Les prescripteurs du roman ado

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d’adolescents s’inscrivent dans l’unique but de passer toute une nuit avec leurs copains et co-

pines et que ce n’est pas l’intérêt pour le livre ou les auteurs qui les y poussent. Néanmoins,

elle constate qu’ils finissent tous par se prendre au jeu et se mettent à lire « pour rigoler » des textes de leur enfance ou font de nouvelles découvertes. Le pari est ici doublement gagné : contrairement aux évènements habituels qui touchent un public déjà en grande partie captif, la

Nuit attire au contraire un public qui a priori n’est pas attiré par le livre ce qui constitue déjà en soit une belle réussite. Mais que ce même public se prenne au jeu et trouve finalement plaisir à entrer dans la lecture, voilà une belle raison de se réjouir.

Finalement, cette Nuit des adolecteurs, qui n’est pourtant pas un exemple de média-

tion puisqu’il n’y a pas de contact véritablement créé entre les adolescents et les adultes, arrive

à faire passer le message que la lecture est avant tout un loisir et que l’adolescent peut y trouver du plaisir. Elle parvient, grâce à son écoute et à sa compréhension de ce public si particulier, à l’attirer et à le divertir avec comme seul support le livre dans tout ce qu’il a de plus simple.

Ce projet est finalement d’une simplicité désarmante et on s’étonne alors qu’il n’ai pas

fait de rejetons dans d’autres salons du livre. À vrai dire, il y a eu quelques tentatives similaires

mais toutes ont stoppé après quelques années. D’après Amélie Plançon, si les autres tentatives n’ont pas marchés, c’est que les organisateurs voulaient justement avoir une programmation trop lourde et encourageaient fortement les adolescents à participer aux ateliers mis en place,

ce qui les oppressait et les rebutait. La difficulté serait donc d’accepter de ne pas tout contrôler, de ne pas avoir peur du vide et des temps morts et d’accepter que les adolescents présents ne

soient pas constamment en contact avec un livre ou un auteur mais qu’ils vivent leur vie d’ados en butinant à gauche, à droite, ce qui les l’intéresse.

3. Investir les réseaux sociaux

Aujourd’hui, beaucoup de professionnels du livre sont présents sur Internet car ils

savent que pour promouvoir une marque auprès de son public cible, il faut se positionner là où le public est déjà. Les éditeurs de jeunesse ont été les premiers à comprendre l’intérêt du

web 2.0 et à investir les sites communautaires et les réseaux sociaux. Cela est effectivement cohérent puisque leur public cible, les jeunes, est le public le plus représenté sur Internet et le plus dynamique dans les communautés virtuelles. Les innovations qu’ils ont mis en place

jouent tant sur le contenu et le type de livres que sur les modes de communication, la profession a ainsi été largement bouleversée par ces nouveaux outils et éditeurs comme attachés de presse repensent leur profession.

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