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le magazine qui n’en est pas un néo

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nature contrenature

juilletdeuxmilletreize

1 0 n°

durable

renaissance

design bio softfood mensonges


EDITO 1OO % VRAI

ET VRAI FAUX MAGAZINE

BEAUDOUY

DORDOGNE


Numéro 10 déjà! Ce numéro ne sera ni pire ni meilleur que les précédents, mais toujours aussi libre et toujours à l’affût d’idées nouvelles, de nouvelles initiatives collectives ou individuelles. A l’image de cette série d’articles qui alimenteront les pages de ce nouveau numéro sur le thème de ” nature/contrenature”. C’est à l’initiative d’un groupe de lecture de la bibliothéque freudienne de Limoges que vous cheminerez vers des concepts nouveaux, des paradigmes nécessaires à la compréhension de notre monde sans perdre notre ton impertinent et décalé que nous aimons par dessus tout. Bonne lecture.

P o u r c e n u m é r o 1 0 l e s c r é d i ts p h o to s s o n t : I r w i n O l a f. M i c h a l K a r c z .

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ON NOUS MENT On nous ment! Hommes politiques, partis, médias, religions, publicité. Dans quel but? Nous maintenir dans un état de dépendance infantile, de peur permanente. Alors on nous fait croire que les vieux ont toujours été vieux. Que les princes charmants embrassent les belles endormies sans mettre la langue. Qu’en gros l’Allemagne aurait dû gagner la seconde guerre mondiale. Que les super héros défendent la veuve et l’orphelin alors qu’ils ne sauvent que les présidents américains qui se scratchent avec Air Force One. Que le mouvement gay et lesbien avec le mariage pour tous nous obligerait à ne porter que du rose. Que tous les musulmans ont leur carte de fidélité chez Casto, histoire de s’équiper en outils et matériaux et finir en feu d’artifice au pied de la Caisse d’Allocations Familiales de St Denis. Que les ouvriers n’existent plus qu’en Chine ou au Bangladesh, histoire de dire que ça ne sert à rien de se bouger car avec son grand écran plasma et son SUV devant le pavillon à crédit on n’est pas si mal lotis que ça au final. Que le camembert est forcément fabriqué à la louche avec du bon lait de vaches qui broutent de la vraie herbe et élevées par un agriculteur qui a trouvé l’amour dans le pré avec M6. Que la vie d’un employé chez Virgin est moins importante que l’acquisition d’un ipad ou d’un iphone bradé. Que la télévision grecque coûte trop chère car elle est publique. Que chaque français a toujours sous la main un “bon p’tit producteur ou un bon p’tit vin“ et pourtant 70 % de ce qu’il avale est parfumé avec 26 pesticides en moyenne, ce qui fait de lui le consommateur champion du monde du genre. Que quand il est 20h en fait il est 18h mais qu’il faut régler sa montre à 21h. Que tous les dieux sont amour, que le FN c’est pas pire qu’autre chose, que pour trouver du boulot il faut être bac+7 avec option serbo-croate car on ne sait jamais. Que... marc jakobiec



Julien Betan et Raphael Colson Il est arrivé d’Haïti (occupé par les Américains de 1915 à 1934) aux Etats-Unis comme une chose exotique qui faisait frissonner. A l’époque, la grande peur était d’être zombifié soi-même, privé de son libre arbitre. L’image du zombie, comme celle d’Haïti, était liée à la magie noire, la sauvagerie et l’esclavage. Pendant la Deuxième Guerre mondiale, dans les films américains, des armées de morts-vivants étaient créés par des savants fous sous l’ordre des nazis. Lors de la Guerre froide, c’est la peur de l’autre, de l’inconnu, de ne pas connaître son voisin, qui est incarnée par les zombies. Puis Romero arrive à partir de 1968, et il change les règles. Son zombie, plus lent, moins agressif, servait de support à un discours de critique sociale des inégalités. Les créatures n’ont plus de maîtres, on ne sait pas d’où ils viennent, ils ne sortent plus de terre et deviennent cannibales et contagieux. En modifiant le zombie, Romero modifie la peur qu’il véhicule. Le genre s’étend en Europe aussi, où les Espagnols et les Italiens notamment l’utilisent comme moyen de critiquer leur société et leur gouvernement. Et aujourd’hui, que dit le zombie de l’époque ? Aujourd’hui, plus que tout il caractérise la peur de tout perdre : ce qu’on possède, la civilisation, le contrôle de nous-même… Les films s’intéressent désormais davantage aux survivants et à leur tentative de reconstruire quelque chose après l’invasion. Les rescapés créent soit une utopie soit une dystopie : c’est le principe des derniers civilisés contre les nouveaux barbares, avec le zombie comme troisième acteur. A partir des années 2000, les zombies deviennent des infectés qui courent et sont plus agressifs : ils sont encore une fois dans l’air du temps, à l’époque de la grippe aviaire, de la vache folle et d’un monde qui s’accélère. La figure du zombie est actuellement très utilisée, voire récupérée, et autour d’elle se créent de véritables mouvements. Une certaine extrême-droite américaine survivaliste prend l’exemple d’une invasion de morts-vivants pour inciter à se construire des abris, des bunkers… Les zombies se prêtent bien à leur imaginaire post-apocalyptique. Il y a aussi des campagnes de communication qui s’appuient sur l’invasion comme une métaphore des catastrophes naturelles qui peuvent survenir. Les conseils en cas d’attaque zombie valent en effet aussi pour les ouragans, les tremblements de terre ou les tsunamis. Pendant la Guerre Froide on avait peur des radiations, des mutants. Maintenant, la crainte de la pandémie a pris le relais. Il suffit de constater le succès de la dernière méga production. World War Z.

LES ZOMBIES, UNE IDEE BIEN VIVANTE!

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auX leGuMes cItOYeNs 100 % BIO MaraIchaGe

marc jakobiec Aux légumes citoyens fait penser immanquablement au slogan d’une époque où valeurs, idées et progrès ont donné naissance à une société différente. Mais ce ”Aux légumes citoyens” là, évoque à la fois, la force d’une revendication; la légèreté et l’humour nécessaires afin de prendre en main de nouvelles pratiques alimentaires. L’idée d’aborder la production en maraîchage bio n’est plus une idée en l’air. C’est une idée effective dans l’air du temps, dans les médias et dans les cartons des politiques qui commence à s’enraciner fortement dans les esprits et dans la manière de produire et de consommer différemment les produits que l’on mange au quotidien. Si à une époque pas si lointaine ces nouvelles pratiques de cultures respectueuses des sols et des saisons faisaient sourire, c’est une autre réalité qui se fait jour avec l’installation de plus en plus importante de ces nouveaux paysans dans le sens noble du terme. Il ne s’agit pas de reprendre une longue tradition d’agriculture ou d’élevage de père en fils mais bien d’une prise de conscience de nombreux citadins ou d’anciens agriculteurs convaincus de la nécessité de changer, ce qui va devenir vital pour notre planète, en changeant radicalement d’attitude et d’habitude de consommation. C’est de ce constat qu’est né la nouvelle aventure entreprise par Bénédicte soutenue par son mari Bernard. Bénédicte Delloye, originaire de Bruxelles après avoir été consultante de nombreuses années auprès d’importantes sociétés ou d’institutions sur les problèmes environnementaux a décidé de franchir le pas en se créant les conditions d’une nouvelle vie avec un enjeu majeur: mieux nourrir ses contemporains. A une échelle modeste certes pour ses débuts, elle n’a pas envisagé un seul instant ce retour à la nature et à la terre de façon cool en référence aux années 70. C’est par le biais d’une formation intensive à la ferme St Marthe en Sologne, de l’acquisition d’un bien immobilier et de quelques hectares que Bénédicte compte produire ces prochaines années un volume conséquent de légumes bio. Remettre au goût du jour des légumes anciens ou oubliés, planifier strictement ses plantations, le tout accompagné de pratiques anciennes mises au placard par la génération de paysans d’après-guerre formatés à la modernité de l’époque (cuisine formica+pesticides issus des stocks de l’armée américaine+gros tracteurs provenant des usines d’armement) ou par la mise en pratique de techniques inventées ou réinventées par les pionniers de l’agriculture bio (Pierre Rabhi, Philippe Desbrosses, Lydia et Claude Bourguignon, M. Antoniets en Ukraine...). Le pari est de taille, vivre de sa production et mieux faire vivre les autres. Voilà qui est un acte véritablement citoyen car ces légumes produits dans le respect d’un équilibre donne tout son sens à la responsabilité que l’on a vis à vis des autres et de leur santé. Pour Bénédicte et tant d’autres la tâche est importante puisqu’elle détermine cette activité comme un véritable acte politique revendiqué et assumé.

Aux légumes citoyens. Le Maine 24164 Excideuil. Dordogne. Tél: 05 53 62 55 24. bdelloye@gmail.com

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A une époque peu éloignée (la fin du XXème siècle) lorsque j’officiais dans les agences ou mastodontes de la communication, j’étais toujours très étonné que les bonnes idées ne franchissent que rarement le premier jet et que souvent il faille ajuster ceci ou cela, retravailler une version avec telle ou telle couleur, pour voir. La raison réelle de ces tergiversations était économique. En effet il était plus intéressant de faire, défaire plusieurs fois ce qui paraissait évident tout simplement pour pouvoir facturer et encore facturer au client les prestations des agences en question. Donc c’était impressions à tout va, photocopieuses chauffées à blanc, fax au bord de l’explosion, appels téléphoniques incessants pour le moindre détail, coursiers au bord de l’épuisement à force d’aller-retour. Cette frénésie qui collait comme du double face à chacun des projets était l’inverse d’une gestion responsable et écologique. Sans compter toutes les maquettes et propositions qui s’accumulaient au fil des années dans les cartons, mais à cette époque bénie (pour beaucoup) le mot recyclage était synonyme de ringardise.

Comme souvent les clients se trouvaient confronter à des problématiques similaires, voire interchangeables il aurait été judicieux de faire quelques économies tant énergétiques que nerveuses. Mais non! L’intérêt économique prédominait. Aujourd’hui, je pratique le design recyclable. Une idée plaît au client mais au final ne l’achète pas pour de multiples raisons, je recycle l’idée et le propose plus tard à un autre client qui cette fois ravi repart avec une campagne, un logo, une proposition éditoriale clé en mains que son concurrent direct aurait pu diffuser. Ainsi je me préserve nerveusement, je pratique le slow design et épargne à la planète trop de résidus publicitaires. Saviez-vous que les plus gros pollueurs du monde sont les marques françaises de luxe comme Hermès ou Chanel. Les raisons en sont simples: Sans compter les masses de papier destinées à leur communication publicitaire de prestige, pour fabriquer des ceintures, des sacs et des chaussures, créer des fragrances de parfums et bien on détruit la forêt amazonienne en coupant les arbres pour y installer des pâturages pour les bovins, on pille systématiquement la flore pour en extraire les essences nécessaires à l’élaboration de parfums hors de prix. Une véritable hécatombe qui se chiffre en millions de tonnes de matières premières jamais remplacées. On casse le cycle naturel de la vie en ne respectant pas le principe de ce qui naît et qui meurt et qui donne naissance à la vie. Alors le recyclage graphique est à mettre au même niveau que celui de n’importe quel autre objet de consommation.

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E LL GN LI SI DE R GE FO AN CH Lille est une ville qui me tient à coeur, puisque c’est dans cette dernière que j’y ai fait mes études. Pour être plus précis à Roubaix où fut implantée l’une des toutes première école d’arts appliqués en province et ce à la fin des années 80. L’ENSAIT, Ecole Nationale Supérieure d’Arts et d’Industries Textile. Héritière d’une longue tradition du textile cette école avait surtout un département consacré à la création textile. Elle compléta son enseignement en arts appliqués avec la communication visuelle et l’architecture d’intérieure. Aujourd’hui on parle plus volontiers de design graphique ou d’espace. Quelques années plus tard avec l’acharnement des professeurs et le soutien de la Région et de la ville, renaissait en face de l’établissement un musée installé dans une ancienne piscine municipale datant des années 30 et tombée dans l’oubli. De cette dynamique naquirent d’autres lieux d’enseignement comme Le Fresnoy, studio national d’art contemporain et de nombreuses initiatives collectives ou individuelles souvent liés à la fameuse manifestation Lille 2000 qui se prolonge encore aujourd’hui avec des événements aux résonnances internationales. D’autres lieux comme la Condition Publique, la Maison Folie ou la Gare St Sauveur prouvent la vitalité de cette métropole en terme de créativité culturelle. Plus récemment en 2011, toujours à l’initiative de cette région et de cette ville, Design For Change est devenu une plateforme consacrée au design et permettant aux lauréats d’intervenir sur la cité d’une manière ou d’une autre pour l’amélioration des quartiers et du cadre de vie, des transports, des problématiques liées à l’environnement tout en privilégiant de nouvelles solutions. Les lauréates de l’édition 2012/ 2013, Violaine Bourgeois et Manon Rouaze, deux étudiantes suisses ont proposé de transformer les anciens bains publiques de la ville de Tourcoing en une installation aquaponique permettant à la fois l’élevage de poissons et de plantes aquatiques en circuit fermé. Nouvelle piste d’agriculture urbaine le lieu se prêtait parfaitement à l’accueil du public avec des cabines désormais pourvues de paniers et de sécateurs, puis on opére à une self pêche et une self cueillette, on pèse, on paye. Cette nouvelle réalisation prolongation naturelle de la vie urbaine en modifie les codes et introduit un nouveau mode de consommation raisonnée. Il faut espérer que ce type d’initiative donnera d’autres idées à d’autres villes en souffrance de projets novateurs. Culture, création, initiative citoyenne sont pour notre avenir des solutions viables et ne sont en rien une utopie de doux rêveurs...........

Dans un registre proche, il est bon de signaler et de mettre en avant le travail d’une équipe pédagogique très motivée dans un autre établissement se situant en Creuse, à la Souterraine au lycée Raymond Loewy avec la création d’un pôle design en Limousin et qui depuis 2012 a relevé le défi de former des étudiants avec un diplôme en arts appliqués éco-responsable. Ce cursus bac+4 a la volonté de former les futurs concepteurs en design d’objet, d’espace et graphique respectueux d’un développement doux du design avec des matériaux recyclables ou peu coûteux en énérgie, de leur réelle influence sociale et attentifs à l’environnement. Les années 80 ont été la chasse gardée des gourous de la pub accompagnant une croissance que l’on imaginait sans fin. Aujourd’hui les temps changent, les consciences s’éveillent à la problématique du durable en espérant qu’à leur tour ces futurs concepteurs ne deviennent pas les dictateurs d’une autre forme de pensée unique. Alors Design for Change ou ce DSAA sont des formules innovantes et dignes d’intérêt.

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Nature / contre-nature, la sagesse a-t-elle son rôle à jouer ? Estce la sagesse collective ou la sagesse individuelle, qui permet la définition d’un périmètre nature/contre-nature ? Entre le 30 juin 2012 et le 30 juin 2013, un groupe de travail composé de Anne-Gaëlle Burban, Hassan Makaremi, Emmanuelle BourPoitrinal, Isabelle Prudhomme, Yoann Murguet et Esfandiar Attaran, s’est donné pour objet d’entrer dans la problématique nature/contre-nature, via la production de plusieurs textes. Ainsi sans qu’il n’y ait d’enchaînement logique apparent et flirtant plutôt avec la spontanéité de l’association libre, émerge de ce corpus une étude aléatoire, mais non moins profonde. Ce florilège, à l’instar d’un journal de bord, est un essai collectif qui tente de cerner les enjeux sous-tendus par la dialectique nature/contre-nature susceptible d’intéresser aussi bien les psychanalystes, les anthropologues, les plasticiens, les poètes, les psychologues, les architectes, lesValeria ingénieurs, Lukyanova et autres curieux de l’histoire de l’humain. barbie humaine Hassan Makaremi est né à Chiraz en 1950, diplômé de et son alter ego masculin l’École Polytechnique de Téhéran et de l’École Centrale de Paris. Depuis 1983 il vit en France. Psychanalyste, chercheur à la Sorbonne, il est également peintre et calligraphe et a notamment présenté ses peintures et calligraphies en plus de 22 expositions aux Etats-Unis, en France, en Russie, à Cuba et au Maroc. Il a publié plus de 10 livres en français et en persan. Isabelle Prudhomme est née en Creuse en 1974. Membre de l’association La Bibliothèque Freudienne de Limoges pendant de nombreuses années, infirmière, puis psychologue clinicienne diplômée de l’Université Paris Descartes, elle travaille au CH psychiatrique Esquirol et au Point Jeunes Santé à Limoges. Anne-Gaëlle Burban est née à Orléans en 1976. Elle a fondé aGb, le saut créatif, une agence spécialisée dans l’impulsion, l’animation et le développement de projets innovants. Psychanalyste, elle pratique aussi les arts visuels et l’écriture. Elle a notamment publié son premier recueil de nouvelles intitulé « movimento» aux éditions de l’Attente. Esfandiar Attaran, informaticien, né en 1959 (Iran), a étudié à Paris VIII et travaille dans l’industrie pharmaceutique. Yoann Murguet est né en 1975 à Massy. Diplômé en sciences humaines à l’université de Poitiers. Infographiste, architecte DPLG, inscrit à l’ordre des architectes d’Iles de france. A vous de vous laisser surprendre tout au long des pages à venir. Quelque chose de la mort n’appartient qu’à l’homme. Yoann MURGUET Nature et contre-nature. Corps, symptômes et symbolisations. Isabelle PRUDHOMME

NATURE CONTRE-NATURE

Civilisation et contre-nature, que nous enseigne l’étude des limites ? Hassan MAKAREMI La sagesse sublime. Ce progrès, malgré nous. Le talent des petits pots. Anne-Gaëlle BURBAN

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Quelque chose de la mort n’appartient qu’à l’homme


Aborder la problématique de nature / contre-nature d’un point de vue psychanalytique, oblige à quelques détours utiles vers des notions universelles. Connues pour leurs simplicités, les notions de vivant, de nature, de naturel, de vie, d’âme… jetteront les bases de notre réflexion. Nous verrons que la problématique de nature / contre-nature, n’intéresse que l’homme, recouvrant les notions d’humanité et de sujet. Nous verrons aussi après l’avoir isolé, le rôle du langage humain autour de notre questionnement. Le vivant est-il en mouvement ? Peut-on dire de lui qu’il est immuable, transgressif, régi par des lois ? Le monde du vivant est-il un ou multiple ? Quel but a la Vie ? Les connaissances actuelles sous l’égide de la biologie et de la génétique, nous enseignent qu’un monde invisible nous gouverne. De la définition du vivant sous la loupe des savants, il en ressort d’être supporté par des organismes organisés, programmés, unis ou pluri cellulaires dotés d’une capacité de reproduction, dont le but semble être essentiellement la continuité de la vie de la cellule ou de l’organisme auquel elle participe. Mais le vivant a plusieurs échelles d’études, chacune d’elles permet d’en appréhender un versant. Que les études actuelles offrent la primauté à l’infiniment petit ou à l’infiniment grand pour aborder les problématiques du réel ne constitue pas la preuve que le paradigme positiviste soit le bon. L’étude des couches superficielles n’a pas le même impact sur l’épistémologie contemporaine. Cette question du vivant a depuis longtemps été abordée par l’homme, sous des aspects moins restrictifs et plus réflexifs. Chez Aristote, la vie est antérieure et en devenir par nature. On dépasse ici en complexité d’emblée les conclusions issues des sciences biologiques, le vivant se distingue du non vivant par sa qualité d’être animé. Est vivant ce qui est animé et par conséquent est non vivant ce qui ne l’est pas. Cette définition se lie étroitement à celle de l’âme : L’âme est l’acte premier d’un corps organisé. La notion d’âme chez Aristote n’appartient qu’au vivant, elle est souffle et structurante, on la retrouve dans le règne végétal, animal et humain, elle peut être végétative et/ou sensitive et/ou motrice et/ou intellective. L’âme végétative ne vise que la production d’elle-même et sa reproduction entendue comme perpétuation de l’espèce. L’âme sensitive permet d’avoir un ressenti des stimuli extérieurs. L’âme motrice permet à certains corps de se mouvoir. L’âme intellective intéresse l’homme et dépasse par sa complexité les autres typologies grâce à sa capacité de rationalisation. On peut en conclure chez Aristote, de toutes les âmes, quelles qu’elles soient, qu’elles sont animées par une poussée de réalisation d’inégale valeur optimisée selon l’appartenance au genre du corps dont elles ont possession. On dit du naturel qu’il va de soi, on entend par là qu’il est la marque d’un respect scrupuleux à l’ordonnancement d’un système. De cet état naturel propre à un système, on peut prédire ce qu’il en est et ce qu’il en sera. La faculté de

s’écarter du naturel est nulle si le système est par nature incapable de s’extraire de quelque manière que ce soit de la poussée qui le gouverne, s’il n’est pas doté d’un pouvoir de maîtrise, d’une conscience et d’un savoir. Il devient dès lors inintelligible, la marque du réel. La prédiction n’équivaut pas à la connaissance toute entière, elle n’est qu’un cas particulier de celui ci. Trop souvent cette restriction de la connaissance à celle de la prédiction fait empire dans le monde scientifique contemporain, le positivisme logique. Cela devra évoluer quelque peu à n’en pas douter. Le naturel n’est qu’un état de perfection qualitatif du fonctionnement intrinsèque de la Nature d’un objet. Chez l’animal et le végétal, la faculté de perforer la gangue structurelle qui l’anime est impossible sauf à être l’objet de manipulations extérieures. S’entend ici, des modifications dues à des changements majeurs de l’environnement, elles peuvent être physiques, chimiques, conséquences d’une mutation de l’environnement. Dans son acceptation générale, il conviendra de considérer ces âmes comme totalement naturelles. Les autres règnes du vivant ne s’inscrivent que dans l’ordre naturel à cause de la simplicité intangible du modèle qui les anime. Le cas de l’homme est tout autre, son âme appartient aux 4 types chez Aristote, le dernier type n’étant propre qu’à lui, les trois premiers le hissent au même rang que les autres alors que le quatrième le singularise à l’extrême. C’est cette singularité qui intéresse notre réflexion. Il est doté d’une intelligence, d’un langage complexe, d’imaginaire, d’une capacité de croire, auxquels on peut ajouter une structuration psychique propre. Revenons sur une définition de la vie, garante de la continuité d’une espèce. L’Homme possède un langage. Nous savons aussi que ce langage n’appartient qu’à son espèce, il ne fait que l’emprunter par l’apprentissage pour exprimer son être. Tous les mots existent-ils pour couvrir les besoins humains? Cette âme végétative semble produire les limites de son cadre bien qu’il ne puisse être défini à chaque fois de la même manière, il est évolutif. L’âme des hommes, cas singulier, intéresse particulièrement notre questionnement autour de ce qui relève de la nature ou de ce qui relève d’accointance la contre nature. Les autres règnes du vivant ne s’inscrivent que dans l’ordre naturel à cause de la simplicité intangible du modèle qui les anime. Le brin d’herbe pousse vers le ciel et se concrétise jusqu’à ce qu’il devienne fragilisé par cette poussée et vulnérable aux éléments, entre temps il se sera reproduit de la manière la plus répandue dans le monde végétal par floraison et pollinisation. L’animal se meut, en solitaire ou en groupe et se reproduit assurant ou non selon sa nature la protection de sa descendance. L’homme très familier de l’animal, s’en distingue par son besoin irrépressible de connaissance et la richesse de son langage, il agit sur son environnement seul ou en groupe bien au delà


de son espèce, et même au delà de toutes les autres. Ses productions impactent et rivalisent avec la nature ; il ne s’en inspire pas seulement, il peut la condamner. Nous parlerons d’artéfact pour distinguer ce qui est produit au delà de son corps, par le canal de son intelligence et de sa sensibilité, et de psychosomatie de la même manière à travers son corps, dirigé vers le sujet. Le langage occupera une place centrale pour l’étude de ces deux phénomènes. L’articulation de chacune des ces notions au langage commun, soulignera la présence une autre instance langagière, autre, propre au sujet, purement réflexif. Pour l’étude de l’espèce humaine dans ses rapport à la problématique de nature contre nature, nous devons voir ce qui entre en partage, des vestiges de son passé et des produits issus de la dynamique contemporaine. S’il y a dans l’ordre des choses une tendance à la contre nature, nous pourrons l’étudier à travers les deux phénomènes humains à savoir, l’artéfact et la psychosomatie, dans leur rapport au langage. Il ne s’agit pas ici de plaider de la moralité de tel ou tel acte mais simplement de mettre en lumière les éléments qui du groupe humain ou de l’individu le conduise à sa perte, à son délitement. Nous verrons ce qu’il y a de commun entre l’individu et l’espèce tout d’abord ce qui régit l’ordre naturel. De quoi s’agit-t-il? Les espèces vivantes, les choses animées. Ce qui est contre nature est ce qui nuit à la poursuite de la vie. Le temps où émerge le génie, ne peut être que le moment précurseur et transformateur d’une vision ancienne du monde vers une nouvelle plus sûre de garantir la continuation d’une civilisation. Plus scabreuse et plus simple et radicale, la guerre participe à la redistribution, une nouvelle donne. L’ultime rempart puisant sa force dans le conflit qui oppose les pulsions de vie aux pulsions de mort. Ne dit-on pas des scientifiques qu’ils ne découvrent que ce qui existe, ils n’inventent pas. Mais s’ils n’inventent pas, on peut reconnaître au génie, la faculté tout au moins de poser les jalons et de savoir utiliser à bon escient les concepts existants pour formuler une voie nouvelle, et ainsi dépasser de temps à autre les acquis civilisationnels. Au delà de la symbolisation, le réel campe. L’aventure humaine ne nous enseigne t’elle pas à combler le vide de la connaissance et soigner la plaie du narcissisme blessé de l’humanité ? L’irrésistible Besoin de comprendre y prendrait naissance. Le conservatisme, défini comme un attachement aux valeurs actuelles, ne supporte pas l’émergence du nouveau, n’est tout de même pas exempt d’évolution. Et pourtant, les sociétés se réclamant ou se rapprochant de ce modèle idéologique, produisent au cours du temps une forme d’évolution, il ne s’agit pas ici du progrès dont a tant besoin l’humanité mais d’une sorte de complexification des ramifications opérant sur la base. Chaque valeur produit des caricatures d’elle-même allant jusqu’à confiner au fascisme. La pulsion de mort nous vient en aide pour définir le concept de nature contre nature,

donnant sens et un éclairage nouveau à l’évolution de la vie humaine et de ces périls (au delà du principe de plaisir). Tant que les signifiants existent, tant qu’ils s’accumulent près du socle commun d’une civilisation, il y a de la vie. L’arrêt, ou ce qui peut freiner l’émergence de nouveaux signifiants, sont autant de signaux d’un danger imminent, d’une hypothétique mort. Le processus de symbolisation ne peut être considéré comme fini, il est l’empreinte de la vie et la marque de la continuité du genre humain, le récit de son savoir, de son histoire, de ses mouvements. Comment pourrions-nous qualifier sa trajectoire, ses déplacements dans le temps et l’espace ? On pourrait supposer quelque devenir à cette notion. Une symbolique vouée à un constant renouvellement de ces termes par le principe d’exploration et de dépassement de ces acquis, semble le mouvement principal qui la caractérise, mais cependant on peut voir apparaître parfois des pans entiers d’un monde symbolique nouveau. Il porte en germe la puissance du vivant, le renouvellement de tous les termes faisant le socle d’une civilisation. Parfois, le mouvement qui semble l’animer constamment, ne trouve d’autre issue que la dégradation de ces termes originaires. On voit apparaître dans les mondes déjà définis alors une myriade de compositions toutes aussi surprenantes que s’il s’agissait de nouveautés à part entière. Mais le leurre est bon, et se substitue aisément à ce besoin de renouvellement permanent qu’exige la vie. A l’œuvre donc une supposée action d’une pulsion morbide qui vient profiter du mouvement par le jeu de l’illusion pour exprimer et mettre en acte des tendances nouvelles pouvant provoquer la mort des civilisations. La force d’inertie poursuit l’œuvre civilisationnelle jusqu’à l’arrêt. C’est bien la force d’inertie qui produit l’illusion du mouvement perpétuel de la vie, de la marche du progrès. Son arrêt, si on peut parler d’arrêt, semble se faire aux dépens des sources de vie. Ce sont elles qui semblent être les premières cibles du mouvement affaibli par les forces d’inertie. La percée du réel dans l’ordre imaginaire puis symbolique semble donner l’impulsion à la toute vie humaine en évolution. Ce désir d’évolution n’est pas un désir commun à tous les hommes ; on retrouve encore dans les tribus les plus primitives, encore intacte, une absence profonde et assumée de ce désir. L’évolution produirait la mort de cet état d’inertie. La vie est ailleurs dans ce cadre-là, la perpétuation de la tribu semble être l’unique objectif, dans ce qui semble être un rapport respectueux et une dévotion totale à l’ordre naturel suspendu aux valeurs animiques (animisme). La marche du progrès ? Peut-on parler d’arrêt ?

Yoann MURGUET


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christian haub camilo A. R. Marquez



Ce progres, malgre nous.

Anne-Gaelle Burban La dialectique de nature/contre-nature induit la question de la continuité et de l’évolution de l’espèce humaine dans son milieu. Cette écologie in progress n’a de cesse de nous balloter entre un devenir, nous faisant déployer des trésors d’ingéniosité pour nous adapter aux contraintes et aux mutations qui viennent, bien souvent, des conséquences de notre gestion socio-économique de notre présence au monde. Au vu des avancées technologiques, sociales, artistiques, intellectuelles, peut-on parler de progrès de l’humanité? Et si oui, comment définir cette notion (et pourquoi pas cette motion)? Pourquoi sommes-nous devenus ce que nous sommes ? Ce qui est certain, c’est que ce qui nous fait aller en avant, aller plus loin pour avancer*, nous procure tantôt, jouissance, mais aussi manque, insatisfaction et frustration. Ce petit gout de « reviens-y », cette blessure narcissique de l’humanité, cet objet petit a, autrement appelé la chose Freudienne, nous meut dans une perpétuelle fuite en avant et dans un état d’attente qui nous aliène à la réponse de l’autre (c’est le discours de l’hystérique : dH). Autrement dit, c’est l’angoisse nécessaire et existentielle qui nous maintient en vie depuis des millénaires. C’est un peu comme si nous, animaux dénaturés et Sisyphiens, marchions dos au soleil et que nous cherchions à recouvrer inlassablement notre ombre. Cette image rejoint aussi celle de l’inaccessible étoile que les poètes chantent parfois mélancoliquement comme une utopie dont il ne faudrait, finalement, surtout pas faire le deuil. De cette marche en avant, nait des langages, ambitions, curiosités, solutions créatives, innovations qui nous éloignent superficiellement de notre état de nature. Superficiellement, car l’être humain semble avoir cette étonnante capacité, comme l’a montré Freud dans Totem et Tabou, à cultiver et à conjuguer au présent le primate et les bactéries millénaires qui dorment en nous. En ce sens, on pourrait même avancer que la névrose est un signe de progrès dans le sens où le sujet cherche une fuite, un symptôme pour envelopper ses pulsions et s’adapter, autant que faire ce peut, aux lois de la cité. Cependant, il arrive parfois, que la machine se grippe et que nous tombions en état de mélancolie ou de dépression.

Individuellement ou collectivement, nous connaissons des blocages ou des crises qui viennent nous donner des occasions de stopper notre mouvement vers pour bégayer sur place. Et si la sortie était dans la symbolisation, dans la production de nouveaux signifiants ? Lorsque l’on se penche sur les 4 discours de Jacques Lacan, on comprend que le discours peut lui aussi évoluer et nous faire changer de positionnement dans notre rapport à l’Autre. Historiquement et globalement en Occident (et ailleurs ?), pourrait-on dire à l’échelle des cinq milles dernières années, nous sommes passés collectivement du discours du maître (dM), au discours de l’université (dU) avec la renaissance et le siècle des Lumières pour arriver à la découverte Freudienne de l’inconscient et à la naissance du discours de l’analyste (dA). Individuellement, il en est autrement. En effet, notre rapport au monde est barré. Nous sommes à la fois des êtres conscients et des êtres conduits par la dynamique de notre inconscient. Donc, si notre inconscient est structuré comme un langage et fonctionne comme un système d’archives, nous sommes tous porteurs d’une logique autre, où nos signifiants s’enchaînent malgré nous pour parler un autre discours que celui que nous croyons matriser à l’état de conscience. Cet état de nature, pourrait-on dire, nous amène parfois à régresser mais porte aussi notre désir fondamental d’être au monde pour qui, le but de la vie est la vie. La cure analytique poursuit donc cet objectif de donner un lieu, une hétérotopie (d’abord matérielle avec le divan et immatérielle avec le protocole de l’écoute flottante de l’analyste) pour faire avancer le sujet dans la connaissance et la (re)construction de son propre discours. Un peu à la manière de l’archéologue, l’analyste fait remonter à la surface les chaines signifiantes et les liens inconscients pour nous aider à nous en libérer et à donner forme à notre bon sens (celui de notre désir). Pour aller plus loin dans l’illustration de cette idée, la lecture du texte de Freud sur « les délires et les rêves dans la Gradiva de Jensen » peut se révéler être un très beau voyage au cœur de la « cure d’amour ».


Bientot a table il faudra se souhaiter plutot bonne chance que bon appetit


La Terre nourricière apparaît comme la solution à la malbouffe, la famine, les maladies. Apprendre - avec les principes et les techniques agro écologiques - aux femmes et aux hommes à soigner, guérir et féconder leurs terres au bénéfice de tous, ruraux et urbains, est à la base d’un engagement que nous devrons prendre immanquablement si nous voulons que l’espèce humaine survive. Les résultats obtenus dont témoignent même les paysans les plus démunis du Sud nous font un devoir de promouvoir et d’élargir cette action. C’est pour répondre à une demande exponentielle que nous, hommes conscients et pleinement responsables, devront avec conviction, détermination et dévouement être plus forts face à un sort inexorable que nous promet la société en l’état. Partout dans le monde, la nourriture issue des mains et de la volonté de ceux qu’elle nourrit sera le gage de la dignité, de la liberté et l’une des conditions majeures pour l’urgente paix universelle. Se nourrir est, a été et sera toujours une nécessité absolue sans laquelle aucune vie n’est possible. Elle doit donc être préservée de toute menace comme priorité des priorités. Cette évidence, devenue banale pour les pays prospères en surabondance alimentaire – mais d’une alimentation que l’usage de la chimie de synthèse rend de plus en plus insalubre -, ne l’est pas pour un nombre toujours grandissant d’habitants de notre merveilleuse planète commune et rien ne peut justifier cette défaillance. C’est après avoir été capable de produire sa nourriture par la domestication des végétaux et des animaux que le chasseur, cueilleur, pêcheur originel s’est affranchi des limites alimentaires auxquelles les autres créatures restent toujours subordonnées. C’est ainsi que l’agriculture a donné à la culture ses lettres de noblesse et permis l’émergence de civilisations majeures. Avoir réduit la terre nourricière - bien commun universel et irremplaçable - à un substrat exploitable, pressurable, dégradable à merci et dénaturé, au point de les rendre toxiques, les biens qu’elle nous donne pour des profits aveugles, est l’une des plus grandes transgressions infligées au principe fondamental de la vie. Les conséquences désastreuses sont déjà très avancées. Une pénurie alimentaire mondiale se confirme chaque jour. À présent que les territoires vivriers se meurent de désertification physique, d’abandon ou de pratiques destructrices, À présent que les agglomérations urbaines deviennent des pièges sociaux au risque de toutes les déflagrations, À présent que le travail, solution d’hier, devient le grand problème d’aujourd’hui. Il est temps d’agir avant qu’il ne soit trop tard...

texte librement inspiree d’ ecrits de pierre rabhi installation de rodrigo braga

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Il y a une chose qui paraît assez évidente, c’est que les fermiers se font vieux. Aux Etats-Unis, la moyenne d’âge d’un agriculteur est de 58 ans. En Europe, seulement 6% des agriculteurs ont moins de 35 ans. Donc quand on se projette à 20 ans et que l’on prend en considération le manque d’intérêt de la jeunesse pour ce domaine, on se rend compte qu’il y a un problème. Puis on découvre que des Japonais expérimentent une ferme entièrement robotisée avec des cyborgs qui se baladent dans les champs et ramassent le riz. Ils développent actuellement des combinaisons robotisées, comme un exosquelette, pour aider les vieilles personnes à soulever des trucs lourds avec gadgets inclus qui pourraient donner la météo entre autre. Donc au lieu de l’image traditionnelle de l’agriculteur solitaire labourant sa rizière, on se retrouve avec un mec dans une combinaison robotisée qui soulèverait des bottes de foin avec un doigt. Une sorte de Stakhanov transhumain. Alors pourquoi ne pas imaginer d’avoir le cerveau de l’agriculteur connecté à l’équipement, et l’équipement ferait tout le travail physique. Ça paraît envisageable. Et faire pousser de la bouffe dans l’espace ? Plus pragmatique, l’agriculture verticale. Un projet de l’Université de Columbia. L’idée leur est venue quand ils se demandaient comment ils pourraient faire pousser des jardins de roses dans de grandes métropoles comme New York. Ils ont fini par trouver l’idée d’une ferme de 30 étages, dans laquelle on pourrait produire tous les types de nourriture de manière organique. Le rez-de-chaussée de la ferme, si elle se trouvait dans une grande ville, pourrait avoir la taille d’un immeuble entier, et c’est là qu’on produirait le fertilisant. L’énergie pour la ferme serait solaire et on pourrait également obtenir de l’énergie à partir des eaux usées avec des systémes hydroponiques robotisés. Il y aurait des gratte-ciels androïdes, et au lieu d’être remplis d’employés de bureau qui s’emmerdent, ils seraient pleins de cochons, de vaches, et de choux. Ça diminuerait le transport des marchandises aussi. Parlons des nanotechnologies. Les gens ont toujours un peu peur quand les scientifiques trafiquent les molécules, et c’est encore pire quand on leur demande de mettre ces trucs modifiés dans leurs bouches. La technologie existe déjà et, c’est assez controversé. On ne connaît pas vraiment les effets que peuvent avoir ces composants sur notre organisme. Le chrome, le fer, l’argent, peuvent provoquer de vives réactions lorsqu’ils sont associés au corps humain. La nanotechnologie dans la nourriture sera le prochain grand combat dans l’agro-alimentaire. A ce jour on s’en sert pour faire de la glace. Pour la rendre plus moelleuse. La nanotechnologie peut être utile pour identifier les éléments pathogènes. On pourrait programmer la nourriture pour qu’elle prenne une certaine couleur, lorsqu’elle est périmée par exemple. Et de la viande in vitro ? En faisant grandir nos saucisses dans des éprouvettes. Les viandes in vitro sont déjà en pleine expérimentation. L’arrivée de la viande in vitro diminuerait considérablement la maltraitance des animaux. Si on remplace les animaux avec quelque chose comme de la viande in vitro, théoriquement, ça réduira l’impact des animaux fermiers sur l’environnement. La réalité d’aujourd’hui c’est plutôt fast foods avec lesquels on s’engraisse tous pour finir comme ces obèses dans Wall-E, qui roulent dans des voitures pour gros. Il est vrai qu’en Occident, on a tendance à devenir de plus en plus gros. L’indice de masse corporelle s’est élevé très rapidement. Le truc c’est que les occidentaux ont remplacé l’hydrate de carbone par les protéines. C’est comme ça aux Etats-Unis et en Europe depuis la Seconde Guerre Mondiale. Et maintenant ça gagne la Chine. Les gens préfèrent la viande au riz et au pain. Avant la crise économique, la consommation moyenne d’un Américain était de 3800 calories par jour. Une personne moyenne, en fonction de son âge, de son sexe et de son niveau d’activité devrait en consommer entre 2000 et 3000 quotidiennement. Donc forcément, quand on ingère 3800 calories par jour, on n’en brûle que la moitié, et le reste est stocké sous forme de graisse. Et à quand le Mc Scarabée de chez Mac Do? Il y a seulement deux genre de personnes qui mangent des insectes : ceux qui le font parce qu’ils n’ont pas le choix, et un pourcentage très faible de la population occidentale qui pense que c’est branché d’en manger. D’un point de vue nutritionnel, c’est plutôt bon mais c’est quelque chose qu’on devrait reconsidérer. Je suis français, je mange des escargots, tu es anglais, tu trouves ça dégueulasse. Il y a de toute évidence une barrière visuelle dans cette histoire. L’idée de manger des insectes, ces trucs écoeurants qui envahissent nos maisons, nous dégoûte. Mais les homards sont synonymes de délicatesse et de luxe, et quelle est la différence entre un homard et un insecte ? Ça a une carapace, des pattes. C’est une question de perception. Et cela pose la vraie question: pour combien de temps pourrons-nous nourrir le monde entier ? Lorsqu’il s’agit de production alimentaire, on se débrouille plutôt pas mal, puisqu’on arrive à peine à nourrir 9 milliards de personnes. Le truc c’est qu’il y a beaucoup de nourriture gâchée dans les ménages, les supermarchés et dans les restaurants. Des mesures ont été prises pour essayer de corriger ça. Dans les pays en voie de développement, la plupart de la nourriture est perdue juste après la récolte. D’ici une trentaine d’années les prix de la protéine animale et de la viande vont exploser à cause des coûts de production et de ceux de l’alimentation des animaux. Et quand ça arrivera, ça risque de changer la structure du secteur agro-alimentaire dans sa totalité. Les gens mangeront beaucoup moins de viande. Tout était tellement peu cher dans le monde occidental que les gens se sont mis à trop en consommer. Aujourd’hui, il est vraiment important de s’assurer que la nourriture reste abordable, pour chaque personne sur terre, ou il y aura des émeutes et des révolutions. Quand c’est abordable, on achète ce dont on a besoin et on s’en va. Oh, la date est dépassée : on jette. L’important c’est de trouver un équilibre, et un équilibre entre les différentes situations à travers le monde. Alors évitons que la terre ne finisse à la poubelle comme un vulgaire déchet dont on ne tirera plus rien. Bon appétit.


CIVILISA TION ET NATURE CON TRE NATURE QUE NOUS EN SEIGNE L'ETU DE DES LIM ITES ?


« Limite » et « frontière » se cherchent en permanence. Nature et contre-nature aussi. Le fonctionnement de notre système de compréhension, ainsi que la nature de la réalité autour de nous, ne nous permettent pas de saisir le «réel», si ce n’est par son contraire. Et entre les deux, il y a la frontière et avant cette frontière, la limite. Décortiquer la limite est une autre manière pour nous faire sortir de la nature, pour entendre peut-être, la contre nature, s’il y en a une. « Où s’arrête la Limite ? » La question de la limite, de la frontière, du voisinage, du hors de portée, de l’au-delà... du point de vue psychanalytique, peut être expliquée via les cinq éléments clés : la vie, la mort, le Signifiant, le signifié et le Phallus. Ensuite, la limite de notre expérience : le réel, nous interpellera. « En effet, nous n’avons pas à nous en étonner, le réel est à la limite de notre expérience.», dit J. Lacan, dans le séminaire IV page 31. Partons à la recherche des limites, dans différents champs de nos connaissances et de nos savoirs à ce jour, en quête des signifiants « limite» dans la profondeur du temps, de l’espace, de l’univers, de la vie, de l’Homme, du sujet parlant, du corps, de la psyché, du possible..

Hassan MAKAREMI

Partir sur des relations entre le signifiant, le signifié, la vie, la mort, et le rôle du phallus pour comprendre les champs de chacun et leurs interférences. Comment, à partir de cette limite, «la mort», le support du signifiant peut-il exister? Finalement nous ne pouvons pas échapper à cette question :» Hors de la «limite du signifiant», l’identification d’une autre «limite» est-elle possible?» Jacques Lacan, au sujet de S. Freud, nous précise, je cite le séminaire IV page 48: « C’est très certainement ce que Freud nous a apporté sous le terme d’instinct de mort. Il s’agit de cette limite du signifié qui n’est jamais atteinte par aucun être vivant, ou même, qui n’est jamais atteinte du tout, sauf cas exceptionnel, probablement mythique.…». Commentons cette phrase et d’abord que veut dire le signifiant? Une image acoustique, l’origine du langage, ce qui fait que le refoulement originel peut exister. J. Lacan, dans Ecrits, page 575 : « La chaîne signifiante a été inaugurée par la symbolisation primordiale. » S. Freud espère trouver ce qui est psychiquement inné via la procédure analytique, via la sortie des signifiants ; je cite Freud dans l’interprétation des rêves : « Nous pouvons espérer parvenir, par l’analyse des rêves, à connaître l’héritage archaïque de l’homme, à découvrir ce qui est psychiquement inné…... ». L’analyse des rêves en écoutant le discours du sujet : voilà, d’après Freud, l’outil de fouille archéologique pour aller jusqu’au plus profond de l’humanité, aller où il n’existe aucun autre outil que la dimension symbolique : les signifiants nous le permettent. Au-delà des signifiants, il y a des lettres, des chiffres, des symboles purs qui seront le sujet d’une autre recherche, comme l’importance des lettres dans le rêve d’Irma de Freud ou l’utilisation des lettres ou des chiffres symboliques dans les textes sacrés.


La relation entre le signifié et le Signifiant a été présentée par J. Lacan comme S/s. On dit que pour un signifiant S, il y a plusieurs signifiés chez des sujets différents ainsi que pour le même sujet à différents moments. Mais il n’y a qu’un signifiant qui peut avoir le même signifié pour tous et à tout moment : la mort comme non retour, la mort définitive, il n’y a pas d’autre interprétation possible. J. Lacan, séminaire IV, page 48 nous précise : « Ce qui au fond de l’existence du signifiant, de sa présence dans le monde, nous allons le mettre là dans notre schéma, comme une surface efficace du signifiant où celui-ci reflète, en quelque sorte, ce que l’on peut appeler le dernier mot de signifié, c’est à dire de la vie, du vécu, du flux des émotions, du flux libidinal. C’est la mort, en tant qu’elle est le support, la base, l’opération du Saint-Esprit par laquelle le signifiant existe.» Où s’arrête le signifié ? Comme précise J. Lacan : « cette limite du signifié qui n’est jamais atteinte par aucun être vivant ou même, qui n’est jamais atteinte du tout, sauf cas exceptionnel, probablement mythique...» Sachant que pour certaines expériences dans ce monde, les mots manquent. «Le rapport sexuel est impossible», ou, sa mise en signifiant est impossible, comme la jouissance de l’autre. Je reviens vers Lacan et les cas d’exceptions: « cette limite du signifié qui n’est jamais atteinte par aucun être vivant ou même, qui n’est jamais atteinte du tout, sauf cas exceptionnel, probablement mythique «. On peut d’ores et déjà parler des différentes catégories d’expériences : les mystiques, les sujets ayant vécus l’expérience de mort imminente EMI / NDE, les prophètes, les sujets ayant des hallucinations (illusion, hallucination, état fiévreux), les sujets drogués, les sportifs de haut niveau, les revenants d’un état comateux, certains cas d’hypnose, d’état second. Ils disent tous qu’ils ne sont pas capables de bien expliquer leur expérience par les mots, ce qui rend l’accueil de leur parole et éventuellement l’interprétation de celle-ci très difficile. Le point commun des Prophètes, des mystiques et des psychotiques est que le lien entre le signifiant et le signifié est rompu. Pour le psychotique, la chaîne du parler se présente sans limite et sans vectorisation. La psychose fait perdre le lien entre la cause et l’effet, les signifiants se coupent de la réalité. Quelle est la limite entre délire et non délire ? Le délire du névrosé, qui sait qu’il délire car le découpage signifiantsignifié est toujours là, d’une part, et le délire du psychotique et les discours des mystiques et prophètes qui n’ont pas de doute car le Signifiant est devenu réel, d’autre part. Ainsi les deux témoignages, dans la Bible: «Au commencement était le Verbe» et dans le Coran: « Soit et il devient ». La métaphysique rend la mort flottante, non certaine, la fait reculer, la fait inventer. Elle fait inventer les concepts comme la vie après la mort, l’âme, l’esprit, la réincarnation. Pendant la période de l’adolescence, l’hésitation sur les questions fondamentales, sur la vie, sur la mort, d’où je viens, à quoi ça sert…, l’effet de la recherche d’identité, relèvent d’une part

de cette relation du lien entre des signifiés, des concepts et d’autre part de l’identification, de l’effet du signifiant ou du nom du père. Quelques mots sur la formation de l’inconscient et sur le rôle du Phallus. Castration: Découverte de la limite Frustration / Privation Privation : découverte des champs du manque Frustration : découverte des champs de l’existence J. Lacan précise: « le phallus est le symbole d’un objet imaginaire ». La Castration : manque symbolique d’un objet imaginaire ( ex: manque symbolique du phallus comme d’un objet imaginaire) selon J. Lacan: « la castration est la soumission du sujet au signifiant. » Pour le nommer, donner un signifiant, mettre en évidence la vie. La Frustration : manque imaginaire d’un objet réel (ex. : j’ai l’impression que je manquerai d’oxygène…). La Privation : manque réel d’un objet symbolique (ex. : être privé du tissu de la robe de la mère). Le phallus, cette différence qui fait la différence : phallus

mère

enfant

Le Phallus est donc le signifiant qui n’a pas de signifié. Notre expérience et sa limite : le Réel, quelques exemples. 1 - Malgré la définition claire de la structure - névrose, perversion et psychose, nous trouvons l’état limite,... : situation limite, patient limite, limite d’analysable, limite entre des structures, limite entre pathologie et non-pathologie, à tel point que dans SDM IV, l’association des psychiatres américains ne donne pas un nom pathologique précis, mais propose ? un lien entre les traitement et les symptômes. 2 - Pour l’Homme, lequel de ces signifiants est le plus juste? Individu, sujet de désir, personne, citoyen, moi, prénom + nom ou nom de famille, conscience de soi, être social ou d’après S. Freud, être de frontière. Quelle limite peut-on lui donner pour le designer ? 3 - Réalité interne et réalité externe : frontière du corps. Préconscient image inconsciente du corps. J. Lacan : « Le corps fait le lit de l’Autre par l’opération du signifiant ».


L’Inconscient est structuré comme un langage. Cette structure définit la typologie de l’organisation fondamentale des signifiants. La formation de l’inconscient pendant la vie d’un sujet, comme un système qui fonctionne avec les signifiants, lie l’inconscient avec deux éléments de base à l’extérieur : le corps et le conscient. L’inconscient est structuré comme un langage et « A » est le trésor des signifiants, car s’il était structuré sur les signifiés, il variait pendant la vie d’un sujet ; la base la plus solide est le nom du père, un signifiant non changeant, qui fonde l’identité du sujet. 4 - La vitesse de la lumière : la limite admise des sciences (physiques) est la vitesse de la lumière, momentanément acceptée comme la base de calculs, des théories, des hypothèses, ainsi que de nos imaginations. A ma connaissance, il n’y a aucun scénario, ni film, ni production artistique, qui développe le moment de la traversée de cette limite de la lumière, mais il y a des exemples pour illustrer le moment d’arrivée à cet au-delà de la vitesse de la lumière. On imagine l’avant, l’après, mais pas le pendant. 5 - Quelques exemples de l’effet de frontière et de la limite dans le champ social : 5.1 - Le clonage comme la limite de l’individu. C’est la première fois que cette limite est franchie : un prénom et un nom ne peuvent pas identifier un individu ; les deux personnes physiques sont le même individu avec la même définition de lien entre les générations. Autrement dit, le clonage casse la limite de l’autre, la chaîne de générations, père - enfant, frère et sœur, la question du vivant et de la mort, nom du père, et la place dans l’espace - temps. Le clonage est au bout d’une chaîne des tabous dans notre histoire : toucher le corps de l’autre par un autre qu’un membre de la famille, le voir nu, l’autopsier, greffer des organes, écouter l’intimité, les autres, et leurs rêves, greffer un organe issu d’un clone et finalement cloner l’être humain. Le problème de base n’est pas chaque nouvelle étape, mais de savoir pour quelle raison, pour quelle utilité, quel objectif. La question de base est comment arrêter la procédure? Comment modifier le tir? Jusqu’à maintenant, nos expériences individuelles pour aller au seuil de nos limites étaient des seuils individuels, limites de l’être humain : des exemples dans le cirque, l’expérience limite de la solitude, les jeux olympiques, les voyages dans l’espace. Ces expériences étaient bien vues par nous, mais le clonage est une affaire collective. 5.2- Chosification de la mort : sans entrer dans le détail, je vous fais remarquer que, au retour de l’expérience des camps de concentrations, le discours, la mise en parole, deviennent impossible pour les sujets. 5.3- Les experts juridiques, dans leurs rapports utilisent moins de cent signifiants bien identifiés, à la limite des mathématiques ; plus le jugement se rapproche des cas graves, plus les signifiants deviennent précis. 5.4 - Phénomène de lutte contre la frontière : médecins du monde, médecins sans frontière. D’une part, la globalisation, d’autre part, l’absence de frontière, deux camps qui se battent.

Pourtant tous deux parlent de suppression des frontières. 5.5 Limites de l’Europe : je cite Le monde du 5 janvier 2003, Casanova, au sujet de l’Europe et de la Turquie: «… on voit bien là pourquoi la question des limites mène à celle de le nature de l’Europe…». 5.6 Argent : un signifiant bien quantifié, qui dit toujours la même chose, peut devenir le Dieu de la mondialisation d’un côté et la vie sans frontière de l’autre. Hélas le choix de l’argent est plus simple. Exemple : le Dollar et l’Euro à la place d’un projet social commun. Car comme nous dit Tolstoï en préface de son livre Guerre et Paix, je cite de mémoire: « Je me demande pourquoi les méchants se réunissent plus facilement que les bons ». L’argent est plus palpable, plus concret que la vie : contraire de la mort. 6- Limite et mathématique: AB 1/2+1/4+1/8+1/16….= a 1/2+1/2*(1/2+1/4+1/8+1/16….)=a 1/2+1/2*a=a a =1 Pour définir la limite, la théorie mathématique utilise l’infini, un symbole, un signifiant avec autant de signifiés que d’êtres humains. III - La limite est finalement la limite du signifiant. Prenons un exemple : deux sujets se parlent, la discussion porte sur le sujet «qu’est- ce que l’univers?». Ils ont cent signifiants communs. Leur possibilité de se comprendre et de passer le message est très limitée. Le même cas avec 10000 signifiants communs, donne un autre champ de vision et de compréhension. La quantité de signifiants communs, est le seul élément mesurable des limites. On élargit ce raisonnement, en passant à plusieurs êtres parlants et même à 6 milliards et on ajoute le concept du temps : l’ensemble des signifiants produits et diffusés et compris, alors nous pouvons imaginer le volume du champ large de la limite dans l’avenir. D’une part, le nombre des êtres vivants parlants augmente, leurs communications également ; ils apprennent à parler des langues différentes, ils partagent de plus en plus de signifiants, d’autre part, les signifiants anciens, sont redécouverts par des recherches. Les champs de recherche échangent entre eux davantage de signifiants, les volumes de signifiants en circulation via la technologie moderne (internet) augmentent. C’est le sens définissable du progrès, de l’évolution de l’avancement : élargir la frontière des signifiants, repousser la mort. Une guerre entre la mort et la vie, la vie, la quantité de signifiants. TOTAL DES SIGNIFIANTS

Champs scientifiques, techniques… 4 mots pour un nom d'insecte par exemple ... Signifiants inventés SNCF, RATP, OTAN

Mémoires écrits permettant de conserver davantage des signifiants

Augmentation de la vitesse de transmission

Augmentation des échanges entre des langues

7 milliards d’êtres humains vivants aujourd’hui, total 13 milliards Trouvaille des signifiants perdus

TEMPS


Y'a pas PHOTO


Avec l’apparition et le développement incroyable d’internet, jamais l’image n’aura eu autant d’importance. L’image certes, mais qu’en est-il de la photographie? A la fin du 19e siècle, l’invention de la photographie bouleversa tous les codes de l’image de l’époque au point d’influencer définitivement les mouvements picturaux que nous connaissons aujourd’hui. Etrangement la photographie inspire encore les créateurs sur internet avec cette volonté absolue de reproduire le réel à force de manipulations et de triturages informatiques. Un peu comme si le réel récrée devait être encore plus criant de vérité. Cette illusion d’optique et de l’esprit a fait croire à bon nombre d’utilisateurs des réseaux sociaux que la photographie était à la portée de tous et on s’aperçoit avec beaucoup de tristesse que ce n’est pas la valeur picturale qui prime mais plutôt une démocratisation bas de gamme du réel. Les exemples les plus frappants sont les thématiques favorites des internautes. Le petit chat, on est pas loin du calendrier des postes, généralement dormant les uns sur les autres, mignons quoi ! La photo du coucher de soleil en vacances pour bien montrer à ceux qui sont restés au boulot qu’ils doivent en baver, ce qui détonne une forme assez cruelle de sadisme. Viennent ensuite les doigts de pied en éventail au bord d’une piscine à débordement pour bien enfoncer à coup d’instagram l’idée précédemment citée. La fameuse image de plat soit composé à la maison soit dégusté au restaurant pour faire baver les copains derrière leur écran avec cette volonté farouche de faire passer le message « c’est pour moi, mais pas pour vous ». La très fameuse photo autoportrait, recadrée au plus serré avec la bouche en cul-de-poule qui donne globalement l’air d’un trisomique. La photo volée d’un ami endormi qu’on a pris la peine de maquiller au préalable avant de balancer l’image sur le réseau. Le bébé qui se met la couche sur la tête, la couche étant forcément bien chargée. Le clou c’est souvent la courte vidéo en général floue, mal cadrée d’un concert au tout le monde aurait aimé participer comme Prince dans un set improvisé sur la plage du Touquet. Le tout avec effet vintage, filtre et autres gadgets d’applis tout ça en effet pour obtenir un malheureux like de sa tante de Vierzon qui trouve ça vraiment très mignon. Cette pratique dévoile un comportement très hygiéniste, on partage mais de loin et on évite surtout de se confronter aux autres et au réel en définitive, car le réel engendre la peur.

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Anne-Gaelle Burban

La sagesse sublime.


Partons de l’idée que la sagesse individuelle se construit avec et contre la sagesse collective transmise depuis que l’être humain est capable d’émettre et de recevoir des symbolisations. D’une certaine manière le langage est perçu alors comme vecteur de cette sagesse ancestrale et permet de juguler certains passages à l’acte qui se verront plutôt sublimés par la symbolisation. Cette symbolisation a pour fonction de présentifier pour le plus grand nombre des perceptions émotives intimes. Le périmètre ou plutôt la lisière nature/contre-nature se trouverait donc dessiné par les mots, la musique, l’art, la poésie, la danse, les mathématiques et la production plus personnelle de symptômes, fantasmes… Avant d’aller plus loin, il me semble important de tenter de définir certains termes clefs de cette problématique. Dans un premier temps, nous nous demanderons qu’est-ce que la sagesse ? Est-ce l’homme sublimé ? Comment dialogue-t-il avec les instances idéales (idéal du moi et moi idéal) ? Quellessont les interactions entre l’intime et le public, l’individuel et le collectif ? Nous verrons également en quoi le langage et l’inconscient occupent un rôle primordial dans l’individuation du sujet au sein d’une société donnée. Enfin, nous pourrons établir et analyser les impacts de ce qui du point de vue de la psychanalyse est de l’ordre de la nature et ce qui relève de la contre-nature chez l’Homme. Le concept de sublimation provient en fait de la sexualité : il répond à la nécessité d’expliquer que des contenus manifestes non sexuels (par exemple des œuvres scientifiques ou artistiques) ont pourtant leur source dans la sexualité inconsciente et tirent leur force d’expression de la libido. Qu’est-ce qui est sublimé ? L’agressivité, la sexualité primitive, les désirs refoulés, c’est-à-dire tout ce qui compose l’inconscient et nourrit ses manifestations. Voici la définition de la sublimation que donne le Dictionnaire de la psychanalyse et de la micropsychanalyse : « une pulsion sexuelle ou agressive, inhibée quant au but, voit son objetbut désexualisé ou désagressivé et valorisé socialement, en particulier culturellement. » (Fanti, 1983, p. 107). On comprend ainsi que la sublimation se fonde sur une élaboration secondaire complexe. Elle résulte d’un travail qui se déroule essentiellement au niveau préconscient. Les nécessaires transformations que subit le potentiel agressif inconscient pour permettre la dimension sociale de l’individu mettent en valeur le rôle de régulateur du préconscient. Concrètement, la sublimation est un processus transformant quelque chose qui est bien caractérisé au niveau inconscient — quelque chose qui est typique de l’agressivité ou de la sexualité — en quelque chose qui ne l’est plus au niveau manifeste. Cette localisation de la dynamique de la sublimation au niveau du préconscient permet d’ores et déjà d’avancer l’hypothèse que chaque sujet porte en lui une parcelle de sagesse collective lui permettant de transformer ses pulsions

agressives inconscientes en productions symboliques sociales. Mais comment se forme cette barrière préconsciente ? L’individu dans l’histoire de sa structuration psychique a-t’il une responsabilité, un pouvoir ou tout simplement peut-il jouer un rôle actif ? Ou au contraire, est-ce que tout est hérité de la culture héréditaire par le langage ? Quel est la marge de manœuvre de chacun pour jouer avec ses déterminismes sociaux ? Autrement dit, tout est-il joué avant 5 ans ou peuton espérer continuer d’évoluer après ? Quid des grands, moyens et petits délinquants, meurtriers et autres acteurs du passage à l’acte ? D’ailleurs ne sommes-nous pas tous des petits délinquants lorsque plus ou moins consciemment nous continuons de consommer sans recycler, lorsque nous roulons sans nous pré-occuper de notre empreinte écologique… ? Leur sort, notre sort est-il noué à jamais ? Que peut faire la culture, la sagesse commune et la citoyenneté ou encore la psychanalyse pour nous aider à développer notre capacité de sublimation ? Freud dans son ouvrage Malaise dans la culture paru en 1930 affirme notamment que selon lui : la culture est édifiée sur du renoncement pulsionnel, car la vie en commun suppose une restriction de la liberté individuelle ou le conformisme; le respect des exigences sociales est assuré par le père puis par le « surmoi » (père intériorisé, faculté à s’auto contraindre, conscience morale) ; la tension entre le « ça » (principe de plaisir) et le « moi » (principe de réalité), entre l’égoïsme (amour de soi) et l’altruisme (amour d’autrui), est source du sentiment de culpabilité et de la conscience morale ; ces exigences sociales se manifestent dans la morale et dans la religion y compris dans la beauté, la propreté et l’ordre : ces discours tentent de légitimer et d’assurer le renoncement au plaisir égoïste. Partisans de l’intelligence créative, faisons le pari que la sublimation peut s’apprendre, se sculpter et même parfois nous guérir en nous libérant de schémas répétitifs (créaticides) en dévoilant les causes inconscientes de l’agressivité humaine. Comparable à une excitation négative et destructrice, cette pulsion de Thanatos est commune, et se construit pour chacun sur des vécus mémorisés et intériorisés depuis la plus tendre enfance, qu’il s’agit d’exprimer pour s’en délivrer (ou du moins en neutraliser la puissance destructrice). Tous les vécus ne sont évidemment pas mémorisés. Pour être refoulé et intériorisé, un vécu doit être particulièrement intense, répétitif ou conflictuel ; par exemples, telle expérience de satisfaction orale se mémorise parce qu’elle interagit avec des fantasmes narcissiques et provoque une vive sensation de plénitude, tel vécu de castration parce qu’il est conflictuel au point d’engendrer des représentations d’annihilation. Revenons un instant sur l’histoire de cette notion de sublimation. Dans les Trois essais sur la théorie sexuelle (1905), Freud considère la sublimation comme une des trois voies


Revenons un instant sur l’histoire de cette notion de sublimation. Dans les Trois essais sur la théorie sexuelle (1905), Freud considère la sublimation comme une des trois voies d’élaboration et de décharge de la sexualité infantile refoulée, trouvant place (chez l’adulte) à côté des voies névrotiques et perverses. Dans Pulsions et destin des pulsions (1915), il en fait un destin pulsionnel, au même titre que le renversement dans le contraire, le retournement sur la personne propre et le refoulement. Dans Le moi et le ça (1923), on trouve un modèle de sublimation de la libido. Il se fonde sur l’identification et a pour pivot le narcissisme. Les objets des pulsions sexuelles sont intériorisés (= identification), ils deviennent ainsi des composants désexualisés du moi et sont investis en tant que tels (= investissement narcissique). En conséquence, le ça aime désormais le moi comme il désirait sexuellement les objets externes. La libido narcissique peut dès lors se déplacer et investir des objets non sexuels et culturellement valorisés. L’énergie du moi est « une libido désexualisée [dont] on peut dire également qu’elle est de l’énergie sublimée, en ce sens qu’elle fait sienne la principale intention d’Eros qui consiste à réunir et à lier... » (p. 217). Plus tard, pour Mélanie Klein la sublimation de l’agressivité s’ancre dans la position dépressive et permet, à travers des symbolisations et des mises en fantasmes, de réparer l’objet détruit par les pulsions sadiques. Relevons en passant un aspect de la pensée kleinienne particulièrement intéressant pour qui s’intéresse aussi à Lacan (à son séminaire sur l’Angoisse notamment) et à la sublimation du vide (plus précisément d’un manque créé par le signifiant). C’est le vide créé par la destruction de l’objet qui suscite l’angoisse poussant à la sublimation réparatrice, soit l’équation : manque ou destruction de a sentiment de Vide angoisse - sublimation réparatrice Winnicott prolonge les vues kleiniennes par une large prise en compte de l’environnement : selon lui, la sublimation s’enracine dans les phénomènes transitionnels qui, lorsque la mère est suffisamment bonne, permettent à la créativité de l’enfant de réparer ce que ses pulsions agressives ont endommagé ou détruit. C’est aussi ce que souleva Sabina Spielrein dès 1913 dans son article intitulé « La destruction comme cause du devenir » paru in internationale Zeitschrift für Artzliche Psychoanalyse, I. Aujourd’hui, comme le souligne Daniel Lysek (Bollettino dell’Istituto Italiano di Micropsicoanalisi , n° 22, Turin, Tirrenia Stampatori, 1997), la véritable sublimation, telle que l’entendent les psychanalystes, garde toujours un lien avec le dynamisme pulsionnel qui est à son origine ; même lorsqu’elle en paraît fort éloignée, une manifestation sublimée reste en permanence alimentée par la poussée pulsionnelle originaire. A ce stade, on pourrait alors avancer que la sagesse collective encourage le manque et l’angoisse comme condition naturelle et nécessaire à la survie de l’espèce Humaine. Au contraire,

à l’échelle d’un sujet, le manque de manque serait la chose contre-nature par excellence. Ceci dit, le renoncement ne peut pas intervenir trop tôt, il doit être le fruit d’une connaissance profonde de la cause et laisser place à une liquidation raisonnée par le côtoiement des limites. Ce sont les limites qui nous enseignent la vie. Ceci n’est valable que pour le sujet. Le groupe a ces prophètes et autres explorateurs pour l’instruire. Le groupe peut-il d’ailleurs prendre les risques encourus par un individu seul ? Brider, séduire Thanatos (au sens étymologique se-ducerer : conduire à soi, détourner de son but premier) sans chercher à le tuer. Par quelle alchimie peut-on réussir à sublimer profondément Thanatos en Eros sans engendrer de conflits inconscients ? Où cela doit-il se passer, dans quel topique : conscient ? Préconscient ? Inconscient ? Comment pouvonsnous agir ? Comment la nature a-t’elle réussi à combiner tant bien que mal cette dialectique sexuelle entre Eros/Thanatos tout en préservant l’espèce et en permettant à l’humanité de continuer à évoluer ? Pour aller plus loin, permettez-moi alors ce syllogisme digne d’une vérité de La Palice : Tous les Hommes sont agressifs, en manque et désirants, or tous les sages sont des Hommes, donc tous les sages sont agressifs, en manque et désirants ! Autrement dit, ce qui compte, c’est surtout ce que l’on va en faire de cette agressivité primaire, de cette pulsion de mort ou de cette angoisse. Comment pouvons-nous parvenir à la manager pour qu’éclose autre chose, une chose qui porte en elle la même puissance mais dont l’objet-but a changé et s’est converti positivement et sans dommage collatéraux ? Et comment être certain de ne pas (se) causer de mal-être névrotique ? Car quand la sublimation échoue, le potentiel pulsionnel se transmute et se fixe en symptôme psychique ou psychosomatique. La réponse réside-t’elle dans la névrose individuelle agissant comme une véritable calotte universelle devant les grands interdits (mort, inceste) et l’angoisse sociale du retrait d’amour? C’est en tout cas vers cette réponse que s’achemine S. Freud dans son ouvrage Totem et Tabou. Sommes-nous condamnés à vivre avec notre névrose pour survivre socialement ? Si oui, comment parvenir à transmuter nos pulsions inconscientes en productions créatives évitant ainsi l’élaboration névrotique défensive, ou la décharge perverse ? Comme le disait Michel de Montaigne dans ses Essais, comment vivre à propos ? Soit dit en passant, parmi les effets d’une analyse, l’ouverture à la sublimation occupe une place non négligeable. En effet, la talking cure comme aimait l’appeler Anna O. permet cet in-out, cet aller retour et ce déplacement d’une strate à une autre. En effet, le langage est une des clefs, la symbolisation un autre


cet aller retour et ce déplacement d’une strate à une autre. En effet, le langage est une des clefs, la symbolisation un autre pivot pour incarner une voie de décongestion artificielle, cathartique et salvatrice permettant de nous rapprocher de notre désir et de sa cause, en l’objet a. Dans le chapitre sur les causes du désir, dans son séminaire sur l’angoisse, Jacques Lacan nous dit p. 121 : « c’est la notion d’un extérieur d’avant une certaine intériorisation, qui se situe en a, avant que le sujet, au lieu de L’Autre, ne se saisisse dans la forme spéculaire, en x, laquelle introduit pour lui la distinction du moi et du non moi. » La psychanalyse est-elle alors contre nature, dans le sens où Sasha Guitry disait qu’il était contre les femmes, tout contre ?

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Gros cons Deux événements distincts qui n’ont rien en commun, hormis un comportement exécrable et nauséabond. D’un côté le viol et l’emprisonnement d’une jeune femme à Dubaï. De l’autre côté, des pillards détroussant un cadavre frais, celui du magasin Virgin des Champs Elysées en liquidation. D’un côté, des fanatiques lobotomisés au Coran avec force de lois soi-disant divines, de l’autre côté des hyènes hypnotisées par la sacro-sainte consommation. Ces deux événements sont les signes criants d’une société folle où la valeur accordée à l’être humain n’a plus beaucoup de sens, où l’empathie n’a pas sa place, où des valeurs indécentes priment et obligent à des comportements indignes d’une société civilisée. Aujourd’hui un iPhone a plus de valeur qu’un futur chômeur ou une malheureuse victime de viol. Pitoyable!

Une Norvégienne de 24 ans a été condamnée, mercredi 17 juillet, à seize mois de prison par un tribunal de Dubaï, alors qu’elle avait porté plainte pour viol. Selon le tribunal, ce jugement vient sanctionner un comportement indécent, impliquant une relation sexuelle hors mariage, et la consommation d’alcool. Marte Dalelv avait été violée le 6 mars, alors qu’elle était de sortie avec des collègues dans le cadre d’un voyage d’affaires, selon la BBC. Alors que la jeune femme s’était rendue au commissariat pour porter plainte, les policiers lui avaient confisqué son passeport et son argent. Trois jours plus tard, la Norvégienne était inculpée pour trois chefs d’accusation, notamment pour relation sexuelle hors mariage. Elle a alors été immédiatement licenciée par la franchise dubaïote de l’entreprise pour laquelle elle travaillait, The One Total Home Experience, selon Rue89. L’employeur n’avait par ailleurs pas tenu bon d’informer la famille de la jeune fille de la situation, et cette dernière a dû attendre de trouver une carte téléphonique pour contacter ses proches. Selon Torgeir Furesend, son beau-père, elle a été licenciée au motif de « comportement inacceptable ». Il qualifie l’action de l’entreprise « d’impardonnable ». The One Total Home Experience a refusé de s’exprimer sur l’affaire. La Norvégienne a fait appel de sa condamnation et devait donc être rejugée, probablement début septembre. Entre temps la pression des autorités danoises et la mobilisation que cette arrestattion à provoquée a permis la libération de la jeune femme. Cette malheureuse affaire prouve encore une fois l’aspect réactionnaire de sociétés dirigées exclusivement par des hygiénistes moraux et religieux d’un autre temps avec un rôle imposé à la femme, d’un autre âge.


Le 13 mai 2013 à minuit, via e-mails et réseaux sociaux, la nouvelle se répand comme un virus digne des zombies de Danny Boyle : le Virgin Mégastore, à l’agonie, annonce des réductions de 50% sur la quasi-totalité du magasin. L’enseigne Champs-Elysées ouvre à 10 heures, et les choses se compliquent déjà. Les gens dehors s’impatientent, ils sont des centaines (dont certains depuis 7 heures du matin), et tentent d’ouvrir eux-mêmes la gigantesque porte métallique. Ils tentent, ils tentent, les charognards. La tension monte. Sésame, ouvre-toi. Les chiens sont lâchés, le chaos peut commencer. Des centaines d’humains, visages déformés, hagards, montent en courant au premier étage, se poussent les uns les autres. Une femme chute dans le grand escalier. Personne ne l’aide à se relever. Objectif : le rayon numérique. Un iPad à 700 euros devient un iPad à 350 euros. Alors ils en prennent deux, trois, quatre, car même à 600 euros, les tablettes numériques se revendent illico sur eBay ou Leboncoin.fr. 5, 4, 3, 2,1... et la ruée. Mais il n’y a pas que ça à récupérer, et certains ont prévu le coup : ils sont venus avec des grands sacs. Dans un premier temps, les employés trouvent ça hallucinant, positivement parlant. Mais ils vont déchanter très vite. Traqués, insultés, secoués par les clients les consoles Xbox, vendues la veille 250 euros, passent à 175 euros. Prenons-en une, non deux, non trois. Durant l’heure suivant l’ouverture du magasin, les vendeurs, complètement désemparés, sont suivis, pris à partie, traqués, insultés, secoués par des clients devenus fous. Certains employés montent sur des tabourets, et hurlent des ordres aux gens afin de contenir, de canaliser la foule en furie. En vain. Des clients leur hurlent dessus, et l’attention sera – semble-t-il – à qui criera le plus fort. Alors qu’ils ont commencé leur journée depuis moins de deux heures, certains salariés s’échappent littéralement pour aller pleurer au stock, loin du chaos, pour atterrir, pour se rendre compte de ce qu’il se passe, et reprendre un poil de force. La fermeture du magasin, le néant d’information depuis plusieurs mois concernant un quelconque plan social, Pôle emploi s’approchant, et maintenant ça. Ça fait beaucoup. En moins de trente minutes, le rayon numérique est vide. Plus rien, à part de la poussière et des déchets sur les rayonnages. Car la vente n’a jamais été aussi sauvage, et des enchères commencent dès lors dans les files d’attente. Je n’ai pas eu d’iPad, je rachète le vôtre. Non moi, non moi, non moi, qui dit mieux ? On dégaine le cash, des billets passent discrètement de main en main. On se croirait en plein deal généralisé. Ceux qui sont arrivés trop tard au saint premier étage – ou qui n’ont pas eu accès aux enchères sauvages – prennent alors TOUT ce qui passe à hauteur de panier. TOUT : peluches, DVD au hasard, magnets, écouteurs, jeux de société, cartouches d’imprimantes. Ils n’ont pas le temps de choisir, sinon d’autres leur voleront leur butin. Alors ils prennent, ils prennent, se gavent sans peur de vomir. Ils prennent pour empêcher d’autres de prendre. Et pourtant – forcément – ils vomissent, quand le coup de sang est passé. Où ? Aux caisses. C’est réellement là qu’ils font leurs emplettes, leurs « bonnes affaires «. Ils reposent alors ce qui, en fait, ne les intéresse finalement pas. L’attente dans la file est en moyenne de 1h30. Derrière les caissières, des centaines de produits divers s’entassent en dizaines de colonnes, trop rapidement dégueulés pour être rangés convenablement. Même aux livres, rare rayon sur lequel les soldes n’ont pas lieu (loi oblige), les gens remplissent des paniers en prenant – là encore – tout ce qui leur passe sous la main. Lorsque les employés leur précisent que les livres ne bénéficient pas de réductions, ils reposent tout tel quel, n’importe où, avant de partir bon train vers des rayons plus juteux. « C’est scandaleux, les vendeurs se sont servis avant nous ! Vous n’allez pas vous plaindre d’être bientôt au chômage : vous vendez aujourd’hui, et je contribue en achetant. ». Ils n’ont JAMAIS vu ça de leur vie. Pour ajouter au chaos ambiant, au rez-de-chaussée comme au premier étage, des centaines de boîtiers vides de DVD et jeux vidéo jonchent le sol. Ouverts de force, volés dans la cohue. On marche comme sur des œufs de peur de glisser, en poussant du pied les cadavres d’une culture qui semble avoir été violée. A la sortie, les bornes antivol hurlent au point qu’on ne les entend même plus. Alors que le magasin ferme normalement ses portes à 22 heures, aujourd’hui, extinction des feux à 19h30. Ordre de ce qui reste de la direction : ne plus faire entrer personne pour mieux gérer la horde présente. (Pour la plupart des salariés cependant, la journée ne se terminera vraiment que cinq heures plus tard.) Les vigiles, sous une pluie d’insultes et de huées, font leur job. Les gens dehors deviennent fous, les en empêchent, retiennent la porte. Ce qu’ils ne savent pas, les chacals, c’est que le magasin a déjà été pillé. Chacun de ses os a été sucé méthodiquement. Avidement. Durant les derniers mois, depuis l’annonce de la fermeture de la chaîne Virgin, pas un seul de ces « clients » n’a évidemment levé le petit doigt pour soutenir (de quelque manière que ce soit) les 1 000 salariés, futurs chômeurs dans quelques semaines. Mais ce lundi là, ils étaient pourtant tous là comme par magie, ces clients invisibles, fossoyeurs aux dents acérées. Le temps d’une matinée, oubliant Amazon, oubliant « la crise », ils étaient là en chair et en os, en masse, les rats, les nécrophiles, dansant joyeusement sur les cadavres de milliers de salariés, amassant leur « butin ». Faire des bonnes affaires, c’est une chose. Mais à ce prix-là ? A prix cassés, dignité soldée ? Pour ce prix-là, vous avez poussé aux larmes des travailleurs. Pour ce prix-là, vous êtes devenus des bêtes. A prix cassés, dignité soldée ? La vôtre on s’en doutait, mais également la leur dans la foulée ? Vous ridiculiser ne suffisait donc pas ? Il fallait également les écraser, les traîner dans la boue ? Vous vous êtes battus comme des chiens. Bravo, c’est bien. Mais vous n’êtes pas des chiens, les chiens n’agiraient pas ainsi. Mais vous n’êtes pas non plus des êtres humains, car un humain il me semble, n’agit pas non plus de la sorte. Non. Pour vous être comportés ainsi, vous n’êtes simplement – et clairement – que des sales pourritures.


NATURE ET CONTRE NATURE. CORPS, SYMPTOMES ET SYMBOLISATIONS Isabelle Prudhomme


Point de départ : La question, «est-ce la sagesse collective ou la sagesse individuelle, qui peut permettre de définir le périmètre nature/contre-nature ?» m’amène plusieurs réflexions au sujet de la sagesse individuelle. Mon hypothèse : la sagesse individuelle passerait par le fait d’assumer son désir de puissance (ou volonté vers la puissance ?) et d’assumer les castrations et limitations corrélatives. Comme si sa propre castration symbolique pouvait valoir en tant que référence des références, ou valeur des valeurs, notamment si elle est «croisée» avec les castrations symboliques des autres. Cette notion de castration symbolique sera donc à définir, de même que celle de volonté vers la puissance (cette dernière fera l’objet d’un prochain travail). La notion de castration pour Lacan est plus volontiers utilisée que celle de complexe de castration. Définie « comme étant une opération symbolique qui détermine une structure subjective » . La structure subjective, singulière serait le résultat de l’opération symbolique, qui porte sur le phallus, non pas en tant qu’objet réel, mais imaginaire. « L’enfant, fille ou garçon, veut être le phallus pour capter le désir de sa mère (c’est le premier temps de l’Oedipe). L’interdiction de l’inceste (deuxième temps) doit le déloger de cette position idéale du phallus maternel. Cette interdiction est le fait du père symbolique, c’est à dire d’une loi dont la médiation doit être assurée par le discours de la mère. Mais elle ne vise pas seulement l’enfant, elle vise également la mère et, pour cette raison, elle est comprise par l’enfant comme castrant celle-ci. » Nous pouvons entendre qu’une castration serait corrélative d’une autre structurellement, dans la relation première à l’objet d’amour. Au troisième temps, « intervient le père réel, celui qui a le phallus (plus exactement celui qui, pour l’enfant, est supposé l’avoir), celui qui, en tout cas, en use et se fait préférer par la mère. » L’enfant, qui a renoncé à être le phallus, va s’identifier au père : peut-être est-ce là qu’intervient la différence des sexes, et les identifications sexuées corrélatives. Le garçon, renonce à être le phallus, mais aussi à se servir de celui qu’il a qui ne fait pas « le poids », ajournant dans le temps cet usage. Le déplacement par rapport à l’objet premier restera encore à opérer plus tard, la tentation de retour ou de régression vers la mère se renégociant inconsciemment à l’adolescence, aux prises que le sujet est, avec l’identification au père notamment. La fille renonce à être également le phallus de la mère, puis renonce à avoir le phallus du père ; reste la troisième opération qui serait le renoncement à la tentation d’être le phallus du père. A ce prix, l’acte sexuel avec un autre sujet deviendrait alors possible. Ces étapes ne pourraient-elles se résumer dans un rapport à l’être et à l’avoir (le phallus), sans cesse transitoire et renégocié

dans la relation à l’autre, qu’il soit le père, la mère, ou leurs substituts par la suite ? Entendons substituts au sens où ils reprennent des traits imaginaires, symboliques et/ou réels, de nos identifications premières. Ne pas être le phallus ou ne pas être l’objet du désir de l’autre, ne pas être l’objet qui lui manque. Ne pas avoir le phallus ou ne pas « s’en prétendre le maître » . Ce « ne pas » renverrait-il à un acte de conscientisation, de renoncement actif et symbolique, toujours à réopérer dans cette dynamique structurale (inconsciente, pour partie au moins) qui se plaquerait sur chaque relation humaine investie ? Et peut-être même simplement dans le rapport de soi à soi-même ? Qui passerait dès lors par une séparation, une division. Cette notion de séparation, nous la retrouvons à maintes reprises dans un ouvrage de Denise Morel, intitulé « Psychanalyse et cancer ». Une de ses hypothèses majeures s’énonce ainsi : le sujet souffrant du cancer « nous offre un témoignage ouvert de son non-accès à la castration symbolique » . La notion de transitivisme illustre bien cette castration symbolique non opérante : quand l’autre est atteint dans son corps, imaginairement je suis atteint(e) par le jeu du miroir. « Je suis si proche de mon enfant que ce qui le touche me touche - et, comme le rappelle D. Morel, nous sommes tous les enfants de quelqu’un, (…) nous considérons comme nos enfants tellement d’êtres qui ne le sont pas que cette phrase s’applique à nombre de relations » . L’image en souffrance de l’autre viendrait acter à la fois une différenciation et une séparation, parfois difficiles à symboliser, passant par l’angoisse, angoisse de castration (ou de morcellement pour certains sujets). La personne qui a recours à une somatisation déplacerait cet enjeu de la séparation : plutôt que de la réaliser avec l’autre, elle serait faite avec soi, et son propre corps, ou du moins une partie. Comme si de sacrifier à une atteinte sur son corps allait contribuer à ménager l’autre ou la relation avec lui. Une autre hypothèse pourrait consister à associer l’idée de nature à celle de corps, de contre-nature à ce que « subit » le corps (maladie, choc, accident, traumatisme, symptôme, moyens de défense contre ce qui lui fait violence ou l’agresse, que ce soit en termes de symptômes posés entre le monde et soi, ou en terme de passages à l’acte). La culture renverrait au travail ou à la discipline que chacun propose à son corps afin de l’assouplir, le détendre, prendre soin de lui, le soigner. Contre-nature serait alors toute somatisation que le corps subirait. Voyons ce que déploie plus précisément Denise Morel dans son ouvrage Cancer et Psychanalyse. 1 - D. Morel note qu’une affection cancéreuse n’est rarement dépistée à son début. Régulièrement le symptôme douloureux


et visible renvoie vers une tumeur vieille de deux ou trois ans : « c’est donc deux ou trois ans plus tôt dans l’histoire du patient qu’il faut rechercher l’évènement traumatique » . Le traumatisme procéderait d’une représentation impossible, qu’elle soit représentation de la folie, d’une séparation, de la mort, d’une perte d’un être cher, d’un parent, d’un frère ou d’une soeur, ou « irruption d’un imaginaire menaçant une réactivation d’un fantasme oedipien » exposant de fait à la castration. Peut-être est-ce aussi parce que l’évènement traumatique atteint l’autre, et pas nous-même, qu’il force d’autant plus notre imaginaire et nos capacités à nous représenter, cet événement ? Et nos capacités à le délimiter. La perte ou la transformation de l’image du corps de l’autre serait un événement qui forcerait les portes de notre imaginaire. « Le sujet trouve l’issue somatique cancéreuse, lorsqu’il ne peut soutenir que sa relation à l’être aimé (conjoint, enfant, parent ou ami) soit en prise directe avec la mort, avec cette castration ultime et jusque-là irrecevable » , qui frappe de manière réelle cet être aimé. 2 - Etre confronté à cette représentation d’une castration, cette fois réelle, donnerait à vivre la menace de castration corrélative à la représentation, et l’angoisse qui l’accompagne. Les conséquences du traumatisme renvoient au réel de la mort, et plus particulièrement à une angoisse de mort si prégnante - ou angoisse de castration ? - qu’elle concerne l’autre ou soi-même - , si prégnante que la mort finit par apparaître intimement pour le sujet comme « la délivrance des tortures » . Comme si le désir du sujet n’aspirait qu’au soulagement, et à la mort, plus qu’à toute autre chose. La pulsion de mort deviendrait dominante, proportionnellement à la culpabilisation, qui vient parfois empêcher toute forme de plaisir, ne serait-ce que par comparaison avec celui qui souffre, et empêcher également un acte suicidaire, associé fantasmatiquement à un soulagement. 3 - Alors, ainsi que le mentionne D. Morel, « comment reprocher au corps de répondre fidèlement à cet appel au secours? » . La somatisation apparaîtrait alors comme un compromis : plutôt que de céder complètement à la mort (quelque part interdite parce qu’elle ferait violence à d’autres), le sujet concéderait inconsciemment à la mort d’une partie de soi. 4 - La question qui se dégage de ces avancées pourrait être : « pourquoi à un moment donné de son histoire tel organisme ne répond plus par des défenses appropriées ? » Les termes « mécanismes de défense » se prêtant ici à l’équivoque somatique et psychique. D. Morel évoque l’insécurité profonde des sujets ayant perdu un proche du cancer, mentionnant les mécanismes de défense qui viennent répondre aux fantasmes mobilisés par ce vécu : annulation de « perception dangereuse pour le moi », mode de pensée magique (« ne pas y penser, ne pas en parler surtout

» et ça n’arrivera pas), troubles de la perception de son corps, de ses douleurs, de ses émotions, dénégation : autant de processus de scotomisation des perceptions angoissantes, parfois renforcés par l’accord plus ou moins tacite de l’entourage. L’apparition de la tumeur serait également corrélative d’un retrait narcissique. Le support de tout l’investissement affectif du sujet disparaissant, c’est aussi une fonction de contenant qui disparaît pour lui. Est-ce à dire que le corps du sujet est désinvesti narcissiquement, mais aussi dans les dimensions de plaisir (sensations, perceptions) associées ? Jouissance aveugle, sans bornes, Autre, plutôt que jouissance phallique de son corps en soi ? « Le cancer est donc le moyen mis à notre disposition pour authentifier cet imaginaire (rester fidèle à un imaginaire fusionnel) ; c’est une façon (...) de faire crédit à la toutepuissance de l’imaginaire. Sommes-nous si loin du délire psychotique ? La somatisation morbide semble être alors une mise en acte du fantasme (...)» La différence soi/autre n’existe pas ou est déniée, ne laissant pas la place à la pensée, à la représentation singulière. 4 - Plutôt que de haïr et rejeter le porteur de souffrance/ symptôme, le « causeur » de souffrance, en tant qu’objet mortifère, beaucoup trop proche, et en plus déjà endommagé, c’est soi-même qui devient objet de rejet : « il se produit quelque inversion libidinale qui maintient l’être aimé en position de « bon objet », et fait basculer le sujet lui-même dans une position de « mauvais objet » à détruire. (…) L’autre scène du meurtre se déroule dans un décor physiologique. Perceptions et affects se trouvent alors radicalement coupés de la psyché et c’est l’explosion somatique. » . Comme si l’enjeu devenait : mourir pour ne pas haïr, mourir plutôt que haïr. Quand l’étranger, l’étrange, l’impensable, la mort, s’emparent de l’autre, c’est ensuite comme si la cellule cancéreuse anarchique, folle, devenait la figure de cet étranger, de cet étrange, de cet impensable, de cette mort. « (… Dans) une réaction d’étayage inversée le sujet incorpore ce cancer extérieur, il prend en lui ce « corps étranger » qui l’agresse et l’absorbe entièrement! » . 5 - Haïr ferait entrer en scène la culpabilisation. Plutôt que d’assumer d’être coupable, - donc exclus du mythe familial, du mythe fusionnel, d’un imaginaire qui fait tenir, donne consistance, le sujet prendrait le parti inconscient d’être coupé : coupé d’une partie de lui-même en l’occurrence, coupé de son corps. Le sacrifice serait celui du corps. Ou d’une partie. Corrélatif du retrait narcissique. « (…) nous pouvons supposer qu’en détruisant inconsciemment son propre corps par le cancer c’est le corps de l’autre et tout particulièrement le corps maternel qui est visé » ajoute D. Morel - le corps de cet autre tout-puissant pour protéger le sujet dans son enfance, et qui là, défaille. Corps


renvoie aussi métaphoriquement vers la notion de groupe, groupe familial avec ses membres, par exemple. Ou couple, autre version du groupe, la plus restreinte, la plus fusionnelle aussi possiblement. Le sujet souffrant du cancer, s’il témoigne de son non-accès à la castration symbolique, peut-être non-accès temporaire, témoigne aussi sans doute d’une tentative de métaphorisation d’un corps fusionnel en souffrance. Ou en tout cas, d’une tentative de symboliser quelque chose de la mort. Cette symbolisation apparaît comme une formation de compromis, aux prises avec la culpabilisation confuse en jeu. Symbolisation au ras du corps, et même dans, et par, le corps, au travers d’un symptôme somatique.

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R E G O R T U A BOM ZA T OZ M


Prenez de bonnes dispositions pour cet été, mangez sain, léger et naturel. Une recette simple pour convaincre vos amis que vous êtes imbattable en cuisine italienne. Fi de la pizza ou des pâtes carbonara. Attaquez fort avec le classique des classiques la tomate/ mozza. Mais pas n’importe laquelle ! Design. Elle reprend l’aspect d’un hamburger mais sans être un. Fuck to the Junk food. Vive la hipster cuisine now new fresh & cool. Pour cela prenez une belle tomate par personne. Le choix de la tomate est essentiel. Organic ! c’est à dire bio. Certainement plus chère à l’achat mais cela vaut mieux que 2 kilos de tomates espagnoles trempées de la sueur des esclaves bossant dans des conditions exécrables ou la tomate hollandaise rouge comme une tulipe mais au goût si batave, et puis ça vous évitera d’en balancer la moitié à la poubelle et vous gagnerez votre premier point hips. Découpez- la en fines tranches dans le sens de la largeur. Faites de même pour la mozzarela di buffala évidemment, bio, provenant d’une des multiples petites coopératives d’Italie du nord. Intercalez les tranches de mozza très fines et celles de la tomate pour en faire un mille-feuilles sans vraiment reconstituer la tomate, ça fait cheap et un peu trop manque d’imagination. Posez l’ensemble délicatement sur une très grande assiette afin de sublimer votre travail d’artiste Top Chef. Confectionnez ensuite votre pesto. Pour cela prendre une belle huile fruitée (italienne de préférence mais les portugaises, grecs ou espagnoles rivalisent de goût, mais n’oubliez pas qu’une huile bio à moins de 7 euros le litre c’est de l’arnaque). Dans un mixer versez votre huile, sel, poivre, les feuilles d’un beau bouquet de basilic, des pignons de pin, et du parmesan râpé. Mixez, goûtez et rectifiez si nécessaire et réservez au frigo pout lui donner un coup de fraîcheur. Au moment de servir, versez délicatement votre pesto (il doit être assez liquide) sur votre montage mozza/ tomate. Ajoutez-y une feuille ou deux de basilic et quelques pointes de vinaigre balsamique concentré et voilà le tour est joué ! Il ne vous reste plus qu’à faire un tabac auprès de vos amis ou de tout déchirer sur les marchés du Périgord profond avec votre recette et votre burgermozzatomatotruck !

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yaourt blues

le talent des petits pots Anne-Gaelle Burban

A l’intérieur du vaste espace d’une ancienne grange, une foule de 364 ou 365 petits pots en verre (selon les années), porteurs ou non d’un post-it coloré rose, jaune, orange vert ou bleu, vient s’agglutiner à même le sol et occupe la place en formant naturellement une barrière circulaire de 6 mètres de diamètre, dessinant ainsi une immense aire vacante et sphérique. Dans le silence du lieu, cette installation in-situ joue avec les qualités plastiques d’une unité (le petit pot de verre) qui se répète et qui n’est chaque fois ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre. En effet, de micro variations viennent rythmer l’appréhension de l’ensemble et opèrent localement comme autant d’agents singuliers. Parmi ces variantes, on citera notamment la présence ou non de post-it à l’intérieur, leur couleur, leur contenu et leur position. Nous serons sensible également aux formes, ainsi qu’à l’orientation et à la manière dont chaque pot capte et transmet la lumière à notre regard. Contrairement à ce que nous avons comme représentation d’une galerie d’art, l’occupation, ou plutôt le déploiement spatial se joue ici horizontalement et non verticalement. Il s’agit ici d’un monument relativement plat (environ 8 à 10 cm suivant la hauteur des pots), agissant un peu comme un bas-relief ou une flaque potentiellement coupante qui empêche ou du moins conditionne, d’une certaine manière, la déambulation du spectateur. En rentrant le spectateur pourrait être saisi par l’aspect d’inquiétante étrangeté émanant de cette installation éphémère. En effet, le petit pot de yaourt en verre, compagnon bien connu de notre table, libéré de son opercule se retrouve détourné de sa fonction. De un, il passe à 365 et devient le marqueur du temps qui passe. Pris dans l’installation, chaque sujet peut s’identifier à un petit pot, plein ou vide et ressentir sa condition de « petit point/pot » emprisonné par l’instinct grégaire dans l’immensité du cosmos. Les petits pots semblent déterminés par une loi, un tabou, une peur fondamentale les empêchant de franchir une limite invisible. N’estce pas ainsi que nos sociétés et que nos individualités sont régies ? Est-ce la marque d’une sagesse collective ?


Le contraste de la foultitude disciplinée des petits pots créant ce vide peut aussi provoquer un sentiment de malaise, voir d’angoisse. De cette angoisse peut naître une image magique, un fantasme. En effet, rien ne nous empêche d’attribuer à cette zone sacrée (parce qu’apparemment vierge) des vertus chamaniques. D’une certaine manière, l’installation Nature/contre nature cherche à réveiller l’ambivalence qui est en chacun de nous. A la fois fasciné et repoussé par ce périmètre du vide et du manque, le sujet observe passivement la multiplication exagérée d’un détail du quotidien : le pot et le mot. La répétition, la ritournelle du module peut conférer au bégaiement (T.O.C) ou au symptôme, voir à la propagation cancéreuse des cellules d’un espace protéiforme dont nous ne serions qu’une infime partie. Ce rien, cette forteresse du vide peut aussi faire référence au discours d’un certain capitalisme qui produit du rien à la place du désir et qui maintient ainsi le peuple hystérisé à l’écart d’une jouissance investie. Parallèlement l’idée de multiplication des pots (et non des pains !) peut également faire référence à la dialectique vie/mort en donnant l’avantage à Eros. C’est alors, la parabole de la continuité, de la résilience, des générations qui se succèdent depuis la nuit des temps et qui vérifient la thèse que le but de la vie est la vie. Quant à la place du langage dans cette œuvre, elle est centrale. Les mots contenus dans les pots sont pareils à des talents révélés ou à révéler (dans tous les sens du terme : la monnaie et les aptitudes). Ce sont ces mots avec leur mi ou leur non-dit qui lient et animent les multiples unités en un tout. A l’instar d’un mur des lamentations horizontal, chaque post-it contient localement et individuellement un secret (un tabou) participant globalement aux soubassements culturels (le grand Autre) et à l’enrichissement collectif des signifiants. Ainsi, ce qui serait fondamentalement contre nature serait la disparition de ces signifiants. Or, une société en panne de nouveaux signifiants est une société rongée par le cancer de sa morbidité et promise à l’extinction imminente.

Simulation virtuelle pour le projet d’intervention plastique intitulée Nature/Contre Nature. © Crédit photographique Julien Borie, nOOrs.


5 ans de campagne


MARC JAKOBIEC 5 ans de campagne! Il ne s’agit pas d’évoquer ici des récits de conquêtes napoléoniennes ou autres expéditions militaires, mais de faire le point sur 5 années passées en milieu rural. Quel bilan peut-on tirer quand une démarche volontaire s’avère plus inattendue que prévue. Hormis un air de bonne qualité, d’une nature encore vaillante (verte et tout ça) d’un calme relatif, que nous révéle cette nouvelle vie. Pour commencer c’est l’accueil des indigènes vis à vis d’un néo rural. Vous êtes d’abord un étranger et pour longtemps ! Deux possibilités: ou la curiosité l’emporte et vous avez vos chances, ou vous êtes quoi qu’il arrive, un empêcheur de tourner en rond désavoué par la rumeur. Parlons ensuite de la légendaire douceur campagnarde. C’est un milieu en réalité extrêmement bruyant où la compétition entre tracteurs, tondeuses, débroussailleuses, tronçonneuses, rallyes automobiles, moto cross et raves en tout genre se disputent les faveurs des habitants, mais à 19h tous au lit. Viens ensuite la surpopulation de personnes âgées capables de provoquer de véritables embouteillages aux heures de pointe sur les marchés, attention vous n’êtes pas en période de soldes boulevard Hausmann et la prudence s’impose. Vous devez ensuite endurer la dure épreuve des soirées musicales trad’, des fêtes de village qui n’ont plus rien de traditionnel avec Yvette Ledoux et son orchestre magique et si vous n’avez pas la chance d’être à proximité d’un grand festival, laissez tomber la culture puis les troquets avec terrasses ouvertes après 20h et si vous voulez vous rabattre sur internet, c’est 20 Mo pour un papy de 80 ans sans ordi paumé dans son hameau ou 2Mo, voire 512 k quand ça passe et là on se sent vivre dans un pays en voie de sous développement. En dehors de quelques centres urbains dont vous êtes forcément éloignés la culture aujourd’hui à la campagne c’est la fête médiévale, l’artisanat local à base de poteries, de peintures d’animaux ou d’explosions colorées d’un Pollock avec Parkinson compris et l’Occitan ! A ce jour vous n’êtes pas encore obligés de vous exprimer dans cette langue à la Poste, mais on y arrive. Pour s’affirmer NOMM DE DIOU!!! Les transports en communs n’en parlons pas! Donc vous oubliez la dernière rame qui part de Nation à 1h du mat’ et c’est le règne du tout voiture à tout crin et à toute blinde dans les virages et quand on est néo, on se gare. Ce sont les tiques, puces, guêpes et frelons en tous genres. Il y a aussi le culte du «je-connais-un-coin-à-cèpes-extra-mais-je-te-dirais-pas-où-c’est ! ». Mais ! Mais... C’est aussi l’employée de la SNCF qui vous rappelle sur votre portable pour vous prévenir que vos billets sont prêts et au prix plancher. Le producteur bio qui évoque la lune et les cycles avant de penser à vendre son produit, c’est le voisin ou la voisine qui passe une tête avec une salade et un pâté parce qu’ils ne vous on pas vu depuis 2 jours. Ce sont des initiatives collectives souvent modestes mais qui se recentrent sur l’humain. C’est la séance de cinéma à 4 euros avec une salle remplie par 6 personnes. Une forme de lenteur chez les commerçants mais sans queue, un Trésor Public plutôt accueillant et efficace. Ce sont en fait juste des hommes et des femmes qui ont peur de perdre ce quelque chose de nostalgique d’une France rurale qui n’existe plus et qui se demandent si ça vaut vraiment le coup de prendre le LGV en marche ou de s’abonner à Libé qui les a oublié depuis bien longtemps. Alphonse Allais rêvait de la ville à la campagne, aujourd’hui il n’y a que le mauvais côté de la ville qui envahisse les campagnes en l’enlaidissant de ronds-points menant tous à de monstrueuses zones commerciales... Bref une folle envie de se barrer tous les jours quand vous passez devant une maison neuve type Dallas avec portillon et toboggan et une folle envie de rester pour passer le week-end, voire le restant de ses jours. L’herbe paraît toujours plus verte à côté (proverbe débile)...



MARC JAKOBIEC

DA DA DA

Et si nous réinventions la R.D.A, République Démocratique Allemande. Face à l’insurmontable crise que nous promettent de juguler à chaque journal télévisé tous les hommes politiques de droite comme de la gauche modérée et qui tarde à venir (on se demande pourquoi), ne pourrions-nous pas nous inspirer de ce modèle allemand qui fit la fierté du bloc soviétique durant plus de 50 ans. Avec une stabilité politique et économique sans faille, ce pays ne connut jamais le chômage avec une production industrielle performante fabriquant les meilleures voitures du marché (la Trabant), des chars T72-G en veux-tu en voilà, des missiles et autres joujoux nucléaires sans oublier tous les modèles de tracteurs agricoles capables de produire une agriculture intensive et de qualité. Une jeunesse parfaitement formée avec un niveau tout à fait exceptionnel en sciences, technologies et arts. Le sport avec des athlètes de haut niveau raflant la plupart des médailles au nez des meilleurs sportifs russes, américains et européens. Une armée parfaitement entraînée évitant à la jeunesse toutes dérives avec l’alcool, les stupéfiants, le rock’n’roll, le sexe ou l’homosexualité. Avec une haute conscience politique, la population de ce beau pays ne réclamait jamais plus que ce qui leur était proposé dans les magasins d’état. Pas de promos, pas de ruées folles pour les soldes dans les grands magasins. Ces derniers étant vide de toute tentation, ils étaient avant tout la vitrine des améliorations quotidiennes que les plans quinquennaux apportaient à la population des camarades de l’internationale communiste. Ils étaient également un but de balades dominicales où l’attrait pour le matérialisme personnel n’avait pas sa place. D’ailleurs, le vintage omniprésent prouvait à quel point les designers est-allemands étaient terriblement précurseurs d’un style qui emballe aujourd’hui tous nos magazines et bloggeuses de mode. Egalité des chances à l’école où le paysan devenait médecin ou ingénieur. Egalité devant la maladie avec un système de santé infaillible où l’argent n’avait pas sa place et tout passe-droit était sévèrement puni. Un parti au dessus de tous soupçons et de corruption, efficace et discret qui vous évitait d’exploser votre forfait téléphonique et qui à sa manière était un avant-goût de Facebook, Google et Wikileaks réunis. N’oublions pas sa principale filiale, la police secréte ((STASI) organisme compétent et neutre évitant à tout homme politique, intellectuel ou artiste les débordements verbaux minables qui inondent nos ondes et aliment nos tweets quotidiens. Un pays où le superflu n’avait pas sa place, où la camaraderie l’emportait sur l’égoïsme, où la femme n’avait pas à prouver en permanence son égalité. Il est rare de connaître dans l’histoire une telle perfection en terme de société et d’organisation dont le seul but est le bonheur universel. Et quand aux détracteurs qui mettent en avant la notion de dictature, il est facile de leur répondre que ce système mêlant paternité et maternité a évité à ses enfants innocents de tomber dans les griffes d’un autre système qui se revendique démocratique et libre. Alors pensons-y ! Réfléchissons bien au fantastique bien-être moral et matériel qu’à pu apporter ce fantastique déploiement d’intelligence et d’humanisme.


la vraie vie


VÉCU LIBREMENT INSPIRE DE FAITS REELS. MARC JAKOBIEC La scène se déroule dans les locaux feutrés d’un institut de sondage. Huit hommes et femmes sont assis autour d’une table, et grignotent machinalement des petits biscuits en buvant des sodas. Marion, 40 ans se tient debout, un marqueur à la main. Elle acquiesce depuis environ trente minutes et note méthodiquement sur le « paper board » tout ce que raconte ce petit groupe. Mais là, présentement, elle essaye de faire réagir Franck. Il n’a pas décroché un mot depuis le commencement de la réunion, c’est probablement celui qui s’est le plus goinfré de biscuits. Frank a 37 ans. Sa fiche indique qu’il est gardien de la paix. Il est ici car il n’a pas encore 40 ans, parce que son CSP est intermédiaire mais que, curieusement, au vu de ses revenus, il achète très régulièrement des boissons survitaminées. Son avis intéresse donc fortement Marion, qui anime le groupe et qui est bien consciente de l’attitude passive de Franck depuis le début de la session. Si elle le laisse buller pendant les deux heures qui suivent, elle risque de se mettre à dos les sept autres participants, passablement dégoûtés du fait que Franck ait dégommé les biscuits tout-chocolat, pour ne laisser que les cigarettes russes. Surtout, Marion ne veut pas s’attirer les foudres de ceux qui siègent derrière la glace sans tain : ses clients – qui déboursent des sommes rondelettes pour ce genre de réunions – et ses boss. Parmi eux, il y a Prune, 35 ans, responsable marketing. C’est à elle que l’on fait référence lorsque l’on parle du client. A ses côtés, il y a David, 27 ans, chef de produit. Épuisé par ses deux années de stages et de CDD, il a une opinion, mais pas l’énergie nécessaire pour l’exprimer. Alors en guise d’avis, il commence toujours par émettre des pré-suppositions qui commencent généralement par « Estce qu’on peut se dire que », et se terminent par « c’est peutêtre un point à creuser ? ». Suite à quoi Prune rebondit ou s’abstient de rebondir si elle estime que David a parlé pour ne rien dire. De toutes façons, Prune ne décide de rien. Personne ne décide finalement dans le marketing. Sauf ceux qui ont plus de 45 ans, et n’assistent jamais aux études de marché. Les autres s’appuient sur des convictions, des discussions et des réflexions. Mais personne ne décide. De l’autre coté de la glace sans tain, il y a également Aline, environ 30 ans. Elle n’a pas d’enfant, pas de relation stable, pas de permis de conduire. Tout cela ne compte pas vraiment, en regard de son goût immodéré pour les voyages et les performances artistiques alternatives. Elle est directrice de clientèle dans l’agence de pub qui a créé les films dont les gens discutent de l’autre côté. Son métier consiste à donner une satisfaction maximale à Prune et David, ce qui implique très souvent de sacrifier ses soirées voire ses week-ends pour peaufiner le positionnement publicitaire des marques des clients. Là par exemple, vu la tournure que prend le groupe, elle se doute déjà que David

souhaitera un débrief à chaud, qui l’empêchera de rejoindre ses copines à temps au Rosa Bonheur. Aline est accompagnée de Vincent, planneur stratégique dans l’agence. Il a environ 30 ans aussi, il est barbu et porte de grosses lunettes de vue. Son look d’apparence négligé est en fait méticuleusement étudié. Et cela tombe très bien, parce que Vincent a tout le temps dont il a besoin pour étudier son look. Il méprise totalement Aline, avec ses cernes et son sens du service client. Il méprise le client qui s’obstine à croire que toutes ces choses ont une utilité quelconque. La seule personne qu’il respecte pour l’instant est ce pauvre Franck, qui n’aura pas besoin de dîner en rentrant chez lui vu le nombre de biscuits au chocolat qu’il s’est enfilé. Vincent se dit que s’il avait fait partie de ce groupe, il aurait fait pareil. Il a le droit de se foutre de tout, parce qu’on le paye pour prendre du recul, pour avoir de la hauteur. Vincent n’accorde pas vraiment d’importance aux études de marché, aux attentes du client, aux états d’âmes des créatifs. Il a noté dans un coin de sa tête quelques éléments de langage qui le feront paraître brillant à l’issue du débrief. C’est bon, il peut tuer le temps tranquillement les deux heures qui suivent. Il se saisit de son téléphone portable et donne rendez-vous à ses potes au Rosa Bonheur. Assis un peu en retrait, sur les sièges les moins confortables, se trouvent deux cadres qui travaillent pour l’institut d’études. Ils prennent des notes. Personne ne fait attention à eux, mais à tout moment ils peuvent être questionnés par le client si celui-ci a perdu le fil. Ils sont neutres. Ils personnifient la neutralité et c’est ce que l’on attend d’eux. Mais voilà, coup de tonnerre, Franck réagit au spot présenté, il ne l’aime pas. Marion fait son job ! « Mais pourquoi Franck ? » « C’est pas comme ça dans la vraie vie ! » La main droite de Marion se crispe sur son marqueur. De l’autre côté de la glace sans tain, David regarde Prune. Prune fixe Aline. Aline fixe désespérément Franck de l’autre coté qui ajoute « Les mecs qui veulent passer cette pub à la télé, soit ils y vivent pas, dans la vraie vie, soit ils se foutent de nous.» Pendant les deux heures suivantes, Marion prend bien soin de ne plus jamais adresser la parole à Franck. Il ressort, lors du débrief, que l’apport du produit devra se traduire par un bien-être exprimé de façon plus émotionnelle que physique. Pendant qu’Aline recopie consciencieusement cette phrase sur son cahier de notes, Vincent ajoute « mais pas trop émotionnel non plus... », et tout le monde se salue sur cette pensée évanescente, en statuant que ce groupe aura été vraiment riche en enseignements. Quelques heures après, Aline se fait raccrocher à la gueule par son directeur artistique, qui ne comprend rien à cette histoire de bien-être émotionnel. Prune est à Deauville pour y passer le week-end avec son nouveau mec. Vincent est bourré au Rosa Bonheur. David quitte son RER à la Plaine Saint-Denis, suite à un « incident technique » et Franck entame son service de nuit au commissariat du XIIIe arrondissement. La « vraie » vie débute pour eux.


BIBLIOGRAPHIE Pour les articles nature/ contre nature Chemama R., Vandermersch B. (sous la dir. de) Dictionnaire de la psychanalyse, Ed. Larousse, 1998 Fanti, « Dictionnaire de la psychanalyse et de la micropsychanalyse », 1983 Freud S. « Malaise dans la culture », 1930 Freud S. « Le moi et le ça », 1923 Freud S. « Délires et rêves dans la Gradiva de Jensen », livre de poche Freud S., « Trois essais sur la théorie sexuelle », 1905 Freud S., « Totem et tabou » Freud S. « Deuil et mélancolie », livre de poche Hustvedt S. « La femme qui tremble : une histoire de mes nerfs », Actes Sud, 2010 Laborit E. « Eloge de la fuite », livre de poche Lacan J. « Livre XVII : l’envers de la psychanalyse », éd. Champ Freudien Lacan J. « L’angoisse – Le séminaire, livre X » La bible, Le maitre et les trois serviteurs, Matthieu, 25, 14-30 Daniel Lysek. « Bollettino dell'Istituto Italiano di Micropsicoanalisi n° 22, Turin, Tirrenia Stampatori », 1997 Michel de Montaigne. « les Essais » Denise Morel, Cancer et psychanalyse, éd. Belfond, 1984 Sabina Spielrein « La destruction comme cause du devenir » in internationale Zeitschrift für Artzliche Psychoanalyse, I,1913


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