KUU n°4 preview

Page 1



LETTRES ÉCHOS Allers-retours par voie postale d’images, dessins, photographies passés entre plusieurs mains KUURANT D’AIR Zone de respiration entre deux rubriques très intenses Un index de couleurs et son lexique vous permettront, nous l’espérons, mais nous n’en croyons pas un mot, de vous déplacer sans vous perdre. À ceux qui veulent se perdre nous disons : faites comme nous, n’en tenez pas compte.

N’y allons pas par 4 chemins : nous nous sommes mis en 4 pour vous Kuuisiner ce numéro 4 tiré à 4 épingles. Attention, vous allez manger comme 4 de la peinture et de la typographie. Vous tomberez les 4 fers en l’air à chaque page. Parfois vous serez pliés en 4. Ne freinez pas des 4 fers si vous constatez que nous ne faisons pas les 4 volontés des tendances visuelles actuelles. Laissez-vous porter par nos 4 épices graphiques jusqu’à la 4 de couverture. KUU est une revue qui se crée et se joue à 4 mains, mais pas à 4 pattes. Tout en gardant 4 sous de bon sens, nous nous saignons aux 4 veines pour la faire exister. Elle est réalisée entre 4 murs pendant la semaine des 4 jeudis, cependant elle partage ses 4 vérités plastiques aux 4 coins du monde. Nous vous le disons entre 4 yeux : pour que nous ne soyons pas 4 pelés et trois tondus dans cette aventure éditoriale, n’hésitez pas pendant les 4 saisons, à diffuser l’info aux 4 vents et à monter 4 à 4 chez vos amis pour leur proposer l’abonnement. À un de ces 4. Boom et Rang

PRATIQUES Partages de savoir-faire, cœurs de métiers et mises en liens MÉTAMORPHOSES Transformations d’images imprimées invitations, pubs, Unes de journaux TOILES KUULLECTIVES Peintures réalisées à quatre mains sur un même support AFFICHES Dialogue entre la créativité d’un peintre/graphiste, une commande culturelle ou sociale, et le public DIALOGUES POSTAUX Peintures, dessins, gravures, collages et textes voyageant par voie postale TYPOS Jeux de lettres et recherches en alphabets THÉÂTRE Mots d’écrivain dans des bouches d’acteurs et leur mise en peinture, en scène et en masque DIGITAL PAINTINGS Peintures au doigt sur un écran tactile avec possibilité de partage numérique


Un boomerang postal est une lettre qui revient en écho à son envoyeur après avoir été métamorphosée par sa cible. éclabousse et tonitrue.

divise le monde en deux parties qui s’emboîtent.

convoque cinéma Américain et typo des rues.

caresse ses enveloppes avec des explosions de plumes.

japonise troncs et ramures. lève l’encre vers le ciel. s’ébroue dans l’onde des eaux fortes. provoque la rencontre au bar du glaçon bleu et des poissons rouges. réinvente l’écran vide.

prolonge un rêve de trames proliférantes. écoute pousser ses cheveux.

04

Comprendre ce que chaque artiste nous offre puis, tenter sur le support d’origine, de leur dire en peinture en quoi ils nous modifient et nous ouvrent à d’autres possibles.


Original ZAOUM

zaoum.fr

MÉTAMORPHOSES

C’est toujours un moment fort de recevoir la carte de vœux annuelle de l’agence ZAOUM. La dernière était particulièrement explosive et musicale, aussi nous avons tourné autour avec respect pendant un an dans l’atelier avant d’arriver à trouver une entrée de dialogue. Meyer l’a délicatement renversée sur le flanc et ses feutres Posca ont alors décou-

Le zaoum est un type de poésie des futuristes russes qui vise principalement l’organisation des sons pour eux-mêmes (du russe za, au delà et oum, esprit).

LETTRES ÉCHOS

ZAOUM est une agence de création graphique, née de l’association de quatre graphistes autour du même désir d’inventer des réponses en mots et en images à toutes sortes d’enjeux de communication. Toute l’année notre travail s’inscrit dans le cadre de réponses à des commandes, dans tous les domaines de la conception graphique : image de marques, affiche, édition (principes de collections, brochures, programmes…), site internet, illustration, scénographie d’expositions et signalétique. Une fois par an, nous retrouvons notre liberté et générons une création collective pour maintenir le lien avec nos recherches personnelles et rendre hommage à la bande de poètes typorêveurs qui nous ont inspiré notre nom.

vert la structure d’un être volant et chantant. Il ne restait plus à Sigg qu’à apporter de la chair et insuffler du mouvement pour offrir à l’équipe de graphistes ce qu’elle ne savait pas être présent dans sa symphonie typographique. Le tout était alors renvoyé par la poste.

DIALOGUES POSTAUX TYPOS

Être collectif ZAOUM + MEYER- 29,7 x 42 cm

05



LETTRES ÉCHOS

MÉTAMORPHOSES

DIALOGUES POSTAUX

TYPOS

07


12 KUURANT D’AIR


LETTRES ÉCHOS DIALOGUES POSTAUX

TYPOS

Né le 17 novembre 1953 à 7 heures du matin à la clinique Sainte-Thérèse de Colmar (département du Haut-Rhin).Vit actuellement à SaintGénis-des-Fontaines dans le département des Pyrénées Orientales. Pratique la peinture, la sculpture, la gravure et la typographie. Dirige une société d’édition nommée Color Gang qui publie des textes de théâtre contemporain, des textes poétiques ainsi que des livres d’artistes. Yves Olry Domaine de Castell de Blé - 66740 Saint-Génis-des-Fontaines yolry.eu colorgang.eu

Dans le cadre du Festival d’art postal de Vienne, le collectif KUU remarque une enveloppe très simple et japonisante réalisée par Yves Olry. Ces arbres, ces troncs, ces branches sont un vrai appel à l’échange créatif et Meyer & Sigg acquièrent ce travail original. La peinture collective qui en résulte (voir double page suivante) est envoyée à Echalas, alors lieu de résidence d’Yves Olry.

13



LETTRES ÉCHOS

DIALOGUES POSTAUX

TYPOS

15


PRATIQUES est une nouvelle rubrique KUU (Stanley KUUbrick ?) qui se propose de parler des cœurs de métier, des techniques, des savoir-faire et des outils. Il ne s’agit pas de décrire un métier, mais de dire en des mots simples là où nous nous sentons vrais dans notre pratique. Le récit de l’apiculteur peut-il avoir valeur de métaphore pour le garagiste ? La pratique du peintre peut-elle éclairer celle du neurophysicien ?

26


PRATIQUES

Questions

à Walter Peretti

Tu es maître de Qi Gong et prof d’électronique en école d’ingénieur. Y a-t-il un lien entre ces deux pratiques ? Où te sens-tu vrai et juste dans cette double pratique quotidienne ?

Nous avons pointé dans le texte de Walter Peretti toutes les expressions qui font écho dans nos propres pratiques de la peinture et du graphisme

On m’a souvent demandé comment je conciliais l’enseignement des sciences de l’ingénieur, petites filles de Descartes et de la raison, avec celui du Qi Gong, art du souffle chinois emprunt d’une sagesse millénaire. Bien sûr les deux disciplines se recouvrent par endroit, s’interrogent mutuellement, comme par exemple lorsqu’elles parlent «d’énergie». Mais en deçà de ce possible et fécond, il y a le geste simple du pédagogue, l’acte de transmettre, ou plutôt de créer une situation dans laquelle la transmission devient possible. Il est vrai que l’on ne met pas en situation de la même manière 40 élèves ingénieurs qui viennent dans l’espoir d’un futur diplôme leur assurant sécurité professionnelle et sociale, de la même façon qu’une dizaine de pratiquants de Qi Gong qui surinvestissent le contenu de la pratique dans l’espoir d’une vie meilleure, pleine de santé et de sérénité. Les sciences de l’ingénieur regroupent tous les «fondamentaux scientifiques» qui constituent le tronc

commun que tous les ingénieurs doivent maîtriser. On y trouve la mécanique, discipline reine par l’ancienneté, l’électricité, l’électronique qui aboutira à l’informatique et l’électromagnétisme. Le Qi Gong (littéralement : travail prolongé sur le souffle-énergie) est l’art chinois du développement du potentiel humain, potentiel du corps, du psychisme et de l’esprit, fondu en Un. Son développement théorique doit beaucoup à la médecine classique chinoise et aux trois grandes philosophies-religions que sont le taoïsme, le bouddhisme et le confucianisme. La pratique du Qi Gong se compose d’exercices de coordination du travail psychique avec la respiration ainsi que des mouvements plus ou moins lents et des postures statiques. Une situation d’enseignement se caractérise avant tout par la qualité d’attention que l’on arrive à instaurer dans le groupe, car l’attention est le facteur déterminant de la transmission pendant un cours, bien plus que la compréhension. La maturation est souvent 27


longue jusqu’à l’acte de comprendre, car comprendre implique une série de processus intellectuels logicomathématiques et de prises de conscience, et ce n’est pas l’objectif d’un cours, car dans un cours «on n’a pas le temps de réfléchir». L’attention, elle, assure la collecte des données nécessaires au processus d’apprentissage, et parfois, merveille de la transmission, assure une compréhension directe et fulgurante, non discursive, que les processus de l’intellect mettront en forme par la suite. Or, «attirer l’attention» nécessite

bornes d’une pile est comparable à la tension que ressent une bande de garçons (les électrons agglutinés au pôle -) en voyant une bande de fille en maillot de bain (le déficit d’électrons à la borne +) qu’ils ne peuvent pas rejoindre (dans la pile les deux pôles sont mécaniquement séparés, ce qui crée la «tension aux leur paraît évidente ! bornes de la pile»). La Leur expliquer ensuite que si on offre aux garçons un chemin pour rejoindre les filles (le circuit électrique alimenté par la pile), alors ils vont se ruer dessus avec une ardeur (intensité du courant) proportionnelle à la tension qu’ils ont eue à subir.

, comme celle d’un cours régulier. Il faut

L’électricité est une discipline qui demande de l’imagination et bien souvent elle rebute les élèves car ils ont affaire à des phénomènes dont ils ne perçoivent que les conséquences. La mécanique classique est à ce titre souvent moins ingrate. Une rupture aisée consiste à quitter l’électricité pour utiliser un modèle équivalent en mécanique. Ainsi le courant, qui est un phénomène invisible dans un fil, se rapproche du débit de l’eau qui sort du robinet. Mais les meilleures ruptures sont celles qui concernent les élèves euxmême, comme leur expliquer que la tension aux

Le problème est tout autre en Qi Gong. Les élèves sont généralement attentifs, mais ils le sont souvent mal. La plupart des élèves s’enferment soit dans , soit dans une activité qui confine à la torpeur. La quête de pouvoir est souvent le souci des premiers, et la fuite le souci des seconds. La difficulté est donc d’atteindre l’attention juste, car le Qi Gong culmine dans un état d’attention particulier qui met fin à l’activité de la pensée et donne accès à une énergie immense qui n’est autre que l’intelligence. Si l’état est juste, le potentiel émerge et croît. Cela exige que l’enseignant soit dans du groupe une aux besoins du et dans une

Le peintre provoque des ruptures en détournant un objet de son usage (basket, pomme de terre, gomme) pour en faire un nouvel outil de création qui va échapper à sa maîtrise. Rupture dans l’image produite. Rupture pour le spectateur surpris par tout le processus.

Ne pas être volontaire quand le peintre attaque un travail individuel - et encore plus quand il est collectif - lui permet d’être neuf en l’abordant. La volonté dans la création débouche souvent sur de la frustration ou de la déception et non sur l’invention.

rompre !

Chaussures et empreintes de semelles


groupe. Cela inconforte les élèves qui ne se sentent (psychologiquement) jamais en sécurité, mais ici la sécurité est un piège mental. Par exemple le Maître de Qi Gong ne doit pas travailler trop régulièrement le même exercice ; il est préférable qu’il porte une fois l’attention sur la mécanique d’un mouvement puis la fois suivante sur l’état intérieur pendant le même mouvement. Il ne s’agit pas de multiplier les formes, mais de toujours revenir, par des chemins nouveaux, aux mêmes mouvement et aux mêmes postures. Cela oblige les élèves endormis à se réveiller et frustre ceux qui veulent tout maîtriser.

PRATIQUES

Qu’il s’agisse d’enseigner les sciences de l’ingénieur ou le Qi Gong, la difficulté du pédagogue est d’aider les élèves à atteindre par eux-mêmes à cette qualité d’attention juste, ni relâchée ni tendue, et à l’Intelligence qui en résulte.

La tension dans la peinture s’exprime dans la relation entre deux couleurs, deux formes, deux traits, deux constructions. Un choix ou un geste peut tout faire basculer, aucun n’est anodin. Si la tension intérieure du peintre se relâche alors la toile perd la sienne et sa construction se fragilise et sa résolution s’éloigne.

Walter Peretti

Ingénieur de formation, enseigne l’électronique et les télécommunications en école d’ingénieur, Maitre de Qi Gong, fondateur de l’Ecole Baiyuan, cadre de la Fédération des Enseignants de Qi Gong, Art Energétique (FEQGAE). Contact : walter.peretti@orange.fr Ecole de Qi Gong BAIYUAN : www.baiyuan.fr FEQGAE: www.federationqigong.com Dans la création collective, l’adaptation est incessante, car l’autre par sa nouvelle proposition vient en permanence interroger ce que l’on est en train de réaliser.

Gommes, patates et tampons

29


Je ne sais pas ce qu’est l’inspiration : je ne connais que le désir du changement et de la métamorphose. Alain Bosquet Ils arrivent en ville, achètent la presse locale. D’abord il y a les gros titres et les chapeaux qui leur sautent aux yeux. Très vite ils voient danser les photos et sauter les lignes. Les êtres figés s’animent. Alors ils sortent leurs pinceaux et entrent dans la danse, sur le papier journal. Ils refont la Une qui de multiple consommable devient œuvre unique. C’est un jeu. C’est leur regard. Une façon d’interroger ce qui est donné. D’amener leurs couleurs dans le quotidien. Dans l’après-midi une affiche les arrête. Ils sentent qu’elle les interroge. Alors ils la questionnent avec leurs feutres et la voilà qui se métamorphose. En fin de journée ils achètent des chaussures de sport. Elles sont dans un beau sac en papier kraft. Ils observent la fierté de la volaille qui figure sur le logotype de la marque. En la basculant KUU par dessus tête ils commencent à rêver. Le soir, épuisés, ils dorment à pinceaux fermés.

32


MÉTAMORPHOSES

Lors de son exposition à Cherbourg le collectif KUU attrape LA PRESSE DE LA MANCHE et en quelques manipulations plastiques la métamorphose en CARRRESSE DE MA MANCHE.

33


PRATIQUES TOILES COLLECTIVES TYPOS

Le 104, anciennement bâtiment des pompes funèbres de la ville de Paris reconverti en centre d’art, se situe à la frontière du 18e et 19e arrondissement de Paris. Succession de cours et d’anciennes halles, dans lesquelles ateliers de menuiserie et hangars à corbillards sont devenus des lieux d’expositions et de rencontres, des ateliers, des salles de spectacle, une librairie et un restaurant. Les ateliers partenaires se trouvent de chaque côte de la nef Curial, au premier étage. Pour y accéder, présentation de badge à chaque passage de porte, emprunts de monte-charges et couloirs éclairés de simples néons rose. Ambiance froide, industrielle, quasi absence de présence humaine.

DIGITAL PAINTINGS 39


6 mètres de hauteur sous charpente, surface 90 m2, deux fenêtres. C’est ici que nous avons décidé de travailler durant sept jours d’affilés et de réaliser une série de onze peintures collectives grands formats.

le travail réalisé précédemment. La tension monte, la parole se fait. Il faut maintenant considérer ensemble les suites à donner à chaque tableau, être capable d’avancer en mixant et en adaptant nos pratiques personnelles, en oubliant nos automatismes. Le rythme se fait plus lent, les énergies se canalisent, chacun passe plus de temps sur une même toile, un peu comme si il s’en appropriait certaines plus que d’autres. Beaucoup de questions surgissent. Voir encadré. Peinture en musique : Rodolphe Burger et Sons of the desert. Pause au Café Caché et échanges autour des visuels de la presse culturelle gratuite. Déjeuner aux Grandes Tables avec une psychiatre. Nous attaquons le diptyque. S’exprimer comme un pied de chaise acrylique, pastels, collages/toile - 146 x 114 cm

KUU entre en résidence à l’atelier 12 du 104. 10h : Remise des badges. 11h : livraison des 11 toiles 80 F (114 x 146 cm) par Passage Clouté (distributeur matériel beaux arts). La voix féminine de l’ascenseur répète à chaque étage «Sens de la montée. Ouverture des portes. Fermeture des portes». Chaque porte doit être badgée pour être ouverte et lance un ultrason perçant. 14h : Le laboratoire est ouvert, le matériel prêt et les peintres en tenue de travail. Les toiles blanches se dressent maintenant tout autour de l’atelier, posées sur des chaises. Certaines sont ramenées au centre de l’espace et à plat, au sol, chacun commence à travailler leur surface ; empreintes, jus, coulures, pochoirs, traces. À coup de brosses, d’éponge, de spatule nous organisons la matière et l’espace qui l’accueille. Puis les toiles reprennent leur place contre le mur, et à la verticale, laissent parfois les jus se mélanger et la peinture strier leur surface de coulures. Nous en passons certaines à l’horizontal, d’autres pivotent de 180°. Nous observons et interrogeons les surfaces, cherchons les premières portes d’entrée. Nous allons nous croiser et croiser nos pinceaux sur chacune de ces toiles. Premières approches, en silence, légères. Pas besoin de parler, de se consulter... Pousser un peu plus loin les chemins qu’invitent à suivre ces jeux de formes et de couleurs, certains maîtrisés et voulus, d’autres nés du hasard et des énergies des premiers coups de pinceaux. S’esquissent personnages, animaux, bâtiments, végétaux ou formes nouvelles et inconnues. La peinture collective va maintenant pouvoir commencer : deux peintres, deux façons de travailler, deux vitesses d’exécution et deux regards pour un même espace d’intervention. RAS. Camion pizza. Soleil et danseurs de hip hop devant l’ascenseur. Ça se complique... Certaines toiles sont bien avancées et la rencontre a lieu. Nous sommes maintenant embarqués dans la même aventure, nous en avons conscience. Chaque nouvelle intervention va prolonger, enrichir ou bouleverser

Visite du metteur en scène Christophe Glockner. 20h, fin du marathon. L’atelier est rangé, nous nous apprêtons à rendre les badges. Les toiles sont toutes finies, signées, alignées le long des murs. Nous les observons comme autant d’expériences nouvelles et de rencontres inédites. Nous sommes fatigués. La pression tombe.


44

Lorsqu’en 2010, Daniel Besace, éditeur des éditions Carnets-Livres et spécialiste des traductions d’Hamlet, propose à Ivan Sigg d’écrire un Shakespeare contemporain, celui-ci accepte aussitôt et découvre à la fois l’animal social qu’est Hamlet et sa modernité ! Au début du 17e siècle, Cervantes et Shakespeare, deux révolutionnaires du verbe, ridiculisent les travers humains à travers la folie créatrice de leurs héros : trop de lectures de romans de chevalerie pour Don Quichotte; deuil et folie simulée pour Hamlet. Afin de dégager le Hamlet de 1603 de ses formules d’époque et de son anglais «incompréhensible», et pour retrouver le rire et la crudité gommés par les traductions romantiques, Sigg tente plusieurs formes d’écriture. La transposition dans la Savane s’impose : pas d’humains, pas de châteaux, pas d’objets, pas de références temporelles ou géographiques, pas d’autocensure, juste la crudité des rapports animaux sous-tendus par le désir de pouvoir, la séduction, le sexe, la violence, l’élimination des faibles, rien d’humain donc... Animalamlet est plus ramassé que l’original, mais la trame d’Hamlet est conservée et environ 50% des mots et tournures, dont les grossièretés et grivoiseries, sont ceux de Shakespeare. Quand le mime marionnettiste Iulian Furtuna appelle l’auteur, celui-ci comprend aussitôt que ce metteur en scène peut souffler sur la braise révolutionnaire de Shakespeare et enflammer Animalamlet.


TYPOS THÉÂTRE DIGITAL PAINTING

: une prolongation ou une transformation corporelle de l’acteur me semble plus forte que des éléments placés sur sa tête ou au bout de son bras. Un homme qui se glisse dans un corps animal comme le rhino rouge, ça me semble fort et non conventionnel. C’est plutôt comme des masques/costumes sur les corps pour certains. La tête de l’autruche va très bien à l’actrice dans la mesure ou c’est la finition d’un corps déjà tout investi dans le personnage. Ce qui me semble moins fort c’est quand l’acteur délègue son corps à une forme au bout de son bras ou à un masque conventionnel. Pour la girafe, je préfère le contrôle au bout du bras, avec la trouvaille d’une tête/chaussure de luxe.

AFFICHES

: ce produit est maudit ! Mal fermé ou fermant mal, toujours est il que dans le bus, le pot s’est à moitié renversé dans mon sac, flinguant mon décapeur/thermoformeur qui en a profité pour s’en remplir la panse ;) Je hais ce produit introuvable et cher ;( Sinon je suis content que tout avance de front. Ce que j’ai entendu de Christophe était vraiment bien et fonctionnait parfaitement avec les chorégraphies enlevées de Gaëlle. Bravo encore Nadine pour ton autruche et ton magnifique serpent et bravo à Iulian qui sait diriger ses troupes.

PRATIQUES

Quand un père meurt et que son frère s’accapare son job de roi et sa reine de femme, le fils/neveu est déboussolé. Quand le fantôme du père révèle que c’est l’oncle l’assassin, le fils/neveu grille un fusible. Pour assouvir sa vengeance, ce dernier décide de jouer la folie, mais à la jouer ne devient-on pas fou ? Il tue son futur beau-père par erreur, sa future femme se suicide, puis, après avoir grossièrement humilié tout le monde, il est empoisonné à son tour (ainsi que sa mère) par son oncle, et meurt non sans tuer son oncle et son futur beau-frère.

: la matière idéale pour la construction s’appelle le Plastazote (mousse à thermoformer) et le Varaform (grille à thermoformer). Ça c’est pour ceux qui ont les budgets. Pour les autres il y a une astuce à jouer avec les tapis de gym (2 euros). Ci-joint le tutoriel le plus complet sur le sujet, que j’ai trouvé sur www. cosplay-it.com. Il faudra sûrement en plus de la récup trouver des arceaux plastiques, de la baleine de plastique épaisse au mètre, de la sangle au mètre, du Velcro.... Sinon, on a le grillage à poule, le papier d’annuaire, la colle à papier peint, les anneaux de carton épais de différents diamètres, les éléments de calage (gratuits) pour transport de vaisselle et les rouleaux de carton épais à récupérer dans les magasins qui vendent du tissu. Pour les chutes de fourrure : en fait la corporation des fourreurs parisiens est installée dans un quartier très délimité : essentiellement sur 2 rues parallèles qui sont la rue du Faubourg poissonnière et la rue de Hauteville et sur les petites rues entre les 2 (notamment la rue des petites écuries où il y a des fournisseurs de peaux entières de tous types, mais forcément pas données). Moi je n’ai pas de fournisseur attitré. Il faut donc avoir le culot de sonner aux portes des magasins de fourrure et de dire que tu recherches des chutes de fourrure à acheter. Moi j’engage la conversation en demandant à quelles conditions ils les vendent ? au poids ? En général, il faut avoir prévu de répondre à la question «quels types de peau ?». Moi j’achète du lapin, de l’agneau du Béarn et surtout de Mongolie (long poils bouclés extra pour figurer des cheveux mi-longs ébouriffés) et du renard. Ils te proposent un prix. C’est la taille des morceaux qui prime. En général tu repars avec un bon volume pour un prix qui va de 15 à 30 euros. Parfois, si les morceaux sont petits, c’est cadeau. J’ai acheté un pot de DIPetanch et j’ai fait des essais sur plusieurs revêtements. C’est pâteux, mais sans excès. Vraiment en sous-couche d’accrochage avec peinture acrylique c’est parfait. Je vous montre çà demain et j’amène le pot. Vous jugerez vous-mêmes.

45


La comédienne Caroline Frossard et le metteur en scène Christophe Glockner ont commandé au collectif KUU l’affiche de leur prochain spectacle : «ça parle des genres, c’est à dire du féminin et du masculin, à travers de courtes scènes quotidiennes, oniriques, poétiques, drôles ou absurdes. Nous souhaitons une affiche où l’on ne voit pas nos têtes, une belle affiche contemporaine»

Affiche du Festival Franco Anglais de Poésie et de la revue La Traductière (thème : Le lecteur de poésie)

Affiche de la Biennale RESISTENCIA d’Issoudun (thème : Arts et cultures du monde)

48

1. Commençons par dessiner des hommes et des femmes sur nos carnets respectifs histoire de découvrir ce qui différencie la femme de l’homme (pas grand chose) et ce qui les rapproche (tout). 2. Passons sur iPad, cet outil ludique qui permet de fabriquer et de s’envoyer des images quand on n’est pas physiquement dans le même lieu. 3. Montrons que les corps, hormis quelques différences anatomiques, sont de grands sacs plein d’eau. Tiens voilà Monsieur et Madame Patate ! Réaliser une image à quatre mains c’est comme jouer à Patate Partie, ce jeu où l’on se passe une patate chaude (se refiler la question des rapports homme/femme ?). 4. Les patates sont-elles pleines de vie ou de vide ? faut-il des poils, du volume et de la chair ou bien en restons-nous aux symboles universels : triangles ronds et rectangles ? 5. L’homme et la femme sont fragiles comme du papier, froissés par la vie et incapables de vivre dans l’isolement. Par ailleurs ils laissent leur empreinte sur le monde : la patate devient semelle de papier de soie, la plus légère possible. 6. Un fond d’affiche en parquet ou en planche à découper renvoie le spectateur à l’intimité du foyer, au quotidien, à la cuisine, aux légumes tranchés. 7. Matérialisons l’égalité et la différence en coupant le titre en deux : TAN et DEM (Typo Walkway Expand) nous font penser à des écritures katakana. Le papier froissé, le bois et les mots verticaux Cabaret et Moderne, concourent au côté japonisant de cette affiche. 8. Brusquement les pantoufles de l’habitude et les patins de la rigidité disparaissent, et surgissent sous nos yeux deux masques nô fragiles que chacun pourra enfiler afin de se poser à son tour la question de la vie en TANDEM et de l’égalité des genres.


PRATIQUES AFFICHES TYPOS DIGITAL PAINTING

Toute la complexité de la réalisation d’une affiche consiste à passer du bouillonnement des premières idées à une simplicité et une évidence visuelle. Pour cela le graphiste tente de tout faire pour ne pas verser dans la facilité d’un message simpliste. Le résultat doit être poétique, informatif, polysémique, c’est à dire non épuisable au premier regard. Certaines de ces questions interrogent sans doute le peintre...

49


Echanges de KUUriers, échanges de réflexions, échanges de trouvailles plastiques et graphiques, joyeuse façon d’entretenir le lien. Il n’y a pas de rapports directs entre nos toiles et nos courriers peints, dans le sens où nous n’agrandissons jamais sur la toile les découvertes faites sur les enveloppes et réciproquement. Cependant nous travaillons souvent nos enveloppes en même temps que les toiles et avec les mêmes outils. Les échelles et les enjeux changent, mais il y a une vraie porosité entre les deux supports. Les macules de la revue KUU et les images glanées dans la rue alimentent par exemple aussi bien les collages que nous pratiquons sur nos enveloppes que sur nos toiles.

54


DIALOGUES POSTAUX

TYPOS

55


Avez-vous depuis l’école primaire réessayé de dessiner un alphabet ? Voilà une activité étonnante. Il s’agit à la fois d’un monde fini de 26 lettres et d’un paysage infini où il fait bon se promener. Chaque lettre est aussi belle est complexe qu’une architecture contemporaine. Nous ne réfléchissons pas quand nous dessinons des lettres, non, nous cheminons. L’alphabet, est un jeu de construction et de société aux possibilités incroyables. Sa beauté et sa liberté sont toujours validées par l’oeil intransigeant de la lisibilité. Composer un alphabet à partir de formes simples préexistantes. Inventer deux ou trois formes qui suffiront à construire les 26 lettres de la langue française. Jouer sur la similitude entre les lettres : le e et le a, le p et le q, le b et le d, le n et le u, le m et le w, le s et le z. Transformer ces lettres en tampons et réinventer l’imprimerie Intégrer sur son clavier d’ordinateur une typographie manuscrite ou mécanique que l’on vient de créer. Autant de pistes pour se réapproprier l’écriture et remettre du sensible dans les mots.

66


PRATIQUES

Typographies urbaines et signatures sauvages photographiĂŠes dans les rues de Paris.

TYPOS

Recherches typographiques en carnet.

67


KUURANT D’AIR DIGITAL PAINTINGS 70

Bien sûr vous vous dites (avec raison) «Mais avec ses nouveaux outils numériques, les artistes perdent le plaisir de toucher le grain de la toile ou du papier, et le plaisir de se mettre de la peinture sur les doigts. Ils perdent le contact avec les matériaux !» et nous répondons tranquillement que les uns n’annulent pas les autres, qu’au contraire ils se nourrissent (si l’artiste ne tombe pas dans la fascination de l’écran et l’addiction aux pixels). Avec les tablettes tactiles nous entrons en contact avec autre chose : avec la lumière, avec le changement d’échelle instantané, avec la mise en mouvement directe de la peinture (sans passer par une lourde équipe de réalisation), avec la projection/partage sur écran du geste du peintre qui enfin se désacralise. Trois exemples. 1) Allez glisser sur la toile une autre couleur derrière tout ce que vous venez de peindre, impossible ! 2) Passez en arrière plan les personnages qui étaient au premier plan de votre en encre sur papier : impossible ! 3) insufflez la musique d’un ami compositeur dans votre fresque murale : impossible !


ÉDITORIAL Do not go around the bush : we take pains to KUUk you this number 4. Be careful, you are going to eat painting and typography like 4. You’ll fall on your ass at every page. Sometimes you will be folded in 4. Do not brake with 4 hooves, if you see we do not give in the current visual trends. Let yourself be carried away by the scent of our 4 graphics spices until the 4th cover. KUU is a magazine that is created and played by 4 hands but not on all 4s. While keeping 4 sub of common sense, we bled the 4 veins to make it exist. It is performed between 4 walls during the 4 weeks Thursdays, however it shares its 4 artistic truths at the 4 corners of the world. We tell you between 4 eyes : for we are not 4 peeled and three shorn in this editorial adventure, do not hesitate during the 4 seasons, to spread information to the four winds and climb the steps 4 by 4 to your friends place to propose them to subscribe. LETTERS ECHOES boomerang Zip : mail which returns to his sender having been transformed by its receiver. Dialogue with eleven designers. We tried to understand what each artist offered us then we work on the original media, telling them In painting how they altered us and introduced us to other possibilities. PRACTICES Here is a new section that proposes to discuss core activities, techniques, know-how and tools. It is not about describing a profession, but saying in simple words where we feel true in our practice. Can the tale of the beekeeper have value as a metaphor for the mechanic ? Can the painter’s practice enlighten that of the neuro-physicist? 104 A week residence of painting in the old undertakers building of Paris, converted into an art center

ANIMALAMLET When in 2010, Daniel Besace, Carnets-Livres editor and translations specialist of Hamlet, propose to Ivan Sigg to write a contemporary Hamlet, the latter accepts and soon discovers Shakespeares modernity and truculence. At the beginning of the XVII th century, Cervantes and Shakespeare, two revolutionaries of words, turn into derision the human defects through their heroes creative madness. To find laughter and crudity, the transposition in the Savannah is required. The play was then set up by Iulian Furtuna with The students of The EICAR school.

THE SEA IN ALL LETTERS «The sea in all letters» is an exhibition where living writing and painting are no longer held at bay, but intertwined In a crazy stamped manner, through painted letters. POSTAL SORTING CENTER Exchange of letters, exchange of thoughts, are a plastic and graphic merry way to maintain the link. We are often working on our envelopes at the same time as canevases and with the same tools. Here’is the result. TYPOGRAPHY Each letter of the alphabet is as beautiful and complex as contemporary architecture. The alphabet is a game of construction, and society, with incredible opportunities.

METAMORPHOSIS They arrive in town and buy the local press. First, there read the headlines and their obvious hats. Very soon the photos are dancing and the lines are skipping. Then they take their brushes and enter the dance, on newsprint paper. They repaint page One of the newspaper and this consumable multiple is becoming a unique artwork. It’s a game. It’s their view. One way to examine what is given, to bring color into the daily. POSTERS The complexity of the realization of a poster is to move from initial bubbling ideas to a simplicity and visual evidence. For this, the designer tries to do everything to avoid delivering a simplistic message. The result should be poetic, informative, polysemous, and non-exhaustible at first glance. Do these issues question the painter as well as the graphic designer? IMAGES on iPad With touch pads we come into contact with the light, with the instantaneous change of scale, with the setting in motion of painting directly (without going through a heavy team), with the projection / sharing on screen of the painter’s gesture which is finally desecrated. Yes numerical tools can feed our paintings on canvas and our drawings on paper. READERS LETTERS Your return on an improbability incredible editorial artistic and financial adventure like KUU4, is unavoidable. This unique and collective 72 pages work, raises the questions of dialogue, exchange and sharing. Sending us your critical eye, is participating in this madcap adventure and allowing us to create better, and thus be increasingly free.

71


DIALOGUES POSTAUX 72

Votre retour de lecteur sur une improbabilité éditoriale, artistique et financière comme KUU4, est incontournable. Cette oeuvre unique et collective de 72 pages pose avant tout la question du dialogue,

de l’échange et du partage. Nous envoyer votre regard critique (ou non), c’est participer à cette aventure insensée, c’est nous permettre de mieux créer, donc d’être toujours plus libres.

(architecte-urbaniste) J’ai adoré le lancement de la revue KUU3. Vous arrivez toujours à vous entourer de gens intéressants et c’est une vraie bouffée d’oxygène de participer à chaque rencontre. Je suis très contente avec le numéro KUU3 que j’ai choisi . J’ai l’impression qu’il m’attendait. Il y a 4 personnages, un collage d’un sol en carreaux de céramique en perspective, qui mène vers une lumière. J’ y vois plein de choses ! Je l’amène dans le train avec moi pour le lire, direction les Pays Bas puis le Portugal.

(auteur jeunesse) Pardonnez-moi de réagir avec autant de retard. J’ai reçu « mon » exemplaire de KUU depuis une semaine, et je n’ai pas trouvé le temps de vous faire un petit signe ! Je dois vous dire que j’aime beaucoup votre revue, ses timbres pour rire, sa 4e de couv faite à la main, son enveloppe personnelle. Je trouve mon texte illustré de manière tout à fait sympathique. Seul ennui : vos belles enveloppes me donnent envie de me lancer moi aussi dans l’art postal, et il faut que je me rappelle combien je suis gourde avec un crayon… Donc, encore merci à vous, les garçons.

(guide animateur) Merci de votre accueil hier dans les locaux d’Ent’revues dont la vue est aussi surprenante que magnifique : perspective, vue sur une autre rue que celle par laquelle on entre... Votre travail est très original et un bon remède à proposer à tout artiste trop égocentrique, car cet échange suppose d’accepter l’approche de l’autre. Équilibre pas simple, sauf à y mettre tellement de distance que le jeu est plus facile mais aussi plus artificiel. Ce qui m’a frappé c’est le rythme des couleurs dans la revue, très tonique. (artiste) Bonjour à vous, je viens de recevoir votre boomerang postal !J’ai beaucoup apprécié cette réponse artistique et bien entendu, vous avez mon accord pour publier ce que vous avez prévu. J’ai juste une petite question... si c’est un boomerang, attendez-vous que je vous renvoie ce courrier avec une intervention de ma part ? Enfin, si vous publiez l’original, pouvez-vous le mettre à l’horizontal avec la partie la plus claire sur la droite ? C’est comme ça que je l’ai composé, mais je trouve ça intéressant que vous l’ayez utilisé autrement ! En tous cas, votre projet est très chouette. Je suis ravie de participer à ce type d’échange artistique et j’ai très hâte de découvrir lKUU4 !!! En attendant votre réponse concernant le boomerang postal, portez-vous bien !

Bonjour ! bonjour ! Gééééénial ! Superbe votre numéro 3 ! Truffé de créativité, de plaisir, de complicité, d’humour et de poésie, j’aime beaucoup !!! Et alors, alors ...un grand MERCi pour cette magnifique enveloppe arrivée en bon état !!! J’adore !!! Elle donne l’envie d’une réponse ! Bonnes journées créatives !!! (photographe) hello Eric et Ivan, juste un mot pour dire que KUU est vraiment réussie, incroyablement sexy et jolie à regarder, inventive (j’adore les typos). Merci d’avoir publié ma lettre avec la petite photo de voiture-épave, ça fait bien plaisir, ainsi que le boomerang canon qu’elle vous avait inspiré. J’ai été très intéressé par les polaroïds. Ils sont vraiment pop, instantanés. J’en fais moi même, à l’occasion je n’hésiterai pas à vous envoyer 2-3 clichés, libre à vous ensuite d’en faire ce que vous voulez, peut être le point de départ d’un nouveau boomerang qui sait... Pour finir, j’adore la couv et surtout les 4e de couv, complètement loufdingues. Avec KUU on a un bel objet entre les mains. Merci.


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.