Le p'tit Buvard 4

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‘ ramène ta paume ‘

Le p’tit Buvard Journal étudiant littéraire et créatif de la faculté du Mirail

édition #4

Avril 2011 — édition #4 Journal mensuel gratuit

‘Ramenez vos paumes’, envoyer vos œuvres: leptitbuvard@yahoo.fr


couverture

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Illustration d'ELKE FOLTZ C

sommaire

Le p’tit Buvard #4 Av r i l 2 01 1

édito nouvelle ‘ Sarcasmes et jubilations ou Chroniques assassines ’ (épisode 4) coup de gueule ‘ Nuclé(gal)aire ’ Actualité Japon coup de coeur ‘ Le discours d'un roi ‘ de Tom Hooper BD de Romain Pujol musique ‘ Fullprod, Label indé et actif ‘ géo & politique Les Maux Dits — ‘ Tous les chemins mènent aux Roms ’ photo de Laura M. poème ‘ Un petit message de Madame Lavi ‘ nouvelle ‘ Le journal de la Fac ‘ (épisode 2) + illustration de Mélanie Montesano recettes ‘ Menu pas cher ‘ tous solidaires K.A.P.S. ‘ Journée en immersion ‘ programme de la M.I.E. — Avril 2011 blagues remerciements + ‘ Ramenez vos paumes ’

Directeurs de publication : Julie Dagut et Arno Richet Mise en page et illustrations : Marina Costanzo — http://marina.costanzo.free.fr/ Impression : imprimerie de l’Université du Mirail, Toulouse II

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03 édito

Le P'tit buvard

ça continue ! Voila quatre mois que Le P’tit Buvard a poussé son premier cri. Quatre mois, une gestation suffisante pour vous annoncer qu'il n'y aura pas d'IVG.

#4

édition

En effet, la Rédaction est heureuse de vous annoncer que notre mensuel continue sa route et sera présent à la rentrée 2011/2012 !

Cette "reconduction" , nous l'avons acquise grâce à notre dét...ermination et à votre participation sur le projet. Il faut persévérer; la présence d'un média libre et collaboratif dans notre université n'est pas un luxe mais une nécessité.

Isaac Newton a dit "Les hommes construisent trop de murs et pas assez de ponts" : les premières briques ont été posées, on compte sur vous pour la suite ! Nono.

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04 nouvelle

‘SARCASMES ET JUBILATIONs ou chroniques assassines‘ Par Lily Voisin — épisode 4

E

t une histoire de plus, avec un type peut-être de passage. Un jongleur rencontré par "le plus grand des hasards", un après-midi dans les jardins du bord de la Garonne. Je m'aperçois au bout de trois jours de câlins qu'il ne porte pas plus d'intérêt à la chose qu'à sa première culotte, et qu'il est probablement bien d'autres filles qui ont croisé le chemin de ses draps. Lorsque je lui en parle, il me dit qu'il ne voit pas où est le problème. Eh bien le problème, très cher manant, c'est qu'une aventure réitérée amène une jeune femme à penser qu'il peut y avoir une suite, s'il n'est pas dès le départ précisé que ce n'est qu'une aventure. Je me suis d'abord dit qu'il n'était qu'un homme lâche de plus parmi tellement d'autres. Je me suis énervée, contre moi-même surtout. Et puis quelques nerfs en moins plus tard, j'ai fini par en rire doucement, considérant qu'il était malheureux pour un homme de son âge de ne pas assumer quelque acte comme celui-ci. Bien à son aise. Et quand je me revois avec lui, je prends les choses comme elles sont: j'aurais au moins profité de ce qui s'est présenté. Et, au passage, appris à aimer jongler; à jouer avec de simples balles que je sais maintenant pouvoir faire tournoyer dans les airs, plus facilement que je ne l'aurais pensé. Des amies se montrent crispées, d'ailleurs, à ce propos. Je suis pour elles celle qui sait tout faire, et qui énerve ses copines. Parce que j'écris, parce que je danse, que je chante et compose, joue de la guitare et de la flûte, monte un spectacle, travaille, et maintenant jongle. Un peu. Celle qui ne se repose jamais. Celle dont l'emploi du temps commence à noircir un peu trop les pages blanches d'un agenda premier prix. Mais ce qu'elles ne voient pas, c'est que si je fais tant de choses pour remplir mes semaines, c'est tout simplement parce que je ne supporte pas de perdre mon temps. Ne rien faire m'ennuie, ou plutôt ne m'amuse qu'un moment. Je ne sais pas faire. Et que si je donne l'impression de réussir ce que j'entreprends, c'est parce que je n'aime pas perdre. Il ne s'agit pas d'être doué, mais de persévérer. S'obstiner, recommencer, tom-

‘Chroniques Assassines’ de Lily Voisin - épisode 4

ber de plus haut pour se relever plus fort. Ce n'est pas la balle qui me maîtrise, c'est moi qui lui dis où aller. Je ne veux pas me lamenter d'une culture de l'échec, je préfère insister: je perds sans rancune mais ne m'avoue pas vaincue. D'ailleurs, si je dis ne pas réussir, ce n'est pas par modestie: je ne sais pas faire, je fais juste illusion. Dans ce que j'entreprends, je suis consciente que la technique n'est pas acquise et que deux jours ne suffisent pas à faire de moi une guitariste ou une jongleuse. Je sais en revanche parfaitement donner aux autres l'impression que je sais ce que je fais. Genre "j'ai pas l'air, mais je gère". Orgueilleuse vanité. Il suffit alors de sourire et de paraître détendu, je vous assure qu'on ne vous en croira que plus à l'aise avec votre art. Et puis on a toujours tendance à remarquer la vieille qui fait ses courses le samedi après-midi alors qu'elle est à la retraite et pourrait très bien les faire un autre jour. On remarque aussi facilement que le garçon avec qui on a fait des choses pas très catholiques n'est qu'un autre homme lâche, comme ses prédécesseurs; que c'est forcément le matin où on est pressé que la cafetière est en crise et que le camion poubelle bloque le passage dans la rue; que le prof a collé une interro surprise parce qu'il était mal luné, et que le chat de la voisine a encore miaulé toute la nuit. Alors que ce qu'on devrait plutôt voir, c'est que si la vieille fait ses courses justement le samedi c'est parce qu'elle ne voit jamais personne dans la semaine; c'est que ce garçon qui nous a déçue n'est en fin de compte pas fait pour nous; que boire son café le matin avec ses collègues n'est pas plus mal que tout seul devant sa télé; que si on allait au boulot à pieds ou à vélo au lieu de prendre la voiture, on ne serait pas gêné par le camion poubelle au bout de la rue. Que l'interro surprise n'était pas si difficile et que ça nous a évité de dormir pendant un cours si ennuyeux qu'on en vient à se dire qu'on s'est levé pour rien; et que sans le chat qui nous a empêché de dormir, on ne saurait même pas que ladite voisine existe bel et bien. On ne voit même plus le sourire


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illuminé du gamin qu'on a croisé la veille. On ne voit plus que ce qui nous ennuie, en oubliant ce rien qui fait tout. Qui peut nous faire basculer d'une humeur nerveuse au petit bonheur qui ne coûte rien. Je vous fais la morale, évidemment, j'en suis tout à fait consciente. Alors à moi de gérer tout ça; en attendant comme dirait l'Autre, "faites ce que je dis, pas ce que je fais"! Je compte bien envoyer une beuglante à la SNCF. Depuis le temps que je le dis, je vais le faire. Des escaliers de partout, une fois sur deux les marches sont irrégulières, et quand il n'y en a plus il y en a encore. Déjà quand on est en bonne santé c'est tout sauf évident, mais alors avec une côte fêlée, je vous laisse bien imaginer! Eh oui je sais je me plains, je me plains encore et toujours, mais je n'avais qu'à être en forme et avoir les bras aussi musclés qu'un Pimousse ("petit mais costaud"). C'est donc ma faute. Mea culpa, Au temps pour moi, ne m'en déplaise; etc. Cela dit j'en tiens rigueur aux parisiens: ils sont toujours tellement pressés que leur mauvaise humeur et leur gestes nerveux et pressés me pompent toutes mes forces. C'est donc à cause d'eux que je ne réussis pas à gravir les 1001 marches des gares de la capitale. Car à ce moment-là, je n'ai plus qu'à sécher mes larmes de souffrance atroce - pauvre petite chose au corps fragile et douloureux-, et à improviser: un joli sourire, le torse bombé et une moue de circonstance, et je n'ai qu'à claquer des doigts pour qu'un inconnu de sexe mâle me porte gentiment ma valise jusqu'en haut. Bien sûr, quand le joli garçon attendu n'est qu'un adolescent muant et boutonneux, ça marche aussi. N'allons pas faire les difficiles, mesdames. Quant à ceux qui me trouveraient perfide, je leur suggérerais simplement de se fêler une ou deux côtes et de porter leur propre poids en livres de Montparnasse jusqu'à Austerlitz.

— Illustration de Elke Foltz

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'AUSTERLITZ JE TE HAIS' Le mois prochain ce sera pareil Donnez-moi vite une grande bouteille Peu importe c'qu'ya dedans j'm'en fous J'ai juste besoin de boire un coup En arrivant à St Lazar J'descends du train comme d'habitude Sauf que là j'en ai déjà marre Rien que d'me dire qu'ce sera si rude J'ai une valise, 20 kilos, j'crois Une tonne de bouquins sur le dos Une imprimante sous le bras droit Et un PC sur l'épaule gauche Je suis grand mais pas très costaud J'vais m'faire écraser par tout ca J'aurais mieux fait d'faire du judo J'suis aussi musclé qu'une banane

J'ai juste besoin de boire un coup Après dix millions d'marches grimpées A coup de muscles et d'volonté J'arrive enfin sur le bon quai Oui mais le train, je l'ai raté!!! J'me précipite vers le guichet J'demande quel est le prochain train Si on m'remboursera mon billet Comment ca c'est d'ma faute? Moi j'y peux rien! Austerlitz comme je te hais Le prochain que j'croise en costume Je le promets, je l'étriperai Ou j'le frapperai à coup d'enclume Le mois prochain ce sera pareil Donnez-moi vite une grande bouteille Peu importe c'qu'ya dedans j'm'en fous J'ai juste besoin de boire un coup

Le mois prochain ce sera pareil Donnez-moi vite une grande bouteille Peu importe c'qu'ya dedans j'm'en fous J'ai juste besoin de boire un coup Le tourniquet choppe ma valise La vieille derrière me hurle dessus Elle a besoin d'nous faire une crise L'heure de pointe à Paris, ca pue! Plus d'place pour moi dans le métro Peur d'manquer l'train mais je descends J'me fais virer par un clodo S'ils continuent j'vais tous les pendre Encerclé par les escaliers Qui me toisent et se moquent déjà Y'a pas d'escalator, c'est le pied! y'm'faut une clope, plus vite que ca!! Le mois prochain ce sera pareil Donnez-moi vite une grande bouteille Peu importe c'qu'ya dedans j'm'en fous

‘Chroniques Assassines’ de Lily Voisin - épisode 4

— Illustration de Marina C.


07 Retrouvez La suite des ‘Chroniques Assassines’ de Lily Voisin dans le prochain numéro du P’tit Buvard.

F

rançais, ce matin. L'impression de retourner au lycée, pour ne pas dire au collège. J'en conviens, ce qui va suivre mériterait un 16 de moyenne au moins dans cette matière, ce qui n'est pas le cas. Si j'étais mauvaise langue et aussi orgueilleuse que ce que je laisse paraître, je me justifierais avec l'excuse classique: "je m'ennuie". Je m'y ennuie parfois il vrai, mais j'y apprends (ou plutôt réapprends) pas mal de choses intéressantes. Ce qu'il y a, c'est qu'après un an de fac en Lettres modernes -ce qui implique passion de la dissertation et amour infiniment profond pour la manipulation des mots-, le pourquoi du comment de la construction d'une synthèse de documents semble bien fade. Voyez-y prétention si cela vous chante; je ne fais que dépeindre sans détour proustien mon goût des lettres. En cours donc ce matin, débat sur le mythe de l'automobile: intéressant pour le moins, surtout si l'on considère le pourcentage majoritaire d'oestrogène dans la classe (28 filles sur 32 élèves). Puis les déblatérations s'enchaînent, pour arriver à un autre sujet: horrifiée par l'opinion publique, je suis. En référence à une île, Pirate des Caraïbes et Koh Lanta sont donc les références premières, passant bien avant Robinson Crusoé, pourtant grand classique dans les moeurs d'une époque qui se respecte au moins un peu. Emmanuel Proust a écrit « A la Recherche du Temps Perdu » , on pose discrètement cette sublime question: « qui c’est Flaubert? », et quant au roi Arthur, tout le monde prend Morgian pour sa cousine germaine... mon amour pour le livre en prend un coup. Eh bien je crois que je n’ai plus qu’à m’expatrier dans une île assez lointaine pour ne pas entendre les hurlement de Proust et de ses congénères (à condition, évidemment, que la bibliothèque de Harvard soit sur cette île). ... Non, vraiment, je ne peux faire autrement qu’insister sur ce point qui, non content de me chagriner, me choque. « Je m’outre! ». Qui c’est Flaubert? Madame Bovary, ça ne vous dit rien? « Ah si, c’est le film avec Isabelle Huppert ». Proust? « Ben ça pue et ça fait du bruit mais c’est naturel... ». Véridiques sont ces propos, je vous le jure. Non, non, non et non! Je refuse que mes enfants grandissent dans un monde où l’on prend l’Himalaya pour un fleuve d’Afrique, Mussolini pour un acteur chinois et Dublin pour la capitale économique de l’Allemagne. Il y a

certes différents sortes de cultures -on ne dit paraîtil plus la culture mais les cultures-, mais ne même pas reconnaître le nom d’un dictateur, confondre Flaubert avec un réalisateur ou prendre Du Côté de chez Swann pour du vent, ce n’est pas admissible. Au lieu de punir les mômes en les collant le soir pour n‘y rien faire, faites-leur réciter une page/phrase de Proust, ça leur fera au moins un peu de connaissance de base. Je sens venir les commentaires pour ceux qui me connaissent un peu: ma culture n’est pas celle des autres, tout le monde n’aime pas lire. Certes. Je me flagelle alors une ou deux lignes durant pour me faire pardonner: j’ai vu 18 fois «Les choristes », n’ai rien compris au dernier Dostoïevski que j’ai ouvert, n’ai jamais vu «Le péril jeune» ni «La cité de la peur», et connais par coeur l’intégrale de Harry Potter aussi bien que Sade. Je bave devant le grand et si sexy Charles Ingalls, pleure devant «Dr Quinn», et regarde parfois « Hélène et les garçons» ou me surprends à rire devant Annette de «Premiers baisers». C’est bon, vous êtes vengés et rassurés? J’ai la critique acerbe et la langue bien pendue, mais n’en reste pas moins une petite fille gâtée jusqu’à la moelle qui a nombre de plaisirs coupables et péchés inavouables. D’ailleurs mon canapé ma télé et moi sommes en parfaite symbiose, soyez-en sûrs. Quoiqu’il en soit, ce qu’on nous demande dans ce BTS n’est pas de réfléchir : tant que notre synthèse a la forme du dessin qu’on nous a distribué au premier cours, peu importe ce qu’il y a dedans, le 20 est assuré. Apprendre, se plier aux inepties, c’est juste bête et méchant. Et si Proust peut faire joli comme référence, La Petite Sirène ne marque pas moins de points. Éblouissant.

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08 actualité Japon

coup de gueule

‘nuclé(Gal)aire’ Par Locksley Ce matin du 12 mars, on m'apprend par la radio qu'un séisme de magnitude 9 sur l'échelle de Richter frappe le littoral japonais. Pour ceux qui ne le savent pas, une telle amplitude dégage autant de puissance que le Créateur lui-même n'aurait pas pu faire mieux. Dans la journée, des vagues avec une ampleur allant de 3 à 10 mètres balayent toute la côte est du Japon, endommageant par la même occasion une centrale nucléaire (à ce moment précis, j'ai pensé au surfer tokyoïte dans Lost in Translation … c'est ce qu'on appelle l'ironie du sort je crois). Grand féru d'information, je passe depuis le plus de temps possible à me tenir au courant des péripéties du Japon. Et quand je dis péripéties, ce n'est pas un hasard: Séisme – Tsunami – Alerte Nucléaire : un scénario digne d'un grand blockbuster. La façon dont les médias ont couvert l'événement n'en est pas moins évocatrice. Des images chocs, des unes de journaux où l'homme côtoie l'abyme, des vidéos apocalyptiques : mais quelle est cette propension des médias à vouloir constamment mettre en exergue l'esthétisme et la fatalité « évangélique » des drames comme celui-ci ? Du respect, de l'empathie, nom de Dieu !! Bref, puisque l'on n'hésite jamais à faire d'une pierre deux coups, le débat sur le nucléaire français a fait une entrée fracassante sur la scène médiatique. Saviez-vous que la France compte 60 centrales nucléaires (contre 53 au Japon) ? Et bien moi – jeune quidam égaré que je suis – je ne savais pas. Il y a beaucoup de choses que je ne sais pas. En revanche, ce que je sais, c'est qu'il existe en France quelque chose de plus grave encore, de plus pernicieux que des centrales qui n'exploseront jamais : j'ai nommé… le populisme ! Mais où va-t-on ? Il y a une de ces singularités dans l'hexagone qui est particulièrement irritante. Je m'explique: les politiciens attendent toujours d'avoir atteint le point de non-retour pour statuer sur des problèmes « sensibles ». Fatalement, une fois le drame arrivé, il suffit de placer une déclaration officielle qui va dans le sens de l'opinion publique, et hop, magie des mass-mé-

dias, on gagne 3 points au sondage Ifop. Deus ex machina. L'affaire Laëtitia, l'affaire Florence Cassez, la Tunisie, le nucléaire … Autant de dossiers épineux et autant de décisions gouvernementales en totale contradiction avec la réalité du problème. Arrêtons de traiter les affaires d'État avec le discernement digne d'un vulgaire reality-show ! Je n'aurai qu'une doléance : n'achetez pas les droits pour faire un film sur la diplomatie française – c'est indécent.

à voir sur le web

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Le Avant / Après au Japon

Par Anh - NeoAngel, Lundi 14 mars 2011 à 3:02 «C’est sur le blog japonais de Google qu’on découvre des images satellites de ce qui se passe actuellement au Japon, le tout comparé à des images satellites prises avant la catastrophe de ces derniers jours. La différence est saisissante et le New York Times a même mis en ligne une page dédiée avec une interface qui vous permettra de mieux voir les différences — à voir absolument!.»

http://www.journaldugeek.com/ 2011/03/14/le-avantapres-au-japon/


09 cinéma

coup de coeur

Tom hooper,

‘Le discours d'un roi’ Le duc d’York devient le roi Georges VI en 1935 à la mort de son père. Il est le père de l’actuelle reine d’Angleterre, Elisabeth II. Georges VI a un handicap. Il est bègue. Ce film raconte comment à force de courage et de motivation, en passant par des moments de découragement, il réussit à dépasser ses peurs et ses blessures de l’enfance et à devenir ce roi qui force le respect, dans ce moment clef de l’entrée en guerre contre l’Allemagne nazie. Sur ce difficile chemin il y a son épouse, Elisabeth "The first ", amoureuse et attentive. Il y a surtout la rencontre avec son thérapeute Lionel. Sans diplôme officiel, anticonformiste, irrévérencieux et très efficace. La force et la beauté de ce film qui nous arrache des larmes, réside dans sa grande sobriété, son humour "so british", son esthétique globale. La maîtrise technique et artistique (décor, prises de vue, musique) est remarquable. Le charisme du roi est immense. Un grand moment de cinéma.

Par Augustine

Référence : Le Discours d’un Roi (The King’s Speech) de Tom Hooper avec Colin Firth, Geoffrey Rush, Helena Bonham-Carter, Derek Jacobi et Guy Pearce. Sortie le 2 Février 2011. Durée : 01h58min © Wild Bunch Distribution

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10 BD


11 parenthèse musicale

musique

‘Fullprod‘

label indé & actif http://www.fullprod.fr L'équipe FullProd garde une oreille attentive sur la scène locale, (hiphop ou autre) proposant un accompagnement de carrière pour les artistes désireux de travailler en label indépendant, et correspondant à l'image de ce dernier. Ce suivi pourra commencer dès l'écriture, jusqu'au pressage de l'oeuvre, incluant l'enregistrement dans l'un de nos deux studios (prises de voix, mixage, mastering), photoshoot professionnel, pochette, promo sur divers supports, clips etc.. Le label dispose de plusieurs formules souples, s'adaptant à chacun, des débutants aux professionnels. À noter que chaque projet est étudié avec vous, vous permettant ainsi de choisir la formule la plus adaptée à vos ambitions... Récemment crée, le groupe HTK (Hors Tendance Krew) émergé du label Fullprod et composé de divers artistes locaux tels Sakage, Kémar, Liltone, Rhedji, El Primo, Siska ou encore MassaHuntack (tous à retrouver en ligne sur skyblog, souncloud.com, ou facebook) compte bien faire imprégner sa marque dans la région dès cet été avec une série de concerts dont les dates ne sont pas encore arrêtées. Plusieurs « projets solos » (à comprendre album, mixtape ou net-tape) sont également en préparation. On pense notamment à «Spleen et idéal» de Kémar, ou «Premier rôle» de MassaHuntack, initialement prévus pour avril ils seront finalement disponibles au début de l’été. M.H

Retrouvez HTK sur scène, à Albi, à l’occasion de la fête de la musique le mardi 21 Juin.

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12 géo & politique

les maux dits

‘ Tous les chemins

mènent aux Roms ’

Évacuation de camps de Roms – France 08/2011 (Photo : AFP)

En ce mois d'Avril, «Les Maux dits», se penche sur la question de ceux que l’on a pris l’habitude d’appeler «Roms», en référence au terme romanichel, lui-même synonyme de tsiganes, ou «gens du voyage». Une mosaïque de peuples, ou population hétérogène tant en mode de vie qu’en origines, plus souvent associée à l’errance qu’au nomadisme, à la mendicité qu’à la précarité, et dont le dénominateur commun reste la détresse économique. Nous nous intéressons également à la Roumanie, pays de l’U.E où cette minorité est la plus importante, avec une population estimée à 2millions d’individus. Retour aux origines En effet, l’une des premières choses à savoir et à retenir relativement au terme « Roms », employé communément de tous et reconnu par les instances européennes, est qu’il renvoie à une multiplicité de peuples ayant chacun un mode de vie et d’habitat propre (sédentaire, semi-sédentaire, nomade). Ainsi la confusion est faite entre Tsiganes, Manouches, Gitans, Roms, Sinti, Kalés, Voyageurs, et Gens du voyage. La France a elle opté, sous couvert administratif, pour l’appellation « Gens du voyage » en 1972. La spécificité française est ici clairement établie, en ce qu’elle choisit comme critère de désignation d’un peuple, sa particularité en termes d’habitation plus qu’en termes de culture. Au nombre de quelques 15 000 individus en France, en Europe les « Roms » représentent environ 10millions de personnes et sont souvent victimes de stigmatisation et d’exclusion. En définitive ce terme usuel renvoie indubitablement à une réalité complexe ; une réalité que les politiques engagées par nos gouvernements sont loin d’éclaircir. Stigmatisation et exclusion Ces populations traditionnellement itinérantes ont plus ou moins toujours été victimes de discriminations et de politiques nationales d’exclusion. Leur nomadisme induit un contrôle plus difficile de l’Etat sur elles, et dans un monde où il semble falloir filmer et surveiller pour « protéger », comprenez qu’elles soient généralement visées par nos « élites » dirigeantes. Il n’est pas nécessaire de rappeler les horreurs perpétrées par l’Allemagne nazie à l’encontre des populations juives mais peut être celles commises à l’encontre des populations tsiganes, trop souvent omises dans nos manuels d’Histoire. Entre 1941 et

1943 les camps de la mort effacent plus de 500 000 tziganes du territoire européen, faisant de la monstruosité une réalité humaine et la banalisant. Loin de ses actes d’une atrocité incommensurable, nos politiques ont pris clairement l’habitude de stigmatiser, d’expulser et de ce fait d’exclure ses populations de la société. La France fait partie des Etats européen qui ne reconnaissent pas les « Roms » comme des minorités culturelles, elle en expulse régulièrement de leurs campements (souvent proche du bidonville) et ne respecte pas leurs droits sociaux-économiques et politiques, de façon régulière et répétée. Elle dépasse également bien souvent les frontières de la lorsqu’elle les renvoie dans leur « pays d’origine » (Roumanie), comme ce fut le cas suite aux incidents qui ont confronté la police aux jeunes de banlieues grenobloises ainsi qu’à des « gens du voyage » durant l’été 2010. Un écart politique condamné par la Cour Européenne des Droits de l’Homme et par de nombreuses associations de défense de ces mêmes droits. Selon l’eurodéputé roumain Christian Preda, courant été 2010, le problème ne peut se résoudre « en renvoyant les gens chez eux », et quoiqu’il en soit les « il ne faut pas confondre les Roms et les Roumains ». En effet nombre des individus visés par la politique d’expulsion de la France étaient originaires de Roumanie mais également de Bulgarie. Intéressons nous malgré tout à la Roumanie, pays d’Europe où la minorité « Roms » est la plus importante et où leur situation économique est telle (moins d’un tiers des « Roms » de Roumanie ont un emploie stable, selon une étude publiée à Bucarest et réalisée pour le compte de la Fondation Soros) qu’elle n’offre d’autres choix que l’émigration.


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État des lieux La Roumanie est un Etat d’Europe orientale situé entre l’Ukraine et la Bulgarie. Ouvert à l’Est sur la mer Noire, le pays s’étant sur environ 237 000 km², et compte prés de 22,5 millions d’habitants. Sa capitale est Bucarest. Entrée dans l’Union européenne le premier Janvier 2007, le pays n’est pas encore titulaire de l’Euro et possède la Leu pour monnaie. Son IDH est de 0,837/1. Le pays prend le nom de « Roumanie » en 1866 et acquiert l’indépendance en 1878. Néanmoins c’est en 1940 que les ennuis commencent sur le plan politique lorsque L. Antonescu instaure la dictature. En 1947 la République populaire est proclamée et le pays alors sous l’autorité de l’URSS, voit s’établir un régime de type soviétique. Enfin, c’est en 1965 que la Roumanie entre dans ce qui constituera l’une des pires périodes de son histoire, avec l’arrivée à la tête du Parti communiste de N. Ceausescu. Au pouvoir aux côtés de sa femme Elena, Ceausescu devient président de la République en 1974, et dirige alors le pays d’une main de fer. Son programme de 1984 dit de « systématisation du territoire » qui prévoit la destruction de milliers de villages avant l’an 2000, donne la mesure de son aptitude à l’atrocité. Après une série de révoltes ayant commencé en 1987 dans les usines de Brasov le couple présidentiel est exécuté le 25 décembre 1989. Les premières élections libres sont tenues dès l’année suivante et Ion Iliescu est alors hissé au pouvoir. Depuis six élections ont été tenues, chacune d’entre elles établissant un président pour un mandat de quatre ans. Traian Basescu, élu en mai 2007, est le président actuellement en fonction. Témoignage Où qu’ils soient nous les voyons ; devant un bureau de tabac, à un feu rouge ou à la sortie du métro. Il est difficile de rater ces silhouettes quémandeuses de quelques centimes. Parfois harceleurs, voire agressifs pour certains, il en existe au grand cœur qui n’hésiteront pas à vous venir en aide si besoin est, et que l’on ne remarque que pas assez faute d’attention. George est l’un d’entre eux, et c’est avec plaisir et bonne humeur qu’il accepté de témoigner pour notre rubrique. Ne parlant pas le roumain, et lui étant plus qu’hésitant en français le dialogue s’amorce rapidement avec des gestes, des dessins, et beaucoup de bonne volonté… George est originaire de Alba Iulia, au centre Est de la

Roumanie, et est donc Roumain. Il est âgé de 54 ans mais en fait bien plus. Il a cinq enfants et une femme qu’il a du laisser en Roumanie pour venir en France temporairement, et ramasser quelques pièces de façon quotidienne. C’est en Janvier que George quitte la Roumanie direction la France conduit par un « transporteur » qu’il paye 100euros. Sans surprise j’apprends qu’il a quitté son pays pour raison économique, la vie étant bien trop difficile là bas pour manger, se vêtir et élever des enfants décemment. Il m’explique par exemple que lui et sa famille ne dispose ni d’eau courante, ni d’électricité et que le chauffage se fait par l’intermédiaire d’un poile. L’eau dont ils ont besoin ils la puisent à la pompe. En Roumanie le salaire mensuel minimum est de 600 lei (150euros) ; c’est ce dont dispose sa famille tous les mois, et ce n’est pas assez. En dehors de cela, George me parle des problèmes de corruption qui frappent son pays, tant dans les rangs de la police que dans ceux du gouvernement. Il ira même jusqu’à m’avouer que parfois il regrette l’époque de Ceausescu où l’on mangeait à sa faim et où le travail ne manquait pas… Je l’interroge également sur les expulsions menées par notre gouvernement à l’encontre de ses homologues, et sur l’épisode (précédemment cité dans cet article) de l’été 2010. Sans hésitation il me fait part de son indignation, m’expliquant qu’un problème aussi complexe que celui de la minorité roumaine en France ne peut se résoudre avec une démarche aussi simpliste. Il me rappelle également qu’une fois de retour en Roumanie, les expulsés sont en droits de revenir aussitôt en France. Finalement George me confie qu’il aime la France, qu’il admire son côté « social » et que beaucoup de français qu’ils croisent sont gentils et extrêmement généreux. L’entretien terminé il repart à son feu tricolore, le sourire aux lèvres, imperturbable et déterminé à rester là, à « travailler » comme il aime à me le dire, afin de pouvoir continuer à envoyer aux siens 60 des 100 euros qu’il gagne par mois. Il espère qu’il en sera ainsi au moins jusqu’en septembre prochain, date à laquelle il souhaite rentrer en Roumanie voir son plus petit garçon entrer à l’école primaire… Merci à lui. M.H


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— Photo de Laura M.


15 poème

‘Un petit message de madame LAVI‘ C'est être entouré de bras familiers Que tu voudrais te réfugier. Pour échapper à tes ennuis, Pour un instant d'oubli. Mais lorsque cet instant de tranquillité, Cet instant de réconfort s'achève, Tu voudrais y retourner pour l'éternité Et faire que je ne sois plus qu'un rêve. Seulement moi-même, voulant vivre, m'épanouir, Rire, Je t' attend impatiemment, Chaleureusement. Je demeure dans l'espérance Dans l'espérance d'être utile, enrichissante, Pour chaque personne qui me détient. Mais ne sachant pas comment exprimer cette envie Cette envie d'être heureuse Et de partager mon bonheur avec chaque personne Je me tais. Tu en oublies alors que j'existe Que je suis là à chaque coin de rue Que je te guette sans le moindre frémissement C'est alors que tu me laisses filer entre tes doigts Sans t' en rendre compte. Pendant ce temps, Tu te laisses envahir par tes préoccupations Ton imagination Ta raison parle, elle s'enivre de question,

Mais qu'en est-il de ta chaire, De chaque membre qui te porte ? Elle, qui a besoin de sentir, d'écouter, De voir, de goûter, Ce que je ne lui ai pas encore déployer Pour déceler des sensations sublimes Que moi seule peux lui apporter. Les deux êtres, Le corps et l'esprit Qui se réunissent en toi Sont ainsi séparés, désunis. Tu n'es pas alors apte à profiter, A découvrir. Seulement tu es là, Tu vois, entends, sent, Et l'intérêt d'accorder corps et âme, Est seulement de me voir heureuse, sereine et d'éviter de te poser trop de questions. Ainsi, en rapprochant ton esprit de ton corps, En ces liens, Tu va me découvrir , moi, Qui me cache derrière toi Qui te scrute au coin des rues. Ton corps pourra aller me chercher Et m'apporter à l'esprit. On m'a donné à toi, Prends-moi ! ...À mamie.

Par Line C.

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16 nouvelle

‘Le journal de la fac’ Par DOS — épisode 2

O

n a piqué cinq bouteilles et on est allé les boire dans notre chambre avec Bubuco juste après le repas du soir. Les infirmières en avaient eu marre à force de devoir tout le temps jouer à cache cache avec lui qu'elles ne regardaient même plus s'il était dans son lit le soir. On a discuté de nouveau. On était entre ratés, on en était fier comme une meute. Avec l'alcool qui nous montait au cervelas, on a discuté femmes évidemment. Enfin Bubuco surtout a parlé, il en avait aimé une beaucoup plus que toutes les autres. Il disait "vous savez, vous et moi on est de la merde, notre vie elle est tracée, les réflexes on les a, ceux pour tout faire capoter quand la vie nous donne notre chance. On est comme ça. On est rien. Bin pourtant..." et sa voix trembla soudain et moi et Criqua, on buvait pour pas se dire qu'il pouvait avoir une âme. "Bin pourtant, une fois j'ai été un homme, une seule fois. C'était pour elle." C'est à ça qu'on voit les alcooliques, ils s'épanchent vite, la boisson c'est toujours de la confession. D'ailleurs, l'histoire de la nénette qui vous quitte, je l'avais entendu tellement de fois celle-là que j'en étais blasé. Enfin, ça occupe toujours les histoires de coeur, parce que l'autre en face en souffre et que ça fait plaisir à voir. - J'vous assure...Je l'ai aimé un lustre voir plus, avant que la boisson me prenne, moi, une pauvre merde comme moi. Elle était jolie, pas belle mais simplement jolie. Les belles, ce sont les femmes les vraies, et moi j'en veux pas. Elles savent ce qu'elles veulent, et c'est pas moi ni vous, et elles crèvent avec cette idée en tête. Oh vous m'écoutez !!! Les jolies elles doutent encore, elles pensent que les ratés ils ont peut-être du coeur, que le coeur ça peut suffir pour être avec...C'est parce qu'elles ont peur elles aussi, les jolies ça a souvent peur, elles se sentent pas importantes, juste jolies, des petites soeurs quoi. Et mon dieu je l'ai aimé, je buvais pas encore, je faisais gaffe, j'me rasais la barbe, dit-il tout contracté. - Et pourquoi ça c'est fini alors ? dit Criqua, d'une attention un peu forcée. - Elle est devenue belle, comme une femme quoi, alors elle a pu trouver mieux. J'la comprends; en plus vous voyez, mais bon y'a comprendre et pouvoir agir en fonction

voyez? Moi j'pouvais plus agir, c'était comme ça, alors j'ai accepté mon sort et j'ai bu pour l'accepter chaque soir. Voilà, il s'était vidé Bubuco, il disait plus rien maintenant. C'était ridicule, un témoignage de pilier de bar et pourtant, ça avait de la valeur au fond, ça existait malgré tout. J'avais mal au dos à ce moment là, Criqua aussi. Bubuco lui, ça faisait six ans qu'il était là, son mal de dos arrêtait jamais, rien n'y faisait. C'était comme ça, et on a bu pour mieux s'endormir et Bubuco est retourné dans sa chambre. On en a pas appris plus sur lui, le reste au fond il devait s'en foutre, il buvait pas pour ça... Il passa plusieurs mois comme ça, Criqua et moi on vivait l'un sur l'autre, on se disputait pas mal mais on se réconciliait toujours. On traînait avec personne d'autre, on les ignorait. Les autres patients aussi d'ailleurs. Pour un hospice, ça transpirait pas l'entraide et les bons sentiments. Il y avait de tout, des bourgeoises, des dévots, des poulets, des femmes sans histoires, des hommes sans péripéties; que des planqués en somme. Les médecins nous bourraient aux médocs, on aimait bien mais nos dos se durcissaient de plus en plus, on comprenait pas. Mais on avait quand même moins mal qu'au début. Bubuco il passait nous voir de temps en temps, on buvait à sa santé et à son amour déchu. Moi je me sentais bien au fond dans cet hospice, loin de la ville, de la vie, des guerres prochaines, des amours, de l'avenir. Au début du printemps nouveau, un printemps glacial, Criqua allait très mal. Il avait une énorme bosse à présent au niveau du dos. Ça le rendait très froid, très irritable, je lui parlais plus, je voulais même plus chercher. A la place je regardais la tv, je bouffais mes médocs, je mangeais ce qu'on me servait. Mon dos me faisait de moins en moins mal car je bougeais plus, je me promenais plus dans le parc; je restais là tranquillement. La nuit dernière Criqua, il m'a parlé : - Écoute, ici j'ai plus rien à faire, j'ai bien vécu, j'suis content. Mon gosse doit être crevé à l'heure qu'il est et puis j'lui ai plus écrit depuis des mois. On dit qu'avoir un enfant ça crée des responsabilités, ça vous rend adulte. Mais moi je l'ai jamais aimé tu comprends, j'm'en fous, c'est pas lui qui va me nourrir et faire mes draps. Je m'en veux pas en-


17 Retrouvez La suite du ‘Journal de la fac’ de DOS dans le prochain numéro du P’tit Buvard.

fin je pense pas. Il réfléchit une seconde, et la lumière de son chevet jouait avec l'ombre de sa bosse, qu'elle rapetissait et grossissait. Il me dit à nouveau : - Si jamais il m'arrive un truc, essaie de le retrouver daccord? et éduques -le. - J'ai pas envie, moi aussi j'veux rester ici, j'sais même plus comment c'est dehors, j'existe qu'ici. Envoie une lettre à ton gosse et dis lui de se casser le dos pour venir avec nous. - Ta gueule. Et on s'endormit bien chaud, sur le ventre pour que la bosse nous fasse pas mal. Je me sentais bien, y'avait plus d'effort à faire, seulement les souvenirs à effacer et les regrets pour me torcher le matin. Le lendemain, Criqua fut emmené au bloc, il revint plus jamais. Il avait laissé toutes ses clopes ce con, et quelques restes des soirées avec Bubuco, j'les ai pris en signe d'amitié. C'était mieux, il commençait vraiment à me courir depuis un moment le cheminot. Je pense fort à toi Criqua, à la tienne. Les mois passaient et ma bosse devenait encombrante, vraiment. Je sortais plus de mon lit car c'était trop lourd à porter, je restais dans mes draps comme un petit oiseau que le ciel n'intéresse guère. Je couvais mon oeuf. Le doc venait me faire la visite avec un espèce de jeune architecte maintenant. Il me préconisait le repos et des médocs, ça m'était égal tant que je restais dans la serre. Il semblait ne jamais retenir ma face le médecin, il allait et venait chaque jour et me regardait avec la même impersonnalité. Il souritait juste, me fixer comme un con et c'était tout...de toute façon, il avait jamais trouvé de surnom pour moi. Il me posait pas de questions, je voulais pas en connaitre plus sur lui en fait, c'était bien comme ça. Bubuco, je voyais plus que lui. Sa bosse elle redescendait depuis qu'il avait arrêté de boire. C'était par choix, c'était étrange. Les infirmières même, elles lui glissaient des bouteilles en dessous du lit, lui servaient du vin à midi, mais il buvait rien. Il me disait pas pourquoi mais, il me posait plutôt des questions. Ce que je voulais faire plus tard, quand je serais guéri. Si j'avais connu l'amour, si j'avais eu une enfance difficile, pourquoi j'avais eu mon

mal de dos. Mais je voulais rien lui dire, juste lui prendre ses bouteilles. Un jour d'été indien, il est venu me voir pour se confier. Il me disait qu'il mourrai sûrement avant d'être guéri, alors il voulait faire confesse. Je lui ai dit "d'accord mais contre trois litres de rouge". Il partit vêxé, tant pis. Je me souviens le lendemain, le médecin revint avec son architecte et celui-ci prit les mesures de ma bosse. C'était pour le dosage des médocs apparemment. Je m'en foutais. J'étais bien, heureux, sans soucis, je me couvais moi-même, j'avais évolué. Le soir de nouveau, Bubuco se ramena mais avec les trois bouteilles cette fois et les posa sur mon lit. Je dis rien, dégoupillai et commençai à boire. Son visage était toujours aussi dévasté par la fatigue, mais il avait presque plus sa bosse. Ses petits yeux noirs brillaient quelques peu, je trouvais ça intriguant. Les poils de sa barbe étaient dressés plus qu'à l'accoutumée, comme s'il avait la chair de poule en permanence. Il me fixa et me dit : bois et écoutes.

— Illustration de Elke Foltz

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18 recettes

MENU ‘pas cher’ 3€

entrée ers salade de mâche à l'orange /4p

Préparation : 15 min Cuisson : 0 min Ingrédients

• salade de mâche très fraîche • 2 oranges • 1 bûche de chèvre • pignons de pin • huile d'olive • vinaigre • moutarde forte + sel / poivre

Préparation 1 - Laver la mâche et bien l'essorer. 2 - Peler les oranges, les couper en rondelles au dessus d'une assiette creuse pour récupérer le jus. Couper ces rondelles en quartiers. 3 - Couper le chèvre de la même façon. 4 - Verser les morceaux d'oranges et de chèvre ainsi que les pignons sur la mâche. 5 - Confectionner une vinaigrettte avec l'huile d'olive, le vinaigre, 1 cuillère de moutarde, sel et poivre, et y ajouter le jus des oranges. > Verser le tout sur la salade, puis mélanger juste au moment de servir.

3€

plat / 1 pers CROQUE MONSIEUR Préparation : 10 min Cuisson : 10 min Ingrédients

• 2 tranches de pain de mie tranché • 2 tranches de fromage spécial croque monsieur (cheddar ou autre) • 1 tranche de jambon blanc (sans gras) • 2 cuillères à soupe de crème fraîche • 1 poignée de gruyère râpé

Préparation

- Badigeonner les tranches de pain de mie d'une face de crème fraîche, - y déposer 1 tranche de cheddar (ou autre fromage spécial 'croques monsieur'), - une demi-tranche de jambon blanc - puis à nouveau 1 tranche de fromage - et enfin la tranche de pain de mie que l'on recouvre de crème fraîche et de gruyère râpé. > Mettre au four thermostat 8 pendant 6 mn, puis sur grill pendant 3 minutes.


19

3€

dessert / 4 pers ROCHER BLANC COCO Préparation : 10 min Cuisson : 8 min Ingrédients

• 3 blanc d'oeuf • 150 g de chocolat blanc • 70 g de noix de coco en poudre

Préparation

1 - Faire fondre le chocolat blanc, y incorporer la poudre de coco. 2 - Battre les blancs en neige et les incorporer délicatement au mélange chocolat blanc-coco. > Répartir en petit tas sure une plaque et faire cuire 8 minutes à 230°C (thermostat 7-8).

+

COC

KTAI L CAR AMB Prép AR S • 0,5 aration c (

HOOTE

• 1 cl l de siro pour 1 v p d e • 2 c e liqueur de caram rre) l de c e d l e coc rème de w o (Cocog hisky if (Baile , Malibu) > Me y 's) ttre dans dans l e shak l’ord er to re et us le seco s ing uer, rédie c’est nts prêt !

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20 tous volontaires

KAPS ‘une journée en immersion solidaire ‘ La mairie de Toulouse – en étroite collaboration avec le CROUS et l'AFEV – propose des logements étudiants en collocation à moindre coût en échange de quelques heures de volontariat. à première vue, rien d'extraordinaire. Canapé, Frigo, bordel «organisé» : lorsque nous entrons dans cet appartement de 70m à Bagatelle , tout les stigmates d'une collocation banale sont en présence. Cependant, nous n'étions pas ici pour apprécier la douce inconfortabilité d'un sofa trop usité, ni la fraîche amertume d'une bière bon marché – du moins, pas encore.... Plus tôt dans l'après-midi, la directrice de la Maison des Initiatives Étudiantes - qui nous «chaperonne» depuis le début de notre expérience journalistique – propose d'assister à la présentation d'un projet solidaire à Bagatelle. Mon acolyte et moi-même, qui n'avons strictement aucune expérience dans le journalisme de «terrain» , sautons sur l'occasion. «ça va nous faire les pieds» . Nous arrivons – un peu dans l'expectative – sur les lieux. Sourires. Serrage de mains. Présentations. Regards connivent. Tout un petit troupeau est rassemblé sur le parking. À ce moment précis, mon coeur à fait un bond. «Bonjour, on est journalistes pour l'université du Mirail, on est là pour couvrir l'événement». Est-ce bien moi? Après un échange complice (comprenez «sur le cul») avec ma partenaire, nous montons dossier de presse en main (!!) dans l'appartement. Une fois la visite des lieux en compagnie des «kapseurs» (le surnom des colocataires) terminée, on nous invite à la présentation formelle du projet dans une Maison de quartier à quelques mètres de là. De façon surprenante, tout le gotha toulousain est présent. Pour n'en citer que quelque uns – Le fondateur de l'AFEV, la directriceadjointe du CROUS, le directeur régional de BNP-PARIBAS

et le Conseiller municipal de la Vie étudiante. Après une conférence quelque peu décousue mais parfois touchante (la prise de parole des «kapseurs» gorge nouée devant l'auditoire) on nous annonce L'AUTRE bonne nouvelle de la soirée en deux mots : Buffet – Gratuit. Salivation intense. Discussions avisantes. Extase papillaire. Quelques heures plus tard, les «kapseurs» nous invitent à les rejoindre dans leur appartement. Cette fois-ci, nous avons droit au canapé miteux et à la bière insipide. Je continue à poser quelques questions sur leur engagement dans la vie citoyenne, le quotidien dans cette «expérience». L'un orchestre une petite troupe de théâtre, l'autre participe à l'aménagement d'un potager en communauté. L'enthousiasme est de mise et j'en suis à les envier. Enfin, parce qu'au P'tit buvard on aime bien les calembours, rien de plus naturel que de finir cette journée en immersion avec un «cap's» – jeu avec des capsules de bières – d'anthologie entre «kapseurs».

Par Arno


La M.I.E. — Maison des Initiatives étudiantes

programme M.I.E. Av r i l 2 01 1

Mardi 5 avril de 12h30 a 14h ∞ Projection du court métrage "Norouz" de Roshanak ROSHAN Le nouvel an iranien (Norouz) a lieu chaque année le 21 mars. à "Norouz", sur la nappe du « Half sin » sont entreposés sept objets et/ou ingrédients spécifiques et symboliques commençant, en persart, par la lettre S. sur la nappe, il y a également un poisson rouge. Le petit poisson rouge dit toujours son souhait mais personne ne le connaît sauf mon doigt qui va vous raconter l’histoire du petit poisson rouge le 21 Mars.

21

Du 11 au 12 avril 2 expositions : "les métamorphoses de Juju" de patricia Bwemba "Les métamorphoses de Juju" sont une série de photographies mises en scène autour des thèmes de la domination culturelle et des vanités. Elles sont dans le même temps, une réflexion sur l’art nègre, notamment "Le masque africain" que les deux femmes ont investi de la même symbolique que le crâne dans les vanités. Se pose à travers ces images la question de la métamorphose, de l’asphyxie, de la mort, face a la domination culturelle. ≈ "expo paludisme" organisée par un Etai ... ...pour le Vietnam, l’ATEK (association toulousaine des étudiants en kinésithérapie) et l’ACEMT (Association corporative des étudiants en Médecine de Toulouse). Le paludisme est un véritable serial killer qui fait plus d’un million de morts par an. Venez vous informer : en parler c’est déjà combattre !

Mardi 5 avril de 18h à 21h Mercredi 13 avril de 13h à 14h ∞∞ Projection du court métrage « Pirate » de Rosalie KAUFFMAN Les ouvriers d’une usine préparent une comédie musicale. Réflexion ludique sur le mode de vie actuel. * Concert de reggae avec le groupe natural-1 * Compositeurs de la musique du court-métrage Mercredi 6 avril de 13h a 15h * Bal à la fac Un groupe d’étudiants de l’ UTM vous initie aux musiques et bals traditionnels (Scottish, Bourrée, Mazurka, Polka, Cercle Ciracassien).

∞ cinéma ≈ expo * musique photo

* Improvisations musicales par l’association de musique AEMJTM Mardi 19 avril de 13h à 14h ∞ Présentation de "le cinéma roule !!" ∞ Cinéma ambulant de Felipe ARANDA Construction d’un dispositif audiovisuel ambulant en utilisant l’esthétique de l’orgue de Barbarie. Projection à l’intérieur du dispositif de court - métrages de 3 minutes chacun. Le fleuriste à vélo, la pétanque et pour manger un kebab.


22 blagues

Histoire de...

«D

MAIS -ce t s e ' Qu .?? . . e u q

eux chèvres, Baba et Babi sont sur un bateau.

Après une violente vague, Baba tombe à l'eau. Que se passe-t-il ? Baba coule et Babi bêle !

«D

eux grains de sable se promènent dans le désert.

L'un dit à l'autre : - Ne te retourne pas : je crois qu'on est suivis !

Un homme chez le libraire : - Je voudrais un livre... - Oui, un ouvrage sérieux ou quelque chose de plus léger ? - Peu importe, je suis venu en voiture. M. et Mme Ragetournejebraque ont une fille. Comment l'appellent-t-ils ? Sylvie (si l'virage tourne, je braque) M. et Mme Fonpété ont un fils et une fille. Comment les appellent-ils ? Léa, Rico

Qu'est-ce qui est petit, mignon, rose en haut et vert en bas ? Un petit pois torse-nu ! ≈ Que dit Bill Clinton quand il a une tache blanche sur son pantalon ? Non d'une pipe ! ≈ Quel est le point commun entre un homme et un chat? Tous les deux ont peur de l'aspirateur. ≈ Que dit une blonde qui voit une peau de banane par terre ? Oh zut, je vais encore tomber...! ≈ Quel est le saint patron des rouquins ? Oliver, car l'ange Oliver protège les roux (l'enjoliveur protège les roues) ≈ Qu'est-ce qu'une bagarre entre un petit pois et une carotte ? Un Bon duel! ≈ Qu'est-ce qui a trois bosses ? Un chameau qui s'est cogné !!


remerciements

P

our ce quatrième numéro du «P’tit Buvard», nous tenons a remercier :

Les auteurs et artistes : Lily Voisin, Arno, Augustine, M.H., Line C et DOS pour leurs textes. Laura Mélot pour ses photos, Romain Pujol - http://dailyrarium.over-blog. com/ - pour ses BDs, Elke Foltz pour ses illustrations - http://elkefoltz.blogspot.com/ - et Marina Costanzo pour ces illustrations "P'tit Bonhomme" qui tue! Pour la mise en page et pour être toujours là ! Mais également toutes les personnes qu’on a croisées et qui ont pris la peine de s’intéresser au projet et de faire tourner l’info ! Toutes les personnes qui se sont investies de près ou de loin au projet ! Et surtout : tous les futurs auteurs qui nous enverrons leurs créations ! Et qu’on attend impatiemment ! Et Sans qui nous ne serions rien ! Faites que Le p’tit Buvard continu son chemin, parce qu’on en a besoin et ramenez vos paumes !

‘ ramène ta paume ‘

U

n texte au fond du tiroir, une lettre enflammée qui n’attend que de voir le jour, un vieux dessin qui nous semblait désuet mais qui peut faire battre les cœurs, un carnet de voyage qu’on avait oublié, un roman en cours, un cahier secret ou l’on a marqué ses rêves, un dessin gribouillé au fond d’un amphi… le moyen de nous laisser pénétrer votre intimité sans avoir a affronter les réfractaires et la critique, Il n’ y a rien a gagner, pas de concours ou de prix en jeu, juste la satisfaction de se dire qu’on a publié ! On a tous en nous quelque chose de Tennessee… faites le nous partager…

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de p’tit Buva

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Retrouvez les éditions précédentes du journal en ligne à l’adresse : http://marina.costanzo.free.fr/ rubrique ‘Le p’tit Buvard’

La direction.

Participez a toutes les rubriques proposez des rubriques Faites nous part de vos idées et critiques laissez nous des comms… Envoyer vos textes dessins photos, blagues, recettes, coups de gueule, coups de cœur, critiques de livres, de films, anecdotes, expériences, bon plans, et tout le reste Et surtout : RAMENEZ VOS PAUMES !!! leptitbuvard@yahoo.fr Julie.dagut@laposte.net Arnorichet@yahoo.fr Ils nous soutiennent :

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#4

‘ ramène ta paume ‘

édition

Le p’tit Buvard Journal étudiant littéraire et créatif

Avril 2011 — édition #4 Journal mensuel gratuit

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