Regards N°17

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Le magazine de Sandoz Foundation Hotels et de la banque Landolt & Cie SA

N°17 Printemps Eté – Spring Summer 2020

ÉVASION

Les pieds dans l’eau au Palafitte FOCUS

BANQUE LANDOLT & CIE

The Lake Geneva region global innovation hub

Plant-based food : a new investment opportunity ?

MICHEL MAYOR

«La découverte des exoplanètes pose la question d’autres mondes habités »


Toric Quantième Perpétuel Rétrograde Manufactured entirely in Switzerland parmigiani.com

ASCONA Gioielli-Orologi Herschmann | BASEL Gübelin | BERN Goldschmied Stähli | CRANS-MONTANA L’Atelier Du Temps GENÈVE Air Watch Center, Benoit De Gorski, Gübelin | INTERLAKEN Kirchhofer | KLOSTERS Maissen | LAUSANNE Guillard LUGANO Gübelin | LUZERN Gübelin, Les Ambassadeurs | MONTREUX Zbinden | ST.GALLEN Labhart-Chronometrie | ST. MORITZ Gübelin VILLARS-SUR-OLLON Brändli Creation | ZERMATT Haute Horlogerie Schindler | ZUG Lohri | ZÜRICH Gübelin, Les Ambassadeurs


ÉDITORIAL

Printemps Eté – Spring Summer 2020

De la pandémie comme source d’innovation

L

a pandémie de coronavirus a frappé de plein fouet le monde entier. Elle a révélé que l’inévitable globalisation en marche requiert une coordination et des solutions planétaires que les incohérences des politiques et les égoïsmes nationaux sont encore bien loin de permettre. Cette pandémie a aussi suscité des millions de vocations d’experts autoproclamés, plus ou moins masqués et confinés, qui répandent sur les réseaux sociaux théories et convictions destinées à nourrir les craintes d’interlocuteurs inquiets. Quant à la fin de la pandémie, nous sommes dans l’ignorance la plus totale. En revanche, nous savons que les conséquences de ce fléau sont dramatiques, notamment sur le plan humain et économique. Les effets de la pandémie seront durables; il faudra beaucoup de temps pour remonter la pente. Toutefois, la crise peut aussi être à l’origine de nouveaux comportements porteurs d’innovations fécondes. Si l’on songe à l’industrie touristique et hôtelière, il paraît probable que les voyages et déplacements seront plus difficiles et plus coûteux. Les voyagistes, transporteurs et hôteliers devront faire preuve de créativité et de sens de l’innovation afin de redéfinir des notions d’accueil et d’hospitalité en fonction de ce que sera le nouveau monde. Citons un exemple très simple: depuis nombre d’années, l’hôtellerie suisse se caractérise par un système de classification par étoiles, les hôtels une et deux étoiles devant satisfaire à des exigences simples, les hôtels trois étoiles à des exigences moyennes, les hôtels quatre étoiles à des exigences élevées et les hôtels cinq étoiles aux plus hautes exigences. Un tel système, fort bien conçu à l’origine et certainement bien géré, correspond-il aujourd’hui encore aux attentes d’une clientèle nouvelle, diversifiée et sans doute plus segmentée? La question se pose. Autre exemple: afin d’éviter les encombrements dans les lieux et établissements publics, magasins et transports en commun, ne pourrait-on pas mieux répartir les usagers et consommateurs dans le temps et l’espace en étalant les horaires de travail et d’ouverture? Tous les commerces et établissements publics pourraient être en droit d’être ouverts 7j/7; en outre, la semaine de travail de cinq jours pourrait être répartie soit du lundi au vendredi, soit du mardi au samedi. Un tel décalage permettrait de mieux gérer les déplacements. Pour l’occupation des hôtels et lieux de divertissement, les week-ends débuteraient le vendredi soir et se termineraient le lundi soir.

DR

Ces deux exemples très simples – et il y en a beaucoup d’autres – montrent que la pandémie peut être une source d’innovations, ayons l’audace de saisir cette opportunité.

François Carrard, Président du Conseil d’administration de Beau-Rivage Palace SA et de Lausanne Palace SA President of the Board of Directors of Beau-Rivage Palace SA and Lausanne Palace SA

The pandemic: a source of innovation

T

he Coronavirus pandemic has hit Planet Earth very badly. It revealed that inevitable globalization requires global coordination and solutions which are being obstructed by national egotism and inconsistencies in policies. This pandemic has also produced millions of self-proclaimed experts, more or less masked and confined, who spread theories and beliefs on social networks aimed at arousing our fears. While we do not know when the pandemic will end, we do know that its human and economic consequences are tragic. The effects of the pandemic will be long-lasting; it will take ages to bounce back. However, the crisis may also foster new behaviours that bring fertile innovations. It seems likely that travel and transportation will be more difficult and costly for the tourism and hotel industry. Tour operators, carriers and hoteliers will need to be creative and innovative in order to redefine their service and hospitality based on the “new normal”. Let us take a very simple example: for a number of years, the Swiss hotel industry has been characterized by a star classification system where one- and two-star hotels offer basic services; three-star hotels offer quality services; four-star hotels offer upscale quality and extraordinary comfort; and five-star hotels offer flawless guest services in a state-of-the-art facility. The valid question to ask is whether such a very well-designed and certainly well-managed system will still meet the expectations of a new, diversified and undoubtedly more segmented clientele. Another example: in order to avoid congestion in public places and establishments, shops and public transport, could we not better apportion time and space among commuters and consumers by staggering working and opening hours? All shops and public establishments could have the right to be open seven days a week; in addition, the five-day work week could be staggered either from Monday to Friday or from Tuesday to Saturday. Such a shift would allow better travel management. For hotels and entertainment venues, weekends would start on Friday evening and end on Monday evening. These two very simple examples – and there are many others – demonstrate that the pandemic can be a source of innovation, so let’s have the audacity to seize this opportunity.   R EG A R D S n °1 7  1


LAUSANNE

CHUR-PASSUGG

SINGAPORE

World-Class Education in Hospitality Management EHL - École hôtelière de Lausanne has been pioneering in Hospitality Management Education since 1893, preparing 30’000 students to pursue careers in 150 countries and build a smart network of inspiring professionals sharing the same values. A degree from the world N°1 university for hospitality and leisure management opens the doors to global careers in travel, hospitality, luxury, finance, consulting, and any other service industry where customer relationship is at the center of the strategy.

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ehl.edu


SOMMAIRE CONTENTS Printemps Eté – Spring Summer 2020

Editorial 1

14

François Carrard

News 7

Rendez-vous

14

Welcome to the new spa!

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Palace Unlimited

Investissement 18

ADOBE STOCK – SUPREM ARCHITECTURES – VANINA MOREILLON – THOR NIELSEN / NTNU

25

Food for thought (Banque Landolt & Cie SA) Viande d’origine végétale Plant-based meat

Flavour 22

L’Accademia change de ton L’Accademia changes its tune

25

Louis-Philippe Bovard, baron du chasselas Louis-Philippe Bovard, baron of the Chasselas

Rencontre

28

28

Michel Mayor «La découverte des exoplanètes pose la question d’autres mondes habités» “The discovery of exoplanets raises the question of other inhabited worlds”

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SOMMAIRE / CONTENTS

Printemps Eté – Spring Summer 2020

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Focus 32

L’Arc lémanique, hub de l’innovation mondiale The Lake Geneva region global innovation hub

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Interview Nicolas Bideau

38

E4S Un laboratoire pour l’économie du futur A laboratory for the economy of the future

42

EPFL + ECAL Lab Donner du sens à l’innovation Giving meaning to innovation

50

Lifestyle 46

Horlogerie Parmigiani Fleurier décroche la lune Parmigiani Fleurier does the impossible

48

Evasion Le paradis est au bord du lac de Neuchâtel Paradise on the shores of Lake Neuchâtel

50

Mode / Fashion High protection Sport & Style

52

Shopping Les adresses lausannoises de Sophie Fontanel Sophie Fontanel’s top Lausanne addresses

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Beauté / Beauty La crème de la Suisse The cream of Switzerland

46

62

57

Lectures

59

Story Murs Porteurs fait entrer l’art dans les entreprises Murs Porteurs brings art into businesses

62

Agenda

64

Musique / Music

Le magazine de Sandoz Foundation Hotels et de la banque Landolt & Cie SA

Impressum

Editeur: Sandoz Foundation Hotels et Landolt & Cie SA Coordination: Pauline Lioté, Sandoz Foundation Hotels Production: Inédit Publications SA, avenue de la Gare 17, case postale 900, CH-1001 Lausanne, T +41 21 695 95 95, www.inedit.ch Responsable d’édition: Elodie Maître-Arnaud, Inédit Publications SA Mise en page Tifenn Le Moullec, Inédit Publications SA Relecture français: Adeline Vanoverbeke Relecture anglais: Colin R. Smith Traduction: Colin R. Smith Vente de publicité: Laura Di Stefano, Inédit Publications SA, laura.distefano@inedit.ch Impression: PCL Presses Centrales SA Couverture: Drew Graham / Unsplash (photo), Xavier Cerdá (design)

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N°17 Printemps Eté – Spring Summer 2020

ÉVASION

Les pieds dans l’eau au Palafitte FOCUS

BANQUE LANDOLT & CIE

The Lake Geneva region global innovation hub

Plant-based food : a new investment opportunity ?

MICHEL MAYOR

«La découverte des exoplanètes pose la question d’autres mondes habités»

Découvrez votre magazine sur iPad Read Regards magazine on your iPad

CALYPSOMAHIEU – PARMIGIANI FLEURIER – DR – ANNE-LAURE LECHAT

Culture


PARTAGER NOTRE PASSION

PATEK PHILIPPE ROLEX JAEGER-LECOULTRE F.P.JOURNE HUBLOT PANERAI IWC VOUTILAINEN ULYSSE NARDIN DE BETHUNE BREITLING TUDOR ROMAIN GAUTHIER REUGE SHAMBALLA MARCO BICEGO MORGANNE BELLO

Chronométrie / Joaillerie 12 Place St-François / 1002 Lausanne / +41 21 312 9583

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CHOISIE PAR LES MEILLEURS

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Photographe : Iris Velghe


NEWS

RENDEZvous

Printemps Eté – Spring Summer 2020

Des mets et des terroirs Sacré sommelier de l’année 2020 par le Gault&Millau, Edmond Gasser officie avec brio au restaurant doublement étoilé Anne-Sophie Pic au Beau-Rivage Palace. C’est dans cet univers feutré qu’il propose une expérience originale, lors de la semaine thématique «Escapade dans le vignoble helvétique». Un voyage gustatif autour d’accords mets-vins en six séquences pour découvrir la singularité des terroirs de chacun de ces vignobles. Du 7 au 18 juillet 2020. A suivre, du 22 au 26 septembre 2020, une semaine thématique «Millésimes anciens». Infos et réservations au +41 21 613 33 39

Crowned sommelier of the year 2020 by Gault&Millau, Edmond Gasser skill­ fully does the honours at the double Michelin-starred Anne-Sophie Pic restaurant at the Beau-Rivage Palace. In this hushed universe he offers an original experience during the “Escapade in the Swiss vineyard” thematic week. A gastronomical journey around food and wine pairings in six phases to discover the uniqueness of the terroirs of each of these vineyards.

UN ÉTÉ À NEUCHÂTEL Les bords du lac sont sublimes et le dépaysement assuré à l’hôtel Palafitte! Dans cet environnement idyllique, on s’installe confortablement sur la terrasse sur pilotis, les yeux dans le bleu. On sirote un cocktail, le temps d’un afterwork. On s’attable pour déguster la cuisine du chef Maxime Pot. Et on laisse filer le temps jusqu’au coucher du soleil... Lire aussi en page 48. Infos et réservations au +41 32 723 02 02

The shores of the lake are sublime and a change of scenery guaranteed at the Hotel Palafitte! In this idyllic environment, sit comfortably on the terrace on stilts, your eyes taking in the blue. Sip an after-work cocktail. Taste the cuisine of Chef Maxime Pot. And let time pass by until sunset ... See also page 48. Info and reservations: +41 32 723 02 02

From 7 to 18 July 2020. Followed by, from 22 to 26 September 2020, the “Old vintages” thematic week. Info and reservations : +41 21 613 33 39

Welcome to the market! Le marché estival de la talentueuse Anne-Sophie Pic signe cette année sa quatrième édition. Entourée de ses producteurs suisses favoris, la cheffe triplement étoilée propose aux gourmets des rencontres inspirantes avec des artisans passionnés. Panier sous le bras et porte-monnaie en poche, venez découvrir leurs spécialités authentiques, dans le cadre unique d’un palace au bord du Léman! Le vendredi 28 août 2020 de 11 h à 14 h, sur la terrasse du Lobby Lounge du Beau-Rivage Palace. Evénement ouvert à tous

The talented Anne-Sophie Pic’s summer market will be held for the fourth time this year. Surrounded by her favourite Swiss producers, the three-star chef offers gourmets inspiring encounters with passionate artisans. With your basket in hand and wallet in your pocket, come and discover authentic specialties in the unique setting of a palace on the shores of Lake Geneva!

DR

Friday, August 28, 2020 from 11 a.m. to 2 p.m., on the terrace of the Lobby Lounge of the Beau-Rivage Palace. Event open to all

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NEWS

Printemps Eté – Spring Summer 2020

La Carte Lausanne Palace devient numérique

CHF 750.–, valable 1 an depuis la date d’achat Votre contact dédié: Ulrike Kuechle-Oguey, +41 21 331 32 44, lacarte@lausanne-palace.ch

Gourmet experiences, relaxation, well-being and pure pleasure await the holders of the Lausanne Palace Card. Accessible this summer from a smartphone, it offers even more advantages: access to the Palace’s calendar of events, new exclusive special offers during the year, sharing the same account with family or friends or the possibility to send gift vouchers. CHF 750.00, valid for one year from the date of purchase Contact Ulrike Kuechle-Oguey on +41 21 331 32 44 or lacarte@lausanne-palace.ch

Embarquez pour une croisière gourmande! La brigade du Beau-Rivage Palace vous accueille pour une croisière alliant gastronomie et magie du soleil couchant, à bord d’un bateau Belle Epoque. Une expérience inoubliable. Départs d’Ouchy du mardi au samedi, du 30 juin au 5 septembre (sous réserve de modification). Réservations au +41 21 613 33 62 ou lemontreux@brp.ch

The Beau-Rivage Palace kitchen brigade welcomes you aboard a Belle Epoque boat for a cruise combining culinary art and the magic of the setting sun. An unforgettable experience. Departures from Ouchy Tuesdays to Saturdays from 30 June to 5 September (subject to change). Reservations on +41 21 613 33 62 or at lemontreux@brp.ch

VOTRE SÉCURITÉ, NOTRE PRIORITÉ Nous sommes heureux de vous recevoir à nouveau dans nos établissements, où tout a été pensé afin de vous assurer d’un séjour serein. Pour votre bien-être et celui de nos collaborateurs, nous soutenons et appliquons les règles édictées par le Conseil fédéral et l’Office fédéral de la santé publique (OFSP), en renforçant nos protocoles d’hygiène. En voici quelques exemples: • un sourire vaut plus qu’une poignée de main: nous renonçons à tout contact physique; • des distributeurs de gel hydroalcoolique sont disponibles en de nombreux endroits dans nos établissements; • les espaces communs et de bien-être sont désinfectés plusieurs fois par jour; • les tables dans nos bars et restaurants sont dressées de manière à laisser un espace généreux entre elles; • nos collaboratrices et collaborateurs en cuisine, hébergement et spa sont munis de matériel de protection. Nos équipes se tiennent à votre disposition pour plus de précisions! We are happy to welcome you again in our facilities where everything has been thought of to ensure you have a pleasant stay. For your and our employees’ well-being, we support and apply the rules laid down by the Federal Council and the Federal Public Health Office by strengthening our hygiene protocols. Here are a few examples: • A smile is worth more than a handshake: we won’t make physical contact anymore • Hydroalcoholic gel dispensers are available in many places in our facilities • The common and wellness areas are disinfected several times a day • The tables in our bars and restaurants are arranged to ensure generous space between them • Our employees working in the kitchen, hotel rooms and spa are provided with protective equipment Our teams are at your disposal for further details!

DR – BERTRAND FRANCEY – ADOBE STOCK

Expériences gourmandes, de détente, de bien-être et tout simplement de plaisir attendent les détenteurs de la Carte Lausanne Palace. Accessible dès cet été depuis un smartphone, elle offre toujours plus d’avantages: un accès au calendrier des événements du Palace, de nouvelles offres spéciales en exclusivité durant l’année, le partage d’un même compte en famille ou entre amis, ou encore la possibilité d’envoyer des bons cadeaux.



Van Cleef & Arpels Paris, très rare paire de clips rubis en Serti Mystérieux

Chu Teh-Chun (1920-2014), huile sur toile, 1984, 129,5x96,5 cm

Patek Philippe, Calatrava en or, réf. 5396, quantième annuel, phases de lune

Hermès, sac Birkin 35 en crocodile porosus shiney bleu saphir, année 2013

CONSEIL EN SUCCESSION | VENTES AUX ENCHÈRES INVENTAIRES ET EXPERTISES | ESTIMATIONS POUR ASSURANCE BIJOUX | MONTRES | TABLEAUX | MAROQUINERIE | LIVRES | GRANDS VINS INVENTORIES AND APPRAISALS | AUCTIONS | ESTATE GUIDANCE | INSURANCE VALUATIONS JEWELLERY | WATCHES | PAINTINGS | HANDBAGS | BOOKS | FINE WINE Lausanne | 4, place St-François | 021 613 71 11 Piguet Hôtel des Ventes | Genève | 022 320 11 77 | info@piguet.com


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Printemps Eté – Spring Summer 2020

questions à Vincent Perez Directeur des Rencontres 7e Art Lausanne

L’édition 2020 a été annulée en raison de la pandémie de Covid-19. Comment gardez-vous le lien avec le public des Rencontres? Nous planchons sur des rendez-vous ponctuels, dès que cela sera possible. La crise sanitaire impacte fortement la culture. C’est en toute responsabilité que nous avons pris la décision de stopper cette troisième édition, deux jours avant la cérémonie d’ouverture. Ce n’était pas facile, car le festival était prêt, avec des invités prestigieux, une programmation formidable et une billetterie qui avait démarré sur les chapeaux de roues. Une belle promesse de succès! L’édition 2020 avait pour thème «Histoires d’amour». Allez-vous le reporter en 2021? Une thématique doit servir l’intention d’une édition et, pour qu’elle soit réussie, il faut que cette thématique ait un sens. Nous nous sommes arrêtés sur une idée qui devrait donner du baume au cœur. Mais elle ne sera dévoilée qu’à l’approche de la prochaine édition, prévue en mars 2021. Un mot pour les cinéphiles en manque de salles obscures? Tenez bon, profitez-en pour voir des classiques et pas seulement des séries! Quand les salles de cinéma pourront ouvrir, on aura besoin de vous. Une chose est certaine: de grands films reviendront bientôt sur grand écran pour nous faire rêver! Infos à suivre sur https://rencontres7art.ch

3 questions to Vincent Perez

ANOUSH ABRAR

Director of Rencontres 7e Art Lausanne

The 2020 edition was cancelled due to the Covid-19 pandemic. How do you keep in touch with the Rencontres audience? We are working on ad hoc meetings as

soon as is practicable. The health crisis has had a strong impact on culture. We take full responsibility in making the decision to stop this third edition, two days before the opening ceremony. It was not easy, because the festival was ready to go with distinguished guests, a tremendous programme and a box office that had got off to a flying start. A great promise of success! The theme of the 2020 edition was “Love Stories”. Are you going to postpone it to 2021? A theme must serve the intention of an

edition, and for it to be successful it must have meaning. We settled on an idea to lift the spirits but we won’t unveil it until the next edition, scheduled for March 2021. Anything to say to moviegoers in need of movie theatres? Hold on now! Take the opportunity to see classics and not just series! When the cinemas reopen, we will need you. One thing is certain: great films will soon return to the big screen to make us dream! More info to follow on https://rencontres7art.ch

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Printemps Eté – Spring Summer 2020

So long, Edgard!

Master chef of the Lausanne Palace, the emblematic and charismatic Edgard Bovier retires at the end of June 2020. Inspired by Mediterranean culture, this executive chef of the Lausanne Palace’s kitchens, all Michelin star-rated and awarded 18 points out of 20 by GaultMillau, guaranteed exceptional cuisine for over 16 years. We wish him all the best for his retirement in Rougemont and thank him for having trained and inspired a generation of cooks, heirs to his know-how and his creativity! La Table d´Edgard restaurant will close on June 28. In September, La Table du Palace will open, with the young starred chef Franck Pelux at the helm and his wife, Sarah Benahmed, managing the establishment. The Brasserie Grand-Chêne, the Côté Jardin and Sushi Zen restaurants, as well as the Palace Traiteur will continue to delight their guests under the guidance of their respective chefs. 12  RE GA R D S n° 1 7

Ô temps, suspends ton vol! «Depuis plus de 100 ans et pour la première fois, le temps doit se suspendre, et triste me voilà.» La fermeture historique du Beau-Rivage Palace a inspiré un poème à Bruno Charrier*. “For more than 100 years and for the first time, time must stand still, and here I am sad.” The historic closure of the Beau-Rivage Palace inspired a poem to Bruno Charrier*.

Des mots touchants que vous invitons à écouter ici (en français uniquement). Touching words that invite you to listen here (French only). * Ecrivain français, Bruno Charrier a récemment publié Acte VI – Cyrano de Bergerac, aux Editions Les 3 Colonnes. * Bruno Charrier is a French writer. He recently published Acte VI – Cyrano de Bergerac, Editions Les 3 Colonnes. DR

Figure emblématique et charismatique du Lausanne Palace, chef original et inspiré par la culture méditerranéenne, Edgard Bovier prend sa retraite à la fin du mois de juin 2020. Le chef exécutif de toutes les cuisines du Lausanne Palace, noté une étoile Michelin et 18/20 au GaultMillau, fut le garant d’une cuisine d’exception pendant plus de seize ans. Nous lui souhaitons le meilleur pour sa retraite à Rougemont et le remercions d’avoir formé et inspiré une génération de cuisiniers, héritiers de son savoir-faire et de sa créativité! Le restaurant La Table d’Edgard fermera le 28 juin. Au mois de septembre, La Table du Palace sera inaugurée; à sa tête, le jeune chef étoilé Franck Pelux, avec, à ses côtés, sa femme Sarah Benahmed, qui prendra la direction de la salle. La Brasserie Grand-Chêne, les restaurants Côté Jardin et Sushi Zen, ainsi que Palace Traiteur continueront de régaler leurs hôtes, sous la houlette de leurs chefs respectifs.


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Printemps Eté – Spring Summer 2020

Welcome to the new spa! Le Spa Cinq-Mondes du Beau-Rivage Palace a fait peau neuve. Une mue orchestrée par l’architecte parisien Alexandre Pierart. Visite guidée. The Cinq-Mondes Spa at Beau-Rivage Palace had a facelift. A moult orchestrated by Parisian architect Alexandre Pierart. Guided tour. – Texte / Text Alexandre Pierart – Photos / Pictures Suprem Architectures

«C

e spa est pensé comme un parcours initiatique, fait de découvertes, de sensations physiques et d’émotions visuelles qui nous invitent à un voyage sensoriel. On découvre une succession d’espaces apaisants et mystérieux, qui sollicitent notre imaginaire et nous permettent de nous préparer mentalement et physiquement pour le soin, étape ultime du parcours. C’est un lieu intime et enveloppant, aux formes féminines et organiques, très inspiré de la nature. Des courbes douces, des matériaux naturels – la pierre, le chêne, l’or, l’eau – mis en valeur par une lumière chaude et tamisée.

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Ce parcours est ponctué de surprises architecturales, inspirées par de grands artistes et par la nature. Cette vision poétique de l’espace, des matières et de la lumière nous invite à l’introspection et au ressourcement. Point d’orgue de ce voyage, un patio orné d’un arbre mystérieux, tel un être vivant qui semble respirer et nous attirer sous ses branches réconfortantes. On est captivé par la lumière ondoyante qui en émane, un arbre de vie qui donne au lieu une dimension spirituelle. On vient nous chercher, le soin va débuter...»


NEWS

Printemps Eté – Spring Summer 2020

“T

C’est un lieu intime et enveloppant, aux formes féminines et organiques, très inspiré de la nature.

his spa is conceived as an initiation process comprised of discoveries, physical sensations and visual emotions that invite us on a sensory journey. We discover a succession of calming and mysterious spaces which stir our imagination and allow us to prepare mentally and physically for the treatment, the final stage of the journey. It is an intimate and enveloping place, with feminine and organic forms strongly inspired by nature. Soft curves, natural materials – stone, oak, gold, water – enhanced by warm, subdued light. This journey is punctuated with architectural surprises, inspired by great artists and by nature. This poetic vision of space, materials and light invites us to engage in self-reflection and to renew ourselves. The grand finale of this journey is a patio adorned with a mysterious tree, like a living being that seems to breathe and draw us under its comforting branches. We are captivated by its undulating light, a tree of life which gives the place a spiritual dimension. They have come to get us – the treatment is about to start...”   R EG A R D S n °1 7  15


NEWS

Printemps Eté – Spring Summer 2020

PALACE UNLIMITED

La culture en partage Shared culture

– Texte Elodie Maître-Arnaud

F

ortement inspiré par sa ville, féru d’art et de culture, «sous toutes leurs formes», Ivan Rivier se réjouit de la métamorphose du Lausanne Palace, qui se veut un lieu très inclusif. «La culture favorise le mieux-vivre ensemble et nous aide à ralentir dans ce contexte particulièrement tourmenté», reconnaît-il. Né de la fertilité des échanges avec ses partenaires culturels, Palace Unlimited est le programme culturel du Lausanne Palace. Talents confirmés ou jeunes pousses prometteuses, les événements sont ouverts à tous et, dans leur grande majorité, gratuits. «Avec Unlimited, de nombreuses disciplines artistiques se diffusent dans tout le Palace: des expositions, des performances, des débats et des concerts live.» Et une véritable communauté LP se fédère autour de ces événements.

Share the culture. This is the leitmotif of Ivan Rivier, director of the Lausanne Palace. In all humility, he wants to contribute to the promotion of culture, the last bastion against intolerance and individualism. – Text Elodie Maître-Arnaud

S

trongly inspired by his vibrant city, passionate about art and culture “in all their forms”, Ivan Rivier is thrilled with the metamorphosis of the Lausanne Palace, which aims to be a very inclusive place. “Culture promotes better social integration and helps us to slow down in our particularly turbulent environment,” he acknowledges. Springing from the rich exchanges with its cultural partners, Palace Unlimited is the hotel’s cultural programme that features confirmed and emerging talents. The events are open to everyone and, for the most part, free of charge. “With Unlimited, many artistic disciplines – exhibitions, performances, debates and live concerts – are spread throughout the Palace.” And a real LP community comes together around these events.

GRAND ÉCART CULTUREL

GREAT CULTURAL DIVIDE

Les prémices de Palace Unlimited sont à rechercher dans une première collaboration avec le Prix des lecteurs de la Ville de Lausanne, en 2018. En 2019, en partenariat avec Le Livre sur les quais, le Lausanne Palace crée la Bibliotheca, un espace d’échanges culturels accessible à tous. Palace Unlimited, ce sont aussi les concerts LP’s Live, la nouvelle scène musicale lausannoise programmée par Thomas Lecuyer, centre névralgique de l’établissement hôtelier. Citons dernièrement le concert public de lancement du Week-end musical de Pully, un festival classique imaginé par Guillaume Hersperger. Cette présentation a été associée à une exposition de photographies du jeune talent vaudois Maxime Genoud. Sans oublier des collaborations avec le mudac, l’Orchestre de chambre de Lausanne, Verbier Festival ou encore Lavaux Classics. A l’heure où nous écrivons ses lignes, on murmure dans les couloirs de l’hôtel que l’écrivain américain Douglas Kennedy pourrait prochainement animer une causerie littéraire dans les salons, tandis qu’un événement arty se trame en partenariat avec La Fièvre, l’association qui gère le skatepark de Lausanne. «La culture est un bien commun qu’il faut choyer et partager. Elle favorise l’approche à l’autre, sans limite, du classicisme à l’avantgarde», conclut Ivan Rivier. Vous avez dit éclectique? Osez!

Palace Unlimited first started out in 2018 as a collaboration with the Readers’ Prize of the City of Lausanne. In 2019, in partnership with Le Livre sur les Quais, the Lausanne Palace created The Bibliotheca, a space for cultural exchanges accessible to all. Palace Unlimited also offers LP’s Live Concerts, the new Lausanne music scene organized by Thomas Lecuyer, the focal point of the hotel establishment. We must also mention the public performance for the launch of the Pully Music Weekend, a classic festival dreamed up by Guillaume Hersperger. This presentation was combined with an exhibition of photographs by the young Vaudois talent Maxime Genoud. Let’s not forget collaborations with mudac, the Lausanne Chamber Orchestra, Verbier Festival and Lavaux Classic. At the time of writing, rumour has it that American writer Douglas Kennedy may soon be hosting a literary talk in the living rooms, while an arty event is being planned in partnership with La Fièvre, the association that manages the Lausanne Skatepark. “Culture is a common asset that must be cherished and shared. It reaches across all boundaries, with no limits, from classicism to the avant-garde,” Ivan Rivier concludes. Did you say eclectic? Be daring!

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VANINA MOREILLON – ADOBE STOCK

Partager la culture. Voilà le leitmotiv d’Ivan Rivier, directeur du Lausanne Palace. En toute humilité, il souhaite contribuer au rayonnement de la culture, ultime rempart à l’intolérance et à l’individualisme.


The best or nothing.

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INVESTISSEMENT

Printemps Eté – Spring Summer 2020

FOOD FOR THOUGHT (BANQUE LANDOLT & CIE SA)

Viande d’origine végétale

«Meilleure pour vous... meilleure pour la planète» Bienvenue dans l’avenir de la nourriture d’origine végétale. Elle est déjà dans les rayons, dans nos assiettes et sur les écrans Bloomberg! – Texte Equipe d’investissement thématique

LA PLANÈTE EN CROISSANCE A BESOIN DE PROTÉINES!

La consommation mondiale de protéines a augmenté de 40% depuis 2000, soit bien plus que la population mondiale, qui affiche une hausse de 24% au cours de la même période. Ce phénomène est une conséquence de l’urbanisation et de ce que l’on appelle «l’effet de richesse»: 18  RE GAR D S n° 1 7

dès que les habitants des pays en développement disposent d’un meilleur pouvoir d’achat, ils s’offrent un régime alimentaire plus riche et plus protéiné. Cela se traduit principalement par l’augmentation de la consommation de viande, qui passe ainsi d’un rythme d’une ou deux fois par semaine à trois fois par semaine. Les protéines sont un élément essentiel pour notre santé et notre société; et la demande va encore augmenter, à mesure que nous nous dirigeons vers une popu­ lation mondiale estimée à 10 milliards d’habitants en 2030! D’OÙ PROVIENDRONT NOS FUTURES PROTÉINES?

Cette situation soulève la question de savoir où nous trouverons nos futures protéines. La viande animale en est la principale source depuis des années, en particulier dans les pays développés. Mais pour plusieurs raisons (lire l’encadré), elle cède maintenant la place à d’autres types de protéines, en particulier d’origine végétale. De nombreuses personnes mangent moins de viande pour des raisons de santé, mais aussi parce qu’elles prennent conscience de l’impact de cette consommation sur l’environnement ou le bien-être animal. Alors que la consom-

mation de viande traditionnelle diminue, en particulier sur les marchés occidentaux, la viande d’origine végétale est, elle, en plein essor: ce nouveau segment de marché a augmenté de 17% en 2018. Bien que ce secteur n’en soit qu’à ses débuts – il représente à peine 1% du marché américain de la viande, estimé à 73 milliards de dollars –, on s’attend à ce que la viande d’origine végétale progresse très rapidement et gagne une part de marché considérable dans les années à venir. Le secteur du lait illustre bien la rapidité avec laquelle ce changement peut se produire: les laits végétaux représentent déjà 13% du marché global du lait. Et si l’on se base sur ce qui s’est passé

ADOBE STOCK

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u véganisme aux régimes flexitarien et réductarien, les végétaux ont aujourd’hui la cote. Des films comme The Game Changers, sorti en juin 2019, donnent ainsi la parole à des athlètes de haut niveau devenus végétariens qui vantent les bénéfices de ce type d’alimentation pour la santé, et tordent le cou au mythe selon lequel les muscles ont besoin de viande. Les consommateurs deviennent plus conscients des problématiques de santé, de bien-être animal et d’environnement, et se tournent de plus en plus vers des aliments d’origine végétale. Abandonnerons-nous donc vraiment un jour le bœuf et la volaille? Que valent réellement les protéines d’origine végétale en termes de santé, de goût, de durabilité? Ces aliments offrent-ils une opportunité intéressante pour les investisseurs?


INVESTISSEMENT

Printemps Eté – Spring Summer 2020

Santé, environnement et droits des animaux

«Le marché de la viande d’origine végétale a augmenté de 17% en 2018.»

dans ce secteur, le marché de la viande d’origine végétale pourrait représenter au moins 10 milliards de dollars d’ici à 2030 rien qu’aux Etats-Unis! INVESTIR DANS LA VIANDE D’ORIGINE VÉGÉTALE

Jusqu’à présent, les investisseurs se sont principalement concentrés sur les candidats «évidents» dans le secteur des produits végétaux, c’est-à-dire les premiers acteurs du domaine, parmi lesquels Beyond Meat Inc. Mais cela vaut la peine d’examiner de plus près l’ensemble de la chaîne de valeur! Car un certain nombre d’acteurs devraient bénéficier de la croissance du marché des produits végétaux,

La plupart des experts conviennent désormais que la surconsommation de viande animale peut être directement reliée à un certain nombre de maladies cardio­vasculaires et à différentes formes de cancer. Historiquement, les tableaux nutritionnels ont été fortement influencés par certains lobbies alimentaires. Aujourd’hui toutefois, la tendance est à une plus grande objectivité. La part de la viande traditionnelle diminue au profit des végétaux et des légumes, jugés beaucoup plus sains. Les avantages environnementaux des protéines végétales sont énormes, tant en termes d’émissions de CO2 qu’en termes d’utilisation d’eau et des sols. Le bétail, comme les vaches, a besoin de huit à dix unités de céréales pour produire une unité de protéines. C’est pourquoi la viande, l’aquaculture, les œufs et les produits laitiers utilisent environ 83% des terres agricoles au niveau mondial et contribuent pour 56 à 58% aux différentes émissions d’origine alimentaire, alors qu’ils ne fournissent que 37% des protéines et 18% des calories que nous consommons. Ces chiffres illustrent le défi qui se pose pour répondre de façon durable à une croissance disproportionnée de la demande de protéines, tout en maintenant inchangée notre alimentation actuelle dominée par la viande. Selon Beyond Meat Inc., leur hamburger d’origine végétale (à base de petits pois pour être plus précis) génère 90% moins d’émissions de gaz à effet de serre et nécessite 92% moins de sol et 99% moins d’eau qu’un hamburger de bœuf classique. De nombreux consommateurs sont également plus conscients des pratiques abusives de l’industrie envers les animaux d’élevage. Les images de porcs ou de poulets coincés dans de minuscules enclos avec peu de soleil et d’air frais ne sont pour le moins pas appétissantes.

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INVESTISSEMENT

tout autant que de la demande qui en résulte pour les ingrédients qui entrent dans leur composition. L’introduction en bourse de Beyond Meat a mis en avant le solide appétit de la vente au détail et de la restauration rapide. Ainsi, les fast-foods adoptent la tendance non seulement pour améliorer leur crédibilité en matière de santé et d’environnement, mais aussi parce qu’ils gagnent beaucoup plus d’argent en vendant un hamburger végétarien plutôt qu’un burger traditionnel. Selon nos estimations, un détaillant ferait aujourd’hui un bénéfice brut de 1,16 dollar (39% de marge brute) sur un hamburger végétarien, contre 0,16 dollar sur un hamburger classique à base de viande (13% de marge brute). Même Ikea a pris le train en marche et vend désormais des boulettes de viande végétariennes. Des groupes comme Elior, Sainsbury et d’autres sautent eux aussi sur cette tendance réjouissante. DE L’IMPORTANCE DU GOÛT

Certains petits groupes spécialisés, comme Corbion aux Pays-Bas, ont des

Printemps Eté – Spring Summer 2020

stratégies très innovantes. En joint-venture avec Nestlé, Corbion met ainsi à profit ses compétences en matière de fermentation afin de produire des protéines à base d’algues, présentant des avantages nutritionnels uniques tels que des niveaux élevés d’oméga-3. Dans un autre domaine, le raffinage des petits pois qui permet de fournir des protéines pour la viande végétale est déjà un secteur d’activité important, dominé par deux sociétés privées, Roquette et Puris, toutes deux fournisseurs de Beyond Meat. Mais le défi majeur pour la viande d’origine végétale est sans doute celui de sa saveur. Car si elle n’a pas aussi bon goût que la viande animale, la plupart des consommateurs ne l’achèteront tout simplement pas! Givaudan, leader mondial des arômes et parfums, avec plus de 25% de part de marché mondial, investit dans ce domaine depuis trois ans, conscient que les hamburgers de soja ont une texture et un arrière-goût de fermentation qui ne plaisent pas à toutes les papilles, et que les hamburgers de petits pois sont un peu fades et secs. Aujourd’hui, les ventes d’arômes végétaux par Givaudan pour-

Vers des prix plus raisonnables Aujourd’hui, dans les circuits de vente au détail, la viande d’origine végétale est proposée à un prix moyen 200% plus cher que les alternatives traditionnelles à la viande animale. Par conséquent, le mix de consommation actuel est fortement biaisé en faveur des ménages à revenus élevés. Alors qu’un nombre croissant d’acteurs entrent sur ce marché et que la production augmente, on s’attend à ce que ces prix s’égalisent, ce qui se traduira par une pénétration plus élevée de la viande d’origine végétale dans les segments à faibles revenus du marché des consommateurs.

raient représenter 20 à 40 millions de dollars par an... La société, pour sa part, voit sur ce marché une opportunité de 500 à 1000 millions de dollars!

FOOD FOR THOUGHT (BANQUE LANDOLT & CIE SA)

Plant-based meat: “Better for you... Better for the planet” – Text Thematic investment team

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rom veganism to flexitarian and reducetarian diets, plants are the craze today. Films like The Game Changers, released in June 2019, profile top vegetarian athletes touting the health benefits of this movement and debunking the myth that muscles require meat. Consumers are becoming much more conscious about health, animal welfare and environmental issues, and are consuming more and more plant-based food. Will we really abandon beef and poultry one day? How does the plant-based alternative really measure up in terms of health, taste 20  RE GA R D S n° 1 7

and sustainability? Are plant-based foods an attractive opportunity for investors? THE GROWING PLANET NEEDS PROTEIN!

Global protein consumption has grown by 40% since 2000, far ahead of the global population that increased by only 24% over the same period. This phenomenon of disproportionate growth in protein is driven by urbanization and the so-called “wealth effect”. As people in developing countries gain more disposable income, they immediately spend more on a richer and higher-protein diet. They essentially

go from eating meat once or twice per week to eating meat three times per week. Protein is an essential building block for health and our society; demand for it will increase exponentially as we move towards an estimated global population of 10 billion in 2030! WHERE WILL OUR FUTURE PROTEIN COME FROM?

This situation begs the question about where we will source our future protein. Meat has for years been the main source, especially in developed markets, but for a number of reasons (see box) it is now giving way to other alternatives, especially plant-based. Many people are eating less meat not only for health reasons but also because of an increased awareness of the impact of their consumption on the environment, as well as a greater concern for animal welfare. While growth in tradi-

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Welcome to the “plant-based” future of food. It’s already on the shelves, on our plates and on Bloomberg TV!


INVESTISSEMENT

tional meat consumption is slowing, particularly in Western markets, plant-based meat is booming – this new segment grew by 17% in 2018. Although this industry is just getting started – it accounts for barely 1% of the $73bn US meat market – we can expect plant-based meat to ramp up very fast and gain a sizable market share in the coming years. A good clue to how fast this can happen is the dairy industry, where vegetable milk already represents 13% of the overall milk market. If the milk industry is a good indication, plant-based meats may be worth at least $10 billion by 2030 in the US alone! INVESTING IN PLANT-BASED MEAT

So far, investors’ focus has mainly been on the “obvious” candidates in the plantbased space, i.e., the main stakeholders in the field like Beyond Meat Inc. But it’s worth looking further up the value chain! There are a number of players who should benefit from the growing market for plantbased products as well as the resulting demand for their ingredients. Beyond Meat’s IPO highlighted the robust retail and fast-food appetite. Fast foods are not only embracing the trend to improve their health and environmental credentials, but they also make a lot more money selling a veggie burger than a traditional quarter pounder. Based on our estimates, a retailer would book a gross profit per burger of $1.16 (39% gross margin) on a veggie burger, compared to $0.16 for a meat burger (13% gross margin) today. Even IKEA jumped on the bandwagon and has started selling veggie meatballs, and groups like Elior, Sainsbury and others are jumping on this exciting trend.

Printemps Eté – Spring Summer 2020

Health, Environment and Animal rights Most experts now agree that overconsumption of meat can be directly linked to a number of cardiovascular diseases and different forms of cancer. Nutritional tables were historically heavily influenced by certain food lobbies but today there is a tendency for greater objectivity. The share of traditional meat is declining in favour of plants and vegetables that are deemed much more healthy. The environmental benefits of plant-based proteins are enormous, both in terms of CO2 emissions as well as in terms of water and land usage. Livestock, like cows, require 8-10 units of grain to produce one unit of protein. This is why meat, aquaculture, eggs, and dairy use approximately 83% of the world’s farmland and contribute 56 to 58% of food’s different emissions, despite providing only 37% of our protein and 18% of our calories. These numbers illustrate the challenge of sustainably responding to disproportionate growth in protein demand while keeping our current meat-dominated diet unchanged. According to Beyond Meat Inc. their plant-based burger (or pea-based to be more precise) generates 90% less greenhouse gas emissions and requires 92% less land and 99% less water than a standard beef burger. Many consumers also show a greater awareness of the industry’s abusive practices towards farm animals. Images of pigs or chickens squeezed into tiny enclosures with little sunlight or even fresh air are not appetizing to say the least.

FLAVOUR MATTERS

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Smaller specialized groups, such as Corbion in the Netherlands, have some very innovative strategies. As JV partner with Nestlé, Corbion is leveraging its fermentation capabilities to supply algae-based proteins that carry some very unique nutritional benefits such as high omega-3 levels. Pea protein for plant-based meat is already a sizable industry where the refining is currently dominated by two privately owned companies: Roquette and Puris, both of which are suppliers of Beyond Meat. Perhaps the most important ingredient in plant-based meat is flavour. If it doesn’t taste as good as the real thing, most consumers just won’t buy it! Givaudan, the world’s leading flavour

Prices will become more reasonable as scale increases Today, plant-based meat is sold at an average price premium of 200% compared to traditional meat alternatives in the retail channels. As a result, the current consumer mix is heavily skewed toward higher-income households. As an increasing number of players are entering the market and production is being scaled up, we expect plant-based meat to eventually reach price parity, resulting in a significantly higher plant-based penetration in lower-income segments.

and fragrance company, with over 25% of the global market, has invested over the last three years in this field, fully aware that soy burgers have a texture and fermented aftertaste that doesn’t please all

palates, and that pea burgers are a bit bland and dry. Today, Givaudan’s estimated sales of plant-based flavours is $2040m a year. However, the company sees a market opportunity of $500–1000m!

This document constitutes a marketing communication and has been prepared solely for information purposes. It should not be construed as an offer, recommendation or solicitation to buy, sell or subscribe to securities or financial instruments. Further, it is not intended to provide financial, legal, accounting or tax advice and should not be relied upon in that regard. Information provided in this document is based on independent sources believed to be reliable, but Landolt & Cie SA is not liable for such information and makes no representation or warranty that it is accurate, complete or current. Historic performance is not an indication or guarantee of future performance, which may materially vary on the basis of economic, financial or political changes. Each addressee of this document is fully responsible for any investments it makes and shall assess the suitability of any investment with its professional advisors based on the detailed provisions contained in the relevant offering documentation (e.g. prospectus) of which the present document is not a part. This document may not be copied or reproduced without Landolt & Cie SA’s consent and shall not be disclosed in violation of any applicable laws and regulations.

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Printemps Eté – Spring Summer 2020

L’Accademia change de ton Entre sa terrasse à deux pas du Léman, où il fait bon de profiter du cadre exceptionnel, et sa charmante et lumineuse salle tout juste rénovée, le restaurant de l’hôtel Angleterre & Résidence est un écrin de choix pour déguster le meilleur de la cuisine italienne. – Texte Jennifer Segui

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annuelle de l’hôtel en décembre dernier et les premières semaines de janvier, un air de modernité s’est insinué dans ces murs. CHIC CONTEMPORAIN

«Nous avons voulu épurer et faire entrer la lumière», explique Yves Chavaillaz, directeur des lieux. Pari réussi: tandis que le stuc rouge a été remplacé par un papier peint contemporain à chevrons ton sur ton jaune, assorti aux confortables fauteuils, les suspensions de verre vénitien ont laissé la place à des ampoules modernissimes d’aspect industriel. Les larges baies vitrées n’ont pas changé d’un pouce, et la lumière et la vue sur le lac et les Alpes subliment encore davantage ce décor chic, un brin plus masculin qu’auparavant. On y reconnaît le style du cabinet londonien d’architecture d’intérieur Stuart Wilson, à l’origine également de la décoration du restaurant Anne-Sophie Pic au Beau-Rivage Palace et du BAR, ainsi que de celle de l’Hôtel Palafitte, à Neuchâtel. Les artisans de la maison et les entreprises mandatées par l’architecte en ont également profité pour adapter la salle à l’air du temps. «Nous avons retiré le bar et fait disparaître la séparation entre le côté bis-

trot et le côté restaurant pour créer une structure plus harmonieuse», précise Yves Chavaillaz. «Nos clients peuvent boire un café ou un spritz dans cette partie de la salle à tout moment de la journée. Cet espace peut aussi accueillir une douzaine de couverts supplémentaires, ou des groupes, avec la même qualité de service.» GOURMAND DU SOIR AU MATIN

Encore plus de confort donc, pour se régaler, au fil des saisons, des délices du chef, dont les gourmands antipasti, les aériens gnocchi alla sorrentina, l’ossobuco al Barolo et, en guise d’épilogue, les cannoli aux pistaches. Autre modification, pour les clients des 75 chambres de l’hôtel: la table de service du petit-déjeuner. «Nous l’avons agrandie afin de proposer un choix encore plus large à nos hôtes: du sans gluten, des laits végétaux, du froid, du chaud, etc.», ajoute le directeur. Du petit matin aux heures les plus tardives, chaque plaisir a plus que jamais son espace de choix dans cette nouvelle Accademia! Restaurant L’Accademia Place du Port 11 à Lausanne-Ouchy. Ouvert tous les jours. www.angleterre-residence.ch

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Accademia. Son nom pourrait laisser penser qu’au cœur de ce cossu bâtiment, construit en 1775, se cache quelque société confidentielle tout entière dévouée à l’excellence de la cuisine transalpine. Bien heureusement, c’est bel et bien avec pignon sur rue, en toute transparence, et pour le public – clients de l’hôtel Angleterre & Résidence, hôtes de passage ou Lausannois – que le chef Andrea Gaia et son équipe cuisinent chaque jour les meilleurs produits à la mode italienne. C’est en fait à l’Académie équestre sise autrefois dans cet illustre bâtisse, et à ses valeureux chevaux chargés de remonter les matériaux de construction de la ville arrivés par la voie des eaux du Léman, que l’enseigne rend hommage. Complètement rénovée en 2002, en même temps que les cinq autres bâtiments environnants qui forment l’hôtel Angleterre & Résidence, la salle de restaurant avait jusqu’ici conservé ses murs en stuc rouge et ses lampes en verre orangé de Murano qui, le soir venu, lui conféraient ce petit air de théâtre baroque. Pour cette rénovation, réalisée à cheval sur les jours de fermeture


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Printemps Eté – Spring Summer 2020

L’Accademia changes its tune Between its terrace a stone’s throw from Lake Geneva, where it is good to take advantage of the exceptional setting, and its newly renovated, charming and bright room, the restaurant of the Hotel Angleterre and Residence is a treasure chest of the best Italian food. – Text Jennifer Segui

LENAKA

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Accademia. The name alone suggests some secret society, hidden inside this posh building built in 1775, entirely devoted to the excellence of transalpine cuisine. Fortunately, there’s nothing secret about it. Every day, in plain sight, Chef Andrea Gaia and his team prepare authentic Italian dishes for everyone – whether guests of the Hotel Angleterre and Residence, passers-by or Lausanne residents. In fact, the brand pays tribute to the Equestrian Academy that used to be located in this illustrious building, and to its valiant horses that pulled the city’s construction materials coming in by water from Lake Geneva. Completely renovated in 2002, along with the other five surrounding buildings which comprise the Hotel Angleterre and Residence, the dining room had until now retained its red stucco walls and orange Murano glass lamps which, in the evening, gave it that air of baroque theatre. For this renovation, carried out over the hotel’s annual holidays during the last days of December and the first weeks of January, an air of modernity has crept into these walls.

CONTEMPORARY CHIC

“We wanted to purify and bring in the light,” Yves Chavaillaz, the hotel’s director, explains. The gamble has paid off: while the red stucco has been replaced by a contemporary tone-on-tone yellow herringbone wallpaper to match the comfortable armchairs, the Venetian glass pendant lights have given way to modern industrial light bulbs. The large picture windows have not changed an inch, and the light and the view of the lake and the Alps further enhance this chic and slightly more masculine decor. We recognize the style of the London-based interior design firm Stuart Wilson, which was also behind the interior decoration of the Anne-Sophie Pic restaurant at the Beau-Rivage and the bar of the neighbouring hotel, as well as that of the Hotel Palafitte in Neuchâtel. The artisans and companies commissioned by the architect also took the opportunity to adapt the room to the spirit of the times. “We have removed both the bar and the separation between the bistro side and the restaurant side to create a more harmonious structure,” Yves Chavaillaz says. “Our customers can enjoy

a coffee or a spritz in this part of the room at any time of the day. This space can also accommodate a dozen additional plates, or groups, with the same quality of service.” ENJOY YOUR DINING FROM MORNING TO NIGHT

Even more comfort, therefore, to enjoy the chef’s seasonal delights, including gourmet antipasti, Sorrento-style gnocchi, veal osso buco with Barolo and, to round things off, cannoli with pistachios. Another change for guests of the hotel’s seventy-five rooms is the breakfast service table. “We have expanded it to offer our guests an even wider choice: gluten-free, vegetable-based milk substitutes, cold, hot, etc.,” the director adds. From early morning to late at night, every treat has more prime space than ever in this new Accademia!

Restaurant l’Accademia 11 Place du Port, Lausanne-Ouchy. Open every day www.angleterre-residence.ch

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Parlezvous Chasselas ?

www.vins-vaudois.com


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Printemps Eté – Spring Summer 2020

Louis-Philippe Bovard, baron du chasselas A 85 ans passés, le Vaudois Louis-Philippe Bovard a toujours une idée d’avance pour les vins de Lavaux. Visite à sa Maison Rose du village de Cully. – Texte Pierre Thomas

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O

n pourrait dresser son portrait comme celui d’un innovateur qui a introduit le sauvignon et le chenin dans les coteaux de Lavaux, comme alternative au chasselas. Ce ne serait pas tout à fait faux! Ex-directeur du Comptoir suisse et de l’Office des vins vaudois, revenu dans le domaine familial (dixième génération) sur le tard, en 1983, Louis-Philippe Bovard a entretenu des relations privilégiées avec les grands chefs qu’étaient le Bâlois Hans Stucki et le Vaudois Frédy Girardet. «Ils m’avaient dit: avec notre cuisine, ce vin d’apéritif ne passe pas.» Alors, dans les années 90, le producteur s’en va sillonner les vignobles français de la Loire et de l’Alsace, à la recherche d’une panacée. A condition de le planter dans un sol qui lui correspond, le sauvignon donne des vins intéressants. Tirés d’un hectare et demi de vigne, les deux qu’il propose – le Buxus, sur les graves caillouteuses de Cully, et le Ribex – passent en barriques françaises. Quant au chenin (planté sur un demi-hectare), il figure dans trois versions: sec, doux et passerillé (enrichi en sucre par concentration). Et il arrive parfois à Louis-Philippe Bovard d’abandonner ce qui fut, au départ, une riche idée. Comme ce viognier. Ou alors la viticulture bio: il s’y est essayé sur quelques parcelles, puis y a renoncé dès 2014, en raison de la

concurrence négative de l’enherbement pour la vigne, là où le sol est peu profond. REDONNER DU PEPS AU CÉPAGE

En rouge (un cinquième de sa production), le domaine propose trois assemblages: un pinot-merlot La Pressée, un Dézaley rouge Grande Cuvée, en merlot avec un peu de syrah, et la Cuvée Louis

de Saint-Saphorin, à majorité syrah avec une touche de merlot. Le tout élevé en barriques, un parc de 400 fûts. Ces expérimentations en cave, Louis-Philippe Bovard les applique aussi au délicat chasselas. Car, malgré la diversification, son domaine familial de 18 hectares, avec l’apport de la vendange de son frère et de sa sœur, reste dédié au cépage blanc local   R EG A R D S n °1 7  25


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Printemps Eté – Spring Summer 2020

tout le vignoble vaudois a été reconstitué avec du fendant roux.» En soixante ans, les choses ont changé: transformation de la culture du vignoble, baisse des rendements en accord avec le fléchissement de la consommation du vin blanc, réchauffement climatique. «Avec François Murisier, l’ancien patron des essais viticoles à Changins (le Centre de compétences suisse pour la formation des métiers de la vigne et du vin, ndlr), j’avais suivi l’étude des terroirs et des climats. Les scientifiques avaient aussi une collection de vieux plants de chasselas à Pully. En 2008, on a présenté notre projet de Conservatoire du chasselas à un concours des Retraites populaires. Et on a gagné!»

à 70%. «Pour garder de l’acidité au chasselas, j’ai proposé de l’Epesses, puis du Saint-Saphorin, sans la deuxième fermentation, la malolactique. Puis, finalement, du Calamin, qui a plus de structure: ce choix ne s’est jamais démenti en trente ans!» C’est l’Illex, élevé de préférence en fûts anciens, tandis qu’un Saint-Saphorin, appelé Fumé, passe en bois neuf. L’ÉLITE DES VINS SUISSES

Son étiquette phare reste le Dézaley La Médinette, un classique qui fait par26  RE GA R D S n° 1 7

tie du projet de la Mémoire des vins suisses, rassemblant l’élite des vins du pays. Le «baron du Dézaley» – Louis-Philippe Bovard figurait, en 1994, parmi les fondateurs de La Baronnie du Dézaley, cercle de producteurs attachés à démontrer la qualité des vins de ce balcon sur le Léman – a poussé le bouchon encore plus loin. Le chasselas est suspendu au seul fendant roux, dont la très productive «haute sélection» mise au point en 1945 est issue. «Après son introduction et le gel de 1956, en moins de dix ans,

Ce fut un tournant majeur dans la recherche de la pérennisation du cépage lémanique. Dix-neuf biotypes ont été plantés au Conservatoire, à Rivaz, et cinq à plus large échelle, vinifiés séparément dès 2012, puis comparés à l’omniprésent fendant roux. Ce travail se poursuit: aujourd’hui, plus de 300 biotypes de chasselas intéressent les chercheurs. Louis-Philippe Bovard en a déjà tiré une application pratique. Les vinifications du Conservatoire, sur six millésimes, ont montré que deux biotypes donnent des résultats intéressants: le bois rouge et le giclet. Le producteur en a donc planté 15 000 pieds de sélection dite massale, directement tirée des essais. Il a mis en bouteille un premier lot de 1500 flacons d’une cuvée bois rouge de Villette 2018. Il devrait doubler la mise avec le 2019. Et proposer le résultat d’un hectare et demi en 2020. «Un chasselas avec fermentation malolactique qui garde toute sa fraîcheur, moi, j’y crois», martèle ce visionnaire, qui a presque tout essayé dans le vignoble de Lavaux. Un «baron» qu’assistent désormais six vignerons dans le terrain et deux Fabio, Penta pour la vinification et Bongulielmi pour la commercialisation et la relance de l’export.

VANINA MOREILLON

ENCOURAGER LA VARIÉTÉ


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Printemps Eté – Spring Summer 2020

Louis-Philippe Bovard, baron of the Chasselas The 85-year-old Vaudois vintner Louis-Philippe Bovard is always one step ahead when it comes to the wines of Lavaux. We visit his Pink House in the village of Cully. – Text Pierre Thomas

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e could depict him as an innovator who introduced sauvignon and chenin to the hillsides of Lavaux, as an alternative to chasselas. We wouldn’t be far off! Former director of the Swiss Consumer Fair and the Vaud Wine Office, Louis-Philippe Bovard has since 1983 represented the tenth generation at the head of the family estate, and maintained close ties with the great chefs Hans Stucki (Basel) and Fredy Girardet (Vaud). “They told me: with our cooking, this aperitif wine does not pass.” So, in the nineties the producer went travelling across the French vineyards of the Loire and Alsace in search of a panacea. Provided it is planted in the right soil, the sauvignon yields interesting wines. Picked from 1.5 hectares of vines, the grape produces the Buxus, grown in the gravelly soil at Cully, and the Ribex, which goes into French barrels. The chenin, planted on a half-hectare, appears in three versions: dry, sweet and passerillé (Editor’s note: unharvested grapes left to dry under the combined action of the sun and the wind, which dehydrates the grapes and concentrates the sugars). Louis-­ Philippe Bovard sometimes shelves what was initially a wonderful idea. Like this Viognier, for example, or organic viticulture: he tried it on a few plots, then abandoned it in 2014 because of the negative interaction between the cover crop and the vines, where the soil is shallow.

vest from Louis-Phillipe’s brother and sister, dedicates 70 percent of its activities to the local white grape. “To keep the Chasselas acidity, I suggested Epesses, then Saint-Saphorin, without the secondary malolactic fermentation. Then, finally, Calamin, which has more structure: this choice has never failed in 30 years!” This is Illex, preferably aged in old barrels, while a Saint-Saphorin, called Fumé, is matured in new wood. ELITE SWISS WINES

The estate’s flagship label remains the Dézaley La Médinette, a classic that is part of the Inventory of Swiss Wines project, bringing together the elite of local wines. The “Baron du Dézaley” – Louis-Philippe Bovard was one of the founders of the Barony Dézaley in 1994, a circle of producers committed to demonstrating the quality of wines emanating from this terrace overlooking Lake Geneva – pushed the envelope even further. The Chasselas, derived from the very productive “top selection” developed in 1945, was originally known as Fendant, meaning “splitting”, a reference to a particular feature of the Chasselas grape which doesn’t burst but implodes when you press it with your fingers. “After

its introduction and the frost in 1956, in less than ten years the entire Vaud vineyard was restocked with Fendant,” Louis-Phillipe says. In 60 years, things have changed: transformation of the vineyard culture, lower yields in line with the drop in consumption of white wine, global warming. “With François Murisier, the former head of viticultural testing at Changins (Editor’s note: the Swiss School of Viticulture and Oenology), I pursued the study of soils and climates. The scientists also had a collection of old Chasselas plants in Pully. In 2008, we entered our Chasselas Preservation Project in a Retraites Populaires competition. And we won!” PROMOTING VARIETY

It was a major turning point in the search for the sustainability of the Lake Geneva grape variety. Nineteen biotypes were planted at the Conservatory, in Rivaz, and five on a larger scale, vinified separately from 2012, then compared to the omnipresent Fendant. This work continues: today, researchers are interested in more than 300 biotypes of Chasselas. Louis-Philippe Bovard has already extracted a practical application from it. The Conservatory’s vinifications, over six vintages, have shown that two biotypes – the red wood and the giclet – give interesting results. So, the producer planted 15,000 of the finest vine plants, drawn directly from the experiments, and bottled a first batch of 1,500 Villette 2018 red wood cuvées. He should double the number with the 2019 and present the results of 1.5 hectares in 2020. “I believe in a Chasselas with malolactic fermentation that keeps all its freshness,” insists the visionary who has tried almost everything in the Lavaux vineyard. A “baron” now assisted by six winegrowers in the field and two Fabios: Penta for winemaking, and Bongulielmi for marketing and boosting exports.

VANINA MOREILLON

REVITALIZING THE GRAPE VARIETY

For its red wines (one-fifth of its production), the estate offers three blends: a La Pressée Pinot-Merlot, a Dézaley Red Grande Cuvée, in Merlot with a little Syrah, and a Cuvée Louis Saint-Saphorin, mostly Syrah with a touch of Merlot. All matured in barrels, a stock of 400 casks. Louis-Philippe Bovard also applies these cellar experiments to the delicate Chasselas because, even though the range of its products varies, the family’s 18-hectare estate, which includes contributions to the har  R EG A R D S n °1 7  27


RENCONTRE

Printemps Eté – Spring Summer 2020

MICHEL MAYOR

«La découverte des exoplanètes pose la question d’autres mondes habités» Récompensé en 2019 par un Prix Nobel de physique avec son ancien doctorant le professeur Didier Queloz, le professeur honoraire d’astrophysique Michel Mayor garde les pieds sur terre. Mais c’est la tête dans les étoiles que l’on se prête à rêver avec lui de ces ailleurs très très lointains. – Propos recueillis par Elodie Maître-Arnaud

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u milieu des années 90, Michel Mayor et Didier Queloz découvrent la première planète située en dehors du système solaire. C’est notamment grâce au spectrographe Elodie, et à la précision de ses mesures, que les deux chercheurs repèrent cet objet stellaire. Un an plus tard, après avoir confirmé leurs observations, ils révèlent à la communauté scientifique l’existence de l’exoplanète 51 Pegasi b, située à 51 années-lumière de la Terre. Depuis lors, plus de 4000 exoplanètes ont été identifiées. Et, en 2019, Michel Mayor reçoit, avec Didier Queloz, un Prix Nobel de physique pour la découverte de 51 Pegasi b. Une reconnaissance de plus pour le scientifique, douze ans après avoir pris sa retraite. Selon lui, la prochaine étape sera celle de la découverte de la vie ailleurs que sur la Terre. Difficile de ne pas évoquer le contexte actuel... Quel regard le scientifique que vous êtes porte-t-il sur la crise sanitaire que nous traversons? 28  RE GA R D S n° 1 7

Une telle possibilité était, hélas, annoncée depuis des années. En tant que scientifique, j’avais lu avec attention plusieurs études en ce sens. Maintenant, je suis comme tout le monde, au milieu de ce tsunami. L’intérêt scientifique s’est transformé en intérêt pratique. Je suis bloqué ici, ce qui me permet d’être totalement disponible pour répondre à vos questions!

On doit cela non seulement à la qualité de la formation, mais aussi au soutien financier à la recherche – notamment via le Fonds national de la recherche scientifique. Je tiens à souligner que l’on accorde, dans notre pays, une grande liberté à la recherche fondamentale, sans nécessairement exiger une rentabilité immédiate; les applications pratiques viennent souvent très longtemps après.

Vous avez reçu, avec Didier Queloz, un Prix Nobel de physique en décembre 2019. Comment avez-vous accueilli cette récompense? J’ai évidemment reçu ce prix avec beaucoup de plaisir, mais aussi avec le sentiment très fort que des milliers d’autres physiciens le méritaient tout autant que nous. La reconnaissance de nos travaux repose surtout sur l’impact gigantesque de notre découverte.

Vingt-cinq ans se sont écoulés entre votre découverte de 51 Pegasi b et l’obtention d’un Prix Nobel de physique. Pourquoi un tel décalage? En moyenne, trente ans s’écoulent entre une découverte et l’obtention d’un Prix Nobel. On est donc plutôt en avance! Le comité Nobel doit évaluer la solidité d’une découverte et surtout son impact réel, sur l’astrophysique en l’occurrence.

Est-ce aussi un gage de reconnaissance pour la communauté scientifique suisse? Cette récompense atteste que les conditions-cadres de la recherche en Suisse sont bonnes. Si l’on regarde le nombre de Prix Nobel attribués en Suisse, rapportés à la population, notre pays est en tête!

Justement, quel est cet «impact gigantesque» que vous évoquiez au début de notre entretien? Nous avons ouvert une porte. Il suffit de voir le nombre de personnes qui travaillent aujourd’hui dans ce domaine de l’astrophysique. Nous n’étions qu’une


RENCONTRE

THOR NIELSEN / NTNU

poignée d’astronomes il y a 25 ans! Pour les chercheurs de la discipline, nos travaux participent à la connaissance des mécanismes de formation des systèmes planétaires. Mais le sujet concerne aussi le grand public. Car la découverte des exoplanètes pose la question d’autres mondes habités; pour l’immense majorité des gens, y compris les scientifiques, ce qui importe derrière tout ça est de savoir si l’on est seul dans l’Univers. Par «on», il faut entendre la vie, même sous la forme d’organismes extrêmement simples comme les bactéries. Et «découvrir» une exoplanète peut permettre d’élaborer des hypothèses sur la présence de la vie ailleurs dans l’Univers? Oui, et c’est finalement assez simple! Parmi les exoplanètes que nous détectons, certaines sont à la bonne distance de leur

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«Cette récompense atteste que les conditions-cadres de la recherche en Suisse sont bonnes.» étoile (ou soleil, ndlr). C’est-à-dire qu’elles ne sont ni trop chaudes, ni trop froides. Or, l’ADN caractérisant toute espèce vivante est une molécule très fragile qui a besoin d’une température intermédiaire, correspondant au domaine de l’eau liquide. Cette condition n’est pas anthropomorphique, elle nous est dictée par les lois de la chimie et de la physique. Evidemment, la question qui se pose ensuite est de savoir si, compte tenu de cette condition favorable, la vie va émerger spontanément.

Est-ce le cas? On n’en sait rien! Mais on suppose que les lois de la chimie et de la physique sont les mêmes partout dans l’Univers. Et donc que le phénomène de la vie se produirait partout de la même manière, dès lors que les conditions sont bonnes. Afin d’y détecter une éventuelle présence de vie, les astronomes cherchent à identifier des biomarqueurs dans l’atmosphère des planètes qu’ils découvrent, c’est-à-dire des ano  R EG A R D S n °1 7  29


RENCONTRE

malies indiquant que la vie est en train de s’y développer. Mais, si j’ai bien compris, ces exoplanètes, vous ne les «voyez» pas... Dans l’immense majorité des cas, et vous avez raison de le souligner, nous ne détectons en effet que de façon indirecte les

Michel Mayor en 6 dates 1942 1971 1984 1994 2007 2019

Naissance à Lausanne Soutient sa thèse de doctorat sur la structure spirale des galaxies Nommé professeur d’astrophysique à l’Université de Genève Découverte, avec Didier Queloz, de la première exoplanète (51 Pegasi b) Prend sa retraite Prix Nobel de physique, avec Didier Queloz, pour la découverte de 51 Pegasi b

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exoplanètes. L’une des méthodes est celle que nous avons utilisée avec Didier Queloz: on observe l’étoile et ses changements de vitesse, ce qui nous permet d’en déduire des informations sur la planète qui gravite autour d’elle. Des techniques plus récentes permettent d’observer le passage d’une planète devant son étoile. En réalité, ce que l’on «voit» est une baisse de la luminosité de l’étoile (comme pendant une éclipse), ce qui, pour faire simple, nous donne le rayon de la planète, dans une longueur d’onde donnée. En observant ce phénomène sur plusieurs longueurs d’onde, on en déduit le spectre de la planète et, partant, sa composition chimique. On cherche alors des molécules qui trahissent la présence de la vie, notamment l’oxygène, le méthane ou des oxydes d’azote. Bref, un faisceau d’indices. A supposer que certaines de ces exoplanètes soient viables, l’homme pourra-t-il y poser le pied un jour? Non, ça, c’est de la science-fiction pure! De nombreuses exoplanètes se situent

entre quelques dizaines et quelques centaines d’années-lumière de la Terre. Pour vous donner une idée, la Lune est à 1 seconde-lumière et il a fallu trois jours aux hommes pour s’y rendre. Imaginons une planète habitable à 30 années-­ lumière (soit 1 milliard de secondes-­ lumière): le voyage prendrait plusieurs millions d’années. Accélérer notre vaisseau à une vitesse proche de celle de la lumière? Impossible! Nous ne disposerons jamais de l’énergie suffisante pour propulser un tel engin spatial. Donc, qu’on le veuille ou non, l’homme est lié à la Terre, il n’y a pas de plan B. Nous n’avons pas d’autre choix que de prendre soin de notre planète. C’est quand même un peu frustrant, non? Evidemment, mais cela ne doit pas empêcher les astronomes de continuer à explorer l’Univers! Ni à nous tous de rêver. L’homme est un animal curieux. Ces recherches apporteront peut-être un jour une réponse à la grande question philo­ sophique de notre place dans l’Univers.

“The discovery of exoplanets raises the question of other inhabited worlds”

MICHEL MAYOR

Joint winner in 2019 of the Nobel Prize in Physics with his former doctoral student professor Didier Queloz, the honorary professor of astrophysics Michel Mayor keeps his feet firmly planted on Earth. But with our heads in the stars, we can all dream about these other worlds so very, very far away. – Interview by Elodie Maître-Arnaud

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n the mid-nineties, Michel Mayor and Didier Queloz discovered the first planet outside the solar system. It is thanks to the ELODIE spectrograph, and the precision of its measurements, that the two researchers were able to identify this stellar object. A year later, after confirming their observations, they revealed to the scientific community the existence of the exoplanet 51 Pegasi b, located 51 light years from Earth. Since then, more than 4,000 exoplanets have been identified. And in 2019, Michel Mayor and Didier Queloz jointly won the Nobel Prize in Physics for the discovery of 51 Pegasi b. Another recognition for Mayor, twelve years after having retired. The next step, in his view, will be the discovery of life beyond Earth. It’s difficult not to mention the current global situation. What do you as a scientist think about the health crisis we are going through?

Sadly, such a possibility had been foreshadowed for years. As a scientist, I have carefully read several studies to this effect. Now, like everyone else, I’m in the midst of this tsunami. Scientific interest has turned into practical interest. I’m stuck here, which means I’m totally available to answer your questions! You and Didier Queloz jointly won the Nobel Prize in Physics in December 2019. How did you feel about winning it? I obviously felt great pleasure, but I also feel very strongly that thousands of other physicists deserved it as much as we do. The recognition of our work rests above all on the gigantic impact of our discovery. Is this also a token of recognition for the Swiss scientific community? This award confirms that the framework conditions for research in Switzerland are good. If we look at the number of Nobel prizes awarded in Switzerland compared to


RENCONTRE

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the population, our country is in the top spot! This is due not only to the quality of the training, but also to the financial support for research – notably through the National Fund for Scientific Research. I would like to emphasize that we are granted great freedom in our country to conduct basic research without necessarily achieving profitability. Practical applications often come very long after. Twenty-five years have elapsed between your discovery of 51 Pegasi b and winning the Nobel Prize in Physics. Why such a long interval? On average, it takes 30 years between a discovery and winning a Nobel Prize. We are therefore rather ahead of time! The Nobel Committee must assess the validity of a discovery and especially its real impact – on astrophysics, in this case. What is this “gigantic impact” that you mentioned at the start of our interview? We opened a door. It is enough to see the number of people working today in this field of astrophysics. We were just a handful of astronomers 25 years ago! For researchers in the discipline, our work contributes to the knowledge of how planetary systems were formed. But the subject also concerns the general public because the discovery of exoplanets raises the question of other inhabited worlds. The vast majority of people, including scientists, want to know whether we are alone in the universe. By “we”, I mean all life, even in the form of extremely simple organisms like bacteria.   Can “discovering” an exoplanet make it possible to hypothesize about the presence of life elsewhere in the universe? Yes, and it’s actually quite simple! Among the exoplanets that we detect, some are at the right distance from their star (or sun, editor’s note). What I mean is that they are neither too hot nor too cold. However, the characteristic DNA of any living species is a very fragile molecule which needs an inter-

ADOBE STOCK – SIAN PROSSER (RAS)

Michel Mayor in six dates: 1942 1971 1984 1994 2007 2019

Born in Lausanne Defends his doctoral thesis on the spiral structure of galaxies Appointed professor of astrophysics at the University of Geneva Discovery, with Didier Queloz, of the first exoplanet (51 Pegasi b) Retires Nobel Prize in Physics, with Didier Queloz, for the discovery of 51 Pegasi b

mediate temperature, corresponding to the domain of liquid water. These conditions are not anthropomorphic – they are laid down by the laws of chemistry and physics. Obviously, the next question is whether, given these favourable conditions, life will emerge spontaneously. Is that the case? We do not know anything! But it is assumed that the laws of chemistry and physics are the same everywhere in the universe and, therefore, that the phenomenon of life would occur everywhere in the same way, as long as the conditions are good. In order to detect a possible presence of life there, astronomers look for biomarkers in the atmosphere of the planets which they discover; that is, anomalies that indicate that life is developing there. But if I understood correctly, you actually “see” these exoplanets... In the vast majority of cases – and you are right to point it out – we only detect exoplanets indirectly. One of the methods is the one we used with Didier Queloz: we observe the star and its speed changes, which allows us to deduce information about the planet which revolves around it. More recent techniques make it possible to observe the passage of a planet in front of its star. In reality, what we “see” is a decrease in the brightness of the star (like during an eclipse), which, to put it simply, gives us the radius of the planet in a given wavelength. By observing this phenomenon over several wavelengths, we can deduce the spectrum of the planet and, therefore, its chemical composition. We are looking for

molecules that reveal the presence of life, in particular oxygen, methane or nitrogen oxide. In other words, a set of clues. Assuming that some of these exoplanets are viable, will humans ever be able to set foot there? No, this is pure science fiction! Many exoplanets are between a few dozen and a few hundred light years from Earth. To give you an idea, the Moon is one light second away and it took men three days to get there. Imagine a habitable planet 30 light years away (or one billion light seconds). The journey would take several million years. It would be utterly impossible to accelerate our spacecraft to a speed close to that of light! We will never have enough energy to power it. So, whether we like it or not, humanity is bound to Earth – there is no plan B. We have no choice but to take care of our planet. It’s still a little frustrating, isn’t it? Obviously, but that should not prevent astronomers from continuing to explore the universe! We don’t just dream. Humans are curious animals. This research may one day provide an answer to the great philosophical question of our place in the universe.   R EG A R D S n °1 7  31


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L’Arc lémanique, hub de l’innovation mondiale Depuis deux décennies, la région se positionne comme un pôle mondial d’innovation et de technologie. Pourquoi ce succès?

JEAN REVILLARD/REZO.CH

– Texte Sven Jorganssen

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ls font partie du quotidien ou esquissent notre futur. Les capsules de café, les souris d’ordinateur ou encore l’avion solaire Solar Impulse sont autant d’innovations concrètes nées dans les centres d’excellence de l’Arc lémanique. Medtech, biotech, cleantech, robotique, intelligence artificielle ou encore technologies numériques: la liste des compétences dans la région est longue. Une concentration qui s’explique par la présence d’une quinzaine de hautes écoles et instituts de recherche de renommée internationale, couplée à un tissu économique diversifié et innovant. Cette proximité entre l’économie et la recherche académique a notamment permis l’émergence et l’émancipation de

plusieurs parcs d’innovation. Un savoir-faire qui place l’Arc lémanique à la 4e place du classement mondial en la matière, selon des critères de qualité, de quantité et de dynamisme. DES LIENS FORTS AVEC LE TISSU ÉCONOMIQUE LOCAL

En tant que laboratoire d’idées et d’innovation, l’Arc lémanique est un exemple pour la Suisse et l’étranger. Depuis vingt ans, la région affiche une croissance insolente. Le canton de Vaud, qui concentre une grande partie de cet écosystème, a ainsi vu son PIB augmenter de 40% entre 2000 et 2015 – deux fois plus que l’Union européenne. Les Universités de Lausanne et Genève ainsi que l’Ecole polytechnique fédérale de

Nobel, têtes chercheuses et pionniers Solange Peters La cheffe du Service d’oncologie médicale du CHUV est à la pointe dans les recherches sur l’immuno­thérapie. Solange Peters se distingue également par ses combats. D’abord contre le cancer, mais aussi contre l’iniquité dans l’accès aux soins, le manque de transparence et la hausse du prix des médicaments. Elle milite notamment pour une adaptation du système de santé suisse.

Jacques Dubochet Figure médiatique des luttes contre le changement climatique, le chercheur vaudois de 78 ans a reçu le Prix Nobel de chimie en 2017 pour ses recherches sur la cryo-microscopie électronique, une technique d’imagerie biomoléculaire révolutionnaire qui permet de révéler les secrets des mécanismes biologiques. Et donc de la vie.

Michel Mayor et Didier Queloz L’astrophysicien et l’astronome suisses ont reçu conjointement le Prix Nobel de physique en 2019 pour la découverte d’une exoplanète en orbite autour d’une étoile de type solaire. Leurs travaux ont contribué à une nouvelle compréhension de la structure et de l’histoire de l’Univers, changeant à jamais nos conceptions du monde.

Bertrand Piccard L’ADN depuis trois générations de ce médecin et explorateur le destinait à sortir des sentiers battus. A l’origine du projet d’avion Solar Impulse, il a réalisé, en relais avec André Borschberg, le premier tour du monde à l’énergie solaire entre 2015 et 2016. A l’issue de cet exploi largement médiatisé, ils lancent l’Alliance mondiale pour les technologies propres.

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Lausanne (EPFL) ont plus que doublé leurs effectifs et regroupent aujourd’hui un tiers des étudiants en Suisse et toujours plus d’étudiants venus de l’étranger. La région attire à elle seule 34% du total des fonds de recherche externes et 43% des fonds alloués par l’Union européenne aux institutions suisses. Mais la présence de pôles de recherches et d’études d’excellence ne fait pas tout. La force d’innovation de l’Arc lémanique réside aussi dans le fait d’avoir su tisser des liens étroits entre le monde académique et l’économie. Et ce, notamment grâce à son soutien aux start-up. A titre d’exemple, la moitié des investissements (venture capital) consentis entre 2013 et 2017 aux jeunes pousses prometteuses en Suisse l’ont été dans la région. Soit le double de ceux accordés dans le canton de Zurich, poumon économique de la Confédération. Un dynamisme qui a également donné un coup d’accélérateur à des pôles d’innovation d’excellence existants, tels que le CERN à la frontière franco-suisse ou le Wyss Center – spécialisé dans les neurosciences – ou le Campus Biotech à Genève. TRANSDISCIPLINARITÉ

Ce dynamisme attire dans son sillage les multinationales et les PME de pointe de la région. Dans les domaines des sciences de la vie et de la recherche médicale, autour desquels gravitent plus de 400 entreprises et autant de laboratoires, citons les licornes MindMaze (solutions de réalité virtuelle et augmentée pour les victimes d’AVC) ou encore Sophia Genetics, dont les tests décortiquent et analysent les informations moléculaires des patients. Le Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV) joue lui aussi un rôle central dans cet écosystème de l’innovation. Centre de soins, de formation et de recherche, il développe également d’ambitieux projets transdisciplinaires, à l’instar de NeuroTech, une plateforme unique en Europe consacrée à l’évaluation de l’impact des objets connectés médicaux. L’établissement se positionne également à la pointe dans le domaine de l’onco­ logie, et plus particulièrement dans l’immunothérapie. Le Swiss Cancer Center Léman, à Lausanne, est d’ailleurs l’un des principaux pôles de la recherche suisse en la matière, grâce notamment à une union inédite entre le CHUV, les Hôpitaux universitaires de Genève, les Université de Lausanne et Genève, l’EPFL, l’Institut Ludwig pour la recherche sur le cancer et la Fondation ISREC. Plus de 300 chercheurs et cliniciens se côtoient ainsi pour innover dans le domaine des sciences de la vie.

ADOBE STOCK

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tir le plus de fluidité et de réactivité possible. Il nous manquait parfois dans le passé un zeste de goût du risque, mais le nombre de start-up montre aujourd’hui que ces craintes sont dépassées! La Suisse se hisse au top des classements internationaux en matière d’innovation. Or, elle est davantage perçue comme un «Heidiland» que comme un «Hightechland». Pourquoi? Peut-être parce que notre fromage est trop bon! La force de nos clichés positifs laisse parfois peu de place à d’autres aspects moins spectaculaires. Cela tient aussi à la forme de notre innovation: aux yeux du grand public, elle doit être incarnée dans des produits ou des projets très visibles. A l’exception de quelques entreprises, comme Swatch ou Logitech, «notre» innovation est souvent dans la recherche fondamentale, ou embarquée dans des produits associés à d’autres pays, comme des voitures allemandes ou des avions américains. Notre défi est donc de faire savoir que nombre de produits iconiques ne fonctionneraient pas sans la Suisse!

«La dose de talent au mètre carré est hallucinante» Nicolas Bideau, directeur de Présence Suisse, promeut l’image du pays partout dans le monde. Le diplomate met l’accent sur la recherche et l’innovation helvétiques.

MASSIMO PEDRAZZINI

– Propos recueillis par Sven Jorganssen

Quel regard portez-vous sur l’écosystème de l’innovation suisse et lémanique? Depuis que nous avons lancé notre campagne #SwissTech, qui vise à promouvoir nos forces dans le domaine de l’innovation, je suis impressionné par la variété des projets. La dose de talent au mètre carré est hallucinante: deux des meilleures

écoles polytechniques du monde, des projets européens majeurs dans la recherche médicale et la biotech, un pôle de compétence mondial en robotique, etc. Impossible de tout citer! Et difficile de définir la recette miracle, si ce n’est une collaboration extrêmement forte entre les secteurs académique, privé et étatique, pour garan-

Petit pays, mais gros cerveaux, la Suisse a-t-elle les moyens de régater face à la Chine ou aux Etats-Unis? Tout dépend comment vous définissez le terme «régater»! En termes de volume, les défis ne sont bien entendu pas les mêmes. Par contre, proportionnellement, nous sommes souvent en tête des indicateurs. Nos hautes écoles font partie des meilleures du monde de manière absolue. La combinaison entre notre force d’innovation et notre taille raisonnable nous permet de collaborer avec tout le monde, sans enjeu géopolitique. La preuve? Le nombre de produits avec une composante suisse. C’est l’effet «Swiss inside»: un label de qualité et de performance. Quels sont les points forts et les points faibles de la Suisse en matière d’innovation? Au-delà des forces de l’écosystème évoquées précédemment, je pense qu’il y a un savoir-faire particulier à la Suisse, lié à la fois à notre histoire et à notre multiculturalisme: nous sommes des agrégateurs pragmatiques à haute valeur ajoutée. La Suisse sait plus que les autres coordonner des projets complexes avec de nombreux acteurs. Notre tradition d’ingénierie s’appuie sur ce savoir-faire pour apporter une valeur ajoutée, même quand nous n’en sommes pas à l’origine. Quant aux points faibles, je dirais la petite taille de notre marché et la difficulté d’attirer des investisseurs pour nos jeunes pousses hors des secteurs classiques de Suisse, comme la finance ou la pharma.   R EG A R D S n °1 7  35


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The Lake Geneva region global innovation hub For two decades, the region has positioned itself as a global hub of innovation and technology. Why this success? – Text Sven Jorganssen

STRONG LINKS WITH THE LOCAL ECONOMIC FABRIC

As a laboratory of ideas and innovation, the Lake Geneva region is a model for Switzerland and abroad. For twenty years, the region has shown incredible growth. The canton of Vaud, where a large part of this ecosystem is concentrated, saw its GDP increase by 40 percent between 2000 and 2015 – twice as much as the European Union. The Universities of Lausanne and Geneva, as well as the Swiss Federal Institute 36  RE GA R D S n° 1 7

Nobel pioneering researchers Solange Peters The Chair of Medical Oncology at CHUV is at the forefront of immunotherapy research. Solange Peters is also renowned for her campaigns, not only against cancer but also against inequality in access to healthcare, lack of transparency, and the hike in the price of medicines. She especially advocates for an overhaul of the Swiss health system. Jacques Dubochet A media figure in the fight against climate change, the retired Swiss biophysicist received the Nobel Prize in Chemistry in 2017 for his research on cryo-electron microscopy, a revolutionary biomolecular imaging technique that reveals the secrets of biological mechanisms – and therefore life. Michel Mayor and Didier Quéloz Mayor the astrophysicist and Quéloz the astronomer, both Swiss, jointly received the Nobel Prize in Physics in 2019 for their discovery of an exoplanet in orbit around a solar-type star. Their work has contributed to a new understanding of the structure and history of the universe, forever changing our view of the world. Bertrand Piccard With a DNA going back three generations, the psychiatrist and aviator was destined to think innovatively. Initiator of the Solar Impulse experimental solar-powered aircraft project, he was co-pilot, with André Borschberg, of the first round-theworld solar-powered flight between 2015 and 2016. At the end of this widely publicized exploit, they launched the World Alliance for Clean Technologies.

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hey are part of our daily lives or outline our future. Coffee capsules, computer mice and the Solar Impulse experimental solar-powered aircraft are all concrete innovations born in the Lake Geneva region’s centres of excellence. Medtech, biotech, cleantech, robotics, artificial intelligence or even digital technologies – the region’s list of skills is long. A concentration explained by the presence of about fifteen internationally renowned universities and research institutes, coupled with a diversified and innovative economic fabric. This proximity between the economy and academic research has notably enabled the emergence and growth of several innovation parks. A know-how that places the Lake Geneva region fourth in the world rankings in this area, according to criteria of quality, quantity and dynamism.


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of Technology in Lausanne (EPFL), have more than doubled their enrolment and today bring together a third of students in Switzerland and an increasing number of students from abroad. The region alone attracts 34 percent of the total external research funds and 43 percent of the funds allocated by the European Union to Swiss institutions. But the presence of centres of research and learning excellence is only part of the story. The Lake Geneva region’s innovative strength lies in its ability to forge close links between the academic world and the economy, particularly through its support for start-ups. For example, half of the venture capital investments made between 2013 and 2017 in promising start-ups in Switzerland were made in this region –

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double that of Zurich, the Confederation’s economic lung. This dynamism has also given a boost to existing centres of innovation excellence, such as CERN on the French-Swiss border, or the Wyss Center – specializing in neuroscience – and Campus Biotech in Geneva. TRANSDISCIPLINARITY

This dynamism attracts multinationals and high-end SMEs from the region in its wake. Among the more than 400 companies and as many laboratories active in the field of life sciences and medical research, we can mention MindMaze with its virtual and augmented reality solutions for stroke victims, or Sophia Genetics whose trials probe and analyse patients’ molecular information. The Lausanne University Hospital (CHUV)

also plays a central role in this innovation ecosystem. This care, training and research centre also develops ambitious transdisciplinary projects, such as NeuroTech, a unique platform in Europe dedicated to evaluating the impact of digital health technologies. CHUV is also at the forefront in the field of oncology, and more particularly in immunotherapy. The Swiss Cancer Center Léman in Lausanne is one of the main centres of Swiss research in this area, thanks in particular to an unprecedented alliance between CHUV, the Geneva University Hospitals, the Universities of Lausanne and Geneva, EPFL, the Ludwig Institute for Cancer Research and the ISREC Foundation. Over 300 researchers and clinicians work together to innovate in the field of life sciences.

“The amount of talent per square metre is mind-blowing” Nicolas Bideau, director of Presence Switzerland, promotes the country’s image all over the world. The diplomat focuses on Swiss research and innovation. – Interview by Sven Jorganssen

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What is your view of the innovation ecosystem in Switzerland and the Lake Geneva region? Since we launched our #SwissTech campaign, which aims to promote our strengths in the field of innovation, I have been impressed by the variety of projects. The amount of talent per square metre is mind-blowing: two of the best technology institutes in the world, major European projects in medical research and biotech, a global centre of expertise in robotics, etc. Impossible to name all of them! And difficult to define the miracle formula, if it is not an extremely strong collaboration between the academic, private and state sectors, to guarantee the most fluidity and responsiveness possible. We were sometimes afraid to take risks in the past, but the number of start-ups today shows that we have overcome our fear! Switzerland has risen to the top of the international innovation rankings. However, it is viewed more as “The land of Heidi” than “The land of High-Tech.” Why is that? Maybe because our cheese is too good! The strength of our positive stereotypes sometimes leaves little room for other less spectacular aspects. It also has to do with

pete”! In terms of volume, the challenges are naturally not the same. However, we are often proportionally at the top of the indicators. Our universities are absolutely among the best in the world. The combination of our innovative strength and our reasonable size allows us to collaborate with everyone, without any geopolitical concerns. The proof lies in the number of products with a Swiss component. This is the “Swiss inside” effect: a label of quality and performance. the form that our innovation takes: in the eyes of the general public, it must be embodied in highly visible products or projects. With the exception of a few companies, such as Swatch and Logitech, “our” innovation is often in basic research, or embedded in products associated with other countries, such as German cars or American planes. Our challenge is therefore to make it known that a number of iconic products would not function without Switzerland! Small country, but great intellect. Does Switzerland have the means to compete with China and the United States? It all depends on how you define “com-

What are Switzerland’s strengths and weaknesses in terms of innovation? Beyond the ecosystem strengths I mentioned, I think that there is a particular know-how in Switzerland linked to both our history and multiculturalism: we are pragmatic aggregators with high added value. Switzerland knows more than anyone else how to coordinate complex projects with numerous players. Our engineering tradition is based on this know-how to bring added value, even when we are not the source. As for our weaknesses, I would say the small size of our market and the difficulty in attracting investors for our start-ups outside Switzerland’s traditional sectors such as finance or the pharmaceutical industry.   R EG A R D S n °1 7  37


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E4S

Un laboratoire pour l’économie du futur L’IMD s’allie à l’Université et à l’Ecole polytechnique de Lausanne pour créer un centre où seront formés les cadres de demain. Mission principale: faire entrer le management dans l’ère de la durabilité. – Texte Sven Jorganssen

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C’

est une alliance naturelle, mais pionnière par son approche inter­disciplinaire et transversale. Fin 2019, la Haute Ecole de management (IMD), l’Université de Lausanne (UNIL) – à travers sa faculté des Hautes Etudes commerciales (HEC) –, et l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) ont uni leurs forces dans la création d’un centre de compétences unique: The Enterprise for Society Center, ou E4S. Unique, parce que ce regroupement d’envergure vise à former les managers du futur, c’est-à-dire en phase avec les enjeux écologiques, tant dans la gestion d’entreprise que dans la résolution des défis technologiques. RÉINVENTER LE CAPITALISME

Co-dirigé par Jean-Pierre Danthine (EPFL), ex-vice-président de la Banque nationale suisse, Jean-Philippe Bonardi (doyen HEC) et Albrecht Anders (IMD), ce centre de compétences est un coup de pied dans la


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Printemps Eté – Spring Summer 2020

Il est indispensable de faire évoluer l’ancien modèle en y intégrant la donne technologique et les nombreux défis liés au changement climatique.

ADOBE STOCK

fourmilière. Il tord le coup au «capitalisme à la papa» tel qu’il est enseigné depuis des décennies dans les plus prestigieuses écoles de commerce et de management dans le monde. Pourquoi cette (r)évolution? Parce qu’il est désormais indispensable de faire évoluer l’ancien modèle en y intégrant la donne technologique et les nombreux défis liés au changement climatique. «Nous avions l’idée d’adresser deux questions essentielles: celle des changements autour des technologies numériques et celle de la durabilité», explique Jean-Philippe Bonardi. «Plus on a commencé à travailler sur ces questions, plus on a pris conscience que les changements à venir allaient être beaucoup plus importants.» E4S œuvre ainsi à la réinvention du capitalisme et du management de demain.

économique et sociale assez différente de celle connue par le passé.» C’est pour cette raison bien précise que les trois entités ont décidé de réunir leurs compétences. E4S compte donc profiter de la proximité géographique entre l’IMD, l’UNIL et l’EPFL pour démultiplier les échanges et les transferts de compétences complémentaires. L’EPFL apportera ainsi son expertise dans les technologies et l’ingénierie. L’UNIL assumera le volet durabilité, tout en contribuant avec ses nombreux projets de recherche et d’enseignement dans l’économie. Quant à l’IMD, elle confiera au projet son réseau, son accès aux grandes entreprises et ses compétences en management. Selon le doyen de la faculté HEC, le centre E4S prouve que le milieu académique de l’Arc lémanique est capable de soutenir des dynamiques collaboratives qui ont un impact réel sur la société. C’est déjà le cas dans la recherche sur le cancer, avec la mise en commun des travaux de plusieurs centres de compétences (lire page 34). La nouvelle entité E4S réitère des partenariats éprouvés. L’IMD, l’EPFL et l’UNIL ont chacune investi 300 000 francs dans la première phase de ce projet. La deuxième phase verra le jour en septembre 2021, avec le lancement d’un master en management durable et technologie, qui fera intervenir des experts issus des trois entités.

TRANSFERT DE COMPÉTENCES

UNE ÈRE D’EXPÉRIMENTATIONS COLLABORATIVES

Jean-Philippe Bonardi ajoute: «Nous nous dirigeons vers une forme d’organisation

Avec cette nouvelle offre, le centre de compétences entend concurrencer les

plus célèbres écoles de management du monde entier. A l’instar de certains établissements londoniens ou parisiens qui, malgré leur prestige, n’ont jusqu’à présent pas su intégrer la durabilité et la technologie dans leur cursus. Or, rappelle le comité de direction de E4S, c’est devenu crucial. Et la crise du Covid-19 lui donne raison: «Elle nous permet de nous arrêter sur un certain nombre de pratiques, d’outils et de comportements que l’on remet en question pour en inventer de nouveaux», constate Jean-Philippe Bonardi. «Cette crise permet l’expérimentation et inaugure pour les entreprises, comme pour la société civile, une phase d’apprentissage.» Cette diversité des approches se reflétera dans le profil des futurs étudiants, issus tant de l’économie que de l’ingénierie. Tous seront systématiquement appelés à travailler en groupe. Du machine learning à la robotique (le futur de la production) en passant par les sciences de la vie, le changement climatique, l’énergie et la cybersécurité, les futurs managers seront ainsi exposés aux grandes évolutions technologiques. Outre l’enseignement, E4S mise sur la recherche, avec une approche visant à appliquer rapidement de nouvelles idées au monde de l’économie. Plusieurs projets ont d’ores et déjà été retenus, et le centre peut s’appuyer sur un écosystème de start-up. L’Arc lémanique brille déjà par son terreau fertile d’innovation. E4S prouve que la région est capable d’aller encore plus loin par la mise en résonance d’un savoir-faire commun.   R EG A R D S n °1 7  39


FOCUS

Printemps Eté – Spring Summer 2020

E4S

A laboratory for the economy of the future IMD has joined forces with the University and the Swiss Federal Institute of Technology in Lausanne to create a centre where future executives will be trained. Main objective: to bring management into the era of sustainability. – Text Sven Jorganssen

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t is a natural alliance, but a pioneer through its interdisciplinary and transversal approach. At the end of 2019, the International Institute for Management Development (IMD), the University of Lausanne (UNIL) – through its Faculty of Business and Economics – and the Swiss Federal Institute of Technology in Lausanne (EPFL) joined forces in the creation of a unique centre of expertise: The Enterprise for Society Centre, or E4S. Unique, because this large-scale merger aims to train managers of the future, i.e., managers who will be in sync with ecological issues, both in business management and in solving technological challenges.

REINVENTING CAPITALISM

SKILLS TRANSFER

Jean-Philippe Bonardi adds: “We are moving towards a form of economic and social organization quite different from that experienced in the past.” It is for this very specific reason that the three entities have decided to combine their skills. E4S therefore intends to take advantage of the geographic proximity between IMD, UNIL and EPFL to increase the exchange and transfer of complementary skills. EPFL will thus provide its expertise in technology and engineering; UNIL will take on the sustainability component, while contributing with its many research and teaching projects in the economy; and IMD will bring its network, its access to large companies, and its management skills. According to the Dean of the Faculty of Business and Economics, the E4S centre proves that the Lake Geneva region’s academic environment is capable of supporting collaborative dynamics that have a real impact on society. This is already the case in cancer research with the pooling of work from several centres of expertise (see page 36). The new E4S entity reiterates proven partnerships. IMD, EPFL and UNIL each invested 300,000 francs in the first phase of this project. The second phase will take shape in September 2021 with the launch of a master’s degree in sustainable management and technology, which will involve experts from the three entities.

AN ERA OF COLLABORATIVE EXPERIMENTATION

With this new project, E4S intends to compete with the world’s most famous management schools such as some establishments in London or Paris which, despite their prestige, have so far failed to integrate sustainability and technology into their curriculum – a crucial requirement today, the E4S executive committee points out. And the Covid-19 crisis proves them right: “It allows us to focus on a certain number of practices, tools and behaviours that we question in order to invent new ones”, Jean-Philippe Bonardi notes. “This crisis allows experimentation and ushers in a learning phase for businesses and civil society.” This diversity of approaches will be reflected in the profile of future students from both economics and engineering. All will be systematically called to work in groups. From machine learning and robotics (the future of production) to life sciences, climate change, energy and cybersecurity, future managers will be exposed to major technological developments. Besides teaching, E4S focuses on research with an approach aimed at quickly applying new ideas to the world of economics. Several projects have already been selected, and the centre can rely on an ecosystem of start-ups. The Lake Geneva region already shines with its fertile conditions for innovation. E4S proves that the region is capable of going even further by tapping into shared expertise.

ADOBE STOCK

Co-directed by Jean-Pierre Danthine (EPFL), former vice-president of the Swiss National Bank, Jean-Philippe Bonardi (Dean of HEC) and Albrecht Anders (IMD), this centre of expertise is stirring up a hornet’s nest. It debunks “sugar daddy capitalism” as it has been taught for decades in the world’s most prestigious business and management schools. Why this (r)evolution? Because it is now essential to develop the old model by integrating the technological order and the many challenges linked to climate change. “We wanted to address two fundamental questions: first, the changes occurring in digital technologies and, second, sustainability,” Jean-Philippe Bonardi explains. “The more we worked on answering these questions, the more we realized that the changes ahead of us

were going to be much more significant.” E4S is thus working to reinvent the capitalism and management of tomorrow.

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FOCUS

Printemps Eté – Spring Summer 2020

EPFL + ECAL LAB

Donner du sens à l’innovation L’EPFL + ECAL Lab est à la croisée des chemins entre la science et le design. Ce laboratoire d’idées et d’objets est le fruit d’une alliance inédite entre l’Ecole cantonale d’art de Lausanne (ECAL) et l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL). – Texte Sven Jorganssen

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n treize ans d’existence, le Lab, fondé et dirigé par Nicolas Henchoz, a su tisser un réseau international d’exception qui favorise la cocréation transdisciplinaire. L’enjeu de l’EPFL + ECAL Lab? Mettre de la chair autour des innovations en leur donnant du sens, notamment en questionnant leur appropriation dans la vraie vie. Son directeur abhorre «l’innovation gadget» et insiste sur cette prise du réel. «La recherche investit beaucoup dans les technologies, mais elle travaille peu sur leurs usages», souligne Nicolas Henchoz. «Une innovation, c’est une invention qui implique une adoption.» Le Lab explore ainsi le potentiel des technologies afin de les convertir en expériences vécues. Ancien journaliste scientifique, Nicolas Henchoz illustre ici cette démarche: «Prenons l’exemple de la réalité augmentée. Elle apporte une information visuelle autour d’un objet physique. Mais quels sont les contenus qui vont avoir du sens? Quels sont les langages visuels appropriés? Comment le public peut-il s’approprier cette technologie? En répondant à ces questions, nous permettons à des technologies de trouver un marché et des usages.» Et 42  RE GA R D S n° 1 7

c’est en cherchant à mesurer l’impact sociétal et social de l’innovation que l’EPFL + ECAL Lab fait figure de pionnier. Une approche qui nécessite de casser les barrières techniques et culturelles entre les disciplines.

«Vous êtes soit dans la culture, soit dans les arts, soit dans la technique; mais lorsque vous êtes tout cela à la fois, cela peut être compliqué.» Le défi pour le Lab consiste ainsi à «évangéliser» tous les secteurs à cette approche unique.

DÉFINIR UN LANGAGE COMMUN

DES PROJETS À FOISON

Le Lab intègre ainsi tant des ingénieurs que des designers, des architectes et des psychologues. «Tous sont à la fois créatifs et dotés d’un raisonnement logique, mais avec des approches différentes», explique le directeur. «Notre principal défi est de définir un langage commun. C’est un travail de longue haleine sur l’usage des technologies, qui ne se résout pas à l’issue de trois séances de design thinking.» Les acteurs du Lab ont ainsi développé une nouvelle méthodologie, capable à la fois de produire des prototypes concrets et de développer des connaissances solides sur les questions liées à la perception humaine. Cette approche implique de vrais utilisateurs, et demande donc du temps pour faire des observations utiles. Et Nicolas Henchoz de souligner que les projets du Lab ne correspondent souvent pas aux structures traditionnelles en place:

Parmi les nombreux projets développés, citons «Solidarity Network», pour lequel le Lab a notamment collaboré avec Pro Senectute, fondation suisse au service des seniors, sur la perception du numérique par les différentes générations. Ou encore «Food Talks», une réflexion sur la façon dont la réalité augmentée peut être utilisée pour améliorer les informations sur les aliments. Avec «Massive is Light», le Lab s’est interrogé sur le sens et la compréhension de la visualisation des mégadonnées (Big Data). Dans un autre domaine, les équipes transdisciplinaires se sont penchées sur les solutions permettant la valorisation des patrimoines numérisés à travers «Montreux Jazz Heritage Lab». Ce projet a donné lieu à une exposition immersive au Montreux Jazz Café situé au cœur d’ArtLab, un bâtiment dédié à la science et à la culture sur le campus de l’EPFL.


FOCUS

Printemps Eté – Spring Summer 2020

Ci-dessus: Roger Tallon: Archives in motion Une expérience immersive au Musée des arts décoratifs (Paris).

ARTHUR TOUCHAIS – CALYPSOMAHIEU

A gauche: Food Talks Un projet pour étudier l’expérience consommateur globale autour de l’étiquetage des aliments.

Above: Roger Tallon: Archives in motion An immersive experience at the Musée des arts décoratifs (Paris). On the left: Food Talks A project to investigate the global user experience around food labelling.

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Printemps Eté – Spring Summer 2020

Giving meaning to innovation The EPFL + ECAL Lab stands at the crossroads between science and design. This laboratory of ideas and objectives is the fruit of an unprecedented alliance between the Lausanne Cantonal Art School (ECAL) and the Swiss Federal Institute of Technology in Lausanne (EPFL). – Text Sven Jorganssen

F

ounded and directed by Nicolas Henchoz, the lab has in its thirteen-year existence built up an exceptional international network which promotes transdisciplinary co-creation. The challenge facing the EPFL + ECAL Lab is to add substance to innovations by giving them meaning, in particular by questioning their use in real life. Its director abhors “gadget innovation” and insists on dealing with reality. “Research invests a lot in technologies, but seldom works on their applications”, Nicolas Henchoz points out. “An innovation is an invention that requires adoption.” The lab thus explores the potential of technologies in order to convert them into lived experiences. A former science journalist, Nicolas Henchoz gives an illustration of this approach: “Take the example of augmented reality. It provides visual information around a physical object. But what content will make sense? What are the appropriate visual languages? How can the public get to grips with this technology? By answering these questions, we allow technologies to find a market and applications.” And the EPFL + ECAL Lab is a pioneer when it comes to measuring the societal and social impact of innovation. An approach that requires breaking down technical and cultural barriers between disciplines.

Ci-dessus: Montreux Jazz Heritage Lab 50 ans d’archives audiovisuelles du Festival dans une installation immersive. A gauche: Solidarity Network Un outil pour mettre les nouvelles technologies au service du lien social entre les seniors.

DEFINING A COMMON LANGUAGE

The lab thus includes engineers, designers, architects and psychologists. “All of them are both creative and blessed with logical reasoning, but with different approaches”, the director explains. “Our main challenge is to define a common language. This is a long-term job on the use of technology, which can’t be resolved after three sessions of design thinking.” The lab’s stakeholders have thus developed a new methodology, capable of both producing concrete prototypes and developing solid knowledge on matters related to human perception. This approach involves actual users, and therefore requires time to make useful observations. And Nicolas Henchoz em44  RE GA R D S n° 1 7

phasizes that the lab’s projects often do not correspond to existing traditional structures: “You are involved either in culture, the arts or in technology; but when you are involved in all three at once, it can be complicated.” The challenge for the lab is therefore to “convert” all sectors to this unique approach. PROJECTS GALORE

Among the lab’s many projects is “Solidarity Network”, a collaboration with Pro Senectute (Editor’s note: a Swiss organization serving the elderly) that looks at how

different generations perceive digital technology. Or “Food Talks”, which looks at how augmented reality can be used to improve information about food. With “Massive is Light”, the lab questioned the meaning and understanding of the visualization of big data. In “Montreux Jazz Heritage Lab”, the transdisciplinary teams examined solutions that maximize the value of digital heritage. This project led to an immersive exhibition at the Montreux Jazz Café located in the heart of Artlab, a building dedicated to science and culture, on the EPFL campus.

JOËL TETTAMANTI – ANOUSH ABRAR

Above: Montreux Jazz Heritage Lab Fifty years of audiovisual archives of the Festival in an immersive installation. On the left: Solidarity Network A tool for implementing new technologies that promotes the social bond between seniors.


IMAGINONS ENSEMBLE UN MAGAZINE QUI VOUS RESSEMBLE

NOUS RÉALISONS LE MAGAZINE REGARDS DEPUIS 2012 MERCI À SANDOZ FOUNDATION HOTELS ET À LA BANQUE LANDOLT & CIE SA POUR LEUR CONFIANCE

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Printemps Eté – Spring Summer 2020

Parmigiani Fleurier décroche la lune Parmigiani Fleurier a imaginé une montrebracelet à calendrier perpétuel hégirien. Une première mondiale, inspirée d’une montre de poche présentant un calendrier en arabe, restaurée dans les ateliers de la marque horlogère. – Texte Elodie Maître-Arnaud et Parmigiani Fleurier

misphère Nord, et celle de la Croix du Sud, visible dans l’hémisphère Sud. Aucun élément de la montre n’est en or: la boîte, la masse oscillante ou encore la boucle sont en effet en platine. Chaque détail a été minutieusement réfléchi et l’esthétique de la montre fait référence à l’architecture arabe. Les ponts, qui maintiennent le calendrier en place, adoptent ainsi la forme de lunes crois-

Un calendrier réellement perpétuel L’Hégire, c’est-à-dire l’émigration du prophète Mahomet de La Mecque à Médine en 622, correspond au point de départ du calendrier, dit hégirien, utilisé dans le monde musulman. Fondé sur les cycles de la Lune, ce calendrier compte douze mois lunaires de 29 ou 30 jours, soit 354 ou 355 jours par année. Une année hégirienne (ou lunaire) est ainsi plus courte de 10 à 12 jours qu’une année grégorienne (ou solaire). Ceci explique notamment que Ramadan (le neuvième mois) se décale chaque année du point de vue du calendrier grégorien, alors que ce mois est bel et bien fixe du point de vue du calendrier hégirien. Dans le calendrier hégirien, lorsque le dernier mois de l’année compte 29 jours, l’année est dite commune; quand ce mois compte 30 jours, elle est dite abondante. Années communes et années abondantes s’intercalent par cycles de 30 ans, avec 11 années abondantes et 19 années communes. Ainsi, contrairement aux montres à calendrier grégorien qui, bien que qualifié de «perpétuel» nécessite trois corrections manuelles tous les 400 ans, ce calendrier hégérien est réellement perpétuel, puisqu’il ne demande aucune correction manuelle.

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sante et décroissante, ainsi que celle du Rub el Hizb, un symbole islamique composé de deux carrés superposés. Equipée d’un bracelet alligator Hermès cousu main noir, la Tonda Hijri Perpetual Calendar peut être personnalisée, notamment sertie, de façon à créer une pièce unique. CULTURE ET INNOVATION

Le développement original de la Tonda Hijri Perpetual Calendar remonte à 1993, lorsque Michel Parmigiani se voit confier la restauration d’une montre de poche à calendrier hégirien simple. Le maître horloger a également travaillé sur une montre de poche datant de la fin XVIIIe – début XIXe, qui présentait un calendrier solaire traduit en arabe. Inspiré du passé, il imagine alors une montre de table à calendrier hégirien, présentée en 2011. Il s’agit d’une première mondiale, aucun calendrier lunaire opérant de façon perpétuelle n’ayant jusqu’alors été dessiné. Incarnation unique de la culture arabe et de la haute horlogerie, la Tonda Hijri Perpetual Calendar de Parmigiani Fleurier illustre aujourd’hui avec brio le haut niveau d’innovation et l’expertise manufacturière pour lesquels la maison est célèbre.

PARMIGIANI FLEURIER

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a Tonda Hijri Perpetual Calendar est un garde-temps d’un diamètre de 44,5 mm à boîtier de platine et cadran ardoise. La montre est dotée d’une réserve de marche de plus de 48 heures. Elle indique la date et le nom du mois en calligraphie arabe, ainsi que la longueur du mois dans un guichet. Elle permet également de distinguer les années abondantes et les années communes, toujours en calligraphie arabe (lire l’encadré), tandis que Ramadan – le neuvième mois du calendrier hégirien – est indiqué en brun. La phase de la lune est affichée sur un ciel d’aventurine où l’on peut reconnaître deux constellations, celle de la Grande Ourse, visible dans l’hé-


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Printemps Eté – Spring Summer 2020

A truly perpetual calendar

Parmigiani Fleurier does the impossible Parmigiani Fleurier has designed a Hijri Perpetual Calendar wristwatch. A world first, inspired by the restoration of a pocket watch with an Arabic calendar. – Text Elodie Maître-Arnaud and Parmigiani Fleurier

PARMIGIANI FLEURIER

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he Tonda Hijri Perpetual Calendar is a 44.5 mm-diameter timepiece with a platinum case and slate-grey face. The watch has more than 48 hours of reserve power. It shows the time and date in Arabic numerals, as well as the name and the length of the months in Arabic calligraphy. One can also tell the difference between the abundant years and the common years, in Arabic calligraphy as well (see box), while Ramadan – the ninth month of the Hijri calendar – is indicated in brown. The phase of the moon is displayed on a blue aventurine sky where one can recognize two constellations: the Big Bear visible in the northern hemisphere, and the Southern Cross visible in the southern hemisphere. The

watch contains no gold components – the case, oscillating weight and buckle are crafted in platinum. Every detail has been painstakingly thought out and the aesthetics of the watch refer to Arab architecture. The bridges, which hold the calendar in place, accordingly take the form of waxing and waning moons as well as of the Rub el Hizb, an Islamic symbol composed of two superimposed squares. Fitted with a black hand-stitched Hermès alligator strap, the Tonda Hijri Perpetual Calendar can be personalized, in particular the bezel, to create a unique piece. CULTURE AND INNOVATION

The original development of the Tonda Hijri Perpetual Calendar dates back to

The Hegira, meaning the migration of the prophet Muhammad from Mecca to Medina in 622, corresponds to the starting point of the Islamic, or Hijri, calendar used in the Muslim world. Based on the cycles of the moon, this calendar has twelve lunar months of 29 or 30 days, or 354 or 355 days per year. A Hijri (or lunar) year is therefore 10 to 12 days shorter than a Gregorian (or solar) year. This explains in particular why Ramadan (the 9th month) shifts every year from the point of view of the Gregorian calendar but is fixed from the point of view of the Hijri calendar. In the Hijri calendar, when the last month of the year has 29 days, the year is said to be common; when this month has 30 days, the year is said to be abundant. Common years and abundant years are intercalated in 30-year cycles, with 11 abundant years and 19 common years. Thus, unlike watches with a Gregorian calendar which, although described as “perpetual”, requires three manual corrections every 400 years, this Hijri Calendar is truly perpetual since it requires no manual correction.

1993, when Michel Parmigiani was entrusted with the restoration of a pocket watch with a simple Hijri calendar. The master watchmaker also worked on a pocket watch dating from the end of the 18th–beginning of the 19th centuries, producing a solar calendar translated into Arabic. Inspired by the past, he then developed a table clock with Hijri calendar. Presented in 2011, this was a world first – no perpetually operating lunar calendar had been designed until then. A unique embodiment of Arab culture and fine watchmaking, the Tonda Hijri Perpetual Calendar by Parmigiani Fleurier today brilliantly illustrates the high level of innovation and manufacturing expertise for which the house is famous.   R EG A R D S n °1 7  47


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Printemps Eté – Spring Summer 2020

Le paradis est au bord du lac de Neuchâtel RÊVER AU RYTHME DES VAGUES

Au Palafitte, le luxe s’exprime en harmonie avec la nature. Dans les chambres baignées de lumière, le bois et les tons bleu, gris et vert évoquent le pont d’un bateau et les couleurs si particulières du lac de Neuchâtel. Depuis le ponton privé, à l’abri des regards, on profite des infinies nuances du ciel et de l’eau. SE RÉGALER À LA TABLE DU PALAFITTE

Palaces et tables étoilées jalonnent le parcours du chef Maxime Pot – Anne-Sophie Pic au Beau-Rivage Palace, L’Hôtel de Ville de Crissier ou encore Le Pont de Brent. Au bord du lac de Neuchâtel, il marie avec audace le terroir d’ici et les inspirations d’ailleurs. Des mets à déguster sur la superbe terrasse, les pieds (quasiment) dans l’eau. PÊCHER DEPUIS SON PAVILLON

– Texte / Text Mélanie Blanc, Elodie Maître-Arnaud

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Pas besoin de quitter l’hôtel pour taquiner le poisson. Les hôtes peuvent en effet emprunter cannes et kits de pêche pour s’adonner à cette pratique, directement depuis le ponton de leur pavillon. On peut aussi s’initier avec un pêcheur professionnel. Bondelle, carpe, truite, brochet ou encore perche: à vous de jouer! PAGAYER SUR LE LAC

Comment ne pas être attiré par ces eaux qui entourent les pavillons sur pilotis? Partir explorer le lac de Neuchâtel est

PIERRE VOGEL

Avec ses pavillons sur pilotis et sa vue imprenable sur le lac de Neuchâtel, l’Hôtel Palafitte a des allures de paradis. Et si vous veniez y passer quelques jours, coupés du monde? Déconnectez, c’est l’été! With its pavilions on stilts and its breathtaking view of Lake Neuchâtel, the Palafitte Hotel looks like paradise. Why not spend a few days there, away from the world? Disconnect, it’s summer!


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Printemps Eté – Spring Summer 2020

Paradise on the shores of Lake Neuchâtel facile! Le Palafitte met à la disposition de ses hôtes des kayaks et des planches de paddle. Deux moyens qui permettent notamment d’atteindre la plage de La Tène, la seule de Suisse qui soit recouverte de sable fin. VOGUER SUR LES FLOTS

Durant une heure ou une demi-journée, vous pouvez embarquer à bord d’un bateau style Bénéteau. Directement depuis l’hôtel, laissez-vous guider et partez à la découverte de la Grande Cariçaie (qui abrite le quart de la flore et de la faune suisse), du canal de la Broye ou du canal de la Thielle, ou encore du site de la Pointe du Grain, niché au pied des vignobles.

DR

LONGER LE RIVAGE

Le sentier du lac, balisé sur plus de 100 kilo­mètres, est propice aux flâneries à pied ou à vélo. N’oubliez pas votre maillot de bain pour profiter de l’une des nombreuses plages! Et si vous vous aventurez au loin et que vous n’avez pas le courage de rentrer par le même chemin, vous pourrez embarquer dans un bateau de la LNM pour revenir à bon port.

DREAM TO THE RHYTHM OF THE WAVES

PADDLE ON THE LAKE

At the Palafitte Hotel, luxury goes hand in hand with nature. In the light-flooded rooms, the combination of wood and green, blue and grey colours brings to mind the deck of a boat and the unique hues of the lake. From the private, undisturbed pontoon, you can enjoy the infinite shades of sky and water.

Who wouldn’t find the waters surrounding the pavilions appealing? Exploring Lake Neuchâtel couldn’t be easier! Kayaks and paddle boards are available to guests. Two different ways of reaching La Tène Beach – the only one in Switzerland covered with fine sand. SAIL AWAY

For one hour or half a day, you can board a Bénéteau-style boat. Directly Chef Maxime Pot feels very much at from the hotel, set off with your guide home in luxury hotels and Michelin-­ to explore the Grande Cariçaie (home starred restaurants, such as Anne-­ to a quarter of all Swiss flora and fauna), Sophie Pic at the Beau-Rivage Palace, the Canal de la Broye, Canal de la L’Hôtel de Ville in Crissier or Le Pont Thielle or the Pointe du Grain, nestling de Brent in Montreux. On the shores at the foot of the vineyards. of Lake Neuchâtel, he boldly combines local produce and inspirations from FOLLOW THE SHORE abroad. Meals that you will enjoy on You can stroll or cycle on the marked lake path that stretches for more than the superb waterfront terrace. 100 km. Don’t forget to bring your FISH FROM YOUR PAVILION swimsuit so that you can take a dip at No need to leave the hotel to bait the one of the numerous beaches along the fish. Guests can borrow fishing rods way. And if you stray too far and don’t and kits, and even get into it with a pro- feel up to walking all the way back, simfessional angler. Whitefish, carp, trout, ply hop on an LNM boat which will pike or perch: it’s up to you! bring you safely home. FEAST AT THE TABLE DU PALAFITTE

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LIFESTYLE

Printemps Eté – Spring Summer 2020

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L’été est là, mais on ne baisse pas la garde grâce à ces accessoires protecteurs et hautement stylés.

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Summer is here, but don’t let your guard down with these protective and highly stylish accessories.

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– Sélection / Selection by Mélanie Blanc 6

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1. Chapeau Bobbie, Maison Michel, Charivari, Genève | 2. Gourde isotherme Blush, Chilly’s, Manor, Lausanne, Genève | 3. T-shirt Tom Snake, Zadig & Voltaire, Lausanne et Genève 4. Sandales Cosmic II, Melissa, Bongénie, Lausanne et Genève | 5. Boucles d’oreilles et bague Lucky, Isabel Marant, Boutique Camille, Lausanne | 6. Parasol Parasolasido, Fatboy, Batiplus, Puidoux | 7. Pochette Personal, Dior et Rimowa, Boutique Dior, Genève | 8. Etui à écouteurs Rat, Louis Vuitton, Lausanne et Genève | 9. Lunettes de soleil The Fierce, Viu, Lausanne et Genève

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Printemps Eté – Spring Summer 2020

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Sport & Style

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On profite de la belle saison pour bouger en plein air. Nos coups de cœur techniques et terriblement chics.

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Take advantage of the beautiful season to move in the open air. Our technical and terribly chic favourites.

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PHOTOS: DR LES PRODUITS SÉLECTIONNÉS DANS CES PAGES SONT DES SOURCES D’INSPIRATION. NOUS NE SOMMES PAS EN MESURE DE GARANTIR LEUR DISPONIBILITÉ EN BOUTIQUE LORS DE LA PARUTION DE CE MAGAZINE.

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– Sélection / Selection by Mélanie Blanc

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1. Ballon de volley Monogram, Louis Vuitton, Lausanne et Genève | 2. Casque étanche Endurance Dive, JBL, Manor, Lausanne, Genève | 3. Planche de wakesurf, Chanel, Genève | 4. Sac F600 Carter, Freitag, Lausanne | 5. Raquettes de plage Carré Taquin, Hermès, Lausanne et Genève | 6. Baskets waterproof Cloud, On, Yosemite, Lausanne | 7. Short de bain Poolsider Volley, Quicksilver, Doodah, Lausanne | 8. Montre submersible Luna Rossa, Panerai, Boutique A l’Emeraude, Lausanne | 9. Casquette Tailwind, Nike, Manor, Lausanne, Genève

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Printemps Eté – Spring Summer 2020

Les adresses lausannoises de Sophie Fontanel Lors de son dernier séjour dans la capitale vaudoise, la journaliste de mode et romancière adulée d’Instagram a fureté entre les rives du Léman et les boutiques, forcément! Suivons celle qui sait reconnaître les jolies choses avec son œil affûté.

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– Propos recueillis par Sarah Jollien-Fardel

1. COUP DE CHAPEAU «D’abord, j’adore «Chapellerie et Ganterie» écrit sur la façade. Ensuite, on trouve des chapeaux d’un chic insensé. On dirait des bobs en tweed de Greta Garbo. Je suis sûre qu’elle connaissait cette adresse.» Place Benjamin-Constant 1, 021 311 54 05 https://coup-de-chapeau.business.site

2. TOPOX «J’ai beaucoup aimé l’architecture brutaliste de la boutique. La sélection est pointue, avec une vraie option minimaliste, très très élégante, de Maison Margiela à Golden Goose. J’y ai acheté un bonnet tricoté en grosses mailles de cachemire, bleu gris.Tout le monde me demande où j’ai trouvé cette merveille.»

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Rue de Bourg 25, 021 312 63 60 www.topox.ch

3. WALPURGIS «Il y a une boutique femmes et une boutique hommes, à l’ancienne. Toutes les coupes sont irréprochables. Ça me rappelle un peu le tant regretté Old England qu’il y avait à Paris. C’est à la fois totalement suisse et avec un esprit anglais.» Boutique Femme, rue de la Mercerie 1, 021 311 68 00 Boutique Homme, rue Enning 6, 021 312 96 21 www.walpurgis-boutiques.ch

6 DR – NO 4: CATHERINE GAILLOUD

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Printemps Eté – Spring Summer 2020

Sophie Fontanel’s top Lausanne addresses During her last stay in the Vaudois capital, the Instagram-adored fashion journalist and novelist explored the shores of Lake Geneva and, of course, the boutiques! Let’s follow the one whose sharp eye recognizes all things pretty. – Interview by Sarah Jollien-Fardel

4. CHIC CHAM

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«C’est un immense loft qui accueille une sélection exigeante de design italien et scandinave. Il y a aussi quelques pièces vintage devant lesquelles j’ai rêvé. Ce qui m’a plu, c’est que ce mélange vintagemoderne donne une noblesse à tout l’endroit. Comme une leçon d’histoire.» Route de Prilly 2, 021 691 89 03 www.chiccham.com/fr/

5. MONSIEUR ALAIN «Dans cette boutique pour hommes, j’avais notamment envie de tous les pulls. J’ai acheté une cravate, ce qui ne m’était jamais arrivé. La manière de présenter les pièces incite à essayer; on a le temps, et tout le monde est adorable. J’ai même failli emporter une sorte de surchemise kimono en grosse toile de coton. Une splendeur!» Rue du Simplon 35, 021 601 53 04 www.monsieuralain.ch

6. CAMILLE

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«Le propriétaire est un passionné comme on en rencontre peu. On sent que la mode est sa vie. Il a accompagné des créateurs dès leurs débuts, et il est capable de vous raconter l’histoire d’un pantalon Dries Van Noten pendant une heure. Quel bonheur de tomber sur des personnalités aussi entières!» Rue Caroline 5, 021 312 85 15 http://camilleluxurygoods.com

7. CHABADA VINTAGE «Je ne peux pas aller dans une ville sans chercher les boutiques vintage. J’ai totalement craqué pour celle-ci. C’est un mix seventies (on pense à Lauren Hutton) et années 60. Avec, soudain, des choses un peu folles des années 80. La propriétaire est un ange.»

7

Rue Cheneau-de-Bourg 4, 079 673 00 94 https://chabadavintage.ch

1. COUP DE CHAPEAU “First of all, I love ’Headgear and Gloves’ written on the facade. Then there are crazy chic hats. They look like Greta Garbo’s tweed bobs. I’m sure she knew this place.” 1 Place Benjamin-Constant, 021 311 54 05 https://coup-de-chapeau.business.site

2. TOPOX “I really liked the store’s Brutalist architecture. The selection is cutting-edge, really minimalist, very, very elegant, from Maison Margiela to Golden Goose. I bought a knitted blue-grey beanie in large cashmere mesh. Everyone asks me where I found this marvel.” 25 rue de Bourg, 021 312 63 60 www.topox.ch

3. WALPURGIS “There is a women’s boutique and a men’s boutique, like in the old days. All the cuts are flawless. It reminds me a little of the sorely missed Old England that there used to be in Paris. A totally Swiss boutique with an English spirit.” Women’s Boutique, 1 rue de la Mercerie, 021 311 68 00 Men’s Boutique, 6 rue Enning, 021 312 96 21 www.walpurgis-boutiques.ch

4. CHIC CHAM “This huge loft offers an outstanding selection of Italian and Scandinavian design. There are also some vintage pieces that I dreamed of. What I liked is that

this vintage-modern blend gives nobility to the whole place. Like a history lesson.” 2 Route de Prilly, 021 691 89 03 www.chiccham.com/fr/

5. MONSIEUR ALAIN “In this men’s boutique, I particularly wanted all the sweaters. I bought a tie, which I had never done before. The way that the items are presented encourages you to try them on; there’s plenty of time and everyone is charming. I even almost took away a kind of kimono overshirt, in large cotton canvas. Splendid!” 35 rue du Simplon, 021 601 53 04 www.monsieuralain.ch

6. CAMILLE “The owner is unusually passionate. You get the feeling that fashion is her life. She has associated with designers since the day she opened her doors and can talk for an hour about Dries Van Noten pants. What a joy to come across such a force of personality!” 5 rue Caroline, 021 312 85 15 http://camilleluxurygoods.com

7. CHABADA VINTAGE “I can’t visit a city without looking for vintage boutiques. I totally fell for this one, a mix of the seventies (we think of Lauren Hutton) and the sixties. Then out of the blue, a few crazy things from the eighties. The owner is an angel.” 4 rue Cheneau-de-Bourg, 079 673 00 94 https://chabadavintage.ch

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XXXXXXX LIFESTYLE

Printemps Eté – Spring Summer 2020

La crème de la Suisse The cream of Switzerland Plantes alpines, pureté des glaciers, innovation et recherche cellulaire sont les principaux ingrédients de la cosmétique suisse. Notre best of. Alpine plants, the purity of glaciers, innovation and cellular research are the main ingredients of Swiss cosmetics. Our best-of.

ADOBE STOCK

– Sélection / Selection by Elodie Maître-Arnaud

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XXXXXXX LIFESTYLE

Printemps Eté – Spring Summer 2020

SUR MESURE La marque Pour les trois fondatrices d’Elixseri, la pureté et le plaisir ne sont pas incompatibles avec la performance. La marque experte en sérums décline des soins ciblés réunissant le meilleur de la nature, de la science et du luxe. La promesse Apaiser, détoxifier et rééquilibrer la peau stressée, grâce à une formule microbiotique composée de six actifs végétaux et d’eau légère cristallisée des Alpes. Elixseri, Skin Meditation, Complexe anti-stress et booster cellulaire

TAILOR-MADE The brand For the three founders of Elixseri, purity and pleasure are not incompatible with performance. Experts in serums, the brand offers a variety of targeted treatments bringing together the best of nature, science and luxury. The promise To soothe, detoxify and rebalance stressed skin, thanks to a micro-biotic formula composed of six active plant ingredients and light crystallized water from the Alps. Elixseri, Skin Meditation, anti-stress complex and cellular booster

NUTRITION INTENSE La marque Née en 1985 sur les hauteurs de Montreux, Valmont est une référence dans le milieu de la cosmétique cellulaire suisse. De nouvelles formules high-tech et ultra ciblées sont régulièrement développées par les scientifiques de la marque. La promesse Un soin réparateur d’une finesse surprenante, basé sur trois complexes uniques développés par Valmont pour nourrir intensément les peaux sèches. Valmont, Primary Pomade, Baume riche relipidant

INTENSE NUTRITION BOTOX VÉGÉTAL La marque L’histoire commence dans les années 50, quand la grand-mère du fondateur concocte des élixirs de beauté à base de plantes alpines. Les biologistes d’Alpeor s’inspirent aujourd’hui encore d’un jardin de 4000 essences rares, au cœur des montagnes. La promesse Restructurer la peau de l’intérieur afin d’estomper les rides les plus marquées, grâce à la combinaison exclusive des actifs de l’orpin rose et du pistachier.

The brand Founded in 1985 in the uplands around Montreux, Valmont is a benchmark in the Swiss cellular cosmetics industry. New high-tech and ultra-targeted formulas are regularly developed by the brand’s scientists. The promise A restorative treatment of surprising finesse, based on three unique complexes developed by Valmont to intensely nourish dry skin. Valmont, Primary Pomade, rich lipid-replenishing balm

Alpeor, Sérum Or des Alpes Capital Jeunesse

PLANT BOTOX The brand The story begins in the fifties, when the founder’s grandmother concocts beauty elixirs made from alpine plants. Alpeor’s biologists are still inspired today by a garden of 4,000 rare species deep in the mountains. The promise Restructuring the skin from the inside in order to reduce the most apparent wrinkles, thanks to the exclusive combination of the active ingredients in Rhodiola Rosea (Golden Root) and the pistachio. Alpeor, Youth Capital Or des Alpes Serum

NATURE SAUVAGE RENOUVELLEMENT CELLULAIRE La marque Issue de la recherche des laboratoires Genolier, Nescens conçoit des soins anti-âge fondés sur la compréhension des mécanismes moléculaires impliqués dans la préservation et la réparation des structures de la peau. La promesse Une formule de dix actifs pour multiplier les cellules de jeunesse et réactiver les capacités régénératives de l’épiderme.

La marque Fondée par un biologiste, Epigeneva se base sur l’étude de l’influence de l’environnement sur les gènes (épigénétique) pour développer des produits anti-­ stress urbains, inspirés notamment des modes de vie d’animaux aux capacités biologiques extraordinaires. La promesse Du marrube blanc pour une peau hydratée, douce et radieuse. Les imperfections sont atténuées, pour un aspect plus lisse. Epigeneva, Plume vitaminante, Baume-gel de jour énergisant

Nescens, Sérum activateur de cellules souches

UNTAMED NATURE CELL RENEWAL

The brand Founded by a biologist, Epigeneva is based on the study of the influence of the environment on genes (epigenetics) to develop urban anti-stress products, inspired in particular by the lifestyles of animals with extraordinary biological capabilities. The promise White horehound for hydrated, soft and radiant skin. Imperfections are reduced, for a smoother complexion.

Nescens, Stem cell activator serum

Epigeneva, Plume vitaminante®, energizing day gel-balm

DR

The brand Resulting from research at Genolier Laboratories, Nescens designs anti-aging treatments based on an understanding of the molecular mechanisms involved in the preservation and repair of the structures of the skin. The promise A formula of ten active ingredients to increase fibroblasts (youthfulness cells) and reactivate the regenerative capabilities of the epidermis.

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LECTURES D’ÉTÉ Disponibles chez votre libraire !

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CULTURE

Printemps Eté – Spring Summer 2020

PAR VINCENT BAUDRILLER

Pour entrer dans un texte, le directeur du Théâtre de Vidy aime se plonger dans un livre lorsqu’il a du temps devant lui, dans un train ou pendant ses vacances. Voici sa sélection. – Propos recueillis par Sylvie Ulmann

APRÈS LE MONDE, d’Antoinette Rychner, éd. Buchet Chastel (2020) «J’aime le style vrai et engagé de cette autrice suisse dont nous avons fait une lecture musicale l’automne passé. Ce magnifique récit dystopique, écrit au féminin pluriel, nous rappelle à quel point le monde dans lequel nous vivons est fragile et combien, dans un tel contexte, il est important de créer des récits et de les transmettre.»

NOTRE VIE DANS LES FORÊTS,

SAMUEL RUBIO – DR

de Marie Darrieussecq, éd. POL (2017) «Son écriture et sa sensibilité me touchent, tout comme sa manière d’aborder de grands sujets. Ce récit se déroule également dans un futur proche, où les robots et l’informatique sont omniprésents. On y suit une psy qui décide de s’enfuir pour retrouver une communauté établie dans la nature. Ici aussi, les rapports au sauvage et à l’écrit sont au cœur du texte.»

ROUGE IMPÉRATRICE, de Léonora Miano, éd. Grasset (2019) «La Camerounaise Léonora Miano est une autrice majeure que j’apprécie énormément. Elle a beaucoup écrit sur la violence en Afrique, l’identité des «Afropéens», ainsi que pour le théâtre. Son dernier roman, qui se déroule en Afrique au début du XXIIIe siècle, me donne envie de trouver le temps de le lire d’une traite, tant il est prenant!»

SUR LES OSSEMENTS DES MORTS, d’Olga Tokarczuk, éd. Noir sur Blanc (2017) «Cette autrice polonaise, lauréate du Nobel de littérature en 2018, met en scène une héroïne, passionnée de nature, d’animaux, d’astrologie et de William Blake. Un matin, celle-ci découvre un voisin étouffé par un petit os de biche. D’autres meurtres suivront, elle suggère que leurs auteurs pourraient être les animaux. Très bien écrit, ce polar écologique mêle intrigue et poésie.»

HABITER EN OISEAU, de Vinciane Despret, éd. Actes Sud (2019) «Pour explorer notre rapport aux animaux et réfléchir autrement à la notion de territoire, la philosophe belge nous plonge dans l’histoire de l’ornithologie. Une enquête où l’on découvre que, souvent, le comportement animal est envisagé comme une projection de celui des humains. Encore une invitation à revoir notre lien avec la nature.»

LETTRE À D., HISTOIRE D’UN AMOUR, d’André Gorz, éd. Galilée et Folio (2006) «Une très belle lettre d’amour du penseur André Gorz, 80 ans passés, à sa femme Dorine. Ils se sont rencontrés à Lausanne après la guerre et ne se sont jamais quittés, même dans la mort, puisqu’ils ont choisi de partir ensemble. Un texte bouleversant retraçant une histoire d’amour comme un engagement politique et écologique. Un spectacle est prévu en février prochain autour de ce texte.»

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EXPRESSION OF A LIFESTYLE SINCE 1844

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CULTURE

Printemps Eté – Spring Summer 2020

A gauche: Liber Mirabilis, des œuvres signées Alain Pittet. On the left: Liber Mirabilis, works signed Alain Pittet. Ci-dessous: Nathalie Hecker, directrice de Murs Porteurs. Below: Nathalie Hecker, director of Murs Porteurs.

Murs Porteurs fait entrer l’art dans les entreprises

MURS PORTEURS – STÉPHANIE PAGE

Forte d’un portefeuille d’une centaine d’artistes, une petite société tournée vers l’art donne une identité aux murs de ses clients. Parmi ceux-ci, le Château d’Ouchy. – Texte Sylvie Ulmann

D

ans le lobby du Château d’Ouchy, une étrange sphère attire l’œil des visiteurs. Bosselée comme un astéroïde, elle semble tombée du ciel. Mais lorsque l’on s’en approche, on réalise qu’elle n’est pas faite de pierre extraterrestre, mais de parchemins. Il s’agit en réalité d’une œuvre d’Alain Pittet, un artiste suisse contemporain qui travaille principalement ce matériau ancestral. Cette pièce fait partie d’un ensemble qui en compte une douzaine, ex-

posées jusqu’au 14 septembre 2020 dans les espaces communs de cet hôtel historique au bord du Léman. Une initiative pensée par l’établissement hôtelier pour enrichir l’expérience client et transformer les espaces en un lieu de culture atypique. L’exposition Liber Mirabilis a été imaginée par Murs Porteurs, qui, depuis plus de dix ans, fait entrer l’art dans les entreprises suisses et internationales, ces dernières ayant souvent un pied ici via un siège ou une filiale. «Exposer des œuvres est aussi une manière d’affirmer

ses valeurs», explique Nathalie Hecker, fondatrice de l’entreprise. «Mais constituer une collection prend du temps, de l’énergie et de l’argent; rares sont les entreprises qui disposent des forces nécessaires pour cela.» La démarche allant bien au-delà du simple geste décoratif, pas question de choisir au hasard les tableaux qui viendront habiller les murs d’une PME, d’un cabinet d’architectes, d’une clinique ou d’un hôtel. Cela tombe bien, car Nathalie Hecker s’y connaît en matière de branding: dans une vie précédente, elle a travaillé dans les domaines du marketing et de la communication pour plusieurs sociétés multinationales. CE QUE LES MURS DISENT DE VOS VALEURS

Pour trouver l’artiste qui fera mouche pour chacun de ses clients, elle invite donc ces derniers à réfléchir à leur identité, à leur positionnement et à leurs valeurs. Comment se voient-ils? Quel message souhaitent-ils faire passer? A partir de ces réflexions, elle sélectionne une poignée d’artistes dans son portefeuille – qui en contient une centaine, pour la plupart suisses. Photo, peinture sculpture vidéo ou installation: le choix est vaste, mais tend à l’abstraction. «Les œuvres abstraites laissent davantage de place à l’imagination   R EG A R D S n °1 7  59


EXPOSITION PERMANENTE

La collection Entrée gratuite

EXPOSITIONS TEMPORAIRES

À fleur de peau. Vienne 1900, de Klimt à Schiele et Kokoschka Prolongée jusqu’au 23.8.2020 Kiki Smith. Hearing You with My Eyes 9.10.2020 – 10.1.2021 ESPACE PROJET

Taus Makhacheva. 4’224,92 cm2 de Degas Prolongée jusqu’au 23.8.2020 Jorge Macchi. La Cathédrale engloutie 11.9 – 22.11.2020 Anne Rochat. Prix culturel Manor Vaud 2020 11.12.2020 – 14.2.2021 Entrée gratuite

ESPACE FOCUS

Yersin dessinateur. Quittez mines grises, le printemps est là ! Jusqu’au 20.9.2020 Giovanni Giacometti. Aquarelles 16.10.2020 – 17.1.2021 Entrée gratuite

mcba.ch


CULTURE

des spectateurs et incite à la méditation», souligne Nathalie Hecker. «Elles offrent une pause bienvenue dans un quotidien où l’on a tendance à être de plus en plus pressé.» A l’entreprise ensuite de choisir l’artiste qui habillera ses murs pendant une soirée, un semestre ou un an, selon le type d’abonnement choisi par le client. Les œuvres sont souvent sélectionnées dans la réserve de leurs créateurs. Mais elles peuvent aussi faire l’objet d’une commande ou d’une acquisition, certaines entreprises préférant un travail sur mesure. Une société d’investissement basée à Stockholm a ainsi choisi de fournir le matériau de base – des courbes financières – à l’artiste Mathieu Bernard-Reymond. Celui-ci les a utilisées pour créer des œuvres originales qui habillent les bureaux de ce spécialiste de la finance aux quatre coins de l’Europe.

Jusqu’au 31 décembre 2020, les hôtes du Lausanne Palace peuvent admirer deux œuvres cinétiques exceptionnelles et uniques réalisées par l’artiste Moti, pour son projet «Serenity». Un travail de plusieurs années ayant pour point de départ des photographies de visages et des interviews sur la thématique de la sérénité. A l’Accademia, ce sont les œuvres de Mechthild Ackermann, costumière d’opéra, qui sont à l’honneur. Une évidence lorsqu’on perçoit la finesse des plis des soies, la délicatesse des textures et des couleurs, et les formes théâtrales des ensembles qui constituent un univers doux et coloré.

Murs Porteurs brings art into businesses With a portfolio of a hundred artists, a small art-oriented company gives an identity to the walls of its clients. Among them, Château d’Ouchy. – Text Sylvie Ulmann

MURS PORTEURS

I

n the lobby of Château d’Ouchy, a strange sphere catches the visitor’s eye. Lumpy like an asteroid, it seems to have fallen from the sky. But when you approach it, you realize that it is made not of extraterrestrial rock but of parchment. In reality, it’s a work by Alain Pittet, a contemporary Swiss artist who mainly works with this ancient material. This piece is just one of a dozen that will be exhibited until 14 September 2020 in the common areas of this historic hotel on the shores of Lake Geneva. An initiative conceived by the hotel establishment to enrich the customer experience and transform spaces into places of unconventional culture. The exhibition Liber Mirabilis was imagined by Murs Porteurs which has for more than ten years brought art into Swiss and international companies, the latter often having a foothold here through a headquarters or subsidiary. “Exhibiting works is also a way of asserting one’s values,” Nathalie Hecker, founder of the company, explains. “But building a collection takes time, energy

and money; few companies have the means to do that.” It’s much more than a simple decorative gesture, so there’s no chance that paintings will randomly be chosen to decorate the walls of an SME, an architectural firm, a clinic or a hotel. Which is a good thing, since Nathalie Hecker knows something about branding: in a previous life, she worked in the fields of marketing and communications for several multinational companies. WHAT THE WALLS SAY ABOUT YOUR VALUES

To find the artist who will hit the target for each of her clients, Hecker invites them to reflect on their identity, their positioning and their values: How do they see themselves? What message do they want to convey? Based on these reflections, she selects a handful of artists from her portfolio of a hundred, mostly Swiss. Photo, painting, video sculpture or installation – the choice is vast but tends to be abstract. “Abstract works leave more room for the viewer’s imagination and encourage meditation,” Nathalie Hecker

points out. “They offer a welcome break from our increasingly hectic daily life. The company must then decide on which artist to choose to adorn its walls for an evening, a semester or a year, depending on the type of subscription chosen by the client.” The works are often selected from the artists’ reserves but they can also be the subject of an order or an acquisition, some companies preferring customised work. An investment company based in Stockholm accordingly chose to supply the basic material – yield curves – to the artist Mathieu Bernard-Reymond who used them to create original works that adorn this finance specialist’s offices across Europe.

Until December 31, 2020, guests of the Lausanne Palace can admire two exceptional and unique kinetic works produced by the artist Kaiko Moti, for his project “Serenity”. A work that took several years, beginning with photographs of faces and interviews on the theme of serenity. At the Accademia, the works of Mechthild Ackermann are in the spotlight. This artist is an opera costumier, which is no surprise when you perceive the subtlety of the folds of the silks, the fineness of the textures and colours, and the theatrical forms of the sets which constitute a soft and colourful universe.

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CULTURE

La saison culturelle s’adapte au contexte et se réinvente. Chapeau les artistes! The cultural season adapts to the context and reinvents itself. Bravo!

Printemps Eté – Spring Summer 2020

Week-end musical de Pully Rendez-vous sur la chaîne YouTube du WEMP pour écouter les artistes qui auraient dû participer à l’édition 2020. Isolés par l’adversité, réunis par la musique! Visit the WEMP YouTube channel to listen to the artists who should have participated in the 2020 edition. Isolated by adversity, united by music! www.youtube.com/channel/UCwFHIHv-WrTItFwkoUUjCOQ

Demain, la photographie Tous les cinq ans, le projet reGeneration4 met en lumière la photographie émergente internationale. Pour cette 4e édition, le Musée de l’Elysée a contacté les photographes des éditions précédentes afin de suivre leur évolution et de leur demander de soumettre à leur tour des candidats au projet.

Tomorrow’s photography Every five years, the reGeneration4 project highlights emerging international photography. For this 4th edition, the Musée de L’Élysée has contacted photographers from previous editions to follow their progress and ask them to submit candidates for the project. reGénération4. Musée de l’Elysée, Lausanne. Du 1er juillet au 6 septembre 2020. www.elysee.ch

Ça, c’est Paris! Cette exposition réjouissante laisse entrevoir l’insouciance de la Belle Epoque, qui survit à la Grande Guerre pendant les Années folles et que ni la crise des années 1930 ni l’Occupation ne parviennent à éclipser. Une ode à la joie!

DR – ANNE-LAURE LECHAT

That’s Paris! This delightful exhibition reveals the carefree attitude of the Belle Epoque, which survived the Great War during the Roaring Twenties and which neither the crisis of the 1930s nor the Occupation period managed to overshadow. An ode to joy! Paris en fête. Toulouse-Lautrec, Matisse, Dufy. Musée d’art de Pully. Prolongations jusqu’au 26 juillet 2020. www.museedartdepully.ch

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Printemps Eté – Spring Summer 2020

Verbier Festival Le festival ne fera pas résonner la musique à travers les Alpes cet été. Vous pouvez toutefois assister à des concerts en direct et en streaming chez des musiciens professionnels du monde entier. The festival will not resonate music across the Alps this summer. However, you can attend live and streaming concerts with professional musicians from around the world. https://quarantineconcerts.tv

Belles-lettres à l’honneur

Liaisons heureuses Cette adaptation lausannoise d’une exposition montée en 2017 aux CaixaForum de Madrid et de Barcelone illustre les échanges et les influences réciproques entre cinéastes et plasticiens, depuis les premiers films de la fin du XIXe siècle jusqu’à la Nouvelle Vague.

Happy connections This Lausanne adaptation of an exhibition staged in 2017 at CaixaForum in Madrid and Barcelona illustrates the exchanges and reciprocal influences between filmmakers and plastic artists, from the first films of the end of the 19th century to the New Wave. Arts et cinéma. Fondation de l’Hermitage, Lausanne. Du 4 septembre 2020 au 3 janvier 2021. www.fondation-hermitage.ch

Lavaux Classic Save the date, entre le 10 et le 15 septembre 2020! L’équipe du festival concocte un concept festif et principalement en plein air. A suivre... Save the date, between September 10 and 15, 2020!The festival team is preparing a festive concept, mainly outdoors. To be continued... www.lavauxclassic.ch

La 11e édition du Livre sur les quais se déroulera le premier weekend de septembre sur les rives du Léman, à Morges. Une manifestation littéraire gratuite et ouverte à tous, pour aller à la rencontre des auteurs.

Literature in the spotlight The 11th edition of “Le livre sur les quais” will take place over the first weekend of September in Morges on the banks of Lake Geneva. A complimentary all-access literary event for the public to meet the authors. Le Livre sur les quais. Morges. Du 4 au 6 septembre 2020. www.livresurlesquais.ch

Naissance de l’art moderne Renouveler le regard porté sur la contribution des artistes viennois à la naissance de l’art moderne: voilà la proposition du musée à l’occasion de cette exposition présentant près de 180 peintures, dessins, sculptures et objets d’arts appliqués créés à l’aube du XXe siècle.

Birth of Modern Art MCBA offers a new perspective on the role of Viennese artists in the genesis of modern art. This exhi­ bition presents over 170 paintings, drawings, sculptures, and objects created at the dawn of the 20th century. A fleur de peau. Vienne 1900, de Klimt à Schiele et Kokoschka. Musée cantonal des beaux-arts, Lausanne. Jusqu’au 23 août 2020. www.mcba.ch

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CULTURE

Printemps Eté – Spring Summer 2020

LA

playlist

DE MATHIEU JATON

Les découvertes du CEO du Montreux Jazz Festival. CEO of the Montreux Jazz Festival’s discoveries. – Propos recueillis par / Interview by Sylvie Ulmann

KIWANUKA

BLACK PUMAS

YOUTH

Michael Kiwanuka

Black Pumas

Ásgeir

«Une révélation! Ces deux artistes travaillent avec l’essence de la musique américaine. Leurs rythmiques et leurs riffs séduisent immédiatement, comme ceux de Lenny Kravitz. Je suis ravi de voir cette approche soul et vintage, qui rappelle celle de Rag’n’Bone Man, un autre artiste que j’apprécie beaucoup, remporter un tel succès.» “A revelation! These two artists work with the essence of American music. Their rhythms and riffs are immediately appealing, like those of Lenny Kravitz. I am delighted to see this soulful and vintage approach achieve such success – it’s reminiscent of Rag’n’Bone Man, another artist that I enjoy very much.”

DARKNESS AND LIGHT John Legend feat. Brittany Howard «J’écoute très souvent ce morceau puissant, où les voix des deux artistes se marient à merveille et montent en intensité. En Amérique, John Legend est une superstar. Et Brittany Howard, que nous avions accueillie avec les Alabama Shakes, groupe très influent dont elle est la cofondatrice, nous emmène ici dans son univers.» “I listen to this powerful song very often, where the voices of the two artists blend perfectly and increase in intensity. John Legend is a superstar in America. And Brittany Howard, who performed at the festival with the Alabama Shakes, a very influential group which she co-founded, takes us here into her universe.”

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«Une superbe chanson issue du dernier album de cet artiste islandais que j’adore. Nous l’avons d’ailleurs déjà accueilli au Festival. On se sent tout de suite entraîné dans un univers à la fois mélancolique et plein d’espoir. Un morceau qui fait du bien, tout simplement, puisqu’il se prête à des atmosphères différentes et peut donc séduire une grande variété de publics.» “A great song from this Icelandic artist’s latest album that I love. We’ve already had him at the festival. You immediately feel drawn into a universe that is both melancholy and full of hope. Quite simply, a feel-good song that lends itself to different moods and can therefore appeal to a wide variety of audiences.”

RED RIGHT HAND STREET LIVIN’ The Black Eyed Peas «Un morceau très bien conçu, qui évoque de manière frontale le racisme, avec une atmosphère jazz et une rythmique old school imparable. C’est avec ce morceau très engagé que le groupe, habitué aux grands succès populaires, a fait son retour en 2018. J’ai choisi de mentionner cette chanson, car elle soulève des thèmes importants et qu’elle apparaît régulièrement dans mes titres les plus écoutés.» “A very well-conceived song that deals with racism head-on, with a jazz vibe and an unstoppable old-school rhythm. Accustomed to big hits, the group made its return in 2018 with this very committed song. I chose it because it raises important themes and it appears regularly in my most listened-to titles.”

Nick Cave and The Bad Seeds «Une chanson intemporelle et entêtante. La preuve: c’est le générique de la série Peaky Blinders. Le concert de Nick Cave à Montreux en 2018 est entré dans la légende du Festival. Un moment bien au-delà du rock, qui tendait à la sorcellerie. L’univers qui se déploie me fait également penser à celui de Tom Waits, un autre artiste que j’apprécie énormément et que je rêverais d’accueillir.» “A timeless and heady song. The proof: this is the opening theme for the Peaky Blinders television series. His concert in Montreux in 2018 has become a festival legend. Going far beyond rock, extending into witchcraft. The universe that unfolds here also makes me think of Tom Waits, another artist I really enjoy and who I would love to have perform at the festival.”

ANNE-LAURELECHAT – DR

«Un artiste extraordinaire, que j’ai découvert alors qu’il jouait au Montreux Jazz Café en 2012. Le lendemain, nous le faisions monter sur la scène de l’Auditorium Stravinski. Depuis, nous suivons attentivement son évolution, et cet album est vraiment remarquable, au niveau des paroles comme de la musique.» “An extraordinary artist that I discovered while playing at the Montreux Jazz Café in 2012. The next day, we brought him onstage at the Stravinsky Auditorium. Since then, we have been closely following his evolution and this album is really remarkable, both lyrically and musically.”


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