Les Super-héros au cinéma

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Olivier Delcroix

r e su p s o r ĂŠ hau cinĂŠma L es


L’ÂGE DE LA LANTERNE MAGIQUE TARZAN

TARZAN, SUPER-HÉROS ROUSSEAUISTE CRÉATION DU PERSONNAGE : 1912. PREMIÈRE ADAPTATION À L’ÉCRAN : 1932.

M

Elmo Lincoln dans le film muet Tarzan of the Apes de Scott Sidney (1918), adapté du roman d’Edgar Rice Burroughs.

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ême s’il est né en 1912 sous la plume d’Edgar Rice Burroughs (1875-1950), (également inventeur du héros John Carter), Tarzan n’est devenu légendaire qu’en 1932 au cinéma lorsqu’il pousse pour la première fois son cri de victoire, dans le film parlant Tarzan, l’Homme-singe (Tarzan the Ape Man) de W. S. Van Dyke, incarné par l’athlétique Johnny Weissmuller. Dans le roman originel d’Edgar Rice Burroughs, l’histoire du seigneur de la jungle débute à Douvres. En mai 1888, un couple d’aristocrates, John et Alice Clayton, lord et lady Greystoke, embarquent pour l’Afrique sur un navire britannique. Après une mutinerie déclenchée par la cruauté des officiers, le couple est « épargné » mais tout de même débarqué sur les côtes du Gabon, où il est bientôt attaqué par des grands singes. Traumatisée, la jeune femme met au monde un garçon. Elle perd progressivement la raison et meurt un an plus tard, quasiment en même temps que l’époux désespéré, victime de l’assaut d’un grand singe. L’enfant est alors recueilli par Kala, une femelle gorille venant de perdre son bébé. Elle le baptise Tarzan, ce qui signifie « peau blanche » dans le langage des grands singes orangs-outans, selon le roman de Burroughs. Edgar Rice Burroughs ne cache pas ses influences. Quatrième fils d’un vétéran de la guerre de Sécession, le major George Tyler Burroughs et de Mary Evaline Burroughs, le jeune homme a passé sa jeunesse à lire les romans de Rudyard Kipling et notamment Le Livre de la jungle (1894). Lointain cousin de Tarzan, Mowgli est un enfant indien qui a été élevé par des loups après avoir été perdu par ses parents lors d’une attaque de tigre dans la jungle. Mowgli reçoit son éducation de Baloo, un vieil ours qui enseigne habituellement la loi de la meute aux louveteaux.


LES SUPER-HÉROS AU CINÉMA

LA DOUBLE IDENTITÉ DE TARZAN Tarzan, quant à lui, va parfaire son éducation tout seul en retournant se cultiver dans la cahute abandonnée de ses parents. Il apprend seul à lire et à écrire. En cela, il relève du super-héros. Il est à la fois le Seigneur de la jungle, mais il possède également une double identité puisqu’en réalité, il est lord Greystoke, l’unique descendant d’une lignée d’aristocrates anglais. Edgar Rice Burroughs confesse également s’être inspiré des récits de l’explorateur Paul Du Chaillu. Cet explorateur autodidacte a débarqué au Gabon à l’âge de 17 ans. Il y a passé plus de dix ans en trois séjours successifs et a découvert les grands singes. Du Chaillu a également rencontré et étudié un peuple de « nains » qu’il appellera plus tard « Pygmées ». Sous la plume féconde de Burroughs, les aventures de Tarzan synthétisent bientôt cette Afrique fantasmée qui passionne les Occidentaux. L’ouvrage connaît immédiatement le succès. La prose de Burroughs fait du Seigneur de la jungle l’égal d’un demi-dieu. « Les muscles de Tarzan ne ressemblaient en rien à ceux d’un forgeron. C’étaient ceux de Mercure ou d’Apollon. Leur symétrie, leur équilibre, leurs proportions suggéraient seuls la force qu’ils recelaient. Agiles et rapides, puissants aussi, ils donnaient au géant l’apparence d’un demi-dieu. »

Tarzan triomphe en bande dessinée dès 1929 sous la plume de Harold Foster, puis de Burne Hogarth.

Dès 1918, Tarzan est adapté au cinéma dans un film muet Tarzan of the Apes où il apparaît sous les traits de l’acteur Elmo Lincoln. En 1929, Edgar Rice Burroughs qui compte bien profiter du succès remporté par son personnage, vend les droits d’adaptation de Tarzan en bande dessinée, au grand dam de quelques conseillers qui tentent de l’en dissuader. Mais le public réserve un accueil triomphal au Tarzan des comic books. Le dessinateur Harold Foster (futur créateur de Prince Vaillant) publie les premières

Mains en porte-voix, Johnny Weissmuller pousse le fameux cri de Tarzan.

TARZAN EST EN QUELQUE SORTE L’INCARNATION DU RÊVE ROUSSEAUISTE D’UN PARADIS PERDU. aventures en BD de Tarzan dans le Metropolitan Newspaper Service. Ce sera ensuite Burne Hogarth, réputé pour avoir livré les meilleurs épisodes entre 1937 et 1950. Les dessinateurs sont ensuite très nombreux à reprendre les aventures du Seigneur de la jungle. Dans les versions récentes, Tarzan rencontre Batman à Gotham City. Ils combattent ensemble le crime dans la jungle des villes, avant que l’Hommesinge retourne faire régner l’ordre dans la jungle des champs.

JOHNNY WEISSMULLER, LE TARZAN DU CINÉMA C’est en 1932 que le cinéma s’empare véritablement du personnage. Le cinéaste W. S. Van Dyke recherche un athlète capable d’incarner le héros d’Edgar Rice Burroughs. Cinéaste efficace, technicien hors pair et réalisateur aussi rapide que consciencieux (ce qui lui vaut le surnom de « One shoot Woody », « Woody-une-seule-prise »), Van Dyke recrute Johnny Weissmuller (1904-1984) après avoir eu vent de ses 12


Dans Superman II de Richard Lester, Christopher Reeve incarne Superman, le super-héros américain le plus emblématique et patriotique (1980).

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super-bonus lE SupEr-héroS modE d’Emploi

Le s o r é h r e p u s i o L p m e ’ d e mod Définition Du mot

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ue signifi e le mot « super-héros » (de l’anglais sup er hero ou superhero) ? Forgé en juin 1938 à la parution du premier numéro de la revue Action Comics consacrée aux aventures de Superman, ce terme est directement associé à la bande dessinée américaine. Il désigne un héros fi ctif, que l’on retrouve principalement dans les comics, à la télévision ou au cinéma. Le terme « super », qui apparaît devant les noms « man » ou « héros », étant un mot d’origine latine (super, qui signifi e « au-dessus »), le « superhéros » est littéralement celui qui est « au-dessus du héros », comme « Superman » est celui qui est « au-dessus de l’homme ». Pour être un super-héros, il faut posséder au moins deux des quatre caractéristiques suivantes : - Un justicier se doit d’avoir un code moral et des capacités extraordinaires d’origine humaine (expériences scientifiques ayant mal tournées, exposition à de forts rayonnements radioactifs ou mutations génétiques), extraterrestre ou surnaturelle. Ce que l’on appelle communément des « superpouvoirs » qu’il met au service du Bien. Ainsi, venu de la planète Krypton,

Kal-El en arrivant sur terre devient un surhomme, Superman. Peter Parker se transforme en Spider-Man après avoir été piqué par une araignée radioactive. Dès qu’il entre en possession de l’anneau de la Guilde, Green Lantern développe ses pouvoirs. Sans oublier les rayons Gamma qui transforment Bruce Banner en l’Incroyable Hulk, les mutations génétiques de la série X-Men qui transforment les humains en mutants comme Cyclope, Tornade, le Fauve, ou encore les militaires qui injectent à Logan un métal indestructible nommé adamantium autour de ses os, faisant de lui Wolverine. - Le super-héros est très souvent doté d’un équipement exceptionnel, constitué d’un arsenal conséquent (les armes de guerre du Punisher ou de Batman, le bouclier de Captain America, le marteau de Thor, l’arc et les fl èches spéciales d’Œil-de-Faucon) conservés dans un endroit secret, ainsi que des moyens de transports super-performants (du type Batmobile, Batcave pour Batman, le Baxter Building des Quatre Fantastiques, l’école spécialisée pour jeunes mutants du professeur Xavier dans les X-Men ou la Forteresse de solitude pour Superman).

Ben Foster dans le rôle du mutant ailé, Archangel, dans X-Men 3 : L’Affrontement fi nal (2006).

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- Le super-héros a également recours à une double identité, qui préserve son anonymat, en dehors de ses activités super-héroïques. L’avocat aveugle Matt Murdock est en réalité Daredevil, le journaliste du Daily Planet de Metropolis se transforme en Superman, le playboy milliardaire de Gotham City se change en Batman la nuit. Le timide étudiant Peter Parker, photographe pour le Daily Bugle, et qui vit avec sa tante May est en réalité Spider-Man… En revanche, le groupe des Quatre Fantastiques ne possède pas de double identité et s’en passe très bien. - Enfin, pas de super-héros sans costume. Du costume de Spider-Man inspiré des catcheurs des années 1960 à la combinaison pare-balles de Batman, en passant par l’armure haute technologie de Iron Man (voir super-bonus « De pied en cape » p. 36).

origines historiques Avant les super-héros existaient les héros. Cette notion remonte à l’Antiquité. Chez les auteurs grecs (Homère, Sophocle ou Euripide), ce sont des êtres mi-hommes, mi-dieux, dotés de qualités exceptionnelles. Ces grands guerriers, tels Achille, Hector ou Ulysse, accomplissent de grandes prouesses dans les batailles. Au Moyen Âge, le héros apparaît dans La Chanson de Roland, chanson de geste consignant sur le mode épique les exploits et la fi n tragique du neveu de Charlemagne. Sous la protection tutélaire des dieux et du roi (son représentant sur terre), le héros agit souvent en solitaire. Il a des vertus frôlant le grandiose qui le classent parmi les surhommes. Par exemple, Achille est un guerrier sans pareil, qui ne saurait être vaincu que par la trahison. Ulysse, lui, est grand par sa ruse. Mais ce n’est pas un demi-dieu. Au cœur des vingtquatre chants de L’Odyssée, Homère en a fait un héros, véritable fi l conducteur de l’aventure. De manière générale, les récits mythologiques ou légendaires mettent couramment en scène des personnages principaux accomplissant des exploits surhumains : c’est le cas de certains dieux ou demi-dieux païens comme


Les super-héros au cinéma Co-créateur du personnage, Jack Kirby dessine un Captain America dynamique et virtuose dans le n° 112 de Captain America paru en avril 1969. Marvel.

création Du personnage : 1940. premiÈre aDaptation À L’écran : 1944.

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aptain America est l’un des plus anciens super-héros de Marvel (appelée à l’époque Timely Comics). Paru en décembre 1940, dans le premier numéro de Captain America Comics, il fait fi gure d’équivalent face au Superman de DC Comics. L’ADN des super-héros conçus durant la Seconde Guerre mondiale ne trompe pas. Pourtant, la destinée cinématographique de ce super-héros patriote, qui porte un costume inspiré des couleurs de la bannière américaine, est loin d’être semblable à celle de Superman, ce boyscout de l’Amérique, surhomme venu d’ailleurs et fi gure céleste symbolisant le rêve de l’émigrant. Captain America, lui, est littéralement le porte-drapeau de l’ère patriotique des comics.

Le captain america Des comics

n i a t Cap a c i r e m A 48

Son apparition dans les kiosques, dès le mois de décembre 1940 prouve d’ailleurs que les comics s’engagent contre Hitler bien avant Roosevelt. Dès sa parution, Captain America devient le plus gros succès de Timely Comics, près d’un million d’exemplaires vendus chaque mois. Sur la couverture du premier numéro de la revue, on peut voir Captain America mettre K.-O Adolf Hitler, ce qui ne laisse aucune place à l’ambiguïté. Le scénariste Joe Simon raconte : « En Europe, les Nazis étaient en marche. L’idée évidente me vint alors que le super-vilain par excellence était Adolf Hitler, haï par la moitié du monde. Il me suffisait donc de trouver le héros costumé qui pourrait lui tenir tête. » Créé en une nuit (comme Superman), Captain America naît d’abord sur une feuille de brouillon. « J’ai écrit le nom “Super American” en bas de la page, écrit Joe Simon dans son autobiographie. J’ai trouvé que ça n’allait pas, il y avait trop de “Supers” partout. Après quelques essais, j’ai inscrit “Captain America”.


L’ÂGe Des eFFeTs MéCAnIQues captain amErica

Captain America. Un an et demi avant l’entrée en guerre des États-Unis, les tensions internationales qui préfi gurent la Seconde Guerre mondiale touchent de près Joe Simon et son ami le dessinateur Jack Kirby, tous deux juifs. Partisans de l’entrée en guerre des États-Unis contre l’Allemagne nazie, ils décident de créer un nouveau super-héros : « Les opposants à la guerre étaient bien organisés. Nous voulions avoir notre mot à dire. » raconte encore Joe Simon.

un astériX américain À l’origine, le jeune héros, Steve Rogers est un jeune orphelin chétif new yorkais. Horrifi é par la montée du nazisme, le jeune idéaliste décide de s’engager dans l’armée. Trop malingre et souffreteux pour devenir un soldat, Rogers se fait réformer à plusieurs reprises.

« J’ai un monde à conquérir et personne ne m’arrêtera ! », s’exclame Crâne Rouge, le pire ennemi de Captain America, dans le n° 3 de Captain America Comics paru en mai 1941. Marvel.

La couverture du n° 1 de Captain America Comics parue en décembre 1940. Marvel.

Cela sonnait bien. Il n’y avait pas beaucoup de capitaines dans les comics. Voilà, ce fut aussi simple que ça. Son jeune compagnon fut nommé Bucky, d’après mon ami Bucky Pierson, une star dans notre équipe lycéenne de basket ». Il y avait évidemment une intention politique consciente derrière la création de

« En EuropE, lES naZiS étaiEnt En marchE. l’idéE évidEntE mE vint alorS quE lE SupEr-vilain par ExcEllEncE était adolf hitlEr, haÏ par la moitié du mondE. il mE SuffiSait alorS dE trouvEr lE héroS coStumé qui pourrait lui tEnir têtE. » 49


Les super-héros au cinéma

» s r e d i s t u O « s e L ) 7 9 9 1 1 4 9 1 ( L ’histoire du cinéma est jalonnée de fi lms de super-héros. Plus ou moins réussis, plus ou moins inoubliables. Le genre est exigeant. Il possède ses codes, qu’il est difficile d’esquiver. Montrer un justicier en pleine action, sa transformation en surhomme, ses combats titanesques, tout cela constitue une série de passages obligés. Le cinéma de super-héros met également en scène des villes détruites, des héros volants, des super-méchants hideux aux desseins diaboliques. Ce manichéisme thématique, proche de l’archétype, de la fable ou de la mythologie ne supporte pas la médiocrité en matière d’effets spéciaux. Sinon la magie s’envole, l’illusion tombe et le ridicule se fait jour. Des années 1940 aux années 2000, les films de super-héros ont profité des

avancées progressives des eff ets mécaniques jusqu’à l’avènement des effets numériques et digitaux, pour s’approcher le plus possible de la réalité. Les deux grandes fi rmes DC Comics et Marvel ont appris, vaille que vaille, à faire fructifi er leur patrimoine. Mais nombreux furent les fi lms « outsiders » qui ont tenté leur chance en solo. Des longs-métrages qui ont pour protagoniste principal un super-héros original créé de toute pièce pour le cinéma, tel Condorman ou Darkman. Certains fi lms ont aussi joué la carte de l’adaptation d’un super-héros né hors des deux géants DC ou Marvel, tels The Rocketeer, The Mask, The Crow ou Spawn. Cette partie passe en revue de manière chronologique un échantillon que l’on espère relativement exhaustif de ces « outsiders ». 70

1941. captain marveL

création Du personnage : 1940. premiÈre aDaptation À L’écran : 1941. Contrairement à ce que son nom indique, Captain Marvel n’appartient pas à la fi rme Marvel mais bien à son concurrent DC Comics. Créé en 1940 par C. C. Beck et Bill Parker, il est l’un des plus anciens super-héros et s’inspire grandement de Superman, ce qui lui valut d’ailleurs un procès. Billy Batson, jeune orphelin, croise Shazam, un vieux sorcier égyptien. Celui-ci lui accorde six pouvoirs divins, un pour chaque lettre de Shazam : la sagesse de Salomon, la Captain Marvel (Tom Tyler) dans le serial de 1941.


L’ÂGe Des eFFeTs MéCAnIQues lES « outSidErS » (1941-1997)

force d’Hercule, l’endurance d’Atlas, la puissance de Zeus, le courage d’Achille et la vitesse de Mercure. En 1941, un serial de douze épisodes raconte les aventures de ce super-héros de l’âge d’or. Depuis quelques années, un nouveau projet d’adaptation circule. Shazam !

un trafiquant nommé le capitaine Seas. Incarné par le comédien Ron Ely, célèbre pour son interprétation de Tarzan dans une série télévisée des années 1960, Doc Savage prend des allures de Flash Gordon mâtiné d’Indiana Jones à la sauce Superman. Le second degré est si patent que dans la version française l’acteur George Aminel double Savage en prenant une voix zézéyante assez ridicule. Un super-héros qui zozote, voilà quelque chose de rarissime !

Supergirl, la cousine de Superman, interprétée par Helen Slater (1984).

1984. supergirL Michael Crawford est Condorman (1981).

1981. conDorman Ron Ely dans le rôle de Doc Savage (1975).

1975. Doc savage création Du personnage : 1930. premiÈre aDaptation À L’écran : 1975. Le personnage de Doc Savage est né en 1930 sous la plume de Lester Dent. Surnommé « l’Homme de bronze » en raison de la couleur de sa peau, ce « savanturier » explorateur a pour habitude de parcourir le monde à la recherche de multiples trésors. Au fil des 181 romans écrits par Lester Dent, Doc Savage est devenu une sorte de Superman, menant un combat contre le mal de par le monde. Dent décrivait son héros « comme un mélange de Sherlock Holmes pour sa capacité de déduction, Tarzan pour son physique exceptionnel, Craig Kennedy pour sa culture scientifi que et Abraham Lincoln pour sa droiture ». En 1975, Michael Anderson adapte Doc Savage sur grand écran et l’envoie en Amérique centrale sur les traces d’une mine d’or que lui a léguée son père. Sur sa route, il croise

création Du personnage : 1981. premiÈre aDaptation À L’écran : 1981. Produit par Disney, cette comédie d’espionnage signée par le Britannique Charles Jarrott, met en scène Woody Wilkins, un dessinateur de bande dessinée américain interprété par Michael Crawford. Créateur du super-héros Condorman, Woody est venu à Paris pour s’inspirer de la capitale française, afi n que son personnage vive ses aventures françaises de la manière la plus réaliste possible. La première du fi lm le montre d’ailleurs qui essaie le costume ailé de Condorman en se jetant de la tour Eiff el pour fi nir dans la Seine. On retrouve un hommage à cette séquence dans le fi lm Kick-Ass de Matthew Vaughn. Empruntant un peu à Superman et beaucoup à James Bond, ce divertissement tout public, dont la musique était signée Henry Mancini (le créateur du thème de La Panthère rose), permet à la belle Barbara Carrera de faire ses premières armes avant d’incarner la somptueuse méchante du James Bond Jamais plus jamais en 1983, aux côtés de Kim Basinger et du grand Sean Connery. 71

création Du personnage : 1959. premiÈre aDaptation À L’écran : 1984. Doté d’un budget important de 35 millions de dollars, le fi lm Supergirl de Jeannot Szwarc profite de l’élan donné par le succès des trois premiers Superman. Produit par les frères Salkind, ce spinoff présente les aventures de la cousine de Superman. Venue en mission secrète sur la Terre à la recherche d’une boule magique, source principale d’énergie d’Argonville la cité kryptonnienne rescapée après la destruction de la planète Krypton, la jeune Kara découvre la planète bleue avec émerveillement. Helen Slater incarne cette super-héroïne à la chevelure peroxydée et à la minijupe rouge arborant un « S » sur sa poitrine. Faye Dunaway joue les sorcières de service tandis que Peter O’Toole tente — en vain — de faire oublier Marlon Brando. Le fi lm est à classer au rayon des charmants ratages.

1990. DarKman création Du personnage : 1990. premiÈre aDaptation À L’écran : 1990. Avant sa trilogie Spider-Man, le réalisateur Sam Raimi a prouvé qu’il se passionnait pour l’univers des superhéros. Avec Darkman, non content de


Les super-héros au cinéma

Christian Bale dans Batman Begins de Christopher Nolan (2005).

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uit ans séparent la première tétralogie Batman des années 1990, du nouveau cycle mis en place par Christopher Nolan. En huit années, les justiciers masqués ont eu le temps d’envahir le grand écran et de pulvériser quelques records. La firme Marvel et la Fox imposent d’abord les X-Men sur le modèle établi du Batman de Tim Burton : on prend un jeune cinéaste de talent, Bryan Singer (Usual Suspects, 1995), et on le plonge dans l’univers des super-héros. En s’associant avec Sony-Columbia, Marvel fait le même calcul que pour le Spider-Man de Sam Raimi sorti en 2002… La différence ? Le développement exponentiel des effets numériques rend l’univers surréel des super-héros enfin accessible. La Warner Bros. a bien

N A M T A B

compris l’enjeu. En confiant à Christopher Nolan la tâche ardue de revisiter Batman et sa mythologie, la firme sait qu’elle joue gros.

L’oBJectiF de noLan : Faire croire que Batman eXiste vraiment « Après Insomnia, je cherchais à réaliser un film à grand spectacle, raconte Christopher Nolan dans l’ouvrage de 80

Mark Cotta Vaz The Art of Batman Begins (Chronicle Books, 2005). Je voulais m’essayer à un blockbuster. L’un des films de divertissement qui m’avait marqué étant petit, c’était le Superman de Richard Donner avec Christopher Reeve. Ce film m’avait fait croire à la réalité et à l’existence du personnage de Superman le temps du film. » Ce que compte faire Nolan est radicalement différent de l’adaptation signée Tim Burton. « Le Batman de Tim Burton est fascinant mais très stylisé, analyse Nolan. Les précédents films ont créé un univers si exotique, si baroque, que Batman pouvait y évoluer à son aise, sans que le spectateur se pose trop la question de la vraisemblance. J’ai senti qu’il y avait un étrange fossé entre les films et la réalité. »


L’ÂGe Des eFFeTs NuMérIQues batman

mÊme la Ville de gotham citY décrite dans les bandes dessinées et dans les Films apparaÎt comme un endroit oÙ tout est eXagéré, intensiFié. ce que Veut nolan, c’est « raconter l’histoire d’un homme eXtraordinaire placé dans un reFonder monde ordinaire ».

L’affiche du film Batman Begins de Christopher Nolan.

Nolan prend conscience que personne n’a jusqu’ici traité Batman en tant que personnage réel. Même la ville de Gotham City décrite dans les bandes dessinées et dans les films apparaît comme un endroit où tout est exagéré, intensifié. Ce que veut Nolan, c’est « raconter l’histoire d’un homme extraordinaire placé dans un monde ordinaire ». Pour ce faire, il va tout d’abord priver Batman de son aura mythologique. Le titre du film, Batman Begins (Batman, le commencement), révèle clairement les intentions et la vision de Nolan. Cette fois, il s’agit d’approfondir les origines du personnage, ses traumatismes, ses névroses, sa croisade vengeresse. Bref, faire comme si Batman existait vraiment. L’avantage de Nolan ? Le fait qu’il soit anglo-américain. Né à Londres, il passe les premières années de sa vie en Grande-Bretagne, avant de grandir à Chicago. C’est donc à Londres qu’il découvre en 1966 le personnage de Batman, à travers la série télévisée théâtrale, parodique et kitsch portée par Adam West. En tant qu’Anglais, Nolan établit ce petit pas de côté qui permet de prendre un peu de recul face à la mythologie Batman si intrinsèquement américaine.

Le mythe en repartant de zéro

« Pour moi, commente le réalisateur, les racines ténébreuses du personnage ramènent à la littérature, à Hamlet ou au Comte de Monte-Cristo. Ce sont sur ces fondations essentielles que je voulais repartir. » Christopher Nolan et son épouse, la

productrice Emma Thomas, possèdent à Los Angeles une maison et un garage qui donnent sur la fameuse colline plantée des lettres « Hollywood ». Durant l’été 2003, ils font de ce garage le lieu de conception de Batman Begins. Dessins préparatoires, apparence des personnages, maquettes de véhicules, de buildings et autres accessoires du film prennent vie dans cette « Batcave » aménagée pour l’occasion. D’ailleurs, quand les exécutifs de la Warner veulent en savoir plus sur l’avancement du projet, ils sont systématiquement invités à venir au « Garage ». D’où cet incessant ballet de limousines noires qui aura surpris plus d’un voisin des Nolan durant la conception du film. Côté innovations, Nolan voit grand et emploie la politique de la tabula rasa. Il confie à Nathan Crowley le soin de réinventer la Batmobile. Nolan a une idée derrière la tête, il souhaite que ce véhicule soit « une fusion entre un Hummer et une Lamborghini Countach ». Crowley met au point la technique du kitbashing, processus créatif qui consiste à amalgamer différents éléments. Après la Batmobile, Nolan et son équipe s’attaquent à Gotham City. Ils partent de la citation de Dennis O’Neil, scénariste vétéran de BD, célèbre entre autres pour avoir redonné ses lettres de noblesse à Batman dans les années 1970, à l’aide du dessinateur Neal Adams. « Pour moi, la définition standard de Gotham City, c’est New York en dessous de la 14e rue et après 23 heures ! »

La nouvelle Batmobile, « une fusion entre un Hummer et une Lamborghini Countach ».

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Wonder Woman (Linda Carter) dans la série télévisée d’ABC (1975).

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super-BoNus la malédiction des super-héroïnes

n o i t c i d é L a m a L s e n ï o r é h r e p u de s s À

l’exception de la série TV Wonder Woman (incarnée par la sculpturale Lynda Carter) diffusée entre 1975 et 1977 sur ABC puis CBS, les superhéroïnes n’ont jamais vraiment eu de chance. Aucune d’entre elles n’est jamais passée avec succès « au-delà du miroir », « Face à ses “Wonder Men”, je ne suis plus une Wonder Woman ! » dit l’héroïne à genoux sur la couverture du n° 176 de Wonder Woman parue en juin 1968. DC Comics.

Helen Slater est Supergirl (1984), Halle Berry est Catwoman (2004) et Jennifer Garner est Elektra (2005).

c’est-à-dire de la bande dessinée à l’écran. Entre Supergirl (1984) avec Helen Slater, Catwoman de Pitof (2004) avec Halle Berry, Elektra (2005) de Rob Bowman avec Jennifer Garner, et même dans le registre de la comédie romantique Ma super ex (2006) avec Uma Thurman, chaque tentative d’imposer une super-héroïne au cinéma se solde invariablement par un échec. S’agit-il d’une malédiction ? Comment expliquer cet étrange phénomène ?

un constat paradoXaL L’univers des comic books compte pourtant des centaines de super-héroïnes, aussi redoutables, courageuses et – pour certaines – aussi populaires que leurs alter ego masculins. Depuis leur création il y a près de 70 ans dans les comic books, Wonder Woman, Catwoman, Supergirl, La Femme invisible, Tornade, Mystique, la Veuve noire ou Witchblade (entre autres) sont toutes l’incarnation de fantasmes masculins plus ou moins assumés. Elles affichent clairement leurs formes et leur sensualité sous les traits décomplexés des dessinateurs de BD. Pourtant les films de 89

super-héroïnes ont tous été des fiascos, critiques, publics et commerciaux. Ce constat est d’autant plus paradoxal que les femmes n’ont jamais été si présentes à l’écran depuis ces trente dernières années. De Super Jaimie la femme bionique (Lindsay Wagner) à Xena, la guerrière (Lucy Lawless), en passant par Buffy contre les vampires (Sarah Michelle Gellar) ou Alias (Jennifer Garner), la télévision a su créer avec succès ses propres super-héroïnes. Mais à part Xéna, véritable Hercule au féminin, ces héroïnes ne portent pas de tenues suggestives. Elles combattent comme des hommes, sans complexe, tout en restant très féminines. Jennifer Garner est Sydney Bristow dans la série Alias (2001-2006).


LES SUPER-HÉROS AU CINÉMA Ron Perlman incarne Hellboy dans le film de Guillermo Del Toro, adapté du comic book de Mike Mignola (2004).

Y O B L L HE CRÉATION DU PERSONNAGE : 1994. PREMIÈRE ADAPTATION À L’ÉCRAN : 2004.

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réé en 1994, Hellboy entretient des similitudes avec Spawn conçu deux ans auparavant. Les auteurs mélangent allégrement l’univers codifié des super-héros avec celui des succubes plus heroic fantasy chers à Howard Phillips Lovecraft. Né d’un père démon et d’une mère humaine, Hellboy, a grandi dans les entrailles de l’Enfer.

Son histoire débute en 1944 en Écosse, lorsque un sorcier russe, de mèche avec les Nazis, invoque la « Bête de l’Apocalypse » pour inverser le cours de la guerre. Mais les Américains attaquent l’église pendant son invocation. Fraîchement surgi des enfers, Hellboy va être recueilli par le Professeur Trevor Bruttenholm dit « Broom ». Cet expert du paranormal va l’élever comme son propre fils. « Hellboy est un héros de 162

bande dessinée singulier, explique Mike Mignola. C’est un type droit. Né des flammes, il est indestructible, tout en étant pourtant innocent et timide. C’est un être paradoxal. Ses origines et ce qu’il veut faire de sa vie sont en opposition complète. Issu du Mal, il a choisi d’œuvrer pour le Bien. » De ses origines démoniaques, Hellboy a conservé des cornes qu’il lime régulièrement, des sabots et un appendice caudal. Soupe au lait et impulsif, ce super-héros bagarreur a la réplique facile. En 2004, le cinéaste mexicain Guillermo Del Toro, encore auréolé du succès de Blade II, se voit proposer la suite Blade : Trinity ou Harry Potter et le prisonnier d’Azkaban. Il préfère se concentrer sur un projet qui lui tient à cœur : Hellboy. Del Toro a rencontré Mike Mignola sur le tournage de Blade II. Les deux hommes s’accordent sur le fait d’attribuer à Ron Perlman le rôle du héros, un choix risqué, l’acteur étant peu connu du grand public. La première adaptation d’Hellboy raconte les origines en s’inspirant principalement du premier tome de la série Les Germes de la destruction. Del Toro détourne les codes du film de super-héros pour les amener vers son propre univers. Son film développe une atmosphère particulière, qui flirte avec le fantastique et entretient un suspense digne d’un film d’espionnage. Empreint d’un humour décalé et peuplé de monstres surprenants, ce premier film virtuose impose un super-héros improbable et réussit à concilier le film d’auteur avec la rigueur d’un blockbuster calibré. Le film sera un succès au box-office mondial.

C’EST UN ÊTRE PARADOXAL. SES ORIGINES ET CE QU’IL VEUT FAIRE DE SA VIE SONT EN OPPOSITION COMPLÈTE. ISSU DU MAL, IL A CHOISI D’ŒUVRER POUR LE BIEN.


L’ÂGE DU GRAND DÉTOURNEMENT HELLBOY

j’aime chez Hellboy, c’est qu’on peut facilement s’identifier à lui. Au départ, c’est un démon programmé pour faire le Mal, mais il fait un autre choix. Dans ce deuxième film, Hellboy fait l’apprentissage de la morale, de l’éthique. Car le “méchant” prince qu’il doit combattre défend en réalité des valeurs et des principes écologiques tout à fait légitimes. » Dans Le Labyrinthe de Pan, où une jeune fille plongée au cœur d’un labyrinthe devenait princesse d’un monde souterrain, il mettait déjà en exergue la noirceur du monde, opposé à un univers merveilleux et animiste, menacé d’extinction. « Vous savez, avoue t-il, deux forces ne cessent de s’affronter en moi, mon enthousiasme et mon scepticisme. Je suis un nihiliste plein d’espoir ! » On retrouve clairement tout au long de Hellboy II, cette amertume tempérée de joie. Le public réservera un très bel accueil à ce film qui sera un succès au box-office mondial. Pour Del Toro, « Ce film est une parabole. Je sais que le cinéma ne montre jamais la réalité, alors j’ai maquillé mon histoire en conte de fées. Plus les légendes ou les mythologies s’éloignent de la réalité, plus elles s’approchent de la vérité. » Abe Sapien (Doug Jones), Liz Sherman (Selma Blair), et Hellboy (Ron Perlman) dans Hellboy II, les légions d’or maudites (2008).

EN HAUT : Guillermo Del Toro apporte aux décors d’Hellboy (2004) une

EN BAS : Hellboy (Ron Perlman) et Liz Sherman (Selma Blair)

touche gothique et fantastique digne des récits de Lovecraft ou Poe.

sont liés pour le meilleur et pour le pire (2004).

Mis en chantier deux ans plus tard, le deuxième volet d’Hellboy au budget conséquent prouve à l’évidence que Guillermo Del Toro a su s’émanciper des contraintes inhérentes aux superproductions. L’intrigue, plus fouillée, se présente comme un conte de fées. Alors qu’un armistice a été signé depuis la nuit des temps entre les humains et les créatures fantastiques du royaume invisible, voilà qu’un prince déchu, assistant à la destruction méthodique de l’écosystème, décide de rompre la trêve et compte bien raviver les flammes de l’enfer. C’est à ce moment que Hellboy, démon repenti entre en action...

Le film commence à Noël. Le petit diable de Hellboy demande à son tuteur (John Hurt) une histoire pour s’endormir. On songe à Tim Burton. Mais, rapidement, on retrouve une forme d’humour un rien potache, une générosité visuelle teintée de merveilleux et de fantastique qui n’appartient qu’à Del Toro. L’auteur de Cronos va encore plus loin dans le mélange des genres. Il parvient à fondre harmonieusement des thématiques personnelles au cœur des canons du film de super-héros. « Je crois que ce deuxième film est plus libre que le premier », a-til reconnu à la sortie de Hellboy II : les légions d’or maudites, en 2008. « Ce que 163

Le prince Nuada (Luke Goss), le grand méchant Elf qui affronte Hellboy (Ron Perlman) dans Hellboy II, les légions d’or maudites.


Les super-héros au cinéma

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L’ÂGe De LA LAnTerne MAGIQue. quatre fantastiques précurseurs. 8 orro zZorro 11

tatarZan rzan 14 G ordon ash gordon fLflash 18 t the h e shadoW shadow 22 super-bonus le super-héros Mode d’eMploi.

L’ÂGe Des eFFeTs MéCAnIQues. les super-héros du xxe siÈcle. 28 u pe rm a n ssuperMan 36 super-bonus de pied en cape : les costuMes des super-héros. 40 BatMan

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L’ÂGe Du GrAnD DéTourneMenT. relectures, pastiches et parodies.

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r e p u s hauécrinéomas Les

Superman, Batman, Spider-Man, X-Men ou encore Iron Man, désormais on ne compte plus les super-héros devenus au fil du temps de véritables figures mythologiques de l’Amérique moderne. Longtemps ignorés, jamais vraiment pris au sérieux, ces personnages ont acquis une si grande notoriété qu’ils ne relèvent plus d’un simple effet de mode. Depuis dix ans, et le passage aux effets spéciaux numériques, le cinéma de superhéros s’est développé de manière exponentielle. Deux géants des comics books, DC Comics et Marvel, sont au cœur de ce déferlement. Cet « ouvrage pionnier » est né de la volonté d’identifier ce nouveau genre aux contours encore mal définis, malgré l’immense succès remporté par ces blockbusters qu’Hollywood appelle des « super movies ». Les Superhéros au cinéma remonte aux origines du genre, raconte

son histoire secrète et explore ses coulisses aux anecdotes fascinantes. Depuis les précurseurs, tels Zorro ou Tarzan dans les années 1920, jusqu’aux longs-métrages actuels signés Tim Burton, Christopher Nolan, Kenneth Branagh ou Michel Gondry, les films de super-héros vont au-delà de l’imagerie naïve et enfantine de la pop culture américaine. Ils sont une composante fondamentale du psychisme des États-Unis, de ses valeurs, de ses croyances, de ses doutes et de son patriotisme sérieusement ébranlé depuis le 11-Septembre.

OLIVIER DELCROIX est chef du service cinéma au Figaro et au Figaroscope depuis septembre 2008. Nouvelliste, il écrit entre autres sur la science-fiction, le roman policier et la bande dessinée. Auteur d’un documentaire intitulé De Tintin à Titeuf, les mythes de la bande dessinée, diffusé sur France 5, il a également publié Corto Maltese, la cour secrète des arcanes (Casterman, 2002) et un récit-enquête sur Tintin, Générations Hergé (Éditions des Équateurs, 2006).

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www.hoebeke.fr www.franceinfo.fr 32 ¤

ISBN : 9782-84230-459-1


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