Christmas Shamrock

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Bonnes fêtes !

Décembre 2010

Pourquoi un Sham’ juste avant Noël? Vous ne saviez pas quoi mettre au pied du sapin pour votre vieil oncle qui refuse d’écouter votre “bruit” (comprendre “tout ce qui n’est pas vieux rock”)? Vous en avez marre d’offrir un parfum à votre mère et des bijoux à votre petite soeur? Vous ne pouvez pas vous permettre d’exploser votre budget à nouveau cette année? Vous cherchez une réponse à l’éternelle question de mamie “qu’est-ce que tu veux à noel mon p’tit?”, ou vous aimeriez quelque chose de plus personnalisé qu’un chèque de vos parents? Vous trouverez sans doute plein d’idées dans ce petit numéro de décembre! Concerts, sorties, albums, anecdotes de musique à raconter autour d’une dinde farcie,...

Dans ce numéro Angus&Julia Stone ............. 2 Action ............................... 3 Fang Island ....................... 4 Foals ................................ 5 Darwin Deez...................... 6 Patrice .............................. 7 Noëls ................................ 8

Quelques dates de concerts 06/01/11: LALOUCH au Biplan à 20h30 suivi de A DEUX DOIGTS DE LA POMPE à 22h 07/01/11: CHARLIE MAGONZA au Biplan suivi de THIS IS NOT HOLLYWOOD 08/01/11: FAME, Le Musical, à l’Hôtel Casino Barrière de Lille et DANIEL DARC à La Péniche à 21h 09/01/11: JUNE BUG au Biplan à 17h 27/01/11: K’S CHOICE à l’Aéronef à 20h30 07/02/11: BLACK ANGELS à l’Aéronef à 20h 09/02/11: COCOON à l’Aéronef à 20h30 16/02/11: LES BLAIREAUX au Théâtre Sébastopol à 20h30


Gonna take you for a ride on a big jet plane Un peu de douceur dans ce monde de brutes. Depuis plusieurs mois déjà, le vaste monde des médias spécialisés pop/rock (stations de radio en tête) est touché par une vague de bonne humeur et de zénitude. Cette vague, ce sont deux australiens qui nous l'apportent, deux frère et sœur, j'ai nommé Angus & Julia Stone. C'est d'ailleurs sous ce simple nom qu'ils produisent leurs albums, dont le dernier en date, Down The Way, est sorti en Mars dernier dans la plupart des pays anglophones (Avril en France). Et on peut dire que pour un 2e opus, c'est un franc succès : numéro 1 en Australie, tandis que leur single « Big Jet Plane » est actuellement largement diffusé par les radios françaises. Et autant le dire tout de suite, c'est amplement mérité, tant cet album respire l'authenticité, chose rare en ces temps de mégaconcerts, superproductions et groupes à but exclusivement lucratif. Down The Way s'ouvre sur un crescendo de guitare électrique suivi d'un mélange de piano, de batterie et de violons : « Hold On » donne le ton, l'émotion est là et la voix de Julia est poignante. Une maitrise infaillible des différents instruments, dont un ensemble de cordes, qui révèle un professionnalisme surprenant pour un 2e album. Ce morceau est un paradoxe à lui tout seul : le duo semble tout contrôler à la perfection, alors que la simple vision hors concerts de ces deux phénomènes nous offre inévitablement un spectacle à part entière, tant ils paraissent totalement ailleurs et dépassés par leur succès (mention spéciale pour Angus, dont je vous invite à voir l'interview diffusé dans Taratata, ça vaut le détour !). Suit ensuite « Black Crow », dans laquelle Angus et sa voix font leur entrée. On peut pour la première fois (et non la dernière) de l'album apprécier l'incroyable complicité des deux frangins, dont les voix se marient parfaitement. C'est incroyable comme ces deux là se complètent (pas étonnant pour des frère et sœur me direz vous). On voit d'ailleurs dans l'interview ci-dessus à quel point un simple regard leur suffit pour communiquer.

“de l'émotion, du romantisme, parfois la sensation d'être coupé du monde...” Le troisième titre, « For You », est un morceau écrit par Julia pour son ex : dans ce groupe familial, chacun a sa place pour raconter ses propres histoires, renforçant ainsi un peu plus l'authenticité ambiante de l'album. Et vu le résultat, pourquoi s'en priver ? Une intro très minimaliste, le duo ne s'embarrasse pas d'effets superflus : chaque note est à sa place. Ça sent l'enregistrement maison, installé douillettement au milieu du salon. L'album est d'ailleurs autoproduit, tout s'explique. Après ce passage sentimental, voici LE single qui est l'actuel porte parole d'Angus et Julia en France : « Big Jet Plane ». Une fois de plus, c'est l'équilibre parfait entre les différents éléments, voix et instruments, qui ressort. Les paroles semblent nous prévenir du voyage à part entière que constitue l'album (« Gonna take you away from home »). Les deux titres suivants, « Santa Monica Dream » et « Yellow Brick Road », mettent en avant la capacité du duo à faire beaucoup avec pas grand chose : une unique guitare accompagnant leurs deux voix et un résultat toujours aussi attachant. Dans la deuxième partie du long « Yellow Brick Road », on constate que quand la guitare devient électrique, c'est une autre ambiance qui se dégage mais qui reste tout aussi plaisante. Le septième morceau est encore un tube. « And The Boys » est beaucoup moins acoustique que le reste de l'album, et présente même pour la première fois quelques passages de synthétiseur. La preuve que malgré leur goût pour l'acoustique, les Stone sont tout à fait capables de se produire au sein d'un groupe complet. Et cette idée est fortement renforcée par le titre suivant, « On The Road », intro au banjo avant l'entrée de la batterie et de la guitare, qui nous emmène dans une direction relativement différente de celle de la première partie de l'album : le morceau est plus entrainant, et le duo s'éloigne de son style habituel pour s'aventurer vers une Country plus joyeuse. « Walk It Off » signe le retour des violons, toujours aussi bien gérés, qui donnent de l'ampleur et de l'énergie à cette balade, même si la fin montre à quel point la voix de Julia peut seule prendre l'auditeur aux tripes. Un groupe résolument pop/ folk, parfois légèrement country : il ne manquait plus que l'harmonica. L'affront est lavé avec « Hush », et si cet instrument peut à mon sens rapidement devenir agaçant, les deux frangins savent en faire usage avec parcimonie, ce qui est tout à leur honneur. L'album se poursuit sans surprises avec « Draw Your Swords » et « I'm Not Yours » : pas de folies, Angus et Julia font ce qu'ils savent faire mais le font bien. On sent qu'ils se sont construit un


style, certes pas vraiment nouveau, mais qui leur correspond parfaitement. Il est vrai qu'un duo pop/folk essentiellement acoustique, qui compose des ballades sentimentales souvent autobiographiques, ce n'est pas vraiment une invention. Mais c'est exactement ce qu'il leur fallait, et la sincérité que mettent les Stone dans leur musique est l'élément clé qui les place aujourd'hui en tête des ventes. Notons que la fin de « Draw Your Swords » présente un moment rare : Angus s'énerve ! Mais là encore, ça lui va bien. L'album s'achève sur le touchant « The Devil's Tears », qui nous laisse sur une impression qui résume parfaitement l'album : de l'émotion, du romantisme, parfois la sensation d'être coupé du monde, mais avant tout un sentiment d'apaisement, de plénitude. Cette album est finalement une véritable thérapie pour le duo et pour l'auditeur. Une façon d'extérioriser toutes leurs émotions profondes, et de décrire des moments de leur vie qui leurs tiennent à cœur. Pour l'auditeur, c'est un moment particulièrement agréable à passer, un moyen de s'évader sans quitter son chez-soi. Angus & Julia Stone sont passés le 2 Décembre à l'Aéronef pour un concert des plus envoûtants. Leurs prochaines dates en Europe sont déjà « SOLD OUT ». RDV pour leur tournée en Australie dès fin décembre! Vincent M.

Et… Action! La légende raconte que lorsque les Action venaient jouer à Brighton, des légions de mods les attendaient en scooters Vespa à l'entrée de la ville et les escortaient à travers les rues jusqu'à la salle de concert, formant une sorte de procession conquérante. Les Action étaient les favoris avec les Who (première période) et les Creation des mods originels, c'est à dire les plus snobs, les plus puristes, ceux qui écoutaient exclusivement des productions Motown et s'habillaient comme Miles Davis. Les Action avaient leurs quartiers au Marquee, club mythique du Swinging London, où ils ouvraient régulièrement pour les Who. Ceci pour l'anecdote. Ces adeptes de blue-eye-soul (i.e. de la soul jouée par des blancs), avaient en leur sein une arme fatale, un chanteur blanc brillant, Reggie King, dont la voix onctueuse comme du Nutella (bave) seyait idéalement au genre. Paul weller, chanteur des Jam , dans les notes de pochette de la première réédition vinyle du groupe lui rendait hommage de belle manière: "Si Steve Marriot (ndlr: chanteur des Small faces) est exceptionnel, selon moi reggie King lui est encore supérieur dans la mesure où son chant est toujours naturel. C'est un vrai chanteur de soul." Ajoutons à cela qu'il y a chez lui une limpidité, une douceur presque, absente du registre plus viril d'un James Royal ou d'un Chris Farlowe. C'est d'ailleurs pour ça que pour mon compte, Reggie King est mon favori dans le genre. Le répertoire des Action était exclusivement noir et témoignait d'un goût très sûr. Tamla Motown, Stax, Atlantic et basta. Mais si on se souvient d'eux, si je prends la peine d'en parler, c'est plus spécifiquement pour deux moments d'éternité, deux morceaux qu'ils n'ont pas écrit; "Wasn't it you" Appel à article/ Writing contest d'abord, classique repris par tout le monde de Billie Davis à Petula Clarke, dont ils offrent la version ultime. Ensuite et surtout, une relecture de "Since i lost my baby", Dear all, un fleuron des Temptations, qui surpassent l'original, pourtant déjà assez tuant. Cette intro de Rickenbacker, ces cœurs célestes...Le tout produit par George Martin, proDon’t hesitate to write us articles in English at lesham@hotmail.fr for our ducteur des Beatles. Le rêve quoi. monthly writing contests. All articles will be published on our blog www.lesham.blogspot.com ; every month the winner will have his article published in our magazine (also available in a webzine version) on a bilingual version (French/English) and will be offered an invitation to our musical open stages taking place every month from January in various bars in Lille. This is the opportunity for every one to perform in front of a public and discover nice places to go out in Lille.

Mais nous sommes en 1966, le psychédélisme émerge, ce genre devient obsolète et les Action se disloquent. Quant à Reggie King, il est mort en Octobre dernier, quelque jours avant Solomon Burke ... quelle misère. Et David Guetta lui est toujours vivant. Vianney G.


Fang Island, Fang Island (2010 ) Le 11 mars dernier, le procès opposant Pink Floyd à EMI touchait à sa fin. La formation britannique reprochait à la major de permettre le téléchargement de ses titres à l’unité, alors qu’elle envisageait ses albums comme des ensembles cohérents dont la profondeur ne pouvait être appréhendée par ce mode de distribution. Cette leçon, le groupe américain Fang Island semble l'avoir bien assimilée. A travers leur premier opus, la formation indépendante fait en effet preuve d’une maturité musicale déroutante malgré leur jeune âge (débuts en 2005). Les mélodies se complètent et dansent éperdument jusqu’à trouver un écho l’une dans l’autre. Des rires moqueurs résonnent tandis qu’on cherche à en percer le mystère. Et alors qu’on pense les avoir apprivoisées, elles nous dévoilent malicieusement un nouveau secret, un nouveau souvenir, un nouveau rêve. Tout commence avec « Dream of dreams », qui sonne paradoxalement comme la fin d’une époque. Les feux d’artifices allègres laissent bientôt place à des harmonies de guitare qui se combinent en un chuchotement désenchanté. Et c’est seulement quand leur complainte atteint son paroxysme que le chœur formé par les 5 membres du groupe daigne faire une brève apparition. Guitares et batterie font alors leur retour et, sans s’en apercevoir, on est passé au morceau suivant, « Carefull Crossers », fête d’adieu instrumentale qui se veut plus rassurante. La chute n’en est que plus dure quand retentit à nouveau le chœur pour la poignante « Daisy ». L’excitation à l’idée d’une nouvelle ère est teintée d’amertume et d’une nostalgie déchirante pour les joies d’un passé révolu. Dans « Life Coach », voix et instruments se joignent pour une ode à la vie et à la renaissance proche. Un rythme plus rapide engage « Sideswiper » comme si on nous pressait de tout oublier pour ne pas souffrir, et puis, subitement, tout se ralentit comme pour nous autoriser un dernier regard en arrière. Avec « The Illinois », des guitares obsédantes et des brusques changements de rythmes nous offrent un nouveau départ. Et subitement, tout s’éclaircit. On perçoit de la joie dans le chant à présent décomplexé de « Treeton » et les paroles sont porteuses de plus d’espoir : « Let our dreams grow out together ». Là-dessus arrive « Davey Crockett », long morceau qui renoue avec cette mélancolie qu’on croyait éteinte et qui nous laisse confus. « Dorian », final de l’album, tente d’apporter une réponse à ces doutes avec un air qui évoque un mariage, le début d’une aventure. On a peut-être fait le bon choix. C’est en tout cas ce dont on se convainc quand des feux d’artifice viennent conclure le morceau. Seul défaut de l’album, il est un peu lassant sur la durée, et on regrettera par exemple qu’il n’y ait pas un deuxième « Daisy » pour lui insuffler une nouvelle vie. Mais c’est un détail dont on ne saurait leur tenir rigueur après seulement 5 ans d’existence. Avec ses mélodies aériennes façon Wild Nothing et ses atmosphères à la Animal Collective, Fang Island signe en effet une première réalisation ambitieuse qui laisse augurer du meilleur pour l’avenir. Franck A.

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Foals : they won't get fooled again Foals, Total Life Forever Nombreux sont les groupes qui, après un premier album encensé par la critique et apprécié par le public, tombent dans la facilité, versent dans le commercial et nous délivrent une sombre daube, un purulent étron en guise de second album (ou pire, se prostituent littéralement et détruisent une de leurs chansons en la donnant à une publicité du Crédit Agricole, je ne vise personne...). On pourrait citer par exemple Kings of Leon, qui après un premier album absolument génial, nous ont livré trois autres albums en demi-teinte et un dernier carrément fade auquel j'ai personnellement bien du mal à trouver un intérêt (Come Around Sundown). Il conviendrait de dénoncer également la mauvaise pente prise par les Kooks sur quelques chansons de leur second album, alors que l'on avait pu ressentir sur le précédent une recherche et une inspiration plus approfondie (la suite en février pour la sortie de leur prochain album). Trêve de digressions, recentrons nous sur le groupe sur lequel il était initialement prévu que je parle. Inquiétudes écartées, donc, pour Foals, qui après l'excellent Antidotes signe avec Total Life Forever un album encore plus abouti, réussissant ainsi à innover, à explorer des horizons musicaux sans cesse élargis sans pour autant trahir leurs racines musicales. Principal changement : l'agressivité du premier opus y apparaît plus contrôlée, non pas bridée mais plutôt plus maîtrisée. Les mélodies sont encore plus aériennes que sur Antidotes, les ambiances sonores, encore plus riches (si c'est possible). La rigueur et la précision avec laquelle chaque phrase est ciselée et chaque effet est créé laissent deviner un travail colossal et harassant accompli en amont. Nos quatre Londoniens ont en effet repoussé les limites du masochisme et choisi de s'enfermer pendant plusieurs mois dans un studio improbable au fin fond le la Suède (autant dire aucun risque d'être emmerdés) pour mettre au monde leur projet. Ils ont ainsi repris et repris encore chacune de leurs compositions avec un perfectionnisme les ayant poussés, selon leurs propres dires, au bord de la démence. Le résultat est époustouflant : une claque monumentale, on serait même tentés de les encourager à se torturer (oui encooore!) si c'est pour nous pondre de pareilles merveilles. L'album commence sur le morceau intitulé Blue Blood, avec une note harmonique de guitare répétée avec un fort écho, comme pour apporter à l'ouvrage une première signature du groupe britannique. Le chanteur entonne les premiers mots de la chanson, puis c'est au tour de la basse de marteler le riff principal, bien aidée en cela par les percussions. On ne peut qu'être sidérés par le fait que les ruptures entre couplets calmes et planants et refrains plus rock, pourtant fortement marquées tant au niveau du rythme que de l'atmosphère, paraissent naturelles, presque évidentes. Un pont mêlant miraculeusement ces deux ambiances a priori opposées nous accompagnera même par la suite jusqu'à la fin du morceau. On pourrait ainsi encenser la plupart des morceaux de l'album et crier au miracle toutes les trente secondes, mais je me contenterais, par souci de concision et au prix d'un déchirement insoutenable, de ne vous décrire que les titres les plus représentatifs du disque. J'ai alors naturellement le devoir d'évoquer la chanson éponyme, Total Life Forerver. Sans doute un des titres les plus rock de l'album, au moins au niveau de l'instrumental, il est également un de ceux qui nous évoqueront le plus Antidotes. Spanish Sahara constitue un autre exemple de morceau de haut vol aux débuts envoûtants annonçant peu à peu une montée un puissance et en volume pour finir en authentique orgasme sonore. Alabaster s'inscrit également dans la même veine (mais on ne s'en lasse pas), et pousse plus loin encore la recherche mélodique et harmonique, sans réelle explosion ou démonstration de force cependant. Je finirai sur 2 Trees, un titre d'une mélancolie poignante, traversé d'un chant à plusieurs voix, de guitares lointaines et plaintives sur un fond de percussions légères... Total Life Forever est sorti il y a déjà six mois, et on ne peut que s'étonner du (trop) peu de succès qu'il rencontre pour le moment, tant les critiques se sont montrées unanimes à son égard. Pourquoi diable en parler s'il a déjà six mois? Pour la simple et bonne raison que Foals est actuellement en tournée pour cet album et que la formation de Yannis Philippakis passera à Lille le 16 novembre. Ayant moi-même eu du mal à garder mon flegme et mon sens critique devant pareille merveille seul avec un casque sur les oreilles, on ne peut qu'imaginer ce que cet album pourrait donner en live... concert à ne manquer sous aucun prétexte!!! Lucas M.


L'évolution musicale, Deez-t-ils... Je suis tombé sur Darwin Deez plus ou moins par hasard (par un ami sur le dernier Nova Tunes avec le titre Constellation, dont l'ambiance planante, les accords de guitare improbables au son rappelant celui des Strokes et la voix atypique et très « saut du lit », du dénommé Darwin Smith (qui semble souvent à la limite du bâillement) m'ont plu dès la première écoute, et m'ont donc incité à aller me renseigner plus avant sur cet énergumène New-yorkais à la coiffure évoquant un Caniche affublé d'un chapeau de rabbin et, plus largement sur le reste de son oeuvre. La dessus j'apprends qu'il est passé par beaucoup de genres musicaux et de groupes avant de sortir cet album éponyme que je m'empresse de télécharger (« le salaud!!! ») légalement, sur Itunes Store, comme tout le monde... J'apprends ensuite qu'il souffre de problèmes d'hyperactivité, de troubles de l'attention, qu'il est également danseur de claquettes à ses heures perdues (rapport???) bref le type un peu excentrique, qu'il fait partie des « révélations » du festival des Inrocks de cet automne. Les soupçons quant à son excentricité et à sa débordante créativité se confirment vite après avoir vu le clip du titre Constellation (dont le passage avec notre chanteur se servant le thé ne sera pas sans rappeler une scène mythique d'Alice au pays des merveilles => « juste une demi tasse pour moi »), d'une bizarrerie assez amusante, il faut bien le reconnaître.

Parlons à présent du reste de l'album : une pop énergique, rythmée, sans fioritures, dans laquelle la voix blasée, presque résolue du chanteur contraste joliment avec l'énergie dégagée par l'accompagnement. Si le son et les effets utilisés par l'accompagnement restent globalement inchangés et assez récurrents sur l'ensemble de l'album, leur caractère novateur, à la fois doux et saturé, fait qu'on ne se lasse pas pour autant.

Agréable surprise, les cinq premiers morceaux sont extrêmement réussis et annoncent un disque prometteur. Constellation, chanson la plus connue et la plus diffusée de l'album, donne le ton de l'album avec un rythme enlevé, une rythmique de guitare électrique omniprésente à la fin de chaque phrase, et un refrain qui laisse pantois, à la fois inquiétant et béat... en fait je pense que le thème principal qu'évoque ce morceau, le seul qui peut à la fois rassembler tous ces contraires, pourrait être le rêve. Un premier titre percutant, novateur et assez représentatif du son et de l'ambiance de l'ensemble de l'album. Deep Sea Divers, le deuxième morceau, se joue sur une ambiance cette fois nettement plus marquée par l'ennui (du chanteur, certainement pas le nôtre) et la nostalgie. La chanson The Suicide Song résume elle aussi l'atmosphère sonore antithétique du disque, calquant des paroles pour le moins morbides sur un air pop pourtant résolument énergique, presque euphorique. J'en arrive maintenant à ce qui est sans doute mon morceau favori de ce premier travail rendu par Darwin Deez : la chanson titre DNA. Elle commence sur un riff de guitare étouffé de notes hamoniques, puis la voix entame timidement le couplet, toujours avec le même air blasé et simplet, puis la batterie s'emballe, et c'est alors que pour le refrain on ne peut qu'apprécier la manière dont le rythme des guitares épouse à la perfection les temps et contretemps prononcés par la batterie (ou peut être la boîte à rythme, à vérifier...), tandis que Darwin Deez entame un air gai, chic et entraînant (formule malheureuse et lourde d'antécédents, j'en conviens...). La chanson Up In The Clouds (on s'en doute, vu le titre) renoue explicitement avec l'aspect rêveur et insouciant de Constellation, tandis que nostalgie et tristesse sont très présents dans Bed Space, harmonieusement matérialisés par l'écho des choeurs...

J'ai eu beau chercher la bouse cachée dans cet album, celle qui colle et qui est souvent là parce qu'il fallait un dernier titre à l'album, mais rien à faire, pareille hérésie n'est pas à recenser dans ce premier album de Darwin Deez qui, sans avoir une voix exceptionnelle, parvient à produire un son pour le moins agréable et résolument novateur dans une nébuleuse pop toujours infestée ça et là des mêmes innombrables pollueurs sonores, véritables menaces à l'hygiène intellectuelle et au bon goût musical…

Lucas M.


Feedback de concert: Patrice à L’Aéronef Je ne connaissais de Patrice que la voix au timbre blues-soul un brin voilé. J’aimais les effets d’écho récurrents dans ces chansons les mots qui s’étouffent dans un chuchotement suave et séduisant. Je n’avais vu son visage que par les couvertures de disques et grâce aux quelques photos accompagnant la sortie de ses derniers CDs (Free-Patri-Ation en 2008 et One en 2010). Ces titres les plus récents n’hésitent pas à marier des percussions africaines, des accents reggae et des flows de rap avec des voix traitées à la Daft Punk ou avec des sonorités electro. J’attendais beaucoup de son concert à l’Aéronef. Je n’avais pas prévu d’y aller initialement, mais un coloc avisé m’avait proposé de l’accompagner. Bien lui en a pris! En première partie, une petite blonde avec une énorme choucroute sur la tête. Selah Sue. Ce petit bout de chou de Bruxelles à la voix fluette renferme en fait un coffre incroyable. Une belle voix cassée pour un style reggae assumé, voix un tantinet nasillarde, une diction parfaite soulignant le haché de son phrasé, et un accent flamand (hé oui! Elle vit pas très loin de chez nous!) ultra sexy quand elle se met à parler en Français. Elle nous explique l’histoire de chaque chanson avec une légère gène touchante. Surtout quand il s’agit de ses premières chansons d’adolescente, comme un appel à la tolérance. Mais il n’y a pas à s’excuser, les quelques titres qu’elle a joué, toute seule avec sa guitare, perdue sur cette grande scène, n’ont rien à envier à ceux d’artistes confirmés. Pas étonnant alors qu’elle assure régulièrement les premières parties de Patrice et qu’ils chantent/ jouent même ensemble sur scène parfois. Cigale, Boule Noire, Aéronef, Selah Sue en veut. A suivre. Enfin, Patrice. Le fond se la scène s’illumine d’un bleu intense et nous découvrons un décor d’arbres sans feuille qui rappelle la pochette de son dernier album, One. Mais Patrice ne se contente pas de reprendre son dernier album. Il enchaine, chemise au vent et casquette vissée sur la tête, tous les tubes de son répertoire, de ses débuts avec Lions jusqu’à Maker ou 10 Man down. De grands mouvements de cordes comme du vocoder, des chansons militantes et d’autres sans message particulier, à la fois folk, reggae et soul, bref cet artiste possède un patte bien particulière mais aussi éclectique que lui, Allemand aux origines sierra-léonaises et anglophone. On regrettera quand même les chansons d’amour béat jouées à fond (lumières tamisées, se balançant lentement, trop lentement)… Je n’ai jamais réussi à les trouver autre que niaises sauf quand il s’agit de Paul McCartney ou Stevie Wonder... Ce n’est clairement pas le style qui lui sied le mieux, celui de lover. Mais je ne vais pas être pointilleuse, on est tout le temps transporté par l’énergie de Patrice et par l’ambiance générale de la salle, chauffée à bloc: on reprend tous Soulstorm, Today ou encore Clouds en chœur, sans que l’artiste ait eu besoin de nous le demander, en véritable communion avec la scène. Ici et là ça danse, ça saute, ça boit, et ça fume aussi malgré les interventions du staff, lassé sans doute de devoir rappeler l’interdiction de fumer alors que l’odeur des spliffs arrivent jusqu’à eux. Héhé… Je repars ravie de la prestation de Patrice largement à la hauteur de mes espérances, et fatiguée de mettre tant donnée pendant ce concert. Diane H.


Chants de Noël ou Noëls Attention, culture! Noëls: cantiques spirituels en langue vulgaire, composés en l'honneur de la Nativité de Jésus-Christ, et qu'on chantait au temps de Noël dans les églises, ordinairement sur des airs populaires et rustiques, pour mieux rappeler sans doute que des pasteurs de Bethléem avaient les premiers célébré la venue du Sauveur. C'est de là que leur vint, en Italie, le nom de pastourelles ou cantiques des pasteurs, et, en Angleterre, celui de Christmas carols ou rondes champêtres de Noël. On dit même que, la veille de Noël, ces cantiques se chantaient au milieu des danses, dans le cimetière des églises. Les premiers Noëls manuscrits sont du XIe siècle. Guillaume de Villeneuve, Trouvère de la fin du XIIIe, cite des collections de noëls dans un fabliau recueilli par Barbazan et Méon. La bibliothèque La Vallière possédait en ce genre un précieux recueil du XIVe siècle. Le siècle suivant en a laissé un plus grand nombre; mais les cantiques, prenant une autre forme, ont été mis en action, distribués par personnages, et sont devenus de véritables mystères de la Nativité. Au XVIe et surtout au XVIIe siècle, les noëls se multiplient et forment des recueils considérables. Les noëls ne conservèrent pas toujours leur caractère religieux; le mot fut détourné de son acception primitive, et servit à désigner des chants destinés à glorifier autre chose que la Nativité de Jésus. C'est ainsi qu'outre le noël religieux, on eut le noël royal, chanté en l'honneur du souverain; le noël politique, composé dans le but d'honorer un personnage distingué, soit dans l'État, soit dans l'Église; enfin le noël badin, qui traitait d'un sujet vulgaire et s'adressait à de simples particuliers. Les airs sur lesquels ils étaient chantés, et qui sont notés à la suite dés paroles, leur donnent un autre genre d'originalité : ces airs, pour la plupart connus de père en fils, et dont il est difficile d'indiquer la source, ont le caractère du plain-chant par leur extrême simplicité et par le peu de modulations qu'on y rencontre; la cadence plagale s'y reproduit fréquemment, et ils se terminent aussi bien sur la quinte que sur la tonique. Quelques-uns sont empruntés à Lulli; le plus grand nombre sont des airs de menuets et de gavottes composés, au XVIe siècle, par Pierre Certon, maître des enfants de choeur de la Ste Chapelle de Paris, par Maillard, Arcadelt, Clément Jannequin, Mornable, les deux Vermont, Fevim, Dubuisson, et Eustache Du Caurroy. Il est assez remarquable que plusieurs de ces airs ont une ressemblance frappante, et qui ne peut être attribuée au hasard, avec des mélodies écossaises que l'on croit, mais à tort, avoir été composées par David Rizzio, favori de Marie Stuart. Le musicien Lesueur a enchâssé dans son Oratorio de Noël quelques-uns des airs de noëls dont la mélodie est la plus franche et la plus populaire.

Sources: Grande Bible de Noëls anciens et nouveaux,Toul, 1823; 62 Noëls provençaux de Saboly, 1669

Pour toute suggestion, question, remarques, ou autre, N’hésitez pas et écrivez-nous! Nous serions ravis d’avoir un peu de lecture pour Noël! lesham@hotmail.fr


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