Introduction
Le roman ado n’existait pas dans l’édition littéraire. Il s’est développé timidement au
début des années 1980 et ce, jusqu’à la fin des années 1990, où Harry Potter rencontre le suc-
cès qu’on lui connaît. Les éditeurs de jeunesse sont alors persuadés qu’il y a un large créneau à investir dans la production destinée aux adolescents. Dès lors, les collections vont se multiplier et différents genres voir le jour.
La littérature « pour » adolescents sous-entend qu’elle a été pensée et adressée à ce
lectorat particulier. En ce sens, elle est assimilée à un produit marketing, fait sur mesure, pour combler un manque et s’éloigne donc de l’idée que l’on se fait de la « vraie » littérature, une littérature écrite dans un souci artistique, sans but marchand.
Les éditeurs jeunesse ont, bien avant de se lancer dans la production pour adolescent,
déjà dû faire face à de telles remarques. La littérature jeunesse, si elle nous paraît aujourd’hui
bien intégrée dans le panorama éditorial, a été longtemps considérée comme une sous-littérature, une littérature simplifiée pour s’adresser à un public « diminué », les enfants. Forts de ce
premier combat, les éditeurs jeunesse se montrent fiers de leurs collections pour adolescents
et espèrent leur donner à leur tour leurs lettres de noblesse. Parce que cette production nouvelle s’adresse à un public bien ciblé, les adolescents, elle s’appuie nécessairement sur un travail de marketing direct. Effectivement, le succès de certaines collections tient aux lancements
médiatiques qui les accompagnent et aux innombrables opérations marketing et de communication qui les entourent. De « produit marketing », la littérature adolescente passe, puisqu’elle
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