Le p'tit Buvard 3

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‘ ramène ta paume ‘

Le p’tit Buvard Journal étudiant littéraire et créatif de la faculté du Mirail

édition #3

Mars 2011 — édition #3 Journal mensuel gratuit

‘Ramenez vos paumes’, envoyer vos œuvres: leptitbuvard@yahoo.fr


couverture

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Illustration de Mélanie Montesano

sommaire

Le p’tit Buvard #3 M a r s 2 01 1

édito nouvelle ‘ Sarcasmes et jubilations ou Chroniques assassines ’ (épisode 3) coup de ... King Kong Théorie de Virginie Despendes : ‘ Manifeste pour un nouveau féminisme ’ BD ‘ Martine ‘ hommage à Marcel Marlier poème ‘ Mars VS Février ’ entrevue ‘ Fin du pétrole et des centrales nucléaires ‘ culture littéraire ‘ L'OuLipo ’ poème ’ Ex ‘ + OuTypoPo ’ Triple ‘ illustration de Mélanie Montesano poème ‘ Synopsis de tes souffrances ‘ + illstration de Mélanie Montesano nouvelle ‘ Le journal de la Fac ‘ (épisode 1) recettes ‘ Menu pas cher ‘ blagues remerciements + ‘ Ramenez vos paumes ’

Directeurs de publication : Julie Dagut et Arno Richet Mise en page et illustrations : Marina Costanzo — http://marina.costanzo.free.fr/ Impression : imprimerie de l’Université du Mirail, Toulouse II

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03 édito

Confessions

du p'tit buvard Textes après textes et au fil des pages, L’ombre d’un poète ou d’un nom dans la marge, Entre deux lignes, entre deux rimes, le magazine se prépare : Le p’tit buvard de Mars se revêtit et se propage !

#3

édition

400 exemplaires pour faire péter le coup d’envoi,

Apres ca, il s’ra mal aisé d’pas entendre parler d’moi ! Je s’rai dans les foyers de tes UFR, A la fabrique, la MIE : mater le look d’enfer !

J’avoue : j’ai un peu ramé pour en arriver la… J’sais qu’c’est pas parfait mais voila mon troisième mois, J’compte sur vous pour m’aider à devenir plus classe, D’façon a c’que j’excelle et qu’rien ne m’égalasse !

C’qui fait qu’ca

Envoie moi tes poèmes, tes dessins, tes photos, Tes BDs, tes baisers, tes recettes, tes idéaux, Tu peux participer à toutes les rubriques,

va marcher : C’est Toi et moi comme équipe!

étudiantes, étudiants de toutes les facs du monde, J’veux vous lire dans mes pages, putain, j’veux qu’ca abonde ! Partageons l’délire le temps d’votre passage ici : Laissez vous embarquer dans c’te folle péripétie ! Julie Dagut.

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04 nouvelle

‘SARCASMES ET JUBILATIONs ou chroniques assassines‘ Par Lily Voisin — épisode 3

Q

ue penser d’une fille qui, dans un bar, donne un morceau de papier sur lequel elle a inscrit son numéro de téléphone, à un garçon qu’elle ne connaît pas, et à qui elle n’a même pas parlé de la soirée? Moi, en l’occurrence. Je ne sais pas ce qui m’a pris, en tout cas je l’ai fait. Ce garçon est-il forcément obligé de croire que ce numéro n’est dans ses mains que dans le seul but de «réconforter mes nuits solitaires»? Je force le respect de quelques amies par mon audace, semble-t-il, leur redonnant l’espoir selon elles. Mais alors pourquoi a-t-on du mal à le croire lorsque j’affirme que ce qui m’a intéressé n’est pas d’abord son physique, qu’on est parfois simplement attiré vers certaines personnes, qu’on a envie d’apprendre sans trop savoir pourquoi? Et qu’homme ou femme, c’est la même chose. Et moi, est-ce que je me crois? Oui, à moitié. Cela dit, je saurais me contenter d’une simple probableamitié si c’est là la seule occasion qui se présente; cela me fera toujours une connaissance de plus. Et je vous prie de croire que je me crois vraiment. Affaire à suivre. Car la véritable question du jour est: pourquoi le téléfilm de l’après-midi nous tient-il en haleine une fois les vingt premières minutes passées, et ce malgré notre discours habituel reniant toute addiction momentanée, de quelque nature qu’elle soit, pour ce qui concerne ce genre de programme télévisuel. La critique est acerbe et soutenue quant à «La tempête de l’amour»-au-pays-des-mièvreries-en-folie, toujours de façon distante et sarcastique. Mais que celui qui n’a jamais regardé ne serait-ce qu’un seul de ces téléfilms me jette la première télécommande. Je suis indubitablement la plus grosse larve de tous les temps. Dimanche soir, devant de monstrueuses idioties de séries américaines, qui me font toujours autant rire malgré ma connaissance quasi-littérale des dialogues. Disons-le haut et fort, ce fut une journée complètement

‘Chroniques Assassines’ de Lily Voisin - épisode 3

inutile: ni révisions, ni répétition, ni cuisine; je n’ai même pas pris la peine de transformer mon lit en canapé. Je suis sous la couette et je ne sers à rien. Tiens, une publicité pour des chewing-gum! Des chewinggum comme les autres, à cette différence près que ceux-ci sont contenus dans un sac qui se referme hermétiquement. Est-ce que quelqu’un pourrait me dire comment les français arrivent encore à gober ça? en est-il un seul qui pourrait préférer payer 2 euros de plus simplement parce que ces chewing-gum sont dans un sac plutôt que dans une boîte habituelle? S’il en est un, qu’il me soit présenté sur-le-champ. Et, question qui me taraude encore plus: ce sac à chewing-gum rend-il vraiment son propriétaire plus attirant comme le montre la pub? Alors, à tous ceux qui galèrent, à tous les célibataires, je dis qu’il y a une solution. Messieurs, il vous faut absolument acheter cette nouvelle marque de sucreries. Résultats du conseil de classe du premier semestre: «élève moyenne, peu mieux faire». J’ai tout juste 10,72. Je me rends compte que moi, la petite fille si sérieuse et perfectionniste, je n’attends pas le 16 que je m’étais promis. Je ne suis pas aussi parfaite que je le pensais, comme sait si bien le croire ma très chère petite maman. Moi qui suis pourtant si brillante, sérieuse, appliquée, si passionnée, moi qui vise toujours plus haut et qui ne veut que simplement être la meilleure, je ne suis pas aussi capable que ce que j’aurais pu croire. Je me trompais, je ne suis pas la meilleure, et voilà que je me surprends une frauduleuse larme au coin de la joue parce que je ne suis que «moyenne». Là, comme le voudrait ma philosophie du «c’est pas grave», je suis sensée me dire que je ne jouais pas ma vie et que la moyenne, ce n’est pas si catastrophique; c’est juste moyen, mieux que zéro. Oui, je finirais bien par le penser un jour, et mettre au placard mon orgueil surdimensionné qui ne met pas en valeur


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mon teint de pêche de jeune fille fraîche et innocente. Enfin, il me faudra juste un peu de temps. Qu’est-ce qui fait que deux êtres s’attirent? Est-ce leurs regards qui se croisent à un même moment donné, et qui leur fait croire qu’ils se plaisent mutuellement? Est-ce l’alchimie qui se crée sans même qu’ils se connaissent, alors que chacun fait sa vie de son côté? Que de «pourquoi» et de «comment». Pourquoi suis-je attirée par celui-ci spécialement et pas un autre, pourquoi je m’arrange pour ne serait-ce que lui dire bonjour en passant devant tout à fait par hasard -le plus grand des hasards qui m’a conduite à me maquiller et m’occuper de mes cheveux pour une fois. Pourquoi j’espère toujours lui plaire alors qu’il n’est même pas ce que je suis sensée rechercher pour être bien, pourquoi je me fais des films alors que je le sais avec quelqu’un, avec une femme probablement très bien. Je sais que je ne supporterai pas d’être «l’autre femme», malgré tout ce que j’espère. Malgré les «je ne le connais pas mais je sais que je mérite mieux». Fin de soirée avec la personne en question, il ne restait que nous deux: étrange échange qui s’est créé là, entre nous. Est-ce cette valse qui l’a poussé à me regarder d’une façon si peu ordinaire? Est-ce l’ambiance et la bière qui l’ont poussé à me faire comprendre ces choses que je n’aurais pas dû comprendre, bien que j’ai voulu et espéré qu’il me les fasse comprendre? Suis-je assez intrépide pour me lancer là-dedans, pour me plonger dans une histoire sans fin qui n’inclut que sentiment et incompréhension? Ou sont-ce tout simplement tous ces instincts primaires que nous, les hommes, ressentons le besoin d’exprimer... Suis-je vraiment attirée ou simplement intriguée? Une chose est sûre et certaine: je ne serai pas la femme qui brise un couple -ou qui l’aide juste à se briser-; je ne sais que trop que ces choses-là sont fragiles. Et même si je ne connais pas cette autre à qui il «appartient», même si je ne lui dois rien, faire souffrir une femme, sachant

‘Chroniques Assassines’ de Lily Voisin - épisode 3

que j’aurais contribué à son malheur, non merci. Très peu pour moi. Il ne s’est rien passé. Mais je suis une femme et en tant que telle, je peux sentir les regards envieux et tentatives d’abandon à l’instinct grégaire. J’avais envie de tout. J’avais envie de penser à moi, de céder à ce caprice commun, à cette atmosphère qui s’est créée. Mais je n’ai pas pu m’empêcher de me demander ce qu’il attendait de moi, si j’étais simplement une nouvelle «jolie chose», attirante parce que justement nouvelle, ou bel et bien le début d’un sentiment -beurk, ce mot- croissant et véritable. J’ai à nouveau 14 ans, je me sens pousser des ailes et en même temps des racines qui m’empêchent de bouger. J’ai 14 ans, et je ne suis que trop mielleuse à mon goût, comme une petite fille qui croit encore que tout est possible à Poney land et que les gens sont beaux et gentils, qu’ils sont sincères et sans vice. Je continuerai donc à me protéger en me disant que «l’amour, c’est niais». Et me le répèterais en boucle toutes les nuits, «l’amour c’est niais» et je ne veux pas être mièvre et dépourvue de tout sens de l’ambition, qui pourrait me pousser à faire de grandes choses. Le sentiment amoureux ne pourrait que m’empêcher de devenir ce que j’ai toujours voulu être. Je me mets dans la tête que ce n’est qu’une jolie perte de temps, et j’avance. Je me persuade que je n’ai pas besoin de ça, que je ne suis pas comme les autres, et que mes 14 ans ne me serviront plus de rien. Je reste donc dans ma bulle, celle que je n’ouvre que très rarement, m’obstinant à vouloir être et faire toujours plus, toujours plus grand. Je ne céderais à ce caprice que quand j’aurais du temps à perdre. Et voici comment se convaincre que d’être seul est une chose merveilleuse. Quelqu’un serait-il assez aimable pour y croire à ma place? Neuf heures de train pour rentrer chez mes parents pour les vacances, et comme si ça ne suffisait pas nous

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Photo de Laura M. ‘Chroniques Assassines’ de Lily Voisin - épisode 3


07 Retrouvez La suite des ‘Chroniques Assassines’ de Lily Voisin dans le prochain numéro du P’tit Buvard. sommes arrêtés sur une voie pour quarante minutes. Problème technique. Et le contrôleur a l’air complètement défoncé. Ou, pour rester dans le politiquement correct, il a probablement les neurones qui flottent. En attendant, possibilité de sortir fumer une ou deux cigarettes, c’est déjà ça. Je prends donc mon mal en patience et laisse traîner mes oreilles un peu partout. Je tombe sur une conversation on ne peut plus intéressante, les avis sont partagés. Mais le point de vue le plus intéressant, le voici: les hippies ne sont que des drogués qui ont «emmerdé tout le monde pendant des années». «Et de toutes façons, tous ceux que je connais maintenant vivent dans leurs montagnes, à poil, sont sales, puent, et n’ont plus de dents». Quelle intéressante analyse de toute une ancienne génération! Je ne suis certes pas pro-hippie; cela dit je ne suis pas sûre de pouvoir cautionner de telles élucubrations sur des milliers de personnes qui ont simplement leurs idéaux, et continuent de rêver malgré tout. Je dirais même qu’il faut un certain courage pour conserver coûte que coûte l’espoir d’un monde meilleur une fois atteint l’âge adulte. Et puis ce ne sont pas les seuls à avoir fait leur révolution. Aujourd’hui aussi, les jeunes sont dans la rue. Et même si pour la plupart il ne s’agit que de marcher dans la rue en scandant des rimes dont ils ne saisissent pas le sens, il en existe quand même qui savent ce qu’ils font. La jeunesse d’aujourd’hui et celle des autres générations ont quelques points communs. Et à ce propos, est-il toujours évident de dissocier acné et rébellion? Pour ceux qui se poseraient encore la question, ils n’ont qu’à observer un ado en pleine mue. Sans faire de généralité, cela va de soi. En attendant, toujours dans le train en arrêt sur le quai. deux jeunes femmes derrière moi se parlent plus fort que si elles avaient un micro. Évidemment elles dérangent tout le monde. Mais le plus intéressant dans la situation, c’est que c’est sur moi que se posent leurs regards inquisiteurs et réflexions désagréables, parce que le bruit du clavier de mon ordinateur les gêne grandement. Si vous saviez comme j’aime la promiscuité!

sais où en soirée chez un copain, je ne trouvais plus mes clés. Impossible de joindre mon frère, et mes parents n’auraient rien pu faire parce qu’ils étaient trop loin. Oh bien sûr j’aurais pu descendre chez la voisine; mais mes principes adolescents m’empêchaient de trouver sa compagnie assez agréable pour moi. Et puis la nuit allait tomber, et je n’avais surtout pas envie d’attendre sur le palier que mon frère daigne rentrer pas trop tard le lendemain matin. J’ai donc décidé que malgré les quatre étages qui me séparaient du sol, je passerai par la fenêtre. Par bonheur elle était ouverte. Alors j’ai enjambé la rambarde, me suis glissée sur la gouttière, et, bien accrochée au seul mur en face de moi, j’ai rapidement atteint la fenêtre de la salle de bains qui se trouvait en face à quelques centimètres. J’ai poussé la vitre, et voilà! Bien évidemment la semaine suivante toute la famille a téléphoné à la maison pour savoir et si c’était vrai et proposer pourquoi pas une séance de psy. C’est alors que des années plus tard je me rends compte que sur le moment, j’ai trouvé ça tout à fait normal. Détrompez-vous, j’avais très conscience du danger dans toutes les situations. Mais pour les autres uniquement, puisqu’il est bien connu que ce genre de choses n’arrive qu’aux autres. Il me semble effectivement qu’à cet âge là, j’avais une fâcheuse tendance à me prendre pour Wonderwoman. Cela dit, ma mère n’était pas mal non plus: pour se venger du père de l’une de ses copines, -il était curé-, madame, pas plus vieille que moi alors, a traversé la cathédrale sur une mobylette. J’imagine d’ici le bruit de l’engin dans le lieu sacré. Il paraîtrait que c’est comme ça qu’elle a appris à maîtriser les virages (autour de l’autel). « Mais je ne l’ai pas fait souvent, seulement deux ou trois fois », s’est-elle défendue. C’est bien ce qu’il me semblait: la connerie, c’est génétique.

Ma mère m’a rappelé quelque prouesse adolescente que j’avais oublié. Je devais avoir 16 ans tout au plus. Un soir où mes parents étaient partis et mon petit frère je ne

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08 coup de cœur / coup de gueule

coup de ...

‘KING KONG THéORie’ MANIFESTE POUR UN NOUVEAU FéMINISMe « J’écris de chez les moches, pour les moches, les frigides, les mal baisées, les imbaisables, toutes les exclues du grand marché à la bonne meuf, aussi bien que pour les hommes qui n’ont pas envie d’être protecteurs, ceux qui voudraient l’être mais ne savent pas s’y prendre, ceux qui ne sont pas ambitieux, ni compétitifs, ni bien membrés… » L’auteur du livre « Baise moi » très controversé et censuré des écrans reviens à l’attaque avec ce livre « King Kong Theoy ». Entre contestation de discours bien pensants sur la féminité, la prostitution, la pornographie, Virginie Despentes nous invite à revoir notre vision du féminisme et de la femme dans notre société. VD ne prétend pas avoir réponse a tout, elle propose simplement une clé de lecture aux incompréhensions entre les hommes et les femmes. Parfois provocante, parfois dérangeante, on pourra trouver ce livre un tantinet radical, ou prétendre qu’ à l’instar des féministes, VD n’aime pas les hommes, n’empêche que certain( e)s pourront y trouver quelques réconforts ou du moins quelques arguments pour se défendre de ne pas correspondre au stéréotype idéal de la femme blanche ou de l‘homme blanc. (entretien fictif, réponses tirées de son livre) Par Julie D. Sur la féminité Qu’Est-ce que selon vous la féminité ? VD : la féminité, c’est la putasserie, l’art de la servilité. On peut appeler ca séduction, en faire un truc glamour, mais massivement c’est juste prendre l’habitude de se comporter en inférieure ». Vous parlez du « syndrome de l’otage qui s’identifie a son geôlier » ? VD : toutes les bonnes femmes se sentent obligés de

jouer un petit décolleté, une paire de boucles d’oreilles, les cheveux bien coiffés, preuves de féminité, gages de docilité. On entend souvent que les hommes préfèrent ces femmes la : féminines, soignées… VD : Ces hommes se sentent en réalité menacés par la récente indépendance des femmes et les femmes de se plier a leurs désirs pour être aimée et ne pas effrayer les hommes. Comment expliquer vous cette « explosion du look chienne à l’extrême »? VD : c’est en fait « une façon de s’excuser, de rassurer les hommes, comme pour dire : malgré mon autonomie, je décide de vivre l’ aliénation via les stratégies de séduction les plus efficaces. Jamais une société n’a exigé autant de preuves de soumissions aux diktats esthétiques, autant de modifications corporelles pour féminiser un corps. »


09 King kong Théorie, par Virginie Despendes – Livre de Poche / 5 €

Sur la prostitution

Sur l’orgasme féminin

Vous parlez de Paradoxe de la prostitution ? VD : « Dans la ville, toutes les images excitent, mais le soulagement doit rester problématique : le désir des hommes doit blesser les femmes. Peterson cite Freud : toujours l’homme se sent limité dans son activité sexuelle par le respect pour la femme et ne développe sa pleine puissance que lorsqu’il est en présence d’un objet sexuel rabaissé (cf : prisme de la prostitution). » La prostitution selon vous ? VD : « la prostitution n’est pas exclusivement glauque (celle des filles sans papiers exploitées) ». Ce qui compte c’est de colporter une idée : aucune femme ne doit tirer bénéfices de ses services sexuels hors le mariage, elle préfère forcément un métier honnête, qui est jugé honnête par les instances morales. Et non dégradant. Puisque le sexe pour les femmes, hors l’amour, c’est toujours dégradant. » Empêcher la prostitution c’est interdire à la classe féminine de s’enrichir, de tirer profit de sa propre stigmatisation et protéger la cellule familial classique. »

Vous écrivez : l’orgasme féminin a été retourné deux fois contre les femmes : VD : « L’orgasme féminin fait son apparition dans le langage courant dans les années 70 et est deux fois retourné contre les femmes : premièrement, nous sommes dans l’échec si nous ne jouissons pas : incapable, frigidité, anorgasmie féminine. Deuxièmement, l’orgasme est un impératif : les hommes sont ceux par qui la femme doit jouir, l’orgasme qu’on doit atteindre c’est celui prodigué par le mâle, l’homme doit savoir s’y prendre. Ce qui entraine des incompréhensions, des garçons mal à l’aise de ne pas savoir s’y prendre et des filles frustrées. Un mot pour celles qui préfèrent qu’on s’occupe d‘elles, qui n’aime pas ca, qui ne se masturbe pas ? VD : « A quel moment les filles vous connectez vous avec vos fantasmes ? Que connaissez vous de ce qui vous excite vraiment ? Quel contact avec vos propres sexes lorsqu’il est annexé par un autre ? » Ne soyez pas soumise, passive, docile : prenez les choses en main !

Sur la pornographie Vous écrivez : « les femmes dans les films porno sont des productions d’hommes si ils étaient femmes. ». VD : « partant du principe que l’on s’identifie souvent au personnage principal d’un film, au héros, les hommes qui regardent les films pornos s’identifient en réalité à la femme. Le héros dans les films porno, c’est la femme, c’est elle qui est source de toutes les attentions, elle qu’on voit à l’écran, les cadrages sont rarement centrés sur les hommes. « La hardeuse se comporte comme un homosexuel en back-room : elle veut du sexe par tous les trous et elle en jouit a tous les coups, comme un homme s’il avait un corps de femme. » On évoque souvent la frustration de la réalité comparée à la mise en scène pornographique… VD: « Il est à remarquer que celles qui se sentent tellement femmes et qui participent d’une sexualité compatible avec celle des hommes, sont souvent les plus viriles. » Pourquoi selon vous le porno est il dérangeant ? VD : « il nous éclaire sur nos réels désirs, nos pulsions, ce qui nous déclenche, et cela ne cadre pas toujours avec ce que j’aimerai être, l’image social que ca me renvoie. » Virginie Despentes © Bertini Source : http://www.mediapart.fr

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10 actu BD

Le 18 janvier, Marcel Marlier décède à Tournai. Il était l’illustrateur de cette célèbre série d’ouvrages. C’est avec un immense chagrin que je lui rends hommage. Romain Pujol


11 poème

‘Février vs Mars‘ Par Julie D.

Les rivières s’en gelaient maltraitant les espaces, Février grondait ne voulant pas céder la place : « Je suis le mois le plus froid que ta chair puisse connaitre, Enveloppes toi ou gare à toi seul l’alcool te fait renaitre » Elle quitta le chemin qui avait été tracée pour elle, Fit quelques pas de plus en direction du ciel, Les dieux du haut de leur grand œil la surveillaient, Et pour l’en détourner lui envoyèrent la grêle ! Lorsqu’elle se retourna Le vieux chemin s’était assombri, Les gens qui l’avaient pris la veille étaient devenus ternes et gris, Le pas confiant fuyait elle glissa sur une pierre, Le pas suivant ripa, elle s’accrocha dans un lierre. Elle sentit le bourdon levant à ses oreilles, Les belles des roses au vent, les tourments des abeilles, L’heure approchait mêlant le repos éternel, Au charge des branches des arbres, aux chants des brumes de miel. Mars arrivait et avec lui le printemps, Ce mois Tant attendu pour réchauffer nos sangs : Naissance des champs de vers de plus en plus fleuries, Et leurs voix s’élevèrent pour éveiller les vies… Les anges se mirent à chantaient quelques complaintes, Ceux-ci ranimaient celles qui s’étaient éteintes, Puis février s’envola et avec lui les gants, les écharpes, Un ours bailla, Puis on tailla les haies et les barbes…

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12 entrevue

’La fin du pétrole et des

centrales nucléaires’

La fin du pétrole est évoquée depuis des années, les matières fossiles arrivent à épuisement et surtout, elles sont nocives à l’environnement. Le nucléaire n’est pas au goût de chacun et l’énergie solaire ou éolienne n’est pas encore au point. Mais voici qu’un groupe de scientifique dirigé par un Français (Professeur Alexandre Lecouillard) a trouvé, et ceci est maintenant certain, le moyen de concentrer la puissance d’une centrale nucléaire dans un espace aussi grand qu’une batterie de voiture. L’autonomie n’a pour le moment pas de trouvé de fin, et plus surprenant encore, il n’y a pas besoin de la recharger — entrevue avec le Professeur Lecouillart par Monde Meilleur.

M.M.: Professeur Lecouillard, vous avez été directeur des tests énergétiques à l’institut de recherches à la CNEF, chercheur au PARR et plus particulièrement auteur de 4 livres scientifiques écrits entre 16 et 20 ans. Vous travaillez plus particulièrement sur les énergies propres. Pouvez vous nous parler de votre découverte ? P.L.: Pour résumer simplement, notre découverte va bouleverser le monde et surtout mettre fin à cette pollution énergétique qui est celle des combustions fossiles et des déchets de piles. Facile à produire, peu encombrant et surtout propre et très peu coûteux. M.M.: Facebook serait à l’origine de cette découverte ? P.L.: Oui, enfin le hasard des choses fait qu’un matin n’arrivant pas à dormir et ayant dans la tête des connaissances scientifiques sans utilités apparentes, je me suis mis à écrire sur mon mur facebook cette jolie phrase incompréhensible si vous n’êtes pas scientifique: "Un prite" exorigène de substance acrobale peut avoir un nombre de flacte supérieur à 1/10000 d’homibrine pyrolase. Mais pourquoi dans un sens vertical, les systèmes protolactiques du ménibule se transformentils en citrasme? J’avais cette question qui me taraudait l’esprit depuis des semaines, je l’ai notée sur mon mur comme pour l’exorciser. Et après une douche et un café je suis retourné à mon ordinateur pour l’éteindre car je partais à Zagreb voir le Dr Priswakof qui faisait un colloque sur la fragmentation substationnaire des substances filoniennes caractérisées. Et il avait besoin de mon micrographe pour démontrer sa théorie,le sien venais de tomber en panne. Hasard ou pas, sa théorie n’avait pas de concordance avec mon "PRITE" à la base, mais arrivé devant mon ordinateur la lumière

s’est éclairée. M.M.: La réponse à votre question fut trouvée par un jeune passionné de 14 ans qui suit vos travaux depuis le début. Ce jeune génie et Marianne Auclaire, ancienne chercheuse à la SPTAC ont enrichi votre mur de réponses. P.L.: Oui tout d’abord Olivier Roi a juste répondu qu’il pensait que le vecteur de potentiel utralise avait un potentiel identique au déplacement du process. Au début je n’en ai pas tenu compte, car bien que son résonnement était probable il ne m’était d’aucune utilité, à part peut être encore encombrer ma tête d’une nouvelle théorie. Mais Marianne Auclair a rajouté qu’elle avait trouvé avec Matthew Davis que le prite se liquéfiait dans un accélérateur de particule. Le Dr Sharzenmaker m’avait demandé quelques jours avant si le prite exorigène avait une utilité dans les nombres décroissants d’une fragmentation du brurit convergent. Question qui venait de trouver une réponse après avoir reçu et lu le rapport de Marianne. J’ai de suite téléphoné à Marianne Auclaire et Olivier Roi pour leur donner mon hypothèse sur les résultats du prite et d’un xylomèle après fusion. Imaginez notre joie. Nous sommes partit à Zagreb, proposer au Dr Priswakof de rejoindre notre équipe. Je n’ai jamais vu un homme rater à tel point un discours tellement sa tête était ailleurs. M.M.: Cela n’a pas été facile pour votre équipe, car vous avez travaillé pendant un an dans l’ombre avec une équipe de 6 personnes et avec très peu de moyens ? P.L.: Oui, j’ai vendu ma maison pour avoir le financement. Le Jeune Olivier a stoppé son année de terminal pour


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venir travailler avec nous. Il était ravi de ne pas passer son BAC à 14 ans et surtout de vivre cette grande découverte. Nous ne voulions pas que cette découverte appartienne à un institut. Nous avons donc monté notre propre entreprise (PRITER’S). Nous sommes restés un an chez Matthew Davis à San Diego car il avait un accélérateur de particules. Les professeurs Mohamed Harmal et Lucciano Berreti nous ont rejoint. M.M.: Vous avez utilisé votre premier prototype en test au bout d’un mois et celui-ci fonctionne toujours. P.L.: Grâce à cette première pile grande comme une LR4 nous avons eu assez d’électricité pour fournir le courant dont nous avons besoin ainsi que l’accélérateur de particules qui consomme autant que quatre cents fours micro-ondes en marche simultanément. M.M.: Avec vos collaborateurs vous avez déposé un brevet et monté une entreprise. Pourquoi ne pas avoir vendu votre découverte qui comme le dit le New York Time ce matin, vaut « Tout L’or du monde » ? P.L.: Nous avons décidé de renoncer à quelques milliards à se partager à plusieurs. 10% des bénéfices nous reviendront, une partie pour la gestion et les très bons salaires de nos employés, le reste partira à diverses recherches scientifiques et à des œuvres de soutiens caritatives. M.M.: Vous renoncez aussi d’entrer en bourse, les économistes vous traitent de fous. P.L.: Le problème fut de trouver l’argent de départ pour fabrique 100.000 batteries capables pour chacune d’elle d’alimenter une métropole de plusieurs millions de foyers. Quelques villes nous ont payé à l’avance. Ensuite venait le problème du système bancaire et capitaliste. Nous sommes en autogestion. Pourquoi avoir des financements de spéculation extérieurs alors que nous allons vendre un produit économique et écologique et de plus breveté. Nous sommes les seuls à pouvoir le vendre encore pour quelques années. Nous avons pris la décision de payer nos employés et non pas nos actionnaires. M.M.: Vous pourriez gagner beaucoup plus d’argent en entrant en bourse. Pourquoi cette logique ? P.L.: Nous allons devenir millionnaires en très peu de

temps. En capitalisant ce produit et en étant premiers actionnaires nous pourrions devenir milliardaires en jouant avec un argent irréel et en ne vendant que du vent spéculatif sur des paris d’avenir. Mais à quoi bon devenir les hommes les plus riches du cimetière ? Être enterré avec dans la conscience la certitude d’avoir aidé le monde à être plus écologique et plus riche et en même temps savoir que la spéculation fera s’enrichir des joueurs riches au détriment de travailleurs pauvres. Nous avons donc pris les décisions unanimes d’être humain. M.M.: Pour le moment vous ne fournissez que les villes, ensuite quelle sera l’éventail de vos produits ? P.L.: La pile pour automobiles est prête, les usines sont en constructions dans plusieurs pays dont la France. Des moteurs tournent depuis un an avec cette pile, les moteurs lâchent, la pile non. Les avions, camions, piles pour faire fonctionner l’intégralité d’une maison et tous les appareils portables sont concernés. Par soucis de produire moins, pour être moins polluant nous avons décider que les piles pour les appareils mobiles ( Téléphones, Ordinateurs, Vélos électriques, baladeurs et même automobiles) auront une taille standard pour pouvoir la réutiliser après que l’appareils soit HS. M.M.: Combien coûteront ces piles ? P.L.: En moyenne, une pile pour appareils portatifs devrait tourner entre 50 à 100 euros et les piles d’automobiles dans les 1.000 euros. Et pour une maison dans les environs de 5.000 euros. 20.000 pour des bâtiments allant jusqu’à 100 logements. Le but est de rendre les habitations autonomes. Les batteries des villes sont vendues pour le moment mais vous devriez voir disparaître d’ici quelques années les câbles électriques. D’ailleurs nos usines fonctionnent depuis trois mois avec ces piles, et nous n’avons eu aucun problème. M.M.: Nous sommes les premiers à dévoiler cette innovation. La télé et les médias vont être à vos trousses. Pourquoi avoir garder le secret si longtemps ? P.L.: Juste parce que, enfin, ce texte est un gros mensonge… Comme dit le proverbe Chinois : « Si tu crois tout ce que tu lis, alors ne lis pas ! ». Par Monde Meilleure

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14 culture

‘ L’oulipo :

o u v r o i r d e li tt é r atu r e p ot e n ti e lle ‘ Par Julie Dagut

L’OuLiPo est une association fondée en 1960 par le mathématicien François Le Lionnais, avec comme co-fondateur l’écrivain et poète Raymond Queneau. C’est d’abord un groupe international de littéraires et de mathématiciens se définissant comme des « rats qui construisent eux-mêmes le labyrinthe dont ils se proposent de sortir ». Le principe de base est l’écriture par contrainte. Voici quelques exemples de contraintes : - La méthode S + 7 est une méthode de création de textes littéraires inventée par l’Oulipo consistant à remplacer dans un texte source chaque substantif par le septième substantif qui le suit dans un dictionnaire donné. Ex : (le paragraphe précédent auquel on applique la base S + 7 sur base du Petit Larousse grand format édité en 1992) : Le méthylène S + 7 est un méthylène de créature de thaïlandais littéraires inventé par l’Oulipo et consistant à remplacer dans un thaïlandais sourdingue chaque substratum par le septième substratum qui le suit dans une didactique donnée. Cette méthode a été inventée par Jean Lescure : c’est une des premières contraintes inventées par l’Oulipo.

- l’alitération : répétition d’une ou plusieurs consonnes à l’intérieur d’un même vers ou d’une même phrase. Ex : «Ai-je été entêté cet été de tenter de tâter et téter tes tétons tentants mais têtus sous cet arbre étêté?».

- le lipogramme : retirer une lettre d’un texte Ex : Curieux voyage autour du monde de Jacques Arago (1853), est un lipogramme en a. La Disparition de Georges Perec (1969) ne comporte jamais la lettre e.

- kakemphaton : Vous me connaissez mal : la même ardeur me brûle / Et le désir s’accroît quand l’effet se recule » : les fesses reculent - Corneille, Polyeucte.

- le tautogramme : texte dont tous les mots commencent par la même lettre. Ex : « Dans la zone zoologique, bon zigue, zizagait l’ouvrier zingueur, zieutant les zèbres mais zigouillant plutôt les zibelines. » (cf : Jean Lescure, Z’ai nom Zénon.)

à voir dans ce numéro – Le texte ‘EX’ (ci-contre) est un tautogramme en « ex » Le texte ‘SYNOPSIS DE TES SOUFFRANCES’ (p. 17) est aussi un tautogramme avec une lichette d’alitération.

- La contrainte du prisonnier est une contrainte littéraire qui prive des lettres à jambage, c’est-à-dire des lettres qui «dépassent» des lignes comme : b, d, f, g, h, i, j, k, l, p, q, t ,y pour l’alphabet latin. L’auteur peut choisir de s’autoriser le i et les lettres accentuées. Il existe une variante symétrique, la contrainte du prisonnier libéré, où l’on ne doit utiliser que les voyelles et les lettres à jambage.

à vous de tester !


15 OuLiPo

‘ EX ’ Par Cagouille Examinons mon exubérance extravagante: s’extérioriser dans une exhibition extatique dans un espace exigu demande une exigence extrême pour exceller dans les expressions d’exposés expressifs et exaltant. Excentrisme excessif express et non exhaustif, mais exercice exacerbé et excitant. Exclamation exemplaire exquise ou exécrable, exagération sur un existentiel exubérant… je m’extase, j’exulte! Exégèses bienvenues À lire très vite c’est exténuant

Typographie ‘Triple’ par Marina Costanzo Le principe de l’OuLiPo appliqué à la typographie donne l’OuTypoPo : la création typographique soumise à des contraintes. Ici, trois objets sont reliés entre eux, le jeu réside donc à créer des lettres malgré l’enchainement des trois éléments. Pour plus d’info sur l’outypopo rendez vous à l’adresse : http://blogform.typepad.fr/outypopo/

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16

Illustrations de MĂŠlanie Montesano


17 poème

‘SYNOPSIS DE TES SOUFFRANCES‘

De la haine à la chaîne. Je déchaîne sur toi, des doses redondantes de déboire débordant de dédain. Daigne à ta douloureuse défaite. Par des drames et des doutes qui détourneront ta dignité, qui détruiront tes dogmes, démonteront tes désirs, déchireront ta dextérité à être drôle, doux, délicat. Ta vigoureuse verve va se vomir, remplacer par des vibrantes et veines velléités. Mes vacheries venimeuses volatiliseront ta vaillance dans un vacarme d’une violence sourde.

vanités, ou je viserai tes viscères pour te tuer. Vouvoie moi, moi je te tutoie, ne sois pas têtu! D’un TU qui te noieras dans un tourment de terreur, dans un tête à tête qui te fera se terrer dans la torpeur. De mes tirades titanesques je vais t’anéantir. En attendant je t’attends en tuant le temps. De temps en temps je titille un texte tortueux pour toi. Pour te faire taire, te rendre taciturne par une tactique de tic tac du toc du tambour qui tape et qui tremble jusque dans ta tête tétaniser d’une torpide traque.

Mes vindictes aux vitrioles feront vaciller ta vigueur volubile. Je rie déjà de tes vociférations, tes vulgaires vétilles, tes veules vilenies. Reste vigilent, gouttes à ma véhémence, à mes vicieuses

Terrasser ton toi. Tremble, terre toi, ou trace. Moi je t’attends… Je t’entends déjà me supplier me susurrer par des souffles assurant des solennels salamalecs. Mais sèche ta salive! Me soudoyer est un stratagème sans sens… Tes sacerdoces pour saborder mes sarcasmes sanglants me laisseront stoïque. Sanglote, suinte, je vais sévir, saccager tes sentiments, ton sensitif par des spécieux sophismes. Strict satyrisme qui t’enverrons dans l’atmosphère, te satellisé, te scier, te saccager par mes sémantiques, mes sempiternels et sublimes cynismes sismiques qui te rendrons schizophrène, sénile, sujet au suicide. Suranné devant ma suprême et sublime supériorité. Savoure le synopsis de tes souffrances

Par Cagouille

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18 nouvelle

‘Le journal de la fac’ Par DOS — épisode 1

R

ue Queumort, pas loin du centre-ville en continuant par les boulevards, je serpentai entre les vieilles statues et les lourds bâtiments délaissés pour aller faire soigner mon pauvre dos. Un peu cassé mais pas perdu, plein d’espoir que j’me suis dit, j’me suis rendu hôpital Dadart, spécialiste des coups dans le dos. Il faisait vraiment froid dehors, mais dans leurs couloirs il faisait bon, comme dans une serre avec les odeurs fortes et la moiteur à portée de main. On m’a admis sans problème, j’étais pas du genre à faire des histoires de toute façon. Ma chambre, elle était blanche, d’une pureté éblouissante, avec un mobilier sobre, coupant; et une fenêtre toujours aveuglante. On m’a mis avec un certain Criqua, cheminot jusqu’au stéréotype, la moustache importante et toujours sale malgré tout le savon qu’on y avait mis, les yeux pincés et mesquins, la voix assez rauque, quelques cheveux sur le caillou et un menhir à la place du dos. Je l’aime bien moi Criqua, toute sa personne à un côté métallique, un peu comme une vis, faite pour rentrer dans un travail bien défini. Lui il s’était pris un violent coup dans le dos, même si son boulot avait déjà bien préparé le terrain. Une bonne femme avec l’écharpe de fourrure et l’arrogance cuirrassée, lui avait envoyé ses bagages dans le dos alors qu’il réparait la porte d’un wagon défectueuse. Elle a cru qu’il était porteur qu’elle a dit. Mais bon au fond il s’en foutait Criqua, il était bien ici et puis sa compagnie aurait pas tarder à le virer de toute façon, comme quoi il buvait trop et travaillait mal depuis plusieurs mois. - C’est parce que j’ai mon gosse tu comprends? il m’a confié... - Alors mon temps jle passe à l’éduquer comme je l’peux tu vois. J’ai jamais abusé sur la boisson. J’lui fais des cassetêtes avec les petits mécanismes que je pique sur les machines. Ca, ils le savent pas encore que je pique chez eux. Fin je m’en fous, j’suis ici maintenant en sécurité. - Et ton gosse? - Mon gosse il sait se débrouiller, et puis j’lui ai écrit deux fois déjà. C’est un collègue qui m’a répondu, on s’occupe bien de lui apparemment.

La première nuit tout se passa bien, mon dos me faisait pas trop mal et je dormis bien sans rêver. Criqua ronfla par moment, mais vu qu’il venait des chemins de fer, j’arrivai encore mieux à m’imaginer le bruit d’une locomotive pour me bercer, donc ça m’a pas dérangé. Vers midi, un médecin est venu nous voir histoire de faire le point. Il avait ce sourire inquiétant, ce sourire que tous les gens qui réussissent ont, que moi je n’ai bien évidemment pas, que les poivrots du coin de ma rue ont perdu, ce sourire que les ratés détestent tant, une sorte de délimitation sociale qu’on se crée pour s’y retrouver entre humains. Il avait ses grands yeux ouverts quand il nous parlait le doc, et fourrait toujours son doigt entre ses dents pour sortir je ne sais quel reste d’aliment sans détourner son regard du notre, sans gênes quoi. Il donnait des surnoms aux patients, un peu comme à l’armée : Chérubin, Tarfouille, Briquette, Vorace, Chevillette...Il était grand et bel homme, d’une cinquantaine d’années et se tenait bien droit. Ses dents il les faisait souvent grincer, c’était très strident, on le lui montrait par nos grimaces, et lui continuait de sourire. Une fois même, on l’a entendu gueuler contre une patiente un peu récalcitrante : «Attention ma mignonne, je suis médecin mais je peux très bien passer civil dans la nuit et venir vous remettre à votre place. C’est moi le médecin chef ici, alors ont obéit à mes ordres». Bref, le doc semblait un sergent de la santé, recalé par l’armée pour «attitude prenant de lourdes parts dans le stress général des troupes. A muter dans la Santé». Car les malades, ça peut pas déserter. - Alors messieurs, quoi de neuf? Bon vous Criqua je vous ai déjà dit hier que pour le moment, aucune opération n’était possible, il est encore trop tôt. On va continuer le traitement avec les pillules. Et bon pour vous le bleu, vu que ce n’est pas trop grave on va prendre son temps et vous faire prendre un traitement similaire à votre voisin; ça vous va comme ça ?» «Non, j’ai vraiment mal» que j’aurais voulu répondre. «Oui monsieur le médecin» que son sourire me fit dire. Avant de repartir, il nous a dit que nous pouvions nous promener entre les repas dans le parc de l’hôpital, si on


19 Retrouvez La suite du ‘Journal de la fac’ de DOS dans le prochain numéro du P’tit Buvard.

voulait prendre l’air. Criqua et moi on était d’accord. Le repas ne tarda pas à être amené. L’infirmière qui me servi ressembler drôlement à une cantinière dévote, forte et corpulente, silencieuse et le visage fermé, parlant avec des mots courts et bien appuyés, pas faite pour prendre soin de petits agneaux comme nous. On en rigolait avec Criquard, lui il me dit même : «Tu sais, la bouffe ici est vraiment dégueue, mais avec elle dans le champ de vision, ça annonce au moins, c’est pas perfide, on reste dans les même tons quand on regarde ensuite son assiette». Enfin on disait ça quand elle nous tournait le dos évidemment. On est sorti qu’en fin d’après-midi finalement, on était bien au chaud dans notre chambre. Criqua avait du mal à marcher mais ça pouvait encore aller, on s’est assis sur un banc et il m’a donné une cigarette, une gauloise je crois. J’avais arrêté mais bon, là c’était exceptionnel. On a discuté politique comme d’habitude entre grandes personnes, on a dit que c’était tous des pourris, que rien ne changerait jamais, qu’ils pourraient autant gouverner la France que la Hongrie ou l’Inde, ils s’en fichaient bien du peuple, de la nation et de tout le reste. La nation, je pensais, ça s’acquiert que dans les larmes et la souffrance, dans la rue, c’est pas forcément bon, c’est plein de haine, mais ça nous tient chaud quand on se parle entre ratés, quand on va à la guerre ou quand on erre la nuit. C’est pour les bêtes ce genre d’idées, mais on peut pas tous évoluer. On aimerait bien des hommes politiques un peu ratés, comme nous, tellement habituer aux regards tristes, à la misère qui à force nous rassure, aux engueulades si bêtes qu’elles résonnent encore dans nos têtes tellement on se sent s’éffacer; enfin des hommes sans ego, qui savent que les copains les hanteraient dans leur sommeil s’ils tenaient pas leurs promesses. Enfin bon, on a parlé et fumé dans le froid hivernal.

boire. Il avait une légère barbe mais sur une bonne partie du visage, la figure assez sale, les cheveux blancs mais pas dégarnis et des cernes pas possibles. Il se tenait assez voûté, comme nous tous en fin de compte. On s’est mis à chercher avec lui dans tout l’hôpital. On abandonnait les cartes. Encore on aurait été dans un hôpital normal, on aurait surement trouvé des alcooliques et leur réserve, mais là rien. Alors, on s’est faufilé dans la salle où les médecins se changent. Là c’était une vraie mine d’or, de l’alcool plein les casiers, on s’est pas gêné. Bubuco c’était un vieux loup, il avait plus honte de rien, plus peur de la mort, il buvait surement pour un amour partie bien loin, on le sentait dans son regard. C’était un pauvre type qui raccrochait sa vie dégueulasse, dégueulasse par naissance même. C’est honteux mais c’est comme ça, c’est en lui, en nous.

En retournant dans notre chambre, on s’est calé les pieds bien au chaud sous notre couette, mais seulement les pieds pour pouvoir jouer aux cartes sur notre matelas avec Criqua. Un patient assez vieux est venu nous rendre visite. Il s’appelait Bubuco et cherchait quelque chose à Illustration de Mélanie Montesano

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20 recettes

MENU ‘pas cher’ 3€

entrée ers COURGETTEs AU FROMAGE DE Chèvre /6p

Préparation : 10 min Cuisson : 30 - 45 min Ingrédients

• 1 pâte feuilletée • 3 courgettes de taille moyenne • 1 œuf • 2 crottins de Chavignol • 20 cl de crème fraîche + sel / poivre / muscade (facultatif)

Préparation

1 - Préchauffez votre four à thermostat 6 (180°C). 2 - Disposez sur le fond de tarte les courgettes coupées en rondelles (vous pouvez les faire revenir à la poêle avec un peu d’huile, pour enlever l’eau et rajouter un peu de goût). 3 - Mélangez 1 oeuf entier à de la crême fraiche, salez et poivrez à votre convenance et versez sur les courgettes. Rajoutez un peu de muscade si vous le souhaitez. 4 -Disposez les fromages de chèvre coupés en rondelles sur le mélange. > Mettez au four pendant 30 à 45 mn. Y astuce Parfois, je rajoute quelques miettes de fromage dans le mélange oeuf + crème.

4€

plat / 4 pers CHILI CON CARNE Préparation : 10 min Cuisson : 25 min Ingrédients

• 50 g de beurre • 2 gros oignons • 2 gousses d’ail écrasées • 500 g de bœuf haché • 1 cuillère à café de Chili en poudre • 2 cuillères à café de cumin en poudre • 65 g de concentré de tomate • 1 grosse boîte de haricots rouge égouttés • 30 cl de bouillon de bœuf + sel, poivre et persil (pour décorer)

Préparation

1 - Dans une cocotte en fonte, faire fondre le beurre, et ensuite dorer doucement l’oignon et l’ail. 2 - Incorporer le bœuf haché et laisser cuire doucement 10 min. 3 - Mélanger le chili, le cumin, le concentré de tomates, et incorporer le tout au bœuf. 4 - Ajouter les haricots, le bouillon; saler et poivrer. > Couvrir, et laisser cuire 25 min au four (therm. 6/180°C).


21

4€

dessert / 8 pers Pain d’épices Préparation : 15 min Cuisson : 35 min Ingrédients

• 250 g de miel (d’un goût assez fort, bruyère par exemple) • 10 cl de lait chaud • 100 g de beurre fondu • 200 g de farine • 1/2 sachet de levure • 50 g de cassonade • 1 œuf • cannelle, gingembre, clou de girofle, noix de muscade.. • noix, noisettes, amandes, noix de coco, écorces d’oranges. • 1 pincée de sel

Préparation

4€

1 - Délayer le miel dans le lait chaud. 2 - Ajouter le beurre fondu, puis la farine en mélangeant énergiquement en cas de grumeaux. 3 - Incorporer alors la levure, la cassonade, l’oeuf et le sel. 4 - Ajouter les épices et les noix, selon les goûts.

cocktail / 6 pers sangria verte

> Cuire dans un moule à cake (ou à pain) pendant 30 à 35 min, à four chaud (180 - 200°C) ... et Youpla Boum!

Ingrédients

Préparation : 10 min Cuisson : 0 min • • • •

1 bouteille de vin blanc (75 cl) 10 cl de rhum blanc 5 cl de sirop de sucre de canne 3 kiwis, 1 citron vert, 3 brins de menthe

Préparation

1 - Verser le vin blanc, le sirop de sucre et le rhum dans un grand bol avec couvercle. 2 - Ajouter les kiwis pelés et coupés en rondelles. 3 - Ajouter les brins de menthe et le citron vert coupé en quartiers. > Laisser reposer 4 à 6 heures au réfrigérateur.


22 blagues

s é r ie a cr a cr in d u bo !

Haute Définition

«U

n homme entre dans une pharmacie, le nez plein de sang.

- Est-ce que vous auriez une petite compresse, s’il vous plaît ? Le pharmacien lui répond d’un air vexé : - Non , J’en ai une grande qu’on suce ! »

«4

femmes sont assises à la terrasse d’un café : une jalouse,

une rêveuse, une romantique et une vierge. Elles commandent toutes un café et y ajoutent toutes du lait, mais en quelle quantité vont-elles en ajouter ? La jalouse… «Un soupçon.» La rêveuse… «Un nuage.» La romantique… «Une larme.» Et la vierge… «Un doigt.» »

-

Comment appelle-t-on un espagnol qui se masturbe ? Manuel Comment appelle-t-on un espagnol qui se masturbe debout ? Manuel Sanchez Pourquoi un fa bémol est-il toujours malade ? Parce qu’il vaut mi. Quelle est l’étymologie de «copain» ? Facile. Copain : qui partage le pain. Et l’étymologie de «copine» ? ...

L’édition du Petit Larousse 2002 ® nous envoie les quelques mots dont, comme chaque année, la définition est revue et corrigée. AMOUR : Mot en 5 lettres, trois voyelles, deux consonnes et deux idiots. FEMME : Ensemble de courbes qui font redresser une ligne Parents : Deux personnes qui montrent à un enfant à parler et à marcher, pour ensuite lui dire de fermer sa gueule et de s’asseoir POISSON : Animal dont la croissance est excessivement rapide entre le moment où il est pris et le moment où le pêcheur en fait la description à ses amis PHYSICIEN QUANTIQUE : C’est un homme aveugle dans une chambre obscure cherchant un chat noir qui n’est pas là. DANSE : Frustration verticale d’un désir horizontal. EXAMEN ORAL : Epreuve d’admission de stagiaires à la Maison Blanche. FACILE : Se dit d’une femme qui a pour morale sexuelle celle des hommes.

-

Qu’est ce que tu dis à un gars qui a deux yeux au beurre noir ? Rien, tu lui as déjà expliqué deux fois ! Quelles sont les dernières paroles de Jésus ? Avant je croyais, maintenant je suis fixé !


remerciements

P

our ce troisième numéro du «P’tit Buvard», nous tenons a remercier :

Les auteurs et artistes : Cagouille (merci de m‘avoir fait découvrir l‘OuLiPo), Lily Voisin, DOS, Julie Dagut et Monde Meilleur pour leurs textes. Laura Mélot (exposition photo à la MIE vers le 15 mars) pour ses photos, Mélanie Montesano pour ses dessins, Romain Pujol - http://dailyrarium.over-blog.com/ pour ses BDs, et Marina pour la mise en page et pour être toujours là ! Mais également toutes les personnes qu’on a croisées et qui ont pris la peine de s’intéresser au projet et de faire tourner l’info ! Toutes les personnes qui se sont investies de près ou de loin au projet ! Et surtout : tous les futurs auteurs qui nous enverrons leurs créations ! Et qu’on attend impatiemment ! Et Sans qui nous ne serions rien !

‘ ramène ta paume ‘

U

n texte au fond du tiroir, une lettre enflammée qui n’attend que de voir le jour, un vieux dessin qui nous semblait désuet mais qui peut faire battre les cœurs, un carnet de voyage qu’on avait oublié, un roman en cours, un cahier secret ou l’on a marqué ses rêves, un dessin gribouillé au fond d’un amphi… le moyen de nous laisser pénétrer votre intimité sans avoir a affronter les réfractaires et la critique, Il n’ y a rien a gagner, pas de concours ou de prix en jeu, juste la satisfaction de se dire qu’on a publié ! On a tous en nous quelque chose de Tennessee… faites le nous partager…

+

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de p’tit Buva

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Retrouvez les éditions précédentes du journal en ligne à l’adresse : http://marina.costanzo.free.fr/ rubrique ‘Le p’tit Buvard’

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#3

‘ ramène ta paume ‘

édition

Le p’tit Buvard Journal étudiant littéraire et créatif

Mars 2011 — édition #3 Journal mensuel gratuit

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