Le p'tit Buvard #6

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‘ RAMÈNE TA PAUME ‘

Le p’tit Buvard Journal étudiant littéraire et créatif de la faculté du Mirail

#6 Novembre 2011 — édition #6 Journal mensuel gratuit


couverture Photographie de

sommaire

Marjorie G.

LE P’TIT BUVARD #6 NOVEMBRE 2011 édito

...à voir

société ‘Stigmate’ par Arno Richet poème et dessin ‘La Virée’ de Aymerick Serradeil

...à lire

nouvelle ’De Dos’– ép.2, par Nicolas Pleyell illustration ’Monsieur Pilipili’ d’Elke Foltz poème ’La couleur de la douleur’ par Mylène C. histoire ’L’attente’ par Edgar de la Nima théma ’Irlande’ par Charline Marché BD ‘Somnambulisme ’ par Romain Pujol poème ‘Génération Paradoxe ’ par Lilyth Annoy

...à faire

association ‘Latin’clave‘ programme de la M.I.E. — Novembre 2011 recettes Menu ‘pas cher‘ blagues

remerciements

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04 - 05 - 04 - 05 06 - 19 - 06 - 10 - 11 - 12 - 14 - 18 - 19 20 - 26 - 20 - 22 - 24 - 26 - 27

Directeurs de publication : Julie Dagut et Arno Richet Création graphique : Marina Costanzo — http://marina.costanzo.free.fr/ Impression : imprimerie de l’Université Toulouse II — Le Mirail


3 édito

#6

édit

ion

LE P'TIT BUVARD :

SECONDE NATURE

“P

ourquoi ne traitez-vous pas de politique?” Éternelle question dans la bouche de nos lecteurs. Notre journal est un outil de communication important sur le campus. Il n’est donc pas étranger à la question politique qui est devenue centrale dans le débat citoyen d’aujourd’hui, notamment étudiant. Le Ptit Buvard est au fait de cette légitimité; mais n’y a-t-il pas d’autres chemins à explorer? Doit-on faire du pamphlet notre seule arme pour promouvoir le potentiel étudiant, qui est notre volonté première? Nous sommes convaincu que l’expression artistique (nouvelles, poésie, illustration, etc...) est dépositaire des volontés, espoirs, désespoirs de notre jeunesse. Nul besoin d’en passer par une terminologie politique. Dans ce numéro, nous n’évoquerons donc pas le quiquennat de, les valises de, les bébés de, les Rolex de, la libido de, les copains d’, la crise du... Si nous voulons jouer à notre propre jeu, il faut alors changer les cartes. “Tout n’est pas politique, mais la politique s’intéresse à tout” — Nicolas Machiavel

La direction.


4 ...à voir

société

‘STIGMATE’ Par Arno Richet

L'autre jour, j'étais dans le métro. Lorsque soudain, il l'a sorti. De sa poche, comme un chevalier sort l'épée de son fourreau. Il a dévoilé d'instinct ses courbes fines, ses angles saillants, sa plastique précieuse et étudiée. Plein d'apparat, petit bijou d'ingéniosité. J’observais alors intensément l'objet de convoitises, or, à ce moment précis, horreur. L'appareil (c'était un téléphone portable) portait en son centre un éclat - comme une toile d'araignée- qui brisait indubitablement l'artifice. Ainsi les formes, les courbes, les angles, le chatoiement, n'étaient plus. Grâce à quelques recherches, j'ai développé ci-contre une théorie que j'aime appeler "le Syndrome de l'iPhone Cassé". Le SIC (sic) est à prendre avec précautions, puisque je suis à cette heure son seul théoricien, et praticien ... J'ai eu l'occasion à plusieurs reprises de voir smart-phones et autres consorts ainsi affublé de LA brisure. Cette brisure qui, selon moi, n'est pas simplement le fait du hasard. Pourquoi s'attaquerait-elle alors exclusivement aux derniers nés de la technologie et épargnerait mon vieux Nokia ? J'ai ici, une réponse. Après plusieurs millénaires d'avancées technologiques, de progrès scientifiques, de consumérisme, nous avons ENFIN acquis l'objet suprême. Neandertal avait le caillou, nous avons l'iPhone. Un objet simple qui permet non pas d'aller chasser, mais de commander une pizza, non pas de faire du feu, mais de faire semblant d'être occupé au téléphone pour demander nonchalamment du feu à la jolie fille qui passe dans la rue. Pourquoi cet engouement ? Cette ferveur affolante ? La dernière fois qu'un objet ou une personnalité a soulevé autant de fanatisme, c'était il y a 2011 ans, il s'appelait Jésus-Christ. Lui, pouvait appeler Dieu. Je ne vais pas retracer toute l'histoire, mais cet homme a fini cloué sur une croix. Et si les écrans cassés des smart-phone étaient des stigmates d'une injonction divine ? Comme pour nous dire "Arrêtez, les gars, ce bidule vas vous mener à votre perte". Sommes-nous tous condamnés à être la "génération smart-phone ?"


5 poème

‘LA VIRÉE’ La Vie comme une paille Le vent à fleur de peau Je continu sur mon rail Le bonheur comme un cadeau

Et je manie le gouvernail Vers ce qu'il y a de plus Beau Ton visage dans ma médaille M'accompagne comme un joyau

Serai-je de taille A affronter ce fardeau Franchir ce portail Et me risquer au bord de l'eau

La Mort montre ses écailles Me transperce par son couteau L'écorchure sur mon poitrail Me déchire en mille morceaux

Je me noie dans la grisaille Submergé par les rouleaux Je gagnerai cette bataille A coups de rame sur mon radeau

Et tu pars dans la broussaille Vers le point le plus haut Je suis l'épouvantail Et toi mon bel oiseau

La barrière de corail Au loin me fait défaut S'étendant en éventail Idyllique eldorado

Aymerick Serradeil

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6 ...à lire

‘DE DOS’ Par Nicolas Pleyell — épisode 2

L

e personnel médical, qui était la seule présence qui osait s'aventurer dans notre antre, était le seul repère que nous avions du temps qui passait. Les visites nettes et précises du médecin nous rassuraient, comme les cris que poussaient les internes au cours de leur thérapie de groupe. On se disait qu'ils devaient beaucoup souffrir pour en arriver à gueuler comme ça, entre eux, qu'ils devaient travailler bien comme il fallait pour en arriver là. On en avait de la chance. L'un d'eux retint notre attention durant quelques semaines. C'était un nouveau qui était arrivé en cours d'année, qui devait s'occuper de gens comme nous pour je-ne-sais quel stage. – Moi c'est Louis Lebal, mais appelez-moi Saint Louis, c'est celui que j'préfère de tous. Lebal c'était un gars qui retenait votre attention, un motif sur le mur qui contrastait avec le reste. Il était assez costaud, une peau en écorce et pas mal poilue, les cheveux très noirs; on y devinait l'héritage d'une peuplade. Il nous parla souvent de son village natal près de la mer, qu'il avait dû quitter pour trouver du travail. Il avait fait infirmier car sa mère était guérisseuse, et l'avait persuadé qu'il avait un don de guérison. Nous ça nous faisait bien rire cette raison, mais on comprenait du moins son choix de quitter la cambrousse. Pourtant il aimait désespérément l'extérieur, mais pas l'extérieur qui cogne à votre fenêtre avec sa main venteuse, non, celui qui appartient à un beau passé; privilège vers lequel on se tourne à chaque errements quand l'héritage vous est resté émotionnel. Il voulait qu'on l'appelle Saint Louis (d’ailleurs personne ne le faisait), car il disait descendre des rois de F*****

nouvelle

– En fait, si je suis infirmier c'est parce que j'y étais destiné vous voyez ? – Non Lebal, on voit pas. – En fait, attention j'injecte le liquide petiot, dans ma famille on se transmet un don de guérison. On l'écoutait parler, et suivait en même temps le liquide médical circuler jusqu'à nos veines. – Depuis que je suis gosse, on me présente les blessés du village et je leur prodigue ma magie, mon don, pour qu'ils aillent mieux. Et ça marche ! – Ah oui ? T'as des preuves ? C'est sur quoi, des bosses ou des cancers ? – Tout, c'est eux-mêmes qui m'disent que ça va mieux dès que j'suis intervenu. Après pour ma mère c'est du chamanisme, du bizarre, mais pour moi c'est plus que ça. Attention connerie : – C'est de la thaumaturgie. – Hein ? – De la quoi ? – Bande d’ignares, j'connais moi ! dit Bubuco qui passait par-là. C'est le don qu'on les rois de F*****, que Dieu leur a donné pour guérir les souffrant. – Tais-toi et bois Bubu, que j'lui ai rétorqué. – Oui c'est ça; vous devriez pas être dans votre chambre vous ? 'Fin bon, toujours est-il que j'suis peut être pas bien malin, mais j'connais par coeur l'histoire des rois de F***** et j'ai leur don. C'est pour ça que j'suis passé infirmier, sinon j'aurais pu faire historien ou fermier. Mais c'était ma voie. Et je peux vous garantir que j'descends de Saint Louis. Je le sens, on est comme ça dans la campagne, on a pas besoin des gens pour savoir qui on est. Après ce qu'il venait de dire, moi et Criqua on se regardait d'un drôle d'air, comme se disant : "tu sens que t'es plus guéri toi ?". – Mais tu te prends vraiment pour un roi ? lui demanda Criqua – Bah au moins un de leurs descendants, puis avec un prénom pareil, voilà ça veut tout dire.


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Mais vous verrez, j'vais vous guérir sans que vous vous en rendiez compte. – Mais...mais qu'est-ce qu'il est con ? – Ah moi j'suis sidéré, que j'répondis à Criqua. – Moi j’l’aime bien ce jeunot, ça me change de vous, ajouta Bubuco. Il revint pas mal de fois par la suite Lebal, et vu qu'on se fichait toujours de lui, il voulut nous démontrer qu'il avait de vrais dons. Ça devait passer par une "séance", car c'était pas de la gnognotte son pouvoir, fallait qu'il soit accompagné, avec un cadre propice et tout; "c'est du sacré" qu'il nous disait. Criqua a fait le cobaye, d’ailleurs ça promettait vu qu'il se bidonnait sans arrêt dès qu'on parlait de notre guérisseur. Mais Lebal il avait vu les choses en grand. Enfin du grand dans du petit, car il avait pas pu trouver autre part que notre chambre pour faire sa démonstration. Le soir de la séance donc, Lebal avait ramené en se servant des poches de sa blouse, des guirlandes chrétiennes, des bougies, des ornements; et cachés dans nos assiettes recouvertes, des ustensiles de sorcellerie et un globe terrestre. Il était en verre et enrichi de tons différemment profonds selon chaque région et pays; on aurait dit qu'il était fait des fragments d'un vitrail. En son centre brillait une ampoule qui projetait malgré sa faible puissance une aura digne de celle des plus beaux joyaux. Il accrocha des pattes de lapin à nos poches de perfusion, dessina runes et pentacles sur nos murs. Un crucifix énorme fut placé juste au dessus du lit de Criqua, qui à partir de là craignit pour lui. Des guirlandes soignées, sûrement ramenées de chez lui, pendaient autour de nous; elles semblaient avant tout destinées aux noëls en campagne. Des herbes fumaient aux quatre coins de la pièce, seulement quelques bougies maigrelettes donnaient la lumière à cette grotte des premiers âges. C'était en tout cas un savoureux mélange, j'abaissai ma garde pour la première fois depuis longtemps, car tout ceci

était ridicule et énigmatique à la fois. Il devait être une heure du matin quand Lebal jugea que tout était en place (nous avions manqué minuit car Bubuco, trop ivre, avait fait de l'agitation dans tout l'hôpital jusqu'à minuit). De plus la lune n'était pas pleine, ce qui d'ordinaire va si bien pour ce genre d'évènements. Nous avions seulement un ciel très noir, sale et nuageux. Lebal n'était pas très content de tous ces mauvais présages, et Criqua avec ses derniers rires convulsifs l'énervait de plus en plus. Il était allongé sur son lit, attendait que le miracle débutât. Lebal, enfin, commença. Il était habillé en infirmier mais portait une croix autour du cou, et s'était dessiné au crayon noir une sorte de couronne sur le front. Il tendit ses mains au dessus du dos de Criqua alors ses bras m'impressionnèrent, veineux, osseux, droits comme du marbre. Ses gros sourcils se froncèrent alors, on ne rigolait plus, même Criqua qui ne voyait rien. L'atmosphère se crispa, Lebal en imposait. – J'en appelle aux guérisseurs des écrouelles, aux rois glorieux de jadis ! Aux forces étranges, aux démons égarés, à la magie noire en quête de rachat, au pouvoir divin insatiable dans sa bonté ! J'invoque les forces telluriques, ô planète généreuse, montre à ceux qui t'ont oubliée et malmenée que tu pardonnes aux Hommes, que ton monde guérit tout. O Saint Louis, entends ma prière ! Reconnais mon don! L'héritier des rois te touche, Dieu te guérit ! Il s'arrêta fixe, les yeux grand ouverts prêts à imploser. Il eut un moment de flottement puis referma ses paupières d'un coup, semblant vouloir se calmer. Plus rien. Un silence immense. Je fixai Criqua, qui apparemment s'était assoupi. Au fond de moi, j'espérais qu'il se passât quelque chose, que Lebal disait vrai. L'atmosphère de la pièce me bordait étrangement, j'en voulais plus, à présent que mon esprit s'était relâché. J'entrais dans un rêve devant cette situation pas ordinaire. En pensant à tout cela, dans cet instant en suspend, je m'imagi-


‘De Dos’

Par Nicolas Pleyell — épisode 2

nais de belles choses : des feuillages discrets, des petits bruits, des ombrages délicats, des chapeaux en fleurs et celles qui les portent, de ces femmes d'ordinaire timides qui profitent de l'été pour pavaner leurs formes. Je me remémorai ces douces sensations qu'on ignore et qu'on peut qu'ignorer, car elles sont que cadres dans nos vies. Dans mes doutes, dans le relâchement de la dure réalité, je pouvais enfin me prélasser dans ces visions interdites car inutiles, ces belles visions de paradis guimauves, grains de beauté et ambiances que l'on destine à être ces piliers ; où nous reposons l'évidente hypocrisie, celle du désespoir habituel. Le globe soudain trembla, et me sortit de mes rêveries. Le sourcil de Lebal se leva légèrement devant le phénomène, mais ses mains elles, n’avaient pas bougés d’au-dessus de Criqua. Le globe de plus en plus grelottait sur son socle. Il se remuait, brouillait ses couleurs, s’agitait comme s’il était habité par je ne sais quoi. Personne ne le remarquait vraiment, hormis moi. Une forte lumière se dégageait de lui, elle augmentait et aveuglait de plus en plus mes yeux. Bubuco m’avait parlé de ce genre de choses, il appelait ça des « apparitions », comme quand les religieux voient des anges, qu’il disait. Mais, apparition ou pas, je commençais vraiment à me sentir seul, à avoir peur, et je voulais pas non plus avertir Lebal. Les murs se resserraient, se déformaient autour de moi dès que je détournais mes pupilles de cette boule de feu, les ombres gagnaient mes membres, j'avais de nouveau froid, terriblement froid. Lebal avait donc raison, quelque chose se produisait bien, cela m'inquiétait…J’avais maintenant peur pour ma santé mentale, ça je voulais pas la perdre. J’agrippais sans raisons mes mains au sol, tandis que la sphère elle, continuait de s’embraser. Je voulais y croire à présent, je me disais qu’en ayant la foi tout stopperait…Que je serais épargné…Pourtant j’arrivais pas à me persuader, peut-être que le dieu qui commandait cela le

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sentait, je ne serais alors pas sauvé ; tout s’embrouillait, j’étais effrayé, c'était un marécage. J'étais insensible aux gifles de ma raison. Rien n'aurait pu me rassurer à cet instant. Il fallait que cela marche, il le fallait ! Je sentis alors la porte s'ouvrir, et vit Bubuco passait la tête pour voir ce qu'il se passait. Il disait rien pour une fois, se contentait de regarder la sphère en folie, comme hypnotisé. Je regardais vers notre mage pour voir si la panique l'avait envahit également. Sur son visage sérieux, ses sourcils se fronçaient de plus en plus, ses doigts se raidissaient terriblement. Il les contracta, je retins mon souffle. Il les referma d'un coup et dit "ça ne marchera pas". Il baissa ses yeux à demi ouverts, je compris qu’il renonçait. "Boum", le globe explosa. La détonation fut brève, percutante et s'aplatit contre les parois de la chambre pour rebondir dans nos entrailles. Des éclats de verre se plantèrent dans le dos de Lebal qui poussa un cri abominable en se cambrant de douleur, tel un cadavre que l'on étire. Des lamelles projetées m'entaillèrent les joues, les autres passèrent au-dessus de Criqua. Des flammes très claires sortirent du noyau disloqué. Celles-ci me frôlèrent comme les doigts d'une fée démoniaque. Quand tout retomba, des particules brillantes flottèrent autour de moi. Etait-ce un rêve ? Ça en avait le sens. Une révélation ? Et Lebal, il en était où ? Vivant, mort? Est-ce que Criqua allait bien ? Mes interrogations, je les trouvai merveilleuses, je me souciais du reste. Sous le choc, je fermai les yeux pour faire le mort, sans raison, au milieu de tout les infirmiers qui rameutaient. Je pensais à l’intérieur de mon corps, où tout se dégonflait à présent, tout était enfin fini, y’avait de la verdure dans mes pensées. De l’herbe, des reflets, de la lumière, des odeurs, des trucs de l’enfance. Je pensais aux forêts enchantées, aux chevaliers solitaires, au Moyen Age. J’oubliais les cafés


9 Retrouvez la suite de ‘De Dos’ de Nicolas Peyell dans le prochain numéro du P’tit Buvard.

crasseux, les cimetières, les parcs municipaux poussiéreux; les bidons près des poubelles. Bubuco alla crier au feu, et je vis seulement Lebal s'écrouler sur le lit avant de m'évanouir pour de vrai. Criqua s'était bien endormi, comme une locomotive prisonnière de son allure bruyante, il avait pas été réveillé par ce qui s'était produit à coté de lui. Il me sembla que le jour s'était levé quand mes yeux se fermèrent. On avait pas pu éteindre le feu avant un long moment, et à mon réveil, j'appris qu'on reverrait plus jamais Saint Louis. Nous fûmes privés de cachetons pour avoir fait cela, et Bubuco vint de moins en moins nous parler. Avec la routine qui revint vite, mon amertume au fur et à mesure prit de haut ces transports doucereux qui avaient été miens lors de cet évènement. Je ne pus alors que me moquer de moi-même pour cacher ma honte ; j'en avais terminé avec les machins enchantés et les bricoles de chamans dérangés. Au début du printemps nouveau, un printemps glacial, Criqua alla très mal. Il avait une énorme bosse à présent au niveau du dos, un monticule rocailleux. Ça le rendait cassant, très irritable, je lui parlais plus, je voulais même plus chercher. A la place je regardais la tv, je bouffais mes médocs, je mangeais ce qu'on me servait. Mon dos me faisait de moins en moins mal car je bougeais plus, je me promenais plus dans le parc; je restais là tranquillement. La nuit dernière, Criqua, il m'a parlé : – Écoute, ici j'ai plus rien à faire, j'ai bien vécu, j'suis content. Mon gosse doit être crevé à l'heure qu'il est, et puis j'lui ai plus écrit depuis des mois. On dit qu'avoir un enfant ça crée des responsabilités, ça vous rend adulte. Mais moi je l'ai jamais aimé tu comprends, j'm'en fous, c'est pas lui qui va me nourrir et faire mes draps. Je m'en veux pas enfin je pense pas. Il réfléchit une seconde tandis que la lumière de son chevet jouait avec l'ombre de sa bosse,

qu'elle rapetissait et grossissait. Il me dit à nouveau : – Si jamais il m'arrive un truc, essaie de le retrouver d’accord ? Et éduque-le. – J'ai pas envie, moi aussi j'veux rester ici, j'sais même plus comment c'est dehors, j'existe qu'ici. Envoie une lettre à ton gosse et dis lui de se casser le dos pour venir avec nous. – Ta gueule. Et on s'endormit bien au chaud, sur le ventre pour que la bosse ne nous fasse pas mal. Je me sentais bien, y'avait plus d'effort à faire, seulement les souvenirs à effacer et les regrets pour me torcher le matin. Le lendemain, Criqua fut emmené au bloc, il revint plus jamais. Il avait laissé toutes ses clopes ce con, et quelques restes des soirées avec Bubuco, je les pris en signe d'amitié. C'était mieux, il commençait vraiment à me courir depuis un moment le cheminot. Je pense fort à toi Criqua, à la tienne. Les mois passèrent et ma bosse devint de plus en plus encombrante, vraiment. Je sortais plus de mon lit car c'était trop lourd à porter, je restais dans mes draps comme un petit oiseau que le ciel n'intéressait guère. Je couvais mon oeuf. Depuis quelques temps, le doc venait me faire la visite avec une espèce de jeune architecte. Il me préconisait encore du repos et des médocs; ça m'était égal tant que je restais dans la serre. Il semblait ne jamais retenir ma face le médecin, il allait et venait chaque jour et me regardait avec la même impersonnalité. Il souriait juste, était poli et distingué, mais c'était tout. Il me posait pas de questions, je voulais pas en connaître plus sur lui après, c'était bien comme ça. En fait je le trouvai seulement élégant. C’était le patron. – Fin de l’épisode 2.

"Éditions Hors Limite"

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Elke Foltz


11 poème

‘LA COULEUR DE LA DOULEUR’ — Le dimanche 13 mars 2011 14h45

Rouge. Bien rouge ma robe. Comme du sang. Violet pâle. Le verre. Cassis. Un kir. Peut être deux. Une cigarette. Rougeoyant. La braise. Rougeoyante. Sourde, la douleur. Au fond. Elle ne disparaît pas. Elle s’atténue à peine. La musique. La chanson. Douloureuses. Rencontre des lèvres avec le cristal du verre. Dans la gorge, la fumée de la clope. Grise, la brume qui sort de la bouche. La couleur des maux. Je ne sais pas ce que c’est. Blanche la peau. Blanc, le vin. Grise, grisée par l’alcool. Pas encore. Elle ou moi, on attend. On attend quoi. La pluie. Le soleil. Un des deux. Qui nous fera partir, qui nous fera rester. Arc-en-ciel des émotions. Palette de couleur. Du noir au blanc. Imbécile. L’action, inutile. S’enivrer, à quoi ça peut servir. A rien. Personne n’en saura rien. Elle et moi, on sera grises. Pour quoi. Pour du vent. Pas de couleur, le vent. Mal dans la poitrine. Mains qui tremblent. C’est fou comme un visage peut tourner dans la tête. Enivrant. Douleur doucereuse. Longtemps, ça tourne. L’alcool ou la personne. Personne. Et ça tue de l’intérieur, à l’intérieur. C’est noir, il fait noir. Brûlant. Le feu. Rouge, encore. Quelques gorgées. Vide, le verre. Retrouver sa transparence. Vierge. La page. Blanche. Réécrire. Les mots s’effacent. Les maux. Ne plus rien ressentir. Anesthésie. Infini. Kir. Deuxième. Plus tard. Noire, la nuit. Lumière. Ambrée. Un peu comme l’alcool.

Mylène C.


12 histoire

‘L'ATTENDRE, SANS TROP SAVOIR À QUOI S'ATTENDRE.’ Par Edgar de la Nima

– Ni l'un, ni l'autre, merci. – Môssieur ne souhaite rien consommer ? lança alors la serveuse, visiblement agacée. – Non, non... C'est-à-dire que... En fait, j'attends quelqu'un. – Ah oui ? dit-elle avec un mépris non dissimulé. – Oui, j'ai un rendez-vous ! Enfin je crois. – Vous croyez ? ricana-t-elle. – Oui, elle est en retard...Mais elle ne va pas tarder. Enfin j'espère ! – L'espoir fait vivre paraît-il ! dit-elle en se moquant ouvertement de moi. – Oh et puis ça ne vous regarde pas ! Le client est roi ! Et le roi vous demande de vous en aller ! – Et depuis quand êtes-vous un client, cher môssieur ? me demanda-t-elle avec un grand sourire plein d'une insolente mauvaise foi. Je n'insulte jamais une femme. Je ne frappe jamais une femme, fut-elle une enquiquineuse de première classe, comme cette serveuse qui tenait absolument à avoir le dernier mot. Et puis j'avais vraiment d'autres soucis, alors je finis par céder. – Bon, voilà 5 euros, servez-moi ce que vous voulez...euh, non, pas ce que vous voulez tous comptes faits ! Un martini blanc sec. – Mais avec grand plaisir, môssieur. Heureusement pour elle que j'ai des principes; je l'aurais bien giflée cette garce. Cinquante-six minutes plus tard, Laurence n'était toujours pas là... Je me disais qu'après une heure de retard, il serait inutile — et pathétique — d'espérer encore la voir arriver ; alors

par acquis de conscience, j'attendais quatre petites minutes. Cela dit, je n'y croyais plus trop et je ne scrutais même plus la rue de la Libération, par laquelle elle aurait dû arriver, par laquelle je m'étais efforcé de l'imaginer arriver avec cette démarche provocatrice dont usent les femmes quand elles veulent montrer qu'elles aussi savent qu'elles sont irrésistibles. Je trouve ça ridicule — et vulgaire, mais pour autant je n'y résiste jamais. En fait, je me demandais si elle m'avait juste oublié ou si elle voulait me faire comprendre que je n'étais qu'un raté et que c'était fini entre nous. Je me disais qu'au fond la première hypothèse me plaisait mieux, mais qu'elle était d'autant moins crédible que c'était elle qui avait fixé le rendez-vous : "Apple bar/ 10h / apporte une photo de nous". Et puis depuis trois semaines qu'on était ensemble, elle n'était pas arrivée en retard à un seul rancard... La serveuse venait de passer pour la énième fois avec un regard noir et glacial. Je m'apprêtais à me lever quand Laurence arriva enfin par je ne sais quel côté, venue de nulle part — comme une apparition. Elle ne prit pas le temps de s'asseoir. – Tu viens, dit-elle doucement mais en me serrant fermement l'avant-bras, il faut qu'on parle. Je pense très fort (tellement fort que ça devait se sentir sur mon visage) : C'est pas bon ça! On parle pas dans une relation qui a moins d'un mois ; on s'embrasse, on se caresse, on se câline. On se dit "je t'aime", mais ça c'est pas parler, c'est s'embrasser l'âme, ni plus ni moins, se caresser le cœur, se câliner l'esprit. Elle me tire par la manche, elle me regarde ; ses yeux sont fatigués, sa bouche est hésitante. Je me dis qu'elle a cherché un script toute la nuit, qu'elle a écrit le dialogue, appris ses répliques pas cœur, anticipé mes réactions. Et moi je les connais pas les dialogues ! Mais je sais quel


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rôle je vais jouer car le scénario est évident — pas très original, assez mauvais même. En fait, on se croirait dans un mauvais film, un de ceux qu'on va voir seulement parce que l'actrice est mignonne et qu'on aime bien se moquer de l'acteur, qui — qu'il soit bon ou pas d'ailleurs ! — a toujours l'air idiot quand elle lui dit qu'elle veut qu'ils restent amis. Je sais, en fait il y en a pas énormément des films comme ça, mais alors ceux qui sont comme ça, c'est

vraiment tous les mêmes. Et là je me sens bête parce que je me dis qu'elle va lentement et douloureusement m'amener à la guillotine. Je m'imagine déjà l'écoutant, les yeux baissés, me raconter l'histoire, me comptabiliser pour se justifier les illusions déçues et l'incompatibilité d'humeur comme autant d'arguments inébranlables. – Je suis enceinte.

Photo de Marjorie G. « RAMENEZ VOS PAUMES W» Envoyez-nous vos œuvres : leptitbuvard@gmail.com


14 around the world! (2)

‘IRLANDE‘ Mélanie

J

’attends mon bus pour aller dans le centre-ville, j'en ai bien pour une demiheure de trajet. Et comme à l'habitude, il arrive déjà presque plein. J'attends que les autres passagers descendent et enfin je monte. Il y a une place libre à côté d'une petite vieille tirée à quatre épingles, qui fait la gueule. Je m'assois près d'elle. Elle me zieute, l'air offusqué de ma présence. Comme si je faisais preuve d'un culot monstre à prendre place à côté d'elle. À peine je m'assois qu'elle se lève. Je la laisse passer. Je lui demande : – Vous voulez que j'appuie sur le bouton d'arrêt. Je tends déjà le bras. – Non non. Pas même un sourire. Elle va s'asseoir sur un autre siège. Quelle vieille peau ! Tant pis. Je remets les écouteurs de mon lecteur mp3 sur mes oreilles. Au moins, la musique est toujours agréable - soutient permanent. Paraît qu'elle adoucit les moeurs. J'en ai marre de tous ces gens qui tirent la gueule pour un oui ou pour un non. Aucun motivation, soutien, physique ou moral. Pfff, fatiguée. Je vois les rues se peupler au fur et à mesure que l'on s'approche du centre. Le bus s'arrête, prend quelques nouveaux passagers, laisse descendre la vieille conne. Une autre mamie monte, je l'entend qui demande au chauffeur comment il va, "bien madame Connolly". Elle s'approche du siège vide à côté de moi et elle me sourit. Je lui rends et elle s'assoit. Elle a facile 80 ans, cheveux tirés en chignon. Elle me fait penser à ma grand-

théma

mère, dans le style mamie gâteau. Elle a un sac en cuir datant de Matuzalem, un chemiser en soie à fleur, et des chaussures de ville sûrement achetées chez damart. Le bus freine brusquement et fait voltiger le sac de la petite vieille, en étalant tout par terre. J'éteins ma musique, me lève et l'aide à ramasser ses affaires. – Merci. Elle me sourit à nouveau et récupère ce que je lui tends. Elle se rassoit. J'aperçois une photo qui traîne encore par terre. Je la ramasse. Elle est bordée d'un petit cadre mou en cuir. C'est un cliché en noir et blanc, un jeune homme pose dessus, sans sourire, plutôt pas mal. Je la lui tends. – Merci beaucoup. Je ne sais pas ce que je deviendrai sans cette photographie, j'ai tendance à perdre la mémoire. Ses yeux s'arrêtent sur l'image. Ils sont bleus presque gris et brillants comme le sont souvent les yeux des personnes âgées. Elle me regarde et me montre la photo. – C'était mon mari. Elle se tait et m'observe de nouveau comme pour savoir si elle peut continuer. – Il avait 20 ans mais c'était déjà un homme robuste. Dessus, il porte un costume noir assez élégant avec une fine cravate, mais la casquette qu'il a sur la tête me fait penser qu'il venait sûrement d'un milieu rural. Vingt ans et c'est vrai que comparé au mec de maintenant, il ressemblait beaucoup plus à un homme. – Lorsque je l'ai épousé, j'avais tout juste dixhuit ans, c'était en 1939. Je crois qu'elle voit mon air halluciné parce que tout de suite, elle se met à rire. 1939. Non mais c'est dingue de se dire que des gens ont vécu à cette époque. – C'était il y a bien longtemps!


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Tout en disant ça elle me sourit de nouveau. – Ça, je veux bien le croire ! Je continues de regarder la photo. – Et il faisait quoi ? – Il travaillait dans une imprimerie à Cork dans le comté du même nom. Aujourd'hui, cette ville s'appelle Corcaigh. – Vous voulez dire, Corcaigh en Irlande ? – Oui, j'y suis née un 28 Novembre 1921, l'année du traité de Londres ou plutôt, pour que ça te parle plus, l'année où l'Irlande du Sud est devenue indépendante, Irish free state. Mais même avec ce traité, ça n'était pas facile tous les jours. Ma mère n'a jamais acceptée la situation. – Vous êtes venue quand en France ? – En 1955. Mon mari est mort à cause d'une maladie. À l'époque, nous n'avions pas les moyens de le soigner. Je suis donc partie en France. J'y avais une cousine installée depuis dix ans, après qu'elle ait épousé un français rencontré pendant la guerre. J'étais seule, ma mère était morte elle aussi, je n'avais pas eu d'enfants et mes frères et soeurs étaient déjà tous installés depuis longtemps. – Et vous ne regrettez pas ? – Non. Elle regarde par la vitre de l'autre côté de la rangée de siège. Je crois qu'elle est sincère. Après tous ce qu'elle a vécu, à quoi ça l'avancerai de regretter ? – Moi, je suis née en 1989, l'année de la chute du mur de Berlin.

Brida Elle dit ça tout de go, avec un petit sourire en coin, comme si elle souhaite relativiser à ma place. Elle me tends la main. Geste inhabituel

pour les gens de sa génération qui ne se présente plus vraiment de la sorte. – Je m'appelle Mélanie. – Brida, Brida Connolly. 1989. J'avais déjà soixante-huit ans. C'est une jolie jeune femme, avec un corps mince et nerveux. On se demande si ce ne sont pas ses vêtement qui la portent plutôt que le contraire. Elle semble assez excentrique, originale dans son genre, les cheveux courts en bataille, un boucle d'oreille entre les deux narines, comme les vaches. Je n'aurais jamais imaginé lorsque j'avais son âge qu'un jour quelqu'un porterait ce genre de chose. Mais ça lui va bien, ça lui donne un air polisson. Son pantalon est déchiré et elle porte une besace militaire sûrement trouvée dans ces dépôts. Incroyable de constater à quelle point la vie et les générations ont changées. Les gens ne sourient plus, ne se parlent plus, ne communiquent plus et ils ne sont même plus polies. Même entre petits vieux les conversations sont fatigantes. Je m'amuse bien plus avec elle qu'avec toutes ces vieilles commères. Et penser qu'elle a encore toute la vie devant elle et tant de choses à découvrir me rappelle...que je suis très vieille. Cela me rappelle aussi mon amour incommensurable de la vie et en même tant me procure une tristesse infinie et inexplicable. Ce rappel du temps qui passe, ne revient jamais et sert à d'autres. – Et toi, que fait-tu ? – Je suis aux Beaux-Arts. J'y étudie plein de matières très très artistiques et très très culturelles. Elle dit ça comme si elle se moque d'elle-même. Les générations changent, certes mais pas les aspirations de la jeunesse. Son excentricité peut donc expliquer la voie qu'elle a choisie ou est-ce le contraire? Enfin cela me rassure de


around the world! (2)

voir que, en 2009 comme en 1950, les artistes semblent aussi marginaux. – Alors tu es une artiste. – Si on veut. Je ne sais pas trop comment on définit ce qu'est un artiste. J'ai jamais vraiment su en fait. – Rassure-toi, moi non plus. Elle rit. Un rire incroyable, de ceux qui se communiquent aussi rapidement qu'un bâillement. – Je suis principalement accès sur la peinture et le dessin. Je crois que ça me vient de mon grand-père, il était peintre et donnait des cours dans une école du même genre que la mienne. Pour un de mes anniversaires, il m'avait offert, je me rappelle, une mallette avec tout plein d'accessoires pour peindre. Il y avait aussi un livre sur les techniques du dessin et de la peinture. Tout ce qui était proportionnalité, ombres, couleurs. J'avais que huit ans, je m'en suis servis pendant quelques semaines et puis je les ai rangé dans un placard. En fait, c'est quand il est mort que j'ai tout ressortis. C'est un peu comme la dernière trace que j'ai de lui, je crois. Quand j'ai rouvert pour la première fois cette mallette, je me souviens avoir été submergée de souvenirs rien que par l'odeur des pinceaux et de la peinture. C'est dingue comme une simple odeur peut vous rappeler plein de choses. – C'est important de garder des souvenirs. Je me souviens de mon grand-père. Il étais pêcheur et il a travaillé jusqu'à sa mort. Rien d'une vie d'artiste. Mais lui aussi m'avait offert une fois de quoi dessiner. Ce n'étais pas grandchose, deux ou trois crayons de couleurs et quelques feuilles de papiers, mais à l'époque, c'était énorme pour moi. J'avais peut-être cinq ou six ans. Cela m'avait paru incroyable... – Oh merde !

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– Que se passe-t-il ? – J'ai loupé mon arrêt. Bon c'est pas grave. Où est-ce que vous devez vous arrêtez ? – Je descend à l'hôpital, je vais y voir une amie qui s'est cassée la jambe. Figure-toi qu'elle est tombé dans ses escaliers. Avec les années, on ne peut plus faire aussi facilement qu'avant les petites choses de la vie. Je te parle même pas des soi-disant ouvertures faciles des pots de cornichons ou même des bouteilles d'eau. – Je me suis cassée la jambe aussi une fois. Mon petit frère m'avait poussé dans les escaliers. Elle me dit ça comme si c'était tout à fait banal. – Mais pourquoi ça ? – Vous inquiétez pas, c'est pas qu'il est taré, enfin si un peu, mais là, c'était pas pour ça. En fait, on jouait à la guerre des étoiles et on se battait au sabre laser dans le couloir du premier étage. Et à un moment je l'ai attrapé pour lui piqué son sabre et il m'a poussé sauf que, comme ça donnait sur les escaliers et ben, je suis tombée. Rien de grave en soi, mais ça fait un truc drôle à raconter. Elle jette un coup d'oeil dehors. – Je crois qu'on y est, à votre arrêt. – Oh, oui ça y est. Bon et bien bonne journée Mélanie. Peut-être à bientôt. – Je prend souvent ce bus alors sûrement à bientôt, Brida. – Au revoir. Je m'arrête un instant pour la regarder. Je descends enfin du bus après que les autres passagers soient passés, je n'aime pas me faire heurter. On ne manque pas de tomber à mon âge, avec tous les gens qui nous bousculent. Je vois le bus qui redémarre et s'éloigne. Elle était gentille cette petite.


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Épilogue C'est le matin. Un lundi ensoleillé. Mélanie attends à son arrêt habituel. Le bus arrive et elle laisse passer une petite vieille devant elle. Elle l'entend parler au chauffeur, alors qu'elle montre sa carte de bus. – Vous avez appris la nouvelle pour madame Connolly ? Elle a eu une attaque avant-hier chez elle. Elle serai morte sur le coup d'après la concierge de son immeuble. Elle a été découverte dimanche. Si c'est pas malheureux, une journée entière avant qu'on la trouve. Mélanie n'écoute déjà plus la conversation, elle va s'asseoir sur un siège libre, près d'une fenêtre. Elle pose son sac sur la place à côté d'elle et met les écouteurs sur ses oreilles. Elle regarde les rues qui commencent à défiler.

Par Charline Marché

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18 BD

‘SOMNAMBULISME'

Par Romain Pujol http://dailyrarium.over-blog.com/


19 poèmes

‘GÉNÉRATION PARADOXE’ Génération paradoxe enfermé dans l'enfance, Absence de repères, nous mènent vers la démence Génération Peter Pan fuyant devant les contraintes Génération qui accumule les souffrances abstraites

Suivre, s'adapter, pas rester sur la touche, Évoluer au rythme imposé, malgré les fortes secousses. Être combatif mais pas égoïste, ambitieux mais pas narcissique, Courageux mais pas arriviste, déterminé mais pas exclusif.

Nous devons prendre notre envol en restant à nos places, Construire des projets mais dans l'ordre du raisonnable. L'école nous lâche, lache qu'elle est, la faute à qui ? À nous, Imbéciles d'élèves qui n'écoutent rien et gâchent tout

Être de cette génération qui a tout à portée de main Y compris Le droit aux alloc l'droit de servir à rien Avoir un projet perso et jouer collectif Votez sarko, perdre sa morale et être productif

Et l'échec scolaire sur nos épaules frêles, Partons vers Pole emploi, qui croit qu'on profite du système. Vide de sens et d'essence mais un look à faire pleurer Génération sacrifiée par le luxe et l'excès, Apparence, transparence, capitalisme à grande échelle, Internet, électronique, progrès High Tech, … chacun sa merde, Et le monde avance et nous à la traine, Essayons de rattraper chaque jour les défaites quotidiennes.

vingt cinq ans et suis perplexe. Je pense à ce que j'ai fais, c'que j'ai vu et c'qu'il me reste à faire Et y a plus d'un soir où J'me pose et j' mesure la distance, Et les doutes s'amplifient chaque jour depuis l'enfance Génération 86, pour ceux qu'ont la trentaine, Qui ont croqué la vie jusqu'à c'que les gencives en saignent, À ceux qui plient leurs rêves pour qu'ils collent à la réalité, Avant tout à ceux qui sont tentés d'abandonner… Lilyth Annoy

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20 ...à faire

assoc’

‘LATIN´CLAVE’ NOTRE ESPRIT

Associatif, convivial et chaleureux. Une ambiance propice à l’épanouissement personnel et collectif. Nous portons une grande importance à la participation active de chacun aux cours et aux autres activités.

NOS COURS POUR QUOI FAIRE ?

Promouvoir et développer la Salsa, et plus généralement les danses et culture latines dans la région toulousaine.

COMMENT ?

Des cours variés et complémentaires Des journées orientées sur la culture de la danse et de l’Amérique latine Une structure d’organisation de divers évènements et de sorties Une ouverture à un large public (enfants, et personnes handicapées notamment) Une troupe pour les démonstrations

~ Salsa Cubaine(Rueda) ~ Salsa Portoricaine On-1 et On-2 ~ Cha-Cha-Cha ~ Jeux de jambes ~ West Coast Swing (Quartiers Bellefontaine & Minimes) N’hésitez pas à nous contacter pour vous joindre à nous, à travers les cours ou en apportant votre participation à l’élaboration des évènements que l’association organise, ou simplement pour avoir de plus amples renseignements :

CONTACTS infos@latinclave.com

NOTRE PÉDAGOGIE

Nos enseignements sont basés sur l’acquisition des bases techniques, sur le travail et sur le perfectionnement artistique (style, expression et chorégraphie).

06.07.47.19.44 5 Avenue Collignon 31200 Toulouse http://www.latinclave.com


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Réduction pour les étudiants


La M.I.E. — Maison des Initiatives Étudiantes

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PROGRAMME M.I.E. NOVEMBRE 2011 ∞ cinéma ≈ event A

théâtre art musique

Jusqu’au vendredi 4 novembre A EXPOSITION "COMME SUR DE ROULETTES" Exposition photographique et présentation du livret illustrant le voyage partagé par une personne valide et une personne en situation de handicap. Sandrine DARROTCHETCHE Jeudi 3 novembre ≈ FORUM THÉMATIQUE SOLIDARITÉ de 10h à 16h ≈ GROUPE DE PAROLE de 12h à 14h Pour participer au groupe contacter le SIMPPS au 05 61 50 41 41. Du lundi 7 au vendredi 11 novembre A EXPOSITION PHOTO "SUR LES TRACES DES PEINTRES DU SIÈCLE D’OR" La Peña – Foyer d’espagnol. Lundi 7 au vendredi 18 novembre de 12h à 14h A ATELIER "LA BOÎTE ART-LUMETTE" Création d’art plastiques (technique du collage). Abigail CUENCA Jeudi 10 novembre de 12h30 à 14h00 CONCERT (IMPROVISATIONS LIBRES) Atelier AEMJTM Du lundi 14 au vendredi 25 novembre ∞ EXPOSITION DES PRISES DU COURT-MÉTRAGE "PAR-DELÀ" Histoire de deux pensionnaires d’une maison de retraite qui essayent de s’enfuir. A Camille PERNIN EXPOSITION D’UNE INSTALLATION " . " Observer l’attitude du public de l'art contemporain confronté aux oeuvres et aux espaces d’exposition. Marion VIOLLET Mercredi 16 novembre à 12h30 CONCERT DES ÉTUDIANTS DE LA FILIÈRE MUSICOLOGIE


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Jeudi 24 novembre de 12h à 14h ≈ GROUPE DE PAROLE Pour participer au groupe contacter le SIMPPS au 05 61 50 41 41. Du lundi 17 au vendredi 21 novembre A EXPOSITION "LA BOÎTE ART-LUMETTE" Exposition des travaux réalisés dans l’atelier. Abigail CUENCA Du lundi 28 novembre au vendredi 2 décembre A EXPOSITION PHOTO "LE CHIAPAS À VU D’OEIL " Ateliers de photographie mis en place avec les enfants de l’Etat de Chiapas (Mexique). Jérémy BERMUDEZ-PARRA

À L’ARCHE Tous les mardis entre 12h00 et 14h00 ≈ "CAFÉ OU THÉ"... ...sur la banque d’accueil de l’Arche offert par l’AFEV (Association de la Fondation Etudiante pour la Ville) Tous les mercredis entre 12h30 et 14h00 ≈ PERMANENCE DU COLLECTIF CLITO Stand d’information et de discussion sur la contraception, IST-Sida, les rapports sociaux femmes/ hommes, etc. Tous les mercredis de 20h30 à 23h59 FOYER NOCTURNE Initiation, création et développement des arts du cirque. Ouvert à tous les étudiants.

Elke Foltz


24 menu ‘pas cher’

recettes

2€

/4p

ers entrée SALADE DE COURGETTE À LA MENTHE

Préparation / Cuisson : 40 min

Ingrédients • 1kg de courgettes • 2 oignons • 1 CS d’huile d’olive • 2 branches de menthe fraîche • 6 grains de coriandre • 2 jus de citron • sel et poivre

Préparation 1 - Ciselez finement les feuilles de menthe. Pelez et émincez les oignons. Lavez, essuyez et coupez les courgettes en petits cubes. 2 - Dans une casserole faites chauffer l’huile, ajoutez les courgettes, le jus de citron, les grains de coriandre, le sel, le poivre et faites cuire à feu doux pendant 30mn. 3 - Versez le tout dans un saladier, laissez refroidir et mettez le au frigo. > Servez très frais et saupoudrez de menthe ciselée.

3€

plat / 4 pers ROULEAU DE POULET Cuisson : 5 min par rouleau Ingrédients

Préparation

• 2 blancs de poulets • 4 feuilles de bricks • 1 œuf • 1 CS de persil haché • huile de friture • sel et poivre

1 - Hachez finement les blancs de poulet. Mélangez-les avec l’œuf battu, le sel, le poivre et le persil. Mélangez bien pour en faire une farce. 2 - Roulez des petites portions de cette farce dans des feuilles de bricks. 3 - Faites chauffer l’huile de friture et jetez-y les rouleaux de poulet. Laissez cuire environ 5 minutes jusqu’à ce que les rouleaux soient bien dorés. Egouttez soigneusement sur du papiers absorbants. > Laissez légèrement refroidir avant de servir.


25

1€

/1p

dessert PANCAKE

Ingrédients

ers

• 1 pot de yaourt nature • 1 œuf • 1 pot de farine, soit environ 80gr. • 1 pot et demi de lait, soit environ 25cl. • 1 pincée de sel • 4 CS d’huile.

Préparation : 5 min Cuisson : 5 min Préparation 1 -Mettez le yaourt dans un saladier. Rajoutez la farine et mélangez à la fourchette en écrasant les grumeaux sur le bord du saladier avec une fourchette. Rajoutez l’œuf. Faites tiédir le lait 30 secondes au micro-onde. Rajoutez le à la pâte, et fouettez le tout à la fourchette. 2 - Faites chauffer l’huile dans deux grandes poêles l’une à coté de l’autre. Versez une louche de pâte dans une poêle. Quand le pancake est cuit sur sa première face, décollez les bords avec une spatule et retournez sur la seconde poêle. Laissez cuire la seconde face. > Garnissez de Nutella pour un goûter réussi !

+

cocktail

‘DÉSIR D'UN SOIR ’ > Pour 1 verre • 3 cl de Gin • 1 cl de nectar d'abricot • 1 cl de liqueur de fraise des bois • 1 trait de liqueur de banane • 1 trait de citron pressé • 1 rondelle de banane > Mettez le tout dans un shaker et servez dans un ballon. Décorez avec une demie tranche de citron et une rondelle de banane.

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26 blagues

AL SPÉCI E CH C O LU ous, en France, nos boxeurs ils sont tellement

«N

souvent K.O., qu'il paraît que les sponsors songent à mettre de la publicité sous leurs chaussures. »

«M

oi, j'ai jamais travaillé. Vous savez à quoi on reconnaît le travail ? C'est chiant, c'est long et c'est mal payé. Moi, ce que je fais, c'est court, c'est bien payé, et je me marre ! Enfoirés, excusez-nous ! »

«N

on mais tu as vu ça : un jeune banquier viré parce qu'il était coiffé en iroquois ! Parce qu'il avait les côtés rasés avec la touffe de cheveux au milieu ! Moi, mon banquier il porte une bande de cheveux autour de la tête et il est chauve au milieu, et lui on le vire pas ! »

«H

ier soir, je suis allé bouffer au restau, et après, j'ai demandé à embrasser le chef. Bah oui, c'était tellement dégueulasse que lui et moi on est sûrs de pas se revoir avant longtemps ! »

«

«À

la télé ils disent tous les jours : "Y a trois millions de personnes qui veulent du travail". C'est pas vrai, de l'argent leur suffirait. »

?!

savez ce qui frappe le plus les algériens qui viennent en France ? *Vous C'est la police ! rassurer les peuples qui meurent de faim dans le monde : *Jeici,voudrais on mange pour vous.

a fait cent morts en France l'année dernière, l'alcool cinquante *Lamilledrogue ! Choisis ton camp, camarade !

*La dictature c'est "ferme ta gueule", la démocratie c'est "cause toujours" qu'il y a entre les oiseaux et les hommes politiques, c'est que *Lade différence temps en temps les oiseaux s'arrêtent de voler !

»

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remerciements

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ON ZE WEB £ t Retrouvez les éditions précédentes du journal sur : http://marina.costanzo.free.fr/ rubrique ‘Le p’tit Buvard’

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Ils nous soutiennent :

P

our ce sixième numéro du P’tit Buvard, nous tenons a remercier :

Les auteurs et artistes : Textes : Arno Richet, Aymerick Serradeil, Nicolas Pleyell, Mylene C., Lilith Annoy, Edgar de la Nima, Charline Marché BD : Romain Pujol – http://dailyrarium.over-blog.com/ Illustrations : Elke Foltz – http://elkefoltz.blogspot.com/ Photos : Marjorie G. L’Association "Latin’clave " Illustration et mise en page : Marina Costanzo Mais également toutes les personnes qu’on a croisées et qui ont pris la peine de s’intéresser au projet et de faire tourner l’info ! Toutes les personnes qui se sont investies de près ou de loin au projet ! Et surtout : tous les futurs auteurs et artistes qui nous enverrons leurs créations ! Et qu’on attend impatiemment ! Et sans qui nous ne serions rien ! Faites que Le p’tit Buvard continue son chemin, parce qu’on en a besoin et ramenez vos paumes !

La direction.


#6

édition

‘ RAMÈNE TA PAUME ‘

Le p’tit Buvard Journal étudiant littéraire et créatif

Novembre 2011 — édition #6 Journal mensuel gratuit

Envoyez-nous vos œuvres sur leptitbuvard@ gmail.com


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