monaten arbeitet sie vier Stunden täglich als Freiwillige bei den Geschichtsfrënn. Liv Heiderscheid holt zurzeit an der Abendschule ihr Abitur nach. Der Service National de Jeunesse bot ihr an, ein Bénévolat bei den Geschichtsfrënn zu absolvieren. Denn für Geschichte interessiert sie sich. „Guy fordert mich immer“, sagt sie. „Gestern hat er mich gefragt: Wo kommt denn der Blanne Jang her? Und ich: Ööööh, weiß ich nicht. Ich lerne hier viel dazu. Wenn meine Zeit hier vorbei ist, komme ich auf jeden Fall weiter her.“

Erinnerungsstücke aus der Gemeinde Petingen

Wichtiger ist jedoch, was die Geschichtsfrënn von ihr lernen können. Photoshop, Excel, Instagram, Facebook – Guy Kummer gewöhnt sich langsam an die Mittel, die die Arbeit erleichtern und die Reichweite erhöhen sollen. Ganz überzeugt ist er allerdings noch immer nicht: „Wir sehen, dass unsere neue Bucherscheinung fast 4 000-mal geklickt wird, aber das Buch wird nicht entsprechend gekauft.“ Liv sagt: „Ja, Geld ausgeben ist wieder etwas anderes. Aber man erreicht halt Leute.“ Zögerlich stimmt Guy Kummer zu, Reichweite ist auch etwas wert. Er steht eher für die Geschichte und für Geschichten. Während des Hausrundgangs erzählt er vom Tod des Amerikaners Hyman Josefson, vom Petinger Radsportler

Guy Kummer und Liv Heiderscheid im Büro der Geschichtsfrënn Péiteng

Bim Diederich, der in den 1950er-Jahren ein paar Etappen der Tour de France gewann und dessen Medaillen im Geschichtshaus verwahrt werden. Guy Kummer selbst hat eine Modernisierung der Geschichtsfrënn angekurbelt. Bis 2008 war er Fondsmanager bei einer Bank, fragte dann bei der Gemeinde Petingen nach Arbeit und bekam die Aufgabe, die Archive des Vereins in Ordnung zu bringen. „Damals waren da so große, wollene Vorhänge, die haben mich immer gekratzt“, erinnert er sich. Er arbeitete anschließend vier Jahre in der Tourismusabteilung der Gemeinde und blieb den Geschichtsfrënn dabei treu. Der reinen Archiv- und geisteswissenschaftlichen Arbeit des Vereins fügte er offenere Angebote hinzu, fing an, Führungen auf dem Titelberg und durch die alte Mühle von Lamadelaine zu geben, organisierte eine Ausstellung mit Fotos der hauptstädtischen Photothèque, nicht ohne Widerstand, erzählt er. „Die Pensionäre, die Lehrer und Professoren, meinten: Das ist kein Haus für Fotoausstellungen.“ Im Februar hat Guy Kummer die Präsidentschaft des Vereins übernommen und eine seiner ersten Erklärungen im Komitee war ein weiterer Punkt des Anstoßes: „Ich habe gesagt, wir müssen umschwenken, ihr habt alle Zipperlein. Wir brauchen junge Leute im Komitee, die den Mund aufmachen und Ideen einbringen.“ Das Problem muss früher oder später in Angriff genommen werden, bevor die Zeit abläuft. Doch ein Lösungsweg schien den Geschichtsfrënn nicht greifbar. Sie sind Historiker, Beobachter, keine Problemlöser. Etwa 20 Stunden wöchentlich kostet Guy Kummer sein Amt im Verein. Wer noch berufstätig ist oder Kinder großzieht, kann schwerlich die Zeit aufbringen. Die Gemeinde hat inzwischen einen Schritt unternommen, um ihre Arbeit zu stärken. Bald werden sie Unterstützung eines professionellen Archivars bekommen, die Stelle ist schon ausgeschrieben. „Viele Vereine bezahlen ihre Mitglieder. Professionalisierung wird sich wahrscheinlich aufdrängen“, sagt Jean-Marie

Gilles Kayser

Grüngelbe Wintergerste wiegt ihre Ähren im Wind. Die roten Köpfchen der Mohnblumen recken sich der Sonne entgegen, eine Frau läuft den Feldweg mit ihrem Hund entlang. Auf der gegenüberliegenden Seite des Weges stehen alte Steine zu Mauerresten in der Wiese aufgetürmt. Die würde kaum jemand beachten, wenn nicht ein Bauzaun um die Rasenfläche gezogen und Bürocontainer daneben gesetzt worden wären. Eine Infotafel vor dem Bauzaun erklärt: Hier stand einst ein keltischer Tempel. Wer auf dem Minetttrail von Differdingen nach Petingen läuft, einiges Auf und Ab hinter sich hat, den Fond-deGras mit seinem Freilichtmuseum zur Bergbaugeschichte und das ehemalige Tagebau- und heutige Naturschutzgebiet Giele Botter, reist auf dem Titelberg viel weiter in der Geschichte zurück. Zumindest erwartet man dies. Das Office Régional du Tourisme Sud und die Gemeinde Petingen vermarkten den Titelberg als keltische Ausgrabungsstätte. Das ist die Anhöhe zwar, doch sieht man davon nichts außer einer Infotafel. Die alten Steine stammen nicht aus der Keltenzeit. Der Stamm der Treverer hatte vor mehr als 2.000 Jahren hier eine Tempelstätte, doch die bestand aus Holz und ist längst verschwunden. Auf die Kelten folgten die Römer, die den Titelberg ebenfalls als Handelsplatz nutzten. Die Steine sind jedoch weder keltisch noch römisch, nicht einmal alt. Sie sind Andeutungen der römischen Gebäude, vor wenigen Jahrzehnten in die Wiese eingelassen. Wer auf dem Titelberg Reste des keltischen Heiligtums sucht, wird enttäuscht.

ner der Jüngsten unter den Geschichtsfrënn. Die richtige Darstellung des keltischen Lebens auf dem Titelberg ist eines der großen Themen, die ihn beschäftigen. Ein zweites ist die Zukunft der Geschichtsfrënn. Der Verein zählt etwa 150 Mitglieder, nur eine Handvoll von ihnen ist engagiert und arbeitet mit. Fast alle sind über 60 Jahre alt und zwei sind im vergangenen halben Jahr gestorben. Die Geschichtsfrënn teilen das Schicksal vieler lokaler Vereine: Wenn es ihnen nicht gelingt, Nachwuchs zu begeistern, wird es sie in 20 Jahren nicht mehr geben. „Eine Gemeinde ohne Vereinsleben ist tot“, sagt der Petinger Kulturschöffe Jean-Marie Halsdorf. „Wir haben das während der Pandemie gesehen, es gab kein soziales Zusammenleben. Die Leute brauchen die Geselligkeit, den Austausch. Wir möchten das Bénévolat stärken.“ Die Gemeinde Petingen subventioniere mehr als 100 der knapp 200 Vereine der Gemeinde, sagt Jean-Marie Halsdorf. Das gilt besonders für vier Vereine, die in besonderer Partnerschaft zur Gemeinde stehen, darunter die Geschichtsfrënn. Sie erhalten logistische und finanzielle Unterstützung. „Wir helfen den Vereinen bei der Umsetzung von Veranstaltungen.“ Die Geschichtsfrënn wurden vom Schöffenrat als A.s.b.l. gegründet, um die Geschichte der Gemeinde aufzuarbeiten und zu archivieren. Petingen hatte Glück: Auch ohne viel Eigeninitiative kam dieses Jahr ein junger Mensch zu ihnen.

Halsdorf voraus. Auch sieht er die Notwendigkeit, die Vereine in Zukunft zu coachen. Auch ohne Eigeninitiative der Geschichtsfrënn rief noch am selben Nachmittag der Komiteessitzung Liv Heiderscheid an. „Ich habe erst gedacht, das sei ein Scherz“, sagt Kummer. Eine junge Frau, die noch dazu an Geschichte interessiert ist. „Sie weiß, dass sie erst am Anfang ihrer geschichtlichen Karriere steht. Es gibt noch viele Bücher.“ Aber sie ist auf dem richtigen Weg, findet er. Sie interessierte sich schon immer dafür, wie die Menschen früher gelebt haben, und hat inzwischen ein reges Interesse an den Kelten entwickelt. Sie hätte Lust, in keltischen Gewändern Besucher über den Titelberg zu führen. Ganz unvermittelt fragt Guy Kummer sie: „Wofür stehen die fünf Buchstaben der Arbed?“, als das Gespräch auf Dommeldingen kommt. Auch ermahne er sie, auf ihre Rechtschreibung zu achten, sagt Liv und findet das ganz vernünftig. Ab und zu kommt sie auch raus aus dem Geschichtshaus, aus den Aktenordnern und Fotos. begleitet Guy Kummer auf Führungen über den Titelberg oder zur Mühle von Lamadelaine. In dem alten Gebäude riecht es nach Lehm und feuchtem Holz – die älteste Mühle der Gemeinde. An der Wand hängt ein Gemälde vom Millen Jängi, dem alten Müller. „Der hat hier auf dem Strohsack bei der Kochmaschine geschlafen, weil es das wärmste Zimmer war. In dem Strohsack hatte er sein ganzes Geld versteckt“, erzählt er. Er führt durch die Küche, erklärt den Mahlstein und erzählt Anekdoten. Wir verlassen die Mühle durch die Hintertür, Guy Kummer zeigt uns den Teich, und während er schon in den Erzählungen über das größte Mühlenrad der Großregion vertieft ist, läuft Liv noch einmal zurück, und schließt die Tür. Als wir wieder vor dem Gebäude stehen, fällt es Guy Kummer auch ein. „Liv, läufst du noch mal hoch und machst die Tür zu?“ Nachsichtig antwortet sie: „Habe ich schon gemacht.“

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ARTS PLASTIQUES

LE S COULISSE S DE L A MUSIQUE (1)

Fresh blood

Les 1 001 vies de Fabienne Dimmer

On n’a pas compté le nombre d’œuvres, mais l’accrochage est serré pour les peintures de Pit Riewer et Jack Hilton, linéaire pour les photographies de Marie Capesius avec un éclat de néon sur fond bleu, et de Julien Hübsch (Write about my piece) pour cette troisième exposition de groupe The Third Act, qui confirme le goût pour la peinture colorée de la solaire et déterminée galeriste Julie Reuter. L’autre caractéristique est qu’il s’agit d’un accrochage de la jeune génération.

Tout au long de l’été, nous allons à la rencontre de ceux qui font vivre la musique hors de la scène, en coulisse

Romuald Collard

MB

Quatre jeunes talents à la gallerie Reuter Bausch

Tous deux parlent d’intimité, mais de manière opposée. Délicate mais sans pudeur, pour la série des formats caractéristiques de l’instantané, où Marie Capesius souligne, comme au temps de l’art classique, son propos d’une phrase titre pour la série Memory Remains. Le siège de Viens qui attend un visiteur, celui de Prends place, où il est physiquement invité à s’asseoir, évoquent des faits. L’or à portée de main, des boules dorées de mimosa est de l’ordre de l’éphémère comme Est-ce bien ce dont je me souviendrais ? une photographie moins « lisible ». La série est le produit de la résidence de Marie Capesius au Centre National de l’Audiovisuel (CNA) cette année. La patte de Pit Riewer dans ses six tableaux est beaucoup plus puissante et on imagine la gestuelle du peintre dans ces hauts formats travaillés à la gouache et à l’acrylique sur toile. Mais lui aussi ne fait qu’évoquer des instants furtifs, dont Bath est la pièce maîtresse: le baigneur est sur le point de quitter la pièce, le radiateur évoque la chaleur, le lavabo l’eau. On peut dire que Julie Reuter confirme son goût pour des évocations « à la Bonnard », avec ici, un travail sur la construction des éléments d’une scène. Jack Hilton (né à Londres en 1996), est réinvité par la galerie, comme Riewer. Le suivi de son travail dans The Third Act permet de voir, de celui qui est issu d’une lignée d’artistes et a choisi lui aussi la peinture comme moyen d’expression, un ensemble narratif. De la littérature, études qu’il a suivies, voici inspirée The Last Town Crier, une huile sur couverture de livre cartonné, le Seahorse with no Rider, ce que le petit animal marin ne fut jamais ou encore, une peur masculine de notre époque, Road to Damascus (Fragile Masculinity in Pink). Julien Hübsch (1995), qui vit en Allemagne où il poursuit ses études à la Kunsthoschschule Mainz, montre des expérimentations à base de matériaux de chantier: carreaux de plâtre, de céramique, sont collés sur polystyrène. C’est, dit-il, l’espace de la ville devenu intervention picturale. Un travail, analysé de près, beaucoup moins brut qu’il ne paraît. Marianne Brausch

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Marie Capesius – Jack Hilton – Julien Hübsch – Pit Riewer. The Third Act est à voir jusqu’au 10 septembre prochain. Reuter Bausch Art Gallery, 14 rue Notre-Dame, Luxembourg-ville. Ouvert tous les jours de 11 :00 à 18 :00 heures, fermé le lundi.

« Ce milieu, je suis tombée dedans très tôt, vers seize ans quand j’ai commencé à travailler pour le Syndicat d’initiative de la Ville de Luxembourg, le LCTO. J’ai rencontré Roby Schuller qui, à l’époque, organisait le Rock um Knuedler. Au début, j’aidais même à monter la scène, littéralement: je montais sur les poteaux pour fixer les banners. Progressivement, il y a eu de plus en plus de concerts. À l’époque, je faisais ça à côté de mon job, parce que, à la base, j’ai un graduat en Tourisme. Puis, autour de 1995-96, je me suis retrouvée au tout nouveau Den Atelier pour aider la personne qui gérait l’accueil des artistes. J’ai été engagé à ce momentlà; d’abord à mi-temps, mais dans ce job, on ne compte pas ses heures ! » Ce boulot, si particulier et parfois si usant, Fabienne avoue n’avoir jamais eu envie de le quitter. Pas une seule fois. Il faut une somme de qualités, pour, à chaque concert, accueillir une équipe qui, pour de multiples raisons, peut arriver en tirant la gueule. «La qualité principale à avoir dans ce job, c’est l’empathie, assurément ! Il faut aussi savoir laisser de côté son égo et surtout, respecter le fait que l’artiste que tu as en face de toi est une personne privée. Je prends l’exemple de Dave Grohl (Nirvana, Foo Fighters, sur la photo accrochée au mur du backstage dans lequel nous sommes, ndlr). Tout le monde connaît Dave Grohl, mais Dave, lui, ne te connaît pas. Et les artistes, ils arrivent parfois le matin à la salle et ils sont de mauvaise humeur. Ils ont mal dormi, ils sont fatigués, le bus a été dans les embouteillages. Il ne faut jamais prendre leur mauvaise humeur de manière ‘personnelle’. Parce que, très souvent, à la fin de la soirée, ils viennent nous remercier car ils ont passé une super journée. » Si la vie des artistes fait souvent fantasmer les fans, Fabienne avoue que ce n’est absolument pas son cas. « Mais pour rien au monde je ne voudrais être à leur place ! Je comprends tellement un Jean-Jacques Goldman qui vit à Londres où personne ne le connaît. Même chose pour Robbie Williams qui vit aux États-Unis. Là-bas, on lui fout la paix. » Avec le grand monde d’anecdotes autour de l’organisation des concerts, on a affaire à une femme qui joue la Champions League. « Sincèrement, je crois qu’en termes de demandes, j’ai tout vu, tout entendu, vraiment ! Ça va d’un massage avec happy ending, à une quantité énorme de drogue – que je ne fournis évidemment pas – ou aller avec quelqu’un acheter des petites culottes. Je me souviens aussi du DJ Steve Aioki, qui demande toujours de grandes tartes avec juste de la crème fraîche dessus car, en concert, il les lance dans le public. » Il y a aussi les exigences plus médicales, comme un cocktails de vitamines pour être boosté avant le concert. Ces mélanges se trouvent chez les médecins ou pharmaciens aux États-Unis, mais ici, c’est plus difficile. « Quand tu leur dis : « Désolé, je ne trouve pas ça ici », ils te répondent : « Ben si, tu vas trouver ! ». Aujourd’hui, les demandes spécifiques se situent au niveau du catering. « Le Luxembourg a bien progressé pour les végans, mais je me souviens de la première fois où Moby est venu jouer ici, il y a 25 ans. Moby, je crois qu’il est né végan. On a dû lui donner des fruits et des crudités... il n’y avait rien d’autre. » Une question nous taraude : que fait Fabienne Dimmer quand elle ne se trouve pas rue de Hollerich ? Elle évoque alors l’action humanitaire. Fabienne fait partie de ces gens qui aident les personnes en difficulté mais qui, jamais, ne s’en vante. Sauf que, lorsqu’elle en parle, son regard se trouble un peu. Le cirque rock and roll semble soudain bien loin. « Effectivement, dès que j’ai du temps libre, je le consacre à l’humanitaire. Mes enfants sont grands maintenant, donc j’ai une certaine liberté et j’en profite pour voyager, que ce soit en Bosnie, à Dunkerque ou à Paris. J’ai commencé en l’hiver 2015/2016. » En y réfléchissant, elle note que sa vie rencontre deux extrêmes : « D’un côté un job où les demandes d’artistes, qu’elles soient financières ou des produits back-stage, sont affolantes; de l’autre, des gens qui n’ont rien. » Elle justifie son action : « Je crois que, inconsciemment, j’essaie de « redonner » un peu de la chance que j’ai d’être ici, dans ces conditions privilégiées. Et puis, je rencontre un autre monde. Un monde avec des personnes qui t’ouvrent, encore une fois, l’esprit. » Un mot qui revient souvent lorsqu’on parle avec Fabienne Dimmer et s’accompagne d’un grand sourire malicieux : les voyages. « Mon grand rêve serait d’arrêter de travailler à

Fabienne Dimmer, « Mother» de l’Atelier

Sven Becker

Les grands formats de Pit Riewer sont un eye catcher depuis la rue Notre-Dame – tandis que la petite taille des Polaroïd de Marie Capesius oblige à s’approcher de près. Fraîchement dotée d’un post-master de recherche de l’ENSAD de Nancy, après quatre années d’études de la photographie à la Ostkreuzschule de Berlin, la jeune Française, née à Strasbourg en 1988, vit désormais à Luxemboug. Pit Riewer est né en 1999 au Luxembourg et les peintures qu’il expose sont celles de son travail de diplôme, cette année, à la Royal Academy of Fine Arts d’Anvers.

Rencontrer Fabienne Dimmer, c’est l’assurance de passer un bon moment même si, elle l’avoue elle-même, la cadence des concerts à gérer cet été est complètement folle. Souriante et énergique, celle que l’on surnomme la « Mother » de l’Atelier démarre sa journée avec un café bien corsé tout en vérifiant si le groupe de la veille n’a pas trop laissé de nourriture dans le backstage. Ce matin, dans sa robe rouge, c’est elle qui se retrouve sur la scène et qui nous répond.

soixante ans, avoir une camionnette et découvrir le monde, tous les pays dans lesquels je ne suis encore jamais allée. » L’Atelier, l’humanitaire, la femme déterminée qu’elle est… Vous pensez connaître Fabienne Dimmer ? Faux. Il y a encore des choses que la plupart des gens ne savent pas. Sa réponse

fuse : « Ce que beaucoup de monde ignore sur moi ? J’ai fait du parachutisme pendant sept ans et des courses automobile en Belgique. Des « Auto-cross », ce sont des courses de plusieurs heures sur une piste qui est, en fait, dans un champ. J’ai aussi fait de la plongée… Le parachutisme et la plongée, le haut et le bas : c’est encore une fois le principe des extrêmes. »

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Play list Le premier disque acheté ? Barclay James Harvest: Gone to earth (1977) La chanson qui te rappelle ton enfance ? Le générique de Maya l’abeille. La chanson qui te fait pleurer ? Je l’aime à mourir de Francis Cabrel. Peut-être pas pleurer aux larmes, mais je trouve que, rarement, une chanson n’aura aussi bien exprimé un sentiment. J’adore Cabrel, en fait. La chanson qui te donne la pêche ? Toutes les chansons de Macklemore. J’écoute ça à fond! Mais j’aurais pu dire aussi Kanye West, Eminem ou Rage against the Machine. La chanson que tu ne peux plus entendre ? Je ne peux pas répondre car, ces chansons-là, je m’efforce de les oublier. Jusqu’à ce quelqu’un me les fasse réécouter et là, je me souviens que je n’en peux plus de l’entendre. La chanson que tu as honte d’écouter ? Globalement, je n’ai absolument honte de rien! Tous ceux qui me connaissent savent que j’adore Robbie Williams ou Tom Odell. Et je me fous de savoir si certains trouvent ça gnangnan. Je pourrais te chanter Feel ou Angel à pleine voix... mais en sonnant complètement faux, on est bien d’accord! C’est quoi ton problème avec Robbie Williams ? Je n’ai pas de problème avec Robbie Williams: J’aime tout ce qu’il fait! Attention, seulement à partir du moment où il était en solo. Les boys bands, donc Take That, je trouvais ça horrible. Mais depuis qu’il est en solo, j’ai toujours été le voir au moins une fois sur ses tournées. Pour moi, c’est l’un des meilleurs entertainers au monde! En concert, il est un peu comme la Joconde: il regarde et tu as l’impression qu’il te regarde, toi. Depuis le temps, c’est devenu un running-gag avec mes amis et collègues, mais j’assume absolument.


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Des cercles de Dante aux ciels de LA Lucien Kayser

Périple dans le temps et l’espace pour l’exposition monographique de Tacita Dean au Mudam Chose normale, voire inévitable pour une artiste friande outre mesure d’images et de sons dont elle a fait le matériau premier de ses œuvres ; l’appel de la scène ne pouvait pas rester sans écho, sans réponse. L’artiste britannique Tacita Dean a franchi le pas, en décembre dernier, avec un ballet inspiré de Dante, chorégraphié par Wayne McGregor, au Royal Opera House à Londres. Le Dante Project, avec ses trois moments de l’Enfer, du Purgatoire et du Paradis, porté par la musique de Thomas Ardès, franchira d’ailleurs la Manche, passera à partir du 3 mai 2023 à l’Opéra de Paris, palais Garnier, et si les premières représentations se trouveront sous la direction de Gustavo Dudamel, le 8 mai, c’est le compositeur lui-même qui prendra la baguette du chef. Pourquoi commencer de la sorte pour l’exposition de Tacita Dean au Mudam ? C’est que le Dante Project en fait quand même la moitié, pour ne pas dire l’essentiel ; c’est qu’il en marque avec force l’intérêt et les qualités comme il nous fait prendre

Prendre conscience douloureusement d’une absence, il est des insuffisances qu’on ressent

conscience douloureusement d’une absence, il est des insuffisances qu’on ressent. On ne peut être que saisi, par le caractère grandiose, des romantiques auraient dit sublime, de l’immense panorama dans l’une des deux galeries du premier étage (celle consacrée justement au Dante Project) : c’est l’Inferno, une chaîne de montagnes inversées (à la Baselitz, a-t-on maintenant l’habitude de dire), dessinées à la craie sur un tableau noir. Cela en impose à notre regard, pas de doute, et la froideur, la désolation nous changent de l’image habituelle de l’enfer. Seulement, pour le ballet londonien, un miroir remet les choses en place, qui plus est, il y a les danseuses, les danseurs, leurs mouvements, absents ici. Face au gigantisme montagnard.

de Los Angeles, deux séries de lithographies, complétées par six petits dessins sur ardoise. On sait Tacita Dean adepte de tous les médiums, jusqu’au film couleur 16 mm en l’occurrence. D’une durée là encore d’une cinquantaine de minutes (j’ai vu des gens entrer et ressortir, quant à rester, c’est autre chose), il reproduit une conversation entre deux peintresses amies de l’artiste, Luchita Hurtado et Julie Mehretu, on nous précise que toutes deux

sont nées un 28 novembre, à cinquante années de différence quand même. Plus qu’à leurs propos, à bâtons rompus, intéressants, touchant au Mexique et particulièrement à l’État de Chiapas, il faut s’attacher aux deux femmes, à leurs comportements, leurs gestes, leurs expressions. Une dernière salle, plus petite, beau retournement quant à la taille de ce que nous voyons, nous met

face à un autre film, Buon Fresco : à l’aide d’un objectif macro, des détails des fresques de Giotto à Assise, images grossies à l’extrême qui ne soulignent que mieux la finesse des traits, révèlent un savoir-faire indépassable. C’est du Giotto bien sûr, du saint François aussi, et l’on se rappelle alors telle phrase de Julie Mehretu dans l’entretien qu’on vient juste de quitter, la peinture comme négociation entre toi (Luchita Hurtado) et le monde.

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De même, pour le Purgatoire, quel bel effet, d’inversion autre, d’une photographie représentant un jacaranda, arbre dont les feuilles sont violettes au printemps, sur le tirage négatif, les voilà passées au vert ; cela tourne même au fantomatique, avec les alentours urbains. Hélas, encore une fois, il n’est resté que le décor, pas de pas de deux de Dante et de Béatrice. On peut (doit) se reporter sur internet pour en avoir quelques images, quelques impressions.

Le deuxième volet de l’exposition, dans l’autre galerie, côté ouest, s’avère moins ambitieux. Des ciels

Lucien Kayser

Enfin, troisième étape du voyage initiatique, le Paradis, avec un film abstrait haut en couleur et en cinémascope : ça tournoie comme des planètes, comme on est chez Dante, tels des cercles où l’on se laisse volontiers happer. Cependant, la bande son ne fait guère l’affaire, simulation numérique de la partition pour orchestre de Thomas Adès. Pour connaître la musique du compositeur britannique d’origine syrienne, il faut encore aller sur internet, pour quelque cinquante minutes de réel enchantement, de subtil ravissement, avec Inferno et l’orchestre symphonique de la radio finlandaise. L'artiste Tacita Dean au Mudam

Wie viel Nähe darf’s sein? Anina Valle Thiele

Mit Doheem spürt das Theaterkollektiv ILL Formen des Zusammenlebens nach und erschafft im Ferroforum, einer alten Industriehalle in Schifflingen, sinnliche Theatermomente Was bedeutet zuhause und was macht Zusammenleben aus? Mit Doheem hinterfragt das Theaterkollektiv Independent Little Lies (ILL) Formen des Zusammenseins. Dabei geht es weniger um die in Luxemburg allgegenwärtige Wohnraumproblematik, als um ganz persönliche, emotionale An-

näherungen an das Thema. Mit dem Untertitel Fragments d’intimités verweist das Künstlerkollektiv bereits auf den Charakter der Inszenierung. Die Regisseurinnen Claire Wagener und Elsa Rauchs haben persönliche Empfindungen zusammengetragen. In Puzzlestücken setzt sich dieser Thea-

terabend in der Industriehalle Ferroforum zu einem großen, diffusen Tableau zusammen, das bis zum Schluss kein geschlossenes Ganzes ergeben will.

einen zu geschwommenen Buckelwal. Die Räumung einer Wohnung steht im Raum, Gegenstände werden eingesammelt. Sie werden alles mitnehmen: „Je suis là, je reste!“

Es sind Momentaufnahmen, Schlaglichter und kleine, mitunter starke Szenen, die die Zuschauer/innen mit Fragen rund ums Zusammenleben konfrontieren. Ab wann sind Menschen zusammen? Was hält uns zusammen, was passiert mit uns, wenn unser Raum uns genommen wird? Und wie können wir uns neu finden, wenn wir den Boden unter den Füßen verlieren? Ausgehend von einer Erkundungsarbeit präsentieren Bürger/innen des Mitmach-Kollektivs Biergerbühn in Zusammenarbeit mit dem künstlerischen Team von ILL die Ergebnisse ihrer Recherche über Zugehörigkeit, Nähe, Distanz und Verbundenheit. Das Publikum durfte vorab persönliche Empfindungen einbringen. Doheem spiegelt diese individuellen Empfindungen wider und ist für den einen oder anderen vielleicht enttäuschend unpolitisch. Wer sich auf das Konzept einlässt, kann den Abend dennoch genießen.

Von einem Balkon ertönt Getuschel und Geraune: „Hast du gewusst? Sie haben geheiratet ... aber sie sind noch (gar) nicht zusammen.“ Es sind Schlaglichter, Halluzinationen und Träume: „Dass ich mich verraten könnte und all das sagen, was unsagbar ist.“

In einer Industriehalle koexistieren Gesang, Bewegung und verschiedene Sprachen – dort entfaltet das Stück Szenen, die die Zuschauer/innen in die unterschiedlichen Töne, sprachlich wie tänzerisch, eintauchen lassen. So schellt anfangs eine handbetriebene Alarmglocke, die bunte Truppe betritt trippelnd die Industriehalle, einige wirbeln in der weiten Halle wie die Schmelzarbeiter von einst.

Patrick Galbats

Fragmente der Nàhe, Fragmente der Distanz: Die Schauspieler/ innen vor der Industriekulisse Ferrforoum

Auf Fluchtsituationen folgen schräge Proben unter eindrucksvoller Anleitung. Catherine Elsen sitzt auf einem Aussichtssturm und gibt Anweisungen durch ein Megafon; ein Blasorchester stimmt Töne von einem Balkon an und treibt die Truppe unter dem Refrain Voyage Voyage von Desireless gleichermaßen an. So wirkt es, als werde die gesamte Industriehalle bespielt. Wenn Einzelne ausscheren und individuell performen, schaffen sie Momente großer Schönheit. Das diffuse Gemurmel und die zum Teil absurd wirkenden DialogFragmente gehen über in Erzählungen wie etwa jene über

Starke Bühnenmomente, wenn etwa Marie Mathieu – mit rauchiger Stimme anrüchig und so schnoddrig wie damals der gefeiert-geächtete deutsche Nachkriegsstar selbst – das Lied In dieser Stadt von Hildegard Knef vorträgt und zeigt, dass sie das Zeug zur Chansonsängerin hat. Urkomisch, wenn Marc Baum in hautenger Motorradkluft von einem Balkon Parole, Parole, Parole (ohne Dalida) trällert und dabei nicht ganz Alain Delon ähnelt. Schließlich wird die Kultfigur des zeitgenössischen Tanzes Pina Bausch in einem Clip eingeblendet und über ihre Zukunft befragt: „Pina, how do you feel about your future?“ Ratlos, aber mit aufrechter Haltung und nachdenklich antwortet die drahtige Choreografin, der es neben der Perfektion der Form seit jeher mehr ums Mitfühlen ging, auf Englisch mit deutschen Akzent: „I don’t know. I feel a lot of strength.“ In dem Trailer zur Ankündigung des Stücks hatte eine Handvoll Schauspieler/innen des ILL-Kollektiv bereits diese Szene nachgestellt und damit vorab klargestellt: Das Kollektiv hat zwar mit der Thematik des Zusammenlebens einen Topos für den Abend, ILL geht es aber offenbar vor allem um das Spiel und die Lust am (Schau-)spiel.

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Am Ende fasert die Inszenierung aus und wird etwas langatmig – dennoch ist Doheem ein sehenswertes, sinnliches Stück, das vor der Kulisse des Ferroforum starke Bühnenmomente liefert.


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Luxtram

Avis de marché Procédure : Secteurs spéciaux - européenne ouverte Type de marché : Services Modalités d’ouverture des offres ou de dépôt des demandes de participation : Date : 05.09.2022 Heure : 14.00 heures Section II : Objet du marché Intitulé attribué au marché : Marché de Maîtrise d’oeuvre générale

pour le tronçon E de la 1ère ligne de tramway. Description succincte du marché : – La présente consultation vise la passation d’un marché de Maîtrise d’œuvre générale pour les missions de conception (APD et DAUT), les missions de réalisation (DSA, EXE, OPC, VISA, DSCT, ERMES et DF) et les missions transverses (DES, CG, OPC GL et SYNT) dans le cadre de la réalisation du tronçon E, allant du CRM jusqu’au terminus de la ligne devant l’aéroport Findel. Section IV : Procédure

Leadership stratégique de la recherche à l’Université du Luxembourg

Vice-rectrice/vice-recteur Recherche de l’Université du Luxembourg Fondée en 2003, l’Université du Luxembourg (UL) est la première et unique université du Grand-Duché de Luxembourg. Multilingue et multiculturelle, l’UL est une institution moderne, riche d’une culture inclusive et collégiale. Son orientation internationale affirmée se reflète dans la composition de son personnel et de ses étudiants. L’UL vit l’ambition d’une université de recherche de classe mondiale : elle vise l’excellence dans la recherche fondamentale et appliquée, ainsi que dans l’enseignement. Elle se voit comme un moteur de l’innovation au service de la société, compte une forte proportion d’étudiants de niveau master et doctorat et associe recherche, enseignement et service à la société. Trois domaines stratégiques majeurs ont été identifiés pour l’avenir de l’Université : la transformation numérique ; la médecine et la santé ; et le développement durable et sociétal. L’Université appuie son succès sur les synergies en utilisant à la fois ses forces disciplinaires et les approches interdisciplinaires. L’Université compte trois facultés qui se consacrent à l’excellence dans l’enseignement et la recherche : la Faculté des sciences, des technologies et de médecine (FSTM); la Faculté de droit, d’économie et de finance (FDEF) ; et la Faculté des sciences humaines, de l’éducation et des sciences sociales (FHSE). Elle compte également trois centres interdisciplinaires qui promeuvent l’excellence dans la recherche et le transfert de connaissances : le Centre for Security, Reliability and Trust (SnT); le Luxembourg Centre for Systems Biomedicine (LCSB); et le Luxembourg Centre for Contemporary and Digital History (C2DH). La nouvelle vice-rectrice/le nouveau vice-recteur supervisera les activités de l’Université liées à la recherche. Sous la responsabilité du recteur, elle/il jouera un rôle essentiel dans la définition de la vision et de la stratégie des activités de recherche de l’Université. En tant que membre du rectorat, elle/il assurera la direction stratégique des activités de recherche des facultés et des centres interdisciplinaires. En outre, ses principales responsabilités comprennent l’évaluation et l’amélioration de la qualité de la recherche et l’obtention de financements externes. Elle/il est également responsable de la gestion de la formation doctorale et du soutien des initiatives interdisciplinaires. Elle/il sera une ambassadrice/un ambassadeur de l’Université et la représentera auprès d’organismes nationaux et internationaux et des communautés de recherche. Ce rôle est essentiel pour le développement de l’Université en tant qu’institution de recherche de classe mondiale. La nouvelle vice-rectrice/le nouveau vice-recteur devra démontrer sa capacité à travailler à tous les niveaux de l’organisation, et avoir l’empathie et la sensibilité nécessaires à l’établissement de relations constructives avec ses collègues universitaires, les doyens des facultés et les directeurs des centres interdisciplinaires. Elle/il doit avoir la stature et la crédibilité nécessaires pour établir et maintenir un large éventail de relations avec les communautés de recherche, les acteurs industriels et le gouvernement, en favorisant le positionnement de l’Université et l’excellence de sa recherche. L’Université du Luxembourg a retenu les services de Russell Reynolds Associates pour l’accompagner dans ce recrutement. Pour de plus amples informations sur le poste et des détails supplémentaires sur les qualifications, les exigences, les conditions de service et la candidature, veuillez consulter : www.rraresponses.com La date limite de dépôt des candidatures est fixée au 9 septembre 2022.

Conditions d’obtention du cahier des charges : Les pièces du dossier de consultation sont à télécharger à partir de la plateforme des marchés publics. Section VI : Renseignements complémentaires Autres informations : Conditions de participation : Les conditions de participation sont définies dans les pièces du dossier de consultation.

Procédure : européenne ouverte Type de marché : Travaux Modalités d’ouverture des offres : Date : 06.09.2022 Heure : 10.00 heures Lieu : Les offres sont obligatoirement et exclusivement à remettre via le portail des marchés publics avant la date et l’heure fixées pour l’ouverture. Section II : Objet du marché

Réception des offres : Les modalités de réception des offres sont définies dans les pièces du dossier de consultation.

Intitulé attribué au marché : Travaux de menuiserie en bois (terrasse) à exécuter dans l’intérêt du European Conference Center Luxembourg

Date d’envoi de l’avis au Journal officiel de l’U.E. : 20.07.2022

Description succincte du marché : – Préparation de la surface : 330 m² – Revêtement en bois : 480 m² – Bancs en bois : 40 ml La durée des travaux est de 20 jours ouvrables, à débuter le 1er semestre 2023.

La version intégrale de l’avis n° 2201539 peut être consultée sur www.marches-publics.lu

Autres informations : Conditions de participation : Les conditions de participation sont précisées au cahier des charges. Réception des offres : La remise électronique des offres sur le Portail des marchés publics est obligatoire pour cette soumission conformément à la législation et à la réglementation sur les marchés publics avant les date et heure fixées pour l’ouverture. Date d’envoi de l’avis au Journal officiel de l’U.E. : 18.07.2022 La version intégrale de l’avis n° 2201515 peut être consultée sur www.marches-publics.lu

Section IV : Procédure

Avis de marché Procédure : européenne ouverte Type de marché : Services

Avis de marché

Conditions d’obtention du cahier des charges : Les documents de soumission peuvent être retirés via le portail des marchés publics (www.pmp.lu). La remise électronique est obligatoire.

Procédure : européenne ouverte Type de marché : Fournitures

Section VI : Renseignements complémentaires

Section II : Objet du marché

Modalités d’ouverture des offres : Date : 30.08.2022 Heure : 10.00 heures

Autres informations : Conditions de participation : Toutes les conditions de participation sont indiquées dans les documents de soumissions.

Section II : Objet du marché Intitulé attribué au marché : Soumission relative à la fourniture d’énergie électrique pour les années 2023 à 2025. Description succincte du marché : – Fourniture d’énergie électrique verte. Section IV : Procédure Conditions d’obtention du cahier des charges : Dossier de soumission à télécharger gratuitement sur le Portail des marchés publics (www.pmp.lu).

Réception des offres : Les offres sont à remettre via le portail des marchés publics (www.pmp.lu). Date d’envoi de l’avis au Journal officiel de l’U.E. : 21.07.2022 La version intégrale de l’avis n° 2201437 peut être consultée sur www.marches-publics.lu

Réception des offres : La remise électronique des offres sur le Portail des marchés publics (www.pmp. lu) est obligatoire pour cette soumission conformément à la législation et à la réglementation sur les marchés publics avant les date et heure fixées pour l’ouverture. Date d’envoi de l’avis au Journal officiel de l’U.E. : 18.07.2022 La version intégrale de l’avis n° 2201452 peut être consultée sur www.marches-publics.lu

Ministère de la Mobilité et des Travaux publics Administration des Bâtiments publics

Avis de marché

Intitulé attribué au marché : Soumission relative à la maintenance des installations électriques de la Maison de l’Innovation à Esch - Belval. Description succincte du marché : – Maintenance des installations électriques. Section IV : Procédure Conditions d’obtention du cahier des charges : Dossier de soumission à télécharger gratuitement sur le Portail des marchés publics (www.pmp.lu).

Section II : Objet du marché Intitulé attribué au marché : Acquisition de mobilier dans l’intérêt de l’aménagement de l’ILNAS sis 1, avenue du Swing à Belvaux Description succincte du marché : – Livraison et montage de chaises de bureaux, bureaux à hauteur variable, caissons, chaises et tables de réunion La durée du marché est de 21 jours ouvrables, à débuter le 1er février 2023. Section IV : Procédure Conditions d’obtention du cahier des charges : Les documents de soumission peuvent être retirés via le portail des marchés publics (www.pmp.lu). La remise électronique est obligatoire. Section VI : Renseignements complémentaires Autres informations : Conditions de participation : Toutes les conditions de participation sont indiquées dans les documents de soumissions. Réception des offres : Les offres sont à remettre via le portail des marchés publics (www.pmp.lu). Date d’envoi de l’avis au Journal officiel de l’U.E. : 21.07.2022 La version intégrale de l’avis n° 2201517 peut être consultée sur www.marches-publics.lu

Section VI : Renseignements complémentaires Autres informations : Conditions de participation : Les conditions de participation sont précisées au cahier des charges.

Section VI : Renseignements complémentaires Autres informations : Conditions de participation : Les conditions de participation sont précisées dans les documents de soumission.

Modalités d’ouverture des offres : Date : 20.09.2022 Heure : 10.00 heures

Lieu : Les offres sont obligatoirement et exclusivement à remettre via le portail des marchés publics avant la date et l’heure fixées pour l’ouverture.

Avis de marché Procédure : européenne ouverte Type de marché : Services Modalités d’ouverture des offres : Date : 16.09.2022 Heure : 10.00 heures Section II : Objet du marché Intitulé attribué au marché : Soumission relative à la maintenance des installations HVAC et sanitaires de la Maison de l’Innovation à Esch Belval. Description succincte du marché : – Maintenance des installations HVAC et sanitaires. Section IV : Procédure Conditions d’obtention du cahier des charges : Dossier de soumission à télécharger gratuitement sur le Portail des marchés publics (www.pmp.lu). Section VI : Renseignements complémentaires

Réception des offres : La remise électronique des offres sur le Portail des marchés publics est obligatoire pour cette soumission conformément à la législation et à la réglementation sur les marchés publics avant les date et heure fixées pour l’ouverture. Date d’envoi de l’avis au Journal officiel de l’U.E. : 18.07.2022 La version intégrale de l’avis n° 2201516 peut être consultée sur www.marches-publics.lu

Ministère de la Mobilité et des Travaux publics Administration des Bâtiments publics

Avis de marché Procédure : européenne ouverte Type de marché : Fournitures Modalités d’ouverture des offres : Date : 07.09.2022 Heure : 10.00 heures

Fondé en 1954 par Carlo Hemmer, édité par Leo Kinsch de 1958 à 1983. Hebdomadaire politique, économique et culturel indépendant paraissant le vendredi. Publié par les Éditions d’Letzeburger Land s.à r.l., R.C. B 19029,N° TVA LU 12 12 40 22. La reproduction des articles et illustrations est interdite sans l’accord écrit de l’éditeur. Gérant Stephan Kinsch (48 57 57-1; land@land.lu), Rédacteur en chef Peter Feist (48 57 57-24; pfeist@land.lu), Rédaction France Clarinval (48 57 57-26; fclarinval@land.lu), Luc Laboulle (48 57 57-28; llaboulle@land.lu), Stéphanie Majerus (48 57 57 35; smajerus@land.lu), Sarah Pepin (48 57 57 36; spepin@land.lu), Pierre Sorlut (48 57 57-20; psorlut@ land.lu), Bernard Thomas (48 57 57-30; bthomas@land.lu), Mise-en-page Pierre Greiveldinger (48 57 57-34; pgreiveldinger@land.lu), Photos Sven Becker (48 57 57-36; sbecker@land.lu), Administration et publicité Zoubida Belgacem (48 57 57-32; zbelgacem@ land.lu) Édition et rédaction 59, rue Glesener L-1631 Luxembourg Courrier Boîte postale 2083, L-1020 Luxembourg Téléphone 48 57 57-1 Fax 49 63 09 E-mail land@land.lu Internet www.land.lu Twitter @Letzland Facebook d’Lëtzebuerger Land Instagram letzebuerger_land Impression offset Mediahuis Luxembourg S.A. Prix par numéro 5,00 € Abonnement annuel 180,00 € Abonnement étudiant/e 95,00 € Comptes en banque CCPLLULL : IBAN LU59 1111 0000 5656 0000, www.land.lu BILLLULL : IBAN LU29 0027 1003 6990 0000, BGLLLULL : IBAN LU32 0030 0431 7039 0000, BCEELULL : IBAN LU30 0019 1000 2939 1000, CELLLULL : IBAN LU71 0141 7162 5000 0000, BLUXLULL : IBAN LU59 0080 0484 9600 1003


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Land 22.07.2022

K U LT U R

Rencontres de feu Sébastien Cuvelier

À Arles, regard posé sur les préoccupations sociales et environnementales et hommage au photographe Romain Urhausen À quelques minutes du centre-ville d’Arles, un incendie fait rage. Cinq Canadairs sont dépêchés, 250 pompiers sont sur la brèche. La banlieue arlésienne est évacuée. Les festivaliers venus pour les Rencontres de la Photographie logeant en bordure de la ville cherchent déjà refuge auprès de connaissances pouvant les dépanner, au cas où. En ville, plus d’électricité, plus de wifi, plus d’écran. Dans l’Eglise des Trinitaires, deux immenses boîtes sont devenues noires. Depuis le début des Rencontres, on y projetait d’un côté des palmiers qui brûlaient, de l’autre des palmiers qui sombraient dans une rivière, dans un décor de jungle. Une vision cauchemardesque sous forme d’installation monumentale, à la beauté fascinante. Phoenix de Noémie Goudal est une des plus puissantes expositions du festival, une installation immersive traitant de la paléoclimatologie, c’est-à-dire l’étude des climats passés sur des temps géologiques. Illusions d’optique créées dans la nature et faites de papier, ces deux vidéos (Below the Deep South et Inhale, Exhale ), aussi captivantes qu’addictives, sont le clou de l’exposition de l’artiste française, projetant une ambiance apocalyptique dans cet ancien lieu sacré. Dans le travail de Noémie Goudal, cette nature fragile et fantasmée prend diverses formes, telles ces images de palmeraies faites de bandeaux laissant apparaître la véritable nature dans les interstices, et re-photographiées. L’accrochage sur des grilles en acier ajoute une couche fantastique à ce travail remarquable, mettant en parallèle le temps long, de la Terre, avec le temps de l’Homme, beaucoup plus court, qui mérite d’être vu. L’écho de l’urgence climatique est également au cœur du travail de Seif Kousmate, l’un des dix artistes sélectionnés pour le Prix Découverte. Dans son projet Waha ( oasis en arabe), l’artiste marocain, ingénieur de formation, asperge d’acide ses paysages de palmeraies, y ajoute des reliquats de la flore locale ou encore propose l’intervention d’un poète directement sur l’image. L’exploration des possibilités plastiques de la photographie qui en résulte est saisissante, profondément lyrique tout en étant engagée, et permet de mieux appréhender ces oasis marocaines à l’agonie, surexploitées et dévastées par des sécheresses récurrentes, et in fine désertées par les nouvelles générations. La multiplicité et la qualité intrinsèque des propositions rassemblées sous ce Prix Découverte en font peut-être l’exposition (de groupe) la plus intéressante de ces 53e Rencontres. Si Rahim Fortune (le lauréat du prix du jury) est déjà relativement connu depuis la sélection de son magnifique livre intimiste I Can’t Stand to See You Cry lors du prix Aperture / Paris Photo en novembre dernier, avec comme thème central le retour au chevet d’un père souffrant dans son Texas natal, ce n’est pas forcément le cas des autres artistes nommés. L’un de nos coups de cœur va à Daniel Jack Lyons, californien issu du champ de l’anthropologie sociale, et auteur de quelques-unes des plus belles images qu’on ait pu voir à Arles cette année. Son projet Like A River se penche sur une communauté de jeunes LGBTQ marginalisés, le long de la rivière Tupana, au cœur de l’Amazonie brésilienne. Loin des clichés, Daniel propose un portrait tout en douceur de ces jeunes aux identités multiples, entre espoirs et désillusions. Un travail sensible sur une population qu’on n’imagine pas forcément au cœur de cette jungle inhospitalière. L’autre travail marquant de cette sélection brillamment curatée par Taous Dahmani dans l’Église des Frères Prêcheurs est le poignant I Have Done Nothing Wrong de Mika Sperling, lauréate du prix du public. A travers une installation déchirante, la jeune artiste germano-russe se met à nu et révèle au monde son histoire incestueuse. On y voit notamment des photos de famille où la silhouette de son grand-père a disparu, découpée, ou d’autres dont on n’aperçoit que le dos blanc, mais où la description textuelle accompagnant la nonimage suffit. On comprend ces sentiments de douleur, de honte habitant les victimes de tels crimes. Le titre, affreusement évocateur et polysémique, révèle à la fois la voix d’une enfant confuse et les paroles d’un grand-père en déni. Une des évidences du parcours proposé par Christoph Wiesner cette année est cette emphase sur les femmes photographes. Si le grand public connaît peut-être l’Américaine Lee Miller, c’est surtout du côté de l’exposition fleuve Une Avant-garde Féministe qu’on se tournera pour déceler quelques joyaux débusquant les stéréotypes. L’accrochage a lieu au sein de la Mécanique Générale, écho au lieu où s’est déroulée en 2021 l’exposition consacrée à la masculinité. Les quelques 200 œuvres présentées, abordant la construction de la féminité dans les années 1970, dénonçant des inégalités structu-

La contribution luxembourgeoise à la grand-messe de la photographie mondiale a quelque chose de très émouvant cette année

relles et prônant un féminisme pluriel, proviennent de la collection viennoise Verbund, construite sur un point de vue européen (mais comprenant des artistes du monde entier, dont la très bankable Cindy Sherman) via une recherche intensive permettant de constater que cette production existait bien à l’époque, mais était clairement sous-représentée. L’exposition réunit les œuvres de plus de 70 femmes prenant l’appareil photo comme une arme, parfois via des pratiques performatives, avec comme citation fondatrice ces mots célèbres de Simone de Beauvoir : « On ne naît pas femme, on le devient ». L’exposition est divisée en cinq thèmes abordant : la réduction des femmes aux fonctions d’épouse, mère et ménagère ; le sentiment d’enfermement qui en résulte ; la remise en cause des diktats de la beauté et des représentations du corps féminin ; l’exploration de la sexualité féminine (on retiendra l’image du nid d’oiseau posé sur le bas ventre de Birgit Jürgenssen) ; et, presque en conclusion, l’affirmation de leurs multiples rôles et identités (avec comme thématique récurrente la représentation d’une sensation d’étouffement et de l’espoir de s’en libérer, superbement illustrée par l’œuvre Tentative pour sortir du cadre à visage découvert d’Orlan). Ce manifeste contre le sexisme et les inégalités de genre entre en résonance avec des travaux plus récents, comme ceux de Sandra Brewster, artiste canadienne réalisant des portraits flous (la série s’appelle Blur ) en très grand format, imprimés imparfaitement à même le mur via une technique de transfert au gel nécessitant un frottage. Ces portraits flous fonctionnent comme des métaphores du changement et du mouvement, et évoquent la multiplicité et la fluidité de nos identités. Ancienne sociologue, l’artiste norvégienne d’origine nigériane Frida Orupabo travaille sur base de collages remettant en question les images répétitives véhiculées dans les représentations populaires des femmes noires. Une imagerie à la fois intime et puissante, faite de superposition d’images provenant d’archives numériques coloniales, créées à échelle humaine, composée de corps agrandis, déformés, découpés, réparés, parfois à l’aide d’objets, incarnant le traumatisme, le désir et la survie des corps noirs.

Extrait de How fast shall we sing de Frida Orupabo

Extrait de Below the deep South de Noémie Goudal

La contribution luxembourgeoise à la grand-messe de la photographie mondiale a quelque chose de très émouvant cette année, puisque c’est le regretté Romain Urhausen, disparu pendant les Rencontres 2021, qui fait l’objet d’une très belle exposition à l’Espace Van Gogh. Exit donc la Chapelle de la Charité pour cette année, incompatible avec la conservation de photographies plus anciennes et plus fragiles (et plus coûteuses). L’exposition est baptisée Romain Urhausen en son temps, et le choix curatorial de Paul di Felice s’est porté sur une déconstruction et une contextualisation du travail de l’artiste au milieu de ses contemporains, permettant de mettre le doigt sur une spécificité de Romain Urhausen : ses influences qu’on retrouve à la fois du côté de la photographie humaniste française et de la photographie subjective allemande, héritière du Bauhaus. À côté des images de Romain Urhausen se côtoient dès lors des tirages originaux de Robert Doisneau, Henri Cartier-Bresson, Monika Von Boch, Heinz Hajek-Halke, Roger Catherineau ou encore Otto Steinert, le professeur de Romain à la Staatliche Schule für Kunst und Handwerk de Saarbrücken, qui avait pour habitude d’inclure les travaux de ses étudiants dans ses expositions. L’installation est divisée en cinq thèmes principaux : son regard poétique et humaniste sur la vie quotidienne; son travail de documentation du marché des Halles, ayant donné lieu à un livre en collaboration avec Jacques Prévert ; l’homme au travail et le paysage industriel, photographies où dominent le feu et l’acier d’Esch sur Alzette ; la photographie expérimentale, à base de superpositions, solarisations, photogrammes et autres pratiques informelles ; et les figures féminines et les nus, également abordés avec l’arsenal du langage subjectif. Une vie entière défile devant nous, une façon de regarder le monde, entre poésie, bonhomie, plasticité et expérimentation, et Romain lui-même apparaît en fin d’exposition, sous forme d’autoportraits décalés et d’une vidéo réalisée chez lui lors de la rétrospective que le CNA lui avait consacrée en 2016. Il y a quelque chose de profondément mélancolique dans cette exposition superbement équilibrée, à la fois fidèle, originale, didactique et attachante, permettant de resituer au sein d’une relecture de deux mouvements majeurs des années 50-60 le travail de ce personnage facétieux, pionnier de la photographie luxembourgeoise.

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Blur de Sandra Brewster

SC

Impossible de passer en revue l’ensemble du programme, largement ouvert sur les préoccupations sociales et environnementales, mais assez inégal et reflétant un peu trop souvent certains tics agaçants de l’art contemporain, notamment l’application peu probante de concepts liés au processus de création et vaguement en lien avec le sujet. En vrac, on aurait aimé vous parler un peu plus de Talashi, travail d’Alexis Cordesse sur les photographies vernaculaires de réfugiés syriens (présenté au sein de la plutôt fade exposition Un monde à guérir au Palais de l’Archevêché), des nuages ludiques aux contours humains du duo sud-coréen Shin Seung Back et Kim Yong Hun (Cloud Face , tirés de l’exposition Chants du Ciel au Monoprix) ou encore de la vision de l’Amérique de RaMell Ross au sein de l’exposition post-documentaire curatée par Paul Graham (But Still, It Turns au Musée Départemental Arles Antique), se concentrant sur les rythmes et les énergies qui cadencent les vies des personnes noires. Mais le mieux, c’est encore de s’y rendre.

Vue de l’exposition Romain Urhausen à l’espace Van Gogh


Land 22.07.2022 ­

Un mythe tissé de désirs Alena Ilavska

Le Luxembourg se classe à la septième place dans une récente étude publiée par Jewellerybox sur l’intérêt des populations pour la mode durable. (Les premiers trois du palmarès sont le RoyaumeUni, l’Irlande et la Nouvelle-Zélande.) Ni New York, ni Milan, ni Paris – les capitales de la mode

– ne figurent dans ce top 10 ; le Luxembourg les devance. Est-ce une raison de se féliciter ? Cela reste à voir. « Intérêt » ne veut dire ni action, ni résultat. Pour évoquer les effets écologiques à long terme de ces rêves tissés, faisons défiler les acteurs de la scène locale.

Parmi les initiatives de slow fashion, de mode « durable », on compte une demi-douzaine de commerces de seconde main rien que dans la capitale, dont certains sont actifs depuis de très nombreuses années et n’ont pas attendu la tendance vintage qui s’est éprise de vieilles fringues

Sven Becker

Lët’z Refashion, une initiative de Caritas pour une mode « durable et éthique »

pour les rehausser en icônes de mode. On croise aussi des concept stores qui affichent des labels séduisants « bio » ou « fair trade ». Au-delà du commerce, il y a la collecte des vieux vêtements par les associations caritatives, le recyclage et l’upcycling que ce soit pour la confection des nouvelles pièces, l’exportation vers des pays moins bien dotés ou la réutilisation des matières. Autant d’interventions qui visent à ralentir la fast fashion et nous propulsent sur le podium des consciencieux. Ce que nos grand-mères considéraient comme du simple bon sens, réparer, réutiliser, reprendre, est devenu tendance. Mais à part la tendance, il y a l’urgence écologique. Et les chiffres de la mode sont loin d’être dans le vert. On compte 7 500 tonnes de déchets textiles par an au Luxembourg, dont seule la moitié est recyclée ou vendue sur le marché de l’occasion à l’étranger. La consommation annuelle est de 26 kilos de textile par habitant, soit l’équivalent de 654 kilogrammes de CO2, un multiple de 25 pour chaque gramme de fibre que nous portons, même celle en couleur vert forêt. En moyenne, un Luxembourgeois jette chaque année 47 pour cent de sa consommation de textile, soit 12,26 kilos. Nos vêtements pèsent lourds sur nos (in)consciences. Si on cultivait des fibres textiles pour nos besoins grand-ducaux, on devrait transformer un tiers des champs de patates en production de coton, et la question se poserait : « Un autre jean ou un Gromperekichelcher ? » La mode durable serait alors un mythe ? Que se passe-t-il dans les coulisses de l’industrie ? Pour produire des habits, on a besoin de beaucoup d’eau ; vingt pour cent de la consommation globale. À cette consommation s’ajoute la pollution. Plus un maillot de bain est éclatant de couleurs, plus on a fait couler de colorants dans nos rivières. Entre quatre et dix pour cent – les estimations divergent – de la totalité des émissions mondiales de gaz à effet de serre émanent de l’industrie textile chaque année. Ce qui ne nous décourage pas d’acheter des nouvelles tenues pour chaque départ à la mer ou de se doter d’un nouvel habit d’hiver au Mantelsonndeg : À chaque bleu à l’âme, parce que vous le valez bien et que vous pouvez vous le permettre…

Le consommateur de mode a réussi à faire accélérer la machine de production. Pour se délecter de 24 collections par an chez Zara, douze à seize chez H&M. Grâce aux nouvelles technologies, la production a doublé en trente ans et les prix ont été divisés par deux. Sauf qu’il n’est pas chic de dire « cheap fashion », même si c’en est une. On dit dans ce pays : « Wat näischt kascht, wat näischt ass » (« ce qui ne coûte rien, ne vaut rien »). Quelque part l’adage dit vrai : Ce qui ne coûte rien, ce sont les fibres en matières non biodégradables, à base de pétrole. Le polyester règne sur l’empire de la mode, une matière légère aux lourdes conséquences. Les campagnes pour verdir l’image sont bien faites. Les grandes marques s’engagent pour la planète. Elles installent des bacs pour récolter les vielles fringues directement au magasin, c’est si pratique. Elles proposent même des bons d’achat en échange, c’est si généreux. C’est surtout astucieux : La bonne conscience et une consommation renouvelée, d’un coup, deux pierres. La façade tient. Mais si recycler paraît toujours mieux que jeter, il ne faut pas oublier qu’il est quasiment impossible de recycler les fibres de multiples provenances ; que ce recyclage produit des fibres de moindre qualité dont le coût de revient est élevé ; que, globalement, moins d’un pour cent de vêtements sont recyclés. La plupart des dons de vêtements terminent dans les décharges des pays pauvres. La charité est moins bien ordonnée qu’il n’y paraît. On innove et on refait, « une deuxième vie pour votre vêtement » est devenu un slogan à la mode. Une récente analyse du cycle de vie d’un jean démontre qu’entre la fabrication à neuf d’un jean et un jean issu de l’upcycling, l’impact sur l’environnement est similaire. L’innovation en matériaux de génération future, des substituts bio aux matériaux naturels, coûte très cher. Tant que la demande de vêtements bon marché aura la cote, peu de biofibres feront le bonheur des fashionistas. Et si l’habit fait l’homme, il risque de défaire son habitat, aussi longtemps que le désir d’accumuler à tout prix primera sur celui de préserver sa demeure. En somme, c’est une question de conscience.

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Stil 13 Kammerabgeordnete verzichten auf einen Twitter-Account. sm

LES PERSONALITES

Polit-Tweetfluencer „Wiem followen d’ChamberDeputéiert op Twitter?“, dieser Frage ging der Physikdoktorand Max Schalz nach. 42 Abgeordnete folgen @100komma7 und dem @tageblatt, damit liegen beide Medien vor dem @Wort_LU, das 41 Follower zählt. Bei den Medienschaffenden schneiden Christoph Bumb und Jean-

Lou Siweck ähnlich ab. Beide kommentieren jedoch selten die Politik auf Twitter, sondern verweisen eher unaufgeregt auf die Beiträge ihrer Medien. François Aulner und Diego Velazquez wollen hingegen mit zugespitzten Kommentaren für Aufregung sorgen und 31 der 60 Abgeordneten möchten wissen, was die beiden Journalisten rausposaunen. Für Überraschung sorgen Marc Spautz und Alex Bodry: Mehr Abgordnete folgen den Beiden als Xavier Bettel. Romain Schmit, Carlo Thelen und Michel Reckinger sind die drei Twitter-Accounts aus der Wirtschaft, die am häufigsten von Politiker/innen abonniert wurden. Mit insgesamt 38 Followern aus der Kammer liegt das Lëtzebuerger Land immerhin auf Platz zehn. Nicht alle mögen die Plattform Twitter, auf der das politische Gezanke gelegentlich ausartet:

L’ E N D RO I T

Le bijou & more Elle pourrait être considérée comme une des galeristes les plus discrètes que le Luxembourg a connu. Spécialisée dans le bijou exclusif, Susi Ciacchini vient de fêter les trente ans de sa galerie Orfèo sans jamais se profiler personnellement. Douce, subtile, elle est au service de celles et de ceux qu’elle expose. Et auxquel(le)s elle rend un bel hommage avec une exposition groupée de 39 artistes internationaux, en majorité travaillant le bijou et les pierres précieuses, mais certain(e)s aussi

excellant dans la céramique, la sculpture, la peinture, son premier étage ayant toujours été réservé à ces catégories. Si on découvre d’entrée que la création japonaise est presque dominante par sa finesse (à part les bijoux de plusieurs artistes nippons, voir aussi les oeuvres du sculpteur Aisaku, un monsieur de plus de 90 ans) , les travaux de l’Italien Stefano Marchetti ou de la Française Patricia Lemaire ne sont pas en reste. Côté luxembourgeois, depuis les débuts de Susy en indépendante, après son passage à la galerie de Jean Hilger, le plus fidèle est Claude

Schmitz, dont elle exposait déjà les premières pièces alors qu’il était encore étudiant en la matière à Anvers. Une expo personnalisée lui sera consacrée à la rentrée. Quant au regretté Jean Hilger, celle dont les travaux sont le plus inspirés par son oeuvre, est Alexandra Brachtendorf, qui a travaillé pendant trois ans avec le maître de l’autre côté de la rue des Capucins. GD

L E

P RO D U I T

Kaffi Cold Brew Un petit endroit avec une grande personnalité. C’est le slogan qui sied parfaitement au Florence Coffee Shop de la rue Adolphe Fischer (coin rue d’Anvers), car il ne passe pas un mois sans

que la dynamique proprio ne nous propose un nouveau café (qu’elle part choisir elle-même en Afrique), une nouvelle viennoiserie voire un cake, ou même des vins naturels qu’elle propose lors de dégustations ou de pic-nics organisés soit au bar à café, soit dans la Pétrusse. Après une collaboration sur une bière, voici une nouvelle association avec les jeunes responsables de Thalus, start up connue autrement pour son produit « Water in a box », dont le but est de servir une eau des plus naturelles dans un packaging recyclable. La collaboration des deux maisons a mené à ce flacon de « Kaffi cold brew », un café bien serré, fabriqué avec l’eau de Thalus et des graines importées en direct trade du Rwanda. Le flacon ne contient que 150 ml, mais il est assez fort pour qu’on puisse le prolonger à sa guise et ainsi en remplir deux

verres. Il est offert sans aucun apport de sucre, celui-ci pouvant être rajouté par le client à sa guise, tout comme des glaçons et du lait si besoin est. Dans un premier temps, le breuvage a été fabriqué au sous-sol du Florence Coffee Shop en édition limitée de cinquante exemplaires. Des négociations sont en cours avec une société pour reprendre la fabrication si l’idée s’avère assez rentable. Et, bien évidemment, des arômes provenant d’autres pays devraient enrichir l’offre qui sera bientôt aussi mise en vente dans les Pall Center du pays. GD


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