Prise de position sur les maladies non transmissibles

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Prise de position d’IFMSA-­Québec sur les maladies non-­transmissibles Présentée au Congrès général de la FMEQ Par Claudel Pétrin-­Desrosiers Déléguée aux affaires internationales Avril 2013, Québec

Introduction Les maladies non transmissibles (MNT) sont définies par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) comme un groupe de maladies, dont l’origine est non infectieuse, qui englobe un certain nombre de pathologies. Les quatre principales maladies non-­transmissibles reconnues par l’OMS sont : les maladies cardio-­vasculaires, les cancers, les maladies respiratoires chroniques et le diabète. Décrites comme “une épidémie frappant au ralenti” et “un des enjeux les plus urgents en santé publique” par plusieurs spécialistes, dont Dre Margaret Chan, directrice générale de l’OMS, les MNT ont fait l’objet d’une rencontre spéciale de l’Organisation des Nations Unies (ONU): la réunion plénière de haut-­niveau sur les MNT à l’automne 2011 à New York. Les rencontres spéciales de l’ONU sur une problématique de santé ne sont pas habituelles, la seule rencontre précédente portant sur une problématique de santé était la réunion plenière de haut-­niveau sur le VIH/SIDA. Cette rencontre a mené à la création d’une nouvelle agenda de l’ONU: ONUSIDA en 1996. Les facteurs de risque principaux des MNT sont également largement communs à plusieurs MNT et particulièrement aux quatre principales: l’usage de tabac, la sédentarité, la mauvaise alimentation, ainsi que la consommation nocive d’alcool. Ces facteurs de risques communs constituent une opportunité d’action sur ce groupe de maladies ainsi que d’autres MNT. IFMSA-­Québec, la division internationale de la FMEQ, reconnaît la nécessité de lutter contre les maladies non transmissibles et encourage une action concertée sur les quatre grands facteurs de risques.


Texte principal À travers le monde, les MNT sont responsables chaque année de 36 millions de décès, représentant 63 % de la totalité des décès annuels. Contrairement à ce qui est souvent véhiculé, 80 % des décès attribuables aux MNT surviennent dans les pays à faible et moyen revenus, où les taux de mortalité des MNT sont beaucoup plus élevés 1 . Ceci met à l’évidence que les MNT ne sont pas uniquement un problème des pays dits “riches”, mais bien un problème mondial. Selon Dre Chan, directrice générale de l’OMS, “il est nécessaire que les gouvernements et les organisations internationales adoptent une approche différente pour renforcer la prévention ainsi que le traitement” des MNT”2 . Le Forum économique mondial indique que les pertes de productivité associées aux maladies chroniques entraînent des coûts jusqu’à 400 % supérieurs aux coûts de traitements de ces maladies. Pour la première fois depuis des décennies, on parle d’une nouvelle génération qui pourrait vivre moins longtemps que celle qui l’ont vu naître3 . Dans les pays à revenu élevé, les MNT sont la principale cause de mortalité, généralement de loin. Au Canada, le chiffre est imposant: 89 % des décès sont liés aux MNT4 . Les maladies cardio-­vasculaires à elles-­seules sont responsables de 33 % de tous décès, alors que le taux des décès liés au cancers suit de peu, à 30 %. Un Canadien sur 16 souffre de diabète, prévalence qui a augmenté de 21 % entre 2002 et 2007. Chez les plus de 20 ans, le taux de mortalité des personnes diabétiques est le double de celui des personnes non diabétiques5 . Selon les plus récentes données, 61 % des adultes canadiens qui étaient en excès de poids, un chiffre catastrophique vu les conséquences du surpoids et de l’obésité. Encore plus inquiétant: 26 % des enfants canadiens présentaient un surplus de poids, une épidémie à croissance extrêmement rapide dans les dernières décennies6 . Au sein du Canada, le Québec se situant sous la moyenne nationale avec 26 % de sa population qui est sédentaire. Concernant le tabac, les dernières études canadiennes estiment à 47 000 le nombre de décès liés à la consommation du tabac7 . Au Québec, cela représente 28 personnes par jour qui décèdent des effets du tabac8 , le plus haut taux au pays. Le tabac représente toujours la première cause de maladies et de décès évitables chaque année dans la province, étant responsable d’environ un décès sur cinq9 . Au niveau national, ce sont 17,3 % des Strong et al. Preventing chronic diseases: how many lives can we save? Lancet 2005;; 366: 1578–82 Déclaration de Margaret Chan, 16 janvier 2012, Centre de nouvelles de l’ONU [en ligne] 3 Design to move : Full report [en ligne] 4 NCD Country Profile, Canada, WHO, p.45 5 Agence de la santé publique du Canada, Document d’information : Sommet des Nations Unies sur les maladies non transmissibles 2011 [en ligne] 6 Chaire de recherche sur l’obésité, Université Laval [en ligne] 7 Physicians for a smoke-­free Canada, Estimated tobacco-­caused deaths in Canada by province and gender [en ligne] 8 Conseil québécois sur la santé et le tabac [en ligne] 9 Association pour la santé publique du Québec, Contrôle du tabac [en ligne] 1 2


Canadien(ne)s qui consomment du tabac de façon régulière, une prévalence qui va de 14 % en Colombie-­Britannique jusqu’à près de 20 % au Québec10 . La mortalité prématurée engendrée par les MNT représente 15 % des décès chez les hommes et 10 % chez les femmes avant 60 ans. Cette mortalité prématurée inquiète notamment à cause de ses impacts économiques. Les coûts des soins de santé en pertes indirectes de revenus et de productivité, s’élevant à 122 milliards de dollars, soit le double des coûts directs des soins de santé11 , déjà que 58% des dépenses annuelles en soins de santé au Canada est consacrée aux maladies chroniques. Aujourd’hui, les maladies chroniques coûtent aux Canadiens plus de 190 milliards de dollars par années en perte de productivité, et il est attendu que ces pertes hausseront au fil de l’augmentation du taux des MNT au sein de la population en âge de travailler. De nombreuses recherches démontrent une distribution inégale des MNT au sein même de la population canadienne et québécoise, inégalité liée notamment à l’accès aux traitements, aux facteurs de risques conjoints, un niveau socio-­économique, au niveau d’éducation, etc. En plus des quatre principaux facteurs de risques, d’autres, comme la pollution atmosphérique, l’exposition secondaire au tabac, le contact avec les moisissures, etc. s’accumulent dès le jeune âge et même in utéro, jouant un rôle déterminant dans la santé de l’enfant et de l’adulte. La prévention sur le long terme des MNT demande ainsi une action concertée, car les déterminants sociaux en jeu sont multi-­sectoriaux, d’autant plus que les moyens préventifs représentent un stress économique moindre. Heureusement, les MNT sont en grande partie évitables si des mesures de réduction des facteurs de risques et des mesures de contrôle des MNT, en général peu coûteuses, sont mises de l’avant. L’OMS estime que l’activité physique régulière, l’alimentation saine, l’élimination du tabagisme et de la consommation excessive d’alcool sont des mesures qui permettraient de prévenir jusqu’à 80 % des cas de diabète et de maladies cardiovasculaires, ainsi que 40 % des cas de cancer12 .

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Tobacco Use among Canadian Adults, Tobacco Report Canada [en ligne] Agence de la santé publique du Canada, Document d’information : Sommet des Nations Unies sur les maladies non transmissibles 2011 [en ligne] 12 OMS, « Raising the priority of noncommunicable disease in development at global and national levels » [en ligne] 11


Position C’est pourquoi IFMSA-­Québec, de par son mandat d’améliorer la santé d’ici et d’ailleurs, lance un appel en faveur : 1. Du soutien des initiatives visant une réduction des principaux facteurs de risque, par exemple: a. Des mesures fiscales et législatives prouvées efficaces par la convention-­cadre de l’OMS pour la lutte anti-­tabac13 ;; b. Des mesures fiscales et une sensibilisation accrue pour la réduction de la consommation nocive d’alcool;; c. Des mesures pour favoriser l’accès à des aliments sains, pour instaurer des environnements alimentaires sains dans nos institutions et pour réduire l’accès à certains produits nocifs;; d. Des mesures pour promouvoir des environnements urbains favorisant l’activité physique et les transports actifs;; 2. De la nécessité d’une approche multisectorielle dans l’implantation des mesures de réduction des facteurs de risques des MNT;; 3. De l’intégration de stratégies visant à réduire les inégalités sociales de santé dans les efforts de contrôle des MNT;; 4. De la reconnaissance et de la promotion de l’engagement des étudiants en médecine dans le mouvement national et international de la lutte contre les MNT.

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Convention-­cadre de l’OMS pour la lutte anti-­tabac [en ligne]


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