Bulletin de l'automne 2011

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BULLETIN D’AUTOMNE 2011

Il y a cinquante ans… 15 août 1961. La France entière s’est répandue sur les plages, pour la seule grande affaire du moment : l’émigration estivale, les vacances. La France entière ? Pas tout à fait.

D

e l’autre côté de la Méditerranée, une guerre franco-française a commencé. Un peuple désespéré lutte pour sa survie. Des forces sont dépêchées par le régime pour casser sa résistance. L’implacable répression fait suite à l’échec du mouvement de révolte militaire du 22 avril précédent. Les prisons de France et les camps d’internement se vident des militants et combattants du FLN pour se remplir de soldats français, couverts de décorations qu’ils épinglent sur la porte de leur cellule. Des familles se trouvent brutalement privées de toutes ressources. Le père, « soldat perdu », selon l’expression gaullienne, emprisonné, en fuite ou dans la clandestinité, ne peut plus assurer la subsistance des siens. C’est alors qu’une petite équipe d’hommes et de femmes, avec à leur tête, une militante de la tradition française et Clara Lanzi. chrétienne, dépose, ce même 15 août 1961, fête de l’Assomption de la Vierge Marie, les statuts du Secours de France. Elle est corse d’origine. Elle s’appelle Clara Lanzi. Objectif : secourir toutes les victimes de leur foi en l’Algérie française et, au premier chef, tous ces rebelles « pour l’honneur ». Puis viendront les autres, tous les autres, résis-

tants de l’Algérie française, civils et militaires, et parmi eux, surtout, les harkis, du moins ceux que l’on pourra sauver du couteau des égorgeurs. A tous, à des milliers d’hommes et de femmes en détresse matérielle ou morale, le Secours de France, soutenu par des milliers d’hommes et de femmes, tendra la main. Clara Lanzi ne sera pas seule dans ce combat ; elle mobilisera du monde et du beau monde : une élite de journalistes engagés, de personnalités du monde des lettres et de la politique, des ténors du barreau, des chefs militaires, des représentants de la hiérarchie catholique, ou de la communauté musulmane. Tous viendront apporter leur caution et leur concours à l’entreprise. Et cette fidélité sera pérenne. Elle ne se diluera pas avec le temps… Certaines blessures ne se cicatrisent pas. 15 août 2011. De nouveau l’exode des vacances… Il y a toujours des oubliés de l’Histoire et leurs familles à aider. Il y a toujours de l’injustice à combattre au nom de nos valeurs séculaires, des vérités sur les faits d’hier et d’aujourd’hui à défendre. Et nous sommes convaincus que, de là-haut, Clara Lanzi, se réjouit de ce jubilé. Alors, avec elle, avec vous, Secours de France continue.


Le Prix Clara Lanzi remis à Jean Raspail par Comme chaque année et avec d’autant plus d’éclat en l’an 2011, qu’il s’agissait du cinquantenaire de l’association, l’Assemblée Générale du Secours de France s’est prolongée par un « coquetèle », comme l’écrivait Marcel Aymé où se retrouvaient ce que Paris et bien des provinces comptent de personnalités, au sens « caractériel » du terme, du monde des armes, de la « bonne presse » et de l’écriture, sans oublier les chantres de l’esprit et les bons pasteurs de l’Evangile.

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e héros de la fête, notre ami depuis toujours, Jean Raspail, y était accueilli par le Président Schmitz et par notre fidèle et talentueux administrateur et avocat, Maître Jacques Trémolet de Villers qui devait remettre à lʼauteur du Camp des Saints, nouvellement réédité, le Prix Clara Lanzi, après une adresse particulièrement appréciée de lʼauditoire. Célébrant « le romancier, le poète, le barde des hautes terres de lʼEcosse, des océans extrêmes, des aventures du Nouveau Monde et du Royaume de Patagonie », Jacques Trémolet de Villers évoquait lʼœuvre « tonique » du lauréat du Prix Clara Lanzi, comme on dit dans les heures de grand froid de ces boissons que Brasillach appelait « lʼalcool de grain des hommes forts ». Et cette forte et vivante tonicité, ajoutait-il, vient de ce que votre œuvre est, avant tout, une œuvre de vérité. Vos récits dʼaventure nʼont pas le décor fabriqué - carton-pâte du romantisme – parce que vous savez

ce quʼest lʼaventure pour lʼavoir vécue et connue comme une amie. Le royaume de Patagonie nʼest ni un club, ni un parti, ni une loge et, encore moins « un groupe » - « cette horreur », comme disait Péguy - , non, cʼest essentiellement ce que doit être un royaume, une amitié, parce que vous savez ce que cʼest que lʼamitié. Par-dessus tout, le succès toujours croissant de la nouvelle édition du « Camp des Saints » nous le dit : vous avez, au plus haut point, le vrai don de lʼécrivain qui est de voir ce que les autres ne voient pas et de savoir leur faire voir ce que vous, vous voyez. A lʼappui de son propos, Jacques Trémolet de Villers évoquait les deux mouvements simultanés et apparemment contradictoires que le monde vivait aujourdʼhui : Sous lʼeffet de lʼextension à toutes les nations de cet anti-modèle politique que nous appelons démocratie, une immense confusion où se mélangent peuples, races, cultures et religions, détruit les frontières, efface les hiérarchies, écrase les différences.

Jean-Marie Schmitz s'entretenant avec Jean Raspail.

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Jean Raspail dédicaçant le “Camps des Saints“.

Le terme abstrait et insignifiant de mondialisation couvre cet abâtardissement généralisé qui conduit à lʼabrutissement total des masses, devenues, ainsi, aisément manipulables par quelques-uns. En même temps, une véritable course aux racines, au vrai, au biologiquement pur sʼempare de ces mêmes nations, de leurs provinces, des communes et des hameaux. La terre devient lʼobjet dʼun véritable culte. De tous côtés, on veut remonter aux sources… Les divinités reviennent hanter nos forêts. Les petits dieux de la maison ont fini de se taire et, au contraire du refrain de Brassens, nous constatons chaque jour que le grand Pan nʼest pas mort. Un murmure divin emplit lʼunivers. Immense est le besoin de religion et, donc, immense est le besoin de royauté…

BULLETIN


Jacques Trémolet de Villers Deux films ont, cette année, conquis le public, un public qui les attendait : « Des hommes et des dieux » et « Le discours dʼun roi ». Et lʼorateur de conclure en citant son hôte : Il subsiste de puissantes minorités, ce quʼon appelle en ethnologie des « isolats »… qui résistent (au métissage comportemental) et qui, pour celui dont lʼIle de Beauté est lʼîle maternelle, perd sa connotation scientifique un peu froide, pour se charger dʼune force poétique qui permet de rêver à toutes les reconquêtes dont les racines pousseraient au cœur du terreau identitaire de cette isola corsa qui se chante, elle-même, comme « surella dʼirlanda », la petite sœur de lʼIrlande.

Avec cette seconde hypothèse, cʼest que les derniers isolats résistent jusquʼà sʼengager dans une sorte de reconquête, sans doute différente de lʼespagnole, mais sʼinspirant des mêmes motifs avec quelques chances quʼau Danemark, aux Pays-Bas, en Belgique, en Suisse, en Autriche, en Italie du Nord, et, pourquoi pas, ailleurs quʼen Europe, dʼautres isolats rejoignent le mouvement. Et parmi ces poches de résistance précisait Jean Raspail dans un éditorial de notre bulletin, Secours de France est un isolat. Merci de ce compliment ; le plus beau que nous puissions recevoir, ajoutera, in fine, Jacques Trémolet de Villers.

Extrait du rapport financier de l’exercice 2010-2011 (du 1er mars 2010 au 28 février 2011) BILAN ACTIF Immobilisations Valeurs d’exploitation Placements et liquidités Total actif

En Euros 1 509 1 079 451 794 454 382

PASSIF Réserves Provisions pour risques et charges Dettes d’exploitation Résultat Total passif

286 673 122 449 50 177 - 4 917 454 382

COMPTE DE RESULTAT Produits dons et cotisations Produits financiers Produits exceptionnels Total produits - Frais de collecte de fonds = Produits nets - Frais de fonctionnement - coût des actions (1) - Provisions = Résultat de l’exercice

172 942 3 547 45 000 221 489 16 450 205 039 32 025 177 931 0 - 4 917

ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DU SECOURS DE FRANCE

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Essaimer sur les générations suivantes…

uvrant l’Assemblée Générale du Secours de France, ce 22 juin 2011, le Président JeanMarie Schmitz avait, dans son rapport moral, à l’occasion du cinquantenaire de l’association, rappelé ses grandes missions et leur développement sur trois axes : • la vérité sur l’histoire et sur la mémoire de nos combats, avec, à l’actif du Secours de France trois longs-métrages télévisés et, en cours d’achèvement, un quatrième réalisé avec l’ECPAD, consacré aux harkis et intitulé « Harkis : histoire d’un abandon » et dont on saluera l’objectivité et la justesse de ton. Dans le même esprit, l’activité « édition » du Secours de France, visant la production et la promotion d’ouvrages et de DVD destinés à sauvegarder la mémoire française sur un passé récent que d’aucuns voudraient étouffer ou travestir, se poursuit au rythme d’un document par an. • Le soutien aux oubliés de notre temps, et en particulier aux vieux soldats, français ou ayant combattu pour la France, au premier rang desquels, la communauté harkie, se traduit par une aide matérielle et morale, parfois juridique, à ceux dont nous pouvons estimer qu’ils ont des droits sur nous et que la puissance publique semble délaisser. • La défense et la pérennité de nos valeurs françaises et chrétiennes qui trouvent à s’investir, - d’une part dans des bourses d’excellence accordées à des jeunes issus de la 3ème génération harkie

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ou petits-enfants d’anciens soldats, pour les aider à promouvoir leurs talents, - d’autre part, à des communautés chrétiennes, en France et à l’étranger, soit parce qu’elles sont menacées dans leur existence, soit parce qu’elles assurent la continuité du message de la « Fille aînée de l’Eglise », auprès de populations qui l’ont, parfois, perdu de vue. Jaen-Marie Schmitz devait conclure en rappelant la nécessité pour cette association quinquagénaire et qui avance en âge au même rythme que ses adhérents, d’essaimer au-delà de la « vieille garde » et d’intéresser à sa cause les générations suivantes. C’est dans cette perspective que le Secours de France prépare et organise des opérations de prospection visant à sensibiliser sur ses missions des hommes et des femmes qui, pour être plus jeunes, n’en estiment pas moins partager le même héritage que la génération précédente. Et c’est dans le même esprit que notre association a lancé, depuis un an, une lettre électronique, plus axée sur l’actualité mais véhiculant les mêmes idées que celles que nous défendons dans ce bulletin. Avec son site « Internet» et sa lettre électronique, le Secours de France démontre que l’on peut être « à la page », en termes de progrès technique, sans « tourner la page » sur nos valeurs historiques…

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Les ombres des soldats disparus Toute guerre comporte son lot de malheurs. Parmi ceux-ci, l’un des plus douloureux est le cas des soldats « portés disparus ». Cette évocation éveille en chacun de nous les images de la Grande Guerre, durant laquelle des milliers de corps furent à jamais enfouis dans un sol ravagé. Plus près de nous, les tragiques circonstances de la Seconde guerre mondiale ont également apporté leur lot de disparus au combat, dans les camps et dans les maquis. On connaît un peu moins le cas des fantômes de la guerre d’Indochine, à jamais engloutis dans la jungle et les rizières. Ils furent pourtant nombreux eux aussi.

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ais qui sait que ce que lʼon a appelé la « guerre dʼAlgérie » a également entraîné des disparitions de militaires français ? Malgré les réticences des services compétents à communiquer des informations sur ces cas, les études réalisées par des chercheurs privés sʼaccordent globalement sur les estimations suivantes : • 307 pour la période du 1er novembre 1954 au 18 mars 1962 • 162 pour la période du 19 mars 1962 au 2 juillet 1962 • 148 pour la période du 3 juillet 1962 au 2 juillet 1964 (date du retrait total des troupes françaises du territoire algérien), soit au total 617 617 militaires français dont on ne sait pas ce quʼils sont devenus ! Certes, il faut sans doute déduire de ce chiffre quelques cas de désertion, ainsi que quelques victimes de délinquance ordinaire, peut-être aussi quelques accidents mystérieux sans témoins. Mais, même en comptant largement ces quelques cas (qui demeurent malgré tout non élucidés et qui manquent toujours à lʼappel …), il reste plusieurs centaines de militaires français de lʼarmée régulière disparus.

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Car les supplétifs, qui ont été massacrés dans des conditions épouvantables après le cessez-le-feu (environ 60 000 hommes selon les estimations les plus basses), ne sont pas comptabilisés dans cette tragique arithmétique. Non, il sʼagit bien de 617 militaires de lʼarmée française, soldats réguliers de tous grades, de toutes origines, dʼactive ou du contingent. Et depuis bientôt 50 ans, 617 familles françaises portent un deuil jamais accompli, mais régulièrement ravivé, chaque 19 mars, par la mascarade des commémorations organisées un peu partout dans notre pays par des amicales dʼanciens dʼAlgérie qui ont oublié ceux quʼils ont laissés derrière eux. Les morts de l’inutile… 307 soldats disparus avant le 19 mars, qui sont donc morts pour rien. On dira que cʼest le lot classique de toute guerre, surtout quand on la perd. 310 soldats disparus après le 19 mars, qui sont morts (peut-être, car on nʼen a pas la certitude) par démission, par abandon, par lâcheté. Ce sont les morts de lʼinutile. Ce sont surtout des morts par assassinat, puisque la France avait signé un « cessez-le-feu ». Leurs corps ne sont jamais revenus. Il ne nous reste que leur ombre.

Manifestation à Valence en mars 2009.

Voilà pourquoi, aujourdʼhui, près de cinquante ans après la fin de cette tragédie algérienne, lʼarmée française, le gouvernement français ne peuvent pas cautionner la célébration, en France, de la date du 19 mars 1962. Voilà pourquoi une récente lettre ouverte au Président de la République dʼune association dʼanciens dʼA.F.N. ne peut pas, ne doit pas être entendue lorsquʼelle réclame lʼofficialisation de cette date, en en rapprochant la signification de celle du 11 novembre… ! Voilà pourquoi il faut que les ombres de ces soldats ne disparaissent pas… ce qui implique que les associations dʼanciens combattants et dʼautres interpellent le gouvernement, pour que soient enfin recensés officiellement les différents cas de disparition, en déterminant les circonstances de celles-ci. Général (2S) Henry-Jean FOURNIER

BULLETIN


NOTE DE LECTURE

La Circassienne de Guillemette de Sairigné

L

e roman dʼune vie ou une vie de roman. Guillemette de Sairigné nous emmène, semaine après semaine, sur les traces du destin exceptionnel de Leila, Comtesse du Luart, née Gali Hagondokoff, « fille du Caucase et française par le cœur », la « Grande Dame de la Légion Etrangère », selon les termes du Général de Galbert à ses obsèques à Saint Louis des Invalides, le 29 janvier 1985. 87 années dʼune « vie de chef ». Elle accompagne tous les événements qui ont bouleversé le siècle. Elle est, à 17 ans, dès 1915, infirmière sur le front turco-russe, au pied de lʼElbrouz. Elle y aimera un capitaine blessé, Nicolas Bajenoff quʼelle épousera. La prise du pouvoir par les Rouges contraint le couple et le petit Nicolas à sʼenfuir, dans une marche épique et épuisante à travers la steppe, depuis la Mer Noire jusquʼà Shanghaï en passant par la Mandchourie. Lʼunion conjugale nʼy survivra pas. Puis cʼest la France. Paris sous lʼaile de Chanel, où elle sʼintègre dans la bonne société, sans perdre de vue les milieux de lʼémigration russe. Elle ouvre une boutique à Deauville pour le compte de Paul Poiret. Nouveau mariage, celui-ci avec le Comte Ladislas du Luart. Juillet 1936. Cʼest lʼinsurrection contre le « Frente Popular » en Espagne. Hantée par sa haine du bolchevisme, elle sʼengage, avec sa belle-mère,… chez Franco. Elle fournit des ambulances dʼun nouveau type et sillonne les contrées ravagées et mesure la folie meurtrière qui caractérise cette nouvelle guerre civile. Septembre 39, Leila sʼen va de nouveau en guerre. Avec son comité de soutien à New-York, elle a construit le « Formation Chirurgicale Mobile Franco-américaine », ambulances

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dernier cri, pourvues de tous les matériels techniques les plus sophistiqués. Citée à lʼordre de lʼArmée par le Général Weygand, elle ne se résout pas à la défaite. Elle met le cap sur lʼAfrique, avec sa Formation. On y construit le transsaharien. La main dʼœuvre, issue des camps dʼinternement, est plutôt maltraitée. Elle soigne les blessés et les malades, le corps et lʼesprit. Puis cʼest le débarquement américain en Afrique du Nord. Leila du Luart repart en campagne avec une formation étoffée : Tunisie, Algérie, Maroc. Elle y fait connaissance avec le 1er Régiment Etranger de Cavalerie. Là commence, entre la marraine et ses filleuls, une grande histoire dʼamour et de respect mutuel. Campagne dʼItalie, avec le futur Maréchal Juin. Monte Cassino, le Garigliano, Rome. La FCM n° 1 est la grande famille où affluent par milliers les blessés, de toutes les nationalités : « une vie intimement tissée à la mort ». Puis cʼest la Première Armée Française, de Lattre, la campagne dʼAlsace, le Rhin. Elle traverse le BadeWurtemberg et atteint le Danube. Veillant à tout, entraînant ses équipes, chassant les mauvais esprits, gérant les frottements de personnalités, Leila, couverte de décorations, devient une légende, adulée par le plus grand nombre et contestée

par quelques-uns… Le « charme slave et la force du Caucase » ne plaisent pas à tout le monde … Elle réorganise sa Formation qui part pour lʼIndochine. Sans elle. Son fils est malade et va mourir. On la retrouvera en Algérie où elle montera, non sans difficultés, « le Bastion XV », un centre militaire de détente, en plein Alger, où viendront se reposer cent huit mille permissionnaires, en convalescence ou sans moyens pour rentrer au pays. Ils y seront traités comme des princes, moralement et physiquement. Ils seront aussi les hérauts de sa légende… Avril 1961, après la révolte des Centurions, la « Déesse tutélaire de la Légion » rentre, le cœur meurtri, en France. Elle consacrera le reste de sa vie dʼaventure à ceux qui continuent de la vivre et, en particulier à ses enfants du R.E.C. En bref, 500 pages dʼengagements, de courage, dʼexigence, pour soi comme pour les autres, le tout joliment et rigoureusement décrits. A faire lire à tous les féministes de France et de Navarre qui méditeront cette ci t a t i o n d e Nietzsche : « Je veux une femme qui me donne des rêves … » P.B. Robert Laffont - 22 €

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NOTE DE LECTURE

Rwanda. Je demande justice pour la France et ses soldats Général Didier TAUZIN

A

la tête du 1er RPIMA, au Rwanda, de 1993 à 1994, le Général TAUZIN pousse, dans ce livre, un coup de gueule de soldat blessé dans son honneur, après les accusations réitérées et colportées par une presse moutonnière, sur la "complicité" des unités française et, notamment, de la sienne dans le génocide rwandais, dont il conteste quʼil soit le fait des seuls Hutus contre les Tutsis et non lʼinverse. A lʼappui de ce plaidoyer, sa propre expérience, un quasi journal de bord où il sʼefforce avec conviction et surtout, preuves à lʼappui, de démonter la stratégie politico-médiatico-militaire du chef des Tutsis, Paul Kagamé, aujourdʼhui Président, et ses conséquences sur le terrain des opérations militaires et sur celui de lʼopinion mondiale. Bien sûr, lʼauteur a tendance à valoriser sa propre action, peut-être au détriment de celles des autres unités françaises au Rwanda, notamment ceux de lʼopération Turquoise, à partir de juin 1994. Le Général TAUZIN nʼest pas historien de profession. Il reste que sa contribution au rétablissement de la vérité sur cette affaire, sʼajoutant à celles de Pierre Péan, du Général Lafourcade et du

Colonel Jacques Hogard, notamment, méritent dʼêtre prise en considération. Les massacres, de part et dʼautre y sont décrits, ainsi que les efforts de ses paras, pour protéger les populations. Mais lʼagresseur tutsi, celui venu de lʼOuganda, dans lʼarmée organisée, entraînée et bien équipée de Paul Kagamé, ainsi que la responsabilité de ce dernier dans lʼassassinat « aérien » du Président en exercice au Rwanda sont précisément dénoncés.

plexe et il y a, surtout, le jeu des puissances dans cette région stratégique des Grands Lacs…. Parmi les envahisseurs tutsis venus dʼOuganda, rappelle le Général TAUZIN, il y avait des blancs qui nʼétaient pas tous nécessairement des mercenaires… Editions Jacob-Duvernet - 19,90 €

Peu à peu, émergeant de lʼintoxication médiatique orchestrée par quelques journalistes militants, du type de ceux qui félicitaient Pol Pot, au moment du génocide cambodgien, la vérité et la réalité du processus marxiste, cynique et bien rodé de conquête du pouvoir, se fait jour. Car derrière cette vision occidentale, toujours manichéenne et bipolaire, des responsabilités en matière de conflit, il y a la réalité africaine, beaucoup plus com-

ACTUALITÉ DE NOS MISSIONS

L Cèdre du Mont Liban.

Le Liban

e Père Nassrallah nous envoie, depuis sa paroisse de El Kâa au Liban, un bref compte rendu de l’usage fait du don du Secours de France, intervenu en 2010 et destiné à rendre opérationnel le dispensaire de ce dernier village chrétien avant la frontière syrienne.

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Cette aide lui a permis d’acquérir le mazout nécessaire au chauffage des salles en hiver, du matériel et des médicaments, un onduleur pour la régularisation des tensions électriques et d’obtenir la collaboration d’un technicien pour la réparation et l’entretien de la salle de soins dentaires.

BULLETIN


IN MEMORIAM

Louis Stien Nous publions, ci-dessous, de larges extraits de l’éloge funèbre prononcé par son frère d’armes, le capitaine Bonelli, aux obsèques du Commandant Louis Stien, le 31 mai 2011, à Notre-Dame des Armées à Versailles. Le Secours de France avait fait rééditer, il y a deux ans, le livre superbe « Les Soldats oubliés » ( préface d’Hélie de Saint Marc) qu’il avait écrit sur les combats de la RC4 en 1950 et les quatre années de captivité qui en étaient résultées.

«L

ʼaventure extraordinaire que tu as vécue, avec lʼhumilité de penser que tu ne faisais que ton devoir, la plupart de ceux qui tʼentourent aujourdʼhui la connaissent puisquʼils lʼont partagée à des titres divers, quʼils aient été tes camarades de combat ou tes camarades de captivité, quʼils aient, comme ta famille, partagé les moments heureux, glorieux et douloureux de ta carrière et de ta vie… 1943. Tu as 20 ans, tu entres dans la Résistance et, en 1944, tu participes, dans les rangs du 43ème R I, aux combats de la libération de Lille et de Roubaix, puis, devenu sous-officier, tu participes à la campagne dʼAllemagne en 1945. A la fin de la guerre, tu vas à Coëtquidan et, un an plus tard, jeune sous-lieutenant, tu rejoins la Légion, à Bel-Abbès puis le 1er BEP et lʼIndochine en 1948. Entre novembre 1948 et février 1950, chef de section, tu es blessé au combat trois fois en un peu plus dʼun an… Les connaisseurs apprécieront : vraisemblablement tu ne marchais pas souvent derrière… Et puis 1950, cʼest la RC4. Cet épisode terrible de la guerre dʼIndochine que rappellent les noms tristement célèbres : Dong Khé, That Khé, Caobang, Langson… 5 000 Français contre 25 000 Viets. 2 000 tués et 3000 prisonniers chez nous. A un lieutenant du 1er Tabor qui

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Le Commandant Louis Stien.

demandait son chemin au colonel Jeanpierre, celui-ci répondit cette phrase terrible : « Suivez les morts du 1er BEP ». Le 5 octobre 1950 tu es fait prisonnier. Suit alors la descente aux enfers, avec ces 4 années dʼépouvante au camp N°1 où on meurt plus que dans les camps nazis. En mai 1951, première évasion avec Cornuault et Lefébure, première capture avec simulacre dʼexécution à la clé, puis « séjour aux buffles », c'està-dire 118 jours dans la boue, dans la merde, quatre mois dans des conditions dʼhygiène épouvantable, puis le typhus et le docteur Pedoussaut qui te sauve mais aussi le typhus de lʼintellect avec les séances dʼéducation politique qui lavent et laminent le cerveau. Deuxième évasion, en juin 1953, en radeau cette fois, sur le Song Gam ; une sorte de rallye de lʼimpossible

entre les trois équipiers Stien, Jeantelot et Boileau. Une aventure de 150 km, deuxième échec, nouvelle capture, nouveaux sévices en prison, avec les droits communs, au camp des damnés à Thuyen Quang, retour au camp N°1. Poursuite de la tragédie… Cette tragédie qui sʼachèvera avec un autre drame : la chute de Dien Bien Phu, lʼarrivée dʼune nouvelle cohorte de prisonniers au camp N°1. Cʼest là quʼavec toi, jʼai partagé le riz et puisé à tes côtés lʼénergie et lʼespérance qui parfois voulaient nous abandonner. Tu es libéré en septembre 54, presque 4 ans, jour pour jour après avoir été capturé. Cette captivité extraordinaire, tu lʼas racontée dans un livre, « Les Soldats oubliés », aussi passionnant quʼémouvant, récompensé par le prix Raymond Poincaré. En Algérie, en 1955, tu retrouves les parachutistes, non plus les vieux briscards de la Légion mais dʼautres jeunes Français, du contingent cette fois. Tu sers au 18ème RCP (où tu gagnes deux nouvelles citations) et à lʼETAP. Puis, en 1960, pressentant quʼune fois encore le sacrifice serait vain, tu décides de quitter lʼArmée. Sur des djebels voisins, tes camarades au béret vert sont encore là. Un an plus tard, le 1er REP meurt pour la troisème fois…. »

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IN MEMORIAM

A

Père François Casta

u moment où nous effectuons la mise en page de ce bulletin, nous apprenons que le Père François CASTA a rendu son âme à Dieu, le 23 août, aux Invalides, entouré de son frère, de Mgr Ravel, Evêque aux Armées et du Gouverneur des Invalides. Aumônier légendaire des Parachutistes, Grand Croix de la Légion d'Honneur, titulaire de onze citations acquises au cours des trois guerres auxquelles il avait participé, plusieurs fois blessé, c'était aussi un théologien de très haut niveau et un historien reconnu de la Corse, l'île qui l'avait vu naître. On lui doit aussi le choix de Saint Michel Archange en tant que patron des parachutistes. Une amitié ancienne, née dans les dje-

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bels d'Algérie, avait tissé entre le « Padre » et le Secours de France des liens très serrés. Ils nous avaient incité à faire récemment rééditer dans une version actualisée, incluant une biographie du Père Casta et sous un nouveau titre « Homme de Dieu, Homme de guerre », le livre qu'il avait fait paraître en 1961, « Le drame spirituel de l'Armée ». Ce document, interdit dès sa publication, écrit à partir de son expérience des guerres d'Indochine et d'Algérie, analyse les problèmes posés aux soldats engagés dans les guerres révolutionnaires et propose la voie chrétienne pour y répondre. Opposé à lʼabandon de l'Algérie, il avait quitté lʼaumônerie militaire en 1963. Nommé desservant « sans titre » de cinq paroisses du Golfe d'Ajaccio, il construisit deux églises,

Le Père François Casta.

dont celle de Sainte Monique, du nom de la mère de Saint Augustin, né à Tagaste, l'actuel Souk Ahras, un des haut-lieux de la geste para pendant la bataille des frontières, mais aussi prénom de la fille tragiquement disparue du Colonel Buchoud, son ami de toujours. Nous reviendrons dans notre prochain bulletin sur cette personnalité hors normes.

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