Le 13 du Mois n° 37 - extraits

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R 28895 - 0037 - F : 3.90 €

N°37 13 Février → 13 Mars | www.le13dumois.fr | En vente le 13 de chaque mois | 3,90 €

BNF DES INONDATIONS MENACENT LES COLLECTIONS

QUAI D'AUSTERLITZ EN ZODIAC AVEC LES FLICS REPORTAGE MARTIN BARON, NON-VOYANT ET CHAMPION DE FOOT

DANS L'ACTU DU 13e

CRISE DE LA PRESSE, CES LIBRAIRIES QUI FERMENT ENTRETIEN AVEC LE CANDIDAT NPA LE GRAND ÉCRAN EST VENDU * AUDREN, AUTEURE JEUNESSE SÉLECTION SORTIES * BON PLAN RESTO


SOMMAIRE

Février 2014 — www.le13dumois.fr

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n°37 p.03

Édito

p.06

Courrier des lecteurs

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POLITIQUE p.09

p.08

Le 13 en bref p.10

Municipales : multiplication des dissidences à droite

p.48

Sélection sorties

Entretien avec Guillaume Biojout, candidat NPA dans le 13e

p.57

Le 13 fois 13

SOCIÉTÉ

p.58

L'image du mois

Toutes les photographies de ce magazine (sauf indication) sont réalisées par Mathieu Génon. Illustration de couverture : Jean-Baptiste Thiriet

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p.12

BnF : quand les réserves prennent l’eau

p.14

— Librairie-presse, une espèce en voie de disparition


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SOMMAIRE

↓↓↓↓↓ ALCOOL - SEXE - JEUX - CANNABIS

DROGUES & ADDICTIONS

P.16 38

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p.16

DOSSIER ALCOOL - COCAÏNE- CANNABIS - JEUX - SEXE...

DROGUES & ADDICTIONS

MÉTRO MON AMOUR, MA HAINE p.52

LES VOIES DE LA DÉSINTOX

p.32

LOISIRS

13e ŒIL

p.54

Photoreportage : une journée avec la brigade fluviale

p.56

Un resto, un chef, une recette : Élise de la crêperie Le Terroir — Bon plan resto : Au Latino Gourmand

PAR-DESSUS LE PÉRIPH'

P.45

S'ABONNER

Municipales : la banlieue rouge le restera-t-elle ?

P.07

COMMANDER LES ANCIENS NUMÉROS

— p.38

Métro et cinéma, une histoire qui dure

Reportage : le foot les yeux fermés

PORTRAIT p.42

p.46

Audren, romancière fulgurante

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LE 13 EN BREF

NUMBER ONE Cédrick Peynaud, boxeur au club Cenvint Paris 13 et professeur au centre d’animation Dunois, a remporté la ceinture mondiale WKA de full contact, en présence de l’ambassadeur de Thaïlande, à la Halle Carpentier le 16 janvier dernier. Sa victime du soir, et tenant du titre, l’Écossais Ryan Lee Lyall, qui avait pourtant vendu chèrement sa peau durant les douze reprises du combat. Auparavant, des dizaines de « gladiateurs », de 5 à 35 ans, s’étaient affrontés tout au long de la journée selon différentes règles : savate, kickboxing, full contact et l’assez violente « K1 ».

AU MONDE, ON JOUE LA CARTE DE L’AUTOCENSURE

N

otre voisin et grand frère est depuis quelques mois en conflit ouvert avec l’un de ses dessinateurs historiques, Nicolas Vial. L’homme, dont l’atelier se situe rue du Château-des-Rentiers, avait fait l’objet de l’un de nos portraits mensuels il y a un an tout pile (lire « Une vision du Monde » par Pierre-Yves Bulteau dans Le 13 du Mois n°27 de mars 2013). Depuis, il y a de l’eau dans le gaz entre les deux parties. La publication au printemps dernier d’une série de dessins, dont deux mettant en scène le chef de l’État, ont mis l’artiste sur la touche après 32 années de bons et loyaux services. Du jour au lendemain, sans convocation ni franche mise au point avec Nicolas Truong, chef de la rubrique « Débats et opinion » qu’il illustrait depuis maintenant cinq ans. Par simple coup de téléphone. Finis donc les dessins politiques et peu à peu les commandes se sont estompées jusqu’à s’arrêter. Le dessinateur, n’ayant jamais été reçu par la direction, malgré ses demandes répétées, fait aujourd’hui valoir ses droits auprès des Prud’hommes. Le

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Hollande au Mali, paru dans le Monde du 23 avril 2013.

délibéré devrait être rendu le 2 avril. Jean-Pierre Desclozeaux, dessinateur, également licencié du quotidien de façon tout aussi brutale, avait obtenu gain de cause en 2013. Nicolas Vial est soutenu par son confrère Plantu.

FEUILLETON GRAND ÉCRAN : SAISON 8, ÉPISODE 284 — À quelques heures du bouclage, Bruno Julliard nous informait d’une « grande nouvelle » : le Grand Écran était (enfin) vendu. La promesse de vente, « sans clause suspensive », dixit Michel Gomez, délégué à la mission cinéma de la Ville de Paris, a été signée le 5 février. À Patrick Péran et sa Foncière des territoires ? Pas du tout, l’homme s’étant mystérieusement retiré il y a quelques semaines, alors même qu’il avait obtenu sa fameuse licence d’entrepreneur de spectacles. « Je disais depuis des mois que c’était un margoulin, qu’il s’était placé de manière fallacieuse », rappelle Franck Chastrusse, ce jeune chef d’orchestre un temps tenté de reprendre les lieux. Péran avait introduit dans sa promesse de vente « une clause de substitution, lui permettant de transférer le bien à une autre foncière », explique Michel Gomez. Ce qui est arrivé. L’acheteur – « bien plus gros que Péran » – est inconnu de la Mairie de Paris, qui veut le rencontrer prochainement. Quel projet va se développer dans l’ancienne salle de cinéma mythique de la place d’Italie ? Impossible de le savoir. Sollicité, EuroPalaces n’a pas donné suite. « On a la garantie de la vocation culturelle », répond Bruno Julliard, sans plus de détails. L’incroyable feuilleton à rebondissements autour du Grand Écran risque de durer encore un peu.


Par Philippe Schaller

— Municipales

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POLITIQUE

ET DEUX DISSIDENTS À DROITE, DEUX !

La désignation de la tête de liste UMP-Modem-UDI dans le 13e s’est faite dans la douleur. Patrick Trémège, Anne-Sophie Souhaité et Fadila Mehal tour à tour pressentis et/ou annoncés, c’est Édith Gallois qui l’a finalement emporté. Ouf, pensait-elle mi-janvier, lors du lancement officiel de sa campagne. C’était sans compter sur deux candidatures dissidentes de dernière minute.

I

ls ont attendu fin janvier pour se déclarer. Huit semaines seulement avant les municipales. Mais les deux candidats dissidents y croient. Benoît Meyruey et Aurane Reihanian porteront respectivement les couleurs de « Nous citoyens » et « Paris libéré » fin mars. S’ils réfutent le terme de « dissident », tous deux présentent une alternative à Édith Gallois, au centre et à droite. Les deux candidats affirment représenter les citoyens, ils redoutent une forte abstention et la montée des extrêmes. Mais leurs parcours et leurs motivations les distinguent. <— Benoît Meyruey, l’ancien lieutenant qui se rebiffe Benoît Meyruey veut « remettre les citoyens sur le devant de la scène ». En guerre contre les « états-majors nationaux qui décident des candidats à la place des militants », l’homme espère atteindre les 5% pour peser au second tour. Ses engagements pour cette campagne : « Gérer en bon père de famille les ressources de la municipalité, attribuer les logements sociaux par tirage au sort pour éviter le copinage, aider les PME-TPE pour que l’emploi reparte. » Ce militaire de formation, depuis reconverti dans le privé, n’est pas un inconnu. Au Nouveau centre – et donc à l’UDI – depuis quatre ans, il s’était présenté aux législatives de 2012 dans la 10e circonscription et avait recueilli... 0,66% des voix. « J’ai remplacé quelqu’un [Édith Gallois !, ndlr] au pied levé, rappelle-t-il. Je n’ai fait que dix jours de campagne et il n’y avait pas de place pour le centre. Là, pour les municipales, il y a un vrai créneau. » L’ancien lieutenant d’Édith Gallois s’est émancipé : « Je ne vois pas la politique comme elle, je suis contre le cumul des mandats et je considère que quand on a gagné aussi bien sa vie, on ne devrait pas être dans un logement social. » Tout ça est dit avec le sourire, mais l’homme semble amer. On sent comme un petit air de revanche dans l’air. <— Aurane Reihanian, « la vraie droite » Étudiant en troisième année de droit et apprenti à la Caisse des dépôts et consignations, Aurane Reihanian représente dans le 13e le mouvement de Charles Beigbeder. Placé à la tête de la liste après la défection tardive de Jean-Baptiste Olivier, Aurane Reihanian se dit « très heureux d’avoir été choisi ». Même en second choix. Ses priorités pour le 13e : « Soutenir la liberté d’entreprendre, combattre la surfiscalité et réinstaurer la sécurité, aux Olympiades notamment. » Certes conscient des difficultés à peser dans la campagne, le jeune homme envisage sans complexe « un score à deux chiffres ». Et se voit en rempart contre les extrêmes. « Si je ne me présente pas, le FN !

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Par Philippe Schaller

SOCIÉTÉ

— À la BnF

DES INONDATIONS COMME S’IL EN PLEUVAIT

Touchée par une inondation record le 12 janvier, la BnF a dû faire face à une nouvelle fuite à la fin du mois. Un énième incident, et un problème récurrent depuis l’ouverture de la bibliothèque. Les syndicats pointent du doigt les canalisations en PVC « collé », trop fragiles, remises en cause dès 2007 par un audit. Du côté de la direction, on répond que le chantier est long. Mais, promis, ce serait désormais la priorité.

L

e 29 janvier, une fuite d’eau a été repérée dans la salle de lecture de la réserve des livres rares de la BnF. Des trésors inestimables, heureusement de justesse épargnés. Un nouvel incident, un de plus, deux semaines à peine après la plus grave inondation de l’histoire de la grande bibliothèque. Le 12 janvier, la rupture d’une canalisation a entraîné la chute de 27 000 litres d’eau sur trois niveaux. Des milliers d’ouvrages – 12 000 selon la direction, 40 000 pour les syndicats – du département littérature et art ont été touchés. L’incident de trop pour les syndicats, excédés. Un comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) s’est tenu le 31 janvier. Si les noms d’oiseaux avaient fusé lors de celui du 14 janvier – syndicalistes traités de « traitres » et de « délateurs » pour avoir parlé à la presse –, la direction a changé son

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fusil d’épaule et fait de ce chantier « sa priorité ». Aucun calendrier, aucun budget n’étaient fixés début février, même si le ministère de la Culture a déjà débloqué 3 millions d’euros. Des incidents en 2004, 2005, 2006, 2008... Le problème n’est pas nouveau. Printemps 2004, des collections d’histoire et de religion sont endommagées par un dégât des eaux touchant 400 à 500 mètres de documents. Rebelote en 2005, en 2006, en 2008, et deux fois donc au cours du seul mois de janvier 2014. « Depuis l’ouverture, c’est un inventaire à la “Prévert” : inondations, fuites, infiltrations, ruptures de canalisations, de joints... », ironise Olivier Vô-Tân, magasinier et ancien directeur des moyens techniques, bien au fait de ces questions. Des fortunes diverses, des actes de malveillance quelques fois, mais toujours le même élément mis en cause : les 172 kilomètres de canalisations en PVC « collé », souples mais peu résistantes. « Tout le monde redoute la crue centennale. Nous, ce sont les fuites permanentes que l’on craint ! », lâche-t-il. Un audit eau, en 2007, soulignait l’état préoccupant du réseau et recommandait de remplacer les canalisations « présentant des défauts de conception, d’assemblage et d’étanchéité, et ayant déjà fait l’objet de ruptures » par du plomb ou du cuivre. Depuis, de l’eau


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Par Philippe Schaller

SOCIÉTÉ

Librairie-papeterie-presse

La dalle des Olympiades va très prochainement perdre son unique librairie-presse. À la place, un marchand de frites.

ESPÈCE EN VOIE DE DISPARITION

Ils sont les oubliés de la crise de presse. Après les kiosques, en première ligne, les magasins de presse-librairie-papeterie subissent de plein fouet les difficultés du livre et du journal. Les boutiques disparaissent ou se transforment à vue d’œil dans l’arrondissement. Chacun adopte l’attitude qu’il veut, et surtout qu’il peut. Baisser le rideau, comme Frédéric Talfer, changer de commerce, tel Robert Ho, ou faire le pari de la transformation partielle d’activité, à l’image de Nicole Maruani.

« C’

est simple, je suis là depuis douze ans et j’ai toujours perdu du fric. » Frédéric Talfer est amer. En installant son magasin de presse-librairie-papeterie sur la dalle des Olympiades, il croyait avoir trouvé le bon filon. Mais son activité n’a jamais décollé. À la fin du mois de février, il va baisser la grille de la librairie Vélipa, emportant avec lui l’étudiante qu’il emploie. « Les marges sont trop faibles, j’ai perdu 10 000 euros sur cette période », avoue-t-il. Après des années de galère, l’homme ne se sent plus la force. « Il ne faut pas que les clients croient que je ne les aime pas... », sourit-il. Dépité, Frédéric Talfer déménagera en province, où il va reprendre une librairie, une simple librairie. Après des années à vouloir vendre son fonds de commerce, en vain, le gérant s’est finalement fait à l’idée de céder le bail. À l’heure où nous bouclons,

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l’affaire était sur le point de se conclure. En lieu et place de la librairie, c’est une friterie qui va prendre ses quartiers. Ses clients ne sont pas tous au courant. Il y croyait fort à son affaire, pourtant, avec les milliers d’habitants des Olympiades, autant de d’acheteurs de presse potentiels. « Mais ils vivent tous en logement social, personne n’achète et il n’y a pas grand chose de porteur sur la dalle », répond le gérant. Frédéric Talfer s’était aussi lancé dans la presse et la papeterie de peur que la seule activité de librairie ne suffise pas. Face aux difficultés, récurrentes, le gérant a tenté de s’adapter. Il a réaménagé ses locaux pour accueillir plus de titres de presse. N’a pas compté ses heures, présent chaque jour de 7 heures à 19 heures. S’est diversifié, vendant des fournitures de bureaux et acceptant d’être un dépôt de livraison de colis. Insuffisant. « Ça ramène du monde, mais ils viennent chercher leur carton et repartent. » Pour lui, les coupables sont tout désignés : la crise de la presse, mais aussi la SPPS [Société presse Paris services, ex-NMPP, chargée de la distribution parisienne de la presse, ndlr]. « Ils insistent pour que les titres soient présents partout. Mais dès qu’on ouvre un journal ou un magazine, on tombe sur un encart d’abonnement, ça n’a aucun sens ! », lâche-t-il, énervé. Pour lui, c’est sûr, il ne restera bientôt plus grand monde. Des cartouches d’encre à la place des journaux Si certains, comme Frédéric Talfer, jettent l’éponge, d’autres gardent leurs locaux et changent d’activité. Rue Jeanne d’Arc, Robert Ho a préféré réagir dès les premières difficultés. « Les chiffres baissaient depuis deux ou trois ans, le métier n’était plus viable », explique-t-il. Finis les livres, les rangées de journaux – il a seulement conservé quelques titres dont Le Canard enchaîné et Le 13 du Mois ! -, place désormais aux cartouches d’encre, à la papeterie et aux fournitures de bureau. L’ancien gérant de boutique presse-librairie-papeterie est, depuis le 1er octobre et dans les mêmes locaux, à la tête d’un magasin franchisé de Bureau Vallée, un distributeur à prix discount. « L’idée germait en moi depuis plusieurs années », révèle-t-il. Une année 2012 déficitaire l’a définitivement convaincu. D’autant que Bureau Vallée s’était rapproché de lui, certainement conscient des difficultés qu’il traversait.


DOSSIER

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DOSSIER

Texte : Jérôme Hoff, Elsa Sabado et Virginie Tauzin

Des milliers de personnes passent chaque année la porte de l’un des centres d’accompagnement ou de soins en addictologie du 13e ou rejoignent un groupe de parole. La gamme des addictions est variée : tabac, alcool, médicaments, substances illicites, jusqu’aux jeux-vidéo et au sexe. Rencontre, dans ces pages, avec ces dépendances et les structures qui les soulagent.

—> LES CAUSERIES DU 13 DU MOIS #6 Le 13 du Mois relance ses causeries mensuelles à l’occasion de la sortie de ce numéro sur les addictions. Venez discuter du sujet autour d’un verre en compagnie des acteurs du dossier, le mardi 25 février, à partir de 19h30, à la librairie Les Oiseaux rares, 1 rue Vulpian. Merci de vous inscrire par mail à redaction@le13dumois.fr.

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DOSSIER

— Réduction des risques

LES MEILLEURES

seringues de Paris

Les risques liés à la consommation par injection ont poussé les acteurs à agir pour limiter les dégâts. Leur mode opératoire : mettre à disposition des usagers des kits de matériel stérile dans des distributeurs de seringues en libre service, des structures de soins et des pharmacies. À Paris comme dans le 13e, la couverture est assez large.

C

e sont généralement deux boîtes métalliques tout en il peut s’agir de personnes passées à un traitement de substitution longueur accolées l’une à l’autre contre un mur et habillées comme de populations qui se sont déplacées ailleurs. » À noter que d’une croix verte. Le genre qui se fond dans le décor, aussi la mairie du 13e fournit également des jetons donnant accès aux invisibles qu’un distributeur de préservatifs ou une cabine automates, sans obligation de rapporter une seringue usée. téléphonique. Parfois appelées « automates », parfois « totems », ces boîtes sont le symbole de la politique de réduction des risques Une seringue pour vingt personnes (RDR) liés à la toxicomanie mise en place dans le sillage des années De quels risques sanitaires parle-t-on ? Toujours de VIH, mais pas sida : « Dans la première boîte, la personne dépose une seringue seulement. Hépatites, endocardites (infection bactérienne du cœur), usagée, et récupère dans la seconde un kit de matériel stérile, endommagements des veines ou abcès, souvent causés par une nommé Kit+, explique Catherine DuplessyGarson, directrice de l’association Safe, qui assure et entretient le dispositif. À Paris, ces automates sont le premier mode de distribution, avec en moyenne 390 000 seringues à l’année. » Implantés depuis 1996 dans la capitale (1994 pour les premiers en France), on en trouve précisément 34, dont deux dans le 13e : sous le métro aérien Chevaleret et à l’angle de la place d’Italie et de l’avenue des Gobelins, côté mairie. En 2013, selon l’association Safe, 1 851 kits ont été écoulés dans le premier automate, 1 631 dans le second, soit respectivement 3 702 et 3 262 seringues, chaque kit contenant de quoi procéder à deux injections (1). « Dans le 13e, les chiffres sont en baisse par rapport aux années antérieures, souligne Catherine DuplessyGarson, mais ils sont difficiles à interpréter : L’un des deux distributeurs de kits de matériel stérile du 13e. Ici celui situé à l’angle de la place d’Italie et de l’avenue des Gobelins.

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DOSSIER

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JEUX

dangereux La pratique excessive des jeux d’argent et de hasard est considérée depuis 2013 comme une addiction au même titre que l’alcoolisme ou l’héroïnomanie. Des traitements existent mais la prévention doit se développer.

« Q

uand tu joues aux courses, t’es forcément accro. » John sait de quoi il parle : à 33 ans, c’est un habitué du grand bar-tabac-loto-PMU de la porte de Choisy. Il est loin d’être le seul. Dans la salle, une foule de parieurs de tous âges, presque tous des hommes, fixent l’écran qui diffuse une course de trot attelé. C’est le même spectacle devant tous les PMU du Triangle de Choisy : dès l’arrivée, ils se pressent vers le guichet ou les machines pour

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évaluer leurs gains, jettent les tickets perdants, parfois sur le carrelage gris, et révisent leurs pronostics pour la prochaine course. Certains misent au hasard. John est plutôt de ceux qui « étudient ». Il traque les bons tuyaux dans les journaux. « Mais il faut aussi faire confiance à la chance », conseille-t-il en terminant sa cigarette. De la chance, il en a eu pendant trois ans, mais 2013 a été une année noire. Alors depuis, il vient avec 30€ et s’en va quand il les a dépensés. « Quand tu commences à trop perdre, il faut arrêter. Je joue après le travail parce que je n’ai pas de famille à charge, mais le jour où j’ai des enfants, j’arrête direct », promet-il, précisant que les courses ne l’ont jamais empêché de payer ses factures. Tout le monde n’est pas aussi raisonnable. « J’en vois qui dépensent leur RSA en début de mois et qui n’ont plus rien pour manger et s’habiller. Ils font la manche pour acheter un ticket », se désole un autre client, qui assure ne jouer que modérément. 200 000 accros Miser plus d’argent qu’on peut se permettre d’en perdre est l’un des symptômes d’une pratique excessive des jeux de hasard et d’argent (JHA). Selon l’OFDT (1), la France comptait en 2010 environ 200 000 joueurs excessifs. Les trois quarts étaient des hommes de 41 ans


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13e ŒIL

— Photoreportage

— U NE JOU RNÉ E À LA BRI GA DE F LU V I A L E —

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13e ŒIL

Texte : David Even Photographies : Mathieu Génon

A

Ils sont un peu les rois de la Seine. Sur leur grand semi-rigide noir, ils zigzaguent à vive allure entre péniches et bateaux-mouches pour secourir les personnes en péril et contrôler les usagers du fleuve. Le 13 du Mois a passé une journée au pied du pont d’Austerlitz avec la brigade fluviale de la préfecture de police de Paris.

utant le dire d’emblée, faire un reportage à la brigade fluviale est tout ce qu’il y a de plus aisé. En un petit mail et un coup de fil c’est réglé, on nous ouvre la porte de ce petit corps d’élite. Dire que pour faire une pauvre photo de la piscine de la Butte-aux-Cailles il faut montrer patte blanche et sortir le carnet de chèques… Ici, au contraire, on comprend vite que la préfecture de police n’est pas avare en communication. Les personnels sont rodés à l’exercice, habitués presque toutes les semaines à croiser caméras, appareils photos, carnets et stylos. « Une étrange fascination », nous confierons certains d’entre eux alors même que « les flics, ça n’a pas forcément une bonne image auprès de la population, surtout en ce moment ». C’est sûr qu’à faire un rapide zapping des programmes de la TNT, on a de grandes chances de tomber sur ces flics-grenouilles dans Enquête exclusive, 100% Enquête, 90’ Enquête, Enquêtes criminelles, Enquête d’action, Enquêtes impossibles, En quête d'actualité, autant d’émissions en… quête, justement, du grand frisson. Parole de flics, ces équipes de journalistes doivent s’y prendre à plusieurs reprises pour obtenir ce qu’elles étaient venues chercher : de l’action trash ou bien musclée, à grand renfort de musique angoissante. Pour nous, pas de « chance » ce jeudi 30 janvier, il ne s’est pas passé grand-chose, pour ainsi dire rien. Aucun noyé, aucun corps repêché, pas même un petit gramme de cocaïne camouflé dans la coque d’une péniche. Nous avons donc été obligés de faire avec ce que l’on vu, c’est-à-dire le réel. !

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13e ŒIL

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Le foot les yeux fermés Martin Baron, 26 ans, est médaillé d’argent aux Jeux paralympiques 2012 avec l’équipe de France de cécifoot. Une belle reconnaissance pour cette discipline méconnue et pour cet ingénieur touche-à-tout qui a posé ses valises dans le 13e arrondissement.

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13e ŒIL

Martin Baron, au centre, lors d'un entraînement avec son club de Saint-Mandé. Le cécifoot occupe deux soirées par semaine de son emploi du temps et de nombreux week-ends par an, particulièrement pour des stages France et des compétitions européennes ou internationales.

« V

oy ! » « Voy ! » « Voy ! » Martin va au contact. Ça ne tâtonne pas, c’est frontal. Dans certains pays, on en voit avec des bandeaux rehaussés de protections en mousse, pour ne pas craindre d’avancer la tête la première, mais pas là. Martin, Yvan, Gaël, Fabrice, joueurs du club de Saint-Mandé (Val-de-Marne), cavalent, contournent et shootent. Sans la moindre hésitation. Au cécifoot, ça joue au toucher, avec ces barrières hautes d’un mètre qui entourent le terrain de 40 mètres sur 20 et qui assurent des repères, mais ça joue surtout à l’oreille. « Voy », mot espagnol pour « j’y vais » et se signaler au porteur de ballon, « axe » crié par un guide pour signifier que le ballon est dans l’axe des cages, « quinze, huit, trois » pour la distance entre les buts et le ballon et ainsi suivre sa progression. Aux pieds, les grelots s’agitent dans tous les sens à l’intérieur de la balle, assez fort pour que personne ne la perde de « vue ». Le cécifoot, aussi appelé « football à cinq » (1), est le pendant footballistique pour les déficients visuels – tandis que le foot à sept est pratiqué par des personnes handicapées moteur. Vous ne le savez probablement pas – ou vous l’avez oublié –, mais depuis quelques années, l’équipe

de France de cécifoot domine le football européen avec deux titres de champion d’Europe 2009 et 2011, et s’illustre fièrement au niveau mondial : l’équipe est repartie avec l’argent des Jeux paralympiques de Londres en 2012 (2), vaincue en finale par le Brésil (2-0). Le match a même été retransmis sur France Télévisions, certes sur France Ô, mais c’est tout de même exceptionnel. Lorsque nous appelons Julien Zelela, directeur technique fédéral, à la recherche du numéro de téléphone de Martin Baron, il nous confond avec la Mairie du 13e, nous remerciant de nous intéresser « enfin », après sa sollicitation et plusieurs mois d’attente, au jeune vice-champion olympique... « Tout à coup, c’était comme si on nous découvrait » Martin, lui, n’était pas spécialement en demande d’une distinction de l’arrondissement où il vit depuis cinq ans avec sa petite amie, du côté des Gobelins. Attaquant titulaire de l’équipe de France de cécifoot, il a enchaîné, parfois en trainant des pieds, les réceptions qui ont suivi la médaille olympique. « C’est le volet plus politique de cette récompense. Ça faisait plaisir, mais je l’ai fait davantage pour faire connaître le cécifoot que pour moi. » "

Texte : Virginie Tauzin Photographies : Mathieu Génon

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PORTRAIT

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— Audren PORTRAIT

fulgurante LA

Texte : Virginie Tauzin Photographie : Mathieu Génon

Chacun de ses romans est un succès auprès du jeune public. Et il faut en compter une moyenne de trois à quatre par an. Insatiable, Audren est aussi chanteuse et réalisatrice. Mais qu’est-ce qui fait courir cette maman pétillante et la précipite dans des aventures adolescentes fantastiques ?

U

n portrait sans dates, c’est une femme sans âge. Audren a un corps de jeune fille fuselé dans des vêtements noirs moulants des pieds au menton, rehaussé par quelques centimètres de talons. Des mitaines gothiques. Des boucles brunes bien coiffées. Une allure impeccablement soucieuse de ce qu’elle renvoie. Même pas la peine d’essayer de compter les années. Interdit. « Il n’y a que l’instant qui compte, je me fiche du passé. D’ailleurs ma fille m’appelle “l’instantanée”. » Quand elle sourit des lèvres et des yeux, elle parait très jeune. Il y a bien des souvenirs, de voyages, de sorties, de rencontres, oui mais quand ? « Je ne sais plus où je suis allée, je ne sais pas quand c’était », embrouille-t-elle. Petit caprice d’artiste, amusant. Audren est d’une drôlerie qu’on imagine irrésistible pour la plupart de ceux qui la croisent.

Fraîche, généreuse, avec plein d’expressions qui lui traversent le visage et un côté légèrement perché. À la librairie Jonas, le 12 décembre dernier, elle a bien du mal à faire croire aux enfants de primaire venus la rencontrer autour de Bizarre bizarre, l’un de ses bouquins, que dans la boîte qu’elle apporte se trouve son chat invisible. Il n’y a guère qu’elle qui semble le voir. Près du grand sapin de Noël de sa maison aux volets bleus, quelque part dans le 13e, l’auteure a confectionné une petite assiette de viennoiseries. Audren, qui signifie « rivage » en breton, vit là depuis 15 ans avec son compagnon musicien et leurs deux filles. Il y a un piano à queue, un studio d’enregistrement au sous-sol, du velours pourpre sur les murs et un petit jardin silencieux derrière, comme un tout spacieux et bienveillant dédié à la création. « On est une famille bouillonnante », lance-t-elle. Plus prolifique tu meurs : depuis 1997, Audren a enregistré cinq albums de chansons et, depuis 2002, écrit une trentaines de livres, dont beaucoup ont obtenu des prix littéraires, avec un record de sept sorties rien qu’en 2007. Pour accompagner les viennoiseries, elle propose à ses invités de faire exceptionnellement du café, « mais moi, boire du café, jamais ! » Pas une affaire de goût mais de palpitations : elle n’a pas besoin de ça. !

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CULTURE

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Par David Even

SORTIES — Entretien avec Karim Aït-Adjedjou, fondateur de la galerie 13 Regards

« Je veux créer un lieu de rencontre et de partage autour de la création » Née un peu par hasard, en plein cœur du quartier bucolique des Peupliers, la toute jeune galerie des 13 Regards accueille des artistes du coin. Son fondateur, le photographe Karim Aït-Adjedjou, la pense comme un lieu ouvert, aux artistes et aux habitants.

Le 13 du Mois : Comment est née la galerie 13 Regards ? Karim Aïtadjedjou : C’est une simple histoire de circonstances. J’avais depuis trois-quatre ans une entreprise de photos évènementielles dans ces locaux. Lorsque mon associé est parti et que son bureau s’est libéré, je me suis dit que ça pouvait être sympa d’y créer un lieu de rencontre, de partage autour de la création. Du coup, je continue de bosser sur mes projets professionnels dans le fond et devant, il y a deux pièces dans lesquelles les artistes peuvent exposer. Et ça marche plutôt bien, malgré le fait que nous soyons dans un petit village, a priori pas hyper passant et où l’on ne s’attend pas forcement à trouver une galerie. Mais si les abords de la place Hénocque paraissent souvent vides, c’est

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trompeur. Il y a quand même pas mal de passage et comme il n’y a pas de métro juste à côté, les gens sont souvent à pied, ce qui est pas mal pour s’arrêter cinq minutes et regarder des photos. Le concept fait donc son petit bonhomme de chemin. Comment choisissez-vous les artistes qui exposent dans la galerie ? C’est là encore une histoire de rencontres. Tout le monde peut prétendre exposer ici car c’est un lieu que je souhaite ouvert. Presque tous les artistes mis en valeur ou qui le seront dans les prochains mois, je ne les connaissais pas avant. Ils ont tout simplement passé la porte une première fois, on a échangé et le feeling a fait le reste. Je ne suis pas un homme du milieu de l’art ou de la photo, je n’ai pas de réseau

particulier, même si c’est ma passion et mon passe-temps depuis presque vingt ans. Cette galerie me fait « vivre ». Pas au sens financier du terme puisqu’au contraire, ça ne me rapporte pas grand-chose, mais vraiment sur le plan humain, presque existentiel. J’aime rencontrer et parler avec les gens et là je suis servi. C’est aussi pour cela que la porte reste souvent ouverte, simplement pour inciter les gens à entrer et échanger. Quels sont les prochains projets exposés ? Jusqu’à la fin février, on peut voir une petite série au long cours que j’ai réalisée auprès du Chapiteau d’Adrienne à RisOrangis, un cirque moderne sans animaux, centré sur les acrobaties, un peu comme le Cirque du Soleil. Je les ai suivis pendant toute une année en y allant chaque lundi et mardi. En mars, je cède la place à la jeune photographe Nora Fadlaoui. Son travail est très poétique. Elle a essayé de capter des silhouettes, des ombres sur différents lieux sacrés dans le monde entier, de l’Inde au Mont Sinaï ou au Mur des Lamentations. Elle a un vrai regard. En parallèle j’accueille tout au long du mois de février la peintre Carole Melmoux. Je lui « donne » une pièce de la galerie pour qu’elle y installe son atelier quelques semaines. C’est un test, une expérience, on va voir ce que ça va donner. Elle va peindre le quartier, poser son chevalet sur la place, ouvrir ou non le rideau métallique qui donne sur la rue, c’est elle qui choisira. Ce genre d’expérience entre parfaitement dans l’esprit de liberté que je souhaite insuffler ici. Galerie des 13 Regards, 4 rue du Docteur Leray. Ouvert du lundi au samedi de 10h30 à 19h. Renseignements au 06.47.33.16.37. Entrée libre. — Jusqu’à fin février exposition « Le cirque de la vie », photographies de Karim Aït-Adjedjou et résidence de la peintre Carole Melmoux. En mars, exposition « Silhouettes d’ailleurs » par Nora Fadlaoui. Vernissage-concert le 1er mars à partir de 19h30.


www.le13dumois.fr — Février 2014

HISTOIRES DE LIVRES /

CULTURE

—> VACANCES DE FÉVRIER, Les petits aussi ont droit au théâtre !

Paradéïsos, spectacle musical le samedi 15 février à 17h, le dimanche 16 février à 11h et 16h et du mardi 18 au vendredi 21 février à 10h et 15h. Spectacle de 55 minutes dans la version complète (à partir de 4 ans) jouée les après-midis, et 30 minutes dans la version « toute petite enfance » proposée en matinée.

Encore une histoire de livre pour enfants car Le Yark est avant tout un succès d’édition sorti fin 2011. Le récit de Bertrand Santini, aussi truculent qu’impertinent, conte les problèmes digestifs du Yark, un monstre poilu qui, sans états d’âme, dévore les enfants mais digère beaucoup mieux ceux qui sont sages. L’adaptation sur scène est faite de brics et de brocs. Le Yark apparait aux yeux de ceux qui veulent bien y croire. À découvrir, car le texte est succulent d’irrévérence et d’audace. Le Yark (un prélude), du 24 au 28 février à 14h30. Dès 5-6 ans, idéalement entre 5 et 7 ans.

© Stéphane Perra

Péniche-théâtre La Baleine blanche, 11 port de la Gare – quai de la Gare, au pied de la BnF. Renseignements et réservations au 09.51.79.70.62 ou info@lesmercredisdelabaleine.com. De 6€ à 10€.

© AMK

Vague après vague, du 17 au 21 février à 14h30. Dès 3 ans, idéal pour des enfants de 4-6 ans.

C’est l’un des événements de la programmation 2013-2014 du théâtre Dunois : La Femme oiseau, magnifique fable d’Alain Batis, librement inspirée d’un conte traditionnel japonais, La Femme grue. Là encore, ça mélange pas mal les genres entre théâtre, danse, chant, projections vidéo, ombres chinoises et marionnettes pour raconter l’histoire d’un oiseau blessé par un chasseur et recueilli par un paysan solitaire. Le soir-même, l’animal se métamorphose en une magnifique jeune femme qui deviendra sa compagne et sera la cause de nombreuses jalousies dans le voisinage. L’univers est sublime et la force spirituelle et poétique qui s’en dégage des plus intenses. Un spectacle jeune public à voir autant pour l’invitation qu’il propose à s’émerveiller des choses simples de la vie que pour son esthétique. Tout simplement enchanteur. La Femme oiseau, les mercredis 5 et 12 mars à 15h, les samedis 8 et 15 mars à 18h et les dimanches 9 et 16 mars à 16h. À partir de 9 ans. Au théâtre Dunois, 7 rue Louise Weiss. Renseignements et réservations au 01.45.84.72.00. De 6,50€ à 16€.

LA TÊTE DANS LES ÉTOILES / THÉÂTRE DE LA CACHETTE

L’historique compagnie des 3 Chardons, dont les spectacles ont certainement déjà accompagné de nombreux parents lorsqu’ils étaient encore à l’école, sévit encore et toujours depuis l’avenue d’Italie. Dans ce théâtre pour les tout-petits, c’est l’histoire d’Antoine qui est contée ce mois-ci par une comédienne accompagnée de trois marionnettes et du chant (indispensable) des enfants présents dans la salle. Antoine, c’est un vieux monsieur qui vivait tranquille et tout seul au pied des collines. Ses seuls compagnons : les animaux de la plaine malheureusement

© Théâtre de la Cachette

© Juliette Oger-Lion

Pour explorer les cinq sens, et plus largement les différents chemins que l’on peut emprunter dans une vie, deux comédiennes ont pris le parti de s’appuyer sur les livres pour enfants. Ainsi, quelques classiques du genre comme De quelle couleur est le vent ? d’Anne Herbauts, Le canard, la mort, la tulipe de Wolf Erlbruch ou encore La vague de Suzy Lee sont passés à la moulinette poétique des deux femmes. Une balade originale et toute en douceur dans l’âme des livres pour la jeunesse.

Paradéïsos est un spectacle en trois tableaux oniriques et assez philosophiques, à l’adresse des plus jeunes comme des plus anciens. Le spectateur y est plongé dans un jardin d’Éden imaginaire par le biais de multiples média : images animées, musique, chants, récits, danse et sculptures. Les paysages islandais, filmés in situ, ont la singularité d’évoquer la sensation d’être au plus proche d’une nature prête à s’éveiller : magnétisme volcanique, apparitions, sublimations, émerveillements, transformations de la matière, métamorphoses et jaillissements. Pour avoir pu voir le spectacle en vidéo, on ne peut que conseiller d’aller vivre cette expérience pour de vrai.

© Aline Deguen

RÊVERIES ISLANDAISES ET JAPONAISES / THÉÂTRE DUNOIS

PÉNICHE-THÉÂTRE DE LA BALEINE BLANCHE

chassés par la construction de maisons. C’est dans le ciel de la nuit, en fouillant parmi les étoiles et les constellations, que le vieil homme pourra désormais les retrouver. Antoine et les étoiles, jusqu’au 23 mars au Théâtre de la Cachette, 124 avenue d’Italie. Spectacles tous les jours et plusieurs fois par jour pendant les vacances scolaires. Renseignements et réservations au 01.45.89.02.20. ou directement sur le site www.3chardons.com. De 2 à 8 ans. Tarif unique 8€.

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Février 2014 — www.le13dumois.fr

UN RESTO, UN CHEF, UNE RECETTE

— Le Terroir

Par Philippe Lesaffre

Chaque mois, retrouvez ici le fruit d’une conversation menée dans la cuisine d’un(e) chef cuistot de l’arrondissement. Parcours, inspirations, culture culinaire et générale, le chef partage tout, y compris ses recettes.

Le clan d e s crê pi e r s Élise a ouvert la crêperie Le Terroir, boulevard Arago, il y a quatre ans. Cette ex-assistante vétérinaire a sauté le pas pour une bonne raison : travailler avec ses frères et, ainsi, poursuivre la petite aventure familiale.

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u 11, boulevard Arago, au fond du local, dans sa petite cuisine, Élise s’active. En cette fin de matinée de janvier, l’heure d’ouverture approche. La cogérante du Terroir laisse reposer la pâte à crêpe, puis prépare quelques garnitures pour les galettes. À quelques pas de là, derrière le comptoir, sa mère, Michèle, attend les premiers clients. Ce jour-là, des touristes étrangers demandent des crêpes. « Ils sont venus pour le petit-déjeuner », sourit Michèle, après leur avoir distribué la carte des plats, en anglais. Ici, tout le monde met la main à la pâte. Entendez, les membres de la famille. Le restaurant appartient à Élise, 27 ans, et à

ses deux frères, âgés de 25 et 32 ans. Leurs parents leur donnent un coup de main pour le service. « Nous les formons avant notre départ à la retraite, dans deux ans », précise Michèle. Logique, au vu de l’expérience du couple dans le domaine des galettes : il a ouvert son premier restaurant en 1986 en Seine-Saint-Denis. Une crêperie qu’il a vendue, depuis, afin d’en acquérir une autre à Paris, dans le 9e arrondissement. Les enfants y secondent encore leurs parents, tout en gérant celle du boulevard Arago. Et tant en cuisine qu’au service : « Nous sommes tous les trois polyvalents », assure Élise. « Je ne l’aurais pas fait sans mes frères » Passionnée par l’univers du cheval, Élise, ex-assistante vétérinaire, a tenté de tracer sa propre voie. Mais, à force de voir ses parents devant un billig, la plaque chauffante bretonne, elle a fini par craquer. Un revirement professionnel pas si bête, pour cette allergique aux chats. La jeune femme a été embauchée, comme ses frères, dans la première crêperie parisienne familiale.


Février 2014 — www.le13dumois.fr

Par Vincent Fargier

LOISIRS

— Bon plan resto : Au Latino gourmand

C’EST LE

PÉROU ! En voilà un qui porte bien son nom : au Latino gourmand, rue de la Glacière, on déguste péruvien et on se régale.

D

epuis qu’il a ouvert ses portes en février dernier, le Latino gourmand a trouvé sa place dans ce quartier calme, au charme discret. À vrai dire, cet établissement offre une agréable bouffée de chaleur au creux de l’hiver. La première impression ne trompe pas : ici, ça sent le vrai, le « fait maison ». Certes, la déco bigarrée s’oublie vite. On se souvient vaguement de quelques statues et tableaux sur fond de couleurs chaudes. Les paysages des Andes ne sont néanmoins jamais très loin. Côté salle, les serveurs et serveuses, bienveillants et efficaces, ne lésineront pas à vous détailler chaque mystère de la carte et à vous conseiller judicieusement. Ici, on n’hésite pas à parler du pays. Le Nord pour certains, la capitale Lima pour d’autres : le cœur du Pérou bat la chamade au Latino gourmand. Bien installé malgré une salle étriquée, la carte des boissons constitue une première curiosité : pas de Heinebourg et autres Kronenken ; aux oubliettes les picrates maintes et maintes fois resservis et les cocktails sans saveur. Ici, en attendant les assiettes, on sirote un véritable pisco sour (cocktail à base d’eau de vie de raisin), qui enivre chaleureusement. Les vins aux profils sud-américains accompagnent aussi idéalement les plats. En fin de déjeuner, on troque volontiers le café par un mate de coca tonifiant. Même le chimique Inca Kola ou les bières péruviennes méritent quelques gorgées. Mais l’essentiel se trouve ailleurs : au Latino gourmand, la fourchette s’active. Les plats offrent un contenu copieux et soigné. Les puristes regretteront peut-être un côté occidentalisé des mets, tandis que les néophytes se réjouiront du voyage proposé. À défaut de se nicher dans chaque bouchée, l’authenticité est là. En entrée, les classiques sont à la fête. Le guacamole, frais et maison, s’invite gaiement aux côtés d’un empenada (chausson à la viande) joliment doré. Le papa a la huancaína marque des points par l’onctuosité de sa sauce au fromage et aux piments amarillos. La suite demeure dans la même veine. On retiendra la tendresse de la viande dans l’estofado de pato (ragoût de canard), la cuisson idéale du poulet rôti à la péruvienne et la fraîcheur agréable du ceviche (poisson mariné au citron vert). Les accompagnements sont parfois sans intérêt, mais qu’importe. Au dessert, si votre estomac vous le permet, laissez-vous tenter par les alfajores (biscuits

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sablés renfermant de la confiture de lait), plus légers qu’à l’habitude, ou la mazamorra morada (compote de maïs violet), si surprenante qu’elle en devient indescriptible. En toute sincérité, on passe un bon moment au Latino gourmand. L’addition honnête et l’accueil formidable nous poussent irrémédiablement vers cette question : et si on y revenait ? ! — Le Latino gourmand, 117, rue de la Glacière. Du lundi au vendredi de 12h à 1wz4h et de 19h à 22h. Samedi, dimanche et jours fériés de 12h à 22h. Réservations au 01.45.81.09.45. — Menus déjeuner à 9,50€ (plat du jour ou salade du jour) ; 12,50€ (entrée + plat + dessert ou boisson). Menu du soir à 17€. Menu week-end à 19€. À la carte de 13 à 18€ .



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