Bulletin Eté 2011

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NUMÉRO DE L’ÉTÉ 2011

“Fors l’honneur !” t

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Le cinquantenaire de ce que nous appelons, par routine journalistique, le “putsch des généraux” convoque l’Algérie française à notre vivante mémoire. Ce terme de “putsch” ne convient pas. Un putsch est une affaire politique, un coup d’Etat perpétré par des militaires pour tenter de prendre le pouvoir. Rien de tel dans l’aventure conduite par le Général Challe, accompagné de Jouhaud et de Zeller, rejoint par Salan.

e mouvement du 21 avril 1961 était une insurrection militaire qui voulait rester militaire. L’armée disait avec force au pouvoir politique qu’il était hors de question, pour elle, d’abandonner une terre qu’elle avait pacifiée et des populations à qui ses officiers avaient fait le serment qu’ils ne les abandonneraient jamais. Affaire d’honneur. Affaire de serment et de foi jurée. Affaire essentiellement militaire. Politiquement ce fut un désastre. De Gaulle en profita pour accélérer sa politique d’indépendance de l’Algérie, faisant passer auprès des Français de métropole leurs frères d’Algérie pour des excités, des rebelles (les “agités d’Alger”) et les militaires pour des fascistes dangereux. Comme il avait joué du parti communiste (“Moi ou le chaos”), il joua de l’OAS et de “l’extrêmedroite”. La vie politique française porte encore la marque de ce jeu pervers. Mais à l’échelle de l’Histoire, ce raidissement de l’honneur, ce refus du mensonge et du parjure, couronnés par les condamnations judiciaires et les années de forteresse, demeurent comme le dernier grand et tragique témoignage de ce que peut être un officier français. Aucun de ces généraux étoilés et décorés, aucun de leurs officiers supérieurs ou subalternes, aucun de leurs jeunes lieutenants n’étaient des aventuriers. Aucun n’avait la moindre ambition politique. Leur démarche était pure de toute idéologie comme de tout esprit de système. Ils ne réclamaient pas plus ou moins de démocratie. Ils n’aspiraient pas à un changement de régime. Ils voulaient simplement

rester fidèles à la parole donnée. Fidélité et amour pour une terre qui, pour la plupart d’entre eux, n’était pas leur terre. Fidélité et amour, pour les populations qu’ils avaient appris à connaître et travaillé à protéger. Quelle autre nation que la France a vu, dans son armée, fleurir à une telle hauteur, de tels sentiments ? Rien de plus noble. Rien de plus désintéressé. Rien de plus français… Ils ont perdu ? À court terme certainement. Mais le rayonnement grandissant de l’œuvre et de la personne d’Hélie de Saint Marc dit déjà les honneurs que l’Histoire commence à leur rendre. Leur révolte et leur malheur font partie de notre Grande Geste nationale et les placent là où les Romains, après les avoir souvent méconnus de leur vivant, installaient leur héros morts. Figures que n’entache ni le sang inutilement versé, ni le reniement de la parole donnée. Figures de jeunesse et de courage que, mieux que le succès, auréole le malheur. Elles attendent le dramaturge, le romancier, le cinéaste qui saura faire rêver les générations futures à la noblesse de leur sacrifice. Cette dernière fière et noble révolte de notre Histoire est comme un trésor que le temps garde et affine encore pour les poètes qui viendront. Mais, dès maintenant, grâce à ces soldats perdus pour leur carrière mais fidèles à leur vocation, l’image ultime de l’Algérie française, c’est sur le Forum d’Alger la Blanche, dans le printemps de Notre-Dame d’Afrique, un peuple et une armée rendant ensemble, une dernière fois, les Jacques Trémolet de Villers honneurs à l’Honneur.


IMMIGRATION, INTÉGRATION ET DEVOIR DE vérité

Malika Sorel : pas d’intégration contre les Français t

Malika Sorel est française et issue de l’immigration. Elle nous propose ses analyses et ses propositions dans un ouvrage sans concession à la langue de bois. “L’intégration des populations étrangères – écrit-elle – n’a pas la moindre chance de réussir si elle se fait contre les Français.”

Les dégâts de la discrimination positive

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alika Sorel commence par tordre le cou au passé colonial, accusé à tort d’être responsable des difficultés d’intégration des dernières vagues de migrants, en montrant que les pays qui n’ont pas de passé colonial, comme le Canada ou le Danemark, connaissent les mêmes difficultés. Elle se dresse contre la propagande de victimisation des migrants et la culpabilisation de nos compatriotes, en soulignant que les malheurs des premiers sont plus liés aux conditions de vie, aux inégalités et aux injustices qui ont cours dans leur pays d’origine que des traitements que leur ont, soidisant, imposés nos ancêtres. Quant aux ghettos des cités, elle rappelle que ces immeubles ont, pour beaucoup, été construits pour accueillir les familles dans les années 60 et, notamment les rapatriés d’Algérie et des autres ex-colonies… Elle prétend, horreur, que si la France était l’Enfer qu’on décrit, elle ne continuerait pas de symboliser le rêve pour tous les peuples du Maghreb et d’Afrique noire.

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L’idée de la discrimination positive, importée des USA, est supposée permettre de réparer le préjudice dont nous serions coupables. Malika Sorel décrit longuement les diverses solutions proposées. Elle n’en dissimule pas les effets pervers et les dégâts collatéraux, même si elle salue les initiatives plus discrètes que celle de Sciences-Po, et qui visent, simplement, comme le faisaient les instituteurs et les curés d’autrefois, à “pousser” les élèves prometteurs avec le concours de professeurs et d’élèves, issus de certaines Grandes Ecoles. De même, cette polarisation volontaire sur les migrants originaires des anciennes colonies est d’autant plus injustifiée qu’elle laisse de côté tous les autres et, notamment, les immigrés d’Europe de l’Est ou d’ExtrêmeOrient dont la condition de quasi-esclave n’émeut guère les belles consciences de la HALDE. Cette connotation raciale de la victimisation se prolonge d’une étrange tolérance pour le racisme antifrançais qui vient renforcer le communautarisme imposé par le refus du système de valeurs qui structure le pays d’accueil. Sur l’absence de repères qui ferait de ces jeunes, notamment, des déracinés, Malika Sorel s’inscrit en faux : les repères existent mais ce sont ceux de leur pays d’origine, entretenus, en particulier, par le réseau familial et la

communauté qui reste unie de part et d’autre des mers ou des océans, ce qui ne fait qu’accentuer les malaises identitaires.

Alors, que faire ?

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esser de culpabiliser les ciC toyens et d’imposer la mixité forcée, de diviser la population entre victimes et bourreaux. Considérer que l’intégration commence à la maternelle et que nos référents culturels doivent s’imposer, quitte à combattre le comportement des ascendants… Faire respecter les fondamentaux de la République face, s’il le faut, à son groupe d’origine ou familial ; Abroger le droit du sol, c’est-à-dire découpler le problème économique de la question du droit du sol : “Le Code de la nationalité est devenu une gigantesque usine à fabriquer de la violence.”

Malika Sorel ne nous dit pas ce que l’on doit faire des centaines de milliers de jeunes qui sont déjà français depuis trois générations, s’intègrent encore moins que leurs parents, et sont à l’origine de la montée aux extrêmes du “rasl’bolisme” d’un nombre croissant de “Souchiens”, mais la lucidité et le courage dont témoigne son analyse seraient précieux pour nous donner les voies et moyens de traiter ce problème essentiel. Nous souhaitons vivement qu’elle le fasse dans un prochain ouvrage. P.B. Le puzzle de l’intégration de Malika Sorel, aux Editions Mille et une nuits, 14 €

BULLETIN


CESSEZ-LE FEU DE NOTRE HONTE !

Un armistice dans la bataille des commémorations ? t

Dans le prolongement de l’article de notre dernier bulletin consacré à l’offensive contre la Mémoire de l’Algérie française, nous développons ci-dessous les orientations actuelles visant à sortir de la controverse des commémorations et à offrir une journée du souvenir en hommage à tous les enfants de France morts au combat.

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uarante-neuf ans après le fictif et unilatéral “Cessez-le-feu “du 19 mars 1962 en Algérie, et à un an du cinquantenaire, la controverse s’intensifie.

Quelle doit être la bonne date de la commémoration : le 19 mars, jour où les soldats français ont été priés de mettre l’arme au pied, autorisant ainsi l’adversaire à reprendre ses attentats et ses assassinats ? Cette première attitude est défendue et avec quelle âpreté, surtout, par la FNACA (Fédération Nationale des Anciens Combattants d’Algérie). Le 5 décembre, jour choisi par Jacques Chirac, en 2005, et qui visait à faire de cette date la Journée d’Hommage aux Morts pour la France, en Algérie, au Maroc et en Tunisie ? Ce dernier choix dont la date ne correspond pas à un évènement significatif, comme le 11 novembre ou le 8 mai, a été, néanmoins, officialisé par la Loi et recueille l’assentiment de la plupart des autres associations d’anciens combattants. Ce fut d’ailleurs la position de M. Juppé, éphémère ministre de la Défense, il y a quelques semaines. Mais la FNACA poursuit son offensive, en s’efforçant de circonvenir les préfets, en chassant les présidents locaux de sa propre fédération qui seraient tentés de suivre les dispositions légales du 5 décembre, en multipliant les poses de plaques commémoratives en faveur du 19 mars.

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Elle va jusqu’à adresser une lettre ouverte au Président de la République dans laquelle la “pantalonnade” du 19 mars est assimilée à l’armistice du 11 novembre (sic), alors que, dans sa forme comme dans ses effets, ce “cessez-le-feu”, issu des soi-disant “accords” d’Evian s’apparenterait plus à une capitulation, malgré la victoire obtenue sur le terrain. Les positions se cristallisent et tournent à l’affrontement politique.

Quelle solution ? Les anciens d’Indochine ont leur 8 juin, date de l’inhumation du soldat inconnu de la guerre d’Indochine à la Nécropole de Notre-Dame de Lorette (Pas de Calais), ceux de 39/45 le 8 mai. Et il y a tous ceux tombés sur les théâtres d’opérations extérieures, au Tchad, au Zaïre, en République Centre Africaine, au Rwanda, en Côte d’Ivoire, au Liban, en Nouvelle-Calédonie, en Irak lors de la première Guerre du Golf, en Bosnie, en Croatie, au Kosovo et, aujourd’hui, en Afghanistan. Où, quand, comment les honoreronsnous ? Si tant est que l’on veuille les honorer…officiellement. La puissante Union Nationale des Combattants, par la voix de son Président, Hugues Dalleau souhaite sortir de ces controverses et de ces dénis de reconnaissance. Elle estime qu’il convient de :

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dépasser les querelles qui passent largement au-dessus de la tête des jeunes générations, saluer tous nos soldats morts en service commandé depuis la deuxième Guerre Mondiale, quel que soit le lieu de leur sacrifice, éviter la multiplication des Journées mémorielles,

En faisant du 11 novembre la Journée du Souvenir, en hommage à tous ceux qui sont tombés au service du Pays quels que soient le lieu, les circonstances et la finalité de leur sacrifice.

Cette proposition ne s’oppose pas aux commémorations officialisées par la Loi. Elle n’interdit pas non plus les initiatives mémorielles organisées ponctuellement ou régulièrement par tel groupement ou association. Elle suppose seulement que toutes les mairies de France inscrivent sur leur Monument aux Morts les noms de ceux qui sont tombés pour la France, sans considération de lieu ou de temps et que les autorités civiles leur rendent l’hommage qui leur est dû. La proposition mérite qu’on s’y arrête. Mais aura–t-elle la vertu de pacifier les esprits ? Dans le climat actuel qui reste passionné, on peut en douter. P. B.

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FILM DOCUMENTAIRE

Secours de France et l’ECPAD présentent :

“Harkis : histoire d’un abandon” t

Marcela Feraru est la réalisatrice de ce documentaire produit par l’Etablissement de Communication audiovisuelle de la Défense (ECPAD) avec le concours actif au plan conceptuel et financier de Secours de France. La télédiffusion en sera assurée, dans un premier temps, par la Chaîne Histoire et l’une des deux chaînes parlementaires, vraisemblablement en septembre 2011.

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u travers d’un dialogue intergénérationnel, une jeune femme de la troisième génération (Karima Chalaal) part avec la réalisatrice, à la recherche, non de ses racines biologiques, mais de son héritage familial au plan des choix de vie, du destin, des engagements et des valeurs défendues par les siens, dans un passé encore récent. Une riche iconographie, souvent originale, provenant des archives de la Défense, mais également des télévisions de pays de l’Est (sur les combattants de l’ALN) et des Associations de rapatriés, entoure des entretiens avec d’anciens harkis, des personnalités publiques, des officiers français, ayant vécu cette période et, pour certains, commandé des harkas . Le film ne se borne pas à évoquer la période de la guerre, de ses violences et des massacres qui concluent son issue, mais poursuit son enquête, au-delà de 1962, avec les regroupements dans les camps en France et l’organisation d’une nouvelle vie familiale dans un monde inconnu, le plus souvent indifférent, sinon hostile. Aucune langue de bois dans ce document, mais la voix de Jean Piat qui en dit le texte. Aucun jugement de valeur ou d’apriorisme idéologique. Des faits, des images, des visages qui parlent d’eux-mêmes et des voix qui ne “blâment ni ne louent, mais racontent”. Et l’émotion est, de bout en bout, présente, parce que l’accent de

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vérité qui la sous-tend ne trompe pas. Les historiens et de nombreux témoins apportent leur concours à cette œuvre dont la conclusion peut être donnée par Jean-Pierre Chevènement, ancien sous-lieutenant de

SAS, à propos de ses anciens moghaznis : “La France n’a pas fait tout ce qui était en son pouvoir pour sauver ces gens. Aujourd’hui, quoique l’on fasse, on ne peut réparer l’irréparable…” n

MEMOIRE AFRICAINE

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ous avons fait la connaissance de Samuel MBAJUM durant la réalisation du projet “Frères d’Armes 1940”. D’origine camerounaise, cet homme cultivé et attachant a mené une carrière de diplomate et de journaliste, notamment comme Vice Secrétaire Général de l’Union des Journalistes Africains. Il professe beaucoup de respect et d’amour envers notre patrie. Féru d’Histoire, il a entrepris d’écrire, avec le soutien du Secours de France, un livre intitulé L’épopée passionnante et tragique des combattants africains : on les appelait Tirailleurs Sénégalais. La première partie de cet ouvrage de 1857 à 1918 est achevée. Elle met en évidence le rôle de ces troupes, encadrées par un très petit nombre de militaires français, durant toute la conquête de l’Afrique subsahélienne. Tout en rendant un hommage appuyé aux Faidherbe, Mangin, Galliéni et autres Marchand, elle montre le courage et le dévouement à leurs chefs de ces combattants. Tels le Sergent Samba Taraoré et le caporal Koubi Keita défiant les 3000 guerriers du sultan Amadou pour récupérer le corps de leur chef le Capitaine Cazemajou ; ou le Sergent Koné s’opposant à l’explorateur anglais Stanley. Et même de leurs épouses citées à l’ordre des Troupes coloniales pour leur conduite au Maroc en 1908 (combat de Tashmet). Certaines erreurs ou injustices de l’Administration y sont relatées sans acrimonie, elles font partie de cette histoire. L’ensemble est d’une lecture agréable et instructive. Samuel MBAJUM poursuit en parallèle le recensement de toutes les tombes identifiées de ces combattants, et s’intéresse au rôle de certains Africains dans la résistance et aux Français qui leur portèrent assistance. La parution du livre devrait intervenir courant 2011.

BULLETIN


NOTE DE LECTURE

Les hommes debout Cinq portraits d’hommes – dont une femme – accompagnés d’entretiens et d’un CD, hommes et femme qui ont en commun leur exemplarité, le plus souvent justifiée par leur combat sans compromission pour le respect de certaines valeurs humaines et leur résistance à des décisions ou des actions politiques contraires à l’éthiquequi a guidé leur vie.

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ais surtout, pour chacun d’eux, il s’agit, à l’âge d’homme, et contre vents et marées, de réaliser leurs rêves d’enfant. On y trouve ainsi sculptés, deux responsables militaires (Hélie de Saint-Marc et N’Guyen Ky Suong), un producteur de films (Jan Mojo) une académicienne spécialiste de la Grèce antique (Jacqueline de Romilly) et un ancien ministre polonais (Wladyslaw Bartoszewski). Aucun souci, chez l’auteur, du respect des hiérarchies dans la notoriété ou du degré de médiatisation de ces “héros”. Sabine Carion ne fait pas dans le journalisme pondéré, entre la louange et la critique. Elle affiche clairement son parti pris, son manque d’objectivé et de neutralité. Elle les admire ces hommes ; elle

le dit et elle l’écrit. Ils sont de son monde et elle entretient, avec eux, ce sentiment étrange que notre temps plutôt cynique a tendance à rejeter au rang des vieilles lunes : l’admiration. Et en amour, quand on souhaite parler de l’objet aimé, il n’est pas – pas encore - imposé de tenir son cœur dans une balance égale entre des couleurs de peau, des idéologies, des professions, des sexes ou des nationalités. Le fait que trois d’entre eux aient combattu des régimes communistes, montre simplement qu’elle n’a pas trouvé chez les communistes, des hommes qui lui conviennent. On n’y peut rien ; à moins qu’elle n’ait une prévention contre les communistes. Cela ne se commande pas. Certes, le parcours de chacun d’eux mé-

rite cette dévotion de l’auteur, en raison de la force d’âme et de la part d’arrachement que tout engagement implique, qu’il s’agisse de guerre, d’art, de science ou de culture hellénique. Alors, les chiens hurlent, la caravane passe. Sur près de 300 pages. Et il n’y a pas de miracle. Pour écrire ces cinq biographies d’individus malmenés par un siècle brutal et peuplé d’injustices, il a fallu beaucoup de curiosité, de travail et d’enthousiasme, le tout étant transcendé par ce qui fait l’homme…et l’écrivain : le style. . n Les hommes debout de Sabine Carion – Editions du Toucan 19 €

UN CD HISTORIQUE

L’Honneur d’un Régiment… 50 ans après sa dissolution pour cause de forfaiture présidentielle, le 1er Régiment Etranger Parachutiste est de nouveau parmi nous. Comme pour la lampe d’Aladin, il suffit d’ouvrir son coffret, réalisé à cette occasion, pour que s’échappe, dans une nuée de souvenirs, le Génie du passé.

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ne pièce historique : sur un CD, l’intégrale des “Chants d’Honneur et de Fidélité”, tirés du 33 tours enregistré clandestinement en 1961 par les officiers du 1er REP, pendant leur détention au fort de Nogent, grâce au détournement – méritant citation- du matériel du service d’Action Psychologique. Dix des plus beaux chants de tradition de la Légion s’y trouvent, précédés d’une dédicace au Commandant de Saint Marc, dite par l’artisan de cet exploit d’action secrète, le lieu-

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tenant Henry Lobel. S’y ajoute la lecture poignante du poème “A mes hommes qui sont morts”, enregistré à la soirée de Camerone de 1958, année de tous les espoirs, à Sidi Bel Abbes, dédié par le Capitaine de Borelli à tous les Képis Blancs tombés au champ d’honneur. A ce disque remarquablement “repiqué” grâce au numérique, s’ajoutent l’album souvenir du 1er REP et un film inédit : le départ définitif de Zéralda du Régiment. Et si l’on veut s’imprégner jusqu’à la moelle de l’état d’esprit des taulards du fort de Nogent, on appréciera l’édition “Collector” du coffret qui

rassemble, en plus des autres documents, les interviews recueillis par le Lieutenant Lobel dans les couloirs du Fort, accompagnés de chants plus intimes, voire “gaillards”, qui nous rappellent que les guerriers, même condamnés, restent des hommes n . Coffret d’anniversaire L’HONNEUR D’UN REGIMENT En vente et en librairie et chez l’éditeur : Editions Italiques, 1 chemin des Beauregards 78510 Triel-sur-Seine contact@italiques.com Prix :

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39 € version normale 59 € version “Collector” Frais de port : 6 €


NOTE DE LECTURE

Fachoda et la “Mission Marchand”

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ans ce Monopoly de la colonisation à la fin du XIXème siècle, chacune des grandes puissances européennes s’efforce d’acquérir un maximum de territoires en vue du grand partage final. Les Anglais visent une continuité africaine Nord Sud. Léopold II met la main à titre personnel sur le Congo, bientôt belge. L’Allemagne, installée au Togo, au Cameroun, au Rwanda, lorgne vers l’Afrique australe, les Italiens se font étriller en Abyssinie. Les Français rêvent d’un axe Est-Ouest, avec une implantation sur le Nil qui permettrait de négocier en position favorable, le futur marchandage territorial. Jean-Baptiste Marchand, 32 ans, ancien clerc de notaire, a exercé en Afrique tous les métiers dévolus aux officiers des troupes coloniales de l’époque : soldat, diplomate, explorateur, ingénieur, administrateur, juge, commerçant…Il a été blessé deux fois dans les combats menés contre Ahmadou et Samory, deux rudes chefs de guerre engagés dans une dangereuse « croisade islamiste » dans cette zone sub-saharienne, où l’histoire ressert parfois les plats…

“Un coup de pistolet sur le Nil“ La mission Congo-Nil décidée puis suspendue puis remise à l’ordre du jour, selon les aléas de l’instabilité ministérielle, finit par se concrétiser, en juin 1896. Quelque 150 tirailleurs, encadrés par une dizaine d’officiers, dont le capitaine Baratier, les lieutenants Mangin et Largeau, partent en plusieurs échelons (pour ne pas donner l’éveil aux Anglais) depuis Loango au Congo, jusqu’à Brazzaville. Des porteurs ou des rameurs viendront apporter leur soutien logistique selon les caractéristiques du parcours. Il y a 3 000 “ballots“ de 30 kgs à transporter ! On n’évoquera pas les multiples incidents dramatiques ou cocasses, embuscades, accidents, désertions, confrontations de tous ordres, qui vont jalonner ces marches et ces navigations, à bord du “Faidherbe“, réquisitionné et démonté selon les contraintes de l’itinéraire, ou en pirogues, le tout, sur 4500 km. Mais l’Angleterre veille au grain : Gabriel Hanotaux, ministre des Affaires Etrangères l’avait annoncé à Marchand : “Vous allez tirer un coup de pistolet sur le Nil. Nous en assumerons toutes les conséquences.“ Et, après les escarmouches, voire les vrais combats contre les troupes des

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divers sultanats traversés, c’est l’arrivée à Fachoda, sur le Nil Blanc, “Cité à l’abandon“, le 10 juillet 1898. Puis ce sera l’attaque, repoussée, des Mahdistes, dotés de l’artillerie navale des vapeurs pris aux Anglais. Victoire inachevée. Déjà l’ennemi prépare une nouvelle attaque, quand, au terme d’aventures et de mésaventures diverses, arrive, comme le 7ème de Cavalerie, le reste de la colonne, à bord du “Faidherbe“.

Une partie de poker menteur… Mais, le 20 septembre 1898, l’armée anglo-turco-égyptienne est là : 25 000 hommes, 5 canonnières et une dizaine de bateaux plats. Commence, alors, une partie de poker menteur, entre les chefs des deux camps, qui se reçoivent, échangent d’aimables propos, assortis, de la part du général anglais qui s’abrite derrière les droits de la Sublime Porte, de menaces à peine voilées cependant que Marchand finasse mais avec panache et autorité. En haut lieu, Delcassé, à Paris, essaie un baroud d’honneur diplomatique et cède. Les Français doivent évacuer Fachoda. Les drapeaux égyptien et anglais s’élèvent dans le ciel, cependant que s’éloigne la mission Marchand jusqu’à Adis Abeba et Djibouti. “Paris en folie” accueille et acclame les tirailleurs et leurs chefs…. De cette affaire internationale qui intervient, alors qu’une autre Affaire, intérieure celle-là, déchire le pays, il sortira trois conséquences : n la démission de Marchand, après l’arrivée au pouvoir de la gauche anticléricale et antimilitariste du “Père Combes“ et une carrière politique avortée, n l’abandon, par la France, de toute prétention sur le Bassin du Nil et le Haut-Oubangui, en échange d’avantages ailleurs, au Maroc, notamment, n le rapprochement franco-anglais, couronné, le 8 avril 1904, par le premier traité bilatéral réglant les contentieux en cours, premier chaînon de l’Entente Cordiale…. A lire résolument par les amateurs de l’Histoire vraie, dans le plus humble de ses détails et dans toute sa perspective géopolitique. Fachoda et la Mission Marchand, par Pierre Pellissier www. Editions-Perrin.fr, 22,90 €

BULLETIN


IN MEMORIAM

Lieutenant Daniel Godot Ce héros révolté a quitté notre monde le 11 avril. Selon sa volonté, ses cendres ont été répandues sur la “Colline Inspirée” de Sion, chère à Barrès, berceau de sa propre famille paternelle, lignée de patriotes et d’officiers depuis l’Empire. Digne héritier d’une tradition d’honneur et de courage, c’était un “dur”, qui paya cher sa fidélité à ses engagements.

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aint-Cyrien, major de l’Infanterie de sa promotion “Ceux de Dien Bien Phu”, voici ce qu’écrivait Daniel Godot à la fin de son stage de Saint-Maixent : “Dans la crise que traverse notre Pays, nous irons jusqu’au dernier sacrifice pour maintenir inébranlable tout ce qu’a forgé le sang versé par nos anciens. Il faudrait autre chose pour semer le trouble dans nos rangs que les agissements d’une poignée de défaitistes. – Qu’ils ne comptent pas sur nous pour être les artisans d’une politique d’abandon et de renoncement. Si leur passé est sans gloire, le nôtre est fait de siècles de grandeur et de sacrifices. De Bournazel, Pol Lapeyre, tous ceux de nos anciens qui sont tombés et tombent encore ne sont pas morts pour que leur œuvre soit jouée aux dés par quelques misérables prêchant la résignation. – Si ces individus ne savent faire que le sacrifice de leur honneur, encore qu’il ne leur en coûte probablement que fort peu, nous avons l’habitude, nous, de faire le sacrifice de notre vie et nous croyons encore à la vertu du sang. – Nous sommes les débiteurs des générations qui nous ont précédés et, chez les gens honnêtes, ce genre de compte ne se règle pas par une faillite. – Que tout le monde sache bien que jamais notre lot ne sera celui de la résignation et encore moins de l’indifférence. – Mais qu’il craigne notre désespoir, car nous saurons regarder l’abîme avec des yeux d’aigle.” Il n’avait alors pas encore rejoint le 1er Régiment Etranger de Parachutistes en Algérie. Cette déclaration fit dire à certains, lors de son procès devant la Cour de Sûreté de l’Etat, que le lieutenant Godot était déjà dangereux, en 1955… Brillant combattant, grièvement blessé en 1958, cinq fois cité, dont une citation à l’ordre de l’Armée, chevalier de la Légion d’honneur, il méritait tous les éloges. Il fut proposé, à titre exceptionnel, au grade de Capitaine en janvier 1961. Il servit notamment sous le commandement du Capitaine Pierre Sergent. Comme celui-ci, il était décidé à “mettre sa peau au bout de ses idées”. Tant de vains sacrifices, tant de vies perdues, tant de souffrances ! Comment supporter l’idée de devoir rester l’arme au pied en face des conséquences prévisibles de l’abandon des populations locales, de toutes origines, après tant de promesses indéfectibles ? Ainsi, celui qui était taillé pour finir Général d’Armée, grand ami du fondateur des Paras de la Légion, le Commandant Jacques Morin, déserta dès l’échec du putsch pour continuer le combat avec la rage d’un desperado. Arrêté un an plus tard, il fut condamné à vingt ans de réclusion criminelle. Restant combatif sur un autre plan, il fit, lors de sa captivité à St Martin-de Ré, de brillantes études de droit. Libéré en 1968, marié et père de trois enfants, il fit une honorable carrière au Service Formation de l’Institut Français du Pétrole. Jusqu’au bout, Daniel Godot ne s’est pas départi de son image de roc, austère, dur avec lui-même, comme souvent avec les autres. Mais ceux qui l’ont bien connu savent bien que, derrière cette statue d’homme blessé et parfois sarcastique, il cachait de grandes qualités de cœur. B.G.

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Jean Lartéguy

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ean-Pierre Osty, est né en Lozère en 1920. Il poursuit des études d’Histoire et s’engage, à 19 ans en 1939. Sous l’occupation allemande il franchit la frontière espagnole. Il sera emprisonné neuf mois en Espagne avant de rejoindre l’Angleterre. Il est officier au premier groupe de commandos et restera sept ans dans l’armée. Il y deviendra correspondant de guerre. Il connaîtra les points chauds du globe, de l’Azerbaïdjan à l’Algérie, en passant par la guerre de Corée où il sera blessé lors de l’attaque de Crève Cœur et, bien sûr, l’Indochine. Distingué par le prix Albert Londres en 1955, il commence une carrière de grand reporter et d’écrivain. On lui doit une soixantaine d’ouvrages dont beaucoup ont fasciné notre jeunesse, en même temps qu’ils disséquaient, en termes de chair et de sang, les conflits liés, comme on dit dans les cercles intellectuels, à la “décolonisation”. Combien de futurs “Centurions” se sont déclarés après la lecture de ses livres… ? Jean Lartéguy qui résidait, depuis 5 ans à l’Institution Nationale des Invalides, était chevalier de la Légion d’Honneur, titulaire de la Croix de Guerre 39-45 et des TOE avec 4 citations…

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22 juin 2011 : RETENEZ BIEN CETTE DATE SUR vos AGENDAS ! Monsieur Jean-Marie Schmitz, Président du SECOURS de FRANCE, et le conseil d’administration seront heureux de vous accueillir

Maison Saint-François-Xavier 7 Rue de Poitiers – 75007 PARIS (métro : Solférino) Mercredi 22 juin 2011 de 18 à 21 heures à l’occasion de la grande réunion annuelle du SECOURS de FRANCE, organisée au profit des œuvres de l’Association. Notre ami Jean Raspail y recevra le prix Clara Lanzi du Secours de France et nous fera l’amitié de dédicacer “Le Camp des Saints” récemment réédité enrichi d’une nouvelle préface de l’auteur.

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Pour la justice et la charité envers les “oubliés de notre temps”… Pour le devoir de vérité sur l’histoire de notre pays… Pour l’avenir des valeurs chrétiennes et françaises que nous défendons…

… participez aux actions du Secours de France :

faites un don !

u P ar l’envoi d’un chèque bancaire ou postal à l’ordre de Secours de France (C.C.P. Paris 16.590-11D) et à l’adresse de l’association (voir ci-dessous).

Ou par paiement sécurisé en ligne sur notre site internet : www.secoursdefrance.com v u

Vos dons sont la condition de notre indépendance :

Secours de France est animé par une équipe de bénévoles et ne perçoit aucune subvention. Toutes ses ressources proviennent des cotisations de ses adhérents et des versements de ses donateurs. Les sommes recueillies sont entièrement consacrées aux actions, à l’exception des frais de secrétariat et de location du bureau.

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dans la limite de 20% du revenu imposable. (Exemple : pour un don de 100 €, coût réel : 34 €) – Entreprises : une réduction d’IS de 60% des sommes versées, dans la limite de 0,5% du chiffre d’affaires. – Pour tout don au Secours de France, un reçu fiscal vous sera adressé. (Art. 200 et 238bis du C.G.I.)

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Secours de France : 29, rue de Sablonville, 92200 Neuilly-sur-Seine Tel. : 01 46 37 55 13 u Fax : 01 46 37 10 60 u Courriel : secoursdefrance@cegetel.net u Site internet : www.secoursdefrance.com

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BULLETIN DE L’été 2010


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