Coopérateur | Janvier 2016

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JANVIER 2016

cooperateur.coop

VOTRE VIE, VOS AFFAIRES

12 ans

plus tard, propriétaire et fier de l'être

Ferme ML/Aliporc Plus de précision dans l’alimentation des cochons Jean-Nil Fournier Techno dans l’âme

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MAINTENANT LA PARTIE SE JOUERA BEAUCOUP PLUS

EZÉMENT

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SOMMAIRE ÉDITION JANVIER 2016

VOTRE VIE VIE COOPÉRATIVE 5 6 9 10 12 14 15

AFFAIRES AGRICOLES

ENTRE NOUS Denis Richard* MA COOP PAUSE PENSÉE Colette Lebel* Gagnante de la bourse La Coop 2015 L’Ukraine, prête pour les CUMA? Nouveau site Web pour Citadelle Véronique Guay, administratrice à Compton

VIE AGRICOLE 16 12 ans plus tard, propriétaire

VOTRE VIE,

22 25 28 30 32 36 38 40 42

Ferme laitière Karibel : l’efficacité dans sa simplicité Bœuf et génétique, le pari de Jean-François Leblond Plus de précision dans l’alimentation des cochons Comment améliorer la fertilité des truies? Ferme Dani-Jean : pas de one man show! Blé en régie intensive ou en régie rentable? Charlie Bussières, champion équestre Ferme Ronier, techno dans l’âme, comptable dans la tête Chaulage héliporté dans les érablières

AFFAIRES ÉCONOMIQUES

et fier de l’être

cooperateur.co

VOS AFFAIRES

44 Taux endettement des fermes : différent selon le secteur 48 ZOOM AFFAIRES 50 FAITS ET GESTES Vincent Cloutier*

Site Web : www.cooperateur.coop

VOS AFFA IRES

op

JANV IER 2016

Version virtuelle : www.cooperateur.coop/fr/magazine

* For English version, please visit our website at www.cooperateur.coop/en

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Gagnante

de la bourse

La Coop 2015

FERME LAITIÈRE

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KARIBEL

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BŒUF ET GÉNÉTIQUE LE PARI DE JEAN-FRANÇOIS LEBLOND

PLUS DE PRÉCISION 25

DANS L’ALIMENTATION DES COCHONS 28

CHEZ JEAN GAUDREAULT,

PAS DE

ONE MAN SHOW!

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Agriculture en changement Comment rendre ses employés de ferme heureux

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Conflits Des trucs pour mieux communiquer

Coût d’abonnement (taxes incluses) Membres : 11,29 $/année

(défrayé par la coopérative locale)

Non-membres : 1 an : 25 $ 2 ans : 40 $

3 ans : 55 $ À l’étranger – 1 an : 90 $

Coopérateur

C.P. 500 Station Youville, Montréal (Québec) H2P 2W2 Tél. : 514 384-6450 – Téléc. : 514 858-2025 – Courriel : cooperateur@lacoop.coop

VOLUME 45, NO 1 | JANVIER 2016

Éditeur Jean-François Harel Directrice et rédactrice en chef Guylaine Gagnon 514 858-2146 (ligne directe) guylaine.gagnon@lacoop.coop Rédacteur en chef adjoint Patrick Dupuis, agronome 514 858-2044 (ligne directe) patrick.dupuis@lacoop.coop Adjointe à l’édition Marie-Hélène Gaudin 514 384-6450, poste 3513 marie-helene.gaudin@lacoop.coop

Conception graphique Service de la création, La Coop fédérée Graphistes Bernard Diamant, Michael Guimond, Suzanne Turcot Webmestre Ricardo Silva Photographies et illustrations Gino Caron, Martine Doyon, Caroline Fournier, Étienne Gosselin, Stéphane Lemire, Stéphane Payette Page couverture Gino Caron Impression Interweb Inc. Les photos, illustrations et textes publiés dans le Coopérateur et sur le site Internet de La Coop fédérée ne peuvent être réutilisés sans autorisation.

Publicité Pierre Grinsell | 450 661-8200 info@relationsmedia.ca Correspondance Retourner toute correspondance ne pouvant être livrée au Canada à : Coopérateur C.P. 500 Station Youville, Montréal (Québec) H2P 2W2 Tél. : 514 384-6450  |  Téléc. : 514 858-2025 Courriel : cooperateur@lacoop.coop Site web : www.cooperateur.coop

Poste-publications, convention n° 40628621 Dépôt légal : Bibliothèque nationale du Québec

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Le Coopérateur est publié neuf fois l’an par La Coop fédérée. Il est l’outil d’information de la coopération agricole québécoise.

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PHOTO : MARTINE DOYON

Ont collaboré à ce numéro Lyne Beaumont, Yvon Boudreau, Vincent Cloutier, Hélène Cossette, Pascal D’Astous, Étienne Gosselin, Lucie Kablan, Colette Lebel, Nancy Malenfant, Céline Normandin, Nathalie Parent-Legault, Stéphane Payette, Denis Richard

PHOTOS : ISTOCK

Révision Georges O’Shaughnessy enr.


ENTRE NOUS

UNE BONNE NOUVELLE DENIS RICHARD, PRÉSIDENT DE LA COOP FÉDÉRÉE, DENIS.RICHARD@LACOOP.COOP

PHOTO : MARTINE DOYON

PHOTOS : ISTOCK

FINALEMENT, la récolte 2015 aura fait bien des heureux. En effet, en plus d’être très hâtive, elle a comporté un grand nombre de journées consécutives d’ensoleillement. Les rendements, tant dans le maïs que le soya, ont été en général exceptionnels, tout comme la qualité. Cependant, tous ces astres parfaitement alignés ont créé une problématique en matière de logistique de livraison, puisque les deux récoltes sont arrivées en même temps, à la ferme comme dans les centres de grains et les divers silos-élévateurs maritimes. Malgré tout, après quelques jours de recul, on peut dire que tout est rentré dans l’ordre et que la vie reprend son cours. Nous attendons maintenant la prochaine période de semis, au printemps 2016. Cette période d’intense activité qu’a été la récolte m’a empêché de participer à l’assemblée générale annuelle de l’Alliance coopérative internationale (ACI), qui a lieu tous les deux ans et se tenait cette année du 11 au 13 novembre, à Antalya, en Turquie. L’assemblée a été l’occasion de revoir le mode de cotisation des organisations membres. La cotisation sera toujours basée sur le nombre de membres de l’organisation et sur la croissance économique du pays où elle se trouve, mais sera modulée selon que le nombre de personnes qu’elle représente augmente plus rapidement que la moyenne des organisations membres, ou bien que le PIB de son pays augmente plus rapidement que la moyenne mondiale. De plus, on prévoit désormais un plafond d’augmentation de cotisation de 10 %. Cette assemblée a aussi été l’occasion de mettre à jour les notes d’orientation concernant les principes coopératifs, qui servent à assurer l’uniformisation des pratiques coopératives découlant des sept principes connus. Au cours des dernières années, les principes coopératifs ont acquis davantage de reconnaissance dans le monde : ils sont à présent cités dans les documents de politiques publiques, les textes des Nations unies et de l’Organisation internationale du travail, et sont ajoutés à la législation nationale dans de nombreux pays ou encore en font partie intégrante. Donc, après trois ans de travail et la prise en compte des points de vue

divers de coopérateurs du monde entier, les nouvelles notes d’orientation ont été rendues publiques. Mais le fait saillant de cette dernière assemblée générale annuelle aura sans contredit été l’élection de Monique F. Leroux à la présidence de l’ACI. La présidente du Mouvement Desjardins succède ainsi à dame Pauline Green, qui a été non seulement la première femme à présider l’ACI dans ses 120 années d’existence, mais également le moteur d’un nouveau dynamisme ayant conduit à plus de reconnaissance de la forme d’organisation coopérative au niveau international, tant à l’ONU que dans les forums économiques. Sous son égide, l’ACI aura également établi son plan d’action pour une décennie coopérative et fait la promotion du nom de domaine .coop, qui se veut le fer de lance de l’entrée du mouvement coopératif mondial dans la nouvelle ère numérique. Avec Monique Leroux à la présidence de l’ACI, il ne fait nul doute à mon sens que le même dynamisme règnera à la tête du mouvement coopératif mondial. Élue il a deux ans pour représenter le Canada au conseil d’administration de l’ACI, Monique Leroux, malgré ses nombreuses responsabilités à la direction du Mouvement Desjardins, a été l’instigatrice du Sommet international des coopératives, qui se tient maintenant tous les deux ans à Québec. Jusqu’à tout récemment, elle présidait également le Conseil québécois de la coopération et de la mutualité. Bref, l’élection de Monique Leroux à la tête du mouvement coopératif mondial est une excellente nouvelle, qui s’inscrit dans la continuité de la reconnaissance de la formule coopérative à l’échelle internationale. Pas un cadeau de Noël, mais presque ! Sur ce, j’en profite pour vous souhaiter mes meilleurs vœux pour l’année 2016.

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Louis Maltais, Capital régional et coopératif Desjardins; Marc Landry, Fromagerie Perron; Yves Girard, directeur général de Nutrinor.

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SYNCHRO 750 : UNE QUATRIÈME ÉDITION COURONNÉE DE SUCCÈS

C’est au Fairmont Le Reine Elizabeth, à Montréal, qu’a eu lieu la quatrième édition de la Soirée Synchro 750, le 24 octobre dernier. Cette soirée, regroupant l’élite des producteurs laitiers, a comme objectif de récompenser les membres qui atteignent une MCR totale de 750 ou plus. En outre, cette année, cinq producteurs ont accédé au prestigieux Club des 300, en atteignant une MCR moyenne de 300 et plus. Ce groupe se compose de : • Ferme Christian Lacasse (Saint-Vallier), propriété de Christian Lacasse et Sylvie Gendron, membres de La Coop Rivière-du-Sud, avec une MCR de 301,3.

• Ferme Val-Bisson (Saint-Polycarpe), propriété de Jean Bissonnette (administrateur à La Coop fédérée) et Élyse Gendron, membres de La Coop des Frontières, avec une MCR de 309,3. • Ferme Sauvageau (Saint-Thuribe), propriété de Tony Sauvageau, membre de La Coop Univert, avec une MCR de 310. • Ferme Arla (Saint-Césaire), propriété d’Yves, Sylvain et Michel Riendeau, membres de La Coop Excel, avec une MCR de 347,3. • Ferme Holdream (SaintHonoré), propriété de Guillaume et Étienne Lessard, membres de La Coop Alliance, avec une MCR de 376. Les quelque 360 personnes présentes ont pu assister, en après-midi, à la conférence « Apprendre à côtoyer l’excellence », présentée par Dany Dubé, chroniqueur sportif et ancien entraîneur. Jean Bissonnette, administrateur à La Coop fédérée, et Élyse Gendron, propriétaires de la Ferme Val-Bisson, qui fait partie du groupe des cinq entreprises qui accédaient cette année au prestigieux Club des 300. Ils sont accompagnés sur la photo de Simon-Pierre Loiselle, expert-conseil au Regroupement des frontières.

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LE GROUPE ROBITAILLE ET OLYMEL : PARTENARIAT D’AFFAIRES DANS LUCYPORC Les directions du Groupe Robitaille et d’Olymel annoncent la signature d’une entente de principe en vue de conclure un partenariat d’affaires dans Les Aliments Lucyporc, en Mauricie. Lucyporc, entreprise d’abattage, de découpe et de transformation de porc, propriété du Groupe Robitaille, serait désormais détenue à parts égales par le Groupe Robitaille et Olymel, par l’entremise d’un échange d’actions. Cette coentreprise poursuivrait ses activités sous la raison sociale Les Aliments Lucyporc. Cette entente de principe porte sur le secteur de l’abattage, de la découpe, de la transformation et de la mise en marché des produits de viande de porc, ainsi que sur Viandes Dunham, propriété du Groupe Robitaille, une entreprise de transformation de viande servant le secteur des hôtels, de la restauration et des institutions (HRI). Cette entente de partenariat sera soumise à l’approbation du Bureau de la concurrence. (Source : Olymel)

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PHOTOS : 3-CDR ESTRIE, 4-SOCODEVI

Nutrinor coopérative acquiert une participation de 42 % des actions dans la Fromagerie Perron. Cette entreprise, fondée en 1890 et située à Saint-Prime (Lac-Saint-Jean), est maintenant la propriété de Nutrinor, de Capital régional et coopératif Desjardins ainsi que de Marc Landry. Ces derniers sont actionnaires depuis quelques années. « C’est une grande nouvelle pour les producteurs de la région, dit Jean Lavoie, président de la coopérative. […] Il est primordial qu’en tant que producteurs laitiers nous possédions nos infrastructures régionales, pour ajouter de la valeur à notre production. » « La proximité des fermes et le lien privilégié que nous avons avec nos membres sont des avantages concurrentiels, que nous comptons bien mettre au premier plan avec la Fromagerie Perron », estime pour sa part Yves Girard, directeur général de Nutrinor. Pour Jean-Marc Perron, qui était actionnaire de la fromagerie et y travaillait depuis 42 ans (il prendra une retraite bien méritée), « c’est rassurant que Nutrinor achète des actions de la fromagerie.

Mon père serait très fier de savoir que les emplois seront maintenus en région grâce à l’intervention de la coopérative régionale. » Quant à Marc Landry, il deviendra directeur général tout en demeurant actionnaire.

PHOTOS : 1-NUTRINOR, 2-MARC BOISVERT

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NUTRINOR ACQUIERT DES ACTIONS DE LA FROMAGERIE PERRON

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LA COOP DES CANTONS RECONNUE POUR L’INTERCOOPÉRATION

PHOTOS : 3-CDR ESTRIE, 4-SOCODEVI

PHOTOS : 1-NUTRINOR, 2-MARC BOISVERT

Le 24 octobre dernier, La Coop des Cantons a remporté le Mérite coopératif dans la catégorie Association et intercoopération, à l’occasion de la 21e édition du Gala Mérite coopératif, organisé par la Coopérative de développement régional de l’Estrie. Ce prix reconnaît une coopérative qui cultive des liens d’intercoopération au bénéfice de ses membres, en plus de favoriser les relations entre ces derniers. Le Gala Mérite coopératif a lieu tous les deux ans en Estrie et vise à récompenser les coopératives qui se démarquent dans leur collectivité par leur notoriété et l’offre de service à leurs membres. Luc Martin, Desjardins; Jean-Philippe Côté, président, La Coop des Cantons; Gaétan Lavigne, deuxième vice-président, La Coop des Cantons; Serge Boivin, administrateur, La Coop des Cantons et La Coop fédérée; Stéphane Péloquin, directeur général, La Coop des Cantons; et Marc Brouillette, Investissement Québec.

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DENIS GUÉRARD EN MISSION EN UKRAINE ET AU PÉROU Grâce à SOCODEVI, la vaste expérience en transformation laitière de Denis Guérard, ex-directeur général de La Coop Agrilait, a été mise au profit des petits producteurs laitiers ukrainiens et péruviens, dans le cadre de deux missions d’assistance technique. Du 26 septembre au 11 octobre derniers, Denis Guérard s’est d’abord rendu en Ukraine, afin d’explorer les possibilités offertes aux coopératives agricoles pour la mise en marché de produits laitiers. Celles-ci collectent un volume de lait de plus en plus important, ce qui permet d’envisager des activités de transformation. L’expérience de Denis Guérard a enrichi le processus de réflexion sur ce sujet. De plus, il a participé à l’inauguration d’un laboratoire d’analyse de lait appartenant à une organisation partenaire de SOCODEVI. Puis, le 12 octobre, le spécialiste en transformation laitière s’est envolé vers les Andes péruviennes, afin d’évaluer les défis de la future fromagerie d’une coopérative située dans la municipalité de Huambos, entreprise soutenue par le projet PRODIVCOM (mené par SOCODEVI).

Soulignons que, dans le cadre de cette mission au Pérou, Denis Guérard a également participé, à titre de conférencier, au Congrès laitier national, tenu dans la ville de Cajamarca. Olena Marukhniak, interprète; Camil Côté, chargé de programmes de SOCODEVI; et Denis Guérard, ex-directeur général de La Coop Agrilait.

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LE TOMME DE GROSSE-ÎLE RAFLE L’OR AUX WORLD CHEESE AWARDS Le fromage Le Tomme de Grosse-Île, fabriqué par La Coop Île-aux-Grues, a décroché la plus haute distinction, le prix Gold, dans la catégorie Fromage à pâte mi-ferme, aux World Cheese Awards 2015-2016, le plus prestigieux et le plus important concours au monde dans le domaine des fromages, qui s’est déroulé à Birmingham (Angleterre) le 26 novembre. Le Tomme de Grosse-Île s’est ainsi distingué sur la scène mondiale parmi 2727 fromages en provenance de 25 pays. Créé en 2004, Le Tomme de Grosse-Île reflète l’histoire de l’implantation sur l’île d’une

famille et de son troupeau de vaches de race Suisse brune. Ces vaches, nourries en partie au foin naturel et salé qui pousse sur les battures de l’île, produisent un lait destiné uniquement à la fabrication de ce fromage et qui lui donne un goût typique. Dans la gamme de fromages fins de La Coop Île-aux-Grues, Le Mi-Carême et Le Cheddar vieilli fort 1 an ont quant à eux obtenu la distinction Bronze dans leurs catégories respectives. Rappelons que la coopérative a également remporté deux autres prix prestigieux le mois dernier. Le fromage Le Canotier de L’Isle a été couronné Grand gagnant, dans la catégorie Fromage à pâte ferme, à la Royal Cheese Competition. Le Cheddar Île-aux-Grues vieilli extra-fort a pour sa part décroché le Lauréat du meilleur cheddar, dans la catégorie Cheddar extra-fort 24 à 36 mois d’âge, à la British Empire Cheese Competition, tenue à Toronto.

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UN ARTISAN DE LA TRANSFORMATION DE LA COOP FÉDÉRÉE N’EST PLUS JEAN-PIERRE DESCHÊNES (1944-2015)

Le 5 novembre, La Coop fédérée et son réseau ont perdu l’un des artisans de son redressement et de sa grande transformation. Jean-Pierre Deschênes est décédé à Trois-Rivières des suites d’une longue maladie, à l’âge de 71 ans. 34 ANS AU SERVICE DE LA COOPÉRATION ET DE L’AGRICULTURE QUÉBÉCOISE

LA BONNE PERSONNE AU BON MOMENT

Sa vaste expérience et sa personnalité forte et attachante, Jean-Pierre Deschênes les mettra en 1992, après des années déficitaires, au service d’un redressement financier majeur de La Coop fédérée. D’une vive intelligence, il a conduit avec aplomb des hommes et des femmes au travers d’une crise sans précédent. L’homme faisait confiance à sa garde rapprochée et aux gestionnaires, et il les laissait travailler à l’atteinte de l’objectif commun. Dans la tourmente, il jouissait de l’appui inconditionnel de son président et du conseil d’administration. Grâce à sa prestance et à sa compétence, il avait aussi le don d’établir des relations de

confiance avec tout un chacun. Chef d’entreprise brillant, prudent, d’une rigueur inouïe et, surtout, capable de prendre des décisions courageuses, Jean-Pierre Deschênes a su garder l’organisation à flot et lui permettre de passer à sa prochaine phase de croissance. Il connaissait sur le bout de ses doigts l’entreprise ainsi que le moindre chiffre la concernant. Et il savait, au moment opportun, concevoir un modèle d’affaires inattendu, puissant et plein de sens. Jean-Pierre Deschênes a laissé sa marque dans le secteur économique le plus important au Québec, l’industrie agricole. Il a renforcé le rayonnement de notre réseau au sein de l’industrie agricole québécoise et du secteur agroalimentaire canadien. Sous sa gouverne, La Coop fédérée retrouvera la voie de la rentabilité. La contribution de Jean-Pierre Deschênes à la coopération et

à l’agriculture d’ici est immense. Même à sa retraite, il n’a jamais cessé de s’inquiéter de « sa » Fédérée. Un réseau très soudé le tenait informé de ce qui se passait au sein de l’entreprise. Il souhaitait qu’elle puisse poursuivre sa route avec succès, et ce, sans lui. Au nom de tous les coopérateurs du réseau, nous tenons à le remercier pour les services rendus et à offrir nos plus sincères condoléances à sa proche famille et à tous ses amis.

PHOTO : LA COOP FÉDÉRÉE

Jean-Pierre Deschênes a été directeur général de La Coop fédérée de 1992 à 2000. Son parcours dans le réseau coopératif commence en 1966, après l’obtention d’un diplôme de l’Université Laval. Agronome de formation, il terminera un MBA à l’Université de Sherbrooke en 1972. Jean-Pierre Deschênes occupera plusieurs fonctions au sein du réseau : spécialiste en alimentation animale, directeur général de La Coopérative de Sherbrooke, directeur adjoint de la division Moulées et fertilisants de La Coop fédérée, directeur des Productions

animales et directeur général du groupe Approvisionnement de la ferme.

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PAUSE-PENSÉE

ACTION !

JE TERMINE la lecture du livre La lumière de la

PHOTO : LA COOP FÉDÉRÉE

On n’aide pas quelqu’un par ce qu’on lui donne, nous dit Gaston Michaud, mais par ce qu’on ose lui demander.

terre, de Gaston Michaud. Un coup de cœur. L’homme, fort de ses 50 ans d’action communautaire, raconte comment la petite municipalité de Racine, en Estrie, s’est transformée par la coopération. En 1996, un rêve collectif : une coopérative d’habitation pour les aînés. En 2003, une réalité : La Brunante, coopé­rative d’habitation des aînés de Racine. Et aujourd’hui, un constat : les aînés qui demeurent auprès de leur famille et de leurs amis et

peuvent servir à n’importe quel groupe désirant réaliser un projet collectif. Y figurent la valorisation des aptitudes des personnes en présence, la construction d’une mémoire collective, le développement de rituels festifs, la prise de décision au plus près de l’exécution, l’accès à des lieux d’échange convenables, une communication transparente et, surtout, le recours à ses propres moyens avant toute demande d’aide externe. Si Gaston Michaud est un excellent vulga-

qui participent à la vie communautaire… vieillissent mieux que les autres ! Clin d’œil du conteur : « La coopération est un antidote au vieillissement. » Je suis touchée par ce témoignage. Au décès de mon père, j’ai cherché en vain une coopé­rative d’habitation pour ma mère, qui était alors en très bonne santé. Toute la famille étant dispersée géographiquement, il me semblait que le meilleur milieu de vie pour elle, désormais, était une coopérative d’habitation. J’aurais aimé mettre toutes les chances de son côté. Hélas, ma mère est décédée en août dernier, après une lente et cruelle perte de ses facultés cognitives. Je ne saurai jamais si son destin aurait pu être meilleur, mais je crois qu’il nous faut davan­ tage de coopératives comme La Brunante. Notre population étant vieillissante, il y aura bientôt davantage d’aînés que de jeunes, et les besoins seront criants. « La coopération est un antidote au vieillissement. » C’est une image-choc, certes, mais ce n’est pas dénué de fondement. Un chercheur de l’Université du Québec à TroisRivières a démontré que la vie communautaire a un impact positif sur la santé. D’ailleurs, Gaston Michaud a été invité à présenter le cas de La Brunante lors d’une conférence de l’Organisation mondiale de la santé, en septembre 2013. Ce n’est pas rien.

risateur, c’est aussi un homme de terrain. Il met lui-même la main à la pâte et, manifestement, s’en trouve transformé. Il devient un témoin privilégié du pouvoir transformateur de la coopération. Il raconte comment les gens de Racine, s’y incluant lui-même, sont devenus architectes, entrepreneurs, leaders, simplement parce qu’on leur a un jour demandé… de l’aide ! « On n’aide pas quelqu’un par ce qu’on lui donne, mais par ce qu’on ose lui demander », remarque-t-il avec sagesse. Bref, l’homme donne envie d’agir. Et il a bien raison : cessons d’attendre ceci ou cela. Il nous manquera toujours quelque chose. Commençons avec nos propres atouts. Partageons nos rêves d’un monde meilleur, sans autocensure pudique. Aux problèmes globaux, il faudra bien proposer des réponses collectives. N’attendons pas. Il y a déjà, dans le nous collectif, tout un potentiel à utiliser. Je partage avec Gaston Michaud une grande estime pour feu Albert Jacquard, qu’il cite très pertinemment : « Le tout n’est pas seulement la somme des parties. […] Dans la mesure où les hommes sont en interaction, cette humanité manifeste des pouvoirs propres dont ne dispose aucun individu, et qui apparaissent du fait même de leur intégration en un ensemble. » Or, c’est exactement ce que s’applique aujourd’hui à comprendre et à modéliser la science de la complexité. On en

Mais au-delà de l’histoire qu’il nous raconte, c’est l’approche pédagogique de Gaston Michaud qui fait tout l’intérêt de son livre. S’inspirant de sa propre expérience, il propose plusieurs clés pour le développement des collectivités. Des clés toutes simples, qui

retient que la coopération, parce qu’elle met en relation les uns et les autres, agit comme un creuset d’où, par quelque merveilleux tour d’alchimie, émerge de l’inattendu, de l’inespéré. On serait fou de s’en passer.

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PHOTO : MARTINE DOYON

COLETTE LEBEL, AGRONOME ET DIRECTRICE DES AFFAIRES COOPÉRATIVES, LA COOP FÉDÉRÉE COLETTE.LEBEL@LACOOP.COOP

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| VIE COOPÉRATIVE

Bourse

Chaque année, des bourses sont remises au nom de La Coop à des étudiants en agriculture qui se sont démarqués dans leur parcours scolaire. Cette année, un des critères d’admissibilité consistait à rédiger un texte traitant de la coopération. Un exercice intéressant pour connaître la perception de notre relève. Voici le texte coup de cœur choisi par le comité de sélection.

La Coop fédérée

La coopération TEXTE DE KAROLINE WARREN

PHOTO : CHRISTIAN THERIAULT T

Dans un temps d’incertitude comme celui que nous vivons en ce moment, il est nécessaire de comprendre l’importance de la coopération.

Karoline Warren, étudiante au programme de technologie de la production horticole et de l’environnement à l’ITA, campus de La Pocatière, reçoit une bourse d’excellence des mains de Rosaire Beaulieu, administrateur à La Coop fédérée.

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PHOTO : CHRISTIAN THERIAULT T

Socialement, lorsque l’on parle de coopé­ration, on évoque souvent l’époque précédant le grand exode rural, où chaque petit village était garant de son indépendance. Ce qui faisait la force de ces collectivités était alors la compréhension d’un fondement bien simple : nous sommes responsables de notre propre abondance. On ne parle pas ici de luxe, mais d’une accessibilité aux ressources pour tout un chacun afin d’assurer les besoins de la collectivité. L’abondance peut être dans la force d’un réseau chargé de connaissances, la variété des méthodes, la multitude d’outils que chacun est prêt à partager, que ce soit au sens propre ou figuré. La satisfaction d’une réussite personnelle est d’autant plus enrichissante quand d’autres peuvent bénéficier de notre savoir et de notre parcours. Ces échanges permettent ainsi à l’individu de tisser un ensemble de liens et de profiter d’un réseau en effervescence. Transformer une victoire individuelle en une possibilité de progression sociale donne tout son sens aux principes d’une collectivité. Certains diront que cette vision des choses est désormais utopique, mais l’est-elle vraiment ? N’est-il pas encore plus irréaliste, et insécurisant, de croire que nous ne pouvons nous fier qu’à nousmêmes ? Certes, l’ouverture à l’autre exige une certaine adaptation et comporte son lot d’incompréhensions, qui peuvent s’avérer, au départ, déstabilisantes. Admettre que l’on a besoin de conseils est également une étape qui peut être difficile, surtout lorsqu’on se trouve dans un milieu où la demande d’aide peut être perçue comme un échec. Savoir reconnaître nos difficultés peut pourtant être l’un des plus grands apprentissages. Ce mode de pensée permet de témoigner de l’intérêt pour l’autre, son parcours et les connaissances qu’il peut nous apporter.

SAVOIR RECONNAÎTRE nos difficultés peut être l’un des plus grands apprentissages. Ce mode de pensée permet de témoigner de l’intérêt pour l’autre, son parcours et les connaissances qu’il peut nous apporter.

La croissance et l’épanouissement passent inévitablement par l’éducation populaire. La valorisation de celle-ci, autrefois ancrée dans notre culture, a malheureusement été parfois perdue de vue au courant des dernières décennies. La mémoire collective amenait indéniablement un sentiment d’appartenance au milieu. N’est-ce pas grâce à celle-ci, ainsi qu’à la coopération et à l’entraide, que nos parents, nos grands-parents et leurs prédécesseurs ont pu parfaire leurs cultures au sens large du mot ? L’expérience et les compétences acquises à la suite de ce partage de techniques et de ressources leur ont permis de surmonter des situations des plus difficiles. Ces actions, au nom de la collectivité, nous donnent aujourd’hui la chance de vivre sur un territoire riche de ses terres et de sa biodiversité. Il est évident que ces pratiques ne sont pas la solution à tous les problèmes et exigent une adaptation à l’autre. Chacun de nous porte des valeurs et priorités qui peuvent se heurter aux divergences d’un groupe. C’est pourquoi il est crucial, lorsque l’on parle de coopération, d’intégrer des principes de démo­cratie et d’éga­l ité afin que chacun sente que sa voix est entendue et compte. Le secteur agricole étant à la merci d’une foule de facteurs dont la maîtrise lui échappe, il peut être rassurant d’avoir un point de repère au milieu de l’adversité. Les possibilités qu’apporte la coopération peuvent aider à pallier le sentiment d’impuissance que nous inspirent parfois les saisons arides. À défaut d’éliminer les tourments, elle nous permettra de retrouver notre force tranquille pour mieux braver la tempête.

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| VIE COOPÉRATIVE

L’Ukraine prête pour les  CUMA ? TEXTE DE NANCY MALENFANT

Gilbert Lemay et Luc Chassé, respectivement secrétaire-trésorier et administrateur de la CUMA de Saint-Sylvère, ont présenté le modèle québécois des CUMA à des agricultrices et agriculteurs ukrainiens.

Le modèle québécois de coopérative d’utilisation de matériel agricole (CUMA) intéresse des producteurs ukrainiens. Verra-t-on bientôt une première CUMA en Europe de l’Est ?

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du régime communiste remonte à 25 ans, les producteurs ont toujours en mémoire les kolkhozes, ces coopératives agricoles gérées par l’État. Ils protègent donc jalousement l’autonomie qu’ils ont pu reconquérir avec les années. Pendant cette mission d’une semaine, qui s’est déroulée à l’invitation de la Société de coopération pour le développement international (SOCODEVI – voir l’encadré), Luc Chassé et Gilbert Lemay ont parcouru l’Ukraine, allant à la rencontre de plusieurs groupes d’agriculteurs. « Nous avons rencontré une centaine de personnes au total », estime Martin Beaurivage, chargé de programmes pour SOCODEVI et accompagnateur pour la mission. Celle-ci a piqué l’intérêt de certains, si bien qu’un petit groupe d’hommes et de femmes a par la suite sollicité SOCODEVI pour qu’elle l’appuie dans la création d’une CUMA.

PHOTOS : GILBERT LEMAY, LUC CHASSÉ ET SOCODEVI

C’est à l’automne 2014 que Gilbert Lemay et Luc Chassé, respectivement secrétaire-trésorier et administrateur de la CUMA de Saint-Sylvère, ont pris l’avion vers l’Ukraine pour y présenter le modèle coopératif québécois de partage d’équipements. En tant que producteur agricole venant à la rencontre de ses semblables, Luc Chassé fut surpris de ne pas être interrogé d’abord à propos de sa ferme. « La première question que l’on m’a plutôt posée, c’est quel type de véhicule je conduisais au Canada ! Pour les Ukrainiens, c’est un signe de réussite », explique le producteur laitier de Saint-Sylvère, muni­ci­ palité du Centre-du-Québec. Bien que Luc Chassé ait rapidement établi sa crédibilité, grâce entre autres à ses neuf années d’expérience comme administrateur chez Agropur, il estime que gagner la confiance des agriculteurs ukrainiens n’est pas une mince tâche. Car même si la chute

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de ce séjour, ils ont travaillé avec ceux qu’ils ont baptisés « le groupe des cinq », afin de les aider à déterminer la faisabilité de leur projet. « Le groupe est formé de cinq petits producteurs laitiers, possédant entre 6 et 18 vaches, qui désirent partager de l’équipement de récolte des fourrages », précise Gilbert Lemay. Les deux Québécois ont rencontré les membres du groupe à deux occasions. « Nous avons d’abord discuté de leurs besoins et déterminé l’équipement nécessaire pour y répondre. Ensuite, nous avons élaboré différents scénarios pour l’achat d’une fourragère, qui serait conduite et entretenue par une seule personne », ajoute Gilbert Lemay.

UN TRAVAIL DE LONGUE HALEINE L’action de SOCODEVI en Ukraine ne date pas d’hier. Son tout premier projet là-bas, entrepris voilà sept ans, visait l’amélioration de la compétitivité et le développement de l’entrepreneuriat dans le secteur laitier. Au cours de ce projet, l’organisation a entre autres implanté un système comptant une trentaine de points de collecte de lait ainsi qu’un programme de contrôle laitier et d’assistance technique capable de couvrir jusqu’à 20 000 vaches. C’est dans le cadre de la seconde intervention de SOCODEVI en Ukraine que s’inscrit la mise en place de structures collectives de partage de machinerie. Portant sur la création de coopératives pour l’entreposage et la mise en marché des céréales, ce projet fournira l’assistance technique requise pour organiser les producteurs et productrices en coopératives de services efficaces. Les membres pourront effectuer des achats d’intrants de qualité en groupe, négocier favorablement des conditions de crédit à la

PHOTOS : GILBERT LEMAY, LUC CHASSÉ ET SOCODEVI

SOCODE V I EN QUELQUE S MOTS SOCODEVI est un réseau de coopératives et mutuelles québécoises qui contribue à la création et au renfor­­cement d’entreprises coopératives, mutualistes et associatives dans les pays en développement. Active depuis 30 ans, SOCODEVI a observé que sa formule donne des résultats concrets : • Une amélioration des conditions de vie des populations. • Une meilleure répartition des richesses. • Des centaines d’entreprises associatives rentables qui favorisent la prise en charge par les collectivités de leur propre développement. • Des milliers de femmes qui participent de façon équitable aux prises de décision au sein d’organisations.

production, établir une structure d’achat et de partage de tracteurs et de machinerie, ainsi qu’avoir accès à des services d’expertsconseils.

L’AFFAIRE N’EST PAS DANS LE SAC Comme dans tout, la seule volonté des acteurs n’est pas garante de succès. Plusieurs obstacles restent à franchir avant que la première CUMA ukrainienne puisse officiellement voir le jour. Tout d’abord, le cadre juridique régissant les coopératives là-bas ne s’applique pas à la formule CUMA. « Cela signifie qu’il n’y a aucun statut juridique pour les CUMA, explique Martin Beaurivage. Tout est à créer .» Le chargé de programmes voit également la distance comme un frein à l’établissement des CUMA. « Les producteurs sont dispersés sur le territoire, et il est difficile d’atteindre la masse critique d’hectares nécessaire pour partager du matériel à un coût raisonnable », explique-t-il. Ce facteur prend d’autant plus d’importance avec le coût exorbitant du carburant en Ukraine, qui oblige certains producteurs à emprunter afin d’acheter le diésel nécessaire pour faire fonctionner la machinerie. Dans ce contexte, devoir payer le transport du matériel d’une ferme à l’autre réduit l’attrait pour le partage en CUMA. La situation politique instable ne stimule pas non plus l’esprit d’entrepreneuriat, selon Gilbert Lemay. « Avec le spectre d’une guerre qui leur pend au-dessus de la tête, les gens ne veulent pas trop investir, et je les comprends », soutient-il. Luc Chassé, lui, pense que le principal obstacle à surmonter se situe au chapitre de la rentabilité actuelle des fermes. « Les producteurs ont compris qu’avant de démarrer la CUMA, ils devaient augmenter leurs revenus. Ils vont donc se concentrer sur l’augmentation de la productivité de leur troupeau, pour pouvoir faire les paiements de la machinerie et ainsi garantir la viabilité du projet. » Malgré ces embûches, le producteur laitier ne doute cependant pas qu’une CUMA pourra bientôt voir le jour en Ukraine. « Ce n’est qu’une question de temps avant qu’on règle les derniers détails et que ça fonctionne », conclut-il de façon optimiste.

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1. Les membres du groupe de producteurs laitiers qu’appuie SOCODEVI pour le partage d’une fourragère en CUMA. 2-3. En Ukraine, des équipements datant de l’époque communiste côtoient du matériel dernier cri, une image révélatrice de l’écart flagrant qui existe entre les classes de producteurs. 4. Luc Chassé (à droite) croit que le démarrage de la première CUMA en Ukraine devra d’abord passer par l’amélioration de la productivité des troupeaux, afin d’augmenter les revenus des producteurs.

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| VIE COOPÉRATIVE

À L’ASSAUT DU MONDE VIRTUEL TEXTE DE CÉLINE NORMANDIN

À l’heure où elle consolide ses activités pour affiner son fonctionnement, la coopérative Citadelle adapte son image sur toutes les interfaces, y compris Internet.

LES VALEURS DE CITADELLE À L’AVANT-PLAN En plus de permettre un meilleur reflet de ses activi­ tés, la démarche se voulait un moyen pour Citadelle de rayonner davantage dans le milieu agroalimentaire, tout en offrant une image qui lui est fidèle. « Nous nous sommes beaucoup inspirés de la plateforme graphique de Citadelle lancée en 2013. On retrouve les trois secteurs d’activité (sirop d’érable, miel et canne­ berges), la mission et les valeurs de la coopérative », indique Mme Bergeron qui travaille depuis un an à ce projet cha­ peauté par Sylvie Chapron, directrice marketing. Elle ajoute que la mise à niveau du site se veut également un moyen de communication à la fois aux membres, aux clients actuels et futurs ainsi qu’aux consommateurs. L’opération s’intègre dans les efforts que la coopé­ rative déploie depuis plusieurs années pour se démar­ quer en mettant en relief ses valeurs et sa nature coopérative. Les trois productions ont été illustrées avec l’image du cœur afin de représenter le cœur à l’ouvrage, et la passion des producteurs et des employés de Citadelle. Par exemple, pour le sirop d’érable, on a mis la photo d’une productrice membre et d’une bûche avec des lignes de croissance en forme de cœur. Toutes les autres caractéristiques qui distinguent Citadelle sont aussi présentes sur le site Internet, soit la pureté de ses produits, son esprit d’innovation et ses

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valeurs. C’est pourquoi la coopérative met en évidence les nombreux prix qu’elle a remportés pour l’innovation de ses produits de même que les accréditations qu’elle possède.

FACILITER LES ÉCHANGES AVEC LES MEMBRES ET LES CLIENTS Citadelle veut également profiter de cette revitalisation de son site pour faciliter les échanges avec ses membres et ses clients. Pour les membres, il y a une section pré­ sentant les avantages d’adhérer à la coopérative ainsi qu’une autre réservée à l’extranet et aux questions les plus courantes. Pour les clients, le nouveau site est équipé d’un outil (B2B) permettant de s’adresser à la clientèle des marchés du détail, de la restauration et de la trans­ formation alimentaire. Il sert aussi de vitrine afin de présenter la coopérative et ses nombreux produits aux consommateurs. Le site Web est en somme plus convivial et plus facile à consulter pour tous. « Nos activités nécessitaient une mise à jour selon nos trois secteurs. Le nouveau site communiquera les nouveaux standards de classi­ fication de sirop d’érable, en plus de mettre l’accent sur les différentes utilisations industrielles de nos produits, les formats offerts, etc. », déclare Mme Bergeron.

L’AGENCE COSSETTE COMME PARTENAIRE L’agence de marketing Cossette travaille avec la coo­ pérative depuis le début. Ce choix a été motivé par l’expertise que l’agence a acquise dans le domaine des réseaux sociaux et de l’agroalimentaire. C’est avec elle que Les Producteurs de lait du Québec ont élaboré leur campagne « Les Fromages d’ici ». Cossette aide aussi Citadelle à optimiser le référencement naturel, soit les mots les plus courants sur les moteurs de recherche, tels que Google, toujours dans le but d’augmenter la notoriété de Citadelle.

PHOTO : STÉPHANE LEMIRE

Citadelle, coopérative de producteurs de sirop d’érable, n’a pas chômé ces dernières années : ajout de nouveaux secteurs de production, construction d’usines et d’entrepôts, acquisition de sociétés, etc. Pour ce cycle en évolution, elle a décidé d’adapter son image et de revoir de fond en comble son site Internet. « La der­ nière mouture du site date de huit ans, explique Judith Bergeron, chef de produits au service du marketing. On a procédé à des mises à jour ponctuelles pour tenir compte des changements qui survenaient chez Citadelle, mais les structures internes du site étaient à revoir complètement. »

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VIE COOPÉRATIVE |

Véronique Guay ADMINISTRATRICE À LA COOP COMPTON TEXTE D’HÉLÈNE COSSETTE

PHOTO : STÉPHANE LEMIRE

Directrice générale de La Coop Compton de 1998 à 2001, Véronique Guay y est revenue en 2013, mais de l’autre côté de la clôture, soit à titre d’administratrice. Il faut dire que cette coopérative, qui a célébré ses 80 ans en 2014, a beaucoup changé dans l’intervalle.

« Dans le temps, il y avait une meunerie, des pouponnières et une autre enseigne de quincaillerie. Aujourd’hui, ce n’est plus la même coopérative. Elle s’est bien rajeunie, avec un nouveau magasin plus attrayant, mais le contexte du commerce au détail est nettement plus difficile qu’à l’époque », résume la dirigeante, qui a aussi été secrétaire du Cercle d’amélioration du bétail de l’Estrie pendant une douzaine d’années. Copropriétaire d’une ferme laitière, elle apprécie ce nouveau rôle, qui lui permet d’échanger avec d’autres producteurs. « C’est très différent. On est là pour prendre des décisions pour la coopérative, mais en étant moins impliqués dans la gestion quotidienne. Par contre, admet-elle, on a la critique beaucoup plus facile quand on est dans la peau des agriculteurs ! » Née dans une ferme de Barnston, en Estrie, Véronique Guay a été initiée très jeune à la coopération. Dès de l’âge de 15 ans, elle a occupé des emplois d’été à La Coop des Cantons, ce qui l’a amenée à étudier en administration et en coopé­ ration au séminaire de Sherbrooke. Son diplôme en poche, elle a ensuite effectué un stage de trois mois dans une coopérative de Bolivie. À son retour, elle a travaillé pendant un an dans un cabinet comptable, avant d’être recrutée comme directrice générale de La Coop Compton. En 2001, elle laisse cet emploi pour s’associer à l’exploitation familiale de son conjoint, la Ferme Provetaz (Jaton & Gremion). Située à Compton, cette entreprise a été fondée en 1980 par le père et l’oncle de son conjoint, qui avaient quitté leur Suisse natale pour s’établir au Québec.

L’exploitation, orientée en production laitière, en élevage et en culture, s’étend sur 1000 acres de terrain, dont 700 en culture. Elle compte près de 300 bêtes de race Holstein, avec un quota de 140 kg par jour. Son conjoint, Thierry Jaton, étant passionné de génétique, la ferme se spécialise aussi dans le commerce de la génétique Holstein par la vente d’animaux et d’embryons. « Nous avons une belle entreprise et nous en sommes très fiers », dit-elle. Les conjoints y travaillent à temps plein, secondés par un employé et par le cofondateur Jean-Nicolas Gremion, toujours aussi actif et passionné. Âgés de 11 et 14 ans, les garçons du couple ont commencé à aider à la ferme. « Ils sont très intéressés et ils connaissent déjà très bien le fonctionnement de l’entreprise », souligne fièrement leur maman. De plus, l’une des deux filles aînées a hérité de la passion de son père pour la génétique. En couple avec un producteur laitier, elle fait actuellement un doctorat dans le domaine de la génétique à l’Université de Guelph. L’étable étant au maximum de sa capacité, les propriétaires mettent aujourd’hui l’accent sur la productivité et sur l’amélioration des conditions de travail, tant pour eux-mêmes que pour leur relève. « Il faut constamment nous donner de nouveaux défis pour conserver notre entreprise à son plus haut niveau. » L’agricultrice s’estime très heureuse de son sort. « Malgré notre horaire chargé, nous avons une belle complicité dans l’équipe, nos enfants sont impliqués et nous avons la santé ! »

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| VIE AGRICOLE

Plus tard, je serai propriétaire…

TEXTE DE CÉLINE NORMANDIN

PHOTO : GINO CARON

Récit de trois jeunes qui ont pris la relève à un très jeune âge, par choix ou parce que la situation l’imposait.

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« Il faut prendre le temps d’y penser, ne pas tout vouloir tout de suite. Si on prend son temps, les choses finissent par aller plus vite qu’on aurait pensé. Il faut aussi faire des concessions. » Comme dans un couple ? « Ben oui, ça ressemble à ça ! » — Étienne

Marie-Ève Olivier connaît le nom de toutes les 30 vaches de sa ferme, située à Saint-Nicolas. Ses temps libres, elle les passe dans l’étable à brosser ses animaux et à en prendre soin. « On me regarde d’une drôle de manière quand je raconte ça, mais ça ne me dérange pas », nous dit la jeune femme en riant. Étienne D’Astous partage son enthousiasme. « Ça fait longtemps que je sais ce que je veux faire. J’aime faire plein de choses différentes. C’est pour ça que j’aime la ferme. » Marie-Ève et Étienne ne se connaissent pas, mais ils ont plusieurs choses en commun. Ils ont tout juste passé la vingtaine et, depuis le 1er janvier 2016, ils sont copropriétaires de la ferme de leur famille. Un moment que tous deux attendaient avec impatience. Ce projet, ils le planifiaient depuis plusieurs années, malgré leur jeune âge. Ils font figure d’exceptions, puisque la moyenne d’âge de la majorité de la relève dans le milieu agricole avoisine les 24 ans au moment de l’acquisition d’une certaine part de l’exploitation. Ils ne sont toutefois pas aussi uniques qu’on pourrait le croire. Selon le dernier portrait de la relève agricole dressé par le MAPAQ, la plupart des jeunes ont songé dès l’âge de 19 ans à prendre la relève familiale. Mais est-ce une situation souhaitable ou à éviter ?

PHOTO : GINO CARON

TROP JEUNE POUR FAIRE LE SAUT ? Pour Antonine Rodrigue, succéder très jeune à ses parents est un sujet délicat qu’il ne faut pas prendre à la légère. « C’est un peu comme un très jeune couple qui attend un enfant. Ce qu’on peut faire, c’est l’aider du mieux qu’on peut, sans nécessairement recommander à tout le monde de faire comme lui. »

Antonine Rodrigue est présidente des Centres régionaux d’établissement en agriculture (CRÉA) du Québec. Elle travaille comme conseillère dans la région du Basdu-Fleuve, où elle aide tous les jours des gens en matière de transfert d’entreprise. Mais les cas mettant en vedette les moins de 20 ans sont rares. « Ce sont souvent des jeunes qui sont impliqués depuis longtemps dans la ferme. Ils savent ce qu’ils veulent faire et ils ont un niveau de maturité élevé qui impressionne. » Le processus de transfert reste le même que l’on ait 20 ou 30 ans, indique Antonine Rodrigue, qui se base sur une expérience de plus de deux décennies au sein des CRÉA. C’est en effet ce que vivent Marie-Ève et Étienne. Dans le cas de la jeune femme, c’est son père qui lui a proposé de prendre la relève. Ils ont amorcé les démarches en avril 2015. La perspective de devenir propriétaire fut la principale source de motivation de Marie-Ève lors de sa dernière année d’études en gestion agricole, au cégep de Lévis. Le processus est long et compliqué, Étienne en convient. Lui aussi l’a entrepris en avril 2015, et par la suite, son père et lui ont jonglé avec les innombrables aspects financiers du projet.

La conseillère rappelle qu’avoir une relève, c’est dorénavant avoir un partenaire. « Il faut que notre relève ait vraiment son mot à dire. Il faut aussi prendre conscience que les jeunes ont des valeurs différentes, par exemple en ce qui a trait à la conciliation travail-famille. De son côté, le jeune doit réaliser qu’il aura plus de responsabilités et moins de liberté, et que la famille est là pour aider. »

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— Antonine Rodrigue COOPERATEUR.COOP – JANVIER 2016

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Les deux jeunes peuvent compter sur l’appui de leurs parents. « On a les mêmes valeurs et on aime les mêmes choses », raconte Étienne, dont l’entreprise est située à Rimouski. « J’ai toujours su ce que je voulais faire », renchérit Marie-Ève, qui, à 12 ans, sélectionnait les taureaux pour le troupeau. Leurs parents et eux prennent déjà les décisions ensemble au sujet de la ferme. « Mon père me dit que c’est moi l’avenir, poursuit Marie-Ève. Il ne veut pas faire quelque chose si je ne suis pas d’accord. »

QUAND LE DESTIN S’EN MÊLE

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Ne pas hésiter à chercher de l’aide dans le processus de transfert. « Le volet humain est important. Comme dans toute famille, il peut y avoir de la chicane, mais il faut mettre l’accent sur la communication. C’est trop souvent négligé, alors que c’est super important. » — Marie-Ève

PHOTOS : CAROLINE FOURNIER

À 34 ans, cela fait déjà quelques années qu’Alain Champagne a repris les rênes de la ferme familiale, mais lui aussi a vécu cette étape à un âge précoce. À 16 ans, il travaillait déjà à temps plein à la ferme, avant d’acquérir une part de 20 % en 2002, lorsqu’il n’avait que 18 ans. Contrairement à Marie-Ève et à Étienne, Alain ne se voyait pas prendre la relève. Il avait quitté l’école en 3e secondaire et travaillait chez un voisin. Il est revenu donner un coup de main pour les travaux d’été et a décidé de rester quand son père a reçu un diagnostic de cancer, en 2000. Dès son arrivée, il a amorcé plusieurs projets. L’élevage de bovins a été délaissé pour se consacrer uniquement aux vaches laitières. Alain a consacré toutes ses énergies à la production laitière et à l’amélioration du rendement, de sorte que de 13 kg de quota à la fin des années 1990, la ferme en exploite maintenant 70, avec 55 vaches. À l’automne 2014, une nouvelle vacherie a été inaugurée. Un projet que son père a pu voir évoluer avant son décès. Alain est depuis copropriétaire avec sa mère, Berthe Labbé.

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Berthe Labbé dit ne pas avoir eu de doutes concernant les capacités d’Alain de prendre la relève. « Il était assez mûr, on avait confiance en lui. On sentait qu’il était capable et qu’il avait de l’ambition. Ça allait bien ! » Alain ajoute que tout le processus s’est fait dans la bonne entente. « Quand on veut des deux côtés, ça aide. » Il a dû faire face à quelques défis, dont l’amélioration des fourrages et du maïsensilage, en plus de la gestion de deux fermes. Il a réussi depuis à se hisser parmi les meilleurs producteurs de la province. La Ferme ChamLab a terminé l’année 2013 au cinquième rang, pour une MCR de plus de 900. Alain attribue son succès à sa volonté d’apprendre et d’être le plus performant possible. Il mentionne aussi l’apport de son expert-conseil, Philippe Couture, qui l’a toujours bien secondé. « Il voulait autant que moi que ça marche. »

PAR ICI LES PROJETS !

« Continuer à apprendre, parce qu’il faut être bon dans toute sorte de domaines », dit Alain. Miser sur l’entente, ajoute Berthe, « parce qu’il n’y a pas juste l’argent qui compte ». — Alain et Berthe

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Alain, propriétaire et fier de l’être

PHOTOS : CAROLINE FOURNIER

Étienne et Marie-Ève ont attendu de terminer leurs études pour concrétiser le transfert, mais ils ne s’en cachent pas : les 50 000 $ d’aide à la relève que La Financière agricole accorde à la suite de

l’obtention d’un diplôme les a aidés à aller jusqu’au bout de leurs études collégiales. Mais aucun ne regrette son choix. Avoir en poche son diplôme en gestion d’exploitation agricole était important pour Étienne. « Avec la 3e année d’études, je sais ce qu’il y a à améliorer à la ferme. L’aspect gestion est important pour assurer la rentabilité de l’entreprise. J’ai aussi pu vivre ma jeunesse et m’amuser un peu, avoue Étienne en riant. Mais je suis plus préparé, j’ai vieilli. » Pour tous, l’avenir est synonyme de projets. Marie-Ève songe à une nouvelle vacherie pour améliorer le confort des animaux, un sujet qui lui tient à cœur. Pour Étienne, l’argent servira à rénover les installations existantes et à faire l’acquisition de machinerie pour améliorer l’alimentation. L’achat de quota est aussi dans la mire, même si le Partenariat transpacifique (PTP) brouille les cartes dans ses plans. Alain n’est pas en reste. Il compte améliorer les aspects qui, selon lui, rapportent le plus à la ferme. Il sait qu’il peut augmenter la production de son troupeau, et il ne dirait pas non à un deuxième robot de traite ainsi qu’à plus de quota.

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Ne pas trop s’endetter : Au moment du transfert, Ghislain a mis l’accélérateur sur le processus en raison de circonstances familiales. Mais avec le recul, il juge qu’il a peut-être précipité certaines décisions financières, qui l’ont handicapé pendant des années. « Ma marge de crédit était trop “accotée” et je me suis tiré dans le pied du même coup. Les institutions ont mis du temps à prendre confiance en mon entreprise. » Continuer à se former : Pour rester dans le groupe de tête et pour demeurer en agriculture, il faut être formé, affirme Ghislain. « On ne reçoit jamais trop de formation. En arrivant à se démarquer dans tous les domaines, on va réussir à traverser les crises. » Prendre du temps pour soi : Ce n’est un secret pour personne, la vie d’agriculteur est stressante. Ghislain connaît maintenant le succès, mais au prix de nombreuses heures marquées par le stress. Il a commencé à faire du sport il y a trois ans et, depuis peu, il va au gymnase. « Si on m’avait dit plus jeune que je me retrouverais à fréquenter un gym, je ne l’aurais pas cru ! » Sa conjointe aussi s’y est mise, et ils voient tous les deux les bénéfices qu’ils en retirent. « Quand on est jeune, on ne pense pas à ça, mais c’est important de se garder du temps pour soi. Ça permet de sortir de la ferme et de décrocher, en plus de se créer un réseau d’amis qui n’est pas nécessairement lié au monde agricole. »

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Plus tard, je serai propriétaire…

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En 2005, Ghislain Santerre parachevait les étapes qui faisaient de lui le copropriétaire, avec son père, d’une ferme porcine, un processus qu’il avait entrepris à la fin de ses études. Âgé aujourd’hui de 36 ans, il peut témoigner des défis qui accompagnent ce genre de transfert. Il a bien voulu faire part de quelques conseils sur la meilleure manière de vivre la transition. En prime, il offre des conseils sur le métier d’agriculteur. Bien s’entourer : S’entourer d’une bonne équipe vaut son pesant d’or, que ce soit un bon vétérinaire ou un bon conseiller à son institution financière. « La gestion, c’est le nerf de la guerre », avance le producteur de Saint-Ignace-de-Stanbridge. Pendant des années, Ghislain a dû convaincre son conseiller financier de l’accompagner dans ses projets. Il a passé de longues heures à s’en faire, un stress qu’il regrette maintenant d’avoir enduré. Il s’est entouré d’une équipe qui non seulement travaille avec lui, mais croit en lui. « Il faut trouver quelqu’un avec qui on va être sur la même longueur d’onde et qui travaille dans le même sens que nous. Ça permet de gagner du temps et de s’éviter un stress majeur. »

PHOTO : MARTINE DOYON

QUATRE CONSEILS D’UN VÉTÉRAN

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MARTINE DOYON

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| AFFAIRES AGRICOLES

ISABELLE LASALLE VISE L’EFFICACITÉ DANS SA SIMPLICITÉ TEXTE ET PHOTOS DE GUYLAINE GAGNON

ISABELLE LASALLE, RELÈVE DE LA FERME KARIBEL, À SAINT-PAUL DE JOLIETTE, VISE LA RENTABILITÉ MAXIMALE AVEC UNE ENTREPRISE À DIMENSION HUMAINE. PORTRAIT D’UNE RELÈVE FÉMININE DÉTERMINÉE. Jolie jeune fille sportive, Isabelle Lasalle exprime clairement sa vision et son style de gestion : « l’efficacité dans sa simplicité », résume-t-elle. Donc, pas de flaflas ni de gros équipements qui n’ont pas d’impact positif sur la rentabilité. Isabelle ne veut rien laisser au hasard. Elle a l’intention de gérer serré et d’aller chercher le maximum de rentabilité même dans les petits gestes. Elle désire un troupeau composé de vaches dotées d’une bonne conformation, des animaux en bonne santé pour une longévité maximale. Son objectif n’est pas principalement de faire de l’exposition, mais de faire du lait. Elle pratique la transplantation embryonnaire pour l’amélioration du troupeau.

dimension familiale, parce que je veux demeurer proche de mes vaches. » Elle aime avoir cette proximité qui lui permet de s’assurer que son troupeau est en bonne santé. Elle aime aussi le dorloter. D’ailleurs, son experte-conseil de La Coop Profid’Or, Laurence Asselin, n’a « jamais vu des vaches aussi affectueuses que celles-là ». Son père s’occupe des travaux aux champs et sa mère de la comptabilité. « J’ai des parents compréhensifs », souligne Isabelle. En effet, la mise en place d’un robot lui a permis d’organiser son horaire plus facilement pour, entre autres, pratiquer des sports. Soccer, hockey-balle, vélo, ski alpin et entraînement en parcours sont quelques-unes de ses activités favorites.

LA VIE AVEC UN ROBOT DES INSTALLATIONS TOUTES NEUVES Ses parents, Jacinthe Breault et Luc Lasalle, sont encore actifs dans l’entreprise. Ils ont cédé 50 % de leur part en 2013. Du même coup, ils ont fait construire une nouvelle étable à stabulation libre, ont adopté la litière sur sable et ont fait installer un robot de traite. Tout ça pour faciliter le travail de leur fille et, plus tard, leur départ à la retraite. « Depuis les débuts de Karibel, raconte Isabelle, le quota est passé de 22 kg/jour à 48, et ce, avec le même nombre de vaches. » La ferme compte aujourd’hui une cinquantaine de vaches, qu’Isabelle gère ellemême. « Je veux garder une entreprise de

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« Certains croient qu’avec un robot, on passe notre temps devant l’ordinateur. Mais non. » Elle regarde les données en arrivant à l’étable et, si tout est beau, elle prodigue les soins aux animaux. Toutefois, elle reconnaît que c’est beaucoup d’observation. Laurence Asselin tient à préciser que « ce n’est pas parce que l’on ne fait plus la traite qu’on doit se rendre à l’étable seulement deux fois par jour. On doit prendre le temps de pousser au robot les vaches ayant récemment vêlé, de vérifier si des vaches sont malades (boiterie, etc.), si des vaches sont à saillir… » C’est une autre manière de gérer un troupeau, soutient-elle.

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PARTAGE DU PATRIMOINE  Jacinthe Breault et Luc Lasalle ont deux filles. L’une, karine, a choisi la profession de travailleuse sociale. Elle ne demeure pas très loin de la ferme et est mère de trois jeunes enfants. « Karine est très satisfaite du choix de carrière de sa sœur, même si elle est consciente de l’impact financier que ça lui occasionne », raconte Luc pour signifier que le transfert s’est fait sans problème. Elle est, de plus, heureuse de pouvoir profiter des lieux avec sa famille.

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2 À ce propos, Isabelle a remarqué plusieurs faits positifs depuis la mise en place des nouvelles installations. Entre autres, ses animaux sont de meilleure qualité : « Les vaches ont grossi, elles sont plus solides. » Par ailleurs, elle n’a plus de mammites dans son troupeau, plus de blessures aux trayons, plus d’enflures aux jarrets, plus de déplacements de caillette et d’acétonémies. « La stabulation libre et le fait que les vaches marchent plus y sont pour beaucoup », croit la

jeune Lanaudoise. Les frais de vétérinaire et d’insémination ont aussi baissé, selon sa mère, infirmière, qui tient les cordons de la bourse. Isabelle estime que pour trouver l’équilibre dans une entreprise comme la sienne, il faut être deux : un gars et une fille. Son copain depuis près d’un an, Stéphane Varin, découvre les joies de l’agriculture, bien qu’il pratique déjà un métier de la construction. Au début de l’été 2015, il s’est acheté une génisse. Il donne un gros coup

1. L’efficacité dans la simplicité signifie notamment pour Isabelle de garder une bonne proximité avec ses vaches pour s’assurer qu’elles sont en bonne santé. 2. La litière de sable est un des éléments ajoutés à la nouvelle étable qui a contribué à une meilleure santé des vaches. 3. Au moment d’accéder à 50 % des parts de l’entreprise, Isabelle et ses parents ont fait construire une nouvelle étable à stabulation libre et installé un robot de traite. Tout ça pour faciliter entre autres le travail d’Isabelle.

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L’ALIMENTATION DU TROUPEAU Laurence Asselin, agronome Experte-conseil La Coop Profid’Or TROUPEAU DE 50 VACHES (DONT 41 EN LACTATION) • Classification : 9 TB, 32 BP, 9 B • Moyenne de 10 200 kg de lait • MCR : 230-251-231 • 60 ha (150 acres) cultivés en soya (pour vente), maïs-grain (vente des surplus), maïs-ensilage et foin GÉNISSES • 0 à 2 mois : lait entier + Goliath 19 % à volonté + foin sec • 2 à 6 mois : Goliath 19 % + foin sec • 6 à 24 mois : Goliath Expo + foin sec VACHES TARIES • Foin sec + minéral Transilac VT 0-3C VACHES EN TRANSITION • Ensilage de maïs + foin sec + Transimil 24 VACHES EN LACTATION RTM DE BASE : • Ensilage de maïs + ensilage de foin + paille • Supplément Synchro 5060 personnalisé + maïs-grain • Au robot : aliments Synchro Robocoop 20-1 et Robocoop 14-2

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Isabelle représente la huitième génération des Lasalle sur cette ferme, située à Saint-Paul de Joliette. Sur la photo, Isabelle est entourée de ses parents, Jacinthe Breault et Luc Lasalle.

de main à Isabelle et aime bien ce travail. Mais est-ce que l’agriculture l’emportera sur la construction ? L’avenir le dira.

SES PREMIERS ÉLANS Dès le primaire, Isabelle voulait être utile à l’étable : « Je voyais bien que mon père y passait beaucoup d’heures, mais je ne savais pas comment l’aider. » Vers 13 ans, elle a commencé à se lever la fin de semaine pour s’occuper des animaux. « Une des premières fois qu’elle est venue à l’étable, raconte son père, c’était un samedi matin à 5 h. Je lui ai dit : “Que fais-tu ici ?” Elle m’a répondu : “Je veux voir ce que tu fais avant que j’arrive.” » Beaucoup plus jeune, à l’âge de 9 ans, elle a commencé à participer aux expositions. « Nous n’étions pas intéressés par les expos, se rappelle Jacinthe, mais quand on a vu que ça intéressait Isabelle, on a embarqué là-dedans en l’encourageant, en participant et en passant nos étés dans les journées champêtres. » « Préparer ma génisse, la dompter, veiller sur son alimentation, ça m’a entre autres fait découvrir la génétique et aimer la gestion de troupeau », déclare la jeune femme. Auparavant, elle avait envisagé l’ergothérapie comme profession. « Je voulais ouvrir mes horizons et voir toutes les possibilités, même si je savais que la ferme m’intéressait. » Elle a arrêté son choix en 4 e secondaire. Son père a alors eu un accident de motoneige et a perdu l’usage partiel d’un bras.

Luc ne pouvait donc plus faire la traite, mais il était en mesure de s’occuper de l’alimentation et des travaux aux champs. De son côté, Isabelle consacrait de plus en plus d’heures à la ferme. C’est d’ailleurs elle qui a trouvé les personnes qui ont remplacé son père pour qu’elle puisse terminer son secondaire et suivre sa for mation en gestion et exploitation d’entreprise agricole au cégep de Lanaudière. Une formation pour laquelle elle a remporté plusieurs bourses !

ENGAGEMENTS DANS SON MILIEU Tout comme sa mère, qui a siégé au conseil d’administration de La Coop Profid’Or pendant sept ans et qui est conseillère municipale depuis 2005, Isabelle aime s’engager auprès d’organisations de son milieu. De l’âge de 16 à 24 ans, elle a été vice-présidente puis présidente des Jeunes ruraux lanaudois (Cercle des Jeunes r uraux R ive-Nord). Autour de 19 ans, elle s’est impliquée dans le Club Holstein Lanaudière. Elle y occupe actuellement la fonction de vice-présidente. Son implication, sur le plan tant agricole que sportif, fait d’elle une personne aux nombreux contacts. Lorsqu’elle était plus jeune, on l’identifiait rapidement comme la fille de Luc. Aujourd’hui, les gens replacent rapidement Luc quand on précise qu’il est le père d’Isabelle ! Cela démontre bien qu’elle sait faire sa place, et qu’elle saura gérer la Ferme Karibel efficacement et simplement. Comme elle l’entend !

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JEAN-FRANÇOIS LEBLOND

AFFAIRES AGRICOLES |

PARIE SUR LA GÉNÉTIQUE

TEXTE ET PHOTOS D’ÉTIENNE GOSSELIN, AGRONOME, M. SC.

JEAN-FRANÇOIS LEBLOND ABORDE LA PRODUCTION BOVINE ET LA GÉNÉTIQUE – SA CARTE CACHÉE – AVEC ENTRAIN ET PRAGMATISME, MISANT TOUT SUR CE QUI RAPPORTE LE PLUS. FAITES VOS BŒUFS, RIEN NE VA PLUS ! Jean-François Leblond fait preuve de beaucoup de dévouement et de maturité pour un trentenaire à la tête d’une entreprise bovine de 270 vaches. Il faut dire qu’il a attrapé le « virus » assez jeune : à 10 ans, il achetait sa première taure pour 875 $ (une petite fortune), somme qu’il a remboursée en faisant de menues besognes. Signe du destin, cette femelle aura fait une carrière prolifique, avec 20 filles et petites-filles. Pour en rajouter, à 18 ans, Jean-François donnait ses 65 vaches en garantie à son institution financière, afin de soutenir son démarrage ! Le coup de pouce de son père,

Léonidas (qui élève encore une quarantaine de vaches à l’âge de 65 ans), a été – et est toujours - appréciable. « Même s’il n’est pas le gars le plus expressif, Jean-François est tout un passionné et un gros travaillant », estime l’agronome Bruno Langlois, conseiller spécialisé en production bovine de La Coop fédérée. « C’est un vrai gars de bœuf, ajoute l’expert-conseil de la ferme, André Labrecque. Il est attentif aux occasions d’affaires, il fait une bonne gestion de ses terres et il mise sur la génétique pour se démarquer. »

Jean-François Leblond a commencé sa carrière très jeune : à 10 ans, il achetait sa première taure pour 875 $ (une petite fortune), somme qu’il a remboursée en faisant de menues besognes.

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Jean-François Leblond prend du temps chaque jour pour faire le suivi de son budget. Il connaît donc en temps réel ses revenus prévisionnels, ses charges à honorer, sa marge de manœuvre. Il jongle continuellement avec des scénarios d’achat, de vente, d’acquisition et d’expansion.

GÉNÉTIQUE SANS GÊNE Jean-François Leblond exploite son entreprise bovine avec sa conjointe, Catherine Boutin, à Armagh, son village natal, situé dans la MRC de Bellechasse. Les races Angus et Simmental prédominent dans son troupeau. Jean-François investit dans la qualité génétique de ses animaux avec une ardeur toute particulière. Cette année, il a procédé à deux protocoles de surovulation (pour 19 embryons) chez une vache de race Angus et de lignée OCC originaire du Tennessee, mais achetée au Manitoba. Courtaud sur pattes et réputé plus rustique, cet animal a fourni le meilleur taureau interraces en 2011 à la station d’épreuve Asbestos 2. L’entrepreneur n’hésite pas à payer le prix qu’il faut pour des animaux de génétique supérieure de partout au Canada. Et s’il débourse de fortes sommes, ce n’est pas parce qu’il est un piètre négociateur

ou qu’il succombe à la fébrilité des encans. « Les efforts s’envolent, la génétique reste, dit Jean-François pour se justifier. Quand j’investis en génétique, cette valeur se transmet d’une génération à l’autre et reste dans le troupeau. » La génétique représente donc un bon placement de nature additive, selon le gestionnaire. Comme la terre, la génétique ne se déprécie pas… si on croise les bons animaux entre eux. Quels sont ses critères de sélection ? « Nous recherchons des animaux de taille modérée, avec de la profondeur, qui sont capables de manger beaucoup pour faire du gain facilement, explique Jean-François. S’ils ont de bons pieds et membres et sont faciles d’entretien, nous pourrons les garder plus longtemps. Enfin, nous recherchons des lignées reconnues, qui aident à améliorer le troupeau et à le faire reconnaître. » Rappelons que la capacité est, avec la musculature, l’un des caractères les plus héritables et les plus recherchés chez les bovins.

« Pensif et visionnaire », c’est ainsi que Catherine Boutin décrit son conjoint, Jean-François Leblond, avec qui elle travaille à la ferme. Elle prend aussi soin de leur petite Éloïse.

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1. Jean-François Leblond élève les races Angus et Simmental, dans un troupeau comptant 270 vaches. La ferme tire 40 % de ses revenus de la vente d’animaux de reproduction. L’éleveur n’hésite pas à acquérir des mâles de plus de 10 000 dollars de troupeaux élites. 2. Portrait de famille ! 3. Pour se faire connaître, l’éleveur participe à l’Expo de Montmagny et à l’Expo-Bœuf de Victoriaville, où il remporte des prix.

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L’ ALIMENTATION DU TROUPEAU

3 FERME JEAN-FRANÇOIS LEBLOND – DONNÉES TECHNIQUES 2014 Âge moyen des vaches (ans)

7,5

Taux de conception ( %) (vêlages/vaches au taureau)

98

Poids des veaux d’embouche au sevrage (kg)

275

Taux de mortalité des veaux ( %)

2,5

Vêlages sur huit mois (décembre à juillet) Sevrage en douceur avec caveçon pour 65 % des veaux

André Labrecque, T.P. Expert-conseil Centre de services Québec –Chaudière-Appalaches

MANGEOIRES AU PÂTURAGE n P our veaux au pâturage (un mois avant le sevrage) : mélange Supplément Opti Bœuf PSP PC et avoine moulue n M inéral

Tous les deux ou trois jours, l’éleveur effectue une visite auprès de ses différents groupes au pâturage (le tiers des superficies lui appartiennent en propre). Il en arrive à connaître tous ses animaux, leurs parents, leurs grands-parents. D’un seul coup d’œil, il sait si un veau fera carrière dans son troupeau !

DIVERSIFIER POUR MIEUX PROSPÉRER La Coopérat ive La Mauve, à SaintVallier, achète bon an mal an entre 25 et 30 femelles (600 kg) de la Ferme JeanFrançois Leblond pour approvisionner ses membres. Un débouché stable qui permet de diversifier les sources de revenus, tout comme la quinzaine de femelles que l’entreprise vend à une trentaine de particuliers. Mais ce n’est pas tout : grâce à l’excellente génétique de ses bêtes, la ferme vend une cinquantaine de femelles hybrides garanties gestantes (20 mois) et de 10 à 15 taureaux de génétique supérieure (14 mois), ce qui propulse à 40 % les revenus d’entreprise tirés de la reproduction. Les

veaux d’embouche restants sont vendus dans les encans… aux plus offrants !

Opti Bœuf Transi-Bœuf et Minéral Opti Bœuf Vache-Veau

n P ro-Bloc

Bœuf et Pro-Bloc Transi-Bœuf

LOGEMENT POUR BOVINS Ce n’est pas chez Jean-François Leblond qu’on trouvera des constructions tapeà-l’œil : les cinq bâtiments utilisés sont fonctionnels, ayant chacun leur usage précis : élevage des taures, vêlages sous surveillance électronique, abri pour la période hivernale, etc. Si les bons prix actuels pour les veaux d’embouche et les femelles de remplacement se maintiennent, l’entreprise bâtira une nouvelle étable pour augmenter le cheptel et améliorer le confort des animaux. Autre fait notable : la ferme vient de signer avec un ancien aviculteur une entente de location d’un poulailler inutilisé, où elle entreprendra la semi-finition (de 275 à 350 kg) de lots de 40 à 60 bouvillons à la fois (quatre à cinq lots annuels). Le producteur avicole a même accepté d’aider à convertir le bâtiment, moyennant une entente à long terme.

POUR LES FOURRAGES n É té : pâturages rotatifs (3 à 7 parcelles) n H iver : balles rondes et ensilage de maïs

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Yves Leduc, Thérèse Leduc et Michel Larochelle, de la Ferme ML/Aliporc

PLUS DE PRÉCISION

DANS L’ALIMENTATION DES COCHONS TEXTE ET PHOTOS D’ÉTIENNE GOSSELIN, AGRONOME, M. SC.

LES ALIMENTS REPRÉSENTENT 60 % DU COÛT DE PRODUCTION. ROGNER SUR CE POSTE BUDGÉTAIRE PEUT ÊTRE AVANTAGEUX POUR LA RENTABILITÉ. QUI VEUT D’UNE RÉDUCTION D’ENVIRON QUATRE DOLLARS PAR PORC ? C’EST LA PROMESSE DU SYSTÈME D’ALIMENTATION MULTIPHASE DE PRÉCISION MIS AU POINT PAR LA FERME ML/ALIPORC.

Si on regarde de plus près la moulée cubée trouvée dans cette ferme de SaintNorbert-d’Arthabaska, la différence saute aux yeux : l’aliment fourni dans chaque parc se compose de deux formulations différentes, visibles à l’œil par la teinte brun pâle ou brun plus foncé des cubes. Car avec le système mis au point par la Ferme ML/ Aliporc, tout est là : mélanger un aliment début croissance et un aliment finition, pour créer un aliment complet par groupe d’âge – une « phase », dans le jargon. En changeant les proportions de l’aliment A et de l’aliment B, on peut donc créer des phases à l’infini, des aliments adaptés aux besoins nutritionnels du moment. « On a ainsi moins de porcs qui surconsomment sans convertir », explique Michel Larochelle, copropriétaire de Ferme ML, qui compte 1500 places.

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COMMENT ÇA MARCHE Première étape : regrouper les animaux par poids (pesée) et par sexe, une pratique essentielle pour créer des parcs homogènes d’individus de même potentiel génétique. Cette pratique, qui nécessite une journée de travail en début de lot, facilite les expéditions en fin de lot. Un mélangeur équipé d’une balance combine les deux aliments, et le distributeur automatique achemine le bon aliment vers le ou les bons parcs. Les trappes des trémies sont actionnées par un automate central de qualité industrielle, qu’on commande du bureau sur un écran tactile ou à distance avec un appareil mobile. La chaîne distributrice, arrangée en boucle, ramène les quantités qui ne sont pas livrées dans les trémies, pour qu’elles soient comptabilisées et introduites immédiatement dans le prochain mélange.

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AFFAIRES AGRICOLES |

DES AGRONOMES SE PRONONCENT

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1. L’alimentation plus personnalisée permet de cibler les parcs où des individus ne sont pas dans leur assiette, ainsi que de détecter les trémies défectueuses et les silos vides. Des alarmes signalent les dérèglements. 2. Lors du passage du Coopérateur, les porcs avaient une moyenne d’âge de 80 jours et pesaient 41 kg. Ce jour-là, l’automate avait 12 recettes de moulée à fabriquer. 3. Alors étudiant en électronique industrielle, Roland Leduc se fait suggérer par son beau-frère, Michel Larochelle, de plancher sur un système d’alimentation innovateur. Le projet se met en branle en 2007.

Une attention doit être portée, en cours d’élevage, à la courbe de croissance réelle, pour s’assurer que les groupes ne s’éloignent pas des valeurs normales théoriques. Michel Larochelle et Thérèse Leduc pèsent donc quelques porcs par parc toutes les trois semaines, afin de valider les données de référence. L’efficacité du système réside aussi dans la justesse de la courbe de référence des besoins nutritionnels des porcs. Enfin, la formulation des aliments A et B importe au plus haut point. Le Service R et D de La Coop, par l’entremise de la professionnelle de recherche Véronique Chabot et du nutritionniste porcin Pierre Lessard, a participé à la mise au point du système Aliporc en fournissant des recettes adaptées aux besoins des différents groupes de porcs. On doit aussi noter la collaboration de Candido Pomar, chercheur en alimentation de précision d’Agriculture et Agroalimentaire Canada, et de Laetitia Cloutier, agronome experte en alimentation du Centre de développement du porc du Québec (CDPQ), venue mesurer scientifiquement et de manière indépendante les performances du projet Aliporc.

DES GAINS TANGIBLES Un système d’alimentation multiphase promet des gains économiques, sans affecter les performances zootechniques. Ces gains sont énormes quand on instaure deux phases, puis trois et quatre. Ils

s’amenuisent par la suite lorsqu’on multiplie les phases, car on suralimente de moins en moins les groupes (on s’assure quand même que les individus moins performants ont suffisamment de nutriments à se mettre sous la dent). Évidemment, la multiplication des rations devient difficile à gérer pour le meunier et pour le producteur, d’où l’avantage du système Aliporc, avec ses deux seules formulations. À chaque lot expérimental – on en a fait quatre jusqu’ici à la Ferme ML, en comparant une alimentation traditionnelle à quatre phases avec l’alimentation multiphase –, la ferme et La Coop acquièrent donc des données qui valident le système. C’est maintenant à la société Aliporc – formée en 2011 par les producteurs Michel Larochelle et Thérèse Leduc, les programmeurs et techniciens en automatisation Marc Sergerie et Roland Leduc ainsi que le gestionnaire Yves Leduc – de commercialiser le système. La rentabilité de l’investissement peut varier entre deux et trois ans, selon la taille de l’entreprise et les prix du maïs et du tourteau de soya. Notons que le rapport du CDPQ, déposé en août 2014, chiffre les économies à entre un et cinq dollars par porc produit (moyenne de 3,80 $/porc, basée sur la moyenne du prix des ingrédients en 2013). Et dire qu’on n’a même pas parlé des gains environnementaux par la diminution des rejets en phosphore et en azote !

Antoine St-Cyr, directeur de la recherche en productions animales, La Coop fédérée « Notre responsabilité est d’évaluer si cette technologie pourrait être porteuse pour la Filière porcine coopérative. Il faut s’assurer d’une rentabilité adéquate de l’investissement couplée à une implantation et à une facilité d’utilisation pour le producteur. » Pierre Lessard, nutritionniste en alimentation porcine, Olymel « L’alimentation multiphase propose des avantages économiques et environnementaux, deux éléments importants pour l’avenir de la production porcine. Cette méthode demande toutefois une gestion plus spécialisée et l’acquisition d’un savoir-faire. » Laetitia Cloutier, experte en alimentation, Centre de développement du porc du Québec « Je recommande l’alimentation multiphase peu importe le contexte de prix des ingrédients, car elle permet de réduire les nutriments en excès. Si l’alimentation individualisée est promise à un bel avenir à moyen terme, les systèmes permettant l’alimentation multiphase, comme celui d’Aliporc, fonctionnent bien tout de suite. » Candido Pomar, chercheur, Agriculture et Agroalimentaire Canada « L’industrie devrait examiner de plus près l’option d’alimenter en multiphase. Mais si on regarde plus loin, l’avenir s’oriente vers l’alimentation de précision individualisée, qui permet de réduire de 40 % les rejets en azote et de 25 % les rejets en phosphore, en plus de pouvoir être commandée à distance. L’industrie trouvera le moyen de fabriquer des mangeoires robustes et économiques. »

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COMMENT AMÉLIORER

LA FERTILITÉ DES TRUIES TEXTE DE NATHALIE PARENT-LEGAULT, AGRONOME, ET PASCAL D’ASTOUS

LA FERME SAINT-EUGÈNE S’EST DISTINGUÉE PAR UNE PRODUCTIVITÉ DE 31 PORCELETS PAR TRUIE PRODUCTIVE DEUX ANNÉES CONSÉCUTIVES, ET PAR UN TAUX DE MISE BAS DE PLUS DE 92 % AU COURS DES SIX DERNIÈRES ANNÉES. QUEL EST LE SECRET DE SA RÉUSSITE ?

LES COCHETTES Elles sont la relève. Il faut leur donner un bon départ si on veut les conserver long temps comme reproduct r ices. Cela exige plusieurs petits détails : • Poids minimum de 150 kg à la première saillie. • Une détection de chaleur par jour. • Détection de chaleur en présence du verrat, et idéalement dans un parc. • Verrats logés en dehors de l’acclimatation. • Alimentation intensive (flushing) avec l’aliment lactation une semaine avant la chaleur. • À la saillie, faire deux détections par jour. • Saillie à la deuxième ou troisième chaleur.

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LES TRUIES SEVRÉES Le temps de préparation des truies sevrées dans l’intervalle sevrage-œstrus est tout aussi important que l’action d’insémination. Il importe aussi de veiller aux petits détails entourant la venue en chaleur de ces truies. Voici les bonnes actions à entreprendre : • Servir trois repas de l’aliment lactation par jour dans l’intervalle sevrage-œstrus (à volonté, aliment frais). • Effectuer deux détections par jour en présence du verrat, et ce, dès le premier jour. • Utiliser un ou deux verrats différents à chaque séance de détection. • Effectuer une détection intense de chacune des truies (minimum de 30 secondes, avec pression dorsale). • Alimenter les verrats uniquement le soir. Un verrat à jeun sera plus actif.

PHOTOS : ISTOCKIMAGES

La Ferme Saint-Eugène est une maternité de 1300 truies peuplée avec la génétique Sogeporc. En maternité, on doit agir sur les tous les facteurs de productivité pour maximiser le potentiel génétique de la truie (figure 1). Dans le présent article, nous nous concentrerons toutefois sur la fertilité, en rappelant toutes les bonnes actions à mener au quotidien pour l’optimiser.

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AFFAIRES AGRICOLES |

L’INSÉMINATION

GESTION EN MISE BAS

Il faut porter attention aux détails suivants : • Attendre l’immobilisation complète de la truie avant de commencer l’insémination. • Procéder à un bon lavage et à l’assèchement de la vulve, tant à l’extérieur qu’à l’intérieur. • Mettre un lubrifiant non spermicide sur le bout de la sonde. • S’assurer d’une aspiration lente de la semence, en présence constante du verrat, et d’une bonne stimulation des flancs par l’éleveur. • Après la saillie, éviter de déplacer les truies entre le 5e et le 25e jour.

On ne peut pas parler des bonnes actions à mener au chapitre de la saillie en passant sous silence le travail à effectuer en lactation. En effet, la qualité de la truie sevrée et sa capacité à se reproduire efficacement lors de son prochain cycle dépendent largement du travail effectué lors de la lactation précédant ce cycle. Les bonnes actions à accomplir en mise bas se déclinent comme suit : • Assurer une présence lors du déroulement des mises bas afin d’intervenir rapidement en cas de problème. • Alimenter les truies au moins trois fois par jour, tout en offrant l’aliment lactation à volonté dès les premiers jours de lactation. • Servir de l’eau fraîche dans l’auge trois fois par jour, même en hiver. • Faire lever les truies deux fois par jour. • S’il y a refus de consommation, prendre la température et appliquer rapidement le traitement approprié. • Réformer les cas problèmes. • Accorder une grande importance à la prise de notes multiples sur la carte de la truie, dans le but de pouvoir effectuer un bon suivi une fois qu’elle sera sevrée. Comme on peut le constater, le succès d’une excellente fertilité réside dans de multiples petites actions, qui se complètent les unes les autres. En plus, il faut bien contrôler l’état de chair de nos truies, dès leur arrivée comme cochettes. Sans un état de chair optimal, le reste de notre travail deviendra moins efficace.

LES RETOURS EN CHALEUR Malheureusement, malgré ces bonnes actions, les truies et cochettes saillies ne seront pas toutes gestantes. Un certain pourcentage d’entre elles (qu’on veut le plus faible possible) présentera un retour en chaleur. Il faut donc tout mettre en œuvre pour les détecter le plus rapidement possible, afin de réduire les jours improductifs de notre élevage. Les bonnes actions à réaliser sont les suivantes : • Faire une détection une fois par jour pour les moins de 50 jours. • Regrouper les échographies négatives dans le bloc saillie et effectuer une détection par jour. • Effectuer deux détections visuelles par jour pour les problèmes (infection vaginale, boiterie, avortement, etc.) et appliquer rapidement le traitement approprié. • Procéder à la réforme rapide des cas problèmes.

FIGURE 1 ANALYSE DE LA PRODUCTIVITÉ DANS SON ENSEMBLE % morts naiss-sevrage Sevrés/portée

% mort-nés Nés vifs/portée

PHOTOS : ISTOCKIMAGES

Les auteurs

Nés totaux/portée

Sevrés/truie/an

Fertilité

Portées/truie/an

Jours improductifs Âge au sevrage

ISSF

Nathalie Parent-Legault, agronome Formatrice en régie d’élevage Olymel nathalieparentlegault@olymel.com Pascal D’Astous, Gérant de la maternité de Saint-Eugène

IDSR Taux renouvellement

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| AFFAIRES AGRICOLES

JEAN GAUDREAULT :

PAS DE

one man show!

TEXTE ET PHOTOS D’ÉTIENNE GOSSELIN, AGRONOME, M. SC.

IL FAUT DE LA GRAINE DE HAUT GESTIONNAIRE POUR COORDONNER LES EFFORTS D’UNE TRENTAINE D’EMPLOYÉS ENGAGÉS DANS CINQ PRODUCTIONS AGRICOLES DIFFÉRENTES. N’EMPÊCHE, POUR JEAN GAUDREAULT, PAS DE ONE MAN SHOW!

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PHOTO : ???

Les grandes cultures occupent aussi beaucoup le groupe. La rotation de ses 660 ha est exemplaire : plantes fourragères, maïs-ensilage, gourgane, soya, canola, orge, avoine et blé. On pousse même la complexité en produisant de manière raisonnée ou sans intrants (blé). Le kiosque familial du bord de la touristique route 169 doit être alimenté en maïs sucré et en légumes de la ferme. Le fils de Martine, Martin Girard-Tremblay, est responsable par ailleurs de tout ce qui touche à la mécanique. Enfin, on a lancé en 1998 l’entreprise Végétolab, spécialisée dans la multiplication d’arbustes fruitiers rustiques par la culture in vitro à partir de fragments de plantes mères issus du verger de cette exploitation. Les plants sont ensuite multipliés en serre et en pépinière.

PHOTO : ???

Un homme, un clan, des entreprises : on ne pourra pas dire que Jean Gaudreault, Martine Girard et leurs enfants n’occupent pas dynamiquement leur territoire. Cette famille possède des origines au Lac-SaintJean retraçables jusqu’au colonisateur Onésime Gaudreault, arrière-grand-père de Jean, premier agriculteur valeureux à labourer le secteur vierge au nord d’Alma, en 1882. Il y a premièrement l’exploitation laitière, la Ferme Dani-Jean, transmise à Jean Gaudreault par son père, Jean-Joseph, en 1988. C’est aujourd’hui Jean-Michel, fils de Jean, qui gère cette ferme dotée d’un quota de 77 kg. Celle-ci a essaimé pour donner naissance, à quelques centaines de mètres de là, à la Ferme Emmanuel Tremblay, du nom du fils adoptif de Jean, qui fait fructifier un quota de 24 kg. Cachée dans les bois, une porcherie de 1600 places permet l’engraissement de cochettes à haut statut sanitaire pour le réseau La Coop, à raison de 2,6 lots par année.


Jean Gaudreault et Martine Girard, fiers parents d’une relève bien affirmée.

1) VENDRE/COMMERCIALISER Cinq productions? Cinq mises en marché différentes! Si les mises en marché laitière, porcine et céréalière-oléagineuse bénéficient de structures bien établies, tout est à bâtir en maraîchage et en horticulture. Pour cette dernière, Jean Gaudreault et Martine Girard ont notamment adopté l’approche intégrée. Ainsi, pour mieux vendre les végétaux qu’ils produisent, ils « forment leurs clients » en leur proposant des services techniques avant et aprèsvente. Un agronome accompagne leurs clients pour qu’ils démarrent du bon pied. Végétolab effectue aussi une veille d’informations stratégiques dont ceux-ci tirent profit. Par ailleurs, l’entreprise est actionnaire d’un regroupement de mise en marché, Boréalis Nature Fruit, qui a commercialisé en 2015 plus de 12 000 kg de camerises de plusieurs de ses anciens clients, et ce, à bon prix (6 $/kg).

PHOTO : ???

PHOTO : ???

La propagation en atmosphère stérile permet d’obtenir des végétaux plus uniformes, plus productifs, plus sains, plus rapidement. Le catalogue de Végétolab impressionne par sa vaste composition : multiples variétés hâtives ou tardives, indigènes du Québec ou importées d’autres zones nordiques ou boréales, d’espèces aussi variées que l’amélanchier, le chèvrefeuille comestible, l’argousier, l’aronie, le bleuet géant, le mûrier, le camerisier, le cerisier, le sureau, la vigne à raisin, le kiwi, etc. Cerise sur le gâteau : l’entreprise offre du travail à trois filles de Martine. Bref, dans ce grand tourbillon d’initiatives entrepreneuriales, des pratiques d’affaires ressortent, sous quatre grands thèmes.

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1

2 Bref, voilà de petites pratiques qui font se démarquer cette pépinière, qui a délaissé en 2007 les plantes vertes et les plantes médicinales pour se concentrer sur les arbustes fruitiers, devenant le plus important multiplicateur canadien de camerisiers pour l’Université de la Saskatchewan (11 variétés). La camerise trouve preneur au sein de la filière du bleuet sauvage et à l’usine de congélation de Saint-Bruno.

2) DIVERSIFIER/SPÉCIALISER

1. La culture in vitro d’arbustes fruitiers permet l’obtention de végétaux plus uniformes, plus productifs, plus sains, plus rapidement. Ils sont ensuite propagés en serre et en pépinière. 2. Quatre générations de Gaudreault d’Amérique : Emmanuel et deux de ses enfants, Alexis et Mathias, Jean-Michel, Jean et Jean-Joseph, 90 ans bien comptés et de nombreuses anecdotes à raconter!

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À 57 ans et avec une relève aujourd’hui bien affirmée, Jean Gaudreault se questionne : alors qu’il a beaucoup misé sur la diversification, fera-t-il un retour vers la spécialisation, histoire de recentrer les priorités sur certaines activités? L’opportunité de cultiver du canola biologique, notamment, a été remise en question, car sa mise en marché demande des efforts plus soutenus qu’en culture traditionnelle. Pareillement, le chiendent dans le blé a découragé sa culture en mode bio. Le troupeau laitier a d’ailleurs bien failli passer au tout bio, les producteurs ayant effectué une transition de deux ans sur les trois obligatoires. Aujourd’hui, la ferme adopte plutôt des pratiques agroécologiques, comme les haies brise-vents, les nichoirs, les bandes florales, les voies d’eau engazonnées, la protection des berges et l’utilisation minimale d’intrants chimiques. « J’ai réalisé mes rêves en montant mes entreprises au niveau où je les voulais, avec l’aide du réseau coopératif », indique Jean Gaudreault, administrateur chez Nutrinor. Le parallèle entre l’homme d’affaires et cette coopérative agricole active dans plusieurs secteurs (approvisionnement à la ferme, commercialisation des grains,

quincaillerie, énergie, élevages porcins et avicoles, transformation laitière et carnée, eau de source) est d’ailleurs frappant, l’un et l’autre ayant toujours visé à diversifier leurs investissements.

3) GÉRER/CIBLER Le plus difficile, selon Jean Gaudreault? Gérer la croissance sans s’éparpiller. Les tâches de chacun doivent être clairement énoncées et réparties pour s’assurer d’une efficacité à tous les niveaux. Si les actifs laitiers ont toujours eu un effet de levier pour le financement des autres secteurs, il n’empêche que chaque secteur a son identité juridique propre, ce qui diminue le risque. Par contre, la comptabilité est costaude à effectuer. Comme les terres, la machinerie et la main-d’œuvre sont gérées en commun, il faut approximer les quantités qui incombent à chaque entreprise, imputer les factures aux bons comptes. « En fin de compte, notre mission fut toujours la même : bien gagner notre vie avec l’agriculture », énonce l’homme, diplômé universitaire en administration, qui a travaillé une décennie pour AbitibiPrice.

4) SOCIALISER/SE RÉALISER Le clan Gaudreault-Girard s’applique à demeurer attentif aux occasions favorables, mais une fois par semaine, c’est le social qui prend le dessus. Les jeudis midi, tous se rassemblent dans le soussol de la maison ancestrale pour déguster les petits plats que concocte Stéphanie, la conjointe de Jean-Michel, qui cuisine aussi pour la popote roulante d’Alma. Mais vers 13 h, tous regagnent leur poste, car chez les Gaudreault, pas de one man show. The show must go on!

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| AFFAIRES AGRICOLES

BLÉ

PEUT-ON AUGMENTER LE RENDEMENT DU BLÉ PAR UNE RÉGIE INTENSIVE ? ASSURÉMENT ! MAIS CETTE COURSE AU RENDEMENT EST-ELLE RENTABLE ? DEVRAIT-ON PLUTÔT ACCROÎTRE LA RENTABILITÉ DE LA CULTURE DU BLÉ ? SANS AUCUN DOUTE !

RÉGIE

INTENSIVE OU RENTABLE ? TEXTE DE LYNE BEAUMONT, AGRONOME, ET LUCIE KABLAN, PH. D.

Nous évaluons la régie intensive du blé sous toutes ses coutures à la Ferme de recherche en productions végétales de La Coop fédérée. Nous mesurons l’impact de chaque élément de régie, les synergies possibles entre les traitements, les différences selon les types de sol et la réponse des diverses variétés de blé. Le tout est suivi d’une analyse économique des résultats. Voici quelques pistes de réflexion sur les éléments qui permettent d’augmenter la rentabilité du blé.

LES TRAITEMENTS DE SEMENCES

Meilleure levée du blé lors du traitement de semences par fongicide À gauche : blé non traité. À droite : blé traité par un fongicide expérimental.

Graphique 1

4000 3750 3500 3250 3000

Rendement (kg/ha)

4250

3949 3597

Témoin Rend

Population 15 JAE (pl/m2)

INFLUENCE DU TRAITEMENT DE SEMENCES PAR FONGICIDE SUR LA POPULATION ET LE RENDEMENT 350 325 300 275 250 225 200

175 150 Semences traitées par un fongicide experimental Popul

JAE = jours après l’émergence

Les auteures Lyne Beaumont, agronome Conseillère spécialisée en céréales et canola lyne.beaumont@lacoop.coop Lucie Kablan, Ph. D. Chercheuse en productions végétales lucie.kablan@lacoop.coop

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Les traitements fongicides sont des outils indispensables pour réussir une régie intensive du blé. Ils assurent une meilleure croissance tôt en saison et restent l’une des méthodes les plus utilisées en agriculture pour protéger le blé contre les agents pathogènes fongiques des genres Fusarium, Rhizoctonia et Pythium. Ce meilleur départ et cette protection se traduisent par une hausse du rendement de près de 10 %. Une étude menée à la Ferme de recherche de La Coop fédérée, à Saint-Hyacinthe, a comparé des semences de blé traitées par un fongicide expérimental et des semences non traitées. Le traitement de semences par fongicide a accru le nombre de plants par mètre carré, ce qui s’est traduit par une augmentation du rendement de quelque 350 kg/ha (graphique 1 et photo).

POPULATION ET TAUX DE SEMIS En général, la quantité optimale d’épis se situe entre 500 et 600/m2. Plusieurs facteurs influenceront ce nombre : le pourcentage de germination et de levée, la profondeur

de semis et les conditions climatiques du printemps, par exemple. Un taux de semis standard recommandé par variété donne un nombre d’épis par mètre carré suffisant. Par contre, un comptage au champ est nécessaire pour avoir une bonne connaissance de ce qui s’y passe.

L’AZOTE : JUSQU’OÙ PEUT-ON ALLER ? Au printemps, le blé a besoin d’azote (N) rapidement disponible. Comme la quantité à apporter est grande, on peut fractionner les applications d’engrais ou utiliser de l’engrais à libération lente FRN. Jusqu’où peut-on aller ? Cela dépend du cultivar, du taux de semis, de la matière organique, de la fertilisation organique, du marché visé, de l’historique de verse du champ, de l’usage d’un régulateur de croissance, etc. Parlez-en à votre expert-conseil. Le graphique 2 représente l’impact d’une fertilisation azotée supérieure (entre 30 et 60 unités de N de plus), en régie intensive, comparativement à une fertilisation standard en régie intensive dans 28 sites différents. Dans 22 d’entre eux, la réponse à une hausse de l’azote a été positive. Pour tous ces sites, la moyenne de l’accroissement de rendement de la régie intensive par rapport à la régie intensive sans augmentation de la fertilisation azotée est de 178 kg/ha. Lorsqu’on augmente la fertilisation azotée de 30 kg de N/ha, compte tenu d’un prix de l’engrais azoté à 1,30 $/kg et d’un prix du blé à 240 $/t, il faut un accroissement de rendement de 162 kg/ha pour que cela soit rentable. Quand un régulateur de croissance (données non présentées) est utilisé en régie intensive, la hausse de rendement

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moyenne passe de 79 kg/ha sans régulateur à 277 kg/ha avec régulateur.

Graphique 2 IMPACT DE LA FERTILISATION AZOTÉE EN RÉGIE INTENSIVE PAR RAPPORT À LA RÉGIE INTENSIVE SANS AUGMENTATION DE LA FERTILISATION AZOTÉE

FONGICIDE : OUI ? NON ? COMBIEN ? 6000

rendement intensif - N

rendement intensif

5000 4000 kg/ha

L’application d’un fongicide à l’épiaison est un élément clé de la régie intelligente du blé. Appliqué au bon moment, il aide à lutter contre la fusariose et protège le feuillage des maladies. Le tableau 1 présente les résultats d’essais de fongicides à l’épiaison, leur effet sur le rendement, les toxines et les taches foliaires, ainsi que leur impact sur la rentabilité. Le fongicide foliaire (celui que l’on applique avant l’épiaison, entre le tallage et la feuille étendard) a habituellement moins d’effet sur le rendement que le fongicide à l’épiaison. Par contre, selon la rotation (retour de céréales, maïs), la présence importante de résidus et de l’humidité, il se peut que la pression des maladies soit grande et qu’il soit nécessaire et rentable de traiter avant l’épiaison. Avant d’en faire un élément systématique de votre gestion, mieux vaut faire un dépistage ! Des éléments se démarquent dans la régie intensive. Le traitement de semences, une bonne fertilisation azotée et un fongicide à l’épiaison donneront le meilleur potentiel de rendement de votre investissement. Mais dans tous les cas, il faut garder les champs à l’œil en tout temps.

3000 2000 1000 0 1

2

3 4

2011

5

6

7

8 9 10 11 12 13 14 15 16 18 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 Différents sites

2012

2013

2015

Tableau 1 ÉVALUATION DE L’IMPACT DU FONGICIDE À L’ÉPIAISON EN RÉGIE INTENSIVE – MOYENNE DE TROIS SITES, TROIS CULTIVARS (2013)

Rendement (kg/ha)

DON (ppm)

Poids spécifique (kg/ha)

Tache follaire (0-9)

Revenu brut ($/ha)

Frais ($/ha)

Revenu net ($/ha)

Standard

3546 b

4,1 a

77,4 c

3,7 b

851,04

0

851,04

Intensive

3997 a

2,9 b

78,3 a

2,8 c

959,28

191

768,28

Intensive moins Prosaro

3522 b

4,3 a

75,8 b

4,5 a

845,28

119

726,28

Standard plus Prosaro

3969 a

2,3 c

78,1 ab

2,5 c

950,16

72

878,16

Régie

Régie standard : 80 à 90 N, 400 g/m2 Coût N : 1,30 $/kg N Régie intensive : 120 à 150 N, 550 g/m2 Coût Prosaro + application : 72 $/ha Prosaro à l’épiaison Coût semence 150 g/m2 : 54 $/ha Prix blé : 240 $/t Les chiffres suivis d’une lettre différente sont statistiquement différents (Newman-Keuls, p=0.10)

Avis aux producteurs sur l’utilisation responsable des caractères Monsanto Company est membre du groupe Excellence Through StewardshipMD (ETS). Les produits de Monsanto sont commercialisés conformément aux normes de mise en marché responsable de l’ETS et à la politique de Monsanto pour la commercialisation des produits végétaux issus de la biotechnologie dans les cultures de base. L’importation des produits commercialisés a été approuvée dans les principaux marchés d’exportation dotés de systèmes de réglementation compétents. Toute récolte ou matière obtenue à partir de ce produit ne peut être exportée, utilisée, transformée ou vendue que dans les pays où toutes les approbations réglementaires nécessaires ont été accordées. Il est illégal, en vertu des lois nationales et internationales, d’exporter des produits contenant des caractères issus de la biotechnologie dans un pays où l’importation de telles marchandises n’est pas permise. Les producteurs devraient communiquer avec leur négociant en grains ou acheteur de produit pour confirmer la politique de ces derniers relativement à l’achat de ce produit. Excellence Through StewardshipMD est une marque déposée de Excellence Through Stewardship. VEUILLEZ TOUJOURS LIRE ET SUIVRE LES DIRECTIVES DES ÉTIQUETTES DES PESTICIDES. Les cultures Roundup ReadyMD possèdent des gènes qui leur confèrent une tolérance au glyphosate, l’ingrédient actif des herbicides RoundupMD pour usage agricole. Les herbicides RoundupMD pour usage agricole détruiront les cultures qui ne tolèrent pas le glyphosate. La technologie de traitement de semences AcceleronMD pour le canola contient les matières actives difénoconazole, métalaxyl (isomères M et S), fludioxonil et thiaméthoxam. La technologie du traitement de semences AcceleronMD pour le canola plus VibranceMD est une combinaison de deux produits distincts homologués individuellement qui, ensemble, contiennent les matières actives difénoconazole, métalaxyl (isomères M et S), fludioxonil, thiaméthoxam et sedaxane. La technologie du traitement de semences AcceleronMD pour le maïs (fongicides et insecticide) est une combinaison de quatre produits distincts homologués individuellement qui, ensemble, contiennent les matières actives métalaxyl, trifloxystrobine, ipconazole et clothianidine. La technologie du traitement de semences AcceleronMD pour le maïs (fongicides seulement) est une combinaison de trois produits distincts homologués individuellement qui, ensemble, contiennent les matières actives métalaxyl, trifloxystrobine et ipconazole. La technologie du traitement de semences AcceleronMD pour le maïs avec PonchoMD/VoTivoMC (fongicides, insecticide et nématicide) est une combinaison de cinq produits distincts homologués individuellement qui, ensemble, contiennent les matières actives métalaxyl, trifloxystrobine, ipconazole, clothianidine et la souche Bacillus firmus I-1582. La technologie du traitement de semences AcceleronMD pour le soya (fongicides et insecticide) est une combinaison de quatre produits distincts homologués individuellement qui, ensemble, contiennent les matières actives fluxapyroxad, pyraclostrobine, métalaxyl et imidaclopride. La technologie du traitement de semences AcceleronMD pour le soya (fongicides seulement) est une combinaison de trois produits distincts homologués individuellement qui, ensemble, contiennent les matières actives fluxapyroxad, pyraclostrobine et métalaxyl. Acceleron et le logoMD, AcceleronMD, DEKALB et le logoMD, DEKALBMD, Genuity et le logoMD, Genuity MD, JumpStartMD, Refuge Intégral et le logoMD, Refuge Intégral MD, Roundup Ready 2 Technologie et le logoMC, Roundup Ready 2 RendementMD, Roundup Ready MD, Roundup TransorbMD, Roundup WeatherMAX MD, RoundupMD, SmartStax et le logoMD, SmartStax MD, TransorbMD, VT Double PROMD et VT Triple PROMD sont des marques de commerce de Monsanto Technology LLC. Utilisation sous licence. VibranceMD et FortenzaMD sont des marques déposées d’une société du groupe Syngenta. LibertyLink MD et le logo de la goutte d’eau sont des marques de commerce de Bayer. Utilisation sous licence. Herculex MD est une marque déposée de Dow AgroSciences LLC. Utilisation sous licence. PonchoMD et VotivoMC sont des marques de commerce de Bayer. Utilisation sous licence. Toutes les autres marques de commerce appartiennent à leur titulaire respectif.

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| AFFAIRES AGRICOLES

CHARLIE BUSSIÈRES

UN ENSEIGNANT, UN COACH,

UN CHAMPION TEXTE DE STÉPHANE PAYETTE, T.P.

À 20 ANS, CHARLIE BUSSIÈRES, JEUNE EXPERT EN PERFORMANCE WESTERN DE NEUVILLE, POSSÈDE UN TITRE QUI FAIT RÊVER SES PAIRS : UNE VICTOIRE AU ALL AMERICAN QUARTER HORSE CONGRESS, À COLOMBUS (OHIO), EN 2014. CE TRIOMPHE A FAIT DE LUI UN GRAND CHAMPION.

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« LE CHEVAL DE MA VIE »

La ration doit elle aussi être distribuée avec soin. « Le système digestif du cheval est très sensible, donc l’alimen­ tation et la gestion entourant celle-ci sont très importantes », explique l’agronome Marie-Christine Fauteux, experte-conseil de La Coop fédérée, qui aide Charlie à préparer l’alimentation des chevaux. En plus de fournir l’énergie et les nutriments nécessaires aux quadrupèdes de compé­tition, leur ration doit les aider à présenter aux juges un pelage impeccable. Une fois l’animal en scène, il doit exécuter des figures complexes, comme le galop, le galop allongé, le pivot et la marche arrière. Tout cela selon un itinéraire déterminé par les juges, et avec le « sourire ». « Le cheval doit aussi avoir l’air d’aimer ce qu’il fait, répète le champion de 20 ans. S’il paraît anxieux, cela peut être interprété comme une mauvaise préparation ou un entraînement précipité. »

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PHOTOS : SHANE RUX ET KC MONTGOMERY

Les journées de Charlie Bussières sont longues et planifiées des mois à l’avance. Au boulot dès 7 h le matin, il s’occupe de l’alimentation et des exercices individuels des équidés. Chaque bête doit faire une heure d’entraînement par jour – pas de congé de ce côté. « Un cheval ne peut passer plus d’une journée sans travailler, dit-il. Sinon, il peut souffrir de problèmes physiques et d’anxiété. »

PHOTO : STÉPHANE PAYETTE

Quiteabitlazy et Charlie Bussières forment un duo complice, qui pourrait faire pâlir de jalousie Roméo et Juliette. Leur harmonie leur a permis de remporter un des plus prestigieux concours de performance western d’Amérique.

Charlie a pris la route de ce concours hippique après une préparation de près de 15 ans. « J’ai débuté quand j’avais à peu près 4 ans. J’allais à la ferme de mes parents [Josée Arial et Simon Bussières] et de mon oncle [Éric Arial]. J’ai débuté avec un poney et j’ai tout essayé; du baril, du roping [attraper des veaux au lasso], du saut et de la performance western. J’ai vite eu la “piqûre” pour la performance », explique le jeune homme. Le succès a été rapidement au rendezvous pour ce surdoué. Dès l’âge de huit ans, il remporte son premier championnat à son premier concours. Aujourd’hui, Charlie possède sa propre écurie (les Écuries ArialBussières), où il enseigne son art aux jeunes et moins jeunes, en plus de « coacher » une équipe de compétition. La consécration est arrivée l’an dernier, avec une victoire à l’un des plus prestigieux concours mondiaux. On se doute qu’un cavalier remporte un championnat au prix de grands efforts. Plusieurs éléments sont incontournables pour pouvoir grimper sur la plus haute marche du podium. « Quand je me présente devant les juges, tout doit être parfait, indique Charlie. Dès que leurs yeux se posent sur moi après le premier cône, ils doivent sentir que mon cheval aime ce qu’il fait. Je dois presque le mener uniquement au son de ma voix. Pour en arriver à un tel résultat, ça demande beaucoup de travail. »


UN PARCOURS IMPRESSIONNANT À SEULEMENT 20 ANS

Charlie Bussières a remporté une victoire au All American Quarter Horse Congress, à Colombus (Ohio), en 2014. Il s’agit d’un des titres les plus importants dans le monde de la performance western.

Atteindre un tel niveau exige une monture de premier plan, mais en plus, le duo doit bien s’entendre. « Elle [Quiteabitlazy], c’est le cheval de ma vie, affirme Charlie sans blaguer. Peut-être que je n’en aurai pas d’autres comme elle. » Avant d’en arriver à une symbiose avec sa monture, le cavalier peut investir une certaine somme d’argent et de travail. « Quand j’ai gagné, Quiteabitlazy avait six ans. J’ai été chanceux, car ses premiers propriétaires lui ont donné tout le temps de se développer. » Charlie et son cheval ne se sont pas juré fidélité pour la vie. « La performance western, c’est aussi de la business, dit le cavalier. Chaque cheval a son prix. »

SAISON 2014 All American Quarter Horse Congress / 12e au Youth Showmanship All American Quarter Horse Congress / 5e au NYATT Horsemanship Novice World Championship Show / Champion de réserve au Youth Horsemanship Novice World Championship Show / 7e au Youth Showmanship Novice World Championship Show / 4e au Youth Western Pleasure All American Quarter Horse Congress / Champion au Novice Youth Horsemanship All American Quarter Horse Congress / 10e au Novice Youth Showmanship EN 2015 Notamment All American Quarter Horse Congress, Ohio – Top 15

LA COOP FÉDÉRÉE SOUTIENT UNE AUTRE DISCIPLINE WESTERN C’est avec enthousiasme que La Coop fédérée s’est engagée, à l’été 2015, à soutenir une organisation prestigieuse dans une autre discipline western, soit la Triple Couronne de course de barils du Québec. Cette organisation vise à démontrer le (très grand !) talent de jeunes chevaux d’éleveurs québécois. « Un élément important a joué un rôle déterminant dans la décision de soutenir cette organisation, tient à souligner Mario Boivin, directeur principal, Service des ruminants et productions spécialisées à La Coop fédérée, c’est que pour la Triple Couronne, élevage et antidopage vont de pair pour assurer le développement, la crédibilité et l’image de ce sport. » Bien que nos produits répondaient aux normes antidopages de Canada hippique, poursuit-il, nous avons porté une attention particulière pour nous en assurer.

PHOTOS : SHANE RUX ET KC MONTGOMERY

PHOTO : STÉPHANE PAYETTE

UNE RENOMMÉE QUI A FAIT DES PETITS Le championnat que le cavalier de Neuville a remporté lui a permis de mettre la main sur une bourse de… 100 $. Mais la notoriété acquise, elle, vaut son pesant d’or. À la suite de sa victoire à Columbus, Charlie a loué tous les box de l’écurie qu’il possède sur la route 365. Les personnes désireuses de profiter de ses conseils sont nombreuses. Elles viennent d’un peu partout : Québec, Trois-Rivières, Drummondville, Rimouski… Afin de leur prodiguer d’excellents enseignements, Charlie se perfectionne en effectuant des voyages dans les États de New York, de l’Ohio et du Texas, pour suivre les conseils des meilleurs et participer à plusieurs concours de haut calibre. Le jeune homme confie que ses parents, Josée et Simon, lui apportent une aide de tous les jours. Son experte-conseil, Marie-Christine Fauteux, souligne la discipline de Charlie : « Il ne vous le dira pas, mais il est totalement dévoué à ses chevaux. Il est toujours là. »

Le cheval et son coéquipier en pleine action. Charlie et Quiteabitlazy ont une harmonie parfaite lors des concours.

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CET ARTICLE EST LE PREMIER D’UNE SÉRIE PORTANT SUR DES PRODUCTEURS QUI UTILISENT PLUSIEURS OUTILS TECHNOLOGIQUES DANS LEUR ENTREPRISE.

TECHNO DANS L’ÂME,

COMPTABLE DANS LA TÊTE TEXTE ET PHOTOS DE STÉPHANE PAYETTE, T.P.

CE QUI FRAPPE CHEZ JEAN-NIL FOURNIER, CE SONT SES OUTILS DE TRAVAIL : UN COUTEAU DE POCHE, DES CLÉS ET UN TÉLÉPHONE INTELLIGENT. CE DERNIER CONTIENT TOUTE L’INFORMATION DONT IL A BESOIN POUR DIRIGER SON ENTREPRISE. FERME RONIER ST-ANACLET 110 sujets de race Holstein Classification : 6 TB, 36 BP, 10 B Quota : 65 kg/jour

Alimentation RTM : n Ensilage de foin n Ensilage de maïs n 4 kg d’aliments Synchro Robocoop Les cultures n 128 ha en céréales n 14 ha en maïs-ensilage n 93 ha en prairies

Les technologies utilisées à la ferme n Robot de traite n Contrôle informatisé de

l’alimentation des vaches, de la ventilation et de l’écurage n Application de pesticides à taux variables n Images satellite pour les cultures n Pulvérisations par hélicoptère n Logiciel Agriscan n Contrôle laitier n Génomique

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La Ferme Ronier St-Anaclet, dans la municipalité du même nom, près de Rimouski, carbure à la technologie. Les Fournier – Jean-Nil et son père, Roger – misent sur les appareils électroniques pour rentabiliser leurs efforts. Ces objets doivent cependant prouver leur efficacité. L’entreprise laitière et céréalière, logée près du fleuve, dans la région du Bas-SaintLaurent, abrite quatre ordinateurs. Un pour les besoins du robot de traite et un deuxième pour gérer le système d’alimentation, la ventilation et les raclettes. Un autre est embarqué sur un des tracteurs utilisés à la ferme, et un dernier règle le débit du pulvérisateur. Ces outils technologiques ont fait leur apparition au fur et à mesure que l’entreprise évoluait. Quand Jean-Nil a décidé d’installer un robot pour la traite des vaches, il n’a pas eu à convaincre son père. « Je lui ai dit : “T’es rendu là” », raconte Roger. Le temps était venu, en 2013, de prendre une décision : rénover le salon de traite ou moderniser l’étable en l’équipant d’un robot. Les chiffres ont fait pencher la balance. « Je me suis assis avec ma calculatrice, et la renta­bilité était au rendez-vous », indique Jean-Nil. L’agriculteur de 38 ans a consulté ses experts-conseils Hubert Ruest et François Pedneault, de La Coop Purdel, pour s’assurer de ses calculs. « Juste en économie de moulée, je paie mon robot », dit celui qui mise sur l’optimisation de tous ses secteurs d’activité.

Un autre aspect est le dossier des ressources humaines. « Ce n’est pas simple de dénicher un bon employé. Une fois que c’est fait, tu dois t’assurer de le garder, de bien le rémunérer et de le former adéquatement. Il y a un autre point : les congés et les vacances. Le robot, lui, est toujours là », déclare Jean-Nil Fournier. « Ça coûte combien, un bon employé ? 35 000 $ par an ? Alors, le robot se paie en 10 ans », ajoute Roger. Pour le jeune agriculteur, le travail effectué par la machine libère un temps précieux, qui permet de mieux connaître son troupeau. « Tu peux faire tellement plus d’observation. Le matin, j’ouvre mon téléphone avant de venir à l’étable et je sais quelles vaches je dois venir voir. J’utilise mieux mes interventions. Si je dois m’occuper d’une vache qui ne va pas bien, c’est rentable pour moi. Celles qui vont bien n’ont pas besoin de moi », dit Jean-Nil.

LE VÉGÉTAL EN MODE INFORMATIQUE Les champs sont eux aussi scrutés à la loupe, grâce aux images satellite. Depuis trois ans, la ferme Ronier collabore avec le réseau La Coop pour mettre ses cultures à l’ère du numérique. Pour le moment, Jean-Nil engrange les informations, comme les rendements des cartes, qu’il compare avec des pesées. « C’est impressionnant de voir à quel point les données que me donne Alain [Brassard, conseiller spécialisé en agriculture de précision à La Coop fédérée] ressemblent aux chiffres que j’ai. »

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1. En 2010, il y a eu un grand changement à la ferme : une nouvelle étable avec un robot de traite.

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2. Le pulvérisateur est équipé lui aussi d’un ordinateur, qui permet de varier les taux d’application. 3. Les ordinateurs sont bien présents à la ferme Ronier. Ils aident les propriétaires à être plus précis et, par le fait même, rendent les investissements plus rentables. 4. Fini le temps où l’on pouvait démarrer en agriculture avec une paire de pinces et du fil de fer. En 2015, c’est le téléphone intelligent qui assure l’équilibre des travaux. Jean-Nil Fournier a eu l’appui de son père, Roger, pour moderniser l’entreprise.

Appuyé par l’ordinateur de son tracteur Fendt et par celui installé sur son pulvérisateur, Jean-Nil a commencé à appliquer des pesticides à doses variables. En 2015, les Fournier ont utilisé les services d’un hélicoptère pour appliquer des pesticides sur le canola. Une intervention qui a fasciné toute l’équipe. Ces opérations ont elles aussi un but économique. La renta­bilité est incontournable. Ouvert à de nouveaux moyens d’établir l’efficience de ses investissements, Jean-Nil Fournier a implanté Agriscan (un logiciel d’analyse des coûts de production) dans son système informatique. Toutes ces nouveautés exigent de bonnes connaissances et donneraient un mal de tête lancinant à beaucoup. Pour le principal concerné, c’est une suite aux nombreux changements technologiques que la ferme a subis. « Je crois que c’est la nouvelle façon de gérer une ferme, dit-il. Avec tous ces nouveaux outils, je dois m’adapter. Je sais que je ne peux pas être expert en tout. Les champs de compétence sont trop larges. Quand je suis sorti de l’école, un cours de mécanique, c’était

un bon atout. Avec de bonnes pinces et de bonnes clés, on se débrouillait. Ce n’est plus ça. Un jeune qui étudie l’agriculture doit aussi savoir se débrouiller avec les ordinateurs. Ma job a changé. Aujourd’hui, je dois être capable d’évaluer le travail qui est fait chez nous, autant la soudure que les recommandations de nos agronomes. Dans mes champs, je mets ce que me dicte mon conseiller. Je dois m’assurer que ce qu’il me recommande sera la bonne affaire. » Grâce à de bons outils informatiques, les Fournier gèrent une ferme de 110 têtes et de 235 hectares à trois : Jean-Nil et son père, Roger, qui sont propriétaires de la ferme, ainsi que le frère de Roger, Raoul. Les actionnaires sont appuyés par leurs épouses : Raymonde Vignola (mère de Jean-Nil), enseignante à la retraite, et Isabelle Pelletier (conjointe de Jean-Nil), actuellement enseignante. Le couple Pelletier-Fournier a trois enfants : Jacob (11 ans), Aima (9 ans) et Xavier (7 ans). Une relève qui devrait baigner dans l’informatique. « Le nec plus ultra, c’est quand la technologie est au service du bon temps passé en famille », conclut Jean-Nil. COOPERATEUR.COOP – JANVIER 2016

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CHAULAGE

HÉLIPORTÉ D A N S

L E S

É R A B L I È R E S

TEXTE DE STÉPHANE PAYETTE, T.P.

Le service d’épandage par hélicoptère est né il y a deux ans, à la suite d’une demande d’acériculteurs et de la suggestion du conseiller agricole Joël Boutin. « Traditionnellement, les applications de chaux se faisaient par voie terrestre, explique la coordonnatrice de ce service, l’agronome Isabelle Bourque. Cela impliquait énormément de manipulation de tuyaux et beaucoup de machinerie. En plus de devoir faire des chemins d’accès à l’intérieur de l’érablière pour faciliter le passage de cette machinerie, on abîmait les jeunes érables, la relève de demain, avec tout ce va-et-vient ! La demande nous a été présentée pour ces raisons. » Les avantages d’opter pour l’épandage par voie aérienne sont nombreux, selon Isabelle Bourque. « Le principal est l’uniformité. La dose recommandée est celle épandue ! Nous procédons à l’aide d’un système GPS [géolocalisation par satellite]. Les besoins en chaux d’une érablière sont rarement homogènes. Un secteur peut nécessiter une dose de 1,5 tonne l’acre, tandis qu’un autre, plus riche en éléments nutritifs, n’en nécessitera que 0,5 tonne. Grâce au GPS, nous pouvons nous adapter et appliquer une, deux ou même trois doses différentes à l’intérieur de la même érablière. La précision d’application fait également partie des avantages. Les jeunes

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repousses ne sont aucunement piétinées. C’est impossible de faire tout ça avec des tracteurs et de la tuyauterie. » Les étapes précédant l’envol de l’hélicoptère sont importantes et simples. Les acériculteurs doivent d’abord faire faire un diagnostic de leur érablière par un conseiller forestier, qui confirmera, après des analyses de sols et des observations sur le terrain, que l’érablière a un réel besoin de chaux. Après l’appel d’un client, Isabelle Bourque procède au repérage : elle détermine la superficie de l’érablière avec des points de référence GPS, qu’elle transmet à l’équipe d’Héli-Mistral. Le pilote entre les coordonnées dans l’ordinateur de l’hélicoptère et procède à l’épandage. Lorsque les équipements au sol sont placés de façon optimale et près de l’érablière, on peut épandre 50 tonnes métriques de chaux par jour. Grâce à l’épandage héliporté, le temps requis pour corriger le pH d’une érablière passe de quelques jours à quelques heures – une économie de temps appréciable. « C’est de quatre à cinq fois plus rapide que l’application au sol », estime Isabelle. Un autre avantage majeur est la capacité de couvrir tous les types de terrain. Le sol que foulent les acériculteurs n’est pas uniforme, et parfois les pentes sont abruptes. « Avec l’hélicoptère, nous pouvons aller

PHOTOS : ISABELLE BOURQUE

GUIDÉ PAR ISABELLE BOURQUE, CONSEILLÈRE EN ENVIRONNEMENT SPÉCIALISÉE EN CHAULAGE D’ÉRABLIÈRE AU CENTRE DE SERVICES QUÉBEC–CHAUDIÈRE-APPALACHES (CSQCA), LE PERSONNEL DE L’ENTREPRISE HÉLI-MISTRAL SAUPOUDRE DES MILLIERS DE GRANULES DE CHAUX SUR LES ÉRABLIÈRES QUÉBÉCOISES.

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PHOTOS : ISABELLE BOURQUE

1 partout. Parfois, c’est la seule option pour appliquer des produits », soutient Isabelle. Les produits utilisés dans les sucreries ne se limitent pas à la chaux. « Nous pouvons également appliquer des engrais minéraux, et ce, même à des doses aussi basses que 125 kg/ha, dit Isabelle. Au fil des années, nous avons acquis une grande expertise dans l’arrosage et l’épandage à dose réduite. Du côté agricole, nous faisons principa­lement de l’arrosage aérien de fongicides, de l’application d’engrais à la volée et de semences intercalaires. Pour le volet forestier, nous faisons le transport de sapins de Noël et, évidemment, l’épandage de chaux dans les érablières. » Les applications aériennes de chaux ont débuté à l’automne 2014. Les principaux objectifs du chaulage sont d’assurer une meilleure fertilité du sol, d’améliorer à long terme la vigueur des érables à sucre, de favoriser la régénération de celles-ci, de même que de limiter la progression du hêtre. « En augmentant l’alcalinité des érablières, nous offrons de meilleures conditions de croissance, déclare Isabelle. Normalement, il faut quatre à cinq ans pour constater des résultats concrets. Le pilote nous dit souvent que, du haut des airs, il peut voir assez aisément les érablières qui ont reçu de la chaux au cours de la dernière décennie. Changement de couleur, vigueur des arbres et densité des petits érables sont bien visibles. » Le camp de base de l’équipe chapeautée par Isabelle est situé à Saint-Anselme, dans la région de Bellechasse. Par contre, son terrain de jeu s’étend à l’ensemble du Québec. « Oui, nous allons partout, tant dans les Laurentides que dans le secteur de la Gaspésie, précise Isabelle. D’abord, je me rends dans la région que nous avons à traiter, afin de m’assurer que nous avons l’espace pour déployer le matériel et que l’hélico aura une bonne zone pour décoller. Une fois que c’est fait, j’envoie le signal à Héli-Mistral, et l’équipe prépare

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1. Le CSQCA offre un service d’épandage de chaux par hélicoptère par l’intermédiaire de l’entreprise Héli-Mistral, qui peut en appliquer 50 tonnes métriques par jour. 2 et 3. Les jeunes érables ne risquent pas d’être piétinés par les tracteurs et les tuyaux grâce à la méthode offerte par le CSQCA.

son matériel pour venir me rejoindre. Il ne me reste qu’à commander la chaux granulaire calcique. » On peut dire que le service offert en exclusivité par le CSQCA a le vent dans les pales ! Les premières expériences donnent déjà de bons signes. En plus, le coût est abordable. « Nos coûts sont établis en fonction du tonnage voulu et de l’endroit où est située l’érablière, dit Isabelle. C’est un service clés en main, tout étant pris en charge par notre équipe. Nous avons une grande confiance en notre produit. COOPERATEUR.COOP – JANVIER 2016

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FERME UNETELLE 00/00/00

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ENDETTEMENT

TAUX D’ENDETTEMENT

DES FERMES DIFFÉRENT SELON LE SECTEUR TEXTE D’YVON BOUDREAU, ÉCONOMISTE, M. SC.

L’ANALYSE DES COMPOSANTES DU TAUX D’ENDETTEMENT DES FERMES DU QUÉBEC, QUI REFLÈTE LA CAPACITÉ DES ACTIFS À GÉNÉRER DES REVENUS ET À REMBOURSER LES EMPRUNTS NÉCESSAIRES POUR LEUR ACQUISITION, PERMET DE METTRE EN CONTEXTE DES PARTICULARITÉS PROPRES À CERTAINS SECTEURS.

2. À titre d’information, les données de l’Enquête financière sur les fermes portent sur les revenus et les dépenses monétaires agricoles. Elles ne comportent pas de résultats à l’égard de la dépense au titre de l’amortissement.

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la dette contractée pour l’acquisition d’un actif dont la valeur marchande ne se déprécie pas ou augmente.

LES COMPOSANTES DU TAUX D’ENDETTEMENT1 L’examen des composantes sous-jacentes du taux d’endettement permet d’en savoir un peu plus sur les différents taux d’endet­ tement sectoriels. En effet, le taux d’endettement découle des décisions d’entreprise relatives à l’achat des actifs requis pour la production, des emprunts contractés à cette fin et de la durée de leur remboursement. Ainsi que la figure 2 l’illustre, le taux d’endettement reflète en quelque sorte la relation entre les revenus bruts engen­ drés par les actifs de production (A), les revenus monétaires nets2 dégagés à partir de ces revenus bruts (B), de même que le poids que représente le passif à rembourser par rapport à ces bénéfices (C). Autre­ ment dit, la capacité de l’actif à générer des bénéfices et le nombre « théorique » d’années requises pour rembourser le solde de la dette à l’aide de ces bénéfices sont les éléments sous-jacents du taux d’endettement.

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PHOTO : INGIMAGE

1. Ces éléments ont déjà été présentés dans un article publié précédemment dans la revue Le Coopérateur agricole (numéro de novembre-décembre 2013).

Mesuré par le passif en proportion de l’actif à la valeur marchande, le taux d’endettement des fermes se chiffrait à 26 % en 2013, selon les plus récentes données de l’Enquête financière sur les fermes (EFF). Ce résultat n’est pas nécessairement repré­ sentatif de chacun des secteurs de produc­ tion. En effet, d’un secteur à l’autre, le taux d’endettement moyen des entreprises se situe dans une fourchette qui va de 20 à 40 % (voir figure 1). Les résultats révèlent également que, au Québec, dans la plupart des grands secteurs de production, le taux d’endettement au cours des récentes années a été comparable ou inférieur à ce qu’il était durant la deux­ ième moitié des années 2000. Plusieurs facteurs sont susceptibles d’expliquer les écarts entre les secteurs. Le taux d’endettement peut notamment varier suivant l’importance qu’occupent les actifs dont la valeur peut se mainte­ nir ou s’apprécier (comme les quotas et le fonds de terre) comparativement à ceux qui se déprécient avec les années (tels que la machinerie, l’équipement et certains types de bâtiments). En outre, le taux d’endet­ tement diminue plus rapidement au fur et à mesure qu’une entreprise rembourse


Figure 1 TAUX D’ENDETTEMENT DES FERMES DU QUÉBEC, SELON LE SECTEUR DE PRODUCTION 50 % 45 %

Moyenne de 2005 à 2010*

45

Moyenne de 2011 et de 2013

40

40 % 35 %

30

30 %

30

30

29

29

28

27 24

25 %

24

27

26 23

22

20

20 %

21

27

23 19

15 % 10 % 5% 0% Porcs

Lait

Serres, pépinières et floriculture

Fruits

Bovins

* À titre d’information, les résultats de l’EFF pour les années de 2005 à 2010 concernent les entreprises enregistrant des revenus bruts de 10 000 $ ou plus, comparativement à 25 000 $ ou plus pour les années 2011 et 2013.

Pommes de terre

Légumes

Volaille et oeufs

Céréales et oléagineux

Ensemble du secteur agricole

Source : Statistique Canada, CANSIM, tableaux 002-0072 et 002-0065, « Enquête financière sur les fermes, structure financière selon les types d’exploitations »; compilation du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ).

Figure 2 SCHÉMA DES COMPOSANTES DU TAUX D’ENDETTEMENT – ENSEMBLE DU SECTEUR AGRICOLE, MOYENNES DE 2011 ET DE 2013 Taux d’endettement Passif Actif 27 %

= =

(A)

Revenu brut

=

Actif 20 %

x x

(B)

Revenu monétaire net

x

Revenu brut 19 %

x x x

(C)

Passif Revenu monétaire net 7 « années »

Source : Statistique Canada, CANSIM, tableau 002-0072, « Enquête financière sur les fermes, structure financière selon les types d’exploitations »; compilation du MAPAQ.

PHOTO : INGIMAGE

ANALYSE COMPARATIVE DES RATIOS Ce sont les secteurs des serres, des pépinières et de la floriculture, du porc et des légumes qui génèrent le plus de revenu brut par dollar de valeur marchande d’actif. Les entreprises visées par l’EFF dans ces secteurs enregistrent, en moyenne, des revenus bruts totaux équivalant à 40 % ou plus de l’actif (voir figure 3, en page 46). En comparaison de l’ensemble du secteur agricole au Québec, l’actif dans les secteurs du lait et des céréales et oléagineux engendre moins de revenu brut total au regard de sa valeur marchande. Notons qu’il s’agit de deux secteurs où la valeur marchande d’une part importante des actifs (tels les quotas et les terres) n’a pas diminué ou s’est appréciée au cours des récentes années. Si le secteur du lait et celui des céréales et oléagineux produisent moins de revenu brut par dollar d’actif, c’est par contre dans

les mêmes secteurs que les entreprises ont, en moyenne, dégagé la plus grande marge de revenu monétaire net en proportion de ce revenu brut (voir figure 4, en page 47). C’est principalement dans des secteurs liés aux productions végétales que le passif est le moins élevé au regard du revenu monétaire net des fermes (voir figure 5). Par ailleurs, bien que le poids de la dette au regard du revenu monétaire net soit le plus élevé dans les secteurs bovin et porcin, il a néanmoins diminué depuis le tournant des années 2010. L’on notera d’ailleurs que, dans la majorité des secteurs, le poids de la dette est demeuré comparable ou a enregistré une baisse comparativement à la deuxième moitié des années 2000.

MISE EN CONTEXTE DES OBSERVATIONS Les ratios décrivant la capacité des actifs à générer des bénéfices et à supporter le poids de la dette révèlent une amélioration COOPERATEUR.COOP – JANVIER 2016

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dans bon nombre de secteurs de production au cours des dernières années. Certains éléments complémentaires doivent néanmoins être mis en perspective. Depuis le tournant des années 2010, les conditions de marché ont été plus favorables à la rentabilité des entreprises dans plusieurs secteurs. Par exemple, les prix consentis aux producteurs ont connu des sommets exceptionnels dans le secteur des céréales, où ils ont atteint en moyenne près de 270 $ la tonne dans le cas du maïs récolté au Québec en 2011 et en 2012. Quant aux prix versés aux éleveurs, ils ont culminé à des niveaux sans précédent, et ce, après la période analysée de 2011 et de 2013. Ce fut le cas en 2014 pour le porc, alors que le sommet historique s’est poursuivi en 2015 pour ce qui est des bovins. Ces sommets de prix aux éleveurs ont de plus coïncidé avec la fin de la flambée du coût des grains destinés à l’alimentation animale.

Sans minimiser la portée d’une conjoncture avantageuse, le taux d’endettement reflète des décisions de gestion qui sont déterminantes pour la rentabilité à long terme d’une entreprise. À cet égard, une conjoncture favorable sur le plan des revenus ainsi que de faibles taux d’intérêt ne doivent pas faire oublier l’importance d’une gestion responsable de la dette. De telles conditions peuvent d’ailleurs offrir à une entreprise l’occasion d’en accélérer le remboursement. Elle pourra ainsi réduire le risque qu’elle encourt à l’égard d’une remontée des taux d’intérêt, facteur à prendre en considération lorsqu’il est question d’un financement qui porte sur 10 ou 15 ans. Elle pourra également accroître sa marge de manœuvre au cas où, justement, se présenterait une conjoncture moins favorable au chapitre des revenus.

Figure 3 RATIO A : REVENU BRUT TOTAL EN PROPORTION DE L’ACTIF – ENTREPRISES DU QUÉBEC 60 %

56 Moyenne de 2005 à 2010

50%

45

40 %

42

41

Moyenne de 2011 et de 2013

44 40 33

33

30%

31

27

25

24

23

23

20 %

21 16

16

16

20

14

10 % 0% Serres, pépinières et floriculture

Porcs

Légumes

Pommes de terre

Fruits

Bovins

Volaille et oeufs

Lait

Céréales et Ensemble oléagineux du secteur agricole

Source : Statistique Canada, CANSIM, tableaux 002-0072 et 002-0065, « Enquête financière sur les fermes, structure financière selon les types d’exploitations »; compilation du MAPAQ.

L’auteur

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Yvon Boudreau, économiste, M. Sc. Direction des études et des perspectives économiques Ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation

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Figure 4 RATIO B : REVENU MONÉTAIRE NET EN PROPORTION DU REVENU BRUT TOTAL – ENTREPRISES DU QUÉBEC 30 % 26 25 %

Moyenne de 2005 à 2010 Moyenne de 2011 et de 2013

25 21

21 20 %

19

19 18 16

16

15 %

16 14

13

13

13

14

13 11

10 %

10

9

8

5%

0% Lait

Céréales et Pommes de oléagineux terre

Volaille et oeufs

Fruits

Serres, pépinières et floriculture

Légumes

Bovins

Porcs

Ensemble du secteur agricole

Source : Statistique Canada, CANSIM, tableaux 002-0072 et 002-0065, « Enquête financière sur les fermes, structure financière selon les types d’exploitations »; compilation du MAPAQ.

Figure 5 RATIO C : PASSIF PAR DOLLAR DE REVENU MONÉTAIRE NET – ENTREPRISES DU QUÉBEC

16 Moyenne de 2005 à 2010

14

13,0

Moyenne de 2011 et de 2013

12 10,5 10 8 6 4

9,4

9,0 7,3

6,7 6,4 5,2 3,7

4,1 4,3

5,6

9,9

7,2 7,5

7,3 7,0

5,7 4,3

4,1

2 0 Pommes de terre

Légumes

Serres, Volaille et pépinières oeufs et floriculture

Céréales et oléagineux

Fruits

Lait

Bovins

Porcs

Ensemble du secteur agricole

MÉTHODOLOGIE DE L’ENQUÊTE FINANCIÈRE SUR LES FERMES Réalisée par Statistique Canada, l’enquête s’appuie sur un échantillon de 10 000 fermes à l’échelle canadienne et brosse notamment un portrait financier des fermes qui enregistrent des revenus bruts de 25 000 $ ou plus. Cette enquête est désormais biennale depuis 2013, après avoir été effectuée annuellement jusqu’en 2011. La parution des prochains résultats, portant sur l’année 2015, est attendue au début de 2017. De plus, le revenu brut et le revenu monétaire net utilisés dans cette analyse comprennent les paiements obtenus en vertu de programmes tels que l’assurance récolte, l’assurance stabilisation des revenus agricoles et Agri-stabilité.

PHOTO : INGIMAGE

Source : Statistique Canada, CANSIM, tableaux 002-0072 et 002-0065, « Enquête financière sur les fermes, structure financière selon les types d’exploitations »; compilation du MAPAQ.

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GESTION

PAS DE RELÈVE – QUE FAIRE ?

ÉCONOMIE

LA VALEUR DES TERRES STAGNE DANS LE MIDWEST AMÉRICAIN La branche agricole de l’Association des banquiers américains a tenu sa conférence annuelle sur l’économie agroalimentaire en octobre, à Kansas City. L’évènement rassemble des représentants de plusieurs centaines de petites institutions financières, actives pour la plupart en milieu rural. Leurs prêts étant majoritairement orientés vers les grandes cultures, on se doutera que l’enthousiasme y était moindre qu’au cours des années précédentes. Le ton des discussions était marqué par la prudence et la retenue. Bien qu’on soit loin de la catastrophe économique du début des années 1980, il faut dire qu’au cours des derniers mois la valeur des terres agricoles a légère-­ ment diminué en Iowa et a stagné globalement dans les États du Midwest.

WEB

Mégadonnées agricoles : les représentants du Congrès américain soucieux des agriculteurs

Le 28 octobre dernier, les membres du Comité de l’agriculture de la Chambre des représentants, aux États-Unis, ont réuni cinq experts chevronnés du monde de l’agriculture. Ils désiraient comprendre la révolution des « mégadonnées » et ses impacts sur l’agriculture américaine. Du président de Climate Corp. à l’avocat spécialisé en agriculture, tous ont tenté d’éclairer les représentants du Congrès sur cette révolution. Plusieurs questions sont restées sans réponse quant à la propriété des données des producteurs, la manipulation des marchés, les lois protégeant les producteurs ainsi que la liberté des producteurs de choisir un fournisseur, et surtout d’en changer tout simplement. À n’en pas douter, le producteur est au centre des discussions aux États-Unis, et l’on veut qu’il ait sa juste part des bénéfices. Conformément aux politiques américaines, on favorise la participation volontaire de l’industrie à la législation contraignante. Reste à voir comment se positionneront nos parlementaires de ce côté-ci de la frontière. À suivre !

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WEB

APPORTEZ LE NUMÉRIQUE AVEC VOUS Beaucoup ont le privilège d’avoir accès à Internet haute vitesse, mais ce n’est pas le cas de tous. Le 14 février 2015, le site Web lesaffaires.com publiait une carte de la couverture Internet partout au Québec – permettant de voir les zones laissées pour compte. Si vous habitez dans une de ces zones pour vous soutenir dans la gestion de votre production, sachez que des options s’offrent à vous. Vous pourriez avoir accès à un réseau de données cellulaires, mais c’est souvent coûteux si vous avez plusieurs emplacements à brancher – étable, maison, tracteur, capteurs de rendements, etc. –, car on vend d’ordinaire un forfait cellulaire par équipement. Ce qu’on ne vous dit pas, c’est qu’il est possible de convertir le signal cellulaire en signal Wi-Fi à l’aide d’appareils de type « mobile hotspot » (point d’accès mobile). Une fois le signal converti, il est possible d’étendre sa portée (plus ou moins 180 m à l’extérieur) à l’aide d’appareils de type « répéteur Wi-Fi », pouvant aller jusqu’à deux kilomètres. Vous voilà donc branché, partout sur votre propriété. Si vous cherchez une formule plus simple, certaines entreprises offrent des produits spécialisés pour le monde agricole utilisant les mêmes principes, afin que vous ayez accès au numérique partout chez vous. (www.lesaffaires.com/techno/internet/ une-cartographie-de-l-acces-a-internethaute-vitesse/576202)

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Vous êtes propriétaire d’une ferme et vous voyez venir la soixantaine avec une certaine inquiétude. N’ayant pas de relève parmi vos enfants, vous vous demandez ce que vous allez faire de votre entreprise. Voici comment procéder, en trois étapes. 1) Préciser et clarifier les nouveaux projets de vie – Pour vous séparer de votre entreprise, il faut penser à de nouveaux projets de vie. Plus vous imaginerez un avenir heureux sans la ferme, plus vous serez prêt à faire des gestes concrets. Cette préparation est importante. 2) Analyser la situation actuelle et élaborer des scénarios – C’est à cette étape que se greffe une équipe de professionnels agissant en complémentarité avec la conseillère en transfert d’entreprise du CRÉA (Centre régional d’établissement en agriculture) : un agronome en gestion établit les forces de l’entreprise et son potentiel d’amélioration, et fait l’évaluation des actifs à la valeur marchande. Un fiscaliste estime l’impact d’une transaction impliquant un transfert ou un démantèlement. Il restera à établir, notamment, le prix de vente et les conditions du transfert, le fait de garder ou non la résidence, de travailler ou non à la ferme. 3) Rechercher une relève – Définir le profil de la relève recherchée : expérience, formation, mise de fonds, délai, compétences, etc. Utilisez vos réseaux de contacts pour faire connaître votre intention d’intégrer une relève. Il faut parfois plus d’un essai pour trouver la personne idéale. Pour plus d’informations, consultez l’article plus complet à l’adresse suivante : www.cooperateur.coop/fr/flash/pas-de-releve-que-faire. Une conseillère du CRÉA peut aussi vous aider à ne rien oublier et à faire les bons gestes au bon moment. (www.lescrea.com)


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Il faut saluer les efforts titanesques déployés par les négociateurs canadiens pour résister à la pression des envahisseurs : la NouvelleZélande et les États-Unis.

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ministres du Commerce des pays membres du Partenariat transpacifique (PTP) sont parvenus à un accord au petit matin, dans un hôtel du centre-ville d’Atlanta. On sera nombreux à se rappeler ce qu’on faisait en apprenant la nouvelle ce matin-là. Des observateurs externes à l’industrie agroalimentaire se sont demandé pourquoi on a si peu parlé de l’importance capitale du PTP pour les secteurs porcin et bovin dans les jours précédant sa conclusion. Ces secteurs auraient sévèrement pâti de la perte d’un accès concurrentiel à des marchés cruciaux. Or ils n’ont jamais été à risque, puisque l’éventualité d’un PTP sans Canada n’a jamais été évoquée. On a parlé de la gestion de l’offre, toutefois. Pendant que son avenir se jouait peut-être à huis clos à Atlanta, on faisait son procès en sol canadien. En même temps, au sein de la communauté laitière, l’impact du PTP imminent est des plus évident. Couplé à la baisse du prix du lait de la dernière année, tout le buzz entourant le PTP mène à une hausse substantielle – qui s’avèrera momentanée – de l’offre de quota. Et retombe la poussière. Un constat s’impose : la pression qui s’exerçait sur notre marché laitier était si forte que les 3,25 % ont de paradoxales allures de victoire. Il faut saluer les efforts titanesques déployés par les négociateurs canadiens pour résister à la pression des envahisseurs : la Nouvelle-Zélande et les États-Unis. La frustration ouvertement manifestée par le ministre néozélandais du Commerce à la suite du PTP en dit long.

Malgré le resserrement inévitable, une proportion impressionnante d’entrepreneurs laitiers affirment leur volonté de croissance. Ils expriment cette confiance en l’avenir en toute conscience de la relative précarité de la protection frontalière quant aux produits innovants qui entrent dans la fabrication de produits laitiers. On se fait à l’idée : l’impact sur le prix du lait, et conséquemment sur les marges, est structurel. « S’il avait été si facile de fermer la frontière au lait diafiltré, pourquoi est-ce que ça n’a pas été fait le 5 octobre, par un gouvernement conservateur alors en situation électorale périlleuse ? » philosophent certains. Une nouvelle conclusion s’impose : les 3,25 % sont un autre caillou dans le soulier, certes. Mais leur poids est relatif en regard de l’enjeu des ingrédients. La filière laitière canadienne trime dur pour s’adapter à des avancées technologiques qui, par définition, se poursuivront. La prudence s’impose à ceux qui, s’appuyant sur les nébuleuses déclarations de Hillary Clinton, seraient tentés de croire que le PTP pourrait ne pas être ratifié. Mme Clinton sera candidate démocrate à la présidence. À plus forte raison si les républicains lui font le cadeau de lui opposer l’inqualifiable Donald Trump, elle sera dans un an la première présidente des États-Unis. Quoi qu’elle dise présentement sur le PTP, elle travaillera ultimement en faveur de sa ratification. Un réputé analyste du secteur agroalimentaire québécois (il se reconnaîtra) confiait récemment que la course au position­nement commercial en Asie du Sud-Est s’apparente à la course à la Lune des années 1960. À la dif­ férence près qu’elle oppose les États-Unis et la Chine. Avec le PTP, les États-Unis ont pris les devants. M me Clinton ne va pas s’autopelure-de-bananiser. D’ici deux ans, le PTP sera ratifié. À ce moment-là, les meilleurs entrepreneurs dans les secteurs sous gestion de l’offre auront encore le pied à fond sur l’accélérateur. Et ils seront bien avisés d’agir ainsi, dans la mesure où ils sont prêts à faire ce qu’ils font depuis des décennies : s’adapter à un environnement changeant.

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