Les prescripteurs du roman ado

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s’intéresse à un livre pour ado, elle produit un article assez élogieux. La preuve avec un récent

numéro de Elle1, hebdomadaire féminin, qui chronique dans ses pages livres quatre titres issus de la littérature ado. L’article intitulé « Comment faire lire un ado ? En lui offrant quatre bouquins qui rendent heureux et sacrément curieux. » critique rapidement une sélection diversifiée et ouverte en s’adressant certes aux adultes et parents mais en prenant en comptes les goûts des ados.

Pour les professionnels de l’édition jeunesse, tant pour les éditeurs que pour les li-

braires, ce désintérêt total est comme une épine dans le pieds et ils expriment le besoin d’une nouvelle considération de la part des grands médias : « Les prescripteurs qui s’adressent aux parents pour conseiller de la littérature ado, à ma connaissance, c’est quasiment inexistant. (…) Il y a clairement un vide, et donc quelque chose à faire dans ce sens2 ».

2. Éducation nationale

Pour les adolescents, le centre de documentation et d’information (CDI) et les profes-

seurs représentent une instance de prescription de premier ordre. L’institution scolaire donne naissance à la lecture régulée et prescrite auprès des collégiens et des lycéens, car à l’école, on doit être lecteur, la lecture est obligatoire.

Dans les salles de classe, les professeurs prescrivent les œuvres du programme, com-

posé de littérature classique issus de siècles plus ou moins anciens et, depuis 1970, de littérature jeunesse (particulièrement présente au collège mais moins au lycée). En dehors des œuvres étudiées en classe, les professeurs conseillent également de nombreux titres de livres

jugés adaptés à leurs élèves. D’après l’étude de Michel Schmitt3, leur influence grandit avec leurs élèves : il a comparé les titres lus par les collégiens et par les lycéens avec les titres conseillés

par les professeurs et s’est aperçu qu’un livre conseillé par l’institution scolaire est souvent une œuvre d’un niveau légèrement supérieur à celui que recherche un lecteur pour une lecture plaisir. Ainsi un titre conseillé à un collégien aura des chances d’être lu quelques années plus tard, lorsque son niveau de lecture se sera amélioré et qu’il pourra lire ce livre sans effort.

La notion de « lecture plaisir » peut d’ailleurs sembler inexistante dans l’institution

scolaire, ou, si les enseignants essaient de la faire pratiquer, elle n’est pas ressentie comme telle 1 Elle du 15 juin 2012. Article en Annexe 4. 2 Annexe 1 : Entretien avec Véronique Durand. 3 Michel Schmitt, Fiction de la lecture : de la formation des goûts littéraires dans l’enseignement secondaire, Thèse de doctorat, Université de Paris III, 1990.

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