Efficience21 – N°7 (2013)

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L E M AG A Z I N E D E L’ E F F I C I E N C E É N E RG É T I Q U E | N° 7 | été 2 0 1 3 | C HF 5 . 9 0

Efficience 21 Dossier

controverse

Comment agrandir sans nuire ?

Le débat sur l’éolien se radicalise

tourisme

Des labels pour des vacances durables

internet

un gouffre énergétique générateur de co2


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ÉDITO

impressum Inédit Publications SA Avenue Dapples 7, Case postale 900 1001 Lausanne info@inedit.ch, www.inedit.ch EFFICIENCE 21 est un magazine consacré à l’efficience énergétique, il paraît quatre fois par an. Tirage 25 000 exemplaires RÉDACTION Rédacteur en chef Thierry Vial thierry.vial@inedit.ch

Mise en page Inédit Publications SA Photo couverture iStockphoto MARKETING Chef de projet Quentin Riva quentin.riva@inedit.ch PUBLICITÉ Serge Weygold 021 695 95 82 serge.weygold@inedit.ch Serge Bornand 021 695 95 67 serge.bornand@inedit.ch Matériel/impression Joëlle Loretan 021 695 95 24 joelle.loretan@inedit.ch Société éditrice Gassmann SA Längfeldweg 135, 2504 Bienne Impression IRL plus SA Chemin du Closel 5, 1020 Renens

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On se calme ?

Q

u’il semble loin le temps où avec modestie les meilleurs scientifiques disaient: plus j’avance moins j’en sais... Aujourd’hui, toute «découverte» devient, pour certains, nouvelle religion. Et toutes les énergies renouvelables seraient ainsi l’antidote indiscutable au nucléaire.

certains paysages, ne serait-il pas souhaitable que l’on aborde le problème en se méfiant des nouvelles certitudes? Dans les assemblées de village où les parcs éoliens sont présentés, les poseurs de questions parfois embarrassantes sont simplement suspectés d’être des traîtres de l’intérêt général ou même des pronucléaires.

Et avec la même force qu’il y a quelques années les pronucléaires voulaient imposer l’atome comme seule issue à un besoin énergétique exponentiel, aujourd’hui beaucoup de milieux électriques, à qui on impose la sortie du nucléaire, ne jurent que par les énergies renouvelables; privilégiant l’éolien notamment.

Est-il, oui ou non, légitime de s’interroger quant aux dommages collatéraux inhérents à certaines énergies renouvelables, ou nous est-il interdit de réfléchir? N’existe-t-il qu’une solution ou plusieurs?

Rappelons-nous pourtant qu’il n’y a pas si longtemps, ces mêmes milieux se moquaient des énergies renouvelables. Avec un tel aplomb qu’en 2007, avant Fukushima, Moritz Leuenberger avait même dû demander à l’électricien Axpo de ne plus diffuser un spot publicitaire dans lequel Köbi Kuhn semblait se moquer d’un homme souhaitant recharger sa montre solaire sous la pluie. Aujourd’hui, dans le canton de Vaud, des électriciens, et beaucoup de politiciens à gauche comme à droite, s’enthousiasment pour l’éolien. Au point que «l’effort vaudois» est exceptionnel à l’échelle de la Suisse, le canton prévoyant de produire sur son territoire la moitié du courant éolien national. Au moment d’un tel choix, modifiant durablement

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EfficiEncE 21 iNTerVieW

énergie

stéphane fuchs, biologiste de l’habitat

Écologie

une maison tropicale à frutigen

recherche

cellules grätzel, l'avenir du solaire

rendez votre habitation plus performante!

Les députés vaudois et le Conseil fédéral auront à se prononcer sur la planification de 156 éoliennes. Estce trop demander que tout cela se fasse en laissant leurs chances aux nuances et aux choix calmes et les plus «éclairés»?

SOPHIE KELLENBERGER

Abonnez-vous! CHF 20.- par année pour 4 numéros, y compris un accès gratuit à l’édition iPad du magazine enrichie de différentes vidéos. Pour cela, il vous suffit d’envoyer un e-mail, fax ou courrier avec vos coordonnées aux adresses et numéros suivants: Mail: efficience21@inedit.ch | Fax: 021 695 95 50 Adresse: Efficience 21 c/o Inédit Publications, Av. Dapples 7, Case postale 900, 1001 Lausanne.

vanina moreillon

Rédacteurs Patricia Bernheim, Mary-Luce Boand Colombini, Marc David, Daniel Eskenazi, Jérôme Gallichet, Ludmila Glisovic, Sophie Kellenberger, Elodie Maître-Arnaud, Maxime Pégatoquet, Viviane Scaramiglia, Thierry Vial, Sylvie Ulmann


SOMMAIRE No 7 | été 2013 28 DOSSIER Comment agrandir sans nuire ?

VIVRE 68 Tourisme Des labels pour des vacances durables 70 Nature Un potager bio en dix étapes 75 People La «mise en lumière» de Daniel Rossellat 77 Quatre livres à découvrir 80 Agenda Les prochains événements à ne pas rater!

ACTUEL

MOBILITÉ

04 L’image

55 Actualité et brèves

07 Actualité et brèves

60 Futuriste Quand Toyota devient City

18 Interview Michaël Thémans 23 Energie Fonds immobilier 24 Techno Les dessous écolos d’internet 28 Dossier Comment agrandir sans nuire ? 34 Entretien Raymond S. Bradley

68 TOURISME VACANCES DURABLES

64 Voiture Des innovations en cascade 67 Test Deux jours à vélo avec Jérémie Kisling

36 Ecologie Payer pour polluer, une bonne idée ? 38 Science Hydros allie défi sportif et développement durable 41 Recherche L’EPFL sur la «friche» de Cardinal 44 Recyclage Une deuxième vie pour les vêtements 47 Controverse Le débat sur l’éolien se radicalise 50 Interview Philippe Durr 52 Construire Un quartier entier labellisé Minergie

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55 ACTUALITÉ Le vélo-trottinette des Bordelais

70 NATURE POTAGER BIO


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L’IMAGE Accross America Il y a comme un petit air de répétition générale pour Solar Impulse avec le projet Accross America avant le tour du monde prévu pour 2015. Ce séjour américain a permis à l’avion solaire de Bertrand Picard et André Borschberg de traverser les Etats-Unis d’ouest en est ces dernières semaines en plusieurs étapes. Le périple a débuté à San Francisco, puis Phoenix, Dallas, Saint Louis, Washington et New York. Le début de cette mission correspond également au lancement officiel de l’initiative Clean Generation, un mouvement réunissant des personnes favorables au changement et à davantage d’investissements dans les technologies moins polluantes ou cleantech. Des milliers de supporters font virtuellement partie du voyage à travers les Etats-Unis puisque leurs noms sont TV enregistrés sur une clé USB portée par le pilote.

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ACTUEL nouveau

Un logiciel de gestion

Optimiser l’éclairage public

mieux maîtriser cette dépense et alléger la note. Le projet s’inscrit également dans un contexte de lutte contre la pollution lumineuse. Au mois de février dernier, le Conseil fédéral a ainsi approuvé le rapport «Effets de la lumière artificielle sur la diversité des espèces et l’être humain», en réponse à un postulat déposé en 2009. Ce rapport propose notamment de renforcer la recherche en matière d’émissions lumineuses afin de parvenir à les limiter. La norme suisse SIA 491 («Prévention des émissions inutiles de lumière à l’extérieur») a par ailleurs été publiée mi-avril. Un levier important qui doit inciter les collectivités à repenser la composition de leur parc de lampadaires. Enfin, le Règlement EG 245/2009 de l’Union européenne, qui entrera en vigueur en 2015, interdit la vente des lampes au mercure. «Celles-ci constituent une part substantielle de l’éclairage public dans de nombreuses communes, souligne Arnaud Zufferey. Ce délai de deux ans est très court et leur remplacement, notamment par des LED, doit donc être planifié très rapidement.»

DR

définir les priorités

Dans un contexte normatif toujours plus contraignant pour les communes, une équipe de chercheurs valaisans développe un outil informatique afin d’administrer efficacement les parcs de lampadaires. Le point avec Arnaud Zufferey, responsable du projet. élodie Maître-Arnaud

S

imLux. C’est le nom du logiciel qui devrait permettre de réaliser jusqu’à 70% d’économies sur la consommation électrique nécessaire à l’éclairage public. Un projet dirigé par Arnaud Zufferey, professeur à la HES-SO Valais, et soutenu par The Ark, la Fondation pour l’innovation en Valais. Une demande de subvention cantonale est par ailleurs en cours d’examen. Ces recherches visent à mettre au point un système d’information permettant aux communes ou aux services industriels de gérer l’éclairage public sur un

territoire donné. Avec la double ambition d’aider non seulement les administrations locales à réduire leur consommation d’électricité, mais aussi de permettre aux fournisseurs d’énergie de développer et d’offrir de nouvelles prestations, comme l’audit des points lumineux des agglomérations.

inciter les collectivités Il faut en effet rappeler que l’éclairage public représente un poste de consommation d’énergie très important pour les communes. A Sierre, par exemple, il pèse pour 25% dans la facture totale d’électricité de la ville. D’où une forte demande des municipalités pour

Cette planification nécessite de dresser au préalable un inventaire très précis de tous les lampadaires d’une commune. «Or la plupart d’entre elles ne disposent à ce jour d’aucune base de données permettant de faire un tel recensement de façon systématique», relève le responsable du projet. Et si en pratique les municipalités délèguent souvent cette tâche aux services industriels, ces derniers ne disposent pas davantage d’outils de gestion performants. En réponse à ce besoin, le logiciel permettra notamment de gérer l’inventaire des points lumineux, de planifier leur entretien et de produire un certain nombre d’indicateurs quantitatifs et qualitatifs. Cet outil conduira en outre à définir des priorités en simulant des changements sur le réseau existant; changements dont l’impact sur les différents indicateurs – notamment les coûts – sera analysé. «Notre volonté est de collaborer étroitement avec les fournisseurs d’énergie pour élaborer notre logiciel», explique Arnaud Zufferey. «Le modèle de base de données est presque abouti et d’autres modules seront mis progressivement en service», conclut-il. E

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Déchets radioactifs

ACTUEL Logements

Concours de logements

Déchets chinois à Alger Des roches radioactives ont été découvertes le 9 avril dernier par les douaniers du port d’Alger. Ces déchets sous forme de roches étaient stockés dans trois conteneurs en provenance de Chine, a révélé Le Soir d’Algérie. Importée par un opérateur algérien, cette marchandise a été chargée au port de Qingdao à bord d’un navire battant pavillon antiguais. Les enquêteurs poursuivent la piste d’un réseau international de déchets radioactifs qui acheminerait des déchets de pays industrialisés sur le continent africain.

Les futurs potagers urbains du projet Papillon.

Technologie Les emballages anti-gaspillage Des chercheurs brésiliens ont mis au point un emballage qui change de couleur lorsqu’un produit alimentaire est périmé. Une idée qui pourrait éviter un énorme gaspillage alimentaire. En effet, un produit avec une date de péremption dépassée s’avère souvent comestible pendant plusieurs semaines parce que les industriels prennent des marges très larges pour éviter tout risque d’intoxication alimentaire. Gaz de schiste Les brasseurs disent «Nein»! Les brasseurs allemands rejoignent les rangs des opposants au gaz de schiste. La Fédération BrauerBund, qui regroupe les gros acteurs de la branche, a écrit à six ministres du gouvernement Merkel pour demander que le projet de loi présenté en février pour réguler l’usage de la fracturation hydraulique soit repoussé. Ils craignent que l’extraction du gaz ne menace les ressources en eau et en bout de chaîne, la qualité de la bière allemande.

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De la chenille au papillon L’évolution urbaine du périmètre genevois Vieusseux-Villars-Franchises émane du projet lauréat Papillon. Il se muera en logements, équipements publics et espaces collectifs durables pour déboucher sur une facture énergétique réduite au minimum. Mary-Luce Boand Colombini

L’

actuel périmètre Vieusseux-Villars-Franchises va changer de peau. Le jury a choisi en mars dernier le projet lauréat Papillon qui place l’individu au cœur des préoccupations. Aujourd’hui, ce périmètre situé à l’ouest de la ville de Genève est déjà animé par une vie riche d’une mixité générationnelle. Dans son projet, le bureau genevois Timothée Giorgis Architectes met en exergue

l’évolution urbaine du secteur précité, occupé par des immeubles des années 40 puis 70. «Notre objectif consiste à générer un ensemble unitaire en tenant compte de l’existant, de 118 104 m2, dont la centralité et l’ouverture sur les secteurs environnants sont très importantes. Le site est composé de quatre «poches vertes» périphériques, d’un large espace public et collectif central constituant des lieux de relations sociales, d’échanges, et d’espaces extérieurs généreux en prolonge-

ment des logements», commente Timothée Giorgis.

projet durable Deux-cent-soixante logements seront détruits contre 550 construits, accessibles à la majorité de la population d’ici à quinze ans. Les énergies locales seront favorisées pour réduire au minimum la facture énergétique et répondre à la société à 2000 watts sans nucléaire. La centrale thermique de Vieussieux, préalablement adaptée au gaz, servira de chaufferie de secours lorsque le réseau de chauffage à distance des SIG, auquel elle a été raccordée, sera en surcharge en hiver. Récupération d’eau de pluie, toitures végétalisées et potagers urbains participeront à ce projet durable devisé à environ 200 millions et dont les maîtres d’ouvrage seront, outre la Société Coopérative d’Habitation Genève, la Ville de Genève et la Fondation des Logements pour Personnes Agées ou Isolées. E

timotHée giorgis architectes sàrl

EN BREF


ACTUEL Rien ne se perd

Des toilettes sèches pour des étés chauds Avec Loowatt, la designer Virginia Gardiner a imaginé des toilettes sèches productrices d’énergie. Maxime Pégatoquet

L’

été, il paraît que le soleil sent bon le sable chaud. Seulement l’été, c’est aussi la période des vacances aux campings et des festivals en plein air. Et, dans ces cas-là, certains problèmes odoriférants ne sont pas à exclure. Les toilettes de l’entreprise britannique Loowatt ont été PUBLICITÉ

DR

énergie

conçues pour remédier à ces désagréables effets collatéraux. Imaginées par la Londonienne Virginia Gardiner pour être utilisées dans des lieux publics, ce sont des toilettes sèches fonctionnant sans eau ni produits chimiques, grâce à des cartouches scellées et sans odeurs.

des Déchets transformés Le contenu desdites fosses d’aisances est ensuite vidangé à grandes eaux dans une grande cuve anaérobie (sans oxygène) où, à la manière du lombricompostage utilisé en cuisine, des micro-organismes s’occupent de

digérer les déchets. Ceux-ci seront alors transformés, d’une part, en fumier pour être utilisés comme engrais, et d’autre part en un biogaz (méthane et dioxyde de carbone) pouvant servir à la cuisson ou comme source d’électricité. Pas énergi-

vores pour un sou, ces toilettes seraient en plus productrices d’énergie! Ce qu’on pourrait nommer une sorte de paradoxe positif. Le tout est évidemment entièrement mécanique et fonctionne sans électricité. Si le système de transformation était déjà connu, la nouveauté proposée par cet objet réside dans la proposition tout-en-un, «des toilettes au digesteur». Vu comme ça, et hors une esthétique quelque peu sujette à caution selon les modèles, le Loowatt semble prêt à s’adapter à nombre de situations compliquées, pour ne pas dire scabreuses. On pense ici au refuge de montagne mais aussi, pourquoi pas, au retour de la cabane au fond du jardin. E Plus d’infos sur www.loowatt.com


ACTUEL Le spa au naturel

DR

vivre

La baignoire hollandaise Mobile, sexy et carrossé comme un bol à thé, le dutchtub s’impose comme le jacuzzi de l’été. Maxime Pégatoquet

P

osé comme ça au fond d’un jardin, rempli d’eau à ras bord et débordant de vapeur humaine, le dutchtub a tout du bol à soupe XXL oublié par un Gargantua tête-en-l’air. Autrement dit, le dutchtub est un «bol hollandais». Une tasse si vous préférez. Ou un pis de vache renversé pour les plus PUBLICITÉ

bucoliques d’entre vous. C’est en tout cas un jacuzzi dont la force réside dans la simplicité de son utilisation. Malgré son caractère imposant, le dutchtub ne pèse que 75 kg. Il est donc facilement transportable où bon vous semble, terrasse, jardin ou alpage reculé. Pour le faire fonctionner, l’eau est chauffée grâce à une spirale en acier inoxydable qui s’en-

roule autour d’un foyer alimenté en bûches de bois. Comptez-en vingt pour une soirée tempérée à 38 °C. Et puis, c’est tout. On y tient tranquille à quatre, et la température souhaitée est atteinte après environ deux à trois heures de feu. Ensuite, on peut sortir les coupettes de champagne et, cerise sur le jacuzzi, profiter du feu ainsi entretenu pour s’offrir quelques

grillades post-baignades au-dessus du foyer. Designé par Floris Schoonderbeek, le dutchtub se décline également en Loveseat pour un tête-à-tête amoureux ou, nouveauté, agrémenté d’un pourtour en bois véritable pour une version plus nature. E Dutchtub (standard), dès CHF 6050.–. Plus d’informations sur www.doubledutch.ch


ACTUEL Futuriste

Un bâtiment autosuffisant

À l’assaut des océans Alors que la planète Terre semble arriver au bout de ses ressources naturelles et que la population se démultiplie à une vitesse grandissante, le Grand Bleu pourrait constituer une solide alternative quant au devenir de l’humanité. La preuve en deux exemples. DR

Maxime Pégatoquet

Water-scraper De quoi s’agit-il? Imaginé par l’architecte malaisien Sarly Adre Bin Sarkum, Water-Scraper est un gratte-mer plongeant au plus profond des mers avec une «hauteur» de 381 m, égale à celle de l’Empire State Building. Avec son esthétique proche de la méduse, il serait immergé à près de 90%.

Qu’est-ce qu’on y trouvera? Les espaces de vie, de travail et de loisirs se trouvent sous l’eau, des tentacules et des ballasts maintenant le bâtiment en équilibre. Au sommet du building, un parc éolien, des espaces verts aménagés à des fins de détente, mais aussi pour l’élevage et l’agriculture hors sol. A l’instar de Sea Orbiter, le bâtiment serait autosuffisant et fondé sur les principes de l’arcologie (architecture qui cherche à minimiser l’impact de l’homme sur son environnement).

Quel est son degré de faisabilité? Résultat d’un concours de gratte-ciel futuristes lancés par le collectif d’architectes new-yorkais eVolo, le WaterScraper n’existe qu’à un stade conceptuel. Plus proche d’un Waterworld où l’humanité aurait dû se retrancher sur les mers pour survivre, il n’est qu’un projet papier dont l’unique objectif serait d’offrir les services d’une sorte de palace flottant. Plus d’infos sur www.laterredufutur.com

Sea Orbiter De quoi s’agit-il? Initié par Jacques Rougerie, l’architecte des mers, Sea Orbiter est un projet de «laboratoire océanique flottant». Une sorte de station dérivante empruntant sa forme à celle de l’hippocampe, construite en aluminium recyclable et mesurant 58 m de haut (dont 31 seront immergés).

Qu’est-ce qu’on y trouvera? Au sommet du «navire», un système de communication 24h/24 grâce à un partenariat avec Google et un poste de vigie avec une vue de 360°. Dans la partie émergée, une plateforme de mise à l’eau, un laboratoire pluridisciplinaire modulaire, une zone médicalisée, un laboratoire scientifique humide. Dans la partie immergée, les espaces couchettes, les quartiers de vie en zone pressurisée, un hangar sous-marin et un espace plongée, un accès direct pour les sorties sous-marines.

Quel est son degré de faisabilité? En voie de trouver les dernières lignes de budget, le projet pourrait voir le jour d’ici à 2015. Près de 95% de la plaine abyssale étant toujours inexplorée, cet observatoire des mers pourrait dès lors enrichir nos connaissances en matière d’énergies renouvelables, de nourriture, de pharmacologie ou tout simplement dans notre connaissance de la biodiversité. Figure de la Blue Society, Sea Orbiter représenterait alors une forme d’avenir bleu où les océans apporteraient les solutions d’un futur durable.

DR

Plus d’infos sur http://seaorbiter.com

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coup de griffeS Trop de technologies tue l’énergie (humaine)

ACTUEL électricité

En suisse romande des forages sont en cours

La géothermie profonde refait surface

L

e jour où nous avons décidé de changer de voiture. Nous avons choisi une Toyota Verso familiale, sobre, fonctionnelle et réputée pour sa fiabilité. Démarrage avec clef électronique, ouverture du coffre à distance, le bonheur, quoi. Jusqu’à cette journée de ski où la pointe d’un bâton s’est insinuée là où il ne fallait apparemment pas, faussant le système d’ouverture de la porte arrière et condamnant l’accès au coffre. Après avoir vainement cherché un quelconque système mécanique de secours, la réalité nous rattrapait. La toute-puissance technologique avait failli. A moins qu’il n’y ait là une stratégie d’obsolescence programmée. Cet épisode nous rappelle de ne pas céder à la facilité technologique qui nous dépossède de gestes dont la simplicité renvoie à une forme de valeur d’usage. Aah, le fameux café en capsule! Aah, la liseuse lisant à la place du liseur! Et puis, bientôt, vu à la dernière Biennale du design de SaintEtienne, le nouveau robinet multifonction de Dyson qui lave et sèche les mains en douze secondes chrono. Comme James Dyson l’a lui-même dit au journal Le Monde, «on sait que la dématérialisation et le sans-contact sont l’avenir». Je ne suis pas sûr que m’empêcher d’utiliser un torchon soit une avancée probante. Pas plus que celle de devoir me dépatouiller avec un cylindre mécanique pour enfourner mes bagages avant mon départ en week-end. Maxime Pégatoquet

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Après l’échec du chantier bâlois en 2006, plusieurs projets de forage sont actuellement à l’étude ou en cours de réalisation en Suisse. Parce qu’elle permet d’exploiter la chaleur générée par les entrailles de la Terre, la géothermie de grande profondeur demeure en effet un créneau énergétique porteur.

élodie Maître-Arnaud

S

i l’utilisation de la géothermie de faible profondeur – via des sondes reliées à des pompes à chaleur – est entrée dans les mœurs pour chauffer les habitations et les immeubles de bureaux, la technologie est à l’inverse sous-exploitée à grande échelle, et mal connue du grand public. Il faut dire que le naufrage du projet Deep Heat Mining, à Bâle, a marqué les esprits. La ville avait en effet dû stopper ses forages après que ceux-ci ont provoqué plusieurs séismes.

Depuis lors, plusieurs cantons ont toutefois décidé de relever le défi de la géothermie profonde. Il s’agit en pratique de descendre au-delà de 2000 m sous la terre, afin de couvrir les besoins en chauffage de milliers de logements. La plupart des projets permettront en outre de produire de l’électricité. En Suisse, à ce jour, aucun courant n’est en effet issu de la géothermie. Ce créneau suscite pourtant de nombreux espoirs. Ses principaux atouts pour ses partisans? Des coûts de production relativement faibles, une énergie renouvelable et dispo-

nible en permanence, une pollution et des déchets limités et une emprise au sol et sur les paysages réduite. D’après l’OFEN, les experts prévoient d’ici à 2030 une production totale de 800 GWh grâce à la construction d’une douzaine d’installations de ce type. A long terme, une part substantielle de la consommation électrique de la Confédération devrait ainsi être couverte par des centrales géothermiques.

un projet très avancé Particulièrement complet, le projet AGEPP (Alpine Geo­


ACTUEL «Dans le canton de Vaud, plusieurs forages sont également à l’étude. Et leurs profondeurs donnent le vertige: 6000 m à Gland, plus de 2000 m à Eclépens et 4500 m à Avenches.» thermal Power Production) en cours sur la commune vaudoise de Lavey-Morcles permettra ainsi, grâce au forage d’un puits de 2000 à 3000 m de profondeur, de pourvoir en chauffage quelque 1200 foyers. Mené en partenariat avec Romande Energie, il produira en outre de l’électricité et approvisionnera en énergie le Centre thermal de Lavey-lesBains, ainsi que des exploitations de pisciculture et des cultures sous serres. L’opposi-

tion des Bains de Lavey n’ayant toutefois pas encore été levée, les travaux ne devraient pas commencer avant le premier semestre 2014. Ailleurs dans le canton de Vaud, plusieurs forages sont également à l’étude. Et leurs profondeurs donnent le vertige: 6000 m à Gland, plus de 2000 m à Eclépens et 4500 m à Avenches. A l’initiative de Geo-Energie Suisse SA, une centrale de géothermie profonde pourrait aussi voir le jour sur le territoire

EN BREF Londres

de la commune jurassienne de Haute-Sorne. Genève n’est pas en reste et vise les 4000 m, une ambition inscrite dans le programme «Géothermie 2020» adopté en octobre 2012 par son Conseil d’Etat. Mais c’est la ville de Saint-Gall qui fait aujourd’hui figure de pionnier, puisque le premier coup de pioche a été donné au mois de mars dernier. Un chantier sous haute surveillance: six stations de mesure ont en effet été installées autour du forage par le Service sismologique suisse. A l’horizon 2015, la centrale géothermique devrait ainsi chauffer un tiers des ménages saint-gallois, ce qui représente près de 10% de la consommation de chaleur de la ville. Elle produira par ailleurs quelque 7 millions de kWh d’électricité chaque année, soit 2% de ses besoins. E

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Exploitez votre propre centrale électrique. Avec la micro-cogénération, non seulement vous chauffez votre maison, mais vous produisez en même temps de l’électricité pour votre usage personnel. De cette manière, l’énergie primaire utilisée est exploitée beaucoup plus efficacement qu’avec d’autres types de chaudières ou de centrales électriques. Et en utilisant du biogaz, vous misez sur une énergie renouvelable. www.gaz-naturel.ch

A vélo dans les airs La ville de Londres étudie actuellement un projet de réseau de transport aérien pour les cyclistes. L’idée du designer Sam Martin consiste à relier la banlieue aux principales gares du centre-ville par l’intermédiaire de pistes cyclables aériennes. Une bonne manière de renforcer la sécurité des usagers de deux-roues tout en évitant de multiplier les pistes cyclables au sol. La première voie du Sky Cycle pourrait voir le jour en 2015.


EN BREF

ACTUEL

New York Solaire

Un taxi sur trois électrique en 2020 Michael Bloomberg et Nissan ont lancé un projet pilote avec l’introduction de six Nissan Leaf électriques parmi la flotte des Yellow cabs new-yorkais. Une goutte d’eau dans une ville qui n’en compte pas moins de 13 000. Le maire a néanmoins déclaré que l’objectif fixé à l’horizon 2020 consistait à atteindre un tiers de véhicules électriques parmi l’intégralité des taxis de la Grande Pomme.

Des capteurs qui suivent le soleil

Bientôt des îles sur les toits ? Une entreprise zurichoise a imaginé une solution compacte pour produire de l’énergie solaire en grande quantité. Présentées comme une alternative aux panneaux photovoltaïques, ces îles solaires pourraient discrètement recouvrir les immeubles d’habitation. élodie Maître-Arnaud

F

énergie verte L’énergie mondiale n’est pas plus propre qu’en 1990 Malgré les efforts déployés pour encourager l’énergie verte depuis vingt ans, l’AIE, dans son rapport «Identifier les progrès de l’énergie propre», tire la sonnette d’alarme. D’une part, la consommation mondiale augmente à une vitesse folle et d’autre part, la quantité de dioxyde de carbone émise par chaque unité énergétique produite n’a baissé que de 1% en moyenne depuis vingt-trois ans. L’augmentation du recours au charbon est pointée du doigt.

ondée en 2010, la société Novaton est spécialisée dans le développement et la commercialisation des îles solaires, une technologie innovante et exclusive de production d’énergie renouvelable. Avec des applications potentielles variées, selon son CEO Thierry Meresse. «Nos plateformes peuvent être utilisées pour le chauffage et le refroidissement d’habitations ou d’industries, ainsi que pour la désalinisation de l’eau ou la production d’électricité.» La start-up zurichoise a déjà construit un prototype aux Emirats arabes unis et collabore avec la société Viteos pour édifier trois îles sur le lac de Neuchâtel, à des fins de recherche appliquée. Après avoir

racheté la propriété intellectuelle de la société Nolaris en janvier dernier, elle est désormais en quête d’un partenaire pour mettre en route un projet pilote en Suisse, sur le toit d’un immeuble d’habitation.

concurrencer le nucléaire «Les technologies solaires actuelles ont un rendement énergétique assez faible, sans compter qu’elles utilisent souvent beaucoup d’espace au sol afin de limiter l’effet

d’ombre», souligne le CEO. Le procédé imaginé par Novaton offrirait quant à lui un rendement beaucoup plus élevé que le photovoltaïque, avec quasiment aucune perte de place (contre au moins 50% de surface perdue pour les technologies de concentration solaire actuelles). Dans un pays ensoleillé, un carré de 3 km de côté, couvert de ce type de plateformes, permettrait ainsi de produire annuellement autant d’énergie qu’une centrale nucléaire équivalente à celle de

«Nos plateformes sont utiles pour le chauffage, le refroidissement, pour la désalinisation de l’eau ou la production d’électricité.» Thierry Meresse

échange de batteries

DR

Better Place débranche la prise Un monde meilleur, c’est ce que l’entreprise Better Place, partenaire de Renault-Nissan, comptait mettre en place en offrant des stations-service d’échange de batteries pour les véhicules électriques au Danemark et en Israël. Las, après avoir cumulé 850 millions de dollars de pertes depuis sa création en 2007, l’entreprise a demandé sa liquidation judiciaire.

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ACTUEL Mühleberg. Comment expliquer une telle performance? Pas moins de six brevets d’invention ont été déposés dans le cadre de cette technologie. «Le principe de fonctionnement est le suivi azimutal du Soleil, grâce à une rotation horizontale de l’île. Tous les récepteurs tournent ensemble et on évite le phénomène d’ombrage», explique Thierry Meresse. Concrètement, la plateforme est constituée d’un tube circulaire extérieur et d’une membrane étanche sur laquelle sont fixés les récepteurs solaires (des paraboles brevetées). Le tube flotte sur l’eau – ou, dans sa version terrestre, sur un canal d’eau – et une surpression de 0,01 bar (soit 1% de la pression atmosphérique), sous la membrane, permet de soutenir les récepteurs. «Un peu comme un matelas pneumatique», résume-t-il.

viser les marchés ensoleillés Il va sans dire que ces plateformes nécessitent un fort ensoleillement direct, d’où le choix d’emplacements stratégiques dans le monde et un focus tout particulier sur le Moyen-Orient, l’Amérique latine et l’Europe du Sud. «En Suisse, le Valais et le Tessin seraient des lieux très adaptés à l’utilisation de notre technologie», ajoute le CEO. Celle-ci pourrait donc équiper des habitations helvétiques dans un futur très proche. D’autant que l’île a aussi l’avantage d’être moins haute, plus concentrée et plus esthétique que les autres technologies solaires. Le tout, pour un coût relativement faible. «Nos offres au mètre carré sont très compétitives», souligne Thierry Meresse. Une île solaire de 12 m de diamètre

EN BREF Grande-Bretagne

sur un toit est largement suffisante pour alimenter une maison individuelle en eau chaude, chauffage et climatisation, via l’utilisation d’un chiller à absorption, fonctionnant peu ou prou comme un réfrigérateur sans pompe électromécanique. «La seule contrainte est d’avoir un toit plat pour la poser, même si on peut aussi envisager de l’installer dans un jardin», précise-t-il. Plus grande, elle pourrait également fournir de l’énergie pour plusieurs villas ou un immeuble entier. La chaleur générée par la plateforme est en outre beaucoup plus facile à stocker que l’électricité, notamment sous forme d’eau chaude. Jusqu’à 75% de l’énergie d’un foyer pourrait ainsi être fournie par ce procédé solaire thermique, permettant de diviser par quatre la facture d’électricité. E

L’huile de fish & chips utilisée pour créer de l’électricité

2OC, petite PME britannique active dans les énergies renouvelables, a annoncé en avril dernier la signature d’un contrat de vingt ans avec Thames Water qui gère le réseau d’eau de Londres pour ouvrir une centrale électrique alimentée par de la graisse de cuisine. Dès 2015, les huiles usées des restaurants et les matières grasses des égouts serviront à produire 130 GWh par an, soit l’équivalent de la consommation de 40 000 ménages.

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EN BREF

ACTUEL

états-Unis recherche

Le Net plutôt que les kilomètres Public Interest Research, une ONG américaine, a publié un rapport en mai dernier qui démontre que la tranche d’âge 16-34 ans roule 23% de km en moins en 2009 par rapport à 2001. De plus, 26% des moins de 34 ans n’ont pas le permis contre 21% dix ans plus tôt. Plus urbaine et ouverte aux transports publics, la nouvelle génération réduit ses déplacements grâce aux achats sur le Net et aux réseaux sociaux.

Des piles à partir d’eau et d’alcool

Ceci n’est pas un apéritif anisé Produire de l’électricité à partir d’eau et d’alcool, les scientifiques en rêvaient depuis longtemps. C’est aujourd’hui chose faite grâce notamment aux chercheurs de l’EPFZ. Fotolia

Production de Pétrole

loppée par les scientifiques de l’EPFZ, la réaction survient déjà au-dessous de 100 degrés et dans une pression atmosphérique ambiante.

Swissolar 10% de solaire en Suisse L’association des professionnels de l’énergie solaire aimerait que 10% de l’énergie utilisée en Suisse provienne du solaire d’ici à 2035. Pour atteindre un objectif aussi ambitieux, la surface des capteurs solaires doit être multipliée par 15 pour passer à 15 millions de m2, soit la taille de la ville de Genève. Selon Swissolar, quelque 200 millions de m2 de toits ou façades sont propices à la pose de panneaux photovoltaïques en Suisse.

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Mais ce qui réjouit particulièrement le professeur Hansjörg Grützmacher est que ce catalyseur permettra la fabrication de batteries propres: «Grâce à notre découverte les piles seront faites à partir de produits naturels non polluants et avec des matières renouvelables.» «Selon le principe de micro-réversibilité qui veut que ce qui va de gauche à droite prend le chemin inverse, nous devrions pouvoir récupérer le CO2 stocké dans le méthanol utilisé. Le méthanol restituerait alors une énergie concentrée qui pourrait à son tour être employée comme carburant.» Cette découverte intéresse l’industrie horlogère et une micro-pile à combustible fonctionnant avec cette molécule pourrait bientôt voir le jour. «Dans le principe, ces batteries pourront aussi être utilisées dans l’industrie automobile ou dans tout autre objet nécessitant une pile. Avant que ce soit réalisable à grande échelle, il va falloir procéder à encore plus de recherches et s’investir dans les développements technologiques. Mais je suis convaincu que ça va arriver», conclut le scientifique. E DR

9% en plus d’ici à 2018 Dans un rapport publié en mai, l’AIE estime que l’offre mondiale d’hydrocarbures liquides progressera de 8,8% pour atteindre 103 millions de barils par jour en 2018, soit une augmentation quotidienne de 8,4 millions de barils. Le 20% de cette hausse s’expliquerait par la hausse de la production irakienne et l’émergence du pétrole de schiste en Amérique du Nord.

Matières renouvelables

Ludmila Glisovic

«N

ous avons toujours été convaincus qu’il était possible de transformer un mélange d’eau et de méthanol (CH3) en énergie, d’une façon différente de celle existant actuellement», explique le professeur Hansjörg Grützmacher du laboratoire de chimie inorganique à l’Ecole polytechnique de Zurich (EPFZ). «Avec mon équipe, nous avons traversé une longue période de recherches qui a duré près de six ans et c’est un peu par hasard que nous avons mis au point la molécule, un acide carboxylique, qui doit permettre de fabriquer une pile à combustible.» Cette molécule est un catalyseur. Ajoutée à de l’eau et à du

méthanol, la réaction produit de l’hydrogène et du CO2, c’est-àdire du dioxyde de carbone, en lieu et place du monoxyde de carbone (CO). Ce dernier péjore actuellement le rendement des catalyseurs dans les piles à combustible. Les cellules de méthanol sont déjà couramment utilisées pour produire de l’énergie. Mais actuellement, ce procédé exige de hautes pressions et des températures atteignant 200 à 300 degrés. Sous ces conditions, le monoxyde de carbone (CO) peut contaminer le gaz produit et les catalyseurs de la pile à combustible. Un problème qui ne survient pas avec le CO2. De plus, grâce à la molécule déve-


ACTUEL Design

Une ampoule utra-puissante

Inspirée des «technologies» naturelles des arbres, l’ampoule NanoLeaf annonce une puissance près de 5 à 7 fois supérieure à celles utilisées aujourd’hui. Une révolution éclairée est en marche. Maxime Pégatoquet

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maginée par Gimmy Chu, Tom Rodinger et Christian Yan, trois amoureux de la nature et des arbres en particulier, la NanoLeaf est présentée comme l’ampoule la plus performante du monde en termes d’efficience énergétique. Une ampoule de 10 W en valant une actuelle de 75 W, une de 12 W équivalent à la puissance d’une ampoule classique de 100 W.

D’une durée de vie annoncée de vingt-cinq à trente ans (pour trois heures d’usage quotidien), la NanoLeaf de base avance une puissance de 1200 lumens. Prévue autant pour un usage intérieur qu’extérieur, elle utiliserait près de 88% d’énergie en moins, grâce notamment à sa conception faite de réflecteurs multi-directionnels et à une volonté de «conservation d’énergie». A la manière d’une feuille d’arbre qui irait capter la source

d’énergie (solaire) là où elle se trouverait. A l’heure où les ampoules à filament sont sur le point d’être rangées dans la malle aux souvenirs, voilà un produit, agrémenté de la technique LED, sacrément porteur. A tel point que pour financer ce projet, le trio de jeunes entrepreneurs issus de l’Université de Toronto n’a pas hésité à chercher son financement à travers une levée de fonds, via internet et le site

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La nature éclairante

kickstarter. Alors qu’ils envi­ sageaient une somme de 20 000 dollars pour lancer leur société et débuter la production de la NanoLeaf, ils ont récolté près de treize fois la mise demandée, soit un peu plus de 270 000 dollars récoltés. Prévue en noir ou blanc pour un prix allant de 30 à 45 dollars, il est pour l’heure possible de pré-commander son ampoule. Les premières livraisons auront lieu en octobre 2013. E Plus d’infos sur www.thenanoleaf.com

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Michaël Thémans, directeur adjoint du Centre de Transport de l’EPFL, remet en question le degré de propreté de la voiture électrique.

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Michaël Thémans interview

La voiture électrique pas si propre Bonne conscience des gouvernements et nouvelle icône écologiquement correcte, la voiture électrique est en réalité, elle aussi, une source de pollution. La production du courant qu’elle utilise est émettrice de CO2, tout comme son processus de fabrication et de recyclage.

Texte: Sophie Kellenberger Photos: vanina moreillon

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encontre avec Michaël Thémans, directeur adjoint du Centre de Transport de l’EPFL. Il y coordonne les activités liées au transport de 39 laboratoires. Selon lui, la fin du pétrole n’étant pas pour demain, il ne serait pas judicieux d’abandonner les recherches pour améliorer l’efficacité énergétique des voitures thermiques, qui constituent la majorité du parc auto­ mobile, au profit d’autres technologies.

La voiture électrique pollue aussi E 21 Quand on analyse le bilan global d’une voiture électrique, n’y aurait-il pas une certaine hypocrisie à estimer qu’elle est propre? MT Pour moi, l’hypocrisie n’est pas

spécifique au véhicule électrique car elle va plus loin. Aujourd’hui, tous les gouvernements, et la Suisse ne fait pas exception, définissent le degré de propreté d’une voiture uniquement en mesurant les émissions de CO2 du véhicule en déplacement. Sur les étiquettes énergétiques, que ce soit un véhicule électrique, diesel ou essence, on ne tient pas compte de l’énergie grise nécessaire à sa construction. Ni de l’énergie grise indispensable à la production de l’électricité car selon la source utilisée, le bilan carbone sera plus ou moins satisfaisant. On ne tient pas compte non plus du coût environnemental du recyclage du véhicule et des produits qui le composent, en particulier la batterie. Nous avons aujourd’hui une indication insuffisante sur le degré de propreté d’un véhicule. Il faudrait sensibiliser les élus pour mettre en place une nouvelle réglementation afin que le consommateur dispose d’une information plus complète.

bio express Naissance en 1980 De nationalité belge, Michaël Thémans est titulaire d’une thèse de doctorat dans la modélisation des transports à l’EPFL. Son rôle principal est la gestion opérationnelle et stratégique du Centre de Transport de l’EPFL. Depuis 2010 Directeur adjoint du Centre de Transport de l’EPFL. 2008-2009 Statisticien et spécialiste R&D au centre de recherche de Nestlé. Depuis 2007 Chargé de cours à l’EPFL. 2002-2007 Assistant de recherche et d’enseignement au laboratoire Transport et Mobilité de l’EPFL.

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interview Michaël Thémans Tromperie générale des étiquettes: lois insuffisantes Vous proposeriez un autre modèle d’étiquetage? L’information idéale qu’il faudrait donner aux consommateurs est l’empreinte environnementale totale du produit, qu’il s’agisse d’une bouteille d’eau ou d’un véhicule. Mais il est très difficile d’avoir accès à toutes les informations permettant cette traçabilité. Nous menons aujourd’hui ce type de recherches avec PSA Peugeot Citroën qui visent à analyser le cycle de vie des différentes filières énergétiques de l’automobile: l’essence, le diesel, l’hybrideessence, l’hybride-diesel et l’hydrogène. Nous cherchons à mesurer l’empreinte carbone et environnementale de la cons­ truction à la destruction.

Une voiture électrique par marque pour faire tomber la moyenne Seulement 0,3% des voitures immatriculées en Suisse en 2012 étaient électriques. Et 2,3% du parc automobile était hybride. Si le public ne mord pas, les véhicules alter­ natifs vont-ils continuer à se développer? Il y a fort à parier que toutes les marques auront bientôt un véhicule hybride dans leur offre. Ne serait-ce que par absolue nécessité. Car les constructeurs vont devoir payer de très lourdes taxes, notamment dans l’Union européenne, si la moyenne des émissions de CO2 de tous leurs véhicules dépasse un certain seuil. Pour abaisser les émissions, les constructeurs peuvent soit améliorer l’efficacité énergétique des véhicules actuels, soit créer des modèles avec des émissions très basses pour faire

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baisser la moyenne de toute leur gamme. L’Union européenne a fixé pour 2015 un seuil moyen de 130 g. Le groupe PSA a récemment sorti un véhicule hybride-diesel à 88 g de CO2, ce qui permet par exemple de compenser un autre modèle à plus de 170 g. Mais il y a aussi une question de marketing; une partie de la clientèle est prête à payer plus cher pour un véhicule propre. En termes d’image, les constructeurs se doivent de proposer un tel véhicule dans leur gamme.

«Absence d’émission»: les messages publicitaires trompeurs Aujourd’hui, la voiture électrique est une icône écologiquement correcte... Serait-ce un message mensonger? Prenons l’argumentaire de Renault: ce constructeur investit 5 milliards d’euros dans les véhicules électriques et il a appelé sa gamme de véhicules électriques ZE, zéro émission. Il y a effectivement zéro émission lors de l’utilisation du véhicule, car un véhicule électrique ne rejette aucune émission. Mais de sa construction à sa destruction, en passant par la production de l’électricité qu’il consomme, il y a des émissions. C’est ce qu’on appelle un mensonge par omission. On ne peut toutefois pas le reprocher au constructeur. Les importateurs non plus ne tiennent pas compte de l’énergie grise

lorsqu’ils annoncent «X» grammes d’émission sur les étiquettes. Ils se basent simplement sur une réglementation qui est en place. C’est au niveau des pouvoirs politiques de prendre des décisions. Je ne suis pas le grand défenseur des industriels, mais en l’occurrence ils ne font qu’optimiser leur stratégie marketing et commerciale en fonction des règles du jeu. Et en termes de recherche et développement, les constructeurs se sont lancés dans une course effrénée à la réduction des émissions de CO2 pour répondre aux nouvelles réglementations visant uniquement à baisser le seuil d’émission de CO2.

Investissements allemands dans le moteur à hydrogène En ce qui concerne la mobilité, quelle est la technologie à l’avenir qui sera le moins dommageable pour l’environnement? Nous n’avons pas de solution idéale aujourd’hui pour remplacer le pétrole qui reste l’énergie la plus performante et la moins chère à produire. L’hydrogène est une voie prometteuse bien qu’il reste quelques problèmes pour le stocker de manière sûre et efficace. En tout cas, nous n’avons pas encore une technologie miracle pour remplacer les véhicules thermiques. Qu’est-ce qui freine la recherche pour l’hydrogène, des questions techniques ou le financement? Ce sont essentiellement des questions techniques. Les constructeurs allemands ont investi massivement dans des recherches sur le moteur à hydrogène. Mais un constructeur automobile se doit d’être pragmatique, il ne peut pas mettre tous ses œufs dans le même panier. Il faut relever aussi que les moteurs thermiques classiques ont beaucoup évolué. Les nouvelles générations sont beaucoup plus performantes. La recherche et développement (R&D) des constructeurs s’applique aux moteurs actuels. Du reste, ils ont raison d’améliorer une technologie approuvée par le public. Au final, seul le degré de pollution générée par le parc automobile compte. Il est massivement constitué de véhicules thermiques, et le restera encore pendant de nombreuses années. L’effort louable des constructeurs est de tenter de faire tendre, en termes de pollution, les véhicules classiques vers les 2 à 3% de véhicules propres.


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Il y a clairement encore beaucoup de recherches qui sont faites sur les moteurs thermiques. Par exemple, en France en 2011, quasiment les deux tiers des projets qui ont été soumis à l’Agence Nationale de la Recherche dans le domaine transport durable et mobilité concernaient le diesel et l’essence. C’est normal parce qu’il existe des opportunités d’amélioration et, jusqu’à preuve du contraire et même si ça ne plaît pas à tout le monde, les groupes motopropulseurs thermiques classiques ont une très bonne densité énergétique. Une batterie ne pourra probablement jamais l’obtenir: un dm3 de batterie n’atteindra jamais la densité énergétique d’un litre de pétrole. Sauf si on arrivait à améliorer de manière gigantesque le rendement de ces batteries. Ce qui ne point pas à l’horizon.

«De la construction à la destruction de la voiture électrique, en passant par la production de l’électricité qu’elle consomme, il y a des émissions. C’est ce qu’on appelle un mensonge par omission.» michaël thémans Le pétrole n’est pas fini Selon vous, le moteur idéal sera-t-il découvert par la recherche fondamentale dont le financement est public ou grâce à la recherche appliquée, liée aux industriels? Si des solutions alternatives doivent être trouvées, ce sera plutôt dans le domaine de la recherche fondamentale. L’industrie a d’autres préoccupations et d’autres contraintes que nous n’avons pas forcément. Mais il faut rester pragmatique; nous sommes ancrés dans un monde basé sur l’industrie du pétrole. Les pétroliers investissent des milliards en R&D (recherche et développement) pour être capables d’extraire du pétrole dans des zones où l’on ne pouvait pas le faire jusqu’à présent. C’est une licorne de dire qu’on arrive à la fin du pétrole. Tant qu’il y en aura, c’est normal que la recherche industrielle soit principalement axée sur les véhicules thermiques (et leurs évolutions directes que sont les hybrides).

La fin du pétrole n’étant pas près de sonner, est-ce à dire que nous ne sommes pas près de voir apparaître de nouveaux moteurs réellement écologiques? La fin du pétrole n’est pas déterminante: la recherche fondamentale n’attend pas une nécessité absolue industrielle ou sociétale pour réfléchir à de nouvelles technologies. Dans nos laboratoires, nous travaillons sur des projets futuristes à très long terme, trente à quarante ans par exemple, sur une nouvelle génération d’avions. Personne n’en a absolument besoin aujourd’hui, parce que l’industrie aérienne se porte plutôt bien, mais ça n’empêche pas les universités de réfléchir à après-demain.

Plus de recherches dans les moteurs thermiques Actuellement, les universités mettent-elles plus de force de recherche dans les moteurs thermiques ou électriques?

Améliorer le thermique c’est améliorer la grande majorité du parc automobile... C’est là où il y a le plus de possibilités. Aujourd’hui, certains véhicules qui sortent pèsent 1500 kg et ne consomment que 4 à 5 litres sur l’autoroute, on s’approche d’un véhicule électrique. Une étude, réalisée par nos collègues de l’EMPA à Dübendorf, a conclu que si l’on prenait le mix énergétique actuel en Europe pour la production d’électricité et qu’on analyse le cycle de vie d’un véhicule électrique, son empreinte écologique équivaudrait à environ 3 litres de carburant. Or les véhicules classiques (et surtout les hybrides) sont en train de tendre gentiment vers ces 3 litres. On ne peut donc pas donner tort aux constructeurs ni même aux scientifiques qui font de la recherche dans les moteurs thermiques parce qu’il y a encore du potentiel d’amélioration. Au final, ce qui compte, c’est l’impact réel. L’impact sociétal est plus fort si on améliore de 10% l’efficacité énergétique des moteurs thermiques qui sont plébiscités par la grande majorité des gens que si l’on propose un véhicule extrêmement propre mais qui n’est acheté par personne. Ce serait donc une grave erreur, aussi bien pour les scientifiques que pour les industriels, d’investir tous leurs efforts dans des solutions «après pétrole» et de prendre pour acquis qu’une voiture thermique est polluante, sans essayer d’améliorer son efficacité. E

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Fonds immobilier

énergie

«La solution pour réduire la consommation de chauffage, c’est la facturation individuelle» Arnaud de Jamblinne dirige le fonds immobilier La Foncière qui possède plus d’un milliard de francs d’actifs immobiliers en Suisse romande. Pour lui, l’efficience énergétique fait figure de priorité. Il nous explique les pratiques de son entreprise en la matière. Texte: Thierry Vial Photo: vanina moreillon

E 21 Arnaud de Jamblinne, en tant que directeur d’un fonds de placement immobilier de 3962 appartements évalué à plus d’un milliard de francs, que représente l’efficience énergétique pour vous? ADJ C’est très important. Notre philosophie s’inscrit sur le long terme et pour tous nos immeubles, nous planifions une politique de rénovation et d’entretien à dix ans. Dans tous les cas, nous réflé-

chissons à l’amélioration de l’efficience de nos bâtiments lorsque nous entreprenons des travaux. Notre moteur est de contrôler au plus près la consommation d’énergie des appartements. Quelle est la motivation d’entreprendre de tels travaux puisque les locataires paient les charges? Nous réfléchissons toujours à l’intérêt à long terme des investisseurs. Entretenir son immeuble est primordial et l’aspect énergétique devient un facteur important de la valorisation d’un objet immobilier. Avant de lancer de tels travaux, nous évaluons toujours l’équilibre entre l’investissement et la plus-value. Aujourd’hui, le marché est très tendu et les locataires ont peu de choix pour se loger mais cette situation peut changer à moyen terme. Les efforts que nous réalisons aujourd’hui paieront demain car nous serons en mesure d’offrir des prestations attrayantes. Est-ce que vous essayez quand même de sensibiliser vos locataires en matière de consommation d’énergie? Oui, bien sûr, nous avons édité une brochure qui rappelle des

Arnaud de Jamblinne, directeur du fonds immobilier La Foncière.

règles simples pour réduire sa consommation. Mais, en Suisse, avec près de 80% de locataires dans les villes, les gens sont moins sensibles que des propriétaires à la réduction de leur facture énergétique. C’est malheureux car, au final, c’est celui qui règle son chauffage ou qui éteint la lumière dans son appartement qui peut avoir un impact sur la consommation. Pour pousser les locataires à agir dans ce sens, il faudrait avoir une facture individuelle de chauffage. Malheureusement, en Suisse, ce n’est pas encore la norme alors qu’à l’étranger, cela se pratique beaucoup plus. Quels sont les travaux les plus rentables dans vos immeubles? Nous remarquons que l’isolation périphérique d’un bâtiment, lorsqu’elle est possible, constitue toujours un très bon investissement et permet de baisser les charges des locataires de 5 à 8%. Le changement des fenêtres est également efficace. Actuellement, nous nous activons aussi à la surélévation d’immeubles qui permet d’isoler intelligemment les combles des maisons tout en offrant un gain de rentabilité par immeuble. Vous ne parlez pas des panneaux solaires, ça ne fait pas partie de vos priorités? Nous possédons un parc immobilier principalement urbain et le solaire est très compliqué et cher à installer sur des vieux immeubles, c’est pourquoi nous ne pouvons opter pour des panneaux de manière systématique. Mais dès que cela est possible nous le faisons, comme à Genève en ce moment sur l’un de nos bâtiments. En matière de système de chauffage proprement dit, nous privilégions le gaz qui permet de limiter les rejets de CO2 dans l’atmosphère. Pour vous, l’abandon du nucléaire est-il une bonne voie à suivre pour la Suisse? Oui, c’est une très bonne idée mais il faut prévoir des délais raisonnables pour y arriver en agissant sur la limitation de notre consommation, tout en assurant un approvisionnement adéquat en énergie alternative. E

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techno

Un bilan salé

Les dessous écolos d’Internet

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La facture des dépenses énergétiques fossiles du grand manitou est salée. Pourtant, de plus en plus d’hébergeurs et de privés développent des solutions écologiques, certains en se soumettant à des chartes personnalisées. Alors quel avenir pour internet, écolo ou pas? Enquête.

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Ecologique, le 3e datacenter d’Infomaniak Network SA ouvrira ses portes le 1er décembre prochain à Satigny/GE.

20 m2 de panneaux solaires produisent 2500 kWh/an, compensant plus de 100% des besoins énergétiques des serveurs de la société neuchâteloise Horus Networks.

Hébergeurs suisses écolos En Suisse, les fermes sont de plus en plus écologiques. La plateforme genevoise Infomaniak Network héberge par exemple plus de 100 000 sites internet et plus de 800  000 adresses e-mails. Elle inaugurera le 1er décembre prochain son troisième datacenter en construction à Satigny (GE). Fidèle à sa charte, l’entreprise, pionnière en la matière, l’a voulu le plus écologique de Suisse. Pour y arriver, elle utilisera une technologie de serveurs pouvant supporter des températures allant jusqu’à 45 °C, ce qui permet de ne plus fabriquer de froid mais d’utiliser, toute l’année, l’air extérieur filtré; énergie disponible et gratuite.

un engagement sur tous les fronts

ment ses émissions de CO2 et est certifiée par l’organisme Myclimate. «Nous avons demandé à nos fournisseurs de nous garantir une électricité à 99% d’origine hydraulique et 1% renouvelable», explique le responsable énergétique Alexandre Patti.

des entreprises qui MONTRENT L’EXEMPLE Adhérant auprès de la Chambre de l’économie sociale et solidaire Après-GE, MacWorks-Podspital répare et récupère les iPod endommagés. «En effet, nous réparons les iPhone, iPod et iPad hors garantie et conservons toutes les pièces. Celles qui ne nous sont d’aucune utilité sont intégralement recyclées via RVM Recycling Valorisation de matières SA», commente Didier Séverin, responsable du site à Genève. La société Horus Networks Sàrl implantée à Neuchâtel a installé 20 m2 de panneaux solaires photovoltaïques en 2004, produisant 2500kWh par année. Cette énergie permet de compenser plus dE 100% des besoins énergétiques de ses serveurs informatiques et constitue le premier hébergement solaire en Europe.

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En 2012, grâce à ses efforts en matière environnementale, l’entreprise n’a émis que l’équivalent de 128 tonnes de CO2 pour l’ensemble de son fonctionnement. Ce chiffre inclut l’énergie nécessaire à la fabrication des serveurs achetés cette année-là et va jusqu’à inclure les émissions de CO2 générées par chaque employé pour se rendre sur son lieu de travail ou pour préparer et consommer son repas de midi sur place. Elle s’engage aussi à offrir un budget équivalent à un vélo neuf de bonne qualité pour chaque employé qui se rend au travail en deux-roues durant la saison chaude. De plus, InfoL’AVIS DU DIRECTEUR D’ECOCLOUD, Babak falsafi maniak place les fonds de pension de son personnel dans une caisse qui exclut toute entreprise exerçant Pour le professeur à l’EPFL Babak Falsafi, des activités non acceptables au niveau éthique et directeur du centre de recherche des technoécologique. Depuis 2009, elle compense intégralelogies économique et écologique du cloud computing, Ecocloud: «La révolution informatique émergente Big Data a à voir avec une croissance des données numériques énorme et la consommation d’électricité des datacenMary-Luce Boand Colombini ters insupportable qui augmente de 20% chaque année au niveau mondial. Nous ous ses airs faussement lisses, poursuivons donc assidûment nos études pour transformer des données de services informainternet qui fait l’interconnexion tiques plus économiques destinées à tous types de consommateurs.» de tous les réseaux a besoin A petite ou grande échelle, en entreprises et dans le bureau d’un privé, les gestes écologiques d’équipements qui consomment du quotidien sont les mêmes: éteindre son ordinateur après utilisation journalière, le mettre et qui produisent énormément d’électricité en veille lorsqu’on ne l’utilise pas durant un moment, choisir un fournisseur d’électricité et, cela va sans dire, d’émissions de CO2. hydraulique ou verte, recycler et trier le papier, boire l’eau du robinet, utiliser des linges en Les fibres optiques et câbles en cuivre tissu plutôt que des essuie-mains en papier, etc., à chacun sa responsabilité, sa charte ou son doivent relier des centres de données et de label. calcul, boîtiers ADSL, émetteurs wi-fi, antennes de téléphonie cellulaires, puis les

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techno

Un bilan salé

«Un mail d’un méga (Mo) entre deux personnes dépenserait 19 g de CO2, soit 1000 km parcourus en voiture. Les spams pollueraient autant en un an que l’utilisation de 3 millions de véhicules. Le web générerait plus d’émissions de CO2 par an que le transport aérien.»

routeurs doivent relayer ces données et établir des chemins vers les destinations. Celles-ci sont abritées dans des salles climatisées, bref, la vie d’internet n’est pas un long fleuve tranquille. Son impact environnemental est lourd: un mail d’un méga (Mo) entre deux personnes dépenserait 19 g de CO2, soit 1000 km parcourus en voiture. Les spams pollueraient autant en un an que l’utilisation de 3 millions de véhicules. Le web générerait plus d’émissions de CO2 par an que le

Neoma Interactive

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Des géants américains verts?

Le nouveau datacenter de Facebook à Prineville en Oregon/USA dévoile comment consommer 38% d’électricité en moins et abaisser ses coûts de 24%.

Les statistiques annoncent que les datacenters implantés dans le nord-ouest des Etats-Unis devraient dépenser 10% de la consommation électrique d’ici à 2030 et atteindre 355 MW par an, représentant assez d’énergie pour alimenter 239 000 foyers. Un rapport prévoit même que cette consommation atteindrait les 1400 MW.

tous dans l’oregon Les hébergeurs qui s’installent dans la zone rurale de l’Oregon investissent des centaines de millions de dollars, car le coût de l’énergie y est faible en raison de la forte proportion de l’énergie charbon, de la disponibilité de l’eau pour refroidir les serveurs, du climat plus frais pour faire du free cooling et d’un taux fiscal

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intéressant... Google dépenserait près de 600 millions de dollars par datacenter, Microsoft près de 500 millions et Apple est en train de construire une infrastructure évaluée à 1 milliard de dollars. Ces sociétés IT cherchent tout de même à construire des centres plus économes. AMD a annoncé un parc de serveurs à basse consommation (architecture ARM pour ses processeurs liés aux puces des smartphones et tablettes). Ceux-ci brûleraient dix fois moins d’énergie que les serveurs actuels et seraient plus performants sur les applications Hadoop ou Apache Web Server. Google a fait le pari de l’éolien et du solaire, Yahoo a implanté ses datacenters proches des chutes du Niagara, Apple a construit une ferme de panneaux solaires située en Caroline du Nord, Facebook a

délocalisé ses données dans le nord de l’Europe pour profiter du froid. Son programme Open Compute partage, avec les autres acteurs du marché, les secrets de son centre de Prineville (Oregon) qui consommerait 38% d’électricité en moins et coûterait 24% moins cher à entretenir. Ces géants sont-ils verts et leur démarche suffisante? Selon le spécialiste de prospective économiste et scientifique Jeremy Kifkin, la troisième révolution industrielle qui bouleverse notre quotidien à l’ère numérique d’internet et du participatif a fondamentalement changé nos modes de pensée. Les principes et les technologies qui ont permis à internet d’émerger seront, d’après lui, mis à profit pour reconfigurer les réseaux électriques: en passant d’un modèle pyramidal et très centralisé, basé sur l’utilisation du pétrole et de l’uranium, à un modèle horizontal avec un maillage en «toiles d’araignées», où chacun pourra produire à son niveau une énergie renouvelable à partager avec ses pairs.

une convergence souhaitable «A l’image de l’information que nous produisons et partageons actuellement sur internet, l’énergie va pouvoir être produite et partagée sur un réseau décentralisé et intelligent. On peut envisager un avenir où des millions d’individus pourront collecter, produire, stocker et partager une énergie renouvelable, chez eux, au bureau, dans les usines, dans leurs véhicules. Les gros producteurs devront s’en accommoder, comme cela a été le cas pour les producteurs de musique avec la montée en puissance de l’échange de musique en peerto-peer. La résistance sera sans doute forte mais cette convergence entre les formes d’énergie et de communication est inéluctable... Et souhaitable, puisque notre espèce n’a pas d’avenir en dehors d’une telle convergence.» A bon entendeur...


transport aérien (sources Neoma Interactive). Ces facteurs sont tributaires de la fabrication des matériaux, dès la mise en place physique des réseaux abrités dans des fermes ou datacenters, et de l’origine de l’énergie consommée.

le numérique est gris Pour le spécialiste Christophe Clouzeau de la société française Neoma Interactive: «Contrairement aux idées reçues, tout numériser n’est pas vert car le numérique est gris. Envoyer un mail, effectuer une recherche en ligne, consulter des PDF, publier sur les réseaux sociaux, partager des photos, des musiques et des vidéos, échanger des données en mode cloud, c’est-à-dire un espace de stockage numérique disponible via internet, etc. Ont un réel impact. Nos usages digitaux imposent du matériel physique, environ 80% de l’impact provient de la fabrication et de l’énergie électrique au quotidien. Notre société tente de sensibiliser ses clients via des projets confiés à un calculateur carbone, via notre site et un référentiel de bonnes pratiques Green-it.»

L’obsolescence rapide du matériel informatique qui influence la gestion des déchets raréfie d’autant plus les ressources nécessaires à leur fabrication. Le public doit savoir que les déchets électrotechniques

comportent des métaux et des composants aux effets désastreux sur l’environnement s’ils ne sont pas traités correctement. Hélas aujourd’hui ils sont peu ou pas traités. E

Adresses utiles www.horus.ch, Horus Networks, société d’hébergement de sites internet fonctionnant grâce à l’énergie solaire www.infomaniak.com, Infomaniak Network SA, plateforme d’hébergement écologique www.macworks.ch, Apple Podspital www.ecocloud.ch, consortium de chercheurs universitaires de technologies pionnières pour cloud computing évolutif, rentable et durable www.energystar.ch, OFEN et SuisseEnergie recommandent le label des appareils électroniques énergétiquement efficaces des secteurs informatique, bureautique et électronique de loisir www.swico.ch, recycle les matières premières et élimine les substances nocives d’appareils électriques et électroniques www.suisseenergie.ch, SuisseEnergie, plateforme liée aux énergies renouvelables et à l’efficacité énergétique

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Dossier Comment agrandir sans nuire ?

Plus d’espace, plus de confort Une extension peut améliorer l’efficience énergétique d’une maison. Combles, vérandas, caves… autant de possibilités d’augmenter la surface habitable. Mais attention au budget et aux réglementations. Rencontre avec des architectes et des propriétaires!

texte: Ludmila Glisovic photos: vanina moreillon

«D

e nos jours, augmenter la surface d’une habitation ne va pas augmenter de manière significative la consommation d’énergie», assure François Vernet, architecte chez Vernet Hogge Architectes SA, à Lausanne. En agrandissant la superficie d’une maison, on accroît le volume à chauffer. Dans le principe, cela a une incidence sur la consommation énergétique. Mais de nos jours ce n’est plus une fatalité. Les nouvelles extensions sont réalisées aux dernières normes en vigueur en matière de performance énergétique. Parfaitement isolées, ces zones le sont généralement plus que le reste de l’habitation (lire Un projet de vie). «En outre, le propriétaire en profite souvent pour améliorer le reste de la maison et revoit son mode de chauffage.» (Lire Une maison exemplaire.)

Budget important Quelle que soit l’extension choisie, les travaux seront plus ou moins importants et nécessiteront des investissements ciblés.

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«Les diverses interventions sur un bâtiment existant peuvent être coûteuses. Chaque paramètre compte, l’état de la maison, les désirs des clients, etc. Chaque objet est différent.» Une réflexion que partage Daniel Colombini de Zap Design, bureau d’architecture à Cully: «Selon l’état existant de la maison, les transformations peuvent être plus ou moins longues et les délais peuvent varier considérablement. Lors de la démolition de murs, de sols ou autres, on découvre différentes couches, conséquences de précédentes transformations. Il est difficile, voire impossible, de tout maîtriser dès le départ.» (Lire Le cœur a ses raisons.)

Quelques priorités «Avant d’acheter une maison et de prévoir des transformations, la première démarche est de faire un bilan de l’objet: contrôler l’état de la charpente, voir s’il n’y a pas d’infiltrations d’eau, que le toit n’a pas subi de déformations. Après l’achat, il faut parer au plus urgent et ne pas faire de mauvaises économies. On ne peut pas échapper à ces coûts. Ces travaux doivent rester pour la vie», avertit Daniel Colombini. «Ensuite, ce qui est déterminant, c’est le

budget disponible qui orientera les choix. Avec une extension verticale il faudra, par exemple, inclure le prix d’un escalier. Dans ce cas-là, nombre de facteurs qui font varier les prix de manière conséquente sont à prendre en compte, comme le type d’escalier, de matériau, l’endroit où il s’appuiera, etc.»

Les possibilités d’extension «On peut imaginer que tout est possible en matière de transformation. Mais il y a les réglementations qui limitent les possibilités et qui ne permettent pas de tout entreprendre. Il faut se renseigner sur les coefficients d’occupation au sol, afin de savoir s’il y a des possibilités d’augmenter le volume de cette façon», souligne l’architecte de Zap Design. Les transformations en extension d’habitation au niveau des caves reçoivent difficilement un agrément. En effet, on part du principe que l’on doit vivre dans des espaces qui sont baignés de lumière naturelle et ventilés. Cependant, la création de puits de lumière périphériques peut être imaginée. Les extensions se font plus couramment au niveau des combles. Avant de se lancer dans ce type de transformations, il faut savoir qu’il y a une hauteur de plafond minimale


à respecter. Ces hauteurs doivent être strictement appliquées lorsqu’on construit du neuf. Dans le cadre d’une rénovation, sous le toit, les pans sont généralement en pente et les limites peuvent être un peu plus variables. Dans le cas de combles très hauts, la création d’une mezzanine peut être envisagée. Sous une charpente, il faut aussi des entrées de lumière, ce qui peut impliquer un percement de toiture.

Une maison exemplaire «Nous avons acheté cette maison du début des années 70 en 1996», raconte Britta Freidl. «Après cet investissement, nous ne pouvions pas entreprendre immédiatement tous les travaux nécessaires à son amélioration. Nous avons débuté par la cuisine petite et sombre. «Le mur extérieur et le mur porteur la séparant de la salle de séjour ont été abattus. Une extension en forme de triangle, orientée au sudouest, a été construite.» 3,6 m2 de surface au sol ont été ajoutés pour un budget de CHF 140 000.–. «Cette somme comprend le sol en chêne qui couvre toute la superficie du rez-de-chaussée et l’agencement de la cuisine.» Cet ajout a peu influencé la consommation énergétique de l’époque qui était extravagante. Une isolation efficace posée à l’huile de coude Le couple d’ingénieurs attendra près de dix ans avant d’entamer d’autres travaux qui font aujourd’hui de cette maison un exemple en matière d’efficience. Entre 2006 et 2010, quelque CHF 125 000.– supplémentaires ont été investis. Britta Freidl et Loïc Gaussen posent eux-mêmes l’isolation sur l’enveloppe extérieure. Dans la foulée, la famille investit dans des panneaux solaires thermiques et une chaudière à pellets remplace le mazout. Une isolation sous le toit est posée, ainsi qu’une installation solaire photovoltaïque. Une consommation de mazout divisée par deux Finalement, en 2010, l’espace du jardin d’hiver est revu à son tour. Le terrain est stabilisé et une isolation au sol est posée. Les parois sont été remplacées par des baies à double vitrage. Cet aménagement coûtera CHF 46 000.–. Grâce à ces travaux, la famille qui consommait 3000 litres de mazout par an est passée à 1600 kg de pellets à l’année équivalant à 800 litres de mazout.

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Un projet de vie L’impossibilité de trouver un logement à un prix abordable pousse la famille Verdan, trois enfants, à prendre un parti audacieux. «Nous avons surélevé la maison de mes parents», raconte Samuel Verdan, archéologue. Une extension dans le grenier n’était pas possible. Un étage et des combles non habitables ont donc été érigés sur cette maison datant de 1964 et comptant déjà deux niveaux nichés dans la pente. Les travaux, dirigés par le bureau RDK Architectes SA à Lutry, ont duré six mois. «Mes beaux-parents, qui ont habité sur place pendant toute la durée du chantier, ont été héroïques», déclare Emmanuelle Verdan, enseignante. Aujourd’hui toute la maison profite des performances thermiques de l’extension. «Auparavant, le toit était très mal isolé. Maintenant, une partie de l’isolation polystyrène des murs pignons recouvre l’étage inférieur. Une diminution de la

consommation de gaz de la chaudière a tout de suite été constatée», se réjouit le père de famille. «Par conviction», le jeune couple s’est équipé de panneaux solaires thermiques qui fournissent l’eau chaude à toute la maisonnée et de panneaux photovoltaïques alimentant la partie supérieure. Des radiateurs jamais utilisés «Notre appartement est articulé autour du poêle de masse à bois. Depuis que nous nous sommes installés en 2012, nous n’avons jamais utilisé les radiateurs qui sont reliés à la chaudière.» Cette construction, dans laquelle le bois naturel et indigène domine, a demandé un investissement financier total d’environ CHF 650 000.–.  Au-delà de l’efficience, cette construction qui est avant tout «un projet de vie familiale» réunit aujourd’hui trois générations.

Garder la tête chaude

Des règles à respecter

Lorsqu’on intervient sous le toit, il est important de travailler correctement. C’est la tête du bâtiment. C’est par là que s’échappe en premier la chaleur et cette zone protège tout le reste du bâtiment. Une bonne isolation est donc indispensable et si elle n’existe pas, il faudra entreprendre ces travaux. De plus, la chaleur monte, donc si les étages inférieurs sont bien isolés et chauffés, les combles bénéficieront d’un sol bien tempéré. Mais en règle générale, il faudra prévoir de chauffer cette partie de la maison.

«Avant de s’aventurer dans des travaux, il est indispensable de connaître les réglementations», parole d’architecte. Chaque commune a son règlement des constructions. Ainsi, il faut déposer une demande de permis de construire et cela même pour des transformations intérieures. A la commune ensuite de décider si elle accorde une dispense de mise à l’enquête. «Sous les combles, il faut se renseigner pour savoir si on a les surfaces habitables réglementaires. Dans le canton de Vaud, la hauteur de plafond minimale, quelles que

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«Depuis que l’isolation poly­styrène des murs pignons recouvre l’étage inférieur, une diminution de la consommation de gaz de la chaudière a tout de suite été constatée.» FAMILLE VERDAN

soient les pièces, est de 2,40 m. Dans les combles, cette hauteur doit recouvrir 50% de la surface. Il s’agit de normes de salubrité», explique encore François Vernet. Cette hauteur peut poser problème dans le cas d’une extension de cave, puisque généralement dans cette partie de la maison le plafond se trouve à 2,20 m. «Pour la transformer en lieu de vie, il faudra creuser de manière conséquente. Avec l’apport d’une isolation, l’excavation devra être de 50 à 70 cm. De plus, en sous-sol, il faut amener de la lumière. Pour qu’une pièce soit habitable il faut compter, par exemple, 0,8 m2 d’ouverture pour 10 m2. Il est possible de creuser autour du bâtiment pour amener cette lumière et créer de véritables ouvertures. Mais il faut déchausser le bâtiment», déclare l’architecte. «Dans le cas des combles, on va généralement opter pour une isolation importante. Ainsi, pour les rendre habitables, on sera tenté de rehausser le toit.» Un toit s’isole par en dessus ou en dessous. «Dessous, on perd du volume et de la hauteur.


Les frais sont limités puisqu’on garde la couverture. Pour assurer la pérennité de la charpente, une ventilation avec une circulation d’air doit être créée sous les tuiles. C’est indispensable.» En ajoutant un chauffage au sol, on perd encore de la hauteur. Si les coûts de ces travaux sont élevés, bien réalisés ils représentent un véritable investissement au niveau énergétique.

Agrandissements extérieurs Comme dans le cas de la maison de Britta Freidl et Loïc Gaussen (lire Une maison exemplaire), parfois une maison se prête difficilement à accueillir une extension au sol. «Construite avant le choc pétrolier, cette habitation avait été mal réalisée et l’isolation était quasi inexistante. Par choix personnel mais aussi par souci d’économie, une grande partie des transformations a été réalisée par les propriétaires», se souvient François Vernet. «Notre bureau d’architecte a créé l’extension de la cuisine. Vu qu’il s’agissait d’une toute petite boîte que l’on ajoutait, on l’a traitée comme un élément

rapporté. Nous avons opté pour le bois qui présente nombre d’avantages. Le bois est léger et permet une plus grande facilité d’exécution. Les éléments, de grands panneaux déjà équipés d’une isolation, arrivent montés et la mise en œuvre est facilitée. En outre, même avec des murs relativement fins, le coefficient d’isolation est bon. Ces éléments se prêtent très bien à des ajouts, même d’étages supplémentaires. On utilise également ce type de structure dans des combles. Autre avantage, le bois étant respirant, le problème de pont thermique entre les murs existants et les éléments rapportés ne se présente pas.»

Dehors toute l’année Jardin d’hiver chauffé, tempéré ou non chauffé, il existe divers types de vérandas. «Pour procéder à l’agrandissement d’une maison, il faut que les valeurs thermiques de la véranda soient aussi proches de la maison que possible», précise Jacques Zurbuchen, chez Zurbuchen Frères SA, à Eclépens-Gare.

ATTENTION aux délais! Renseignez-vous sur les réglementations des constructions qui limitent les possibilités. Une demande de permis de construire doit être déposée à la commune avant le début des travaux. On compte de trente à nonante jours, dans le meilleur de cas, pour que la commune délivre le permis de construire. Le chantier ne débutera pas avant. Une fois les travaux réalisés, après avoir contrôlé leur conformité, la commune délivre le permis d’habitation. En général, c’est l’architecte ou l’entrepreneur qui se charge de ces démarches qui ne sont pas gratuites. S’informer de ses droits. Pour une maison individuelle, la deuxième question est: suis-je autorisé à faire de tels travaux? Ai-je encore des mètres constructibles autour de ma villa? Est-ce que je respecte la distance avec mon voisin?

Dedans-dehors ou dehors-dedans?

Yvette Cachin et son mari désiraient gagner de la place et faire entrer plus de lumière dans leur villa construite il y a trente-deux ans. Leur choix d’extension s’est porté sur une véranda. «Notre cuisine faisait 16 m2. Après trois mois de travaux, elle s’est agrandie de 23 m2», raconte Yvette Cachin. «Nous tenions à ce que ce jardin d’hiver soit intégré au reste de l’édifice», ajoute son mari. Pour réaliser cette construction selon ce critère, l’angle de la maison a été démoli. «L’entreprise a remplacé les deux murs porteurs par des poutres métalliques. Aujourd’hui, tout le poids repose sur un pilier.» Le moindre rayon de soleil chauffe la maison Prise dans le toit de la villa, la véranda ne fait plus qu’un avec la maison. Très bien isolée, tant au niveau de sa couverture au vitrage triple que par le sol où

un chauffage a été intégré dans la chape, elle n’est que rarement chauffée. «Malgré cette augmentation de volume, nous ne consommons pas vraiment plus d’énergie qu’auparavant. Le moindre rayon de soleil profite à la température ambiante», se réjouit le retraité. «Du point de vue énergétique, cette véranda apporte un plus à notre maison qui se chauffe au gaz depuis dix ans», conclut-il. De plus, le poêle à bois qui équipait la cuisine précédemment a été remplacé et est intégré dans le nouveau bloc cuisine. Surmontée d’une plaque vitrocéramique, cette installation chauffe, mais elle peut aussi être utilisée comme cuisinière. La véranda, l’aménagement de la cuisine et les dalles de la terrasse extérieure attenante auront coûté au total près de CHF 150 000.–. Cette pièce est aujourd’hui devenue le cœur de la maison.

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«Lorsqu’on fait une adjonction de ce type et qu’elle est ouverte, cet espace doit pouvoir être chauffé. Afin d’avoir un minimum de perte énergétique, il est impératif d’avoir les meilleures valeurs thermiques possible. Cependant à l’heure actuelle, il n’y a pas vraiment de norme, ni au niveau thermique ni au niveau statique», ajoute l’entrepreneur qui avertit: «Une véranda restera énergétiquement toujours un peu moins bonne qu’une construction en dur. Mais pour certains édifices, cette différence reste minime.»

Ces pièces utilisées toute l’année sont chauffées soit par un apport thermique, soit grâce au soleil. Pour 20 m2 ajoutés, les rayons infrarouges compensent la consommation d’énergie. «Le bilan atteint pratiquement zéro.» (Lire Dedans-dehors…).

Une structure performante Ces dernières années, les vitres ont été améliorées de façon spectaculaire. Sous le toit, les verres protègent des rayons infrarouges verticaux et de l’éblouissement.

Le cœur a ses raisons…

Souvent, lorsqu’on achète une maison, tout démarre par un coup de cœur. Alors comment fait-on lorsqu’on est une famille de quatre et que l’on craque pour une bâtisse pleine de charme, datant de 1872, mais dont l’intérieur se rapproche plus d’une cabine de bateau que d’une maison familiale? On commence par s’adapter, puis on l’adapte. «Ce bâtiment a d’abord servi de pressoir, avant de devenir un lavoir, puis une résidence de week-end», raconte Quentin Riva, le propriétaire. Un investissement personnel pour économiser La maison de trois niveaux, combles inclus, plus une véranda, comptait quelque 100 m2 de surface au sol. «Nous avions besoin de deux chambres supplémentaires et de place de rangement», explique-t-il. «Le plan d’affectation prévoyant déjà la possibilité d’un agrandissement au sol de 70 m2, nous avons opté pour l’ajout d’une extension.» Pour maintenir les coûts au plus bas,

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Pour bénéficier de la chaleur, les parois vitrées permettent de profiter au maximum des rayons horizontaux hivernaux. Un verre de qualité est lourd. Avec un triple vitrage, une bonne charpente est indispensable. «Pour la charpente, nous utilisons des supports en acier que nous isolons depuis l’extérieur. Afin d’éviter le plus possible les déperditions de chaleur au niveau des châssis, nous augmentons l’épaisseur du PVC utilisé. Notre objectif est de limiter au minimum les déperditions. Malgré tout, une perte zéro n’existe pas», souligne l’entrepreneur.

Entre tuiles et «tuiles»

un investissement personnel a été nécessaire. Au final, la facture de cette annexe construite dans le prolongement de la maison a été limitée à quelque CHF 220 000.–. Plus de place pour une consommation stable L’extension accueille deux chambres d’enfants, une salle de bain et deux dressings. «Cette partie de la maison est très bien isolée et nous avons déjà procédé à la pose de serpentins sous le plancher, en vue de l’installation future d’une pompe à chaleur.» Cette extension n’a pas amélioré l’efficience énergétique de la maison qui est chauffée en partie par un poêle à pellets et par des radiateurs électriques. En re­vanche, bien isolée, l’extension n’a pas augmenté de manière significative la consommation en énergie de la famille.

Cependant, les choix de couvertures sont multiples, tuiles et vitrages peuvent être utilisés ensemble ou séparément, le credo principal étant de les intégrer à la maison. A l’instar du toit de la villa, la véranda réalisée avec une couverture en tuiles sera équipée d’une couche d’isolation importante. Dans ce cas de figure, la construction sera aux normes SIA*. Jacques Zurbuchen met en garde: «Je ne peux que conseiller aux personnes intéressées de ne pas choisir dans la précipitation. Une mauvaise véranda n’est jamais rattrapable!» Quel que soit le choix d’extension, il est important de s’informer auprès de divers professionnels et de s’entourer des personnes qui maîtrisent la physique des bâtiments. Ces travaux sont toujours importants et touchent souvent à la structure de la maison. En cas de malfaçon, les conséquences peuvent être catastrophiques. E *SIA:
Conditions générales pour l’exécution des travaux de construction.


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entretien raymond s. bradley Texte: Jérôme Gallichet Photos: céline michel

E 21 Monsieur Bradley, vous expliquez dans votre livre Global warming and political intimidations (non traduit en français) avoir subi d’intenses pressions politiques. Comment cela a-t-il débuté? RSB Il faut remonter aux années 90. A cette époque, nous tentions de savoir si l’augmentation récente des températures était sans précédent dans l’histoire. Avec mon collègue Michael Mann, nous avons alors proposé une méthode pour reconstruire le climat passé. Notre travail, publié dans la revue Nature, montrait que les températures avaient augmenté de manière exceptionnelle ces dernières décennies. Le graphique qui illustrait cette reconstitution, baptisé «graphique en crosse de hockey», fut repris par le groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, le GIEC, l’institution des Nations unies. Conséquence: il devint rapidement le symbole mondial du réchauffement climatique lié aux activités humaines et donc la cible à abattre pour ceux qui refusent toute forme de limitation des rejets de gaz à effets de serre dans l’atmosphère.

«Je ne me sentais vraiment plus en sécurité» Menaces de mort, pressions politiques... En quelques années, Raymond S. Bradley, climatologue mondialement réputé, est devenu l’homme à abattre pour les puissants lobbys industriels américains du pétrole et des énergies fossiles. 3 4 | E F F I C I ENCE 21 | é t é 2 013

Par quels moyens vos opposants ont-ils tenté de vous discréditer? L’objectif était clair: détruire la réputation et la crédibilité des scientifiques à l’origine de cette étude. Les lobbys industriels ont donc activé leurs marionnettes politiques au sein du Congrès américain. Et tout a commencé. En rentrant un soir à la maison, j’ai reçu un fax de Joe Barton, membre du Parti républicain et président de la commission de l’énergie à la Chambre des députés. Il exigeait que nous produisions des centaines de documents. Il voulait par exemple tous les courriels que j’avais échangés avec mon collègue Michael Mann et toutes les preuves de chaque dollar reçu pour le financement de mes travaux. Enfin, il demandait des données statistiques très précises relatives à nos recherches. Or, il ne pouvait pas luimême comprendre ou analyser ces chiffres. C’était la preuve qu’on l’avait briefé pour qu’il réclame ces documents. Il nous donnait un délai... d’une semaine. Même en six mois je n’aurais pas pu réunir toutes ces pièces. Grâce à l’intervention d’autres parlementaires, la demande a finalement été annulée. Mais vos détracteurs n’en sont pas restés là...


Malheureusement non... Une enquête a ensuite été exigée par ce même Joe Barton pour vérifier la validité de nos travaux. Dans son rapport final, l’Académie nationale des sciences reconnaît la qualité de nos recherches. Cependant, la contre-attaque n’a pas tardé. John Inhofe, un autre sénateur républicain, a alors publié une liste de 17 noms de scientifiques et exigé leur inculpation pour fraude. Motif: ces chercheurs ont reçu des fonds fédéraux pour leurs études sur le réchauffement climatique alors que rien n’atteste ce réchauffement. J’en suis resté interloqué. Comment osait-il pouvoir dire publiquement une chose pareille? Heureusement, l’adminis­ tration Obama était déjà en place et le Département de la justice n’a pas entrepris de procédure. Mais je suis persuadé que si George W. Bush avait été encore aux commandes, nous aurions été inculpés. Vous parlez également de menaces de mort et de coups de téléphone anonymes? Oui. Pas envers moi personnellement mais mon collègue Michael Mann a reçu des formes d’«avertissements». Un matin, il a par exemple trouvé dans sa boîte aux lettres un colis contenant de la poudre blanche. Au final, ce n’était pas dangereux mais ce genre de menace suscite une grande angoisse. Pour ma part, j’ai reçu des e-mails ou des coups de téléphone effrayants. Il ne s’agissait pas de menaces directes contre mon intégrité mais de discours très agressifs. Vous savez, aux Etats-Unis, on ne sait jamais jusqu’où ce type d’agressivité peut mener... Bref, je ne me sentais plus en sécurité. Subir un tel acharnement... Pourtant, vous gardez le sourire quand vous expliquez ces intimidations. Vous n’avez jamais pensé à tout arrêter? J’essaie de garder le sourire. Je n’ai jamais pensé à abandonner. J’ai écrit mon livre Global warming and political intimidations car je voulais documenter ces pressions politiques. Au fil de l’écriture, j’ai ressenti avec toujours plus de force ce besoin de répondre à ceux qui ont voulu jeter l’opprobre sur des scientifiques intègres. Certains de mes collègues ont fait un parallèle entre cette campagne d’intimidation et la période sombre du maccarthysme aux Etats-Unis. Je crois que cette comparaison n’est pas exagérée. Les procédés sont les mêmes. L’affaire de la liste des 17 scientifiques en est un bon exemple. L’unique

Il appartient aux scientifiques de s’engager pour faire comprendre cette vérité toute simple: le réchauffement climatique lié aux activités humaines n’est pas un canular ou un mythe. Le problème est plus urgent que jamais.» raymond s. bradley objectif de ces groupes d’intérêts est d’insinuer le doute dans l’esprit du public et de harceler les scientifiques. Ils ne se soucient pas de prouver leurs affirmations. C’est une stratégie identique à celle de l’industrie du tabac quelques décennies plus tôt. Malheureusement, les médias se sont précipités dans la brèche. Résultat: les climato-sceptiques, bien qu’ultra-minoritaires dans la communauté scientifique, ont des tribunes entières dans la presse et leurs opinions sont systématiquement mises en avant. Qui est derrière cette campagne d’intimidation? Les industries du pétrole, du gaz et des énergies fossiles. Avec leurs moyens financiers gigantesques et leurs relais politiques, ces lobbys sont très influents. Il existe aussi un petit groupe de personnes aux Etats-Unis qui rejette absolument toute régulation de l’Etat. Ces «fondamentalistes du libre marché» ont beaucoup d’argent. On peut citer parmi eux les frères Koch, patrons de la multinationale du même nom, active notamment dans le secteur de l’énergie. Ils ont ainsi financé de nombreuses campagnes pour discréditer les scientifiques. Ils injectent aussi des capitaux dans certaines organisations qui diffusent leur propagande. Par exemple, l’influent Fraser Institute se prétend «groupe de recherche» mais vise en réalité un seul objectif: promouvoir le libre marché absolu et nier le réchauffement du climat. Cet institut édite notamment une brochure à l’intention des enseignants qui conteste le réchauffement global. Les scientifiques européens sont-ils confrontés aux mêmes pressions? Bien sûr. Souvenez-vous de l’affaire du «Climategate». En 2009, des centaines de courriels de chercheurs qui étudiaient le réchauffement global au sein d’une université anglaise ont été dévoilés. Objectif: discréditer et déstabiliser ces scientifiques. L’affaire a créé un climat de suspicion regrettable.

Raymond S. Bradley en 5 dates

1948 Naissance en Angleterre. 1973 Nommé professeur à l’Université du Massachusetts (Etats-Unis). 1998 Publication du «graphique en crosse de hockey» avec Michael Mann. 2007 Reçoit la prestigieuse Médaille Oeschger pour ses travaux. 2011 Publication de Global warming and political intimidations.

En outre, certaines organisations de droite aux Etats-Unis tentent de s’implanter en Europe pour diffuser les thèses climatosceptiques et conspirationnistes. Faut-il isoler la science de la politique pour éviter ces problèmes? Non. Je crois que les scientifiques ont l’obligation de s’impliquer pour que les hommes politiques comprennent la nature de la science. Les hommes politiques doivent ensuite se saisir de ces résultats et agir. Il appartient aux scientifiques de s’engager pour faire comprendre cette vérité toute simple: le réchauffement climatique lié aux activités humaines n’est pas un canular ou un mythe. Le problème est plus urgent que jamais. E

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compensations de carbone DR

écologie

Afin de contrer le déboisement en progrès à Madagascar, myclimate soutient la fabrication et la diffusion de fours solaires respectueux du climat.

Payer pour polluer, une bonne idée ? Selon le principe du pollueur-payeur, particuliers et entreprises peuvent compenser leurs émissions carbone en investissant dans des projets de protection climatique et environnementaux, souvent dans des pays en développement. Hypocrisie ou solution transitoire? 3 6 | E F F I C I ENCE 21 | é t é 2 013

Sylvie Ulmann

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es organisations de défense de l’environnement comme le WWF, Greenpeace et myclimate, fondation suisse née en 2002 qui fait aujourd’hui partie des leaders internationaux


Entre 25 et 30 francs la tonne Trois niveaux de recommandation existent pour les entreprises comme pour les particuliers: «Il est possible de compenser les émissions directes ou indirectes et nous avons aussi développé un label pour les produits et services à émissions neutres», résume Eva van der Want, responsable des ventes à la fondation. Pour les entreprises et les particuliers, les compensations concernent avant tout les émissions carbone des trajets qu’ils effectuent en avion. Mais chez myclimate, qui le souhaite peut aller bien plus loin que cela: «Un simple calcul sur le site internet permet à chacune et chacun de déterminer quelle quantité de carbone elle ou il produit par ses déplacements, son logement et son mode de vie et propose ensuite de compenser ces émissions en contribuant financièrement à des projets. Pour aller plus loin, un assessment carbone peut être réalisé pour les entreprises.» C’est que le CO2 a un prix: entre CHF 25.– et CHF 30.– par tonne sur le marché des compensations volontaires selon le volume de celle-ci, la source d’énergie renouvelable et l’endroit du globe où la réduction d’émission est effectuée.

Une hypocrisie? Payer pour avoir le droit de polluer, n’est-ce pas une vaste hypocrisie? Le WWF pour qui myclimate a développé plusieurs projets de

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en matière de compensation volontaire des émissions carbone, s’entendent sur un point: la meilleure émission carbone est celle qui n’existe pas. Voilà pour la théorie. Comme on est encore loin de pouvoir toutes les supprimer, ces parties sont aussi d’accord sur le fait que le plus urgent est de diminuer ces émissions de la façon la plus efficace possible. La solution des compensations carbone que propose myclimate, qui développe et cogère une septantaine de projets aux quatre coins du monde avec des partenaires locaux, part du principe que pour le climat, peu importe où les gaz indésirables parviennent dans l’atmosphère et où ils sont réduits. C’est la somme mondiale des émissions de gaz à effet de serre qui doit baisser. Autrement dit, si l’on fait du bien à l’atmosphère à un bout de la planète, tout le globe en profite. Voilà qui explique que bon nombre de projets de compensation soient situés dans des pays en développement, là où un franc permet de réaliser davantage que sous nos latitudes. Ce qui n’empêche pas myclimate de proposer aussi des projets en Suisse pour une approche complémentaire.

Le nouveau four Upesi est si efficient qu’il permet d’économiser 35 à 50% du bois de combustion.

Viser la qualité Au commencement, en 2002, myclimate se concentrait sur la compensation de CO2. Au fil du temps, la fondation a préféré soutenir des actions plus complexes, conformément au principe «Eviter – Réduire – Compenser». L’organisation calcule les émissions d’activités et de produits sur le climat et conseille particuliers et entreprises pour réduire le CO2 de façon optimale. «Les projets de protection climatique myclimate répondent à des standards très élevés (CDM, Gold Standard). Ils ne se contentent pas de réduire des émissions agissant sur le climat, mais contribuent toujours au développement durable dans la région», explique la porte-parole de la fondation. Sur le site de myclimate, chaque projet est présenté de manière détaillée. De quoi créer du lien émotionnel et inciter les donateurs à continuer d’apporter leur soutien. www.myclimate.org

protection climatique individualisés, a une position nuancée sur la question. «Diminuer au minimum les émissions à la source est la recommandation prioritaire que nous adressons à nos membres», explique Patrick Hofstetter, responsable politique climatique et énergétique au WWF. Et de préciser que «notre mission n’est pas d’amener les gens à opter pour des compensations carbone». Il leur concède cependant un bon point: «Elles ont le mérite de faire parler du problème du CO2, ce qui leur donne une valeur éducative. Sachant que la tonne de carbone a un prix, les gens comprennent qu’elle a une valeur, qu’ils mesurent notamment lorsqu’on leur propose de compenser les émissions de leurs déplacements en avion.» Myclimate a également pour objectif de sensibiliser la population: «Une grande partie de notre travail est aussi consacrée à la prévention. Nous avons une équipe spécialisée dans l’éducation climatique, qui

monte aussi bien des sentiers didactiques que des partenariats avec des entreprises comme Swisscom pour sensibiliser les jeunes à la question», explique Eva van der Want. Mais le fait de payer donne-t-il le droit de polluer? «D’une certaine façon, c’est vrai», reconnaît la porte-parole de myclimate. «C’est bien pour cette raison que nous investissons uniquement dans des projets conciliant les trois piliers du développement durable, soit les dimensions écologique, économique et sociale. Il va de notre crédibilité. Nous sommes une fondation et, contrairement à d’autres organisations qui cherchent à gagner de l’argent, nous n’avons aucun but lucratif.» Une activité à plusieurs niveaux qui semble porter ses fruits, puisqu’une enquête marketing a démontré que la marque myclimate, malgré sa relative jeunesse, se classait parmi les plus reconnues au rayon des marques biologiques. E

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science

De la voile à la recherche

Hydros allie défi sportif et développement durable Engagée dans la prochaine Petite Coupe de l’America, l’équipe de recherche lausannoise va mettre à l’eau deux catamarans à la conception et aux matériaux innovants. Elle met également ses compétences au service de l’environnement, en planchant sur des applications technologiques universelles.

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e leitmotiv d’Hydros? Multiplier l’énergie offerte par les éléments naturels grâce à une utilisation adéquate de la technologie. Appliqué au domaine de la voile, il a permis à Hydroptère.ch – le célèbre bateau-laboratoire volant du pôle de recherches – de battre plusieurs records de vitesse. L’équipe s’apprête aujourd’hui à relever un nouveau défi: remporter la Petite Coupe de l’America au mois de septembre prochain, à Falmouth, en Grande-Bretagne. Pour ce faire, deux Class C (des catamarans de 25 pieds) sont en cours de montage. Mais au-delà de la compétition et de la navigation, le team d’Hydros entend également utiliser ses compétences dans une optique environnementale, et développer plusieurs applications technologiques.

Lombard – associé-gérant de Lombard Odier –, l’équipe de recherche est composée de cinq ingénieurs, de neuf navigants et d’opérationnels chargés de la logistique et de la communication. Rencontré à Lausanne, Jérémie Lagarrigue est le project

Loris von Siebenthal/HYDROS

élodie Maître-Arnaud

manager d’Hydros. Il partage son temps entre le Pôle scientifique de l’EPFL et la Grande-Motte, au bord de la Méditerranée, où l’un des deux Class C vient d’être mis à l’eau. Le second a tout juste quitté les hangars du chantier naval de Décision SA, à Ecublens. Direction, lui aussi, le sud de la France. «Nous avons pris le parti d’inscrire deux bateaux à la Petite Coupe: un foiler (qui vole, ndlr) et un archimédien (qui flotte, ndlr), précise le chef de projet. Et nous avons bien l’intention de mener les deux en finale.» Pourquoi ce doublé? «Les seules contraintes de cette compétition sont de faire concourir des catamarans de 25 x 14 pieds, dotés d’une surface de voile égale à 27,8 m2 au maximum. Nous en avons donc profité pour imaginer deux bateaux et optimiser leur appareillage en vue de la course.» Les deux Class C bénéficient ainsi d’une technologie carbone innovante, la TPT (Thin Ply Technology). Rigide et ultra-légère – 30 g/ m2 –, celle-ci a été mise au point en Suisse; elle équipe également Solar Impulse. La TPT constitue la matière première des flotteurs des deux Class C, mais aussi de leur aile rigide qui, habillée d’un film plastique tendu, remplace les voiles molles habituellement utilisées par les catamarans. «Grâce à l’aile rigide, nous pouvons bénéficier de 40 à 60% d’énergie en plus à vitesse équivalente», souligne Jérémie Lagarrigue.

Des bateaux qui volent L’aventure a commencé en 2005, avec un travail scientifique et sportif sur la problématique des foils (des ailes comparables à celles d’un avion, permettant d’élever la coque d’un bateau au-dessus de l’eau afin de s’affranchir de la résistance de vague et d’augmenter le rendement énergétique de l’embarcation). Soutenue par Thierry

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Une recherche combine sport et science pour élever la coque d’un bateau au-dessus de l’eau afin d’augmenter son rendement énergétique.


Article remanié pour ipad Une prouesse qu’il serait dommage de cantonner aux championnats. Et c’est parce que, au-delà du challenge sportif, Hydros souhaite éveiller l’intérêt des chercheurs pour les technologies hydro-aériennes, que le pôle de recherche a imaginé HydroContest.

Accroître le rendement énergétique des embarcations Ce défi vient tout juste d’être lancé aux étudiants scientifiques. A partir d’un kit de base fabriqué en série et fourni par Hydros, ceux-ci devront concevoir le modèle réduit de bateau le plus rapide et le moins énergivore. Les participants – 20 groupes au maximum – peuvent plancher sur des prototypes pour la navigation de plaisance, mais aussi pour le transport maritime. Leur propulsion devra être électrique, le règlement imposant par ailleurs la quantité d’énergie à disposition pour parcourir une certaine distance. Les challengers se rencontreront au début de l’été 2014, sur le Léman, au large de l’EPFL. Par-delà le concours, l’objectif est d’utiliser l’intelligence commune pour optimiser le rendePUBLICITÉ

ment énergétique des embarcations du futur, dans une optique environnementale. «5% de la pollution générée dans le monde provient des transports maritimes, précise Jérémie Lagarrigue, et en modifiant la forme des porte-containers et des pétroliers, on peut leur faire économiser 30% d’énergie.» L’équipe d’Hydros prévoit également que ses recherches auront des retombées dans d’autres domaines. «Nous travaillons en collaboration avec l’EPFL sur un projet d’éolienne et avec les Services industriels de Genève sur la technologie prometteuse des hydroéoliennes», ajoute le chef de projet. Et pour sensibiliser le grand public à l’efficience énergétique, une application pour smartphone est en cours d’élaboration. Quel que soit le mode de déplacement de l’utilisateur, celui-ci pourra ainsi chronométrer son temps de parcours et calculer sa vitesse. L’appli permettra en outre

d’entrer la consommation d’énergie associée. Grâce à ces différents paramètres, tout un chacun sera à même de se familiariser avec la notion de rendement énergétique. Pour aller plus loin, les utilisateurs pourront aussi lire le flux d’actualités relatives à ces problématiques et participer à un concours mondial de vitesse. Un foisonnement de projets qui n’écarte toutefois pas le team d’Hydros de sa passion première pour les flots. Après avoir – on le leur souhaite! – remporté la Petite Coupe de l’America dans les eaux britanniques, l’équipe devra plancher sur l’organisation de l’édition 2015 de la compétition qui aura lieu à la Société Nautique de Genève... E


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rendering cpi-frima

l’habitat intelligent de demain recherche

L’EPFL sur la «friche» de Cardinal Un prochain centre de recherche dédié au domaine de l’habitat intelligent va s’installer au cœur de blueFACTORY à Fribourg. Nommé Smart Living Lab, il aura pour but de faire avancer les connaissances liées aux technologies de la construction. Son rôle sera central dans ce nouveau quartier d’innovation à taux «zéro carbone». Ludmila Glisovic

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Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) étend son réseau au canton de Fribourg. Un centre de recherche nommé Smart Living Lab* (SLL), dans le domaine de l’habitat intelligent, va voir le jour l’année prochaine. Il mettra en commun les compétences de l’EPFL, de l’Université et de l’Ecole d’ingénieurs et d’architectes (EIA-

FR) de Fribourg, dans les domaines de la technologie et des matériaux ainsi que du droit et des sciences humaines. Cette installation prendra place sur le site du futur parc technologique et d’innovation blueFACTORY. L’implantation du SLL dans ce lieu était une évidence. «Le concept de «quartier zéro carbone» choisi pour la requalification du site de l’ancienne brasserie Cardinal est parfaitement en phase avec les recherches

que nous menons à l’EPFL dans les domaines de l’efficacité énergétique et de la production d’énergie propre», explique Patrick Aebischer, président de l’EPFL. «En outre, nous avons été impliqués dès le départ dans les réflexions sur l’avenir de cette friche industrielle. Tous les partenaires se sont rapidement rendu compte qu’il y avait là d’intéressantes synergies à développer.» Si ce lieu permettra la mise en réseau de groupes de recherche en exploitant les compétences complémentaires de ces deux institutions, l’EPFL a trouvé d’autres pôles d’intérêt dans cette région. «Les chiffres montrent que le domaine de la construction est particulièrement dynamique dans la région fribourgeoise. Or, ce secteur a lui aussi besoin de se renouveler, d’évoluer dans la perspective d’une société moins gourmande en énergie.» En effet, le canton de Fribourg est en bonne position pour se profiler dans la formation et l’élaboration de

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rendering cpi-frima

recherche l’habitat intelligent de demain utilisateurs ne soit pas perdu de vue.» Les pistes à explorer pour perfectionner l’efficience d’une construction sont nombreuses, ainsi toutes les disciplines visant à améliorer son empreinte énergétique seront passées au crible. «Cela englobe des réflexions sur les matériaux, la production intégrée d’énergie, la circulation de la lumière naturelle jusqu’au cœur des bâtiments, mais aussi la gestion intelligente de la consommation d’électricité et de chauffage.»

Un projet ambitieux Le Smart Living Lab de l’EPFL verra le jour dans un quartier zéro carbone à Fribourg.

nouveaux édifices plus efficients puisque 10,7% de ses emplois se trouvent dans le secteur du bâtiment. La moyenne suisse se situe à 8%.

Un édifice exemplaire Patrick Aebischer ne cache pas les ambitions du nouveau centre: «L’objectif du Smart Living Lab est de développer des

technologies novatrices et d’en faire la démonstration dans le bâtiment exemplaire qui sera conçu et construit par les différents partenaires. Ce bâtiment intégrera harmonieusement de nombreuses technologies lui permettant de limiter son impact», souligne le président de l’EPFL. «Il est important que tous ces éléments soient coordonnés, et que le confort des

Un parc «zéro carbone» BlueFACTORY est un partenariat entre l’Etat et la Ville de Fribourg. Ce parc technologique et d’innovation se développe sur le site qu’a occupé, pendant plus de cent ans, l’enseigne Cardinal à Fribourg. Depuis septembre 2012, le bureau de blueFACTORY et Fri Up, un «incubateur» de start-up, ont emménagé dans les anciens bureaux de la brasserie, rafraîchis pour les rendre habitables. Aujourd’hui, tous les locaux disponibles sont occupés. Ils abritent une vingtaine de sociétés dont les activités ont pour point commun l’innovation, la technique ou encore le développement durable.

Les partenaires à l’origine du SLL estiment que les technologies de la construction joueront un rôle de premier plan pour atteindre les objectifs de la Confédération en matière d’économies d’énergie et de développement durable. Le nouvel édifice expérimental du SLL à «zéro énergie» et «intelligent» devrait coûter quelque 20 millions de francs à l’Etat. Le site appartient déjà au Canton et à la Ville de Fribourg. Outre le financement des infrastructures, le Canton assurera l’installation et le fonctionnement des groupes de recherche de l’Université et de l’EIA, ainsi que de trois chaires de l’EPFL, deux ordinaires et une pour un professeur invité. Le montant pour ces trois postes atteindra quelque 30 millions de francs sur cinq ans. De son côté, l’EPFL s’engage à y joindre deux autres chaires et à en assumer le financement, soit un montant annuel de 3 à 4 millions de francs. Au total, cinq chaires seront ainsi créées.

Certains critères demandés pour la réalisation de ce parc étaient l’urbanisme, la conservation des éléments patrimoniaux de l’ancienne brasserie (la tour silo, la cheminée, la halle d’embouteillage et le bâtiment d’angle qui abrite le Musée Cardinal). Le futur quartier devra intégrer non seulement des locaux pour des entreprises innovantes, mais également des logements, des commerces, des établissements publics et des espaces culturels. Bluefactory devra aussi être autonome, avec une production énergétique in situ 100% renouvelable. Situé à deux pas de la gare, les autorités entendent faire de ce lieu le premier parc «zéro carbone» de Suisse.

des emplois à venir Jusqu’à 2000 places de travail, principalement dédiées aux hautes technologies, pourraient être créées à terme. Le début des travaux du quartier, de 60 000 m2, est prévu pour l’an prochain. Mais il faudra compter de vingt à trente ans pour le voir achevé.

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un bâtiment autonome


Autre conséquence: entre 50 et 70 emplois directs verront le jour. Le SLL aura également pour objectif de développer des projets de recherche avec des institutions tierces telles que, notamment, le Laboratoire fédéral d’essai des matériaux et de recherche (EMPA). «Tout ceci n’est que le début. Le SLL fribourgeois aura toutes les cartes en main pour aller chercher d’autres fonds, notamment auprès de la Confédération qui a

prévu d’investir 260 millions durant les prochaines années afin d’économiser l’énergie», rappelle Patrick Aebischer. Le projet est ambitieux et l’EPFL estime qu’à moyen terme, son développement augmentera ses besoins en cerveaux de cent à deux cents collaborateurs. Gravitant autour de la redéfinition d’une maison futuriste et devant libérer les constructions des énergies rapportées, ce programme, entre recherche et application, devrait

«L’objectif du Smart Living Lab est de développer des techno­logies novatrices et d’en faire la démonstration dans un bâtiment exemplaire.» Patrick Aebischer

attirer toutes sortes d’entreprises, de la start-up au grand groupe international.

Gagnant-gagnant L’EPFL tient à être là où se trouvent les compétences de demain. «Multiplier les sites sur lesquels l’EPFL est active n’est pas un objectif en soi. Chacune des antennes que nous avons créées correspond à un besoin propre au lieu où elles sont implantées. Les exemples de la microtechnique à Neuchâtel et de l’énergie en Valais sont particulièrement parlants. Réunir sur un même site des compétences pratiques dans un domaine particulier et des équipes de recherche fondamentale génère une formidable émulation réciproque. La science avance plus vite, l’application industrielle est également accélérée», se félicite Patrick Aebischer. «La proximité de ces compétences de pointe attire aussi de nouvelles entreprises. Au final, cela se traduit par la génération de plusieurs emplois à forte valeur ajoutée.» Un rapport gagnant-gagnant! E

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*L’équivalent en français est «laboratoire de l’habitat intelligent.» PUBLICITÉ


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Recyclage Ne jetez plus !

Une deuxième vie pour les vêtements On les porte, on s’en lasse, ils s’abîment... Quel que soit leur état, ne jetez pas vos vieux T-shirts et jeans, ils ont encore de beaux jours devant eux! 4 4 | E F F I C I ENCE 21 | é t é 2 013

Sylvie Ulmann

«I

l faut 7000 litres d’eau pour fabriquer un T-shirt en coton.» Ce chiffre que donne Lilly Sulzbacher, porte-parole du groupement Texaid, qui collecte des textiles pour six œuvres d’entraide en Suisse*, est impressionnant. Il s’explique par le fait que la culture du coton et sa teinture exigent un grand nombre de litres d’eau. «Acheter des vêtements de bonne qualité est important, car ils pourront être portés longtemps et ne finiront pas à la poubelle parce qu’ils se sont déformés ou usés», ajoute-t-elle. Chaque année, Texaid donne une deuxième vie à plus de 35 000 tonnes de textiles usagés. C’est le seul groupement à travailler


Depuis ce mois de février, Hennes & Mauritz a lancé une campagne de collecte de vêtements. Un sac de fringues, peu importent leur qualité, leur marque et leur état, ramené dans l’une des succursales participant à l’action I:Co, donne droit à un bon de CHF 5.– valable sur un prochain achat de CHF 30.– minimum. Cette expérience, tentée d’abord en Suisse, inclut maintenant les 48 marchés où le géant suédois est présent. Et elle est appelée à durer.

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Chez Hennes & Mauritz, recycler paie !

hiérarchie des déchets «Une fois pleins, les conteneurs I:Co sont transportés de nos magasins dans l’usine de tri la plus proche. Là, les textiles sont triés et évalués selon plus de 400 critères différents. Puis, les produits sont classés en quatre catégories. Les «reportables» sont distribués comme biens d’occasion dans le monde entier. Les «réutilisables», qui ne peuvent plus être portés, sont transformés en d’autres produits comme des chiffons. Les «recyclable» servent à produire du matériel isolant pour l’industrie automobile. Enfin, ceux qui n’entrent dans aucune de ces catégories servent à produire de l’énergie», explique-t-on chez Hennes & Mauritz. A terme, l’entreprise s’est fixé pour but de «fermer le circuit pour toutes les fibres textiles». Elle précise toutefois que, «pour le moment, aucun projet n’a été planifié», car ce n’est aujourd’hui «malheureusement pas possible de recycler toutes les matières pour obtenir de nouvelles fibres textiles. C’est réalisable surtout pour le coton et la laine et, de manière très limitée, pour le polyester et le nylon. Nous préférons suivre la hiérarchie des déchets jusqu’à ce qu’une technologie permette de fermer le circuit pour toutes les fibres textiles.»

de façon professionnelle dans ce secteur en Helvétie. Dans un premier temps, la matière recueillie est triée. «Une partie va sur le marché de la deuxième main, en Suisse ou dans des pays moins regardants sur l’état des vêtements», précise la porte-parole de l’organisation. Pour le coton, 15% de la collecte est trop abîmé ou usé pour être porté. Ce pourcentage file donc en Hongrie ou en Bulgarie pour être transformé en chiffons destinés à un usage industriel. «On ne peut pas récupérer les fibres de coton pour fabriquer d’autres vêtements, car elles sont trop courtes», explique Lilly Sulzbacher.

La laine se recycle Il en va autrement de la laine tricotée, dont on récupère les fibres qu’on lave et reteint pour les réutiliser dans de nouveaux vêtements. Seule condition: qu’il ne s’agisse pas de laine déjà en partie recyclée, car ses fibres sont alors trop courtes pour être récupérées et tricotées une nouvelle fois. Comment reconnaître une matière de première qualité? En lisant l’étiquette:

«La mention «100% laine» sous-entend que l’article peut contenir jusqu’à 25% de laine recyclée, ce qui le rend non recyclable. Il sera moins cher que celui étiqueté «100% laine vierge». Généralement plus onéreux, celui-ci sera par contre entièrement constitué de laine de mouton, qui est recyclable.» Il arrive toutefois que cette matière soit trop abîmée ou trop sale, elle sera alors transformée en matériau isolant. Quant aux fibres synthétiques, elles ne sont malheureusement que rarement récupérables.

Seconde main

un conteneur, une chaussure n’a que peu de chances de retrouver sa sœur au moment du tri. Dans ce cas, malheureusement, même en excellente condition, leur isolement signe la mort de ces souliers. Hors les conteneurs Texaid, d’autres chemins offrent une deuxième existence aux vêtements. Les boutiques de seconde main peuvent constituer une bonne alternative. De plus en plus nombreuses sur le marché, elles sont aussi devenues plus regardantes sur la marchandise, n’acceptant souvent que des vêtements griffés ou en excellent état. Les plus courageux-ses pourront toujours se tourner vers internet et ses sites de revente en ligne comme ebay.com ou ricardo.ch. Un débouché que Texaid exploite en y proposant des habits de marque dans une section baptisée «Shop Shop» sur Ricardo, justement (http://info.ricardo.ch/supersecondhand ou lien sur la page d’accueil www.texaid.ch). E *La Croix-Rouge suisse, Solidar Suisse, Secours suisse d’hiver, Caritas, Entraide protestante suisse (EPER) et Kolping Suisse.

Pour les chaussures, là aussi, meilleure est leur qualité, plus longue sera leur existence. Une fois abîmés, les modèles en matière synthétique sont difficilement réparables, ce qui les condamne à l’incinération. Par contre, une bonne paire de chaussures en cuir, «comme les chaussures d’homme», exemplifie Lilly Sulzbacher, peut avoir une deuxième vie après un ressemelage. Beaucoup sont envoyées en Afrique. Seule condition à leur survie: il faut les nouer ensemble! Lancée au petit bonheur dans fotolia

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Quel vent souffle-t-il?

Débat

Le débat sur l’éolien se radicalise DR

Aucun autre canton ne prévoit un effort pareil. Vaud envisage de produire, à lui seul, près de la moitié de la production nationale d’électricité éolienne prévue à l’horizon 2020. Et projette de couvrir 20% du courant éolien à l’échelle de la Suisse en 2035, soit 6 TWh. Prise de position des différents acteurs régionaux.

Le canton de Vaud pourrait à terme produire à lui seul 50% de l’énergie éolienne de Suisse.

Sophie Kellenberger

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e gouvernement vaudois adhère totalement aux objectifs de SuisseEole, l’Association suisse de promotion de l’énergie éolienne, qui prévoit qu’en 2020, 2 TWh devraient être produits grâce aux éoliennes, à l’échelle de la Suisse. Dans sa planification éolienne qui vient d’être validée par le Conseil d’Etat, le Canton de Vaud a fixé ses objectifs de production éolienne à 1 TWh, soit l’équivalent de la moitié de la production nationale (2020), grâce à l’implantation de 156 éoliennes dans 19 parcs. Avec une telle industrie éolienne, les Vaudois couvriraient, à l’horizon 2035, 20% de la production nationale prévue à 6 TWh, toujours selon SuisseEole. Pour Jacqueline de Quattro, fervente partisane, «il est utile de rappeler que si l’objectif proposé par SuisseEole pour 2035 est de 6 TWh, ce chiffre ne représente pas l’entier du potentiel éolien à long terme de notre pays, potentiel que la société spécialisée Météotest (qui effectue les relevés de vents pour la Confédération) situe entre 9 et 11 TWh», en tenant compte des aérogénérateurs qui pourraient être disposés dans des zones actuellement protégées.

Le vent souffle-t-il ici plus fort qu’ailleurs? Pour Jacqueline de Quattro, «si le canton de Vaud se distingue par ses objectifs en matière d’énergie éolienne, c’est avant tout parce qu’il bénéficie de conditions particulièrement favorables, autant en matière d’exposition aux vents, d’accès aux sites et de raccordement au réseau électrique». Interrogé sur la question, Oliver Kohle, directeur du bureau spécialisé dans la réalisation de parcs éoliens KohleNusbaumer SA, voit un potentiel éolien nettement plus intéressant du côté de la Suisse romande que de la Suisse allemande.

«Les plateaux vaudois et fribourgeois, les crêtes jurassiennes, les Préalpes et certains tronçons de la vallée du Rhône sont bien ventés et facilement accessibles contrairement aux Alpes qui le sont difficilement. Quant au Mittelland alémanique, le potentiel y est nettement moins élevé», explique-t-il.

«Balivernes de promoteurs» Un argument qui peine à convaincre les opposants comme Michel Favre, un habitant de Villars-Tiercelin, menant le combat contre un parc dans sa région. C’est sur la carte de Météotest, l’entreprise spécialisée

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Débat

Quel vent souffle-t-il?

Xavier Voirol/Strates

beaucoup de questions. Ils ont des attachements à des valeurs traditionnelles de paysages et de tranquillité. A Sainte-Croix, les quelques personnes qui osaient s’engager étaient tout de suite presque attaquées. On a essayé de les intimider.»

Pourquoi le Canton de Vaud est-il si bon élève?

Magali girardin

«Le canton de Vaud manifeste une volonté particulièrement forte d’aller de l’avant», observe Philippe Roch. «Prévoir une planification éolienne est une bonne démarche, elle permet aux citoyens de se faire une idée des objectifs du canton. Mais l’ambition, à mon avis, est beaucoup trop forte; elle est surévaluée et les dégâts vont être beaucoup plus importants que ce qu’on imagine», ajoute l’ancien directeur de l’Office fédéral de l’environnement. Isabelle Chevalley, conseillère nationale vert’libérale et impliquée en tant que présidente de SuisseEole, l’Association pour la promotion de l’énergie éolienne, se félicite que la conseillère d’Etat Jacqueline de Quattro soit très motivée par le développement de l’éolien. «Les politiques, à présent, veulent sortir du nucléaire, il faut que chacun fasse sa part là où il doit la faire. Le Valais, les Grisons, tous les cantons alpins ont fait la leur avec l’hydraulique, à l’époque, en construisant les barrages. Notre job à nous quand on habite une région comme le canton de Vaud, c’est de faire de l’éolien.» Pour la conseillère d’Etat en charge de la Sécurité et de l’Environnement, «ces objectifs sont aussi le fruit de la volonté politique. La question énergétique constitue un enjeu majeur que notre société doit résoudre. Dans ce sens, le développement des énergies renouvelables, inscrit dans la législation fédérale et cantonale, est aussi un des objectifs clés du programme de législature du Conseil d’Etat. Ce document fixe à 17,5% la part de renouvelables dans la consommation énergétique finale du canton en 2020 et à 25 en 2035.»

«L’ambition du canton est beaucoup trop forte: les dégâts vont être beaucoup plus importants que ce qu’on imagine.» Philippe Roch, ancien directeur de l’Office fédéral de l’environnement

mandatée par la Confédération, qu’il se fonde pour observer que sa région du Grosde-Vaud est l’une des moins ventées de Suisse. «Certains promoteurs nous racontent des balivernes en nous disant que la force des vents de notre région est comparable à celle de la région de Martigny», s’insurge-t-il.

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«Pression sur les opposants» Invité par les opposants aux éoliennes lors de multiples débats, Philippe Roch, ancien directeur de l’Office fédéral de l’environnement et du WWF, a eu l’occasion de prendre le pouls de la population locale. «J’étais à Peney-le-Jorat; c’est un village magnifique. Les gens des régions concernées se posent


«Il faut que chacun fasse sa part. En tant qu’habitants du canton de Vaud, notre rôle, c’est de faire de l’éolien.»

Vanina moreillon

Selon la conseillère d’Etat, «les éoliennes ont, ici, un rôle complémentaire à jouer avec les autres énergies». Pour elle, les Vaudois se sont prononcés en faveur des énergies renouvelables lors d’un scrutin consultatif en 2010 en rejetant à 64% la prolongation illimitée de Mühleberg. Partant de ce rejet de la continuation du nucléaire, la conseillère d’Etat en conclut que, implicitement, les Vaudois ont dit oui aux énergies renouvelables, notamment aux éoliennes. Une interprétation du vote populaire qui ne convainc pas Philippe Roch. «Si on sort du nucléaire parce qu’il est dangereux, parce que ce n’est pas une solution énergétique durable et qu’il faut s’en passer, il nous faut chercher un équilibre entre les besoins en énergie et les modes de production et étudier ce qui est le plus favorable. On voit assez vite que l’éolien ne sera pas une contribution importante, qu’il y aura d’énormes dégâts au paysage et à la qualité de vie des gens pour une production très faible d’énergie», dit-il.

«Certaines régions moins dommageables»

Isabelle Chevalley

mesurer l’impact sur le paysage. Il en ressort que certaines zones du canton seraient moins dommageables. Il en existe d’autres dont, pour Jacqueline de Quattro, la qualité des paysages doit être préservée de l’implantation de parcs éoliens. S’agissant de ces autres zones, pour Jacqueline de Quattro «elles correspondent pour leur grande majorité aux zones d’exclusion prévues par le plan directeur cantonal. Elles visent à assurer le maintien des aspects significatifs ou caractéristiques de certains paysages vaudois, justifiés par leur valeur patrimoniale et leur reconnaissance par la Confédération au titre de paysage d’importance nationale.» Mais pour la conseillère d’Etat «ces

Dans sa planification éolienne, le gouvernement vaudois a demandé à une entreprise indépendante (Hintermann & Weber) de

Site intégré à la planification cantonale Site intégré sous réserve (IFP) Site retenu sous condition(s)

Bel Coster Grati Mollendruz

EolJoux

Cronay Tous-Vents

Vaudair

Vuarrens

Daillens / Oulens

Bière

L’énergie avant la nature: «évolution dramatique»

Provence Grandsonnaz Grandevent

Sainte-Croix

Villars-le-Terroir Bottens

EolJorat Sud

paysages doivent toutefois pouvoir évoluer pour faire face aux enjeux d’une société en changement et en développement constant». Dans la mise en consultation de sa planification directrice des éoliennes, le gouvernernement vaudois a choisi d’intégrer un parc dans une zone jusqu’à présent protégée, sous réserve d’une décision du Conseil fédéral. «En l’occurrence, la zone concernée correspond au périmètre d’un objet de l’inventaire des paysages d’importance nationale, à savoir l’ensemble de la vallée de Joux et le Haut-Jura vaudois. Le Canton a donc adressé une demande à la Confédération pour une modification minime et locale du périmètre de cet objet», explique la conseillère d’Etat.

Chavannes-sur-Moudon

EolJorat Nord

Une année après avoir présenté sa planification éolienne, le Conseil d’Etat vaudois a retenu 19 parcs avec au total 156 éoliennes. Cette planification sera soumise prochainement au Grand Conseil puis à la Confédération pour une entrée en vigueur en 2014.

Comment le Conseil fédéral tranchera-til? «Difficile à dire mais lorsque l’on voit le nouveau projet de loi sur l’énergie qui veut diminuer le droit de recours et qu’il donne une priorité à l’énergie sur la nature, c’est dramatique», confie Philippe Roch. Pour lui, on ne peut pas se targuer d’être écologiste lorsqu’on ne s’interroge pas sur les dégâts que certaines énergies renouvelables peuvent causer à des valeurs essentielles comme l’est le paysage. «Ce ne sont pas des écologistes dans ce sens où ils n’ont pas de culture de la nature. Ils n’ont pas intégré dans leur pensée l’importance de la nature pour l’équilibre de l’humanité. Quand je pense qu’on va faire des éoliennes au Mollendruz, un des plus beaux coins de tout le pays, c’est terrible pour moi. Et au nom de l’écologie, c’est quand même fou!» dit-il. La planification éolienne qui vient d’être adoptée par le Conseil d’Etat vaudois sera prochainement soumise au Grand Conseil puis à la Confédération, pour une entrée en vigueur en 2014. E

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interview philippe durr

«Il faut faire preuve de créativité dans cette phase de transition énergétique» vanina moreillon

Le directeur de Romande Energie Commerce, Philippe Durr, 49 ans, a pris ses nouvelles fonctions en début d’année. Il dirige ainsi la plus grande entité romande de commercialisation d’électricité avec plus de 300 000 clients. Il nous livre ses priorités et sa vision de l’avenir de l’énergie en Suisse. Thierry Vial

Philippe Durr, vous êtes aux commandes de Romande Energie Commerce depuis six mois, quelles priorités vous fixez-vous à ce poste? Je crois que le rôle de Romande Energie consiste, d’une part, à offrir un service irréprochable à nos clients. Et d’autre part, à les informer sur les meilleures manières de maîtriser leur consommation d’énergie. Nous devons faire preuve de créativité pour accompagner nos clients dans la phase de transition énergétique actuelle. Comment menez-vous concrètement vos actions de sensibilisation auprès de la clientèle? L’information est primordiale. Même si l’efficience énergétique est devenue un grand thème d’actualité aujourd’hui, la maîtrise de la consommation a toujours fait partie de l’ADN de Romande Energie. Pour une entreprise comme la nôtre, avant de livrer l’énergie, il faut la produire ou l’acheter. Ce dernier point étant à risque. Or, ce risque peut être réduit si nous parvenons à informer le client suffisamment bien pour qu’il change ses habitudes de consommation d’énergie et participe à la réduction des pics de consommation.

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Vous dites que l’efficience fait partie de votre ADN, mais il n’y a pas si longtemps, les vendeurs d’électricité conseillaient aux propriétaires d’installer des chauffages électriques. Qu’est-ce qui a changé? C’est vrai, mais dans les années 80 sévissait

la crise pétrolière qui faisait du chauffage électrique une alternative sûre et économique. L’époque a changé et les autorités suisses ont parié sur une politique énergétique qui fixe de nouvelles priorités. Le paradigme actuel, et adage bien connu,


consiste à dire que la meilleure énergie est celle que l’on ne consomme pas. Aujourd’hui, nous créons de la valeur ajoutée en évitant de gaspiller des kWh. Je suis persuadé que l’efficacité énergétique va s’inscrire sur la durée et n’a rien d’un phénomène de mode, c’est une question de société et nous devons tous réaliser les efforts nécessaires pour atteindre un meilleur équilibre entre besoins d’énergie et production. Avant de chercher à tout prix de nouvelles sources d’énergie, il est essentiel d’utiliser les bonnes énergies pour les bons usages. Je pense que tout le monde est d’accord avec ce principe mais pourquoi les choses n’avancent-elles pas plus vite? Quand vous parlez du principe de l’efficience énergétique, en théorie tout le monde est

Voilà encore une preuve supplémentaire de la volonté de Romande Energie de porter haut la bannière de l’efficience énergétique en Suisse romande et de permettre à chacun d’agir. Pour des raisons environnementales, certains systèmes de chauffage n’ont plus la cote et devront être modifiés, quelle est votre position en tant qu’énergéticien? Tout dépend du type d’habitation. En restant pragmatique, la réalisation d’un audit CECB renseigne parfaitement sur l’efficacité énergétique du bâtiment et sur les mesures à prendre en ce qui concerne l’isolation et les fenêtres, et ceci bien avant de penser à changer son système de chauffage. Chaque cas est particulier et nous avons à cœur de répondre aux besoins spécifiques de chaque

«Tout l’enjeu aujourd’hui consiste à rapprocher le citoyen et sa conscience avec le consommateur et son porte-monnaie.» philippe dUrr

d’accord. Quand il s’agit de voter, la personne agit selon ses valeurs, c’est en somme un acte citoyen. Mais lorsqu’il s’agit de passer aux actes, elle peut très vite agir de manière différente du vote glissé dans les urnes. Tout l’enjeu aujourd’hui consiste à rapprocher le citoyen et sa conscience avec le consommateur et son porte-monnaie. Comment faites-vous pour réconcilier ces deux facettes de la personnalité de chacun? Nous sensibilisons les consommateurs et nous essayons de les informer en permanence. Nous sommes très présents sur de nombreuses manifestations avec notre expo Déclics afin de pouvoir offrir un espace de dialogue sur le terrain, alors que la plateforme internet declics.romande-energie.ch permet à chacun de découvrir les expériences de ménages-pilotes et les outils pour maîtriser sa consommation d’énergie. Il y a un an, nous avons initié un projet de séries vidéo sur le ton de l’humour (diffusées actuellement sur le internet et sur la chaîne La Télé) qui mettent en scène un jeune couple, Céline et Fabien, expérimentant les gestes permettant une efficience énergétique accrue. Sans oublier notre soutien et notre accompagnement au développement de ce magazine (Efficience 21) depuis sa création.

client. Depuis plusieurs années nous avons développé des expertises et nous offrons des prestations de conseils et d’analyses dans ce domaine pour tous les propriétaires qui le souhaitent. Ainsi, Romande Energie est devenue l’un des principaux installateurs de pompes à chaleur de Suisse romande pour la rénovation et propose également l’installation de capteurs solaires thermiques pour une solution durablement efficace. Comment voyez-vous l’avenir de la consommation énergétique des habitations en tant que distributeur d’énergie? L’un des principaux enjeux pour les acteurs de ce marché consiste à repenser toute l’organisation de la production et de la distribution de l’électricité, c’est ce que l’on appelle le Smartgrid ou réseau intelligent, car à l’avenir les lieux de production seront de plus en plus décentralisés. Les progrès technologiques vont nous aider à trouver les meilleures solutions, afin de continuer à offrir une bonne qualité d’approvisionnement à nos clients. Ce changement représente aussi un monde d’opportunités pour Romande Energie. Que pensez-vous de l’abandon du nucléaire prôné par le Conseil fédéral? Si on ne se fixe pas des buts, on n’avance pas

et Romande Energie soutient le Conseil fédéral dans cette démarche. Nous arriverons à gérer cette transition énergétique à condition de s’en donner les moyens. En utilisant d’autres sources d’énergie comme le gaz de schiste? A l’heure actuelle, nous n’avons pas encore de garanties suffisantes pour se lancer dans l’exploitation industrielle du gaz de schiste en Suisse. Il existe bien d’autres sources d’énergie qui comportent moins de risques et dont le potentiel reste encore inexploité comme l’éolien, la biomasse ou la petite hydraulique. C’est quand même très paradoxal pour un fournisseur d’électricité de concentrer ses efforts sur l’économie d’énergie, non? Bien au contraire. Notre rôle consiste vraiment à accompagner nos clients au mieux dans cette phase de transition énergétique très intéressante qui s’ouvre à nous. Historiquement, nous sommes une entreprise d’électriciens, mais aujourd’hui et à l’avenir, nous jouerons plutôt un rôle d’énergéticien pour façonner et proposer des solutions d’avenir sur l’ensemble de la chaîne de valeurs énergétiques. Personnellement, que faites-vous au quotidien pour améliorer l’efficience énergétique? J’ouvre systématiquement les stores de mon bureau pour profiter au mieux de la lumière naturelle, j’éteins la lumière dès que je sors de mon bureau et à la maison, le chauffage est réglé sur une température suffisamment basse pour éviter le gaspillage. E

Philippe Durr Age: 49 ans Formation: Master en microtechnique à l’EPFL, diplômé en management exécutif à l’Institut européen d’administration des affaires (INSEAD) de Fontainebleau. Expérience: Vingt ans d’expérience dans la vente et le marketing, il a occupé différents postes de direction au sein d’entreprises internationales et régionales actives dans les secteurs de l’énergie, des cleantech et de l’aéronautique.

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DR

constRuire éCOquartier

Vingt résidences respectant le label Minergie Eco sont en train de voir le jour dans le premier projet d’écoquartier de la Côte.

Un quartier entier labellisé MINERGIE Objectif du bureau d’ingénieurs qui a développé l’ensemble du projet énergétique de l’écoquartier de Gland: assurer la labellisation Minergie, voire Minergie P, de tous les bâtiments. Zoom sur la stratégie adoptée. Patricia Bernheim

L

e premier écoquartier de la Côte est inspiré du modèle d’habitat et de développement durable développé dans les pays scandinaves. Eikenott (qui signifie gland en norvégien)

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occupera une surface de 80 000 m2 et prévoit la construction de vingt résidences de qualité toutes aux normes Minergie Eco. En plus des normes Minergie, qui prennent en compte la qualité de construction de l’enveloppe du bâtiment, son isolation et son renouvellement d’air,

les bâtiments certifiés conformes à Minergie Eco répondent aussi aux critères d’une construction saine et écologique.

le chauffage à distance privilégié «Notre étude stratégique nous a amenés à la conclusion que la solution la plus intéressante était que l’ensemble du quartier soit alimenté par un réseau de chauffage à distance», explique JeanBaptiste Brunet qui pilote l’ensemble du projet énergétique d’Eikenott pour le bureau d’ingénieurs lausannois BG


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1. Les 485 logements d’Eikenott ont été vendus en un jour. 2. Des emplacements pour recharger des véhicules électriques sont prévus dans le parking. 3. Une tablette affiche en temps réel la consommation d’énergie de certains appartements. 4. Un centre commercial au cœur du quartier permet de faire ses courses à pied.

durable et cohérent Concept global, le développement durable est aussi basé sur la mixité sociale et intergénérationnelle, la mobilité douce et la qualité de l’environnement. Les 485 logements d’Eikenott sont répartis en PPE (toutes vendues en un après-midi), en appartements standing, familiaux et subventionnés qui accueilleront 1200 habitants une fois le projet terminé. Une résidence pour seniors et une crèche figurent aussi dans l’offre. Pour privilégier la qualité de vie, Eikenott sera un quartier sans voitures. Servant également de barrière phonique, l’immense parking construit en bordure d’autoroute a une capacité de 600 véhicules, propose des emplacements pour recharger les modèles électriques et des voitures Mobility. La mobilité douce est favorisée par la présence de tous les services, y compris la gare, dans un rayon d’environ 1 km et la création de 800 places pour les vélos. Cohérents jusqu’au bout, les concepteurs se sont aussi penchés sur la question des courses. Leur solution: un centre commercial de 800 m2 au cœur d’Eikenott et un caddie offert à chaque habitant pour l’inciter à aller au supermarché à pieds.

vanina moreillon

Bonnard & Gardel. «La production de chaleur centralisée se fait à l’aide de chaudières utilisant des plaquettes obtenues à partir de bois déchiqueté. Elles fourniront 80% des besoins du quartier pour l’eau chaude sanitaire et le chauffage. Le solde est fourni par le gaz (16%) et par le solaire (3 à 4%). Cette solution a le mérite de faire travailler des pro­ ducteurs de bois de la région puisque l’approvisionnement local est garanti contractuellement avec l’exploitant de la chaufferie.» Autre aspect ayant fait pencher la balance en faveur de la centralisation de la production de chaleur: la perspective d’être relié au projet de géothermie profonde de la Côte. «Eikenott étant essentiel à la rentabilité du projet, nous nous sommes rapprochés de ses concepteurs. Dans cette optique, nous avons anticipé et surdimensionné les conduites de réseaux de manière à assurer le raccordement au projet le jour où il se réalise.»

Effort de sensibilisation Limiter l’impact sur l’environnement en proposant un concept cohérent qui privilégie les énergies renouvelables et en mettant à disposition des bâtiments avec une isolation de très haut standard est à la base du concept de développement durable. Mais vivre dans un logement Minergie implique aussi une modification de certaines habitudes de vie pour que les résultats attendus se concrétisent. «Le comportement des habitants peut en effet changer considérablement la donne et aboutir à des résultats très différents de ceux calculés par les ingénieurs. Ce qui est vraiment novateur à Eikenott, c’est la démarche entreprise pour sensibiliser les habitants aux économies d’énergie. Certains appartements sont équipés d’une tablette sur laquelle s’affiche en temps réel la consommation énergétique dans l’appartement. Cet outil permet, par exemple, de prendre conscience que chauffer à 22 °C plutôt qu’à 20 °C

représente 30% de consommation d’énergie supplémentaire. Un feed-back sera par ailleurs régulièrement donné aux habitants lorsque des dérives seront constatées.» En parallèle, une étude est menée pour déterminer si la présence de tablettes a, à terme, un impact à la baisse sur la consommation en énergie des habitants.

Norme pointue Seule construction non résidentielle, le bâtiment D accueillera 800 m2 de surfaces commerciales et des bureaux. «Pour ce bâtiment, la barre en matière de confort et de rentabilité est placée très haut. L’objectif est la labellisation en Minergie P qui certifie des bâtiments visant à une consommation énergétique encore inférieure à celle de Minergie. Les locaux nécessitant d’être rafraîchis, des panneaux photovoltaïques seront installés sur le toit pour compenser la consommation accrue en énergie.» E

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La protection du climat est tendance Gamme de fenêtres EgoKiefer XL®2020 – Design récompensé et isolation thermique record La fenêtre EgoKiefer XL®2020 est le produit de l’avenir pour la protection du climat et l’exigence esthétique. Outre sa remarquable isolation thermique, elle a déjà été plusieurs fois récompensée pour l’élégance de ses lignes. Grâce à sa minceur, elle laisse en effet entrer plus de lumière dans les pièces.

«Casa Martinez», villa neuve avec bureaux, Berneck I Fenêtres en bois/alu EgoKiefer XL®2020.

Avec sa gamme XL®2020, EgoKiefer, numéro un du marché suisse des portes et des fenêtres, souligne sa maîtrise technologique. Quel que soit le modèle, elle allie chaque fois un design parfait et des indices d’isolation thermique record. Ses éléments particulièrement fins permettent de faire entrer plus de lumière, de mieux garder la chaleur et d’avoir plus de vue vers l’extérieur. La fenêtre EgoKiefer XL®2020 est la première en Suisse qui remplit les exigences MINERGIE-P® et les sévères prescriptions européennes d’isolation thermique qui seront en vigueur dès 2020. Avec le vitrage isolant à hautes performances EgoVerre®, la fenêtre XL®2020 obtient des indices d’isolation thermique avec lesquels aucune autre fenêtre en Suisse n’est en mesure de rivaliser, et ce dans ses trois exécutions, PVC, PVC/alu et bois. Ses remarquables performances vous permettent des économies d’énergie pouvant atteindre 75 %, d’où une baisse sensible de vos frais de chauffage. Autre conséquence, son bilan écologique positif: pendant sa durée d’utilisation, la fenêtre économise plus d’énergie que toute celle qui est dépensée pour sa construction, son montage et son élimination. Plus de lumière grâce à son design parfait La gamme EgoKiefer XL®2020 autorise de nouvelles solutions dans les façades et sti-

mule la créativité des architectes. La fenêtre XL®2020 possède un profil particulièrement mince et offre jusqu’à 15 % de surface vitrée en plus. Ainsi, les pièces sensiblement plus claires. Cette caractéristique, elle la doit à la technologie collée, un procédé de fabrication breveté et tout à fait unique en Europe. Le design et la construction de cette fenêtre ont déjà été plusieurs fois primés. En 2007, la fenêtre en PVC EgoKiefer XL®2020 a remporté l’iF product design award et en 2009 l’iF material award. En 2008 et en 2011, cette fenêtre innovante a été sélectionnée deux fois pour le Prix du design de la République fédérale d’Allemagne. EgoKiefer démontre ainsi qu’il est parfaitement possible de combiner de façon raffinée design et protection du climat. Faites-vous conseiller par un spécialiste EgoKiefer. Dans 13 points de vente et chez plus de 350 partenaires dans toute la Suisse.

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mobilitÉ design

La mobilité vue par un designer

Le vélo-trottinette des Bordelais Imaginé par Philippe Starck, le Bipal s’affiche comme le vélo urbain du futur qui, dès l’automne, va renouveler le parc cyclable prêté par la ville à ses habitants. Avec plus de 10% des déplacements quotidiens en deux-roues, Bordeaux s’est hissée dans le peloton de tête des capitales cyclables.

Philippe Starck imagine le vélo urbain idéal. MairiedeBordeaux

Viviane Scaramiglia

D

estiné à renouveler à terme le parc de 3500 vélos gracieusement mis à la disposition des Bordelais, ce city streamer à la structure en aluminium et aux roues jaunes à bandes réfléchissantes, avec son éclairage intégré, son repose-pied généreux et ses deux solides porte-bagages, permet à gré de pédaler, patiner et porter un enfant et des paquets. Un concept inédit qui tient compte de la nécessité de passer facilement du vélo à la marche. Selon le designer star Philippe Starck, il répond «à toutes les demandes des utilisateurs et à la multiplication des zones piétonnières des villes». De fait, ce vélo de 16 kg fabriqué par Peugeot Cycles est une adroite synthèse des demandes des habitants. A l’initiative de la Ville, ces derniers ont été invités à répondre à un questionnaire et donner leurs idées. C’est donc avec l’aide de plusieurs centaines de contributions qu’est né le «vélo urbain idéal». «Arriver à réaliser un produit ergonomique très résistant et de qualité, avec de l’innovation, comme les freins ou les vitesses automatiques intégrées dans le moyeu qui font que rien ne se dérègle ou ne se casse, au prix juste, constitue un joli défi», indique le designer qui a travaillé à titre gracieux.

une fluidité dans le trafic Le Pipal, référence aux pibales, nom des alevins d’anguilles dans le Sud-Ouest, est donc fait pour se déplacer comme les alevins dans le courant, c’est-à-dire avec harmonie. Autour de nombreuses actions pour repenser les déplacements, comme la limitation de la circulation automobile, le développement du tramway et la promotion de la pratique du vélo depuis plusieurs

années, Bordeaux a vu le nombre de cyclistes tripler en dix ans. Comme le rappelait le maire Alain Juppé lors de la présentation du prototype en février dernier, «l’objectif étant à moyen terme d’atteindre 15% au moins des déplacements au cœur de la ville». Aucune commercialisation du Bipal n’est pour l’heure prévue en dehors de la ville, indique le fabricant. E

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mobilité interview

voiture électrique

«Si je suis à côté d’une Porsche, tout le monde regarde ma Twizy!»

le véhicule n’est pas étanche; le passager à l’arrière reçoit pas mal d’air froid et de pluie. En outre, il n’y a pas de plafonnier. J’en ai fait installer un. On pourrait aussi améliorer le confort du siège arrière, qui est du genre spartiate. Mais la Twizy est aussi un terrain de jeu pour bricoleurs. Il s’agit d’une mécanique simple, facile à démonter et à améliorer. Beaucoup se font plaisir à la bidouiller de partout. Sa philosophie se rapproche de celle de la 2 CV.

Pierre-André Vullioud codirige l’atelier web inetis, à Vufflens-la-Ville (VD). Il roule depuis neuf mois dans l’étonnant véhicule électrique de Renault. Et nous fait partager son expérience dans ce drôle de scarabée.

Quelles étaient vos attentes? Je me suis acheté une Twizy comme d’autres se payent une Harley-Davidson: c’était un pur plaisir! Parce que j’aime ce genre de petits véhicules. Et comme je ne suis pas un grand bricoleur, je voulais un engin simple et pas trop expérimental. Après, je voulais qu’elle remplace un deuxième véhicule. Pouvoir aller travailler avec elle, faire des courses, transporter un enfant. Et alors? C’est une réussite. Elle a tout à fait rempli sa mission pour un petit rayon d’action, soit environ 80 km d’autonomie. Le parcage, notamment, est génial. En ville, je peux même la laisser sur un parking motos, du moment que je ne dépasse pas des cases. En fait, la Twizy n’est pas une voiture. C’est un quad électrique. Comment se comporte-t-elle dans le trafic? Elle est vive au démarrage, super agile dans des endroits tels que les giratoires. Je roule certes dans un «machin bizarre», mais je ne gêne personne. Je fais du 80 km/h, je suis donc toujours

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Vanina moreillon

Marc David

Et économiquement? Là, c’est juste du délire. Je l’ai payée CHF 12 000.–, et on la trouve à partir de CHF 10 000.–. En début d’année, le service des autos m’a envoyé une facture de... CHF 17.–. Une somme ridiculement basse qui compense les CHF 60.– de leasing par mois pour la batterie. En termes de consommation, je compte CHF 1.– le plein (qui dure de deux à trois heures), avec un seul service à accomplir tous les quatre ans. Pour les frais, même en comptant l’amortissement, c’est donc très intéressant. Et j’ai déjà parcouru 4000 km!

CHF 1.– pour un plein de deux à trois heures et un service tous les quatre ans.

sur la limitation de vitesse. Et je me situe tout de même à une certaine hauteur, assez pour prendre ma place dans la circulation sans qu’on me colle derrière. Quant à la tenue de route, elle est fantastique avec une batterie de 100 kg sous les fesses. La Twizy est rivée au sol. Les réactions des passants? Toujours très impressionnantes, surtout quand j’arrive quelque part et que j’ouvre les portes en papillons. Si je suis à côté d’une Porsche, tout le monde regarde la Twizy! Il y a un capital-sympathie incroyable. Par exemple avec les enfants, qui la voient comme un gros jouet.

Le côté «tape-cul»? Il est indéniable. Elle n’est pas conçue pour de longs trajets ou pour transporter des personnes âgées... De plus, elle n’a pas de chauffage. Je le répète, question confort, il ne faut pas la comparer à une voiture. Le froid? Il vaut parfois mieux enfiler des gants et un bonnet. Les manques? D’abord l’absence de fenêtres. C’est une erreur marketing majeure, que Renault est en train de corriger. Elle est clairement inutilisable sans vitres, j’ai donc dû en acheter. De toute manière,

Le referiez-vous? Ah oui, complètement. Elle est parfaite dans le concept véhicule léger et passe-partout, qui remplace un deuxième véhicule. Vous considérez-vous comme écologique? Non, ce qui est écologique, c’est de ne pas avoir de voiture du tout. Avec le lithium, le cycle de vie, l’économie grise, elle reste un objet de consommation comme un autre, même si je ne rejette pas de gaz. C’est une histoire d’amour, alors... Ma voisine me l’a fait remarquer l’autre jour en me disant: «Quand tu es dans ta Twizy, tu as toujours le sourire!» E


mobilité Vélos

DR

invention

Une grande chaîne de solidarité De la Suisse à l’Afrique, nos vieilles bicyclettes donnent du travail aux uns et des roues aux autres. Ludmila Glisovic

L

es CFF et l’Union des transports publics (UTP) récoltent et envoient, depuis toutes les gares de Suisse disposant de guichets à bagages, dans des centres de réparations les vélos dont on désire se débarrasser. Ces vieilles bicyclettes sont ainsi acheminées chez des partenaires impliqués dans la réinsertion sociale de chômeurs PUBLICITÉ

non qualifiés et de longue durée. Chez Gump & Drahtesel, initiateurs de ce programme, on se souvient: «Lorsque nous avons débuté notre activité en 1993, nous expédiions en Afrique un container par an. Vignt ans plus tard, c’est 30 containers que nous envoyons annuellement, soit un total de 12 500 vélos.» «Le projet Vélos pour l’Afrique intervient sur trois axes», souligne Matthias Maurer, gestionnaire du volet

Suisse. «D’une part, nous travaillons en Suisse à la réinsertion de personnes sans travail et d’autre part, nous permettons le recyclage de vélos destinés à la casse. Le troisième axe de ce projet est de permettre à des habitants de pays africains d’acheter des vélos de qualité à des prix accessibles. Leurs prix de

vente couvrent les frais d’expédition», ajoute Matthias Maurer. «Pour le début de cette année nous avons déjà livré plus de 80 vélos chez Gump & Drahtesel à Berne», précise Yves Godet, responsable de l’atelier métal chez VAM à Bulle. Cette association – l’un des 18 maillons de ce projet – qui propose «des mesures actives sur le marché du travail» récolte et donne une seconde vie aux deux-roues abandonnés dans des déchetteries ou déposés directement dans ses ateliers. «Peu importe les marques ou leurs états, nous récupérons toutes les bicyclettes», assure Yves Godet. «Grâce à la bonne qualité du travail accompli sur ces petites reines, elles rencontrent une demande importante en Afrique», se réjouit encore Matthias Maurer. E www.velospourlafrique.ch


EN BREF

mobilité

Londres partage

Pour éviter les engorgements Mimi Potter

Le péage urbain n’a rien réglé Introduit en février 2003, le péage urbain de Londres devait réduire la pollution et la congestion du trafic de la capitale anglaise. Dix ans plus tard, le bilan s’avère mitigé. Certes, le trafic a été fortement réduit mais les embouteillages restent une réalité et la qualité de l’air n’a pas été améliorée. Entre 7h et 18h, entrer dans Londres coûte 10 livres (CHF 14.50), un tarif doublé en dix ans. Une manne qui a néanmoins permis à la ville d’encaisser 1,7 milliard de francs suisses, réinvesti dans les transports. Zéro émission Tesla dans les chiffres noirs Après avoir frôlé le dépôt de bilan à plusieurs reprises, Tesla ne doit son salut qu’au gouvernement américain qui lui a accordé deux prêts de plusieurs centaines de millions de dollars. Mais l’orage a fait place à un temps plus clément pour ce fabricant de véhicules 100% électriques créé il y a dix ans. Au premier trimestre de cette année, l’entreprise présentait un bénéfice de 15 millions de dollars contre une perte de 110 millions l’an dernier. Tuk-Tuk électrique Les Suédois présentent Zbee 3 Clean Motion, société suédoise qui fait œuvre de précurseur avec ses tuk-tuk électriques, sort la troisième évolution de son Zbee 3. Ce véhicule électrique de trois places sortira en septembre prochain. Avec une carrosserie plus rigide, il offre une autonomie de 50 km avec une vitesse de 40 km/h. Loin d’être un véhicule anodin, ce tuk-tuk s’ouvre un marché gigantesque en Asie ou ces véhicules sont légion.

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Et si on partageait sa voiture? Le covoiturage a tout bon: il permet de réduire le nombre de véhicules sur les routes, les émissions de CO2 et les frais de déplacement des utilisateurs. Le point sur quelques-uns des meilleurs sites spécialisés. Sylvie Ulmann

Le plus suisse www.e-covoiturage.ch Comment ça marche? L’inscription est gratuite; une fois cette formalité accomplie, vous avez le choix entre deux onglets,

«rechercher un trajet» ou «proposer un trajet», la majorité de ceux-ci reliant deux localités suisses éloignées de moins de 50 km. Idéal pour les pendulaires. Certains utilisateurs proposent toutefois de plus longues distances, parfois même

vers des villes européennes. Côté frais, conducteur et passager s’entendent sur une somme avant le départ – un calculateur des coûts permet de la déterminer. Existe aussi pour iPhone et Android. L’avantage: des onglets permettent d’accéder directement aux trajets vers les festivals, les stations de ski, les événements sportifs ou les parkings-relais.

Le plus international www.karzoo.ch Comment ça marche? Ici aussi,


mobilité vous vous inscrivez sans bourse délier. Chauffeur et passager s’entendent sur les frais avant le départ, sur la base des recommandations tarifaires que propose le site. Les voyages sont répartis en deux catégories, les courses régulières et les exceptionnelles. Ciblez la première section si vous effectuez le même déplacement plusieurs fois par semaine et souhaitez laisser votre véhicule au garage ou le partager. Existe également en versions iPhone et Android. L’avantage: sous l’onglet «courses exceptionnelles», vous trouverez de nombreuses propositions de trajets à destination de l’Europe.

Le plus connecté www.tooxme.com Comment ça marche? Centré sur les courtes distances, ce site communautaire lancé fin 2012 par une start-up suisse est pour

l’instant en phase test à Genève et Lausanne, mais il devrait s’étendre à toute la Suisse. Il met automatiquement en contact les personnes qui recherchent un trajet et celles qui le proposent via l’application iPhone (bientôt aussi sous Android). Si aucun véhicule n’est disponible, il vous suggère une alternative en transports publics ou en taxi... Après le voyage, passager et conducteur notent leur partenaire, un gage de qualité supplémentaire. L’avantage: les conducteurs sont rémunérés 45 centimes par km, qu’ils effectuent leur trajet à vide ou non. Les passagers paient 99 centimes par kilomètre.

Le plus local www.greenmonkeys.com

site dédié aux trajets domiciletravail, mais ensuite, c’est Green Monkeys, moyennant des frais de service, qui fixe les tarifs au kilomètre, prélève le coût du parcours chez le passager et le verse au conducteur. Le partage est transparent, automatique et la rémunération, garantie. Quant aux tarifs au kilomètre, ils sont dégressifs, autrement dit, plus on roule moins on débourse. Les paiements s’effectuent au moyen d’un porte-monnaie électronique que l’utilisateur recharge par Paypal. L’avantage: Green Monkeys récompense la fidélité de ses utilisateurs en reversant sur le compte des plus assidus jusqu’à 40% des frais de service dont ils se sont acquittés. E

Comment ça marche? Inscription et planification sont gratuites sur ce

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EN BREF Autoroute Smart highway L’autoroute durable

Des designer hollandais ont conçu le projet Smart highway qui allie haute technologie et énergies renouvelables. Pour améliorer le confort des automobilistes, des éclairages dynamiques basés sur une poudre photo-luminescente alimentés par le soleil et le vent offriront le confort de conduite d’une piste d’atterrissage. Des informations s’afficheront sur la chaussée pour avertir des risques de verglas, par exemple. Premier tronçon test en fin d’année.


des voitures chargent des maisons DR

futuriste

Quand Toyota devient city Au Japon à Toyota City, un écoquartier mise sur l’énergie solaire et les véhicules hybrides rechargeables pour réduire les émissions de gaz carbonique. Les maisons y sont équipées de panneaux solaires, d’une batterie lithium-ion, d’une pompe à chaleur et de systèmes de gestion de l’électricité. 6 0 | E F F I C I ENCE 21 | é t é 2 013

Daniel Eskenazi, TOKYO

A

u premier regard, Toyota City, ville située à 300 km au sudouest de Tokyo, n’a rien d’une ville futuriste. Contrairement aux gratte-ciel de la capitale nipponne, les bâtiments font en moyenne quelques étages, pas plus. En s’éloignant du centre de


Un modèle de gestion de l’énergie Dès septembre 2011, 28 maisons intelligentes ont vu progressivement le jour pour former cet écoquartier. Dans le district de Takahashi, un projet similaire regroupant 39 maisons est en cours. L’objectif est de réduire au minimum les émissions de gaz carbonique en testant un modèle innovant de gestion de l’énergie. Il combine habitation et mobilité douce. Les habitants qui ont acquis ces maisons ont accepté de jouer le rôle de pionniers. Autre particularité de ces habitations: elles sont équipées d’une pompe à chaleur et d’une batterie lithium-ion. Celle-ci permet de stocker l’énergie fournie par les panneaux solaires. Parallèlement aux équipements fournis, chaque habitation a recours aux smart grids, autrement dit à un système informatique qui offre une gestion intelligente du réseau électrique. Tous les foyers disposent d’un système de management de l’énergie. Il contrôle l’offre et la demande dans la maison. Douze habitations possèdent également un système de récolte des données sur l’utilisation de l’électricité. La totalité des équipements sont offerts par Toyota, ses filiales et les autres entreprises qui ont participé au développement du projet initié par le Ministère de l’économie, du commerce et de l’industrie. Il est le fruit de la collaboration de 26 organismes publics et privés, parmi lesquels figurent des

DR

cette ville d’environ 430 000 habitants, une population comparable au canton de Genève, on peut même tomber sur de modestes rizières. En dehors des champs, la ville tourne pourtant à plein régime, au rythme de Toyota, leader mondial de l’automobile. Plus de huit travailleurs sur dix sont directement ou indirectement liés au géant japonais. Il emploie 70 000 collaborateurs dans la ville qui a pris son nom en 1959 sur un total d’environ 325 000 dans le monde. A quelques kilomètres du siège de l’entreprise, dans le district de Higashiyama, un parcours dans un dédale de ruelles offre une tout autre vision du futur. Dans un pays en retard dans les énergies renouvelables, ce qui frappe d’entrée est la présence imposante de panneaux solaires sur tous les toits des habitations. Devant celles-ci, des voitures un peu spéciales sont parquées. Elles sont reliées par un câble électrique à une borne. «Ce sont des voitures hybrides rechargeables», explique Tatsuya Morii, assistant du management de la division Recherche&Développement de Toyota.

«Beaucoup d’habitants touchés par le tsunami et le tremblement de terre qui ont perdu leur voiture l’ont remplacée par un modèle hybride rechargeable.» Kouji Toyoshima, chef ingénieur chez Toyota

bureaux d’architectes et d’ingénieurs. Environ 250 collaborateurs actifs dans l’innovation y ont été impliqués.

Un système de points en fonction de la consommation Selon Tatsuya Morii, le challenge le plus difficile à relever a été de mettre en place un système informatique qui anticipe chaque demi-heure les besoins en énergie des foyers dans les trois prochaines heures. Les simulations dépendent d’une quantité importante de facteurs à combiner. Par contraste, la gestion de l’énergie s’opère simplement. «Si une famille a besoin de plus d’électricité et qu’une autre en a trop, un transfert s’opère entre les deux foyers, via le système de management de l’énergie. Aujourd’hui, le kilowattheure coûte 21 à 23 yens (20 centimes). Nous serions prêts à le vendre à 16 yens (15 centimes), mais les lois nous l’empêchent pour l’instant. Du coup, un système de points a été mis en place. Les résidents peuvent en récolter

lorsqu’ils fournissent de l’électricité à leurs voisins. Ces points peuvent servir à réduire le montant de la facture d’électricité. A terme, nous espérons que ce modèle sera étendu aux écoles, aux hôpitaux ou autres bâtiments publics. Cela serait bénéfique pour l’ensemble de la communauté», estime l’employé de Toyota.

Réduction massive des émissions de CO2

Signe que ce système qui combine habitation et mobilité douce fonctionne du point de vue énergétique: les émissions de gaz carbonique ont été réduites de 80% par rapport à des maisons et des voitures traditionnelles. Pour l’acheteur, l’investissement s’avère avantageux. Le prix de la maison et d’un modeste terrain s’élève entre CHF 426 000.– et CHF 568 000.–. Il varie en fonction de la superficie, entre 100 et 130 m2. «Ce prix est comparable aux habitations normales que l’on peut trouver à Toyota City», estime une porte-parole de l’entreprise.

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Quand Toyota devient city DR

futuriste

Ci-dessus: en choisissant une voiture hybride, Mika Tanaka a économisé 70% des frais par rapport à l’utilisation de sa voiture précédente.

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Avant le lancement de ce projet, Mika Tanaka, femme d’un cadre de Toyota âgée de 46 ans, fut l’une des premières à utiliser un véhicule hybride rechargeable. C’était durant l’été 2011. Ses déplacements étaient effectués dans la plupart des cas entre le domicile et les écoles de ses deux enfants, soit des trajets d’une dizaine de kilomètres aller-retour. Une fois par semaine, elle s’est rendue à l’hôpital de Nagoya, situé à une trentaine de kilomètres de sa maison. «La première fois que j’ai fait démarrer ma voiture, j’ai été surprise par le silence du moteur. J’ai pensé qu’il n’était pas allumé», témoigne-t-elle en souriant. Au volant, la conduite est facile, l’accélération se fait tout en douceur. La transition entre le mode électrique et l’essence n’est pas perceptible. Quant au chargement des batteries, il n’a posé aucun problème. «Cela faisait presque partie de mes tâches ménagères», dit-elle. Au total, elle a parcouru 3600 km en trois mois.

Grosses économies d’essence Durant 90% du parcours, le véhicule hybride fonctionnait en mode électrique, le temps restant avec de l’essence. «En moyenne, j’ai dépensé 4000 yens par mois pour recharger la batterie, en plus de 1000 yens pour l’essence. Le coût total s’est donc élevé à 5000 yens. Si on compare aux 18 000 yens que je dépensais chaque mois avec la Toyota Sedan, j’ai pu économiser 13 000 yens, soit près de 70% des frais totaux. De plus, nous ne disposons pas de panneaux solaires sur notre maison, ce qui nous aurait permis d’économiser encore davantage d’argent», souligne Mika Tanaka. Après avoir participé à ce test, elle a définitivement opté pour un véhicule hybride rechargeable. «Je n’accélère pas pour rien, car je suis consciente que j’utilise alors de l’essence. J’ai adapté ma conduite afin d’optimiser la consommation d’énergie de ma voiture», expliquet-elle.


Le pari de Toyota dans les voitures hybrides rechargeables était risqué. Avant Fukushima, les services publics et certains ministères estimaient que ce type de véhicules étaient inutiles.

geables. De l’autre, les émissions de gaz carbonique peuvent être réduites de 5% par rapport aux modèles hybrides classiques.

Bouleversement post-Fukushima

Les premiers véhicules rechargeables de la marque japonaise ont été commercialisés début 2012. En un peu plus d’une année, plus de 30 000 unités ont trouvé preneurs. En Europe, depuis le lancement en été 2012, entre 1000 et 1200 véhicules ont été vendus chaque mois. En Suisse, Toyota a écoulé près de 70 véhicules hybrides rechargeables, dont 15 en janvier et février 2013. «Notre préoccupation principale par rapport au développement de ce segment est la source d’énergie à laquelle nous devrions recourir pour charger les batteries. Aujourd’hui, le solaire et l’éolien ne suffisent pas. Il faudra donc encore beaucoup de temps pour que ce type de véhicule devienne populaire. En Suisse, une partie de l’électricité pourrait être générée par l’énergie hydraulique», estime Kouji Toyoshima.

Le désastre du 11 mars 2011 a radicalement changé la donne. «Beaucoup d’habitants touchés par le tsunami et le tremblement de terre qui ont perdu leur voiture l’ont remplacée par un modèle hybride rechargeable. Avec un plein d’essence, un véhicule disposant d’une batterie complètement chargée peut fournir de l’électricité à une maison durant quatre jours», explique Kouji Toyoshima, chef ingénieur chez Toyota. Par ailleurs, ajoute-t-il, ce type de voiture constitue une évolution par rapport aux modèles hybrides normaux. D’un côté, avec une batterie complètement chargée, on peut parcourir 26,4 km, contre deux à trois kilomètres avec un modèle hybride normal en mode électrique. Cet avantage est dû à des batteries lithium-ion plus performantes pour les véhicules recharPUBLICITÉ

Septante véhicules vendus en Suisse

Contrairement à d’autres constructeurs, Toyota estime que les véhicules électriques ne sont pas aussi performants d’un point de vue énergétique que les hybrides. «Il faut une centrale nucléaire pour charger 50 000 voitures électriques. Les hybrides sont donc nettement meilleurs d’un point de vue écologique. Toyota génère 40% de ses ventes totales avec ce type de véhicules au Japon. Notre objectif est d’atteindre 100%. Seule une grande proportion de véhicules hybrides permettra d’améliorer de manière significative l’empreinte écologique», espère Kouji Toyoshima. Pour populariser ce type de véhicules, Toyota devra diminuer le prix des batteries, composant clé qui explique la cherté du produit. La quantité de métaux précieux que contient la batterie devra être réduite. De surcroît, grâce à de plus gros volumes de ventes, des économies d’échelle seront atteintes. Elles permettront de réduire les tarifs de voitures hybrides rechargeables. Aujourd’hui, l’unique modèle de Toyota disponible en Suisse coûte plus de CHF 50 000.–. E


voiture

Des innovations en cascade

Promis, demain on respirera mieux ! Des carrosseries qui servent de batterie, des algues vertes qui entrent dans leur composition et des moteurs sans terres rares, c’est peut-être pour demain. Petit tour non exhaustif de quelques développements et découvertes. Ludmila Glisovic

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Sus aux terres rares Le prototype de ce moteur a été présenté au Salon de l’auto de Genève ce printemps. Construit sans matières premières onéreuses et sans aimant contenant des terres rares, ce moteur de 11 kW, construit par

Hitachi, est proportionnellement plus puissant et bien plus léger que les moteurs électriques traditionnels. Normalement, des voitures hybrides équipées de ces nouveaux moteurs devraient être mises en vente dès l’année prochaine.

La fibre de carbone s’invite partout D’ici à la fin de l’année, BMW va commercialiser un premier modèle de véhicule citadin 100% électrique. Pour réussir son pari, le constructeur mise sur la fibre de carbone qui est deux fois plus légère que l’acier. Une nécessité pour alléger des voitures qui transportent des batteries pesant 250 kg.

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es laboratoires dans le monde entier travaillent sur des solutions pour améliorer les batteries et rendre nos carrosseries de voitures plus légères et productrices d’énergie. Actuellement, les voitures électriques et hybrides ainsi que de très nombreuses technologies – ampoules à faible consommation, écrans plats, smartphones, éoliennes, etc. – comportent des terres rares dans leur composition. Malheureusement, ces métaux sont chers et leur extraction entraîne d’importantes pollutions.

Le marché de ces ressources minérales est très serré et reste actuellement concentré à 95% sur la Chine. Pour s’affranchir de cette emprise, dans le cadre d’un programme de recherches, un consortium européen a développé un moteur électrique particulièrement efficient. Le nom de ce projet est Safedrive.

Dans de nombreux laboratoires, des recherches sont entreprises pour mettre au point une batterie à base organique (algues) qui puisse rivaliser avec les batteries au lithium-ion.

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Le prototype d’un moteur électrique construit sans matière première onéreuse et sans aimant contenant des terres rares a été présenté au Salon de l’auto de Genève, ce printemps.

On savait déjà que les algues vertes pouvaient être transformées en carburant, ce que l’on sait moins c’est qu’elles pourraient entrer dans la composition de batteries. En effet, des chercheurs suédois de l’université d’Uppsala ont fait une découverte surprenante. Ils ont présenté une batterie constituée d’éléments rudimentaires, dont un composant de ce végétal aquatique.

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Les algues veulent la peau du lithium

Grâce à ce gain de poids, ces voitures de série bénéficieront d’une plus grande autonomie. «Batteries et moteur seront assemblés sur un châssis en aluminium puis habillés par un habitacle en carbone, tout en ayant les mêmes qualités de rigidité que l’acier», explique-t-on chez BMW. La marque Volvo voit encore plus loin avec des carrosseries pouvant alimenter le moteur d’une voiture électrique. Cela ressemble à de la science-fiction, sauf qu’un réseau de chercheurs très sérieux travaille actuellement sur ce projet qui en est encore à ses débuts. En effet, des scientifiques planchent sur un nouveau type de batterie tirant parti des qualités de nanomatériaux. Ainsi, ils ont découvert que certaines variétés de fibres de carbone sont extrêmement efficaces pour héberger des ions de lithium. En parvenant à réunir «deux électrodes en fibre de carbone nano-structurées, séparées par une couche de fibre de verre», les chercheurs ont créé un nouveau système de batterie. Cette composition leur a permis de réaliser des batteries fines, résistantes et souples. Ce matériau peut être utilisé pour façonner des pièces de la carrosserie, celles-ci permettant à la voiture électrique de s’alimenter. En outre, ces panneaux sont plus légers que les éléments utilisés actuellement. En sachant que les véhicules 100% électriques ont une autonomie limitée notamment à cause du poids des batteries, cette découverte représente une révolution en matière d’efficience.

Les scientifiques vont également s’attacher à améliorer les capacités de stockage de l’énergie. La mise en production de ce projet n’est malheureusement pas encore à l’ordre du jour et la route à parcourir pour y parvenir reste encore longue.

Bousculer les limites Les batteries lithium-ion bradent l’autonomie des voitures électriques à environ 200 km. Une frontière que les chercheurs veulent repousser. Pour y arriver, ils explorent de nombreuses pistes et de nouvelles technologies qui pourraient leur permettre de dépasser cette limite dans un avenir proche. La référence des 180Wh/kg de densité d’énergie des batteries lithium-ion sera peut-être bientôt obsolète. En effet, la société américaine California Lithium Battery a annoncé qu’elle mettait au point une batterie au graphène de silicium dépassant 500Wh/kg de densité d’énergie, soit trois fois plus que les batteries utilisées actuellement. En conséquence, les véhicules électriques bénéficieraient de trois fois plus d’autonomie. Cette batterie présenterait également l’avantage de se charger beaucoup plus rapidement. Jusqu’ici, le principal inconvénient des batteries lithium-graphène de silicium est leur rapide dégradation dans le temps et leur incapacité à tenir des cycles de charges répétés. Un point sur lequel les scientifiques travaillant sur cette recherche n’ont pour l’instant pas communiqué.

La clé de cette trouvaille réside dans la particularité de cette algue – appelée Aegagropila linnaei – à produire un type unique de cellulose. En recouvrant cette cellulose algale d’un polymère conducteur, l’équipe a «réussi à produire une batterie d’une extrême légèreté qui bouleverse toutes les normes connues aussi bien en matière de capacités de stockage qu’en temps de charge», a précisé un scientifique travaillant sur ce projet. Dans de nombreux laboratoires, des recherches sont entreprises pour mettre au point une batterie à base organique qui puisse rivaliser avec les batteries au lithium-ion (non organiques). Cette découverte est donc essentielle. La substance produite par cette algue est non toxique, facile à isoler et peu coûteuse. En outre elle serait capable d’alimenter durablement des batteries. De plus ce matériau serait également flexible et très fin, encore plus que les batteries au lithium les plus évoluées utilisées aujourd’hui. A son stade expérimental, elle montre une capacité étonnante à être rechargée rapidement et un nombre important de fois. En effet, charge après charge, elle ne perd pas de sa capacité de stockage. Grâce à des caractéristiques impressionnantes de durabilité, cette batterie révolutionnera peut-être l’industrie du stockage d’énergie. C’est donc sans surprise que le laboratoire a reçu des fonds de l’industrie automobile pour mettre au point des batteries puissantes. Pour l’équipe de chercheurs: «En raison de leur légèreté, ces batteries pourraient aussi être utilisées dans des textiles intelligents ou, par exemple, dans des capteurs surveillant l’irradiation aux UV, des moniteurs portés sur soi à des fins de diagnostics médicaux, etc.» E

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deux jours à vélo

test

vanina moreillon

A Paris, vous pourriez imaginer vous déplacer avec ce type de vélo? Oui, je pense même que c’est un moyen de transport idéal dans une grande ville engorgée comme Paris qui est très plate. Par contre, il va de soi qu’il ne faut pas laisser un tel vélo en stationnement dans la rue pendant trois jours car il disparaîtra à coup sûr. A Lausanne, je ne me suis jamais déplacé à vélo car j’ai souvent mal au dos et la déclivité des rues m’empêche de privilégier ce mode de transport. Avec un vélo électrique, ce problème n’existe plus car le moteur soutient suffisamment l’effort pour ne pas mettre mon dos à contribution même dans les montées.

«C’était ma première expérience à vélo électrique, j’ai adoré» Le chanteur lausannois Jérémie Kisling partage son quotidien entre Lausanne et Paris. Citadin, il privilégie normalement la marche ou les déplacements à scooter. Il a accepté de se prêter à l’essai d’un vélo électrique pendant 48 heures. thierry vial

Jérémie, quelles sont vos premières impressions après 48 h à vélo électrique? C’était la première fois que je montais sur un vélo électrique et j’ai trouvé l’expérience très intéressante. J’ai rapidement effectué des longs trajets sans m’en rendre compte car on avale les kilomètres sans fatigue ou presque, c’est très agréable. J’ai particulièrement apprécié les sensations lors des faux plats ou des montées. Et c’est lorsque j’ai dépassé des cyclistes traditionnels bien équipés que je me suis rendu compte de la vitesse.

Pensez-vous qu’un vélo électrique puisse remplacer une voiture en ville? Je pense qu’un vélo électrique représente un excellent moyen de se rendre au travail en couvrant une distance de 5 à 10 km ou bien sûr, pour les loisirs. Là, je n’ai pas encore eu le temps de le faire mais je vais aller me promener à vélo électrique en Lavaux, au milieu des vignes, et je sais que ça va être très sympa. Quand je suis à Lausanne, je me déplace souvent à scooter, c’est très pratique car je peux faire mes courses, prendre un passager, sans aucun problème, ce qui n’est pas le cas avec un vélo.

Quels sont, selon vous, les plus et les moins par rapport à un vélo classique? Le plus grand avantage, je le vois surtout dans la possibilité de couvrir des plus grandes distances, plus rapidement et sans grands efforts. Par contre, le poids reste un inconvénient si vous devez monter votre vélo dans votre appartement le soir ou le mettre dans une cave. L’autre point négatif pour un vélo comme celui que j’ai essayé, d’une haute qualité, c’est le prix. A plus de CHF 4000.– le vélo, vous êtes en concurrence avec un petit scooter et je pense que les gens doivent se poser la question. Pensez-vous qu’il faudrait encourager ce type de moyen de transport en ville? Oui, c’est pratique, rapide, ça ne pollue pas et c’est silencieux. Il reste que ce serait encore mieux d’avoir des pistes cyclables plus développées comme c’est le cas en Allemagne ou en Hollande, deux pays du vélo. En plus, je pense qu’il faudrait disposer d’incitations financières plus conséquentes pour convaincre le plus grand nombre de lâcher sa voiture pour ce type de transport. E

Jérémie Kisling Fonction: auteur, compositeur et interprète Lieux de résidence: Lausanne et Paris Moyens de transport habituels: marche et scooter

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VIVRE Des labels pour des vacances durables L’idée en vogue n’est (hélas!) pas d’aligner quatre semaines de congé à la suite, mais de tenir compte de l’écologie en choisissant une destination proche de chez soi et un hébergement à taille humaine.

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es voyages durables aux écotours et aux écolodges, la jungle du voyage «vert» commence dans les termes. Ce qui amène Véronique Kanel, porte-parole de Suisse Tourisme, à rappeler la définition du tourisme durable: «Il correspond à un tourisme doux, qui respecte le plus possible la nature et inclue les trois piliers de la durabilité» (les aspects écologique, social et économique des activités humaines, ndlr). Pour la Suisse, cela tombe bien, car ces

valeurs correspondent à la façon dont elle se valorise sur la scène touristique: «Nous sommes un petit pays qui ne peut par conséquent pas cibler les masses. Par ailleurs, nous sommes aussi le paradis des transports publics. Notre réseau est très dense, avec les trains et les cars postaux,

et nous disposons de plus de 60 000 km de sentiers pédestres.» L’Helvétie serait donc le royaume du tourisme doux, et le réseau Swiss Mobile, qui propose des itinéraires pour la parcourir à pied, vélo, VTT, en rollers ou canoë, incarne parfaitement cette tendance, séduisant aussi

STST - STTP

Sylvie Ulmann

labels recommandables Une foule de labels récompensant les prestations des voyagistes et des hôteliers n’a pas manqué d’apparaître. Les deux suivants peuvent être suivis les yeux fermés: • Ecolabel de l’UE: c’est le seul certificat écologique reconnu aux quatre coins de l’Europe. Il récompense les entreprises hôtelières et parahôtelières qui pensent et agissent dans le respect de l’environnement. Ce label peut aussi être remis à des entreprises suisses. Les entreprises labellisées s’engagent à diminuer leur consommation d’énergie et d’eau, à réduire leurs déchets, à utiliser davantage de produits régionaux et à encourager la sensibilisation à l’environnement chez leurs collaborateurs et clients. En Suisse, ce label est géré par la Fédération suisse du tourisme. www.swisstourfed.ch • Ibexfairstay: les voyageurs les plus éclairés reconnaîtront ici l’ancien label du bouquetin. Né dans les Grisons, celui-ci a changé d’animal

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pour passer la frontière cantonale. Les hôtels labellisés sont majoritairement situés en Suisse allemande, en ville comme à la campagne; les auberges de jeunesse sont certifiées dans tout du pays. Quatre niveaux de certification existent, du bronze au platine, la certification se fait sur la base de critères ISO et l’établissement doit répondre à de hautes exigences en matière de durabilité dans les domaines du management, de la rentabilité, de l’environnement, des conditions de travail et de l’ancrage régional. www.ibexfairstay.ch


Switzerland Tourism/Christof Sonderegger

«Le problème, relève Barbara Steudler, c’est que nombre de structures hôtelières qui répondent aux critères du développement durable, du moins en Suisse, sont petites. Pour les propriétaires, c’est souvent un à-côté qu’ils font par passion, en plus de leur travail.»

des hôtels durables trop rares

«Le problème, c’est que nombre de structures hôtelières qui répondent aux critères du développement durable, du moins en Suisse, sont petites.» Barbara Steudler, directrice de Nice Future

bien les voyageurs suisses qu’étrangers. Barbara Steudler, directrice de Nice Future, indique qu’il n’est pas forcément nécessaire de voyager loin pour que le dépaysement soit au rendez-vous. «Une évolution s’est produite dans la population, de plus en plus de gens ne recherchent pas simplement une plage, mais une expérience particulière ou insolite. Et ils sont prêts à la vivre pas loin de chez eux, dans une petite structure. Cela répond à un désir d’authenticité et de retour à la nature qui s’observe à d’autres niveaux, notamment dans l’intérêt des gens pour les produits bio ou équitables», relève-t-elle. Et de rappeler que Nice Future avait publié en 2009 un Guide du tourisme durable et insolite justement «dans le but de faire craquer les gens pour des expériences proches de chez eux, mais originales, dans de petites structures, ce qui répond aux critères de la durabilité».

Surfant sur cet engouement des voyageurs pour les vacances «vertes», des labels sont nés, évaluant la durabilité, l’écocompatibilité ou l’écoresponsabilité des infrastructures touristiques, logements en tête.

«Lorsque nous avons réalisé notre guide en 2009, nous sommes partis avec l’idée de demander une petite contribution aux établissements référencés. Très peu en avaient les moyens, aussi nous y avons renoncé. C’est également pour cette raison qu’il n’a pas connu de deuxième édition.» Autant d’établissements que l’on imagine mal adhérer à un quelconque label, la certification n’étant bien entendu pas gratuite. Au voyageur qui souhaite se fabriquer des vacances «vertes» d’écouter son bon sens en évitant les usines à touristes et destinations de masse. Dans le Guide du Routard du tourisme durable (voir bibliographie), Pascal Languillon, directeur du site Voyagespourlaplanete.com et de l’Association française d’écotourisme, rappelle notamment qu’il est important dans un séjour à l’étranger de «respecter l’authenticité culturelle des communautés d’accueil et conserver leurs valeurs traditionnelles et contribuer ainsi à la tolérance entre les peuples» comme de «préserver les ressources naturelles et veiller à réduire les impacts de l’activité touristique sur l’environnement». E

Quelques livres pour la route Une nuit ailleurs, 80 hébergements insolites en Suisse et environs De Bernard Pichon, Ed. Favre, 296 p. Des idées garanties 100% dépaysantes et proches de chez vous.

Le Guide du Routard du tourisme responsable Ed. Hachette Tourisme, 176 p. Pour tracer votre propre route en sachant tout sur la philosophie, les destinations, les bonnes attitudes et les labels à suivre aux quatre coins du monde.

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nature

Des astuces pour votre jardin

Un potager bio en dix étapes

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Installer un carreau où faire pousser vos légumes sans engrais ni produits chimiques, dans le respect de la nature, ça n’est pas très compliqué. Suivez le guide!

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vanina moreillon

Sylvie Ulmann

1. ouvrez les yeux Jardiner, c’est avant tout être attentif à l’environnement et pour bien le connaître, la meilleure solution reste l’observation. «Un jardin doit idéalement bénéficier d’une bonne exposition, être bien ensoleillé, abrité du vent et des courants», résume Marie-Claude Rollier, horticultrice à Valangin (NE). Installez-le si possible côté sud et méfiez-vous des arbres et des bâtiments voisins qui pourraient lui faire de l’ombre.

2. Analysez votre sol A-t-il été traité? La terre est-elle de bonne qualité? Si vous souhaitez transformer une partie de votre pelouse en potager, il y a de fortes chances qu’elle ait reçu du désherbant. Plongez-y les mains: une consistance dure, tassée est signe qu’elle ne contient plus de vie. Il faudra l’aérer (lire point 9), puis y ajouter du compost. Marie-Claude Rollier propose un test tout simple pour voir où en est votre parcelle: «Prenez un peu de terre, mettez-la dans un bac et plantez-y du cresson. Si rien ne pousse au bout d’une semaine, c’est mauvais signe.» A l’inverse, si du vert montre le bout de ses feuilles, à vos râteaux!

3. Ne voyez pas trop grand Jardiner, cela donne beaucoup de travail; avoir les yeux plus gros que votre sarcloir c’est courir le risque de vous décourager rapidement. Pour un débutant, 10 à 15 m2 représentent déjà une bonne taille. Ensuite, ne multipliez pas (trop) les cultures. «Mieux vaut démarrer avec des légumes pas trop exigeants, qui donneront un bon résultat», recommande Marie-Claude Rollier. «Des pommes de terre, un rang de salades, de la salade à tondre, des herbes aromatiques et peut-être un ou deux plants de tomates.» Cela vous permettra de mieux connaître votre sol, d’apprendre petit à petit comment tailler vos tomates et de peaufiner vos tactiques anti-limaces...

à vos plantons ! Acheter des plantons vous permettra de jouer au maximum la variété dans votre potager: «Lorsque l’on choisit par exemple des graines de tomates, on a tendance à s’en tenir à une seule espèce, alors qu’avec des plantons, on peut facilement opter pour plusieurs sortes différentes», résume Marie-Claude Rollier. Vous en trouverez en jardinerie — attention à ne pas les mettre trop tôt en terre (lire point 4) —, dans les marchés aux plantons ou chez les producteurs locaux. Tous ne sont bien entendu pas certifiés bio, mais renseignez-vous, car même sans label, certains choisissent d’apporter un minimum de traitements à leurs semis. Si vous souhaitez malgré tout vous lancer et créer vos propres plantons à partir de graines, notez qu’ils ont besoin de beaucoup de lumière. Ne mettez pas trop de graines en terre, car les pousses s’étiolent si elles sont trop serrées. Veillez ensuite à ce qu’elles n’aient ni trop chaud ni trop froid.

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Des astuces pour votre jardin

Pour aller plus loin: quelques livres Le guide Terre vivante du potager bio — cultiver, soigner, conserver Jean-Paul Thorez et Christian Boué, Ed. Terre Vivante, 512 p. De «ail» à «vigne», tout ce qu’il faut savoir sur les fruits et légumes les plus courants: comment et quand les planter, quels sont les nuisibles à craindre, quels soins apporter à la plante... Une section en début d’ouvrage est consacrée aux fondamentaux du jardinage bio, soit comment organiser son jardin, fertiliser un sol ou obtenir une bonne terre. Un indispensable.

La bible du jardin avec la Lune Morgann Houriez, Claire Pâquerette, Macha Publishing et Irina Sarnavska-Lenivitz, Ed. Eyrolles, 333 p. Ce guide vous explique comment et quand planter, tailler et soigner 212 plantes en fonction des phases de la Lune. Vous y apprendrez aussi comment décrypter le calendrier lunaire et quels sont les travaux à effectuer au potager suivant la position de notre satellite.

Le guide des plantes compagnes qui s’aiment et s’entraident au jardin Fiona Hopes, Ed. Marabout, 240 p. Un petit guide à glisser dans la poche de votre tablier pour choisir les bonnes associations de plantes qui leur permettront de se renforcer mutuellement, d’éloigner les nuisibles sans recourir aux produits chimiques ou aux engrais.

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4. Soyez patient(e) Respectez les dates de plantation et évitez de mettre des plantons en terre avant la mi-mai à cause du risque de gel. Nombre de grandes surfaces n’hésitent pas à en proposer bien avant ce moment; si vous cédez, sachez que c’est quitte ou double et que vous devrez retourner faire votre marché en cas de brusque chute des températures. Certains légumes, comme les tomates, les haricots ou les courgettes, doivent être plantés uniquement quand la terre s’est déjà réchauffée. «Planter au bon moment a aussi l’avantage de permettre à la plante de pousser régulièrement, sans à-coups. Elle sera donc plus forte, plus résistante», ajoute notre horticultrice.

5. jouez les associations Certaines plantes s’entraident, se protègent mutuellement des nuisibles et poussent mieux lorsqu’elles sont installées les unes à côté des autres. Ainsi, la laitue s’entend bien avec les fraisiers et les radis, la courgette, avec la menthe, les

haricots et également les radis; par contre, elle est à éloigner des pommes de terre. Celles-ci apprécient notamment le voisinage des haricots nains, qui tiennent à distance leur parasite, le doryphore. Quant au fenouil, il serait à garder loin de tout! Des livres traitent abondamment de cette question (voir bibliographie), vous trouverez aussi des recommandations dans ceux qui sont consacrés au jardinage avec les phases de la Lune ainsi que sur internet.

6. Misez sur les fleurs Beaucoup sont colonisées par des insectes prédateurs des nuisibles des plantes potagères. Les tagètes sont incontournables, car elles éloignent les nématodes des racines des légumes et font fuir les pucerons. Le souci tient les mêmes nuisibles à distance et le cerfeuil éloigne aussi les pucerons ainsi que les limaces qui détestent son odeur. La bourrache les repousse également, tout en

La bourrache repousse les nuisibles et protège le chou des chenilles. vanina moreillon

nature


vanina moreillon

herbes au pied d’un plant de tomate ne vont pas l’empêcher de se développer, mais si votre carreau est totalement envahi, vos légumes risquent d’avoir de la peine à y pousser. Et lancez-vous avec prudence – on connaît plus d’un jardinier débutant qui a arraché ses plantons de poireaux en les prenant pour de la mauvaise herbe!

8. Paillage or not paillage? Cette technique est censée éviter l’évaporation de l’eau, mais n’est pas forcément idéale, surtout si votre terre est lourde. Ciblez les fraises. On recommande volontiers de pailler le pied des tomates, mais notre horticultrice préfère y installer du basilic, «qui profitera en plus de l’ombre des plants». Vous pouvez également utiliser des restes de tonte, pour autant que votre gazon ne contienne pas trop de fleurs susceptibles de se ressemer.

9. Investissez dans une grelinette Cet outil, inventé par André Grelin au début des années 60, permet d’aérer la terre sans la retourner, préservant ainsi l’écosystème du sol, contrairement au bêchage. En prime, grâce à cet outil basé sur le principe du levier, vous travaillerez sans fournir trop d’efforts. Un indis­ pensable du jardinier bio!

10. Arrosez sans exagération Certaines plantes s’entraident mutuellement comme la courgette et la menthe.

protégeant le chou de la chenille de la piéride. Quant à la capucine, les pucerons l’adorent et ils préféreront s’y installer plutôt que de coloniser vos légumes. L’aneth et le fenouil attirent de nombreux auxiliaires comme les coccinelles. Vous l’aurez compris, dans un potager bio, on renonce aux traitements chimiques pour laisser faire la nature en créant un contexte favorable au développement des légumes. Mot d’ordre: «la diversité, qui crée l’équilibre», résume Marie-Claude Rollier. Bref, oubliez les monocultures style «100% pomme de terre».

7. Désherbez avec modération A ce chapitre, plusieurs écoles existent: les adeptes, de plus en plus nombreux, du jardin naturel où tout croît en vrac, et ceux du «propre en ordre», qui arrachent volontiers ce qui pointe hors des lignes sarclées. La meilleure école pour le débutant se situe sans doute quelque part entre les deux. La première année, contentez-vous de quelques désherbages qui vous permettront de voir ce qui se passe dans votre potager. Là aussi, tout est une question d’équilibre: quelques

Ce geste s’impose lorsque vous venez de planter, pour que les racines puissent prendre contact avec la terre. Idem lors des semailles – s’il fait chaud et sec, couvrez les graines et vérifiez régulièrement que la pousse se passe bien. En période sèche ou chaude, effectuez vos apports d’eau le soir ou le matin, jamais les deux: «Les plantes développent moins leur système racinaire si on leur apporte trop d’eau», explique MarieClaude Rollier. Notez aussi que biner pour aérer la terre peut remplacer un arrosage. «Il n’existe pas de règles précises en la matière, car tous les terrains sont différents», ajoute l’horticultrice. Son conseil? Observer le sol et faire vos expériences. E

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efficiencement vôtre...

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LA «MISE EN LUMIèRE» de Daniel Rossellat

«La première chose à faire c’est simplement d’éviter le gaspillage» Sophie Kellenberger

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limenté à 100% par de l’élec­ tricité certifiée verte, le Paléo Festival ne cesse de multiplier les efforts pour réduire son empreinte environnementale. Le Paléo Festival s’est-il toujours soucié de l’environnement? Oui, dès le premier festival en plein air, en 1977, nous étions attentifs à l’environnement mais les mots n’étaient pas les mêmes, on parlait alors de la protection de la nature. Il y avait l’esprit des premiers écologistes. Le Nyon Folk Festival véhiculait des valeurs de paix, se positionnait contre la conscription et plaçait l’humain au centre, avant les technologies. Jusqu’à la fin des années 90 nous faisions déjà du développement durable sans le savoir. Nous privilégiions des fournisseurs locaux, triions les déchets et avions déjà mis à disposition des navettes de train gratuites. Et nous étions attentifs à l’eau et à l’électricité pour des raisons tant économiques qu’environnementales. Vous avez même, depuis, créé un tableau de bord environnemental. Oui, au début des années 2000, il nous a permis de comprendre précisément comment nous fonctionnions, afin de nous fixer des objectifs plus ambitieux. Pour les atteindre, nous avons dû dès lors communiquer avec nos festivaliers pour les rendre complices. Et les résultats sont là, en dix ans, la part des transports en commun est passée de 15 à 50%. Même marge de progression concernant le tri des déchets. Et au niveau du poids des déchets, nous sommes passés de 1,5 kg à 800 g par festivalier. Nous nous approvisionnons,

depuis, à 100% avec de l’énergie certifiée verte et prenons des mesures d’économie d’eau et d’énergie. Notre avons même réussi à diminuer notre consommation électrique alors que les besoins allaient en augmentant. Avez-vous le sentiment que les festivaliers sont plus attentifs à certains gestes qu’avant ou pas? Oui clairement, nous avons vu une évolution des consciences. Nous avions d’ailleurs réalisé un sondage il y a six ans, duquel il est ressorti qu’ils étaient prêts à en faire davantage. C’est ainsi que nous avons démarré les gobelets consignés qui se lavent. C’est une très grosse organisation mais qui fonctionne très bien. Dans le cadre du festival, vous avez testé l’année passée des voitures électriques de Renault, qu’en avezvous pensé? J’en ai essayé deux, à titre personnel. Une Twizy, une petite qui est une sorte de croisement entre une voiture et une moto. C’est plus un gadget qu’autre chose, mais c’est sympa. Et l’autre c’est la Fluence, qui est berline mais a le handicap d’avoir une trop faible autonomie. C’est une voiture magnifique mais, un soir, je n’étais pas sûr de pouvoir arriver jusque chez moi, c’est un vrai stress.

Daniel Rossellat, syndic de Nyon et directeur du Paléo Festival. DR

Etes-vous critique quant à la réelle propreté des voitures électriques? Je pense que la première économie c’est de rouler moins et de garder un véhicule longtemps. Moi j’ai une voiture qui date


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efficiencement vôtre...

«Le politique ne peut pas mettre en place des lois ou des règles s’il n’y a pas une adhésion d’une grande partie de la population». Daniel Rossellat de 1997. Et j’essaie de favoriser les transports en commun lorsque c’est possible. Alors c’est clair que je fais quand même entre 10 000 et 12 000 km en voiture. Et sinon j’ai un scooter et deux vélos, un électrique et un normal. En fonction de la météo et de la distance je choisis l’un des modes de transport. Et par rapport aux économies d’énergie, au quotidien pour vous, est-ce que vous pourriez me donner un éco-geste? J’ai mis des économiseurs d’eau sur mes robinets et j’essaie de faire régulièrement des feux de cheminée et de cuisiner sur le feu de bois. Je suis un pragmatique, la première chose à faire selon moi c’est PUBLICITÉ

simplement d’éviter le gaspillage. Tempérer intelligemment le logement, éviter de faire couler l’eau inutilement et ne pas laisser les lumières allumées: ce sont des gestes simples et de bon sens. A quoi ressemble votre maison idéale? Elle n’est pas forcément idéale écologiquement parce qu’elle est vieille. Mais c’est une façon d’économiser l’énergie grise de la construction quelque part (rires)! J’aime les murs larges, une cheminée, des poutres, du bois, c’est ça une maison qui a une âme pour moi et dans laquelle je me sens bien. Dans le cas précis, j’ai rénové la mienne. Il semblerait qu’elle soit même un peu trop bien isolée parce que j’ai de l’humidité.

En tant que syndic de la ville de Nyon, selon vous, le salut de l’environnement va venir des politiques, des citoyens ou des scientifiques? Les trois vont de front. Je pense qu’il doit y avoir une évolution des consciences pour qu’il y ait un changement de comportement. Le politique ne peut pas mettre en place des lois ou des règles s’il n’y a pas une adhésion d’une grande partie de la population. Si les scientifiques peuvent améliorer l’efficacité des panneaux solaires ou des voitures électriques, c’est certain que le nombre de gens qui les utiliseront ira en augmentant. Au niveau politique, l’autorité peut être incitatrice. Nous avons par exemple mené avec Terragir une action de sensibilisation auprès de 160 ménages volontaires pour identifier leur consommation et voir quels étaient les appareils qui consommaient le plus et quelles mesures ils pouvaient prendre pour diminuer leur consommation. Et la municipalité s’est engagée pour la période 2009-2013 dans le but d’obtenir le label «Cité de l’énergie». E


à ne pas manquer

livres

Un manifeste pour une architecture vivante

C

onstruire. Mais pas n’importe comment. Avec la volonté de transmettre, de transformer, de transporter. Au pays des starchitectes planétaires (les Zaha Hadid, Herzog & de Meuron, Jean Nouvel...), le cas de Patrick Bouchain est à l’exact opposé. Là où la plupart cherche la forme, il oppose le fond. À des structures pérennes, coulées dans le béton, il préfère des architectures éphémères, respectueuses de leur environnement et de leur histoire, vouées à la disparition plutôt qu’à la démolition.

Histoire de construire, de Patrick Bouchain, Ed. L’impensé/Actes Sud, 418 p.

62 idées de maison refuge

Patrick Bouchain n’est pas très connu du grand public. Et pourtant. Il a réalisé le théâtre équestre Zingaro; il a réhabilité la Grange au lac d’Evian ou le Magasin, centre d’art contemporain de Grenoble; il est à l’origine du Centre Pompidou mobile, musée nomade allant à la rencontre des gens. Brouillant les pistes, il ne cherche pas à imposer une patte. Selon lui,

Une maison de paille dans l’œil

Paru aux très smart Editions de La Martinière, ce livre recense soixante-deux plans de cabanes pour «vivre au plus près de la nature». Entre le manuel des Castors Junior et la fiche brico-déco, l’auteur, Gerald Rowan, nous propose un rêve à portée de mains. Celui de la cabane au fond des bois tendance Thoreau, du refuge de montagne en totale autonomie ou du cottage un rien cosy. Outre les plans détaillés des constructions et de la disposition des pièces, on peut y trouver nombre de trouvailles astucieuses quant à la gestion des espaces (faire plus avec moins) ou de conseils avisés intégrant quantité de solutions éco-responsables. Un ouvrage aussi utopique que pratique, car pas mal de ses propositions peuvent aussi s’appliquer à d’autres typologies d’intérieur.

L’an passé, la ville de Lausanne a inauguré ECO46, un bâtiment entièrement bioclimatique réalisé notamment par la pose de 260 bottes de paille. Cinq ans plus tôt, le collectif Straw d’la bale avait, lui aussi, érigé sa propre construction en paille dans un parc de la ville. Une bâtisse digne des rêves de propriété des trois petits cochons et une volonté de lutter contre les problèmes d’accès au logement. L’aventure se terminera quatre mois plus tard, la maison incendiée par un loup inconnu à ce jour. Ce livre revient sur une histoire qui a tout du conte moderne, et permet de remettre la maison au milieu du village sur la base d’un ouvrage bien construit et parfaitement documenté. Ça se lit comme un polar vert aux enjeux largement supérieurs à celui d’un éphémère feu de paille.

Cabanes, 62 plans de chalets, cottages, refuges et autres maisonnettes de moins de 80 m2 de Gerald Rowan, Ed. de La Martinière, 216 p.

La maison de paille de Lausanne, pourquoi nous l’avons construite, pourquoi elle fut incendiée, collectif Straw d’la bale, Ed. La Lenteur, 211 p.

«il faudrait davantage se pencher sur tout ce qui est négligé, abîmé, détérioré par l’homme». Comme on parlerait de reconstructions chirurgicales, ses projets sont autant de reconstructions architecturales. Ainsi de la scène du Lieu Unique, à Nantes, un «théâtre fait de rebuts, (...) l’expression du gâchis de la société actuelle, de la pollution et de la destruction». Et puis, avant de se voir coller une étiquette, le voilà qui change de voie. Parce qu’il aime travailler le liant, le vivant, le voilà qui décide d’abandonner le champ culturel pour redonner du sens aux grands ensembles, manière de «dénormer le logement social». Déroulant un manifeste de cohabitation, du mieux-vivre ensemble, il est la preuve qu’un autre monde est possible. Peut-être. Il aura au moins eu le mérite d’essayer et de chercher des solutions là où d’autres ont des réponses toutes faites.

De l’énergie nucléaire comme source d’inspiration Alors, nucléaire ou pas nucléaire? Alors que l’utilisation de cette énergie est largement remise en cause depuis l’accident de Fukushima, au Japon, nombreux sont ceux à s’inquiéter de questions plus prosaïques et durables, tel le retraitement de ses déchets. Il en est ainsi de John D’Agata, reporter investigateur qui a décidé de se pencher sur le cas de Yucca Mountain, un site situé dans le désert du Nevada, à 140 km de Las Vegas. Au-delà du lieu, choisi, après l’accident du réacteur de Three Mile Island, pour stocker l’ensemble des déchets du pays, D’Agata élargit le débat de manière grandiose, dévoilant les enjeux autant économique que sémiotique d’une telle décision, construisant le récit halluciné d’un désert gorgé de fûts radioactifs. Cachés à défaut de savoir qu’en faire. Et si le nucléaire est dangereux, alors ce récit est vertigineux. Yucca Mountain, de John D’Agata, Ed. Zones sensibles, 160 p.

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agenda Lausanne, du 14 au 16 juin

Zurich, du 5 au 8 septembre

Festival de la Terre

Construire et moderniser

Pour sa neuvième édition, le Festival de la Terre aura pour thème la Transition. A l’heure où nous sommes confrontés à l’épuisement des ressources, des citoyens se regroupent et agissent dans les quartiers et les villes pour proposer un mode de vie moins énergivore et plus résilient. Ce sont des initiatives de transition que le Festival a décidé de mettre en avant cette année. www.nicefutur.com

Construire et rénover de façon durable et orientée vers le futur dans un environnement à haute densité de population constitue l’un des thèmes abordés lors de la 44e édition de ce salon. Quelque 600 exposants permettront de comparer les produits existant sur le marché et de découvrir les toutes dernières nouveautés. Des exposés techniques, des présentations de l’Office fédéral de l’énergie ou d’autres conférences sur des thèmes aussi divers que la sécurité, l’assainissement des anciens bâtiments ou le mobilier design se tiendront quotidiennement lors du salon.

Sierre, le 19 juin EnergyForum Valais Quels sont les enjeux de la transition énergétique? Que faut-il faire en Valais? Que prépare la Confédération? Pour connaître les réponses à toutes ces questions, Energy­ Forum Valais, le Département de l’économie, de l’énergie et du territoire du Valais, avec la HES-SO Valais, invitent toutes les personnes intéressées gratuitement pour discuter des opportunités et des menaces pour le canton. www.energyforum-vs.ch

Soleure, le 25 juin Naturemade energie arena 13 Quelle est la contribution des fournisseurs d’énergie et des grandes entreprises au tournant énergétique? Sur ce thème, la conseillère fédérale Doris Leuthard prononcera son discours d’ouverture avant la table ronde où participeront de nombreux acteurs du monde politique, économique, et d’entreprises d’approvisionnement en énergie. A cette occasion, le prix naturemade sera remis à une PME. www.naturemade.ch

Lausanne, les 27 et 28 juin Jeter des aliments. C’est idiot Près d’un tiers des denrées alimentaires mondiales finissent à la poubelle. Cette

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www.fachmessen.ch

exposition itinérante compare les pertes à chaque étape de la chaîne alimentaire en Suisse et dans les pays en voie de dévelop­ pement. Les containers de l’exposition seront présentés dans toutes les régions du pays. Pendant deux jours à Saint-François à Lausanne, ils permettront à chacun d’apprendre les gestes permettant de réduire le gaspillage alimentaire. www.blw.admin.ch/dienstleistungen/00020/ 01495/index.html?lang=fr

Bienne, le 27 juin émissions lumineuses – réduction sans privation Ce séminaire décrit les effets des émissions lumineuses sur l’être humain et la biodiversité, tout en présentant la nouvelle norme SIA. Il expose les possibilités techniques de réduction des émissions lumineuses et

d’accroissement de leur efficacité. Avec l’exemple de Genève, les participants comprendront que réduction ne rime pas forcément avec privation. www.sanu.ch

Soleure, jeudi 14 novembre Congrès national des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique Mettre en place la transition énergétique, tel est le thème de ce congrès organisé par l’association faîtière de la branche de l’économie énergétique durable et efficace (A EE). Les milieux politique, économique et scientifique discuteront de la mise en œuvre concrète d’une nouvelle politique énergétique. Des exemples pratiques seront aussi présentés lors de la deuxième édition de ce congrès. www.aee.ch


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