Letzebuerger Land 19 du 10.05.2024

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Wer war schon auf dem Mond?

Niemand will vor dem 9. Juni so viel Wahlkampf machen wie die ADR. Es ist Wahlkampf für big business

„Et ass surreal“

Jana Degrott, DP-Kandidatin für die Europawahl, ist ein „Star“ in einem globalen Netzwerk liberaler Stiftungen. In Luxemburg gelang ihr der politische Durchbruch bislang nur in Steinsel Sauschlau

Mit einer Werbekampagne für Wildragout soll die Waldverjüngung unterstützt werden

Indélicatesse

La présidente de la Chambre des notaires, Martine Schaeffer, est condamnée au pénal pour manquement grave à ses obligations de lutte contre le blanchiment

Les muses des musées

La Fédération mondiale des amis des musées a tenu son assemblée générale à Luxembourg. Regards sur ces muséophiles

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S. 3 S. 7 S. 11 S. 14 S. 16 Foto: Olivier Halmes POLITIK WIRTSCHAFT FEUILLETON
N°19 · 10.05.2024
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ÉDITO

Myopies

En septembre dernier, Georges Mischo (CSV) a affiché au grand jour son ignorance en matière de droit du travail, en revendiquant l’indexation du salaire social minimum (SSM). (Celui-ci est indexé depuis 1956.) Deux mois plus tard, le formateur Luc Frieden en fera son ministre du Travail. Mischo doit se repencher sur le dossier. Une directive européenne concoctée par le socialiste Nicolas Schmit force le gouvernement CSV-DP à revoir le niveau du SSM, ou du moins à en définir les références et les critères. « Diskussiounsstoff ass et sécher. E wäert jo wuel kaum erofgoen… », lâchait le ministre il y a quelques semaines au Parlement.

Quatre jours après les législatives, la Chambre des salariés (CSL) a publié un « Portrait de la population au salaire minimum ». L’impact politique de cette étude très fouillée (174 pages) a été très limité. Elle concerne pourtant seize pour cent des salariés du privé, soit 66 000 personnes. À sa lecture, on apprend que 17,7 pour cent des salariés dans le commerce sont payés au SSM non-qualifié. Dans l’Horeca, ce taux monte à 36,7 pourcent. La CSL rappelle qu’il s’agit là de secteurs « peu ou pas exposés à la concurrence internationale […] et fortement dépendants du marché national et de la demande intérieure ». Dans l’industrie par contre, secteur d’exportation où les syndicats sont implantés de longue date, « seulement » douze pour cent des ouvriers sont payés au salaire minimum.

Si la moitié des personnes au salaire minimum ont moins de 25 ans, l’étude de la CSL relève que plus d’un salarié sur vingt qui gagne le SSM a plus de dix ans d’ancienneté dans sa boîte. Une part importante se retrouve donc « coincée » dans une précarité permanente. (Quelque 1 300 parmi eux sont même âgés de plus de soixante ans.) En valeur nominale (2 570,93 euros), le salaire minimum luxembourgeois reste de loin le plus élevé en Europe. Mais en le mettant en relation avec le pouvoir d’achat, les écarts se resserrent considérablement : Le SSM luxembourgeois n’est ainsi que 3,5 pour cent au-dessus du Smic français. Afin de garantir une évolution en harmonie avec les « conditions économiques générales et des revenus », le salaire minimum est réajusté tous les deux ans. Un mécanisme quasi-automatique que le nouveau gouvernement promet « maintenir ». Appliqué durant l’année pandémique 2020, il avait provoqué l’ire des lobbyistes patronaux : « La connerie humaine est incommensurable », tweetait Romain Schmit (Fédération des artisans). « Le pragmatisme s’évapore », se désolait Jean-Paul Olinger, alors directeur de l’UEL. (Il a repris la direction des Contributions directes le 1er mai.) D’après les calculs de la CSL, le salaire minimum non-qualifié n’a pas fait de grands bonds entre 2012 et 2023. La hausse réelle, hors inflation, aurait été de 1 pour cent par an.

Dans une carte blanche diffusée récemment sur Radio 100,7, Denis Scuto est revenu à l’étude de la CSL, dont il recommandait la lecture aux auditeurs. Selon l’historien de l’Uni.lu, la politique serait en train d’« invisibiliser » les personnes les plus vulnérables ; le pays régresserait à « une place financière clientéliste ». Scuto fustige « une politique, électoralement rentable, menée dans l’intérêt des couches privilégiés », tirant un parallèle avec le système censitaire du XIXe siècle. Il voit à l’œuvre « une déconstruction de la nation », alors que celle-ci s’est justement construite au cours du XXe siècle par l’intégration des paysans et des ouvriers.

Les Portugais représentent 21 pour cent, les Luxembourgeois 23 pour cent des personnes payées au SSM non-qualifié, alors qu’ils constituent treize respectivement 24 pour cent de la population salariée totale. « Être Luxembourgeois ne garantit pas d’emblée un haut salaire, alors qu’avoir la nationalité portugaise donne un risque sur cinq d’être parmi les moins bien rémunérés », en conclut la CSL. La question n’a pourtant joué aucun rôle durant la campagne des législatives, comme si elle ne touchait pas les Luxembourgeois. (Pas plus que la fracture territoriale n’a été un sujet aux communales ; bien que les inégalités deviennent de plus en plus obscènes : Le salaire moyen est de 4 072 euros à Wiltz, alors qu’il atteint 12 645 euros à Niederanven.) Le discours politique se braquait sur les desiderata d’une classe moyenne qui se perçoit comme l’éternelle victime. « De neie Luc » s’est adressé aux boomers nostalgiques de l’ordre et de la stabilité, auxquels il s’est présenté comme garant de la prospérité (et du mode de vie carboné). Les « breet Mëttelschichten » sont le fétiche et le fantasme de la politique luxembourgeoise. Dans l’imaginaire de Luc Frieden, elles représentent « 90 pour cent de la population » (RTL-Radio) et incluent « la quasi-totalité de la population » (Paperjam). Des estimations qui trahissent la myopie sociale du Premier ministre..

10.05.2024

Wer war schon auf dem Mond?

Niemand will vor dem 9. Juni so viel Wahlkampf machen wie die ADR. Es ist Wahlkampf für big business

... ehe er mit der Spitzenkandidatiin eine Videobotschaft aufnimmt

Giganten, sagt Fernand Kartheiser. Die EU brauche „Giganten, die den USA und China die Stirn bieten können“. Womit der Spitzenkandidat zu den Europawahlen aber keine militärischen Riesen-Kampfmaschinen meint, sondern industrielle. Auf dem Weg dorthin benötige die EU „neue Fusionsregeln“. Und niedrige Energiepreise.

Dass ein Europawahlprogramm andere Akzente setzt als ein Kammerwahlprogramm, versteht sich. Das Kammerwahlprogramm der ADR hatte Ehrenpräsident Jean Schoos auf einem ihrer ersten Wahlkampfabende Anfang September in Befort mit den Worten zusammengefasst, konservativ sein bedeute, wiederhaben zu wollen, „was früher gut war“ (d’Land, 8.9.2023). Diesen Montag in Grevenmacher ist der erste Europa-Wahlkampfabend der ADR. Aber wiederzubringen versprechen, was früher gut war, ist nicht so einfach, wenn es um die EU geht, denn was war früher und wann war das? Die Jahre der Montanunion können nicht gemeint sein, die Ceca wird im Wahlprogramm der ADR nur einmal kurz erwähnt. Und immerhin könnte man behaupten, die Verträge von Paris 1951 hätten direkt in die EU geführt, und erwähnen, dass manche damals schon an eine Europäische Föderation dachten. Die will die ADR nicht. Sie verspricht mit ihren politischen Freunden in der Fraktion der Europäischen Konservativen und

Reformer (EKR) ein „Europa der Nationen“ in einer „close and friendly cooperation“. Der Anhang auf Englisch zum Wahlprogramm an die Adresse der „dear fellow conservatives“ fasst besonders gut zusammen, wofür die ADR steht: „national sovereignty, free markets, low taxes, strong family values, authentic democracy and individual freedom“. Die Luxemburger Sprache kommt in der Aufzählung nicht vor, die Marktkräfte umso mehr. Die EU sei „nicht da, wo wissenschaftlich und ökonomisch die Musik spielt“, klagt Fernand Kartheiser, als er in Grevenmacher über das Wahlprogramm referiert. „Wer war auf dem Mond? Die USA, Russland, China, Indien und Japan. Die EU nicht. Das sollte uns zu denken geben.“

Interessiert das die Wähler/innen? Vielleicht, wenn ihnen erzählt wird, Höhenflügen bis zum Mond, und seien es unbemannte, stehe zu viel Regulierung im Weg. Und grüne Ideologie womöglich noch. Eigentlich will die ADR endlich einen Sitz in Straßburg. 2019 hätte es fast geklappt, sie kam auf 10,04 Prozent der Stimmen. Die vor ihr platzierte LSAP brachte es auf 12,1 Prozent und errang ein Mandat. Allerdings fuhr vor fünf Jahren ziemlich genau ein Drittel der knapp 130 000 ADR-Stimmen der sehr

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Der Spitzenkandidat erhält die Krawatte gerichtet ...
Olivier Halmes […]

[Fortsetzung von Seite 3]

populäre Gast Gybérien für sich ein und wurde als landesweit Sechstbester gewählt. Fernand Kartheiser wurde S e chsundzwanzigster, Fred Keup Achtundzwanzigster. Einen potenten Sympathieträger für die kleinen Leute wie Gybérien hat die ADR nicht auf ihrer Europaliste. Der joviale Jeff Engelen besitzt den Stallgeruch des Aktiounscomité 5/6-Pensioun fir jiddfereen, ist als Kammer-Abgeordneter aber längst nicht so erfahren, so eloquent und so clever, wie Gybérien es war. Alexandra S choos ist noch neu in der Politik. So kommt es, dass beim ersten Europa-Wahlkampfabend alle vier anwesenden Kandidat/innen sympathisch wirken wollen und prophylaktisch strahlen, wie sie auf dem toute boîte strahlen. „Sogar die Presse ist gekommen!“, ruft Fernand Kartheiser, und es soll begeistert klingen. Dann stellt er sich mit Alexandra Schoos für ein Facebook-Video in Positur.

Auf dem Holzgestühl im schmucklosen Saal des Vereinshauses der Maacher Guiden a Scouten sitzen nur Parteimitglieder. Elf Wahlversammlungen will die ADR bis Anfang Juni abhalten, beinah eine pro Kanton und fast so viele wie DP (neun) und CSV (vier) zusammen. Mit 130 Seiten ist das Wahlprogramm der ADR das umfangreichste der 13 Parteien und Listen, die am 9. Juni antreten. Weil es im Programm um die EU geht, muss die ADR darin keine Rede vom „onkontrolléierte gewaltege Wuesstem“ führen, wie in dem für die Kammerwahlen, oder davon, dass Luxemburg „mëttlerweil eent vun de geféierlechste Länner an der EU “ sei und deshalb das Recht auf Selbstverteidigung erweitert gehöre.

„Das Wahlprogramm kennt ihr ja wahrscheinlich“, sagt Kartheiser, als er zu seinem „Tour“ durchs Programm anhebt. Aber so wahrscheinlich ist das nicht, selbst wenn die acht Leute im Saal zur Familie gehören. Das Programm ist schwer leserlich. Eine Seite Vorwort von der Parteipräsidentin, danach 20 Seiten Präambel. Zum Schluss drei S eiten Zusammenfassung und zwei Seiten auf Englisch. Dazwischen über hundert Seiten Prosa, die meinen lassen, Fernand Kartheiser in der Kammer reden zu hören. Hat er das Programm geschrieben? Die Frage schmeichelt ihm. „Ich dementiere das nicht.“

Weil Kartheiser in Grevenmacher nicht den Politikfundus der ADR erklären muss, kann er sich zur Sprooch und zur Einwanderung kurz fassen. Dass immer weniger Leute Luxemburgisch sprächen, „mécht eis Suergen“ (in Wirklichkeit warnen Statec und Uni Luxemburg davor, eine

Hat Fernand Kartheiser das Wahlprogramm geschrieben? „Ich dementiere das nicht.“

gemeinsame Studie so zu interpretieren). Zur Einwanderung sei ja „alles klar“: Das Asylrecht sei ein acquis, die ADR sei bloß gegen „illegale Einwanderung aus ökonomischen Gründen“. Die der vor kurzem beschlossene EU-Migrationspakt übrigens nicht unterbinden könne. „Nëmme mat eis“, und darum geht es an diesem Abend eigentlich, könne Luxemburg aus der EU die „Plus-valueë“ beziehen, an denen es ein Interesse haben muss.

Nimmt der Europawahlkampf Fahrt auf, könnte sich für CSV und DP schmerzhaft herausstellen, wie politisch töricht es war, am Mittwoch vergangener Woche im Parlament die Motion Kartheisers zu unterstützen, „en aucun cas“ das Einstimmigkeitsprinzip in Steuerdingen infrage zu stellen. Diesen politischen Sieg, der vielleicht nicht nur ein taktischer gegenüber DP-Spitzenkandidat Charles Goerens war, sondern ein strategischer gegenüber CSV und DP, genießt Fernand Kartheiser auf dem ersten ADR-Wahlabend und dürfte darauf auch an den zehn noch folgenden Abenden zurückkommen: „Wir sind die einzige Garantie, dass die Interessen unseres Landes gewahrt bleiben.“ Denn nur die ADR habe das Einstimmigkeitsprinzip in Steuerfragen im Wahlprogramm stehen. Was lese man dagegen bei CSV und DP? Bei der DP „die Abschaffung der Einstimmigkeit insbesondere in der Außenpolitik, bei der Finanzierung der EU und in Fragen der Staatsbürgerschaft“. Kartheiser macht eine rhetorische Kunstpause. Ehe er fragt: „Also über unsere Staatsbürgerschaft und über unseren Beitrag zum EU-Budget sollen andere entscheiden?“ Die Zuhörer murmeln. Kartheiser geht über zur CSV, für die Einstimmigkeit „nicht mehr die Regel, sondern die Ausnahme sein“ soll, weil die EU „handlungsfähig bleiben“ müsse. Mit diesen Vorschlägen, interpretiert Kartheiser, „hat

Luxemburg null Gewicht“. Und dann die Idee, dem Europaparlament ein legislatives Initiativrecht zu geben. „Das könnte gegen unseren Finanzplatz gehen. Wenn da gesagt würde, Finanztransaktionssteuer, dann wären wir fort!“ CSV, DP, LSAP und Grüne seien „eigentlich alle gleich“. Natürlich ist die ADR nicht so wirklichkeitsfremd, dass sie vergisst, dass für Luxemburg „jeder Versuch, außerhalb eines größeren Kontextes zu agieren, zum Scheitern verurteilt ist“, wie Kartheiser doziert. Die ADR ist nicht die AFD, die („Unser Land zuerst“) die EU auflösen und durch einen „Bund europäischer Nationen“ ersetzen, das Europaparlament abschaffen, raus aus dem Euro und die D-Mark wiederhaben will. „Prioritär“ aber, so steht es in ihrem Wahlprogramm auf Seite 31, sieht auch die ADR die EU als „eng Zoll- a Wirtschaftsunioun“. Was genau das bedeuten soll, ist dem langen Programm nicht zu entnehmen. Aber wenn unter den Eckpunkten free markets low taxes national sovereignty jeder EU-Staat danach streben soll, dem Kapital die besten Verwertungsbedingungen zu gewähren, könnte man sich das Europa im ADR-Entwurf uns chwer als Patchwork von Sonderwirtschaftszonen vorstellen; als eine große gated community mit zuverlässig bewachten Außengrenzen. „China und Amerika überholen uns dreimal!“, warnt Fernand Kartheiser. Die EU habe nur vier Prozent Anteil an der Weltbevölkerung und werde „immer marginaler“. Folglich kann, so muss man Kartheiser verstehen, sich „auf der Weltbühne behaupten“ nur über die Wirtschaft führen. So ähnlich steht es auch im Europawahl-Manifest von Mutterpartei EKR, deren Vorstand Kartheiser angehört: „We see a future where the European Union thrives on free trade, propelling us into an unprecedented era of economic growth.“ Was sich liest wie die Wachstumsfantasien der britischen Konservativen vor dem Brexit.

Dabei sind die politischen Positionen rechts von der Fraktion der Europäischen Volkspartei (EVP) alles andere als homogen. Die Positionen der ADR passen dazu. Ihre Wortwahl zum Thema Migration im Wahlprogramm zum Beispiel ist nicht weit weg von der der AFD, mit der die ADR nicht in Verbindung gebracht werden möchte. Aber worin besteht der Unterschied, wenn die ADR schreibt, „Migrante solle prioritär a sécheren Nopeschlänner opgeholl ginn, wa méiglech och aus hirem Kulturkrees“ (S. 39), während die AFD verlangt, „Migrationsvermeidung aus Krisenregionen muss sich auf die Hilfe vor Ort konzentrieren, um möglichst vielen Menschen eine heimatnahe Zuflucht zu ermöglichen und den Anreiz für gefährliche Reisen zu nehmen“ (Programm der Alternative für Deutschland für

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POLITIK Olivier Halmes
Jeff Engelen, Fernand Kartheiser und Alexandra Schoos

die Wahl zum 10. Europaparlament, S. 14). Zwar schreibt die ADR nicht vom „Ruanda-Modell“ für Asylverfahren, wo Antragsteller „im Falle der tatsächlichen Schutzbedürftigkeit auch Aufnahme finden“, (AFD, S. 14). Doch sie fordert: „D’Behandlung vun Asyldemandë soll méiglechst systematesch baussent dem Territoire vun der EU gemaach ginn“, und erklärt: „D’ADR wëll och eng honnertprozenteg Réckféierung vu Leit, déi kee Recht op Asyl hunn, op Territoirë baussent der EU, wa méiglech an hir Heemechtslänner, soss op eng aner sécher Plaz“ (S. 39).

Der AFD ist die ADR auch in ihren Positionen zum Ukrainekrieg und zu Russland nahe, dagegen weit weg von denen der Europäischen Konservativen, bei denen die polnische PiS den Ton angibt, was Russland betrifft. Die EKR schreibt in ihrem Manifest: „Standing firmly with Ukraine against Russian aggression, we will work to increase aid and ensure that sanctions are effective, empowering nations that are opressed through active support.“

D a gegen will die ADR, wie die AFD, die Sanktionen gegen Russland aufheben. Das ADR-Wahlprogramm verspricht das „Neeshierstelle vun engem kompetitiven Ëmfeld fir eis Ekonomie mat bëllegen Energiepräisser (...). Fir d’ADR sollen also ausdrécklech och déi russesch Gasliwwerungen nach zum EU-Energiemix vun der Zukunft gehéieren“ (S. 97).

D ass Luxemburg auch vor Russlands Einmarsch in die Ukraine höchstens ein Viertel seines Gasverbrauchs über Deutschland aus Russland deckte, ist ein Detail, das offenbar nicht weiter interessiert. Doch Fernand Kartheisers Eintreten für eine „Verhandlungslösung“ im Ukrainekrieg sollte die ADR in erster Linie interessant und wählbar für Menschen machen, die Angst vor einer Eskalation mit Russland haben. Die schien die EKR Anfang 2023 regelrecht herbeizufantasieren, als sie am 31. Januar eine Konferenz mit dem Titel „The Imperial Russia. Conquer, Genocide and Colonisation“ organisierte und auf ihrer Webseite schrieb: „It is naive to think that the Russion Federation can remain within the same constitutional and territorial framework. Taking into account the national and ethnic map of the territories of the Russian Federation, we should discuss the prospects for the creation of free and independent states in the post-Russian space, as well as the prospects for their stability and prosperity.“ Es bedarf nicht viel Fantasie, um sich vorzustellen, dass der Versuch, das Land mit dem größten Nukleararsenal der Welt in viele Einzelstaaten aufzubrechen, zu einem Atomkrieg führen würde.

Um solche Fragen geht es in Grevenmacher nicht, dort emfpiehlt Fernand Kartheiser die ADR als „Stimme der Vernunft“. Widersprüche aber gibt es nicht nur zwischen den Positionen von ADR und Dachpartei, sondern auch in den Wahlversprechen der ADR selber. „Pragmatisch“ will sie vorgehen und „nicht ideologisch“. Einerseits, weil das gegen die Grünen geht, andererseits die Brücke zur CSV schlägt. Drittens weil die EKR mit Slogans wie „slashing red tape“, „negative impacts of the current over-ideological green climate policy“ oder „a technology-neutral approach that champions nuclear energy“ lauter Wettbewerbsvorteile für europäische Unternehmen verspricht.

Ob alle das so sehen? Alexandra Schoos sinniert über die Ängste Jugendlicher vor dem Klimawandel. „Aber man muss doch realistisch sein, man muss doch verstehen, was möglich ist und was nicht, und wofür man wirklich einen globalen Ansatz braucht!“ Damit fängt die Spitzenkandidatin und Parteipräsidentin gut an. Wenn sie erklären würde, worin der „wirklich globale Ansatz“ bestehen soll, wenn nicht in dem marktkonformen und technologiegläu-

Schlechtes Omen:

Zwei Tage nach dem Wahlkampfabend in Grevenmacher sagt der Politmonitor von Ilres der ADR den Verlust der Hälfte ihrer 2019 errungenen Stimmenprozente voraus

bigen, der seit Jahrzehnten vorherrscht. Weil sie es nicht erklärt, scheint sie den globalen Ansatz delokalisieren zu wollen. Dabei ist das mit der Delokalisierung so eine Sache. Die ADR ist für Freihandel, doch „China kann billiger produzieren als wir, da brauchen wir einen Bewusstseinswandel beim Konsumenten“, findet Schoos und ist sich vielleicht gar nicht im Klaren darüber, wie ideologisch Bewusstseinswandel sich anhört. Fernand Kartheiser dagegen versteht das. Pragmatismus sei angesagt, keine Ideologie und „keine zu hohen Standards“. Natürlich sei das auch eine Frage des Konsumentenschutzes und nicht einfach. Doch wer zum Mond will, bekommt nichts geschenkt.

Eine Viertelstunde lang gibt die ADR sich statt einer Wahlkampfdebatte einer kleinen Grundsatzdiskussion über ihre Ideologie hin, denn wer behauptet, keine zu haben, hat erst recht eine. Dass die vier Kandidat/innen und ihr Publikum in der Familie sind, ist dem Exkurs förderlich. Doch ehe die Frage, wieviel Pragmatismus gut ist, weiter vertieft werden kann, geht sie in Ignoranz unter. Ein Einwurf aus

dem Publikum, dass in Europa mehr recycliert werden müsse, statt „den Dreck zu exportieren“, führt Jeff Engelen zu der Überlegung, dass das viel Strom koste, von dem Luxemburg aber nicht genug habe. „Früher haben wir 100 Prozent importiert, heute vielleicht 98 Prozent“, und das Bisschen aus Wind- und Solarstrom reiche „vläicht fir e puer Stéit“. In Wirklichkeit ist die heimische Produktion aus grünem Strom schon seit drei Jahren so hoch, dass sie den Bedarf sämtlicher Haushalte deckt. In der Abgeordnetenkammer müsste sich das herumgesprochen haben.

Die anderen Parteien hätten Angst vor der ADR und sprächen deshalb vom am 9. Juni drohenden „Rechtsruck“, erklärt Fernand Kartheiser siegessicher. Dabei habe die ADR einfach andere politische Ideen, und zwar bessere. Zwei Tage später sagt der Politmonitor von Ilres im Auftrag von Wort und RTL der ADR den Verlust der Hälfte ihrer Stimmen gegenüber den Europwawahlen 2019 voraus, und in der Beliebtheits-Hitparade von 16 Kandidat/innen kommt Kartheiser auf Platz 12 an, Schoos auf Platz 15. p

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5 10.05.2024
POLITIK
Olivier Halmes

SOZIALWAHLEN

Konkurrenz bei den „Chargés“

Mit der Organisation des employés de l’enseignement (OEE) hat die Staatsbeamtengewerkschaft CGFP eine neue Unterorganisation gegründet, die aus der Association des employé(e)s de l’État (AEE/CGFP) hervorgeht und sich exklusiv um die Lehrbeauftragten in der Grund- und Sekundarschule kümmern soll. Nächste Woche will die OEE sich der Öffentlichkeit vorstellen. Ihre Gründung ein Jahr vor den Sozialwahlen im öffentlichen Dienst lässt darauf schließen, dass ihr Ziel vor allem darin besteht, der CGFP ihre Quasi-Alleinherrschaft in der Chambre des Fonctionnaires et Employés Publics (CHFEP) zu sichern (was OEE-Präsidentin Edmée Dupont-Zirves jedoch auf Land-Nachfrage bestreitet).

Lange Zeit hatten sich weder die CGFP, noch der OGBL für die Belange der „Chargés“ interessiert. Der inzwischen mit dem OGBL fusionierte Landesverband

hatte eine Sektion für die Lehrbeauftragten aus dem Fondamental, doch die aus dem Secondaire hatten bis 2014 keine eigene Vertretung. Deshalb gründeten Dutzende von ihnen vor zehn Jahren die unabhängige Gewerkschaft Acen (Association des chargés de l’enseignement national). In den vergangenen Jahren wurden hinsichtlich ihrer Arbeitsbedingungen zwar Fortschritte erzielt, doch noch immer fühlen die employés de l’enseignement sich gegenüber den fonctionnaires stark benachteiligt. Weil die employés de l‘État in der Beamtenkammer massiv unterrepräsentiert sind, hatte der vorige DP-Minister Marc Hansen vor einem Jahr im Parlament einen Gesetzentwurf hinterlegt, der eine Neuaufteilung der Mandate vorsieht. Die employés de l’enseignement mussten sich bisher zwei Sitze mit den Volontären aus Armee und Polizei sowie Angestellten öffentlicher Einrichtungen teilen, die beide von der AEE besetzt sind. Im Entwurf werden beide Gruppen nun voneinander getrennt. Die employés de l’enseignement sollen eine eigene Gruppe

mit einem Mandat bekommen, die restlichen employés und volontaires sollen in ihrer Gruppe künftig drei Sitze haben. Hansens Entwurf wurde vom Staatsrat begutachtet, vergangene Woche hat der zuständige Kammerausschuss noch Änderungen vorgenommen, so dass der Abstimmung im Parlament eigentlich nichts mehr im Wege stehen sollte. Im Secondaire ist ein Drittel der Lehrer employé, im Fondamental sind es rund 15 Prozent. LL

POLITIK

Mansplaining

Jean-Claude Juncker (69 ans) a été l’invité de « We belong », un podcast qui propose un « safe space » aux témoignages d’« inspirational women from across Europe ». L’ancien président de la Commission se complait dans un long monologue (40 minutes) de mansplaining. « Pourquoi vos électeurs vous ont-ils élu ? », veut savoir la jeune « social entrepreneur » qui anime le podcast. Juncker tient à préciser : « avec le meilleur résultat jamais obtenu au Luxembourg ! » Puis de réfléchir : Peut-être parce que la panoplie de sujets qu’il maîtrise est « assez complète ». Et bien-sûr sa franchise : « J’ai toujours dit ce que je pensais, à quelques rares exceptions près. » Au fil de son monologue, Juncker revient à l’enfance : « J’ai baigné dans l’eau syndicale », dit-il. Petit déjà, il aurait assisté à des réunions du LCGB dans la cuisine familiale. « J’étais membre du syndicat à 16 ans, et du parti à l’âge de 18 ou 19 ans. » « Qu’avez-vous appris sur l’immigration à la Commission européenne ? »,

réussit à placer l’intervieweuse. Réponse : « Pas beaucoup. Parce que j’avais un savoir presque complet sur tous les problèmes qui relèvent de l’immigration. » BT

ARMEE

Jetzt aber richtig Verteidigungsdirektion und Armee mussten sich vor zwei Jahren vorwerfen lassen, die 80 gepanzerten Fahrzeuge vom Typ Eagle V zum Ersatz der Dingos und Humvees der Armee seien mit Blick auf die neuen Realitäten ein Fehlkauf. Nun wird richtig zugelangt: 2,616 Milliarden Euro über 30 Jahre sollen in Rollmaterial für das Kampfaufklärungsbataillon mit Belgien fließen, „die größte Investition in der Geschichte der Luxemburger Verteidigung , wie DP-Ministerin Yuriko Backes am Mittwoch erklärte. Angeschafft werden sollen 59 gepanzerte Kampffahrzeuge, 82 Fahrzeuge für logistische Unterstützung und 74 leichtere Transporter. PF

BILDUNG

We don’t need no … Dass die Pandemie die Beziehung zwischen allen „Bildungsakteuren“, also Lehrpersonal, Eltern und Schüler/innen, verändert hat, davon zeugt ein Anstieg an Fehlstunden bei Schülern in Ländern wie Frankreich, Vereinigten Staaten, Kanada und Großbritannien, das zum Teil trotz Schulpflicht. Lernrückstände, die durch Schulschließungen zustande gekommen sind, werden so schwieriger aufzuholen. In Luxemburg

ist dieser Trend bisher nicht so ausgeprägt zu beobachten: Während die Fehlstunden 2019-2020 im Secondaire sanken, was auf die A-B Wochen und weniger Präsenzunterricht zurückzuführen ist, stiegen sie 2021/2022 auf durchschnittlich 45,1 Fehlstunden pro Schüler im Fondamental und 61,5 Stunden im Secondaire. Im nachfolgenden Schuljahr fielen sie wieder, blieben noch etwas höher als vor der Pandemie, was das Bildungsministerium durch Covid-Infektionen und die starke Grippewelle erklärt. Im Durchschnitt der letzten sechs Schuljahre sind Grundschüler während 33 Unterrichtseinheiten abwesend und Schüler/ innen des Lycée 46,7 Stunden. SP

UMFRAGEN

Willkür

Der Politmonitor von RTL und Wort hatte schon vor den Kammerwahlen keine zuverlässigen Prognosen geliefert, doch weil Ilres quasi ein „Monopol“ auf politischen Meinungsumfragen in Luxemburg hat, fehlt es an Alternativen. Der Politmonitor zur Europawahl hat diese Woche ergeben, dass die Befragten der CSV am ehesten zutrauen, die aktuellen Probleme der EU zu lösen, sie sich aber im EUParlament vor allem Politiker/innen der LSAP und der DP wünschen. Mars Di Bartolomeo gewinnt das Beliebtheitsranking vor Charles Goerens, Liz Braz und Marc Angel. Christophe Hansen kommt nur auf Platz fünf, vor den Grünen François Bausch und Tilly Metz. Die Liste der abgefragten Politiker/innen ist willkürlich

La paix, une autre foi Le Comité pour une paix juste au Proche-Orient (CPJPO) avait annoncé son intention de se rassembler pacifiquement (sans banderole ni mégaphone) dimanche, en marge de la procession en clôture de l’Octave. L’ONG militant pour un cessez-le-feu à Gaza avait demandé au Vicaire général de l’Église catholique son accord (par bienséance ?) : « Après concertation avec les responsables de l’organisation de l’Octave, je dois vous dire au nom du cardinal Hollerich, archevêque de Luxembourg, que nous ne sommes pas d’accord avec une action qui utilise le cadre de l’Octave pour répandre des slogans de quelque sorte que ce soit », avait répondu Patrick Muller.

zusammengestellt, die Ko-Spitzenkandidat/innen von DP, LSAP und Grünen wurden ignoriert. Von LSAP und CSV wurden drei Kandidat/innen abgefragt, von DP, Grünen und ADR nur zwei, genau wie von Fokus, während die immerhin im Parlament vertretenen Piraten und déi Lénk nur Anrecht auf einen Vertreter im Ranking haben. LL

SOZIALES

Für Kinder aufkommen

In einem Kassationsprozess zum Kindergeld für frontaliers hat der Oberste Gerichtshof am Montag voriger Woche den EUGerichtshof gebeten, den Begriff Unterhaltsleistungen für Kinder zu klären. Dass die Frage sich stellt, ist natürlich seltsam. Aber das Oberste Gericht will wissen, wie der Begriff EUrechtseinheitlich verstanden werden kann: „pareille interprétation uniforme n’est pas actuellement assurée au regard des interrogations que suscitent les éléments de la discussion“. Die Diskussion dreht sich um die 2016 unter DP-Familienministerin Corinne Cahen geänderten Kindergeldregeln: Pendler/ innen, die in einem Patchwork-Haushalt mit Kindern leben, deren leibliche Eltern sie nicht sind, erhalten für sie seit der Gesetzesänderung kein Kindergeld mehr. Das soll Missbräuchen vorbeugen. Klagen betroffener frontaliers gelangten schon bis zum EUGh. 2020 entschied er, Anspruch auf das Geld bestehe auch für nichtleibliche Kinder, sofern das deren Unterhalt dient. Gut möglich, dass der Kassationshof mit seiner Anfrage hilft, ein Stück EU-Sozialgeschichte zu schreiben. PF

« Le CPJPO se demande si le cardinal Hollerich fait les mêmes reproches au Pape », fustige l’organisation dans un communiqué diffusé cette semaine, se référant à l’appel au cessez-le-feu formulé par le souverain Pontife. « Le CPJPO, qui compte parmi ses membres des adhérents à différentes religions, dont des chrétiens pratiquants, a exprimé à ce sujet sa profonde déception et incompréhension, face aux valeurs affichées de la religion chrétienne, surtout dans le contexte actuel : famine à Gaza, catastrophe humanitaire de grande envergure, offensive terrestre imminente annoncée par l’armée Israélienne, et le bain de sang qui en découlera. » PSO

Gilles Kayser

„Et ass surreal“

Jana Degrott, DP-Kandidatin für die Europawahl, ist ein „Star“ in einem globalen Netzwerk liberaler Stiftungen, die die Welt verbessern wollen. In Luxemburg gelang ihr der politische Durchbruch bislang nur in Steinsel

Jana Degrott kandidiert für die DP bei den Europawahlen. Sie ist die einzige Person of Colour, die es auf die Listen der vier großen Parteien geschafft hat. Die Grünen haben mit Patrick Hurst einen sehbehinderten Kandidaten und mit Tilly Metz eine queere Spitzenkandidatin aufgeboten. Auch die LSAP hat mit Marc Angel einen Spitzenkandidaten aus der LGBTIQ+ Community.

Ko-Spitzenkandidatin neben dem Urgestein und Öslinger Härebauer Charles Goerens ist die 28-jährige Jana Degrott nicht. Die DP hat sich für die gleichaltrige Bosniakin Amela Skenderovic aus Esch/Alzette entschieden. Vielleicht, weil die Parteiführung das Wählerpotenzial in dieser Community höher einschätzt als bei den People of Colour (Poc), die a uc h bei der Linken, den Piraten, Fokus und Zesummen-d’Bréck repräsentiert sind. Oder weil Amela Skenderovic im Oktober bei den Kammerwahlen im Südbezirk besser abschnitt als im Zentrum Jana Degrott, die nach 2018 schon zum zweiten Mal antrat, doch ihr Resultat nur unwesentlich verbessern konnte. Auf kommunaler Ebene schaffte Degrott im Juni die Wiederwahl in den Steinseler Gemeinderat. Der Einzug in die Abgeordnetenkammer blieb ihr bislang verwehrt.

Dabei ist Jana Degrott seit Jahren sehr engagiert in Bereichen wie Diversity, Sustainability, Inclusion. Und durchaus ein Star in einem systemischen liberalen Netzwerk von philanthropischen, sich gegenseitig befruchtenden Stiftungen multinationaler Unternehmen und Superreicher, deren Hauptanliegen die Schaffung einer „besseren Welt“ durch Steuervermeidung und politische Beeinflussung ist. Jana Degrotts Lebenslauf klingt bemerkenswert. 2020 machte sie sich gemeinsam mit zwei Freundinnen als Social Entrepreneur selbstständig, 2022 nahm der frühere US-Präsident Barack Obama sie in das Leaders Program seiner Stiftung auf. Sie ist „Goalkeeper“ der Melinda & Bill Gates Foundation, Responsible Leader der BMW Foundation Herbert Quandt und Verwaltungsratsmitglied der Apolitical Foundation. 2021 war sie Gastrednerin beim World Innovation Summit for Education der Qatar-Foundation in Doha, vor zwei Jahren führte die Uno sie in ihrer Liste der 100 einflussreichsten Menschen afrikanischstämmiger Herkunft unter 40 Jahren.

Jana Degrott wurde 1995 in München geboren. Ihre Mutter war aus Togo nach Deutschland geflüchtet und lernte Janas in der Gemeinde Kayl aufgewachsenen Vater während seines Studiums des Bauingenieurwesens in Stuttgart kennen. Nach Janas Geburt zogen sie in den Benin und nach Guinea, wo ihr Vater „Missionen“ für seinen damaligen Arbeitgeber durchführte. Jana ging an eine französischsprachige Schule. Luxemburgisch lernte sie erst mit sieben, als ihre Familie nach Kayl umsiedelte. Inspiriert von ihrem mit Ugda-Auszeichnungen dekorierten Großvater lernte sie Klarinette. Zwei Jahre später zog die Familie nach Schifflingen, danach, als Jana elf war, in die Gemeinde Steinsel, wo sie bis heute wohnt. Ihr Vater Serge ist inzwischen technischer Leiter und Teilhaber einer Firma, die im Bereich der Sicherheitskoordination an Baustellen und in Industriebetrieben tätig ist. Ihre Mutter Sadia Ayeva designt Schmuck, den sie online verkauft. Die meiste Zeit kümmert sie sich jedoch um Janas jüngeren, an einer Form von Autismus leidenden Bruder, der unter ihrer Vormundschaft steht.

Jana Degrotts Kindheit und Jugend wurde durch mehrere einschneidende Erlebnisse geprägt. Das erste ereignete sich im dritten Schuljahr. Am Télévie-Tag verkauften die Kayler Grundschüler/innen für einen guten Zweck Scoubidous, die sie selbst hergestellt hatten. Wer die meisten Scoubidous verkaufte, sollte beim Télévie-Fest eine Rede halten. Jana gewann, doch ihre Lehrerin beschloss, dass nicht sie, sondern eine Klassenkameradin auftreten durfte. Sie wolle nicht über die Gründe spekulieren, sie wisse nur, wie sie sich dabei gefühlt habe, erzählt Jana Degrott: „Ich habe diese Entscheidung nicht verstanden, ich war stets eine fleißige Schülerin und musste immer mehr arbeiten als die anderen, um zu zeigen, dass ich nicht so bin, wie alle denken.“ Heute sei sie sich fast sicher,

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Halmes
Olivier
[…]
Am Montag in der Rue du Nord

[Fortsetzung von Seite 7]

dass das Schulpersonal ihr nicht zugetraut hätte, den Wettbewerb zu gewinnen. Jedenfalls habe der „Refus“ in ihr etwas ausgelöst: „I need to prove them wrong.“ Dieser Grundsatz habe sich wie ein Leitfaden durch ihr Leben gezogen und den Ausschlag für ihr späteres politisches Engagement gegeben.

People of Colour außerhalb ihrer Familie lernte sie erst im Lycée Robert Schuman (LRSL) in der Hauptstadt kennen. Sie waren eindeutig in der Minderheit: „Ich habe mich immer gefragt, weshalb im Technique so viel Diversität herrschte und im Classique nicht“, sagt Jana Degrott im Gespräch mit dem Land am Montag im hippen Café Konrad in der Rue du Nord. Im LRSL kam sie zum ersten Mal mit Politik in Berührung. Als sie 16 war, organisierte das Jugendparlament ein Rundtischgespräch an ihrer Schule: „Ech hu sou vill geschwat, et war e richtege Besoin fir mech, gehéiert ze ginn.“ Der damalige Präsident des Jugendparlaments, Patrick Weymerskirch (LSAP), lud sie anschließend dazu ein, mitzumachen. Sie wurde Präsidentin der Bildungskommission und kritisierte bei einer Ansprache in der Abgeordnetenkammer, dass Schüler/innen zu viel auswendig lernen müssten. Endlich hatte sie das Gefühl, gehört zu werden, schloss neue Freundschaften, drang in die politische Sphäre ein.

Mit 18 entdeckte sie das Europäische Jugendparlament (EYP), dessen luxemburgischer Ableger ihr heutiger bester Freund Mathieu Lohr und Patrick Azevedo, inzwischen freiberuflicher Trainer und Facilitator, gegründet hatten. Eine Reise mit dem EYP nach Thessaloniki wurde zu einem weiteren einschneidenden Erlebnis. Sie habe dort „ultra-sympathesch Leit“ kennengelernt. „Ech si jo vun zwee Kontinenter, ech si Métis a mäi Middle Ground ass Europa. Ech sti fir gewësse Valeuren.“ Ein Jahr später holte sie mit Pitt Sietzen, Nachwuchshoffnung der Stater DP, das Europäische Jugendparlament nach Luxemburg. 130 Jugendliche aus ganz Europa nahmen an der Veranstaltung teil. Für die Kosten in Höhe von 60 000 Euro kam das EU-Programm Erasmus Plus auf.

Der vor vier Jahren verstorbene Fraktionspräsident Eugène Berger überzeugte sie 2015 davon, sich der DP anzuschließen. Die Familie ihre Vaters war im Kayltal bei der LSAP aktiv, doch Jana Degrott wohnt im Zentrum, wo die DP mehr Einfluss hat. Der damalige Premierminister Xavier Bettel habe den Ausschlag für ihren Parteibeitritt gegeben, schließlich sei die DP die Partei mit der meisten Diversity – vielleicht nicht im Hinblick auf die couleur, aber im Bereich LGBTIQ, behauptet Jana Degrott. „Traditionell Parteie brauche Leit wéi mech oder anerer, déi aner Perspektiven erabréngen, an dat, wat mir als normal consideréieren, redefinéieren.“ Repräsentation sei ihr wichtig: „Als ich jünger war, mochte ich mich nicht, fühlte mich hässlich, weil ich nicht in Magazinen repräsentiert war. Das will ich brutal ändern.“

Als sie 2017 im Alter von nur 21 Jahren in den Gemeinderat gewählt wurde, nahm sie das Mandat mit einem lachenden und einem weinenden Auge an. Eigentlich wollte sie damals „nach New York oder noch weiter weg“, doch sie musste nun regelmäßig nach Steinsel zu den Sitzungen, die am frühen Donnerstagmorgen begannen. Um näher an Luxemburg zu sein studierte sie Jura und Politikwissenschaft in Brüssel, wo sie sich in der „EU-Bubble“ bewegte, auf Konferenzen ging und sich an der Uni engagierte.

Ein „tipping point“ in ihrem Leben sei der Mord an dem Afroamerikaner George Floyd durch einen weißen Polizisten am 25. Mai 2020 in Minneapolis gewesen, erzählt Jana Degrott. Die Proteste und Diskussionen schwappten nach Europa über, auch nach Luxemburg. Plötzlich bekam sie Interviewanfragen von Journalist/innen, die ihre Meinung dazu hören wollten. Ihre Aussagen hätten auf Social Media für heftige Kontroversen gesorgt, sie sei verbal angegriffen worden. Daraufhin sei ihr bewusst geworden: „We have a problem“ und sie habe sich dazu entschieden, „in the grassroots“ zu gehen.

Mit We belong Europe gründete sie eine Plattform, um denen, die man nicht so oft sieht und hört, eine Stimme zu geben. Bislang ist We belong vor allem durch seine auf Spotify veröffentlichten Podcasts in Erscheinung getreten. Interviewt wurden vornehmlich Frauen, die im Bereich Diversity engagiert sind. Und EU-Politiker/innen. In der letzten Folge war Jean-Claude Juncker zu Gast, doch dafür sei sie nicht verantwortlich, unterstreicht Jana Degrott. We belong stehe vor einer „Restrukturierung“, die bis Ende des Jahres abgeschlossen sein soll. In dem DP-nahen Online-Magazin Journal.lu hatte Jana Degrott von März 2021 bis Ende 2022 zudem ihren eigenen Podcast „Wat leeft?“, in dem sie sich mit Prominenten und Aktivist/innen über Frauenrechte, Klimaangst, Antisemitismus, kulturelle Aneignung, Mikroaggressionen, Maskulinität und Nonbinarität unterhielt. Vor dem Hintergrund der Rassismus-Debatte um die zweite Staffel von Capitani wollte sie von Akteuren aus dem Film-Business wissen,

„Wir haben es verdient, auch diese Räume, die demokratischen Institutionen zu infiltrieren, und zu verändern, was als normal betrachtet wird.“

wieso in Hauptrollen kaum Poc zu sehen sind, obwohl diese Menschen in Luxemburg zum Alltag gehören. „Unsere Brüder und Schwestern wollen inspiriert werden, von dem, was sie sehen. Darin erkenne ich meine Rolle, meine Präsenz in der Politik ist davon getrieben. Ich möchte zeigen, was möglich ist für jemanden, der an sich selbst glaubt.“

Neben den Podcasts sei We belong aber auch in anderen Bereichen aktiv, sagt Jana Degrott. Etwa in Task-Forces über participative democracy, in Zusammenarbeit mit The Good Lobby oder Ashoka Changemakers – Lobbygruppen, die sich in Brüssel für den „sozialen Wandel“ und ein „gerechteres politisches System“ einsetzen.

Jana Degrott bewegt sich seit Jahren in Netzwerken, die den meisten Bürger/innen unbekannt, geschweige denn zugänglich sind. Ihren Einfluss in diesen Netzwerken konnte sie noch vergrößern, als die Obama-Foundation sie als „Leader“ entdeckte. Der frühere US-Präsident Barack Obama sei zu ihrem Mentor geworden, die ehemalige First Lady Michelle Obama, die sie im Gegensatz zu ihrem Mann nie persönlich getroffen hat, sei ihr „Role Model“. Die Stiftung habe ihr es ermöglicht, an einem value based leadership programme in Harvard teilzunehmen, wo sie Kurse belegte mit Marshall Ganz, der Obamas Präsidentschaftskampagne von 2008 managte, und Ben Rhodes, der für Obama politische Reden schrieb. Sie lernte den Londoner Bürgermeister Sadiq Khan kennen, die Premierministerin Neuseelands, Jacinda Ardern und den französischen Modeschöpfer Olivier Rousteing. 36 Europäer/innen nahmen 2022 an dem Programm teil, darunter die deutsche Klima-Aktivistin Luisa Neubauer und die junge SPD-Europaabgeordnete Delara Burkhardt. „Et ass surreal“, sagt Jana Degrott. Mit diesen „enormen Persönlichkeiten“ sei sie auch nach der Weiterbildung in Kontakt geblieben. Ihre Versuche, andere Leute aus Luxemburg „da reinzubekommen“, seien bislang jedoch gescheitert.

Seitdem hat sich ihr Netzwerk noch vergrößert. Die Melinda & Bill Gates Foundation hat sie als „Goalkeeper“ (als Verfechterin der 17 Ziele für nachhaltige Entwicklung der Vereinten Nationen) identifiziert; sie sitzt im Verwaltungsrat der Apolitical Foundation, die Weiterbildungen für Politiker/ innen anbietet, um ihnen zu zeigen, wie sie „den Menschen dienen können“, weil die Parteien das nicht täten, sagt Jana Degrott. Bei Toda’érs, einer privat-öffentlichen Organisation, die Airbus Intelligence dabei hilft, ihre Überwachungssatelliten umweltfreundlicher zu verkaufen, sei sie nur im Verwaltungsrat, weil sie den Gründer kenne, der wie ihre Mutter aus Togo stammt. Doch ihr Mandat laufe bald aus und sie habe dafür eh keine Zeit, sagt Jana Degrott.

Seit kurzem ist sie auch Mitglied der BMW Foundation Herbert Quandt, die „Responsible Leaders“ identifiziert und zusammenbringt – „Führungskräfte aus Wirtschaft, Politik und Wissenschaft, um wirtschaftliche Innovationen zu implementieren und (zu) skalieren“, heißt es auf der Webseite der Stiftung, durch „wirtschaftliche Transformation“ stärke sie Gesellschaften und Demokratien und lege den „Grundstein für eine gerechtere und lebenswertere Zukunft“. „Sou Leit wéi ech hunn d’Tendenz, e bëssen ëmmer an eise Burnout ze goen an ëmmer ze vill ze ginn an eis et net genuch zeréck ze ginn“, erklärt Jana Degrott. Um diesen Leuten zu helfen, habe die BMW-Stiftung kürzlich ein einwöchiges Event in der Nähe von Berlin organisiert, „eng mega Plaz“, wo sie mit anderen Leadern aus der ganzen Welt zusammen in den Wald gegangen sei und „spirituell Saachen“ wie Yoga gemacht und über Rituale geredet habe. „Et ass einfach fir dass mir erofkommen“. Es sei „mega“, weil es so ehrlich sei, man singe und koche zusammen und könne loslassen.

Was sind das für Leader? „Akteure, die sich einsetzen für Climate Change, Aktivist/innen, Unternehmer/innen, die der Welt Gutes tun wollen“, antwortet Jana Degrott. Kürzlich war sie mit ihnen auf der Münchener Sicherheitskonferenz, nicht auf der Konferenz selbst, sondern auf einem Hub daneben, aber „du warst dabei, hörst zu, hast Zugang“.

Ihr Wissen und ihre Erfahrungen, die Jana Degrott als Leaderin in wirtschaftsnahen Stiftungen sammelt, will sie künftig in Luxemburg weitervermitteln. Ihre „NGO“ We belong Europe will nach der internen „Restrukturierung“ ein neues Programm namens „Pow-Her“ anbieten. Es basiert auf einem Leadership-Programm der Obama-Foundation und soll Teenagern – Frauen und gender minorities zwischen 16 und 18 Jahren – soft skills vermitteln: „Wie rede ich vor Publikum, wie lerne ich mich kennen und so weiter.“ Die Anmeldung erfolgt über ein Motivationsschreiben, anschließend müssen sie zum Interview, Partnerorganisationen wie Lëtz Rise Up und Imani wählen 20 Kandidatinnen aus, die ein zehnmonatiges Programm durchlaufen. Es besteht aus einer Gruppensitzung pro Monat und zehn individuellen Coaching-Sessions. „The program aims to provide you with the necessary skills to influence society with confidence and ambition“, heißt es in einer Ankündigung auf Facebook. Am Ende erhalten die Teilnehmerinnen ein Zertifikat. Finanziert wird das Programm von der Fondation André Losch.

Daneben hält Jana Degrott Keynotes genannte Ansprachen auf Veranstaltungen von Firmen wie Deloitte und auf Business-Events von Delano und Paperjam, für die sie sich inzwischen bezahlen lässt. Sie könnte auch Leadership-Programme designen für Organisationen und Unternehmen im Bereich Diversity, Equality, Sustainability oder Belonging, sagt sie. Künftig will sie sich stärker für die Inklusion von Menschen mit Behinderung einsetzen.

Was auch an ihrem autistischen Bruder liegt. Er sei einer der Hauptgründe für ihr Engagement. Ihm gegenüber empfinde sie eine gewisse Scham, sie habe das Gefühl, sie sei immer vor seiner Behinderung und der damit verbundenen Last für ihre Familie davon gelaufen. Jana Degrott möchte „Handicap visibel maachen“, „Inclusioun in the City“, zum Beispiel mit einem Bistro für Behinderte, denen es in gewöhnlichen Cafés häufig zu laut ist. Sie will auch Menschen helfen, die wegen ihrer Behinderung finanzielle Nachteile haben und ihren Job nicht mehr ausüben können, weil die Infrastruktur dazu fehlt. Intersektionalität ist ein Begriff, den sie häufig gebraucht.

Klassismus ist hingegen ein Wort, das in ihrem Sprachgebrauch nicht vorkommt. Sie begründet das damit, dass man mit akademischen Diskussionen die Menschen verlieren würde: „Dee schwätzt mer ze komplizéiert, dat verstinn ech net, dann ass dat näischt fir mech“, würden sie sagen. Sie selbst möchte so viele Menschen wie möglich ansprechen.

Anders als das vieler Weggefährt/innen, die sich ebenfalls gegen Diskriminierung und Klimawandel oder für Gender Diversity einsetzen, ist Jana Degrotts Engagement prokapitalistisch. Sie verfolgt einen individualistischen, meritokratischen Ansatz, der einzelnen Personen den sozialen Aufstieg ermöglicht, die dann als wirtschaftliche oder politische Leader die Welt verändern sollen. Die globale Armutsbekämpfung durch die Umverteilung von Reichtum gehört nicht zu ihren Forderungen. Sie verlangt keinen „System Change“, sondern kooperiert mit dem System. Ihr Ziel ist es, den Kapitalismus inklusiver zu machen: „Wann een Jobs kreéiert fir jiddereen, mat Accès fir jiddereen, da sinn d’Leit zefridden, si fillen sech zougehéireg, si kënnen deelhuelen.“

Sie sei in der DP, weil sie nicht immer am gesellschaftlichen Rand kämpfen wolle, sagt Jana Degrott. „Wir haben es verdient, auch diese Räume, die demokratischen Institutionen zu infiltrieren, und zu verändern, was als normal betrachtet wird.“ Diskussionen über Diskriminierung und die Probleme, denen Menschen auf dem Arbeits- oder Wohnungsmarkt begegnen, sollten auch in der liberalen Partei stattfinden. „Ich bin die in der DP, die diesen Menschen glaubt und nicht sagt, sie würden sich als Opfer darstellen. Ich habe ja beide Seiten in mir.“

Des Risikos von „Tokenism“ ist sie sich durchaus bewusst. Deshalb sei es vielleicht an der Zeit, dass „ech e bëssen aus menger Nisch erauskommen“. Über den Einzug ins EU-Parlament würde sie sich freuen, „ech sinn awer net presséiert“. Sie habe genug Expertise, um sich weiter in anderen Bereichen zu engagieren. Schon 2023 hatte sie Zweifel daran, „ob e ch wierklech déi Persoun sinn, déi d’Leit wëllen op der Lëscht gesinn“. Bisweilen habe sie sich gefragt, ob sie überhaupt dazu gehöre. Ihr Engagement sei nicht immer einfach, aber „dass ech dee Kampf an déi Inconfortabilitéit akzeptéieren, mécht mech stolz“.

Ihre Präsenz in der DP gebe anderen Leuten Hoffnung, sagt Jana Degrott. Sie sei noch jung, in der Politik habe sie sich stark gemacht für junge Menschen und Frauen in ihrer Gemeinde. Doch wenn sie älter werde, würde sie sicherlich empfänglicher für andere Themen. Ihr politisches Engagement und die Plattformen, auf denen sie aktiv ist, geben ihr eine Lebensberechtigung, sie legitimierten ihren „change making“: „Soss bass de einfach just wibbeleg, that‘s it.“ p

8 10.05.2024 RUBRIK POLITIK

Ampacet, Acte II

Les ouvriers d’Ampacet auraient-ils gagné la guerre, pour perdre la paix ? Le 21 décembre, l’OGBL signait un accord avec la direction, qui mettait fin à 25 jours de grève et rétablissait une convention collective. Le 8 janvier, six salariés d’Ampacet ont reçu une lettre de licenciement « pour raisons économiques ». Ils avaient tous les six activement participé au piquet de grève. La nouvelle a constitué un choc pour les ouvriers. Quelques jours plus tôt, la direction les avait réunis pour leur souhaiter une bonne année, leur promettre de regarder de l’avant et les prier de ne p as s’en prendre aux collègues non-grévistes.

« La direction a dû se sentir frustrée par cette défaite », estime la présidente de la délégation (OGBL), Saliha Belesgaa. Elle pointe qu’aucun non-gréviste ne figure parmi les six licenciés. « C’était juste une vengeance », tranche de son côté Floris Emmanuel, lui aussi délégué OGBL. Par la voix de son avocat, Ampacet dément. L’usine vient de passer de 4,5 à trois équipes, supprimant le travail de samedi et de dimanche. Il y aurait donc eu des effectifs en trop, et on n’aurait nullement visé les grévistes en particulier. (La grève avait été suivie par quarante des soixante salariés d’Ampacet ; statistiquement, la chance que les licenciements touchent des grévistes était donc élevée.) Une réunion d’information avec le personnel aurait d’ailleurs été organisée dès le 8 décembre pour annoncer une réduction prochaine de la production. Même si l’usine de Dudelange affichait un bénéfice de 3,67 millions d’euros en 2022, la direction parlait d’une année 2023 plutôt morose. Comme le Land l’écrivait en décembre déjà, Ampacet avait mis une partie de ses salariés au chômage partiel.

L’accord signé entre l’OGBL et Ampacet prévoyait « une garantie de paix sociale », censée protéger les grévistes d’éventuelles représailles de la direction. Les ouvriers sont retournés à l’usine « la tête haute », se souvient Saliha Belesgaa : « Pendant le piquet de grève, on a appris à se connaître. On a appris la solidarité dans le travail. » Emmanuel Floris évoque, lui aussi, « une aventure humaine » ; si c’était à refaire, il n’hésiterait pas. La cohésion d’équipe semble en effet toujours forte. En mars, la liste de l’OGBL a fait le plein chez Ampacet, remportant quatre mandats de délégué sur quatre. (La liste « neutre », sur laquelle se présentaient quelques non-grévistes, n’en a décroché aucun.) Vis-à-vis de la direction par contre, l’ambiance aurait été « un peu lourde », admet Belesgaa. La nouvelle des licenciements aurait fini par « plomber » l’atmosphère, dit Floris : « Là, ils sont en train de nous dégoûter tous ».

Parmi les ouvriers congédiés, le plus âgé a 57 ans, dont 32 passés chez Ampacet, alors que deux autres ont plus de dix années d’ancienneté. En parallèle, une demi-douzaine d’ex-grévistes ont démissionné, certains avaient commencé à chercher un nouvel emploi tout en assurant une présence aux piquets. Les licenciements, démissions et arrêts maladie forceraient Ampacet à avoir recours à de nombreux intérimaires, relate Belesgaa : « Là on tourne à plein régime. Une nouvelle ligne de production a commencé en mars. On se demande où elle est, la raison économique… »

La grève chez le producteur de granulés plastique est entrée dans la légende dorée de l’OGBL. Le conflit n’avait ini-

tialement pas arrangé le syndicat. Mais en décrétant la non-conciliation (un précédent dans l’histoire sociale récente), la direction d’Ampacet lui avait forcé la main. Le syndicat ne pouvait pas ne pas réagir s’il souhaitait garder la face. Il a mobilisé beaucoup de moyens (et beaucoup de ses permanents) pour assurer et animer le piquet à l’entrée de l’usine, et ceci 24 heures sur 24, par un temps glacial.

L’OGBL a beaucoup communiqué sur la « grève victorieuse » chez Ampacet. Dans son discours du 1er mai, Nora Back a parlé du « conflit de travail le plus dur que nous ayons jamais connu ». C’est presqu’avec nostalgie qu’elle s’en est remémorée dans le Tageblatt  : «  So hart die Tage in der Kälte und bei Schnee und Regen auch waren : Wir würden es nochmal machen ». Sur la suite des événements, elle a préféré garder un silence pudique. Par peur de générer de la mauvaise pub, sans doute.

En mars, Nora Back admettait ainsi face au Land que l’OGBL ne voulait pas, en pleine campagne des élections sociales, envoyer le mauvais signal ; à savoir qu’un conflit de travail exposait les salariés à un risque de répression. Plutôt que de faire monter la pression publique par des communiqués et piquets, le syndicat a opté pour la discrète voie de la judiciarisation. Les six personnes licenciées seraient « en contact permanent » avec les juristes de l’OGBL qui étudieraient les possibilités de recours, explique-t-on cette semaine dans la centrale syndicale. Saliha Belesgaa adopte la même ligne d’argumentation. Elle accorderait sa « confiance totale » à l’OGBL. Il faudrait désormais assurer « une certaine sérénité ». p

ZUFALLSGESPRÄCH

MIT DEM MANN IN DER EISENBAHN

Kotau

Helmut Schelsky wurde 1929 Mitglied des Nationalsozialistischen Schülerbundes, 1932 der SA, 1937 der NSDAP. Nach Auschwitz benannte der deutsche Soziologe die „Volksgemeinschaft“ um in „nivellierte Mittelstandsgesellschaft“.

Als solche verstehen sich große Teile der Luxemburger Gesellschaft. Das „Statut unique“ schaffte amtlich die Arbeiterklasse ab. Von einer herrschenden Klasse geht keine Rede. Allenfalls von einer oberen Mittelschicht aus Mittelständlern, Rechtsanwältinnen, Studienräten. Sie stellt Abgeordnete und Regierungsmitglieder. Herrscht sie deshalb?

Die CSV-Abgeordnete Diane Adehm war Berichterstatterin zum Haushaltsgesetz. Sie hatte „décidé d’examiner plus en détail [...] l’avenir de la place financière“ (Doc. parl. 8383/10, S. 5). Diese zahle „4 milliards euros en taxes et impôts“ (S. 66). Sie schaffe „25 % de la valeur ajoutée totale de l’économie“. Sie beschäftige „14 % de la population active“. Insgesamt seien sogar 135 519 Arbeitsplätze „liés au secteur financier“ (S. 67).

Die Abgeordnete wollte zeigen: Die Politik müsse entgegenkommend sein. Sie zeigte, wie ausgeliefert sie ist. Sie selbst war der lebende Beweis. Ihre Ausführungen bestanden aus einer Bilanz: „La place financière du Luxembourg“ (S. 57). Gekauft von der Lobby Luxembourg for finance bei der Steuervermeidungsfirma Deloitte. Und aus einer Aussicht: „Les défis auxquels est confrontée la place financière“ (S. 73). Entnommen den Forderungskatalogen der Finanzlobbys Alfi und ABBL für die Koalitionsverhandlungen.

In Absprache mit Premier Luc Frieden und Finanzminister Gilles Roth huldigte Diane Adehm der „place financière“. Das heißt den Leuten, die steuersparend fremden Mehrwert durch Luxemburg schleusen. Durch Banken, Briefkästen, Fonds, Versicherungen. Wenn sie Dividenden, Zinsen, Renten kassieren wollen.

Sie sind eine internationale Klasse von Rentiers. Eine „Leisure Class“, die überall in der Welt ihr „Kapital arbeiten“ lässt. Die wie zu Balzacs Zeiten im Salon sitzt. Oder vor der Privatinsel auf dem Flyboard braust. Nur Luxleaks, Panama-Papers nennen ihre Namen. Sie sind Prokuratoren des „capitalismo per procura“. Wie der Soziologe Luciano Gallino die Herrschaft der Investitionsfonds über das Kapital der Kleinanleger nannte (Con i soldi degli altri, Torino, 2009).

Diese Rentiers und ihre Manager sind klassenbewusst. Ihre ökonomische Macht schafft politische Macht. Sie setzen nie einen Fuß nach Luxemburg. Sie sind die unsichtbar herrschende Klasse. Minister, Abgeordnete, Parteien, Gewerkschaften, Leitartikler stehen bereitwillig zu ihren Diensten. Und halten für nationale Interessen die Interessen der Transnational Capitalist Class (Leslie Sklair, Oxford, 2000).

Der Soziologe Alexis Spire beschreibt „la domestication de l’impôt par les classes dominantes“ (Actes de la recherche en sciences sociales, 2011/5, S. 60). Bereitwillig helfen Ministerinnen und Abgeordnete dabei: Von maßgeschneiderten Gesetzen über verständnisvolle Verwaltungen bis zum Plädoyer vor dem Europäischen Gerichtshof. Gegen etwas Körperschaftsteuer und Abonnementtaxe.

„Et war esou ëm d’Päischten“: Die neue Regierungskoalition erneuerte der herrschenden Klasse den Vasalleneid. Bei Gelegenheit der Haushaltsdebatten. Auf Vorschlag der Nationalisten warfen sich CSV und DP vor der Transnational Capitalist Class auf die Knie. Sie stimmten einen ADR-Antrag, um „d’Eestëmmegkeet a Steierfroen am EU-Ministerrot op kee Fall a Fro ze stellen“. Sie versprachen die bedingungslose Verteidigung der Steueroase. Der Festung Luxemburg für den globalen K lassenkampf der Vermögenden gegen die Steuerzahler, Lohnarbeiter, Besitzlosen anderer Länder. p ROMAIN HILGERT

9 10.05.2024 RUBRIK RUBRIK POLITIK

Nur ein

„riesiger Fehler“

aEma Mehic

Die Massaker von Srebrenica nicht als Genozid anerkennen zu wollen, sind Teil eines populistischen Musters, um BosnienHerzegowina zu spalten

Ehe sich am 11. Juli der Srebrenica-Genozid in Bosnien-Herzegowina zum dreißigsten Mal jährt, bemüht eine symbolische UN-Resolution sich darum, das Datum zum internationalen Gedenktag an Srebrenica zu erklären. Doch eine Handvoll pro-separatistischer serbischer Extremisten und Staatsoberhäupter leugnet den Genozid. Die Herausforderung, sich auch drei Jahrzehnte später der Vergangenheit zu stellen, wird dadurch verschärft.

Srebrenica wurde zu Beginn des Bosnienkrieges von den Vereinten Nationen als „Sicherheitszone“ ausgewiesen, da die Mehrzahl der Bewohner eine Enklave von 60 000 bosnischen Muslimen in einem von Serben dominierten Gebiet bildete. Z ihrem Schutz wurden UN-Friedenstruppen eingesetzt, trotzdem wurde die Stadt am 11. Juli 1995 von serbischen Truppen belagert und überrannt, was internationales Recht verletzte. Etwa 8  000 muslimische Männer und Jungen, größtenteils unbewaffnet, wurden von der serbischen Armee massakriert. Vergewaltigungen und Gewalt gegen Frauen wurden als Kriegstaktik eingesetzt, Zivilisten wurden beim Fluchtversuch hingerichtet. Ihre Überreste wurden später in Massengräbern gefunden – ein düsteres Zeugnis der begangenen Gräueltaten.

Seit dem Beginn der genozidalen Taktiken und Massaker im Jahr 1992 ist die Leugnung des Völkermordes in Bosnien fester Bestandteil der serbischen und pro-separatistischen Narrative. Der Völkermord an bosnischen Muslimen wurde bereits 2004 und 2007 durch zwei UN-Gerichtsurteile bestätigt und international als historische Tatsache anerkannt. Jedoch lehnen sowohl die von Milorad Dodik geführte Regierung der Bosnisch-Serbischen Republik, Republika Srpska (RS), als auch die von Aleksandar Vučić geführte Regierung Serbiens sie weiterhin vehement ab. Die RS ist eine der zwei politischen Einheiten innerhalb Bosnien-Herzegowinas, dort dominiert die serbische Bevölkerung. Serbien ist ein eigenständiger souveräner Staat und grenzt an Bosnien. Die gemeinsame Haltung bei der Leugnung des Völkermords macht Serbien und die RS zu engen Verbündeten.

Die UN-Resolution wird von Deutschland und Ruanda getragen, zwei Akteuren mit tiefgreifenden historischen Erfahrungen in Verbindung mit Genozid. Die Resolution dient als symbolische Erinnerung an die Opfer. Sie würde völlig im Einklang mit den offiziellen internationalen Gedenktagen stehen, die von der UN-Vollversammlung für den Holocaust (27. Januar) und den Völkermord in Ruanda 1994

(7. April) festgelegt wurden. Weder fordert sie Wiedergutmachung von den Tätern, noch kündigt sie Strafmaßnahmen an.

Trotzdem löste der Resolutionsvorschlag im vergangenen Monat eine Welle von Protesten aus, an denen sich Tausende Serben in Banja Luka, der Hauptstadt der RS, beteiligten. Präsident Dodik ging sogar so weit zu behaupten, dass „Bosnien und Herzegowina möglicherweise nicht überleben“ könne, sollte die Resolution verabschiedet werden. Diese drohende Aussage unterstreicht Dodiks langjährige Ambitionen, die Unabhängigkeit für die RS anzustreben, was schlimmstenfalls zu einem neuen Konflikt führen könnte.

Dodiks Drohungen, das Land zu spalten, sind Teil eines populistischen Musters, das er in den letzten 15 Jahren etabliert hat. Sie sind so häufig geworden, dass sie oft als leere Rhetorik abgetan werden. Die zeitliche Abstimmung seiner jüngsten Drohung aber ist von besonderer Bedeutung, wenn man die Zahl der Menschen berücksichtigt, die vergangenen Monat mobilisiert wurden, um an Genozid-leugnenden Protesten teilzunehmen.

Während Dodiks Handlungen innerhalb von Bosnien-Herzegowina zur Krise beitragen, wird diese durch die externe Einflussnahme der VučićRegierung, Dodiks symbiotischem Verbündetem, verstärkt und verlängert. Das hemmt nicht nur den Fortschritt in Richtung euro-atlantischer Integration, sondern verlängert auch das Leiden aller Bürger, unabhängig von ihrer Ethnizität oder Zugehörigkeit.

Wie erwartet, erklärte Präsident Vučić kürzlich auch Serbiens Opposition gegen die UN-Resolution. Nun wird vermutet, dass Vučić seine strategische Partnerschaft mit Russland nutzt, um die UN-Resolution durch koordiniertes Lobbying zu blockieren. Russland kann das im UN-Sicherheitsrat tun, wie bereits in der Vergangenheit. 2015 legte Russland sein Veto gegen einen ähnlichen Resolutionsvorschlag ein und äußerte Bedenken wegen anti-serbischer Rhetorik: Die Rolle bosnischer Serben bei den Kriegsverbrechen werde unfair hervorgehoben. Russland ist bemüht, seine Interessen sowie die Serbiens in der Region zu schützen. Die Versöhnung in Bosnien-Herzegowina wird dadurch schwieriger.

Das Amt des Hohen Repräsentanten, ein internationales Gremium zur Überwachung des Dayton-Friedensabkommens in Bosnien, erließ 2021 ein Gesetz, das die Leugnung des Völkermords bestraft. Dennoch hat das Parlament der

Auch der Präsident Serbiens ist gegen die Resolution. Nun wird vermutet, dass er sie durch Russland blockieren lässt

Republika Srpska einen Bericht verabschiedet, der bestreitet, dass die Tötungen in Srebrenica Völkermord waren. Das alternative Narrativ stellt sie als „riesigen Fehler“ und als „Verbrechen“ dar, betont jedoch, es sei „kein Völkermord“ gewesen, wie Dodik unlängst erklärt hat.

Das wirft die Frage auf: Ist die Schuld an der Leugnung des Völkermords einzelnen Personen zuzuschreiben, oder liegt es an der verfassungsrechtlichen Unfähigkeit Bosniens, diese Personen strafrechtlich zu verfolgen?

Das ursprünglich als temporär geplante Dayton-Abkommen von 1995 sollte dazu dienen, den Konflikt und das Blutvergießen in Bosnien zu beenden. Ein Vierteljahrhundert nach seiner Unterzeichnung wurde jedoch kaum Fortschritt bei der Etablierung einer politischen Struktur Bosniens erzielt, die dessen multiethnische Identität widerspiegelt. So wurde das Dayton-Abkommen de facto zur Verfassung Bosniens. Und alle Versuche, Teile des Abkommens zu verbessern, rufen Ängste vor einer Wiederbelebung s chlummernder Spannungen und vor neuen Konflikten hervor.

Bestimmte politische Führer nutzen Schlupflöcher im Abkommen geschickt aus, um ihre Macht zu festigen und zu erweitern. Ein Beispiel dafür ist Dodiks Reaktion auf die Entscheidung des Amts des Hohen Repräsentanten, die Leugnung des Völkermordes zu bestrafen. Dodik initiierte daraufhin eine politische Blockade der staatlichen Institutionen, was eine der tiefsten politischen Krisen in Bosnien seit dem Krieg im Juli 2021 verursachte.

Dodiks Eifer, mit Drohungen Diskussionen über den Völkermord zu unterdrücken, verbirgt ein weiteres Problem: die zunehmende Unfähigkeit und Unwilligkeit der Republika Srpska, das Leben der bosnischen Gesellschaft zu verbessern. Gr undlegende Probleme, wie der sogenannte

„brain drain“, hohe Arbeitslosenraten und institutionelle Korruption, bleiben einfach ungelöst. Diese Vernachlässigung des Wohlergehens der Bürger untergräbt das Potenzial für Fortschritt und perpetuiert den Zyklus der Unzufriedenheit in der Bevölkerung. Solange Dodik seine eigene Agenda über die Bedürfnisse der Menschen stellt, bleiben sinnvolle Verbesserungen in Bosnien unerreichbar.

Es ist wichtig zu erkennen, dass die Stimmen, die den Völkermord in Bosnien-Herzegowina leugnen oder herunterspielen, nicht die Mehrheit in der bosnisch-serbischen oder serbischen Bevölkerung widerspiegeln. Vielmehr handelt es sich um eine von Dodik und Vučić geleitete Minderheitsfraktion, die in der Region erhebliche Macht und Einfluss hat. Und es gibt bosnisch-serbische und serbische Bewegungen und Organisationen, die aktiv daran arbeiten, dieses Narrativ zu bekämpfen. Die Youth Initiative for Human Rights aus Serbien zum Beispiel hat kürzlich in einem Brief an den Präsidenten der UN-Vollversammlung ihre Unterstützung für die Srebrenica-Resolution zum Ausdruck gebracht. Sie hat ausdrücklich ihre Ablehnung zur Haltung von Präsident Vučić zu diesem Thema erklärt und ist damit eine dissidente Stimme innerhalb der serbischen Gesellschaft, die nach Dialog, Versöhnung und Gerechtigkeit sucht.

Es besteht kein Zweifel daran, dass die Bürgerinnen und Bürger aller Ethnien von Bosnien-Herzegowina während des Krieges von 1992 bis 1995 gelitten haben. Die Anerkennung vergangener Gräueltaten ist entscheidend für die Heilung und das Vorankommen einer Gesellschaft. So schmerzhaft das auch sein mag, ist es Teil des kollektiven Engagements, um sicherzustellen, dass solche Kriegsverbrechen nie wieder passieren. Es geht nicht nur darum, Dinge beim Namen zu nennen. Sondern auch darum, sich auf eine Zukunft vorzubereiten, die auf Versöhnung und Akzeptanz vergangener Fehler aufbaut. Wie Bono von U2 bei seinem Konzert in Sarajevo 1997 der Menge zugerufen hat: „F*** the past, kiss the future!“ Obwohl die Anerkennung des Völkermords den Schmerz für betroffene Familien, realistisch betrachtet, kaum lindern wird, hat sie das Potenzial, die Zukunft Bosniens zu gestalten. Für die bosnische Jugend, gefangen in einem gelähmten und ethnisch gespaltenen Land inmitten latenter Spannungen, ist die Anerkennung des Völkermords entscheidend. Sie bietet ihnen die Möglichkeit, sich mit der Vergangenheit auseinanderzusetzen, Empathie aufzubauen und auf eine gerechtere und friedlichere Zukunft hinzuarbeiten. p

10 10.05.2024 RUBRIK EUROPA
Protest bosnischer Serben am 18. April in Banja Luka gegen eine UN-Resolution zum Genozid in Srebrenica
Elvis
AFP
Barukcic

Sauschlau

aStéphanie Majerus

Mit einer Werbekampagne für Wildragout soll die Waldverjüngung unterstützt werden. Ob das gelingt, ist eine Frage von Essgewohnheiten, Maisanbau, Jägern und dem Eigensinn von Wildtieren

Wildfleisch sei „regional, gut, gesund und natürlich“, sagt Martine Hansen (CSV), Ministerin für Landwirtschaft und Ernährung, am Samstagmorgen auf dem städtischen Markt. Und es gehöre auch auf den Grill, denn es sei kein saisonales Fleisch. Die Nichtregierungsorganisation Forest Stewardship Council (FSC) hat gemeinsam mit anderen Naturschutzvereinen und Waldbesitzern einen Stand auf dem Knuedler errichtet, um die Jagd als wirksame Maßnahme gegen zu hohe Wildbestände zu bekräftigen. Die Wilddichte bedrohe die Vielfalt des Waldes: Die Verbissschäden an Buche, Esche und Eiche seien enorm. Zu viele Bäume sterben ab. Die Waldverjüngung bleibe aus. Nun soll die Vermarktung von einheimischem Wildfleisch vorangetrieben werden, indem man das „Image vu Wëld als Chrëschtdagsmenü“ kippt, wie Pit Mischo, Ehrenpräsident von Natur an Ëmwelt, über ein Mikrofon mitteilt. Seine Rechnung lautet also: Die Popularität von Wildfleisch soll zur Akzeptanz der Jagd beitragen. Umweltminister Serge Wilmes unterstützt die Initiative; kaum hörbar, trotz Mikrofon, spricht er von einem wertvollen Schritt fürs Ökosystem. Etwa 40 Menschen haben sich um den Stand versammelt. Nicht wenige DP-Politiker sind angereist: Der hochgewachsene Charles Goerens steht mit Sonnenbrille wie ein Sicherheitsbeamter neben seiner Co-Spitzenkandidatin im Europawahlkampf, Amela Skenderović. Lydie

Polfer begrüßt als städtische Bürgermeisterin die Anwesenden. In ihrem Umfeld befinden sich die DP-Abgeordneten Gusty Graas und André Bauler.

Hinter den Rednern kocht Lou Steichen auf zwei Herdplatten Wildragout. Er ist grünes Mitglied des Ettelbrücker Gemeinderates, Koch im Oekosoph und hatte den mittlerweile wieder aufgelösten Verein „Naturjeeër“ gegründet. Wildfleisch sei gesund, informiert die Broschüre der Kampagne, die unter dem Motto „Gutt fir mech, gutt fir de B ës ch“ hochgezogen wurde. Es besitze eine „außergewöhnliche Qualität“ – es sei fettarm, reich an Vitamin B, Zink, Eisen und Selenium. Unter dem Gesichtspunkt des Tierwohls weise es ebenfalls viele Vorteile auf: Wildtiere wachsen in einem natürlichen Umfeld auf und müssen keinen stressverursachenden Transport zum Schlachthof durchleben. Oft allerdings ist nicht klar, woher das Fleisch stammt. „Die Herkunft von Pferde- und Wildfleisch muss nicht gekennzeichnet werden“, erklärt Marc Parries, Sekretär des FSC und pensionierter Förster. „Stammt es aus Südfrankreich aus der Aufzucht, Neuseeland, Polen oder Rumänien, ist zudem nicht klar, ob Medikamente der Fütterung beigesetzt wurden.“ Auch deshalb sei es klug,

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[…] Martin Linster
10.05.2024

[Fortsetzung von Seite 11]

auf den heimischen und überschaubaren Bestand bei der Vermarktung zu setzen. Der CSV-Abgeordnete Maurice Bauer gratuliert im Hintergrund Pit Mischo für das „antizyklische Event“ und zeigt auf die Frühlingssonne. Eine Timing-Strategie auf die auch Jean-Claude Juncker als Politiker gesetzt habe, so Bauer.

Rentiert sich der Markt für die Händler? Jo Studer, Leiter der Provençale, steht in blauen Überschuhen und weißem Einmalkittel mit integrierter Kopfschutzhaube in einem auf zwei Grad runtergekühlten Großkühlschrank. 15 Wildschweine und zwölf Rehe, deren Fell noch frisch dunkelund hellbraun schimmert, hängen hier. „Jetzt ist die Jagd wieder eröffnet. Aber wir müssen uns nichts vormachen, im Sommer gibt es wenige Abnehmer.“ Von 7 000 der in Luxemburg geschossenen Wildschweine werden Zweidrittel an die Provençale geliefert. Damit können sie den heimischen Markt und die Nachfrage aus der Großregion abdecken. Dem Hausschwein machen sie keine Konkurrenz, etwa 300 bis 400 domestizierte Schweine werden pro Woche in Leudelingen verarbeitet. Weltweit ist die Nachfrage sehr hoch: Über eine Milliarde Hausschweine leben gleichzeitig. Aufs Jahr berechnet sind es deutlich mehr; denn ein Mastschwein lebt kein halbes Jahr. Hirschfleisch kauft die Provençale aus dem Ausland hinzu, „aber keins aus Neuseeland“, versichert Studer. „Kaufen wir zu viel ein, müssen wir es w ieder zu Spottpreisen los werden“. Anfang des Jahres lieferte er circa 30 000 Kilo zu einem vergünstigten Preis aus. Wenn Waldbesitzer behaupten, die Provençale unterstütze den Wildfleischmarkt nicht ausreichend, schüttelt Studer den Kopf: „Meine Familie wirbt seit Generationen für den Konsum von Wildfleisch. Wir sind eine Jägerfamilie. Mangez du Gibier, lautete die Aufschrift auf unseren Lieferwagen letztes Jahr.“ Der Grund für das Ungleichgewicht zwischen dem Konsum von Wildfleisch und demjenigen aus der landwirtschaftlichen Produktion sei ein kultureller. „Wildfleisch ist zudem etwas teurer, aber die Unterschiede sind nicht enorm“, meint Studer. Journa-

„Et si mol keng 20 Joer hier, do ass de Jeeër verdaamt ginn – Mäerder, dir schéisst alles futti, ass geruff ginn. Haut ass et de Konträr, haut heescht et, dir musst méi schéissen“

Jo Studer, Präsident des FSHCL

listen vom SWR haben berechnet, dass Fleisch aus der Massentierhaltung günstiger ist, aber Wildfleisch kostet oft weniger als Bio-Fleisch vom Schwein oder Rind.

Am Sonntagmorgen steht Umweltminister Serge Wilmes (CSV) in Kaerjeng am Rednerpult. Die Fédération Saint-Hubert des Chasseurs du Grand-Duché du Luxembourg (FSHCL) hat zur Generalversammlung eingeladen. Wilmes bekräftigt, die Regierung und sein Ministerium „bekenne sich zur Jagd“ als wichtige Praxis, „an och vu mir perséinlech gëtt et ee Bekenntnis, obwuel ech nach ni op enger Juegd war“. Provençale-Leiter Jo Studer, ebenfalls Präsident der Jagdföderation, fasst seinerseits am Mikrofon den Wandel der letzten zwei Dekaden zusammen: „Et si mol keng 20 Joer hier, do ass de Jeeër verdaamt ginn – Mäerder, dir schéisst alles futti, ass geruff ginn. Haut ass et de Konträr, haut heescht et, dir musst méi schéissen.“ Tatsächlich schrieb die Vorgängerorganisation von Natur an Ëmwelt 2006: „Wer legt fest, welches Leben das wertvollere ist?“ Die Jagd als Maßnahme zum Artenschutz sei eine Schein-

lösung. Natur an Ëmwelt, in Kooperation mit Naturschutzund Forstwirtschaftsorganisationen, wirbt heute für die Jagd. Aber ist man sich sicher, dass eine erhöhte Jagdaktivität mit Waldschutz gleichzusetzen ist? Marc Parries sagt, das wisse man nicht so genau, aber man müsse diesen Weg austesten, auch mangels Alternativen: „Man könnte Waldteile massiv einzäunen, aber selbst auf den Parzellen vom Großherzog sind Durchlauf-Lücken entstanden. Antibabypillen sind ebenfalls keine ernstzunehmende Option; w ir können keine Hormone in den Nahrungskreislauf bringen.“ Den Überschuss zu quantifizieren bleibt eine indirekte Rechnung. „Et ass net méiglech d’Wëld ze zielen an et ass net néideg. D’Densitéit vum Wëld moose mer um Schued, a mir gesinn, datt et too much ass.“ Innerhalb der Naturschutzorganisationen bleibt das Thema jedoch umstritten, Mitgliedschaften werden aufgrund der neuen Pro-Jagd-Haltung gekündigt.

Auch die Grünen tanzen auf dem Drahtseil; Jagdgegner gehören zur Stammwählerschaft wie auch das Personal von FSC, Natur an Emwëlt und dem Mouvement écologique, das am Samstag Wildfleisch verteilte. Der Piraten-Abegordnete Sven Clement mischte sich ebenfalls unter die Allianz von Jägern, Förstern und Waldbesitzern. Sein Parteikollege Marc Goergen blieb der Veranstaltung fern. Unter seinem Impuls artete ein Streit vor vier Jahren verleumderisch aus: Umweltministerin Carole Dieschbourg wurde unterstellt, Mufflons im Umland der Stadt Echternach grundlos töten zu wollen. Die Piraten schalteten ein Video mit dem Titel „RIP Mouffelen“ online, in dem im Vorspann behauptet wurde: „Dese Weekend ginn d’Mouffelen erschoss. A wien ass Schold? D’Agentin Dieschbourg“. Böse Kommentare ließen nicht auf sich warten: „Ass dat alles, wa dat Bëtschel kann?? Dat wier besser fort wéi déi Déieren.“ Dieschbourg machte einen Rückzieher und ließ die Naturverwaltung nicht intervenieren. Dabei breitete sich die nicht heimische Art ungebremst aus, da der Jagdpächter sich nicht an den Abschussplan hielt. Der verursachte Schaden lag laut Natur- und Forstverwaltung im Gemeindewald in manchen Jahren bei 32 000 Euro. Wild-

12 10.05.2024 WIRTSCHAFT
Olivier Halmes
Pit Mischo von Natur an Emwelt (links) am Samstagmorgen auf dem Knuedler

schäden sind landesweit allgemein hoch. Dokumente der Verwaltung illustrieren eine Verdoppelung des Schadens über die letzten neun Jahre. Die Jäger zahlen ihrerseits im Schnitt 500 000 Euro für die Schäden, die aufkommen. Ein Fonds, der ausschließlich über die Jagdschein-Gebühren von 230 Euro/jährlich gespeist wird, erlaubt eine Ausgleichszahlung an Waldbesitzer und Landwirte von vier Euro pro Hektarfläche. Die Naturverwaltung vermutet allerdings, dass nur Schäden gemeldet werden, die über der Rückerstattungsgrenze liegen, – die tatsächliche Schadensstatistik müsste demnach weit höher ausfallen. An Nachwuchsproblemen leidet die Jäger-Gemeinschaft nicht. 2 300 Einwohner besitzen einen Jagrdschein, järhlich bestehen 35 Eingeschriebene das Examen. Immer mehr Frauen und junge Menschen, manchmal mit Hang zur Selbstversorgung, schreiben sich für die Prüfung ein.

Während das Rotwild im Wald den Bäumen zusetzt, frisst sich das Schwarzwild eher durch die Ackerflächen. Für Wildschweine sind Maisfelder ein Schlaraffenland – hier ist der Futtertrog stets gefüllt und der Feldboden kühlt sie ab. Statistiken aus der Wallonie bezeugen eine Korrelation zwischen dem erhöhten Maisanbau und der fast explosionsartigen Zunahme der Schweinepopulation. Hinzu kommt das Kraftfutter von Eichen und Buchen: In immer kürzeren Abständen tragen sie eiweißhaltige Eicheln und Buchecker. Die Monokulturen des Ackerbaus und die Triebkräfte des Klimawandels mästen das Wildschwein. Die Jungtiere, auch Frischlinge genannt, sind deshalb oft schon im ersten Lebensjahr geschlechtsreif. Mittlerweile werden um die 7 000 Wildschweine jährlich geschossen; in den 1980-ern waren es nur 1 000. Weil ihr Bestand stark zunimmt, hat die Naturverwaltung überlegt, Gehegefallen aufzustellen. Richard Frank, Generalsekretär der FSHCL, empörte sich vor zwei Wochen im Wort, „mit Jagd haben solche Fallen nichts mehr zu tun“. Jo Studer nennt sie eine „Grausamkeit“, er empfiehlt online Videos anzuschauen, wie die Wildschweine vor Stress gegen das Käfiggitter rennen, das sei makaber. Deshalb verlangte er vom CSV-Umweltminister am Sonntag seine Position zu Fang-

Wildschweine sind eine comichafte Erscheinung. Im Vergleich zu ihrer Körpermasse wirken die Beinchen wie zu kurz geratene Streichhölzer

gehegen darzulegen. „Dës Regierung wäert d‘Falen net als Juegdmethod an d‘Juegdrecht ophuelen, dat ass eng ganz kloer Ausso, zu där mer och stinn,“ antwortet dieser. Die Frage, ob Gehegefallen grausamer sind als die Treibjagd, kann Jo Studer im Gespräch mit dem Land jedoch nicht wirklich beantworten. Wahrscheinlich geht es auch um das Selbstverständnis der Jäger: Lebendfallen sind keine Jagdtechnik, sondern werden im Ausland als Naturschutzintervention gerahmt.

Am Samstag sagt die Landwirtschaftsministerin: „Hier sind wir alle beisammen, Waldbesitzer und Jäger.“ Über den luxemburgischen Konsens zwischen unterschiedlichen Parteien sei man in der Wallonie „jalous“, kommentiert Pit Mischo. Von den Landwirten war allerdings niemand anwesend. Am Dienstag erzählt Christian Hahn, Präsident der Landwirtschaftskammer, am Telefon, er komme gerade vom Mähen und hätte durch Wildschwein verursachte Risse und Löcher in seinen Wiesen aufgefunden.

Die Landwirte würden die Kampagne mittragen, denn man befürworte die Reduzierung von Rehen und Wildschweinen. Befürchten sie keine Konkurrenz auf dem Teller der Kunden? „Nein, wir sehen die Konkurrenz eher in irischem und argentinischem Fleisch, das auf den Karten der Restaurants auftaucht.“ Und auch die Überschrift eines Wort-Artikels von Dienstag ärgere sie. „Das Klima retten? Weniger Fleisch wäre ein Anfang“ titelte der Wort-Journalist Thomas Klein. Das sei Aktionismus, moniert Hahn.

Nic Etgen, Landwirt und Präsident der Jagdsyndikate-Vereinigung FSCL, warnte vor einer Woche gegenüber dem Land, man dürfe keinesfalls mit den Gefühlen der Menschen gegenüber Wildtieren spielen – es gelte nun, den Wald zu schützen. Aber ist es nicht naheliegend, dass Sympathie für die Tiere aufkommen kann? Wildschweine sind eine comichafte Erscheinung. Im Vergleich zu ihrer Körpermasse wirken die Beinchen wie zu kurz geratene Streichhölzer. Dazu kommt ein überdimensionierter keilförmiger Kopf mit einer feinen Spürnase – ihre domestizierten Artgenossen leiden stark unter dem Gülle-Gestank in der Massentierhaltung. Wer dem anpassungsfähigen Allesfresser über Land begegnet, kann seine Lebensintelligenz beobachten: Die Bache lotst geschickt ihre Nachkommen über die Straße. Und ob die Jagd tatsächlich die Wildschweinpopulation wirksam eindämmt, bleibt unklar. Josef Reichholf emeritierter Professor für Ökologie, vermutet, dass die Tiere ihren Fortpflanzungsdrang an die Jagdintensität anpassen, um Verluste auszugleichen. Ein Wurf macht nur einige Prozent der Körpermasse der Wildsau aus, da kann sie auch mal mehr als ein halbes Dutzend Nachkommen gebären. Zudem bemerkten die Tiere die Ankunft der Jäger, die ein paar Tage vor der Treibjagd zwecks Vorbereitung im Wald unterwegs sind. Die borstigen Vierbeiner stellen sich auf ihre Jäger ein – sie sind eine „ardeur d’avance“, wie das Motto der Wildschweine in der belgischen Provinz Luxemburg lautet. Jo Studer beschäftigen diese Art von Zusammenhängen: „Die Natur reagiert auf uns, aber nicht immer so, wie wir es gerne hätten.“ p

13 10.05.2024 WIRTSCHAFT
Olivier Halmes Die Hubertusbléiser sorgten für den musikalischen Startschuss der Kampagne

Indélicatesse

La présidente de la Chambre des notaires, Martine Schaeffer, est condamnée au pénal pour manquement grave à ses obligations de lutte contre le blanchiment

Le tribunal correctionnel de Luxembourg a rendu jeudi dernier un jugement sur accord condamnant la présidente de la Chambre des notaires, Martine Schaeffer, pour manquement à ses obligations en matière de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. Une condamnation qui fait tache pour celle qui a autorité sur une corporation et qui veille sur les violations de la loi de ses membres. Sachant que les notaires sont des intermédiaires neutres qui ont pour vocation de garantir la légalité d’une opération juridique, notamment au regard des règles antiblanchiment.

Selon le jugement consulté par le Land, Martine Schaeffer a permis, entre mars et avril 2017, une transaction immobilière à Luxembourg-Ville pour cinq millions d’euros avec des fonds d’origine douteuse. Si bien que cette transaction a suscité l’intérêt de la Cellule de renseignement financier (CRF) sans même qu’elle n’ait été interpelée par la notaire. Ce département du parquet chargé de la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme n’avait en effet pas reçu de déclaration de soupçon de Martine Schaeffer à cette occasion. Dans son rapport d’analyse rendu en août 2018, la CRF signale de multiples structures offshores « dont l’utilité économique et juridique n’est pas compréhensible », une litote pour désigner la volonté de cacher l’origine des fonds. La structuration « inintelligible » ne permettait pas de suivre le flux d’argent au-delà d’un compte bancaire russe et donc « de déterminer l’origine exacte des fonds, sauf à pointer du doigt les liens évidents vers l’Azerbaïdjan ». L’origine des fonds n’étant pas claire (mais les indices pointaient vers des bénéficiaires économiques azéris), « le notaire aurait dû refuser de passer les actes de vente immobilière ». Martine Schaeffer a donc violé la loi anti blanchiment, conclut la CRF.

Martine Schaeffer avait déjà « baigné » dans ce milieu azerbaïdjanais très intégré à Luxembourg en constituant en 2013 une société, Globalbuild International, où apparaissait l’un de ses plus éminents représentants, Khagani Bashirov, l’un des fondateurs de la Chambre de commerce Luxembourg-Azerbaïdjan. Un article du média Azadliq publié en juillet 2011 évoquait déjà dans le détail les soupçons de détournement à la Banque internationale d’Azerbaïdjan et l’implication possible de Khagani Bashirov, pour un équivalent de 189 millions d’euros.

En novembre 2018, rebelote. Une autre transaction immobilière, à Esch-Sur-Alzette cette fois, est passée par le compte de la notaire Schaeffer auprès de la branche luxembourgeoise de la banque lettone ABLV. Mais entretemps les doutes sur la probité des parties prenantes s’étaient significativement épaissis. Le 4 septembre 2017, dans sa série d’articles Laundromat, le consortium de journalistes OCCRP (pour Organized Crime and Corruption Reporting Project) avait pointé du doigt le rôle de ABLV dans le blanchiment de la corruption en Russie et en Asie centrale. Khagani Bashirov y a ressurgi comme protagoniste. Le 13 février 2018, le réseau de lutte contre le crime financier américain, « Financial crime enforcement network » (ou Fincen) a accusé la même banque lettone de blanchiment d’argent institutionnalisé. La Commission de surveillance du secteur financier (CSSF) a d’emblée lancé une procédure de sursis de paiement contre sa filiale luxembourgeoise. Last but not least, en juin, la CRF a envoyé à Martine Schaef-

fer un courrier l’informant de soupçons de blanchiment portant sur les sociétés luxembourgeoises liées à Khagani Bashirov. L’une d’entre elles a été utilisée pour la transaction à quatre millions d’euros. Six mois se sont écoulés entre la lettre de la CRF et la transaction de novembre. « Un oubli », selon Martine Schaeffer.

Lors de la perquisition organisée en mars 2019 en les bureaux de la notaire au Limpertsberg, la police n’a pas trouvé de documentation renseignant sur les mesures pour identifier les risques de blanchiment et de financement du terrorisme auxquels l’étude est exposée. Celles-ci tiennent généralement compte de facteurs tels que les pays

les informations dont il dispose (documents officiels, logiciels « know your customer » ou tout simplement Google) « avec un esprit critique » : « Il ne doit pas pousser ses investigations jusqu’à déterminer l’origine véritable des fonds lo r sque ceux-ci proviennent d’une banque russe. Mais confronté à plusieurs éléments qui doivent interpeler, l’obligation consiste de procéder à une déclaration d’opération suspecte à l’adresse de la CRF », est-il écrit.

Eu égard à la « gravité des faits », mais aussi aux circonstances atténuantes telle que l’absence d’antécédent judiciaire, les juges condamnent Martine Schaeffer à une amende de 70 000 euros. Même tarif que pour un autre notaire, Paul Bettingen, en 2021. Reporter.lu avait détaillé l’implication dudit notaire dans le même réseau azéri. Le notaire de Niederanven avait, également plaidé coupable. Il avait démissionné de ses fonctions notariales durant la procédure, en mars 2020 (avec effet en décembre 2020).

et zones géographiques sensibles, le type de produits, les transactions ou les canaux de distribution. « Cette obligation professionnelle est imposée depuis une modification législative du 13 février 2018 » à la loi anti-blanchiment de 2004, écrit le bureau du procureur. En l’étude Schaeffer, il n’y avait pas non plus de mesure de vigilance à l’égard du client sulfureux.

Dans le jugement sur accord, sorte de plaidé coupable à la luxembourgeoise, le substitut du procureur concède que le notaire ne dispose pas des moyens du parquet ou du juge d’instruction, mais il souligne attendre de lui qu’il analyse

Quelles conséquences tirera Martine Schaeffer de sa condamnation eu égard à ses engagements vis à vis de la profession ? Quelles conséquences la chambre en tirera ? Le notariat, oligopole de 36 études, a longtemps fait l’objet de critiques pour son manque de coopération avec la CRF. Le rapport 2021-2022 et l édition précédente notent cependant un léger mieux dans la production de déclarations de soupçons. Comme les avocats, les notaires s’autorégulent. Mais à l’inverse du Barreau qui a monté sa véritable police et qui montre des résultats, la Chambre des notaires ne fait aucune publicité des mesures disciplinaires engagées. En 2018, seuls deux notaires avaient ét é s anctionnés, selon Martine Schaeffer ( d’Land , 7.9.2018). Interrogée mardi sur le nombre de notaires sanctionnés ces cinq dernières années, la Chambre n’a pas répondu. Sur son site, elle ne publie ni sa gouvernance ni l’identité des sept membres qui la composent. La Chambre est d’ailleurs renouvelée dans la première quinzaine de mai. Sollicitée, Martine Schaeffer n’a pas donné suite. Se pose la question de savoir si elle préside encore la profession et son conseil de discipline, lequel veille notamment « au respect par les notaires de leurs obligations découlant de la législation en matière de lutte contre le blanchiment et contre le financement du terrorisme ». Martine Schaeffer représente également l’ordre au Comité de prévention du blanchiment et du terrorisme… mais le mandat de ses membres désignés en février 2019 se limite à cinq ans et le comité n’a pas été renouvelé. Le ministère prévoit d’ancrer cet organe dans la nouvelle loi anti-blanchiment dont la rédaction est en cours, nous informe le ministère d’Élisabeth Margue. Martine Schaeffer était candidate à ses côtés sur la liste CSV au printemps 2023 dans la capitale.

En 2018, alors que le Luxembourg se préparait à une visite décisive du Gafi, Martine Schaeffer avait confié, « si quelque chose allait de travers (dans le contrôle, ndlr), toute la profession serait touchée ». L’an dernier, à un détail près, le Luxembourg ne passait pas l’examen du Gafi, avait expliqué Catherine Bourin, Madame anti-blanchiment, lors d’un séminaire à la Chambre de commerce. La dissuasion de l’infraction (par la lourdeur des sanctions) et la lutte contre le crime financier sophistiqué figurent parmi les secteurs scrutés par le Gafi dans sa prochaine évaluation intermédiaire. p

14 10.05.2024 RUBRIK WIRTSCHAFT
Sven Becker Martine Schaeffer en 2018: « Well wann do eppes soll schif goen, dann ass déi ganz Professioun fort »

Désillusions

L’Union des marchés de capitaux, l’Arlésienne de l’intégration européenne. Et pour cause

Quand une information pas vraiment grand public crée le buzz et provoque une réaction au plus haut niveau de l’État. Le 26 avril dans une interview à Bloomberg, Patrick Pouyanné, le PDG de TotalEnergies (quatrième capitalisation boursière française) a annoncé que son groupe allait sans doute choisir Wall Street au lieu de Paris comme lieu principal de sa cotation. Il laissait même entendre que le siège social pourrait être transféré aux États-Unis. Le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, fils d’un ancien cadre de Total, est aussitôt monté au créneau en surjouant quelque peu son indignation. Il avait une idée derrière la tête. Selon lui, la décision de TotalEnergies signifie que le groupe n’est pas capable de trouver en Europe les financements nécessaires à son développement en raison de l’étroitesse des marchés financiers, ce qui milite en faveur de la réalisation urgente de l’Union des marchés de capitaux (UMC), un projet que la France souhaite relancer depuis déjà plusieurs mois.

Depuis l’annonce de cette initiative en juillet 2014 par Jean-Claude Juncker, alors président de la Commission européenne, l’UMC est l’Arlésienne de l’UE. On en parle souvent mais elle n’apparaît jamais, même si des tentatives ont quand même abouti sur certains segments financiers européens, comme le règlement sur les marchés de crypto-actifs (MiCA) qui sera applicable à partir du 30 décembre 2024.

Pour tenter d’accélérer la mise en place de l’UMC, les autorités françaises ont mobilisé plusieurs « pointures » de la finance comme Christian Noyer. L’ancien gouverneur de la Banque de France a présenté le 25 avril au ministère des finances un « Rapport pour relancer l’Union des marchés de capitaux ». Il reprend plusieurs thèmes du « Rapport Letta » présenté au Conseil européen une semaine plus tôt (le 17 avril) par l’ex-président du Conseil italien. Ce dernier préconise l’accélération de l’intégration européenne dans la finance, les télécoms, l’énergie et la défense.

Pour comprendre cette stratégie il faut partir d’un constat simple. Alors que pour le grand public la finance est le prototype de l’activité mondialisée, elle fonctionne en réalité de manière très frag-

Les tracasseries fiscales, administratives et réglementaires subies dans l’UE expliqueraient davantage le choix de New York pour se faire coter

mentée, principalement dans un cadre domestique, ce qui s’explique autant par l’histoire que par les différences culturelles, juridiques et fiscales qui persistent entre les pays. Dans le domaine bancaire par exemple, dans la plupart des pays d’Europe les banques locales détiennent d’écrasantes parts de marché, laissant la portion congrue à leurs concurrentes étrangères. Un grand nombre de produits et services bancaires sont propres à chaque pays et l’activité transfrontalière est très limitée.

En ce qui concerne les marchés financiers, il existe toujours en Europe une multitude de bourses locales (au moins une par pays), même si elles sont aujourd’hui gérées par seulement quatre grandes « entreprises de marché » (London Stock Exchange, Deutsche Börse, Euronext et Six). Dans les deux cas, il existe bien des instances européennes de régulation, l’Autorité bancaire européenne (ABE) et l’Autorité européenne des marchés financiers (plus connue sous son acronyme anglais Esma), créées toutes deux en 2011 et ayant toutes deux leur siège à Paris. Mais leur rôle opérationnel est réduit car elles délèguent leurs prérogatives aux autorités de

la moitié » de ce montant. Une somme à comparer aux 1 500 milliards de prêts aux PME et ETI (entreprises de taille intermédiaire) en Europe.

Les rapports Letta et Noyer ont été très bien accueillis par les professionnels de la finance, notamment les lobbys de la gestion d’actifs, qui y voient l’occasion d’accroître les montants qui leur seront confiés, mais aucune réaction n’a encore été enregistrée du côté des associations de consommateurs et des syndicats patronaux, ce qui est éloquent. Ces estimations sont irréalistes pour ne pas dire fantaisistes, d’autant qu’elles ne sont accompagnées d’aucun délai et d’aucune préconisation pour atteindre les objectifs fixés. Ainsi, même en raisonnant dans une perspective de dix ans, on voit mal comment il serait possible de tripler la part de l’épargne des ménages investie en actions.

En France, selon l’Autorité des marchés financiers, le taux de détention de placements en actions cotées, en direct ou via des OPC, n’est que de 7,5 pour cent contre plus de quinze pour cent en 2009, soit deux fois moins. Quant à la Banque de France elle évaluait fin 2023 à 8,3 pour cent la part du patrimoine financier des ménages investie directement ou indirectement en actions, là où les partisans de l’UMC nous parlent d’un objectif de 45 pour cent. Par ailleurs, ces derniers s’expriment comme si l’épargne placée sur les dépôts à vue, les comptes d’épargne et les livrets était improductive. Or ce n’est pas le cas. À partir du moment où elle n’est pas thésaurisée, l’épargne est à la base de la distribution de crédit par les banques. C’est le principe de l’intermédiation et plus précisément de la « transformation bancaire » qui consiste à convertir un passif à court terme (les dépôts) en actifs d’une durée moyenne beaucoup plus longue (les crédits). Cette fonction est, historiquement, le fondement même de l’activité bancaire.

tutelle nationales (CSSF au Luxembourg, FSMA en Belgique, AMF et ACPR en France).

Pour les tenants de l’idéologie libérale qui marque la construction européenne, cette situation est intolérable. La finance est une des rares activités économiques où il n’existe toujours pas de « marché commun », 67 ans après la signature du traité de Rome et 31 ans après la création du Marché unique supposé assurer la libre circulation des biens, des services, des capitaux et des personnes en Europe. La fragmentation des marchés bancaires et financiers fait obstacle à une bonne allocation des ressources. Les épargnants européens – avec un taux d’épargne de quatorze pour cent, ils économisent proportionnellement trois fois plus que les Américains – seraient pénalisés car ils n’ont pas forcément accès aux produits les plus performants, tandis que les entreprises, notamment les petites et moyennes entreprises ne trouvent pas, en montant et en taux, les financements nécessaires à leur développement. Un constat d’autant plus préoccupant que, selon le rapport Letta sur la compétitivité de l’UE, l’Europe est face à un « mur d’investissements » liés au financement de la transition énergétique et à la révolution numérique.

Selon Philippe Oddo, associé-gérant d’Oddo BHF, dans un entretien paru le 3 mai dans le quotidien économique français Les Échos, le potentiel mobilisable auprès de l’épargne privée s’élèverait à quelque 13 000 milliards d’euros. Près de dix mille milliards proviendraient du fléchage de l’épargne des ménages vers les placements en actions. Actuellement sur un montant de 32 000 milliards d euros, seulement quinze pour cent sont investis en actions. En appliquant aux Européens la proportion observée aux États-Unis, soit 45 pour cent, on parviendrait à un total de 14 400 milliards. Une autre ressource viendrait de l’allègement des bilans des banques, via la titrisation des crédits hypothécaires. Actuellement les banques européennes sont « plombées » à hauteur de 6 000 milliards d’euros par les créances immobilières qu’elles détiennent, pour une durée par définition assez longue. La création en Europe d’une « plateforme de titrisation » selon les modèles des agences américaines FNMA (Fannie Mae) et FHLMC (Freddie Mac) permettrait de « refinancer au moins

On pourrait donc estimer que si l’épargne n’est pas suffisamment fléchée vers des emplois productifs à long terme, c’est que les banques ne font pas correctement leur travail. Plusieurs indices confirment que même les banques commerciales n’aiment pas trop le crédit, en partie pour des raisons réglementaires. Selon une étude publiée en 2023 par l’ACPR en France, le ratio prêts/dépôts des banques européennes est passé de 144 pour cent à 112 pour cent entre septembre 2014 et décembre 2022, ce qui signifie qu’elles distribuent de moins de moins de crédits par rapport à ce que les dépôts reçus le permettraient. Par ailleurs en prenant le cas des six premiers groupes bancaires français, on découvrait que la marge nette sur intérêts ne représentait plus que 46 pour cent du Produit Net Bancaire. Le crédit est une activité contraignante pour les banques. Elle exige une logistique interne lourde (notamment pour l’analyse et le suivi du risque), elle est consommatrice de fonds propres et affecte négativement la relation commerciale en cas de refus. Plutôt que des intérêts sur les crédits, les banques préfèrent encaisser des commissions et des « revenus nets des activités de marché » dont le cumul pèse déjà 36 pour cent du PNB en France.

Concernant les marchés financiers, les partisans de l’UMC font valoir que si de grandes entreprises n’arrivent pas à lever des fonds en Europe, elles iront les chercher aux États-Unis avec un enjeu de souveraineté, rien de moins. « Lorsque les entreprises sont financées par des investisseurs américains, elles ont tendance à regarder vers les États-Unis » déclarait Philippe Oddo aux Échos. Mais si TotalEnergies indique en effet qu’avec 48 pour cent d’investisseurs américains, il est logique que le groupe soit principalement coté à New-York, son PDG n’a pas caché que cette situation n’était pas liée à la profondeur du marché américain mais au fait que les investisseurs y sont moins regardants sur la gouvernance du groupe, très contestée en Europe, et surtout sur le respect des critères ESG devenu très contraignant en Europe. Au final, ce sont davantage les tracasseries fiscales, administratives et réglementaires subies dans l’UE (et pour TotalEnergies l’attitude intrusive du gouvernement français) qui expliqueraient le choix de Londres ou de New York pour s’installer et/ou se faire coter. p

15 10.05.2024 RUBRIK RUBRIK WIRTSCHAFT
Emmanuel Macron et Patrick Puyanné, le PDG de TotalEnergies qui envisage de déménager son siège à New York
AFP

Les muses des musées

La Fédération mondiale des amis des musées a tenu son assemblée générale à Luxembourg. Regards sur ces muséophiles

Ils sont deux millions dans le monde ! Deux millions d’Amis de musées qui soutiennent, généralement sur une base volontaire et non rémunérée, un ou des musées de leur ville ou leur région. 70 délégués de la World Federation of Friends of Museums (WFFM) qui les rassemble avaient rendez-vous à Luxembourg la semaine dernière pour leur assemblée générale annuelle. C’est l’occasion de comprendre ce qui anime ces muséophiles et des défis auxquels les associations font face.

Suivant le modèle des « sociétés savantes » qui, dès le 17e siècle, réunissaient de petits groupes d’amateurs d’art, de botanique ou des sciences, les associations philanthropiques baptisées « sociétés d’amis de musée » en français apparaissent un peu partout en Europe au tournant des 19e et 20e siècles. Leur objet principal est d’aider un musée, en enrichissant ses collections et en soutenant ses activités. Le moteur de ces initiatives se lit comme un attachement au musée comme institution culturelle mais aussi – et peut-être surtout – comme vitrine d’un pouvoir politique et expression d’une puissance économique. Ces sociétés voient le jour dans un contexte de crise financière des musées qui ont (déjà !) du mal à rivaliser avec les riches collectionneurs privés. Les élites locales se mobilisent alors pour compléter les ressources publiques afin d’acheter des œuvre à offrir au musée. On peut ainsi lire dans les archives de la Société des Amis du Louvres (citées par Julie Verlaine dans un article de la revue Histo-Art) un appel de 1897 à « tous les hommes de goût qui ont l’amour de notre grand Musée de lui apporter l’appui pécuniaire et moral nécessaire à son développement, dans un but éminemment national ».

Les campagnes adhésion de ces associations d’amis de musée associent explicitement patrimoine et patriotisme, faisant du versement de la cotisation un geste civique contribuant à un effort collectif. Les élites aisées et cultivées voient une confirmation de leur statut privilégié dans l’image de mécènes et de philanthrope. Des événements exclusifs renforcent cette position : cérémonie officielle de don des œuvres aux autorités de tutelle du musée, visites privées et autres conférences à guichets fermés. Ces sociétés « sont autant des instances de soutien au musée que des structures de valorisation sociale pour leurs membres, dont la contribution financière est gage de gains symboliques », note Julie Verlaine, maîtresse de conférences en histoire contemporaine.

Progressivement, avec le nombre croissant de musées, les associations d’amis se multiplient et s’ouvrent à des publics plus larges. Elles renforcent l’idée de musée comme une institution incontournable, source d’attractivité et de prestige pour une ville ou une région. Le mot qui revient dans la plupart des statuts de ces groupes est celui de « soutien » aux musées : consolider leurs collections, les faire connaître largement, promouvoir leurs actions, sensibiliser l’opinion publique et les autorités à leurs problèmes. Dans plusieurs cas, l’association précède même l’ouverture du musée et œuvre à sa création. Ce fut le cas au Luxembourg où la « Société des Amis des Musées », fondée en 1926, se positionne comme groupe de pression pour que soient réunies toutes les collections publiques sous un seul toit. À l’époque, et depuis plus de cinquante ans, les discussions allaient bon train pour construire un musée qu’il soit municipal ou national, mais l’exécution en restait au point mort. On trouve les noms Dutreux-Pescatore, Mayrisch, ou Noppeney parmi les premiers bienfaiteurs. Très active, la Société est dissoute en 1941 par l’occupant nazi. En 1946, l’institut culturel est finalement créé au Marché-aux-poissons, sous l’appellation Musée de l’État. En 1977, l’association Les Amis du Musée d’histoire et d’art a été relancée par une série d’amateurs d’art, dont certains travaillaient au Staatsmusée comme Jean Luc Koltz, Jean-Luc

10.05.2024
Eric Chenal L’installation de Lang/ Baumann offerte par les Amis des Musées au Casino Luxembourg

Mousset, Joseph-Émile Muller. Figurent aussi dans la liste des membres fondateurs Robert Goldschmit, peintre, Léa Gredt, galeriste, Joseph Wampach, administrateur du Théâtre municipal d’Esch-sur-Alzette ou Elisabeth Vermast, critique, ainsi que des professeurs en retraite ou un médecin, Roger Welter, chirurgien. Cette association voit le jour dans un contexte de démocratisation culturelle et de participation de la société civile à la culture : Les Amis du Château de Vianden (1978) ou les Frënn vum Naturmusée (1982) suivent peu de temps après, tout comme la création d’un ministère des Affaires culturelles à part entière (1984). Les Amis du musée jouent à l’époque un rôle d’intermédiaire pour les particuliers et les entreprises qui voulaient faire un don au musée dans des conditions fiscales avantageuses. Dès la création, ils organisaient des visites guidées, des conférences et des voyages. En 1996, l association diversifie ses actions pour répondre à l’arrivée de nouvelles infrastructures. Elle se met au service des grands musées de la capitale en changeant de nom et devient « Les Amis des Musées-Luxembourg ». Aujourd’hui, forte de quelque 2 000 membres elle soutient six musées et centres d’art situés dans la capitale (MNAHA, Casino Luxembourg, Mudam, Villa Vauban, City Museum et Dräi Eechelen). Après Pierre Wurth, André Elvinger et Marie-Françoise Glaesener, Florence Reckinger en assure la présidence depuis 2015. L’avocate, passée par Elvinger-Hoss-Prussen et la Banque de Luxembourg, siège dans de nombreux conseils d’administrations dans le domaine de la culture (Lët’z Arles, Edward Steichen Award, Mudam) et à la Croix Rouge. À ses côtés, on trouve des professionnels de la culture, comme Delphine Munro, responsable des questions artistiques à la BEI, le curateur et ancien professeur Paul Di Felice, Nadine Erpelding en charge de l’action et de la médiation culturelles au ministère de la Culture. Le conseil d’administration des Amis des Musées Luxembourg compte aussi des personnalités du monde des affaires comme Fatah Boudjelida (Atoz), Norbert Becker (Paypal, Atoz...), Claude Kremer (Arendt & Medernach) ou de l’entreprise, Christoff Delli Zotti (génie civil)... L’appui ou le parrainage envers plusieurs musées est une rareté dans l’univers des association d’Amis comme on a pu le constater lors la rencontre internationale de la World Federation of Friends of Museums : seuls les musées de Vérone sont aussi représentés par une association unique. Le premier Congrès international de sociétés des Amis des musées rassemblait 150 membres en 1972. Progressivement, des fédérations régionales et nationales ont vu le jour et la WFFM s’est structurée par continent. « La WFFM a acquis un rôle d’acteur clé dans le monde culturel et est devenue un représentant des visiteurs de musées dans le monde entier, tout en renforçant les liens avec les professionnels des musées », énonce fièrement Carolyn Forster au Land. Cette Australienne a été la présidente de la fédération au niveau mondial pendant six ans. Le week-end dernier, elle a passé la main à Italo Scaietta qui était à la tête de la Fédération italienne des Amis des Musées depuis 2015. Soutiens des musées, les amis n’en sont pas pour autant de simples consommateurs. L’aspect des donations est largement valorisé car il touche au cœur même du musée, à ses collections. Grâce à des collectes de fonds et à des campagnes promotionnelles, les Amis permettent de restaurer et d’acquérir des œuvres importantes. Porte-parole du grand public à l’intérieur même

des établissements, les associations y exerce forcément une influence pour y faire entendre la voix du profane, du non-spécialiste. Certaines associations travaillent étroitement avec l’équipe scientifique du musée, notamment au sujet des actions envers les publics. Parfois, elles infléchissent la politique du musée sur des aspects importants comme des travaux ou des acquisitions. Il arrive que des associations d’Amis s’opposent à une municipalité qui n’en fait pas assez pour un musée local. « Nous on reste alors que les élus changent », résume Ekkehard Nümann, président des Freunde des Kunsthalle Hamburg, fier de ses 20 000 membres. Cet ancien notaire estime que sa carrière est derrière lui et qu’il est libre de déplaire. Mais il est rare que les Amis s’immiscent réellement dans la politique ou la stratégie de « leur » musée. « Les donations sont réalisées en concertation avec les conservateurs ou directeurs en fonction de leurs demandes et de ce qui est sur le marché », détaille Florence Reckinger. À Luxembourg, les Amis ont acheté ou contribué à l’achat de 482 œuvres et objets depuis 1977. Elle évoque le cas particulier du Casino Luxembourg qui ne possède pas de collection : « Nous avons contribué au premier site web ou à l’Info-Lab, mais aussi à l’œuvre Beautiful steps # 10 de Lang/Baumann et au projet mobile de David Bernstein qui aide à la médiation. »

L’hétérogénéité de ces associations – par leur taille, leur statut, leur capacité de financement, leur fonctionnement, leur histoire – reflètent la diversité des musées. Ainsi, le petit millier d’Amis du Centre Pompidou ajoute trois millions d’euros annuels au budget d’acquisition du musée, qui dépasse à peine les deux millions. « C’est une véritable machine de guerre, avec un comité de sélection des achats et des salariés à plein temps », commente la présidente des Amis des Musées Luxembourg. Cependant les actions des associations d’Amis sont sensiblement les mêmes, un peu partout dans le monde : gratuité dans le musée, invitations aux vernissages parfois en avant-première, visites privées d’expositions et d’ateliers, conférences, voyages, sont activités les classiques. Certains proposent des publications, d’autres organisent des dîners ou des remises de prix, offrent des tirages photographiques ou des sérigraphies, prennent en charge la boutique du musée ou la création d’objets. « Les donateurs en veulent pour leur argent. Il faut se différencier et faire marcher le marketing », note Carolyn Forster. Au musée national de Canberra où elle a été longtemps active, « le networking et la soft diplomacy nous ont beaucoup aidés à élargir le nombre de membres et donc notre poids. Nous faisons la promotion du musée, nous contribuons à l’enrichissement de ses collections et nous faisons en sorte que cela se sache. » Car la contrepartie est l’une des motivations des adhérents de ces cercles. Les mots « exclusif » ou « privilégié », reviennent de manière récurrente quand il s’agit de glaner des membres. La Présidente des Amis des musées Luxembourg, tente un portrait-robot. « Deux types de personnes qui nous rejoignent. Des gens qui viennent d’un milieu artistique – étudiants, managers culturels, professionnels de musées, critiques d’art – qui s’investissent, en parallèle à ou après une vie professionnelle, pour rester proche de leur passion. D’autres sont éloignés du domaine mais s’intéressent à l’art de manière privée. Ils sont parfois collectionneurs. Mais surtout, ils veulent aider et soutenir les musées avec leurs qualités de dynamisme, générosité et efficacité. » On note dans les parcours des par-

« Les Amis des musées sont des passionnés qui ne passent pas leur temps entre le coiffeur et les petits fours »

Florence Reckinger, Amis des Musées, Luxembourg

ticipants à la réunion internationale beaucoup d’engagement, et pas seulement envers les musées, dans une tradition plutôt anglo-saxonne de philanthropie. Carolyn Forster, par exemple est également investie dans la recherche médicale. « À Luxembourg, on rassemble plutôt des visiteurs fidélisés. Certes, certains ont des moyens importants et sont des bienfaiteurs généreux, mais ce sont surtout des gens passionnés qui ne passent pas leur temps entre le coiffeur et les petits fours », rectifie Florence Reckinger.

L’investissement associatif demande du temps. Et ce sont généralement les retraités qui ont du temps libre. L’enjeu du renouvellement de génération est pointé par tous. Depuis une vingtaine d’années, la Fédération mondiale a encouragé la création de branches de « Young Friends of Museums ». Dès 2017, Mélanie de Jamblinne, qui étudiait de management culturel, a été introduite dans l’association luxembourgeoise, dont sa maman Catherine est vice-présidente. « Nous avons progressivement développé des activités spécifiques pour les jeunes étudiants et professionnels », détaille-t-elle. Ils sont actuellement 77 membres entre 18 et 35 ans, « mais, dans les faits, nous avons plutôt entre 25 et 35 ans ». Une communication ciblée, des horaires adaptés « en afterwork » et des visites courtes (appelée Arty hour) leur sont proposés. « On va aussi plus volontiers vers les galeries d’art et on valorise les rencontres avec les artistes de notre génération », raconte celle qui travaille pour la Luxembourg Art Week. Elle œuvre aussi à internationaliser l’association en allant vers les jeunes recrues des grandes entreprises, Big Four, Amazon ou Ferrero, par exemple. « On va développer plus d’événements en anglais, il y une demande ». Parce que la succession ne se travaille jamais trop tôt, une autre branche a vu le jour pour toucher les lycéens : les Jeunes Ados des Musées (ou JAM’s). À quinze ans, Casimir Munro est de ceux-là. « Nous ne sommes que huit pour l’instant. C’est une graine qui doit prendre », assure l’étudiant à l’International School. La visite de la Luxembourg Art Week avec des explications sur le marché de l’art lui reste en mémoire comme moment « intéressant où on apprend autre chose qu’à l’école ». Il a déjà intégré les principes du networking : « Je trouve ça sympa de rencontrer d’autres jeunes à travers un intérêt commun pour l’art, l’histoire et la culture ». Les autres jeunes membres fréquentent le même lycée ou vont à Vauban, ce sont avant tout des proches ou des enfants des adultes membres de l’association. Bourdieu n’aurait pas renier ce bel exemple de reproduction sociale ! p

17 10.05.2024 RUBRIK FEUILLETON
Marion Dessard
Carolyn Forster a été présidente de la World Federation of Friends of museums pendant six ans

Le jeu de la réalité et de la fiction

Le Théâtre du Centaure renoue avec le théâtre pour enfants, en montant D’Julie an den Aprikosejong et Julie et le petit bonhomme Abricot (traduction en français de Claire Wagener) d u j eune auteur luxembourgeois Cosimo Suglia (né en 1995) qui publie, assez souvent depuis 2019, en anglais mais aussi en luxembourgeois dans des revues de courts récits, des poèmes et des pièces de théâtre. Son domaine de prédilection est la science-fiction et il insiste sur le pouvoir de la créativité.

En 2021, il a reçu le Chrysalis Award pour sa nouvelle The Little Girl That Knew Better, prix du jeune écrivain en fiction spéculative (pour le Luxembourg), avec Daliah Kentges (avec

qui il a déjà collaboré et qui signe la mise en scène), il en fait l’adaptation théâtrale. Le terme de fiction spéculative – qu’on trouve surtout en anglais – désigne de manière générique les fictions qui englobent qui s’écartent du réalisme ou imitent strictement la réalité quotidienne, présentant à la place des domaines fantastiques, surnaturels, futuristes ou dystopiques.

L’histoire s’inscrit dans l’univers des contes, de la littérature de l’imaginaire. Julie est une fillette passionnée par les abricots, des fruits juteux, doux, veloutés. Dans une forêt près de chez elle se trouve un abricotier immense, qui porte les plus beaux et les plus savoureux fruits qu’on puisse imaginer. Mais son père

lui a interdit de se rendre dans cette forêt, car, aux dires des villageois, la mort y rôde.

Pourtant Julie sait ce qu’elle veut et finit par l’obtenir et surtout sa gourmandise la motive. En cachette, elle se met à la recherche de l’abricotier et le découvre. Des abricots… une merveille, une délicatesse ! Elle a donc eu raison de se mettre à la recherche du fruit fabuleux. Puis, elle entend un léger bruit et voit surgir un merveilleux bonhomme qui dépasse toutes ses attentes. Julie se voit alors confrontée à des épreuves, mais elle n’abandonne pas. La vie réelle se heurte au monde surréel, l’harmonie semble hors d’atteinte. Mais entre les deux cotés – l’univers féérique étant présent par le

petit bonhomme et sa mère aux pouvoirs surnaturels – l’attirance existe.

The Little Girl That Knew Better se réfère au schéma narratif du conte : une situation initiale stable, un élément perturbateur avec la transgression de l’interdit, des péripéties diverses, puis un dénouement, une situation finale ; ici les héros sont heureux.

Le schéma du conte est clair, la mise en scène de Daliah Kentges le met en évidence efficacement, avec quelques trouvailles et avec la complicité de la scénographe Anouk Schiltz (qui crée aussi les costumes significatifs) : sur le plateau s’épanouissent les branches d’un grand abricotier dont les fruits se répandent jusqu’aux pieds des spectateurs. S ous l’arbre miraculeux se dresse, comme une statue, une somptueuse robe dans laquelle se glisse parfois la mère toute-puissante du bonhomme, incarnée souverainement par Mady Durrer, qui assume aussi le rôle de conteuse. Les divers tableaux, dont certains sont accompagnés de la musique d’Arthur Possing, baignent dans une douce lumière, ponctuée de plages sombres, les lumières étant signées Antoine Colla.

Les deux comédiens, l’entreprenante Julie – Magaly Teixeira, en jolie robe, parfois vive, parfois plus retenue – et le bonhomme de la forêt, naïf et attachant – Luc Lamesch, en vêtements en loques, avec un naturel désarmant – incarnent bien ces deux enfants qui se découvrent.

The Little Girl That Knew Better, un spectacle qui par divers aspects, fait découvrir l’univers du conte et y prendre plaisir. p

Créée en luxembourgeois et en français au Théâtre du Centaure, la coproduction sera reprise en luxembourgeois le 12 mai au Kulturhaus Niederanven et en français le 8 juin au Kinneksbond Centre Culturel Mamer

Sechs Streicher

Im Mai findet zum dritten Mal das Luxembourg Guitar Festival (LGF) statt. Es ist ausschließlich der klassischen Gitarre gewidmet und führt unter anderem im Programm ein Konzert des Gitarristen Pablo Márquez aus Argentinien. Das vom 10. bis

13. Mai stattfindende Festival bietet darüber hinaus Vorträge und Weiterbildungskurse an sowie eine Gitarrenausstellung. Etwa 200 Gitarristen und 12 000 Gästen besuchten bisher die beiden Ausgaben des LGF. Die pädagogische Ausrichtung des Festivals wird durch den nationalen Jugendwettbewerb vertieft, der im Rahmen des diesjährigen Festivals erneut auf dem Programm steht. Daneben werden aber auch internationale und bereits etablierte Gitarristen ausgezeichnet. Der BelgoÄgypter Hany Heshmat und der in Kroatien geborene Josip Dragnić haben das Programm zusammengestellt. Beide lehren das Gitarrenspiel am Musikkonservatorium in Luxemburg-Stadt. SM

PERFORMANCE

Les Origines taguées

Deborah De Robertis fait reparler d’elle. L’artiste luxembourgeoise a revendiqué l’organisation de « l’action artistique » qui a agité le Centre PompidouMetz lundi dernier. L’Origine du monde, célèbre nu de Gustave Courbet, a été tagué à la peinture rouge avec les mots « MeToo ». La toile est actuellement présentée à Metz dans le cadre d’une exposition consacrée à Jacques Lacan, l’un de ses plus célèbres propriétaires. L’œuvre « était protégée par une vitre », a précisé le musée. Les « performeuses » Eva Vocz et Laure Pépin ont été placées en garde à vue mardi. Leur avocate estime qu’il « faut entendre ce geste comme un cri qui interpelle la ministre de la Culture sur les violences sexuelles subies par nombre de femmes dans l’industrie artistique ».

Plusieurs autres œuvres ont subi le même sort, dont Miroir de l’origine, photographie témoignant de la première performance qui avait mis Deborah De Robertis sous les feux de la rampe : En 2014, elle avait posé devant le même tableau au musée d’Orsay, écartant les jambes et exhibant son sexe ouvert. Deborah De Robertis explique qu’elle dénonce les positions de pouvoir des hommes dans l’art où les femmes sont réduites au rang de modèles passifs. Mais dans le cas de l’exposition au Centre Pompidou-Metz, il en va aussi d’un règlement de comptes personnel. Quand sa photo avait d’abord été refusée pour l’exposition Lacan, Deborah De Robertis a visé Bernard Marcadé, le curateur de l’expo, estimant faire les frais d’un « choix qui n’est pas impartial. » Cette fois, elle poste sur Instagram une vidéo qui date d’une quinzaine d’années qui laisse peu de doute sur la nature sa relation avec le commissaire

de l’exposition. Alors qu’il lui demande une fellation, on aperçoit sur le mur de la chambre la broderie d’Annette Messager, intitulée « Je pense, donc je suce ». Cette broderie a été volée au Centre Pompidou-Metz en même temps que l’action de peinture. Deborah De Robertis justifie « Je me suis réapproprié la pièce d’Annette Messager dont le propriétaire est le curateur de l’exposition. Je considère que cette œuvre est la mienne. Il me la doit. » FC

ESPACE PUBLIC

Adieu aux colonnes

À Paris, on les appelle les colonnes Morris, du nom de l’imprimeur à qui une concession publicitaire avait été octroyée en 1868. À Luxembourg, elles ont été longtemps les colonnes Benoy, en référence à Maurice Benoy, qui avait imité l’affichage parisien,

avant d’être reprises par JC Decaux en 2013. Dans une question au Collège échevinal, le petit-fils du publicitaire, François Benoy (Déi Gréng) s’est inquiété de la disparition de ces espaces réservés aux informations culturelles. Le contrat d’exploitation est arrivé à échéance et, lundi, la bourgmestre a confirmé qu’il ne serait pas renouvelé. En raison du prix élevé de cette publicité, notamment à cause de format spécifique des affiches, les colonnes n’intéressaient que peu les acteurs culturels. La redevance « proportionnelle au chiffre d’affaires » n’a d’ailleurs rapporté que 16 000 euros par an à la Ville, détaillait Lydie Polfer. Elle a également annoncé que les services de la culture et de la communication planchent sur un modèle d’annonces numériques « qui pourrait être diffusées dans les quartiers et bénéficier aux clubs et associations ». Une phase de test est prévue prochainement. FC

18 10.05.2024 FEUILLETON
MUSIK Magaly Teixeira et Luc Lamesch jouent des enfants Bohumil Kostohryz

Them Light dans la lumière

Le 5 novembre 2022, dans ces mêmes pages, nous présentions Sacha Hanlet (et son projet Them Lights), artiste-associé de la Kulturfabrik ; un statut qui devait lui permettre, durant trois ans, de s’adonner corps et âme à sa passion tout en étant rémunéré et avec une liberté quasi totale. Ce soir-là, il fêtait la fin de sa première année avec un concert de toute beauté. La semaine passée, il remettait ça pour, cette fois, clôturer définitivement sa résidence. L’occasion de faire le bilan de cette expérience avec lui.

« Le sentiment que j’ai là tout de suite ? Un peu triste, à vrai dire. Triste que tout se termine mais en même temps super fier de ce qu’on a fait. Franchement, ces trois ans sont passés tellement vite que si tu me disais que ça n’a duré qu’un an, je te croirais ! ». Sacha Hanlet a raison : trois ans, c’est beaucoup et tellement peu à la fois. Surtout lorsque, comme lui, on a une telle soif de création. Parce que, rappelons-le, au début de la résidence, il remettait les compteurs à zéro et offrait une seconde vie à son projet Them Lights.

Il en profite pour nous rappeler les rôles des trois partenaires en présence : la Kuturfabrik, pour toute la partie logistique (mise à disposition d’espace de répétition et de création et, bien entendu, la grande salle pour ce qui est du concert de ce soir), Kultur:LX pour la gestion des contacts, positionnement de l’artiste dans des festivals showcases et networking international et le Rocklab pour la partie coaching, notamment scénique mais aussi l’organisation de cours de chants et de piano et le networking.

Aujourd’hui, Sacha n’est pas tout à fait le même qu’au début de la résidence, c’est évident. Il en a appris des choses en trois ans. Dont la plus importante pour lui est la collaboration. « En fait, j e connaissais déjà la collaboration avec un groupe, mais je ne connaissais pas la collaboration synonyme de « tu peux choisir avec qui travailler ». Ça, c’était nouveau pour moi. Et j’en ai profité à fond ! J’ai aussi appris à être plus moimême, à me laisser me sentir vulnérable. Tout ça m’a finalement permis d’amener un peu d’humanité dans un projet finalement très électro et très ‘machine’ ».

La chronologie de la résidence était assez bien ficelée. La première année était consacrée à la recherche d’une identité musicale ainsi qu’à l’écriture des morceaux. À la question de savoir combien de morceaux il a écrit, il sourit et avoue avoir aujourd’hui du matériel pour plusieurs albums. « J’ai fait un nombre incalculable de démos… dont la plupart ne verront jamais le jour. Mais, j’ai déjà mon prochain EP qui est prêt. Là, tout de suite en sortant de la résidence ! » La deuxième étape était la construction du live avec tout ce que cela comprend : le son, les lumières, la vidéo… mais aussi la présentation sur scène et la façon de bâtir un concert digne de ce nom. Avec le risque que ce soit trop bien construit et ne laisse pas de place à l’improvisation ? Il répond : « Le « trop bien », ça n’existe pas chez moi. Vraiment, je suis tellement exigeant avec moi-même que cette idée n’est jamais rentré en ligne de compte. Et ce fut même, à un moment, une sorte de piège car j’ai l’impression que ce que je fais n’est jamais assez bien. D’ailleurs, si ça n’avait tenu qu’à moi, j’aurais encore attendu avant de faire ce concert., Heureusement, il y a eu des gens pour me dire que c’était prêt depuis longtemps déjà. Tous ces avis externes ont vraiment été bénéfiques. Je savais qu’il fallait maintenant que je sorte et que je monte sur scène. Mais il y a eu des moments de doute où je me suis dit que j’allais tout arrêter et que je n’avais pas le talent ! »

« Mon conseil : Collaborer dans tous les sens avec le plus de personnes possible »

Sacha Hanlet

On en vient à se demander à quoi ressemblerait Them Lights s’il n’avait pas fait cette résidence. Il réfléchit un bon moment avant de répondre : « Je n’y ai jamais pensé… mais ce qui est sûr, c’est que je ne serai pas là où je suis aujourd’hui. Cette résidence m’a offert une liberté totale et m’a permis de vraiment m’améliorer à plein de niveaux. J’ai repris des cours de chant et de piano. Si j’étais resté tout seul, je n’aurais définitivement pas eu toutes ces opportunités. »

Pense-t-il alors qu’il y ait des choses à encore améliorer à la formule ? Sa réponse est nette : « Je ne vois pas comment on aurait pu faire mieux. Tout avait finalement été bien planifié, notamment lors de réunions avec les partenaires. Et puis, j’ai aussi eu cette grande chance de pouvoir me tromper sur certaines choses… et avoir le temps de me remettre en question, recommencer autrement et améliorer les choses. Aujourd’hui, je me sens totalement prêt à défendre ce projet pour l’amener

au stade suivant. Si demain, un artiste vient me voir en me demandant un conseil avant une résidence de trois ans, je lui dirais simplement de réfléchir à ce qu’il veut, ce qu’il sent, au plus profond de lui-même. Ensuite, je lui dirais, surtout si c’est un musicien, de collaborer dans tous les sens et avec un maximum de personnes ! »

On termine la discussion en lui demandant ce qui a le plus changé en vingt ans dans la musique au Luxembourg parce que oui, ça fait plus de vingt ans qu’il vit dans ce milieu. « Beaucoup de choses ont changé : l’état d’esprit a changé, la confiance chez les jeunes musiciens a changée, le professionnalisme a changé et la diversité musicale s’est fortement épanouie. Et tout ça, c’est le travail acharné de plein de gens qui, pendant toutes ces années, se sont battus pour que ça évolue. »

Concert calé au décibel prêt

On en arrive au soir du concert pour voir l’enfant prodige (re)monter sur scène avec la promesse d’une soirée énorme et d’un show visuel impressionnant qui, pourtant, autant le dire d’emblée, nous laissera un peu sur notre faim du point de vue visuel.

Maehila débute la soirée avec un set carré et un style pas si éloigné de l’univers de Them Lights mais au féminin. Le show est sexy, intense mais manque, paradoxalement, d’un peu de chaleur. L’envie semble en tout cas être là. À revoir donc prochainement. Napoléon Gold monte ensuite

sur scène. Un choix un peu étrange vu le peu d’actualité le concernant, mais un choix venant du cœur, les deux artistes se connaissant depuis près de deux décennies. Pour ce retour sur scène, Napoléon Gold a dépoussiéré son set et c’est plutôt une bonne nouvelle. Plus organique et plus rock qu’auparavant, le choix s’avère finalement payant. Bien vu !

Il est passé 22 heures quand Them Lights débute son set qui ressemble quand même beaucoup à ce qu’on avait vu il y a deux ans et demi. Même disposition scénique, même ambiance sombre et gothique, un jeu de lumières bien étudié, pertinent, mais assez loin de ce que l’on nous avait promis… ou de ce que l’on nous avait fait imaginer. La faute, peut-être, à une communication un peu immodeste de la part des partenaires. Heureusement, musicalement, c’est très réussi ! Calé au décibel prêt, le set envoie du lourd. Et si on a un peu perdu en groove, on a assurément gagné en intensité, c’est certain. Côté public, c’est du « gagné d’avance ». Them Lights jouant en terrain connu et devant un parterre tout acquis à sa cause. Pas de véritable surprise ce soir si ce n’est la présence, en rappel, de l’électron libre Maz comme invité. Après une bonne heure de set qui aura notamment permis d’entendre quelques nouveaux morceaux, le concert se termine et l’on se dit que, cette fois c’est certain, le garçon est prêt pour la grande aventure. C’est définitivement gagné d’un point de vue national, aux partenaires maintenant de s’activer pour faire décoller la fusée Them Lights à l’international. On croise les doigts… p

19 10.05.2024 RUBRIK RUBRIK FEUILLETON
Max Nilles Un public acquis... et conquis

Être seul ensemble

Processions et marathons

Le XXIe siècle sera spirituel ou ne sera pas, disait à peu près Malraux. Spi-rituel même, ajouterais-je, en contemplant le spectacle rituel qui se joue, cette semaine, dans les rues de la ville. En moins de sept jours, les fidèles s’en offrent même deux pour le prix d’un. Dimanche 5 mai, les marathoniens de la foi se sont retrouvés pour la Procession Finale de l’Octave, demain les pèlerins du marathon leur donneront la réplique. Et, cerise sur l’hostie, la communauté portugaise a complété, pas plus tard qu’hier, cette sainte trinité en organisant son pèlerinage annuel à Wiltz, en l’honneur de Fatima.

Si Dieu est mort, force est de constater qu’il a, sinon de beaux, du moins de gros restes, à l’image de ces prélats rabelaisiens qui exhibaient dimanche, d’autel en ruelle, l’effigie de la Consolatrice des Affligés. Et ne dit-on pas que l’Éternel a organisé d’ores et déjà sa succession avec un tout nouveau testament qui fait du sport, plus encore que de l’argent, son successeur ? Après le judaïsme, le christianisme et l’islam, le sport est quasiment devenu le quatrième monothéisme avec sa nouvelle Trinité : Dieu le Père et ses 100 mètres, le Saint-Esprit et ses 100 mètres haies, le Fils et son marathon. Et puis, bien sûr, toute la ribambelle des saints bénissant les autres disciplines sportives.

À vrai dire, il y a autant de parallèles que de différences entre la marche des pèlerins et la course des marathoniens. Face aux fastes de notre époque postmoderne, les uns comme les autres cherchent une sorte d’ascèse, de discipline à la fois physique et psychique. Pour cela, les premiers sortent tout juste du carême, alors que les seconds continuent à sacrifier au régime. Les marcheurs gardent, tout en priant, toujours au moins un pied sur terre, alors que les coureurs se retrouvent régulièrement les deux pieds en l’air. Ils évoluent ainsi entre ciel et terre, un peu comme le philosophe de Descartes qui plane entre deux eaux.

Car il y a du philosophe dans le coureur qui connaît son Héraclite sur le bout des orteils : tout en retrouvant par cœur les moindres recoins du Bambësch, il sait bien qu’il ne court jamais dans la même forêt. Et les 42,125 kilomètres ne sont pas les mêmes à Luxembourg, Athènes, New York ou Paris. Pascal, le plus chrétien des philosophes, inspire les pèlerins aussi bien que les marathoniens dont « tout le malheur vient d’une seule chose, qui est de ne pas savoir demeurer au repos, dans une chambre. » Cette angoisse de se retrouver seul devant la finitude du moi face à l’infini de l’univers n’est sup-

Quand le premier rencontre Dieu, le second rencontre son corps, ce corps que la religion diabolise quand le sport le sacralise

portable, pour Pascal, qu’en cherchant refuge dans le divertissement. Divertissement du marathonien au beau milieu de la fête populaire, divertissement du pèlerin qui se plaint de ne pas trouver son Mäertchen à l’endroit habituel. La société du spectacle chère à Guy Debord sévit des deux côtés, tout comme les circenses avec leurs ravis et leurs hosties. Divertissement, cependant, ne veut pas forcément dire plaisir. La souffrance, librement (?) choisie, divertit-elle aussi de l’insoutenable poids de l’être. La douleur peut être source de jouissance, mystiques, pèlerins et marathoniens (qui peuvent parfois être les mêmes) le savent bien. Mais avant qu’elle ne devienne insupportable, le cerveau du marathonien produit les endorphines, source de plaisir à l’image de l’opium dont est fait la religion du peuple, dixit Karl Marx. Au bout de ses forces, le coureur cherche son souffle et le pèlerin trouve son esprit saint. Les uns comme les autres, avant d’être à bout, sont au bout, au but, cathédrale pour les uns, Coque pour les autres. D’aucuns qualifient d’ailleurs le stade comme la nouvelle Mecque, ce stade où on communie aujourd’hui comme dans une cathédrale, alors que la basilique tend à se vider comme la tribune du Fola.

Freud a comparé la religion à une névrose obsessionnelle où les rites sont censés apaiser l’angoisse existentielle (Die Zukunft einer Illusion, 1927). Pour cela, le rituel fait appel à la répétition, et rien n’est plus répétitif, en effet, que la messe, qu’il s’agisse de la grande messe du dimanche ou de la grande messe des sports. Processions et marathons se répètent tous les ans, voire tous les jours pour le marathon, sur les cinq continents. La langue aussi se répète : il y a belle lurette que La Tour de Babel s’est écroulée, et les mots aujourd’hui sont souvent les mêmes, chez les bigots de la procession comme chez les laïcs de la course. On demande au curé d’être le coach de la foi et à l’entraîneur d’être le berger de son équipe. Et jusqu’aux journalistes qui écrivent que le cycliste Alaphilippe est grand et que Nadal crucifie Federer. Même mots, même but ? Il est bien vrai que les uns comme les autres cherchent leur salut dans la décélération et la décroissance d’une société qui court à toute vitesse derrière la croissance. Car il ne faut pas se tromper, le marathonien célèbre lui aussi le slow mood : le plus rapide gagne le 100 mètres, le moins lent remporte le marathon. La tortue se hâte avec lenteur.

La marche du pèlerin, de même que la course du sportif, sont avant tout un cheminement vers soi-même. Cheminement transcendantal pour le premier, cheminement immanent pour le second. Quand le premier rencontre Dieu, le second rencontre son corps, ce corps que la religion diabolise quand le sport le sacralise. Le bigot sacrifie le corps et ses pulsions, le marathonien les sanctifie. Mais le religieux, dans l’holocauste, sacrifie le corps de l’autre, alors que dans le marathon, on sacrifie son propre corps. Pour la plus grande gloire de Dieu chez les uns, pour la plus grande gloire de l’ego chez les autres. En frottant son ego à son corps, le marathonien veut aller au bout des limites de l’un et de l’autre. C omme le pèlerin, il veut faire échapper son moi de son enveloppe corporelle, de sa prison. Platon, le premier des bigots, ne disait-il pas que le corps (soma) n’est qu’une prison (sema) ? Hors de cette prison se trouve, au choix, le paradis ou le podium. Et on aura réussi sa vie, non pas en arborant à cinquante ans une Rolex au poignet, mais en ayant fait son hajj ou accompli son « Boston ». Dans cette fuite du moi hors de la prison corporelle, paradoxalement, il vaut mieux être accompagné. Voilà pourquoi on cherche la compagnie de la foule : la masse de la procession, la meute du marathon. Dans la masse l’individu se fond dans l’ensemble, dans la meute il surnage. Bref, il vaut mieux être ensemble pour être seul. L’enfer, ce n’est pas toujours les autres.

Quand le pèlerin pense et prie avec ses pieds, le marathonien prend son pied en priant l’effort. Les deux se retrouvent ainsi dans une même transe, rythmée par les nœuds du chapelet comme par les kilomètres du bitume. Et la chanson n’a plus qu’à chanter sa litanie : Un kilomètre à pied, ça use, ça use, deux kilomètres à pied, ça use la raison ! Amen ! p

20 10.05.2024 FEUILLETON
Gilles Kayser La procession finale de l’Octave, dimanche dernier

Bis zur Hüfte im Rindenmulch

Ech sinn um Enn vun deem, wat ass, ein Text von Samuel Hamen, gelesen von Jeanne Werner im TNL unterhält auf hohem Niveau, ohne wehzutun

Kaum ein luxemburgischer Autor hat derzeit ein so sicheres Händchen für Erfolg wie er. Soeben hat Samuel Hamen den begehrten Servais-Preis für seinen flirrenden dystopischen Roman Wie die Fliegen (diaphanes) verliehen bekommen, was angesichts der Nominierungen und seiner ausgeklügelten Geschichte – vom Genre irgendwo zwischen Kafkas Die Verwandlung und Detektivroman im Anthropozän – keine allzu große Überraschung war. Bereits 2020 erhielt er für seinen Erzählband Zeeechen (Éditions Guy Binsfeld) zusammen mit Marc Angel (Zeichnungen) den Lëtzebuerger Buchpräis. Auch das Weihnachtsmärchen im Grand Théâtre De Geescht oder D’Mumm Séis stammte in dieser Spielzeit aus seiner Feder. Mittlerweile ist Samuel Hamen zudem bereits das zweite Jahr in Folge auteur en résidence am TNL.

Die Erwartungen an ihn sind angesichts dieser Erfolgswelle hoch. Der Auftakt seines Textes „Ech ka mir virstellen, datt et héich Erwaardunge gëtt“, ist somit nicht nur programmatisch zu verstehen, sondern durchaus mehrdeutig. Wenn auch Alter Ego des Autors und fiktiver Text zwei Paar Schuhe sind und keine Frage Autor/innen so sehr nervt wie die danach, wie viel von ihnen selbst in ihren Werken steckt.

Politische Ausgewogenheit zieht sich von je her durch Hamens Texte; auch deshalb war sein Roman Wie die Fliegen so fantastisch. Er sprengte darin Konventionen und verschrieb sich keinerlei Kanon. In der Lesung im TNL heißt es: „Ech ka mir net virstellen, deenen Erwaardunge gerecht ze ginn, net well ech kokett oder anti-anti wëll sinn; ech wëll net ëffentlech scheiteren, als Stunt oder als Performance. Och hunn ech näischt Béises oder Perfides oder Zynesches wëlles.“

Ech sinn um Enn vun deem, wat ass ist eine Auftragsarbeit für das TNL des freien Schriftstellers und Publizisten, der zwischen Diekirch und Heidelberg lebt und wirkt. Es ist eine Lesung, kein Monodrama. „E Monolog iwwer d‘Virstellungskraaft“ lautet der Untertitel, der Vorstellungskraft in Zeiten von Krisen, wird im Programmheft erläutert. Wobei Krise mittlerweile zum geflügelten Wort geworden ist, unter dem politische Umbrüche, Rechtsruck, Pandemien, Klimawandel und Kriege gleichermaßen subsummiert werden.

Der Text umkreist die Möglichkeiten in einer Gesellschaft, die einen angesichts ihres Wohlstands und der damit verbundenen Erwartungen, Statussymbole und Codes einengt, ja förmlich den Hals zuschnürt; aber auch das Potenzial von Sprache und Kunst, um sich etwas Neues und Anderes auszudenken.

„Angscht a Redundanz, Middegkeet a Larmoyanz“, so wird der Ausgangszustand der Erzählfigur auf den Punkt gebracht.

Samuel Hamens Texte richten sich gewiss eher an eine gehobene Mittelschicht, das akademische Milieu, und gehen das Risiko ein, etwas elitär abzuschrecken. Auf der anderen Seite gibt es in Luxemburg kaum einen Autor, der auf eine so kluge Weise über den Tellerrand zu blicken vermag und im Luxemburgischen und im Deutschen sprachlich so versiert und kreativ unterwegs ist wie Hamen.

Den etwa einstündigen Text trägt die Schauspielerin Jeanne Werner im TNL nuanciert vor. Auf einem viereckigen Stück Vorgarten versinkt sie förmlich im Rindenmulch, den Holzspänen, Chiffre für die akkurate Gartenpflege am Einfamilienhaus. – Eine zarte Gestalt, die sich mit Worten dagegen wehrt, den vorgezeichneten Weg zu gehen, der angesichts ihres Umfeldes doch alternativlos scheint. Das Publikum sitzt an Tischen auf der Bühne, so dass die Distanz zum Geschehen aufgehoben ist: Wir sitzen im Theater und doch auch nicht. Wir sitzen auf der Bühne und doch mitten in der Luxemburger Realität.

Ech sinn um Enn, vun deem, wat ass ist auch eine kritisch-ironische Selbstreflexion. So antwortet der Ich-Erzähler als Heranwachsender auf die Frage des Patenonkels, wo er seine Zukunft sieht, weitsichtig und fast schon autistisch-verkopft: „Am Rindenmulch.“ Die Kleinfamilie mit wohlgeordneten Verhältnissen ist vorgezeichnet und erscheint dem Jungen als Fatalismus. Der Traum von einem Haselnuss-

strauch in der nördlich temperierten Klimazone erscheint da schon als heroischer Ausbruch.

Mitunter liefert der Autor eine prägnante Kritik am Wohlstandsmodell des Luxemburger Mittelstands: „Vill Leit bezuele vill Fric, fir an esou engem Virgäertchen an dësem Q u artier vun der Stad stoen ze kënnen. Se nennen deen Invest Fräiheet oder Liewensdram oder Paradäis oder Traditioun oder Sécherheet oder Noutwennegkeet oder Statussymbol oder Wonschbesëtz oder Altersgarantie oder Finanzobjet oder Doheem. A mengem Kapp sinn déi Wierder blatzeg ginn. Ech gesi se ëmmer manner gutt, hir Kontur, hir Faarwen, hir Déift; alles léisst no.“

Neben etwas abgegriffenen Symbolen, wie dem Luxair-Ticket oder den Plätzchen von Oberweis, spinnt Hamen seine eigenen Metaphern, um den Mief zu beschreiben, und macht auf ironische Weise greifbar, wie erdrückend Spießigkeit sein kann. – Und dies fast ohne in die Sozialneidfalle zu tappen.

Rachefantasien wie die, eine betuchte Frau plattzutreten wie eine fette Kröte, nachdem diese sich mit Blick in den Kinderwagen darüber freut und feixt, dass das Kind ein Junge

ist, denn Soldaten werde das Land bald brauchen, sind allzu dankbar. Gleichwohl wird in dem kurzen Stück klar: „It doesn’t have to be the way it is!“ Der sichere Luxemburger Weg ist kein Fatalismus. Es gibt Auswege, Alternativen zum trauten Eigenheim mit gepflegtem Vorgarten, SUV und dem Shopping bei Einkaufsketten wie Max Mara in der Groussgaass Auch wenn die Versuchung, sich in einen flauschigen Kamelhaarmantel zu hüllen, am Ende groß ist.

Ech sinn um Enn vun deem, wat ass ist ein ausgefeilter, präziser und sprachlich kreativ-gewitzter Text. Vorgetragen von Jeanne Werner vermag der Monolog die Zuschauer/innen mitzureißen. Für eine scharfe Sozialkritik fehlt es jedoch etwas an Biss, Radikalität und letztlich vermutlich an der unmittelbaren Wut im Bauch. Vielleicht ist es Hamens leicht resignativer Realismus, denn die Alternativen liegen eigentlich nahe – und sind doch so fern. p

Ech sinn um Enn vun deem wat ass. Text: Samuel Hamen. Lesung. Szenerie: Frank Hoffmann. Beleuchtung: Daniel Sestak, Assistenz: Stella Riolino. Mit: Jeanne Werner. Eine Produktion des Théâtre National du Luxembourg

Luxembourg Museum Days 2020 www.luxembourgmuseumdays.lu from 10:00 to 18:00 16& 17.05

Luxembourg Museum Days 2021 Programme and information on luxembourgmuseumdays.lu 15& free16.05 fromadmission 10:00 to 18:00

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Luxembourg Museum Days 2024 18& 19.05 10:00 - 18:00 free entry

Luxembourg Museum Days www.luxembourgmuseumdays.lu #lumudays open doors weekend

Luxembourg Museum Days 2019 www.luxembourgmuseumdays.lu from 10:00 to 18:00 19.0518&

Luxembourg Museum Days 2023 20& 10:0021.05 -18:00 free entry

19 & 20 may

open doors weekend #lumudays

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21 10.05.2024 FEUILLETON Tin of milk flour for babies, Luxembourg, circa 1960 © Les 2 Musées de la Ville de Luxembourg an de musée
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EINE PLATONISCHE APOKRYPHE DER KRITIK, BEHUTSAM MODERNISIERT (1/3)

Kritik: Die Daumenkrankheit

aTom Haas, Don John und Marc Trappendreher

Dem Politiker ist er Dissident, dem Künstler ein Neider, dem Aktivisten schlicht ein Feind: Der Kritiker steht im öffentlichen Diskurs zusehends isoliert. Dabei ist Kritik kein Luxusgut, sondern Grundbedingung für Erkenntnis. Sagen zumindest diese drei Kritiker. Dabei sind sie sich nicht einmal einig, was Kritik eigentlich ist. Eine dialogische Erkundung

Tom Haas: Sind wir eigentlich überflüssig, wir Kritiker? In Deutschland wurden Kollegen von Intendanten mit Hundekot beworfen, in den USA wird die Redaktion von Pitchfork eingestampft und auf Youtube nennt sich jeder Kritiker, der drei Sätze fehlerfrei aneinanderreihen kann. Wer braucht uns noch?

Don John: Falls wir Kritiker überflüssig geworden sind - wieso uns dann überhaupt noch mit Hundekot bewerfen? Ich habe viel eher den Eindruck, Kritik befände sich heute in einem dialektischen Zwischenraum. Zw ischen maßloser Selbstüberschätzung und einem Demokratisierungsprozess, in dem jeder, der es vermag, einen Facebook-Thumb zu posten, zum (selbsternannten) Kritiker wird. Zwischen dieser übertriebenen Wahrnehmung und dem Verfall in die totale Belanglosigkeit riskiert das Wörtchen Kritik auf einmal, alles und rein gar nichts zu bezeichnen. Vielleicht muss der Begriff geschärft oder zumindest hinterfragt werden?

Marc Trappendreher: Sollten wir dann mit einer groben Definition des Begriffs beginnen?

T. H.: Marc, wir schreiben keinen wissenschaftlichen Aufsatz!

M. T.: Aber dann legen wir uns keine Basis, oder? Zumindest eine etymologische Exkursion?

D. J.: Überlassen wir das lieber Jean Portante und seinem Wuert vun der Woch

T. H.: Wenn wir eine Definition hätten, wäre das Nachdenken über Kritik ja bereits eingezäunt. Das wollen wir doch vermeiden. Für mich zum Beispiel ist Kritik immer eine gewisse Anmaßung. Sie muss sich anmaßen, etwas zu beurteilen - auch etwas, das sie nicht vollständig durchdrungen hat. Der von Don erwähnte dialektische Zwischenraum ist eigentlich ein wunderbarer Or t, weil er dem Kritiker eine Bewegungsfreiheit im Denken verschafft, die ohne ideologischen Anker funktionieren kann. Und ich glaube, dass diese Nicht-Verortung das ist, was sowohl den Lesern als auch den Künstlern - und vielleicht auch dem Kritiker selbst - ein mulmiges Gefühl in den Bauch pflanzt. Anmaßend, unvollständig und unverortbar agiert sie als Puzzlestück, welches die Wahrnehmung eines Werkes erweitert - aus teilweisen überraschenden Blickwinkeln.

„Die Informations- und Serviceleistung verleihen der Kritik, besonders im Internet, den Charakter einer Dienstleistung“ Marc Trappendreher

22 10.05.2024 FEUILLETON
Charl Vinz

M. T.: Mit dieser Vielzahl an heute gängigen Blickwinkeln ist auch eine generelle Verlagerung des kritischen Diskurses zu beobachten: Durch neue Medien haben sich die Erwartungen an Kritik maßgeblich verändert. Die Informations- und Serviceleistung verleihen der Kritik, besonders im Internet, den Charakter einer Dienstleistung. Die Analyse als Methode hin zur Werkinterpretation, die ästhetische Phänomene aufschlüsselt und verständlich macht, rückt in den Hintergrund. Kr itik als eigenständige künstlerische Disziplin, die den Erlebnisraum eines Kunstwerks über das Buch, die Theaterbühne, die Leinwand hinaus erweitert, gerät in Vergessenheit. Die Kritik sollte idealtypischerweise in der Lage sein, einen Medientransfer zu leisten. Sie sollte eine Übersetzungsleistung in Form ess ayistisch geprägter Texte anstreben, das Erlebnis des Kunstwerks in die Kritik hinein verlagernd und erweiternd. Demgegenüber steht die Krankheit der Sternchen und Daumen, eines zwanghaften, nicht definierten, normativen Bewertens, das der reinen oberflächlichen Orientierung dient, der Spiegelung einer groben Tendenz.

D. J.: Interessanterweise ist es die von dir erwähnte Sternchen- oder Daumenkrankheit, die zum diskriminatorischen Faktor wird, bzw. es erlaubt, die Selbsteinschätzung des Feuilletons oder des Magazins zu b estimmen. Weder die Spex noch die Cahiers du cinéma h ätten sich je dazu herabgelassen, Filme oder Platten mit Sternchen zu versehen. Ich muss zugeben, dass ich Peter Bradshaws Filmkritiken im Guardian vielleicht auch deswegen so wahnsinnig überbewertet finde, weil er sich meiner Meinung nach zu sehr auf seine Sternchen verlässt und dabei manchmal vergisst zu begründen, wieso er einen Film nicht empfiehlt. Dass das Wort in Filmrezensionen mittlerweile auf ein Filmrating zurückgreift, könnte ein Hinweis auf das eigene Selbstverständnis sein: Dienstleistung kommt vor dem Aufschlüsseln der formalen Eigenart des Werks, vor der Ausweitung seiner Erlebnisräume, vor der tiefgründigen Analyse.

T. H.: Kritik ist aber auch eine Dienstleistung. Nicht jeder Mensch, der ins Kino geht, ein Konzert besucht oder ein Buch liest, will dieses Werk intellektuell, ästhetisch oder emotional durchdringen. Adornos These der Ku lturindustrie schließt die Kritik mit ein. Wir kritisieren Kulturwaren und unsere Kritik ist letztlich auch ein Produkt, eine Ware oder eben eine Dienstleistung. Ein Kritiker, der glaubt, durch die Qualität seiner Expertise dem Werk etwas hinzuzufügen, der schreibt am Ende nur für sich selbst. Nicht, dass ich das verurteilen würde - die Freude an der Auseinandersetzung mit Kunst ist natürlich bereichernd. Aber es ist nicht die einzige Art, Kritik zu üben. Kritik darf auch oberflächlich sein, sie darf sogar der Unterhaltung dienen. Deswegen würde ich nicht von einer “Krankheit der Sternchen und Däumchen” reden - es ist einfach nur eine andere Art, sich einem Werk zu nähern, die auch ihre Leser und Hörer findet. Und wenn ein Musikmagazin wie Pitchfork eines gezeigt hat, dann ja wohl, dass die numerische Bewertung von und das intelligente Schreiben über Kunst auch perfekt zusammen funktionieren können.

D. J.: Teilweise einverstanden. Bei Pitchfork erscheint mir der Zusammenhang zwischen einer Bewertung und der Kritik sehr oft unschlüssig: Wieso die neue Platte von Iron and Wine 7.7 von 10 Punkten, das neue Album von St. Vincent 7.8 bekommt, ist in seinem überspezifischen Versuch, einen Kausalnexus zw ischen Musik, Text und Zahl herzuleiten, fast wieder selbstentlarvend. Klar ist unsere Kritik auch ein P rodukt - wir leben halt in den Zeiten von Fishers Capitalist Realism: Es gibt nichts mehr, das kein Produkt ist. Und tatsächlich gibt es eine Reihe an Werken, die gar nicht intellektuell oder ästhetisch durchdringbar sind, weil sie schlicht und einfach als reines Konsumprodukt angelegt sind.

T. H.: Hey, Fisher zu zitieren ist mein Job! Ich muss doch auch intelligent wirken dürfen in diesem Text!

D. J.: Du hattest doch bereits Adorno! Sei nicht so gierig!

„Barthes hat einst den Tod des Autors ausgerufen, nur die Autoren weigern sich bis heute standhaft, den Löffel abzugeben“

Tom Haas

M. T.: Ich denke, grundsätzlich ist ein Nebeneinander des publizistischen Diskurses wünschenswert, sofern damit die Aufmerksamkeit auf das Kunstwerk geleitet wird. Den Reichtum der Diskussion gibt es nur, wenn sich die diversen Quellen nicht gegenseitig behindern oder ersetzen. Die ‘Sternchen und Däumchen’ sind in ihrer reduktionistischen Dimension dann ein Problem, wenn sie den analytischen und interpretatorischen Umgang mit Kunst überschreiben. Sie sind eine reine Dienstleistung die dem Kunstwerk als solches nicht gerecht werden kann.

T. H.: Toll, Marc wirkt auch intelligent, wenn er niemanden zitiert. Formulier das mal so, dass auch Nicht-Filmwissenschaftler dich verstehen!

M. T.: Däumchen sind unsinnig, wenn sie nur Däumchen sind. Formelhafte Phrasen sind unnötig.Wir brauchen auch textkritische Begleitung. Ohne diese bewegen sich verkürzende Einordnungen in den engen Grenzen einer hermetischen Blase und sind dann genauso belanglos wie das alltägliche Gespräch über das Wetter. Die Servicefunktion ersetzt interpretatorische Ansätze und die Sensibilisierung für die Ästhetik eines Kunstwerkes mit Fan- oder Halbwissen. Die Folge ist eine radikale Reduktion einer komplexen Kritik auf reine Gebrauchsformeln, die sich leerer Floskeln bedienen, die so nicht hinterfragbar, diskutierbar, streitbar sind.

D. J.: In der Reduktion von Kritik auf Gebrauchsformeln, in denen Begriffe wie “Mise en scène” ihrer Bedeutung leergesaugt werden, sehe ich den inhärenten Widerspruch dieses Demokratisierungsprozesses: Einerseits wird Umberto Ecos Enzyklopädie, früher ein Zeichen von Bildung und Wissen, heute als das Merkmal einer intellektuellen Elite gehandhabt, die in ihrer Blase an der marktwirtschaftlichen Realität vorbei diskutiert, andererseits wird sich aber einiger Schlagwörter bedient, die wie Didi-Hubermans Gespenstschrecke den kritischen Diskurs nachahmen, ohne aber mehr als das zu sein, was Roman Jakobson unter der phatischen Funktion der Sprache verstand. Der Begriff ist nur noch G eräusch, dient im besten Falle als Identitätsträger: Weil ich von “Mise en scène” rede, muss ich wohl geschulter Film- oder Theaterkritiker sein.

M. T.: Die Kritik als kulturtheoretische und ästhetische Disziplin - im engeren Sinn - muss die Kunst der Formulierung beherrschen, sie muss präzise Worte finden u n d übergreifende Beziehungen herstellen, die die Fachkompetenz und ein Vorwissen erkenntlich machen. Sie muss Denkkonzepte eröffnen, sie muss den Stellenwert eines Kunstwerkes in einem Œuvredes Kunstschaffenden einordnen können, in Relation zu diesem s etzen, aber auch darüber hinaus das Werk in einem historischen, politischen, kulturellen Kontext verorten. In diesem Sinne sind erwartungsgeprägte Kritiken gefährlich, wenn sich das Launische, das Situationistische, das Subjektivistische einschleicht.

D. J.: Die Herangehensweise an die Kritik auf Rezeptionsebene wie auf Produktionsebene ändert sich mit der Z eit, mit dem Format, mit dem Zeitgeist. Kritik ist

nicht gleich Kritik, und je mehr Bedeutungsschichten der Begriff kumuliert, desto unsinniger riskiert er zu werden. Im Bereich der deutschsprachigen gedruckten Musikkritik gab es vor circa zehn Jahren einen erheblichen Unterschied, ob man die Visions, den Musikexpress oder die Spex las. Die Selbstdefinition und Funktion der Kritiker variierte von Presseorgan zu Presseorgan - und die Erwartung des Lesers auch. Von der Visions holte ich mir musikalische Empfehlungen in Genres wie Postrock, Postmetal oder Noiserock, die Spex las ich vorerst wegen der tollen Artikel - dass sie meinen musikalischen Horizont erweitert hat, war erstmal zweitrangig.

T. H.: Vielleicht ist der Begriff auch überlebt, weil wir “Kritik” heute generell als etwas sehen, das wir abzuwehren versuchen. Eine “positive Kritik” ist in manchen O hren heute schon ein Oxymoron. Und ich glaube auch, dass diese Ausdärmung des Begriffs eine Begleiterscheinung der generellen Verflachung des Diskurses ist. Treten wir mal einen Schritt aus unserem Elfenbeinturm heraus: Differenzierung ist auch in der politischen Auseinandersetzung out. Und mit der zunehmenden Personalisierung politischer Positionen wird Kritik auch immer zu einem persönlichen Angriff. Man bedenke,wie indigniert Léon Gloden auf das Gedicht des Nationalbarden Serge Tonnar reagiert hat. Und wie genau dieser Serge Tonnar reagiert, wenn man seine kreativen Schöpfungen nicht für die Meisterwerke hält, die er zu erschaffen glaubt. Barthes hat einst den Tod des Autors ausgerufen, nur die Autoren weigern sich bis heute standhaft, den Löffel abzugeben. Sie werden im Gegenteil immer empfindlicher - und können das durch die Demokratisierung der medialen Kommunikation auch artikulieren. Wer sich früher über einen Ver riss beschweren wollte, musste einen Leserbrief schreiben, heute tut es ein Post auf Facebook. Dafür muss man nicht einmal mehr innehalten, Luft holen und nachdenken. Wie soll in dieser Gleichzeitigkeit, in der Kritik und wütende Antwort, Shitstorm und Vergleichsmaterial nur Klicks voneinander entfernt liegen, noch sowas wie Differenzierung gedeihen, geschweige denn ein Klima für kulturtheoretische Überlegungen entstehen?

D. J.: In dem von dir angesprochenen Prozess der Demokratisierung, der ja lobenswerterweise alteingesessene Hierarchien auszuhebeln vermag, geht nicht nur dies e Vielschichtigkeit, sondern auch Toms Idee der Anmaßung, die jedem Versuch innewohnt, etwas zu durchdringen, das sich diesem Durchdringungsprozess entziehen will, verloren. Ich erinnere mich an einen Kommilitonen, der nach dem Abspann von David Lynchs Inland Empire meinte, beim zweiten Durchlauf würde er den Film verstanden haben - als wäre Kritik ein Marathon und Lynchs Filmographie eine etwas komplizierte mathematische Gleichung, die man mit etwas Ausdauer und Geduld lösen könnte. Und ja, dem Ego des Kunstschaffenden sind heute kaum mehr Grenzen gesetzt, sodass sich die Vorwürfe der Kulturschaffenden, Kritiker würden selbst keine Kritik vertragen, schnell in einer kindlichen Endlosschleife egomanischer Projektionen verläuft. Der Verlierer dabei: Die Kritik als Kunstform.

T. H.: Also sind Kritiker heute nur noch intellektuelle Taschenspieler? Oder waren sie das vielleicht schon immer?

M. T.: Zumindest haben sich feste Bilder, etwa das des ‚Großkritikers‘, stark gewandelt oder sind ganz verschwunden. Die Vorstellung, dass ein Kritiker den Erfolg oder Misserfolg eines Werkes maßgeblich prägt oder bestimmt, ist Geschichte.

D. J.: Vielleicht war das Bild des Großkritikers ja auch eine Fiktion, die von ein paar (realen wie fiktionalen) Einzelfällen gespeist wurde. Und vielleicht könnte diese Entweihung der Kritik ja eine positive Seite haben, wenn es uns gelingt, die Gleichzeitigkeit von Kritik und Rezeption nicht nur für Shitstorms, wütende Antworten und persönliche Angriffe zu nutzen.

T. H.: Und wie das passieren könnte, erfahrt ihr in der nächsten Folge! p

23 10.05.2024 FEUILLETON

Marche ou Creff

aLoïc Millot

À la frénétique galerie PJ de Metz, les expositions défilent plus vite que le passage des saisons. Après Irina Gabiani, c’est au tour de Hervé Creff de rejoindre la constellation des artistes invités par Pierre Funes et Ji Sun Son, le couple fondateur de la galerie, avec une sélection d’œuvres récentes réunies pour une exposition malicieusement intitulée Terry Bored. Ou plutôt d’y revenir, puisque l’artiste installé dans la vallée de la Fensch y avait déjà fait, en 2020 et 2022, l’objet de deux belles expositions.

Né dans l’Algérie d’avant l’Indépendance, Hervé Creff a connu les tumultes de l’histoire française coloniale, et donc l’inquiétude familiale devant une situation politique pour le moins instable, avec son lot d’attentats, de confusions, de représailles. Issu d’une famille de paysans bretons, l’artiste a gardé, de ses origines pastorales, un attachement particulier à ces paysages encore non altérés par l’industrialisation. Sa peinture n’est cependant pas naturaliste, ni ne verse dans une quelconque nostalgie idéalisante.

Bien au contraire, Creff s’évertue à défaire toute forme de vraisemblance. De quelle façon ? À l’instar de Gérard Garouste et Philip Guston, auxquels sa peinture fait inévitablement songer, l’artiste lorrain s’empare de la figuration pour en prononcer le caractère plastique, se plaisant à y creuser des déformations, des dissemblances,

De nombreux tableaux revêtent une apparence étrange pour le spectateur

à y ménager des disproportions qui ne peuvent qu’étonner le spectateur. Un corps humain de petite taille peut supporter sans problème le poids d’une grosse tête, comme on peut le voir par exemple dans L’argent de la vieille (2024). Délestée de tout réalisme, la peinture ne souffre ici d’aucune contradiction. De leur côté, les coloris clament pareillement leur infidélité à l’ordre du réel, soit par excès, en recourant parfois à des tons acidulés, soit par défaut, en affirmant à l’inverse des tons sourds (noirs, gris, vert foncé, bleu nuit). De même, son travail sur la perspective participe d’une désorientation perceptive. Les lignes de fuite peuvent alors être trompeuses, ne menant à rien d’autre qu’à une forme d’errance du regard, comme c’est le cas dans ce tableautin intitulé À vot’bunker madame (2024) où il échafaude un escalier vers un lieu (le bunker en question) qui en prend la tangente.

Pareil usage distordu de la perspective traduit un certain sens de l’humour, ce que vient bien sûr appuyer son emploi récurrent des jeux de mots pour les titres de ses tableaux. On retrouve cet usage complexe de la perspective dans Va e via (2024), où un aqueduc aux arches obscures (en écho à De Chirico ?) s’enfonce dans une profondeur que viennent contredire des volumes adoptant d’autres vues perspectives (vues de dessus ou de profil notamment), faisant de la toile un champ poétique où s’enchevêtrent des points de vue contraires.

En même temps qu’elle jongle avec des effets perspectifs divergents, la peinture d’Hervé Creff parvient à concilier abstraction et figuration, ainsi que le souligne Pierre Funes dans le fascicule de présentation de l’artiste. Cette tendance à l’abstraction se réalise de différentes façons. Lorsque la volumétrie des objets s’annule pour coïncider pleinement avec leur apparence au moyen de la frontalité, devenant ainsi pure surface, pure forme géométrique, déréalisée en quelque sorte, comme dans Highlight (2024), Teddy Bored et Rendez-vous (2024), où l’on retrouve à chaque fois les contours schématiques d’une habitation vue de face. Ou encore lorsque les objets représentés ne sont plus identifiables et reconnaissables, se situant hors de tout langage verbal, puisque l’on ne peut clairement énoncer que ce que l’on perçoit clairement. De nombreux

tableaux revêtent ainsi une apparence étrange pour le spectateur, ne renvoyant à rien de familier dans le champ de notre expérience sensible, tels État des lieux (2024), Just A Tow of Us (2024) ou Blue Moon (2024).

Dans une vidéo réalisée pour l’exposition, Hervé Creff évoque sa démarche, qu’il souhaite la plus libre et personnelle possible. Il s’agit, pour lui, de peindre sans idée préconçue, pour se découvrir à lui-même et atteindre une peinture dépourvue de clichés. On peut cependant dégager certaines sources exogènes, qui se manifestent peut-être a posteriori ou de façon inconsciente durant l’acte de peindre. On se souvient que ses précédents travaux portaient traces de la culture américaine, depuis la figure populaire de Mickey Mouse à des personnages à cheval et chapeau dignes d’un western. Au sein de la présente exposition, la référence à la culture populaire italienne se lit à travers le titre cinématographique donné à l’un de ses tableaux (L’argent de la vieille, célèbre comédie réalisée en 1972 par Luigi Comencini) ou par le biais des arches mystérieuses des compositions architecturales de De Chirico. Transparait aussi la présence de Matisse à travers le motif d’un vase découpé présent au sein de La salle du trône Point d’orgue de la manifestation messine, cette grande toile semble vouloir mettre fin à toute distinction entre abstraction et figuration, jouant

10.05.2024 24

CHRONIQUES DE L’URGENCES

Les Allemands toujours aussi épris de leur voiture

Ces dernières années, les habitudes des Allemands en matière de mobilité ont été bousculées d’abord par la pandémie et les confinements, puis par le renchérissement du combustible qui a suivi l’invasion de l’Ukraine par la Russie. L’adoption à grande échelle du télétravail et la promotion des transports en commun à l’aide du « 9-Euro-Ticket » allaient-elles enfin impulser outre-Moselle la «  Verkehrswende » tant attendue ? Cinq vagues de l’étude MobiCor menée par des sociologues du WZB (Wissenschaftszentrum Berlin für Sozialforschung) et d’Infas (Institut für angewandte Sozialwissenschaft) sur les comportements des Allemands en matière de mobilité, menées entre 2020 et 2024, dressent un tableau détaillé des évolutions enregistrées au cours de cette période. Au final, les disruptions causées par la pandémie et la flambée du prix des carburants ont fait bouger les lignes à la marge, mais elles ont surtout révélé de potentielles trajectoires vers davantage de mobilité douce.

Si le nombre de kilomètres parcourus en voiture a diminué, le statut de la voiture individuelle comme moyen de transport privilégié des Allemands s’est affirmé, résume Andreas Knie, l’auteur principal de l’étude. L’automobile a tout juste maintenu ses parts dans le nombre de trajets effectués et les a augmentées pour ce qui est du nombre de kilomètres parcourus. Les zones urbaines et rurales ont divergé, avec une hausse marquée de mobilité douce dans les grandes conurbations telles que Berlin, où la voiture a perdu sa place de leader, mais la place de la voiture s’est plutôt renforcée à la campagne.

L’étude note cependant, en chiffres absolus et à l’échelle de l’Allemagne, une baisse du nombre de trajets domicile-travail, qu’elle met sur le compte d’une flexibilisation du travail tant pour ce qui est du lieu que des horaires. Une évolution qui a eu pour conséquence de sensiblement réduire le nombre des navettes longues.

Autre bonne nouvelle : la progression de la marche. Reflet de la crainte d’une infection dans les transports en commun, cette tendance a permis à la mobilité active (marche à pied et vélo) de dépasser par moments les transports collectifs de proximité, tant pour ce qui est du nombre de trajets que des kilomètres parcourus.

La place du vélo a également progressé, mais la dernière vague de l’étude constate pour la première fois une stagnation à l’échelle de l’Allemagne. Sans surprise, c’est là où les infrastructures favorisent son utilisation que le vélo a fortement gagné des parts. C’est le cas surtout dans des villes moyennes. Ainsi, à Leipzig ou à Brême, il est devenu le principal moyen de déplacement en nombre de trajets. Mais faute d’un développement plus volontaire de chemins cyclables sûrs, l’Allemagne a manifestement atteint un plafond en la matière – une considération qui vaut aussi pour la marche à pied. Dans les villes, la réponse est toute trouvée : pour dégager de l’espace pour ces infrastructures tout en limitant l’attractivité des déplacements en voitures, il faut ponctionner des places de stationnement.

Le grand perdant sont les transports publics, avec, en 2024, des chiffres de fréquentation loin en-deçà des attentes. « En particulier, dans les zones rurales, le bus et le rail n’ont guère plus d’usagers », résume Knie. Un peu comme si la pandémie avait infligé le premier coup et que la timidité des mesures prises par le gouvernement en 2022 face au renchérissement des carburants – le 9-Euro-Ticket, valable pour les courtes distances, n’est resté en vigueur que trois mois – le coup de grâce. Certes, cette mesure avait montré que pour peu que les conditions soient réunies, les Allemands pouvaient retrouver le chemin des quais et arrêts. 58 millions de ces tickets avaient été vendus, y compris à des personnes aisées qui y avaient recouru comme cette « réserve de mobilité » qu’on aime avoir en poche.

Depuis, après d’âpres disputes entre gouvernement fédéral et Länder, c’est un forfait mensuel à 49 euros qui est proposé (pour les transports locaux et régionaux, valable dans toute l’Allemagne), mais il est loin d’obtenir un effet comparable, et ce d’autant plus que les Allemands doutent qu’il restera à ce prix. Jugé trop cher par les personnes interrogées, et même s’il divise par deux le coût typique d’un forfait mensuel, le « Deutschlandticket » n’a été vendu qu’un million de fois et n’a pas induit de tendance mesurable à changer de moyen de transport, selon MobiCor.

Le meilleur levier pour détourner les Allemands de leur indéfectible attachement à l a voiture individuelle est d’accentuer la flexibilité en matière de travail, en permettant aux salariés de travailler plus près de chez eux et à des horaires qui réduisent la dépendance à l’égard de l’automobile. C’est le cas aujourd’hui pour un quart des salariés pour une durée moyenne de deux journées et demie qui ne sont pas passées sur le lieu de travail, a constaté MobiCor. Andreas Knie estime que c’est le ministère du Travail qui, s’il instituait un droit au télétravail, serait aujourd’hui le mieux placé pour faire avancer la contribution de la mobilité aux efforts de décarbonation. Un autre levier important est le bouclier fiscal sur les voitures de service, qu’il conviendrait de supprimer ou du moins de restreindre aux voitures purement électriques.

Malgré ces résultats mitigés, les auteurs de MobiCor se veulent optimistes : tant les déclarations des personnes interrogées (1 500) que les comportements effectifs en matière de mobilité montrent que l’idée d’un changement d’habitudes en réponse à la crise clim atique est généralement acceptée et qu’une politique ambitieuse de décarbonation de la mobilité trouverait un écho positif même dans l’« Autoland » qu’est l’Allemagne. p

habilement sur la porosité de ces deux registres. Pour ce faire, l’artiste s’empare d’une ombre chinoise (la silhouette d’un chien simulée par une main), condense monstrueusement un chat et une chaise, puis trace au sol trois lignes noires émanant du vase de Matisse, le tout rehaussé par un nuage de couleur orange. Les jeux de mots glissent ici vers des jeux d’images dont il revient au spectateur de percer le secret, à la façon d’un rébus.

Pour autant, toute subjective et personnelle qu’est la poétique de Creff, certains motifs démontrent qu’aucune production artistique n’est dépourvue de référents extérieurs. Il n’y a pas de création ex nihilo, ni même pleinement subjectiviste ou objectiviste. L’artiste nous apprend par exemple qu’un souvenir est à l’origine de son Teddy Bored : enfant, il vit un ours en peluche suspendu au plafond d’une ferme bretonne. On entrevoit, dans son très beau Une échelle pour Jacob, la présence d’une usine fumante. Qui vient nous rappeler que la vallée de la Fensch fut hautement sidérurgique et que Hervé Creff a travaillé sur des chantiers de travaux publics avant de pleinement se consacrer à la peinture. p

D'GEDICHT VUN DER WOCH
Staark am Soff, mee soss net uerg

LSAP: Europa brauch e staarkt Häerz. ADR: Fir e staarkt Lëtzebuerg an Europa.

DP: Europa. Stäerken, wat eis schützt.

CSV: Fir eng staark Stëmm an Europa.

Déi mat de mëlle Baken, Déi blosen sech gär op.

Déi sech gär wichteg maachen, Hunn net vill an der Kopp.

Staark Riede fir Europa, Schwaach Spréch op all Plakat. Déi opgeblose Wierder Bezilt herno de Staat.

Si denken net, si kämpfen; Si krichen un all Front.

Et war net an Europa, Wou d’Polver gouf erfonnt.

10.05.2024 25 FEUILLETON
Galerie PJ Sven Becker Hervé Creff à la galerie PJ L’exposition Teddy Bored de Hervé Creff dure jusqu’au 25 mai à la Galerie PJ à Metz

Ministère de la Mobilité et des Travaux publics Administration des Ponts et Chaussées Division des travaux neufs Division de la mobilité durable, Division de l’exploitation de la grande voirie et de la gestion du trafic

Avis de marché

Procédure : 01 ouverte Type de marché : Travaux

Date limite de remise des plis : 13.06.2024 10.00 heures

Lieu : Administration des Ponts et Chaussées, Division des Travaux Neufs 21 rue du Chemin de Fer à L-8057 Bertrange dans le bâtiment H1 2ème étage

Intitulé :

Nouveau boulevard du Höhenhof / Installations de signalisation lumineuse de trafic (SLT) – Lichtsignalanlagen (LSA).

Description :

Fourniture, pose et mise en service d’installations de signalisation lumineuse de trafic (SLT) avec la configuration suivante : – 7 contrôleurs de feux (avec programmation OML/OMTC) avec raccord à une centrale de gestion à distance via l’interface OCIT-O v.2.0 ; – 14 armoires de contrôle - 166 signaux optiques LED 40 V ; – 46 signaux acoustiques ; – 128 détecteurs ; – 86 mâts ; – 17 900m de câblage ;

48 mois de maintenance

Lieferung, Montage und Inbetriebnahme von Lichtsignalanlagen mit folgender Konfiguration:

7 Steuergeräte (mit OMTC/OML-Steuerung) mit Anschluss an eine Lichtsignalsteuerungszentrale via OCIT-O v.2.0

Datenschnittstelle ; – 14 Geräteschränke ;

166 optische 40 V LEDSignalgeber ;

46 akustische Signalgeber

Pour une annonce qui fait dans d’Lëtzebuerger Land

– 128 Detektoren ; – 86 Signalmaste ; – 17 900m Verkabelung ; – 48 Monate Wartung. Début probable des travaux : septembre 2024 Durée prévisible des travaux : 40 jours ouvrables

Critères de sélection : Conditions minima de participation : – Effectif minimum en personnel de l’opérateur économique occupé dans le métier concerné : 10 personnes pendant les trois (3) dernières années ;

Nombre minimal de 3 références pour des projets analogues et de même nature durant les cinq (5) dernières années ; – Envergure travaux 450 000,00 euros hTVA.

Nature des travaux voirie :

– Fourniture et pose d’installations de signalisation lumineuse de trafic (SLT).

Autres conditions minima (compatibles avec l’article 30

Contact régie : contact@espace-medias.lu

de la loi du 8 avril 2018 sur les marchés publics) :

– Erfüllen grundlegender Funktionen des Steuergerätes:

Erfolgreicher „Minimal Acceptance Test“ des Steuergerätes für OCIT-O v.2.0 Datenschnittstelle gemäß Vorgaben der OCIT Developer Group (ODG)

– Nachweis der betriebsfähigen Integration der OMTCSteuerung und OMLFunktionsbibliothek ab Version 2.0 der Firma Schlothauer & Wauer im Steuergerät - Erfüllung der Sicherheitsanforderungsstufe SIL3 gemäß ILNAS EN 61508 für das Steuergerät und Signalsicherung anhand einer Baumusterprüfung;

Erfüllung der Sicherheitsanforderungsstufe SIL2 oder SIL3 gemäß ILNAS EN 61508 für die optischen Signalgeber;

– Der Standort der für die Wartungsarbeiten zuständige innerbetriebliche Stelle (kein Subunternehmer für Wartung und Störungsbeseitigung), in der alle Wartungsarbeiter stationiert sind, sowie das für die Wartung erforderliche Material gelagert und verfügbar ist, liegt maximal 100 km (Luftlinie) von der Stadt Luxemburg entfernt. Mindestens 2 qualifizierte Wartungs-/Systemtechniker müssen vor Ort sein.

Conditions d’obtention du dossier : Les documents de soumission sont à télécharger à partir du portail des marchés publics (www.pmp.lu). Toute demande de renseignements concernant l’objet de la soumission doit être adressée au pouvoir adjudicateur au moins 7 jours avant l’ouverture de la soumission.

Réception des plis : Les offres portant l’inscription « Nouveau boulevard du Höhenhof / Installations de signalisation lumineuse de trafic (SLT) – Lichtsignalanlagen (LSA) » sont à remettre à l’adresse prévue pour l’ouverture de la soumission conformément à la législation et à la réglementation sur les marchés publics avant les dates et heures fixées pour l’ouverture. Les offres peuvent également être remises de manière électronique par le biais du portail des marchés publics.

Autres informations : N°. avis complet sur pmp.lu : 2400958

Société Nationale des Habitations à Bon Marché s.a. Avis de marché

Procédure : 01 ouverte

Type de marché : Travaux

Date limite de remise des plis : 04.06.2024 10.00 heures

Lieu :

SNHBM 2B, rue Kalchesbruck L-1852 Luxembourg

Intitulé : Lot terrassement, gros oeuvre et aménagement extérieur, réf. NI4-1.

Description : L’exécution des travaux de terrassement, gros oeuvre et aménagement extérieur de 8 maisons unifamiliales à Niederanven.

Conditions d’obtention du dossier : Le bordereau de soumission est téléchargeable sur le portail des marchés publics.

Réception des plis : Le jour de l’ouverture avant 10.00 heures

N°. avis complet sur pmp.lu : 2400994

Société Nationale des Habitations à Bon Marché s.a.

Avis de marché

Procédure : 01 ouverte

Type de marché : Travaux

Date limite de remise des plis : 04.06.2024 10.00 heures

Lieu :

SNHBM 2B, rue Kalchesbruck L-1852 Luxembourg

Intitulé : Lot installations électriques, réf. B13-1.

Description : L’exécution des travaux des travaux d’installation électrique de 23 maisons unifamiliales à Esch-sur-Alzette.

Conditions d’obtention du dossier : Le bordereau de soumission est téléchargeable sur le portail des marchés publics.

Réception des plis : Le jour de l’ouverture avant 10.00 heures

N°. avis complet sur pmp.lu : 2400992

Fondé en 1954 par Carlo Hemmer, édité par Leo Kinsch de 1958 à 1983 Hebdomadaire politique, économique et culturel indépendant paraissant le vendredi. Publié par les Éditions d’Letzeburger Land s.à r.l., R.C. B 19029,N° TVA LU 12 12 40 22. La reproduction des articles et illustrations est interdite sans l’accord écrit de l’éditeur. Gérant Stephan Kinsch (48 57 57-1; land@land.lu), Rédacteur en chef Peter Feist (48 57 57-24; pfeist@land.lu), Rédaction France Clarinval (48 57 57-26; fclarinval@land.lu), Luc Laboulle (48 57 57-28; llaboulle@land.lu), Stéphanie Majerus (48 57 57 3 5; smajerus@land.lu), Sarah Pepin (48 57 57 3 6; spepin@ land.lu), Pierre Sorlut (48 57 57-20; psorlut@land.lu), Bernard Thomas (48 57 57-30; bthomas@land.lu), Mise-en-page Pierre Greiveldinger (48 57 57-34; pgreiveldinger@land.lu), Photos Sven Becker (48 57 57-36; sbecker@land.lu), Administration et publicité Zoubida Belgacem (48 57 57-32; zbelgacem@land.lu) Édition et rédaction 59, rue Glesener L-1631 Luxembourg Courrier Boîte postale 2083, L-1020 Luxembourg Téléphone 48 57 57-1 Fax 49 6 3 09 E-mail land@land.lu

26 AVIS
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PROCÈS POUR UN BRONZE

If It’s A Bird, Shoot It!

Au départ, ce n’était qu’une question de taxe douanière. À l’arrivée, le tribunal plie devant « les idées d’avant-garde mettant en avant des concepts abstraits »

Ils étaient devenus amis très vite, ils le sont resté au long de leur vie : Edward Steichen a rencontré Constantin Brancusi dans l’atelier de Rodin et, avant de prendre en photos les œuvres du Roumain, il avait fait pour celles du Français dont l’imposante statue de Balzac. Voilà les deux, Steichen et Brancusi, travaillant sur la statue, et le photographe de demander qu’on la lui tourne, elle pèse quand même une tonne, pour calmer Brancusi impatient d’aller son propre chemin. Seulement, il est à la meilleure école possible, Rodin ne cesse de rappeler à ses assistants que c’est l’espace, l’atmosphère qui détient la vérité. Il n’est pour nous pas de meilleur accès à la sculpture de Brancusi que ce début de la bande dessinée d’Armand Nebbache, qui insiste sur cet apprentissage, et porte après sur le procès Brancusi contre États-Unis (chez Dargaud), et l’entrée outre-Atlantique de l’Oiseau dans l’espace, bronze acquis par Steichen en 1926. Les minutes sténographiées du procès, on les a lues il y a plus de vingt ans. Si cela n’a pas déjà été fait, c’est bien dommage, ça donnerait un bon spectacle. Le procès, le voici donc dans la bédé qui vient de paraître, partagée entre la salle du tribunal new yorkais et la vie à Paris du sculpteur, atelier et amis. Un régal d’histoire de l’art, d’autant plus que le moment s’avère captal : L’art ne fait que commencer, l’exposition du Centre Pompidou, il faudra y revenir, cite

Selon le Tariff Act, une sculpture doit être une création originale et personnelle exécutée comme production professionnelle par des sculpteurs

Brancusi, et sans s’en rendre compte, les juges Young et Waite, sans en fait porter de jugement esthétique, ont marqué une rupture.

Steichen, qui avait déjà acheté une autre sculpture de Brancusi, Maïastra, autre oiseau, celui-là entre réalité et légende, et qui avait installé une Colonne sans fin dans son jardin de Voulangis, se heurte aux douanes américaines pour l’importation du nouveau bronze. On veut lui faire payer les taxes sur les matériaux bruts (quarante pour cent du prix de vente), pour ce morceau oblong, ce long objet de métal aux surfaces impeccablement polies. L’autorité a du mal à y reconnaître une œuvre d’art, c’est-à-dire la représentation d’un oiseau (il est vrai qu’il lui manque au moins bec et plumage). Et de le classer parmi les ustensiles de cuisine et matériels hospitaliers. Ce qui fait écrire à Ezra Pound, un des premiers défenseurs de Brancusi, une lettre rageuse de protestation et de soutien au sculpteur, avec ses fautes de français : « J’était dégouté de recevoir les nouvelles que un fils du cochon à New York vous avait fait payer la douane sur vos scultures. »

Sur place, Steichen, Marcel Duchamp, font appel et l’affaire passe en justice, exonération ou non des droits réservés aux peintures et aux sculptures. Brancusi suit de loin, depuis Paris. Au tribunal, des témoins, artistes autochtones,

membres d’académies, confirment ne pas reconnaître d’oiseau, prisonniers d’un art réduit à la représentation. Tel journal titre : Whatever This May Be – It is Not Art ; un autre, le New York Mirror, renchérit, sans que l’on sache si c’est de l’ironie : If It’s A Bird, Shoot It! Quant aux juges, ils s’en tiennent aux stipulations du Tariff Act. Ainsi, une sculpture doit être une création originale et personnelle exécutée comme production professionnelle par des sculpteurs. Et Steichen, lui, acculé dans son interrogatoire, s’en tire astucieusement en allant vers l’essentiel : Monsieur Brancusi aurait pu lui donner comme titre « l’Esprit de l’envol ».

Arrive le moment du verdict : pas de caractère utilitaire de l’objet, donc même finalité que pour des sculptures de maîtres plus anciens ; et au contraire, une qualité originale, un travail d’artiste professionnel. Avant de conclure : face au développement les dernières années d’une école d’art moderne, que les tribunaux ne peuvent ignorer, ils doivent reconnaître, qu’ils soient d’accord ou non, ces idées d’avantgarde qui mettent en avant des concepts abstraits plutôt que l’imitation du réel. La plainte est reçue, l’Oiseau dans l’espace est exempté de droit de douane. Et pour l’art moderne, à commencer par celui de Brancusi, c’est bien engagé. À Paris, l’ami de Brancusi, le peintre Fernand Léger, jubile : « Il nous ouvre les portes d’un monde d’une liberté infinie. » p

27 10.05.2024 RUBRIK FEUILLETON
Robert Elfstrom L’Oiseau dans l’espace à West Redding, chez Edward Steichen (dans l’exposition du MNAHA)

Geeks just want to have fun

« J’ai une grosse barbe et une poêle dans le dos » : avec une description pareille, vous vous dites qu’il n’est pas difficile de repérer quelqu’un dans une foule. Mais quand cette foule est composée de soldats de l’Empire galactique, d’un Orque, de quelques Mandaloriens et d’une multitude de magiciennes aux atours chamarrés, c’est une autre affaire. Mais à la Luxcon, convention dédiée aux cultures de l’imaginaire, qui a attiré 4 000 visiteurs cette année au Forum Geesseknäppchen, Panda est connu comme le loup blanc. Figure du monde du cosplay au Grand-Duché, le jeune trentenaire est l’un des juges du concours de déguisement en personnages de fiction. En attendant, il serre des mains et pose pour des photos à tout va. Même une petite fille déguisée en Charlie le cherche partout, c’est dire...

Lorsque l’on finit par le dénicher, il est aux côtés de sa compagne Margot. Ils aiment assortir leurs costumes et reproduire des duos issus de leurs univers préférés. Ce jour-là, il est déguisé en Senshi, le cuisinier des monstres, elle incarne l’elfe Marcille, tous deux sortis du manga Gloutons & Dragons Panda (qui n’a pas volé son surnom : c’est un costaud) aime les héros « fun » et joue de son physique pour mieux les incarner. Il a commencé à six ans, avec un costume confectionné par sa mère, retoucheuse de métier. Entre-temps, il a appris lui-même la couture (« ça me détend ») et passe ses nuits à confectionner des vêtements et des « props », ces accessoires indispensables pour être encore plus fidèle à son personnage. « Mon costume d’aujourd’hui a nécessité plus de cent heures de travail, indique-t-il. Mais il n’y a pas de bonne ou de mauvaise façon de faire du cosplay : tu peux être très ressemblant ou pas, créer toi-même ou tout acheter, reproduire une attitude ou être complètement en décalage... L’essentiel est de s’amuser ». Petite astuce offerte par nos experts : les magasins de tissus ou de matériel auto peuvent receler moult trouvailles, comme ces tapis de sol parfaits pour modeler casques et armures.

Panda et Margot se sont connus lors d’une convention aux Pays-Bas. Ensemble, ils arpentent les conventions en Belgique, en France, en Allemagne ou en Angleterre. Ils apprécient la Luxcon pour son côté convivial et intimiste : «  on peut y retrouver des amis de toute l’Europe, qu’on a rencontré en convention » explique le couple. Des événements qui restent cependant trop rares pour vivre sa passion au quotidien, socialiser, poser pour les photographes ou échanger des conseils. Pour pallier cela, Internet joue un grand rôle, en particulier Instagram. Ceux de Panda (@the_epical_panda) et de Margot (@margot_hime) forment un catalogue réjouissant de personnages colorés ; ces deux-là ont effectivement l’air de beaucoup s’amuser. Mais ils nous préviennent : le monde merveilleux du cosplay n’est pas imperméable à certaines problématique sociétale, comme la fast-fashion avec ses costumes à usage unique, la hausse du prix des matériaux, les inévitables influenceurs qui surfent sur les tendances... Le harcèlement en ligne, avec son lot de trolls et d’individus aux commentaires déplacés est un autre enjeu. « J’aime les héroïnes sexy et dénudé es. Certaines personnes me disent que j’ai un problème pour me déguiser comme ça, raconte Margot. Mais le vrai problème est dans le regard de l’autre ». Dans les travées de la Luxcon, on ne peut ignorer les grandes affiches au message clair : « Cosplay is not consent » illustrées d’une BD mettant en scène une cosplayeuse victime de propos grossiers et de mains baladeuses. « Les gens n’hésitent pas à te toucher sans te demander la permission, ou, surtout quand tu es une femme, à prendre des photos à la dérobée... il faut qu’ils comprennent qu’on n’est pas des poupées mais des êtres humains ! » souligne le duo.

Les cosplayeurs présents à la Luxcon font beaucoup pour donner du charme à l’événement. Au milieu des stands, l’atmosphère est amicale, les groupes se forment, chacun prend plaisir à montrer son plus beau costume. « C’est une fierté » assure Panda. « Si dans la vie tu n’as pas confiance en toi, tu peux devenir beau et fascinant le temps d’une journée, oublier qui tu es et tes soucis, explique Margot. C’est comme des vacances ! ». p

L’ENDROIT

Schou

Après les centres culturels ou les piscines, les communes misent de plus en plus sur des restaurants pour renforcer leur attractivité. Dernière ouverture en date, le Schou au centre du

nouveau parc de Schouweiler. L’architecture est signée par le bureau WW+ qui se positionne comme un spécialiste de ce type de bâtiment, ayant déjà signé le Pavillon Madeleine de la commune de Kayl (devenu le restaurant Eden rose) et le B13 pour celle de Bertrange. L’architecture moderne et fluide, avec sa façade en bois et son vitrage généreux, s’intègre dans le parc. Le prolongement en terrasse borde la plaine de jeux ce qui donne aux parents une visibilité sur leurs rejetons en train de jouer. Les restaurateurs Stefane Di Gregorio et Yulia Ilyazova qui avaient déjà repris le Aal Schoul

à Hobscheid exploitent l’établissement. Deux chefs se partagent la cuisine (photo : Schou) : Prosper Qhubani, originaire du Zimbabwe, formé au Botswana et en Thaïlande et Benjamin Van Rosendael, un autodidacte passionné venus de Belgique. Ensemble, ils marient les influences et signent une carte dans l’esprit brasserie avec un twist international. Aux côtés des traditionnels Kniddelen, on trouve ainsi un curry aux haricots, des gambas grillées ou un cordon bleu d’aubergine. Le Schou propose aussi des ateliers de cuisine pour les enfants et des événements thématiques. FC

Les préparatifs de Panda avant d’endosser son personnage

L’ENDROIT

Mama’s Secrets

Tous ceux qui aiment la fête et la nuit connaissent Laurence Frank qui avait fait du Cat Club, puis de la Brasserie Schuman, des lieux incontournables de convivialité. Elle a gardé cette ligne de conduite et son sens de l’accueil dans son nouvel établissement, situé à Gasperich, dans la zone des concessions automobiles. L’espace industriel qu’elle occupe est voué à terme à la destruction, et Mama’s Secrets

10.05.2024

se déplacera au gré des opportunités. La carte mise sur des plats simples inspirés par la maman de la patronne (carpaccio de bœuf pour l’instant, goulash, boulettes, salade de pommes de terre, bientôt) mais aussi par la « mama thaïe » qui officiait à la Brasserie Schuman (scampis au curry rouge, thai beef salad, bœuf basilic…). Le chef Alain Danelutti ajoute sa touche avec des burgers au fromage à raclette (photo : fc) ou des flam’ généreusement garnies, dont une végétarienne aussi copieuse que goûteuse. Le tout cuisiné maison avec des produits frais. Les clients

venus des entreprises voisines qui occupent les tables le midi, y retournent volontiers pour les afterworks avec cocktails et tapas, tous les jeudis et vendredis. On peut aussi privatiser l’endroit, avec ou sans restauration et louer le foodtruck bien équipé que l’on voit devant la porte. FC

Hadrien Friob
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