Le 13 du Mois n°6

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MI-MANDAT

COUMET : PROMESSES TENUES ? Le magazine indépendant du 13e arrondissement N° 06 — Avril 2011 | www.le13dumois.fr | En vente le 13 de chaque mois

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PRIX DE L’EAU : UNE BAISSE EN TROMPE-L’ŒIL


— BRÈVES

LYCÉENNE SANS PAPIERS : CLAUDE MONET EN LUTTE L’audience aura duré moins de dix minutes, le temps pour le président de rappeler les faits : venue régulariser sa situation à sa majorité, Jinging s’était vu proposer par la Préfecture un titre de séjour Étudiant. Conseillée par RESF, Jinging avait préféré refuser pour demander un titre Vie privée et familiale. Une semaine plus tard, un refus de titre de séjour lui était adressé assorti d’une Obligation de quitter le territoire français (OQTF).

L

e 31 mars, le tribunal administratif de Paris a annulé l’arrêté préfectoral qui frappait d’une obligation de quitter le territoire une jeune femme majeure d’origine chinoise, Jinging, scolarisée en 1ère S au lycée Claude Monet. Sauf appel de la Préfecture, la lycéenne devrait recevoir sous deux mois un titre de séjour Vie privée et familiale lui permettant notamment d’exercer une activité professionnelle à l’issue de ses études. Une victoire pour son avocate Mylène Stambouli, conseillère d’arrondissement du 13e

déléguée à l’accès au droit et membre du Réseau éducation sans frontières (RESF), lequel s’est remué pour mobiliser autour du cas de la jeune femme. En effet, le 17 mars, jour de l’audience, 260 élèves et professeurs du lycée s’étaient massés devant la juridiction, rue de Jouy dans le 4e arrondissement. « Nous sommes tous des enfants d’immigrés ! », « Pour qui ? Pour Jinging, des papiers ! », scandait la foule contenue à l’extérieur du bâtiment. Signe des temps, une centaine d’élèves du lycée Turgot (3e arrondissement) étaient également présents pour une affaire similaire.

Une issue quasi systématique, selon Marc Naelten, membre de l’antenne RESF des 5e et 13e arrondissements, qui dénonce la perversité d’un système : « Le titre étudiant ne peut être délivré que le temps des études et, de fait, impose à terme un retour au pays. En outre, il ne permet aucun moment faible dans le parcours scolaire ou universitaire... C’est donc, dans tous les cas de figure, un retour à la case sans-papiers au terme des études. » Le cas de Jinging est loin d’être isolé dans le 13e selon Marc Naelten : « Tous les établissements du second degré de notre arrondissement sont concernés et nous ne sommes mis au courant que d’une infime partie des cas. » Le 1er octobre 2010, rappelle-t-il, le Conseil régional d’Île-de-France décidait de placer sous sa protection tous les jeunes majeurs scolarisés de la région, avec pour conséquence le vote d’un vœu en ce sens par les conseils d’administration de six lycées du 13e.

CARTE SCOLAIRE 2011 :

POURSUITE DE LA MOBILISATION

S

yndicats d’enseignants et associations de parents d’élèves se tiennent côte à côte dans la mobilisation contre les fermetures de classes et les suppressions de postes prévues pour la rentrée prochaine. Plusieurs actions ont été menées en signe de protestation, notamment l’occupation de vingt-deux établissements début avril à l’initiative de la FCPE, la plupart dans le 13e. Le 6 avril au matin, les parents d’élèves ont investi le bureau du directeur des écoles de

la place Jeanne d’Arc afin d’obtenir l’ouverture d’une classe et le maintien d’un poste de psychologue. Une opération qui aurait permis « d’obtenir certaines choses ». Et, s’il refuse de donner plus de détails sur d’éventuelles avancées, Kaïs Idriss, le président de l’union FCPE pour l’arrondissement, a d’ores et déjà promis « d’autres actions » d’ici la fin de l’année scolaire. À noter que l’académie de Paris révisera la carte 2011 entre juin et septembre. www.le13dumois.fr — Avril 2011

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VIVRE ICI Médias

LA CHINE S’ÉCRIT

QUAND

DEPUIS

Par Frédéric Debiais & Julien Badaud

LE 13

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La plus importante communauté asiatique d’Europe dispose de ses propres médias aux orientations politiques diverses. Petit panorama des titres de presse lus - et pour certains édités dans le 13e.

L

a presse asiatique fait partie intégrante du paysage médiatique du 13e. Le florilège de langues entendues au détour de nos rues se retrouve aussi par écrit. Et si cette presse spécialisée est variée, les endroits dans lesquels elle est distribuée le sont tout autant : bars, salons de beauté, supermarchés asiatiques, kiosques... Certains titres reviennent plus souvent. Parmi eux, le Sing Tao Daily, très connu des communautés chinoises immigrées. Rédigées en caractères traditionnels, seize éditions du journal sont distribuées dans une centaine de villes à travers le monde. Chacune traite autant des nouvelles de Hong-Kong que de celles du pays où elle est implantée. Sur le même modèle, Le Quotidien du Peuple diffuse des informations en sept langues différentes, à cette nuance près qu’il émane du Parti communiste chinois. Parmi tous ces journaux, Nouvelles d’Europe se distingue. Il s’agit du seul quotidien dont la rédaction se situe en France et plus précisément dans le 13e. Il y est né en 1983. « Au départ, notre objectif était de contri8

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buer à l’intégration des commerçants chinois à l’étranger », nous explique dans les locaux de l’avenue de Choisy M. Zhou, commercial auprès du journal. Depuis, l’entreprise s’est implantée dans d’autres pays d’Europe et d’Asie, mais également en Afrique. Écrit en chinois simplifié, le journal existe en version électronique (1) et dispose de trois éditions papier : celle de la semaine - du lundi au

vendredi - tirée à 20 000 exemplaires, l’édition du week-end, et une parution hebdomadaire, Europe Weekly, fruit d’une collaboration avec le Xinmin Evening Post, « un des plus grands tirages de Chine », nous indiquet-on à la rédaction. On soulignera également la parution d’une version française tous les ans, lors de la Fête du printemps, distribuée gratuitement pour l’occasion.


VIVRE ICI

Ils occupent chacun un bout de la plus grande scène de France. Rencontre avec ces artistes anonymes mais pas anodins que vous croisez dans les stations de métro du 13e.

BAZAR ET BÉMOLS LES TROUBADOURS MÉTROPOLITAINS

B.O.

LA DU MÉTRO

« Saltimbanques ratpistes », c’est ainsi qu’ils se présentent en entrant dans un train de la ligne 6, « ni trop plein, ni trop vide ». Les voyageurs toisent d’un air entendu ces trois jeunes diplômés qui, derrière les guitares et la contrebasse, occupent une bonne partie de l’espace central. Ceux qui persistent à garder la tête ailleurs ou le nez dans leur journal finiront bien par lever les yeux. Car bientôt montent les premières notes du Retard, et une musique fraîche et entraînante envahit la voiture. Raphael, Chachou et Ronand ont fait le choix de séduire le public par tous les moyens. Jouer et chanter ne suffit pas tou-

Par Emmanuel Salloum Photographies Mathieu Génon

jours. Bazar et Bémols sourient, sautillent, dansent, se promènent, font des blagues, s’amusent. Le temps de quatre stations, on assiste à un véritable petit spectacle, qui fait recette. Certes, cette fois personne n’a suivi l’invitation de Chachou à se débarrasser d’objets encombrants : « Smartphones, chèques en blanc, testaments, etc. » Mais leur besace s’emplit tout de même à chaque trajet d’une quinzaine d’euros et de beaucoup de sourires. Au passage, ils auront aussi semé quelques CD et des flyers. « On cherche surtout à se faire connaître », explique Ronand. Stratégie payante : ils ont rencontré une graphiste pendant une de leurs sorties métropolitaines et ont été contactés pour se produire au festival Art Rock de Saint-Brieuc (Côtes d’Armor) en juin prochain.

LUDMYLA KRAMAR LA MYSTÉRIEUSE BANDOURISTE Place d’Italie, en fin d’après-midi. Vos oreilles frémissent à l’approche du quai de la ligne 6 direction Étoile. Une mélodie lointaine, très harmonieuse, vous fait dresser l’oreille et attise votre curiosité. À chaque pas, le mince filet de notes s’épaissit et, bientôt, le couloir est empli d’une musique cristalline, douce et apaisante. C’est là, en haut des escaliers, que Ludmyla manipule sa bandoura, un instrument ukrainien en bois proche du luth. Avec grâce, elle promène ses doigts sur une cinquantaine de cordes qu’elle pince avec de faux ongles fixés à ses phalanges par d’astucieux pansements. Cette ancienne professeur de musique connaît trop bien ces quelques mesures pour craindre la fausse note. Elle se laisse aller, parfois, à clore ses paupières ; 10

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à d’autres ses yeux ombreux dérivent vers le quai, les pensées baignées d’accords familiers. Peut-être songe-t-elle à sa ville de Lviv, dans l’ouest de l’Ukraine, qu’elle a quittée il y a trois ans avec son mari et sa fille « à cause de problèmes économiques et politiques ». Elle a troqué la petite notoriété dont elle jouissait là-bas pour l’anonymat du métro parisien. Entre deux chansons, elle se risque à balbutier quelques mots de français pour évoquer les succès passés, les 10 000 albums vendus et les concerts

© Marie Delagnes

à travers toute l’Europe. Mais bientôt un autre flot de passagers débarque, et Ludmyla, en bonne professionnelle, reprend vite son instrument et semble à nouveau porter son regard par-delà les usagers : « Excusez-moi, je travaille. »


« » VIVRE ICI

Procès de l’incendie du boulevard Vincent Auriol

LE PROCÈS S’EST DÉROULÉ DE MANIÈRE HONTEUSE Le jardin de la mémoire dans le square James Joyce.

Un incendie criminel sans coupable, dix-sept morts, six ans d’attente. Le procès du drame du boulevard Vincent Auriol s’est ouvert les 6 et 7 mars derniers. Avant d’être refermé aussi sec. Martine Doucouré, proche des familles des victimes et militante du Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (MRAP), était présente. Elle a accepté de répondre à nos questions. Le 13 du Mois : Le procès a été annulé au terme de ces deux jours. Pouvez-vous nous raconter comment vous avez vécu ce procès ? Martine Doucouré : Avant toute chose, je tiens à faire remarquer que deux demi-journées par rapport à l’ampleur du drame, c’est extrêmement court. Ce n’est quand même pas un incendie anodin et sans conséquences. Dix-sept personnes, dont quatorze petits enfants, sont décédées.

Ensuite, le procès s’est déroulé de manière honteuse. La première demi-journée n’a consisté qu’en une lecture, par le juge, d’un rapport technique. Trop technique ! Même les familles ont eu du mal à le comprendre et surtout, c’était à peine audible. Ça peut paraitre futile mais les micros ne fonctionnaient pas. On n’entendait rien ! Il fallait pencher la tête pour écouter. Aucune parole n’a été prononcée par rapport aux victimes. La juge s’est contentée d’énumérer la liste des noms et les âges des enfants, à la toute fin du rapport. 12

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Par Julien Badaud Photographie Mathieu Génon

Elle a brièvement parlé de deux blessés, gravement invalides, et de leur taux d’IPP [incapacité permanente partielle, ndlr]. C’est tout ! Alors une telle attitude devant des familles de victimes accablées, je vous avoue que c’était insupportable. Nous avons donc quitté le tribunal, complètement frustrés après cette première matinée, en se demandant quelle mascarade se jouait là. Et le lendemain ? Le même scandale. On nous a relu la même chose que la veille. Mêmes phrases, même rapport, sans aucune avancée dans le déroulement du procès. Aucune prise de parole n’était prévue pour les familles. Et toujours ces étranges problèmes de micros. Il y a eu plusieurs suspensions de séances, pendant lesquelles la juge a demandé à ce que le matériel soit réparé. Mais ça n’a rien changé. Donc on a dû se mettre en colère pour pouvoir finalement changer de salle d’audience. On pensait que tout allait s’arranger, il n’en a rien été. Si ce n’est en pire, lorsqu’un technicien a manipulé les micros. Il y a eu un


VIVRE ICI

Politique

À MI-MANDAT,

Par David Even Photographie Mathieu Génon

QUE SONT DEVENUES LES PROMESSES DE CAMPAGNE ?

Jérôme Coumet pendant les municipales de 2008.

Le maire socialiste du 13e entame la seconde moitié de son mandat. Occasion idéale pour Le 13 du Mois de se pencher sur les promesses électorales, datées de 2008, du candidat Jérôme Coumet. Profession de foi à l’appui, chacune a été passée au crible.

SOCIAL

ÉDUCATION

— Logements sociaux —

— Places de crèche —

Pas de promesses précises, uniquement la volonté d’en construire plus. Au final, ce sont 771 logements sociaux qui ont déjà été livrés depuis mars 2008 dont 130 spécialement dédiés aux étudiants. 171 devraient être mis à disposition de leurs locataires d’ici à la fin de l’année. Le 13e compte ainsi un peu plus de 35% de logements sociaux, au grand dam de l’opposition selon laquelle cette politique « chasse les classes moyennes, accentuant encore davantage la flambée des prix dans le parc privé », comme le répète à loisir Patrick Trémège de l’UMP.

500 places avaient été promises en 2008. Au final, 260 ont déjà été livrées, comme en octobre dernier place d’Italie avec l’ouverture d’une crèche de 600 m² pouvant accueillir 60 enfants. La Mairie annonce d’ores et déjà que 290 places supplémentaires doivent compléter le dispositif d’ici 2014. Rendez-vous dans trois ans pour le décompte définitif.

— Centres d’hébergement d’urgence — La rénovation de tous les centres a été annoncée. Dans les faits, les architectes ont été désignés et les travaux sont prévus pour cette année. Deux exemples : le centre de la Mie de Pain va être totalement reconstruit rue Charles Fourrier. Le centre de la Poterne des Peupliers va devoir fermer pendant les travaux et un accord a été trouvé pour accueillir les usagers dans le 6e arrondissement le temps de la rénovation. 14

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— Nouveau collège — La construction d’un nouveau collège est toujours dans les cartons mais accuse un sérieux retard. Entre temps, la majorité a réalisé des études plus précises et s’est aperçue que l’arrondissement avait finalement plutôt besoin d’écoles ! Le collège est toujours prévu mais pas avant la sortie de terre du nouveau quartier Masséna-Bruneseau aux alentours de 2014.


CULTURE - SPORT — Nouveau conservatoire— Le projet de construction d’un conservatoire plus grand est définitivement lancé. L’architecte a été désigné, le projet acté et présenté aux professeurs et parents d’élèves du conservatoire Maurice Ravel. Les travaux commenceront rue Nicolas Fortin en 2012. Aucune de date de livraison n’est cependant connue à ce jour.

— La Halle Sernam (Freyssinet) — L’idée de départ était de faire de l’ancienne Halle Sernam un lieu « de culture ouvert à tous ». La Mairie n’est pas parvenue à faire accepter son projet par le propriétaire des lieux, la SNCF. Cette dernière a en effet loué l’espace à la société évènementielle Jaulin en 2009 pour une durée de cinq ans. Depuis, y sont organisés des défilés de mode, des congrès d’entreprises, quelques salons que l’on peut qualifier de culturels, comme le « salon du vieux papier » il y a quelques semaines. On est loin du lieu culturel souhaité par Jérôme Coumet qui ne pourra rien changer avant la fin du bail, même si des négociations seraient en cours sur l’avenir de la Halle après 2014.

— Un palais du cirque — Le programme de Jérôme Coumet annonçait une bizarrerie en matière culturelle : la création d’un « palais du cirque et de la marionnette ». La dénomination était précise ! Sans relever d’une problématique cruciale pour la vie quotidienne des habitants du quartier, le dossier a pris pas mal de retard. Un concours devrait être lancé cette année pour choisir qui récupérera l’ancienne gare RER Masséna, au bout de la rue Regnault. La vocation culturelle du lieu est toujours d’actualité, mais pas nécessairement autour des marionnettes et du cirque. La nature de l’activité qui y sera pratiquée retient désormais moins l’attention que la nécessité d’ouvrir le lieu sur le quartier. Pas de date précise en termes de livraison, Jérôme Coumaet admet d’ailleurs que ce projet « impulsé par l’Hôtel de Ville ne bénéficie plus du tout des moyens financiers prévus au départ ».

— 4 nouveaux gymnases — Sur les quatre gymnases promis, deux ont déjà été inaugurés : le Stadium avenue d’Ivry et le complexe de tennis au croisement de la rue de Tolbiac et de Baudricourt. Ces projets étaient cependant sur les rails avant les élections de 2008. Un autre espace est en cours de construction dans le quartier Paris Rive-Gauche et sera principalement destiné aux 20 000 étudiants du quartier. Le dernier gymnase prévu a pris du retard dans sa conception du fait de sa proximité avec la Halle Freyssinet et des longs atermoiements qui ont suivi l’abandon par l’État du projet d’installation du TGI.

ESPACES VERTS

&

ENVIRONNEMENT — Un écoquartier — Dans les tuyaux depuis 2002, le chantier de la ZAC de Rungis - premier écoquartier de Paris - a été officiellement lancé en juin 2010 et devrait être en grande partie achevé en 2014. Avec un coût estimé à au moins 70 millions d’euros, le quartier regroupera des logements, des bureaux, une crèche, une maison de retraite et un jardin de 5 000 m² dans lequel la Bièvre, rivière recouverte au 19e siècle pour cause d’insalubrité, retrouvera la surface grâce à la construction d’un plan d’eau.

— La Petite Ceinture — Plaie béante dans le paysage urbain du 13e, la Petite Ceinture - ancienne voie ferrée - est aujourd’hui complètement à l’abandon. Le projet de la majorité était de parvenir à l’ouvrir au moins en partie à la promenade et d’obtenir l’entretien des lieux par son propriétaire, Réseau ferré de France (RFF). Le projet coince complètement. Si Jérôme Coumet affirme avoir régulièrement interpellé RFF sur cette question, aucune rencontre n’a été possible. Ni projet ni, a fortiori, délais n’ont été évoqués : « On a beaucoup de mal avec RFF, concède-t-il, qui ne se comporte pas comme un propriétaire normal. Il n’entretient même pas les lieux. La Petite Ceinture est franchement dégueulasse ! »

TRANSPORTS — Tram — La ligne de tramway T3 sera bien prolongée avec deux stations supplémentaires dans le 13e. Ce n’est pas une surprise car le dossier était déjà sur les rails avant l’élection. Cependant, le projet - porté par la majorité comme par l’opposition depuis 2008 et qui consiste à rajouter une station entre celles de la porte d’Italie et celle de la Poterne des Peupliers semble avoir du plomb dans l’aile. Le dossier est au point mort et Jérôme Coumet concède n’avoir « pas vu arriver le débat sur le Grand Paris qui redistribue les cartes en matière de transports ». Depuis, l’attention des politiques se porte davantage sur la construction d’une nouvelle station de la ligne 14 à Maison Blanche. Sur ce point, le maire ne crie pas encore victoire mais dévoile que l’hypothèse de cette nouvelle station réapparaît désormais « en pointillés » dans les nouvelles études.

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DOSSIER

SÉCURITÉ : COMMENT VOUS PROTÈGE-T-ON LA NUIT ? Par David Even Photographie Mathieu Génon

La nuit, la sécurité des Parisiens n’est pas que l’affaire de la police nationale. Depuis 2004, le GPIS s’occupe des zones HLM en coordination avec les services de police. Nous sommes allés tâter du terrain avec ces deux entités.

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C

orrespondants de nuit, GPIS, police nationale. Autant de services chaque nuit sur le qui-vive pour veiller à la tranquillité des 180 000 habitants du 13e. De l’aveu même des forces de sécurité que nous avons rencontrées, l’arrondissement serait très loin de l’image parfois véhiculée dans certains médias ou dans d’autres quartiers. Le 13e serait « plutôt calme avec toutefois quelques îlots à problèmes », explique par exemple JeanPaul Benas, le directeur du GPIS, le groupement de surveillance des HLM institué en 2004 par la Mairie de Paris et les bailleurs privés. Les Olympiades, la place Souham, le quartier Baudricourt ou Brillat-Savarin constituent les coins régulièrement cités comme parfois problématiques.

La police, justement, ne voit-elle pas son rôle peu à peu diminué avec l’apparition de nouveaux services de sécurité qui ne relèvent pas de son autorité ? Il y a encore dix ans, les hommes du ministère de l’Intérieur étaient les seuls sur le terrain. Certaines voix se sont déjà élevées au sein de syndicats de policiers pour dénoncer une casse du service public de la police et une « certaine privatisation » d’une mission régalienne de l’État.

Les trois premiers bénéficient d’ailleurs depuis 2006 de la présence de correspondants de nuit. Polo et brassard vert, vous pouvez croiser ces agents municipaux tous les jours entre 16h et minuit. « Nos douze hommes sont surtout là pour intervenir à l’occasion de petits problèmes comme les nuisances sonores pour lesquels la police ne peut pas intervenir parce que ce n’est pas prioritaire », détaille M. Passavoir, le responsable des correspondants de nuit du 13e. Prévention et médiation sont les maîtres mots de l’action de ce petit service, trop peu sollicité, selon lui : « Les gens ont peur des représailles et préfèrent souvent appeler directement la police. »

Le capitaine Arnaud Touboulic, responsable des équipes de nuit au commissariat du 13e, salue le travail des équipes du GPIS : « Nous recevons un compte-rendu complet de leurs interventions tous les jours, ils effectuent un gros boulot. » Tous les trimestres se tiennent d’ailleurs des réunions tripartites entre la Mairie d’arrondissement, le commissariat du 13e et les responsables du GPIS.

Sur le terrain, cela semble pourtant bien se passer : « Nous travaillons en parfaite complémentarité avec la police, assure le directeur du GPIS. Nous n’avons pas les mêmes prérogatives et assurons ainsi une présence plus complète sur le terrain chaque soir. »

Le 13 du Mois est allé à la rencontre de ces hommes et de ces femmes, membres de la police ou du GPIS, qui veillent chaque nuit sur le quartier. www.le13dumois.fr — Avril 2011

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DOSSIER

HLM SOUS SURVEILLANCE

Chaque soir, les hommes du GPIS sont sur la brèche et inspectent les halls des HLM de la capitale. Brigade de surveillance semi-privée, ils aiment à se considérer comme les anges gardiens, musclés au besoin, des habitants des cités parisiennes.

Par David Even Photographies Mathieu Génon

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L

eur carrure impressionne. Deux mètres de haut et presque autant de large ! C’est la corpulence standard d’un homme du GPIS, le Groupement parisien inter-bailleur de surveillance (voir encadré). Pull bleu marine dissimulant un gilet pare-balles, rangers aux pieds, les gaillards ont de quoi impressionner. Une capacité d’intimidation bienvenue dans le cadre de leur mission : patrouiller dans les halls et cages d’escaliers des immeubles HLM dont

la surveillance leur a été confiée. Leur présence sur le terrain permet de « rassurer les habitants », répète inlassablement Didier Desous, directeur opérationnel du GPIS et membre du Groupement depuis sa création en 2004.

UN PROBLÈME D’IMAGE L’homme veille à l’image que véhiculent ses agents, partagés entre la nécessité de gonfler les muscles pour impressionner squat-


DOSSIER

plique considérablement notre tâche », déplore Jean-Paul Benas.

UN TRAVAIL D’USURE Finalement, et comme souvent, la soirée aura été calme. Quelques échauffourées entre « lascars » auront bien éclaté du côté de Glacière : c’est ce que crachera la radio de Didier Desous. Mais sur ce coup la police interviendra en force, pas nécessaire de traverser tout Paris pour venir en renfort. Seule prise de la soirée pour notre équipe du GPIS : un appareil photo, caché derrière des compteurs électriques. On est loin des prises de guerres qu’ils réalisent parfois. Une mine antipersonnel, une bombe de 39-45, une kalachnikov : autant de joujoux trouvés cet hiver dans les halls des immeubles et que les agents doivent immédiatement remettre à la police.

L’œil de Srï Considérée par le GPIS comme un point particulièrement chaud du nord de la capitale, cette cité mobilise plusieurs patrouilles dont une constituée d’éclaireurs plus expérimentés - soit une vingtaine d’hommes au total. Ils vont inspecter minutieusement chaque hall d’immeuble, scruter chaque armoire électrique à la recherche de stupéfiants et d’armes. Le GPIS accepte notre présence aux côtés d’une patrouille. Notre guide attitré pour la soirée s’appelle Boris Perres, il est adjoint opérationnel. « Un soir sur deux on nous balance des trucs par les fenêtres », raconte-t-il, un œil en permanence rivé sur les étages supérieurs. Une heure et demie plus tard, rien de particulier à déclarer : une légère odeur de fumée dans le premier hall visité et c’est tout. Avant même d’avoir quitté les véhicules, des guetteurs auraient donné l’alerte et permis ainsi une désertification immédiate des halls d’immeubles. Ce jeu du chat et de la souris se répète inlassablement chaque nuit et les « squatteurs » ne se cachent pas forcément. Ce soir, ils ne font qu’enjamber la clôture du jardin d’une crèche à quelques mètres seulement des voitures du groupement de surveillance. De là, ils attendent tranquillement le départ des patrouilles tout en dégustant une part 20

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de pizza ! « C’est là que s’arrête notre travail, explique Boris Perres, nous ne pouvons intervenir que dans le périmètre des logements de nos bailleurs. Nous n’avons pas le droit d’intervenir sur la voie publique, seule la police peut le faire. » C’est d’ailleurs pour cette raison que les hommes du GPIS avouent ne pas aimer intervenir sur la dalle des Olympiades. « C’est un vrai millefeuille. Une partie est privée, l’autre publique, une autre encore est para-publique. Il y a beaucoup de souterrains dont une partie appartient à Réseau ferré de France. Ça com-

Mais pour le directeur opérationnel du GPIS, l’essentiel n’est pas là : « Même si on ne passe qu’une fois par nuit et que les squatters reviennent dès que nous sommes repartis, à l’usure nos rondes les fatiguent », assure-til fier d’avoir, d’après lui, contribué à calmer certains sites comme la place Souham dans le 13e. Par ailleurs, tous les membres du GPIS s’accordent à qualifier l’arrondissement de « calme », loin des images de guerre des gangs parfois véhiculées. Q

Les immeubles sont inspectés avec une grande prudence. Chaque agent est couvert par un collègue.


UNE

NUIT EN BRIGADE

Les missions de sécurité s’avèrent plus complexes une fois le soleil couché. Immersion, le temps d’une nuit, parmi ces 41 policiers - souvent aguerris - qui opèrent dans le 13e arrondissement.

Par Jérémie Potée Photographies Mathieu Génon

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2h45, l’heure de la relève. Le capitaine Arnaud Touboulic, dix ans de brigade de nuit dans le 13e, procède à l’appel dans une grande salle dénudée du commissariat central, rue Primatice. Une dizaine de fonctionnaires affectés au service voie publique s’apprête à « tourner » jusque 6h30. Un brin zélé en présence des journalistes, le capitaine avoue en aparté que cette revue des troupes n’a rien de systématique. Il n’en demande

pas moins à certains agents de filer chercher leur casquette avant de donner quelques consignes. Ce soir, il annonce une nouvelle procédure de saisie de plainte pour les vols de téléphone portable - « un formulaire de plus ! », a-t-on l’impression de lire dans les yeux des gardiens de la paix. « À vos services ! », conclut-il. Le capitaine Touboulic sera un guide très volubile en ¤ www.le13dumois.fr — Avril 2011

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d’appels pour tapage nocturne, notamment par les associatifs anti-bruit de la Butte-auxCailles.

TRAVAIL DE NUIT, TRAVAIL COMPLEXE C’est le moment que choisit le capitaine pour nous faire tâter du terrain. Une agression a eu lieu rue des Cordelières, dans le nord-ouest de l’arrondissement. Une septuagénaire a été rouée de coups et retrouvée inconsciente. Prise en charge par les pompiers, elle a été conduite à l’hôpital Cochin. Les trois agents présents désignent une petite flaque de sang parsemée de pièces de métal - des fragments de mécanisme de montre d’après l’un d’eux. Un rapide balisage de la scène est effectué à l’aide d’un ruban de police en attendant les hommes de la PJ.

Dans l’intervalle, les policiers tentent une enquête de voisinage. Pas facile visiblement de recueillir des témoignages de nuit : ils balayeront de leur lampe torche les façades des immeubles voisins dans l’espoir d’obtenir une réaction, en vain. En face, on aperçoit une femme à la fenêtre de son appartement du huitième étage qui refuse de réagir aux appels des fonctionnaires. Une tentative d’obtenir du gardien l’ouverture des portes de la résidence échouera également... Toute la complexité du travail de nuit transparaît dans ces comportements. Les agents laissent alors la place aux hommes du SARIJ du 13e, bientôt rejoints par deux fonctionnaires de la police technique. Ces

— « En dix ans je ne me suis jamais déplacé sur un décédé asiatique » - Capitaine Arnaud Touboulic —

derniers viennent du commissariat central du 2e arrondissement, où deux équipages se relaient chaque nuit et se déplacent dans tout Paris.

LA NUIT, SOUVENT UN CHOIX Vers une heure du matin, la tournée se poursuit à bord du car de Police secours. À l’arrière du fourgon, Mathieu, la trentaine, travaille de nuit depuis trois ans. Il parle de la solidarité des « nuiteux », de rapports hiérarchiques plus souples et d’une plus grande liberté d’initiative : « Si j’ai envie de faire un contrôle routier, je peux. On fait également beaucoup plus d’interpellations, ça bouge davantage », ajoute-t-il. Derrière les vitres, le 13e défile sous nos yeux : Butte-aux-Cailles, place d’Italie, Paris Rive-Gauche, les boulevards extérieurs... Cette nuit, les rues de l’arrondissement restent calmes. Du coup, Lionel, au volant ce soir, fait un arrêt sur le quai d’Austerlitz où se trouve Isabelle, sa compagne, les yeux collés à son radar pour un contrôle de vitesse. Ces deux-là ont délibérément choisi la nuit, ce qui leur permet d’habiter à Pithiviers, à une heure et demie de la capitale. Ils ne sont pas un cas isolé dans la brigade, qui compte deux autres couples avec enfants. Les horaires de nuit leur permettent d’être à contre-sens de la circulation et, de fait, de s’éloigner de Paris. « Avant, on habitait le 12e, on entendait les sirènes en rentrant à la maison, on avait l’impression d’être encore au boulot », justifie Isabelle. En définitive, on s’aperçoit que la nuit est très prisée parmi les effectifs. Le capitaine Touboulic parle d’une époque où il fallait quatre à cinq ans pour obtenir un poste de nuit. En revanche, continue-t-il, « si je veux passer commandant, je devrais peut-être repasser de jour », a-t-il l’air de regretter. Q www.le13dumois.fr — Avril 2011

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13e ŒIL

PHOTOREPORTAGE —

LES LUTHIERS

La rue Fagon, à quelques pas de la mairie du 13e et du conservatoire, abrite les ateliers de deux luthiers. Philippe Roëlandt y restaure et entretient depuis 1994 des flûtes traversières. Sa boutique-atelier Aria Musique est désormais une référence en France. Deux pas de portes

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— PHOTOREPORTAGE

DE LA RUE FAGON

Par David Even Photographies Mathieu Génon

plus loin, on trouve le petit atelier de violons de Ruben Collado, installé depuis une dizaine d’années. Entre jeunes clients du conservatoire et musiciens de premier plan, ces deux artisans se sont discrètement fait un nom dans la profession.

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13e ŒIL

PHOTOREPORTAGE —

Outil hérité de son grand-père cordonnier pour faire des trous dans le cuir, désormais utilisé comme grattoir à soudures.

Trois années de pratique sont nécessaires avant de prétendre restaurer correctement une flûte. Cela peut prendre une heure pour un petit réglage et jusqu’à cent heures pour une réfection complète. Certains flûtistes se déplacent directement rue Fagon pour préparer leur instrument avec le luthier avant un concert. Cinquante flûtes sont actuellement en attente de restauration et il faut ainsi patienter entre 6 et 10 mois avant de récupérer son instrument. Avec plus de vingt années d’expérience, Philippe Roëlandt est désormais en mesure de fabriquer ses propres outils qu’il nous interdit de photographier : un instrument de dentiste peut ainsi être transformé en crochet à ressorts !

Ruben Collado cale un chevalet après l’avoir taillé dans le bois. 28

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— PHOTOREPORTAGE

Philippe Roëlandt se rend régulièrement au Japon pour s’approvisionner en pierres de couleur et en nacre, disponibles là-bas dans la grande distribution.

Pour plus de calme, Ruben Collado dispose d’un second atelier fermé au public à Compiègne. Cependant, il manque de temps pour fabriquer autant de violons qu’il le souhaiterait. Deux seulement sortent de son atelier chaque année et s’ils sonnent bien, alors ils s’arracheront en quelques coups de téléphone. Le métier a beaucoup évolué en dix ans : 95% de la production est désormais chinoise. Beaucoup de luthiers se contentent donc d’assembler les instruments puis de les vendre. Ruben Collado est un des derniers à ne travailler que l’ancien. Il se procure ses perles rares de foire en foire ou reçoit directement la visite de vendeurs. La majorité de sa clientèle est constituée des élèves des différentes écoles de musique de Paris. L’enjeu pour le luthier : bénéficier de la recommandation d’un professeur qui conduira ses élèves rue Fagon.

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ANALYSE(S) Gestion municipale de l’eau

FACTURE : UNE BAISSE QUI TOMBE À L’EAU ?

Le 22 mars, Journée mondiale de l’eau, la Mairie de Paris a annoncé une baisse de 8% du prix de l’eau, seize mois après la remunicipalisation. Les Verts et l’UMP n’y voient qu’un effet d’annonce. Par Ornella Guyet Photographie : Mathieu Génon

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n remunicipalisant la gestion de l’eau en janvier 2010, la Mairie souhaitait « reprendre la maîtrise publique de l’eau, ce bien commun essentiel, et en assurer une gestion rigoureuse et efficace au service des Parisiens ». Un établissement public à caractère industriel et commercial (Epic), baptisé Eau de Paris, est alors créé (voir encadré). Il remplace les multiples structures préexistantes et entend garantir une gestion plus transparente de la ressource et des prix pratiqués.

UNE BAISSE EN TROMPE-L’ŒIL C’est dans ce contexte que le 22 mars dernier, Eau de Paris et la Mairie ont annoncé une baisse de 8% du prix de l’eau au litre. Contestation immédiate de la droite qui refuse de voter la mesure, dénonçant une décision prise à la va-vite, dans le but de réaliser une opération de communication. « Avant, les compagnies privées n’avaient pas ces problématiques politiques, estime Patrick Trémège, tête de file de l’UMP dans le 13e. Le prix du marché était négocié avec elles et faisait l’objet d’un contrat. On a remunicipalisé pour faire des économies, mais on met au défi

M. Delanoë de proposer un meilleur prix que les deux compagnies. » Plus surprenant, les Verts non plus n’ont pas voté cette baisse. Yves Contassot, élu du 13e et conseiller de Paris, s’en explique et dénonce lui aussi une « baisse en trompe l’œil » et un « dossier mal ficelé » : « En réalité, cette baisse ne porte que sur le prix au litre, qui représente environ un tiers de la facture. Mais les deux autres tiers qui couvrent l’assainissement et les redevances, vont augmenter d’environ 7%. Je vous laisse faire le calcul. » La facture globale… augmenterait donc de 2% ! Comme Patrick Trémège, Yves Contassot dénonce également le nouveau système d’indexation du prix de l’eau sur l’inflation, introduit comme « contrepartie à cette baisse ». Or, rien ne prouve que l’inflation ne va pas reprendre. Si tel est le cas, le prix de l’eau pourrait à nouveau grimper à l’horizon 2013-2014 alors qu’il devait initialement rester fixe jusqu’en 2014.

QUID D’UN TARIF SOCIAL ? À propos de cette fausse baisse, Yves Contassot estime surtout que « tout le monde

ne consomme pas l’eau potable pour les mêmes usages et surtout dans les mêmes proportions. Ainsi pour un célibataire dont la consommation moyenne est de l’ordre de 40m3 par an, la diminution de la facture représentera moins de 30 centimes d’euro par mois ! Pour une famille de cinq enfants, en moyenne, la ristourne sera d’environ 1,2 euros par mois ! En revanche, pour les 60 plus gros consommateurs la diminution de la facture sera de 7500 euros par an ! » Or, ces gros consommateurs sont essentiellement des entreprises : laveries, grandes surfaces climatisées, etc. Les Verts souhaiteraient donc la mise en place d’un tarif progressif en fonction des revenus des consommateurs avec les premiers litres quasiment gratuits, comme c’est le cas « dans beaucoup de villes ». Une mesure de tarification sociale individuelle serait difficile à mettre en place, selon Anne Le Strat, adjointe au maire de Paris chargée de cette question : « Le problème c’est qu’à Paris il n’y a quasiment que des abonnements collectifs avec un seul compteur en pied d’immeuble, ce qui rend impossible une tarification sociale », explique-t-elle dans une interview récente à la revue Contretemps. Un problème qui pourrait être contourné selon ¤

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CULTURE

LA FELLATION EN LITTÉRATURE, UN SUJET « INDISPENSABLE » Avec deux thèses et une quarantaine d’ouvrages à son actif, Franck Évrard cultive depuis longtemps un goût certain pour la transgression. Le 13 du Mois est allé à la rencontre de cet écrivain estampillé « 13e », quelques jours avant la sortie de son dernier ouvrage, L’érotique du tennis. Par Alexandre Bellity Photographies Mathieu Génon

Le 13 du Mois : Après De la fellation dans la littérature et L’érotique des lunettes, vous êtes de retour avec L’érotique du tennis. Vous êtes un auteur plutôt original, non ? Franck Évrard : Disons que je prends un certain plaisir dans la transgression. Lorsque l’on a fait de longues études de lettres, on peut parfois se sentir écrasé par la littérature. On parle beaucoup du plaisir de la lecture, pourquoi ne pas parler des lectures du plaisir ? C’est ma grande liberté, j’écris toujours sur des sujets que je choisis, un peu en marge, mais je sais au moins qu’on ne me les volera pas (sourires). J’ai par exemple rédigé l’essai sur la fellation après m’être rendu compte que beaucoup de passages littéraires relatifs au sujet n’étaient pas connus du public, notamment dans l’œuvre de Duras. Cela me semblait indispensable. L’érotique est un sujet qui vous inspire particulièrement ? Je dirais plutôt que ce sont les questions du corps et du ressenti qui ont toujours eu beaucoup d’importance dans mon travail. Ma première thèse portait sur l’image du corps dans Le Mur de Sartre, et la seconde sur l’écriture du corps cadavérique dans le théâtre 34

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contemporain. Même si je suis passé dans un imaginaire plus joyeux, on peut dire qu’il y a une sorte de continuité. J’aime aussi l’idée de croiser deux choses, et pas forcément en lien avec l’érotique ou la sexualité. Dans Treizième au Noir, j’ai lié le côté un peu sombre du 13e et la littérature policière, un genre méprisé en France. Comment choisissez-vous les thèmes de vos essais ? En général, je me promène dans les textes et le cinéma, en toute liberté, comme un enquêteur, à la recherche de passages qui peuvent être mis en rapport. Mais ça peut aussi venir de quelque chose de très personnel. Par exemple les lunettes. À vingt ans, j’avais une hantise de ma myopie. Je vivais mes lunettes comme un handicap et j’ai voulu les fantasmer en un objet de séduction, d’où mon Érotique des lunettes. Vous affirmez écrire « en marge ». Quels retours avez-vous sur vos essais et qui sont vos lecteurs ? Très franchement, je n’ai presque aucun retour venant du grand public. Je sais que ce genre d’essais, de 200 ou 250 pages, peut s’avérer indigeste. En revanche, j’ai eu quelques passages repris dans la presse et là c’est agréable. Jusqu’ici les critiques ont été plutôt gentils avec moi. En fait, mon lectorat est involontairement composé de journalistes !

Quelles sont vos relations avec les éditeurs ? Mes livres ne sont pas toujours faciles à imposer. J’ai été sanctionné il n’y a pas longtemps avec mon Dictionnaire des passionnés du football. Mon éditeur y croyait beaucoup, les critiques étaient bonnes et j’ai eu quelques papiers à sa sortie pendant la Coupe du monde. Mais pendant la compétition on préfère regarder les matchs ! 1 000 exemplaires à peine ont été vendus et ils n’ont pas voulu ensuite prendre le risque de publier L’Érotique du tennis, qui était presque terminé. J’ai finalement trouvé un autre éditeur, dont le père était joueur de tennis professionnel ! J’ai peur que lui aussi y croit un peu trop. Avez-vous de nouveaux projets en préparation ? J’ai très envie d’écrire à nouveau quelque chose sur le 13e mais c’est encore très vague. Je me promène dans le quartier avec mon appareil photo pour tenter de dégager quelque chose. Je prends des notes. Je travaille aussi sur un nouvel essai avec comme thème Claude François, la littérature et la post-modernité, ce qui me conduit à traquer le chanteur dans la littérature contemporaine. Enfin, je viens de terminer un Dictionnaire érotique de la chaussure dans la littérature, mais le titre ne me convient pas encore. Franck Évrard, L’érotique du Tennis, éditions Hermann. Sortie prévue le 28 avril. www.le13dumois.fr — Avril 2011

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SPORT

FOOT EN SALLE :

LA PATTE DES SPÉCIALISTES

BRÉSILIENS

Luiz Aranha Soares marque lors de la victoire (11-0) du Sporting Club de Paris contre l’USB Longwy en phase qualificative pour la Coupe nationale, le 19 mars. 38

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Par Simon Gallini Photographies Mathieu Génon

Récent finaliste du dernier championnat de France de futsal, le Sporting Club de Paris fait trembler ses adversaires. Le club de la Porte d’Ivry peut compter sur une arme redoutable : son armada brésilienne.

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ous souvenez-vous du tube planétaire Samba de Janeiro ? Si cela ne vous dit rien, faites un détour du côté du gymnase Carpentier où son refrain résonne toutes les semaines. Ne vous attendez pas à trouver des cours de samba, de forrò ou autres danses traditionnelles brésiliennes mais bien à une autre spécialité auriverde, le futebol de salão autrement dit le football en salle ou futsal. Ce sport encore méconnu en France jouit d’une excellente réputation dans le 13e arrondissement grâce aux performances du Sporting Club de Paris (voir encadré). Pour gagner, le club a fait venir pas moins de six joueurs du pays du football-roi.

TROIS GARÇONS DANS LE VENT Parmi eux, trois vieux copains qui ne se sont presque jamais quittés. Originaires de Fortaleza dans le très pauvre État brésilien du Ceará, Jacob De Vasconcelos, Luiz Aranha Soares et Roberto Bezzera dit « Betinho » se connaissent depuis toujours : « On a grandi ensemble à Fortaleza et même si on était amis, on a plus souvent joué les uns contre les autres que dans la même équipe », raconte en rigolant Betinho. Luiz Aranha Soares, chaussé de tongs aux couleurs du Brésil, nous explique les spécificités de sa discipline, gestuelle à l’appui : « Le futsal c’est le dynamisme du jeu : on est plus proche de la balle, on touche beaucoup plus de ballons et la technique est plus importante que le physique. Au football à 11, si vous êtes très fort physiquement, vous pouvez compenser votre manque de technique. Là, ce n’est pas possible. » ¤ www.le13dumois.fr — Avril 2011

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De Vasconcelos et Betinho rejoints pour une séance de jonglage entre deux matchs par un autre Brésilien de l’équipe, Glauber (au centre).

FUTSAL, MODE D’EMPLOI Le futsal se joue sur un terrain de handball. Le ballon (taille 4) est plus petit qu’un ballon de football (taille 5) et surtout moins gonflé pour éviter les rebonds et favoriser un jeu technique.

Le futsal se joue à 4 joueurs de champ et un gardien. Il peut y avoir jusqu’à 7 remplaçants avec changements illimités.Un match se compose de deux périodes de 20 minutes séparées d’une mi-temps de 15 minutes.

rejoindre. En Belgique, ils gagneront tout à l’exception de la Coupe de l’UEFA. Betinho a fini plusieurs fois meilleur buteur de Belgique et surtout d’Europe en 2005. Arrivé au Sporting avec un tel palmarès, il se savait très attendu : « On travaille beaucoup pour être les meilleurs mais on ne se voit pas comme des stars. » À juste titre car le travail des trois Brésiliens ne se résume pas qu’au futsal : ils sont éducateurs à temps plein en Belgique, s’entraînent tous les soirs et jouent le samedi à Paris. Un emploi du temps chargé qui, entre salaire d’éducateur et primes de match - payées par les seuls sponsors -, leur permet de gagner « assez pour bien vivre » et pour rentrer au pays au minimum une fois par an. Naturellement bavards et souriants, les trois hommes bottent en touche quand il

s’agit de parler d’argent. 2 000 à 3 000 euros par mois ? Un hochement de tête en guise de réponse fera l’affaire. Proche de la fin de leur carrière, les trois brasileiros ont bien l’intention de rentrer un jour à Fortaleza même si, pour l’instant, ils se refusent à parler de retraite sportive : « J’ai une bonne hygiène de vie et même si j’ai 37 ans, mon expérience apporte un plus à l’équipe », justifie Jacob De Vasconcelos sous le regard amusé de ses deux coéquipiers, plus jeunes de quelques mois seulement. Un dernier challenge avant de rentrer ? « Donner de l’expérience aux jeunes Parisiens pour que le futsal se développe en France », conclut Luiz Aranha Soares. L’équipe du Brésil, quatre fois championne du monde en six participations, peut encore voir venir la concurrence... Q www.le13dumois.fr — Avril 2011

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INSOLITE

UN RESTO VÉGÉTARIEN

SOUS L’ŒIL DE « MAÎTRE SUPRÊME »

Le 13e abrite un restaurant plus que singulier. Derrière une cuisine originale à base de produits végétariens qui reproduisent l’aspect de la viande se cache un mouvement spirituel dirigé par une millionnaire à la carrure internationale. Par Ôna Maiocco Photographies Mathieu Génon

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itué rue Nationale, à deux pas de la Porte d’Ivry, le Green Garden est un restaurant asiatique végétarien au décor sobre : plantes vertes, plafond haut et tables espacées. On s’y sent plutôt bien, au détail près que de curieux portraits ornent les murs. Ils représentent une même femme qui apparaît également de façon épisodique sur deux écrans plats haut perchés qui happent le regard lorsque l’on est attablé.

AVEC LA BÉNÉDICTION DE SUPREME MASTER Parfaite inconnue pour le commun des mortels, cette femme se fait appeler Supreme 42

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Master (1) Ching Hai (voir encadré). Elle est considérée comme un prophète voire une « sainte vivante » par ceux qui se réclament de ses disciples. Elle prône un mode de vie excluant la chair animale, l’alcool, les drogues, mais également le mensonge, le vol et l’inconduite sexuelle. C’est selon elle la voie par laquelle on rencontre Dieu, à quoi s’ajoute la pratique d’un type de méditation qu’elle enseigne, la méthode Quan Yin sur « le son et la lumière internes ». Louis Tring, le patron du Green Garden, est un disciple de Ching Hai. Il a repris l’établissement en 2005 à d’autres disciples qui

l’avaient ouvert en 1998. C’est un homme discret et souriant qui parle de bon gré de son guide spirituel. Son visage s’éclaire quand il nous raconte son bien-être depuis qu’il a arrêté de manger de la viande et qu’il a épousé les principes de vie prônés par Ching Hai. « Ne pas manger de viande permet de respecter la vie des animaux. C’est meilleur pour la planète, pour la santé et ça rend les gens plus pacifistes », nous explique-t-il avec conviction. Louis Tring se sent investi d’une mission : faire découvrir le végétarisme et les enseignements de son maître. Dans un présentoir situé proche de l’entrée, on trouve quelques prospectus pour promouvoir la chaîne satellite nommée Supreme Master Television ou concernant la méthode Quan Yin annoncée ici, noir sur blanc, comme étant gratuite. « Je ne donne pas un centime à Master Ching Hai », assure le propriétaire, « d’ailleurs, elle ne veut pas que l’on construise de temple à sa


PORTRAIT Geneviève Tuduri – patronne de la péniche El Alamein

Geneviève Tuduri habite et gère la péniche-concert El Alamein, quai François Mauriac, avec des nerfs d’acier et la main verte. Portrait d’une femme ancrée dans le mystère.

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epuis le quai, l’embarcation éblouit par la luxuriance végétale disposée sur la terrasse. Le vert fragile des bourgeons de printemps se mêle avec bonheur à l’intensité violette de la coque. À bord, des escaliers de métal conduisent jusqu’à une cale aménagée en salle de concert. Lunettes sur le nez et livre à la main, Geneviève Tuduri est assise à un coin de table. Lorsque les clients descendent pour passer commande, Geneviève se glisse alors derrière un petit bar entièrement décoré de mosaïques pour servir un mojito ou un coca. Les visiteurs ne tarissent pas d’éloges sur la décoration du bateau ni sur la beauté des plantes. Modeste, la patronne prétend ne pas avoir la main verte puis, dans la foulée, prodigue son astuce pour faire refleurir une amaryllis.

UNE VOLONTÉ D’ACIER La conversation s’attarde sur un événement dont elle sourit encore. « J’ai fait très fort », s’amuse-t-elle, en évoquant la grève de la faim entamée, il a plus de 10 ans, devant les bureaux du Port autonome de Paris. Le but était l’obtention d’un stationnement pour son bateau alors qu’on lui avait assuré que c’était peine perdue. Elle a prouvé le contraire et obtenu gain de cause en attirant l’attention de la préfecture. « Ils ont trouvé marrant qu’une femme tienne tête au Port autonome », raconte-telle avec une pointe de fierté dans la voix. Il y a trois ans, Geneviève n’a pas hésité à refaire parler d’elle pour contester l’augmentation de son « loyer » aquatique. Prête à révéler tous les dysfonctionnements de la gestion « catastrophique » des quais, on l’a accusée de faire du chantage. Elle conteste : « Ce sont simplement des promesses. Ce que je dis, je le fais toujours. » Elle s’en sort à nouveau quand la Mairie de Paris reconnaît son bateau comme faisant partie du patrimoine culturel de la Ville. « On pense à tort que j’ai le bras long. J’ai simplement eu des coups de bol monumentaux ! », se félicite-t-elle. La rancœur est encore tenace contre le Port autonome qui a réalisé la rénovation du quai François Mauriac, 44

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Par Ôna Maiocco Photographie Mathieu Génon

au pied de la Bibliothèque. Geneviève décrit l’endroit comme laid et dangereux, véritable « béton city ». Son cahier de doléances est bien rempli : pavés dangereusement glissants l’hiver, flots d’urine l’été, barrières qui empêchent les musiciens de décharger leur matériel, présence de rats…

ENTRE MYSTÈRE ET MUSIQUE Si Geneviève Tuduri livre volontiers des anecdotes baroques sur sa péniche ou les quais de Seine, elle a prévenu dès le début : « En dehors du bateau, vous ne saurez rien de moi. » Pudeur contre-productive, car elle attise encore plus la curiosité. Perdu dans la contemplation des objets qui ornent les murs de la salle - chapeaux venus des quatre coins du monde, oiseaux en terre du Mali, natures mortes paysannes, masques africains en bois sombre - on se prend à rêver à de lointaines contrées et à imaginer une vie remplie de voyages et d’aventures grisantes. On en vient également à chercher des indices sur sa personne. Son regard magnétique, accentué par un trait de khôl, et ses longs cheveux noir de jais auraient pu faire d’elle une comédienne intense… Laissons ces conjectures fantasques sur son passé pour revenir à ses occupations actuelles. Geneviève est une programmatrice musicale qui a le don de flairer les futurs talents. Plusieurs fois par semaine, elle reçoit à l’El Alamein des groupes de la nouvelle scène française et c’est avec émotion qu’elle raconte comment certains de ses coups de cœur remplissent désormais de grandes salles. C’est le cas d’Oldelaf et Monsieur D. ou des Fatals Picards qui ont représenté la France à l’Eurovision. « J’aime la fusion mots-musique », précise-t-elle pour justifier son goût des chansons à texte. À titre personnel, elle écoute La Rue Kétanou, les Têtes Raides ou Debout sur le Zinc, et nous conseille chaudement le dernier album de Bernard Lavilliers. Des choix pas si surprenants pour cette femme passionnée, définitivement non-conformiste. Q


— « En dehors du bateau, vous ne saurez rien de moi » —

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LOISIRS

PAR PHILIPPE BUI DO DIEP —

Culture culinaire

LE BANH MI, LE CASSE-CROÛTE FRANCO-VIETNAMIEN

Le printemps étant parmi nous, sortons déguster dans les rues du 13e notre pique-nique local : un sandwich banh mi qui réunit les saveurs françaises et vietnamiennes entre deux tranches de pain !

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ruit de l’histoire et des mélanges qu’elle occasionne, notre recette du mois trouve son origine dans le patrimoine culinaire hexagonal. Elle résulte de 100 ans de présence française dans ce qui s’appelait alors l’Indochine, période pendant laquelle les Vietnamiens se sont familiarisés avec divers aspects de la cuisine française, entre autres avec le pain et la charcuterie. Ainsi, par mimétisme culinaire, la cuisine vietnamienne a adapté ces éléments à son goût spécifique

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pour engendrer le banh mi qui signifie littéralement en vietnamien une préparation avec de la « mie »… autrement dit du pain. Au passage, on peut noter que la langue vietnamienne, pauvre en termes techniques, s’est aussi nourrie en la matière d’influences extérieures. Comme en cuisine, donc, où le génie des cuisiniers aura été de s’inspirer de l’autre dans un syncrétisme culinaire peu courant à l’époque. En fait, si on analyse objectivement cet encas forcément assez éloigné de notre jambon

beurre, le banh mi présenté ici a trois origines : chinoise par sa garniture - du porc laqué sucré char siu qui devient en vietnamien xa xiu -, française avec la baguette de pain et la mayonnaise, sans oublier les saveurs vietnamiennes apportées par la coriandre et les légumes marinés aigre-doux. Cette éclectisme gastronomique a donc créé l’un des premiers produits de la cuisine fusion : le sandwich « eurasien » dont il existe d’innombrables versions au Cambodge, au Laos, au Vietnam et dans le 13e !

En collaboration avec le blog culinaire de Philippe Bui Do Diep - www.canardumekong.com


LOISIRS

Guide

SI ON PASSAIT EN TERRASSE ? Par Emmanuelle Bal Photographies Mathieu Génon

À L’ITALIENNE ET AU CHANT DES OISEAUX

EN TRANSAT, COMME DES ROIS La terrasse de ce « Café français » où se côtoient les ouvriers de la Semapa, les cadres du quartier d’affaire et les étudiants de Diderot, compte 110 places. Elle donne sur des blocs de pierres de Bourgogne sculptés par Alain Kirili en hommage à Charlie Parker, place Robert Anthelme. « C’est l’une des plus calmes de Paris : l’avenue étant fermée, il y a peu de circulation », assure l’exploitant Géraud Desaulle. L’été, une quinzaine de transats y sont installés. Le café, équipé wifi, prête des ipad - trois sont à disposition. Spécialités de la maison : les cafés aromatisés au sirop Monin et les tartines au pain Poilâne. La nouvelle carte, annoncée pour la mi-avril, proposera tapas et brunchs « à volonté » les dimanches. Dupont Café. 84, avenue de France. Ouvert du lundi au vendredi de 7h à 2 h du matin, le samedi de 9h à 2h et le dimanche de 9h à 20h. Renseignements au 01.45.32.95.65 et sur www.dupont-cafe.com. 48

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Qui devinerait que derrière cette enseigne de l’avenue d’Italie se cache une terrasse de 80m², où l’on n’entend que les chants des oiseaux ? Equipée wifi, elle compte une cinquantaine de place et accueille élèves du quartier et étudiants de l’École supérieure de journalisme (ESJ). À noter que l’établissement ne vend pas de boissons alcoolisées. À la carte : pizzas maison, 15 parfums de glace, des salades et des cafés frappés Illy. La végétation doit être replantée pour l’été. Léger inconvénient : le ronflement des moteurs de la chambre froide, cependant bien minime quand on considère le lieu dans son ensemble. Caldo Freddo. 86, avenue d’Italie. Ouvert tous les jours de 10h à 22h. Renseignements au 01.45.65.00.67.

Au cœur du quartier du Château des Rentiers, ce café offre une terrasse intérieure de 40 places à l’abri des regards, cabane de Robinson surélevée avec son plancher en teck ceinte d’un grand laurier. Anne Dutercq, qui gère l’établissement avec son mari depuis 11 ans, refleurit la terrasse chaque année. On peut y déjeuner : des formules à 10,50 € sont proposées, ou venir s’y désaltérer en journée. La cuisine y est « copieuse et traditionnelle ». Adhérente de l’association Inter-Nationale-Bourgoin, Anne Dutercq connaît bien l’histoire du passage Bourgoin, sur lequel donne la terrasse, sauvé par ses habitants voilà une vingtaine d’années. Boru’s Café. 43 rue du Château des Rentiers. Ouvert du lundi au vendredi de 9h à 20h, fermé le week-end. Renseignements au 01.45.84.01.01.

À L’OMBRE DU LAURIER



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