Les oiseaux en période de reproduction en baie du Mont-Saint-Michel (enquête 2009-2013)

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Groupe Ornithologique Normand

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Les oiseaux en période de reproduction en baie du Mont-Saint-Michel (enquête 2009-2013) Essai sur l’histoire récente (1970-2013) répartitions et effectifs

Matthieu Beaufils

– 2018 –


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PARTICIPANTS

Coordination et rédaction : Matthieu Beaufils Prospection de terrain : - Parcours localisation : Patrick Alber (BV), Matthieu Beaufils (GONm – BV), Philippe Chapon (BV), Jean Collette (GONm), Alexandre Corbeau (GONm), Patrice Gérard (BV), Luc Loison (GONm), Régis Morel (BV), Sébastien Provost (GONm), Cécile Ruau (BV), Paul Sanson (GONm) - Parcours échantillonnage : Matthieu Beaufils (GONm – BV), Claire Delanoé (BV), Gilles Dupont (BV), Alain Gérard (BV), Thierry Grandguillot (GONm), Audrey Hémon (GONm - BV), Philippe Lesné (BV) Cartographie : Élodie Bouttier (Vottana Tep pour les herbus) Gestion de la base de données SERENA : Emmanuelle Pfaff Relecture chapitres : Alain Chartier, Élodie Bouttier, Bruno Chevalier, Claire et Gérard Debout, Philipe J. Dubois, Yann Février, Nicolas Fillol, Philippe Gachet, Christophe Girard, Philippe Halnaut, Audrey Hémon, Stéphane Lecocq, Régis Morel, Pierre-Yves Pasco, Cécile Ruau Relecture de l’ensemble du document : Claire Debout, Serge Le Huitouze Mise en page : Pierre-Yves Pasco, Anne-Yvonne et Marc Gauthier Photos : Matthieu Beaufils sauf si un autre nom est mentionné ; autres contributeurs : Marie et Paul Sanson p. 91, 195, 357, Régis Morel p. 99, 101, 103, Philippe Chapon p. 297, Audrey Hémon p. 130, Jean Collette p. 234, Emmanuel Chabot p. 368. Le choix des photos sans présence d’oiseaux (à deux exceptions près) est un parti pris de ne présenter que des milieux ou des paysages que nous avons décidé de mettre à l’honneur et au cœur du sujet dans ce document. Ces milieux et leur état sont la raison du choix des espèces de fréquenter tel ou tel site pour nicher.

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INTRODUCTION En 2002, le GONm et Bretagne Vivante ont publié conjointement une synthèse des observations effectuées en baie du Mont-Saint-Michel de 1979 à 1999 (Beaufils, 2001). Si le cycle annuel des espèces a été abordé, l’accent a été mis sur les groupes d’espèces emblématiques : les laro-limicoles et les ansériformes durant la saison internuptiale. Ces groupes font une grande partie de la richesse et de la réputation du site. Par leur importance numérique, ces espèces sont à l’origine de beaucoup des classements environnementaux (départementaux, régionaux, nationaux, européens, voire mondiaux) dont bénéficient le site. Depuis 2001, ces groupes ont continué d’être dénombrés plus ou moins régulièrement. Au total, en 2001, 296 espèces ont été traitées dont 56 sont à considérer comme anecdotiques. C’est donc en réalité 240 espèces qu’on peut inclure dans l’avifaune qu’il est possible de rencontrer régulièrement en baie du Mont-Saint-Michel. Sur ces 240 espèces, une centaine d’espèces de passereaux ont été étudiées. Pour la période de reproduction, la plupart des textes concernant ces espèces de passereaux ne tiennent que sur quelques lignes. C’est notamment vrai pour les plus communes, mais aussi de nombreuses espèces emblématiques de milieux humides : ces quelques lignes témoignent alors du peu de connaissances que l’on a sur ces espèces pour l’ensemble du site (sauf, parfois, localement). Au moment de la constitution du Document d’Objectif Natura 2000 de la baie du Mont-Saint-Michel (Mary & Vial, 2009 a) entre 2005 et 2009, ce manque d’information s’est cruellement fait sentir. Ce présent travail, qui s’achève après 5 années d’étude de terrain (3000-4000 kilomètres parcourus à pied ou à vélo) et 4 ans de rédaction, tente donc de combler en partie ces lacunes. Nous écrivons « en partie » car le protocole qui a été proposé, même s’il permet des avancées très substantielles, ne visait qu’à proposer des grandes lignes, essentielles pour comprendre l’ensemble du site. Il faudra donc compléter les informations. Cet article est subdivisé en 5 grands chapitres : - le chapitre 1, « le Projet », propose un historique sur la récolte des données sur le site puis présente, de manière détaillée, les modalités de mise en place du protocole ; - le chapitre 2, « Quelques éléments généraux sur la baie du Mont-Saint-Michel », est relatif à la géographie du site ; il présente quelques zones particulières mais fait surtout état de la bibliographie à laquelle on pourra se reporter pour mieux connaître le territoire d’étude ; - le chapitre 3, « Textes spécifiques », est le cœur de ce travail ; il relate par groupes d’espèces puis par espèces les connaissances historiques sur chacune d’entre elles, puis les résultats obtenus durant cette enquête (discussion éventuelle) ; - le chapitre 4, « Conclusion en tableaux », a été rédigé pour accéder de manière synthétique à un ensemble de données générales concernant les espèces (densités par exemple) ou les niveaux de protection de chacune d’entre elles pour dégager celles qu’il serait souhaitable de suivre, en émettant des propositions sur la manière de le faire ; - enfin le chapitre 5, « Conclusion générale », tente de réfléchir sur les blocages, les modes qui font qu’actuellement beaucoup de zones intéressantes disparaissent ou ne peuvent exprimer toutes leurs potentialités faunistiques et floristiques ; mais aussi de réfléchir sur les améliorations environnementales que l’on peut constater depuis 20-30 ans sur quelques centaines d’hectares (de manière certaine) à quelques milliers d’hectares (probablement).

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REMERCIEMENTS Les remerciements sont un passage obligé bien agréable. On égrène toutes les étapes de ce travail qui s’est déroulé sur à peu près 10 ans : des premiers contacts à la finalisation de l’écrit. On se souvient des bons moments ou des moins bons. Chaque prénom a une résonance particulière. J’ai forcément oublié des noms et des étapes mais c’est plutôt involontaire. Jean-Charles Tombal est l’initiateur de ce travail par la publication de l’atlas Nord–Pas-de-Calais, en 1996, qui m’a fasciné. En 2008, ses conseils oraux et écrits ont permis le démarrage des opérations. C’est aussi les questionnements précis, durant plusieurs années, de Mickael Mary et Romain Vial, du Conservatoire du Littoral, lors de l’écriture du DOCOB à partir de 2005-2006, mais aussi les circonstances de la vie qui m’ont poussé à tenter cette expérience. Bruno Chevalier m’a accompagné pour monter les protocoles ; il m’a guidé en m’apprenant à me servir très différemment et plus efficacement d’une base de données ; il a initié chez moi un profond changement de la manière de pratiquer de l’ornithologie (terrain et bureautique). Un immense merci aux participants du Groupe Ornithologique Normand et de Bretagne Vivante qui ont bien voulu « marcher » dans la baie durant les années 2009 à 2012 lors de l’enquête « localisation » : Patrick Alber (Bretagne Vivante), Philippe Chapon (Bretagne Vivante), Jean Collette (GONm), Alexandre Corbeau (GONm), Patrice Gérard (Bretagne Vivante), Luc Loison (GONm), Régis Morel (Bretagne Vivante), Sébastien Provost (GONm), Cécile Ruau (Bretagne Vivante) et Paul Sanson (GONm). En 2013, il faut ajouter Claire Delanoé (Bretagne Vivante), Gilles Dupont (Bretagne Vivante), Alain Gérard (Bretagne Vivante), Thierry Grandguillot (GONm), Audrey Hémon (Syndicat Mixte Mont-Saint-Michel, GONm-Bretagne Vivante) et Philippe Lesné (Bretagne Vivante) qui ont participé à l’enquête « parcours échantillonnage 2013 » Arnaud Le Houëdec (Bretagne Vivante) m’a initié à l’utilisation SERENA. Emmanuelle Pfaff (Bretagne Vivante) et Vottana Tep (GONm) ont collaboré pour inclure les données « normandes ». Emmanuelle Pfaff m’a enseigné comment gérer dans un premier temps l’ensemble des données ; elle a toujours été là pour répondre aux demandes ; elle est présente transversalement de la conception aux finitions. Vottana Tep a travaillé à la première élaboration des cartes, notamment celles des herbus ; cela a été une étape déterminante permettant la visualisation des données. C’est Élodie Bouttier (Bretagne Vivante), travaillant sur Rennes, qui a pris le relais sur la plupart des cartes proposées dans ce document : un joli travail ! Outre les personnes susnommées, sans les données accumulées depuis les années 1970 en baie du MontSaint-Michel, il aurait été impossible de retracer un historique des observations : que soient remerciés les dizaines d’auteurs de données qui ont fournis, et qui fournissent encore, les bases de données ou les atlas, que ce soit du côté normand ou breton. Les principaux pourvoyeurs de ces données sont des gens connus dans la baie. Sur une période de 40 années, ils ont tous contribué dans l’espace et dans le temps à remplir les bases comme Guillaume Argentin, Yannick Bourgaut, Éric Briens, Emmanuel Chabot, Bruno Chevalier, Jean Collette, Filip Contim, Gérard Debout, Patrick Desgué, Olivier Dubourg, Philippe Gachet, Fabrice Gallien, Christophe Girard, Christian Gloria, Lionel Gohier, Audrey Hémon, Caroline Houalet, Rolland Jamault, Stéphane Lecocq, Patrick Le Mao, Renaud Leroy, Luc Loison, Vincent Liéron, André Mauxion, Pascal Provost, Sébastien Provost, Guislain Rousselle… Que soient remerciées les dizaines de personnes à qui j’ai demandé des précisions sur des données ou des sites et qui m’ont répondu. Que soient remerciés les « créateurs » de ces bases de données et les gestionnaires qui nous permettent ainsi de remonter dans le temps : Dominique Py, Serge Le Huitouze, Lionel Gohier pour Bretagne Vivante en Ille-et-Vilaine, Bernard Braillon et Bruno Lang pour le GONm.

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Ce travail doit beaucoup aux conversations régulières avec Régis Morel, Élodie Bouttier et Pierre-Yves Pasco de Bretagne Vivante, Bruno Chevalier du GONm, Yann Février du GEOCA, Audrey Hémon du Syndicat Mixte Mont-Saint-Michel puis ensuite aux conseils des relecteurs (voir en début d’ouvrage) : un sacré soutien ! Les présidents des associations GONm (Gérard Debout) et Bretagne Vivante (Jean-Luc Toullec), et leurs bureaux respectifs, ont donné leur aval à l’ensemble de ce travail, dès le début des opérations en 2008, je les remercie de leur confiance. Les textes réfléchis et synthétiques permettent d’avoir des informations qui perdurent à travers le temps. Les bases de données restent trop peu fournies (sauf protocole spécifique) et aléatoires pour obtenir des résultats sur le long terme. Nous sommes donc redevables à ceux qui ont écrit sur la baie. Jean Collette tient une place particulière dans cet ouvrage : il m’a fourni de nombreux documents anciens. Depuis de très nombreuses années, son travail de compilation et d’écriture systématique sur les sites après des enquêtes a été déterminant pour travailler la partie historique et la partie plus contemporaine. Il en va de même pour Philippe Pulce ; sans qui les marais de Dol-Châteauneuf seraient peu connus sans son travail de précurseur. Il a été suivi par Yann Février qui a prospecté sur ces marais. Patrick Desgué, qui a œuvré dans les années 1990 sur le marais de la Claire-Douve, a laissé des traces écrites précises et irremplaçables. Patrick Le Mao a écrit sur la baie de Cancale. Enfin, Sébastien Provost a produit de nombreux écrits récents (chroniques ou articles) qui ont permis de peaufiner les textes de plusieurs espèces moins communes (sur lesquelles il y a souvent plus de données) ou de mieux connaître des lieux précis comme la roselière de Genêts. Jacques Alamargot a aimablement fourni les chiffres de laridés nicheurs qu’il collecte soigneusement à Granville ; Jo Le Lannic m’a permis de confirmer certaines informations sur les données anciennes de l’ouest de la baie, qu’il a beaucoup fréquenté dans les années 1970. Les échanges avec Luc Loison sur Tombelaine, l’histoire de l’hirondelle de rivage ou du corbeau freux ont été particulièrement intéressants. Que l’ensemble des relecteurs qui ont travaillé sur certaines parties soient associés à ce travail : Élodie Bouttier, Alain Chartier, Bruno Chevalier, Gérard Debout, Marc Deflandre, Philippe-Jacques Dubois, Yann Février, Nicolas Filol, Philippe Gachet, Christophe Girard, Philippe Halnaut, Audrey Hémon, Stéphane Lecocq, Luc Loison, Régis Morel et Cécile Ruau. Claire Debout a relu et amendé la totalité du manuscrit une première fois. Serge Le Huitouze, dont l’œil de faucon est irremplaçable, a peaufiné le document, un travail considérable, tout autant que celui de Pierre-Yves Pasco pour travailler la mise en page et les cadrages des photographies. Anne-Yvonne et Marc Gauthier m’ont véritablement ôté une épine du pied lors des finitions qui se sont avérées plus complexes que prévues : franchement, sans ces aides ça aurait été plus compliqué ! Je remercie chaleureusement Yves Desmit (FDC 35), David Tannoux (FDC 35) et Franck Drouyer (FDC 35) qui m’ont permis d’accéder au marais de Châteauneuf (maintenant marais noir de Saint-Coulban) et qui m’y ont guidé quand j’en ai eu besoin ; Vincent Schricke (ONCFS) a régulièrement fourni les documentations et les informations sur les aménagements de la réserve maritime de chasse ; Romain Pilon a autorisé Sébastien Provost à prospecter le marais de Vains, qu’il soit remercié ainsi que les propriétaires du marais. Bernard Besnard et Aurélien Bellanger (marais de Sougéal) m’ont montré comment mieux prospecter le marais et en connaître les petits secrets ; Joseph Bougères m’a permis d’apprendre à circuler à l’intérieur du marais de la Folie (c’était une première pour moi en 2009). Les équipes du Conseil Départemental d’Ille-et-Vilaine ont toujours été à l’écoute notamment JeanFrançois Lebas ; Guillaume Duthion et Emmanuelle Nogues. Audrey Hémon et l’ensemble des coordinateurs qui ont compté les oiseaux marins des îlots de Cancale ainsi que Luc Loison et ses équipes à Tombelaine réalisent un travail complexe et difficile. Je ne voudrais pas terminer sans citer Marie et Paul Sanson et les remercier de leurs accueils au Manoir lors de mes venues, le plus souvent à l’improviste, de retour de quelques heures de terrain : un petit bonheur de fin de matinée. Sylvie, Justine, Charles, Simon, Jean-Charles, Philippe, Céline, Nicolas, Nelly, Marie, JeanChristophe et Anne, Pierre ont aussi contribué, de diverses manières… Les oiseaux en période de reproduction en baie du Mont Saint-Michel.

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TABLE DES MATIÈRES PARTICIPANTS ................................................................................................................................1 INTRODUCTION ..............................................................................................................................2 REMERCIEMENTS ...........................................................................................................................3 TABLE DES MATIÈRES ..................................................................................................................5 LE PROJET ........................................................................................................................................8 1

LES ORIGINES DU PROJET .................................................................................................9

2

DES OBJECTIFS GÉNÉRAUX ............................................................................................ 10

3

HISTORIQUE DES DONNÉES NATURALISTES .............................................................. 16

4

3.1

AVANT 1980 : DES DONNÉES PARCELLAIRES ........................................................ 16

3.2

APRÈS 1980 : LE CAS PARTICULIER DES ÎLOTS ...................................................... 16

3.3

APRÈS 1980, DONNÉES DES FICHIERS, ATLAS, ENQUÊTES .................................. 16

ADAPTER UN PROTOCOLE AUX QUESTIONS ET AU TERRAIN ................................. 21 4.1

ÉCHANTILLONNAGE, ESSAI DE QUANTIFICATION ? ............................................ 22

4.2

UNE VASTE SURFACE À PROSPECTER..................................................................... 23

4.3

QUELS PROTOCOLES ? ................................................................................................ 24

4.4

DES BIAIS IDENTIFIÉS................................................................................................. 34

4.5

EN CONCLUSION.......................................................................................................... 36

QUELQUES ÉLÉMENTS GÉNÉRAUX SUR LA BAIE DU MONT-SAINT-MICHEL................... 38 1

UN PAYSAGE EN MOUVEMENT...................................................................................... 39

2

LE TERRITOIRE ÉTUDIÉ ................................................................................................... 43 2.1

LES LIMITES DU SITE D’ÉTUDE................................................................................. 43

2.2

AU-DELÀ DES LIMITES DE NATURA 2000 ................................................................ 45

2.3

LES GRANDS ENSEMBLES PAYSAGERS .................................................................. 47

2.4

QUELQUES SITES PARTICULIERS ............................................................................. 48

2.5

CONCLUSION ................................................................................................................ 63

TEXTES SPÉCIFIQUES .................................................................................................................. 66 1

2

INTRODUCTION AUX TEXTES SPÉCIFIQUES ............................................................... 67 1.1

PÉRIODE RETENUE ...................................................................................................... 67

1.2

RUBRIQUES DES TEXTES ........................................................................................... 67

1.3

NOTATIONS BIBLIOGRAPHIQUES............................................................................. 71

1.4

LISTE DES ESPÈCES ET PAGINATION ....................................................................... 74

DES ANATIDÉS AUX PICIDÉS.......................................................................................... 78 2.1

ANATIDÉS ..................................................................................................................... 78

2.2

PHASIANIDÉS ............................................................................................................... 91

2.3

PODICIPÉDIDÉS ............................................................................................................ 96

2.4

PHALACROCORACIDÉS .............................................................................................. 99

2.5

ARDÉIDÉS ................................................................................................................... 104

2.6

CICONIIDÉS ................................................................................................................. 108

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2.7

ACCIPITRIDÉS – FALCONIDÉS ................................................................................. 110

2.8

RALLIDÉS .................................................................................................................... 119

2.9

CHARADRIIFORMES (ORDRE) ................................................................................. 125

2.10

COLUMBIDÉS ........................................................................................................... 145

2.11

CUCULIDÉS .............................................................................................................. 153

2.12

STRIGIFORMES (ORDRE) ........................................................................................ 155

2.13

APODIDÉS ................................................................................................................. 159

2.14

ALCÉDINIDÉS ........................................................................................................... 160

2.15

UPUPIDÉS .................................................................................................................. 161

2.16

PICIDÉS ..................................................................................................................... 162

2.17

DES ESPÈCES POTENTIELLEMENT NICHEUSES ................................................. 167

LES PASSÉRIFORMES ..................................................................................................... 168 3.1

INTRODUCTION ......................................................................................................... 168

3.2

LES ESPÈCES............................................................................................................... 172

QU’EST CE QU’UNE ESPÈCE COMMUNE EN BAIE ? .................................................. 314

CONCLUSION EN TABLEAUX ................................................................................................... 327 1

ESPÈCES COMMUNES : MILIEUX ET DENSITÉS ......................................................... 328

2

ESPÈCES SECONDAIRES : MILIEUX ET DENSITÉS..................................................... 331

3

TABLEAUX INTÉGRANT TOUTES LES ESPÈCES ........................................................ 333 3.1

ESPÈCES NON RECENSÉES ....................................................................................... 333

3.2

ESPÈCES À PLUS DE 1000 COUPLES (HORS HERBUS) .......................................... 333

3.3

ESPÈCES DE 200 À 1 000 COUPLES .......................................................................... 334

3.4

ESPÈCES ASSEZ ABONDANTES DE 50 À 200 COUPLES ........................................ 335

3.5

ESPÈCES DE 10 À 50 COUPLES AU MINIMUM ....................................................... 336

3.6

ESPÈCES À MOINS DE 30 COUPLES ET À AIRE DE RÉPARTITION LIMITÉE ..... 337

3.7

ESPÈCES À NIDIFICATION OCCASIONNELLE ....................................................... 338

3.8

ESPÈCES DISPARUES ................................................................................................. 339

3.9

ESPÈCES POTENTIELLES .......................................................................................... 339

4

BILAN EN FIGURES ......................................................................................................... 340

5

LISTES COMPLÉMENTAIRES RESTREINTES............................................................... 341 5.1

ESPÈCES RÉGULIÈRES DISPARUES ENTRE 1980 et 2013 ...................................... 341

5.2

ESPÈCES NICHEUSES INSTALLÉES ENTRE 1950 ET 1980 ..................................... 341

5.3

ESPÈCES NICHEUSES RÉCENTES ............................................................................ 342

5.4

ESPÈCES RARES NICHANT SURTOUT SUR LES MARGES DU SITE .................... 343

5.5

CONCLUSION .............................................................................................................. 344

5.6

SUIVI DES ESPÈCES ................................................................................................... 345

5.7

DISCUSSION ................................................................................................................ 356

5.8

CONCLUSION .............................................................................................................. 357

CONCLUSION GÉNÉRALE ......................................................................................................... 358 1

LES OBJECTIFS ATTEINTS EN PARTIE......................................................................... 359

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1.1

DES DENSITÉS FAIBLES ; QUELQUES EXEMPLES ATYPIQUES .......................... 360

1.2

DES ZONES REGUGES DANS LES POLDERS .......................................................... 364

1.3

CONCLUSION .............................................................................................................. 367

LES PERCEPTIONS DE L’ENVIRONNEMENT ............................................................... 367 2.1

LES MILIEUX HUMIDES TERRESTRES.................................................................... 367

2.2

LES MILIEUX HUMIDES MARITIMES ...................................................................... 370

3

DES CONSTRUCTIONS, UNE PERTE DE MILIEU IRRÉVERSIBLE ............................. 370

4

ÇA POUSSE ! ..................................................................................................................... 371

5

DES MILIEUX NATURELS ?............................................................................................ 373

6

DES MENACES ET DE BELLES AMÉLIORATIONS ...................................................... 373

7

QUELLE UTILISATION DE CE TRAVAIL ? ................................................................... 376

8

QUE FAUT-IL FAIRE ? ..................................................................................................... 378

BIBLIOGRAPHIE DES CHAPITRES 1 à 5 ................................................................................... 379

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LE PROJET

Roselière de la chapelle Sainte-Anne, Saint-Broladre

Les oiseaux en pĂŠriode de reproduction en baie du Mont Saint-Michel.

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LES ORIGINES DU PROJET

C’est en 1997, année de l’acquisition personnelle de l’atlas des oiseaux de la région Nord–Pas-de- Calais (Effectifs et distribution des espèces nicheuses 1985-1995, coord. Tombal, 1996), qu’est née l’idée de réaliser, un jour, un atlas des oiseaux nicheurs de la baie du Mont-Saint-Michel. À l’époque, ceci n’était encore qu’un projet lointain. Dans ce travail à l’échelle de la région Nord Pas-de-Calais, le coordinateur, J.-C. Tombal, a utilisé une méthode d’échantillonnage simple inspirée de travaux belges (Lippens & Wille, 1972). Cette méthode d’échantillonnage est basée sur des parcours de plusieurs kilomètres dans un milieu donné avec recensements des espèces susceptibles de se reproduire dans la zone donnée. Le premier résultat brut obtenu est un nombre de contact d’oiseaux par espèce par kilomètre de type Indice Kilométrique d’Abondance (ou IKA). Ce résultat a ensuite été couplé avec une distance de détection moyenne (qui fut travaillée par l’équipe de J.C. Tombal), variant pour chaque espèce (un roitelet huppé n’est pas détecté d’aussi loin qu’une grive draine ou une alouette des champs) et selon la fermeture ou l’ouverture des milieux (on entend moins loin en forêt que dans une plaine). L’itinéraire de prospection passe donc d’un parcours linéaire kilométrique à un « ruban » de prospection dont la surface varie selon les espèces et les milieux parcourus ; ceci permet de convertir, pour un certain nombre d’espèces, en nombre de couples par km2. Cette méthode a surtout été utilisée pour les espèces les plus communes. Les résultats ont été classés par districts. Ils permettent une évaluation par surface paysagère. Pour des espèces comme le merle noir ou le moineau domestique et d’autres espèces communes, ces évaluations régionales sont rares dans la littérature française (fig. 1.1).

Figure 1.1. La rousserolle verderolle, commune dans le Nord–Pas-de-Calais (d’après Tombal, 1996)

À cette époque, l’idée même de parcourir la baie du Mont-Saint-Michel dans son entièreté commence seulement à pointer (fig. 1.2). Les premiers liens entre les Bretons de Bretagne Vivante et les Normands du GONm s’esquissent seulement. Les premiers comptages concertés à l’échelle du site, concernant essentiellement les laro-limicoles et les anatidés, se mettent en place. Un protocole de comptage des oiseaux d’eau hivernants et migrateurs naît en 1992, initié par L. Gohier (Bretagne Vivante). Il faut attendre une dizaine d’années, après la publication de Tombal (op.cit.), pour que ce projet d’atlas des oiseaux nicheurs soit concrétisé. Nous verrons l’ensemble des raisons, aussi bien objectives ou subjectives, essentiellement liées aux politiques et aux nécessités des associations de protection de l’environnement GONm et Bretagne Vivante, qui ont été à l’origine de ce travail.

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Figure 1.2. Entre herbus et polders : des zones peu connues pour les espèces communes ou moins communes d’ailleurs (Roz-sur-Couesnon)

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DES OBJECTIFS GÉNÉRAUX

Ces objectifs généraux sont liés à la bibliographie, aussi bien récente qu’ancienne. Dans les ouvrages ornithologiques, notamment les atlas, il arrive assez souvent que les informations ne soient pas suffisantes pour se faire une idée précise des réalités d’une période pour une espèce donnée. Plus on recule dans le temps et plus les éléments objectifs proposés sont difficilement interprétables. Au-delà de 30-40 ans, l’interprétation des données est souvent très difficile parfois impossible, à de rares exceptions près (arrivée ou disparition certaine d’une espèce à cette époque reculée). Pour les espèces plus communes, on constate l’absence de citation, au mieux des bribes d’informations décrites par des adjectifs qualificatifs comme « abondant », « commun » ou « rare ». Ces informations sont donc de plus en plus imprécises en remontant le temps, quant aux localités, aux départements voire même aux régions (aparté 1). Pour d’autres espèces, semblant pourtant un peu plus suivies en certains lieux, on ne dispose souvent que d’informations parcellaires et très localisées de l’occupation du territoire. À de rares cas près, aucun descriptif précis du milieu n’est proposé. ap. 1. Texte utilisant de la bibliographie ancienne où il est difficile de tirer des conclusions. Ces informations concernent toutes celles connues sur le vaste territoire de la Basse-Normandie ! D’après Debout (1989), concernant le bruant proyer : « … Il y a donc bien un effet de presqu’île, confirmé par l’absence du bruant proyer dans l’ensemble des îles Anglo-Normandes, effet probablement ancien puisque Benoit (1854) ne cite pas le proyer dans sa liste des oiseaux de l’arrondissement de Valognes. Pour le Saint-Lois, Le Mennicier (1878) le considère comme de « passage, non nicheur ». Ailleurs en Normandie, les anciens auteurs le citent comme nicheurs des « moissons » (Lesauvage, 1938), mais le considèrent comme assez rare ou localement distribué (Olivier, 1938). Chesnon (1835) ne le considérait même pas comme nicheur en Normandie. Cette histoire est donc confuse… » Les oiseaux en période de reproduction en baie du Mont Saint-Michel.

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Finalement, avant 1970, dans nos régions, on a très peu de données objectives quantifiables sur beaucoup d’espèces d’oiseaux nicheurs (fig. 1.3), au mieux, des informations quant à la présence-absence. Il arrive souvent que des espèces parmi les plus communes ne soient pas mentionnées. Ceci est frustrant lorsqu’il s’agit d’essayer de diagnostiquer l’évolution, la diminution voire la disparition, l’augmentation ou éventuellement le caractère d’évolution cyclique de certaines espèces sur un territoire donné. Une espèce peut être considérée comme commune, voire très commune à un temps T, rester stable mais aussi diminuer ou augmenter par la suite. Pour ces espèces communes à une époque, ou considérées comme telles, on dispose rarement d’état des lieux sûr. De ce fait, les assertions, à partir de quelques informations localisées, indiquant « elle devait être très commune » sont extrêmement difficiles à prendre en compte. Les interprétations peuvent être très variées selon ce que les auteurs souhaitent montrer, biais que nous constatons comme extrêmement fréquent. Lorsqu’on n’a aucune idée des effectifs présents réellement à un moment donné, on ne peut formuler que des hypothèses vagues voire parfois aucune hypothèse. Avec des données parcellaires et fragmentées, il est parfois possible, sans précaution, de proposer une thèse et parfois son contraire, nous pourrions en faire la démonstration.

Figure 1.3. Les herbus sont très fréquentés par le pipit farlouse : avant le milieu des années 2000, nous n’avons aucune idée des densités, encore moins des tendances (Mont-Saint-Michel).

Depuis la fin des années 1960, les associations ornithologiques s’organisent un peu partout en France au niveau départemental, régional ou national. Il y a un véritable engouement pour le naturalisme et l’ornithologie de terrain qui se sont développés en l’espace de quelques décennies. Petit à petit, des bases de données se constituent mais les oiseaux communs y sont toujours peu représentés. Les données ornithologiques présentes dans les fichiers des associations depuis essentiellement la fin des années 1960 sont souvent des données communales (nom de commune) ou de sites (nom de commune et site) avec parfois le lieu-dit (mais pas toujours, et son exactitude laisse parfois à désirer). Il est parfois extrêmement difficile de savoir où telle espèce se trouvait exactement, même si on connaît le milieu qu’elle affectionne. Des informations sur les milieux, les surfaces parcourues, les distances sont aussi rares. Seuls quelques ornithologues, en général habitués de ces pratiques, font l’effort de l’indiquer et ce depuis seulement une vingtaine d’années (au plus une trentaine). Certaines associations accumulent tout de même au fil des ans des centaines de milliers de données régionales souvent, départementales parfois (selon le type d’association concernée), dans des bases. Lorsqu’il s’agit de secteurs ou de surfaces qui ont été prospectés lors d’enquêtes, en dehors de la mise en place d’une étude par plan quadrillé (appelée quadrat, rare sur de grandes surfaces, voir aparté 2), on peut trouver des estimations très difficiles à apprécier sur les espèces communes comme +, ++… En dehors de la simple présence en période de reproduction, que doit-on conclure lorsqu’on trouve un document avec des indications telles que : roitelet huppé ++, buse variable ++, sur une surface de quelques dizaines d’hectares ? Des années 1970 aux années 1990, les bases des données s’enrichissent de données d’espèces moins communes, en tout cas d’espèces prisées ou considérées comme intéressantes objectivement ou souvent Les oiseaux en période de reproduction en baie du Mont Saint-Michel.

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subjectivement, aux dépens des espèces communes. Des sites, plus ou moins importants en surface, sont largement privilégiés. Pour certains d’entre eux, le nombre de données accumulées (souvent sans protocole associé) est considérable mais parfois peu exploitable de façon rigoureuse. Ailleurs dans des milieux « communs », il n’y a guère que quelques précurseurs, dans les années 1970, qui commencent à utiliser des protocoles (indice kilométrique d’abondance ou IKA, points d’écoute, plans quadrillés…). ap.2 De l’utilisation prudente a posteriori des plans quadrillés Il s’avère que la plupart des études sur plans quadrillés sont réalisés sur de petites surfaces de 10, 20 ou 30 ha. Or, le plus souvent, les densités trouvées peuvent être assez importantes localement, car l’auteur choisit souvent une zone favorable à ses recherches. Roché et al. (2013) dans « Une méthode simple pour estimer les oiseaux communs nicheurs de France » exprime ces cas dans le chapitre « gérer les changements d’échelles ». Ils indiquent que « la notion de densité perd beaucoup de son sens » sur de petites surfaces. En effet, quand il s’agit d’extrapoler à une surface nettement plus grande, cela devient extrêmement compliqué. On obtient des nombres de couples totalement irréalistes pour une zone donnée en intégrant automatiquement, dans l’extrapolation, bon nombre de sites ou de milieux qui, de tout temps, étaient déjà inexploitables par telle ou telle espèce. C’est typique d’espèces à noyaux de populations localisés ou de celles qui utilisent des milieux très particuliers. Ce type de donnée est malheureusement pris régulièrement en compte dans des publications (presque toujours pour « prouver » une très forte diminution). On constate donc parfois des « diminutions » extraordinaires d’espèces sur 20 à 30 ans, sans d’ailleurs que l’auteur de la comparaison n’indique qu’il a extrapolé de 10 ha à 10, 20 ou 100 km2. Il est vraisemblable que les auteurs de quadrats n’avaient pas pour objectif que l’on extrapole leurs résultats X années plus tard. En baie du Mont-Saint-Michel, il y a peu de cas de ce genre. Il vaut donc mieux utiliser les quadrats pour ce qu’ils représentent : la densité locale de certaines espèces à un temps T. Dans cet atlas, nous comparons prudemment des surfaces de prospections identiques pour certains travaux publiés comme Desgué (1994) pour le marais de la Claire-Douve, Pulce (2000) (fig. 1.4) ou Collette (1990, 1991) pour les prés de Poilley et les prés d’Avranches, en évitant toute extrapolation.

Figure 1.4. Pulce (2000) est l’un des premiers naturalistes sur le site à proposer des localisations sur de vastes surfaces.

Depuis la fin des années 1990, des protocoles spécifiques sont mis en place pour compenser le manque de données sur les espèces communes. Il peut s’agir d’enquêtes nationales comme le STOC-EPS (pratiqué en Normandie depuis 1989 et en Bretagne depuis 2001) qui utilise les points d’écoute (5 mn d’écoute et d’observation sur 10 points répartis sur un carré de 2 x 2 km2 lors de 2 périodes) comme base de données brutes. Cette enquête permet au niveau national (Jiguet, 2015), mais aussi au niveau régional si le nombre de points est suffisant (Lang, 2002), de connaître les tendances à moyen terme des espèces nicheuses les plus abondantes : il faut savoir d’ailleurs que pour le moment, il n’y a que quelques Les oiseaux en période de reproduction en baie du Mont Saint-Michel.

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dizaines d’années de données en France, dont une quinzaine avec un protocole strict associé (Jiguet, 2011). L’accumulation, avec protocole associé, permet maintenant, avec les années qui passent, outre les espèces communes, de tester aussi, précautionneusement, des espèces plus rares. Le GONm a développé une autre enquête régionale nommée Tendances (toutes les espèces sur un parcours de 30 minutes par tranche de 5 mn, tous les 2 mois sur un parcours identifié) qui permet aussi de proposer pour les espèces les plus abondantes nicheuses mais aussi et surtout toute l’année (ce qui est exceptionnel régionalement) des tendances (Debout, 2013). En Normandie, sur certains secteurs privilégiés, des suivis par points d’écoute permettent, pour les espèces principales de proposer une évolution au fil du temps sur des milieux particuliers et sur des surfaces de plusieurs dizaines de km² : ceci est réalisé sur le Parc Naturel Régional des Marais du Cotentin et du Bessin avec plus de 20 ans de travail (début en 1991) sur environ 200 points d’écoute par an, ou sur le marais du Hode en baie de Seine, avec 75 points d’écoute par an depuis 2000. Les informations primordiales obtenues vont parfois à l’encontre des idées reçues sur l’évolution de certaines espèces (fig. 1.5).

Figure 1.5. Indice relatif de l’évolution du bruant des roseaux dans le Parc Naturel Régional du Cotentin et du Bessin (milliers de couples) et dans le marais du Hode (centaines de couples), d’après Debout (2014).

À la fin des années 2000, une technique va devenir accessible au grand public : la prise de note en données géolocalisées. Cette technique facilitera (peut-être), à moyen ou à long terme, les travaux de recherche sur l’état d’une espèce connue antérieurement. Il est alors possible d’enregistrer une donnée de façon extrêmement précise sur une carte de type IGN. Cette méthode d’enregistrement permettra, plusieurs années plus tard, de comparer des lieux précis et, peut-être, de mieux comprendre l’apparition ou la disparition d’une espèce sur des décennies. En baie du Mont-Saint-Michel, il y a, sur plus de 110 000 données « tout venant » récoltées entre 1973 et 2012, quelques milliers de données imprécises où le lieu-dit cité est inexact (ne parlons pas du milieu presque jamais décrit), aussi il n’est pas toujours facile (voire impossible parfois) de retrouver les sites mentionnés 20 ou 30 ans plus tard ! À la fin de l’étude de terrain, en 2013, au moment où s’écrivent ces lignes, nous sommes à une époque charnière quant à l’accessibilité simple pour tous d’une base de données géo-localisées. Les années suivantes se traduiront par une généralisation de ce type de données.

Les oiseaux en période de reproduction en baie du Mont Saint-Michel.

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Les protocoles des études changent. Nous remettons souvent l’ouvrage sur le métier, quand quelques années plus tard, on renouvelle les mêmes prospections sur les mêmes lieux, mais rarement avec la même méthode, profitant des expériences, des besoins du moment, des manques ou des oublis involontaires du passé. Il s’agit à chaque occasion de refaire du terrain selon nos modes et surtout selon les besoins des associations et de leurs partenaires institutionnels. On ne se pose évidemment pas les mêmes questions et on ne peut pas « reprocher » à un auteur ancien de ne pas fournir les réponses aux questions qu’on s’est soi-même posé plus tard. L’objectif de cet atlas est donc de fournir le maximum de détails : ceux que j’aurais espéré lire sur les documents plus anciens. Une base de données géolocalisées, sous le logiciel SERENA, est associée à ce travail. Ces données seront normalement accessibles pour longtemps. Un(e) futur(e) auteur(e) pourra formuler, quelques années plus tard, à la lumière de nouvelles connaissances ou de nouvelles pratiques, les mêmes remarques sur les données de cet atlas, données qui apparaîtront certes utiles (comme toutes les données) mais probablement encore insuffisamment détaillées ou ne donnant pas les informations nécessaires aux besoins d’une autre époque. L’idée est aussi d’indiquer de manière précise les problèmes rencontrés au fil des ans, notamment les biais identifiés, toujours présents, qui ne sont pas toujours exposés. Un protocole est toujours complexe et ne va pas sans accrocs, en tout cas pas dans ma pratique. À l’origine, cet atlas a été présenté aux associations comme la réalisation d’un « atlas quantitatif et localisé des oiseaux nicheurs de la baie du Mont-Saint-Michel » : le titre, présomptueux, a évolué assez rapidement vers « atlas préliminaire quantitatif et localisé des oiseaux nicheurs de la baie du Mont-SaintMichel ». Il s’est vite avéré que le projet était très important quant aux surfaces à prospecter (fig. 1.6), au temps d’exécution, aux problèmes d’échantillonnages variables selon les espèces. S’il répond à certaines questions, ce sera une avancée par rapport à de précédentes études. Les questions supplémentaires affluent, en réalité, plus vite que les réponses aux premières. C’est le lot de des naturalistes, et de bien d’autres, qui souvent s’interrogent en permanence sur le monde de la « Nature » : mieux on croit connaître les sujets, plus les questions se précisent, deviennent complexes. Le titre proposé ensuite devient « Un atlas de la baie du Mont-Saint-Michel » indiquant qu’il est considéré que ce travail n’est qu’une proposition parmi bien d’autres possibles. Le fait de ne pas avoir présenté une carte pour toutes les espèces, notamment les espèces peu contactées ou les espèces échantillonnées, c’est-à-dire les espèces communes, ne permet pas de titrer sur un « atlas ». Nous avons donc proposé :

Les oiseaux en période de reproduction en baie du Mont-Saint-Michel (enquête 2009-2013) Essai sur l’histoire récente - 1970 à 2013 répartitions et effectifs

Les oiseaux en période de reproduction en baie du Mont Saint-Michel.

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Figure 1.6. Il n’est pas toujours facile de circuler partout, quelques zones ont été difficiles d’accès (Saint-Benoît-des-Ondes).

Les oiseaux en période de reproduction en baie du Mont Saint-Michel.

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HISTORIQUE DES DONNÉES NATURALISTES 3.1

AVANT 1980 : DES DONNÉES PARCELLAIRES

Avant 1980, à propos des oiseaux nicheurs, ne sont guère utilisables que des données éparses de fichiers des associations, souvent des données communales avec quelques rares lieux-dits. Les chroniques ornithologiques des revues associatives Ar Vran, du Groupe Ornithologique Breton (qui devient Bretagne Vivante Ornithologie en 2012), et Le Cormoran du GONm permettent de retrouver certaines informations. Il existe quelques écrits relatifs aux sites comme ceux de Rousselle (1980) et des communications orales (souvent étayées par les fichiers) de naturalistes intéressés par la baie comme J. Le Lannic, qui explore les polders et les marais dans les années 1970-1980. En dehors de résultats globaux indiqués sur les atlas breton (Guermeur & Monnat, 1980) ou normand (GONm, 1989), mais sans indication de sites ou de taille des populations, les précisions sont donc rares. Il est donc difficile de dresser un bilan de l’ensemble des espèces nicheuses 3.2

APRÈS 1980 : LE CAS PARTICULIER DES ÎLOTS

L’îlot de Tombelaine (fig. 1.7), dans l’est de la baie, et les îlots de Cancale, dans l’ouest, sont dénombrés en période de reproduction. Pour le premier site, il est au moins suivi, régulièrement, depuis 1985 (GONm), et pour le second, irrégulièrement (Bretagne Vivante), depuis la fin des années 1950 (premier comptage connu en 1957) pour le second. Ce sont les colonies d’oiseaux marins, en particulier goélands et cormorans, qui ont, depuis longtemps, attiré les naturalistes. C’est la mise en réserve de ces sites qui motivent les observateurs. Les conservateurs des réserves ont à cœur de connaître leur patrimoine et de le suivre sur le long terme. Pour la plupart des îlots, il existe donc des fichiers, souvent annuels, permettant de relater l’historique précis du nombre de nids présents, depuis au moins le milieu des années 1980. C’est à cette époque que les recensements des oiseaux marins deviendront beaucoup plus systématiques un peu partout en Bretagne et en Normandie.

Figure 1.7. Tombelaine, îlot suivi pour les nicheurs depuis le milieu des années 1980, époque de l’implantation des goélands. 3.3

APRÈS 1980, DONNÉES DES FICHIERS, ATLAS, ENQUÊTES

3.3.1

LES BASES DE DONNÉES DES ASSOCIATIONS

Les données présentes dans les bases de données des associations (GONm à partir de1969, Bretagne Vivante à partir de 1989), fournies par les bénévoles, sont très hétérogènes. Selon les auteurs, leurs lieux de fréquentation dans l’espace et dans le temps sont très variés. Il y a rarement des données exploitables pour les espèces les plus communes. Les espèces rares (ou considérées comme telles selon les auteurs) seront systématiquement notées mais souvent sur une période courte. Les localisations sont rares. Sur l’ensemble de la baie du Mont-Saint-Michel, il n’y a que quelques sites fréquentés régulièrement par des ornithologues d’association et en général souvent à des périodes précises selon la saison pour y observer certaines espèces.

Les oiseaux en période de reproduction en baie du Mont Saint-Michel.

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Finalement pour les oiseaux nicheurs, ce sont seulement quelques kilomètres carrés en milieu terrestre (au maximum quelques dizaines de km²) qui sont l’objet de plus d’attention, sur les 250 à 300 km² possibles que nous prenons en compte dans cette enquête. Ce sont les milieux considérés, en période de reproduction, comme plus riches en espèces moins banales qui sont les plus fréquentés (oiseaux marins, oiseau d’eau, oiseaux des marais, oiseaux des roselières, oiseaux des falaises ou des landes). En période de reproduction, considérant la modestie de la longueur des textes des synthèses publiées à l’époque, comme nous avions pu le constater entre 1979 et 1999 (Beaufils, 2001), la plupart des espèces, notamment les passereaux, sont très mal connues (effectifs, localisation). En résumé et en dehors de certaines enquêtes (cf. infra), on a beaucoup plus d’informations, depuis 30 ans, sur l’évolution hivernale du bruant lapon en baie du Mont-Saint-Michel que sur la reproduction du moineau domestique, de la bergeronnette flavéole ou de la rousserolle effarvatte. C’est aussi pour ça qu’une association comme le GONm a développé des enquêtes régionales sur les oiseaux communs comme l’enquête Tendances. À partir de 1999, S. Provost, salarié du GONm, va recueillir et compiler l’ensemble des données avec protocole associé (GONm – Bretagne Vivante) qu’il pourra récupérer (essentiellement hivernage et migration, limicoles, anatidés et laridés) et aussi les données éparses (largement majoritaires) recueillies auprès des observateurs réguliers et occasionnels de la baie. Des rapports, irréguliers dans le temps, sont publiés au début des années 2000 puis au début des années 2010 : Provost & Provost, 2000 ; Provost, 2001,2002, 2003, 2010, 2011, 2012, 2013 ; Provost et Morel, 2014. Ils permettent de disposer d’informations supplémentaires notamment sur les espèces nicheuses souvent rares ou occasionnelles (fig. 1.8). Les observateurs qui ne fournissent pas ou rarement leurs données dans les bases des associations, sont contactés directement, ce qui permet d’obtenir encore quelques nouvelles données qui auraient pu disparaître. Malgré cet effort, le nombre de données (hors enquête Tendances) sur les espèces communes ou assez communes Figure 1.8. Exemple de compilation des données brutes reste très faible (voir textes spécifiques). Même quand il (GONm - Bretagne Vivante), est collecté beaucoup de données opportunistes sur un site, par Provost (2013). elles ne racontent pas la même histoire (voir pas d’histoire du tout) que lorsque ces données sont associées à un protocole : on signale rarement, de manière opportuniste, l’absence d’une espèce par un 0, et on ne note pas toutes les espèces présentes : on a donc rarement des listes entières à comparer d’une époque à l’autre ! Ces listes entières sont pourtant fondamentales.

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Groupe Ornithologique Normand 3.3.2

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LES ATLAS RÉGIONAUX OU NATIONAUX

Les atlas régionaux sont réalisés sur la base des cartes 1/25 000e (en Normandie) ou des mailles UTM de 10 km x 10 km (en Bretagne). Ces atlas doivent motiver les naturalistes à prospecter le plus systématiquement possible les cartes, de manière à recueillir le plus d’indices de nidification sur le plus d’espèces. Malheureusement, mais logiquement (car le but de l’atlas est d’établir une répartition à l’échelle régionale), il n’est souvent pas demandé aux auteurs d’autres précisions que le niveau de nidification possible, probable ou certain selon des critères objectifs normés par les responsables des enquêtes. Il n’y a que rarement, à part en consultant rapidement les auteurs de cartes (à condition de les retrouver !), des informations sur les lieux précis où des espèces, rares en général, ont été détectées. Plusieurs années après, les informations localisées deviennent inaccessibles. Pour une carte donnée, s’il y a 50 couples présents d’une espèce donnée ou un seul, le rendu cartographique est le même (fig. 1.9). À l’échelle nationale ou européenne (grande surface couverte), ce type de protocole et de représentation est très utile (comparaison globale des aires de répartition à 20 ans d’intervalle par exemple). Il est moins pertinent à une échelle régionale ou encore départementale : il y a une perte d’information considérable localement, alors qu’elle est souvent connue et collectée, mais non recueillie sur des bases dédiées.

Figure 1.9. Répartition du pipit farlouse sur maille 10 km x 10 km : impossible de collecter des éléments quantitatifs dont certains connus localement Tiré de GOB, 2012. Atlas des oiseaux nicheurs de Bretagne.

Pour la partie bretonne, les cartes dans lesquelles la baie du Mont-Saint-Michel est intégrée ont été prospectées de manière très hétérogène (spatialement et temporellement), d’abord entre 1970 et 1975 (Guermeur & Monnat, 1980), puis entre 1980 et 1985 (GOB, 1997), puis entre 2005 et 2008 (GOB, 2012). Pour la partie normande, les cartes ont été prospectées de manière très hétérogène (spatialement et temporellement) entre 1985 et 1988 (GONm, 1989), puis entre 2003 et 2005 (Debout, 2009). Pour l’atlas du GONm de 2003-2005, 5 cartes bénéficieront d’un protocole semi-quantitatif. Ces atlas permettent (c’est l’objectif fixé) de connaître la composition qualitative de l’avifaune de l’ensemble d’une région, mais rarement la part quantitative (notamment chez les passereaux), puisque ce n’était pas leur but.

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Groupe Ornithologique Normand 3.3.3

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LES ÉTUDES PONCTUELLES AVANT 2009

Certaines études sur les passereaux en période de reproduction sont orientées sur des zones ou des milieux précis ; d’autres études sont ciblées sur une espèce en un lieu. En dehors des universitaires, c’est une constante, il n’y a aucune volonté affichée de travailler sur l’ensemble du site : il est vaste et divisé en 2 régions à structures associatives régionales indépendantes qui travaillent différemment. Une première étude ponctuelle est menée par R. Loret entre 1975 et 1982 dans le marais de la ClaireDouve (entre Saint-Jean-le-Thomas et Genêts). Il se passionne pour la huppe fasciée qui disparaît de ce site dans les années 1980. Malheureusement, Loret n’a pas publié ses résultats ; Desgué (1994) récupère une partie des informations qu’il consigne en comm. pers. dans ses travaux sur une étude sur plan quadrillé effectuée sur cette zone entre 1992 et 1993 ; ce quadrat est l’une des seules études localisées précisément, sur une surface importante de 150 ha, portant sur l’ensemble d’un peuplement d’oiseaux, dont nous disposons côté normand (il existe des études de ce type prenant en compte quelques espèces). Les vallées de la Sée et de la Sélune, très étudiées par J. Collette (Collette, 1989, 1990 a, 1990 b, 1995) n’ont pas été retenues dans le périmètre de l’atlas (sauf les prés d’Avranches, Collette, 1991). L’avifaune nicheuse associée à ces vallées a actuellement moins d’affinités avec l’avifaune de la baie du MontSaint-Michel sauf à la marge dans l’extrême basse vallée (les prés de l’hôpital d’Avranches, marais de la Braize à Saint-Jean-de-la-Haize ou l’estuaire de la Sélune à Pontaubault).

Figure 1.10. Exploré par la méthode des plans quadrillés (1992-1993), le marais de la Claire-Douve (Dragey) peut être comparé, presque 20 ans plus tard, pour les espèces à variations spécifiques fortes.

Au milieu des années 1980, Le Roy (1986) tente de faire le point sur le passage et la nidification des espèces d’oiseaux d’eau le long des marais du Couesnon. À la fin des années 1980, Collette (op. cit.) mène une campagne d’étude sur l’ensemble des marais, essentiellement normands mais aussi bretons (vallée de le Sée, de la Sélune et du Couesnon), accessibles à cette époque. Ces deux études sont partielles (malgré le nombre de visites !), notamment dans la riche vallée du Couesnon, qui est relativement peu suivie en période de reproduction comme en témoigne les rapports de ces enquêtes et les données brutes associées. Outre le marais de la Claire-Douve (fig. 1.10), nous ne disposons donc au milieu des années 1990 que de quelques précisions très difficilement interprétables sur la vallée de la Sée (mais J. Collette y fera ensuite de nombreuses études plus précises), la vallée de la Sélune (un quadrat sur les prés de Poilley, quelques information sur le bois d’Ardennes à Ducey non prises en compte dans cet atlas), les marais d’Aucey-la-Plaine ou de Boucey (Pontorson), le Couesnon à l’aval de Pontorson, le marais de Sougéal et le marais de la Folie (Antrain). Dans les marais de Dol-Châteauneuf, la découverte par Bourgault (1990) d’une petite population de piegrièche écorcheur entraîne des campagnes d’études sur d’autres espèces dans les années 1990. Ces études permettront d’y découvrir aussi la rousserolle verderolle en 1995 (Pulce, 2000). Les prospections seront menées de 1994 à 1998 par Pulce d’abord, puis reprises en 2001 par Février (2007). Une étude par IPA (Indice Ponctuel d’Abondance) à l’est de la zone sera ensuite produite par Eybert et al. (2008).

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Constant, Eybert & Le Garff (1994), réalisent une série de points d’écoute notamment le long de la digue de la Duchesse Anne et publieront un article de synthèse dans la revue Penn Ar Bed intitulé « Le point sur l’avifaune en BMSM » (1999). Dans la même vallée du Couesnon, le marais de Sougéal semble bien connu aux dires des naturalistes ; si cela est très partiellement vrai deux mois et demi de l’année (février-mars et jusqu’au 15 avril) au moment des passages prénuptiaux, aucune étude complète sur les oiseaux nicheurs n’est réellement réalisée avant 2007 (Beaufils & Morel, 2008). Liéron (in Beaufils, 2001) évalue aussi dans ce secteur les populations de bergeronnette flavéole sur les polders, mais seul le résultat a été produit (fig. 1.11).

Figure 1.11. En 1996, V. Liéron évalue la densité des bergeronnettes flavéoles à 1 couple pour 25 ha, dans les polders ouest du Mont-Saint-Michel (Roz-sur-Couesnon), densité qui sera retrouvée 15 ans plus tard.

Liéron va aussi produire (non publié) quelques cartes avec localisation, à partir de ses prospections sur les falaises de Carolles et sur quelques centaines d’hectares d’herbus à Vains, mais l’ensemble des espèces n’est pas répertorié (bergeronnettes et bruant des roseaux uniquement). Sur les herbus situés au sud de la baie, Eybert et al. (2006) feront une étude par points d’écoute sur les oiseaux nicheurs des herbus, étude qui sera reprise et complétée par Eybert (2012). Finalement, en 2008-2009, pour les espèces nicheuses, nous ne disposons que de quelques informations hétérogènes, souvent ponctuelles et non localisées sur carte (tout au plus le lieu-dit), sur quelques dizaines de km2 pour des centaines de km2 interstitiels, pratiquement jamais prospectés à notre connaissance (fig. 1.12). Ceci apparaissait déjà clairement à l’écriture du DOCOB (DOCument d’OBjectif), état des lieux Natura 2000, par Mary &Vial (2009 a). En effet, lorsqu’on demandait des précisions aux ornithologues des associations sur tel ou tel site, ils ne pouvaient que faire des propositions qualitatives (ce qui s’avérait déjà précieux à ce moment-là). Certaines études ne sont pas reprises (aparté 3). ap. 3. Certaines études ne sont pas reprises ; quelques études faites par divers organismes sont malheureusement ponctuelles dans l’espace et le temps ; elles proposent peu d’informations nouvelles ; de plus les indispensables données brutes ou le protocole d’obtention des résultats, pour nous primordiaux, sont rarement accessibles. La plupart de ces études ne seront donc pas reprises dans ce travail, dont certaines pour des raisons de considérable décalage avec nos propres connaissances du terrain, certes parfois imparfaites mais suffisantes pour contester les résultats exposés tant au niveau spécifique (espèces ne fréquentant jamais les milieux indiqués) ou au niveau quantitatif (densités dépassant largement ce qui est connu même au-delà du local). Les oiseaux en période de reproduction en baie du Mont Saint-Michel.

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C’est, pour certaines espèces nicheuses surtout, à partir du manque d’informations pouvant être fournies dans le cadre du DOCOB, ou de leurs caractères souvent anciens, parcellaires et très incomplets, que va se développer l’idée de prospecter l’ensemble de la baie.

Figure 1.12. Le fond de la baie au Val-Saint-Père, un secteur peu connu sur ses marges.

4

ADAPTER UN PROTOCOLE AUX QUESTIONS ET AU TERRAIN

Dans le cadre de la mise en place de prospections sur les oiseaux nicheurs, il faut élaborer un protocole prenant en compte à la fois la taille du site, c’est-à-dire plusieurs centaines de km², et un nombre maximum d’espèces. Les méthodes d’échantillonnage classiques sont signalées, mais elles ne sont pas adaptées (taille du site à prospecter) aux exigences de la situation. Or, d’après Salles et al. (2010), « Une première règle d’or est qu’il faut essayer de prospecter le plus largement possible. Ainsi pour s’assurer d’avoir une bonne représentativité de ce qu’il se passe sur le site, il faudra éviter de ne se concentrer que sur une petite partie du site mais au contraire essayer de répartir l’effort sur l’ensemble du site. » Ces auteurs indiquent aussi : « Ceci illustre aussi bien la limite que peut poser la mise en œuvre de protocoles « recettes de cuisine » à la suite de la lecture d’un article sur la même espèce, par exemple. En effet, ni votre question, ni votre budget, ni votre expérience, ni votre site ne sera le même que celui de l’article retenu. Dans ce contexte, l’utilisation du même protocole ne vous assurera en aucun cas d’avoir les résultats escomptés. Dans le même ordre d’idée, la mise en œuvre de protocoles nationaux à l’échelle locale n’assure généralement pas d’avoir de bons résultats. En effet, les protocoles nationaux sont construits sur le principe de trouver les plus petits dénominateurs communs à l’ensemble des opérateurs de terrain. Ces protocoles posent aussi des questions nationales, avec des degrés de précision souvent très différents de ceux que vous désirez. Enfin ces protocoles sont menés sur de très grandes surfaces et sur des tailles d’échantillon très grandes, ce qui permet d’avoir une précision intéressante. Ceci ne signifie pas de manière manichéenne que la technique mise en œuvre par le protocole national ne sera pas pertinente pour votre situation, mais cela reste à explorer et à comparer avec des alternatives. Il en est de même pour les stratégies d’échantillonnage. » Dans la mesure où le site est a priori méconnu sur la majorité de son territoire (fig. 1.13), « s’assurer une bonne représentativité » est une étape de base par laquelle il faudra passer. Dans notre cas, nous n’avons aucune idée de ce que va être une bonne représentativité, notamment ignorant les limites véritables du site et les quantités et les répartitions spécifiques de la plupart des espèces.

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Figure 1.13. Un petit marais à la limite de la baie (la Mare-Jurée, Pontorson) : intégration au site ou pas ? Cela dépendra de la composition du cortège des oiseaux que l’on y trouve.

Il faut donc s’adapter et trouver une méthode qui, sans être aucunement originale, permet de parcourir l’ensemble du site et d’obtenir des résultats comparables d’une zone à l’autre. Le protocole défini doit permettre en fait d’obtenir les réponses (limitées) aux questions posées (limitées) que sont : - connaître les limites ornithologiques de la baie pour les oiseaux nicheurs ; - savoir discerner les variations spatiales et éventuellement leurs causes ; - espérer évaluer effectifs et densités des espèces en ordre de grandeur. L’avenir est justement, une fois ce travail de base effectué dans le cadre de cet atlas, de proposer des protocoles possibles, en fonction des besoins (tendances, densités plus précises, répartition). Ils prendront appui sur les premiers résultats globaux trouvés qui permettront de « s’assurer une bonne représentativité des échantillonnages ». 4.1

ÉCHANTILLONNAGE, ESSAI DE QUANTIFICATION ?

Quelle méthode prendre pour recenser l’ensemble de ces espèces pour avoir au moins un état des lieux minimal ? Il était évidemment impossible de suivre chaque espèce selon une même méthode. Pendant ces 4 années d’enquêtes, les suivis routiniers (îlots, certaines espèces de l’annexe I) ainsi que des études ponctuelles (marais de Sougéal), la mise en place de protocoles régionaux (Plan régional d’action gravelot à collier interrompu, fig. 1.14) et la fourniture de milliers de données éparses annuelles par les observateurs, ont continué. Ces diverses sources d’information sont donc considérées déjà acquises dès le début des prospections, ne nécessitant pas de changer les protocoles (ou les récoltes de données) déjà utilisées.

Figure 1.14. Les sites potentiels (Genêts) à gravelot à collier interrompu sont suivis spécifiquement.

Le choix a donc porté sur une méthode très simple permettant de visiter l’ensemble du site (objectif primordial) même en dehors des ZPS et de prendre en compte le maximum d’espèces.

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4.2

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UNE VASTE SURFACE À PROSPECTER

Les premières mesures de surface sont claires, il y a plusieurs centaines de km² à parcourir, au minimum 250 km², le maximum étant laissé en suspens. Cette inconnue sur la surface est tout simplement liée au fait que l’un des objectifs est de définir au mieux une surface correspondant à une entité « baie du MontSaint-Michel » qui se veut plus objective pour les oiseaux nicheurs. Utiliser la méthode des plans quadrillés, très coûteuse en temps (plus de 5 sorties sur la période de reproduction), sur une surface de plus de 200 km² relève de la gageure ou nécessite d’avoir quelques dizaines d’années de travail devant soi ou alors disposer de très nombreux ornithologues aguerris et d’avoir un budget correspondant. Évidemment cette méthode n’a pas été envisagée. Il y a bien les méthodes classiques d’échantillonnage basées sur les indices kilométriques d’abondance (IKA) qui permettent de se faire une idée générale, ou sur la technique des points d’écoute avec indice ponctuel d’abondance (IPA) qui permet de comparer les points entre eux. Quand ils sont très nombreux, ils permettent d’avoir une idée de la part relative des espèces entre elles (répétée annuellement cette technique permet aussi de réaliser des tendances). Ces méthodes ne permettent pas de parcourir l’ensemble du site, ni probablement de proposer des répartitions assez fines. De plus, elles concernent surtout les espèces les plus communes ; les espèces rares étant par nature moins abondantes, elles ne relèvent pas de ce type de méthode sauf pour indiquer qu’elles sont justement rares. Aucune de ces méthodes classiques ne répond finalement aux questions posées dans un temps court : définir les limites ornithologiques de la baie ; parcourir intégralement le site en un temps le plus réduit possible, pour avoir une photo globale de l’avifaune nicheuse, avec en trame de fond les paysages et milieux de la baie du Mont-Saint-Michel ; connaître dans les grandes lignes et de façon plus détaillée avec une précision modérée les effectifs de son avifaune, notamment celle de l’annexe I, y compris hors ZPS. Nous élaborons donc un protocole permettant de parcourir en un minimum de temps (aparté 4) l’ensemble du site et intégrant, a minima, toutes les observations qui sont faites lors des sorties de terrain. Pour ceci, nous n’avons pas beaucoup d’autre choix que d’utiliser majoritairement les indices de reproduction minimum des atlas (indice possible : présence en période et en milieu favorable) pour les espèces les plus communes tout en prenant des précautions importantes sur les dates des données notamment pour les migrateurs (en particulier ceux qui sont tardifs). Les indices probables et certains sont évidemment pris en compte (ceux-ci sont privilégiés par les atlas et certaines espèces s’y prêtent mieux que d’autres), mais très clairement ce qui nous intéresse ici est le critère majeur de l’habitat favorable et du potentiel « zone de nidification ». Les textes spécifiques précisent pour chaque espèce le niveau minimum de base des indices recueillis et les précautions prises. Par exemple, pour les canards (autres que le canard colvert ou le tadorne de Belon), les indices nicheurs certains sont uniquement requis ; pour la gorge-bleue à miroir, ce sont des indices probables ; pour les migrateurs représentatifs comme la rousserolle effarvatte, ce sont des indices possibles mais uniquement à partir de fin mai ou début juin. ap. 4. Qu’est-ce qu’un « temps raisonnable » à l’échelle d’un atlas ? On peut considérer la constitution d’un atlas comme une photo instantanée, à l’échelle des populations d’oiseaux, pendant une période donnée (en générale de 3 à 5 ans). On veut obtenir une image de répartition la plus précise possible que l’on peut comparer quelques années plus tard (10-20-30 ans) à un même type d’image et ainsi constater les évolutions intervenues. C’est pourquoi temporellement, nous nous sommes harmonisés avec des limites temporelles similaires que les limites nationales ou régionales, c’est-à-dire entre 3 et 5 ans.

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4.3

QUELS PROTOCOLES ?

4.3.1

DES PARTICULARITÉS DE TERRAIN

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Au cours de la constitution des récents atlas normand et breton, la baie du Mont-Saint-Michel a été parcourue au niveau des lieux stratégiques : on le pense à l’époque. L’utilisation de la méthode des points d’écoute a obligé les quelques auteurs de ces points à les disséminer sur de vastes zones, prises au hasard des besoins du protocole (distance minimale entre 2 points, points sur différents milieux). Ceci a permis de prospecter des zones délaissées où la plupart d’entre nous ne passent jamais ou alors rapidement, le plus souvent en voiture. Le site est limité au nord par la mer et ceinturée de grandes routes nationales, puis de quelques routes départementales. À l’intérieur, elle est littéralement quadrillée (exemple fig. 1.15) de routes de petite taille (souvent anciens chemins), mais aussi de chemins agricoles ou de randonnée. Le paysage est plat avec peu d’arbres, on peut globalement passer partout (ou presque), on voit et entend loin la plupart du temps lors de bonnes conditions météorologiques !

Figure 1.15. Le secteur du nord de Saint-Broladre, des petites routes et des chemins partout (source IGN, scan 25).

L’idée de base est de parcourir le site à pied quand cela est nécessaire (les 42 km2 d’herbus par exemple et la plupart des marais c’est-à-dire quelques dizaines de km² supplémentaires) mais surtout à vélo. Cette méthode de recensement a été utilisée dans les marais de Dol-Châteauneuf. La seconde condition à la mise en place de ce protocole est que le nombre de contacts par espèce ne soit pas trop important sur une carte donnée (imaginons le nombre de contacts du merle noir dans un parc en ville de quelques hectares en prenant tous les contacts). Pour cela, il suffit, du moins nous l’espérons avec l’expérience de terrain, d’éliminer des relevés les espèces les plus communes : nous pensons notamment à celles des zones urbanisées (merle noir, rougegorge, troglodyte etc.). Ensuite nous prenons en compte toutes les autres espèces. En éliminant une quinzaine d’espèces, le problème est ainsi probablement limité sur la plupart des sites ouverts Il s’est avéré que ça a été le cas, mais c’était une inconnue à la base. Pour recenser ces espèces communes, dont il nous paraît indispensable d’avoir un ordre de grandeur d’effectif, il a été décidé de faire un protocole d’échantillonnage par IKA en 2013 : près de 200 km seront parcourus 2 fois en avril et en juin.

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Groupe Ornithologique Normand 4.3.2

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UN PROTOCOLE SIMPLIFIÉ

À partir d’une carte donnée, on parcourt donc l’ensemble des chemins du jour (selon la taille de la carte, maximum conseillé de 4 heures de terrain) de manière à avoir accès au maximum de surface à la vue ou à l’oreille. À chaque contact (qu’il soit une observation ou un chant), on s’arrête et on localise le point de contact avec l’espèce. Ce même trajet est réalisé au moins deux fois, à deux périodes différentes de la saison de nidification, en général avril et juin. Les localisations se font sur une photocopie de la carte IGN papier (fig. 1.16). Lorsque les espèces à localiser sont très proches ou très nombreuses sur un site, faire les parcours à pied ou à vélo ne change pas vraiment le temps de prospection. En revanche, le vélo permet de parcourir rapidement de vastes zones où il y a peu de contacts ou de revenir en arrière très vite permettant des allers-retours, voire de repasser plusieurs fois sur un même secteur. 4.3.3

PÉRIMÈTRE JOURNALIER PRIS EN COMPTE

À l’origine, il a été décidé que les recherches d’un matin se font sur une zone globale d’un seul tenant qui est « fermée » par des limites choisies (fig. 1.16). La plupart des villes ont été évitées ; la méthode permet difficilement de recenser correctement une ville ou même un gros bourg, car on perd un temps considérable à cheminer le long de toutes les rues et ruelles. Englober les pointes de Granville et de Cancale, fermant la baie, est important. À partir de ces deux points de départ, la côte est longée, évitant au maximum les villes mais prenant en compte les diverticules des basses vallées et les falaises maritimes. Les zones les plus à l’intérieur des terres sont principalement les vallées du Thar, du Lerre, de la Sée, de la Sélune, du Couesnon puis vers l’ouest les marais de Dol-Châteauneuf et les canaux allant vers la mer. Les limites de l’atlas ne sont pas claires au départ de l’étude. Donc, nous considérons que ces limites sont effectives dès que ça « monte » à l’est (côté Manche) ou au sud et à l’ouest (côté Ille-et-Vilaine) et sans être à proximité de la côte. Les zones humides s’étiolant ou disparaissant, le bocage étant largement plus présent, on considère qu’on sort du site. Les chemins et les routes, ne serait-ce que pour faire une boucle lors des parcours, nous ont obligé à recenser des petites zones un peu plus à l’intérieur et dans les hauteurs non maritimes. Ceci s’est plus couramment fait dans la partie Manche (bien moins grande en surface à parcourir) que dans la partie Ille-et-Vilaine beaucoup plus vaste. Ces incursions montrent nettement qu’on « sort » de la baie avec des compositions d’avifaune différentes tant en qualité qu’en densité. Ces inclusions « hors baie » ne sont pas prises en compte sur la carte finale.

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Figure 1.16. Synthèse des observations du secteur de Lillemer, au printemps 2009, par R. Morel. 4.3.4

TEMPS GLOBAL À PASSER ; AUTEURS DES CARTES

Le souhait, dès le départ, est que l’auteur principal de ce travail fasse le plus possible de parcours de manière à homogénéiser l’ensemble des cartes ; l’idée est aussi de connaître le temps qu’il faut à une personne seule pour accomplir cette tâche. Le concept est aussi de prendre une « photo » de l’avifaune sur un temps pas trop long : 3 à 5 ans. Un appel général est fait aux ornithologues du GONm et de Bretagne Vivante chaque année à partir de 2009 pour participer. Malgré de nombreux contacts, relativement peu de gens ont réussi, eu le temps ou ont accepté de prendre en charge des parcours selon le protocole proposé. Ceux qui ont pris en charge totalement deux sorties au minimum, pour une carte, sont associés en co-auteurs de l’enquête de terrain. Ils ont souvent passé beaucoup de temps et pour certains tous les ans. Les personnes (autre que l’auteur) qui ont participé (aparté 5) à la constitution des cartes ont réalisé, la plupart du temps, des zones de parcours à faire à pied, inaccessibles à vélo (herbus, marais). Le gain de temps de ces participations a été estimé à 1 an au minimum.

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Figure 1.17. Propriété privée indiquée,ne pas rentrer : souvent on peut voir de loin et entendre, heureusement…

ap. 5. Ne pas rentrer dans les propriétés privées : il a été décidé et recommandé au départ de tout parcours d’éviter de rentrer dans les propriétés privées (fig. 1.17), sauf autorisation qu’il fallait obtenir sur certains marais dont les données étaient indispensables à acquérir. Ailleurs, le quadrillage de cheminements est, dans la plupart de la baie, suffisamment dense pour permettre d’éviter de pénétrer dans des propriétés privées, en l’occurrence le plus souvent des cultures. Dans de très rares secteurs, des linéaires de roselières furent parcourus en bordure des champs mais sans causer de dommages aux cultures, d’autant que des bandes herbeuses sont maintenant courantes le long des canaux et la plupart du temps non exploitées. Dans d’autres secteurs, par exemple entre Dol-de-Bretagne et Saint-Broladre, des dizaines d’hectares de grandes cultures avec quelques canaux à roselières ne seront pas prospectés par manque d’accessibilité : il n’était pas question de traverser 1 ou 2 km de champs en culture. Ces zones ne représentent qu’une fraction minime de l’espace parcouru et leur intérêt est probablement relativement limité (ou tout simplement facilement extrapolable) en matière d’espèces et d’effectif (zones témoins proches). 4.3.5

PROSPECTIONS AU FIL DES ANS

L’idée est de ne pas parcourir un seul côté ou l’autre de la baie du Mont-Saint-Michel une année, mais de mettre en place des parcours sur l’ensemble de la baie (de Cancale à Granville en passant par Avranches, Pontorson ou Dol-de-Bretagne) tous les ans et dans tous les milieux. Ceci permet d’éviter ou de minimiser un des écueils importants : les fortes variations que peuvent subir des espèces d’une année sur l’autre, variations d’ailleurs bien perçues pour plusieurs d’entre elles. L’exemple type est le cisticole des joncs (fig. 1.18) : bien présente en 2009, elle est contactée sur la plupart des cartes faites de Cancale à Granville cette année-là. Dès la fin 2009, des vagues de froid successives vont mettre à mal cette population les années suivantes. L’ensemble des données 2009-2012 donne en conséquence grâce à 2009, une impression d’une certaine homogénéité de la répartition en baie du Mont-Saint-Michel, mais avec des espaces vides. L’homogénéité est probablement réelle (elle pourra être vérifiée à l’avenir) lorsque plusieurs années d’hiver doux se succèdent. Si le côté est, le côté ouest ou la partie centrale avait été privilégié en 2009, la répartition du cisticole aurait été beaucoup plus centrée sur la zone choisie. Les oiseaux en période de reproduction en baie du Mont Saint-Michel.

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Figure 1.18. Répartition des points de contacts du cisticole des joncs (2009-2012) en baie du Mont-Saint-Michel

C’est un véritable puzzle géant qui petit à petit va se constituer (fig. 1.19) très majoritairement entre 2009 et 2012, petit morceau par petit morceau.

Figure 1.19. Carte cumulative des prospections : points de localisation des espèces non communes (2009-2012)

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Le second avantage de pratiquer cette méthode du puzzle est que de nombreux secteurs jouxtant des zones déjà faites pourront être relevés plusieurs fois lors des 4 années de passage. Ils permettent de comparer grossièrement la composition de l’avifaune sur certains linéaires d’une année sur l’autre. Ceci entraîne tout de même des difficultés dans la décision de prendre ou ne pas prendre en compte une espèce donnée, trouvée aux marges de deux cartes données. Il est évident qu’il est extrêmement difficile d’être parfaitement objectif et que, selon un auteur ou un autre, avec son bagage de connaissances, les points de litiges possibles sont nombreux. Les données ne sont avalisées que par l’auteur principal de l’atlas qui tranche sur l’ensemble de la zone en s’aidant des cartes proches réalisées les années précédentes et avec son propre niveau de connaissance, donc de manière partiale mais homogène. C’est un des biais importants de cette enquête, qui est minimisé par le fait que l’objectif n’est pas d’avoir des effectifs globaux à l’unité près mais des ordres de grandeurs. Précisons qu’un oubli de prospection, d’environ 1 km² (bleu clair), centré en plein milieu de la baie, a été réparé en 2013 (fig. 1.19). Des zones « blanches » indiquent qu’il n’y pas d’oiseaux mais plus souvent le fait que nous n’avons trouvé que des espèces faisant partie de la liste des plus communes non localisées (fig. 1.20 ; cf. Protocole espèces « communes »).

Figure 1.20. Des oiseaux communs mais peu d’oiseaux non communs aux abords d’Avranches.

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PROTOCOLES

PROTOCOLES DÉJÀ EN PLACE

1. Le GONm et Bretagne Vivante travaillent annuellement mais indépendamment depuis longtemps sur les îlots de la baie (îlots de Cancale et Tombelaine). Les principales espèces, majoritairement coloniales, sont : aigrette garzette, héron garde-bœuf, cormoran huppé, grand cormoran, huîtrier pie, goéland argenté, goéland brun, goéland marin. 2. Les bancs coquilliers : le gravelot à collier interrompu est suivi régulièrement depuis quelques années par les deux associations et font l’objet d’une étude spécifique (en cours, suite du plan régional d’action gravelot à collier interrompu en Bretagne et Normandie). 3. Sougéal (Réserve Naturelle Régionale) : un suivi des oiseaux nicheurs du marais de la Musse (voire au-delà certaines années) est réalisé dans le cadre d’une convention entre Bretagne Vivante et la communauté de communes depuis 2007. 4. Les falaises de Carolles (dont la réserve ornithologique du GONm) : suivi des chanteurs ou couples de fauvette pitchou et d’autres espèces de passereaux sur 4,5 km de falaise par S. Provost depuis 2009 (base de données du GONm, 2009-2012). 5. Certaines recherches spécifiques sont entreprises mais souvent partielles dans l’espace et le temps, pas toujours de manière coordonnée ou régulière, comme pour la pie-grièche écorcheur ou la gorgebleue à miroir. PAS DE PROTOCOLE

Les rapaces nocturnes ont rapidement été mis de côté. En effet, soit il faut trouver quelqu’un qui souhaite se consacrer uniquement à ces espèces justement nocturnes (et cela aurait augmenté considérablement le temps de travail), soit tenter de monter des enquêtes locales qui n’aboutissent pas (fig. 1.21). Finalement, les chouettes et le hibou moyen-duc ne seront pas évalués.

Figure 1.21. Le seul site de découverte de la chouette chevêche (La Fresnais)

Des protocoles spécifiques auraient pu être mis en place pour les phasianidés, mais nous avons considéré qu’il n’y avait pas un grand intérêt à ce que ces espèces soient recensées précisément. Le martinet noir n’est pas non plus recensé ni le pigeon biset. S. Provost (comm. pers.) met en place en 2012 un protocole d’écoutes nocturnes sur les marais pour repérer les sites à marouette ponctuée.

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Bretagne Vivante - SEPNB PROTOCOLE ESPÈCES « COMMUNES »

Ce sont des espèces qui ont été considérées en regardant les listes des espèces nicheuses les plus abondantes régionalement ou nationalement. Nous avons supposé, à raison pour certaines mais à tort pour d’autres, qu’elles seraient difficilement cartographiables : d’une part par le nombre d’individus présents et d’autre part par le fait que certaines nécessiteraient beaucoup de temps de recherche. Beaucoup de ces espèces fréquentent, en forte densité (fig. 1.22), les abords des habitations (par ex. le moineau domestique), les boisements (fauvette à tête noire, mésanges bleues et charbonnières), milieux en partie recensés mais qui présentaient à nos yeux moins d’intérêts que les milieux ouverts. Liste des espèces considérées comme communes : accenteur mouchet, corneille noire, étourneau sansonnet, fauvette à tête noire, hirondelle rustique, (martinet noir), merle noir, mésange charbonnière, mésange bleue, moineau domestique, pigeon ramier, pinson des arbres, pouillot véloce, rouge-gorge familier, troglodyte mignon. Il s’est avéré que nous aurions pu mettre la corneille noire dans les espèces moins communes, à l’extrême limite la mésange charbonnière ou le pigeon ramier. Dans certaines zones, dès qu’on sort des herbus ou des grandes cultures, la plupart de ces espèces forment les communautés les plus abondantes, notamment en zones habitées. Les localiser sur une carte de parfois plusieurs km2 est compliqué. Nous verrons, en faisant le bilan, que nous aurions pu prendre l’ensemble des espèces sur les milieux de grandes cultures (y compris les zones de fermes) au vu de la rareté ou de la localisation (fermes avec rares haies) de la plupart d’entre elles. Aucun enjeu n’est associé à ces espèces, l’objectif est de tenter de donner quelques ordres de grandeur très larges ou d’essayer de caractériser des localisations ou des effectifs à travers la baie.

Figure 1.22. Recenser rougegorges, mésanges et merles dans ce milieu en données localisées, une gageure vu le temps imparti et la surface à couvrir.

Après avoir testé quelques méthodes d’échantillonnage qui s’avèrent fastidieuses, peu agréables (nécessité de prendre la voiture) voire peu rentables, nous avons opté pour la méthode utilisée dans le Nord (Tombal, op.cit. : IKA en milieu homogène caractérisé par des paysages) puis en Normandie (Chevalier, 2014), qui semblait donner des résultats expérimentaux rendant assez bien compte des observations de terrain. Ce que nous avons testé est plutôt assimilable à des réflexions permettant de rechercher des solutions qu’à un protocole strict. Ce travail est résumé dans Textes spécifiques 4).

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Bretagne Vivante - SEPNB PROTOCOLE ESPÈCES NON « COMMUNES »

Pour la plupart des espèces, un protocole simplifié est proposé. L’ensemble de la baie (sauf les herbus, cf. protocole herbu) sera parcouru au moins 2 fois (essentiellement avril-juin) durant les 4 années de l’enquête. Ce qui veut dire que certaines zones pourront être parcourues plus de 2 fois, en fonction des besoins identifiés ou d’enquêtes en cours ou encore des trajets effectués d’une année sur l’autre et jouxtant des secteurs déjà faits. Chaque auteur de carte prend en charge un secteur imposé qu’il parcourt minutieusement le matin, une première fois plutôt entre le 25 mars et le 5 mai (espèces sédentaires ou migratrices précoces) et une seconde fois plutôt entre le 25 mai et le 5 juillet (espèces migratrices tardives ET éventuellement, détectabilité meilleure ou amélioration des indices de reproduction pour les espèces de la période précédente). Ces dates ont été respectées la plupart du temps mais pas systématiquement, pour des raisons triviales de disponibilité ou très concrètement d’économie de carburant. Nous voulions aussi tester d’autres périodes, notamment un peu plus tôt pour certaines espèces (aparté 6). Éventuellement, d’autres sorties permettent d’affiner certains points. ap. 6. Dates de recueil des données Dans le protocole français STOC (Jiguet, 2015), les espèces sont recensées par points d’écoute, à au moins 4 semaines d’intervalle, avant et après la date charnière du 8 mai. Ce 8 mai est considéré comme une date qui prend en compte avant cette date les espèces sédentaires puis les espèces migratrices. C’est une date moyenne française qui est retenue, tenant compte des variations nord-sud. Dans le cas de cette enquête, le mois de mai est peu pris en compte. Nous avons considéré avec l’expérience du terrain que plusieurs espèces migratrices tardives ne pouvaient être considérées comme réellement installées qu’à partir de fin mai voire début juin. Comme il n’y a qu’un seul passage de prévu au départ pour les migrateurs, faire trop de relevés en mai risque alors de surestimer certaines espèces ou d’en sous-estimer d’autres (arrivée tardive). Les exemples ne manquent pas, comme celui de l’emblématique rousserolle verderolle qui arrive et commence à chanter après la deuxième semaine de mai et parfois plus tard (en 2011 les chanteurs se sont installés massivement et rapidement après le 20 mai). Nous avons aussi constaté sur le terrain des arrivées de fauvette grisette dans la première décade de mai, mais peu seront réentendues par la suite. Encore plus tardivement, nous avons pu constater des passages importants d’hypolaïs polyglotte jusqu’à pratiquement fin mai, idem pour le loriot d’Europe… Des exemples qui valident le choix d’éviter au maximum le mois de mai. Ne parlons pas du pouillot fitis qui ne sera pas trouvé comme nicheur ni probable, ni certain entre 2009 et 2012 mais qui, il y a encore quelques années, était pris en compte comme nicheur probable dès qu’on avait des chanteurs à quelques semaines d’intervalle sur un site donné. Toutes les espèces, sauf les espèces dites communes (cf. protocole espèces communes), sont localisées sur le terrain le plus précisément possible sur une photocopie d’un tirage agrandi d’une carte IGN au 1/25000e au fur et à mesure de la prospection (les détails étant les bienvenus sans être indispensables, donc en option au départ, transport de matériaux, de nourriture…). Les marges des cartes sont prises en compte. À l’issue de deux sorties et en les comparants, l’auteur de la zone propose une estimation cartographiée possible (indice minimum retenu) des populations d’oiseaux « non communs » concernant la zone prospectée (fig. 1.16 : fiche de terrain finale et prise en compte). Le coordinateur valide les résultats proposés puis les enregistre sur SERENA.

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Figure 1.23. Le point de localisation est pris en compte en juin pour les rousserolles et phragmites (Vains)

L’objectif est d’avoir vu et testé le plus de zones possibles ; c’est ensuite d’avoir une distribution la plus exhaustive possible pour découvrir la distribution de chaque espèce (ou de groupe d’espèces) et son abondance approximative. On obtient des chiffres indiquant la composition et un ordre de grandeur plus ou moins grossier de chaque population d’oiseaux de cette zone. Les espèces plus rares ou discrètes sont sans doute minorées, et inversement certaines populations à forte densité sans doute majorées (aparté 7). ap. 7. Cas particulier des espèces peu communes ou à détection difficile

Nous avons convenu dès le départ qu’au moins deux sorties seraient faites sur une zone. Au cours des quatre années d’enquêtes, nous sommes repassés plusieurs fois sur certains secteurs ; comme il s’agit de placer les pièces d’un puzzle, certains secteurs jouxtent forcément des secteurs couverts une autre année. En cas d’observation d’une espèce peu commune, à dispersion clairsemée autour du site, qui n’a pas été observée l’année précédente à proximité, celle-ci est prise en compte et intégrée aux cartes. Prenons comme exemple des espèces typiques, très rares en baie, comme le pic épeichette, la mésange nonnette ou le bouvreuil pivoine ou même le grimpereau des jardins. Il en va de même pour les données collectées et localisées hors protocole (nouvelles espèces, données d’auteurs de passage…) d’espèces qui n’avaient pas été repérées sur une carte. L’exemple type est celui du héron cendré qui ne niche pas sur des cartes qui ont été couvertes en 2009 et 2010 avant qu’il ne s’installe en baie en 2011, découverte par S. Provost (2012) sur ces mêmes cartes. Il est donc évident que cette donnée essentielle, maintenant connue, est prise en compte hors protocole.

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Après une année 2009 de protocole en avril et fin mai à début juin, il s’est avéré qu’une seule sortie entre la mi-mai et la mi-juin (en tenant aussi compte de la hauteur d’eau de la marée de vive-eau de mai) suffit largement à évaluer les quelques principales espèces nicheuses lors de la première phase de reproduction, sauf la caille des blés qui reste une espèce très complexe à évaluer (fig. 1.24). La problématique spécifique « herbus » est détaillée dans un article dédié (Beaufils, 2015 a).

Figure 1.24. Carte extraite de l’article sur les oiseaux nicheurs des herbus (2009-2012) (Beaufils, 2015 a). 4.4

DES BIAIS IDENTIFIÉS L’IMITATION ET LE « PITCHING »

Pour le loriot d’Europe, l’imitation à la voix est systématiquement utilisée. Sur les sites potentiels à rousserolles (verderolle et effarvatte) et phragmites des joncs (voir textes sur ces espèces), l’efficacité du « pitching » est claire pour certains individus, sachant de plus qu’un passage à proximité d’une zone fréquentée par un chanteur suffit souvent à le faire émettre. Mais la question qui n’a pas été résolue est : répondent-ils tous ? Le pitching, que l’auteur de ce travail utilise systématiquement dès le début par habitude, n’a pas été préconisé la première année à tous. C’est en discutant de la faiblesse des résultats trouvés sur certains sites (connus) qu’il a ensuite été préconisé systématiquement en 2010. Il y a donc une sous-estimation difficile à mesurer (de l’ordre de parfois probablement 10-30 % d’après nos constatations). Néanmoins, cette sous-estimation ne change rien aux ordres de grandeurs de ces espèces sur la totalité du site. Les variations annuelles jouent aussi sans doute considérablement. LES PROBLÈMES DE CONCENTRATION : solitude, temps et surface parcourue

Presque tous les parcours sont faits seul, ceci est extrêmement important pour rester concentré. Les routes fréquentées et les zones bruyantes (proches d’une 2 x 2 voies par exemple) sont prospectées très tôt le matin ou le dimanche, notamment lors de la sortie de juin. Les parcours varient en surface et en temps passé. Après un temps passé sur le terrain, la concentration diminue, il faut donc éviter d’aller au-delà de certaines limites pour éviter de perdre trop d’informations. En moyenne, 3-5 heures sont conseillées sur le terrain, en avril de 8 h à 11 h ou 12 h et en juin de 6 h 30 à 10 h 30 ou 11 h 30. Pour les surfaces parcourues à pied, la plus petite zone de 2,3 ha (intérieur du marais de la Folie, Antrain) fut parcourue en 3 heures (mais c’était une première pénétration intra-marais qui méritait de passer du temps). En face du polder Foucault (Beauvoir), 3 km² d’herbus hauts prirent 7 heures de prospection ! Cela a été possible car il y avait des effectifs d’oiseaux relativement faibles et peu d’espèces. Les temps Les oiseaux en période de reproduction en baie du Mont Saint-Michel.

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de prospections sur herbus sont d’ailleurs les plus variables. On peut prospecter avec de l’habitude des dizaines d’hectares très rapidement sur des herbus ras avec peu d’oiseaux (200 ha par heure) et beaucoup plus lentement sur des herbus hauts (50 ha par heure, voire beaucoup moins sur certains secteurs) avec beaucoup d’oiseaux. À vélo, la plus grande surface parcourue en une matinée l’a été dans les polders ouest du Mont-SaintMichel sans haies autres que des peupliers, avec 14 km² en 5 heures lors de la première sortie. Mais en juin, il a fallu 2 sorties identiques de 5 heures pour effectuer le même parcours (2 x 7 km²), du fait de l’abondance des migrateurs présents. D’autres sorties partielles sur cette même zone (recherches spécifiques du bruant proyer) montreront les années suivantes des effectifs comparables, indiquant que la première prospection avait été suffisante malgré la surface parcourue. DES SECTEURS MIEUX PROSPECTÉS QUE D’AUTRES ?

L’œil naturaliste visualise un paysage immédiatement. Selon son expérience, cette observation de paysage raconte qu’il est sûrement riche ou pauvre en telle ou telle espèce : un catalogue défile rapidement dans la tête ! De ce fait, quand on parcourt une zone donnée, on s’attend à obtenir certains résultats. Dans le protocole qui nous occupe, c’est un écueil qu’il faut impérativement éviter, c’est-àdire consacrer la même énergie à des secteurs qui semblent pauvres qu’à des secteurs qui semblent riches, et ce sans a priori. C’est très compliqué et nous n’hésitons pas à dire que les marges du site ont été certainement moins bien prospectées que l’intérieur ou des zones humides ou des roselières, en tout cas les deux premières années (fig. 1.25).

Figure 1.25. Des secteurs moins bien prospectés en limites du site, ici l’entrée de la vallée de la Sée (Saint-Jean-de-la-Haize). LE CHOIX FINAL ARBITRAIRE DES AUTEURS ET DU COORDINATEUR

Il reste toujours des doutes sur les espèces prises en compte sur des zones jouxtant d’autres déjà recensées les années précédentes. Sur un périmètre donné, il est possible de recommencer l’opération quelques années plus tard et de compter à nouveau les contacts avec les espèces rencontrées.

Les oiseaux en période de reproduction en baie du Mont Saint-Michel.

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4.5

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EN CONCLUSION

L’enregistrement progressif des données sur la base SERENA a très vite montré des éléments nets pour de nombreuses espèces. Il y a quelques connaissances antérieures sommaires sur certains sites qui fournissent des pistes. Les résultats obtenus ne semblent à aucun moment être en totale rupture (fig. 1. 26) avec ce qui était déjà connu. Finalement, outre la version papier de terrain remise au propre, tout est enregistré sur une base localisée ou sur des fichiers Excel où les lieux sont précisément décrits (lieuxdits, parcours entre lieux-dits) : toute comparaison, vérification ou répétition est possible à court, moyen ou long terme sur une surface donnée.

Figure 1.26. La locustelle tachetée, une des cartes d’espèces les plus complexes à interpréter

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QUELQUES ÉLÉMENTS GÉNÉRAUX SUR LA BAIE DU MONT-SAINT-MICHEL

Route de Catteville, Saint-Pair-sur-Mer.

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Dans ce chapitre, nous n’allons pas nous plier à la règle de présenter, de manière complète, les généralités sur la baie du Mont-Saint-Michel. Celles-ci sont très bien exposées dans les documents cités ci-après. Nous allons donc nous contenter de poser quelques jalons en lien avec ce qui est décrit dans le chapitre 3. Nous incitons clairement le lecteur à consulter le travail considérable qu’est le DOCOB réalisé, par Mary & Vial (2009 a, b, c, d ; 2010) et pour le complément cartographique par Sellin, Mary &Vial (2009), sous la houlette du Conservatoire du Littoral (voir bibliographie complète en fin de chapitre). Cette remarquable synthèse est un travail qui permet de se documenter abondamment. Il a été diffusé largement. Un document de synthèse est consultable:http://littoral-normand.n2000.fr/les-sites-littorauxnormands/zsc-et-zps-baie-du-mont-saint-michel (Mary & Vial, 2010). Conseillons aussi par exemple le site http://www.intersage-baiedumont.fr qui propose un panel d’études et de nombreuses informations récentes et actualisées. D’autres informations sont accessibles sur www.donnees.normandie.developpement-durable.gouv.fr L’ouvrage Collectif (2008), de Sainte-Anne au Mont-Saint-Michel, marais et polders de la baie, est une lecture extrêmement profitable. Cet ouvrage retrace, pédagogiquement, le passé ancien d’une partie de la baie et la construction des polders surtout depuis le XIXe siècle.

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UN PAYSAGE EN MOUVEMENT

Le site internet GéoBretagne http://geobretagne.fr/sviewer/dual.html permet de comparer directement les photos aériennes de différents secteurs en 1949 et en 2014. La zone prenant appui sur la Poultière (Roz-sur-Couesnon) (fig. 2.1) a été modifiée et gagnée sur la mer depuis les années 1750. Une première digue, prolongeant l’ancienne digue de la Duchesse-Anne (SaintBroladre), est construite puis une seconde lors des poldérisations du XX e siècle. Le site a évolué du sud au nord en environ deux siècles : gain de terre sur le marais ou la mer.

Figure 2.1. Zone de la Poultière (Roz-sur-Couesnon) : extrait de la carte IGN au 1/25 000e (à gauche), photographies aériennes de 1949 (au centre) et de 2014 (à droite). (sources : Scan25, IGN 2017 / BD ORTHO® Historique, IGN 2011 / GeoBretagne & e-Megalis 2011-2015)

Un changement d’échelle permet de constater que, si les usages agricoles sont similaires de part et d’autre de la digue dans les années 2010, il en va tout autrement en 1950 (fig. 2.2).

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Figure 2.2. Zoom sur le lieu-dit Palluel (Roz-sur-Couesnon) : photographies aériennes de 1949 (à gauche) et de 2014 (à droite). (sources : BD ORTHO® Historique, IGN 2011, GéoBretagne & e-Megalis 2011-2015)

En 1950, dans les zones anciennes de polders, on continue de cultiver des pommiers (petits points noirs sur la photographie aérienne de 1949). Ils sont plantés surtout à la fin du XIX e siècle, jusqu’aux années 1960 où une campagne d’arrachage massif met un terme à cette « tradition » de moins d’un siècle. Toute la baie, hors polders du XXe siècle, est une immense pommeraie. On évoque même en 1908 dans le journal du Dolois une « mer de pommiers » (in Joret et Mauxion dans Collectif, 2008). Dans les polders gagnés sur la mer dans les années 1900 à 1930, on ne plante pas de pommiers ; on pratique des grandes cultures variées (blé, maraîchage, prairies) jusqu’aux années 1960. Un parcours à travers le site et ses abords sur le site GéoBretagne suffit à convaincre les plus rétifs que le paysage agricole actuel du côté de l’Ille-et-Vilaine, ne peut, sur sa plus grande surface, être comparé actuellement à celui des années 1950-1960 sur beaucoup de plans et en particulier sur celui de l’ornithologie, au moins dans ce secteur de vastes pommeraies. La figure 2.3 présente une photo prise en 2013. Cette image tente de proposer une vue de ce que pouvait être le site (hors marais) en 1950 : peu de chance d’y observer l’alouette des champs par exemple, ou toutes les espèces associées aux milieux ouverts, y compris celles des zones à roselières. Sans doute y avait-il beaucoup d’autres espèces, mais, à part les plus communes peut-être, en faire une liste exacte serait impossible.

Figure 2.3. Un aperçu (Mont-Dol) de ce que devait être le paysage des années 1950 à l’ouest des polders ?

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Figure 2.4. Biez du Milieu (Roz-Landrieux) dans les marais de Dol.

Dans les marais, où on ne peut cultiver de pommiers, le parcellaire agricole a peu changé dans le marais de Dol (fig. 2.4). Les linéaires de peupliers sont plantés après 1950 dans ce secteur (fig. 2.5).

Figure 2.5. Une partie du marais de Dol-de-Bretagne (au sud) et une zone hors marais près du lieu-dit les Rosières à La Fresnais (au nord) en 1949 (à gauche) et en 2014 (à droite). (sources : BD ORTHO® Historique, IGN 2011, GéoBretagne & e-Megalis 2011-2015)

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Ce regard sur les paysages d’antan a aussi révélé une petite particularité sur le site du marais de la Folie (Antrain). La consultation du cadastre napoléonien de 1823, puis des photographies aériennes de 1949 et de 2014 (fig. 2.6), montre que le site n’a pas subi de modifications majeures depuis 1823. Ceci est sans doute dû au petit nombre de propriétaires du marais depuis deux siècles. Le travail réalisé tente de s’appuyer sur les données anciennes mais nous ne pouvons remonter, pour de rares espèces, qu’aux années 1970, comme pour le bruant proyer ou les oiseaux marins, et pour certains milieux aux années 1980, avant d’avoir quelques rares documents sur des entités plus vastes, comme les marais de la Claire-Douve ou de Dol-Châteauneuf, dans les années 1990. Nous échappent donc, entre autres, les années cruciales de 1950 à 1960 d’arrachage des pommiers, de mécanisation, voire d'électrification et les années 1960 à 1970 marquées par la destruction de haies, la réduction drastique des marais, l’apparition du maïs et la disparition de prairies permanentes des polders (Legrand, 1995 dans Lefeuvre, Mouton & Mauxion, 2009). L’ensemble de ces changements radicaux va faire que des hommes, souvent nés après la guerre et qui ont 20 ans dans les années 19501960, vont commencer à prendre conscience des destructions opérées et à regarder les modifications subies par la faune et la flore. Nous ne connaîtrons donc jamais vraiment les modifications occasionnées sur de grandes surfaces, même si nous les soupçonnons. Depuis les années 1970-1980, on détruit moins les grands sites naturels et les zones humides faisant l’objet de classements. Nous commençons à en prendre plus soin. Nous verrons que ceci se traduit localement dans ce rapport par des stabilités ou des augmentations, finalement étonnantes, de certaines espèces sur 20 à 30 ans.

Figure 2.6. Marais de la Folie (Antrain) : cadastre napoléonien (en haut), photographies aériennes de 1949 (au centre) et de 2014 (en bas). (sources : Archives départementales d'Ille-et-Vilaine / BD ORTHO® Historique, IGN 2011 / GeoBretagne & e-Megalis 2011-2015)

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LE TERRITOIRE ÉTUDIÉ 2.1

LES LIMITES DU SITE D’ÉTUDE

La question de la délimitation du territoire étudié n’est pas une question triviale. Selon les auteurs ou les classements, les limites varient beaucoup. Par exemple, Luginbühl (1999) décrit une baie différente (fig. 2.7) de celle que nous proposons. L’arrière-pays, d’où l’on voit le Mont-Saint-Michel, est pris en compte surtout à l’est. La partie falaise de Carolles-Granville, comme souvent à la fin des années 1990, n’est pas intégrée à la baie dans les études sur l’avifaune.

Figure 2.7. Les grands paysages de la baie et leur limite, d’après les croquis de Y. Luginbühl (1999), Mission Mont-Saint-Michel, repris par A. Chapuis.

Nous avons considéré une « baie ornithologique » en fonction des espèces limitant objectivement le site mais aussi en fonction de l’altitude (sauf falaises maritimes bordant le site) et des espèces fréquentant les marais. Par exemple, les échanges entre la mare de Bouillon (Jullouville) et la baie du Mont-SaintMichel maritime sont indubitables, notamment pour les anatidés. Au niveau maritime, l’espèce de ver marin récifal hermelles (Sabellaria alveolata) est présente des Hermelles à l’ouest à Granville. Cette espèce caractérise les limites du site du côté maritime, étant quasiment absente (en tout cas pas en biorécifs imposants) hors des limites de la baie. Pour les limites terrestres, c’est l’ensemble des données expérimentales obtenues sur 4 années qui a permis de proposer cette délimitation. Pour simplifier, nous considérons qu’au moins 3 espèces d’oiseaux (fig. 2.8) permettent de borner la baie du Mont-Saint-Michel par leur absence intra-site : le pipit maritime en délimite les extrémités nord, le grimpereau des jardins et la sittelle torchepot en délimitent les intérieurs à de rares exceptions près (fig. 2.9). Ensuite, des espèces absentes (ou exceptionnelles) de l’intérieur des terres ne sont présentes que dans les délimitations proposées (bergeronnette printanière, rousserolles, phragmite des joncs, gorgebleue à miroir…) : elles caractérisent ce vaste espace. Les textes spécifiques entreront dans le détail de manière approfondie.

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Figure 2.8. Délimitation de la baie du Mont-Saint-Michel par quelques espèces d’oiseaux.

Figure 2.9. Le haut du Mont-Dol est le seul site atypique, à végétation arborescente, à pouvoir accueillir simultanément le grimpereau des jardins, la sitelle torchepot et le roitelet à triple-bandeau.

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2.2

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AU-DELÀ DES LIMITES DE NATURA 2000

Environ 300 km² de zone terrestre ont été cartographiés. Ce territoire fait partie de 56 communes (fig. 2.10) dont une partie en Normandie et une autre en Bretagne. Nous avons intégré la limite terrestre des zones cartographiées (ligne noire). Elle correspond à peu près aux limites biologiques de l’avifaune (voir § 2.1) que nous proposons.

Figure 2.10. Les communes du territoire d’étude

Sur les 300 km² prospectés, environ 50 à 60 km² recouvrent des villes, bourgs, hameaux, fermes, dont l’avifaune n’a pas de lien direct avec les milieux humides ou les grandes cultures. Seulement 240 à 250 km² concernent des milieux où des espèces sont en lien avec le paysage traditionnel des dernières décennies. Ces 240 à 250 km² englobent environ 100 km² terrestres intégrés dans Natura 2000 (fig. 2.12), mais 100 à 150 km² en sont exclus (fig. 2.11).

Figure 2.11. Secteur de roselières et de canaux à proximité du Mont-Dol, en dehors du site Natura 2000.

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Les limites des sites Natura 2000 (Directives Habitats et Oiseaux, Z.P.S.) tiennent compte seulement en partie d’un certain nombre de véritables limites biologiques dans la partie terrestre. Nous démontrons par les résultats de cette étude que plusieurs secteurs n’ont pas été pris en compte tout simplement par manque de prospection ancienne ou récente. Ceci est lié à des choix arbitraires, le plus souvent historiques, lié à l’histoire des associations et aux choix de prospections individuelles ou collectives. En dehors des milieux urbanisés, il serait bien difficile à beaucoup d’entre nous, en arpentant le secteur situé entre les polders classés en Natura 2000 et les marais de Dol-Châteauneuf classés en Natura 2000 (zones grise entre 2 zones de vert-clair, fig. 2.12), de distinguer des différences sur le fond entre les paysages (mais aussi les oiseaux qui fréquentent ces secteurs) de ces deux zones classées et non classées. D’autant qu’entre ces deux secteurs, il y a des sites en bien meilleur état et beaucoup plus peuplés, en saison de reproduction, que les polders classés. Parfois, on y trouve des espèces inscrites à l’annexe I de la directive européenne « Oiseaux », en tout cas toujours des espèces paludicoles et plusieurs espèces classées vulnérables de la liste UICN (2011) ou les listes rouges régionales bretonne (2015) ou normande (Debout, 2012).

Figure 2.12. Les différentes parties de la Zone de Protection Spéciale (ZPS) de la baie du Mont-Saint-Michel

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2.3

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LES GRANDS ENSEMBLES PAYSAGERS

Les grandes lignes de l’exploitation humaine des territoires de la baie du Mont-Saint-Michel sont réalisées (fig. 2.13, fig. 2.14) rapidement : en incluant la couche « tissu urbain » (hors zones agricoles) de Corine Land Cover puis celles du « maïs », du « blé » et du « maraîchage » du Registre Parcellaire Graphique (RPG), la majorité du territoire est couverte. En ajoutant les herbus (gris-vert) et les marais (bleu), le territoire est alors presque entièrement couvert. Il reste les zones en gris qui sont essentiellement des prairies de pâtures (est du site), quelques landes côtières (Carolles et Cancale), des vergers (Dol-de-Bretagne) et des boisements, notamment des peupleraies (sud-ouest).

Figure 2.13. Principaux types d’activités agricoles : maïs (à gauche), blé (au centre), maraîchage (à droite).

Au sud, l’agriculture est peu diversifiée, très liée au blé et au maïs, ainsi qu’au maraîchage dans les polders. À l’est, elle est plus liée à l’élevage (zones grises), mais sur des surfaces limitées. Dans les herbus, l’élevage d’ovins et de bovins est pratiqué ainsi que de la fauche.

Figure 2.14. Parcellaire des unités principales, d’après Corine Land Cover et le RPG (sources : © UE – SoeS 2012 / ASP 2014)

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2.4

QUELQUES SITES PARTICULIERS

2.4.1

LES ÎLOTS DE LA BAIE DE CANCALE

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Trop petits pour être vus à petite échelle (fig. 2.15), les îlots de la baie de Cancale jouent pourtant un rôle important. Ils sont les lieux d’accueil, avec l’îlot de Tombelaine (Genêts), des principales colonies d’oiseaux marins nicheurs. Bien qu’inclus dans la zone d’étude, ces sites sont en partie indépendants du reste de la baie. Les populations de ces îlots sont certainement plus en lien avec les autres îlots d’Ille-etVilaine, situés plus à l’ouest, ou l’archipel de Chausey (Granville) au large. Les eaux y sont claires contrairement à celles turbides de la baie. Une espèce comme le cormoran huppé entre rarement en baie. Les espèces, notamment de passereaux, pour la plupart banales (à l’exception du pipit maritime), qu’on y rencontre sur la zone côtière de Cancale ne sont pas vraiment en lien avec les espèces typiques du site (marais, canaux, grandes cultures, herbus).

Figure 2.15. Le secteur de Cancale et les îlots de la côte ouest 2.4.2

DES MARAIS

Les marais sont considérés comme primordiaux en matière d’environnement. Beaucoup d’entre eux sont classés et intégrés à la zone Natura 2000. Les raisons de leur intégration sont liées à la richesse faunistique et parfois floristique. Tous présentent des caractéristiques très différentes. Chacun a aussi des potentialités différentes. Dans un premier temps, nous décrivons succinctement les marais classés. Nous tenterons ensuite de définir des secteurs non classés mais qui, pourtant, nous semblent mériter attention. Le manque de prise en compte est certainement lié au fait que ces marais ne recèlent essentiellement que des passereaux (nous employons volontairement la forme péjorative). Les laro-limicoles et les canards en sont quasiment absents. De ce fait, personne n’a envisagé que ces marais pouvaient jouer un rôle important. Ces marais sont aussi parfois potentiellement des zones très favorables, mais malmenées, et ils n’expriment pas forcément leurs potentialités qui sont pourtant réelles.

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LES MARAIS DANS LE PÉRIMÈTRE NATURA 2000 Le marais de Châteauneuf d’Ille-et-Vilaine Ce marais a été renommé en 2017 marais noir de Saint-Coulban : nous gardons l’ancienne appellation dans l’ensemble de ce document pour éviter toute confusion par rapport à la bibliographie.

Ce marais, d’une surface d’environ 1 000 ha, est situé sur quatre communes. Il a été repéré dès le début des années 1980 et véritablement réhabilité sur 300 ha en marais fonctionnel (non chassé) par la Fédération des Chasseurs d’Ille-et-Vilaine, à partir de la fin des années 1990 avec le soutien de la Fondation pour la Protection des Habitats de la Faune Sauvage et de celui du projet W.A.T.E.R. (Wettedlands : the Assessment, Techniques and Economics of Restoration) en 2009. C’est la plus efficace restauration de milieu privé qui a été mise en œuvre en baie ces trente dernières années. Le site est très isolé pour qu’il garde sa quiétude (fig. 2.16). Les principales espèces nicheuses sont les espèces paludicoles (rousserolles, bruant des roseaux, bouscarle de Cetti), les ardéidés et les espèces de prairies (vanneau huppé, bergeronnette printanière).

Figure 2.16. Marais de Châteauneuf d’Ille-et-Vilaine : la fédération des chasseurs d’Ille-et-Vilaine protège ce site avec grande efficacité.

Le bois d’épicéa situé à l’est du marais (fig. 2.17) a été supprimé en 2015. Il s’agit de le remplacer par une roselière dans le cadre des mesures compensatoires liées à la destruction de la roselière du Couesnon (Mont-Saint-Michel). Si cela se réalise, ce marais devrait encore gagner en valeur.

Figure 2.17. Le marais de Châteauneuf d’Ille-et-Vilaine

Les oiseaux en période de reproduction en baie du Mont Saint-Michel.

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Le marais de Dol Ce marais de plus de 1 000 ha est constitué de quelques prairies et surtout, de champs de maïs et de blé, ainsi que de peupleraies. Son intérêt réside dans les nombreux canaux bordés de roselières qui le parcourent. Il se ferme fortement dans la partie sud et continuera à se fermer (fig. 2.18) là où il y a de nombreuses plantations de peupliers qui deviendront adultes de grande taille.

Figure 2.18. Plantations récentes de peupliers au sud du marais de Dol : elles se multiplient ces dernières années (Roz-Landrieux).

De nombreuses roselières sont devenues inutilisées et inutilisables par les oiseaux paludicoles car, soit elles sont coupées trop régulièrement et les oiseaux ne s’installent pas, soit les bordures de canaux sont colonisés par des saulaies ou bordés de plantations de peupliers. Ces arbres ou arbustes sont de véritables repoussoirs pour la plupart des espèces paludicoles (fig. 2.19).

Figure 2.19. La roselière sous peuplier, peu utilisée par les paludicoles (Roz-Landrieux). Les oiseaux en période de reproduction en baie du Mont Saint-Michel.

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Au nord, ce sont d’immenses champs cultivés avec de rares haies (fig. 2.20). À l’extérieur du marais, le secteur est moins humide et plus densément habité (fig. 2.21). Le mitage risque, en quelques décennies, de faire que cet espace finisse par être assez urbain sur son pourtour.

Figure 2.20. Le marais de Dol : de vastes prairies, du maïs et des canaux (la Fresnais).

Figure 2.21. Le marais de Dol

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Les marais de la vallée du Couesnon Il est beaucoup question dans les textes spécifiques du marais de Sougéal (177 ha de marais communal et 130 ha de marais privé) et de la Folie à Antrain (172 ha). Plusieurs écrits récents concernent ces deux marais. Ce sont des zones de nidifications importantes pour les anatidés et les rallidés, notamment par les présences d’espèces rares comme la sarcelle d’été, le fuligule milouin ou le râle d’eau. Il est moins question du marais du Mesnil à Pleine-Fougères (190 ha) qui présente un intérêt moindre en l’état des connaissances (marais peu fréquenté de l’intérieur) au moment de la saison de reproduction. Le marais d’Aucey-la-Plaine (130 ha) est aussi d’un intérêt médiocre en période de reproduction (fig. 2.22). Le marais de Boucey à Pontorson (160 ha) présente sans doute parmi les densités les plus fortes de passereaux nicheurs communs, dont certains aussi moins communs. La structure du marais est marquée par un linéaire très dense de saules têtards entrecoupés de prairies, dont certaines semblent en bon état et assez riches en espèces végétales.

Figure 2.22. Le marais d’Aucey-la-Plaine, des linéaires de saules têtards peu entretenus de nos jours, entrecoupés de prairies.

Une réflexion est largement engagée depuis plus de 20 ans sur le marais de Sougéal (fig. 2.23), classé en Réserve Naturelle Régionale depuis 2006. Le marais de la Folie a été acheté en 2012 par le Conseil Départemental d’Ille-et-Vilaine. Il devrait bénéficier assez rapidement de mesures de gestion. Pour le moment, dans les marais privés du Mesnil, de Boucey et d’Aucey-la-Plaine, il ne semble pas y avoir de plan de gestion « oiseaux ». L’ensemble de ces marais forme un très bel ensemble très varié (fig. 2.24) ; il est même prolongé au sud d’Antrain (hors limites).

Figure 2.23. Le marais de Sougéal : ce marais est surveillé et étudié depuis plusieurs décennies.

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Figure 2.24. Les marais de la vallĂŠe du Couesnon

Les oiseaux en pĂŠriode de reproduction en baie du Mont Saint-Michel.

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Le marais du Vergon (Vains-Bacilly) C’est un marais privé de plus de 160 ha, situé sur les communes de Vains et de Bacilly (fig. 2.25 et 2.26). Il est entretenu tout à fait correctement depuis des décennies par les propriétaires chasseurs pour la plupart. Il est difficile d’approche. Il est sans doute, en 2012, l’un des marais les moins connus de la baie du Mont-Saint-Michel, notamment en période de reproduction. D’après les connaissances acquises jusqu’en 2012, il y niche l’ensemble des espèces paludicoles classiques que l’on peut trouver sur l’ensemble du site (rousserolles, bruant des roseaux, phragmites des joncs) mais aussi des rallidés et des anatidés. Depuis 2014, une réflexion est engagée, elle doit aboutir à un plan de gestion : une étude ornithologique plus précise (hors période de l’étude) a été réalisée en 2013-2014 (Provost et al, 2014).

Figure 2.25. Carte des habitats du marais du Vergon (d’après Sellin, Mary & Vial, 2009)

Figure 2.26. Les abords du marais du Vergon sont bocagers.

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Le marais de la Claire-Douve C’est un marais d’environ 120 à 130 ha (fig. 2.27 et 2.28). Il est situé sur 3 communes : Saint-Jean-leThomas, Dragey-Ronthon et Genêts. Ses populations d’oiseaux sont observées depuis les années 1970, mais irrégulièrement dans le temps, par les ornithologues du GONm. L’achat et la gestion d’une large partie du marais par le Conservatoire du Littoral (gestion Symel) et la restauration des roselières impliquent une évolution très positive de ce marais pour les oiseaux paludicoles. Néanmoins, il a tendance à se fermer sur presque la totalité de son pourtour (saulaie). Ce marais a bénéficié d’une étude sur plans quadrillés en 1992 et 1993 (Desgué, 1994) ; ceci permet des comparaisons, presque à l’hectare près, à vingt ans d’intervalle (tab. 2.1, Beaufils et Provost, non publié), avec les travaux de 2010 : c’est le seul cas connu pour un espace de plus de 100 ha, pour toutes les espèces d’oiseaux, sur l’ensemble de la baie du Mont-Saint-Michel ! C’est pour cette raison que nous produisons donc ici les résultats comparatifs globaux. Tableau 2.1. Statut de quelques espèces dans le marais de la Claire-Douve en 1992-1993 et en 2009-2012 Espèces

1992-1993

2009-2012

Remarques

Bruant proyer Pipit farlouse Caille des blés Pigeon colombin Bergeronnette flavéole Bruant jaune Chouette hulotte Loriot d’Europe Serin cini Grèbe castagneux Râle d’eau Épervier d’Europe Pie-grièche écorcheur Pic épeiche Pic vert Faucon hobereau Buse variable Bouscarle de Cetti Cisticole des joncs Rousserolle verderolle Tadorne de Belon Héron cendré Pipit des arbres Phragmite des joncs Rousserolle effarvatte

1 couple 1 couple nicheur possible 1 couple 1 couple 3 couples 1 couple nicheur possible noté 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 quelques-uns quelques-uns

0 0 0 0 0 0 0 0 0 nicheur probable (a) nicheur possible (a) nicheur possible (a) 1 1 1 nicheur possible 1 10 4-5 3-4 5+ a (Provost, 2012) a x10 x10

ouverture du milieu non suffisante ? ouverture du milieu non suffisante ? de passage sans doute espèce retrouvée en 2013 plus d’espace assez ouvert une baisse dans le secteur côtier pas de prospections nocturnes années 2000 peu commun sur ce secteur sans doute marges conifères un site possible espèce complexe observations régulières probablement disparue en 2015 (1 couple) à l’unité à l’unité à l’unité à l’unité autour de 10 variable (hiver froid) <10 peut-être une dizaine avec zone de dunes < 10 à l’unité en dizaines <100 en dizaines <100

a : espèce nouvelle trouvée hors protocole en 2009-2012

Le tableau 2.1 montre une évolution plutôt positive des espèces de milieux plus fermés et de roselières et une évolution plutôt négative des espèces de milieu ouvert (mais en réalité déjà peu représentées dans les années 1990). La huppe fasciée a été présente sur le site en 1975 (maximum 3 couples), elle a disparu du site dans les années 1980 comme de l’ensemble de la façade ouest du département de la Manche. Un couple de chouette chevêche a été observé en 1989 ou 1990 sur ce site, une des rares observations du secteur.

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Figure 2.27. Carte des habitats du marais de la Claire-Douve (d’après Sellin, Mary et Vial, 2009)

Figure 2.28. Le marais de la Claire-Douve à Saint-Jean-le-Thomas, une zone qui est en eau presque toute l’année

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La mare de Bouillon D’une surface de près de 150 ha (fig. 2.29) avec les marais annexes (vallée du Thar jusqu’à Lézeaux), la mare de Bouillon (Jullouville), est une des seules zones importantes d’eau douce libre du département de la Manche. Elle est entourée d’un réseau dense de peupleraies plantées par son ancien propriétaire. Les roselières rivulaires s’y expriment, un peu contrariées par les zones arborées ou arbustives (saules) bordant entièrement le site (fig. 2.30). Longtemps privé et difficile d’accès, ce marais a été racheté en 2011 par le Conservatoire du Littoral. Jusqu’en 2012, la connaissance ornithologique est donc surtout concentrée sur les anatidés hivernants et migrateurs (visibilité du site des hauteurs de Bouillon à Jullouville). Nous bénéficions d’informations ornithologiques disparates (GONm) sur ce site depuis les années 1970. Ces informations éparses semblent néanmoins en accord avec ce qui a ensuite été trouvé sur le site en y pénétrant : il n’y a pas eu de véritable surprise. La nidification reste relativement peu connue encore en 2013. Quelques éléments sont disponibles uniquement sur le cours terme, notamment sur les passereaux.

Figure 2.29. Carte des habitats de la mare de Bouillon et la vallée du Thar (d’après Sellin, Mary & Vial, 2009)

À l’est du site, la vallée du Thar présente quelques intérêts, notamment à l’extrême est à Lézeaux (Jullouville), où une roselière a été restaurée par un propriétaire privé. Après son rachat par le Conservatoire du Littoral, l’ensemble de ce site devrait un jour bénéficier d’un plan de gestion.

Figure 2.30. Une partie de la vallée du Thar aux abords de la mare (Jullouville).

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LES MARAIS OUBLIÉS ? Il n’est pas question ici d’en faire une liste exhaustive, car il y a au moins une dizaine de sites de 10 à 150 ha sur les 300 km2 parcourus. Nous allons nous contenter d’en citer deux parce que la gorge-bleue à miroir (outre un grand nombre d’espèces intéressantes), espèce inscrite à l’annexe I de la directive européenne « Oiseaux », y a niché en 2012 (2 couples à Saint-Broladre et 3 au du Mont-Dol). Le marais entre Dol-de-Bretagne et le Mont-Dol Ce marais d’une surface de 150 ha environ (fig. 2.31) est coupé en deux par la voie de chemin de fer Dol-de-Bretagne – Saint-Malo. Il est composé de prairies humides et de cultures entrecoupées de canaux. Il est régulièrement inondé l’hiver. Il peut accueillir des limicoles, vanneau huppé, pluvier doré. Au printemps, un linéaire important de roselières pousse le long des canaux (fig. 2.32). Toutes les espèces paludicoles classiques sont représentées par au moins un couple ; la bergeronnette flavéole niche dans les zones de blé. Le traquet pâtre peut être qualifié d’abondant. Aux abords du site on trouve la plupart des fauvettes, dont l’hypolaïs polyglotte, mais aussi au sud la rousserolle verderolle (3 chanteurs en 2012). Les potentialités du site sont, a priori, importantes.

Figure 2.31. Le marais du Mont-Dol (source : GeoBretagne & e-Megalis 2011-2015)

Figure 2.32. Une partie du marais entre le Mont-Dol et Dol-de-Bretagne.

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Le marais entre Saint-Broladre et Cherrueix Cette zone de marais est d’une surface de 150 ha environ (fig. 2.33). Le marais est rarement inondé l’hiver sauf en cas de très fortes précipitations. Au nord, près de la Juglandière (Cherrueix), on se demande encore comment ce réseau de haies à ormes (Ulmus campestris) a pu être sauvegardé… On rencontre de ci de là ce genre de milieu dans le sud de la baie. Autours, ce sont beaucoup de cultures, notamment de blé. Le bruant jaune et la bergeronnette flavéole y nichent. De nombreux canaux, avec plus ou moins de roselières, accueillent l’ensemble des espèces paludicoles caractéristiques de la baie, mais de manière moins importante que près du Mont-Dol.

Figure 2.33. Le « marais » sous Saint-Broladre (source : GeoBretagne & e-Megalis 2011-2015)

Du barrage de la caserne à l’anse de Moidrey : Nous ne pouvions finir ce travail en 2018 sans discuter du cas de ce secteur, qui commence à avoir des allures de marais à multiples endroits. Quand le flot de la marée a pu recommencer à circuler dans le Couesnon à la fin des années 1990, des espaces de roselières ont ensuite prospéré en bordure de celuici au cours des années 2000. Cette roselière a dû être détruite en partie pour finaliser les travaux de restauration du caractère maritime du Mont-Saint-Michel. Ceci a fait l’objet de mesures compensatoires. Depuis 2012 (donc après notre étude de terrain), les modifications opérées dans le secteur (parking du Mont- Saint-Michel, zone rivulaire du Couesnon, anse de Moidrey) ont commencé à provoquer une véritable révolution : les gains sur l’avifaune apportés par ces mesures compensatoires ont été considérables au point qu’il faudra reconsidérer pour certaines espèces, surtout les paludicoles et clairement la rousserolle effarvatte, l’interprétation des textes futurs qui prendront en considération l’ensemble de la baie du Mont-Saint-Michel. Les effectifs ont pu fortement progresser grâce au développement en de multiples sites de la roselière. Il y aura donc un « avant » les travaux de restauration au Mont-Saint-Michel et un « après » les travaux de restauration au Mont-Saint-Michel, d’autant que les mesures compensatoires sur d’autres sites sont loin d’avoir toutes été mises en œuvre. Les développements les plus spectaculaires étant postérieurs à 2013, ils ne seront pas ou peu évoqués dans ce travail.

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Groupe Ornithologique Normand 2.4.3

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DES CANAUX

Les réseaux de canaux sont impressionnants. Nous avons isolé une petite zone entre la chapelle SainteAnne et Saint-Broladre (fig. 2.34). Plusieurs dizaines de kilomètres de canaux sont visibles, mais beaucoup sont inutilisables par l’avifaune paludicole : - il y a donc beaucoup de canaux (fig. 2.35) ; - il y a de fortes potentialités pour les espèces paludicoles et de bords de cultures (bruant jaune par exemple) ; - par des entretiens annuels trop intensifs, le potentiel n’est pas réalisé, ou seulement de façon très marginale sur quelques zones témoins. Tout le vaste secteur de l’ouest du Mont-Saint-Michel à Saint-Méloir-des-Ondes est ainsi sillonné de canaux (sans doute au moins des dizaines de kilomètres) dont une grande partie n’est pas utilisable actuellement par les oiseaux nicheurs.

Figure 2.34. Canaux entre Saint-Broladre et la Chapelle Sainte-Anne. (Sources : GeoBretagne & e-Megalis 2011-2015 / BD TOPO® IGN 2017)

Figure 2.35. Un grand canal (ceinture nord) dans le marais de Dol.

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Groupe Ornithologique Normand 2.4.4

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DES POLDERS RÉCENTS

Les polders récents (1885-1933) sont caractéristiques de la partie ouest du Mont-Saint-Michel (fig. 2.36). Dans les années 1950, ils étaient constitués « de prairies permanentes et de nombreuses parcelles étaient bordées de haies. Dans les années 1950-1960, la mécanisation agricole et l’électrification (perte d’intérêt pour le bois) se traduisent par des arasements de haies arbustives. À l’inverse, le peuplier, qui fait l’originalité des polders actuellement, continue sa progression » (Legrand in Lefeuvre et al, op.cit.). Gagnés sur le marais au sud ou la mer au nord depuis 1885 jusqu’aux années 1930, les polders sont donc actuellement cultivés en maïs, blé, on y pratique aussi le maraîchage. Nous verrons (voir textes spécifiques et conclusions) que ces polders présentent une diversité globale faible, bien qu’originale, mais que leurs modalités d’exploitation actuelle en font de véritables déserts ornithologiques mais aussi botaniques et entomologiques sauf marginalement (obs. pers.). Nous montrons ici une carte (fig. 2.36) où l’on distingue au centre le filament arboré (vert) de la digue de la Duchesse-Anne qui traverse les polders. Ce boisement, très isolé au milieu de grandes cultures, présente une avifaune originale (voir textes spécifiques, par exemple de la fauvette à tête noire). Des fermes sont construites et disséminées sur le site. Le traitement paysager des abords de ces fermes, de très minéral à arboré, détermine en grande partie la diversité des espèces d’oiseaux liées à la proximité de l’homme (voir moineau domestique par exemple). Les haies, de peupliers essentiellement, ont été dessinées sur la carte.

Figure 2.36. Une partie des polders récents

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Groupe Ornithologique Normand 2.4.5

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DES HERBUS

D’une surface de 42 km², les herbus (fig. 2.37) sont parmi les plus vastes d’Europe. À la zonation de la végétation en fonction de la durée et de la fréquence des submersions marines, s’ajoutent des pratiques agricoles variées (pâturages ovin, bovin et équin ; fauche), des aménagements comme les gabions, une absence d’exploitation parfois. Tout ceci concourt à une grande variété de conditions (fig. 2.38, fig. 2.39). Un article sur les oiseaux nicheurs des herbus a été publié dans la revue « Le Cormoran » (Beaufils, 2015), il est accompagné d’une bibliographie conséquente.

Figure 2.37. Les différents herbus de la baie du Mont-Saint-Michel (source CBNB, 2008)

Figure 2.38. Fenaison sur un herbu situé à l’ouest du Mont-Saint-Michel…après la mi-juillet.

Figure 2.39. Une mare des aménagements de la réserve de chasse située à l’ouest du Mont.

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2.5

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CONCLUSION

La carte des habitats qui a été retenue pour représenter la répartition des espèces est présentée ci-dessous (fig. 2.40). Nous avons décidé de présenter une occupation des sols en neuf classes.

Figure 2.40. Carte simplifiée des milieux

Sur ces neuf habitats, trois concernent des petites surfaces, les îles et îlots, les landes sur falaise et les boisements (essentiellement des peupleraies). Les autres habitats occupent l’essentiel du site avec plusieurs milliers d’hectares pour chacun (tab. 2.2). Il n’y a que quelques centaines d’hectares qui n’ont pu être prospectés, notamment au nord de Dol-deBretagne. Ils sont surtout composés de très grandes cultures avec peu de canaux ou encore un verger de 15 ha.

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Tableau 2.2. Surface prospectée par grand type d’habitat Habitats Surface (ha) Surfacea (km²) Remarques Cultures hors polders récents Polders récents (1850-1934) Herbus Bourgs, hameaux + tissus habitat rural « Bocages » Marais « Boisements »

11 484 4 310 4 283

115 43 43

3 166

32

3 110 2 771 517

31 28 5

Landes sur falaise Île, îlot et rocher Total

90 15 29 746

1 0,15 297

La plus grande surface Env. 3 000 ha utilisables par les nicheurs 1 665 ha de bourgs et hameaux et 1 500 ha de tissus « habitat rural » Peu sont véritablement des bocages Zone Natura 2000 uniquement Dont peupleraies surfaciques (hors linéaire) et rares feuillus ou conifères Falaises de Carolles et de Cancale Colonie d’oiseaux marins Près de 300 km² parcourus

a : surface arrondie

Cette description est donc succincte. Elle donne quelques grandes lignes directrices. Les compléments d’informations se feront dans les textes spécifiques. Les éléments bibliographiques qui suivent sont synthétiques mais permettent d’accéder à des informations beaucoup plus importantes, que nous laissons au lecteur le soin de découvrir. BIBLIOGRAPHIE SPÉCIFIQUE Beaufils M., 2015. Les oiseaux nicheurs des herbus de la baie du Mont-Saint-Michel (2009-2012) : une tentative d’expliquer la répartition des principales espèces nicheuses ; une réflexion sur les enjeux. Le Cormoran, 19 (80) : 43-56. Collectif, 2008. De Sainte-Anne au Mont-Saint-Michel. Marais et polders de la baie. Communauté de commune Baie du MontSaint-Michel. Porte de Bretagne : 103 p. Debout G., 2012. Liste rouge des oiseaux de Basse-Normandie, GONm : 76 p. Desgué P., 1994. Intérêt ornithologique du marais de la Claire-Douve (communes de Saint-Jean-le-Thomas, Dragey et Genêts ; département de la Manche). Groupe Ornithologique Normand pour le Conservatoire du Littoral doc polycopié : 21 p. Legrand I., 1995 dans Lefeuvre J.-C., Mouton J.-P., Mauxion, A., 2009. L’histoire de la baie du Mont-Saint-Michel et de son abbaye. Éditions Ouest-France : p.206 Bretagne Environnement (coord.), Bretagne Vivante, ONCFS, LPO, GEOCA, 2015.Liste rouge régionale & Responsabilité biologique régionale Oiseaux nicheurs & Oiseaux migrateurs de Bretagne. Liste rouge régionale réalisée selon la méthodologie et la démarche UICN, validée par le CSRPN de Bretagne le 11 juin 2015, 9 p. Luginbühl Y., Cros Z., Berki O. & Raymond R., 1998. Les paysages de la baie du Mont-Saint-Michel. Projet de rétablissement du caractère maritime du Mont-Saint-Michel. Mission Mont-Saint-Michel. Rapport unité mixte « Dynamique sociale et recomposition des espaces ». CNRS Université de Paris I, Paris VIII, Paris X : 128-129 Mary M. & Vial R., 2009 a. Document d’Objectifs Natura 2000 - Baie du Mont-Saint-Michel, Tome 1 : État des lieux. Conservatoire du littoral, DIREN Bretagne, DIREN Basse-Normandie, 267 p. Mary M. & Vial R., 2009 b. Document d’Objectifs Natura 2000 - Baie du Mont-Saint-Michel, Tome 2 : Enjeux et orientations. Conservatoire du littoral, DIREN Bretagne, DIREN Basse-Normandie, 217 p. Mary M. & Vial R., 2009 c. Document d’Objectifs Natura 2000 - Baie du Mont-Saint-Michel, Tome 3 : Actions et opérations. Conservatoire du littoral, DIREN Bretagne, DIREN Basse-Normandie, 296 p. Mary M. & Vial R., 2009 d. Document d’Objectifs Natura 2000 - Baie du Mont-Saint-Michel, Annexe scientifique. Conservatoire du littoral, DIREN Bretagne, DIREN Basse-Normandie, 262 p. Provost S., 2012. Les oiseaux de la baie du Mont Saint-Michel en 2011 GONm, Bretagne Vivante, Maison de la baie du Viviersur-Mer, AESN : 170 p. Provost S. Morel F., Beaufils M., 2014. Analyse ornithologique sur le marais du Vergon situé dans la baie du Mont SaintMichel. Communes de Vains et Marcey-les-Grèves. GONm à la demande de la Dréal Basse-Normandie : 22p. Sellin V., Mary M. & Vial R., 2009 a. Document d’Objectifs Natura 2000 - Baie du Mont-Saint-Michel, Annexe cartographique. Conservatoire du littoral, DIREN Bretagne, DIREN Basse-Normandie, 162 p. UICN France, MNHN, LPO, SEOF, ONCFS, 2011. La Liste rouge des espèces menacées en France – Chapitre Oiseaux de France Métropolitaine. Paris, France http://www.uicn.fr/IMG/pdf/Liste_rouge_France_Oiseaux_de_metropole.pdf

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Bibliographie internet spécifique au chapitre 2 Archives Départementales d’Ille-et-Vilaine, 2016. Cadastre Napoléonien, Commune d’Antrain, Feuille n°1, 1823. http://archives-en-ligne.ille-et-vilaine.fr/thot_internet/ark:/49933/thtqnk98tgp8/17195/1 Biotope, Bretagne Vivante & GONm, 2015. Suivi des effets du projet de rétablissement du caractère maritime du Mont-SaintMichel sur l’avifaune - Rapport de synthèse 2010 / 2015. Corine Land Cover, 2012. http://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/clc/carte/metropole Géo-Bretagne 50, 2015. http://geobretagne.fr/sviewer/dual.html Inter-Sage de la baie du Mont-Saint-Michel. Coordonner la gestion des eaux littorales sur les bassins de la Baie http://www.intersage-baiedumont.fr/ Mary M. & Vial R., 2010. DOCOB Natura 2000 de la baie du Mont-Saint-Michel. Document de synthèse : 93 p. http://littoralnormand.n2000.fr/les-sites-littoraux-normands/zsc-et-zps-baie-du-mont-saint-michel

Registre Parcellaire Graphique, 2012. https://www.data.gouv.fr/fr/datasets/registre-parcellaire-graphique-2012contours-des-îlots-culturaux-et-leur-groupe-de-cultures-majorita/

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TEXTES SPÉCIFIQUES

Canal des Allemands, La Gouesnière.

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INTRODUCTION AUX TEXTES SPÉCIFIQUES

Les textes spécifiques sont ordonnés en fonction de l’ordre systématique proposé par la Commission de l’Avifaune Française (Crochet et al., 2013), comme dans le récent Atlas des oiseaux de France Métropolitaine (Issa & Muller, 2015). Les classifications ne sont pas immuables. Elles seront certainement encore largement modifiées, si l’on en juge par les préconisations récentes de Lecointre & Le Guyader (2013) sur les oiseaux. 1.1

PÉRIODE RETENUE

Ces textes paraîtront autour de 2018, mais les informations fournies n’iront pas au-delà de 2013. Nous avons tenu compte des publications qui ont été réalisées sur un sujet spécifique à la baie du MontSaint-Michel et incluant des événements importants, allant au maximum jusqu’en 2013. Il y a plusieurs raisons à ce choix. - l’enquête elle-même s’arrête en 2013 ; - nous n’utilisons que les données en dehors des bases géolocalisées ; à partir de 2013, la mise en place de Faune-Bretagne http://www.faune-bretagne.org/ modifie de manière fondamentale le nombre de données acquises sur le site du côté de l’Ille-et-Vilaine. La mise en place de FauneNormandie (http://www.faune-normandie.org/) intervient un peu plus tard en 2015 ; - nous considérons qu’il faut laisser passer un temps de quelques années après enquête pour pouvoir avoir du recul par rapport aux données ; l’immédiateté de réaction est souvent source d’erreur dans les interprétations. Il faut donc lire ces textes en ne tenant pas compte de l’information éventuellement acquise postérieurement à 2013 par les deux bases. 1.2

RUBRIQUES DES TEXTES

Dans cette partie spécifique, les textes sont réalisés de manière assez similaire ; ils sont composés de rubriques que nous présentons ci-dessous. En point de repère dans le plan, nous indiquons les familles : anatidés, sulidés…

Nom vernaculaire

Nom latin

BILAN En nombre de points bruts enregistrés sur la base SERENA ou nombre de sites ou nombre de couples. CATÉGORIE Les espèces sont classées rapidement en fonction du nombre de contacts avec un indice. Nous présentons quelques exemples des principales classes retenues. ESPÈCES PRÉSENTES MAIS NON RECENSÉES Il s’agit d’espèces qui nécessitent une prospection nocturne (chouette hulotte, chouette effraie, hibou moyen-duc), du martinet noir nécessitant des prospections spécifiques et du pigeon biset. ESPÈCES CONSIDÉRÉES COMME TRÈS COMMUNES NON LOCALISÉES Ces espèces ont été choisies, arbitrairement au départ de l’enquête, comme sans doute trop abondantes pour être localisées. Il s’est avéré qu’en fait la plupart de ces espèces auraient pu être localisées, hors les zones d’habitations (bourgs, hameaux, fermes). Ces espèces, dites communes, ont été recensées par échantillonnage Indice Kilométrique d’Abondance ou IKA (environ 200 km parcourus sur 24 parcours dans toute la zone sauf les herbus). Les densités ont été évaluées à partir de la distance de détection latérale maximale proposée (Textes spécifiques 4.1.5.). Cette méthode a permis de montrer que le verdier d’Europe, la tourterelle turque, la grive musicienne auraient pu être considérées comme des espèces communes. ESPÈCES À 200-1 000 POINTS LOCALISÉS Plusieurs de ces espèces forment les plus fortes colonies d’oiseaux du territoire (corbeau freux, goéland argenté), d’autres de plus petites colonies (hirondelles de fenêtre et de rivage). Certaines sont inféodées à des milieux précis (pipit farlouse, tourterelle turque). Dans tous les cas, elles constituent a priori le fond des oiseaux nicheurs de la baie en dehors des espèces les plus communes. Les oiseaux en période de reproduction en baie du Mont Saint-Michel.

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ESPÈCES À 50-200 POINTS LOCALISÉS On peut considérer ces espèces comme relativement communes. La plupart, à part la rousserolle verderolle (probablement), le cisticole des joncs, découverts dans les années 1980, et l’aigrette garzette dans les années 1990, sont des espèces présentes depuis longtemps. Les quelques espèces coloniales, à l’exception du choucas des tours, sont pour la plupart extrêmement localisées en un ou deux sites. Pour la majorité de ce groupe, il n’y avait aucune estimation connue d’effectif : elle est totalement impossible à proposer si l’on se base sur les données éparses que l’on possède, excepté localement. ESPÈCES À EFFECTIF ENTRE 20 ET 50 COUPLES Ce sont des espèces à effectif réduit mais faisant partie du « paysage » du site. Ces espèces à faible effectif sont implantées depuis longtemps (comme sans doute le pic vert, la mésange à longue queue) ou plus récemment comme le bruant proyer ou le grand cormoran (années 1970), l’aigrette garzette (années 1990), la gorge-bleue à miroir (années 2000) ou le héron cendré (années 2010). ESPÈCES À PETIT NOMBRE DE CONTACTS (0 À 19 POINTS) Ce sont des espèces à petits effectifs (ou parfois qui n’ont pas été trouvées nicheuses) voire des petites colonies ; elles sont souvent très localisées. Certaines d’entre elles sont considérées comme vulnérables ou en danger, voire en danger critique au niveau régional (Bretagne, Normandie ou les deux) ; certaines indiquent la présence de milieux rares comme les cours d’eau rapide pour la bergeronnette des ruisseaux (fig. 3.1) ; certaines ont un prestige certain auprès des ornithologues comme le faucon pèlerin ; d’autres, comme la cigogne blanche, ont un attrait symbolique, notamment auprès des habitants de la zone où « LE couple » installé.

Figure 3.1. Un des très rares sites (Antrain) où la bergeronnette des ruisseaux niche.

ESPÈCES NICHEUSES OCCASIONNELLES Elles peuvent être anciennement ou actuellement considérées comme telles ; ce sont des espèces pour laquelle aucun indice n’a pu être trouvé durant l’enquête mais dont la problématique peut être intéressante pour comprendre le site ou que l’on peut situer dans un contexte plus large ; il peut aussi s’agir d’espèces à nidification non annuelle comme le canard chipeau ; de rares espèces qui n’ont jamais été trouvées nicheuses jusqu’en 2012 comme le rossignol philomèle ou la locustelle luscinioïde ; d’une espèce comme le pouillot fitis dont les indices sont peu probants de tout temps ou, enfin, d’une espèce ayant niché mais disparue telle le grand corbeau. SIGNIFICATION D’UN POINT ? Il s’agit ici de la signification MINIMALE d’un point, l’objectif étant de récupérer un indice le plus important possible. Un point correspond à une localisation sur le terrain, à un niveau de reproduction possible, probable ou certain, variable selon les espèces et à une période de prise en compte (mars-avril-début mai ou fin maijuin), elle aussi, spécifique. Par exemple pour le héron cendré, il faut qu’un nid soit vu (nicheur certain), pour l’alouette des champs, un simple contact (nicheur possible) suffit pour matérialiser un indice, pour la rousserolle effarvatte, ce sont les contacts de la fin de mai à juin qui sont pris en compte (voir textes).

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Dans la mesure où ce document s’adresse à des lecteurs des deux régions, nous avons fait le choix de proposer un commentaire synthétique sur les atlas régionaux. Nous ne faisons dans cette partie aucune référence à une liste rouge bretonne dans la mesure où elle parait après la publication de B3. Pour la signification des lettres, cf. Notations bibliographiques infra (p. 71). ATLAS DE NORMANDIE (A) : commentaire synthétique sur les atlas de Normandie et l’évolution régionale de l’espèce entre les atlas des années 1985-1988 (GONm, 1989) et 2003-2005 (Debout, 2009). ATLAS DE BRETAGNE (B) : commentaire synthétique sur les atlas de Bretagne et l’évolution régionale de l’espèce entre les atlas des années 1970-1975 (Guermeur & Monnat, 1980), 1980-1985 (GOB, 1997) et 2004-2008 (GOB coord., 2012). AVANT 1999 (C, D1, D2) Nous indiquons ce qui était connu dans une synthèse 1979-1999 (Beaufils, 2001) qui sera nommée C (fig. 3.2) et, éventuellement, ce qui ressort des bases de données brutes du GONm (D1) de 1973 à 1999, et de la base de données de Bretagne Vivante 35 (D2) de 1989 à 1999, avant de passer à la rubrique DE 2000 À 2012 (D1, D2).

Figure 3.2. Document de synthèse (C) utilisé pour essayer de statuer sur l’état des populations d’oiseaux nicheurs avant 1999.

DE 2000 À 2012 (D1, D2) Outre la bibliographie (hors chroniques ornithologiques) produite au cours des années 2000 à 2012, qui est reprise éventuellement, nous avons rassemblé et tenté d’homogénéiser l’ensemble des bases de données associatives. Ceci est proposé en dehors des protocoles mis en place, dont certains ont été aussi homogénéisés pour les rendre exploitables. Ces bases de données, opportunistes pour la plupart, sont constituées d’un peu plus de 110 000 données, des années 1973 à 2012, sur les 56 communes sélectionnées. La base de données du GONm fournit plus de 75 % des données (25 % pour les données d’Ille-etVilaine) pour des raisons historiques ; ces raisons sont liées à l’organisation d’une base régionale normande depuis 1973 sans discontinuité, d’une structuration locale régulière du Groupe Ornithologique Normand (plusieurs relais locaux actifs depuis des décennies) et aussi d’enquêtes régionales régulières et structurées, notamment sur les espèces les plus communes.

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Nous avons extrait les données des espèces considérées comme nicheuses de la base du GONm (depuis 1973) et de la base Bretagne Vivante d’Ille-et-Vilaine (depuis 1989 date de sa création, et parfois, quelques informations antérieures) de mars à juillet, période de reproduction pour la majorité des espèces. La première période assez longue court de 1973 à 1999 (achèvement de la synthèse 1979-1999, Beaufils, 2001 (C)), c’est-à-dire 27 années. Pour les mêmes mois, nous avons extrait les données postérieures à 1999, de 2000 à 2012 c’est-à-dire 13 années. À la charnière des années 2000, les recherches se structurent mieux. D’une part, le GONm embauche un salarié, S. Provost, qui travaille presque exclusivement sur le site et d’autre part Bretagne Vivante embauche aussi un salarié (P.-Y. Pasco puis R. Morel) dont une partie du temps de travail est consacrée au site. L’essentiel de leurs activités se concentre sur les limicoles hivernants et migrateurs, sur les espèces listées dans les annexes de la directive européenne Oiseaux (comme le PRAGCI, Plan Régional d’action Gravelot à collier interrompu, réalisé par le GONm et Bretagne Vivante, cf. fig. 3.3), sur les canards et bernaches hivernants et migrateurs, sur les laridés hivernants, sur les rassemblements hivernaux d’espèces comme le héron garde-bœuf (GONm), sur les comptages des oiseaux marins nicheurs des îlots de l’ouest de la baie (Bretagne Vivante) ou de Tombelaine (GONm), sur le passage postnuptial des oiseaux à Carolles de septembre à novembre (GONm), sur le baguage à la roselière de Genêts (suivi du Plan National d’Action phragmite aquatique sur 15 jours en août/GONm) et à l’animation du réseau de bénévoles. Les deux associations ont aussi répondu conjointement (ou individuellement selon les cas) à des appels d’offre sur diverses études du site.

Figure 3.3. Les deux plans régionaux d’actions sur le gravelot à collier interrompu

PROSPECTIONS 2009-2012 (2013) Ce texte résume, de façon souvent courte, ce qui a été trouvé lors des prospections de l’atlas entre 2009 et 2012 et pour les espèces communes plutôt en 2013. Il synthétise l’état des connaissances sur l’espèce par rapport à l’ensemble des connaissances antérieures (cf. supra) et de façon très exceptionnelle, en discutant de l’évolution après 2012-2013. L’enregistrement des données (avec protocole associé) de la plupart des espèces sur la base SERENA a déjà permis de faire des commentaires plus substantiels pour quelques espèces, comme la rousserolle effarvatte, la bergeronnette printanière ou les espèces des herbus (voir bibliographie dans les textes spécifiques). Pour les espèces dites « communes » à large répartition pour lesquelles il n’y pas eu de prospections localisées, nous proposons quelques graphiques et indications supplémentaires. Pour certaines espèces rares ou disparues, nous tentons de faire un point plus détaillé sur l’exactitude des informations anciennes ou sur leur évolution.

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PROSPECTIONS PROPOSÉES Cet atlas couvre l’ensemble de la baie (totalité du site avec un protocole simple, cf. § 1). C’est un site en réalité très peu prospecté dans son intégralité (C). Le but était de mieux définir les contours du territoire, de proposer un ordre de grandeur des effectifs en période de reproduction. À partir des résultats obtenus dans le cadre établi dans cette publication, il va être possible pour chaque espèce ou groupes d’espèces de choisir des stratégies pertinentes de gestion des milieux. Les quelques propositions qui seront faites à ce sujet seront succinctes. En conclusion nous nous référons à ce qu’écrit Besnard dans Salles (2010) sur l’acquisition d’informations pertinentes : « … je suis convaincu que la mise en place d’un protocole de suivi doit se réaliser en pleine connaissance des outils statistiques disponibles pour analyser les données collectées, connaissance des méthodes mais aussi donc des hypothèses statistiques sur lesquelles elles reposent. En effet, ces hypothèses se traduisent souvent par des contraintes sur le terrain. La phase de construction d’un protocole de suivi pertinent est donc un nécessaire aller-retour entre connaissance sur l’espèce et le site, budget disponible, technique potentielle de terrain, méthode d’analyse statistique disponible et précision souhaitée des résultats. Dans cette phase de construction des protocoles, l’omission d’un de ces facteurs (et de ses interactions évidentes avec les autres) conduit régulièrement à des catastrophes (effort de terrain conséquent pour aucun résultat finalement, ou un résultat bien en deçà des attentes). » Ce texte tout à fait général n’est que le reflet de méthodes scientifiques normées que nous devons apprendre à mieux maîtriser. Dans le cadre de la présente étude, nous considérons que nous avons provisoirement « achevé » la phase de recherche du type « recensement naturaliste et rassemblement d’informations existantes (hors espèces rares) » pour les oiseaux nicheurs, phase que nous considérons comme essentielle sur le plan naturaliste. Il faut maintenant poursuivre (cf. conclusion § 5). 1.3

NOTATIONS BIBLIOGRAPHIQUES

Pour simplifier la notation bibliographique, nous avons décidé de mettre des lettres et des numéros correspondant aux références bibliographiques utilisées régulièrement. Atlas normands (A) 1985-1988 et 2003-2005 A1 : GONm, 1989. Atlas des oiseaux nicheurs de Normandie et des îles Anglo-Normandes. Le Cormoran, 7 : 247 p. A2 : Debout G., (coord.), 2009. Atlas des oiseaux nicheurs de Normandie. 2003-2005. Le Cormoran, 1 : 448 p.

Atlas bretons (B) 1975-1980, 1980-1985, 2004-2008 B1 : Guermeur Y. & Monnat, J.Y., 1980. Histoire et Géographie des oiseaux nicheurs de Bretagne. SEPNB -Ar Vran Ministère de l’Environnement et du Cadre de vie, 240 p. B2 : GOB (coord.), 1997. Les oiseaux nicheurs de Bretagne.1980-1985. G.O.B., 289 p. B3 : GOB (coord.), 2012. Atlas des oiseaux nicheurs de Bretagne. Période 2004-2008. Groupe ornithologique breton, Bretagne Vivante, GEOCA, LPO. Delachaux et Niestlé, 512 p.

Synthèse 1979-1999 (2001) C : Beaufils, M., 2001. Avifaune de la baie du Mont-Saint-Michel. 1979-1999. Enquête sur un site complexe. GONm, Bretagne Vivante – SEPNB, 301 p.

Bases de données associatives D1 : base de données du GONm (GONm, 2012) : ensemble de la base de données du GONm sur les communes jouxtant la baie du Mont-Saint-Michel ou sa zone d’influence 1973-2012 D2 : base de données de Bretagne Vivante Ille-et-Vilaine (Bretagne Vivante, 2012) : ensemble de la base de données de Bretagne Vivante/groupe ornithologique sur les communes jouxtant la baie du Mont-Saint-Michel ou sa zone d’influence 19892012 (base récupérée hors Faune-Bretagne).

Nous avons utilisé les données obtenues dans les bases de Bretagne Vivante et du GONm. Pour beaucoup d’espèces nicheuses, elles sont trop peu détaillées même pour les espèces rares ou considérées comme patrimoniales. Pour certaines espèces, justement rares, ou pour récupérer quelques anecdotes ou parfois commentaires qui n’apparaissent logiquement pas dans les données brutes des bases associatives, les chroniques ornithologiques rédigées par S. Provost entre 1999 et 2001 puis de 2010 à 2013 ont été consultées dans leur intégralité. Ces informations, hors bases, sont alors indiquées dans le texte par (Provost, année de publication).

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Liste des chroniques de Provost des années 1999 à 2001 ; 2010 à 2013 et Provost & Morel, 2014 : Provost S. & Provost P., 2000. Les oiseaux de la baie du Mont-Saint-Michel année 1999. Rapport GONm. Doc. polycopié, 32 p. Provost S., 2001. Les oiseaux de la baie du Mont-Saint-Michel année 2000. Rapport GONm, Bretagne Vivante. Doc. polycopié, 65 p. Provost S., 2003. Les oiseaux de la baie du Mont-Saint-Michel année 2001. Rapport GONm, Bretagne Vivante. Doc polycopié, 56 p. Provost, S., 2011. Les oiseaux de la baie du Mont-Saint-Michel en 2010. GONm, Bretagne Vivante, AESN, 62 p. Provost S., 2012. Les oiseaux de la baie du Mont-Saint-Michel en 2011 GONm, Bretagne Vivante, Maison de la baie du Viviersur-Mer, AESN, 170 p. Provost S., 2013. Les oiseaux de la Baie du Mont-Saint-Michel en 2012. GONm, Bretagne Vivante, Maison de la Baie du Vivier-sur-Mer, AESN, 88 p. Provost S. & Morel R., 2014. Les oiseaux de la Baie du Mont-Saint-Michel en 2013. GONm, Bretagne Vivante, CPIE de la Baie du Mont-Saint-Michel, AESN, 48 p. (fig. 3.4)

Figure 3.4. Couverture chronique ornithologique 2013 (Provost & Morel, 2014)

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Documents spécifiques aux marais de la baie : quelques rares documents sont utilisés très régulièrement dans le texte, notamment ceux sur les passereaux et nous avons donc choisis de les dénoter par un code : F1 : Pulce P., 2000. Avifaune du marais de Dol, printemps 1998. Le Grèbe, 10 : 7-23. (fig. 3.5) F2 : Février Y., 2007. Bilan des recensements printanier dans le marais de Dol en 2001. Le Grèbe, 14 : 21-28. G : Desgué P., 1994. Intérêt ornithologique du marais de la Claire-Douve (communes de Saint-Jean-le-Thomas, Dragey et Genêts ; département de la Manche). Groupe Ornithologique Normand pour le Conservatoire du Littoral. Doc polycopié, 21 p.

Figure 3.5. Un document rare, les prospections par P. Pulce et ses collègues dans le marais de Dol, en 1997 et 1998, beaucoup de découvertes et des chiffrages (Pulce, 2000)

BIBLIOGRAPHIE SPÉCIFIQUE Crochet P.-A., Dubois P.-J., Jiguet F., Le Maréchal P., Pons J.-M., Yésou P., 2013. Décisions prises par la Commission de l’avifaune française (2010-2012). 13e rapport de la CAF. Ornithos, 20 : 164-173. Lecointre G. & Le Guyader H., 2013. Classification phylogénétique du vivant. Tome 2. Oiseaux. Belin, 410-493. Issa N. & Muller Y. coord., 2015. Atlas des oiseaux nicheurs de France métropolitaine. Nidification et présence hivernale. LPO/SEOF/MNHN. Delachaux et Niestlé, Paris, 1048 p. Salles J.-M. (coord.) & Besnard A. (rédac.), 2010. Suivi scientifique d’espèces animales. Aspects méthodologiques essentiels pour l’élaboration de protocoles de suivis. Note méthodologique – DREAL PACA, Pôle Natura 2000 : 62 p.

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1.4

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LISTE DES ESPÈCES ET PAGINATION

2.1

ANATIDÉS ..................................................................................................................... 78

Cygne tuberculé Cygnus olor ...................................................................................................... 80 Tadorne de Belon Tadorna tadorna ....................................................................................... 81 Canard chipeau Anas strepera ................................................................................................... 83 Canard colvert Anas platyrhynchos ......................................................................................... 84 Sarcelle d’été Anas querquedula ............................................................................................... 86 Fuligule milouin Aythya ferina .................................................................................................. 88 Fuligule morillon Aythya fuligula ............................................................................................ 89 2.2

PHASIANIDÉS ............................................................................................................... 91

Perdrix rouge Alectoris rufa ....................................................................................................... 91 Perdrix grise Perdrix perdrix ...................................................................................................... 92 Caille des blés Coturnix coturnix .............................................................................................. 93 Faisan de Colchide Phasianus colchicus ................................................................................ 95 2.3

PODICIPÉDIDÉS ............................................................................................................ 96

Grèbe castagneux Tachybaptus ruficollis ............................................................................. 96 Grèbe huppé Podiceps cristatus ................................................................................................ 98 2.4

PHALACROCORACIDÉS .............................................................................................. 99

Grand cormoran Phalacrocorax carbo ................................................................................100 Cormoran huppé atlantique 2.5

Phalacrocorax aristotelis aristotelis..............102

ARDÉIDÉS ................................................................................................................... 104

Héron garde-bœufs Bubulcus ibis ..........................................................................................105 Aigrette garzette Egretta garzetta ........................................................................................106 Héron cendré Ardea cinerea .....................................................................................................107 2.6

CICONIIDÉS ................................................................................................................. 108

Cigogne blanche Ciconia ciconia.............................................................................................108 2.7

ACCIPITRIDÉS – FALCONIDÉS ................................................................................. 110

Bondrée apivore Pernis apivorus ...........................................................................................110 Busard des roseaux Circus aeruginosus ..............................................................................111 Épervier d’Europe Accipiter nisus..........................................................................................112 Buse variable Buteo buteo .........................................................................................................114 Faucon crécerelle Falco tinnunculus ....................................................................................116 Faucon hobereau Falco subbuteo ...........................................................................................117 Faucon pèlerin Falco peregrinus ............................................................................................118 2.8

RALLIDÉS .................................................................................................................... 119

Râle d’eau Rallus aquaticus.......................................................................................................119 Marouette ponctuée Porzana porzana ................................................................................121 Poule d’eau Gallinula chloropus ..............................................................................................122 Foulque macroule Fulica atra .................................................................................................124 2.9

CHARADRIIFORMES (ORDRE) ................................................................................. 125

2.9.1

HÆMATOPOPIDÉS ........................................................................................... 125

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Huîtrier pie Haematopus ostralegus .....................................................................................125 2.9.2

RÉCURVIROSTRIDÉS....................................................................................... 126

Échasse blanche Himantopus himantopus .........................................................................126 Avocette élégante Recurvirostra avosetta..........................................................................128 2.9.3

CHARADRIIDÉS ................................................................................................ 129

Petit gravelot Charadrius dubius ............................................................................................129 Grand gravelot Charadrius hiaticula ....................................................................................130 Gravelot à collier interrompu Charadrius alexandrinus .............................................131 Vanneau huppé Vanellus vanellus ..........................................................................................133 2.9.4

LARIDÉS ............................................................................................................ 136

Mouette rieuse Chroicocephalus ridibundus .....................................................................136 Goéland brun Larus fuscus graellsii ......................................................................................137 Goéland argenté Larus argentatus argenteus ..................................................................140 Goéland marin Larus marinus .................................................................................................143 2.10

COLUMBIDÉS ........................................................................................................... 145

Pigeon biset Columba livia ........................................................................................................145 Pigeon colombin Columba oenas ............................................................................................146 Pigeon ramier Columba palumbus .........................................................................................147 Tourterelle turque Streptopelia decaocto ..........................................................................149 Tourterelle des bois Streptopelia turtur .............................................................................151 2.11

CUCULIDÉS .............................................................................................................. 153

Coucou gris Cuculus canorus ....................................................................................................153 2.12

STRIGIFORMES (ORDRE) ........................................................................................ 155

Chouette effraie Tyto alba .........................................................................................................155 Chouette chevêche Athene noctua .........................................................................................156 Chouette hulotte Strix aluco .....................................................................................................157 Hibou moyen-duc Asio otus ......................................................................................................157 Hibou des marais Asio flammeus ............................................................................................158 2.13

APODIDÉS ................................................................................................................. 159

Martinet noir Apus apus .............................................................................................................159 2.14

ALCÉDINIDÉS ........................................................................................................... 160

Martin-pêcheur d’Europe Alcedo atthis ..............................................................................160 2.15

UPUPIDÉS .................................................................................................................. 161

Huppe fasciée Upupa epops ......................................................................................................161 2.16

PICIDÉS ..................................................................................................................... 162

Pic vert Picus viridis......................................................................................................................162 Pic épeichette Dendrocopos minor ........................................................................................164 Pic épeiche Dendrocopos major ..............................................................................................165 2.17

DES ESPÈCES POTENTIELLEMENT NICHEUSES ................................................. 167

3.1

INTRODUCTION ......................................................................................................... 168

3.2

LES ESPÈCES............................................................................................................... 172

Les oiseaux en période de reproduction en baie du Mont Saint-Michel.

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3.2.1

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ALAUDIDÉS, HIRUNDINIDÉS, MOTACILLIDÉS ........................................... 172

Alouette des champs Alauda arvensis ..................................................................................172 Hirondelle de rivage Riparia riparia ....................................................................................175 Hirondelle rustique (ou Hirondelle de cheminée) Hirundo rustica ......................177 Hirondelle de fenêtre Delichon urbicum.............................................................................180 Pipit des arbres Anthus trivialis ..............................................................................................182 Pipit farlouse Anthus pratensis................................................................................................184 Pipit maritime Anthus petrosus...............................................................................................186 Bergeronnette printanière Motacilla flava flava ............................................................188 Bergeronnette flavéole Motacilla flava flavissima .........................................................190 Bergeronnette des ruisseaux Motacilla cinerea..............................................................193 Bergeronnette grise Motacilla alba alba ............................................................................194 Bergeronnette de Yarrell Motacilla alba yarrelli............................................................194 3.2.2

TROGLODYTIDÉS, PRUNELLIDÉS, TURDIDÉS ............................................ 196

Troglodyte mignon Troglodytes troglodytes.....................................................................196 Accenteur mouchet Prunella modularis..............................................................................198 Rougegorge familier Erithacus rubecula ............................................................................200 Rossignol philomèle Luscinia megarhynchos ...................................................................202 Gorgebleue à miroir Luscinia svecica ...................................................................................203 Rougequeue noir Phoenicurus ochruros .............................................................................206 Rougequeue à front blanc Phoenicurus phoenicurus ....................................................208 Traquet tarier Saxicola rubetra ..............................................................................................209 Traquet pâtre Saxicola rubicola..............................................................................................211 Traquet motteux Oenanthe oenanthe ..................................................................................213 Merle noir Turdus merula ..........................................................................................................215 Grive musicienne Turdus philomelos ...................................................................................217 Grive draine Turdus viscivorus ................................................................................................219 3.2.3

SYLVIIDÉS, PARTIE 1 : DE LA BOUSCARLE AUX ROUSSEROLLES ......... 221

Bouscarle de Cetti Cettia cetti..................................................................................................221 Cisticole des joncs Cisticola juncidis .....................................................................................224 Locustelle tachetée Locustella naevia ..................................................................................226 Locustelle luscinioïde Locustella luscinioides ..................................................................228 Hypolaïs polyglotte Hypolaïs polyglotte .............................................................................229 Phragmite des joncs Acrocephalus schoenobaenus .......................................................231 Rousserolle verderolle Acrocephalus palustris ...............................................................234 Rousserolle effarvatte Acrocephalus scirpaceus .............................................................237 3.2.4

SYLVIIDÉS, PARTIE 2, MUSCICAPIDÉS ........................................................ 241

Fauvette à tête noire Sylvia atricapilla ................................................................................241 Fauvette des jardins Sylvia borin ...........................................................................................243 Fauvette babillarde Sylvia curruca........................................................................................245 Fauvette grisette Sylvia communis ........................................................................................246 Les oiseaux en période de reproduction en baie du Mont Saint-Michel.

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Fauvette pitchou Sylvia undata...............................................................................................248 Pouillot véloce Phylloscopus collybita ..................................................................................249 Pouillot fitis Phylloscopus trochilus .......................................................................................251 Roitelet huppé Regulus regulus ..............................................................................................252 Roitelet à triple bandeau Regulus ignicapilla ...................................................................253 Gobemouche gris Muscicapa striata .....................................................................................254 3.2.5

TIMALIIDÉS, AEGITHALIDÉS, PARIDÉS, SITTIDÉS, CERTHIIDÉS ............ 256

Mésange à moustaches Panurus biarmicus .......................................................................256 Mésange à longue queue Aegithalos caudatus .................................................................257 Mésange bleue Cyanistes caeruleus .......................................................................................259 Mésange charbonnière Parus major .....................................................................................261 Mésange huppée Lophophanes cristatus ............................................................................264 Mésange nonnette Poecile palustris ......................................................................................265 Sittelle torchepot Sitta europaea ...........................................................................................266 Grimpereau des jardins Certhia brachydactyla...............................................................267 3.2.6

ORIOLIDÉS, LANIIDÉS, CORVIDÉS, STURNIDÉS ......................................... 269

Loriot d’Europe Oriolus oriolus ...............................................................................................269 Pie-grièche écorcheur Lanius collurio .................................................................................271 Geai des chênes Garrulus glandarius ...................................................................................274 Pie bavarde Pica pica ...................................................................................................................276 Choucas des tours Corvus monedula ....................................................................................278 Corbeau freux Corvus frugilegus.............................................................................................280 Corneille noire Corvus corone ..................................................................................................282 Grand corbeau Corvus corax.....................................................................................................284 Étourneau sansonnet Sturnus vulgaris ...............................................................................286 3.2.7

PASSERIDÉS, FRINGILLIDÉS, EMBERIZIDÉS ............................................... 288

Moineau domestique Passer domesticus ............................................................................288 Moineau friquet Passer montanus .........................................................................................291 Pinson des arbres Fringilla coelebs .......................................................................................293 Serin cini Serinus serinus............................................................................................................295 Verdier d’Europe Chloris chloris.............................................................................................297 Chardonneret élégant Carduelis carduelis .........................................................................299 Linotte mélodieuse Linaria cannabina................................................................................300 Bouvreuil pivoine Pyrrhula pyrrhula ...................................................................................302 Bruant jaune Emberiza citrinella ...........................................................................................303 Bruant zizi Emberiza cirlus .......................................................................................................305 Bruant des roseaux Emberiza schoeniclus .........................................................................307 Bruant proyer Emberiza calandra .........................................................................................309 3.2.8

LES PASSEREAUX : DES ESPÈCES POTENTIELLEMENT NICHEUSES ? ... 313

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DES ANATIDÉS AUX PICIDÉS 2.1

ANATIDÉS

Moins de 10 espèces de l’ordre des ansériformes nichent sur les 300 km² prospectés. Seules 2 espèces, le canard colvert Anas platyrhynchos et le tadorne de Belon Tadorna tadorna, peuvent être qualifiées de communes ou assez communes (> 100 couples). La sarcelle d’été Spatula querquedula est un nicheur régulier de longue date mais toujours en très petits effectifs, et qui, de plus, est mal suivie sur le long terme. Le cygne tuberculé Cygnus olor, le canard chipeau Anas strepera, le fuligule milouin Aythya ferina et le fuligule morillon Aythya fuligula sont 4 espèces à très petit effectif implantées récemment. En ces temps où la biodiversité est souvent considérée comme en diminution, 4 espèces supplémentaires nicheuses en moins d’une décennie est une évolution positive. L’avenir nous dira s’il s’agit de dynamismes globaux comme probablement pour le cygne tuberculé et le fuligule morillon ou de dynamismes locaux liés à des modes de gestion (fuligule milouin). Des cas plus anciens (années 1990) de nidifications certaines mais marginales sont connus pour l’eider à duvet Somateria mollissima (1-3 cas), la sarcelle d’hiver Anas crecca (1 cas), le canard pilet Anas acuta (1 cas) (C). Le canard souchet Anas clypeata avait été signalé lors des décennies avant 2000 (1-2 cas) mais un couple avec des jeunes a été trouvé en 2014 (A. Hémon, comm. pers.). Ces espèces ne rentrent ni dans la catégorie des espèces régulières ni dans celles des espèces disparues mais plutôt dans celle des espèces occasionnelles. Pour les deux espèces principales, le tadorne de Belon et le canard colvert, les milieux utilisés sont extrêmement variés. Le tadorne de Belon peut être remarqué aussi bien sur des îlots, en falaise, dans des dunes, dans de vieilles carrières, dans des talus de bocages, aux abords de stations d’épuration voire aux abords de fermes. Il est difficile pour cette espèce de déterminer un milieu typique. Ceci complexifie largement sa recherche dans l’immense espace à couvrir. Le canard colvert est la seule et unique espèce d’ansériformes à fréquenter couramment les dizaines de kilomètres de petits canaux de la baie. Contrairement aux canaux des marais du Cotentin et du Bessin, ceux de la baie du Mont-Saint-Michel, par leur structure, souvent peu large et parfois avec des eaux courantes, ne semblent pas aptes à recevoir d’autres espèces plus exigeantes. Le canard colvert peut s’installer sur presque toutes les nappes d’eau stagnantes, parfois très petites. Concernant les indices, l’enquête n’avait pas pour objectif d’enquêter sur ces deux espèces précisément, seulement de tracer quelques grandes lignes de leurs répartitions. Pour les autres espèces, toutes rares, les milieux et les sites utilisés sont assez peu nombreux. Ils sont liés aux nappes d’eau stagnantes les plus importantes du site. Du nord au sud : la mare de Bouillon (Jullouville), le marais de la Claire-Douve (de Saint-Jean-le-Thomas à Genêts), le marais du Vergon (Vains), les marais de Sougéal et de la Folie (Antrain) et certaines stations de lagunage. Seuls les marais de Sougéal et de la Folie (Antrain) ont été étudiés en détail pour ce groupe des Anatidés durant l’enquête 2009-2013. Nous utilisons cette bibliographie spécifique pour compléter les informations. BIBLIOGRAPHIE SPÉCIFIQUE POUR LES ANSÉRIFORMES (et rallidés) Toutes les observations non référencées sont des observations liées à cet atlas ou des observations personnelles. Pour ce groupe des ansériformes uniquement, dans la mesure où de nombreuses études précises ont été réalisées à Sougéal depuis 2007 et qu’une synthèse a été publiée sur le marais de la Folie, nous avons choisi de nommer par les lettres a à g les différentes études (dans ce chapitre et dans celui des Rallidés), ce qui simplifiera la lecture et évitera d’indiquer l’ensemble de ces études pour plusieurs espèces. Pour ces deux sites, la plupart des informations non référencées sont liées à la mise en place d’un protocole de base depuis 2009 et beaucoup plus précis depuis 2011, coordonné par Beaufils puis par Beaufils & Halnaut depuis 2013. Ces protocoles qui couvrent la migration prénuptiale et la saison de reproduction sur ces sites (hors bases de données associatives) n’ont, pour le moment, pas été exploités. Ils le seront plus tard (après au moins 5 années de suivi à partir de 2013) indépendamment de ces textes atlas que nous avons conçus comme des résumés indiquant les informations essentielles.

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Marais de Sougéal a. Beaufils M. & Morel R., 2007. L’avifaune du marais de Sougéal et de ses abords en période nuptiale (printemps 2007). Bretagne Vivante – SEPNB, Communauté de communes de la baie du Mont-Saint-Michel : 19 p. b. Beaufils M. & Morel R., 2010a. Avifaune nicheuse de la réserve naturelle régionale du marais de Sougéal. Évaluation de l’efficacité des mesures de gestion mises en œuvre pour améliorer la réussite de la nidification au niveau de la Musse (printemps 2009). Bretagne Vivante – SEPNB, Communauté de communes de la baie du Mont-Saint-Michel : 7 p. c. Beaufils M. & Morel R., 2010b. Avifaune nicheuse du marais de Sougéal. Évaluation de l’effet des mesures de gestion mises en œuvre pour améliorer les conditions de nidification au niveau de la Musse (printemps 2010). Bretagne Vivante– SEPNB, Communauté de communes de la baie du Mont-Saint-Michel : 8 p. d. Beaufils M. & Morel R. 2011. Avifaune nicheuse du marais de Sougéal. Suivi de l’effet des mesures de gestion mises en œuvre au niveau de la Musse sur la nidification au printemps 2011 : Bretagne Vivante– SEPNB, Communauté de communes de la baie du Mont-Saint-Michel : 18 p. e. Beaufils M., Morel R. & Bouttier E., 2013. L’avifaune de Sougéal, campagne 2012, saison de reproduction. Bretagne Vivante – SEPNB, Communauté de communes de la baie du Mont-Saint-Michel : 24 p. (fig. 3.6)

Figure 3.6. Un rapport annuel sur l’avifaune en période de reproduction au marais de Sougéal f. Beaufils M., Morel R. & Bouttier E., 2014 L'avifaune du marais de Sougéal et de ses abords en période nuptiale (printemps 2013). Bretagne Vivante – SEPNB, Communauté de communes de la baie du Mont-Saint-Michel : 20 p.

Marais de la Folie à Antrain g. Beaufils M., Morel R. & Bouttier E. 2014a. Espace Naturel Sensible du marais de la Folie (Antrain) Bilan d’une année de suivi de l’avifaune en 2013. Rapport Bretagne Vivante pour le Conseil Général d’Ille-et-Vilaine, 58 p.

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Cygne tuberculé Cygnus olor BILAN 1 site, 1 couple. SIGNIFICATION D’UN POINT Présence d’un nid, donc nicheur certain. CATÉGORIE Espèce à très petit nombre de contacts ou sites (< 20). ATLAS DE NORMANDIE (A) L’espèce est commune à l’est de la Normandie avec une forte augmentation de la population nicheuse par rapport aux années 1980 (A1, A2). ATLAS DE BRETAGNE (B) Le cygne tuberculé est en forte progression, surtout le long de la côte atlantique (B2, B3). AVANT 1999 (C, D1, D2) Des semblants de sédentarisation sont observés à Sougéal ou au marais de la Claire-Douve à la fin des années 1980 et au début des années 1990 ; un cas de tentative de reproduction est noté au marais du Mesnil à Pleine-Fougères en 1995 : construction de nid mais un adulte retrouvé mort ensuite. DE 2000 À 2012 (D1, D2) Il y a peu d’évolution, l’espèce restant rare ; un nid est noté à Sougéal à partir de 2010. PROSPECTIONS 2009-2012 Un nid est construit à Sougéal en 2010 et 2011 (c, d) mais la reproduction échoue ensuite. En 2012 (e), sur ce même site, un jeune est observé à l’envol. C’est le premier cas avéré de reproduction certaine avec production de jeune (fig. 3.7). Cette espèce est assez facile à surveiller pour peu qu’on visite, au moins une fois par an, les sites favorables. Un couple a niché de nouveau à Sougéal avec succès en 2013 (f) avec une observation d’un couple avec jeunes non volants dans l’est de la baie en 2014. PROSPECTIONS PROPOSÉES Des prospections aléatoires liées aux observations éparses sont suffisantes ; espèce à rechercher tous les ans au moins sur quelques sites, comme en vallée du Couesnon.

Figure 3.7. Le marais de Sougéal : seul site connu où niche le cygne tuberculé, depuis peu.

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Tadorne de Belon Tadorna tadorna BILAN 114 sites possibles, probables ou plus rarement certains. SIGNIFICATION D’UN POINT Nicheur possible, probable ou certain, de la simple observation en milieu favorable à des comportements territoriaux ou à l’observation de jeunes ; espèce dont il est complexe de caractériser la nidification. CATÉGORIE 50 à 200 points de contact ; espèce assez commune. ATLAS DE NORMANDIE (A) Il n’y a pas d’évolution perceptible sur 20 ans (A1, A2). ATLAS DE BRETAGNE (B) Il y a une forte progression du nombre de cartes (B2, B3) et des nidifications à l’intérieur des terres (marais, gravières, lagunes de stations d’épuration). AVANT 1999 (C, D1, D2) Liéron (non publié in C, 2001) a tenté au milieu des années 1990 de faire le point dans l’est de la baie : 18-23 couples des falaises de Carolles à Rochetorin et 5 couples maximum à Tombelaine. De rares informations circulent ensuite : moins de 10 couples, essentiellement sur les lagunes, du Mont-SaintMichel à Saint-Méloir-des-Ondes et au maximum une dizaine de couples en baie de Cancale, d’après les recensements de Bretagne Vivante (pas de protocole indiqué). Les observations à la côte ne montrent pas qu’il y en ait plus. Le total minimum ferait état d’une cinquantaine de couples sur les sites recensés. Il avait été proposé à l’époque 90-100 couples pour l’ensemble du site. DE 2000 À 2012 (D1, D2) La situation est au moins stable sans qu’on puisse observer de variations. Le nombre de données de la base de mars à juillet est comparable à celui de la période précédente. PROSPECTIONS 2009-2012 Avec un peu plus de 100 points de localisation (fig. 3.8), le résultat présent est comparable à celui des années 1990, mais toujours avec certains doutes sur la validité des observations. Les bassins de lagunage jouent un rôle non négligeable (avant ou après nidification) par la présence de couples (4 couples à Saint-Benoît-des-Ondes, 2 à La Fresnais, 2 à Hirel, 2 à Saint-Guinoux, 1 au Vivier-sur-Mer, 1 à SaintBroladre, 1 à Saint-Marcan ou à Roz-sur-Couesnon et jusqu’à 5 couples à Genêts). En 2012, un couple est détecté dans les herbus avec des petits jeunes mais, sont-ils vraiment nés à proximité (digues) ? L’estimation 2009-2010 est de 43 sites potentiels avec une recherche sur des zones plus larges vers l’intérieur de terres, mais de 33 si on ne prend que la côte. Actuellement, une estimation raisonnable paraît être 100-150 couples, montrant donc une augmentation par rapport à l’estimation 90-100 de 2001 (C), probablement un peu surestimée à l’époque. L’évolution de la taille de la population nicheuse de tadorne de Belon du secteur reste finalement très difficile à évaluer. Le tadorne de Belon est certainement plus implanté à l’intérieur des terres que ce qui était connu avant 2000. Est-ce un phénomène récent ou déjà en cours depuis plus de 10 ans ? À l’époque, ce vaste territoire (polders récents, polders anciens, ouest de la baie), où l’espèce a été trouvée un peu partout, était peu fréquenté par les ornithologues. Les bassins de lagunage se sont développés, par obligation légale. Ils ont joué un rôle sans doute important. Hors zone de protocole de l’atlas, à Précey en 2011 (bord de la route Pontorson–Avranches), une dizaine de jeunes sont élevés dans les bassins de lagunage de la naissance jusqu’à l’envol. Sur le lagunage d’Ardevon (Pontorson), l’espèce ne niche pas directement sur le site, mais les jeunes sont parfois élevés en nurserie dans les bassins. Certaines années, on retrouve cette même pratique de nurserie sur le lagunage de Genêts. Il reste à prendre en considération dans la proposition de 100-150 couples utilisant la baie du MontSaint-Michel ceux du périmètre élargi à Chausey. En effet, constatant l’absence de jeunes sur ce dernier

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site, Debout & Leneveu (1994) ont montré que la plupart des couples nicheurs de Chausey se rendent jusqu’en baie avec leurs poussins. Par ailleurs, les bases de données indiquent, irrégulièrement depuis 1995, des rassemblements de quelques centaines (300-600) de jeunes volants, essentiellement en zone estuarienne (triangle MontSaint-Michel – herbus de Vains – vasière de Saint-Jean-le-Thomas, selon heures de marée) de la fin de juillet et jusqu’au mois d’août. Ce nombre moyen de quelques centaines de jeunes pourrait assez bien correspondre à la production des 100-150 couples locaux (avec quelques couples de Chausey), échecs compris. Finalement, les bases de données du GONm ou de Bretagne Vivante ne contiennent pas de données suffisamment précises (comptages trop épars) sur ce nombre de jeunes en juillet-août et rendent l’estimation actuelle approximative. Elle sera à affiner ultérieurement.

Figure 3.8. Répartition des points de contacts du tadorne de Belon (2009-2012) en baie du Mont-Saint-Michel

PROSPECTIONS PROPOSÉES En l’absence actuelle de méthodes fiables, des décomptes complets systématiques des groupes de jeunes pourraient être entrepris régulièrement en zone estuarienne (Saint-Jean-le-Thomas – Mont-SaintMichel), en juillet et août. BIBLIOGRAPHIE SPÉCIFIQUE Debout G. & Leneveu T., 1994. Déplacements des tadornes de Belon Tadorna tadorna de l’archipel de Chausey vers la baie du Mont-Saint-Michel en période de reproduction. Alauda, 62 (2) : 81-90.

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Canard chipeau Anas strepera BILAN 1 à 2 sites pour 1 à 2 couples. SIGNIFICATION D’UN POINT Détection de jeunes non volants, donc indice nicheur certain. CATÉGORIE Nicheur occasionnel. ATLAS DE NORMANDIE (A) L’espèce est peu commune. Moins de 10 cartes sont indicées, dont 2 avec des nicheurs certains. ATLAS DE BRETAGNE (B) L’espèce est essentiellement signalée en Loire-Atlantique, de très rares indices sont collectés ailleurs. AVANT 1999 (C, D1, D2) Une seule mention de nidification possible à Sougéal est signalée en 1987 mais à cette époque, la simple présence d’un mâle ou d’un couple était suffisante pour valider un indice possible ou probable de reproduction pour les espèces de canards. DE 2000 À 2012 (D1, D2) Des indices sont collectés à Sougéal et à La Folie (Antrain) à partir de 2009. PROSPECTIONS 2009-2012 Cette espèce s’est reproduite de manière certaine au moins deux fois dans cette période, au marais de la Folie (Antrain) en 2009 (3 jeunes qui iront à l’envol, g) puis au marais de Sougéal (fig. 3.9) en 2011 (5 jeunes qui iront à l’envol, d). Il faut remarquer qu’il y a une augmentation récente (de 2010 à 2013) du nombre d’hivernants dans le secteur (D1, D2). Des regroupements post-hivernaux (ou de migrateurs) stationnent plus nombreux, notamment en vallée du Couesnon (Sougéal, La Folie à Antrain, Le Mesnil à Pleine-Fougères). Ces regroupements en début de saison inciteraient-ils quelques couples à rester (D1, D2) ? Néanmoins en 2012, une vingtaine de couples étaient bien présents à Sougéal en fin d’hiver, mais aucun ne s’est installé durablement (e).

Figure 3.9. Seuls les marais de la vallée du Couesnon ont accueilli le canard chipeau récemment comme nicheur occasionnel jusqu’en 2012 (Sougéal)

PROSPECTIONS PROPOSÉES Le canard chipeau peut être recherché annuellement dans la mare de Bouillon (Jullouville), le marais de la Claire-Douve (Saint-Jean-le-Thomas), le marais du Vergon (Vains), les marais de la vallée du Couesnon et, pourquoi pas, dans un des bassins de lagunage disséminés autour de la baie. Des prospections aléatoires liées aux observations éparses sont recommandées chaque année, surtout en vallée du Couesnon. Seule la nidification certaine doit être prise en compte, car la présence régulière d’un couple, même pendant plusieurs semaines, n’est pas forcément un indice de reproduction certaine, ce serait même un bon indice de non reproduction. Lorsque les jeunes sont volants ou proches de l’être, ils sont facilement visibles comme nous avons pu le vérifier à Sougéal ou à la Folie (Antrain).

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Canard colvert Anas platyrhynchos BILAN 250+ sites possibles, probables ou certains. SIGNIFICATION D’UN POINT Un individu, mâle ou femelle ou un couple en site favorable et semblant avoir un comportement territorial de type « individu restant sur place », se cachant, essayant d’éloigner l’observateur du site. Cette espèce de canard est très complexe à estimer (sans doute beaucoup de mâles célibataires, couples non reproducteurs). CATÉGORIE Espèce à plus de 200 sites ou couples se reproduisant ; espèce commune. ATLAS DE NORMANDIE (A) L'espèce serait en progression. ATLAS DE BRETAGNE (B) L’espèce serait en forte progression. AVANT 1999 (C, D1, D2) Aucune évaluation des effectifs n’est connue ni donc proposée. DE 2000 À 2012 (D1, D2) Les données éparses ne permettent une évaluation ni des effectifs, ni de l’évolution de l’espèce en période de reproduction. PROSPECTIONS 2009-2012 Outre les indices possibles et probables, de nombreux indices de nicheurs « certains » (nichées observées) ont été répertoriés. Cependant, les effectifs nicheurs du canard colvert sont extrêmement complexes à évaluer étant donné le nombre de « célibataires » mâles ou femelles qui peuvent être présents. À notre connaissance, le canard colvert est la seule espèce d’anatidé nichant dans les canaux (fig. 3.10), à l’exception d’un cas marginal du canard souchet. Il n’existe pas de cas connus sur le site pour les autres espèces de nidification dans les canaux, y compris la sarcelle d’été, quel que soit leur largeur, leur profondeur, la végétation qui les borde. À Sougéal, le suivi depuis 2007 (a à f) permet d’indiquer que la reproduction, de l’ordre de 15 à 20 couples, est régulière pour une production de 100 à 150 jeunes annuellement. Les pertes, une fois les jeunes hors du nid, sont assez faibles en année à météorologie « normale ». La seule année où les pertes ont été très importantes (maximum 50 jeunes sur la saison) est 2013 (f), qui fut catastrophique au niveau météorologique (pluie abondante, absence d’ensoleillement d’avril à fin juin, températures restant très fraîches) pour beaucoup d’espèces. Ce sera tout à fait similaire en 2016. Au marais de la Folie (Antrain) (g), quelles que soient les années de suivi, les adultes sont rares en période de reproduction ainsi que les nichées (0-3). Ailleurs, le canard colvert semble apprécier les canaux dans les polders et tout plan d’eau, aussi petit soit-il, pour peu qu’il bénéficie d’une certaine tranquillité. Au marais de la Claire-Douve, en 1992-1993 (G), moins de 5 couples avaient été détectés, pour une étude sur plan quadrillé sur 150 ha. En 2009, au moins une quinzaine de couples sont estimés. L’estimation de 200-300 couples sur l’ensemble de la zone semble un ordre de grandeur (fig. 3.11) plausible.

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Figure 3.10. Le canard colvert est l’unique espèce de canard nichant sur les canaux (Beauvoir).

Figure 3.11. Répartition des points de contacts du canard colvert (2009-2012) en baie du Mont-Saint-Michel

PROSPECTIONS PROPOSÉES Pour cette espèce peu cotée, il est difficile de proposer un protocole particulier autre que de noter systématiquement les nichées.

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Sarcelle d’été Anas querquedula BILAN 1 à 2 sites certainement et probablement 3 sites ; < 10 couples nicheurs certains. SIGNIFICATION D’UN POINT La détection de jeunes non volants, donc nicheur certain. CATÉGORIE Espèce à très petit nombre de contacts ou sites < 20. ATLAS DE NORMANDIE (A) L’espèce est en diminution. Les effectifs les plus importants se trouvent dans les marais du Cotentin et du Bessin ; l’espèce est plutôt en diminution et rare en France, où elle se situe en marge de son aire de répartition. En Normandie, elle est considérée en danger critique (Debout, 2012), dans la mesure où les effectifs sont faibles et très localement établis sur des petites surfaces au total. ATLAS DE BRETAGNE (B) Il y a contraction de l’aire de répartition vers le sud (B2, B3), la Grande Brière et Grand Lieu sont les 2 sites d’accueil principaux, il y a probablement augmentation du nombre de couples. AVANT 1999 (C, D1, D2) Quelques rares nicheurs certains sont observés au marais de la Claire-Douve (Saint-Jean-le-Thomas), dont 7 jeunes en juin 1979 et au marais de Sougéal (1 mention, cf. infra). Si Leroy (1986) note que « les couples sont alors formés et la nidification semble régulière depuis plusieurs années à Sougéal et à la Folie (Antrain) », son assertion n’est suivie que d’une seule mention avérée de reproduction certaine : 1 femelle et 5 poussins à Sougéal en 1983. Il n’existe pas d’autre donnée de jeunes jusqu’à 1999 dans la base du GONm ou de Bretagne Vivante (D1, D2). D’après l’Atlas des oiseaux nicheurs de Normandie 1985-1988 (A1, prospection de O. Dubourg, comm.pers.), l’espèce serait nicheuse certaine sur les cartes qui incluent le marais du Vergon (Vains) et le marais de la Claire-Douve (Saint-Jean-le-Thomas). On la retrouve en vallée du Couesnon, probablement dans l’anse de Moidrey (Pontorson) et sans doute dans un des marais plus au sud. Malheureusement, dans les ouvrages de ce type (et les bases associées), seule la mention « nicheur certain » est retrouvable postérieurement sur une fiche de carte de 100 km², sans information ni sur le site précis ni sur le fournisseur de la donnée. Si la donnée n’a pas été enregistrée dans les bases de données (c’est le cas ici), elle demeure invérifiable, non localisée et non circonstanciée ! Finalement, la base de données du GONm et de Bretagne Vivante (D1, D2) de 1973 à 1999 nous indique que l’espèce est présente plus ou moins régulièrement à Sougéal et à la mare de Bouillon (Jullouville) jusqu’à la fin des années 1980, mais uniquement en période postnuptiale ; elle disparaît ensuite des relevés, alors que ce site est tout de même observé assez régulièrement par les ornithologues locaux. L’espèce est observée dans d’autres marais (marais de la Claire-Douve, marais de la Folie à Antrain, marais du Mesnil à Pleine-Fougères), mais surtout en période de migration prénuptiale. DE 2000 À 2012 (D1, D2) De nouveau, très peu de données de nicheurs, possibles ou probables, et encore moins certaines, sont répertoriées. Les exceptionnelles mentions de nicheurs certains sont : - une femelle avec 6 poussins au lagunage de Saint-Benoît-des-Ondes, le 20/06/2000 (D2) ; seule donnée existant à l’ouest du Mont-Saint-Michel ; - donnée assez surprenante d’une femelle qui serait au nid le 3/05/2001, au marais de la Braize (Saint-Jean-de-le-Haize) (D1). Du côté normand, aucun indice de reproduction certain n’est obtenu lors de la constitution de l’atlas 2003-2005. Mais y a-t-il eu des recherches spécifiques ? Les suivis à Sougéal entre 2007 et 2012 (a à f) montrent que le nombre d’oiseaux présents en période favorable varie de 2 à 10 couples (mais des couples ne se reproduiront pas). Sur le site, le nombre de nidifications réussies varie de 1 à 6 sur 6 ans, avec au maximum 5-6 nichées pour un maximum de 49 poussins en 2007 (a).

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Figure 3.12. La sarcelle d’été tente de nicher tous les ans au marais de la Folie (Antrain). Le fuligule milouin niche tous les ans, depuis 2006 tandis que le canard chipeau a niché en 2009.

PROSPECTIONS 2009-2012 Outre les mentions régulières de Sougéal (a-f), des jeunes sont vus à La Folie (Antrain) (g) en 2009 (fig. 3.12), mais c’est la seule observation entre 2009 et 2012, bien que l’espèce soit systématiquement présente en bonne période. Les années 2010 et 2011 verront le marais s’assécher rapidement et en 2012, malgré une forte pluviosité, aucun jeune ne sera vu. Les nidifications, probablement occasionnelles, des années 1980, notamment pendant la constitution de l’atlas 1985-1988 (A1), semblent montrer (visuellement sur l’atlas) que la sarcelle d’été serait bien répartie à l’est de la baie, alors que chaque carré ne recueillait éventuellement qu’un seul indice. La nidification en dehors de Sougéal et du marais de la Folie (Antrain) (f) est possible dans certains autres marais mais elle est sans doute rare. Il faudrait la rechercher ailleurs lorsque de bonnes conditions (suffisamment d’eau par exemple) sont remplies. Mais il est aussi possible que la sarcelle d’été soit très casanière et qu’elle répugne à s’installer sur des endroits non connus, comme en témoigne l’absence de tentative (aucune jusqu’en 2015, F. Drouyer, FDC 35, comm. pers.) dans le marais de Châteauneuf d’Ille-et-Vilaine, semblant pourtant visuellement très favorable. Dans le marais du Vergon (Vains), la reproduction est connue par ouï-dire jusqu’en 2012, mais aucune observation de jeunes non volant en juin n’a jamais été consignée par écrit dans ce marais privé difficilement pénétrable. En juin 2013, 8 et 12 poussins y sont observés (Provost & Morel 2014). Une recherche annuelle permettrait probablement de dire qu’à l’instar de Sougéal et de la Folie, ce marais est un marais régulièrement utilisé depuis fort longtemps sans doute, ce qui semble apparaître sur les atlas de Normandie (A1, A2). En définitive et en l’état des connaissances en 2013, il est acquis que 3 marais principaux accueillent cette espèce : le marais de Sougéal, le marais de la Folie (Antrain) et peut-être le marais du Vergon (Vains), pour un maximum d’une dizaine de couples annuellement. Si d’autres sites peuvent accueillir cette espèce, c’est pour le moment de manière occasionnelle. PROSPECTIONS PROPOSÉES Historiquement, les preuves tangibles manquent sur la nidification de la sarcelle d’été. Elle doit être confirmée par des prospections systématiques non aléatoires dans les quelques marais où sa présence est, ou a déjà été, constatée pour valider les indices certains de reproduction. Il faut, de plus, cesser d’indiquer des indices « possibles » ou « probables » à partir d’observations occasionnelles mal interprétées, lesquelles donne souvent une image fausse de la répartition réelle de cette espèce, comme de la plupart des espèces de canards non communs. BIBLIOGRAPHIE SPÉCIFIQUE Debout G., 2012. Liste rouge des oiseaux de Basse-Normandie. GONm, 76 p. Leroy, R., 1986. Une saison de passage dans les marais de la vallée du Couesnon (mars-juin 1985). Le Cormoran, 5 (29) : 417421 Provost S. & Morel R., 2014. Les oiseaux de la Baie du Mont-Saint-Michel en 2013. GONm, Bretagne Vivante, AESN, 48 p.

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Fuligule milouin Aythya ferina BILAN 2 à 3 couples sur 1 site. SIGNIFICATION D’UN POINT Détection de jeunes, donc nicheur certain. CATÉGORIE Espèce à très petit nombre de contacts ou sites < 20. ATLAS DE NORMANDIE (A) Le fuligule milouin est une espèce rare ; elle est considérée en danger critique (Debout, 2012) en Normandie vu la rareté de l’espèce et des sites connus. ATLAS DE BRETAGNE (B) C’est un nicheur régulier en Loire-Atlantique et en Ille-et-Vilaine. On constate une contraction de l’aire de répartition vers l’est depuis les années 1980 (B1, B2, B3). Il ne niche plus dans le Finistère. AVANT 1999 (C, D1, D2) Le fuligule milouin n’est pas nicheur, de plus c’est une espèce rare aux passages et en hivernage. DE 2000 À 2012 (D1, D2) Le fuligule milouin n’est pas nicheur jusqu’en 2006, année où la première assertion est signalée sur le marais de la Folie (Antrain) (D2, g). C’est un hivernant peu commun et localisé. PROSPECTIONS 2009-2012 Le fuligule milouin est à nouveau trouvé nicheur en 2009 sur le marais de la Folie (Antrain) (1 couple et 2 jeunes), il s’y reproduit à nouveau au moins en 2012 (3 couples et 6 jeunes, D2) et sans doute en 2010 et 2011 (g). C’est une espèce rare dans tout l’ouest de la France qui maintient de petits effectifs sur certains étangs d’Ille-et-Vilaine. Un niveau d’eau stable au marais de la Folie est indispensable (fig. 3.13).

Figure 3.13. Le fuligule milouin commence à nicher au marais de la Folie (Antrain) en 2006.

PROSPECTIONS PROPOSÉES Il est au moins à rechercher systématiquement chaque année sur quelques sites notamment en vallée du Couesnon et probablement à la mare de Bouillon (Jullouville).

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Fuligule morillon Aythya fuligula BILAN 5 à 6 couples pour 2 sites. SIGNIFICATION D’UN POINT Détection de jeunes, donc nicheur certain. CATÉGORIE Nicheur pour le moment occasionnel. ATLAS DE NORMANDIE (A) L’espèce est en progression à l’est de la région notamment le long de la Seine ; Debout (2012) le considère en danger critique (CR) vu la rareté de l’espèce et des sites de nidification. ATLAS DE BRETAGNE (B) Il n’y pas de modification de la répartition en 20 ans ni en Ille-et-Vilaine ni en Loire-Atlantique (quelques cas), mais il a disparu comme nicheur du Finistère (B2, B3). AVANT 1999 (C, D1, D2) Le fuligule morillon n’est pas nicheur, de plus c’est une espèce rare aux passages et en hivernage. DE 2000 À 2012 (D1, D2) Le fuligule morillon n’est répertorié comme nicheur certain sur les bases de données qu’en 2012 : sur le lagunage d’Ardevon (Pontorson)/D1 avec 1 couple et 4 jeunes à l’envol (Provost, 2013) (fig. 3.14).

Figure 3.14. Le fuligule morillon fréquente pour nicher uniquement les lagunes ; ici, celle, très minérale, d’Ardevon (Pontorson).

PROSPECTIONS 2009-2012 Lors des prospections de l’atlas, en avril 2011, une troupe de fuligules morillons détectée dans un plan d’eau au niveau du Clos (Saint-Méloir-des-Ondes) à la fin d’avril n’intrigue guère. Quelle surprise au début de juin, d’abord d’observer des oiseaux en vol dans le secteur puis de retrouver des fuligules cette fois à la station de lagunage de Saint-Méloir-des-Ondes : quelques jeunes très petits sont alors observés. Ne disposant pas de temps pour prospecter plus finement, nous demandons à D. Tannoux (Fédération de Chasse d’Ille-et-Vilaine) et à A. Hémon (Bretagne Vivante) d’aller voir de plus près : le bilan fait alors état en juillet de 5-6 couples et au moins 20 jeunes. De nouvelles observations seront faites en 2012 par A. Hémon (comm. pers.), avec un bilan d’au moins 2 nichées. PROSPECTIONS PROPOSÉES Des prospections aléatoires liées aux observations opportunistes suffisent comme toutes les espèces rares mais des prospections ciblées sur les lagunages seraient bienvenues. BIBLIOGRAPHIE SPÉCIFIQUE Provost S., 2013. Les oiseaux de la Baie du Mont-Saint-Michel en 2012. GONm, Bretagne Vivante, Maison de la Baie du Vivier-sur-Mer, AESN : 88 p. Les oiseaux en période de reproduction en baie du Mont Saint-Michel.

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CONCLUSION POUR LES ANATIDÉS La situation est au moins stable pour les 2 espèces principales, le canard colvert (fig. 3.15) et le tadorne de Belon, mais elles sont probablement en augmentation dans l’ensemble de la baie. Cependant, les bases de données D1, D2 ne sont pas assez fournies pour l’affirmer. La sarcelle d’été est une espèce nicheuse connue depuis longtemps, mais sur peu de sites et avec de petits effectifs. L’ensemble des informations recueillies indiquent que cette espèce est probablement au moins stable sur la durée de l’enquête (sites et effectifs). Il faudrait que les suivis soient beaucoup plus planifiés pour cette espèce à l’échelle des régions Normandie et Bretagne. Les fuligules milouin et morillon, le canard chipeau et le cygne tuberculé sont 4 espèces d’apparition récente comme nicheurs certains ; les effectifs et les sites occupés ne sont pas assez nombreux pour savoir si ces petites populations seront pérennes à l’avenir.

Figure 3.15. Le moindre chenal peut accueillir un couple de canard colvert, espèce la plus commune d’anatidé nicheur ; dans ce dédale de canaux, la sous-estimation n’a sans doute pas été évitée (Cherrueix).

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2.2

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PHASIANIDÉS

Sur quatre espèces de phasianidés nicheurs, trois sont issues de lâchers cynégétiques et une espèce, la caille des blés est un migrateur plus probablement issu de populations naturelles. Si les ornithologues des associations GONm et Bretagne Vivante notent assez régulièrement la caille des blés, ils sont peu enclins à s’intéresser aux trois autres. Il n’y a donc que des informations parcellaires sur ces espèces.

Perdrix rouge Alectoris rufa BILAN 11 sites de contact. SIGNIFICATION D’UN POINT Un contact en période de reproduction, donc nicheur possible. CATÉGORIE Espèce à très petit nombre de contacts ou sites < 20. ATLAS DE NORMANDIE (A) : Il y a contraction de l’aire de répartition naturelle au sud de l’Eure. Il y a acclimatation dans la Manche. ATLAS DE BRETAGNE (B) : Cette espèce semble être acclimatée. AVANT 1999 (C, D1, D2) C’est une espèce acclimatée et lâchée avec un but cynégétique, très peu d’informations ont été collectées. DE 2000 À 2012 (D1, D2) Il y a peu d’informations collectées. PROSPECTIONS 2009-2012 De rares observations de nidification, concernant souvent un couple, ont été rapportées. Un couple niche dans un jardin à Beauvoir en 2012 (fig. 3.16) et huit jeunes quittent immédiatement le nid ; dans le même secteur, un nid est trouvé écrasé (P. et M. Sanson, comm. pers.). C’est une espèce peu prisée par les observateurs, notée de manière anecdotique, pour laquelle les informations ne sont pas recherchées, mais elle est systématiquement recensée lors de l’enquête (observation à vue, chants). Il reste que nous avons peu d’expérience sur les meilleures méthodes de recensement.

Figure 3.16. Au Manoir à Beauvoir, parents et jeunes sont partis dans les minutes qui ont suivi l’éclosion (P. et M. Sanson).

PROSPECTIONS PROPOSÉES Des prospections aléatoires liées aux observations opportunistes suffisent.

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Perdrix grise Perdrix perdrix BILAN 11 sites dont 5 dans le cadre du protocole et 6 hors protocole. SIGNIFICATION D’UN POINT Un contact en période de reproduction, donc nicheur possible. CATÉGORIE Espèce à très petit nombre de contacts ou sites < 20. ATLAS DE NORMANDIE (A) C’est une espèce qui a quasiment disparu dans le Cotentin où elle est « remplacée » par la perdrix rouge. ATLAS DE BRETAGNE (B) Il n’y a que peu de commentaires sur cette espèce essentiellement issue de lâchers cynégétiques. AVANT 1999 (C, D1, D2) Les populations sont peu connues. Une population (en dizaines d’individus) peut-être sauvage (?), présente dans les polders, a disparu après une vague de froid très rude en 1987. DE 2000 À 2012 (D1, D2) C’est une espèce très peu notée. PROSPECTIONS 2009-2012 5 observations ont été faites dans le cadre du protocole donc c’est une espèce rare. Actuellement, on ne peut pas considérer cette espèce comme sauvage sur le site. Signalons tout de même 5-6 jeunes observés avec un adulte, le 12/06/2009, dans les polders ouest du Mont-Saint-Michel (fig. 3.17) qui accueillaient une population plus importante il y a quelques décennies.

Figure 3.17. De rares tentatives de reproduction de perdrix grises sont observées sur les polders à l’ouest du Couesnon.

PROSPECTIONS PROPOSÉES Des prospections aléatoires liées aux observations opportunistes suffisent probablement.

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Caille des blés Coturnix coturnix BILAN 54 sites géolocalisés. SIGNIFICATION D’UN POINT Un contact en période de reproduction (chanteur le plus souvent), donc nicheur possible. CATÉGORIE 50 à 200 points de contact ; espèce assez commune (à la limite de l’espèce peu commune mais large répartition). ATLAS DE NORMANDIE (A) Il semble y avoir une évolution positive ou bien une « année à cailles » durant l’enquête. ATLAS DE BRETAGNE (B) Il y a beaucoup plus de chanteurs et de cartes indicées qu’il y a 20 ans (B2, B3), ce qui peut être, comme en Normandie, liée à une bonne année particulière. AVANT 1999 (C, D1, D2) La caille des blés est connue surtout dans les herbus (effectifs inconnus), dans les polders et dans le marais de Dol-Châteauneuf (jusqu’à 7 chanteurs). DE 2000 À 2012 (D1, D2) Il y a trop peu d’informations pour conclure à une évolution. PROSPECTIONS 2009-2012 Cette espèce est surtout détectée au chant dans les herbus (fig. 3.18), notamment de part et d’autre du Mont-Saint-Michel, pour un total d’une trentaine de chanteurs au maximum. Par rapport aux connaissances antérieures à la cartographie des contacts, on note qu’il y a peu d’évolution lors de la dernière décennie. Des chanteurs sont aussi trouvés en petit nombre dans les polders autour des marais de Dol-Châteauneuf.

Figure 3.18. La caille des blés utilise les zones denses à Agropyron pour chanter (Roz-sur-Couesnon).

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COMMENTAIRES Il est risqué de proposer une interprétation pour cette espèce très complexe à étudier et peu connue dans les régions Bretagne et Normandie (atlas A, B). Sur le site, des milliers d’hectares de grandes cultures sont susceptibles de l’accueillir au printemps et en été (fig. 3.19), mais la fréquentation de ces milieux par les observateurs est tellement faible qu’il serait illusoire de tenter de dresser un bilan quelconque. Le seul contact répertorié avec un nicheur avéré est obtenu dans le cadre de l’atlas breton (B3) et correspond à l’observation en juillet d’un couple en alarme, feignant d’être blessé pour éloigner l’importun (obs. pers.). Il existe également quelques très rares données de jeunes volants, mais obtenues tardivement en saison, ce qui engendre un doute sur une nidification réellement locale.

Figure 3.19. Répartition des points de contacts de la caille des blés (2009-2012) en baie du Mont-Saint-Michel

PROSPECTIONS PROPOSÉES C’est une espèce à rechercher et à noter systématiquement, particulièrement les chanteurs sur les herbus entre avril et juillet.

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Faisan de Colchide Phasianus colchicus BILAN 57 sites. SIGNIFICATION D’UN POINT Un contact en période de reproduction, donc nicheur possible. CATÉGORIE 50 à 200 points de contact ; espèce assez commune. ATLAS DE NORMANDIE (A) Les commentaires sont insuffisants pour faire un bilan sur cette espèce peu prisée par les ornithologues. ATLAS DE BRETAGNE (B) C’est une espèce essentiellement alimentée par des lâchers cynégétiques. AVANT 1999 (C, D1, D2) Il y a trop peu d’informations pour en tirer des éléments concrets. DE 2000 À 2012 (D1, D2) Il y a trop peu d’informations pour en tirer des éléments concrets. PROSPECTIONS 2009-2012 C’est une espèce inégalement répartie, sans doute en fonction des lâchers. Le faisan « noir » (fig. 3.20) se rencontre plutôt dans l’ouest du site (expérimentation FDC 35). PROSPECTIONS PROPOSÉES Faut-il vraiment rechercher cette espèce ?

Figure 3.20. Des faisans « noirs » sont lâchés dans le secteur de Saint-Benoît-des-Ondes.

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2.3

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PODICIPÉDIDÉS

Les deux espèces de grèbes les plus communes, le grèbe huppé et le grèbe castagneux, nichent mais les effectifs sont extrêmement réduits. Il semble aussi que pour le grèbe castagneux les échecs de reproduction soient très nombreux, voire majoritaires. Pour le grèbe à cou noir Podiceps nigricollis, potentiellement nicheur, aucun indice quelconque n’a jamais pu être trouvé jusqu’en 2012.

Grèbe castagneux Tachybaptus ruficollis BILAN 15 couples pour 10 sites au moins. SIGNIFICATION D’UN POINT Un simple contact en bonne période, donc nicheur possible. CATÉGORIE Espèce à petits nombres de contacts. ATLAS DE NORMANDIE (A) Cette espèce serait stable. Les sites d’où il disparaît seraient compensés par les sites où il s’installe. ATLAS DE BRETAGNE (B) Cette espèce est considérée plutôt en évolution favorable, il y a augmentation du nombre de cartes indicées. AVANT 1999 (C, D1, D2) Il n’y a qu’un très petit nombre de sites connus où la nidification effective est repérée (jeunes) : mare de Bouillon (Jullouville), marais de la Claire-Douve, lagunage de Genêts (1 cas), anse de Moidrey (Pontorson) (1 cas), Sougéal, marais de la Folie (Antrain). DE 2000 À 2012 (D1, D2) Outre les plans d’eau utilisés déjà connus, de nouveaux sont découverts, comme les lagunes de la chapelle Sainte-Anne (Saint-Broladre). Il s’agit d’une nouvelle zone créée artificiellement par des travaux de réhabilitation en 2006. Ce grèbe s’adapte facilement dès qu’on lui propose un site avec un peu d’eau permanente et si de la végétation, favorable à l’installation d’un nid, s’implante. Des couples de grèbe castagneux sont aussi nouvellement localisés, avec des poussins, sur des stations de lagunage comme Saint-Benoît-des Ondes et la Fresnais. Globalement très peu de jeunes sont signalés mais sans doute sont-ils peu recherchés. PROSPECTIONS 2009-2012 Les prospections sont certainement insuffisantes sur certains lagunages, mais le castagneux ne s’y installe pas systématiquement, loin de là. Il s’avère qu’il y a rarement des conditions favorables, soit du fait d’un manque de végétation dans le lagunage, soit de la destruction systématique de celle-ci par choix ou par les habitudes de gestion visant à garder les sites « propres » (c’est-à-dire sans aucune végétation rivulaire) en permanence. Outre des lagunages déjà cités, l’espèce a été également détectée à SaintGeorges-de-Gréhaigne et à Saint-Broladre (fig. 3.21). Il semble aussi qu’un couple ait tenté de nicher dans un grand chenal de drainage des polders du Mont-Saint-Michel (secteur Bas-Coin à Beauvoir). Des couples ont aussi niché de manière certaine à l’anse de Moidrey (aménagements récents de mares). Le marais du Vergon (Vains) est occupé, mais ce marais privé n’ayant pu être prospecté que récemment, il est possible que l’espèce y soit implantée depuis plus longtemps. Le site le plus peuplé sur la période 2009-2012 a été, d’après les données collectées, le marais de Sougéal (autour de 4 couples annuellement depuis au moins 2007). Mais si la reproduction est avérée, les échecs sont fréquents voire systématiques. Ils sont liés à une baisse rapide de l’eau au moment des pontes ou de la sortie des jeunes. Au marais de la Folie (Antrain), la population nicheuse régulière semble être de deux couples au moins depuis des décennies (Leroy, 1986). Le niveau d’eau est là encore trop peu stable pour que les couvées aboutissent régulièrement. Il y a souvent plusieurs tentatives sur une saison.

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Les endroits où le grèbe castagneux s’installe sont donc divers et variés. Tous les petits plans d’eau non salés de la baie pourraient sans doute lui convenir, à condition qu’il y ait un peu de végétation de bordure. Cela pourrait d’ailleurs expliquer qu’il ne niche pas au lagunage d’Ardevon (Pontorson) ni dans d’autres, notamment à l’ouest de la baie. C’est donc une espèce dont on pourrait augmenter les effectifs assez facilement en aménageant de manière légère ou en gérant différemment les bassins de lagunages duquel il est absent. PROSPECTIONS PROPOSÉES Des enquêtes ciblées sur les bassins de lagunage (avec description des bassins) permettraient de faire un état de lieu et éventuellement d’émettre des préconisations de gestion pour favoriser des niveaux d’eau stables dans ces bassins potentiellement très favorables à l’espèce. BIBLIOGRAPHIE SPÉCIFIQUE Leroy, R. 1986. Une saison de passage dans les marais de la vallée du Couesnon (mars-juin 1985). Le Cormoran, 5 (29) : 417421

Figure 3.21. Le récent étang de la chapelle Sainte-Anne (Saint-Broladre) accueille avec succès tous les ans le grèbe castagneux comme reproducteur.

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Grèbe huppé Podiceps cristatus BILAN 2 couples pour 1 site. SIGNIFICATION D’UN POINT Plusieurs observations d’un couple sur un même site en bonne période, donc nicheur probable CATÉGORIE Espèce à petit nombre de contacts. ATLAS DE NORMANDIE (A) Il y aurait plutôt progression de l’espèce, notamment à l’est de la région, l’implantation de nombreux plans d’eau artificiels n’étant sans doute pas étrangère à son augmentation. ATLAS DE BRETAGNE (B) Il y a progression de l’espèce vers l’ouest entre les années 1970-1990 (B1, B2, B3) et ensuite augmentation du nombre de cartes indicées. L’espèce est commune en Ille-et-Vilaine dès le sud de la baie du Mont-Saint-Michel (nombreux plan d’eaux). AVANT 1999 (C, D1, D2) Un couple a niché dans la mare de Bouillon (Jullouville) au début des années 1980 ; il y aurait eu sur ce site autour de 5 couples à la fin des années 1980, mais aucune information fiable n’existe depuis 1989. Si l’on se réfère à A1, il aurait niché sur plusieurs sites associés à la baie. Cette répartition semble vraiment étonnante. Sans doute est-ce marginal et lié à quelques étangs favorables plus à l’est (hors zone). DE 2000 À 2012 (D1, D2) Il y a peu d’évolution connue jusqu’en 2012, année où il est nicheur à la mare de Bouillon (Jullouville). Le nombre de couples réel est inconnu jusqu’en 2011, mais estimé à 2-3. En 2013, l’espèce niche pour la première fois dans le marais de la Folie (Antrain, fig. 3.22), avec 1 à 3 couples (Beaufils & Morel, 2014). PROSPECTIONS 2009-2012 Seule la mare de Bouillon (Jullouville) est colonisée jusqu’en 2012, avec sans doute 2 couples maximum utilisant le site. L’espèce progresse aussi bien au nord qu’au sud de la zone en Bretagne et en Normandie. Le facteur limitant en Manche est le nombre réduit de plans d’eau utilisables. PROSPECTIONS PROPOSÉES Cette espèce est à rechercher sur quelques sites, annuellement, comme à la mare de Bouillon (Jullouville) et au marais de la Folie (Antrain), mais également au marais de Sougéal.

Figure 3.22. Le grèbe huppé tente depuis récemment de se reproduire au marais de la Folie (Antrain

BIBLIOGRAPHIE SPÉCIFIQUE Beaufils M. & Morel R., 2014. Espace Naturel Sensible du marais de la Folie (Antrain). Bilan d'une année de suivi de l’avifaune en 2013. Rapport Bretagne Vivante pour le Conseil Général d’Ille-et-Vilaine. 58 p.

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2.4

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PHALACROCORACIDÉS

Les deux espèces de cormorans nichent uniquement dans la rade de Cancale et dans des zones à « eaux claires » que nous considérons à la limite du site (fig. 3.23). Une tentative ancienne est connue (D1) pour le grand cormoran à Tombelaine (Genêts). Ces deux populations sont à intégrer au grand système Chausey – îlots du Nord de l’Ille-et-Vilaine, voire au golfe normand-breton, plutôt qu’à la baie du Mont-Saint-Michel. Nous avons tout de même essayé de réunir les informations disponibles. Celles-ci sont parfois énigmatiques, très disparates et inégales. Il existe sans doute des observateurs ponctuels qui auraient des informations complémentaires au moins sur une année. Les figures présentées ci-dessous permettent néanmoins d’illustrer les tendances. À l’avenir, il semble indispensable que les données concernant ces espèces soient recueillies de manière identique chaque année et compilées dans une seule base.

Figure 3.23. Le Rocher du Herpin (Cancale) : on est déjà sorti de la baie à l’ouest (R. Morel).

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Grand cormoran Phalacrocorax carbo BILAN 27 nids en 2010 pour 1 ou 2 sites pour cette espèce coloniale. SIGNIFICATION D’UN POINT Un nid occupé, donc nicheur certain. CATÉGORIE 50 à 200 points de contact (ces dernières années) ; espèce peu commune ; ici espèce coloniale connue sur quelques sites localisés. ATLAS DE NORMANDIE (A) Il y a stabilité des effectifs régionaux (A1, A2). ATLAS DE BRETAGNE (B) Il a extension forte de l’aire de répartition entre B2 et B3 (5 à 26 cartes indicées) vers l’ouest et vers le sud. Il y a une forte augmentation du nombre de couples nicheurs évalués entre la fin des années 1980 (425) et 2006 (2 100-2 200). ÉTAT DES POPULATIONS 1979-2012 Le grand cormoran tente de se reproduire à Tombelaine (Genêts) en 1985, mais sans lendemain. En rade de Cancale, l’île des Landes est le premier site breton à avoir été colonisé. Elle accueille au moins un couple depuis 1970 (Ollivier & Schricke, 1980) ; l’île du Châtellier est colonisée depuis 1984. Pour ces deux îlots, un maximum est atteint en 1990 avec 360 couples (Le Mao, 1997). En 1995 et 1997, respectivement 243 et 220 couples sont recensés sur l’île des Landes ; l’espèce ne niche alors plus au Châtellier. Les effectifs sont ensuite en nette diminution jusqu’en 2010, avec tout de même une certaine stabilité de 2002 à 2005 (fig. 3.24). Le grand cormoran colonise l’île des Rimains pour la première fois en 2010 au cœur d’une colonie d’aigrette garzette (qui déserte alors le site). En 2011, le grand cormoran niche sur l’île des Rimains et l’île du Châtellier mais n’occupe plus l’île des Landes.

Figure 3.24. Évolution du nombre de couples de grand cormoran sur tous les îlots de la rade de Cancale (1979-2011), d’après la base de données de Bretagne Vivante (les données manquantes sont des années sans comptage) Les oiseaux en période de reproduction en baie du Mont Saint-Michel.

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COMMENTAIRES Dans le cadre du présent travail, le grand cormoran n’a pas fait l’objet d’un protocole particulier. Le bilan présenté repose sur la compilation de l’ensemble des données collectées par l’association Bretagne Vivante pour les îlots de Cancale (voir graphique). Vu l’hétérogénéité de certaines de ces données (formats et protocoles différents, auteurs multiples : Ollivier & Schricke, 1980, Pustoc’h, 1992, Houlier, 2003, Lesacher & Nebout, 2011), il s’est avéré difficile de réunir et synthétiser l’ensemble des éléments de manière claire. Il faut donc être circonspect sur les années à très petits effectifs, à l’exception de 2009 et 2010 pour lesquelles les données sont solides. Sur ces îlots de l’ouest de la baie du Mont-Saint-Michel (fig. 3.25), l’histoire semble complexe, avec des événements sans doute liés à la prédation par des mammifères (renards, mustélidés, rats ?) qui ont compromis beaucoup d’années de reproduction. La population périclite, mais tente chaque année de se réinstaller. Les effectifs 2009-2011 sont plutôt en baisse par rapport à la fin des années 1990 en Ille-etVilaine (Cadiou et al., 2014). PROSPECTIONS PROPOSÉES La prospection est déjà en place dans le cadre de l’OROM avec un protocole qui est dédié. BIBLIOGRAPHIE SPÉCIFIQUE Cadiou B., Jacob Y., Provost P., Quénot F., Yésou P., Février Y., 2014. Bilan de la saison de reproduction des oiseaux marins en Bretagne en 2013. Bretagne Vivante-LPO-CEMO-ONCFS-GEOCA, 39 p. Houlier L., 2003. Évolution des cinq espèces principales d’oiseaux marins nicheurs sur l’Île des Landes - Bilan 2003 (comptage de couples). Bretagne Vivante – SEPNB. Le Mao P., 1997. Les oiseaux nicheurs de la baie de Cancale. Penn ar Bed, 167 (2) : 10-14. Lesacher M. & Nebout T., 2011. Île des Landes. Rapport d’activité 2011. Bretagne Vivante-SEPNB : 2 p. Ollivier M.-T. & Schricke V., 1980. L’île des Landes. Penn ar Bed, 100-101 : 33-38. Pustoc’h F., 1992. Île des Landes (35). Rapport d'activité 1992. Bretagne Vivante-SEPNB.

Figure 3.25. Des îlots de la rade de Cancale : les Rimains (à gauche) et l'île du Châtellier (à droite) (R. Morel).

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Cormoran huppé atlantique Phalacrocorax aristotelis aristotelis BILAN 315 nids en 2010 pour 2 ou 3 sites. SIGNIFICATION D’UN POINT Un nid occupé, donc nicheur certain. CATÉGORIE Espèce à plus de 200 couples ; ici espèce coloniale localisée à un très petit nombre de sites, donc non commune. ATLAS DE NORMANDIE (A) Il est en augmentation à Chausey (A1, A2) où ces principaux effectifs normands sont concentrés. ATLAS DE BRETAGNE (B) C’est une espèce encore en progression actuellement. ÉTAT DES POPULATIONS 1979-2012 Alors que le cormoran huppé est déjà connu comme nicheur sur les îlots de Cancale en 1959, la centaine de nids est dépassée pour la première fois en 1974 (Ollivier & Schricke, 1980). C’est essentiellement sur l’île des Landes que la majorité des couples nichent jusqu’aux années 1990, avec 550 couples en 1992. Au maximum, deux îlots, l’île des Landes et l’île du Châtellier vont accueillir 760 couples en 1997 (Le Mao, 1997). Les populations diminuent puis se stabilisent à 300-400 couples depuis 2009. Actuellement l’ensemble des îlots de la rade de Cancale (île des Landes, le Rocher du Herpin, l’îlot des Rimains, l’îlot du Châtellier et le Rocher de Cancale) peuvent être utilisés.

Figure 3.26. Évolution du nombre de couples de cormoran huppé sur tous les îlots de la rade de Cancale (1979-2011), d'après la base de données de Bretagne Vivante (les données manquantes sont des années sans comptage)

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COMMENTAIRES Dans le cadre du présent travail, le cormoran huppé n’a pas fait l’objet d’un protocole particulier. Le bilan présenté ici repose sur la compilation de l’ensemble des données collectées par l’association Bretagne Vivante pour les îlots de Cancale (fig. 3.26, fig. 3.27). Vu l’hétérogénéité de certaines de ces données (formats et protocoles différents, auteurs multiples : Ollivier & Schricke, 1980, Pustoc’h, 1992, Houlier, 2003, Lesacher & Nebout, 2011), il s’est avéré difficile de réunir et synthétiser l’ensemble des éléments de manière claire. Il faut donc être circonspect sur les années à très petits effectifs. Cette espèce ne niche que sur la partie ouest de la baie du Mont-Saint-Michel, où les colonies sont bien suivies ces dernières années. L’espèce a tendance à diminuer en Ille-et-Vilaine (Cadiou et al., 2014). PROSPECTION PROPOSÉES La prospection est déjà en place dans le cadre de l’OROM avec un protocole qui est dédié. BIBLIOGRAPHIE SPÉCIFIQUE Cadiou B., Jacob Y., Provost P., Quénot F., Yésou P., Février Y., 2014. Bilan de la saison de reproduction des oiseaux marins en Bretagne en 2013. Bretagne Vivante-LPO-CEMO-ONCFS-GEOCA. 39 p. Houlier L., 2003. Évolution des cinq espèces principales d’oiseaux marins nicheurs sur l’Île des Landes - Bilan 2003 (comptages de couples). Bretagne Vivante-SEPNB. Le Mao P., 1997. Les oiseaux nicheurs de la baie de Cancale. Penn ar Bed, 167 (2) : 10-14. Lesacher M. & Nebout T., 2011. Île des Landes. Rapport d’activité 2011. Bretagne Vivante-SEPNB, 2 p. Ollivier, M.-T. & Schricke. V., 1980. L’île des Landes. Penn ar Bed, 100-101 : 33-38. Pustoc’h F., 1992. Île des Landes (35). Rapport d’activité 1992. Bretagne Vivante-SEPNB.

Figure 3.27. L’Île du Châtellier (Cancale) a un potentiel d’accueil du cormoran huppé important (R. Morel).

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2.5

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ARDÉIDÉS

La progression de plusieurs espèces de ce groupe a été très importante à l’échelle des régions Normandie et Bretagne au cours des trois dernières décennies. En baie du Mont-Saint-Michel, c’est l’aigrette garzette qui s’implante la première en 1994 (2 sites en 2012) puis le héron garde-bœufs en 2008 (1 site en 2012) et enfin le héron cendré en 2011 (2-4 sites en 2012). Le dynamisme de ce groupe est donc important. Il n’est pas dit qu’au cours de la prochaine décennie, d’autres espèces ne s’installent encore (fig. 3.28).

Figure 3.28. L’ensemble des vallées ou des marais n’est pas encore colonisé par au moins une espèce d’ardéidé nicheur en 2012 : les sites potentiels ne manquent pas ! (Saint-Jean-de-la-Haize).

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Héron garde-bœufs Bubulcus ibis BILAN Une colonie sur l’îlot de Tombelaine. SIGNIFICATION D’UN POINT Construction d’un nid, donc nicheur certain. CATÉGORIE Espèce coloniale à petit nombre de points de contacts. ATLAS DE NORMANDIE (A) Cette espèce n’est pas répertoriée en 1985-1988 (A1) dans l’avifaune nicheuse de Normandie, les premières tentatives de reproduction sont observées en 2006 et la progression semble rapide (A2). ATLAS DE BRETAGNE (B) Le héron garde-bœufs est déjà signalé en Loire-Atlantique dans les années 1980 (une carte indicée sur B2) ; depuis (B3), il y a une forte progression en Loire-Atlantique (11 cartes indicées) mais aussi dans le Morbihan (3 cartes indicées). Il s’installe aussi dans le Finistère (1 carte indicée) et à proximité de la baie du Mont-Saint-Michel dans l’estuaire de la Rance (1 carte indicée). AVANT 1999 (C, D1, D2) Le chapitre concernant cette espèce fait 4 lignes, la seule mention fait état de quelques individus observés en avril 1999 (2 données). Le texte se conclut de la manière suivante : « L’espèce sera sans doute signalée plus régulièrement au cours des prochaines années étant donnée sa progression spectaculaire. » DE 2000 À 2012 (D1, D2) C’est une espèce rare qui est donc systématiquement notée par les observateurs. Le nombre d’observations a connu une forte augmentation dans les années 2000, mais avec des phases de stagnation. La progression est lente jusqu’en 2010 et se fait par à-coups. Le premier cas de reproduction est signalé en 2008 à Tombelaine (Genêts). Après une période de stabilité dans les années 2008-2010 (succession de vagues de froid), l’espèce a repris une phase d’expansion spectaculaire ces dernières années. PROSPECTIONS 2009-2012 L’équipe de Loison à Tombelaine (Genêts) détecte sa présence avant 2005 mais il n’y niche (quelques couples) pour la première fois qu’en 2008 (D1). La forte progression simultanée de l’espèce aussi bien au sud de la Bretagne qu’au nord en Normandie, conduit à une colonisation de la baie du Mont-Saint-Michel. La première reproduction sur le site en est la suite logique. Si le héron garde-bœufs ne niche qu’à Tombelaine en 2012, eu égard à la dynamique observée, il est très probable que d’autres colonies s’implantent ailleurs dans les prochaines années. PROSPECTIONS PROPOSÉES Cette espèce nécessite dans un premier temps que des prospections aléatoires liées aux observations éparses soient effectuées et des sites potentiels visités ; des prospections peuvent être ciblées sur les sites de colonies d’autres espèces (oiseaux marins, corbeaux freux, hérons cendrés) ; les sites connus hébergeant des colonies d’ardéidés doivent être recensés et au moins estimés annuellement dans la mesure du possible. Des indications précises des sites d’alimentation (dispersion autour des colonies) seraient les bienvenues.

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Aigrette garzette Egretta garzetta BILAN Environ 180 nids en 2012 pour cette espèce coloniale. SIGNIFICATION D’UN POINT Construction d’un nid, donc nicheur certain. CATÉGORIE Espèce à 50 à 200 points ; espèce coloniale à peu de sites donc, espèce rare. ATLAS DE NORMANDIE (A) L’effectif régional passe de 0 à plus de 400 nids en 20 ans (A1, A2) avec une dynamique favorable. ATLAS DE BRETAGNE (B) Déjà présente au lac de Grand Lieu (44) depuis des décennies (B1), l’espèce connaît une forte progression des années 1980 (B2) aux années récentes (B3), une extension forte de l’aire de répartition vers le nord et un nombre de cartes indicées passant de 8 à 74. AVANT 1999 (C, D1, D2) C’est une espèce qui est rarement observée avant 1987, puis le nombre de données annuelles progresse fortement jusqu’en 1991 mais sans dépasser 3 oiseaux ensemble. Plusieurs dizaines d’individus commencent à être notés en toutes saisons à partir de 1992. Les premières colonies sont repérées sur l’île du Châtellier (Cancale) en 1994 puis à Genêts en 1995 (fig. 3.29). En 1998, ces colonies sont respectivement de 31 et 30 nids. DE 2000 À 2012 (D1, D2) La colonie de Genêts (bois de chênes, proche d’un lagunage) se déplace vers l’îlot de Tombelaine (Genêts) en 1999 sans doute au moment de la destruction par tirs de la colonie de corbeaux freux dans laquelle elle s’était installée en 1995. La colonie prospère jusqu’en 2007 pour atteindre près de 200 nids puis commence à diminuer ensuite, sans doute à la suite des vagues de froid successives, pour remonter en 2012. 65 couples disparaissent de l’île du Châtellier en 2005, ainsi que la colonie nouvellement installée du rocher de Cancale.

Figure 3.29. L’aigrette garzette s’installe pour la première fois, au milieu des années 1990, dans une colonie de corbeaux freux située à l’arrière du lagunage de Genêts.

PROSPECTIONS 2009-2012 Après une petite baisse liée à la vague de froid de 2009-2010, le nombre de nids augmente de nouveau à Tombelaine à partir de 2011 pour retrouver en 2012 le niveau de 2007 (environ 180 nids). Les années verront peut-être d’autres sites colonisés. PROSPECTIONS PROPOSÉES Des prospections peuvent être ciblées sur les sites de colonies d’autres espèces (oiseaux marins, corbeaux freux, hérons cendrés) ; les sites connus hébergeant des colonies d’ardéidés doivent être recensés et au moins estimés annuellement dans la mesure du possible. Les oiseaux en période de reproduction en baie du Mont Saint-Michel.

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Héron cendré Ardea cinerea BILAN 20 couples pour 4-5 colonies. SIGNIFICATION D’UN POINT Construction d’un nid, donc nicheur certain. CATÉGORIE 20-50 couples. ATLAS DE NORMANDIE (A) Le héron cendré n’est nicheur en Normandie que depuis 1985 (A1). On observe une très forte progression vers l’ouest. Environ 600 nids pour 25 colonies sont recensés en 2005 (A2). ATLAS DE BRETAGNE (B) À la fin des années 1970, quelques cartes indicées existent en Loire-Atlantique (B1). Au milieu des années 1980, l’espèce progresse fortement vers le nord et s’installe dans la plupart des départements bretons, mais beaucoup d’observations témoignent d’indices possibles ou probables. Dans les années 2000, outre une forte progression spatiale, le nombre de cartes a fortement augmenté avec beaucoup d’indices de nidification certaine. Un doublement de la population est proposé entre 1985 et 2007 (B2, B3). AVANT 1999 (C, D1, D2) Cette espèce n’est pas nicheuse et il n’y a aucun indice de reproduction avant 1999. DE 2000 À 2012 (D1, D2) Le héron cendré a cessé d’être persécuté à partir de 1976, date de sa protection. Cela lui a permis de progresser aussi bien à travers la Normandie, où il niche à partir de 1985, qu’à travers la Bretagne et de s’installer enfin en baie du Mont-Saint-Michel en 2011 (Provost, 2012). L’espèce y était recherchée depuis des années. Des adultes en plumage nuptial (adultes à bec rouge) étaient observés régulièrement sur plusieurs sites, notamment en vallée du Couesnon. PROSPECTIONS 2009-2012 Aucun indice n’a été relevé dans le cadre du protocole, bien que l’espèce ait niché en 2011 et 2012. Les sites concernés avaient été prospectés soigneusement mais avant 2011. Provost (2012) découvre ainsi en 2011 une petite colonie de 2 nids dans le marais de la Claire-Douve (Saint-Jean-le-Thomas). En 2012, cette colonie prospère avec 6 nids ; la même année, 5 autres nids sont installés à proximité d’une colonie de corbeau freux à Vains (Provost, 2013) et l’espèce colonise l’autre côté de la baie, avec 8-9 nids dans le marais de Châteauneuf d’Ille-et-Vilaine (FDC 35 in Provost, 2013). Les observations après 2012 montrent qu’il continue sa progression. La surprise vient de la vallée du Couesnon où, malgré un nombre d’observations croissant, les recherches ne permettent pas de trouver de colonie. Le milieu semble pourtant extrêmement favorable de Pontorson au sud d’Antrain. PROSPECTIONS PROPOSÉES Le héron cendré est à suivre au moins sur les quelques sites où il est installé ; les prospections aléatoires semblent pour le moment les plus adaptées pour rechercher de nouvelles colonies. BIBLIOGRAPHIE SPÉCIFIQUE Provost S., 2012. Les oiseaux de la baie du Mont-Saint-Michel en 2011 GONm, Bretagne Vivante, Maison de la baie du Viviersur-Mer, AESN : 170 p. Provost S., 2013. Les oiseaux de la Baie du Mont-Saint-Michel en 2012. GONm, Bretagne Vivante, CPIE du Vivier-sur-Mer, AESN : 88 p. FDC 35 in Provost S., 2013. Les oiseaux de la Baie du Mont-Saint-Michel en 2012. GONm, Bretagne Vivante, AESN : 88 p.

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2.6

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CICONIIDÉS

Cigogne blanche Ciconia ciconia BILAN 1 site, 1 nid. SIGNIFICATION D’UN POINT Construction d’un nid, donc nicheur certain. CATÉGORIE Nidification occasionnelle. ATLAS DE NORMANDIE (A) Une forte progression est perceptible en Normandie sur 3 secteurs précis : les marais du Cotentin et du Bessin, les marais de la Dives, la vallée de la Seine. ATLAS DE BRETAGNE (B) Une très forte progression est perceptible surtout en Loire-Atlantique depuis le dernier atlas (B2, B3). AVANT 1999 (C, D1, D2) La cigogne blanche niche occasionnellement en vallée du Couesnon (Sougéal, le Mesnil en PleineFougères) depuis fort longtemps. Le premier couple est signalé en 1969 à Sougéal (fig. 3.30) ! Le tableau 3.2 résume la situation de 1969 à 2012. Tableau 3.1. Nidification de la cigogne blanche en baie du Mont-Saint-Michel (1969-2012). Année

Commune / site

Production de jeunes

1969

Sougéal/marais

échec

De 1970 à 1972

Absence de tentative connue

1973

Sougéal/marais

échec

1976

Sougéal/marais

échec

De 1977 à 1991

Absence de tentative connue

1992

Servon (hors zone d’étude)

échec

1993

1 jeune à l’envol

1998

Pleine-Fougères/marais du Mesnil Pleine-Fougères/marais du Mesnil Pleine-Fougères/marais du Mesnil Pleine-Fougères/marais du Mesnil Vains/marais du Vergon

1999

Vains/marais du Vergon

De 2000-2002

Absence de tentative connue

2003

Sougéal/marais

3 jeunes à l’envol

2004

Sougéal/marais

2 jeunes à l’envol

2005

Sougéal/marais

aucune information liée à la reproduction

2006

Sougéal/marais

3 jeunes à l’envol (Provost, comm. pers.)

2007

Sougéal/marais

3 jeunes à l’envol

2008

Sougéal/marais

mâle en début de saison ; 1 ou 2 individus en avril

2009

Sougéal/marais

mâle en début de saison ; 1 ou 2 individus en avril

2010

Sougéal/marais

1 mâle seul sur le nid en mars

2011

Sougéal/marais

2 jeunes à l’envol

2012

Sougéal/marais

1 jeune qui n’ira pas à l’envol (Besnard, comm. pers.)

1994 1995 1996-1997

3 jeunes à l’envol 3 jeunes à l’envol échec 2 jeunes à l’envol échec

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Un couple s’est installé à Sougéal en 2003 (tab. 3.1). Le nid est situé dans une parcelle privée sur l’une des plates-formes artificielles installées en 2003 entre les hameaux de Chalandrel et d’Alisson. L’existence du marais conditionne cependant la présence de ces oiseaux dans la zone d’étude. De 2003 à 2012, le mâle est le même, mais c’est une autre femelle à partir de 2006. Les années où il y a une production de jeunes, ils sont systématiquement bagués par Provost. L’espèce ne niche pas en 2008, 2009 et 2010. Un couple s’installe à nouveau en 2011 et produit 4 jeunes, dont seulement 2 survivront, nourris par le mâle seul, après la mort de la femelle. En 2012, un couple produit un jeune qui meurt début juin pour des raisons inconnues. La surprise vient du peu de données acquises sur cette espèce emblématique dans la base de données (seulement 249 entre 1969 et 2012). « Tout le monde » va voir LE nid occupé, notamment à Sougéal dans les années 2000-2010, mais les observations relevées sont disparates et souvent absconses. Le baguage systématique des jeunes réalisé dans les années 2000 par Provost permet au moins de connaître le succès de reproduction, mais cette information importante n’apparaît pas systématiquement dans les bases. Recueillir l’ensemble du jeu de données existant a nécessité de longues et fastidieuses recherches. PROSPECTIONS 2009-2012 Dans le cadre de l’atlas, cette espèce n’a pas fait l’objet d’un effort de prospection particulier. Ce fut un tort, puisqu’il s’avère qu’elle ne suscite pas spontanément le niveau de documentation escompté dans les bases associatives. PROSPECTIONS PROPOSÉES L’espèce est rare mais remarquable, des prospections aléatoires liées aux observations éparses suffisent à la détecter ; elle est à rechercher au moins sur quelques sites annuellement comme les marais périphériques.

Figure 3.30. Le marais de Sougéal est le seul site à accueillir régulièrement un couple de cigogne blanche depuis des décennies mais c’est loin d’être annuel.

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2.7

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ACCIPITRIDÉS – FALCONIDÉS

Le protocole simple tel qu’il est proposé n’est pas adapté à cette famille d’oiseaux. Dans ce chapitre, nous avançons donc prudemment, sans grandes certitudes. Ce groupe compte 6 espèces nicheuses. La buse variable et le faucon crécerelle sont les 2 espèces les plus fréquentes avec quelques dizaines de couples chacune sur 300 km². L’épervier d’Europe compterait peut-être moins de couples. Les autres espèces ne comptent pas plus de 5-10 couples nicheurs dans le meilleur des cas et moins de 5 sans doute pour la plupart d’entre elles. La bondrée apivore a toujours été signalée aux abords du site mais connaître vraiment son évolution sur les 30 dernières années paraît une gageure. Le busard des roseaux s’est sans doute implanté dans les années 1980 mais le nombre de nicheurs est toujours resté très faible. Le faucon hobereau s’est implanté dans les 40 dernières années mais il ne semble pas plus commun entre 20002012 qu’entre 1973-1999. Le faucon pèlerin a colonisé le site.

Bondrée apivore Pernis apivorus BILAN Un territoire au mieux. SIGNIFICATION D’UN POINT Observation d’un individu en milieu favorable en juin, donc nicheur possible. CATÉGORIE Espèce à très petit nombre de contacts ou sites < 20. ATLAS DE NORMANDIE (A) L’Orne et l’Eure sont les départements les plus peuplés. Environ 500 couples nichent sur l’ensemble de la région. ATLAS DE BRETAGNE (B) Espèce largement représentée sur l’ensemble de la région avec probablement une distribution irrégulière comme en Normandie. L’estimation du nombre de couple est extrêmement imprécise de l’ordre de 6002 000. AVANT 1999 (C, D1, D2) Elle se reproduirait aux abords de la vallée du Couesnon (Le Lannic et al., 1993). L’espèce est détectée aux abords du marais de Dol-Châteauneuf en 1998 (F1) ; une installation dans ce secteur paraît peu probable. DE 2000 À 2012 (D1, D2) Les bases de données fournissent peu d’indications. La bondrée apivore est détectée en marge de la baie vers Saint-Michel-des-Loups (Jullouville) en 2011 (couple alarmant début juillet), et c’est la seule donnée qui indiquerait un couple probablement nicheur. PROSPECTIONS 2009-2012 C’est une espèce plutôt forestière, donc rare par la nature même des milieux du site. Seuls les boisements en marge peuvent être utilisés comme sites de nidification, avec quelques intrusions exceptionnelles à l’intérieur de la baie pour se nourrir. Aucune évolution ne peut être constatée. PROSPECTIONS PROPOSÉES Des prospections aléatoires liées aux observations éparses suffisent à la détecter. BIBLIOGRAPHIE SPÉCIFIQUE Le Lannic, J., coord., 1993 - Atlas des oiseaux nicheurs d’Ille-et-Vilaine. Bondrée apivore. SEPNB : 51.

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Busard des roseaux Circus aeruginosus BILAN 2 ou 3 couples possiblement nicheur. SIGNIFICATION D’UN POINT Comportement territorial d’un couple observé à plusieurs reprises à différentes époques, donc nicheur probable. CATÉGORIE Espèce qui est peut-être devenue occasionnelle en l’état des connaissances de 2012. ATLAS DE NORMANDIE (A) Dans les années 1980, l’espèce venait de recoloniser la Normandie (A1) et la population était estimée à 12 couples (A1). Avec actuellement 25-35 couples, la situation est donc meilleure mais les populations restent cantonnées à quelques secteurs. ATLAS DE BRETAGNE (B) La population bretonne s’est accrue assez rapidement de 1975 à 1985 (B1, B2). Elle s’accroît plus lentement actuellement surtout dans le Morbihan et le Finistère (B3). La population totale est estimée à 240-275 couples dont assez peu en Ille-et-Vilaine et surtout dans le sud du département. AVANT 1999 (C, D1, D2) Le busard des roseaux a été nicheur dans les herbus ouest du Mont-Saint-Michel depuis le milieu des années 1980 jusqu’à la fin des années 1990 et jusqu’à 2, peut-être 3, couples, s’y sont installés. Il a niché au moins une fois au marais de la Folie (Antrain), à la fin des années 1980 (Beaufils & Morel, 2013) ; il s’est installé probablement irrégulièrement à la mare de Bouillon (Jullouville) autour des années 2000 ainsi que dans la roselière de Genêts à partir de la fin des années 1980 et durant les années 1990. Enfin, 2 sites ont probablement été occupés en 1998 dans le marais de Dol-Châteauneuf (F1). À la fin des années 1990, on peut raisonnablement estimer qu’1 couple niche dans les herbus (Roz-sur-Couesnon), 2 couples dans le marais de Dol-Châteauneuf et 1 couple à la mare de Bouillon (Jullouville). Soit 4 couples nicheurs simultanés au maximum durant cette période. DE 2000 À 2012 (D1, D2) Depuis le début des années 2000, de nombreux indices se sont accumulés, mais sans qu’aucune preuve certaine de nidification n’ait été apportée. Il y aurait un cas dans les herbus entre 2003 et 2005 (A2). De la mare de Bouillon (Jullouville) aux marais de Dol et de Châteauneuf, en passant par la vallée du Couesnon, on peut donc voir cette espèce en période de reproduction, mais sans que la reproduction soit certaine. PROSPECTIONS 2009-2012 L’enquête, telle qu’elle est conçue, n’est pas adaptée à la recherche du busard des roseaux. Néanmoins, plusieurs indices probables sont recueillis plusieurs années de suite sur les mêmes zones. Il s’agit d’une part d’un site entre la Rochetorin (Courtils) et Ardevon (Pontorson) et d’autre part entre Châteauneuf d’Ille-et-Vilaine et l’est de Lillemer. Plusieurs observations d’adultes seuls ont été effectuées dans les herbus (Roz-sur-Couesnon) entre avril et juin, mais aussi entre la chapelle Sainte-Anne (Saint-Broladre) et le marais de Châteauneuf, sans toutefois aucun indice sérieux obtenu. PROSPECTIONS PROPOSÉES Les observations de parade en mars-avril, de nourrissage de la femelle et des jeunes par le mâle d’avril à juillet devraient être systématiquement recherchées pour éviter la confusion entre estivage et réelle nidification. Des prospections aléatoires liées aux observations éparses permettent de localiser les zones les plus propices. BIBLIOGRAPHIE SPÉCIFIQUE Beaufils M. & Morel R., 2014. Espace Naturel Sensible du marais de la Folie (Antrain) Bilan d’une année de suivi de l’avifaune en 2013 Rapport Bretagne Vivante pour le Conseil Général d’Ille-et-Vilaine : 58 p.

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Épervier d’Europe Accipiter nisus BILAN 20-30 territoires possibles. SIGNIFICATION D’UN POINT Observation en milieu favorable, donc nicheur possible. CATÉGORIE Espèce dont au moins 20 couples semblent présents, mais dont les effectifs nicheurs ne dépassent sans doute pas 50 couples. ATLAS DE NORMANDIE (A) L’épervier d’Europe serait plutôt en augmentation en Normandie, avec une estimation de 2 000-3 400 couples. ATLAS DE BRETAGNE (B) Il n’y pas d’évolution connue. Le nombre de couples est estimé à 4 500-7 000. AVANT 1999 (C, D1, D2) C’est une espèce qui semble plus commune à l’est du site qu’à l’ouest. Ceci est peut-être lié au peu d’information qui circule dans la partie ouest de la baie du Mont-Saint-Michel. DE 2000 À 2012 (D1, D2) Bien qu’on puisse le voir jusque dans les herbus, c’est certainement une espèce plus commune aux marges de la baie, plus boisées (fig. 3.31). PROSPECTIONS 2009-2012 Il est impossible de dire si tous les points (fig. 3.32) correspondent à un territoire ou à un couple, le protocole n’étant clairement pas adapté au recensement de cette espèce. Certains secteurs favorables, comme les abords de la zone Saint-Jean-le-Thomas – Vains ou la mare de Bouillon, paraissent peu peuplés alors qu’il y est sans doute présent. Avec seulement 23 sites où l’épervier d’Europe a été contacté, il paraît 2 à 3 fois moins abondant que la buse variable ou le faucon crécerelle. Sa relative abondance dans l’ouest de la baie sur la zone boisée entre Dol-de-Bretagne et Châteauneuf d’Ille-et-Vilaine et dans la vallée du Couesnon ne semble pas faire de doute quand on la parcourt. C’est un nicheur clairement absent des polders, mais il les fréquente plus régulièrement que ne le laisse paraître les points épars. Une femelle est observée (obs. pers.) en juin 2012 capturant un jeune vanneau huppé non volant dans les herbus. Il est donc rarement observé dans ce secteur et ne fait qu’exploiter la digue de la Duchesse-Anne. Une fourchette d’une vingtaine de couples au minimum à moins de 50 couples paraît réaliste.

Figure 3.31. La vallée du Lude (Carolles) accueille l’épervier d’Europe. Les oiseaux en période de reproduction en baie du Mont Saint-Michel.

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Figure 3.32. Répartition des points de contacts de l’épervier d’Europe (2009-2012) en baie du Mont-Saint-Michel

PROSPECTIONS PROPOSÉES Il serait intéressant de le noter systématiquement de façon concertée sur l’ensemble du site certaines années, ce qui permettrait rapidement d’être mieux renseigné sur ses lieux de fréquentation (fig. 3.33).

Figure 3.33. Boisée sur ses marges, la vallée du Thar (Jullouville) est fréquentée par l’épervier d’Europe. Les oiseaux en période de reproduction en baie du Mont Saint-Michel.

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Buse variable Buteo buteo BILAN Autour de 80 sites ont été repérés. SIGNIFICATION D’UN POINT Observation d’au moins un individu en zone favorable en période favorable, donc nicheur possible. CATÉGORIE Espèce dont au moins 20 couples semblent présents mais dont les effectifs nicheurs pourraient dépasser peut-être 50 couples. ATLAS DE NORMANDIE (A) En une quarantaine d’années (A1, A2), la buse a su reconquérir l’intégralité de la Normandie. L’estimation actuelle serait de 6 500 couples. ATLAS DE BRETAGNE (B) Il y a probablement peu d’évolution (B2, B3), mais colonisation de la zone côtière à l’ouest de la région notamment le Finistère. L’estimation actuelle serait de 6 000-8 000 couples. AVANT 1999 (C, D1, D2) La buse variable est nicheuse sur tout le pourtour de la baie. Il existe une estimation de densité unique proposée en 1998 de 8-10 couples sur le marais de Dol-Châteauneuf (fig. 3.34) et son pourtour, c’est-àdire environ 2 500 ha (F1). DE 2000 À 2012 (D1, D2) Il y a peu d’information sur cette espèce peu notée.

Figure 3.34. La buse variable peut installer son nid au milieu des marais (la Fresnais) ou des polders sur des haies linéaires de peupliers.

PROSPECTIONS 2009-2012 La buse variable niche tout autour du site et à l’intérieur de la baie du Mont-Saint-Michel, y compris dans les polders. Certaines données sont obtenues des années différentes et il n’est pas impossible que des territoires aient été pris en compte deux fois sur 2009-2012 (fig. 3.35). La buse variable semble omniprésente dans les marais de Dol-Châteauneuf, avec une vingtaine de couples et donc une estimation du double de celle de 1998 (F1). Cette espèce, avec bien d’autres (voir grive musicienne, grimpereau des jardins, geai des chênes, etc.) indique que le sud du marais de Dol est en train de se boiser.

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Il est prudemment proposé une estimation de 50 couples au minimum et 80 couples au maximum qui correspondraient aux 82 points recensés sur 4 années, avec des densités plus fortes à l’ouest du site. Ceci représente une densité de 20-40 couples pour 100 km2, 2 à 4 fois moins que les meilleures densités (Chartier in Debout, 2009) en Normandie (80 couples pour 100 km²) et même moins que les densités en zones moins riches (50 couples pour 100 km²). Bien que facile à voir en période de reproduction sur des zones typiques (fig. 3.36) ou moins typiques, son statut reste à définir plus précisément. L’estimation 50-80 couples paraît être un bon ordre de grandeur.

Figure 3.35. Répartition des points de contacts de la buse variable (2009-2012) en baie du Mont-Saint-Michel

PROSPECTIONS PROPOSÉES Il faudrait s’intéresser aux méthodes d’échantillonnage actuellement préconisées pour les rapaces. BIBLIOGRAPHIE SPÉCIFIQUE Chartier A. in Debout G. (coord.), 2009. Atlas des oiseaux nicheurs de Normandie. 2003-2005. La buse variable. Le Cormoran, 17 : 86-87.

Figure 3.36. La buse variable fréquente typiquement le bois de Saint-Jean-le-Thomas.

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Faucon crécerelle Falco tinnunculus BILAN 74 sites. SIGNIFICATION D’UN POINT Observation d’au moins un individu en zone favorable en période favorable, donc nicheur possible. CATÉGORIE Espèce dont au moins 20 couples semblent présents, mais dont les effectifs nicheurs pourraient dépasser peut-être 50 couples. ATLAS DE NORMANDIE (A) La population de faucon crécerelle tend à baisser, d’où un intérêt de le recenser précisément. L’estimation du nombre de couples est de 5 400-7 700. ATLAS DE BRETAGNE (B) Il ne semble pas y avoir d’évolution visible. L’estimation du nombre de couples est de 6 000-8 000. AVANT 1999 (C, D1, D2) C’est sans doute le rapace le plus abondant avant 1999. DE 2000 À 2012 (D1, D2) Le faucon crécerelle est très peu noté. PROSPECTIONS 2009-2012 Le faucon crécerelle est détecté sur tout le pourtour de la baie I. Il est prudemment proposé entre 50 et 80 couples sur l’ensemble du site, c’est-à-dire 20 à 40 couples pour 100 km² (fig. 3.37).

Figure 3.37. Répartition des points de contacts du faucon crécerelle (2009-2012) en baie du Mont-Saint-Michel

PROSPECTIONS PROPOSÉES Il faudrait s’intéresser aux méthodes d’échantillonnage actuellement préconisées pour les rapaces. Les oiseaux en période de reproduction en baie du Mont Saint-Michel.

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Faucon hobereau Falco subbuteo BILAN 9 sites possibles. SIGNIFICATION D’UN POINT Observation d’individus en juin, donc nicheur possible. CATÉGORIE Espèce à très petit nombre de contacts ou sites < 20. ATLAS DE NORMANDIE (A) Après avoir recolonisé la Normandie dans les années 1980, le faucon hobereau progresse entre 1980 et 2002, puis diminue probablement ces dernières années. L’estimation de 300-600 couples des années 2000 pourrait être revue à la baisse. ATLAS DE BRETAGNE (B) L’enquête B3 met en évidence une spectaculaire expansion géographique vers l’ouest (de 80 cartes indicées à 235 entre les 2 atlas, B2 et B3). L’espèce ne dépassait pas l’ouest de la ligne Saint-Malo – Vannes en 1985. Elle a conquis toute la Bretagne, sauf les îles, en 2008. L’estimation du nombre de couples serait de 500-1 000. AVANT 1999 (C, D1, D2) Grâce surtout aux communications personnelles, une douzaine de couples « possibles » étaient signalés en 1999 : polders (4), Sougéal, marais de Châteauneuf d’Ille-et-Vilaine (3), marais de la Folie (Antrain). Il existe 3 cartes indicées « certain » dans A1 et 1 dans B2. DE 2000 À 2012 (D1, D2) C’est une espèce trop peu suivie au niveau des nicheurs. Il existe une carte indicée nicheur certain dans A2 et une dans B3. PROSPECTIONS 2009-2012 L’enquête et le protocole ne sont pas adaptés à la recherche de cette espèce à nidification tardive. Aucun nid n’a été trouvé, ni aucune preuve de nidification certaine détectée. L’estimation est de 5-10 couples, dont un non répertorié à la limite de la zone d’étude en vallée du Thar (Saint-Pair-sur-Mer). On suspecte plusieurs couples sur la zone Saint-Jean-le-Thomas – marais de la Claire-Douve (Dragey-Ronthon – Genêts) –Vains (en comptant l’arrière-pays), puis 1 à Céaux, 1 à Beauvoir, 2 au minimum en vallée du Couesnon (fig. 3.38), au moins 2 à l’ouest de la baie entre Châteauricheux (Saint-Méloir-des-Ondes) et le marais de Dol-de-Bretagne. Aucun contact sérieux n’a été obtenu dans les polders ouest du MontSaint-Michel jusqu’à la chapelle Sainte-Anne (Saint-Broladre). PROSPECTIONS PROPOSÉES Une notation systématique des observations aiderait à définir les meilleures zones à prospecter.

Figure 3.38. Le faucon hobereau est souvent présent en vallée du Couesnon (La Fontenelle) en période de reproduction. Les oiseaux en période de reproduction en baie du Mont Saint-Michel.

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Faucon pèlerin Falco peregrinus BILAN Deux couples et 2 sites. SIGNIFICATION D’UN POINT Détection d’une aire, donc nicheur certain. CATÉGORIE Espèce à très petit nombre de contacts ou sites < 20. ATLAS DE NORMANDIE (A) Le faucon pèlerin est à nouveau nicheur depuis 1994 (29 ans après la disparition du dernier couple nicheur) en Normandie. L’estimation dans A2 est de 26 à 31 couples. ATLAS DE BRETAGNE (B) Dans l’atlas breton 1980-1985 (B2), il n’est pas mentionné. Le premier couple nicheur est trouvé en 1997 (B3), date à laquelle le texte concernant cette espèce est publié, puis une augmentation régulière est constatée. En 2008, l’estimation est de 12-14 couples, mais 19 cartes sont indicées dans l’atlas le plus récent. L’espèce a apparemment retrouvé sa répartition du début des années 1960. Actuellement (B3), il est connu uniquement sur les falaises. AVANT 1999 (C, D1, D2) Il n’y a aucun indice de nidification jusqu’en 1999, mais une légende qui court au sein des milieux naturalistes (hors Normandie) entretient toujours l’idée qu’il niche au Mont-Saint-Michel depuis longtemps. DE 2000 À 2012 (D1, D2) Un couple fait des tentatives dans l’ouest de la baie du Mont-Saint-Michel à partir du milieu des années 2000. Un premier couple se reproduit avec succès à partir de 2008 (Al Lark, comm. pers.) puis un second à partir de 2012 sur un tout autre site (suivi Loison, 2012) à l’est de la baie du Mont-Saint-Michel. Mais nous tenons à signaler qu’en 2012, il n’a toujours pas niché au Mont-Saint-Michel ! PROSPECTIONS 2009-2012 Il n’a pas été recherché dans le cadre de ce protocole. C’est un migrateur et hivernant presque commun depuis des décennies, et l’on a pu parfois estimer la population hivernale à une dizaine d’oiseaux, vus simultanément pendant les comptages limicoles concertés (C). Sa nidification était attendue dès le milieu des années 1990 quand il a commencé à recoloniser la Bretagne et la Normandie. On l’espérait nicheur depuis les années 2000, avec l’observation de parades de couples mais tardives. Après des doutes sur une installation antérieure à 2005 du côté breton, il est découvert de manière certaine en 2008 avec des jeunes ; le second couple ne s’installe qu’en 2012 (Loison, 2012), de l’autre côté de la baie. Chaque région de la baie du Mont-Saint-Michel a donc en 2012 au moins SON couple qu’il pourra revendiquer ! Loison intitule son article : le retour du faucon pèlerin en baie du Mont-Saint-Michel (sous-entendu comme nicheur) : y avait-il niché auparavant dans les années 1950 avant sa disparition ? Du point de vue régional, que ce soit en Bretagne ou en Normandie, on en est sûr, mais nous n’avons aucune trace orale ou écrite pour la baie. PROSPECTIONS PROPOSÉES Prospections aléatoires liées aux observations spontanées ; à rechercher au moins sur quelques sites annuellement. BIBLIOGRAPHIE SPÉCIFIQUE Loison L., 2012. Le retour du faucon pèlerin (Falco peregrinus) en baie du Mont-Saint-Michel. Le Cormoran 18 (76) : 217220

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RALLIDÉS

Deux espèces de rallidés nichent communément, la poule d’eau et la foulque macroule. La foulque macroule est beaucoup plus exigeante quant à la nappe d’eau, assez vaste et plus profonde, qu’elle doit utiliser. La poule d’eau se contente de peu. Le râle d’eau a été trouvé nicheur certain sur 2 sites. Il est possible qu’il en utilise plusieurs autres mais ceci reste à démontrer. Quant à la marouette ponctuée, très rare, elle n’a jamais été trouvé nicheuse de 1973 à 2012.

Râle d’eau Rallus aquaticus BILAN 11 contacts dont 5 seulement dans le protocole pour 5 à 8 sites. SIGNIFICATION D’UN POINT Un contact (observation, cri ou chant) en période de reproduction, donc nicheur possible. CATÉGORIE Espèce à très petit nombre de contacts ou sites < 20. ATLAS DE NORMANDIE (A) C’est une espèce répartie par noyaux de population en Normandie liée à la présence des marais. Une enquête spécifique (A2) indique une progression très spectaculaire dans les marais du Cotentin et du Bessin. ATLAS DE BRETAGNE (B) Cette espèce est très peu commune sur les côtes de la Manche et beaucoup plus implantée sur la côte atlantique. Elle est plutôt peu commune à l’intérieur des terres. Elle semble à la baisse, notamment en Ille-et-Vilaine. AVANT 1999 (C, D1, D2) Le râle d’eau est signalé en période de reproduction à mare de Bouillon (Jullouville), au marais de la Claire-Douve (Saint-Jean-le-Thomas), à la roselière de Genêts et au marais de la Folie (Antrain). DE 2000 À 2012 (D1, D2) Voir texte prospections 2009-2012.

Figure 3.39. Les lagunes de Cherrueix, un des rares sites d’installation certaine et régulière du râle d’eau.

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PROSPECTIONS 2009-2012 5 contacts ont été obtenus durant le protocole, à Cherrueix (2 sites, fig. 3.39), à Genêts (2 sites côtiers) et au marais du Vergon (Vains) uniquement. Les autres données (6) ont été récoltées au hasard des recherches par plusieurs observateurs (D1, D2 - 2009-2012) ; ce ne sont que des données de présence en période de reproduction (cri/chant) : la chapelle Sainte-Anne (Saint-Broladre), le marais de la Braize (Saint-Jean-de-la-Haize), le marais de la Folie (Antrain), le marais de Pival (Saint-Martin-des-Champs), le marais de la Claire-Douve (Saint-Jean-le-Thomas), le marais de Lézeaux (Jullouville, fig. 3.40). En l’état des connaissances, cette espèce est peu commune et localisée. Mais les couples isolés, sans concurrence, sont souvent peu loquaces (S. Lecocq, comm. pers.). Le râle d’eau est une espèce très difficile à repérer dans des zones où elle est peu abondante (peu de chants et cris). Il n’est donc pas repéré ou repérable (?) à la mare de Bouillon (Jullouville), en bonne période, et le fait de pouvoir entrer sur le site en 2012 n’a pas permis de le contacter cette année-là en période de reproduction, pas plus qu’en 2013 (Provost & Morel, 2014). Il est pourtant bien présent à proximité dans le marais de Lézeaux (Jullouville). Malgré des dizaines d’heures de prospection assidue, autant à La Folie (Antrain) qu’à la chapelle Sainte-Anne (Saint-Broladre), il n’a été que très rarement entendu sur la dernière décennie. De même pour la roselière de Genêts, arpentée des centaines d’heures lors des séances de baguage, Provost (2013a) ne donne que très peu d’informations (quelques adultes capturés ainsi que des juvéniles nés localement). Le râle n’a pas été repéré dans les marais de Dol-Châteauneuf. L’espèce doit donc être recherchée spécifiquement à l’aube et au crépuscule plus judicieusement et certainement avec un protocole adapté (repasse « cri du cochon ») comme l’indique S. Lecocq (comm. pers.). Il est proposé une estimation provisoire de 10-20 couples au minimum sur l’ensemble du site. PROSPECTIONS PROPOSÉES Des prospections aléatoires peuvent suffire pour une première approche. Pour la recherche spécifique d’éventuels nids (le marais de la Folie ou la roselière de Genêts pourraient être des sites éligibles pour ce genre de projet), S. Lecocq du GONm, spécialiste de l’espèce (Lecocq, 2011), peut aider à monter des protocoles, pour gagner un temps appréciable. BIBLIOGRAPHIE SPÉCIFIQUE Lecocq S., 2011. Avifaune du marais du Grand Hazé/61 : bilan des connaissances (1972-2008). Le Cormoran 18 (74) : 67-104 Provost S., 2013a. Avifaune de la roselière de Genêts (Période 1971 à 2013) – Bilan des observations et données de baguage au sein d’un espace remarquable. Le Cormoran 19 (77) : 43-59 Provost S. & Morel R., 2014. Les oiseaux de la Baie du Mont-Saint-Michel en 2013. GONm, Bretagne Vivante, CPIE de la Baie du Mont-Saint-Michel, AESN : 48 pages

Figure 3.40. En vallée du Thar (Jullouville), le râle d’eau semble d’apparition récente.

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Marouette ponctuée Porzana porzana BILAN 0 dans le protocole inadapté/entendue sur 1-2 marais hors protocole. SIGNIFICATION D’UN POINT Un contact (observation ou chant) entre avril et juin, donc nicheur possible. CATÉGORIE Espèce non nicheuse jusqu’en 2012, sans doute occasionnelle en l’état des connaissances. ATLAS DE NORMANDIE (A) Il y a trop peu de recherches spécifiques pour faire un point réel sur cette espèce. En l’état, la marouette ponctuée serait un oiseau très rare et dont les effectifs fluctueraient d’une année sur l’autre. ATLAS DE BRETAGNE (B) Seulement 3 points sont collectés au précédent atlas (B2), contre 11 pour le plus récent (B3) surtout en Loire-Atlantique, mais elle est en fait considérée comme apparemment stable depuis les années 1980. AVANT 1999 (C, D1, D2) C’est une espèce non nicheuse connue dans quelques sites, notamment à la roselière de Genêts (80 % des données) au passage postnuptial. DE 2000 À 2012 (D1, D2) C’est une espèce observée plus régulièrement en période postnuptiale, grâce à des recherches spécifiques, toujours à la roselière de Genêts (Provost, 2013a) ; cette roselière trustant (voir infra) à nouveau 70-80 % des données pour cette espèce. En 2012, Provost (2012) met en place des soirées d’écoute spécifiques concertées sur plusieurs marais (voir prospection 2009-2012). PROSPECTIONS 2009-2012 Le protocole n’étant pas adapté à cette espèce (nocturne), aucun point n’a été relevé durant l’enquête elle-même. Après O. Dubourg dans les années 1980, S. Provost a été longtemps un des seuls ornithologues à rechercher cette espèce, notamment par écoute nocturne. Il a lancé depuis 2012 des sorties concertées à une échelle plus vaste (plusieurs marais « écoutés » simultanément, prospections en avril et juin), mobilisant des ornithologues. C’est le seul moyen de récolter des indices de présence sans pénétrer à l’intérieur des marais. En 2012, la marouette ponctuée avait été contactée dans le marais du Vergon à Vains mais aussi derrière l’hôpital de Pontorson (zones de prairies humides). Dans la roselière de Genêts, Provost (après plusieurs centaines d’heures de baguages de 1999 à 2013) capture un jeune non volant né sur place (Provost, 2013 a, b). C’est la première preuve de reproduction en baie du MontMichel et, à ce jour, une des rares de Normandie. La roselière de Genêts (soit 0,1 % de la surface de la baie du Mont-Saint-Michel terrestre) est le site le plus fréquenté de la baie depuis les années 2000 y compris de l’intérieur, avec les activités de baguage. De ce fait, cette roselière ne peut être comparée avec aucun autre site potentiel pour cette espèce. Malgré sa fréquentation, le faible nombre de contacts avec la marouette ponctuée en période de reproduction sur ce site montre les difficultés d’approche de cette espèce. PROSPECTIONS PROPOSÉES Les actions déjà menées par Provost, c’est-à-dire 2 sorties concertées par an en avril et juin depuis 2012 sur plusieurs marais simultanément, sont actuellement suffisantes pour circonscrire les lieux de présence de cette espèce. BIBLIOGRAPHIE SPÉCIFIQUE Provost S., 2013a. Avifaune de la roselière de Genêts (Période 1971 à 2013) – Bilan des observations et données de baguage au sein d’un espace remarquable. Le Cormoran 19 (77) : 43-59 Provost S., 2013b. Nidification de la marouette ponctuée Porzana porzana en baie du Mont-Saint-Michel en 2013. Points sur les données historiques régionales. Le Cormoran 19 (78) : 115-118

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Poule d’eau Gallinula chloropus BILAN 225 points de contact au moins. SIGNIFICATION D’UN POINT Observation d’un individu en zone favorable, donc nicheur possible. CATÉGORIE Espèce à plus de 200 couples mais inférieur à 1 000. ATLAS DE NORMANDIE (A) La poule d’eau est au moins stable, notée sur la majorité des cartes, à 80 % comme nicheur certain. Elle serait plutôt en augmentation d’après les enquêtes (A2). ATLAS DE BRETAGNE (B) La poule d’eau est au moins stable, notée sur la majorité des cartes, à 70 % comme nicheur certain (B3). AVANT 1999 (C, D1, D2) C’est un nicheur régulièrement répartis autour de la baie sans effectif proposé. DE 2000 À 2012 (D1, D2) Une moyenne de 12 (!) données par an, à l'époque de reproduction, correspond à 4 fois plus de données que lors de la précédente période (1973-1979). PROSPECTIONS 2009-2012 (2013) Nous tentons ici une première évaluation sur le site pour cette espèce largement méconnue, car peu notée. Elle est présente un peu partout, dès qu’il y a de l’eau, mais en général en petits effectifs. On trouve aussi des concentrations de nicheurs (voir fig. 3.41) le long de certains canaux. Dès que le milieu semble favorable (fréquence élevée) la nidification est possible. Très souvent des jeunes sont observés lors du second passage (fin mai-juin) ; ils permettent d’obtenir un indice de nidification certaine. Il faut être néanmoins prudent, dans la mesure où sur certains sites (grandes longueurs de canaux à découvert par exemple), la poule d’eau très méfiante se cache rapidement au moindre petit bruit. Quand c’est possible, un recensement à vélo (beaucoup de chemins bordant des canaux) est très intéressant pour cet oiseau : on peut arriver très rapidement et sans bruit sur les sites de présence où l’on surprend adultes et jeunes avant qu’ils ne bougent. En 2012 (année très pluvieuse), ont été observées de nombreuses secondes couvées réussies ; très souvent on observait des groupes réunissant les jeunes de la première nichée (non totalement émancipés) et ceux de la seconde, alors que de telles observations étaient rares entre 2009 et 2011. Les prospections sur le marais de Sougéal (Beaufils, Morel, 2007-2014 a à f) ou celui de la Folie (Antrain) (Beaufils, Morel, Bouttier, 2013) montrent ce qui était attendu, c’est-à-dire de fortes variations annuelles de reproduction (nombre et dates). Ces variations sont essentiellement liées au niveau d’eau de mars à juillet (échecs liés aussi bien aux crues qu’à la sécheresse), et plus précisément à la pluviosité et aux températures au moment des éclosions : une forte pluviosité ou des températures basses au moment des éclosions sont très préjudiciables. La zone autour de la mare de Bouillon (Jullouville) paraît vraiment peu peuplée par exemple. Il est probable que, depuis l’acquisition par le Conservatoire du Littoral en 2013, une pénétration plus facile de ce site permettra de réévaluer plus sérieusement les effectifs. Lors de parcours IKA, l’espèce est apparue comme relativement commune, bien qu’absente de 9 parcours sur 24. Les densités sont faibles (tableau 3.13 p. 321). L’estimation par cette méthode donne 200 couples en moyenne, c’est-à-dire pratiquement le même chiffre que le protocole localisé. Finalement, une estimation de 250 à 500 couples est proposée, avec une sous-estimation possible de cette espèce discrète (fig. 3.42). Un protocole plus rigoureux pourrait permettre de trancher.

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Figure 3.41. Répartition des points de contact de la gallinule poule-d’eau en baie du Mont-Saint-Michel 2009-2012

PROSPECTIONS PROPOSÉES Le suivi exhaustif de cette espèce est-il nécessaire ? Les différentes tentatives de suivis (quadrats, petits secteurs ou linéaires) au marais de Sougéal et au marais de la Folie (Antrain) sont peu convaincantes (notes pers.). La complexité de la biologie de la reproduction (étalée dans le temps, échecs, pontes de remplacement) augmente la difficulté des estimations des couples nicheurs. Enfin, comme toute espèce commune à assez commune considérée en bonne santé, la poule d’eau est négligée par les observateurs. BIBLIOGRAPHIE SPÉCIFIQUE Voir Ansériformes, bibliographie Sougéal et la Folie (Antrain) de a à g.

Figure 3.42. La poule d’eau se contente de peu pour s’installer (Cherrueix).

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Foulque macroule Fulica atra BILAN 139 sites de nid individuel. SIGNIFICATION D’UN POINT Rarement nicheur possible, un couple sur site favorable et le plus souvent nicheur certain avec un nid. CATÉGORIE Espèces évaluées à 50 à 200 couples. ATLAS DE NORMANDIE (A) La population régionale serait supérieure à 1 000 couples et en progression (A2). ATLAS DE BRETAGNE (B) La foulque macroule serait plutôt en progression quant au nombre de cartes indicées. La progression serait en direction de l’ouest. Il semble y avoir densification de l’aire de distribution. AVANT 1999 (C, D1, D2) La foulque macroule est connue comme nicheur en très petit nombre (parfois < 10 couples et plus souvent < 5 couples) à Jullouville, Saint-Jean-le-Thomas, Dragey, Genêts, Vains et certains marais périphériques de la baie, dont la Folie (Antrain). Des tentatives irrégulières et infructueuses ont eu lieu sur le marais de Sougéal. Les lagunages des stations d’épuration communales sont fréquentés notamment à l’ouest de la baie du Mont-Saint-Michel. L’ensemble des sites colonisés n’est sans doute pas connu. DE 2000 À 2012 (D1, D2) Le peu d’informations sur cette espèce dans les bases ne permet pas de connaître son évolution. Des études dans le marais de Sougéal (cf. bibliographie spécifique dans Anatidés, de a à f) permettent de mieux appréhender la phénologie locale de la reproduction et la production de jeunes. PROSPECTIONS 2009-2012 Cette espèce est plus commune et plus également répartie qu’on ne le pensait, grâce aux lagunages des stations d’épuration. Toutes les communes recensées il y a une dizaine d’années sont encore occupées. En 2012, les marais de Sougéal et la Folie (Antrain) concentrent à eux seuls 60 % du total des couples et des nids. À Sougéal, des changements de niveau d’eau (niveau plus haut et plus stable en début de saison) ont fait fortement progresser les installations, qui passent d’une dizaine de couples très irrégulièrement à plusieurs dizaines régulièrement et en augmentation de 2007 à 2012. Le marais de la Folie (Antrain) n’accueille pas plus d’une dizaine de couples que l’année très pluvieuse de 2012. Deux points sont à commenter à Sougéal : - une augmentation importante montre qu’il y avait un potentiel important (migrateurs, oiseaux locaux en attente de sites ?) ; - il y a un très faible taux de jeunes à l’envol, maximum 17 depuis 2007, moins de 10 pour 50-75 nids couvés en 2011-2012. Il s’avère donc que le maintien tardif de l’eau favorise l’espèce dans un premier temps, mais que la vidange trop précoce (ou tout simplement une baisse rapide lors d’années sèches) liée à la nécessité de permettre aux brochetons de rejoindre le Couesnon (l’un des objectifs principaux de cette réserve naturelle régionale est d’être une frayère fonctionnelle à brochets) pose un problème quant à l’échec important du nombre de nids (90 % minimum). PROSPECTIONS PROPOSÉES Des recherches systématiques sont préconisées sur les sites connus. BIBLIOGRAPHIE SPÉCIFIQUE Voir Ansériformes, bibliographie Sougéal et la Folie (Antrain) de a à g.

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2.9

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CHARADRIIFORMES (ORDRE)

L’ordre des charadriiformes possède des représentants dans 4 familles (hæmatopodidés, récurvirostridés, charadriidés, laridés) et une dizaine d’espèces sont nicheuses sur le territoire étudié. Le lien entre presque toutes ces espèces est la présence d’humidité ou d’eau à proximité du lieu de nidification. Les milieux utilisés sont extrêmement variés. La plupart des espèces (3 espèces de goélands, huîtrier pie, gravelot à collier interrompu, petit gravelot, vanneau huppé) sont des nicheurs de longue date qui sont au moins stables ou en augmentation sur une période de 30-40 ans (malgré parfois des baisses très récentes). Les goélands s’installent presque uniquement sur des zones en mer ou isolées de la terre (îlots de la baie de Cancale, Tombelaine/Genêts), n’utilisant jamais les zones de falaises reliées à la terre à Cancale ou à Carolles. En revanche, ils nichent sur les toits de Granville, en marge du périmètre d’étude. Les 2 espèces de recurvirostridés se sont installées au cours de la dernière décennie (mais cela semble être une tendance à plus large échelle A2, B3) : l’avenir nous dira si c’est de manière durable. Nous savons maintenant que, pour l’échasse blanche, de très nombreux sites sont favorables, ce qui augmente les chances de voir l’implantation locale réussir. Pour l’avocette élégante, il y a au moins un site régulièrement utilisé mais l’espèce commence aussi à essaimer ailleurs. Depuis 1973, le grand gravelot a été trouvé nicheur une fois et la mouette rieuse 3-4 fois : ces 2 espèces sont des espèces nicheuses occasionnelles sur les 40 dernières années. 2.9.1

HÆMATOPOPIDÉS

Huîtrier pie Haematopus ostralegus BILAN 6 couples ; 4 îlots en baie de Cancale. SIGNIFICATION D’UN POINT Un contact avec un couple sur un site au moins 2 fois à quelques semaines d’intervalle, donc un nicheur probable. CATÉGORIE Espèce à très petit nombre de contacts ou sites < 20. ATLAS DE NORMANDIE (A) L’espèce progresse fortement en Normandie depuis 1979 (doublement des reproducteurs), liée surtout à l’île de Chausey (A1, A2). ATLAS DE BRETAGNE (B) L’huîtrier pie aurait progressé (B2, B3) en Bretagne par « diffusion à partir des bastions traditionnels ». AVANT 1999 (C, D1, D2)

Des installations sont seulement connues à l’ouest de la baie du Mont-Saint-Michel en rade de Cancale : 8 couples sur l’île des Landes, l’île du Châtellier, les Rimains et Port-Briac. DE 2000 À 2012 (D1, D2)

Il n’y a aucune évolution constatée depuis 1999, la situation reste identique. PROSPECTIONS 2009-2012 Cette espèce est recensée en même temps que les autres oiseaux marins par une équipe de Bretagne Vivante sur les îlots ouest de la baie. L’année 2010 a été prise comme référence avec 6 couples : 1 sur le Herpin, 1 sur l’île des Landes, 1 sur le Rocher de Cancale, 1 au Châtellier, 2 aux Rimains. Les îlots ouest de la baie semblent être les seuls à pouvoir accueillir cette espèce (accessibilité difficile). PROSPECTIONS PROPOSÉES Le recensement actuel régulier des îlots est suffisant.

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Groupe Ornithologique Normand 2.9.2

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RÉCURVIROSTRIDÉS

Échasse blanche Himantopus himantopus BILAN 15 couples pour 1 à 3 sites en 2012. SIGNIFICATION D’UN POINT Présence d’un nid ou de jeunes non volants, donc nicheur certain (quelques cas de nicheur probable avec couple s’installant mais échouant). CATÉGORIE Espèce à très petit nombre de contacts ou sites < 20. ATLAS DE NORMANDIE (A) La progression est pour le moment peu sensible (A1, A2) jusqu’à la parution de A2 en 2009, bien que l’espèce niche maintenant chaque année dans la région. ATLAS DE BRETAGNE (B) Cette espèce a renforcé son implantation dans le sud de la Bretagne (Morbihan) et la Loire-Atlantique, elle s’est implantée dans le Finistère et en baie du Mont-Saint-Michel (B1, B2, B3). AVANT 1999 (C, D1, D2) L’échasse blanche a seulement niché de manière certaine dans le marais de la Folie (Antrain) en 1989 ; quelques tentatives isolées ont été observées ailleurs mais sans succès.

Figure 3.43. Les lagunes de Cherrueix, premier site d’installation régulière de l’échasse blanche au milieu des années 2000.

DE 2000 À 2012 (D1, D2) Non signalée comme nicheuse depuis 1989, l’échasse blanche a peut-être niché dès 2006 dans les marais du Couesnon : deux jeunes volants sont signalés à Sougéal et au Mesnil (Pleine-Fougères) à deux dates en juin, mais sans connaissance du site réel de nidification, qui pouvait être éloigné (cf. infra). En 2007, l’échasse blanche niche dans les lagunes salées du secteur de Cherrueix (fig. 3.43), sans doute après l’abandon des pratiques de collecte de sable (mare fermée par un cordon de sable coquillier). Sur ce site, une dizaine de couples (et exceptionnellement jusqu’à 19 en 2011) s’installent avec une production de jeunes irrégulière (en fait peu connue) en fonction de la hauteur d’eau présente, à l’instar de l’avocette élégante. Les années à météorologie humide semblent les meilleures (nids inaccessibles aux prédateurs). Des tentatives annuelles de nidification se produisent de 2005 à 2012 dans les Les oiseaux en période de reproduction en baie du Mont Saint-Michel.

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aménagements de la réserve de chasse maritime (Roz-sur-Couesnon) et sur un gabion à l’est du MontSaint-Michel (Huisnes-sur-Mer). Sur ce dernier site, le couple en 2010 a eu la particularité de produire des jeunes à l’envol qui finissent parfois d’être élevés au marais de la Folie (Antrain). D’autres cas récents (2013-2015, notes pers.) indiquent que cette pratique de déplacement des jeunes volants en fin d’élevage vers des zones plus favorables (distantes de plusieurs kilomètres du nid) est sans doute assez courante. Ceci peut d’ailleurs induire des erreurs dans les bases de données opportunistes, voire les atlas, spécialement sur les lieux réels de reproduction. Sur le lagunage d’Ardevon (Pontorson), l’échasse blanche s’installe à la suite de la sévère sécheresse en 2011 qui empêche la reproduction à Cherrueix (à sec) : 4 couples, puis 5 en 2012, élèvent des jeunes en fin de saison (Provost, 2013). PROSPECTIONS 2009-2012 L’échasse blanche a été trouvée sur les sites déjà connus (2007-2012). L’évolution observée en Bretagne et en Normandie fait plutôt penser à une progression d’oiseaux venus du sud. C’est une des quelques espèces, comme beaucoup d’espèces nicheuses rares mais attractives pour les ornithologues, pour laquelle les bases de données opportunistes paraissent efficaces pour connaître l’évolution du statut, dans la mesure où toutes les observations sont a priori relayées. Malheureusement, le suivi irrégulier permet rarement de connaître l’évolution des nichées d’un site et la production de jeunes. Le risque est que, cette espèce devenant progressivement plus commune, les observateurs la négligent. Les observations (obs. pers.) postérieures à 2012 montrent toutefois que les sites potentiels d’installation de cette espèce sont très nombreux. PROSPECTIONS PROPOSÉES Il est clair que des prospections annuelles ciblées sur les zones favorables suffisent. Mais, il est impératif de mettre en place des suivis réguliers sur les sites de reproduction pour connaître la production en jeunes et, éventuellement, leur devenir après assèchement de certaines mares. BIBLIOGRAPHIE SPÉCIFIQUE Provost S., 2013. Les oiseaux de la Baie du Mont-Saint-Michel en 2012. GONm/ Bretagne Vivante, Maison de la Baie du Vivier-sur-Mer, AESN : 88 p.

Figure 3.44. L’avocette niche dans les aménagements de la réserve de chasse (Roz-Sur-Couesnon).

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Avocette élégante Recurvirostra avosetta BILAN 15 couples max ; 2-4 zones localisées. SIGNIFICATION D’UN POINT Présence d’un nid ou de jeunes, donc nicheur certain (dans de rares cas, échec après tentative d’installation, nicheur probable). CATÉGORIE Espèce à très petit nombre de contacts ou sites < 20. ATLAS DE NORMANDIE (A) Les deux sites utilisés par cette espèce sont toujours la baie d’Orne et la baie de Seine (A1, A2). Il n’y a que peu d’évolution constatée. ATLAS DE BRETAGNE (B) L’avocette élégante demeure confinée à quelques marais littoraux entre le golfe du Morbihan et les marais du Mès et de Guérande ; les effectifs ont fortement augmenté (B2, B3). AVANT 1999 (C, D1, D2) L’espèce n’a jamais été détectée comme nicheuse en baie du Mont-Saint-Michel avant le creusement des aménagements de la réserve de chasse maritime (Roz-sur-Couesnon), où le premier cas est découvert en 1998 par Schricke (Schricke et al, 1999). DE 2000 À 2012 (D1, D2) Après quelques tentatives de reproduction infructueuses depuis 1999, l’avocette élégante est nicheuse régulière depuis au moins 2005 (fig. 3.44) sur les aménagements de la réserve de chasse maritime (Schricke, 2012). De 5 à 16 couples s’installent tous les ans depuis 2008 (D1, D2, Schricke, 2013). La production de jeunes dépend essentiellement du régime hydrique. En 2012, 4 couples s’installent avec des échasses blanches dans les bassins de lagunages d’Ardevon (Pontorson), 2 nids produisent 7 jeunes (Provost, 2013). PROSPECTIONS 2009-2012 Cette espèce est recensée lors des prospections sur le site connu des aménagements de la réserve maritime de chasse en 2009 et hors prospection à Ardevon (Pontorson). Nous pouvons avancer que les bases de données opportunistes paraissent efficaces pour suivre l’évolution du statut, dans la mesure où toutes les observations sont a priori relayées. Malheureusement, le suivi permet rarement de connaître l’évolution des nichées d’un site et la production de jeunes. Des déplacements pédestres de jeunes pas tous volants, (sans doute avec l’aide des parents, obs. pers.) ont été constatés intra-herbus. Ces mouvements ont eu lieu entre la mare de nidification initiale qui va s’assécher et une autre mare encore en eau distante d'un kilomètre. Les implantations actuelles sont trop peu nombreuses pour prédire un avenir à cette espèce. PROSPECTIONS PROPOSÉES Des prospections annuelles ciblées sur les zones favorables suffisent à connaître l’état des populations ; Il est impératif de mettre en place des suivis réguliers pour évaleur la production de jeunes. BIBLIOGRAPHIE SPÉCIFIQUE Provost S., 2013. Les oiseaux de la Baie du Mont-Saint-Michel en 2012. GONm, Bretagne Vivante, Maison de la Baie du Vivier-sur-Mer, AESN : 88 p. Schricke V., Desmidt, Y. & Guérin, D., 1999. Premier cas de nidification de l’avocette élégante Recurvirostra avosetta en baie du Mont-Saint-Michel. Alauda 67 (1) : 14 Schricke V., Desmit Y. & Guérin D., 2012 Réserve de chasse et de faune sauvage du Mont-Saint-Michel : suivi de l’aménagement. Saison 2011/2012. ONCFS, FDC 35, FDC 50 : 3 pages. Schricke V., Desmit Y. & Guérin D., 2013. Réserve de chasse et de faune sauvage du Mont-Saint-Michel : suivi de l’aménagement. Saison 2012/2013. ONCFS, FDC 35, FDC 50 : 3 pages.

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Groupe Ornithologique Normand 2.9.3

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CHARADRIIDÉS

Petit gravelot Charadrius dubius BILAN 8 contacts. SIGNIFICATION D’UN POINT Parades au moins, donc un nicheur probable. CATÉGORIE Espèce à très petit nombre de contacts ou sites < 20. ATLAS DE NORMANDIE (A) Il y peu d’évolution de l’effectif pour cette espèce, mais une évolution quant aux répartitions des sites. Il n’y aucune tendance d’évolution dans le sud de la Manche. ATLAS DE BRETAGNE (B) Il semble y avoir une forte contraction de l’aire de répartition vers l’est. AVANT 1999 (C, D1, D2) Les rares nicheurs sont notés entre 1979 et 1999 au polder Foucault (Beauvoir), au bec d’Andaine (Genêts), sur l’herbu de Genêts, aux Courtils, à l’anse de Moidrey (Pontorson), au bassin de lagunage d’Ardevon (Pontorson) et au Vivier-sur-Mer. C’est une espèce qui reste rare et relativement peu fidèle à des sites précis. DE 2000 À 2012 (D1, D2) Une tentative de reproduction est observée sur les bancs coquilliers de Saint-Benoît-des-Ondes. L’atlas de Normandie (A2) indique un point de nicheur certain en vallée de la Sélune et un probable dans le secteur de Beauvoir. A. Hémon (comm. pers.) ne détecte au maximum que 4 nids en 2012 entre le MontSaint-Michel et l’anse de Moidrey (Pontorson) au plus fort des travaux qui par leur nature, créent de nombreuses zones favorables en mettant le sol à nu sur de vastes surfaces. PROSPECTIONS 2009-2012 Lors des prospections, l’espèce n’a été trouvée qu’autour du Couesnon (commune de Beauvoir, du Mont-Saint-Michel et de Moidrey (Pontorson)). Les points recensés ne reflètent pas la variation annuelle (sur la saison) et interannuelle des sites utilisés en fonction des aléas climatiques (sécheresse ou inondation) et anthropiques (grands travaux autour de la zone qui peuvent plutôt favoriser son installation par mise à nu des sols de certaines zones). L’espèce est compliquée à détecter sauf en début de saison au moment des parades démonstratives de fin avril et début mai. Il est tentant de dire que le petit gravelot a régressé par rapport à il y a une quinzaine d’années (C), vu le peu de surfaces occupés et la contraction locale de l’aire utilisée. Quant aux effectifs annuels, ils sont probablement restés stables. L’espèce est donc à rechercher et à surveiller. L’effectif très faible est soumis non seulement aux aléas locaux mais aussi à ceux de la migration. Aucun contact n’a été obtenu dans les herbus malgré de vastes zones qui semblent favorables. Il est probable qu’une fois les travaux finis au Mont-Saint-Michel, l’espèce y sera peut-être moins concentrée qu’actuellement. Pour exemple et pour montrer la rareté de cette espèce, sans doute systématiquement notée, voici l’ensemble des données liées à la période de la reproduction en 2012 par Provost (2013). Cette année 2012 a permis d’acquérir le plus de données au cours de la dernière décennie avec 3 fois plus de données (40) que la moyenne annuelle (13), sachant qu’il y a un suivi spécifique « chantier » (sur cette espèce) au Mont-Saint-Michel (fig. 3.45). Au total, en période de reproduction de mai à juillet, 25 données sont récoltées concernant la reproduction. Plus de la moitié (14) provient de la zone « anse de Moidrey – abords du Mont-Saint-Michel » suivie spécifiquement et des jeunes seront vus ; 5 données proviennent du lagunage d’Ardevon (Pontorson), les 6 autres données proviennent d’observations isolées en plusieurs points le long de la Sélune entre Courtils et Pontaubault.

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PROSPECTIONS PROPOSÉES Des prospections aléatoires liées aux observations éparses suffisent dans un premier temps ; le petit gravelot est au moins à rechercher annuellement sur quelques sites, particulièrement sur les quelques km² autour du barrage de la Caserne (le Mont-Saint-Michel) et jusqu’à l’anse de Moidrey (Pontorson). BIBLIOGRAPHIE SPÉCIFIQUE Provost S., 2013. Les oiseaux de la Baie du Mont-Saint-Michel en 2012. GONm, Bretagne Vivante, Maison de la Baie du Vivier-sur-Mer, AESN : 88 p.

Figure 3.45. L'auteur de la photo, A. Hémon du Syndicat mixte du Mont-Saint-Michel, a régulièrement sauvé les nids des engins de chantiers (voir au fond) pendant des années.

Grand gravelot Charadrius hiaticula BILAN Non détecté. AVANT 1999 (C, D1, D2) Un couple avait niché à Hirel le 2/05/2000 (nid à 4 œufs/P. Le Mao/D2). C’est donc une espèce potentielle.

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Gravelot à collier interrompu Charadrius alexandrinus BILAN 40+ nids dispersés sur les plages, au minimum, en 2010. SIGNIFICATION D’UN POINT Les points enregistrés correspondent à des nids en 2010 (voir Plan Régional d’Action en Bretagne et Normandie). CATÉGORIE Espèce dont au moins 20 couples semblent présents mais dont les effectifs nicheurs ne dépassent pas 50 couples. ATLAS DE NORMANDIE (A) Le nombre de couples (191-209+) est en augmentation (A1, A2), notamment à la fin des années 2000. « L’avenir de l’espèce ne semble pas à court terme inquiétant en Normandie, si la prise de conscience de la protection des laisses de haute mer, initiée par le GONm, se poursuit. Cependant, à moyen terme, le statut de l’espèce devient plus problématique à cause du réchauffement climatique et notamment de la montée des eaux qui transforme les hauts de plage (modification de la granulométrie sédimentaire) en défaveur du gravelot à collier interrompu. » ATLAS DE BRETAGNE (B) L’espèce est plutôt en diminution (B2, B3). L’aire de répartition s’est contractée. La baie du Mont-SaintMichel représente, en fonction des estimations, le tiers ou le quart des couples bretons. AVANT 1999 (C, D1, D2) Les sites de nidification sont connus et répertoriés depuis longtemps. Ils semblent peu varier car soumis à des règles liées aux milieux utilisés : - les herbus de Rochetorin (Courtils) ont été fréquentés une seule fois en 1987 (3 nids) ; - on a noté exceptionnellement 1-2 couples à Saint-Pair-sur-Mer (fig. 3.46), mais avec des échecs systématiques sauf récemment (Plan Régional d’Action Normandie) ; - on note régulièrement des couples de Saint-Jean-le-Thomas au bec d’Andaine (Genêts), mais avec des changements d’emplacements réguliers (5-8 couples) ; - de Saint-Benoît-des-Ondes à la chapelle Sainte-Anne (Saint-Broladre) : « 30 couples » en 1973 (Le Lannic, coord., 1993), 23-26 couples en 1989, 21-23 couples en 1996 et 20-25 couples en 1998 sur les cordons coquilliers (Février, 1999). L’effectif sur l’ensemble de la baie est donc de d’une trentaine de couples annuellement. DE 2000 À 2012 (D1, D2) Entre 2004 et 2007, des opérations concertées dans le sud de la baie montrent une extension de l’aire de répartition vers l’est de Cherrueix (Février, 2010). De nouveaux bancs coquilliers croissent, permettant à l’espèce de coloniser de nouveaux espaces. En 2004, l’estimation du nombre de couples passe de près de 40 en 2004 à 55 couples en 2007. En 2009, de nouvelles opérations concertées (Bretagne Vivante, R. Morel, coord.) permettent d’estimer à 40-49 le nombre de couples. On constate une baisse en 2010 (2638 couples), notamment liée à une chute des effectifs sur la partie est du site (de la chapelle Sainte-Anne à des bancs de sables au-devant du polder Frémont, entre Saint-Broladre et Roz-sur-Couesnon), théoriquement parmi les plus propices. Cette espèce fait l’objet ensuite d’un PRA (Plan Régional d’Action) à partir de 2010 et 2011 respectivement en Normandie (Binard & Debout, 2010, Collectif 2013) puis en Bretagne (Hémery & Huteau, 2014). Les résultats très importants obtenus lors d’études complètes font l’objet de rapports extrêmement détaillés (emplacements de nids, production de jeune, raison de destruction des nids…) qui peuvent être consultés. PROSPECTIONS 2009-2012 Dans la mesure où les PRAGCI (Plans Régionaux d’Actions Gravelot à Collier Interrompu) étaient mis en place durant la période de l’atlas des deux côtés de la baie, nous n’avons fait que reprendre les résultats obtenus durant la période.

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Tableau 3.2. Nombre de couples observés de part et d’autre de la baie du Mont-Saint-Michel (Bretagne : Hémery & Hutteau, 2014 sauf comm. pers., Morel, 2009 ; Normandie, Collectif 2013). Zone/années 2009 2010 2011 2012 Zone ouest du Mont-Saint-Michel (35) 40-49 26-38 60 (49-70) 37 (14-60) Zone est du Mont-Saint-Michel (50) inconnu 7 11 14

Il y a une augmentation du nombre de couples (une cinquantaine actuellement) depuis la fin des années 1990 (autour de 30 couples). Mais lors des années 1990, les suivis n’étaient pas simultanés dans les parties normande et bretonne, ce qui ne permettait pas de conclure de manière certaine. En effet, il peut y avoir des échanges (non connus) entre les deux secteurs. Il est clair tout de même que l’évolution vers l’est des bancs de sables, situés au sud de la baie vers Roz-sur-Couesnon au-devant des grands herbus, augmente de manière non négligeable le potentiel des emplacements utilisables par le gravelot à collier interrompu. Les résultats de la zone ouest du Mont-Saint-Michel (tab. 3.2) montrent clairement les difficultés à obtenir un nombre précis de couples nicheurs dès que l’on dépasse la dizaine. PROSPECTIONS PROPOSÉES Les recommandations des PRA Bretagne et Normandie sont actuellement suivies. BIBLIOGRAPHIE SPÉCIFIQUE Binard R. & Debout G., 2010. Plan régional d’actions du Gravelot à collier interrompu en Basse-Normandie. Groupe Ornithologique Normand : 27 p. Collectif, 2013. Plan Régional d’Actions gravelot à collier interrompu en Basse-Normandie 2010-2012. Document de synthèse. Groupe Ornithologique Normand : 61 p. Février Y., 1999. Les cordons coquilliers de la baie du Mont-Saint-Michel : un patrimoine naturel à préserver. Rapport de stage BTS GPN : 50 p. Février Y., 2010. La nidification du gravelot à collier interrompu. Charadrius alexandrinus sur le littoral ouest de la baie du Mont-Saint-Michel : une progression liée à la dynamique sédimentaire ? Ar Vran 21 : 6-14. Hémery D. & Hutteau M. (coord.), 2014. Plan Régional d’Action pour le Gravelot à collier interrompu en Bretagne. Phase 2011-2013-Recueil d’expérience. Bretagne Vivante : 73 p. Le Lannic, J. coord.1993 - Atlas des oiseaux nicheurs d’Ille-et-Vilaine. Le gravelot à collier interrompu. SEPNB : 71

Figure 3.46. À l’estuaire du Thar (Saint-Pair-sur-Mer), le gravelot à collier interrompu niche irrégulièrement, il peut être mis en place des zones de protection temporaires.

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Vanneau huppé Vanellus vanellus BILAN 41 sites individuels. SIGNIFICATION D’UN POINT Les parades ou alarmes suffisent à noter un point, donc un nicheur probable. CATÉGORIE Espèce dont au moins 20 couples semblent présents mais dont les effectifs nicheurs ne dépassent pas 50 couples. ATLAS DE NORMANDIE (A) Il y a une forte baisse des effectifs régionaux (A1, A2) entre une estimation très large des années 19811984 (1 500-2 600) et une estimation sans doute assez proche de la réalité en 2003-2006 (620-765). ATLAS DE BRETAGNE (B) Guermeur et Monnat (B1) indiquent que le vanneau huppé est en forte expansion en Bretagne dans les années 1980 et que son histoire régionale plus ancienne est très mal connue. Quelques années plus tard, le bilan fait état d’une évolution négative, l’espèce passant de 97 cartes indicées (B2) à 68 cartes indicées (B3) en 20 ans. La contraction de l’aire de répartition est patente. Il y a disparition totale de la population du centre Bretagne et raréfaction ailleurs. AVANT 1999 (C, D1, D2) Les informations recueillies sont confuses. La présence de poussins ou de jeunes à l’envol n’est pratiquement jamais évoquée (une fois). La seule donnée « chiffrée », la plus ancienne de l’atlas breton de 1970-1975 (B1), évoque une population de 50-70 couples pour l’ensemble de l’Ille-et-Vilaine ; les points de nidification certaine apparaissent surtout sur ce département. On peut donc estimer à une cinquantaine de couples la population des années 1970, essentiellement dans la zone du marais de Dol-Châteauneuf. Mais nous n’avons aucune idée sur la manière dont le résultat est en réalité recueilli (aucun écrit retrouvé), notamment sur le nombre de couples qui est sans doute une estimation grossière. Le vanneau huppé est connu dans les herbus est du Mont-Saint-Michel, où quelques dizaines de couples (plus ou moins en « colonies ») tentent de s’installer sporadiquement : en 1989 (30-40 couples) ou en 1996 (35 couples), mais avec des attaques des corneilles noires incessantes (obs. pers.) ; il n’y a alors aucune indication concernant des jeunes. Dès les travaux achevés à la fin des années 1990, les aménagements de la réserve de chasse maritime (Roz-sur-Couesnon) accueillent quelques couples (2-4) ; il n’y a aucune indication concernant des jeunes. Le marais de Sougéal aurait accueilli 10-20 couples les meilleures années (avec des jeunes à l’envol en 1997), avec une absence certaine de reproduction d’autres années (1996 et 1998). Il s’avère que la validité de la donnée de 1997 est douteuse, car les jeunes volants observés en juin n’étaient certainement pas nés sur place. Finalement, il n’y a aucune mention sérieuse de jeunes réellement nés à Sougéal (et aussi très peu de mentions de nids couvés réellement observés) dans les bases de données existantes ; quelques cas de reproduction (sans aucune mention d’indice) sont signalés dans l’anse de Moidrey (Pontorson) entre 1980 et 1988, mais aucune note ne concerne des jeunes. Dans le recensement associatif des limicoles nicheurs (Anonyme, 1997), on trouve : 1 couple dans le marais de Châteauneuf, 1-2 dans le marais de Dol, 16 dans le marais du Mesnil (Pleine-Fougères), 1 dans le marais de la Folie (Antrain), mais il n’y a aucune indication concernant des jeunes. Dans le marais de Dol-Châteauneuf (F1), on détecte 16 couples minimum en 1998, avec au moins 17 éclosions ; c’est la seule indication de présence de jeunes connus dans la littérature locale et les bases de données D1, D2 jusqu’en 1999.

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Figure 3.47. Polder où les vanneaux huppés ne se réinstalleront pas : un mètre de tangue (extraction dus aux travaux du Mont-Saint-Michel) a recouvert certains polders en 2013 (Saint-Georges de-Gréhaigne).

DE 2000 À 2012 (D1, D2) On ne trouve ni d’informations nouvelles par rapport aux années antérieures, ni d’indication sur d’éventuels jeunes. Dans les bases de données, nous avons trouvé moins de 10 données concernant des nids, des œufs ou des jeunes depuis…1975 ! PROSPECTIONS 2009-2012 Le nombre assez élevé de points trouvés durant l’enquête est surprenant et inattendu en comparaison de la connaissance très insuffisante des périodes antérieures. Ce nombre est, de plus, peut-être sous-estimé, car, en 2009-2010, des alarmes en plein milieu des polders (fig. 3.47) n’ont probablement pas été validées par manque de connaissance sur la biologie du vanneau huppé. Il s’est avéré clairement ensuite, lors de prospections plus ciblées, qu’une simple alarme dans un champ de jeunes maïs pouvait témoigner de la présence d’un nid ou mieux de jeunes. Il y a aussi de fortes variations sur les sites d’une année sur l’autre : une année sèche ne donne pas du tout les mêmes résultats qu’une année humide ; il semble en effet y avoir un certain opportunisme des installations, selon les niveaux d’eau des zones potentielles. S’il y a une baisse possible du nombre de couples par rapport à certaines années (années 1980 ou plutôt 1990) par le fait qu’on ne voit plus de groupes de quelques dizaines de couples, pour autant y a-t ‘il baisse de la production de jeunes ? On est en effet troublé par les fichiers plus anciens, ne faisant jamais apparaitre la présence de jeunes locaux. Dans le protocole 2009-2012, plusieurs jeunes sont observés non volants ou à peine volants (donc non liés à l’erratisme). Au total, nous avons obtenu plus d’informations pendant ces 4 ans que lors des 30 dernières années, sauf en 1998 (F1) où un véritable recensement du marais de Dol-Châteauneuf est effectué : nous y retrouvons aujourd’hui, 10-15 ans plus tard, un nombre identique de couples et de jeunes que Pulce (fig. 3. 48).

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Figure 3.48. Répartition des points de contacts du vanneau huppé (2009-2012) en baie du Mont-Saint-Michel

PROSPECTIONS PROPOSÉES Il faut refaire une prospection ciblée pour cette espèce en reprenant tous les sites d’observation connus entre 2009 et 2012 pour actualiser les effectifs (fig. 3.49). Il est possible qu’il y ait une baisse de la population, mais nous n’avons strictement aucune information qui nous dit qu’il y avait plus de jeunes à l’envol auparavant. Il faut être extrêmement prudent sur l’observation de jeunes volants en juin, l’erratisme postnuptial commençant dès ce mois pour cette espèce. BIBLIOGRAPHIE SPÉCIFIQUE Anonyme, 1997. Limicoles nicheurs de Bretagne : synthèse des recensements 1995-1996. GEOCA, GOB, SEPNB. Doc. Polycopié : 13 p.

Figure 3.49. Le vanneau huppé niche dans certaines mares des herbus (Roz-sur-Couesnon).

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LARIDÉS

Mouette rieuse Chroicocephalus ridibundus BILAN 3 couples une année sur un site. SIGNIFICATION D’UN POINT Présence d’un nid, donc nicheur certain. CATÉGORIE Nicheur occasionnel rare. ATLAS DE NORMANDIE (A) La situation est très contrastée, avec un nombre de sites qui a fortement diminué en Basse-Normandie et qui a fortement augmenté en Haute-Normandie, en particulier le long de la Seine. ATLAS DE BRETAGNE (B) Le nombre de colonies installées sur la côte sud en Loire-Atlantique et dans le Morbihan a augmenté mais l’espèce a disparu du Finistère et d’Ille-et-Vilaine. On constate donc une contraction de l’aire de répartition dans deux directions différentes vers le nordest en Normandie et vers le sud en Bretagne. AVANT 1999 (C, D1, D2) Une colonie s’installe à Sougéal en 1983 : 4 nids contiennent des pontes. Une tentative aurait eu lieu sur le même site en 1994 (pas d’informations complémentaires). Un couple s’est installé dans les herbus à l’ouest du Mont-Saint-Michel en 1986. Les Atlas A1, B1 indiquent 3 cartes de présence, mais seule la donnée de 1986 se rapportant aux herbus est circonstanciée. La nidification de cette espèce est occasionnelle. DE 2000 À 2012 (D1, D2) Il n’y a pas de réelle évolution, les tentatives de nidification sont occasionnelles (prospections 20092012). PROSPECTIONS 2009-2012 Des alarmes sont entendues en juin 2012 au niveau des aménagements de la réserve de chasse maritime (Roz-sur-Couesnon), mais sans preuves visuelles de reproduction. Comme reproductrice, la mouette rieuse est extrêmement rare en baie. Elle a été trouvée uniquement hors protocole dans le lagunage d’Ardevon (Pontorson) en 2012 avec 4 nids, et 5 juvéniles élevés (Provost, 2013). Cette installation au lagunage est peut-être liée à celle d’autres espèces coloniales comme l’avocette élégante et l’échasse blanche qui pourraient avoir « attiré » quelques couples. L’avenir nous dira s’il s’agit d’un nouveau cas isolé ou d’un phénomène plus durable. PROSPECTIONS PROPOSÉES Les prospections aléatoires liées aux observations éparses sont suffisantes ; la mouette rieuse est à rechercher au moins sur quelques sites (aménagement de la réserve de chasse maritime, lagunage d’Ardevon, lagunages en général) annuellement. BIBLIOGRAPHIE SPÉCIFIQUE Provost S., 2013. Les oiseaux de la Baie du Mont-Saint-Michel en 2012. GONm, Bretagne Vivante, Maison de la Baie du Vivier-sur-Mer, AESN : 88 p.

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LES GOÉLANDS Malgré le nombre total de couples (notamment pour le goéland argenté), on ne peut considérer ces espèces comme « communes », au sens d’espèces dont les sites de reproduction sont largement répartis à l’échelle de la baie du Mont-Saint-Michel. Les sites de reproduction sont très peu nombreux, à savoir seulement 6 îlots : l’île des Landes, les Rimains, le Châtellier, le Rocher de Cancale, le Herpin, Tombelaine. La présence de prédateurs (cf. infra) sur ces îlots peut fragiliser fortement les colonies, ainsi que potentiellement le dérangement humain. Sur l’île des Landes, les faibles chiffres des années 2000 pourraient être liés à l’introduction supposée (ou à la venue naturelle) d’un renard, mais sans certitude (car on ne peut écarter la présence possible de mustélidés ou de rats). Les goélands sont des espèces très fragiles. Leurs rares zones de nidification doivent donc faire l’objet d’attentions particulières : suivi de la présence des prédateurs, interdiction temporaire d’accès aux sites de reproduction en milieu naturel, depuis l’installation des reproducteurs jusqu’à l’envol des jeunes. Le nombre de couples indiqué après le nom de chaque espèce correspond à l’année 2010, qui a été prise comme base de référence pour entrer les données sur la base SERENA.

Goéland brun Larus fuscus graellsii BILAN 50 nids en 2010 pour cette espèce coloniale. SIGNIFICATION D’UN POINT Présence d’un nid, donc nicheur certain (fig. 3.50). CATÉGORIE Espèce essentiellement coloniale à petit nombre de sites potentiels. ATLAS DE NORMANDIE (A) Malgré des recensements irréguliers d’une année sur l’autre, le goéland brun serait plutôt stable sur une longue période mais avec des modifications de sites, notamment des colonisations urbaines. ATLAS DE BRETAGNE (B) Il y a une augmentation du nombre de cartes indicées de B2 à B3 (de 46 à 59) mais il n’y a pas eu de recensement suffisamment précis (entre 1988 et 2008) pour connaitre réellement l’état des effectifs qui seraient au moins stables. ÉTAT DES POPULATIONS 1979-2012 (fig. 3.51, fig. 3,52) L’espèce est nicheuse à Tombelaine (Genêts, fig. 3.53), sur les îlots de la rade de Cancale et, plus rarement, sur les toits de Granville (hors cadre de cette étude).

Figure 3.50. Le goéland brun a niché depuis récemment en haut du Mont-Saint-Michel.

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Figure 3.51. Évolution du nombre de couples de goéland brun en rade de Cancale (1979-2011) ; somme de tous les îlots d’après la base de données de Bretagne Vivante (les données manquantes sont l’absence de recensement des îlots ; les chiffres très faibles correspondent souvent à un recensement partiel des îlots)

Figure 3.52. Évolution du nombre de couples de goéland brun (1979-2012) sur l’îlot de Tombelaine (d'après G. Debout, 1979-1985 puis L. Loison, 1986-2012 sauf P. Desgué, 1992 dans D1 de 1973 à 2012).

COMMENTAIRES Pour la première partie du commentaire, voir le début du commentaire goéland argenté (sauf pour graphiques). C’est l’espèce de goéland sans doute la moins commune du secteur à toute période de l’année. Le nombre de couples paraît globalement stable pour les îlots de Cancale de 1980 à 2000, puis il diminue. À Tombelaine, l’augmentation du nombre intervient au moment où la baisse est constatée à l’ouest de la baie. Il semble actuellement stable. Les oiseaux en période de reproduction en baie du Mont Saint-Michel.

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À Granville, entre 2009 et 2012, l’estimation du nombre de couples évolue de 4 les 3 premières années à 2 ; il ne semble pas y avoir eu de jeunes (Alamargot, comm. pers.). Cette espèce a niché pour la première fois (1 à 2 couples) en 2011 au Mont-Saint-Michel (Provost, 2012). Pour en savoir plus, notamment au niveau départemental (35), on se reportera aux conclusions du rapport de Cadiou et al., 2014a sur le bilan national des oiseaux marins nicheurs 2009-2012 et sur Cadiou et al. 2014 sur la nidification en Bretagne en 2013. PROSPECTIONS PROPOSÉES La prospection est déjà en place, dans le cadre de l’OROM avec un protocole dédié. BIBLIOGRAPHIE SPÉCIFIQUE Cadiou B. et les coordinateurs régionaux, coordinateurs départementaux et coordinateurs-espèce. 2014 a. Cinquième recensement national des oiseaux marins nicheurs en France métropolitaine : bilan final 2009-2012. GISOM-AAMP : 76 p. Cadiou B., Jacob Y., Provost P., Quénot F., Yésou P., Février Y. 2014, Bilan de la saison de reproduction des oiseaux marins en Bretagne en 2013. Bretagne Vivante-LPO-CEMO-ONCFS-GEOCA : 39 p. Houlier L. L., 2003. Évolution des cinq espèces principales d’oiseaux marins nicheurs sur l’Île des Landes - Bilan 2003 (comptages de couples) Bretagne Vivante-SEPNB Lesacher M. & Nebout T., 2011. Île des Landes. Rapport d’activité 2011. Bretagne Vivante-SEPNB : 2 p. Ollivier, M.-T. & Schricke. V., 1980. L’île des Landes. Penn ar Bed, n° 100-101 : p 33-38 Provost S., 2012. Les oiseaux de la baie du Mont-Saint-Michel en 2011 GONm, Bretagne Vivante, Maison de la baie du Viviersur-Mer, AESN : 170 p. Pustoc’h F., 1992. Île des Landes (35). Rapport d’activité 1992. Bretagne Vivante-SEPNB.

Figure 3.53. 10 à 20 couples de goéland brun nichent régulièrement à Tombelaine.

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Goéland argenté Larus argentatus argenteus BILAN 817 nids en 2010 pour cette espèce coloniale. SIGNIFICATION D’UN POINT Présence d’un nid, donc nicheur certain. CATÉGORIE Espèce coloniale à petit nombre de sites potentiels. ATLAS DE NORMANDIE (A) « Ce qui avait débuté dans les années 1980 s’est poursuivi et amplifié depuis, c’est-à-dire la progression des populations nicheuses urbaines et le déclin des plus anciennes colonies (les plus importantes) en milieu naturel. » ATLAS DE BRETAGNE (B) Le goéland argenté « gagne 18 mailles entre les années 1980 (B2) et les années 2000 (A3), essentiellement en milieu urbain où les populations continuent de croître. Les colonies littorales sont en revanche en déclin prononcé. »

Figure 3.54. Évolution du nombre de couples de goéland argenté en rade de Cancale (1979-2011) ; somme de tous les îlots d’après la base de données de Bretagne-Vivante (les données manquantes sont l’absence de recensement des îlots ; les chiffres très faibles correspondent souvent à un recensement partiel des îlots).

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Figure 3.55. Nombre de couples de goéland argenté (1979-2012) sur l’îlot de Tombelaine (d’après G. Debout 1979-1985 puis L. Loison 1986-2012, sauf P. Desgué, 1992 dans D1 de 1973 à 2012).

ÉTAT DES POPULATIONS 1979-2012 (fig. 3.54 et 3.55) L’espèce est seulement nicheuse à Tombelaine (Genêts), sur les îlots de la rade de Cancale et sur les toits des immeubles de la ville de Granville (hors cadre atlas baie).

Figure 3.56. Les goélands nicheurs de la ville de Granville ne sont pas pris en compte sur les graphiques mais dans le secteur c’est le seul site de nidification en ville.

COMMENTAIRES Le goéland argenté n’a pas été étudié dans le cadre du présent atlas. Nous n’avons fait que récupérer l’ensemble des données collectées par les associations annuellement pour Tombelaine, moins régulièrement pour les îlots de Cancale et sur les toits de la ville de Granville (fig. 3.56) durant l’enquête donc de 2009 à 2012 (Alamargot, comm. pers.).

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Pour la rade de Cancale, nous avons regroupé les îlots. Sur l’ensemble de ces sites de la rade de Cancale, il a été complexe de réunir l’ensemble des éléments de manière claire (Ollivier & Schricke, 1980, Pustoc’h, 1992, Houlier, 2003, Lesacher & Nebout, 2011). Il faut donc être circonspect sur les très petits effectifs (sauf 2009 et 2010). Les observations sur les deux secteurs de reproduction en milieu naturel montrent très clairement que les constatations régionales (A2, B3) s’appliquent aux deux sites avec une baisse beaucoup plus substantielle en rade de Cancale, comparable à celle de Chausey, et beaucoup moins rapide à Tombelaine (Genêts, fig. 3.57). À Granville, l’estimation du nombre de nids augmente de 2008 à 2009 (90-160), il est stable (autour de 160) de 2009 à 2012 ; le nombre de jeunes est estimé à plus de 270 en 2011 et à 110 au minimum en 2012, avec des fluctuations intermédiaires (170-250) pour les autres années (Alamargot, comm. pers.). Pour en savoir plus, notamment au niveau départemental (35), on se reportera aux conclusions du rapport de Cadiou et al. (2014 a) sur le bilan national des oiseaux marins nicheurs 2009-2012 et sur Cadiou et al. 2014 sur la nidification en Bretagne en 2013. PROSPECTIONS PROPOSÉES La prospection est déjà en place, dans le cadre de l’OROM avec un protocole dédié. BIBLIOGRAPHIE SPÉCIFIQUE Cadiou B. et les coordinateurs régionaux, coordinateurs départementaux et coordinateurs-espèce. 2014 a. Cinquième recensement national des oiseaux marins nicheurs en France métropolitaine : bilan final 2009-2012. GISOM-AAMP : 76 p. Cadiou B., Jacob Y., Provost P., Quénot F., Yésou P., Février Y. 2014. Bilan de la saison de reproduction des oiseaux marins en Bretagne en 2013. Bretagne Vivante-LPO-CEMO-ONCFS-GEOCA : 39 p. Houlier L., 2003. Évolution des cinq espèces principales d’oiseaux marins nicheurs sur l’Île des Landes - Bilan 2003 (comptages de couples) Bretagne Vivante-SEPNB Lesacher M. & Nebout T., 2011. Île des Landes. Rapport d'activité 2011. Bretagne Vivante-SEPN : 2 p. Ollivier, M.-T. & Schricke. V., 1980. L’île des Landes. Penn ar Bed, n° 100-101 : p 33-38 Pustoc’h F., 1992. Île des Landes (35). Rapport d’activité 1992. Bretagne Vivante-SEPNB.

Figure 3.57. Les trois espèces de goélands nichent à Tombelaine depuis la fin des années 1970 ou le début des années 1980.

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Goéland marin Larus marinus BILAN 73 nids en 2010 pour cette espèce coloniale. SIGNIFICATION D’UN POINT Présence d’un nid, donc nicheur certain. CATÉGORIE Espèce en générale coloniale à petit nombre de sites potentiels. ATLAS DE NORMANDIE (A) La population est de 1 300 couples à la fin des années 2000. Celle-ci a été multipliée par 3 depuis la fin des années 1980 (A1, A2). Plus de 70 % des effectifs nicheurs sont concentrés sur les colonies de Chausey et Saint-Marcouf. ATLAS DE BRETAGNE (B) Le goéland marin est en expansion continue depuis 1955 (B3). La population a été multipliée par 2 ou 3 depuis les années 1980-1990 ; 3 800 couples sont comptabilisés en 2011 ; augmentation du nombre de cartes indicées (B2, B3 ; de 51 à 64) parallèle à la croissance de la population. ÉTAT DES POPULATIONS 1979-2012 (fig. 3.59, fig. 3.58) L’espèce est nicheuse à Tombelaine (Genêts), sur les îlots de la rade de Cancale et sur les toits des immeubles de la ville de Granville (hors cadre de cette étude).

Figure 3.58. Évolution du nombre de couples de goéland marin en rade de Cancale (1979-2011) ; tous les îlots, d’après la base de données de Bretagne-Vivante (les données manquantes sont normalement des années où les îlots n’ont pas été recensés ; les chiffres très faibles correspondent aux années où les îlots n’ont pas tous été recensés).

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Figure 3.59. Nombre de couples de goéland marin (1979-2012) sur l’îlot de Tombelaine (d'après G. Debout 1979-1985 puis L. Loison 1986-2012 sauf Desgué, 1992 dans D1 de 1973 à 2012).

COMMENTAIRES Pour la première partie du commentaire, voir le début du commentaire goéland argenté (sauf graphiques). On constate une progression sur les deux zones de nidification en milieu naturel dans les années 1990, une décroissance ensuite. À Granville, l’estimation du nombre de nids est au maximum de 6 en 2012 pour un nombre de jeunes inconnu (Alamargot, comm. pers.). Signalons une nidification originale du goéland marin au lagunage d’Ardevon (Pontorson) en 2011 et 2012 avec production de jeunes. Des tentatives de 2 couples en 2013 sur le schorre à proximité du Mont-Saint-Michel (Provost, 2012, 2013, Provost & Morel, 2014) se sont révélées infructueuses. Il faudrait être attentif aux alarmes fréquentes (obs. pers.) de cette espèce sur les herbus, alarmes qui, jusqu’alors, n’avaient pas suscité de recherches particulières. Pour en savoir plus, notamment au niveau départemental (35), on se reportera aux conclusions du rapport de Cadiou et al., 2014a sur le bilan national des oiseaux marins nicheurs 2009-2012 et sur Cadiou et al. 2014 sur la nidification en Bretagne en 2013. PROSPECTIONS PROPOSÉES La prospection est déjà en place, dans le cadre de l’OROM avec un protocole dédié. BIBLIOGRAPHIE SPÉCIFIQUE Cadiou B. et les coordinateurs régionaux, coordinateurs départementaux et coordinateurs-espèce. 2014 a. Cinquième recensement national des oiseaux marins nicheurs en France métropolitaine : bilan final 2009-2012. GISOM-AAMP : 76 p. Cadiou B., Jacob Y., Provost P., Quénot F., Yésou P., Février Y. 2014, Bilan de la saison de reproduction des oiseaux marins en Bretagne en 2013. Bretagne Vivante-LPO-CEMO-ONCFS-GEOCA : 39 p. Houlier L., 2003. Évolution des cinq espèces principales d’oiseaux marins nicheurs sur l’Île des Landes - Bilan 2003 (comptages de couples) Bretagne Vivante-SEPNB Lesacher M. & Nebout T., 2011. Île des Landes. Rapport d’activité 2011. Bretagne Vivante-SEPNB : 2 p. Ollivier, M.-T. & Schricke. V., 1980. L’île des Landes. Penn ar Bed, n° 100-101 : p 33-38 Provost S., 2012. Les oiseaux de la baie du Mont-Saint-Michel en 2011 GONm, Bretagne Vivante, Maison de la baie du Viviersur-Mer/AESN : 170 p. Provost S., 2013. Les oiseaux de la Baie du Mont-Saint-Michel en 2012. GONm, Bretagne Vivante, Maison de la Baie du Vivier-sur-Mer, AESN : 88 p. Provost S. & Morel R., 2014. Les oiseaux de la Baie du Mont-Saint-Michel en 2013. Rapport GONm/Bretagne-Vivante/CPIE du Vivier-sur-Mer/AESN : 48 pages Pustoc’h F., 1992. Île des Landes (35). Rapport d’activité 1992. Bretagne Vivante-SEPNB.

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2.10

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COLUMBIDÉS

Pigeon biset Columba livia CATÉGORIE Non recensé. COMMENTAIRES L’atlas de Normandie (A2) considère que tous les pigeons bisets présents en Normandie, y compris les nicheurs en falaises, ne sont probablement pas sauvages. L’espèce type « sauvage » ne niche pas en baie du Mont-Saint-Michel, où il n’existe pas de cas connu en milieu rupestre ni du côté des falaises de Carolles ou de Granville ni du côté de Cancale. L’atlas de Bretagne (B3) fait état de populations localisées de pigeon biset sauvage en milieu rupestre (falaises maritimes). La majorité des pigeons bisets non sauvages observés sont surtout présents dans un espace compris entre le Mont-Saint-Michel et Pontorson (fig. 3.60, en augmentation depuis quelques années semble-t-il) et dans quelques fermes éparses. Il n’y a pas eu de recensement des sites de reproduction.

Figure 3.60. Quelques fermes accueillent le pigeon biset, notamment dans les polders (Saint-Marcan)

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Pigeon colombin Columba oenas BILAN 6 localisations seulement. SIGNIFICATION D’UN POINT Observation d’un individu en période de reproduction, donc nicheur possible. CATÉGORIE Espèce à très petit nombre de contacts ou sites < 20. ATLAS DE NORMANDIE (A) « Sa rareté s’est accentuée à l’ouest de le Normandie dans les années 1980 » à l’exception de la population atypique, récente et en progression, de l’île de Tatihou. « En Normandie, à l’intérieur, il s’implante sur des sites nouveaux (partie orientale de la Seine-Maritime, Orne) ; à l’inverse, il décline sur les falaises littorales. » ATLAS DE BRETAGNE (B) Le pigeon colombin montre une forte tendance à l’expansion en Bretagne (B2, B3), passant de 69 à 153 cartes indicées. Il y a densification des zones d’abondance et extension progressive de celles-ci. AVANT 1999 (C, D1, D2) C’est un nicheur rare dans le quart sud-est de la baie du Mont-Saint-Michel, le long des basses vallées. Le pigeon colombin aurait été anciennement (années 1970) noté nicheur au marais de la Folie (Antrain). DE 2000 À 2012 (D1, D2) Une petite population de 4 couples est découverte dans le marais de Dol-Châteauneuf (F2) en 2001 alors qu’il est absent en 1997-1998 (F1).

Sa situation récente n’est connue que par les enquêtes des atlas. La présence au marais de DolChâteauneuf semble perdurer et une carte est indicée en vallée de la Sélune (A2). PROSPECTIONS 2009-2012 Le pigeon colombin a seulement été détecté sur 6 sites répartis sur l’ensemble de la baie : dans un bois au sud de Cancale (nicheur possible), le marais de Châteauneuf d’Ille-et-Vilaine (nicheur probable), le Guépéroux (Aucey-la-Plaine) (nicheur certain/transport de nourriture), le Val Saint-Père (nicheur possible), le marais du Vergon (Vains) (nicheur probable) et le marais de la Claire-Douve (DrageyRonthon) (nicheur probable). Février (F2) pense que, malgré son absence en 1998 (F1), il est devenu plus commun dans le marais de Dol-Châteauneuf à la suite de la tempête de 1999 par « création de cavités et forages des pics dans des arbres morts ou en mauvais état. » La méthode de recensement n’est peut-être pas adaptée à cette espèce car, malgré l’importance du temps passé dans cette zone riche et l’observation minutieuse à la jumelle de chaque pigeon (les pigeons ramiers sont nombreux dans ce secteur), ce fut sans grand résultat. Le pigeon colombin est donc une espèce rare (évaluation à moins de 10 couples en l’état des connaissances), mais peut-être plus présente (dispersion géographique) qu’il y a une quinzaine d’années. PROSPECTIONS PROPOSÉES Actuellement les prospections aléatoires liées aux observations éparses suffisent pour connaître ses lieux de fréquentation.

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Pigeon ramier Columba palumbus BILAN Non répertorié par géolocalisation. CATÉGORIE

Espèce considérée comme très commune non localisée (échantillonnage). ATLAS DE NORMANDIE (A) Le pigeon ramier enregistre une des plus fortes et incontestables progressions parmi les espèces d’oiseaux nicheuses de Normandie. ATLAS DE BRETAGNE (B) Le fait que l’espèce s’installe beaucoup plus fréquemment à proximité des habitations (B2, B3) permet de considérer qu’elle est probablement en augmentation. AVANT 1999 (C, D1, D2) Le texte (C) est insuffisamment documenté sur cette espèce, autant sur l’ensemble de l’année que sur la période de reproduction. En dehors des passages migratoires ou des groupes d'oiseaux hivernants, elle apparaît peu dans les notations des bases de données (D1, D2). DE 2000 À 2012 (D1, D2) Le pigeon ramier est rarement noté en période de reproduction. À l’instar du moineau domestique ou de la mésange bleue, c’est une espèce qui apparaît peu dans les bases de données. Les parcours de l’enquête Tendances du GONm (Debout, 2013), incluant toutes les espèces, permettent de le noter systématiquement durant la période 2000-2012. De ce fait, le pigeon ramier est 13 fois plus noté en baie du Mont-Saint-Michel que durant la période antérieure 1973-1999. PROSPECTIONS 2013 Les données récoltées permettent d’essayer de faire un point sur le pigeon ramier en période de reproduction. Elles sont obtenues essentiellement à partir d’une seule année d’enquête, où l’espèce a été échantillonnée selon plusieurs méthodes. A. Sur un ensemble de 24 parcours IKA, pour une distance totale de près de 200 km parcourue, le pigeon ramier est présent sur tous les parcours ce qui en fait une espèce commune. Les calculs moyens de densité pour 10 ha (IKA/distance de détection maximale de 500 m) en font une espèce à densité faible (tableau 3.13 p. 321), dont les meilleurs scores atteignent rarement un couple pour 10 ha. La moyenne et l’écart-type sur l’ensemble des parcours sont de 0,31 (σ = 0,27). Il est tout de même classé au 14e rang sur les 35 espèces considérées comme plus ou moins communes dans la baie. B. En considérant maintenant 20 des 24 parcours (fig. 3.61) où les milieux ont cette fois été pris en compte, on constate sans surprise que l’espèce est un peu plus présente sur les zones arborées et que la proximité de l’homme ne la dérange guère. Les écarts-types sont très importants, indiquant une espèce à répartition très hétérogène. Ces écarts-types ne permettent pas de conclure de manière définitive sur la significativité des résultats, sinon sur son absence, sans surprise, dans les zones où l’arbre est moins présent.

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Figure 3.61. Moyenne des nicheurs et écart-type pour 10 ha dans les grands milieux de la baie Mont-SaintMichel (IKA couplé à la distance de détection)

C. Des parcours « fermés » (recensement en même temps que les espèces à localiser) ont été testés. Ces surfaces de plus de 100 ha (fig. 3.62) permettent de proposer des densités pour 10 ha qui ont du sens (cf. aparté 2, p. 12). Les ordres de grandeurs des densités trouvées précédemment sont confirmés par cette méthode. La vallée boisée du Couesnon accueille les densités les plus importantes, qui restent faibles.

Figure 3.62. Densités trouvées sur divers parcours fermés (B : proche bocage ; C : proche culture)

Finalement, le pigeon ramier est, certes, une espèce commune car présente partout, mais en petit nombre en saison de reproduction. L’estimation proposée dans le périmètre étudié serait de l’ordre de 1 000- 1 500 couples. Il est impossible de proposer une tendance pour cette espèce. PROSPECTIONS PROPOSÉES Il est compliqué de proposer une prospection type, mais des parcours sur de grandes surfaces (>100 ha) seraient sans doute plus judicieux qu’une recherche sur quelques hectares.

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Tourterelle turque Streptopelia decaocto BILAN De 600 à 650 points de géolocalisations. SIGNIFICATION D’UN POINT Un individu sur site favorable, la plupart des indices pris en compte sont des chanteurs ou des observations de comportements territoriaux, donc nicheur possible. CATÉGORIE

Espèce à plus de 200 couples mais inférieur à 1 000. ATLAS DE NORMANDIE (A) La tourterelle turque progresse spatialement. C’est une espèce qui a parmi les plus fortes progressions des oiseaux de l’avifaune de Normandie depuis 20 ans (A1, A2). ATLAS DE BRETAGNE (B) L’ensemble de la Bretagne est maintenant colonisé (B2, B3), mais aucune tendance chiffrée n’est disponible. AVANT 1999 (C, D1, D2) Aucune information sur la reproduction et la progression de l’espèce depuis les années 1960 n’est réellement disponible. La progression possible n’est pas décelable sur les atlas (cartes à échelles trop grandes de 100 ou 125 km²) qui sont trop récents par rapport à son implantation sans doute très rapide dans les années 1960. Le nombre de données opportunistes en période de reproduction est d’environ 2 par an, c’est dire si cette espèce n’est pratiquement pas notée. DE 2000 À 2012 (D1, D2) Nous n’avons aucune véritable connaissance sur la reproduction et sur la progression de l’espèce depuis les années 2000 ; elle est peu notée en toute période. L’enquête Tendances (Debout, 2013), dont certains parcours sont effectués dans le périmètre de la baie, permet à cette espèce commune délaissée d’être plus notée que dans les décennies précédentes, avec environ 13 données par an !

Figure 3.63. La tourterelle turque est liée aux habitations (Saint-Pair-sur-Mer).

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PROSPECTIONS 2009-2012 (2013) C’est en réalité une espèce commune avec un nombre de points de localisation parmi les plus importants de cet atlas (hors espèces très communes). À l’instar du moineau domestique entre autres, la tourterelle turque est réellement inféodée aux habitations humaines (fig. 3.63). La carte (fig. 3.64) montre des zones de concentration, notamment le long de la route Dol de Bretagne-La Gouesnière ou Jullouville. Elle semble particulièrement apprécier les zones très minérales. De nombreuses fermes voient s’installer au moins un couple. Les parcours IKA/distance de détection indiquent que cette espèce est commune et abondante, même si elle ne fréquente qu’un seul milieu avec des densités variables, jamais très fortes (tableau 3.13 p. 321). Par cette méthode, le nombre de couples serait en moyenne de l’ordre de 800, c’est-à-dire tout à fait proche des effectifs de la méthode par localisation. Ce protocole a permis pour l’ensemble de la zone prospectée de constituer une liste de la plupart des sites (bourgs-hameaux-fermes) d’implantation. Ceci permettra peut-être de vérifier l’évolution de cette espèce dans plusieurs années.

Figure 3.64. Répartition des points de contacts de la tourterelle turque (2009-2012) en baie du Mont-Saint-Michel

PROSPECTIONS PROPOSÉES Il ne serait probablement pas inutile de travailler sur quelques zones tests pour constater la progression ou peut-être actuellement la stagnation. Des zones de concentrations variées pourraient être prises en compte à intervalles réguliers.

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Tourterelle des bois Streptopelia turtur BILAN Près de 200 points de géolocalisation. SIGNIFICATION D’UN POINT Un chanteur de la toute fin mai ou de juin, donc nicheur possible. CATÉGORIE Espèce évaluée à 50 à 200 couples. ATLAS DE NORMANDIE (A) Il semble que la tourterelle des bois puisse être considérée régionalement comme stable (A1, A2) sur 20 ans. ATLAS DE BRETAGNE (B) Il semble que la tourterelle des bois puisse être considérée régionalement comme stable (B2, B3) sur 20 ans. AVANT 1999 (C, D1, D2) Il existe une estimation d’une dizaine de cantonnements dans les polders en 1989, mais la zone n’est pas circonscrite. On estime à une vingtaine de couples pour 2 000 ha, la population du marais de DolChâteauneuf en 1998 (F1). Les données de l’époque (C) permettaient d’indiquer que l’espèce était « régulière mais peu commune sur tout le pourtour de la baie et dans les basses vallées » (fig. 3.65). DE 2000 À 2012 (D1, D2) Avec 10-20 données par an, tout au plus, on peut seulement dire que la tourterelle des bois est présente sur la plupart des communes du périmètre étudié (liste et localisation de ces communes sur la figure 2.10 dans QUELQUES ÉLÉMENTS GÉNÉRAUX SUR LA BAIE DU MONT-SAINT-MICHEL).

Figure 3.65. La tourterelle des bois est toujours présente dans le marais de Boucey au sud de Pontorson.

PROSPECTIONS 2009-2012 (2013) Le nombre de points collectés (fig. 3.66) est beaucoup plus important que ce qui était présagé. Il est en désaccord avec le commentaire final dans l’état antérieur des populations (C). L’estimation de 1998 (F1) paraît confirmée autour du marais de Dol-Châteauneuf. Les 24 parcours IKA couplés à la distance de détection maximum indiquent que la tourterelle des bois est assez commune mais que les densités sont faibles (tableau 3.13 p. 321). L’estimation moyenne par cette méthode du nombre de couples est d’environ 200, c’est-à-dire très proche des effectifs de la méthode par localisation. Les oiseaux en période de reproduction en baie du Mont Saint-Michel.

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Apparemment, c’est donc une espèce plus abondante que ce que l’on soupçonnait, ou alors elle a renforcé ses populations au cours des 20 dernières années. De nombreux sites où elle est bien présente, n’étaient jamais recensés auparavant notamment des vastes zones de cultures hors polders, ce qui peut expliquer cette situation. Elle est nettement absente des polders à haies de peupliers ou de zones trop boisées ou totalement remembrées en arrière-pays, sa répartition est très contrastée en vallée du Couesnon. Si les effectifs similaires à ceux en 1998 du marais de Dol font pencher la balance vers une certaine stabilité, le manque de coupe des haies un peu partout en baie à l’est de cette zone peut aussi être une cause d’implantation plus importante, notamment dans certains secteurs de la vallée du Couesnon ou vers Genêts.

Figure 3.66. Répartition des points de contacts de la tourterelle des bois (2009-2012) en baie du Mont-Saint-Michel

PROSPECTIONS PROPOSÉES Le comptage des chanteurs ou des couples sur de vastes surfaces en juin pourrait être un bon mode de prospection, à condition de respecter a minima un protocole (linéaire type IKA ou surface > 100 ha).

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2.11

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CUCULIDÉS

Coucou gris Cuculus canorus BILAN Un peu plus de 100 points de géolocalisation. SIGNIFICATION D’UN POINT Un chanteur de la toute fin mai ou en juin, donc nicheur possible. CATÉGORIE

Espèce évaluée à 50 à 200 couples. ATLAS DE NORMANDIE (A) Les diverses enquêtes montrent des résultats annuels très fluctuants et peut-être une petite baisse globale ces dernières années. Il reste extrêmement difficile de se prononcer réellement. Seulement 10 % des cartes concernent l’observation de nicheurs certains. ATLAS DE BRETAGNE (B) Il est extrêmement difficile au regard des cartes (B2, B3) et du commentaire associé de se prononcer sur l’évolution de cette espèce en Bretagne. AVANT 1999 (C, D1, D2) Les maigres données à disposition, dont beaucoup de chanteurs, ne permettent aucun commentaire pertinent sur cette espèce. DE 2000 À 2012 (D1, D2) Les maigres données à disposition ne permettent aucun commentaire pertinent sur cette espèce. PROSPECTIONS 2009-2012 (2013) Ce protocole ne cherchait pas à ce que des indices de reproduction soient pris en compte pour les espèces communes ou plus ou moins communes. Finalement, il n’y a aucun indice de reproduction certaine pour le coucou gris. Les chanteurs sont présents de manière assez homogène autour de la baie et dans les vallées (fig. 3.67), mais pas dans les herbus, malgré la présence du pipit farlouse, espèce considérée comme hôte fréquent pour le coucou gris, ni la partie centrale des polders (peupleraies).

Figure 3.67. Le coucou gris est souvent présent aux abords du Couesnon (Beauvoir).

L’enquête sur 24 parcours IKA montre qu’il est régulièrement réparti et suffisamment abondant pour en faire une espèce presque commune malgré sa dernière place sur la liste. Il est présent sur 14 des 24 parcours, mais toujours à densités très faibles (tableau 3.13 p. 321), de l’ordre de 0,05 couples pour 10 ha pour une distance maximale de détection de 750 m (c’est l’espèce qui est considérée comme détectable au plus loin). Les oiseaux en période de reproduction en baie du Mont Saint-Michel.

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Par cette méthode, l’estimation moyenne du nombre de couples est seulement de 40, c’est-à-dire 2,5 fois moins que par la méthode localisée (fig. 3.68). On reste dans une estimation proche en ordre de grandeur, qu’on pourra considérer comme une première approximation.

Figure 3.68. Répartition des points de contacts du coucou gris (2009-2012) en baie du Mont-Saint-Michel

PROSPECTIONS PROPOSÉES Les notations systématiques permettraient sans doute de mieux connaître sa répartition, sans doute plus dispersée au moment des migrations qu’en période de reproduction ; il serait intéressant de rechercher des protocoles, sans doute déjà expérimentés ailleurs, permettant de collecter plus d’indices certains de reproduction et de mieux connaître les espèces parasitées.

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2.12

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STRIGIFORMES (ORDRE)

Chouette effraie Tyto alba BILAN Sites non répertoriés par géolocalisation. CATÉGORIE Non recensé. ATLAS DE NORMANDIE (A) Cette espèce de chouette est considérée comme stable au regard du nombre de cartes où elle a été contactée (A1, A2). ATLAS DE BRETAGNE (B) Les informations quantitatives demeurent trop peu importantes pour conclure à son évolution. COMMENTAIRES L’effraie n’a pas été recensée. Elle niche vraisemblablement sur l’ensemble du site mais elle est probablement peu commune dans les polders (D1, D2, C). Un recensement aurait nécessité la mise en place d’un protocole nocturne, mais les motivations collectives étaient trop peu importantes (fig. 3.69). Seule la liste des communes, ou parfois des lieux-dits, où elle a niché est disponible. Il est probable que les futures bases de données géolocalisées (Faune-Bretagne de Bretagne Vivante ; Faune-Normandie du GONm) permettront de connaître les sites plus précisément.

Figure 3.69. Nous ignorons pour le moment la localisation de la plupart des sites occupés par la chouette effraie (Lézeaux, Julllouville).

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Chouette chevêche Athene noctua BILAN Un couple, 1 observation pour 2 sites possible au moins. SIGNIFICATION D’UN POINT Observation d’un individu en milieu favorable, donc nicheur possible. CATÉGORIE Espèce à très petit nombre de contacts ou sites < 20. ATLAS DE NORMANDIE (A) Peu commune et distribuée sporadiquement dans l’Orne et la Manche, cette chouette est nettement mieux implantée en Haute-Normandie et dans la moitié ouest du Calvados. La dynamique de l’espèce est assez mal connue. On explique mal « les mécanismes qui la pousse à déserter de vastes secteurs favorables alors qu’elles se maintient ailleurs ». La population régionale est estimée à 2 700-3 000 couples. Des enquêtes récentes, si elles sont poursuivies, pourraient permettre d’affiner la fourchette lors d’un prochain atlas. ATLAS DE BRETAGNE (B) Elle semble avoir, en l’état des connaissances, une répartition sporadique avec des populations plus étoffées à l’est de la région, notamment en Loire-Atlantique. La population régionale totale pourrait être de 1 000 couples. Des enquêtes récentes, si elles sont poursuivies, pourraient permettre d’en savoir plus lors d’un prochain atlas. AVANT 1999 (C, D1, D2) C’est une espèce qui a toujours été rarement détectée autour de la baie du côté normand (quelques sites mais non simultanément), malgré le nombre d’observateurs. Deux points de nicheur certain sont collectés lors de l’atlas 1985-1988 (A1). Elle n’est pas détectée lors de la constitution de l’atlas breton 1980-1985 (B2). DE 2000 À 2012 (D1, D2) Deux points de nicheur certain sont collectés lors de l’atlas 2005-2007 (A2), dont un point similaire à celui du précédent atlas et l’autre au sud de la baie, sans doute en marge. Le nombre de données reste faible. Elle n’est pas détectée lors de la constitution de l’atlas breton (B3). PROSPECTIONS 2009-2012 L’enquête fait état de la détection d’un couple en un seul point sur la commune de la Fresnais, où elle niche dans une vieille grange fermée d’un hameau en bordure du marais de Dol-Châteauneuf. Une observation en juin dans les années 2000 (Février, comm. pers) a été faite dans un secteur où elle avait niché anciennement près du marais de Châteauneuf-d’Ille-et-Vilaine sur le lieu-dit Boulienne. Aucun commentaire ne peut être fait sur cette espèce tant qu’une campagne de recherche avec un protocole dédié (avec repasse) n’est pas réalisée en bonne période (M. Gauthier de Bretagne Vivante, comm. pers.). L’espèce ne peut donc pas être évaluée en 2013, sinon en disant qu’en l’état actuel des connaissances c’est un nicheur très rare. PROSPECTIONS PROPOSÉES C’est une espèce à rechercher méthodiquement certains mois dans des conditions météorologiques particulières (notamment absence de vent) par prospection ciblée en période de chant avec repasse.

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Chouette hulotte Strix aluco BILAN Sites non répertoriés par géolocalisation. CATÉGORIE Non recensé. ATLAS DE NORMANDIE (A) Les informations quantitatives demeurent trop rares pour conclure à son évolution. ATLAS DE BRETAGNE (B) Les informations quantitatives demeurent trop rares pour conclure à son évolution. Des enquêtes récentes, si elles sont poursuivies, pourraient permettre d’en savoir plus lors d’un prochain atlas. COMMENTAIRES Cf. commentaires chouette effraie.

Hibou moyen-duc Asio otus BILAN 2 ou 3 couples sur 2 ou 3 sites. SIGNIFICATION D’UN POINT Plusieurs observations (à quelques semaines d’intervalle) sur une même zone, donc nicheur probable. CATÉGORIE Espèce à très petit nombre de contacts ou sites < 20. ATLAS DE NORMANDIE (A) L’espèce semble avoir progressé (A1, A2). Dans la Manche, on progresse de 5 (A1) à 15 (A2) cartes indicées. ATLAS DE BRETAGNE (B) Le hibou moyen-duc a fortement progressé dans les années 1980 (B2) et continue actuellement sa progression (B3). AVANT 1999 (C, D1, D2) Le hibou moyen-duc est seulement noté nicheur à Jullouville, Dragey, au marais de Dol-Châteauneuf avec 3 sites recensés en 1998 lors de prospections de nuit (F1). DE 2000 À 2012 (D1, D2)

Le hibou moyen-duc n’est ni plus ni moins noté que dans la précédente période. Il est probable qu’il a niché à Beauvoir et Huisnes-sur-Mer au moins et il est détecté sur 2 cartes comme nicheur certain (A2). PROSPECTIONS 2009-2012 L’enquête n’est pas adaptée à la recherche des oiseaux nocturnes et les informations collectées ne le sont que par des témoignages oraux à Beauvoir (2 sites) et Saint-Georges-de-Gréhaigne. Il n’y a guère qu’une enquête adaptée (sorties nocturnes) qui permettrait de faire le point sur cette espèce. PROSPECTIONS PROPOSÉES Les prospections aléatoires liées aux observations éparses suffisent en l’état des connaissances ; en cas de besoin, une enquête pourrait être proposée.

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Hibou des marais Asio flammeus BILAN Un site localisé. SIGNIFICATION D’UN POINT Présence d’un oiseau en mai ou juin en site favorable, donc nicheur possible. CATÉGORIE Espèce nicheuse occasionnelle. ATLAS DE NORMANDIE (A) Aucune preuve formelle n’a été trouvée entre 1985 et 1988 (A1), 2 preuves formelles (dont celle de la baie du Mont-Saint-Michel en 2005) l’ont été entre 2003 et 2005 (A2). ATLAS DE BRETAGNE (B) C’est une espèce très rare en Bretagne, 3 preuves de nidification certaine avaient été trouvées il y a 20 ans (B2) et 2 récemment (B3). AVANT 1999 (C, D1, D2) Aucune nidification certaine (et même probable) n’a été signalée entre 1979 et 1999. Les observations, liées peut-être à la reproduction, sont essentiellement des contacts d’oiseaux signalés entre mai et août, et souvent plusieurs fois. DE 2000 À 2012 (D1, D2)

Un cas de reproduction est avéré dans les herbus (Roz-sur-Couesnon) : 2 jeunes à l’envol en juillet 2005 (B3). PROSPECTIONS 2009-2012 Une observation a été faite début juin 2012 à l’ouest du Mont-Saint-Michel (fig. 3.70). Cet oiseau a sans doute été revu ensuite par d’autres observateurs. Des parents sont observés alarmant en juillet dans les herbus ouest de la baie (P. Sanson, comm. pers.). Longtemps soupçonnée, l’espèce n’est trouvée nicheuse certaine qu’en 2005. Il est très probable que des nidifications sporadiques ont lieu de temps à autre. Elles semblent rares comme partout en Bretagne ou en Normandie. Les herbus de la baie, milieu favorable à sa reproduction, ont été parcourus assez intensivement en 2009-2010 puis en 2012, avec seulement de rares observations uniquement en 2012. PROSPECTIONS PROPOSÉES Des prospections aléatoires liées aux observations éparses sont suffisantes sur le milieu de prédilection c’est-à-dire les herbus.

Figure 3.70. Le hibou des marais s’installe uniquement dans cet herbu (Beauvoir).

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2.13

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APODIDÉS

Martinet noir Apus apus BILAN Sites non répertoriés par géolocalisation. CATÉGORIE Non recensé. ATLAS DE NORMANDIE (A) Les informations quantitatives demeurent trop rares pour conclure à son évolution. ATLAS DE BRETAGNE (B) Les informations quantitatives demeurent trop rares pour conclure à son évolution. La nidification en milieu naturel (falaises) a été constatée au cap Fréhel. COMMENTAIRES Cette espèce n’a pas été recensée. L’objectif de cet atlas est surtout de centrer les prospections sur les espèces patrimoniales. Villes, bourgs, villages, hameaux et fermes ont été parcourus pour avoir une continuité cartographique, mais il n’était pas dans les objectifs de travailler sur certaines espèces vraiment trop complexes à recenser dont fait partie le martinet noir. En effet, un groupe de martinets noirs n’est en aucun cas le gage d’une nidification à proximité. Ce dont nous sommes sûrs, c’est d’avoir vu des oiseaux entrer dans des nids à Saint-Pair-sur-Mer, à Pontorson, au Vivier-sur-Mer, à Cancale. Il n’a été vu aucun cas de reproduction certaine (nid) dans des habitations isolées (fermes, petits hameaux). C’est en tout cas une espèce qui mériterait qu’on s’y intéresse un peu plus, par exemple pour constater les variations de densités entre anciens et nouveaux bâtiments qui se construisent dans les villes et villages.

Figure 3.71. Le martin-pêcheur fréquente quelques rivières mais il n’est pas simple de trouver des zones de nidification (vallée du Thar, Jullouville).

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2.14

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ALCÉDINIDÉS

Martin-pêcheur d’Europe Alcedo atthis BILAN 2 ou 3 couples localisés. SIGNIFICATION D’UN POINT Observation de l’espèce à plusieurs reprises sur un site, donc nicheur possible à probable selon les observations. CATÉGORIE Espèce à très petit nombre de contacts ou sites < 20. ATLAS DE NORMANDIE (A) Il y a peu d’évolution constatée en 25 ans. ATLAS DE BRETAGNE (B) Il semble y avoir peu d’évolution en 20 ans. AVANT 1999 (C, D1, D2) De très rares observations sont réalisées de Jullouville (fig. 3.71) aux vallées de la Sée et de la Sélune, mais aucune reproduction certaine n’est constatée sauf un cas dans un site atypique de falaise maritime à Saint-Jean-le-Thomas en 1980 (entrée dans un nid à 2 reprises). Il y a vraiment très peu d’observations du côté de la Bretagne à l’exception de la basse vallée du Couesnon (Antrain). DE 2000 À 2012 (D1, D2) Il semble y avoir peu d’évolution, c’est un nicheur rare, il a été trouvé en vallée du Thar (Saint-Pair-surMer) au milieu des années 2000. Une carte est indicée nicheur certain dans la vallée de la Sélune (A2). PROSPECTIONS 2009-2012 Il n’a été détecté qu’en de rares endroits, sachant que seule une enquête spécifique pourrait permettre de conclure : - vallée de la Seigne (Granville) : non parcourue ; - mare de Bouillon (Jullouville) : régularité de présence non connue en 2012 ; - vallée du Thar (Jullouville) : non revu mais peu recherché depuis plusieurs années en période de reproduction ; - marais de la Claire-Douve (Saint-Jean-le-Thomas – Genêts) : non présent en période de reproduction jusqu’en 2012 ; - marais du Vergon (Vains) : non présent en période de reproduction jusqu’en 2012 ; - vallée de la Sée (Avranches – Saint-Jean-de-la-Haize) : non observé de la zone estuarienne aux près d’Avranches ; - vallée de la Sélune (Avranches-Ducey) à proximité de la baie : non observé mais pas de recherche spécifique ; - vallée du Couesnon (Beauvoir – Antrain) : observé à la Folie (Antrain), à Sougéal à plusieurs reprises en bonne période, non observé plus en aval ; soit 2 couples minimum ; - marais de Châteauneuf (Châteauneuf-d’Ille-et-Vilaine) : observé en bonne période mais existet-il des sites favorables à la nidification ? Sans enquête spécifique consistant à longer les cours d’eau sur des kilomètres, il semble très difficile de proposer une estimation précise du nombre de couples présents. Il y a probablement peu de kilomètres de rives de fleuves côtiers qui lui sont propices : on ne peut sans doute pas prétendre à avoir une population supérieure à 10 couples, voire 5. PROSPECTIONS PROPOSÉES Une enquête spécifique rigoureuse serait nécessaire en cas de besoin d’une connaissance plus complète.

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2.15

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UPUPIDÉS

Huppe fasciée Upupa epops BILAN Aucune localisation dans le protocole. SIGNIFICATION D’UN POINT Aucun point enregistré. CATÉGORIE Espèce nicheuse occasionnelle. ATLAS DE NORMANDIE (A) La diminution de la huppe fasciée est patente à l’ouest et au nord de la région lors des dernières décennies. Dans le même temps, on constate une remontée dans l’Orne attribuée à une meilleure prospection, mais la huppe fasciée progresse aussi plus au sud de la Normandie. ATLAS DE BRETAGNE (B) Il y a augmentation/densification du nombre de cartes indicées et notamment du nombre d’indices certains au sud de la région (B2, B3). AVANT 1999 (C, D1, D2) La huppe fasciée est nicheuse régulière à Dragey de 1975 à 1982, avec au maximum 3 couples simultanément en 1977 (R. Loret dans G) ; observation de reproducteurs possibles à Vains en 1983 1986 et 1989 et dans le polder Tesnières (enclave du Mont-Saint-Michel) en 1986. Le nombre de données après 1988 est extrêmement faible. DE 2000 À 2012 (D1, D2) Le nombre de données annuelles moyen sur 1999-2012 est identique à celui des décennies précédentes (autour de 3), mais les écarts-types sont considérables. Ce sont les 21 données de la seule année 2011, qui permettent d'obtenir artificiellement cette moyenne de 3 données par an. L’année 2011 est une année exceptionnelle avec plusieurs observations de chanteurs sur de longues périodes (Provost, 2012). Un couple se serait installé dans les années 2000 dans une ferme le long de la digue de la Duchesse-Anne (Roz-sur-Couesnon) (Mauxion, comm. pers.). PROSPECTIONS 2009-2012 Un seul contact en juin a été obtenu avec cette espèce en 4 ans. Cette espèce est située en marge ouest de son aire de répartition française dans tout le nord de la Bretagne et le Cotentin. Une petite population s’est installée, il y a 30-40 ans, autour de la région de Granville (est de la baie du Mont-Saint-Michel, côte ouest du Cotentin). La huppe fasciée a ensuite régressé fortement à partir du début des années 1980 pour des raisons locales peu nettes. Ceci s’est traduit, le long des départements côtiers de l’extrême ouest de la France (A1, A2 ; B2, B3) par un nombre très réduit de cas de reproduction dans les années 2000. Elle a alors pratiquement disparu. Pour la huppe fasciée, il est probable que, de temps à autre, à la suite de conditions météorologiques favorables, une petite population se stabilise localement, un certain nombre d’années, comme sur les côtes d’Ille-et-Vilaine (B1) et le Cotentin dans les années 1980. Le moindre petit écart, modification de paysage, mauvaise reproduction, mauvaises conditions d’hivernage la fait disparaître. Il y a, depuis un peu plus d’une décennie, une remontée de cette espèce par le sud, perceptible en Normandie par le biais de l’Orne (A2). PROSPECTIONS PROPOSÉES Des prospections aléatoires liées aux observations éparses suffisent à la détecter ; elle est à rechercher au moins sur quelques sites annuellement. BIBLIOGRAPHIE SPÉCIFIQUE Provost S., 2012. Les oiseaux de la baie du Mont-Saint-Michel en 2011 GONm, Bretagne Vivante, Maison de la baie du Viviersur-Mer, AESN : 170 p.

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2.16

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PICIDÉS

Pic vert Picus viridis BILAN 39 points de localisation. SIGNIFICATION D’UN POINT Un contact en site favorable, donc nicheur possible. CATÉGORIE Espèce dont au moins 20 couples semblent présents mais dont les effectifs nicheurs ne dépassent pas 50 couples. ATLAS DE NORMANDIE 2003-2005 (A) Cette espèce serait plutôt en augmentation. ATLAS DE BRETAGNE (B) Il n’y a pas d’évolution connue pour le pic vert. AVANT 1999 (C, D1, D2) Le pic vert est nicheur sur tout le pourtour de la baie du Mont-Saint-Michel à l’est et dans le marais de Dol-Châteauneuf. Il ne semble pas nicher dans les polders. DE 2000 À 2012 (D1, D2)

Les informations collectées sont insuffisantes pour faire un point sur cette espèce. PROSPECTIONS 2009-2012 Il est difficile de prétendre que tous les points correspondent à un territoire ou un couple La plus grande abondance est observée à l’ouest de la baie, entre Dol-de-Bretagne et Châteauneuf-d’Illeet-Vilaine (fig. 3.72) et dans la vallée haute du Couesnon. Les points trouvés dans l’est de la baie semblent assez isolés les uns des autres. Il est plus commun vers l’intérieur (obs. pers.). Il est absent des polders où certains secteurs auraient pu le tenter (fig. 3.73). Il est rare dans l’ensemble de la zone de grande culture. Il ne fait qu’exploiter la partie boisée de la digue de la Duchesse-Anne. Le nombre de contacts dans le marais de Dol-Châteauneuf (F1), à surface identique, entre 1998 et le début des années 2010 n’a pas évolué (6-7). Une proposition d’une trentaine de couples au minimum autour du site paraît assez réaliste, en tout cas moins de 50 couples.

Figure 3.72. Le pic vert, une espèce à grand territoire qui s’installe facilement sur le pourtour du site (Plerguer). Les oiseaux en période de reproduction en baie du Mont Saint-Michel.

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Figure 3.73. Répartition des points de contacts du pic vert (2009-2012) en baie du Mont-Saint-Michel.

PROSPECTIONS PROPOSÉES Des prospections ciblées sur de vastes zones (au moins plusieurs kilomètres carrés) à l’écoute des chanteurs pourraient être menées ; les prospections aléatoires liées aux observations éparses mais qui seraient plus systématisées (tout contact enregistré) permettraient de connaître un peu mieux la répartition de cette espèce (fig. 3.74).

Figure 3.74. D’une manière générale, les pics les plus communs, pic épeiche et pic vert, s’installent autour de la baie (Aucey-la-Plaine).

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Pic épeichette Dendrocopos minor BILAN 6 points de localisation. SIGNIFICATION D’UN POINT Un contact en milieu favorable, donc nicheur possible. CATÉGORIE Espèce à très petit nombre de contacts ou sites < 20. ATLAS DE NORMANDIE (A) Il n’y a pas d’évolution constatée en 20 ans, il occupe une bonne partie de la région. ATLAS DE BRETAGNE (B) Il n’y a pas d’évolution constatée en 20 ans, il occupe une bonne partie de la région et semble être plus commun qu’auparavant en Ille-et-Vilaine et moins dans le Morbihan. AVANT 1999 (C, D1, D2) Quelques cas de nidification sont signalés autour des marais périphériques. Il semble exceptionnel dans les polders. Depuis 1973, seulement 43 données (1,6 données par an) concernent cette espèce, sans doute bien notée en période de reproduction. DE 2000 À 2012 (D1, D2) Seulement 56 données concernent le pic épeichette (1999-2012), soit 4,3 par an. C’est supérieur aux précédentes décennies mais dans la moyenne de l’augmentation du nombre de données pour cette période (× 3-4) (voir introduction Passereaux). Il reste difficile de se faire une idée sur le pic épeichette sinon qu’il est a priori rare ou au moins d’une grande discrétion. PROSPECTIONS 2009-2012 Le pic épeichette a été seulement noté à Jullouville autour de la mare de Bouillon, à Carolles, en vallée du Couesnon, aux abords de Saint-Guinoux (haie de peupliers, fig. 3.75) et dans le bois du marais de Châteauneuf. L’espèce est discrète et se laisse peu entendre, probablement encore moins là où elle est peu abondante. Ce qui est certain c’est qu’à l’instar du grimpereau des jardins, elle ne pénètre pas dans les polders de la baie, y compris le long de la digue de la Duchesse-Anne. Finalement cette espèce est sûrement rare, bien que de nombreux milieux soient aptes à l’héberger. Si elle est sous-évaluée par la méthode de recensement utilisée, il reste qu’elle a été peu signalée de tout temps. L’estimation proposée est de 5-15 couples à l’intérieur de la zone étudiée. PROSPECTIONS PROPOSÉES On doit s’assurer que cette espèce est signalée de façon systématique (y compris les données régulières sur un site donné).

Figure 3.75. Un des rares sites de nidification du pic épeichette a été trouvé à Saint-Guinoux. Les oiseaux en période de reproduction en baie du Mont Saint-Michel.

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Pic épeiche Dendrocopos major BILAN 68 points de localisation. SIGNIFICATION D’UN POINT Un contact en milieu favorable, donc nicheur possible. CATÉGORIE

Espèce évaluée à 50 à 200 couples. ATLAS DE NORMANDIE (A) Le pic épeiche est en augmentation. ATLAS DE BRETAGNE (B) Le pic épeiche est probablement augmentation. AVANT 1999 (C, D1, D2) C’est une espèce qui serait assez communément installée sur le pourtour du site. DE 2000 À 2012 (D1, D2)

Les informations collectées sont insuffisantes pour faire un point sur cette espèce. PROSPECTIONS 2009-2012 C’est une espèce à grand territoire dont le nombre de points de contact est révélateur de la présence de l’espèce, mais pas forcément corrélé avec le nombre de couples. Il est prudemment proposé une cinquantaine de couples (fig. 3.77) sur l’ensemble du site, essentiellement sur les marges boisées. On le note en particulier à Jullouville, dans la vallée du Couesnon (fig. 3.76), puis sur les marges de la falaise de Saint-Broladre et dans tout l’ouest (fig. 3.78) ; il apprécie notamment les grandes peupleraies du sud-ouest où la densité atteindrait un couple pour 100 ha ; c’est une densité plutôt modeste pour cette espèce qui est estimée en Normandie par Moreau (D2) à 1 couple pour 30 ha Les contacts dans le marais de Dol-Châteauneuf (F1), à surface identique, entre 1998 et le début des années 2010 ont doublé, passant de 7 à 14.

Figure 3.76. Le marais de Boucey (Pontorson) est bien fréquenté par le pic épeiche

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Figure 3.77. Répartition des points de contacts du pic épeiche (2009-2012) en baie du Mont-Saint-Michel

PROSPECTIONS PROPOSÉES Des prospections ciblées sur de vastes zones (au moins plusieurs kilomètres carrés), à l’écoute des chanteurs, pourraient être menées ; les prospections aléatoires liées aux observations éparses mais qui seraient plus systématisées (tous contacts enregistrés) permettraient de connaître un peu mieux la répartition de cette espèce.

Figure 3.78. Le Mont-Dol accueille le pic vert, le pic épeiche, la sittelle torchepot, le grimpereau des jardins et même le roitelet à triple bandeau, mais le pic épeichette n’a pu être découvert.

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2.17

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DES ESPÈCES POTENTIELLEMENT NICHEUSES

Peut-on s’attendre à voir de nouvelles espèces s’installer ? La liste proposée n’est qu’un panel possible d’espèces (proposées en fonction de l’actualité 2017 mais qui peut changer en fonction des évolutions), elle est limitée volontairement. Pour les ansériformes, les candidates potentielles ne manquent pas, dont plusieurs espèces allochtones : oie cendrée Anser anser, ouette d’Égypte Alopochen aegyptiacus, bernache du Canada Branta canadensis ou tadorne casarca Tadorna ferruginea. Il y en a d’autres possibles. Pour les galliformes, podicipédiformes, suliformes, il y a peu de candidats éligibles sinon, peut-être un jour, le grèbe à cou noir Podiceps nigricollis. Pour les ardéidés, la grande aigrette Ardea alba pourrait s’installer dans une des colonies d’ardéidés (si ce n’est déjà fait). Le butor étoilé Botaurus stellaris paraît pour le moment exclus. Pour les threskiornithidés, la spatule blanche Platalea leucorodia a déjà construit un nid (obs. pers.) en 2015 dans un des marais de la baie (pas de reproduction) ; l’installation de l’ibis falcinelle Plegadis falcinellus paraît pour le moment plus aléatoire. Concernant les accipitriformes et les falconiformes, peu d’espèces éligibles, à moins de surprise comme le milan noir Milvus milvus mais qui ne progresse pas rapidement à l’ouest ; l’élanion blanc Elanus caeruleus progresse vers le nord. Le busard cendré Circus pygargus ou le busard Saint-Martin Circus cyaneus n’ont jamais montré de velléités à s’installer le site ou son pourtour, les milieux n’y sont pas favorables. Pour les gruiformes, seule la marouette ponctuée Porzana porzana pourrait être trouvée certaines années et deviendrait plus commune avec l’apparition de nouvelles roselières. Dans le groupe des charadriiformes, le chevalier gambette Tringa totanus ou la mouette mélanocéphale Ichthyaetus melanocephalus pourraient s’installer. Rappelons qu’il n’existe, ni n’a jamais existé, d’indice de nidification sérieux d’une quelconque espèce de sternidés ou d’alcidés. Nous n’évoquons pas les familles intermédiaires entre les charadriiformes et les piciformes, à part peut-être le guêpier d’Europe Merops apiaster qui peut s’installer sur des sites atypiques. Pour les piciformes, les très rares observations de pic cendré Picus canus faites en vallée du Couesnon (D1) ne permettent aucunement de penser qu’il a pu un jour nicher, même s’il a été proche du site (bois Dardaine). En revanche, le pic mar Dendrocopos medius, en progression en Ille-et-Vilaine, n’est pas très éloigné des marges arborées du site (B3) et le pic noir Dryocopus martius n’a peut-être pas fini de progresser. Le torcol fourmilier Jynx torquilla n’a jamais fourni un indice quelconque sur l’ensemble du site depuis 1970. Sa situation actuelle dans le grand ouest (A2, B3) ne permet pas de penser que la situation pourrait changer.

Figure 3.79. Autour du Mont-Dol, un marais qui peut réserver des surprises. Les oiseaux en période de reproduction en baie du Mont Saint-Michel.

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LES PASSÉRIFORMES 3.1

INTRODUCTION

Les passériformes représentent le groupe le plus important, à la fois numériquement et spécifiquement. C’est la communauté la moins étudiée en période de reproduction. Seules quelques rares études ponctuelles (qui apparaissent souvent dans la bibliographie), considérées comme plutôt fiables, permettent a minima des comparaisons et, sur certains sites, des évolutions. Plusieurs études sont incomplètes, sans protocole écrit associé, réalisées sur des temps courts ; la méthodologie employée est souvent peu claire, non décrite et imprécise quant aux surfaces étudiées. Dans plusieurs publications (utilisées parfois mais parcimonieusement), les écrits sont trop évasifs ; ils ne permettent aucune interprétation même sur des espèces assez communes. Les informations cartographiques des atlas sont très difficiles à utiliser, sauf en présence-absence pour les espèces communes ; dans ce cas, il n’y a aucun élément quantitatif sur ces surfaces trop importantes (cartes : 100 à 125 km2) à cette échelle. Pour des espèces rares, des indices de nicheur certain concernent un ou plus rarement des carrés, mais sans en connaître l’origine précise (site, auteur) ; il est donc souvent extrêmement difficile de certifier de manière absolue les observations, en particulier anciennes. Nous utilisons donc ces données avec beaucoup de prudence, mais nous les utilisons quand elles sont le seul témoignage existant sur quelques espèces, ce qui confirme leur rareté.

Figure 3.80. Le même parcours le long des falaises de Carolles en avril et juin (par S. Provost de 2009 à 2012) permet d’en connaître beaucoup plus sur les passereaux communs.

C’est pour environ 90 % des espèces de passereaux que le manque d’information et de prospection est considérable en période de reproduction. Ceci est encore plus vrai pour les espèces communes ou relativement communes, et même pour certaines considérées comme patrimoniales. On peut penser que ces lacunes concernent plus l’intérieur des terres, moins fréquenté globalement, que la côte ; nous avons pourtant établi au cours de cette enquête que les herbus n’avaient jamais été prospectés sérieusement en période de reproduction, ni les polders, ni les zones de grandes cultures hors marais, c’est-à-dire les surfaces parmi les plus importantes du site. Cette constatation avait déjà été faite lors d’une synthèse en 2001 (C). En réalité, dix ans plus tard, peu de choses ont changé globalement pour les passereaux nicheurs communs, dans les bases de données : les résultats de cette enquête le prouvent clairement. Les efforts ont porté sur d’autres groupes, d’autres périodes (limicoles, ardéidés, rapaces en hiver…) ou plus rarement sur certains passereaux (fig.3.80) souvent sur de petites surfaces localisées. Ce sont essentiellement les associations qui collectent des données de passereaux sur le long terme et sur ce vaste site. L’exploitation de ces données est loin d’être possible actuellement, même pour plusieurs espèces de l’Annexe I de la Directive Européenne Oiseaux. Nous reprécisons qu’outre les résultats de l’enquête et la bibliographie associée, nous avons rassemblé, remis en forme et homogénéisé l’ensemble des bases de données associatives GONm-Bretagne Vivante (D1, D2, hors les protocoles). Ces bases sont constituées d’un peu plus de 110 000 données des années 1970 à 2012 sur les 50-60 communes dont au moins un secteur de territoire a été parcouru. Les oiseaux en période de reproduction en baie du Mont Saint-Michel.

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Pour cette partie PASSÉRIFORMES, nous avons extrait les données des bases du GONm (depuis 1973) et de Bretagne Vivante d’Ille-et-Vilaine (depuis 1989, date de la création de la base) de mars à juillet, période de reproduction pour la majorité des espèces. Pour ces mois, nous avons extrait 33 000 données (soit environ de 30 % des données de la base). En comparaison, ce présent travail sur 5 ans, pour les mêmes mois, a produit environ 15000 données dont 12000+ géolocalisées. En l’absence de donnés anciennes exploitables, on ne peut se prononcer sur les dynamiques de population. Afin d’essayer d’approcher ces tendances, nous comparons le nombre de données accumulées selon des périodes. En moyenne durant la période de reproduction 2000-2012, toutes espèces confondues, 3 fois plus de données par an, ont été engrangées entre mars et juillet par rapport à la période 1973-1999 (1500 par an contre seulement 500 par an). C’est ce facteur global × 3 « toutes espèces » que nous prendrons en compte pour statuer sur une éventuelle évolution d’une espèce donnée. Pour les passereaux uniquement, c’est 4 fois plus de données par an à partir de 2000 (environ 200 par an à 800 par an). Ce quadruplement est surtout lié à l’intégration complète, dans la base du GONm, à partir de 2000 de l’enquête régulière Tendances (Debout, 2013). Cette enquête est réalisée régionalement depuis 1996. Elle concerne toutes les espèces que l’on note sur un parcours précis (effectué 6 fois par an). Sont donc compris les oiseaux communs très peu notés en dehors de ce genre d’enquête. Quelques parcours de 30 minutes (temps standardisé des parcours) sont réalisés du côté normand de la baie du Mont-Saint-Michel (fig. 3.81). Ces données « Tendances » représentent environ 50 % des données passereaux de la base du GONm en baie du Mont-saint-Michel pour la période 20002012. Dans la base de données de Bretagne Vivante, il n’y a que de très rares données de passereaux en période de reproduction (sauf une ou deux enquêtes).

Figure 3.81. Les parcours Tendances « toutes espèces » permettent de recenser les espèces banales (Aucey-la-Plaine).

En définitive, pour une espèce donnée, nous établirons le rapport R = nombre de données par an

2000-2012/nombre de données par an 1973-1999 ; nous situerons R par rapport à la valeur 3-4 : proche de 3-4, très inférieure ou très largement supérieure.

Les oiseaux en période de reproduction en baie du Mont Saint-Michel.

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Une espèce dont le rapport sera de l’ordre de 3-4 (par exemple le phragmite des joncs, R = 3,25) indique, en première approximation, que cette espèce n’a donc ni plus ni moins été observée que dans la période précédente ; une espèce dont le rapport sera nettement inférieur à 3 (par exemple la huppe fasciée, R = 0,9) correspond à une raréfaction des observations dans la période 2000-2012 ; une espèce dont le rapport sera nettement supérieur à 4 (comme le héron garde-bœufs, certes non passereau, mais qui détient le record avec R = 147) correspond à une augmentation notable des observations pendant la période 2000-2012. Pour les espèces communes de passereaux, les quelques parcours Tendances (Debout, 2013) permettent de multiplier par 4 à 7 le nombre de données en général (R = 4 à 7). Des espèces très communes, comme le moineau domestique ou la mésange bleue, pratiquement jamais notés hors enquête, révèlent même une valeur R de 10 à 15. Les interprétations associées à ces informations restent simples, car difficiles à certifier avec une telle base disparate et avec un trop petit nombre de données, empêchant des calculs plus complexes. Par exemple, le traquet motteux, espèce de passereau rarement nicheuse mais la plus notée des bases, cumule seulement 1250 données sur 40 ans, soit environ 30 données par an. Cette étude comparative des deux périodes 1973-1999 et 2000-2012 nous permet de constater le manque cruel de données locales récentes à l’échelle du site pour les passereaux en période de reproduction. Ceci a démontré la nécessité de monter des expérimentations à vaste échelle, comme cette enquête, pour mieux connaître notre avifaune nicheuse de passereaux y compris les espèces communes à assez communes (Schmid et al., 2004, Sattler et al., 2015). Ces informations sont réellement importantes et indispensables pour travailler sur les modes de protection et de gestion, comme par exemple sur le DOCOB (Mary & Vial, 2009). Arrêt des bases en 2012 : pourquoi ? À partir de 2013 en Bretagne et en 2015 en Normandie, les adhérents des associations peuvent saisir leurs données directement en ligne en les localisant respectivement sur Faune-Bretagne et FauneNormandie. Nous avons choisi de stopper l’utilisation de ces bases associatives à 2012, avant la possibilité d’entrer des données géolocalisées. Cette possibilité de géolocalisation et de simplification d’utilisation des bases de données va permettre de multiplier par plus de 10 (G. Delaloye, réunion Migraction) le nombre de données annuelles pour une région ou un département. Mais, ces données, comme on peut déjà le constater, ne seront pas pour autant plus précises ou plus exploitables. L’apport majeur actuel est la localisation certaine des données évitant les innombrables erreurs de lieux-dits ou leur absence de signalisation (commune uniquement) des bases D1, D2. C’est un progrès considérable mais pas suffisant. Les textes spécifiques sont suivis d’un complément Il s’agit d’un chapitre 4) Qu’est ce qu’une espèce commune en baie du Mont-Saint-Michel ? Dans les textes spécifiques, il est régulièrement fait état, surtout pour les espèces les plus communes, de résultats obtenus sur 24 parcours IKA (Indice Kilométrique d’Abondance). Le détail de ces parcours est proposé dans 4). Ces parcours sont des cheminements de 5 à 20 km, réalisés 2 fois (avril-juin) pour un total de près de 200 km parcourus. L’objectif est de mieux connaître les grandes lignes de l’avifaune (effectif, répartition). Les chiffres proposés doivent être pris avec prudence et comme des éléments de comparaison interspécifiques. Pour plusieurs espèces à effectif d’au moins plusieurs centaines de couples, nous pouvons comparer la mesure en points localisés (nombre de points) et le résultat approximatif trouvé par IKA couplé à la distance de détection maximale (cf. infra). Les ordres de grandeurs sont souvent similaires, ne différant au maximum que d’un facteur 2. Ce chapitre est complété (4.1.5) par la liste des distances maximales de détection proposées pour chaque espèce (utilisées pour le calcul des densités). Les distances de détection sont évaluées en milieu ouvert pour chaque espèce (parcours IKA). Il faut garder à l’esprit qu’à l’extrême (qui ne nous paraît pas réaliste), un doublement ou une division par 2 de ces distances maximales de détection ne ferait respectivement que doubler ou diviser par 2 les densités proposées. Ceci ne change pas considérablement l’objectif principal qui était de donner un ordre de grandeur des effectifs sur une grande surface de 300 km2. Les chiffres que nous produisons pour les espèces communes, sur une seule année, ne sont qu’un jalon expérimental pour le paysage, composé d’une mosaïque de milieux, de la baie du Mont-Saint-Michel : ils ne demandent qu’à être affinés (fig. 3.82).

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BIBLIOGRAPHIE SPÉCIFIQUE Debout C., 2013. Enquête Tendances : analyse 2012 des données http://www.gonm.org/etudes-et-enquetes/enquete-tendancesanalyse-2012-des-donnees Schmid H., Zbinden N. & Keller V., 2004. Surveillance de l’évolution des effectifs des oiseaux nicheurs répandus en Suisse. Station ornithologique suisse, Sempach. http://www.vogelwarte.ch/assets/files/publications/49735716.pdf Sattler T., Keller V., Knaus P., Schmid H. & Volet B., 2015. État de l’avifaune en Suisse. Rapport 2015. Station ornithologique suisse, Sempach.

Figure 3.82. Marais de la Claire-Douve (Dragey-Ronthon) : un site qu’on peut comparer, car des mesures similaires « toutes espèces » ont été réalisées en 1992-1993 (G) puis en 2009.

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3.2

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LES ESPÈCES

Les textes spécifiques sont ordonnés en fonction de l’ordre systématique proposé par la Commission de l’Avifaune Française (Crochet et al., 2013), comme dans le récent Atlas des oiseaux de France Métropolitaine (Issa & Muller, 2015). 3.2.1

ALAUDIDÉS, HIRUNDINIDÉS, MOTACILLIDÉS

Alouette des champs Alauda arvensis BILAN

949 chanteurs a minima. SIGNIFICATION D’UN POINT Un chanteur sur lieu favorable, donc nicheur possible. CATÉGORIE Espèce à plus de 200 couples mais à moins de 1 000. ATLAS DE NORMANDIE (A) Il y a diminution de l’espèce qui serait plus importante ces dernières années de l’ordre de -10 à -20 %. ATLAS DE BRETAGNE (B) Il n’y a quelques indices indiquant peut-être une baisse mais il est difficile de conclure sérieusement, les informations étant trop ténues. AVANT 1999 (C, D1, D2) Il n’y a pratiquement aucune prise en compte de cette espèce en période de reproduction, sauf pour noircir un carré d’atlas régional. DE 2000 À 2012 (D1, D2) Il n’y a pratiquement aucune prise en compte de cette espèce en période de reproduction, sauf pour noircir un carré d’atlas régional. Les parcours de l’enquête Tendances (Debout, 2013) montrent qu’elle est notée environ 6 fois plus durant la période 2000-2012 que dans la période 1973-1999, c’est-à-dire dans la moyenne des espèces assez communes ou commune (x5 à x7). PROSPECTIONS 2009-2012 (2013) L’essentiel des indices relevés sont des chanteurs en milieu favorable, souvent localisés aux deux passages. Il est difficile de trouver des indices certains de nidification. Le protocole n’avait pas cette vocation. L’alouette des champs est essentiellement implantée sur les herbus (autour de 600 chanteurs) et dans les polders (autour de 300 chanteurs) puis dans quelques zones de prairies dans les marais périphériques (quelques dizaines). Dans certains herbus (fig. 3.83), elle peut atteindre, sur quelques dizaines d’hectares, des densités très élevées exceptionnelles en France, de l’ordre de 10 couples pour 10 ha. Sur les 3 000 ha d’herbus exploitables par cette espèce, on trouve une moyenne de 1,3 couple pour 10 ha. Selon les sites, les densités de cette espèce sont inégalement réparties, notamment en lien avec le pâturage et les densités de moutons : les sols complètement rasés ne peuvent accueillir l’alouette des champs ni aucune autre espèce d’oiseau nicheur. Sur les 3000 ha de polders récents, et uniquement dans les cultures de blé, les densités sont de l’ordre de 0,3 couple pour 10 ha : c’est en moyenne 4 fois moins que dans les herbus, et 30 fois moins que sur les meilleurs secteurs d’herbus. La carte (fig. 3.84) indique, qu’outre les très peuplés herbus, il existe des zones où étudier plus précisément la structure de la végétation et les cultures pour comprendre mieux les variations de densité ; des vides peu explicables apparaissent notamment à l’ouest, dans des zones de culture apparemment favorables. L’arbre et la haie ont un effet négatif fort sur la présence de l’alouette des champs.

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Pour une même surface prospectée de l’ordre de 2 000 ha, on obtient dans le marais de Dol 23 chanteurs en 1998 (F1), 50 contacts en 2001 (F2) et nous obtenons 53 chanteurs localisés entre 2009 et 2012. Il est évident qu’une comparaison directe est totalement impossible, les méthodes utilisées étant très différentes, mais l’espèce paraît au moins stable depuis 15 ans sur ce secteur.

Figure 3. 83. Ce type d’herbus (pâturage extensif) accueille les plus fortes densités d’alouette des champs.

Lors des parcours réalisés pour échantillonner les espèces communes, l’alouette des champs apparaît comme une espèce relativement commune placée en 16e position. La majorité des parcours (17 sur 24, tous hors des herbus) permettent d’obtenir des densités constantes entre 0,1 et 0,5 couple pour 10 ha, pour une distance maximale de détection proposée de 200 m (tableau 3.13 p. 321). La densité globale moyenne obtenue sur l’ensemble des parcours est de 0,21 (σ = 0,14). Cette densité permettrait d’évaluer la population, hors les herbus, à 420 couples (175-700), comparable aux 300 à 400 couples trouvés lors des prospections localisées. Chevalier & Purenne (2010) recensent en 2009 sur 5 000 ha sur la côte ouest du Cotentin entre 750 et 800 couples d’alouette. Les densités globales sur ces milieux sont tout à fait comparables à celles trouvées en baie du Mont-Saint-Michel : de l’ordre de 1,2 à 1,8 couples pour 10 ha dans les herbus et en massif dunaire et de l’ordre de 0,5 à 1 couple pour 10 ha sur les zones humide et les cultures. Chevalier (comm. pers.) ne trouve pas de variation significative pour cette espèce entre 2002, 2007 et 2012 sur ces secteurs. Inversement, sur du suivi à long terme (1991-2014) par points d’écoute (environ 200) dans les marais du Cotentin et du Bessin, Debout (2014) montre une baisse de moitié des effectifs de cette espèce, mais surtout imputable aux années 1991-1999, cette baisse étant contenue actuellement (corroborant les observations des années 2000 de Chevalier & Purenne, op.cit.). Debout (2012) considère l’alouette des champs comme vulnérable (VU) en Normandie. C’est une espèce souvent évaluée comme étant en régression, mais qui est en réalité peu notée par les ornithologues, même sur des sites où elle est abondante. En témoigne l’absence presque totale d’informations que nous avions sur cette espèce en période de reproduction.

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Figure 3.84. Répartition des points de contacts de l’alouette des champs (2009-2012) en baie du Mont-Saint-Michel

PROSPECTIONS PROPOSÉES Des études sont impératives dans les herbus où c’est l’espèce très largement dominante (30-40 % des contacts), à part égale avec le pipit farlouse. Sur ce milieu pèsent des menaces notamment liées à l’agriculture (pâturage ovin trop intensif) et aussi à l’invasion d’Agropyron (chiendent) qui, en surfaces trop importantes, semble très défavorable à l’installation de l’alouette des champs (Beaufils, 2015a). Ces menaces sont parfaitement gérables, à condition de connaître précisément les conditions d’implantation de l’espèce. Un suivi par Indice Ponctuel d’Abondance avec description des milieux, comme l’on pratiqué Eybert & Geslin (2006) sur le site pourrait convenir pour suivre l’évolution. Ailleurs, il est probable que la méthode des Indices Kilométriques d’Abondance suffise. La connaissance de la géographie du site (grandes surfaces sans arbres) permettrait de suivre assez facilement quelques grands espaces témoins, notamment dans les polders. BIBLIOGRAPHIE SPÉCIFIQUE Beaufils M., 2015a. Les oiseaux nicheurs des herbus de la baie du Mont-Saint-Michel (2009-2012) : une tentative d’expliquer la répartition des principales espèces nicheuses ; une réflexion sur les enjeux. Le Cormoran 19 (80) : 43-56 Chevalier B. & Purenne R., 2010. Les havres de la côte ouest du Cotentin de Bréville-sur-Mer au cap de Carteret dont la ZPS du havre de Regnéville. Septembre 2009 – Août 2010. Bilan Epsion GONm : 16 p. Debout G., 2014. Suivi des populations nicheuses dans le Parc naturel régional des Marais du Cotentin et du Bessin. PNR des Marais du Cotentin et du Bessin-GONm : 31 p. Eybert M.C. & Geslin T. dans Eybert M.-C., Lughinbül Y. Radureau A., 2006.Usages et biodiversité « Programme National GIS Biodiversité » 2003-2006 : Le cas des marais salés de la Baie du Mont Saint Michel : 11-46

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Hirondelle de rivage Riparia riparia BILAN 450 cavités possiblement occupées en 2010. SIGNIFICATION D’UN POINT Un trou récent semblant occupé, donc nicheur probable. CATÉGORIE Espèce à plus de 200 couples mais à moins de 1 000. ATLAS DE NORMANDIE (A) Une très forte baisse est constatée dans les années 1990, mais les effectifs remontent et se stabilisent ensuite au milieu des années 2000. ATLAS DE BRETAGNE (B) Il y aurait un déclin, surtout en Ille-et-Vilaine, depuis 20 ans, le déclin en Loire-Atlantique datant du début des années 1980. AVANT 1999 (C, D1, D2) C’est une espèce considérée localement comme rare, présente en effectifs modestes. Elle a disparu du bec d’Andaine (Genêts) à la fin des années 1980. Des petites colonies s’installent sporadiquement le long des berges de la zone estuarienne des vallées de la Sée et de la Sélune (fig. 3.85). La plus grosse colonie est installée dans les carrières de Mortrie (Ducey) au sud-est de la baie (hors zone d’étude). L’hirondelle de rivage a probablement disparu du périmètre étudié comme nicheuse de 1990 à 1999 : aucune information liée à la nidification n’est repérable sur les bases de données D1 et D2. DE 2000 À 2012 (D1, D2) L’hirondelle de rivage se réimplante progressivement de 2000 à 2006. Les effectifs augmentent à partir de 2008 (4 communes concernées) pour atteindre 6 communes où l’espèce est présente en 2012. Le nombre de petites colonies est plus important par commune. Aucune étude n’ayant été faite, notamment sur le nombre réel de couples, nous nous garderons bien de proposer un effectif précis. On peut simplement dire que cette espèce est beaucoup mieux implantée sur le territoire prospecté en 2012 qu’elle ne l’avait été jusqu’alors depuis qu’on collecte des informations dans les années 1970. L’hirondelle de rivage est notée 6 fois plus annuellement durant cette période 2000-2012 qu’auparavant. Comme c’est une espèce peu commune, localisée (hors des zones de parcours Tendances) souvent bien notée, cette augmentation dans la base traduit exceptionnellement une réalité de terrain.

Figure 3.85. L’hirondelle de rivage creuse son terrier dans les berges vaseuses des rives de la Sée et de la Sélune à l’estuaire : les résidus granuleux issus du creusement de 9 trous).

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PROSPECTIONS 2009-2012 Les herbus ayant été prospectés en 2009-2010, la majorité des 450 trous (effectif maximal possible) a été repérée ces années, le long des berges vaseuses de la Sée et de la Sélune (fig. 3.86). Il y probablement une forte augmentation de l’espèce ces dernières années, mais temporaire, puisque les conditions météorologiques catastrophiques de 2013 ont entraîné un effondrement des effectifs (obs. pers.). Des installations nouvelles se font tout de même à partir des colonies d’origine de la zone estuarienne, aussi bien vers le nord (de Saint-Jean-le-Thomas à Genêts) que vers l’ouest (anse de Moidrey, Pontorson). Elles n’apparaissent pas toutes sur la carte car repérées les années suivant l’enquête. Une petite colonie est présente près d’Antrain (hors périmètre étudié) dans une ancienne carrière, sans doute depuis plusieurs années. Elle n’a été localisée qu’en 2009 (J. Bougères, comm. pers.), grâce au ballet des hirondelles de rivage repéré sur le marais de la Folie (Antrain).

Figure 3.86. Répartition des colonies d’hirondelle de rivage (2009-2012) en baie du Mont-Saint-Michel

PROSPECTIONS PROPOSÉES C’est une espèce complexe à prospecter. Il faut différencier les trous creusés des trous effectivement utilisés pour la reproduction. Ceci engage des temps de prospection très long. D’autre part, ces nids sont régulièrement recouverts lors de grandes marées, ce qui oblige les oiseaux à se réimplanter. Il faudrait a minima une localisation systématique annuelle des colonies et du nombre de trous creusés.

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Hirondelle rustique (ou Hirondelle de cheminée) Hirundo rustica BILAN Espèce non répertoriée par géolocalisation. CATÉGORIE Espèce considérée comme très commune non localisée ATLAS DE NORMANDIE (A) L’espèce est apparemment présente de manière homogène sur l’ensemble de la région. L’enquête semiquantitative montre un gradient est-ouest, sans doute lié à la variété des modèles agricoles dominants, plus favorables dans l’ouest de la Normandie (possible lien avec l’élevage laitier). L’espèce serait stable en Normandie depuis au moins 1989. ATLAS DE BRETAGNE (B) L’espèce est présente de manière homogène sur l’ensemble de la région. Il n’y a pas de tendance disponible. AVANT 1999 (C, D1, D2) Le texte (C) de 2001 est insuffisamment documenté sur cette espèce sur l’ensemble de la période de présence. De manière extrêmement surprenante pour une espèce facile à détecter et prisée par les ornithologues et les néophytes (dont de nombreux commentaires relatifs à sa diminution par rapport à… avant, sans aucune date ou époque), la base est peu documentée sur la période de reproduction (3 données). DE 2000 À 2012 (D1, D2) La base de données ne comporte que très peu de données liées à la reproduction et très peu de description de nids occupés, qui sont pourtant faciles à identifier et à compter ! L’hirondelle rustique est 4 fois plus notée durant cette période qu’auparavant (c’est-à-dire proche de la moyenne globale, toutes espèces, de la décennie). Ceci est lié à l’enquête Tendances qui la prend systématiquement en compte ; il est donc possible que cette espèce soit stable depuis 10 ans. PROSPECTIONS 2013 Les données récoltées permettent de tenter de circonscrire les secteurs de nidification de l’hirondelle rustique. Elles sont essentiellement issues d’une seule année d’enquête, 2013, où l’espèce a été échantillonnée selon plusieurs méthodes. Malheureusement, cette année 2013 a été catastrophique pour l’hirondelle rustique (au moins au niveau local), avec un manque de luminosité et des pluies continues d’avril à fin juin. Il est possible d’ailleurs que les hirondelles aient compensé leur mauvais début de reproduction par un sursaut (non quantifié) de juillet à septembre. Il est vraisemblable que les propositions ci-dessous soient très basses. En France, cette espèce a fortement diminué récemment entre 2011 et 2014 (Jiguet, 2015). Seules les hirondelles implantées à proximité d’un lieu favorable sont notées (c’est clairement un biais). Nous avons choisi de ne considérer que les données de fin-mai et juin, période d’installation réelle certaine, donc hors migration, même si les futurs nicheurs locaux arrivent dès la première semaine d’avril (notes pers.). A. Sur un ensemble de 24 parcours IKA pour une distance totale parcourue de près de 200 km, l’hirondelle rustique est présente 22 fois sur 24, ce qui en fait une espèce commune. L’espèce n’est répertoriée que sur les zones de nidification possible. Les calculs moyens de densités pour 10 ha sont basés sur ces IKA en prenant une distance maximale de détection de 250 m. Les densités sont très resserrées avec, dans 19 cas sur 24, entre 0,1 et 0,5 couples pour 10 ha (tableau 3.13 p. 321). La moyenne et l’écart-type sur l’ensemble des parcours est de 0,26 (σ = 0,18) couple pour 10 ha. Elle se classe en 15e position parmi les espèces communes du site. B. En considérant maintenant 20 des 24 parcours (fig. 3.87) où les milieux ont, cette fois, été pris en compte, l’hirondelle rustique est dépendante de la présence d’habitations et surtout des granges. Les écarts-types sont très importants, ils indiquent une espèce à répartition très hétérogène, mais ne permettent pas de conclure de manière définitive sur la significativité des Les oiseaux en période de reproduction en baie du Mont Saint-Michel.

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résultats. Cette espèce est en réalité peu présente en ville et pratiquement exclue des lotissements (pas de possibilités d’installer un nid). Un hameau doit comporter des granges (il y a quelques cas atypiques aussi) pour l’accueillir, ce qui n’est pas toujours le cas. Le nombre de couples recensés une seule fois dans 44 fermes (fig. 3.88) varie de 0 à 7 couples (sousestimation probable, voire certaine, quand on ne peut pas rentrer dans les granges). Ces variations sont difficiles à expliquer : l’hirondelle rustique n’est pas forcément plus abondante là où les animaux sont nombreux. Néanmoins, elles paraissent sensibles à la présence du béton dominant au sol (mais pas moins que des lotissements soignés), et à l’absence d’arbres en périphérie.

Figure 3.87. Hirondelle rustique : moyenne des nicheurs et écart-type pour 10 ha dans les grands milieux de la baie du Mont-Saint-Michel (IKA couplé à la distance de détection)

Figure 3.88. Évaluation du nombre minimum de couples d’hirondelles rustiques par ferme estimé sur 44 installations des polders sud ; moyenne par ferme = 1,27 (σ = 1,55)

C. Des parcours « fermés » (recensement en même temps que les espèces à localiser) ont été testés. Ces surfaces de plus de 100 ha (fig. 3.89) permettent de proposer des densités pour 10 ha qui ont du sens (cf. aparté 2, p. 12). Les densités trouvées sur les 24 parcours sont confortées. En réalité on ne compare peut-être pas les mêmes éléments entre les chapitres A, B et C.

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Figure 3.89. Hirondelle rustique : densités trouvées sur différents parcours fermés (B : proche bocage ; C : proche culture)

D. D’autres zones ont été prospectées, et les densités sont parfois proches des valeurs trouvées sur les parcours IKA, parfois proches des valeurs trouvées sur les parcours fermés ; il ne sera pas proposé d’évaluations maximales étant donné les doutes qui planent. Les différentes méthodes utilisées ne sont pas convaincantes pour caractériser cette espèce complexe à suivre (longs déplacements pour s’alimenter par exemple). Comment interpréter les indices sur 10 ha ? - uniquement sur la zone locale de nidification ? - sur l’ensemble de la zone proche ? - sur l’ensemble de la zone de prospection (qui peut être de plusieurs km² ?) En première approche, une estimation de l’ordre de 500-1 000 couples est proposée pour l’ensemble du périmètre étudié. Cette estimation tient compte du fait que 2013 a sans doute été une année catastrophique pour cette espèce, au moins en début de saison. Il est impossible de proposer une tendance à court ou à moyen terme pour cette espèce. PROSPECTIONS PROPOSÉES Les densités trouvées par échantillonnage n’étant pas convaincantes, il faut sans doute trouver d’autres méthodes que les IKA, les IPA ou les quadrats. Un suivi de quelques sites locaux choisis pourrait être mis en place assez facilement. Un comptage régulier de nids occupés sur des sites pourrait aussi être effectué (fig. 3.90). Il reste à calculer le volume de l’échantillonnage et la périodicité d’un suivi à long terme. BIBLIOGRAPHIE SPÉCIFIQUE Jiguet F., 2015. Les résultats nationaux du programme STOC de 1989 à 2014. www2.mnhn.fr/vigie-nature.

Figure 3.90. De nombreuses fermes sont utilisées pour nicher, mais pas toutes (La Rivière, SaintBroladre). Les oiseaux en période de reproduction en baie du Mont Saint-Michel.

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Hirondelle de fenêtre Delichon urbicum BILAN 320 nids ou couples. SIGNIFICATION D’UN POINT Un nid ou une estimation du nombre de couples, donc nicheur certain ou probable. CATÉGORIE Espèce à plus de 200 couples mais à moins de 1 000. ATLAS DE NORMANDIE (A) L’espèce serait au mieux en augmentation (A1, A2). ATLAS DE BRETAGNE (B) Aucune tendance ne se dégage entre les deux atlas (B2, B3). AVANT 1999 (C, D1, D2) Il existe peu d’informations dans la base de données, avec seulement 13 mentions de nids de 1973 à 1999 ! Seulement 9 communes sont concernées, dont une en Ille-et-Vilaine. La sous-prospection, pour cette espèce facile à recenser en juillet (nids occupés), est évidente. DE 2000 À 2012 (D1, D2) Seulement 10 données de nids existent dans la base de données pour 5 communes. Cette espèce, considérée souvent en diminution par la plupart des ornithologues de terrain, n’est pas vraiment recensée : alors comment prouver cette « diminution » locale sans aucun élément de comparaison ? L’hirondelle de fenêtre n’est ni plus ni moins notée pendant cette période que la précédente 1973-1999. PROSPECTIONS 2009-2012 Les ornithologues et le grand public font grand cas des hirondelles, en indiquant le plus souvent (assez systématiquement) qu’elles disparaissent ou diminuent, mais rarement qu’elles augmentent. Il existe pourtant des fortes variations annuelles, avec d’ailleurs un effondrement en 2013 en France d’après le STOC (Jiguet, 2015). Nous sommes ici localement dans un cas de figure identique à celui de l’hirondelle rustique : avec si peu d’informations, comment connaître l’évolution locale à long terme, alors que l’espèce n’est pratiquement jamais notée ? L’hirondelle de fenêtre est en fait extrêmement mal recensée depuis fort longtemps et surtout non systématiquement. Il faut donc être extrêmement prudent avec les commentaires oraux sans données écrites sur le long terme. Pour les hirondelles, la plupart des personnes se rendent soudain compte, localement, de fortes diminutions ou des disparitions. C’est à ce moment-là qu’ils constatent et notent une évolution négative souvent dramatique. En revanche, des variations même assez sensibles ou des augmentations ne sont souvent pas détectées (sauf installation). Lors de l’enquête, l’hirondelle de fenêtre est signalée dans les bourgs surtout (fig. 3.91) : de un à quelques dizaines de nids. Le présent atlas ne fait état essentiellement que de la présence en mai et juin, mais il faudrait faire le recensement en juillet quand les jeunes sont au nid pour véritablement connaître l’état des populations (C. Girard, comm. pers.). Il faut différencier les données (275) concernant les nids trouvés construits, voire avec des jeunes, et les données (45) évaluant la population à partir des adultes volants. Il faut rajouter à cela 2 colonies non détectées lors des prospections localisées, mais lors des prospections par IKA, sur un bâtiment de la ferme du polder Colombel (Saint-Broladre, au moins 3 nids en 2013) et la ferme Mauny près de Palluel (Roz-sur Couesnon, au moins 15 nids en 2013). Les prospections sur cette espèce doivent être minutieuses, et chaque bâtiment (notamment fermes) doit pouvoir être prospecté avec une grande attention. C’est une opération difficile du fait que les fermes et habitations sont des zones privées. En 2013, quelques colonies (tab 3.3) avaient été de nouveau recensées plus tard (fin juin-début-juillet) mais malheureusement, 2013 a été une très mauvaise année pour beaucoup d’espèces, il est donc difficile de trancher.

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Tableau 3.3. Comparaison de comptages de nids d’hirondelle de fenêtre sur quelques sites Nombre de nid Nombre de Site Remarques (voir date) nids 2013 39 (2010) / déplacement colonie Cancale 0 bord de mer intérieur Cancale Saint-Guinoux 20 (2012) 8 variation Châteauneuf d’Ille-et-Vilaine non recherché 2 Hirel 20 (2009) 7 variation Le Vivier-sur-Mer 1 (2011) 12 variation + recherches 2013 ; Saint-Broladre 3 (2009) 28 variation + ? Lillemer absence absence 30 (2009), les chiffres depuis Saint-Benoît-des-Ondes 4 (2011) 32 (2010) 2009 ; variation La Fresnais 15 (2009) 19 variation + Cherrueix 10 (2010) 5 variation Roz-sur-Couesnon (4 salines) 2 (2012) 2 variation =

Auteur P. Chapon G. Dupont G. Dupont A. Hémon A. Hémon C. Delanoé G. Dupont L. Houllier M. Beaufils M. Beaufils M. Beaufils

Sur un ensemble de 24 parcours IKA pour une distance totale parcourue de près de 200 km, l’hirondelle de fenêtre est présente sur 10 parcours sur 24. Ceci en fait une espèce non commune, et en réalité, très localisée (souvent sur des bâtiments précis et connus de longue date ; notes pers.).

Figure 3.91. Répartition des colonies d’hirondelle de fenêtre (2009-2012) en baie du Mont-Saint-Michel

PROSPECTIONS PROPOSÉES Il est probablement faisable d’organiser de temps en temps le comptage des nids sur les lieux connus et de les rechercher sur les sites favorables. Faut-il faire des enquêtes systématiques, à renouveler tous les X années ? Tout ceci est à réfléchir.

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Pipit des arbres Anthus trivialis BILAN 40 sites répertoriés. SIGNIFICATION D’UN POINT Un chanteur en juin, donc nicheur possible. CATÉGORIE Espèce dont au moins 20 couples sont présents dont les effectifs nicheurs ne dépassent pas 50 couples. ATLAS DE NORMANDIE (A) Le pipit des arbres serait plutôt en régression d’après l’enquête Tendances. ATLAS BRETAGNE (B) Le pipit des arbres serait plutôt stable avec une légère progression de son aire vers l’ouest. AVANT 1999 (C, D1, D2) C’est une espèce exceptionnelle dans les vallées de la Sée et de la Sélune, une vingtaine de sites sont détectés dans le marais de Châteauneuf en 1998 (F1). Elle semble peu repérée ailleurs. DE 2000 À 2012 (D1, D2) Il y aurait une petite population à l’est de la baie, dans le secteur Genêts-Vains, et peu de connaissance sur sa présence antérieure (fig. 3.92). Le pipit des arbres est noté 8 fois plus entre 2000 et 2012 que lors de la période précédente (1973-1999). Ce n’est pas une espèce commune et ce facteur multiplicatif est nettement au-delà de la moyenne × 3 toutes espèces ; il traduit une légère augmentation ou, du moins, une nouvelle zone de colonisation dans l’est de la baie.

Figure 3.92. Le pipit des arbres niche nouvellement depuis quelques années dans l’arrière-pays de Genêts.

PROSPECTIONS 2009-2012 La vingtaine de cantonnements trouvés dans les marais de Dol en 1998 (F1) est toujours présente. Une autre petite population, inconnue a priori jusqu’alors, d’une vingtaine de cantonnements est présente entre Genêts et Saint-Jean-le-Thomas. Un seul point de contact est obtenu ailleurs : 1 chanteur en vallée du Couesnon. L’espèce est rare dans l’arrière-pays à l’est de la baie mais présente dans le bocage boisé de Saint-Michel-des-Loups (Jullouville). Peu d’observateurs auraient pu prédire cette carte avant 2009 (fig. 3.93). L’inconnue est la suivante : qu’est ce qui peut bien faire que le pipit des arbres ne s’installe ni en vallée de la Sélune, ni surtout en vallée du Couesnon, ni aux abords de la baie au-delà des marais de Châteauneuf, ni plus au nord vers (par exemple) Jullouville ? Il existe pourtant un peu partout, aux marges de la baie, des milieux qui paraissent favorables à l’espèce qui est, de plus, relativement commune en Ille-et-Vilaine.

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Figure 3.93. Répartition des points de contacts du pipit des arbres (2009-2012) en baie du Mont-Saint-Michel

PROSPECTIONS PROPOSÉES Des prospections ciblées de temps à autre sur les deux zones de concentration pourraient être réalisées ; des prospections aléatoires liées aux observations éparses sur les autres zones permettraient de découvrir d’éventuelles colonisations, mais il faut en tout cas noter systématiquement cette espèce.

Figure 3.94. Le pipit farlouse niche encore, en 2012, sur l’herbu de Saint-Léonard (Vains).

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Pipit farlouse Anthus pratensis BILAN 593 sites répertoriés. SIGNIFICATION D’UN POINT Un individu ayant un comportement territorial (ce qui assez facile à détecter chez cette espèce), donc nicheur possible. CATÉGORIE Espèce à plus de 200 couples mais à moins de 1 000. ATLAS DE NORMANDIE (A) Il est encore bien présent à l’intérieur des terres et il semble stable. Les fortes populations (>1 000 couples) sont situées dans les marais du Bessin et du Cotentin et le long de la côte ouest du Cotentin. (N.d.A. : lorsque ces lignes ont été écrites en 2008, l’importance de la population de la baie du MontSaint-Michel est alors totalement inconnue, mais s’inscrit sans doute dans le prolongement de la forte population de la côte ouest du Cotentin). ATLAS DE BRETAGNE (B) Il y a effondrement des populations à l’intérieur des terres, il est encore présent sur littoral et dans les Monts d’Arrée ; il y aurait une régression par l’ouest. AVANT 1999 (C, D1, D2) C’est une espèce quasi inconnue, même dans les herbus (fig. 394) en période de reproduction. Il est repéré qu’elle niche dans les herbus mais il n’y a aucune évaluation ni des densités ni du nombre de couples. C’est un nicheur dispersé mais rare à l’intérieur : Collette (D1) en note jusqu’à 7 couples (le maximum noté dans la baie à l’intérieur sur une petite surface) dans les prés d’Avranches entre 1991 et 1995 ; 7 couples sont notés dans le marais de Dol-Châteauneuf en 1998 (F1) et 1 au marais de la ClaireDouve en 1993 (G). DE 2000 À 2012 (D1, D2) Le pipit farlouse est rarement signalé en période de reproduction. Les informations proviennent de surfaces trop petites (recensements très partiels et inutilisables). Il est noté 5 fois plus que dans la période précédente, donc dans la moyenne de la plupart des espèces. PROSPECTIONS 2009-2012 C’est une espèce parmi les plus « communes », mais seulement dans les herbus. Dans ce milieu, elle est concentrée sur quelques zones plus favorables. Le pipit farlouse n’est que rarement trouvé dans les mielles des dunes de l’est du site (dunes proches des marais de la Claire-Douve et du Mont-Manet à Genêts). D’après Roché et al., 2013, la population française serait de l’ordre de 10 000-20 000 couples, mais Deceuninck et al. (2015), dans l’atlas de France métropolitaine, réévalue cette population à 50 000100 000 couples. La population de la baie du Mont-Saint-Michel, forte de 500+ couples en 2010 (fig. 395), se situerait dans une fourchette comprise entre 0,5 à 5 % de la population française, ce qui est loin d’être négligeable. C’est une des surprises de cet atlas. Il y a des enjeux importants dans les herbus pour cette espèce (Beaufils, 2015a). Le pipit farlouse est principalement tributaire de zones non pâturées intensivement par les moutons. Dans la mesure où cette activité, liée aux moutons de prés-salés, occupe de plus en plus d’espace, des réflexions doivent être menées pour préserver les principales zones de nidifications (Beaufils, 2015a).

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Figure 3.95. Répartition des points de contacts du pipit farlouse (2009-2012) en baie du Mont-Saint-Michel

Dans les marais du Cotentin et du Bessin (Debout, 2014), le pipit farlouse est suivi spécifiquement depuis 1991 (200 points d’écoute de 1991 à 2014). Les effectifs actuels sont 3 fois plus faibles que les maximums enregistrés en 1994 et 2002. Cette espèce montre des variations annuelles importantes. Ces baisses sont, d’après les résultats, liées à des problèmes durant la période d’installation en marsavril, soit à cause de submersions plus importantes empêchant cette espèce de s’installer à cette période, soit par une certaine fermeture du milieu (caractérisée dans les points d’écoute par l’augmentation d’espèces communes de milieux plus fermés). Ce type de suivi structuré à long terme est très informatif. PROSPECTIONS PROPOSÉES Les indices territoriaux sont assez faciles à trouver. Il serait indispensable de recenser systématiquement certaines zones témoins et, surtout, de faire un état des lieux avant toute modification d’exploitation des herbus (notamment nouveaux pâturages de moutons). On est actuellement loin de cette situation… BIBLIOGRAPHIE SPÉCIFIQUE Beaufils M., 2015a. Les oiseaux nicheurs des herbus de la baie du Mont-Saint-Michel (2009-2012) : une tentative d’expliquer la répartition des principales espèces nicheuses ; une réflexion sur les enjeux. Le Cormoran 19 (80) : 43-56 Debout G., 2014. Suivi des populations nicheuses dans le Parc naturel régional des Marais du Cotentin et du Bessin. PNR des Marais du Cotentin et du Bessin-GONm : 31 p. Deceuninck B., Isenman P., Léry R. in Issa N. & Muller Y. Coord., 2015. Atlas des oiseaux nicheurs de France métropolitaine. Nidification et présence hivernale. Pipit farlouse. LPO/SEOF/MNHN. Delachaux et Niestlé, Paris : 884-887 Jiguet F., 2015. Les résultats nationaux du programme STOC de 1989 à 2014. www2.mnhn.fr/vigie-nature Roché J.-E., Muller Y., Siblet J.-P., 2013. Une méthode simple pour estimer les populations d’oiseaux communs nicheurs en France. Alauda (81) 4 : 241-268

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Pipit maritime Anthus petrosus BILAN 9 chanteurs pour 2 sites principaux. SIGNIFICATION D’UN POINT Un chanteur entendu à plusieurs reprises, donc nicheur probable. CATÉGORIE Espèce à très petit nombre de contacts ou sites < 20. ATLAS DE NORMANDIE (A) L’espèce n’est régulièrement présente en Normandie qu’à Chausey (10-16 couples en augmentation depuis plusieurs décennies) et à Granville (4-6 couples). ATLAS DE BRETAGNE (B) L’évolution est peu connue et incertaine. AVANT 1999 (C, D1, D2) Les estimations proposées sont de 1-3 couples à Granville et d’une dizaine à Cancale, pour un total de 15 au maximum. Il ne doit pas être tenu compte, à notre avis, des points nicheurs possible ou probable des atlas A1 et B2, signalés entre le Mont-Saint-Michel et Tombelaine (Genêts). Le pipit maritime est surtout une espèce commune hivernante d’octobre à mars. En hivernage, les sous-espèces ne sont pas déterminées et, en l’état actuel des connaissances, il s’agit sans doute majoritairement de la sous-espèce du nord-est de l’Europe A. p. littoralis. Les effectifs hivernants ne sont pas connus en 2012, mais sont estimés en 1999 « sur le pourtour du site, à plusieurs centaines d’individus » (C). Il faut donc être circonspect pour toute observation en période de reproduction hors des sites de Granville et de Cancale : cette information pourrait être diffusée avant toutes les enquêtes « atlas ». DE 2000 À 2012 (D1, D2) C’est une espèce peu notée en période de reproduction sur les deux sites dans les bases de données. Dans tous les cas, il n’y a pas de recherches systématiques.

Figure 3.96. Le pipit maritime niche sur la digue de l’embarcadère vers les iles (Granville).

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PROSPECTIONS 2009-2012 À Granville, 2 couples sont observés à proximité du port les quatre années consécutives, dont 1 à proximité de l’embarcadère à destination des îles Chausey et anglo-normandes (fig. 3.96) ; au moins 7 chanteurs cantonnés sont détectés à Cancale et sur les îlots proches (enquêtes oiseaux marins nicheurs, Bretagne Vivante ; R. Morel comm. pers.), pour un total global de 9 couples aux deux extrémités du site. D’une estimation de 15 en 1999 à une évaluation de 9 en 2012, la différence indique que le pipit maritime serait à la baisse : l’imprécision des recherches ne permet pas de conclure. La situation a peu évolué. Cette espèce est un bon marqueur pour délimiter les extrémités de la baie du Mont-Saint-Michel, c’est la raison pour laquelle nous présentons cette carte malgré son petit nombre de points (fig. 3.97).

Figure 3.97. Répartition des points de contacts du pipit maritime (2009-2012) en baie du Mont-Saint-Michel

PROSPECTIONS PROPOSÉES Des prospections aléatoires liées aux observations éparses suffisent à savoir s’il colonise éventuellement d’autres sites ; il est à rechercher au moins sur quelques sites annuellement à Granville et Cancale.

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Bergeronnette printanière Motacilla flava flava BILAN Près d’une quarantaine de sites répertoriés. SIGNIFICATION D’UN POINT Un chanteur ou couple présent sur un site favorable en mai-juin (espèce à comportement territorial marqué), donc nicheur possible. CATÉGORIE Espèce dont les effectifs sont entre 20 et 50 couples. ATLAS DE NORMANDIE (A) Il y a clairement progression de l’espèce, dont les effectifs passent en 20 ans d’une centaine à quelques centaines de couples (A1, A2). ATLAS DE BRETAGNE (B) La bergeronnette printanière semble stable dans la partie sud de la région, particulièrement en LoireAtlantique. Sont intégrés dans cette sous-espèce les 4 couples avec des mâles de M. flava x flavissima identifiés par S. Provost dans l’herbu de Vains. Les autres contributeurs à cet atlas (dont l’auteur) ne sont pas suffisamment rompus à cette sous-espèce pour conclure définitivement sur des cas litigieux. Les rares cas litigieux (Beaufils, notes pers.) sont de toute façon repérés à Genêts (3 mâles sont soupçonnés d’être des mâles M. flava x flavissima), c’est-à-dire à proximité de l’herbu de Vains. Un travail de fond est nécessaire sur le long terme pour éclaircir ces points. Février (comm. pers.) indique qu’il a observé, mais rarement, des oiseaux à caractère hybride dans l’ouest de la baie du Mont-Saint-Michel ou aux abords de la Rance. AVANT 1999 (C, D1, D2) L’espèce avait déjà été repérée dans les années 1980 dans l’Atlas de Normandie (A1). En 1997, Liéron localise 6 couples nicheurs sur les herbus de Saint-Léonard et Gisort (Vains), pour 29 couples de bergeronnette flavéole. DE 2000 À 2012 (D1, D2) La bergeronnette printanière n’est pas répertoriée sur les herbus de Genêts et Vains. Ceux-ci n’ont certainement pas été prospectés à l’intérieur, comme la plupart des herbus, pendant la constitution de l’atlas normand 2003-2005 (A2). Elle est trouvée (ou, plus probablement, retrouvée) dans l’herbu du Val-Saint-Père en 2009 durant l’enquête de ce présent atlas. PROSPECTIONS 2009-2012 Des 36 points localisés, 22 (60 %) se situent sur les herbus est de la baie entre Genêts et le Val SaintPère ; 29 points sur 36 (80 %) concernent les herbus (fig. 3.98). Les autres sont localisés dans les herbus ouest de la baie à proximité du Mont-Saint-Michel (8) et au Vivier-sur-Mer (1). La plupart des observations en dehors des herbus (6 en 2012, et 1 de 2009 à 2011) sont réalisées uniquement en 2012 à Sougéal et dans des cultures au sud du Mont-Dol. Il est possible que l’année très pluvieuse 2012 ait joué un rôle sur la présence de cette espèce à l’intérieur des terres (comme d’autres espèces) ; cette hypothèse est difficilement vérifiable, sauf si ces conditions se renouvellent. Liéron (in C) avait recensé 6 couples de cette espèce, là ou Provost et Beaufils (présente enquête) en recensent 16, dont au moins 4 mâle hybride flava x flavissima. Cette augmentation semble réelle, mais dans le même temps le bruant de roseaux a pratiquement disparu du site où il nichait (>15 couples) dans des milieux de végétation haute. Entre temps, le pâturage a fortement augmenté, notamment les moutons, mais reste extensif et accompagné de bovins (herbus non rasés). Il est donc probable que la structure du milieu a évolué plutôt en faveur de mosaïques de végétaux plus bas qui conviennent mieux à la bergeronnette printanière et moins bien au bruant des roseaux. Cet état de fait a particulièrement été montré dans les herbus ouest de la baie, où l’espèce n’avait été trouvée qu’aux abords du Mont-SaintMichel (fig. 3.99) en 2009 mais pas plus à l’ouest. Les oiseaux en période de reproduction en baie du Mont Saint-Michel.

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Figure 3.98. Répartition des points de contacts de la bergeronnette printanière (2009-2012) en baie du Mont-Saint-Michel

PROSPECTIONS PROPOSÉES Des prospections ciblées par tranches annuelles sur les herbus et dans les polders seraient à réaliser pour au moins estimer sur certaines zones le ratio flava/flavissima et l’état de la population.

Figure 3.99. La bergeronnette printanière peut nicher aux abords du Mont-Saint-Michel.

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Bergeronnette flavéole Motacilla flava flavissima BILAN Un peu plus de 300 sites répertoriés. SIGNIFICATION D’UN POINT Un mâle territorial (le plus souvent chant) après la mi-mai ou juin, donc nicheur possible. CATÉGORIE Espèce à plus de 200 couples mais à moins de 1 000. ATLAS DE NORMANDIE (A) Cette espèce est en progression géographique et numérique en Normandie. ATLAS DE BRETAGNE (B) La bergeronnette flavéole est en forte régression à l’ouest de la Bretagne. AVANT 1999 (C, D1, D2) Liéron (dans C) localise environ 30 couples sur les herbus de Gisort et Saint-Léonard (Vains) ; il estime la population à 1 couple pour 20 à 25 ha sur 3 000 ha des polders ouest du Mont-Saint-Michel. Collette (1991) détecte au maximum 3 couples dans les prés d’Avranches, 2 couples dans les prés de Poilley (Collette, 1990b) et 2 couples sont détectés dans le marais de la Claire-Douve à Genêts (G). Deux couples sont signalés à Sougéal en 1998 (D2). En 1998, 38 cantonnements sont notés dans les marais de Dol-Châteauneuf sur 2 000 ha, dont 18 dans le biez du Milieu, la ceinture nord et les prés de Graslin (F1). DE 2000 À 2012 (D1, D2) La situation est en réalité peu connue et il n’y a aucune évolution détectable durant cette période. C’est une espèce dont nous verrons qu’elle est presque commune et qui ne semble pas vraiment intéresser les ornithologues en période de reproduction. La bergeronnette flavéole est notée 3 fois plus que durant la période précédente, c’est-à-dire ni plus ni moins par rapport à la moyenne (× 3) de l’ensemble des espèces. PROSPECTIONS 2009-2012 Dans l’atlas des oiseaux de France métropolitaine (Dubois & Issa, 2015), les auteurs signalent que cette sous-espèce régresse à l’ouest et à l’est de sa répartition française, limitée aux régions des côtes de la Manche. Elle se maintient (mais sans information depuis 2005) en Normandie, essentiellement dans les zones de grandes cultures de Seine-Maritime et du Calvados. Le déclin serait marqué dans la région Nord – Pas-de-Calais, fief de l’espèce, en comparaison des petites populations de l’extrême ouest de la France. Néanmoins, les auteurs conservent une estimation de 10 000-15 000 couples, qui paraît bien haute si le déclin de la population la plus septentrionale est avéré. Mais notons qu’un très grand nombre de carrés de la région centrale du Nord – Pas-de-Calais ne semblent pas avoir été prospectés. Si l’on se fie à ces estimations, la population de la baie du Mont-Saint-Michel, d’environ 300 couples (fig. 3.101), représente tout de même 2 à 3 % de la population française. Les prospections 2009-2012 donnent des effectifs identiques à ceux proposés par Liéron dans les polders et dans les herbus de Gisort et Saint-Léonard (Vains). L’espèce disparaît des prés d’Avranches, des prés de Poilley et du marais de la Claire-Douve. L’évolution du milieu n’est plus favorable à cette espèce sur ces sites : prairies trop hautes dans les près d’Avranches, tour des prairies trop boisé à la Claire-Douve et à Poilley. Dans les marais de Dol-Châteauneuf, le nombre de contacts est deux fois moins important qu’en 1998, mais le peu de localisations fournies à cette époque ne permettent pas réellement de trancher, sinon sur une zone ou la variation est très faible (18 pour F1 et 15 actuellement). Il existe peutêtre de fortes variations annuelles. Eybert et al. (2008) détectent, en mai et juin 2008, 14 « couples » de bergeronnette printanière/flavéole (sans distinction ssp.), pour 3 (Beaufils, Morel, 2010) sur la même zone (marais de Châteauneuf). Comme dans d’autres études, les méthodes n’étant pas identiques (points d’écoute type IPA, et surtout mois de mai pris en compte par Eybert), il est difficile de conclure dans l’absolu. À Sougéal, 10 couples sont notés aussi bien en 2007 qu’en 2012 (Beaufils et Morel, 2008 et

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Beaufils, Morel, Bouttier, 2013). L’espèce disparaît totalement du site en 2014 (non revue en 2015), sans qu’aucune modification du milieu et de ses modalités d’exploitation ne soit décelable ! Finalement, dans les zones où les populations sont vraiment importantes (fig. 3.100), les données anciennes sont comparables aux données acquises ici. Il existe trois types de milieux utilisés en 2009-2012 : - le blé dans les polders ou les grandes cultures (60 % des contacts, probablement stable sur 1520 ans) ; - les herbus (40 % des contacts, probablement stable sur 15-20 ans) ; - les prairies (10 % des contacts, en diminution possible sur 15-20 ans, les observations récentes à Sougéal le montrant clairement) ; il y a difficulté de tirer au clair certaines données anciennes. On s’aperçoit donc que les populations des polders et des herbus ne diminuent pas (elles sont au moins stables), alors que les populations de prairies diminuent. L’espèce est suivie par points d’écoute (plus de 200 de 1991-2014) dans le marais du Cotentin et du Bessin (Debout, 2014). La situation est stable depuis le milieu des années 1990, voire en légère augmentation depuis 2000. Ce suivi structuré sur le long terme permet de beaucoup mieux appréhender la réalité de cette espèce sur cette vaste zone du Parc Naturel Régional.

Figure 3.100. La bergeronnette flavéole niche dans les herbus mais va régulièrement chercher de la nourriture dans les polders (Roz-sur-Couesnon).

Sur près de 200 km d’IKA, la bergeronnette flavéole est seulement présente dans le tiers des 24 parcours, ce qui en fait une espèce non commune mais que nous considérons comme presque commune dans les zones très ouvertes. Elle obtient dans les polders le second rang, derrière l’inattendu pinson des arbres, mais légèrement devant l’alouette des champs. Dans les herbus, elle arrive en troisième position mais, ici, loin derrière l’alouette des champs ou le pipit farlouse. Un article spécifique plus complet est dédié à cette espèce dans la revue Ar Vran (Beaufils, 2015 b). PROSPECTIONS PROPOSÉES Les points d’écoute seront adaptés globalement pour connaître les zones d’occupation et leur évolution. Cependant, il vaut mieux une recherche par zone pour détecter les noyaux de populations.

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Figure 3.101. Répartition des points de contacts de la bergeronnette flavéole (2009-2012) en baie du Mont-Saint-Michel

BIBLIOGRAPHIE SPÉCIFIQUE Beaufils M. & Morel R., 2008. L’avifaune du marais de Sougéal et de ses abords en période nuptiale (printemps 2007). Bretagne Vivante-SEPNB : 19 p Beaufils M., Morel R., 2010. Marais de Châteauneuf : bilan des prospections avifaune nicheuse du printemps 2010. Bilan informel à destination de la FDC 35 : 12 p. Beaufils M., Morel R., Bouttier E., 2013. L’avifaune de Sougéal, campagne 2012, saison de reproduction. Bretagne Vivante – SEPNB, Communauté de communes de la baie du Mont-Saint-Michel : 24 p. Beaufils M., 2015 b. Essai sur l’état des populations de bergeronnette printanière Motacilla flava en baie du Mont-Saint-Michel. Ar Vran 26 (1) : 18-44 Collette J., 1990b. La basse vallée de la Sélune : les prés inondables de Poilley ; analyse avifaunistique et autres données écologiques. GONm pour la DRAE. Doc. polycopié : 19 p. Collette J., 1991. L’avifaune des prés d’Avranches. Le Cormoran 8 (38) 133-140 ; analyse avifaunistique et autres données écologiques. GONm pour la DRAE. Doc. polycopié : 19 p. Desgué, P., 1994. Intérêt ornithologique du marais de la Claire-Douve (communes de Saint-Jean-le-Thomas, Dragey et Genêts ; département de la Manche). Groupe Ornithologique Normand pour le Conservatoire du Littoral doc polycopié : 21 p. Debout G., 2014. Suivi des populations nicheuses dans le Parc naturel régional des Marais du Cotentin et du Bessin. PNR des Marais du Cotentin et du Bessin-GONm : 31 p. Dubois P.J., Issa N., in Issa N. & Muller Y. Coord., 2015. Atlas des oiseaux nicheurs de France métropolitaine. Nidification et présence hivernale. Bergeronnette flavéole LPO/SEOF/MNHN. Delachaux et Niestlé, Paris : 900-901 Eybert M.C., Geslin T., Morel L., 2008. Site des marais de Châteauneuf. Les oiseaux nicheurs au printemps 2008. UMR 6553 – Ecosystèmes, Biodiversité, Évolution : 18 p.

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Bergeronnette des ruisseaux Motacilla cinerea BILAN 2 ou 3 couples sur 2 ou 3 sites. SIGNIFICATION D’UN POINT Un contact à au moins deux reprises sur un site, donc nicheur probable. CATÉGORIE Espèce à très petit nombre de contacts ou sites < 20. ATLAS DE NORMANDIE (A) L’évolution de cette espèce est plutôt favorable. ATLAS DE BRETAGNE (B) Il y a expansion vers le sud de la région (Loire Atlantique), l’espèce est au moins stable. AVANT 1999 (C, D1, D2) Seulement 5 lignes (C) résument la situation d’une espèce rare comme nicheuse : « nicheur sur le pourtour de la baie mais plutôt dans l’arrière-pays ». DE 2000 À 2012 (D1, D2) La bergeronnette de ruisseaux est notée 10 fois plus que durant la période précédente. Elle est en réalité assez fréquente sur un seul parcours Tendances (Debout, 2013) et elle est notée systématiquement sur un site de lagunage suivi régulièrement. Ce facteur 10 n’est donc pas lié à une véritable augmentation. PROSPECTIONS 2009-2012 La bergeronnette des ruisseaux est trouvée uniquement à Genêts et Antrain, en marge de la zone atlas. L’espèce est presque exceptionnelle à l’intérieur de la baie. À l’instar du martin-pêcheur d’Europe, il faudrait passer de longues heures pour avoir peu de contacts sur les rivières locales (fig. 3.102). Pour le Couesnon, des observations poussées entre Pontorson et le barrage de la Caserne (Mont-Saint-Michel), secteur où la marée remonte, n’ont pas permis de la détecter. Ailleurs, il paraît difficile de trouver un milieu qui lui convienne. Finalement, ce n’était guère une espèce attendue et cette enquête le confirme. Une estimation de 10 couples sur la zone étudiée paraît un maximum. PROSPECTIONS PROPOSÉES Seule une prospection ciblée peut permettre d’éclaircir la situation. Il faut au moins systématiquement noter cette espèce en période de reproduction.

Figure 3.102. La bergeronnette des ruisseaux est rare en vallée du Thar (Saint-Pair-sur-Mer).

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Bergeronnette grise Motacilla alba alba Bergeronnette de Yarrell Motacilla alba yarrelli BILAN POUR LA SOUS-ESPÈCE M. A. YARRELLI Non détectée ; seulement 5 données de cette sous-espèce apparaissent dans la base de données en mai ou juin. P. Le Mao détecte un couple mixte au Vivier-sur-Mer en juin 1993 (D2). C’est le seul cas de reproduction porté à notre connaissance jusqu’en 2012. BILAN POUR LA SOUS-ESPÈCE M. A. ALBA 123 sites répertoriés. SIGNIFICATION D’UN POINT Présence sur site favorable, donc nicheur possible. CATÉGORIE Espèce évaluée à 50 à 200 couples. ATLAS DE NORMANDIE (A) L’espèce semble stable. ATLAS DE BRETAGNE (B) L’espèce semble stable. AVANT 1999 (C, D1, D2) La nidification de la bergeronnette grise n’est pas évoquée dans la synthèse 2001. Les atlas (A1, B1, B2) nous indiquent qu’elle est nicheuse certaine pratiquement dans chaque carré. Il y a peu de données dans les bases autres que la migration et l’hivernage. DE 2000 À 2012 (D1, D2) Les atlas (A2, B3) nous indiquent qu’elle est nicheuse certaine pratiquement dans chaque carré. Il y a peu de données dans les bases autres que la migration et l’hivernage. La bergeronnette grise est 6 fois plus notée durant cette période que la précédente, grâce aux parcours de l’enquête Tendances. PROSPECTIONS 2009-2012 (2013) L’information est donc pratiquement inexistante sur la période de reproduction de cette espèce avant de constituer cet atlas sinon qu’elle était présente sur toutes les cartes 10 km × 10 km, que ce soit du côté breton ou normand. Curieusement, elle a été peu détectée sur la partie est de la baie, notamment à Jullouville ou même à Saint-Jean-le-Thomas. Une bonne connaissance de ce secteur, même vers l’intérieur des terres (ouest de la route Granville-Avranches), permet de dire que cette espèce n’est effectivement pas si commune en période de reproduction. Elle occupe largement tout le sud de la baie, notamment beaucoup de fermes et des bâtiments d’élevage hors sol (fig. 3.103). Maoût, dans l’atlas breton (B3), signale une augmentation de cette espèce dans le Finistère, liée justement à ces bâtiments d’élevages. C’est une des rares espèces « terrestres » à avoir été trouvée dans les herbus, mais toujours sur des constructions humaines comme les anciennes cabanes de berger ou sur le bâtiment abandonné (détruit depuis) construit par les chercheurs de l’Université de Rennes 1. L’espèce est facile à recenser et le nombre de couples proposé peut être équivalent au nombre de points recensés, c’est-à-dire entre 100 et 150 (fig. 3.104). Lors des parcours échantillonnés sur près de 200 km (distance de détection de 100 m), la bergeronnette grise apparaît assez bien représentée. Elle est absente de seulement 5 parcours. Les densités sont resserrées, comprises entre 0,1 et 0,5 couples pour 10 ha (tableau 3.13 p. 321). Avec une moyenne de 0,18 couple pour 10 ha, avec certes un fort écart-type (σ = 0,16), on trouve environ 360 couples en extrapolant pour 250 km² prospectés. $

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Ces 360 couples sont supérieurs aux 123 sites détectés (3 fois moins) lors des parcours localisés, mais l’ordre de grandeur reste le même et rappelons que l’écart-type est important et permet seulement de dire qu’on ne peut pas conclure définitivement.

Figure 3.103. La bergeronnette grise utilise volontiers les bâtiments neufs (Pontorson) pour nicher à proximité de milieux très ouverts (P. et M. Sanson).

Figure 3.104. Répartition des points de contacts de la bergeronnette grise (2009-2012) en baie du Mont-Saint-Michel

PROSPECTIONS PROPOSÉES Il est difficile de proposer actuellement un type de prospection : les IKA paraissent plus adaptés que des points d’écoute. Un suivi de l’espèce doit être intégré dans un suivi pluri-spécifique, avec une problématique particulière de type recherche de tendance à long terme. En effet, elle est assez commune, mais pas suffisamment, ce qui nécessite de la noter plus systématiquement au moment de la reproduction.

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TROGLODYTIDÉS, PRUNELLIDÉS, TURDIDÉS

Troglodyte mignon Troglodytes troglodytes BILAN Espèce non localisée. CATÉGORIE Espèce considérée comme très commune non localisée (échantillonnage). ATLAS DE NORMANDIE (A) L’espèce est présente de manière homogène sur l’ensemble de la région. Elle parait stable, voire en hausse, mais avec de fortes variations. Des baisses sont constatées après des hivers rigoureux, mais les populations de troglodyte mignon ont des facultés de récupération importantes (fait confirmé par différentes enquêtes). ATLAS DE BRETAGNE (B) L’espèce est présente de manière homogène sur l’ensemble de la région où elle est, là encore, a minima stable (B3). AVANT 1999 (C, D1, D2) Le texte (C) est insuffisamment documenté sur cette espèce et ce surtout en période de reproduction (5 données sur 139 données concernent des nids). DE 2000 À 2012 (D1, D2) La base de données ne fait mention que seulement de 3 nids sur cette période (ici un site, fig. 3.106). Grâce aux parcours de l’enquête Tendances (Debout, 2013) le troglodyte mignon reste néanmoins 6 fois plus noté de 2000 à 2012, qu’avant 1999. PROSPECTIONS 2013 Les données récoltées permettent de faire un point sur le troglodyte mignon en période de reproduction. Les données sont issues d’une seule année d’enquête (2013), où l’espèce a été échantillonnée (IKA). A. Sur un ensemble de 24 parcours IKA pour une distance totale parcourue de près de 200 km, le troglodyte mignon est présent 23 fois sur 24, ce qui en fait une espèce commune. Les indices de présence sont variables, mais les densités très faibles sont rares. Les densités obtenues sur 8 parcours sont de l’ordre de 1,4 à 2,5 couples pour 10 ha (tableau 3.13 p. 321) et même 3 couples pour 10 ha dans le marais boisé de Boucey (Pontorson). La moyenne et l’écart-type sur l’ensemble des parcours est de 1,08 (σ = 0,85) couple pour 10 ha. Le troglodyte mignon est classé en 4e position parmi les espèces les plus communes sur le site. B. En considérant maintenant 20 des 24 parcours (fig. 3.105) où les milieux ont, cette fois, été pris en compte, on constate sans surprise que le troglodyte mignon est moins présent sur les zones pauvres en arbres, notamment dans les polders. Dans des milieux identiques, les écarts-types restent toutefois importants sans que nous puissions en tirer de réelles conclusions : détection moins bonne à certaines périodes, voire certains jours ou certaines heures (obs. pers.). En réalité le troglodyte mignon n’est pas « bruyant » tout le temps. Il serait intéressant notamment de vérifier les fermes où l’espèce n’a pas été notée, pour s’assurer de la fiabilité des résultats obtenus. Il convient donc de relativiser la significativité des données recueillies. C. -

Maximums notés et autres zones prospectées (cadre d’enquêtes, études) : digue de la Duchesse-Anne (9 kilomètres) : 3,6 pour 10 ha marais de Boucey (Pontorson) : 3,1 couples pour10 ha Cancale – Saint-Benoît-des-Ondes : 2,5 couples pour 10 ha station balnéaire de Jullouville (5 km) : 2,5 couples pour10 ha zone de culture et hameau à Genêts (5 km) : 2,1 pour 10 ha

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Figure 3.105. Troglodyte mignon : moyenne des nicheurs et écart-type pour 10 ha dans les grands milieux la baie du Mont-Saint-Michel (IKA couplé à la distance de détection)

Le troglodyte mignon est une espèce parmi les plus communes. L’estimation proposée dans le périmètre étudié serait de l’ordre de 4 000 couples (3 000-5 000). Il est impossible de proposer une tendance pour cette espèce du fait de fortes variations annuelles de présence et de la faible fiabilité des données. PROSPECTIONS PROPOSÉES IKA, points d’écoute, les possibilités sont multiples, mais seuls des suivis spécifiques sur des tendances à long terme semblent pertinents.

Figure 3.106. Le troglodyte a niché dans cette cabane (Beauvoir).

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Accenteur mouchet Prunella modularis BILAN Espèce non localisée. CATÉGORIE Espèce considérée comme très commune non localisée (échantillonnage). ATLAS DE NORMANDIE (A) L’espèce est présente de manière homogène sur l’ensemble de la région, et paraît en augmentation (enquête Tendances depuis 1996). ATLAS DE BRETAGNE (B) L’espèce est présente de manière homogène sur l’ensemble de la région. AVANT 1999 (C, D1, D2) Le texte (C) est insuffisamment documenté sur cette espèce sur l’ensemble de l’année ; le texte est encore moins documenté sur la période de reproduction. Les bases de données sont vides. DE 2000 À 2012 (D1, D2) Comme la plupart des espèces communes, l’accenteur mouchet est noté 5,3 fois plus que dans la période précédente grâce aux parcours de l’enquête Tendances (Debout, 2013). PROSPECTIONS 2013 Les données récoltées permettent d’essayer de faire un point sur l’accenteur mouchet en période de reproduction. Les données sont issues d’une seule année où l’espèce a été échantillonnée (IKA). A. Sur un ensemble de 24 parcours IKA pour une distance totale parcourue de près de 200 km, l’accenteur mouchet est présent 23 fois sur 24, ce qui en fait une espèce commune. Les calculs moyens de densités pour 10 ha (basés sur ces IKA sur une distance de détection de 120 m) sont assez variables de 0,1 à 2,6 couples pour 10 ha (tableau 3.13 p. 321). Les plus fortes densités (hors parcours annexes) de 2,6 couples pour 10 ha sont obtenues dans la zone de bocage alternant avec les hameaux du Val-Saint-Père et à Jullouville (2,9 couples pour 10 ha). La moyenne et l’écart-type sur l’ensemble des parcours est de 0,86 (σ = 0,74) couple pour 10 ha (très proche du rougegorge mais les sites à forte densité sont différents). Il est classé en 7e position parmi les espèces les plus communes sur le site. B. En considérant maintenant 20 des 24 parcours où les milieux ont, cette fois, été pris en compte, on constate que l’accenteur mouchet est plutôt présent dans les bourgs, fermes et hameaux et là où il y a des arbres et arbustes (fig. 3.107). Les écarts-types sont très importants, indiquant une espèce à répartition très hétérogène. Ces écarts-types ne permettent pas de conclure de manière définitive sur la significativité des résultats, sinon dans les polders et sur les zones pauvres en haies qui sont, sans surprise, moins fréquentés (mais un peu tout de même, contrairement à plusieurs autres espèces).

Figure 3.107. Accenteur mouchet : moyenne des nicheurs et écart type pour 10 ha dans les grands milieux de la baie du Mont-Saint-Michel (IKA couplé à la distance de détection) Les oiseaux en période de reproduction en baie du Mont Saint-Michel.

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C. Maximums notés et autres zones prospectées (cadre d’enquêtes) : - digue de la Duchesse-Anne (9 km) : 5,2 pour 10 ha, densité exceptionnelle pour cette espèce sur ce site très particulier (voir fauvette à tête noire, pouillot véloce…) ; - station balnéaire de Jullouville (5 km) : 2,9 pour 10 ha (fig. 3.108) ; - Genêts/zone de culture et hameau (5 km) : 2,25 pour 10 ha ; - bocages et hameaux au Val-Saint-Père : 2,6 couples pour 10 ha. L’estimation proposée dans le périmètre étudié serait de l’ordre de 2 500 couples. Il est impossible de proposer une tendance pour cette espèce. PROSPECTIONS PROPOSÉES Cette espèce peut être prospectée par échantillonnage IKA ou IPA.

Figure 3.108. L’accenteur mouchet est commun à Jullouville, comme dans tous les bourgs.

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Rougegorge familier Erithacus rubecula BILAN Espèce non localisée. CATÉGORIE Espèce considérée comme très commune (échantillonnage). ATLAS DE NORMANDIE (A) Le rougegorge familier est présent de manière homogène sur l’ensemble de la région. Il paraît plutôt en augmentation d’après l’enquête Tendances (depuis avril 1996). L’enquête semi-quantitative montre une dissymétrie dans la répartition des constances : les populations nicheuses paraissent nettement mieux représentées à l’ouest qu’à l’est de la région. Ce constat mériterait d’être affiné. ATLAS DE BRETAGNE (B) L’espèce est présente de manière homogène sur l’ensemble de la région. Elle paraît au moins stable. AVANT 1999 (C, D1, D2) Le texte (C) est insuffisamment documenté sur cette espèce sur l’ensemble de l’année ; le texte est encore moins documenté sur la période de reproduction. Les bases sont vides. DE 2000 À 2012 (D1, D2) Le rougegorge familier est noté 7 fois plus que dans la période précédente, grâce aux parcours de l’enquête Tendances (Debout, 2013). PROSPECTIONS 2013 Les données récoltées permettent d’essayer de faire un point sur le rougegorge familier en période de reproduction. Les données obtenues sont issues d’une seule année d’enquête (2013), où l’espèce a été échantillonnée (IKA). A. Sur un ensemble de 24 parcours IKA pour une distance parcourue de près de 200 km, le rougegorge familier est présent 24 fois sur 24, ce qui en fait une espèce commune. Les calculs moyens de densité pour 10 ha (basés sur ces IKA sur une distance de détection de 120 m) en font une espèce à densités assez variables avec de 0,1 à 3 couples pour 10 ha (tableau 3.13, p. 321). Les plus fortes densités (hors parcours annexes) sont obtenues dans le marais boisé de Boucey (Pontorson). La moyenne et l’écart-type sur l’ensemble des parcours est de 0,86 (σ = 0,78) couple pour 10 ha (très proche de l’accenteur mouchet). Le rougegorge est classé en 8 e position parmi les espèces les plus communes sur le site. B. En considérant maintenant 20 des 24 parcours (fig. 3.109) où les milieux ont, cette fois, été pris en compte, on constate que le rougegorge familier est très lié aux zones d’habitations. Les écarts-types restant toutefois très importants, indiquant une espèce à répartition hétérogène (mais les milieux proches des habitations semblent nettement plus fréquentés que les autres). Ces écarts-types ne permettent pas de conclure de manière certaine sur la significativité des résultats, sinon dans les polders et les zones à peu de haies d’où il est pratiquement absent.

Figure 3.109. Rougegorge familier : moyenne des nicheurs et écart type pour10 hectares dans les grands milieux de la baie (IKA couplé à la distance de détection) Les oiseaux en période de reproduction en baie du Mont Saint-Michel.

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C. Maximums notés et autres zones prospectées (cadre d’enquêtes, études) : - digue de la Duchesse-Anne (9 km) : 4,3 pour10 ha (une nouvelle fois, une forte densité pour le rougegorge familier à l’instar de la fauvette à tête noire ou de l’accenteur mouchet) ; - Boucey (Pontorson, fig. 3.110) : presque 3 couples pour10 ha ; - Cancale – Saint-Benoît-des-Ondes : 2, 3 couples pour 10 ha ; - station balnéaire de Jullouville (5 km) : 2,2 couples pour 10 ha ; - Saint-Guinoux : 2,3 couples pour10 ha. L’estimation proposée dans le périmètre étudié serait de l’ordre de 2 500 couples. Il est impossible de proposer une tendance pour cette espèce. PROSPECTION PROPOSÉES Les méthodes IKA ou IPA peuvent être utilisées pour les études sur le long terme.

Figure 3.110. Les marais de Boucey (Pontorson) sont très fréquentés par le rougegorge familier.

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Rossignol philomèle Luscinia megarhynchos BILAN Espèce non détectée. CATÉGORIE Espèce n’ayant jamais niché (aucune trace écrite ancienne ou récente) sur le site ou aux abords. ATLAS DE NORMANDIE (A) C’est une espèce à répartition essentiellement orientale en Normandie dont les tendances ne sont pas réellement connues. ATLAS DE BRETAGNE (B) L’espèce a une répartition continue de la moitié sud de l’Ille-et-Vilaine à la Loire-Atlantique, où la presque totalité des cartes obtient au moins un indice possible. Il semblerait que l’aire de répartition se contracte vers le sud-est. COMMENTAIRES Il existe seulement 7 données de chanteurs (avril-mai) de rossignol philomèle en baie de 1983 à 2012. Cette espèce est stable au niveau européen depuis 1985 (BirdLife International, 2015). Elle est stable en France depuis 1995, voire en augmentation depuis une décennie (Jiguet, 2015). Le rossignol philomèle peine à franchir une limite nord-ouest Morbihan – Finistère – Côtes d’Armor – nord de l’Ille-et-Vilaine – Cotentin. Il a pourtant déjà colonisé le Morbihan et le Finistère, où il est répandu au XIX e siècle d’après Guermeur et Monnat (B1). Ces auteurs indiquent qu’il a régressé ensuite fortement dans les années 1920-1930. Les milieux propices pour l’accueillir sont pourtant très nombreux dans ces zones, notamment sur la côte. Il en va de même en baie du Mont-Saint-Michel où de nombreux sites pourraient l’accueillir (fig. 3.111). Voilà donc une espèce bien mystérieuse dont il est difficile de comprendre la barrière, invisible à nos yeux, qui l’empêche de s’installer pour nicher dans nos contrées où les sites favorables ne manquent pas. BIBLIOGRAPHIE SPÉCIFIQUE BirdLife International, 2015.The BirdLife checklist of the birds of the world: Version 7. Downloaded from http://www.birdlife.org/datazone/userfiles/file/Species/Taxonomy/BirdLife_Checklist_Version_70.zip Jiguet F., 2015. Les résultats nationaux du programme STOC de 1989 à 2013. www2.mnhn.fr/vigie-nature.

Figure 3.111. Les falaises de Carolles (milieu pourtant typique) n’ont jamais accueilli cette espèce en période de reproduction.

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Gorgebleue à miroir Luscinia svecica BILAN 29 sites répertoriés sur les 4 années. SIGNIFICATION D’UN POINT Un individu à comportement territorial entre avril et juin, donc nicheur probable. CATÉGORIE Espèce dont peut-être 20 couples semblent présents certaines années récentes, mais dont les effectifs nicheurs ne dépassent pas 50 couples. ATLAS DE NORMANDIE (A) L’expansion de L. s. ssp cyanecula en provenance du nord de l’Europe touche la Normandie en 1986 en baie de Seine (A1) (100 couples en 1998). Un premier chanteur est détecté dans le Calvados en 1996, puis ensuite en 1999. L’espèce s’installe à partir de cette époque dans les marais du Cotentin et du Bessin. ATLAS DE BRETAGNE (B) Après la première moitié du XXe siècle (B1), la L.s. ssp namnetum est en phase d’expansion sur la côte. Elle atteint la région de Lorient en 1990 (B2), puis s’installe en baie d’Audierne seulement en 2008. Du côté de l’Ille-et-Vilaine, l’espèce atteint le marais de Redon dans les années 1990. AVANT 1999 (C, D1, D2) Seulement 24 données apparaissent dans les bases GONm et Bretagne Vivante à partir de 1993 et jusqu’à 1999 (aucune détection de 1973 à 1992). Sur ces 24 données, 23 proviennent de la roselière de Genêts où l’espèce est découverte comme nicheuse en 1997. Depuis lors, elle s’y installe tous les ans. Un nouveau site de présence est découvert en 1999 au marais du Vergon (Vains). DE 2000 À 2012 (D1, D2) Après quelques contacts au début de la décennie dans les marais du Vergon (Vains) et à Ardevon (Pontorson), l’espèce n’est plus nicheuse régulière qu’à Genêts jusqu’au milieu des années 2000. De rares chanteurs sont entendus ailleurs, mais sans installation avérée. En 2006, un observateur aurait contacté 2 chanteurs au marais de la Folie (Antrain). C’est le premier contact connu dans la partie bretonne de la baie, mais l’espèce n’y a jamais été réentendue ni revue depuis. Eybert (comm. pers.) contacte en 2007 un chanteur dans les herbus ouest du Mont-Saint-Michel. Cette auteure signale aussi une observation dans les herbus à l’est de la baie (probablement herbus de Vains). En 2009, 5 sites sont occupés par cette espèce : les herbus ouest du Mont-Saint-Michel où, sur les indications de 2007 (Eybert, comm. pers.), 2 couples sont détectés ; la traditionnelle roselière de Genêts (3 couples) ; le Val-SaintPère (1 couple) ; la cale du Han à Cherrueix (1 couple), et à proximité des prés de Graslin (1 couple). La gorgebleue à miroir est notée 11 fois plus qu’entre 1993 et 1999, où elle ne figure dans les fichiers comme nicheuse qu’à partir de 1997, soit en fin de période étudiée. Ceci traduit une augmentation qu’il convient en réalité de relativiser : la roselière de Genêts, extrêmement fréquentée durant cette période 2000-2009 (Provost, 2013a), recueille à elle seule 73 % des données concernant les quelques couples y nichant et le passage migratoire. L’augmentation brute apparente n’est pas aussi importante qu’il n’y paraît. Elle concerne quelques oiseaux concentrés sur un seul site, surtout dans la première moitié de la période. Ce n’est qu’en 2007 que quelques nouveaux sites commencent à être réellement repérés et fréquentés.

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Sous-espèces de gorgebleue à miroir en baie du Mont-Saint-Michel : cyanecula ou namnetum ? Purenne (2012) propose une synthèse très fouillée des observations dans l’isthme du Cotentin : la ssp reconnue est cyanecula, avec un premier cas de reproduction en 2000. La progression territoriale et en effectifs est régulière jusqu’en 2007 (1 à 18 couples), pour ensuite croître rapidement à partir de 2008 (doublement du nombre de couples en 2009). Ces observations sont cohérentes avec les observations en baie du Mont-Saint-Michel, à savoir un probable début d’expansions de l’espèce à partir de 2007. Il convient de préciser que, dans l’isthme du Cotentin, les deux sous-espèces sont en expansion conjointement avec une aire de répartition en extension vers l’ouest pour cyanecula, et vers le nord pour namnetum, et ce pratiquement au même moment. On peut donc faire l’hypothèse d’une arrivée simultanée des deux sous-espèces en baie du Mont-Saint-Michel (Eybert et al, 1999). L’identification certaine de ces sous-espèces nécessite des captures sur tous les sites et milieux repérés comme favorables : roselières, polders et herbus à Agropyron. Nous traiterons donc de la gorgebleue sans tenir compte des sous-espèces. Les captures les plus récentes (à partir de la fin des années 2000) sont faites uniquement à la roselière de Genêts en période d’estivage, soit après le pic de reproduction. Il est à noter que les individus identifiés lors des captures sont majoritairement de la sous-espèce cyanecula (Provost, 2013a).

Figure 3.112. Les années humides mais douces, comme en 2012, la gorgebleue à miroir peut s’installer dans un petit chenal entre deux champs.

PROSPECTIONS 2009-2012 Après quelques sites nouveaux trouvés en 2009 (fig. 3.112, fig. 3.113), à la suite des prospections systématiques liées au protocole de cette enquête, les années 2010 et 2011 ne montrent pas d’évolution particulière de l’espèce, sinon peut être une légère progression aux abords des herbus ouest du MontSaint-Michel (fig. 3.114). En 2012, le nombre de sites augmente, aussi bien dans les herbus (au moins 6 couples nouveaux) que sur le milieu terrestre (7 couples nouveaux sur polders), où un seul indice avait été obtenu précédemment. Après une installation très lente et localisée sur 1 ou 2 sites depuis 1996, l’espèce étend très progressivement son aire de répartition à partir de la seconde moitié des années 2000, puis de manière plus prononcée en 2012. Les investigations devront être poursuivies pour savoir si cette expansion récente se pérennise, ou si elle est seulement liée à des conditions météorologiques particulièrement clémentes en mars 2012 (poussée rapide des roselières et de la végétation). Ces conditions ont pu inciter des oiseaux de passage à s’installer sur des zones normalement sèches à cette époque, transformées pour quelques mois en milieu humide.

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Figure 3.113. Répartition des points de contacts de la gorgebleue à miroir par années (2009-2012) en baie du Mont-Saint-Michel

PROSPECTIONS PROPOSÉES Les prospections aléatoires doivent pour le moment être maintenues. L’espèce reste à rechercher annuellement, ou a minima tous les 2-3 ans, sur les quelques sites où elle est identifiée comme présente en nombre relativement important. BIBLIOGRAPHIE SPÉCIFIQUE Eybert M.-C., Geslin T., Questiau S., Beaufils. M., 1999. La baie du Mont-Saint-Michel : nouveau site de reproduction pour deux morphotypes de Gorgebleue à miroir blanc (Luscinia svecica namnetum et L. s. cyanecula). Alauda, 67 : 81-88 Provost S. 2013a. Avifaune de la roselière de Genêts (Période 1971 à 2013) - Bilan des observations et données de baguage au sein d’un espace remarquable. Le Cormoran 19 (77) : 43-59 Purenne R. 2012. La gorgebleue à miroir blanc (Luscinia svecia cyanecula) dans les marais de l’isthme du Cotentin : une implantation récente dans un contexte d’expansion. Bilan pour la période 2000-2010. Le Cormoran 18(2) : 113-127

Figure 3.114. Il y a une gorgebleue (nicheur certain) sur cette photo ! (2013, Roz-sur-Couesnon).

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Rougequeue noir Phoenicurus ochruros BILAN 72 sites localisés. SIGNIFICATION D’UN POINT Chanteur en milieu favorable, donc nicheur possible. CATÉGORIE Espèce évaluée à 50-200 couples. ATLAS DE NORMANDIE (A) Il y peu d’évolution en 20 ans mais, tout de même, il y a renforcement des implantations vers le nord du Cotentin. ATLAS DE BRETAGNE (B) Il y a un important renforcement de son implantation à l’est de la région et une probable expansion vers l’ouest (augmentation de 75 % des cartes indicées). L’espèce reste plus rare et d’implantation discontinue à l’ouest d’une ligne Morlaix-Vannes. ATLAS BRETON ET NORMAND (A2, B3) Si le rougequeue noir demeure rare à l’ouest de la ligne Morlaix-Vannes, il est symétriquement moins bien réparti au nord du Cotentin (nord d’une ligne Sainte-Marie-du-Mont – Saint-Germain-sur-Ay). Mais, dans les deux secteurs, il progresse lentement vers le nord-ouest. Au Royaume Uni, il reste très rare, avec seulement moins de 100 couples connus (Giving at Home, RSPB) en 2012. Il est donc possible que pour cette espèce des raisons climatiques (pluviométrie ? ensoleillement faible ? absence de sécheresse en été ?) soient la cause de ces lacunes dans les répartitions à l’extrême ouest des deux régions françaises et du Royaume-Uni. AVANT 1999 (C, D1, D2) Il est signalé sur le pourtour normand de la baie, d’où la plupart des informations proviennent des villes. Très peu d’informations concernent la Bretagne. DE 2000 À 2012 (D1, D2) Avec Lillemer et Cancale avant 2000, la liste des communes où il est observé s’étoffe, spécialement dans la partie bretonne (Le Vivier-sur-Mer, Antrain, Sougéal, Saint-Broladre, Saint-Méloir-des-Ondes, Saint-Marcan, Roz-sur-Couesnon, Roz-Landrieux, Plerguer). Cette espèce colonise au moins tous les villages importants au sud du site. Le rougequeue noir est autant noté entre 2000-2012 qu’entre 1973 et 1999. PROSPECTIONS 2009-2012 (2013) Le rougequeue noir est noté un peu partout sans être réellement abondant (fig. 3.115). La répartition est inexplicablement irrégulière. Quelques petites concentrations sont observées entre Jullouville et Carolles-plage, sous Avranches, sous Pontaubault, en vallée du Couesnon (fig. 3.116) et en prolongeant cette vallée vers la marge ouest de la baie, tout le long des falaises de Saint-Broladre, au Vivier-sur-Mer et vers la Fresnais. Il semble absent de Beauvoir et ses alentours (hors de données anecdotiques), notamment le long de la route qui mène au Mont-Saint-Michel. Sur le monument précisément, seulement 9 données sont collectées en avril-mai-juin de 1983 à 2012 ! Il semble qu’il ne niche pas sur le site, ce qui paraît très étonnant vu sa configuration et connaissant le goût prononcé du rougequeue noir pour les monuments anciens. Lors des parcours échantillonnés sur environ 200 km (distance de détection de 150 m), le rougequeue noir est faiblement représenté. Il est absent de 8 parcours. Les densités sont resserrées, comprises entre 0,03 et 0,1 couples pour 10 ha (tableau 3.13 p. 321). Avec une moyenne de 0,06 couple pour 10 ha et, de plus, un fort écart-type (σ = 0,07), on trouve environ 120 couples en extrapolant pour 250 km² prospectés. Ces 120 couples sont assez proches des 72 localisations détectées lors des parcours localisés. Sans cette répartition hétérogène, le rougequeue noir serait une espèce presque commune. Les oiseaux en période de reproduction en baie du Mont Saint-Michel.

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Figure 3.115. Répartition des points de contacts du rougequeue noir (2009-2012) en baie du Mont-Saint-Michel

PROSPECTIONS PROPOSÉES Il pourrait être noté plus systématiquement, voire recensé régulièrement sur les zones déjà connues, de manière à avoir une connaissance affinée de sa présence comme nicheur. On est à la limite de l’espèce où toutes les observations peuvent être signalées, particulièrement grâce aux bases géolocalisées. BIBLIOGRAPHIE SPÉCIFIQUE Giving Nature a home, RSPB, consulté le 10/01/2016.

http://www.rspb.org.uk/discoverandenjoynature/discoverandlearn/birdguide/name/b/blackredstart/index.aspx

Figure 3.116. Le rougequeue noir est bien présent à Pontorson en vallée du Couesnon mais rare à Beauvoir ou au Mont-Saint-Michel. Les oiseaux en période de reproduction en baie du Mont Saint-Michel.

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Rougequeue à front blanc Phoenicurus phoenicurus BILAN Un seul site de nicheur probable. SIGNIFICATION D’UN POINT Au moins deux observations sur un même secteur à plusieurs semaines d’intervalle, donc nicheur probable. CATÉGORIE Espèce sans doute occasionnelle voire très occasionnelle. ATLAS DE NORMANDIE (A) L’espèce s’est raréfiée (A1, A2). La population normande semble plus dense dans le Calvados et l’Orne et pourrait, avec le nord de l’Ille-et-Vilaine, former un noyau de population plus important. ATLAS DE BRETAGNE (B) La contraction de l’aire de répartition vers l’est depuis probablement au moins 40 ans (B1, B2, B3) est patente, avec très peu d’indices en dehors du nord de l’Ille-et-Vilaine qui reste son fief en Bretagne. Sans être abondant, il niche de manière régulière au sud du périmètre de la baie du Mont-Saint-Michel. AVANT 1999 (C, D1, D2) C’est une espèce peu commune, voire rare, dans le département de la Manche. Des nicheurs possibles ou probables ont pu s’installer à Granville, en vallée du Thar (Saint-Pair-sur-Mer), Dragey-Ronthon, Avranches ou Sougéal, mais il y a peu de certitude quant aux indices collectés. DE 2000 À 2012 (D1, D2) Un mâle chanteur est découvert dans le marais de Vains en 1999. Il est repéré régulièrement au cours de la décennie (2000-2001-2005-2008-2010-2012) et sera noté également lors des prospections de ce présent atlas. Néanmoins, aucune preuve de reproduction certaine n’existe entre 2000 et 2012. À l’instar du rougequeue noir, le rougequeue à front blanc n’est probablement noté en moyenne ni plus ni moins entre 1973-1999 qu’entre 2000-2012, mais il existe très peu de données. PROSPECTIONS 2009-2012 « LE » chanteur du marais du Vergon (Vains) est entendu lors des deux passages du protocole en 2010. Ailleurs, il n’y a toujours aucun contact auquel attribuer un indice de reproduction certaine. Le rougequeue à front blanc est donc, depuis au moins 40 ans, nicheur probable, peu abondant, voire exceptionnel. Si l’on se réfère aux milieux de vie de cette espèce, elle pourrait pourtant nicher un peu partout en marge du site. Une augmentation, aussi faible soit-elle, serait assez rapidement constatée, notamment sur tout l’est de la zone bien prospectée en saison de reproduction. En comparaison, il est, dans les années d’étude, en forte augmentation, aussi bien en Europe (BirdLife, 2015) qu’en France (Jiguet, 2015. PROSPECTIONS PROPOSÉES C’est donc une espèce que l’on recherchera par prospections aléatoires liées aux observations éparses ; à rechercher au moins sur quelques sites annuellement, comme le marais du Vergon (Vains). BIBLIOGRAPHIE SPÉCIFIQUE BirdLife International, 2015. The BirdLife checklist of the birds of the world: Version 7. Downloaded from http://www.birdlife.org/datazone/userfiles/file/Species/Taxonomy/BirdLife_Checklist_Version_70.zip ; consulté le 25/05/2015 Jiguet F., 2015. Les résultats nationaux du programme STOC de 1989 à 2013. www2.mnhn.fr/vigie-nature

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Traquet tarier Saxicola rubetra BILAN Aucun contact lié à de la reproduction. CATÉGORIE Espèce disparue. ATLAS NORMAND (A) Cette espèce est présente sur trois secteurs majeurs, les marais du Cotentin et du Bessin, les marais de la Dives, l’estuaire et la basse vallée de la Seine. Les estimations sur ces trois sites représenteraient 800 à 1 200 couples. Il est difficile de statuer sur une stabilité ou une régression, étant donné la variation des méthodes de calcul entre A1 (estimation large) et A2 (estimation plus précise). ATLAS BRETON (B) Il y a visiblement une très nette régression de l’espèce, qui n’occupe plus que la Loire Atlantique. Les prairies naturelles de fauche de la vallée de la Loire et de son estuaire restent le dernier bastion de l’espèce en Bretagne, avec 500-1 500 couples estimés. AVANT 1999 (C, D1, D2) La carte de l’atlas breton de 1975 (B1) fait apparaître cette espèce comme nicheur possible (1 carte) ou probable (3 cartes) sur toute la zone ouest de la baie. Il n’y a aucune carte où il est nicheur certain. L’atlas 1980-1985 (B2) propose 3 cartes où cette espèce est nicheur certain. La manière de récupérer les données atlas par maille 10 km × 10 km sur plusieurs années empêche toute possibilité de retrouver les sites précis et les années. On sait juste qu’ils sont situés en vallée du Couesnon ou proche des marais de Dol-de-Bretagne. Ces sites doivent être très peu nombreux, puisque, dans le texte de l’époque, Pustoc’h (B2) n’indique pas la baie du Mont-Saint-Michel comme faisant partie des grands ensembles où l’espèce est présente en Bretagne. Dans l’atlas normand le plus ancien (A1), une carte fait mention d’un couple nicheur certain (sur un site atypique d’après la carte), 2 cartes de nicheurs probables et 1 de nicheur possible. Dans un mail du 28/02/2014, Jo Le Lannic résume la situation dans les années 1970-1980 : « On peut penser que la situation de 1980 est validée, même s’il manque les localités exactes, et que celle de 1970 n’était pas plus mauvaise. Mais ces cartes font certainement illusion sur le plan qualitatif, car les effectifs étaient de toute façon très faibles, sinon j’aurais collecté moi-même un plus grand nombre de données ». Les bases de données départementales ou régionales (D1, D2) sont explicites : il existe seulement 2 données de nidification certaines (hors les 3 données non localisées de l’atlas 1980-1985, B2) avec production de jeunes : - juin 1985, Céaux, G. Rousselle, 2 juvéniles ; - juin 1986, La Fresnais, P. Le Mao, 2 couples nicheurs avec respectivement 2 et 5 juvéniles (queue courte). La dernière observation de « cantonnement » d’un couple est signalée bien tôt en saison le 9/05/1989 à La Fresnais et, pour les mâles chanteurs, le dernier a été entendu le 25/05/1997 à Plerguer (F1). DE 2000 À 2012 (D1, D2) Aucun indice sérieux de nidification, même probable, n’a été trouvé durant cette période. Cette espèce est proportionnellement moins notée dans cette période 2000-2012 que dans la période 1973-1999, mais le faible nombre total de données empêche toute conclusion.

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COMMENTAIRES 1970-2012 Il a probablement toujours été une espèce rare, voire exceptionnelle, depuis 1970. Il est totalement impossible d’avoir une quelconque idée de la situation avant cette période. Comme pour d’autres espèces (anatidés rares, traquet motteux, pouillot fitis, vanneau huppé…) nous considérons, du fait de la difficulté à analyser les données, que seul le critère « nicheur certain » doit être pris en compte. Comme l’indique Le Lannic, au milieu des années 1980, les données répertoriées font illusion. L’espèce est moins présente qu’il n’y paraît, et, comme pour les atlas bretons, l’atlas national 1980-1985 (Boulesteix in Yeatman-Berthelot, Jarry, 1994), donne une impression inexacte d’espèce bien répartie sur le site de la baie. Celle-ci est probablement liée au cumul de données sur plusieurs années, en tenant compte de tous les types d’indice. Dans ces indices, sont trop souvent pris en compte les indices possible ou probable, trop rapidement attribués durant les migrations… Pour une espèce comme celle-ci (à l’instar d’autre espèces rares), seuls les indices certains devraient être validés. Nicheur peu commun, sans doute occasionnel (il fallait véritablement chercher pour le trouver, fig. 3.117), le traquet tarier a cessé de se reproduire à partir des années 1990. Le déclin de ses populations un peu partout en Europe dans les années antérieures à 1990, et la contraction de son aire de répartition sur des sites déjà peuplés, pourraient expliquer cette disparition dans un milieu a priori favorable. La situation dans les marais du Cotentin et du Bessin et le marais du Hode (Debout, 2014) semble assez atypique par rapport à ce qui est constaté ailleurs en France, où les populations sont en baisse (Jiguet, 2015). Les suivis structurés par des points d’écoute depuis 1991 pour le premier site, et depuis 2000 pour le second, montrent une belle progression depuis la fin des années 1990, et la situation est clairement à la hausse depuis 2000 dans le marais du Hode. BIBLIOGRAPHIE SPÉCIFIQUE Boulesteix P. in Yeatman-Berthelot D., Jarry G., 1994. Nouvel Atlas des oiseaux nicheurs de France 1985-1989. Société Ornithologique de France : 510-513 Debout G., 2014. Suivi des populations nicheuses dans le Parc naturel régional des Marais du Cotentin et du Bessin. PNR des Marais du Cotentin et du Bessin-GONm : 31 p. Jiguet F., 2015. Les résultats nationaux du programme STOC de 1989 à 2013. www2.mnhn.fr/vigie-nature

Figure 3.117. Près de Lillemer, la dernière observation de nidification a sans doute lieu à proximité de ce site ; les peupliers ont bien poussé 30 ans après ! Les oiseaux en période de reproduction en baie du Mont Saint-Michel.

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Traquet pâtre Saxicola rubicola BILAN 185 sites répertoriés. SIGNIFICATION D’UN POINT Un mâle chantant ou alarmant (espèce facilement vue aux deux passages avec des preuves de nidification), donc nicheur possible à probable. CATÉGORIE Espèce évaluée à 50 à 200 couples. ATLAS DE NORMANDIE (A) Il y a une nette progression du nombre de cartes indicées. ATLAS DE BRETAGNE (B) L’espèce est au moins stable probablement. AVANT 1999 (C, D1, D2) Cette espèce est étonnamment peu notée dans la période 1974-1999 : seulement 3 données par an. L’explication peut venir du fait que les ornithologues ne fréquentent que très peu les milieux où il est abondant. Les observations prouvent néanmoins une présence affirmée (concentration de couples ou d’individus) de l’espèce sur certaines zones. Jusqu’à 27 cantonnements sont détectés en 1989 dans les polders ouest du Mont-Saint-Michel (mais zone non circonscrite, rendant toute comparaison impossible). Sur 2 000 ha dans le marais de Dol en 1998 (F1), sont contactés 15 couples et 12 mâles cantonnés. 3 couples pour 150 ha sont détectés sur le marais de la Claire-Douve (G). Liéron (dans C) détecte 8 cantonnements dans les falaises de Carolles en 1997. DE 2000 À 2012 (D1, D2) Cet oiseau reste peu observé ou noté, sans doute pour les mêmes raisons que dans la période précédente (peu de fréquentation des zones d’abondance par les ornithologues, fig. 3.118). De 2000 à 2012, il est noté en moyenne 2,4 fois plus (ce qui nous amène de 3 à 6-8 données par an !) que dans les bases de données antérieures (1973-1999), ce qui est équivalent à l’augmentation moyenne de toutes les espèces (× 3) sur cette période. PROSPECTIONS 2009-2012 Dans les marais de Dol, 42 cantonnements sont détectés sur 2 000 ha (avec de nombreuses reproductions certaines), contre 27 en 1998 (F1). Mais l’utilisation de méthodes différentes (et sans pouvoir comparer les localisations) ne permet pas d’aller au-delà d’une proposition de stabilité ou de légère hausse sur ce marais. Sur le marais de la Claire-Douve, 3 cantonnements sont repérés en 1994, de même qu’en 2009. À Carolles, la baisse de moitié des effectifs (D1) semble avérée car liée à une modification du milieu. Le secteur s’est considérablement densifié en arbres ou arbustes de plus haute taille, proposant sur plusieurs sites un habitat moins, voire peu, propice au traquet pâtre. Les connaissances, trop parcellaires, ne permettent donc pas de donner de tendance pour cette espèce. D’après la carte globale, elle semble fonctionner par noyaux de populations, sans qu’il soit possible de déterminer si cette répartition est liée à la nature des milieux rencontrés ou au fonctionnement interne de l’espèce, voire aux deux (fig. 3.119). La météorologie peut également rentrer fortement en ligne de compte : les hivers froids, ou a contrario les débuts de saisons particulièrement cléments pouvant jouer un rôle important. En 2012, année où le mois de mars a été extrêmement propice, les premiers jeunes sont apparus dès début avril. En 2013, où la météorologie a été catastrophique, avec des mois de mars et d’avril froids, les premiers jeunes ont été observés à partir de début de mai, avec un mois de décalage. Quoiqu’il en soit, son absence sur certaines zones reste inexpliquée.

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Figure 3.118. Cette espèce est plus abondante dans le marais de Dol-Châteauneuf.

Sur les parcours échantillonnés sur près de 200 km (distance de détection de 100 m), c’est une espèce assez bien représentée. Il est absent de seulement 5 parcours. Les densités sont resserrées, comprises entre 0,1 et 0,5 couples pour 10 ha (tableau 3.13 p. 321). Avec une moyenne de 0,14 couple pour 10 ha avec certes un fort écart-type (0,13), on trouve environ 280 couples en extrapolant pour 250 km² (hors zones urbaines) prospectés. Ces 280 couples sont assez proches des 185 sites détectés lors des parcours localisés.

Figure 3.119. Répartition des points de contacts du traquet pâtre (2009-2012) en baie du Mont-SaintMichel

PROSPECTIONS PROPOSÉES Il est difficile de proposer actuellement un type de prospection : IKA, points d’écoute, les possibilités sont multiples. Un suivi ne peut être intégré que de manière plurispécifique avec une problématique particulière de type recherche de tendance à long terme. Les indices de reproduction devraient être notés plus systématiquement pour cette espèce assez commune. Les oiseaux en période de reproduction en baie du Mont Saint-Michel.

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Traquet motteux Oenanthe oenanthe BILAN Peut-être un site où il tente de nicher. SIGNIFICATION D’UN POINT Parades au moins, donc nicheur probable, mais cet indice probable doit être fortement relativisé (il faut éviter clairement l’indice possible), la préférence devant aller à nicheur certain. CATÉGORIE Espèce à nidification occasionnelle. ATLAS NORMAND (A) On doit considérer l’espèce comme exceptionnelle en Normandie, et clairement en déclin depuis la disparition de la seule véritable population normande le long de la côte ouest du Cotentin. ATLAS BRETON (B) L’espèce décline fortement depuis 20 ans (B2, B3), passant de près de 100 cartes indicées à 25 avec concentration dans l’ouest de la région. AVANT 1999 (C, D1, D2) Le traquet motteux est l’espèce de passereaux la plus notée (mars-octobre) en baie dans la base de données D1, D2 pour cette période. Si les données de reproduction possible ou probable sont assez nombreuses, les données de reproduction certaines sont exceptionnelles : - mai 1974 : une famille de juvéniles hors du nid (G. Rousselle) à Rochetorin (Courtils) ; - saison 1985 : 1 couple niche (donnée atlas A1, G. Rousselle) à l’anse de Moidrey (Pontorson). Cette espèce a souvent été présumée nicheuse, voire nicheuse assez commune, par le passé dans certains documents produits. En effet, des comportements de parades ou de pénétration dans des terriers ont incité à proposer un statut de nicheur probable pour le traquet motteux. En réalité, lorsque nous avons pu discuter directement avec les observateurs, mais aussi étant donné notre connaissance du terrain, il s’avère que les données de présence obtenues restent ponctuelles et aléatoires (absence de cantonnement qui viendrait confirmer une reproduction possible). Il y a eu parfois, dans de rares cas, de réels comportements liés à la reproduction, mais il paraît périlleux de confirmer sa nidification sur de simples présomptions. DE 2000 À 2012 (D1, D2) Le traquet motteux reste une espèce très notée, bien plus que toutes les espèces communes et que toutes les espèces de passereaux. La raison est sans doute une raison subjective partagée par la communauté des ornithologues d’association : on « aime bien » le traquet motteux qui aime aussi se montrer en terrain découvert. Seulement 2 cas de reproduction certains sont connus : - août 2000 : un cas de reproduction au bec d’Andaine (Genêts) (Provost, 2003), avec un juvénile (fig. 3.120) ; - entre 2003 et 2005/atlas des oiseaux nicheurs de Normandie (A2) : une case est noircie en nicheur certain en zone estuarienne de la Sélune (auteur non connu, site atypique). Le traquet motteux est noté seulement 2 fois plus entre 2000-2012 qu’entre 1973-1999, il est donc proportionnellement très légèrement moins noté (× 3 en moyenne pour toutes les espèces) que durant la période précédente. PROSPECTIONS 2009-2012 Depuis 40 ans, le traquet motteux ne s’est reproduit qu’exceptionnellement en baie. Les Atlas (A, B) semblent indiquer qu’actuellement son avenir semble compromis dans l’ouest de la France. Il subit un déclin modéré en Europe, lié à une baisse très forte de ses populations au Royaume-Uni, constatée au début des années 1980 par la mise en place d’enquêtes par indice de présence auxquels très peu de pays participent encore à l’époque (Birdlife, 2015). Les oiseaux en période de reproduction en baie du Mont Saint-Michel.

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Ainsi au Royaume-Uni, après avoir nettement remontés dans les années 2003-2010 (indice 80 à indice100), les effectifs baissent à nouveau depuis (Baillie et al, 2015). PROSPECTIONS PROPOSÉES Comme nous l’avons souligné, pour cette espèce, il faut impérativement éviter de surévaluer les indices de nidification. Le traquet motteux est à rechercher par prospections aléatoires, et au moins annuellement sur quelques sites, dont le bec d’Andaine (Genêts). BIBLIOGRAPHIE SPÉCIFIQUE BirdLife International 2015, consulté le 15/11/2015 http://www.birdlife.org/datazone/userfiles/file/Species/BirdsInEuropeII/BiE2004Sp6696.pdf Baillie, S.R., Marchant, J.H., Leech, D.I., Massimino, D., Sullivan, M.J.P., Eglington, S.M., Barimore, C., Dadam, D., Downie, I.S., Harris, S.J., Kew, A.J., Newson, S.E., Noble, D.G., Risely, K. & Robinson, R.A. (2014) BirdTrends 2014: trends in numbers, breeding success and survival for UK breeding birds. BTO Research Report 662. BTO, Thetford. http://www.bto.org/birdtrends Provost S., 2003. Les oiseaux de la baie du Mont-Saint-Michel année 2001. Rapport GONm, Bretagne Vivante. doc polycopié : 56 p.

Figure 3.120. Le bec d’Andaine (Genêts) un des rares sites de nidification certaine du traquet motteux…mais seulement une ou deux fois en plusieurs dizaines d’années.

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Merle noir Turdus merula BILAN Pas de géolocalisation pour cette espèce. CATÉGORIE Espèce considérée comme très commune non localisée (échantillonnage). ATLAS DE NORMANDIE (A) L’espèce est présente de manière homogène sur l’ensemble de la région et elle est en augmentation (A1, A2). ATLAS DE BRETAGNE (B) L’espèce est présente de manière homogène sur l’ensemble de la région et elle paraît au moins stable. AVANT 1999 (C, D1, D2) Le texte (C) est insuffisamment documenté sur cette espèce sur l’ensemble de l’année ; le texte est encore moins documenté sur la période de reproduction. DE 2000 À 2012 (D1, D2) Le merle noir est peu noté en période de reproduction. Il est 5,5 fois plus noté durant cette période grâce aux parcours de l’enquête Tendances (Debout, 2013). PROSPECTIONS 2013 Les données récoltées permettent d’essayer de faire un point sur le merle noir en période de reproduction. Les données obtenues sont issues d’une seule année d’enquête, où l’espèce a été échantillonnée (IKA). A. Sur un ensemble de 24 parcours IKA pour une distance totale parcourue de près de 200 km, le merle noir est présent 24 fois sur 24, ce qui en fait une espèce commune. Les calculs moyens de densités pour 10 ha (basés sur ces IKA sur une distance de détection de 150 m) en font une espèce à densités assez homogènes mais forte de > 0,5 à 3 couples pour 10 ha (tableau 3.13 p. 321). Les deux plus fortes densités (hors parcours annexes) sont paradoxalement deux zones très différentes, mais néanmoins assez conformes aux habitudes du merle noir : dans la zone boisée du marais de Boucey (Pontorson) et dans un lotissement au Vivier-sur-Mer. La moyenne et l’écart-type sur l’ensemble des parcours est de 1,36 (σ = 0,76) couple pour 10 ha. Le merle noir est classé en 3e position parmi les espèces les plus communes sur le site. B. En considérant maintenant 20 des 24 parcours (fig. 3.121) où les milieux ont, cette fois, été pris en compte, on constate logiquement que le merle noir est une espèce liée aux bourgs, hameaux et fermes et, hors de ces milieux, il est présent lorsqu’il y a des arbres ou arbustes. Il est plus rare ailleurs, en découlent des écarts-types très importants indiquant une espèce à répartition très hétérogène. Ces écarts-types ne permettent pas de conclure de manière définitive sur la significativité des résultats, sauf dans les polders d’où il est absent (sauf abords des fermes évidemment) et les zones avec peu de haies où il est sans surprise peu représenté.

Figure 3.121. Merle noir : moyenne des nicheurs et écart-type pour 10 ha dans les grands milieux la baie (IKA couplé à la distance de détection)

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C. Maximums notés et autres zones prospectées (cadre d’enquêtes, études) : - digue de la Duchesse-Anne (9 km) : 6,1 pour 10 ha (la plus forte densité obtenue sur ce milieu particulier) ; - marais de Boucey (Pontorson) : 3,3 couples pour 10 ha sur bocage ; - Le Vivier-sur-Mer : 3 couples pour 10 ha en lotissement ancien ; - Aucey-la-Plaine : 2,1 couples pour 10 ha ; - Cancale – Saint-Benoît-des-Ondes : 2,2 couples pour 10 ha ; - zone de culture et hameaux (Genêts) (5 km) : 2 couples pour 10 ha (fig. 3.122). On retrouve à nouveau une espèce à très forte densité sur la digue de la Duchesse-Anne, où le milieu est très favorable au merle noir. L’estimation proposée dans le périmètre étudié serait de plus de 4 000 couples. Il est impossible de proposer une tendance pour cette espèce. PROSPECTIONS PROPOSÉES Il est difficile de proposer actuellement un type de prospection : IKA, points d’écoute, les possibilités sont multiples. Un suivi ne peut être intégré que dans un suivi plurispécifique avec une problématique particulière de type recherche de tendance à long terme.

Figure 3.122. Le merle noir en lotissement, un classique (Genêts).

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Grive musicienne Turdus philomelos BILAN 343 sites répertoriés. SIGNIFICATION D’UN POINT Un mâle chanteur en site favorable, donc nicheur possible. CATÉGORIE Espèce à plus de 200 couples mais à moins de 1 000. ATLAS DE NORMANDIE (A) L’espèce est en augmentation importante, et sans doute en phase d’expansion depuis une vingtaine d’années. Les hivers froids des années 1980 et 1991 avaient décimés l’espèce en Normandie. ATLAS DE BRETAGNE (B) La grive musicienne est une espèce est au moins stable, sinon en augmentation. AVANT 1999 (C, D1, D2) Collette (1989) indique un nicheur rare en dehors des zones urbaines de la vallée de la Sée. Seulement 2 couples sont signalés sur les 150 ha du marais de la Claire-Douve (G). Environ 10 sites sont repérés en 1998 (F1) dans le marais de Dol-Châteauneuf. Les bases de données (39 données en période de reproduction sur 27 ans) sont insuffisantes pour se prononcer sur le statut de cette espèce pour cette période. DE 2000 À 2012 (D1, D2) Bien qu’elle soit un peu plus fournie grâce aux parcours de l’enquête Tendances (Debout, 2013), avec 30 données par an, la variabilité, la diversité et la dispersion des données ne permettent pas d’envisager de tendance à l’échelle de l’ensemble du site, ni de manière plus localisée. Il reste que la grive musicienne est 9 fois plus notée durant cette période. Ce facteur 9 est plus élevé que les facteurs × 4 à × 7 des autres espèces communes, ce qui peut laisser supposer une possible augmentation des populations nicheuses sur la période (voir Prospections 2009-2012). PROSPECTIONS 2009-2012 (2013) Si l’on compare les données de F1 en 1998 et G en 1994 avec l’étude actuelle, le nombre de sites passe respectivement, à surface équivalente, de 11 à 31 territoires et, plus modestement, de 3 à 6 sites pour l’autre étude. Dans les marais de Dol-Châteauneuf, où le site se boise peu à peu, l’expansion de l’espèce est notable entre 1998 et 2010-2011. Les 200 km environ de parcours IKA confirment une certaine abondance, avec seulement 2 parcours d’où elle est absente. C’est donc une espèce que l’on pourra considérer comme commune. La moyenne et l’écart-type (distance de détection de 150 m) sont de 0,31 (σ = 0,27) indiquent de fortes disparités de présence tout à fait prévisibles. Si on se base sur cette moyenne rapportée à l’ensemble de la zone prospectée, on trouve un résultat brut de l’ordre de 600 couples : ce chiffre est supérieur, bien que l’ordre de grandeur (× 100) soit conservé, aux 350 contacts obtenus lors des prospections localisées (fig. 3.123). Ces effectifs, rapportés à la surface étudiée, restent néanmoins très proches. On retiendra une estimation de quelques centaines de couples et de moins de 1 000. Les plus fortes densités (respectivement 0,79 et 0,68 couple pour 10 ha) sont trouvées au Vivier-sur-Mer (influence de la zone lotie autour de la ville) et à Saint-Jean-le-Thomas (tableau 3.13 p. 321).

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Figure 3.123. Répartition des points de contacts de la grive musicienne (2009-2012) en baie du Mont-Saint-Michel

PROSPECTIONS PROPOSÉES Il est difficile de proposer actuellement un type de prospection : IKA, points d’écoute, les possibilités sont multiples (fig. 3.124). Un suivi ne peut être intégré que dans un suivi plurispécifique avec une problématique particulière type recherche de tendance à long terme. BIBLIOGRAPHIE SPÉCIFIQUE Collette J., 1989. Inventaire ornithologique des basses vallées des fleuves de la baie du Mont-Saint-Michel ; campagne 1989 : vallées de la Sée et du Couesnon. GONm pour la DIREN. Doc polycopié : 21

Figure 3.124. La grive musicienne niche aussi en vallée de la Seigne (Saint-Pair-sur-Mer). Les oiseaux en période de reproduction en baie du Mont Saint-Michel.

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Grive draine Turdus viscivorus BILAN 175 sites localisés. SIGNIFICATION D’UN POINT Simple contact (famille de juin non prises en compte, la dispersion postnuptiale en groupes étant déjà avancée), donc nicheur possible. CATÉGORIE Espèce évaluée à 50 à 200 couples. ATLAS DE NORMANDIE (A) La grive draine est plutôt en augmentation (A1, A2). ATLAS DE BRETAGNE (B) L’espèce est au moins stable. AVANT 1999 (C, D1, D2) La grive draine est moins notée sur les bases de données que la grive musicienne (1,5 fois moins), traduisant sans doute une implantation plus lâche qui se vérifie facilement sur le terrain. Le texte (C) associé à cette espèce comporte seulement 3 lignes et demie, indiquant « nicheuse en petit nombre sur le pourtour de la baie, y compris dans les polders où elle est très peu commune. » DE 2000 À 2012 (D1, D2) La grive draine est 6 fois plus notée (donc dans la moyenne des autres espèces) durant cette période que la précédente grâce aux parcours toutes espèces de l’enquête Tendances (Debout, 2013).

Figure 3.125. Les densités de grive draine sont plus fortes autour du Mont-Dol. Les oiseaux en période de reproduction en baie du Mont Saint-Michel.

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PROSPECTIONS 2009-2012 (2013) La grive draine est relativement commune, mais concentrée sur quelques zones avec des noyaux denses à Jullouville, à la base d’Avranches, autour du Mont-Dol (fig. 3.125) ou au Val Saint-Père où il y a de grands arbres et un peu de bocage. Elle peut s’accommoder des polders. Si l’on se réfère aux données localisées, elle est 2 fois moins abondante que la grive musicienne. Cela ne semble clairement pas lié à un problème de détectabilité mais de densité, elle est réellement la plupart du temps moins abondante que la grive musicienne. Lors des parcours échantillonnés sur près de 200 km (distance de détection de 250 m, on entend les chanteurs de loin), elle est peu représentée. Elle est absente de 9 parcours. Sur ceux où elle est présente, les densités sont faibles, comprises entre 0,02 et 0,14 couples pour 10 ha (tableau 3.13 p. 321). Avec une moyenne de 0,06 couple pour 10 ha et un très fort écart-type (σ = 0,07), on peut extrapoler à 120 couples pour 250 km². Par les deux méthodes (données localisées (fig. 3.126) et parcours échantillonnés), l’ordre de grandeur est de 100-200 couples sur l’ensemble de la baie, c’est-à-dire entre 2 et 6 fois moins que la grive musicienne. Il est aussi possible que 2013, année des prospections par échantillonnage IKA, mais aussi année très défavorable du point de vue de la météorologie pour beaucoup d’espèces de passereaux, la grive draine ait été peu abondante.

Figure 3.126. Répartition des points de contacts de la grive draine (2009-2012) en baie du Mont-Saint-Michel

PROSPECTIONS PROPOSÉES Il est difficile de proposer actuellement un type de prospection : IKA, points d’écoute, les possibilités sont multiples. Un suivi ne peut être intégré que dans un suivi pluri spécifique avec une problématique particulière type recherche de tendance à long terme.

Les oiseaux en période de reproduction en baie du Mont Saint-Michel.

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Groupe Ornithologique Normand 3.2.3

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SYLVIIDÉS, PARTIE 1 : DE LA BOUSCARLE AUX ROUSSEROLLES

Bouscarle de Cetti Cettia cetti BILAN 115 sites localisés. SIGNIFICATION D’UN POINT Chanteur sur site favorable, donc nicheur possible. CATÉGORIE Espèce évaluée à 50 à 200 couples. ATLAS DE NORMANDIE (A) Le doublement des cartes indicées entre A1 et A2 indique incontestablement une progression de l’espèce durant une période sans hiver rigoureux. ATLAS DE BRETAGNE (B) Il y a augmentation du nombre de cartes indicées et plus forte présence sur le littoral ouest des Côtes d’Armor (B2, B3). AVANT 1999 (C, D1, D2) Espèce facile à détecter de loin, la bouscarle de Cetti n’est pourtant presque exclusivement notée qu’à la mare de Bouillon des années 1973 à 1989. Ailleurs, à l’exception de l’anse de Moidrey (Pontorson) et de quelques rares données à Carolles en vallée du Lude, elle est inconnue. La base de données d’Illeet-Vilaine informatisée ne voyant le jour qu’en 1989, les premières données n’y apparaissent qu’à cette époque au marais de la Folie (Antrain), puis en 1992 dans les zones de marais des polders de l’ouest de la baie. Ce n’est qu’à partir de ces années 1990, et même plutôt 1995, que les premiers chanteurs commencent à être détectés sur d’autres sites dans la Manche : Saint-Jean-le-Thomas, Genêts, Avranches, Marcey-les-Grèves, Beauvoir. Dans la partie ouest de la baie, elle est repérée dans plusieurs communes, sans être jamais abondante : Lillemer, Plerguer, Roz-sur-Couesnon, Cancale, RozLandrieux, Hirel, Sougéal, Antrain. DE 2000 À 2012 (D1, D2) À partir de ces années 2000, outre les communes susnommées, la bouscarle de Cetti est détectée plus à l’intérieur des terres, comme à Saint-Jean-de-la-Haize ou Saint-Martin-des-Champs dans des petits marais. À Carolles, une petite population commence à s’installer sur falaises sèches dans les prunelliers. Elle reste une espèce rare et localisée malgré l’augmentation du nombre de données qui se rapportent en fait à peu de sites. La commune de Genêts (roselière de Genêts, marais de la Claire-Douve) concentre à elle seule 25 % des 432 données opportunistes (tous mois de l’année) de 2000 à 2012, qui ne concernent sans doute que quelques oiseaux. Elle est tout de même probablement en expansion numérique et géographique. La bouscarle de Cetti est notée 4,6 fois plus que durant la période précédente 1973-1999. Ce n’est pas une espèce commune, donc elle n’apparaît pas ou peu sur les parcours Tendances (Debout, 2013). De ce fait, le facteur multiplicatif 4,6 a sans doute une valeur propre : il n’est pas impossible que l’on ait affaire à une véritable augmentation de l’espèce. PROSPECTIONS 2009-2012 La bouscarle de Cetti est trouvée plus abondante autour du marais de Châteauneuf (fig. 3.129) et à proximité de Lillemer. Si en 1998 (F1), il est détecté 21 sites, en 2001 (F2), on obtient 33 contacts distincts liés à des sites ; 36 sites sont détectés dans le cadre de ce protocole dans le même secteur, dont le tiers dans le marais de Châteauneuf entouré de fourrés et taillis, son milieu de prédilection. Cette augmentation globale depuis 20 ans d’une espèce très facile à détecter est certainement tout à fait réelle et exempte de biais. C’est une de ces espèces, à l’instar de la rousserolle verderolle, du grimpereau des jardins ou de la sittelle torchepot, qui indique que l’ensemble des milieux terrestres de la baie se referme ; comme la rousserolle verderolle, si le milieu est trop fermé l’espèce ne s’installe pas. La bouscarle de Cetti est aussi présente par petits noyaux de population dans les cultures les plus à l’ouest ou le long des canaux de certains polders (fig. 3.128). Dans la roselière du Couesnon proche du Les oiseaux en période de reproduction en baie du Mont Saint-Michel.

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Mont Saint-Michel, elle est présente en 2009 mais absente en 2010 ; elle s’y installe de nouveau en 2012. Elle est détectée dans les marais de Boucey (Pontorson), de la Folie (Antrain), du Vergon (Vains), de la Braize (Saint-Jean-de-la-Haize), dans le marais de la Claire-Douve (Saint-Jean-le-Thomas) à Genêts, ou à la roselière de Genêts où Provost (2013 a) détecte systématiquement 2 chanteurs depuis une décennie. Enfin elle est présente à la mare de Bouillon, mais aussi plus en amont dans la vallée du Thar (Jullouville). L’espèce, qui avait commencé à coloniser les falaises de Carolles en 1993, s’y est bien installée depuis 2000. Elle occupe des milieux de fourrés à prunellier et ajonc, sans aucune zone humide à proximité. Il n’est donc pas impossible que certains individus de cette espèce privilégient la structure de la végétation sans tenir compte de la présence d’une zone humide. Les 200 km environ de parcours IKA confirment la fragmentation de ses habitats, avec seulement 5 parcours sur 24 où elle est détectée. La bouscarle de Cetti n’est donc pas une espèce commune sur le site. Des notations systématiques, sans doute déjà pratiquées, peuvent être envisagées. Son expansion en baie est en phase avec le contexte régional, aussi bien exprimé dans les textes des atlas bretons (B) et normands (A). Les bases de données du GONm et de Bretagne Vivante 35 ne semblent pas montrer de liens directs, à la différence du cisticole des joncs (cf. infra), entre les vagues de froid des années 1980 à 2010 et l’évolution de cette espèce sur le site (fig. 3.127). Le pic de 19811982 est lié à un observateur (vraiment peu nombreux à l’époque) qui la note systématiquement à la mare de Bouillon. Elle semble, a minima, stable, après une augmentation depuis le milieu des années 1990.

Figure 3.127. Nombre de données de bouscale /nombre de donnée annuelles passereaux de 1973 à 2012 (D1, D2)

PROSPECTIONS PROPOSÉES En dehors des zones de concentration, il faut rechercher les chanteurs sur le petit nombre de secteurs ciblés dans cet atlas. BIBLIOGRAPHIE SPÉCIFIQUE Collette, J., 1989. Inventaire ornithologique des basses vallées des fleuves de la baie du Mont-Saint-Michel ; campagne 1989 : vallées de la Sée et du Couesnon. GONm pour la DIREN. Doc. polycopié : 21 p. Provost S., 2013 a. Avifaune de la roselière de Genêts (Période 1971 à 2013) -Bilan des observations et données de baguage au sein d’un espace remarquable. Le Cormoran 19 (77) : 43-59

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Figure 3.128. Répartition des points de contacts de la bouscarle de Cetti (2009-2012) en baie du Mont-Saint-Michel

Figure 3.129. Le marais dit de Châteauneuf est un très bon site d’accueil pour la bouscarle Cetti.

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Cisticole des joncs Cisticola juncidis BILAN 154 sites localisés essentiellement en 2009-2010. SIGNIFICATION D’UN POINT Un chanteur, donc nicheur possible. CATÉGORI Espèce évaluée à 50 à 200 couples. ATLAS DE NORMANDIE (A) La succession d’hivers doux (A1, A2) a été plutôt favorable à l’accroissement de cette espèce, qui peut disparaître après un hiver particulièrement rigoureux. ATLAS DE BRETAGNE (B) La succession d’hivers doux (B1, B2) a plutôt été favorable à l’accroissement de cette espèce, qui peut disparaître après un hiver particulièrement rigoureux. AVANT 1999 (C, D1, D2) Les premiers contacts sont établis en 1973. C’est une nouvelle espèce « nicheuse » qui figure dans les fichiers à cette époque. L’espèce progresse de façon irrégulière en lien avec la rudesse des hivers, pour atteindre un pic en 1983. Après le mois de janvier 1985 (vague de froid intense), on peut considérer le cisticole des joncs comme disparu du site. Si quelques rares données sont obtenues entre 1986 et 1993, ce n’est qu’en 1992 puis en 1994 que l’on voit se rétablir une petite population (fig. 3.130). En 1999, la population totale de la baie est totalement inconnue. DE 2000 À 2012 (D1, D2) La figure 3.130 représente le nombre annuel de données de cisticole des joncs, rapportées aux observations annuelles opportunistes des passereaux par les membres des associations (hors données liées à des protocoles). Il montre que le nombre de contacts augmente réellement à partir de 1999 et qu’après un pic en 2002, il reste stable jusqu’en 2009 (petite baisse en 2006, mais peu d’observations globalement en baie cette année-là). En 2009-2010, 2010-2011 et 2011-2012, les vagues de froid successives (la vague de froid de 2011-2012 fera moins de dégâts) mettent à mal la population. Elle se reconstitue néanmoins très vite dès que les conditions s’améliorent. L’espèce a clairement recolonisé l’ensemble du site au moment où nous écrivons en 2015 (obs. pers.).

Figure 3.130. Nombre de données de cisticole/nombre de donnée annuelles passereaux de 1973 à 2012 (D1, D2)

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PROSPECTIONS 2009-2012 Le cisticole des joncs montre très clairement pourquoi le protocole utilisé a consisté à morceler le site sous forme de « puzzle ». Au lieu de prospecter chaque année de grands secteurs, par exemple, la zone ouest de la baie du Mont-Saint-Michel une année, puis la zone est une autre année, nous avons choisi de prospecter par multiples petits secteurs chaque année. Pour cette espèce, la moitié des points de contact ont été trouvés en 2009, puis le quart en 2010 (donc 75 % des points sont trouvés sur 2 ans). L’espèce a ensuite été décimée progressivement par les hivers froids successifs : une trentaine de contacts seulement ont été obtenus sur 2 ans, avec un déficit très important sur les herbus en 2011, avec 0 contact sur un site où 15 contacts avait été obtenus en 2009. Il est donc très probable que les vastes lacunes de la carte sont partiellement des indications d’absence en 2010 et 2011, sans lien avec le milieu utilisé (fig. 3.131). Le cisticole des joncs est très sensible aux vagues de froid sur les zones les plus septentrionales de sa répartition. Elle semble reconstituer rapidement ses effectifs. Est-ce par immigration d’oiseaux qui sont partis plus au sud ? S’agit-il de nouveaux oiseaux colonisateurs ou d’oiseaux qui ont survécu et qui rapidement recolonisent la zone ? Entre 2010 et 2012, les premiers nouveaux contacts après la vague de froid étaient souvent obtenus dans la partie sud de la baie, et plus rarement dans la partie est, recolonisée moins rapidement. Il est donc vraisemblable que ce soit l’option d’oiseaux qui recolonisent très rapidement à partir du sud qui soit la plus probable (A. Chartier, comm. pers.)

Fig. 3.131. Répartition des points de contacts du cisticole des joncs (2009-2012) en baie du Mont-Saint-Michel

PROSPECTIONS PROPOSÉES Des prospections ciblées sur de vastes secteurs, notamment ceux où l’espèce n’est pas détectée en 20102011-2012 peuvent être réalisées. Cette espèce particulière, pouvant être très rare ou assez commune en fonction des années, pourrait probablement être suivie par IPA.

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Locustelle tachetée Locustella naevia BILAN 68 sites localisés. SIGNIFICATION D’UN POINT Les chanteurs d’avril, fin de mai et juin sont enregistrés et l’analyse cartographique de l’espèce est différenciée par mois permettant l'identification des nicheurs possibles. CATÉGORIE Espèce évaluée à 50 à 200 couples. ATLAS DE NORMANDIE (A) Il y a peut-être une augmentation sur 20 ans. ATLAS DE BRETAGNE (B) Il y a peut-être une augmentation sur 20 ans. AVANT 1999 (C, D1, D2) Il n’existe que 46 données de 1976 à 1999 pour cette espèce, soit moins de 2 données par an (1,7), alors que la locustelle tachetée est probablement une espèce fortement notée. Elle est signalée comme nicheuse probable essentiellement au sud-est de la baie. En 1998 (F1), il est obtenu, de nuit, dans les marais de Dol-Châteauneuf une dizaine de contacts fin juin sur 1,5 km de prospection, ce qui indique qu’il est possible que les prospections en journée soient insuffisantes pour réellement évaluer cette espèce. Ce type d’opération n’ayant pas été renouvelée sur le site ni ailleurs, et ces densités n’ayant pas été retrouvées en journée, nous nous baserons provisoirement sur les données diurnes.

Figure 3.132. Nombre de données mensuelles de locustelle tachetée de 1976 à 2012 (D1, D2)

DE 2000 À 2012 (D1, D2) Le nombre total de données (113) acquises en un peu plus de 10 ans représente plus du double des données acquises sur 25 ans (1976-1999). Le nombre de données annuelles collectées sur le site a donc été multiplié par 5 depuis 1999. C’est une espèce peu commune (rarement présente dans les parcours de l’enquête Tendances, Debout, 2013), il est donc probable que cette espèce est plus détectée actuellement. Mais on ne peut pas trancher entre une présence accrue ou une meilleure détection (fig. 3.132). Cependant, la fréquentation plus importante des marais lors de la recherche d’autres espèces a pu jouer un rôle dans cette augmentation. PROSPECTIONS 2009-2012 Des chanteurs, seule manière pratiquement de contacter cette espèce en début de saison, s’expriment à partir d’avril. Le nombre de points de la carte (fig. 3.133) correspond à tous les contacts, contrairement aux seuls contacts de juin que nous sélectionnons pour la plupart des espèces paludicoles migratrices au

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long cours ; la locustelle tachetée semble beaucoup plus présente dans le sud-ouest (fig. 3.134), notamment sur des zones de prairies avec fossés en bordure. Il est extrêmement complexe de trancher entre les migrateurs et les nicheurs, car les fréquences de chants sont peu connues. De plus, les migrateurs assez isolés les uns des autres chantent-ils systématiquement en juin ? Un transport de nourriture, observation très rare, est noté le 14/06/2011 sur la commune de Saint-Méloir-des-Ondes.

Figure 3.133. Répartition des points de contacts de la locustelle tachetée par mois (2009-2012) en baie du Mont-Saint-Michel

PROSPECTIONS PROPOSÉES Faut-il tester des écoutes crépusculaires ou nocturnes, et utiliser la technique de la repasse ? Les IPA et IKA (3 chanteurs entendus sur près de 200 km) paraissent peu convaincants, mais toutefois en accord avec les données globale de cette espèce peu fréquente. Aussi, il faudrait peut-être utiliser cette technique prioritairement dans les secteurs à plus fortes densités connues.

Figure 3.134. La locustelle tachetée est moins rare à l’ouest de la baie (la Gouesnière).

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Locustelle luscinioïde Locustella luscinioides BILAN Aucun contact lié à une possible reproduction. CATÉGORIE Non détectée. ATLAS DE NORMANDIE (A) Cette espèce est exceptionnelle en Normandie ; la région n’accueille que quelques dizaines de couples (A1, A2) sur 2 ou 3 sites, et l’espèce serait en diminution. ATLAS DE BRETAGNE (B) La locustelle luscinioïde est en régression, mais le sud de la région bretonne accueille encore un millier de couples en Brière, 75-130 chanteurs à Grand-Lieu en 2003-2004, 100-120 couples en baie d’Audierne et elle est bien implantée dans l’estuaire de la Loire. COMMENTAIRES Cette espèce n’a jamais été découverte comme nicheuse en 40 ans (avant 2012). Le graphique qui présente la phénologie traduit bien sa présence lors des migrations, mais il n’existe aucune donnée de juin. Le nombre de données de 1980 à 1999 est de 14 (soit 0,7 par an), pour un chiffre identique (13) de 2000 à 2012 (environ 1 donnée par an, donc une augmentation du taux annuel). 6 données de capture (pour un total de 7 oiseaux) proviennent de la roselière de Genêts (Provost, 2013 b), ce qui montre la meilleure performance de cette méthode (sans doute le seul moyen) pour la repérer en juillet, août ou septembre (fig. 3.135). Les prospections sur certains marais ayant considérablement augmenté depuis 10 ans (cf. Locustelle tachetée), tout comme la pression de baguage (bien que très locale à Genêts), il est probable que cette espèce, dont les données sont tellement faibles et peu significatives, déjà très rare auparavant, n’est pas plus abondante.

Figure 3.135. Nombre de données mensuelles de locustelle luscinioïde de 1980 à 2012 (D1, D2)

BIBLIOGRAPHIE SPÉCIFIQUE Provost S., 2013 a. Avifaune de la roselière de Genêts (Période 1971 à 2013) -Bilan des observations et données de baguage au sein d’un espace remarquable. Le Cormoran, 19 (77) : 43-59.

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Hypolaïs polyglotte Hypolaïs polyglotte BILAN Au moins 200 sites localisés. SIGNIFICATION D’UN POINT Un chanteur de juin en milieu favorable, donc nicheur possible. CATÉGORIE Espèce à plus de 200 couples mais à moins de 1000. ATLAS DE NORMANDIE L’espèce est probablement en augmentation, le nombre de carte a progressé (A1, A2). ATLAS DE BRETAGNE (B) Il y a accroissement de 36 % du nombre de cartes indicées (B2, B3) et progression de l’extension de l’espèce vers l’ouest (surtout B3 par rapport à B1 et B2, où il ne semble pas y avoir de variation). AVANT 1999 (C, D1, D2) À Carolles, Noël (dans C) localise 12 cantonnements sur 300 ha en 1994 et Liéron (dans C) en détecte 15 en 1997 sur l’ensemble des falaises. Il est découvert 6 territoires dans le marais de la Claire-Douve (G), et Collette (1991) repère 7 couples dans les prés d’Avranches. Les prospections dans les marais de Dol-Châteauneuf en 1998 (F1) concluent à la présence de 18 chanteurs sur 2 000 ha avec des concentrations près de Lillemer. DE 2000 À 2012 (D1, D2) À Carolles, un même parcours linéaire le long des falaises de 3750 m effectué par Provost (D1) en juin permet de détecter 15 chanteurs en 2000, 5 en 2010, 8 en 2011 et 6 en 2012. Précisons que le premier parcours de l’année 2000 est effectué au tout début juin et les autres mi ou fin-juin. Cette précision est importante car il est probable que l’hypolaïs polyglotte peut migrer de manière significative très tardivement au printemps. Un parcours 20 km réalisé début juin 2011 à l’arrière de la baie entre SaintPair-sur-Mer et Saint-Jean-le-Thomas permet de détecter une vingtaine d’individus (1 par km parcouru). L’hypolaïs polyglotte n’est ni plus ni moins notée qu’auparavant (× 3, c’est-à-dire la moyenne de la décennie). PROSPECTIONS 2009-2012 (2013) Ce sont les chanteurs de la toute fin de mai et juin qui sont intégrés à l’atlas (fig. 3.136), pour éviter au mieux les migrateurs de début à pratiquement fin-mai. À Carolles, 17 chanteurs sont observés sur l’ensemble de la zone, plateau compris, c’est-à-dire pratiquement les mêmes effectifs que Liéron et Noël dans les années 1990. Les 17 chanteurs contactés au marais de la Claire-Douve indiquent que cette espèce profite du site où les fourrés sont beaucoup plus nombreux. À l’arrière du Mont-Manet (Genêts), 15 chanteurs sont détectés et l’espèce est aussi abondante sur la côte entre Saint-Léonard et Genêts. À proximité des prés d’Avranches, 8 chanteurs sont notés sur une petite zone. L’hypolaïs polyglotte est bien présente autour de Pontorson, avec 25 chanteurs, et dans les marais de Dol-Châteauneuf (1/3 des chanteurs à proximité de Lillemer, avec 22 chanteurs. Sur un ensemble de 24 parcours IKA pour une distance totale parcourue de près de 200 km, l’hypolaïs polyglotte est présente sur 15 des 24 parcours, ce qui en fait une espèce relativement commune. Les densités moyennes sont de 0,1 couple pour 10 ha (σ = 0,12), pour une distance de détection maximale de 100 m, ce qui équivaut à environ 200 couples sur le site (tableau 3.13, p. 321). L’écart-type très important indique une forte variabilité perceptible sur la carte des points de localisation. La plupart des parcours à plus forte densité sont obtenus à l’est de la baie du Mont-Saint-Michel (SaintPair-sur-Mer, Jullouville, Saint-Jean-le-Thomas) et au sud dans les secteurs de Pontorson et SaintBroladre. Il a été surprenant de ne pas trouver cette espèce dans les polders, notamment sur la digue de la Duchesse-Anne ou sur la digue ouest du Mont-Saint-Michel, ni aux abords de ces sites. Les oiseaux en période de reproduction en baie du Mont Saint-Michel.

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On retrouve des estimations proches lors des différentes périodes sur les sites connus (marais de DolChâteauneuf, Carolles, les prés d’Avranches). L’espèce a seulement véritablement progressé au marais de la Claire-Douve, dont le paysage a profondément changé. Deux nouvelles zones importantes, mais jamais estimées auparavant, sont détectées : le secteur Vains-Genêts et le pourtour de Pontorson (fig. 3.137). La moitié des points sont situés à l’ouest de la route Granville-Avranches dans la partie est de la baie. Voilà à nouveau une espèce dont la répartition est à la fois conforme au paysage dans certains secteurs, mais aussi plus curieuse dans d’autres (comme la digue Duchesse-Anne et plus à l’ouest).

Figure 3.136. Répartition des points de contacts de l’hypolaïs polyglotte (2009-2012) en baie du Mont-Saint-Michel

PROSPECTIONS PROPOSÉES L’hypolaïs polyglotte peut faire l’objet de recensement sur de vastes zones (chanteurs en juin) localisées, mais être évaluée aussi par IPA ou IKA. BIBLIOGRAPHIE SPÉCIFIQUE Collette J., 1991. L’avifaune des prés d’Avranches. Le Cormoran 8 (38) 133-140 ; analyse avifaunistique et autres données écologiques. GONm pour la DIREN. Doc polycopié : 19 p.

Figure 3.137. L’hypolaïs polyglotte s’installe aux abords d’un échangeur (Saint-Georges-de-Gréhaigne). Les oiseaux en période de reproduction en baie du Mont Saint-Michel.

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Phragmite des joncs Acrocephalus schoenobaenus BILAN Pas loin de 500 sites localisés en juin. SIGNIFICATION D’UN POINT Un chanteur de la toute fin mai ou en juin en milieu favorable, donc nicheur possible. CATÉGORIE Espèce à plus de 200 couples mais inférieur à 1 000. ATLAS DE NORMANDIE (A) Les principaux sites de présence sont les marais de la Dives, l’estuaire de Seine et surtout les marais du Cotentin et du Bessin. Les densités sont très variables. Les variations annuelles peuvent être importantes. L’augmentation globale des effectifs est patente, passant de 2 000 (A1) à 5 500 (A2) couples au minimum. ATLAS DE BRETAGNE (B) Les principaux sites de présence sont la Grande-Brière, le lac de Grand-Lieu, puis l’estuaire de la Loire. Les effectifs sont peut-être stables, ou en diminution (B2, B3). AVANT 1999 (C, D1, D2) Le phragmite des joncs est connu à la mare de Bouillon (Jullouville), dans le marais de la Claire-Douve, à la roselière de Genêts, dans le marais du Vergon (Vains), dans les prés sous Avranches, au marais de la Folie (Antrain), à proximité de la digue de la Duchesse-Anne, au Vivier-sur-Mer, au marais de DolChâteauneuf (F1). Le canal des Allemands (Saint-Benoît-des-Ondes) ou le biez du Milieu (RozLandrieux), grands canaux dans les marais, accueillent probablement aussi le phragmite des joncs. Sur cette période, on sait qu’il existe certainement plusieurs dizaines de couples de phragmite des joncs au moins et qu’il est rare dans les basses vallées de la Sée, la Sélune et le Couesnon (Collette, 1989, 1990). DE 2000 À 2012 (D1, D2) La période de reproduction est en réalité assez peu connue, aussi bien en sites qu’en nombre, il y a très peu d’informations. Il y a seulement 202 données sur 13 ans, dont 41 % proviennent de la roselière de Genêts surtout en période de migration (20 % du total des données uniquement pour la période juilletaoût, où le site est très fréquenté par les ornithologues). Le phragmite des joncs n’est ni plus ni moins noté que dans la période précédente (× 3, c’est-à-dire dans la moyenne). C’est pourtant (cf. prospections 2009-2012) une espèce très importante à divers titres sur le site. PROSPECTIONS 2009-2012 (2013) Le phragmite des joncs a été recherché le long des roselières en adoptant la méthode dite du « pitching ». Même s’il suffit souvent de passer à côté d’un territoire pour que le chanteur s’excite et émette, un passage avec la technique du « pitching » permet d’en détecter plus sans que le dérangement soit majeur, puisque le passage est rapide. Nous avons estimé un gain de l’ordre de 20 % en certains sites avec cette méthode. Après la saison 2010, nous avons demandé aux observateurs de pratiquer systématiquement le « pitching ». Il y a donc peut-être une sous-estimation du nombre global de chanteurs liée à ce biais les deux premières années, mais qui ne change pas l’ordre de grandeur final. Les indices étant essentiellement basés sur les contacts avec les chanteurs, les effectifs obtenus sont donc des minimums de nombre de chanteurs. Les concentrations sont très variables, avec des sites fortement utilisés et d’autres peu, malgré un paysage visuellement favorable. Le phragmite des joncs est absent des grands polders ouest du MontSaint-Michel, car il y a peu de roselières ou souvent en mauvais état. Les coupes des roseaux sont trop régulières et les petits ligneux, appréciés comme sites de pose, n’ont pas le temps de pousser. Mais, il est aussi peu présent dans les basses vallées souvent trop arborées. De manière claire, la zone principale d’abondance est le vaste marais de Dol-Châteauneuf (la moitié des chanteurs environ, fig. 3.138) et dans des roselières linéaires. Le terrain montre qu’il faut presque

Les oiseaux en période de reproduction en baie du Mont Saint-Michel.

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toujours un petit arbuste ligneux à proximité pour que cette espèce s’installe. Elle est moins présente en roselière pure. Il semble exister des variations en fonction des facteurs de pluviosité et d’ensoleillement annuel au printemps. Y aurait-il alors une forme de concurrence avec la rousserolle effarvatte (présente sur ces mêmes milieux), avec une préférence du phragmite des joncs pour les zones plus sèches ? Collette (2013) a constaté, sur les prés d’Avranches, que des modifications liées au type de végétation ou au type de pâturage peuvent avoir de fortes répercussions sur cette espèce. Il faudrait sans doute une étude pointue pour comprendre réellement les facteurs impliqués. En matière de comparaison, nous avons essentiellement des informations chiffrées sur deux grandes zones : - sur le marais de la Claire-Douve, on note 18 chanteurs en 1992-1993 (G) contre 28 pour ce présent travail en 2009 ; sur le site, les roselières, associées à des arbustes, ont fortement poussées entre temps ; - sur le marais de Dol-Châteauneuf, l’espèce est contactée sur 42 sites en 1998 (F1). On obtient 90 contacts (ce sont donc tous les oiseaux qui sont pris en compte et non les sites) en 2001 (F2). Lors de ce travail, 160 sites sont répertoriés sur la même surface (2 000 ha). Cependant, l’espèce n’a peut-être pas progressé aussi nettement, puisque les méthodes de prospection sont très différentes : pour ce présent protocole par exemple, chaque bordure de roselière a été parcourue intra-champs ; ceci n’a sans doute pas été le cas lors des opérations menées par Pulce et Février (F1 et F2), où les participants restaient probablement en bordure de chemin et, probablement, sans utiliser le pitching. Nous dirons donc que l’espèce est au moins stable mais, à l’avenir, il faudrait s’entendre sur la méthode de prospection. En général, les prospections se font avec peu de concertation sur la méthode à adopter sur l’ensemble du site ! Le problème n’est pas forcément la concertation, mais la description méthodologique qui n’est pratiquement jamais faite précisément et les biais peu évoqués. Sur un ensemble de 24 parcours IKA pour une distance totale de près de 200 km parcourus, le phragmite des joncs est présent 14 fois sur 24, ce qui en fait une espèce qui est relativement commune. Quant aux densités, on obtient 0,14 (σ = 0,1) couple pour 10 ha (distance de détection maximale de 120 m), ce qui équivaut, en moyenne, à environ 300 couples sur le site (tableau 3.13, p. 321). Ce chiffre est un peu inférieur à ce que nous trouvons par la méthode localisée, mais les IKA ne sont peut-être pas adaptés à la typologie des milieux majoritairement utilisés par cette espèce sur le site (cf. PROSPECTIONS PROPOSÉES). Cela dit, l’ordre de grandeur reste le même. Finalement, il est très difficile de proposer une évolution pour cette espèce, tellement la surprise a été grande de le trouver à ce niveau d’effectif dans (et parfois hors de) la ZPS. Les ornithologues des associations GONm-BV vont toujours aux mêmes endroits et ils prospectent rarement « à côté » … ou ailleurs. On s’aperçoit que, pour cette espèce, la prospection sur l’ensemble du site est impérative. Le chiffre de l’ordre de 500 couples proposé ici pour l’ensemble du territoire prospecté est un effectif important au niveau national, puisque la population est estimée à 5 000 - 8 000 couples (Roché et al, 2013). Cette estimation paraît tout de même faible au regard des estimations connues seulement en Normandie (Morel in Debout, 2009). La population française, en augmentation, est évaluée dans l’atlas des oiseaux nicheurs de France, à 14 000 - 23 000 couples (Issa & Caupenne, 2015). La baie du MontSaint-Michel accueille donc entre 2 % (estimation haute d’Issa & Caupenne) et 6 % (estimation haute de Roché, op.cit.) de la population française. Il est clair que les potentialités du site sont considérables étant donné le nombre de roselières, malheureusement maintenues dans un état bas ou fauchée très fréquemment y compris en pleine période de reproduction. C’est donc une espèce d’importance patrimoniale, dont il faut surveiller l’état de conservation sur le site, même si elle n’est pas considérée comme en danger en Europe. PROSPECTIONS PROPOSÉES L’espèce niche surtout dans des roselières linéaires, la méthode des IPA ne nous paraît donc pas adéquate pour suivre le phragmite des joncs, pas plus que la méthode des IKA. Une estimation par kilomètre de roselière linéaire ou par surface sur les rares roselières compactes, semble plus légitime. Dans les marais du Cotentin et du Bessin (réseau très dense de roselières linéaires ou non), un suivi par points d’écoute (200 points 1991-2014, Debout, 2014) montre une évolution régulière positive importante de 1991 à 2010 (doublement de la population), un effondrement brusque (on revient aux années 1990 !) lié à une mauvaise année 2012, ensuite une année catastrophique 2013 (météorologie), puis une remontée très forte en 2014 (année « normale »). Ce type d’informations structurées sur 25 Les oiseaux en période de reproduction en baie du Mont Saint-Michel.

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années est irremplaçable pour appréhender les évolutions de ces populations. Il n’est pas question d’utiliser les mêmes méthodes dans le parc du Cotentin et du Bessin qu’en baie du Mont-Saint-Michel (les sites sont extrêmement différents), mais il faut promouvoir les suivis locaux de long terme sur ce type de grand site.

Figure 3.138. Répartition des points de contacts du phragmite des joncs (2009-2012) en baie du Mont-Saint-Michel

BIBLIOGRAPHIE SPÉCIFIQUE Collette J., 2013. L’avifaune des prés d’Avranches. Étude menée par le GONm pour le syndicat mixte de la baie du MontSaint-Michel (mesures compensatoires à la destruction de la roselière du Couesnon) : 10 p. Debout G., 2014. Suivi des populations nicheuses dans le Parc naturel régional des Marais du Cotentin et du Bessin. PNR des Marais du Cotentin et du Bessin-GONm : 31 p. Issa N. & Caupenne M., in Issa N., Muller Y. Coord., 2015. Atlas des oiseaux nicheurs de France métropolitaine. Nidification et présence hivernale. Le phragmite des joncs. LPO, SEOF, MNHN. Delachaux et Niestlé, Paris : 1020-1023 Morel F. in Debout, G. coord. 2009 - Atlas des oiseaux nicheurs de Normandie. 2003-2005. Le phragmite des joncs. Le Cormoran 17 (1-2) : 320-321 Roché J.-E., Muller Y. & Siblet J.-P., 2013. Une méthode simple pour estimer les populations d’oiseaux communs nicheurs en France. Alauda (81) 4 : 241-268

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Rousserolle verderolle Acrocephalus palustris BILAN 97 sites localisés. SIGNIFICATION D’UN POINT Chanteur en milieu favorable après le 25 mai, donc nicheur possible. CATÉGORIE Espèce évaluée entre 50 et 200 couples. ATLAS DE NORMANDIE (A) C’est une espèce connue de longue date en Normandie (en milliers de couples), qui serait peut-être en baisse pour la période (A1, A2). Il semblerait que la baisse se produit à partir de 1988 et se poursuit jusqu’en 1994, puis on assiste à une remontée jusqu’en 2000, puis à une baisse depuis quelques années. ATLAS DE BRETAGNE (B) La rousserolle verderolle n’a progressé ni vers l’ouest ni vers le sud depuis sa découverte comme nicheuse cette seule année 1994 en Côtes d’Armor (Maoût & Mauvieux, 1994). Cette découverte sera d’ailleurs antérieure à celle des marais de Dol l’année suivante en 1995. Il semble donc que la rousserolle verderolle trouve pour l’instant sa limite ouest de répartition significative européenne en baie du MontSaint-Michel. AVANT 1999 (C, D1, D2) Elle est connue de longue date Normandie au nord de la région (Lang in GONm, 1989). Rousselle (D1) la détecte pour la première fois au marais de la Claire-Douve (Genêts) en 1983. Par la suite, les données sont rares mais régulières sur la partie normande de la baie. L’espèce apparaît comme nicheur probable sur la plupart des cartes côtières. Elle est découverte en mai 1995 (F1) dans le secteur du Mesnil-desAulnays (Plerguer), alors qu’elle avait été reconnue comme nicheuse pour la première fois en Bretagne dans la région de Saint-Brieuc en 1994 (Maoût & Mauvieux, op. cit.). En 1998, des prospections plus approfondies permettent de découvrir 26 sites dans le marais de Dol-Châteauneuf (fig. 3.140). Les chanteurs sont concentrés dans un grand secteur.

Figure 3.139. Le petit « marais » de Pival (Saint-Martin-des-Champs) correspond à d’anciennes prairies humides. Il accueille sur moins de 20 ha autour de 5 couples de rousserolle verderolle depuis plusieurs années. Le site, enserré entre deux zones commerciales, ne paye pourtant pas de mine (J. Collette).

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Figure 3.140. Localisation des chanteurs dans le marais de Dol, d’après Pulce (2000).

DE 2000 À 2012 (D1, D2) Les nouvelles prospections dans les marais de Dol-Châteauneuf en 2001 (F2) indiquent que l’espèce est stable. En 2007, Collette la découvre sur le site de Pival (Saint-Martin-des-Champs), minuscule zone humide de moins de 5 ha, en déprise entre deux zones commerciales, bordé par une route à 2 × 2 voies : il détecte jusqu’à 12 individus, dont 11 chanteurs à la fin de mai 2009, mais seulement 7 territoires occupés en juin (fig. 3.139), indiquant que cette espèce peut migrer très tardivement. Elle est ensuite repérée par plusieurs observateurs et notée sur plusieurs de communes, sans que l’on constate de vraies avancées, sinon locales, dans sa répartition. Chevalier & Purenne (2009) en détecte environ 30 couples sur environ 2 000 ha de zones humides sur la côte ouest du Cotentin, ce qui correspond aux densités du marais de Dol-Châteauneuf. Cependant, la rousserolle verderolle n’est pas tellement plus notée durant cette période qu’auparavant dans les bases (× 4, pour une moyenne globale de × 3 sur la période 2000-2012). PROSPECTIONS 2009-2012 C’est une espèce qui a été bien peu recherchée après les dernières prospections sérieuses dans le marais de Dol-Châteauneuf (F2). Elle n’a pas été signalée en dehors des zones déjà connues. Du côté de la Normandie, les sites qui peuvent potentiellement la recevoir n’ont sans doute pas été non plus systématiquement prospectés durant la constitution de l’atlas 2003-2005. Dans l’enquête, on retrouve donc les effectifs et les sites supposés connus. Il faut y ajouter une quarantaine de chanteurs supplémentaires sur une aire de répartition plus importante, pour un total d’une centaine de sites recensés et largement répartis (fig. 3.141). Le marais de Dol-Châteauneuf et son prolongement de canaux vers le nord reste la zone principale de stationnement. On constate donc une progression de l’effectif et de l’aire de répartition par rapport aux données connues, mais on ne sait pas quand ces oiseaux se sont installés. La progression observée dans l’ouest du Cotentin n’est que d’environ 20 % lors de la dernière décennie (Chevalier, comm. pers.) et celle de la baie du Mont-Saint-Michel serait beaucoup plus « forte », de l’ordre de 100 % (doublement). Il est donc possible que deux facteurs s’additionnent : une prospection systématique du site permet de découvrir de nouveaux secteurs, et une augmentation a lieu parallèlement. Il est extrêmement net qu’elle a disparu de nombreux sites où elle a été découverte entre 1995 et 1998 dans le marais de Dol-Châteauneuf ; la translation vers le nord est patente (Beaufils, 2016). Dans le

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même temps, le boisement (manque d’exploitation) de bordures de canaux a permis l’installation de couples jusqu’à Saint-Benoît-des-Ondes. En définitive, une friche est favorable à l’installation de cette espèce, mais le boisement s’installant progressivement rend le site inutilisable.

Figure 3.141. Répartition des points de contacts de la rousserolle verderolle (2009-2012) en baie du Mont-Saint-Michel

PROSPECTIONS PROPOSÉES Une recherche systématique et simultanée des chanteurs par vastes zones est utile. Il serait intéressant d’utiliser au mieux la précision des points géolocalisés de ce présent travail, car l’espèce est souvent fidèle à ses lieux de cantonnement. Des recherches en d’autres sites périphériques peuvent être entreprises, notamment sur les sites où elle est inconnue mais où le paysage paraît favorable. La méthode du « pitching » donne de bons résultats. BIBLIOGRAPHIE SPÉCIFIQUE Beaufils M., 2016. La rousserolle verderolle en baie du Mont-Saint-Michel. Ar Vran 27-2 : 15-38 Chevalier B. & et Purenne R. 2010. Les havres de la côte ouest du Cotentin : de Bréville-sur-Mer au cap de Carteret dont la ZPS du havre de Regnéville Septembre 2009 – Août 2010 Bilan Epsion GONm : 16 p. Commecy X. in Commecy X. (coord.), Baverel D., Mathot W., Rigaux T., Rousseau C., 2013. Les oiseaux de Picardie. Historique, statuts et tendances. La rousserolle verderolle. L’Avocette 37 (1) : 259-260 Lang B. in GOnm, 1989.Atlas des oiseaux nicheurs de Normandie et des îles Anglo-Normandes. La rousserolle verderolle. Le Cormoran 7 : 162 Maoût J. & Mauvieux S., 1994. La rousserolle verderolle (Acrocephalus palustris) : une nouvelle espèce nicheuse pour la Bretagne. Ar Vran vol.5 n°2 :46-56 Pichard O. in Commecy X. (coord.), Baverel D., Mathot W., Rigaux T., Rousseau C., 2013. Les oiseaux de Picardie. Historique, statuts et tendances. La rousserolle effarvatte. L’Avocette 37 (1) : 258-259 Tombal J.C., in Tombal J.C., coord., 1996. Les Oiseaux de la région Nord – Pas-de-Calais – Effectifs et distribution des espèces nicheuses : période 1985-1995. La rousserolle verderolle ; la rousserolle effarvatte. Héron 29 : 255, 263

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Rousserolle effarvatte Acrocephalus scirpaceus BILAN Près de 600 sites localisés. SIGNIFICATION D’UN POINT Un chanteur de la toute fin mai ou de juin en milieu favorable, donc nicheur possible. CATÉGORIE Espèce à plus de 200 couples mais à moins de 1 000 en l’état des connaissances. ATLAS DE NORMANDIE (A) La rousserolle effarvatte n’est pas répartie uniformément dans l’ensemble de la région, étant donné la spécificité de l’habitat : la roselière. L’espèce est sans doute en augmentation (6 000-7 500 couples A1, A2), mais indiquons qu’une seule roselière de 1 110 ha dans l’estuaire de Seine accueille plus de la moitié des couples de Normandie. ATLAS DE BRETAGNE (B) Cette espèce n’est pas répartie uniformément dans l’ensemble de la région étant donné la spécificité de l’habitat : la roselière. L’espèce est au moins stable (B2, B3). AVANT 1999 (C, D1, D2) Il n’y a ni recensement régulier ni exhaustif. Peu d’informations circulent sur cette espèce pendant cette période. DE 2000 À 2012 (D1, D2) La période de reproduction est en réalité assez peu connue, aussi bien en sites qu’en nombre, il y a très peu d’informations. Il y a seulement 184 données sur 10 ans, dont 33 % proviennent de la roselière de Genêts. Un document de synthèse a été produit sur ce site (Provost, 2013a), mais la partie sur la rousserolle effarvatte nicheuse (uniquement étudiée partiellement en 1999-2001 dans des dates correspondant à la fin de la nidification) n’éclaire pas vraiment sur l’état réel actuel de la reproduction de l’espèce sur le site. Il en ressort que les effectifs étaient, peut-être, à l’époque, de l’ordre de 30-50 couples. La rousserolle effarvatte est seulement notée 2,2 fois plus que dans la période antérieure (19731999), donc en dessous de la moyenne (× 3), sans qu’on puisse en connaître la raison puisqu’elle est très certainement plus abondante maintenant (cf. Prospection 2009-2012). PROSPECTIONS 2009-2012 (2013) La rousserolle effarvatte a été recherchée le long des roselières en adoptant la méthode dite du « pitching » (cf. phragmite des joncs). Les données ont été collectées du 25 mai à la fin de juin, époque où la migration est probablement achevée. Pour ce que nous pouvons comparer : - 6 chanteurs sont signalés en 1992-1993 (G) sur le marais de la Claire-Douve, contre plus de 40 en 2009 ; sur le site les roselières ont fortement poussé entre temps, favorisées par le Conservatoire du Littoral (Symel) qui a acheté de grandes parties du site. Cette évolution est donc normale. - sur le marais de Dol-Châteauneuf, il est détecté sur 40 sites en 1998 (F1), 120 contacts (donc probablement des chanteurs) en 2001 (F2) et lors de la présente enquête, 190 chanteurs cette fois sont répertoriés sur exactement la même surface (2 000 ha) ; on retrouve ici les mêmes biais que pour les méthodes de recherche du phragmite des joncs, aussi nous dirons que l’espèce est au moins stable ou en augmentation. Cette proposition de tendance est en contradiction avec le texte de l’atlas breton (d’après Février dans Bargain in B3) qui indique que l’espèce serait en sensible régression sur ce site. Là encore, il faudra s’entendre sur les méthodes de prospection utilisées et sur les zones de prospection.

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Figure 3.142. Malgré des roselières accueillantes, la rousserolle effarvatte peine à s’installer dès qu’il y a des arbres.

Sur un ensemble de 24 parcours IKA pour une distance totale de près de 200 km parcourue, la rousserolle effarvatte est présente 14 fois sur 24, ce qui en fait une espèce qui est moyennement commune. En matière de densité, on obtient 0,23 (σ = 0,27) couple pour 10 ha (distance de détection maximale de 100 m), ce qui équivaut à environ 500 couples sur le site, mais l’écart-type est très important (tableau 3.13, p. 321). Cette valeur est un peu inférieure à celui obtenu par la méthode localisée, mais l’ordre de grandeur est le même. Les IKA ne sont peut-être pas adaptés à la typologie des milieux majoritairement utilisés par cette espèce (cf. PROSPECTIONS PROPOSÉES). Près de 600 points localisés ont été relevés entre 2009 et 2012. Nous proposons donc pour la baie du Mont-Saint-Michel une estimation large de 500 à 1 000 couples selon les années. Cette estimation, nettement supérieure au nombre de chanteurs localisés, est liée aux difficultés de recensement de cette espèce, notamment à une possible mise en route de la reproduction asynchrone entre mai et juillet (Bargain, 2006). Des textes spécifiques ont été produits sur le statut de la rousserolle effarvatte sur des roselières de la chapelle Saint-Anne (Beaufils & Morel, 2009), sur les roselières le long du Couesnon (BeauvoirPontorson) (Beaufils, 2010) et sur un petit secteur dans le marais de la Claire-Douve (Dragey-Ronthon) (Beaufils, 2013a). Nous avons repris quelques informations générales et préconisations de Bargain, op. cit. 2006, qui a étudié la rousserolle effarvatte durant une trentaine d’années en baie d’Audierne (Finistère) : - le suivi des populations est extrêmement complexe, avec de fortes variabilités individuelles au niveau du cycle de nidification ; - le cycle complet de l’espèce peut s’étaler de mai à début septembre ; - en baie d’Audierne, la mise en route de la reproduction des différents couples est asynchrone ; - le facteur limitant une population de rousserolle effarvatte en baie d’Audierne est la surface de roselière disponible ; - il faut absolument éviter la colonisation des ligneux sur les surfaces de roselières (fig. 3.142) ; - outre ce que signale Bargain, il existe de fortes disparités interannuelles liées aux conditions météorologiques plus ou moins favorables, ce qui est d’ailleurs extrêmement net en 2013 en baie du Mont-Saint-Michel, où la reproduction ne peut se dérouler correctement en début de saison… faute de poussée des roselières avec une météorologie très peu clémente et, à l’inverse, en 2012, une très bonne météorologie de mars favorise les roselières et la pousse de végétation. Les oiseaux en période de reproduction en baie du Mont Saint-Michel.

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Dans « Mesures compensatoires suite à la destruction de la roselière du Couesnon. Le contexte rousserolle effarvatte en baie du Mont-Saint-Michel » (Beaufils, 2013b), nous avons essayé de synthétiser les éléments concernant les roselières à partir des informations ci-dessus. « Bargain indique donc que la surface de roselière est un facteur limitant à l’expansion de cette espèce ; les potentialités de la baie du Mont-Saint-Michel, en ce qui concerne les roselières qui ne peuvent s’exprimer (sous ligneux) ou non utilisables (par suppressions ou coupes), sont considérables. L’ensemble des zones où l’on trouve des confettis de roselière linéaire et où leurs potentialités en roselière à proximité ne sont pas exprimées concerne donc probablement au moins des dizaines de km de canaux en baie du Mont-Saint-Michel. Hors ZPS, c’est majoritairement en raison de la fauche des roselières, régulièrement en pleine période de reproduction ; dans les ZPS, c’est plutôt le manque d’entretien et l’apparition massive et inexorable des ligneux qui limitent la colonisation. »

Figure 3.143. Les aménagements réalisés sur le parking du Mont-Saint-Michel, dont des roselières, sont un lieu d’accueil extrêmement favorable pour cette espèce actuellement.

Malheureusement, les roselières ont une très mauvaise image auprès des divers acteurs qui ont sculpté le paysage ces dernières décennies (majoritairement agriculteurs), et souvent auprès des instances communales qui perçoivent les roselières comme un élément négligé dans le paysage. Il est difficile de promouvoir les avantages de maintenir des roselières ailleurs que dans les ZPS, et même hors de sites très protégés. Les ZPS sont, en tout cas, les seuls sites à roselières pour lesquelles il existe des espaces de discussion. Il faudrait éviter de sanctuariser cette espèce et, au contraire, développer le principe de maintien, au moins quelques années, de linéaires de roselières, qui actuellement, dans une grande partie de la baie, sont systématiquement coupés. Nous évoquerons aussi, en marge des routes, les coupes franches effectuées en juin en pleine période de reproduction. Février (F2) a entièrement raison sur le fait que ces coupes drastiques jouent un rôle négatif, mais pas moins que le boisement qui progresse partout. Temporisons en disant que, pour le moment, la rousserolle effarvatte trouve tout de même bon nombre de zones d’accueil, et il existe même de nouvelles zones déjà en place (parking du Mont-Saint-Michel, fig. 3.143, bordures du Couesnon entre le barrage de la Caserne et l’anse de Moidrey) qui fonctionnent parfaitement (obs. pers.), et d’autres à venir (plusieurs zones de créations de roselières font suite aux mesures pour compenser la destruction de la roselière du Couesnon). Il est vraisemblable que cette espèce progresse ces dernières années (fig. 3.144).

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Figure 3.144. Répartition des points de contacts de la rousserolle effarvatte (2009-2012) en baie du Mont-Saint-Michel

PROSPECTIONS PROPOSÉES La rousserolle effarvatte niche surtout dans des roselières linéaires. La méthode des IPA ne nous paraît donc pas adéquate pour la suivre, pas plus que la méthode des IKA. Une estimation par km de roselière linéaire nous paraîtrait plus adéquate. Il est surprenant que cette espèce ne soit parfois pas considérée comme indicateur de milieux humides. Officiellement, il n’est pas demandé de contrôler les effectifs de la rousserolle effarvatte (ce n’est pas une espèce de l’annexe I de la Directive oiseaux) comme pour la gorgebleue à miroir (espèce appartenant à l’annexe I de la directive oiseaux). En réalité, officieusement, il nous a systématiquement été demandé lors de la constitution du DOCOB au milieu des années 2000, des informations sur cette espèce ainsi que sur le phragmite des joncs. Ces prospections sont en partie nées de ces questionnements sur les effectifs de ces espèces auxquels nous ne pouvions répondre que très partiellement. BIBLIOGRAPHIE SPÉCIFIQUE Bargain B., 2006. La rousserolle effarvatte en baie d’Audierne. Penn Ar Bed, 196 : 1-40. Beaufils M. & Morel R., 2009. La chapelle Sainte-Anne à Saint-Broladre : inventaire de l’avifaune nicheuse au printemps 2009. Rapport Bretagne Vivante - Conseil Général d’Ille-et-Vilaine : 63-69. Beaufils M., 2010. Inventaire des passereaux paludicoles nicheurs des roselières du lit du Couesnon depuis le barrage de la Caserne jusqu’à l’Anse de Moidrey : les prospections 2009-2010. Rapport du GONm à la demande de la Dréal Basse Normandie : 3 p. Beaufils, 2013. État des lieux des passereaux paludicoles nicheurs dans la roselière du Couesnon (2009-2012). GONm – Syndicat Mixte du Mont-Saint-Michel : 11 p. Beaufils M., 2013a. Bilan ornithologique sur le marais de la Claire-Douve et valeur avifaunistique d’une parcelle de 2 ha. Étude menée par le GONm pour le syndicat mixte de la baie du Mont-Saint-Michel (mesures compensatoires à la destruction de la roselière du Couesnon) : 21 p Beaufils M., 2013b. Analyse ornithologique de trois sites à la demande du syndicat mixte du Mont-Saint-Michel. Mesures compensatoires suite à la destruction de la roselière du Couesnon : la roselière de Genêts, le marais de la Claire-Douve et les prés de l’hôpital d’Avranches : introduction et résumé. Contexte Rousserolle effarvatte. Groupe ornithologique normand (GONm) Syndicat Mixte de la Baie du Mont-Saint-Michel : 11 p. Provost S., 2013a. Avifaune de la roselière de Genêts (Période 1971 à 2013) -Bilan des observations et données de baguage au sein d’un espace remarquable. Le Cormoran, 19 (77) : 43-59.

Les oiseaux en période de reproduction en baie du Mont Saint-Michel.

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Groupe Ornithologique Normand 3.2.4

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SYLVIIDÉS, PARTIE 2, MUSCICAPIDÉS

Fauvette à tête noire Sylvia atricapilla BILAN Espèce non géolocalisée. CATÉGORIE Espèce considérée comme commune non localisée (échantillonnage). ATLAS DE NORMANDIE (A) L’espèce est au moins stable, voire en augmentation (enquête Tendances depuis 1996). ATLAS DE BRETAGNE (B) La fauvette à tête noire paraît au moins stable, sinon en augmentation. AVANT 1999 (C, D1, D2) Le texte (C) est insuffisamment documenté sur cette espèce sur l’ensemble de l’année ; le texte et surtout les bases de données sont encore moins documentées sur la période de reproduction. DE 2000 À 2012 (D1, D2) La fauvette à tête noire est peu notée en période de reproduction, sauf lors d’enquêtes spécifiques. La fauvette à tête noire est 5,5 fois plus notée que durant la période précédente, grâce essentiellement à l’enquête Tendance (Debout, 2013), c’est-à-dire dans la norme des espèces communes (× 4 à × 7). PROSPECTIONS 2013 Les données récoltées permettent d’essayer de faire un point sur les effectifs de fauvette à tête noire en période de reproduction. Les données obtenues sont issues d’une seule année d’enquête (2013), où l’espèce a été échantillonnée selon plusieurs méthodes. A. Sur un ensemble de 24 parcours IKA pour une distance parcourue de près de 200 km à travers la baie, la fauvette à tête noire est présente 24 fois sur 24, ce qui en fait une espèce commune. Les calculs moyens de densités pour 10 ha (basé sur ces IKA sur une distance de détection de 200 m) en font une espèce à densité très variable, partagée entre des zones où il y a peu d’arbres ou d’arbustes (0,1 à 0,5 couples pour 10 ha) et des zones plus boisées (>1 couple pour 10 ha). Les densités très faibles sont rares. Les densités obtenues sur 8 parcours sont de l’ordre de 1 à 1,7 couples pour 10 ha (tableau 3.13, p. 321). La moyenne et l’écart-type sur l’ensemble des parcours est de 0,70 (σ = 0,53) couple pour 10 ha. Elle est classée en 6e position parmi les espèces les plus communes sur le site. B. En considérant maintenant 20 des 24 parcours (fig. 3.145) où les milieux ont été pris en compte, on constate que la fauvette à tête noire est peu présente sur les zones pauvres en arbres.

Fig. 3.145. Fauvette à tête noire : moyenne des nicheurs et écart type pour 10 ha dans les grands milieux de la baie du Mont-Saint-Michel (IKA couplé à la distance de détection)

C. Des parcours fermés (recensement en même temps que les espèces à localiser) ont été testés. Ces surfaces de plus de 100 ha (fig. 3.146) permettent de proposer des densités pour 10 ha qui ont du sens (cf. aparté 2, p. 12). Les densités trouvées précédemment sont parfaitement Les oiseaux en période de reproduction en baie du Mont Saint-Michel.

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confirmées par cette méthode. Dans le cas présent, la vallée du Couesnon, nettement boisée sur ces marges, accueille les densités les plus importantes.

Figure 3.146. Densités trouvées sur différents parcours fermés (B : proche bocage ; C : proche culture)

D. -

Maximums notés et autres zones prospectées (cadre d’enquêtes, études) : digue de la Duchesse-Anne (9 km) : 9,8 couples pour10 ha (voir infra, fig. 3.147) ; vallée du Couesnon : presque 3 couples pour10 ha ; autour du Mont-Dol : > à 1,5 couple pour 10 ha ; station balnéaire de Jullouville (5 km) : 1,4 couple pour 10 ha ; Genêts/zone de culture et hameau (5 km) : 1,7 couple pour 10 ha ; abords du marais de la Claire-Douve (5 km) : 1,5 couple pour 10 ha ; falaises de Carolles : 1,7 couple pour 10 ha (D1, moyenne 2009-2012 parcours 3,5 km, S. Provost) ;

Figure 3.147. Des densités hors normes de fauvette à tête noire le long de la digue de la Duchesse-Anne, isolée au milieu des polders de grande culture en 2011 et 2012.

Sur la digue de la Duchesse-Anne, un chiffre, en juin 2012, de 21 chanteurs sur 2 km, collecté par P. Gérard et C. Ruau est intrigant. En 2013, 8,5 km de digue sont parcourus en juin. Ce ne sont pas moins de 81 chanteurs qui sont recensés, confirmant et amplifiant le chiffre de 2012. Les densités obtenues sont donc considérables et assez peu communes dans nos régions, mais c’est probablement temporaire. En effet, le milieu semble très favorable pour le moment à cette espèce des fourrés boisés, mais, dans quelques années, ce milieu aura sans doute disparu. Il serait intéressant de suivre l’évolution du site. L’estimation proposée dans le périmètre étudié serait de l’ordre de 1 500+ couples, dont près d’une centaine rien que sur le site de la digue de la Duchesse-Anne. Il est impossible de proposer une tendance pour cette espèce. PROSPECTIONS PROPOSÉES Il est difficile de proposer actuellement un type de prospection : IKA, points d’écoute, les possibilités sont multiples. Un suivi ne peut être intégré que dans un suivi plurispécifique avec une problématique particulière de type recherche de tendance à long terme.

Les oiseaux en période de reproduction en baie du Mont Saint-Michel.

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Fauvette des jardins Sylvia borin BILAN Près de 150 sites géolocalisés. SIGNIFICATION D’UN POINT Un chanteur fin mai et juin, donc nicheur possible. CATÉGORIE Espèce évaluée à 50 à 200 couples. ATLAS DE NORMANDIE (A) C’est une espèce qui semble plutôt stable (A1, A2). ATLAS DE BRETAGNE (B) La fauvette des jardins est une espèce dont il n’est pas possible de connaitre l’évolution (B2, B3). AVANT 1999 (C, D1, D2) Des couples sont sans doute présents entre Granville et les prés d’Avranches, en vallée du Thar (SaintPair-sur-Mer – Jullouville), aux falaises de Carolles, dans les marais de Saint-Jean-le-Thomas à Vains, en vallée de la Sée. 27 sites sont détectés dans les marais de Dol-Châteauneuf en 1998 (F1). DE 2000 À 2012 (D1, D2) C’est une espèce très peu notée (70 données entre 1976 et 1999, 112 données de 2000-2012). Mais si l’on fait le ratio sur les deux périodes, elle n’est pas plus notée auparavant qu’actuellement (× 3,3, c’està-dire la moyenne sur la période 2000-2012). La répartition de l’espèce semble avoir peu évolué, mais les données éparses ne permettent pas de conclure. Dans les falaises de Carolles, des recensements de juin indiquent la présence d’environ une dizaine de chanteurs tous les ans depuis 2009. PROSPECTIONS 2009-2012 (2013) Les commentaires concernant la population connue antérieurement à 1999 semblent correspondre à ce qui est trouvé sur les deux zones citées (fig. 3.148), avec quelques dizaines de couples entre Granville et Avranches et quelques dizaines dans les marais de Dol-Châteauneuf : une vingtaine de contacts contre 27 en 1998, mais le milieu s’est fortement refermé par poussée des peupliers. Elle semble aussi plus commune en vallée du Couesnon dans la partie amont entre le marais de Sougéal et Antrain, le paysage s’y prête bien (fig. 3.149). Dans le marais de la Claire-Douve, il est détecté 8 sites au début des années 1990 (G) contre 6 en 2009. Les 200 km de parcours IKA confirment la localisation et une certaine rareté (densités faibles) de la fauvette des jardins (tableau 3.13, p. 321), avec 9 sur 24 parcours d’où elle est absente, mais elle est tout de même présente sur 15 sur 24 parcours. La moyenne et l’écart-type trouvé (distance de détection de 150 m) sont de 0,11 (σ = 0,15), ce qui montre aussi cette forte disparité. Si on se base sur cette moyenne rapportée à l’ensemble de la zone prospectée, on trouve un résultat brut de l’ordre de 200-300 couples, cohérent (en considérant l’écart-type et les faibles densités) avec le résultat de la prospection localisée de l’ordre de 150 couples. PROSPECTIONS PROPOSÉES Il est difficile de proposer actuellement un type de prospection : IKA, points d’écoute, les possibilités sont multiples. Un suivi ne peut être intégré que dans un suivi plurispécifique avec une problématique particulière type recherche de tendance à long terme.

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Figure 3.148. Répartition des points de contacts de la fauvette des jardins (2009-2012) en baie du Mont-Saint-Michel

Figure 3.149. La fauvette des jardins est presque commune vers Antrain en vallée du Couesnon.

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Fauvette babillarde Sylvia curruca BILAN 1 ou 2 couples (?) pour un ou 2 sites (?). SIGNIFICATION D’UN POINT Un chanteur (mai-juin), donc nicheur possible. CATÉGORIE Espèce occasionnelle probablement. ATLAS DE NORMANDIE (A) L’espèce est relativement bien présente dans le nord du Cotentin, à l’intérieur comme à la côte. ATLAS DE BRETAGNE (B) L’espèce est uniquement présente en de très rares sites de la côte nord de la Bretagne. AVANT 1999 (C, D1, D2) C’est une espèce rare (46 données de 1973 à 1999, soit 1,7 par an), notée essentiellement à Carolles et très occasionnellement ailleurs. DE 2000 À 2012 (D1, D2) Les 15 données répertoriées (1,2 par an) montrent que l’espèce est aussi rare que dans la période précédente. PROSPECTIONS 2009-2012 Seulement 2 données sont recueillies, dont une dans le cadre du protocole (Saint-Pair-sur-Mer, fig. 3.150) et l’autre hors protocole à Carolles. La fauvette babillarde est une espèce en marge ouest de répartition européenne. PROSPECTIONS PROPOSÉES Cette espèce peut être recherchée par prospections aléatoires liées aux observations éparses.

Figure 3.150. La fauvette babillarde est détectée sur les arrières de Kairon (Saint-Pair-sur Mer) mais plutôt en période de migration (avril 2010-mai 2015). Elle niche au nord de Granville. Les oiseaux en période de reproduction en baie du Mont Saint-Michel.

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Fauvette grisette Sylvia communis BILAN Plus de 300 sites localisés. SIGNIFICATION D’UN POINT Un chanteur de la toute fin mai ou de juin en milieu favorable, donc nicheur possible. CATÉGORIE Espèce à plus de 200 couples mais à moins de 1 000. ATLAS DE NORMANDIE (A) L’état des lieux est contradictoire, avec une extension de l’aire de répartition, et une baisse si l’on se base sur l’enquête Tendances de 1996 à 2009. ATLAS DE BRETAGNE (B) Il y a une forte augmentation du nombre de cartes indicées (comme en Normandie) ; il n’y a pas suffisamment d’éléments sur l’ensemble de la région pour connaître la tendance. AVANT 1999 (C, D1, D2) L’espèce ne niche ni en vallée de la Sée ni dans celle de la Sélune (ou de manière exceptionnelle), elle est rare en vallée du Couesnon. Une quinzaine de cantonnements sont détectés à Carolles (Liéron, 1997 dans C) et 2 seulement au marais de la Claire-Douve (G). Une quarantaine de sites sont repérés dans le marais de Dol-Châteauneuf en 1998 (F1). DE 2000 À 2012 (D1, D2) La fauvette grisette est 2,3 fois plus notée durant cette période que dans la période précédente (19731999), mais elle reste peu notée (12 données par an). C’est en effet en dessous de la moyenne × 3 de l’ensemble des espèces. Il est difficile d’en tirer des éléments concrets. De 5 à 9 chanteurs sont détectés annuellement sur 3,5 km de côte le long des falaises de Carolles de 2009 à 2012. PROSPECTIONS 2009-2012 Les indices ont été collectés à partir de la fin de mai et surtout en juin, évitant les passages encore possibles après la mi-mai. L’espèce reste rare en vallée de la Sée ou de la Sélune. Elle est plus abondante dans les marais d’Aucey-la-Plaine et Boucey (Pontorson), le long du Couesnon, abondance déjà notée en 2007 (Beaufils & Morel, 2008). Elle est, au contraire, en forte diminution en 2012 à Sougéal (Beaufils, Bouttier, Morel, 2012), mais la cause en est tout simplement l’évolution du milieu : une coupe importante a eu lieu 10-15 ans auparavant, laissant place à un fourré très propice à l’installation de cette espèce, puis le gaulis et le perchis, et maintenant le boisement, sont devenus défavorables aux installations.

Figure 3.151. De maigres arbustes au milieu des polders suffisent à la fauvette grisette pour s’installer (Roz-sur-Couesnon).

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Le nombre de sites, 38, trouvés dans le marais de Dol-Châteauneuf est absolument comparable aux 41 notés en 1998 (F1), pour une surface identique de 2 000 ha. Nous le répétons, les deux méthodes de prospections n’étant pas comparables, on ne peut vraiment conclure, sinon peut-être à une certaine stabilité. Il apparaît que 2013 a été une année exceptionnellement mauvaise (par rapport à 2009-2012) pour cette espèce lors de nos prospections (météorologie, migration ?). Il existe peut-être des variations annuelles minimes dans les bases de données. Comme beaucoup d’espèces, elle n’avait sans doute pas été recherchée ou recensée dans les polders (fig. 3.151) ou sur les digues, où elle est assez abondante sur certains secteurs, voire certaines années. Sur 11,6 km de la digue littorale ouest du Mont-Saint-Michel, cette espèce est en seconde position après la linotte mélodieuse, avec localement une densité de l’ordre de 1,3 couple pour 10 ha, très au-dessus de tout ce qui a pu être trouvé lors des 24 parcours IKA. Les 200 km de parcours IKA confirment (fig. 3.152) une certaine abondance, avec seulement 5 parcours d’où elle est absente. La moyenne et l’écart-type trouvé (distance de détection de 150 m) sont de 0,20 (σ = 0,28), ce qui montre une forte disparité. Si on se base sur cette moyenne rapportée à l’ensemble de la zone prospectée, on trouve un résultat brut de l’ordre de 400 couples tout à fait en adéquation avec le résultat de la prospection localisée de l’ordre de 300 couples, c’est-à-dire 2 fois plus que la fauvette des jardins mais 5 fois moins que la fauvette à tête noire (tableau 3.13, p. 321). En dehors de la digue ouest du Mont-Saint-Michel, les plus fortes densités (respectivement 0,74 et 0,58 couple pour 10 ha) sont trouvées à Saint-Broladre (grande culture avec petits buissons épars) et à Aucey-la-Plaine et Boucey (Pontorson) (prairies avec petits buissons épars) sur des zones très différentes d’un point de vue paysager. Il existe tout de même un point commun important, l’existence de milieux ouverts avec des buissons épars. La fauvette grisette est peu commune dès que l’arbre est présent ou que la haie linéaire serrée dépasse quelques mètres de hauteur.

Figure 3.152. Répartition des points de contacts de la fauvette grisette (2009-2012) en baie du Mont-Saint-Michel

PROSPECTIONS PROPOSÉES Il est difficile de proposer actuellement un type de prospection : IKA, points d’écoute, les possibilités sont multiples. Un suivi ne peut être intégré que dans un suivi pluri spécifique avec une problématique particulière type recherche de tendance à long terme.

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Fauvette pitchou Sylvia undata BILAN 4 chanteurs maximum pour1 site. SIGNIFICATION D’UN POINT Espèce entendue au moins aux différents passages à quelques semaines d’intervalle, donc nicheur probable. CATÉGORIE Espèce à très petit nombre de contacts ou sites < 20. ATLAS DE NORMANDIE (A) Il y a une forte expansion numérique et géographique ; les populations les plus importantes sont situées dans les landes du nord du Cotentin. ATLAS DE BRETAGNE (B) L’évolution est peu connue, cette espèce évoluant aussi en fonction de la rigueur des hivers. Les atlas bretons et normands s’étant achevés avant les vagues de froid des années 2009-2013, il est possible que les situations numériques régionales aient évolué depuis. AVANT 1999 (C, D1, D2) La fauvette pitchou est nicheuse à Carolles sur les falaises à lande à ajoncs (moins de 10 couples certainement, voire moins de 5) et parfois à Cancale (une famille en 1996). DE 2000 À 2012 (D1, D2) Le site des falaises de Carolles (fig. 3.153) est suivi de 2009 à 2012, sur l’ensemble des falaises côtières, moins de 5 chanteurs y sont détectés. Un couple est noté à Cancale en 2006. La fauvette pitchou n’est ni plus ni moins notée que durant la période précédente 1973-1999. PROSPECTIONS 2009-2012 C’est une espèce uniquement observée comme nicheuse (maximum de 4 chanteurs ces dernières années, Provost, D1) à Carolles lors des recensements effectués annuellement par Provost pour le compte des suivis des espèces de l’annexe I de la directive européenne oiseaux. C’est une espèce qui est sans doute en expansion lors de successions d’hivers doux, mais qui décroît à la suite d’hivers très froids. Dans le secteur, la petite population est isolée entre les deux populations principales de l’extrême nord-ouest de la France que sont celles du Cotentin et de la Bretagne. PROSPECTIONS PROPOSÉES Elle doit être prospectée de manière ciblée sur les sites où elle est connue à Carolles et Cancale. Le milieu étant discriminant pour cette espèce (landes d’ajoncs lacunaires avec bruyère associée).

Figure 3.153. Les falaises de Carolles, seul site de nidification régulier de la fauvette pitchou. Les oiseaux en période de reproduction en baie du Mont Saint-Michel.

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Pouillot véloce Phylloscopus collybita BILAN Espèce non géolocalisée. CATÉGORIE Espèce considérée comme très commune non localisée (échantillonnage). ATLAS DE NORMANDIE (A) Le pouillot véloce est présent de manière homogène sur l’ensemble de la région. L’enquête Tendances (Debout, 2013, depuis avril 1996) indique qu’il est stable. ATLAS DE BRETAGNE (B) L’espèce est présente de manière homogène sur l’ensemble de la région. Elle paraît au moins stable. AVANT 1999 (C, D1, D2) Le texte est insuffisamment documenté sur cette espèce sur l’ensemble de l’année, avec 254 données en période de reproduction de 1973 à 1999 (30 % de chanteurs, les autres données étant des individus signalés) ; le texte est encore moins documenté sur la période de reproduction (1 donnée de nidification certaine). DE 2000 À 2012 (D1, D2) Le pouillot véloce est une espèce peu recherchée en période de reproduction. Le pouillot véloce est 5 fois plus noté que durant la période précédente 1973-1999 grâce à l’enquête Tendances (Debout, 2013). PROSPECTIONS 2013 Les données récoltées permettent d’essayer de faire un point sur le pouillot véloce en période de reproduction. Les données obtenues sont issues d’une seule année d’enquête, où l’espèce a été échantillonnée selon la méthode des IKA. A. Sur un ensemble de 24 parcours IKA pour une distance parcourue de près de 200 km, le pouillot véloce est présent 24 fois sur 24, ce qui en fait une espèce commune. Les calculs moyens de densités pour 10 ha (basés pour ces IKA sur une distance de détection maximale de 150 m) en font une espèce à densité assez variable. La moitié des parcours montre des densités de l’ordre de 0,1 à 0,5 couples pour 10 ha, 1/3 de 0,5 à 1 couple pour 10 ha et enfin 5 parcours plus bocagers obtiennent un score à plus de 1,2 à 1,8 couples pour 10 ha (tableau 3.13, p. 321). La moyenne et l’écart-type sur l’ensemble des parcours est de 0,62 (σ = 0,46) couple pour 10 ha. Le pouillot véloce est classé en 10e position parmi les espèces les plus communes sur le site. B. En considérant maintenant 20 des 24 parcours (fig. 3.154) où les milieux ont, cette fois, été pris en compte, nous constatons que le pouillot véloce est évidemment peu présent sur les zones pauvres en arbres. Les écarts-types sont importants, indiquant une espèce à répartition hétérogène. Les écarts-types ne permettent pas de conclure de manière définitive sur la significativité des résultats sauf, sans surprise, dans les polders et les zones avec peu de haies.

Figure 3.154. Pouillot véloce : moyenne des nicheurs et écart type pour 10 ha dans les grands milieux de la baie du Mont-Saint-Michel (IKA couplé à la distance de détection).

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C. Maximums notés et autres zones prospectées (cadre d’enquêtes, études) : De manière attendue, les milieux à plus forte présence d’arbres ou d’arbustes sont mieux fréquentés (fig. 3.155) ; l’espèce est particulièrement abondante sur le site particulier de la digue de la Duchesse-Anne, comme d’autres espèces qui le caractérise (voir fauvette à tête noire) : - digue de la Duchesse-Anne (9 km) : 6,1 couples pour 10 ha (76 chanteurs en juin en linéaire de fourrés arborés isolés au milieu de polders) ; - station balnéaire de Jullouville (5 km) : 1,6 couple pour 10 ha ; - zone de culture et hameaux à Genêts (5 km) : 1,3 couple pour 10 ha ; - pourtour du marais de la Claire-Douve (5 km) : 1,7 pour couple 10 ha ; - falaises de Carolles : 1,9 couple pour 10 ha (base de données du GONm : moyenne 20092012 parcours linéaire de 3,5 km, S. Provost). Beaucoup de kilomètres des 24 parcours IKA ont été réalisés dans le sud de la baie, moins arboré que l’est du site. Il est donc probable que les densités obtenues, moins importantes mais néanmoins comparables (à l’exception de la digue de la Duchesse-Anne), soient assez fiables. L’estimation proposée dans le périmètre étudié serait de l’ordre de 1 200+ couples. Il est impossible de proposer une tendance pour cette espèce. PROSPECTIONS PROPOSÉES Il est difficile de proposer actuellement un type de prospection : IKA, points d’écoute, les possibilités sont multiples. Un suivi ne peut être intégré que dans un suivi plurispécifique avec une problématique particulière de type recherche de tendance à long terme.

Figure 3.155. Les marais de Boucey (Pontorson) ont de fortes densités de pouillot véloce localement.

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Pouillot fitis Phylloscopus trochilus BILAN Espèce non contactée comme nicheuse. CATÉGORIE Aucun indice au-delà de « possible » (chanteur en milieu favorable en juin -2-) n’a été relevé durant l’enquête 2009-2012, aucun contact sur les parcours IKA. ATLAS DE NORMANDIE (A) Espèce en fort déclin qui devient un oiseau des boisements humides et des hauteurs de Normandie (A1, A2). ATLAS DE BRETAGNE (B) Le pouillot fitis est une espèce en fort déclin qui devient un oiseau des boisements humides et des hauteurs de Bretagne (B2, B3). COMMENTAIRES Le pouillot fitis est 6 fois plus noté durant la période 2000-2012 que dans la période 1973-1999, c’està-dire apparemment dans la moyenne des espèces « communes » (× 4 à × 7). Il est vraisemblable que, n’apparaissant que peu dans les parcours Tendances (Debout, 2013), ce facteur multiplicatif soit lié à une plus forte attention qui lui est porté depuis qu’on le signale en déclin dans le grand ouest. CETTE ESPÈCE A-T-ELLE NICHÉ UN JOUR DANS LE PÉRIMÈTRE ÉTUDIÉ ?

Comme Collette (A2) l’indique sur cette espèce, « comment faire la part, sur un site, des oiseaux en transit de ceux qui vont réellement s’installer ? » Cette question est source depuis quelques années d’une prise de conscience des ornithologues dont Collette (2007) a rendu compte, repris ensuite par Maoût (B3) pour la Bretagne : le déclin du pouillot fitis est avéré, mais il reste difficile de quantifier ses pertes. Dans les précédents atlas, lorsque des chanteurs étaient entendus à plusieurs reprises sur un site donné en avril, mai ou mai et juin, un indice de nicheur probable était alors proposé et admis. Les cartes étaient couvertes de points d’indices possible ou probable, donnant l’impression, avec les points d’indices certains, d’un recouvrement d’une région. En Bretagne, lors des prospections de l’atlas B2, ce sont ainsi 84 % des cartes où les nicheurs ne sont pas certains et 78 % pour l’atlas B3 ! Pour les atlas de Normandie, ce sont seulement 45 % des cartes où les nicheurs ne sont pas certains pour l’atlas A1, mais 75 % pour l’atlas A2. Collette (A2) l’indique : « Le pouillot fitis chante durant tout son voyage de remontée… Du coup les chanteurs se succédant parfois sur le même site fournissent des indices trompeurs, sans preuve de cantonnement… ». L’espèce apparaît donc couramment comme nicheuse probable sur des cartes en baie du Mont-Saint-Michel, ou plus souvent jouxtant le site, sur A1 et B2, voire comme nicheuse certaine dans B1 ou dans la partie est de la baie dans A1* (voir fin du texte). Trois observateurs du GONm, connaisseurs des passereaux de la baie du Mont-Saint-Michel, ont fourni à eux trois, depuis la fin des années 1970, 20 % des données passereaux sur les communes uniquement liées à la baie du Mont-Saint-Michel. Ils ont œuvré dans les années 1975 à 1995, et deux d’entre eux œuvrent toujours, sur le site ou sur ses abords (vallées). Ils participent aux nombreuses enquêtes proposées. Nous leur avons clairement posé la question suivante : avez-vous observé vous-même, sur le site ou sur ses abords une nidification certaine de pouillot fitis ? Les réponses ont toutes été négatives. Nous considérons donc que, depuis 1975, le pouillot fitis n’a pas niché sur le périmètre étudié (mais possiblement aux marges), sachant qu’il est impossible de trancher avant 1975. *Pour les anciens Atlas régionaux, la manière de collecter les informations (uniquement indice maximum sur une carte 10 km × 10 km ou 1/25 000e) rend extrêmement difficile toute recherche de site ou d’auteur de données… Il faudrait en fait retrouver à chaque fois les fiches papier… BIBLIOGRAPHIE SPÉCIFIQUE Collette J., 2007. Chronologie approchée du déclin du pouillot fitis Phylloscopus trochilus en Normandie. Le Cormoran 15 (65) : 175-1983

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Roitelet huppé Regulus regulus BILAN Un peu plus d’une trentaine de sites répertoriés. SIGNIFICATION D’UN POINT Chant ou observation, donc nicheur possible. CATÉGORIE Espèce dont au moins 20 couples semblent présents mais dont les effectifs nicheurs ne dépassent pas 50 couples. ATLAS DE NORMANDIE (A) Le roitelet huppé n’est pas une espèce commune, avec des constantes qui atteignent au grand maximum sur de rares cartes 10 à 20 % sur 100 points d’écoute. L’enquête Tendances le dit en progression. C’est donc une espèce au moins stable (A1, A2). ATLAS DE BRETAGNE (B) Il reste peu commun en Loire-Atlantique et il y a peu d’évolution du nombre de cartes et des indices collectés (B2, B3) sur la région Bretagne entre les deux atlas. AVANT 1999 (C, D1, D2) Le roitelet huppé se reproduit sur toute la partie est de la baie du Mont-Saint-Michel, à Saint-Pair-surMer, Jullouville et Saint-Jean-le-Thomas, stations balnéaires à résineux. L’espèce est peu commune au sud du site. DE 2000 À 2012 (D1, D2) Avec un coefficient de × 6,6 par rapport à la période précédente, le roitelet huppé semble un peu plus noté, mais il est possible que les quelques parcours de l’enquête Tendances (Debout, 2013) jouent un rôle sur cette augmentation. PROSPECTIONS 2009-2012 En dehors de la station balnéaire de Jullouville (fig. 3.156), plus densément peuplée et à paysage plus typique pour ce passereau, avec de nombreux résineux (le roitelet huppé atteint sur ce site 1 couple pour 10 ha), cette espèce reste marginale et souvent localisée à UN conifère planté quelques années auparavant dans un jardin. PROSPECTIONS PROPOSÉES Les prospections aléatoires liées aux observations éparses suffisent pour le moment ; il peut être éventuellement recherché à l’avenir par des prospections ciblées à définir sur des sites précis.

Figure 3.156. La station balnéaire de Jullouville, seul site d’accueil significatif.

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Roitelet à triple bandeau Regulus ignicapilla BILAN 5 chanteurs pour 5 sites à partir de 2010 ; espèce non connue comme nicheuse auparavant. SIGNIFICATION D’UN POINT Chant entendu en mai ou juin sur un site favorable, donc nicheur possible. CATÉGORIE 6 Espèce à très petit nombre de contacts ou sites < 20. ATLAS DE NORMANDIE (A) Le roitelet à triple bandeau conforte largement les positions acquises (A1, A2), mais semble avoir plus de mal à coloniser l’ouest de la région. ATLAS DE BRETAGNE (B) Il y a renforcement sur les sites déjà acquis et une forte colonisation de l’ouest de la région (B2, B3). L’espèce présente donc un fort dynamisme. AVANT 1999 (C, D1, D2) Le roitelet à triple bandeau n’est pas nicheur. Il est uniquement contacté en migration ou en hivernage.

DE 2000 À 2012 (D1, D2) Le nombre de données opportunistes d’avril à juin passe de 15 (0,5 par an) de 1973 à 1999 à 56 (4,3 par an) entre 2000 et 2012. Le roitelet à triple bandeau est noté 7,7 fois plus que pendant la période précédente. Il semble donc que son implantation est perceptible. PROSPECTIONS 2009-2012 Les contacts en juin sont au nombre de 5 entre 2010 et 2012 (et parfois acquis sur les 2 sorties d’avril et juin) dont 2 sur le site de Carolles et 1 contact d’avril sur un site qui, a posteriori, pourrait être utilisable par cette espèce : chanteurs en vallée du Lude à Carolles (fig. 3.157) et en marge du site à Saint-PierreLangers/2 contacts (boisement hors périmètre), sur la digue de la Duchesse-Anne (boisement bas), au Mont-Dol (boisement), en arrière de Lillemer (ferme mais boisement proche). Il a bien fallu se rendre à l’évidence en 2010 que des chanteurs pouvaient au moins être considérés comme territoriaux (indice T4 des atlas) notamment à Carolles. Quelques sites sont découverts au sud de la baie dont celui sur le Mont-Dol (T4). Hors de la zone de prospection en 2012, il a été noté en marge du site vers Saint-Michel-des-Loups (Jullouville) ou des secteurs adjacents. PROSPECTIONS PROPOSÉES Des prospections aléatoires liées aux observations éparses suffisent pour le moment ; il peut être éventuellement recherché à l’avenir par des prospections ciblées à définir sur des sites précis.

Figure 3.157. La vallée du Lude (Carolles), premier site où le roitelet à triple bandeau sera repéré nicheur potentiel. Les oiseaux en période de reproduction en baie du Mont Saint-Michel.

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Gobemouche gris Muscicapa striata BILAN Un peu plus d’une vingtaine de sites. SIGNIFICATION D’UN POINT Contacts de juin uniquement, donc nicheur possible. CATÉGORIE Espèce dont au moins 20 couples semblent présents mais dont les effectifs nicheurs ne dépassent pas 50 couples. ATLAS DE NORMANDIE (A) Il n’y a pas d’évolution visible en Normandie. ATLAS DE BRETAGNE (B) Il n’y a pas d’évolution visible en Bretagne. AVANT 1999 (C, D1, D2) Il est probable que cette espèce rare, pas toujours facile à détecter lors d’un passage rapide, soit notée systématiquement, avec seulement 90 données de 1975 à 1999 (3,3 données par an) mais 17 concernant des nids, soit 20 % du fichier, ce qui est considérable au regard de l’absence de données pour beaucoup d’espèces communes. En juin 1981, Briens (D1) repère 5 sites sur Jullouville, certainement en le cherchant spécifiquement. On dénombre 3 sites sur 2 000 ha après les prospections de 1998 (F1) sur le marais de Dol-Châteauneuf. DE 2000 À 2012 (D1, D2) Le nombre de données liées directement à la reproduction dans les bases de données n’est plus que de 7, soit 10 %, mais il existe d’autres données dans les atlas qui n’apparaissent pas dans ces bases. Le gobemouche gris est noté seulement 1,8 fois plus durant cette période par rapport à la précédente. Rappelons qu’en moyenne, les espèces sont notées 3 fois plus souvent durant la période 2000-2012 que la précédente. Il est donc possible que le gobemouche gris soit moins abondant, mais le faible nombre de données empêche toute conclusion certaine. PROSPECTIONS 2009-2012 Le très faible nombre de données obtenues lors du protocole (fig. 3.158) peut faire penser à une espèce dont le recensement n’est pas adapté à cette méthode. Mais les données éparses et aléatoires obtenues de tout temps montrent que l’espèce est clairement rare. Une bonne connaissance (depuis des décennies, obs. pers.) d’un secteur de bocage à la limite est du site, en vallée du Thar (Saint-Pair-sur-Mer), montre que cette espèce est vraiment peu courante. Le gobemouche gris est sans doute presque totalement absent des polders et, à l’ouest de la baie, il a été très peu détecté. C’est aussi une espèce qui a été détectée uniquement près de zones bâties (milieux urbains et périurbains, fig. 3.159). Le gobemouche gris doit être assez fidèle à un site car, par exemple, légèrement en marge de cet atlas (500 m) à Angomesnil (Saint-Pair-sur-Mer), « un » couple niche depuis au moins 30 ans dans le même secteur et très souvent sur le même groupe de maisons. Cette espèce est stable en Europe (http://www.ebcc.info/index.php?ID=557, 27/05/2015) et en France (Jiguet, 2015) depuis au moins 10 ans. PROSPECTIONS PROPOSÉES Il n’y a guère que des recherches systématiques ciblées sur des secteurs assez vastes qui peuvent faire progresser sa connaissance. BIBLIOGRAPHIE SPÉCIFIQUE BirdLife International, 2015. The BirdLife checklist of the birds of the world Version 7. Downloaded from http://www.birdlife.org/datazone/userfiles/file/Species/Taxonomy/BirdLife_Checklist_Version_70.zip Jiguet F., 2015. Les résultats nationaux du programme STOC de 1989 à 2013. www2.mnhn.fr/vigie-nature Les oiseaux en période de reproduction en baie du Mont Saint-Michel.

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Figure 3.158. Répartition des points de contacts du gobe-mouche gris (2009-2012) en baie du Mont-Saint-Michel

Figure 3.159. Le peu commun gobemouche gris est repéré à Genêts.

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Groupe Ornithologique Normand 3.2.5

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TIMALIIDÉS, AEGITHALIDÉS, PARIDÉS, SITTIDÉS, CERTHIIDÉS

Mésange à moustaches Panurus biarmicus BILAN

Non détectée sur la période d’enquête. CATÉGORIE Espèce ayant nichée très occasionnellement. ATLAS DE NORMANDIE (A) La mésange à moustaches niche en Normandie depuis le milieu des années 1970. Si des couples nicheurs apparaissent brusquement dans des roselières de la zone côtière, disparaissant généralement aussi vite, « force est de constater que seule la grande roselière de l’estuaire de Seine/76 accueille durablement la reproduction de la mésange à moustaches » estimée à 500 couples au milieu des années 2000. ATLAS DE BRETAGNE (B) Le nombre de cartes indicées a fortement baissé en 20 ans, la baie d’Audierne est le bastion régional avec 200-300 couples puis vient l’estuaire de la Loire en seconde position avec plusieurs dizaines de couples. COMMENTAIRES Cette espèce a probablement niché à la mare de Bouillon (Jullouville) en 1980 et 1981, puis dans la roselière de Genêts en 1993 et 1994 (C, fig. 3.160). C’est donc une espèce occasionnelle qui ne peut prétendre pour le moment à être considérée comme une espèce régulière de l’avifaune de la baie. Elle ne sera donc pas considérée ni comptabilisée comme une espèce disparue du site.

Figure 3.160. Le seul site de nidification de la mésange à moustaches (roselière Genêts).

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Mésange à longue queue Aegithalos caudatus BILAN : Près de 40 sites. SIGNIFICATION D’UN POINT Simple contact en site favorable, donc nicheur possible. CATÉGORIE Espèce estimée entre 20 couples et 50 couples. ATLAS DE NORMANDIE (A) Collette, l’auteur du texte, résume ainsi la situation : « l’espèce est entendue partout mais n’est nulle part omniprésente » ; une espèce qui semble bien se porter en Normandie. ATLAS DE BRETAGNE (B) La mésange à longue queue est au moins stable. AVANT 1999 (C, D1, D2) Cette espèce est notée sur toute les cartes de l’est de la baie et au sud dans les marais de Dol-Châteauneuf. Elle est très peu notée, avec seulement 36 données en période de reproduction sur 27 ans. DE 2000 À 2012 (D1, D2) La mésange à longue queue est notée 5 fois plus que lors de la période précédente donc un peu au-dessus de la moyenne (× 3), sans doute grâce aux parcours de l’enquête Tendances (Debout, 2013). PROSPECTIONS 2009-2012 Son aire de répartition ressemble un peu à celle du grimpereau des jardins (pourtour du site ; fig. 3.161) mais avec quelques pénétrations à l’intérieur de la baie, comme la digue de la Duchesse-Anne ou les polders ouest du Mont-Saint-Michel (fig. 3.162). Comme les espèces liées aux linéaires d’arbustes ou d’arbres autres que les peupliers, elle est absente dans les polders à agriculture maraichère peu pourvus en arbres autres que des peupliers. Collette (A2) indique que la population nicheuse est en fait mal connue et difficile à appréhender : « Nicheurs précoces, couples un peu erratiques, sur des territoires « flous », familles mobiles, rapidement regroupées… » Le nombre de contacts peut aussi bien refléter une surévaluation de l’espèce qu’une sous-évaluation. Une quarantaine de points de contact sur une zone aussi vaste n’est pas non plus un gros effectif. L’évaluation proposée sera donc de 40-60 couples.

Figure 3.161. La mésange à longue queue est partout mais peu abondante (Pignon-Butor, Carolles).

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Figure 3.162. Répartition des points de contacts de la mésange à longue queue (2009-2012) en baie du Mont-Saint-Michel

PROSPECTIONS PROPOSÉES Des prospections aléatoires liées aux observations éparses suffisent, mais une notation systématique pourrait être bienvenue.

Figure 3.163. Éclectique, la mésange bleue apprécie ces milieux de hameaux à canaux (Saint-Guinoux).

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Mésange bleue Cyanistes caeruleus BILAN Espèce non géolocalisée. CATÉGORIE Espèce considérée comme très commune non localisée (échantillonnage). ATLAS DE NORMANDIE (A) La mésange bleue est présente de manière homogène sur l’ensemble de la région et elle est plutôt en hausse. L’approche semi-quantitative révèle les nuances attendues : les cartes où la campagne ouverte est l’habitat majoritaire sont pauvres en contacts. En Normandie, cette espèce est contactée un peu moins de 30 fois sur 100 points d’écoutes. La mésange bleue habite des milieux plus variés que la mésange charbonnière (A2). ATLAS DE BRETAGNE (B) L’espèce est présente de manière homogène sur l’ensemble de la région. En Loire-Atlantique, l’espèce est contactée environ 30 fois sur 100 points d’écoute (B3). AVANT 1999 (C, D1, D2) Cette espèce est pratiquement absente des notations habituelles des ornithologues. Sans les données du passage migratoire à Carolles, on ne répertorie que 29 données de 1973 à 1999 (D1, D2, dont 3 données sur D2), soit 1 donnée par an en moyenne. DE 2000 À 2012 (D1, D2) La mésange bleue est un peu plus notée de 2000 à 2012 (× 14, soit en moyenne 15 données par an), surtout du fait de l’intégration de l’enquête Tendances du GONm (Debout, 2013) où toutes les espèces ont systématiquement notées sur des parcours de 30 mn. Ce × 14 est symbolique d’une espèce qui n’est pratiquement jamais notées à l’instar du moineau domestique. Les enquêtes toutes espèces ont l’avantage d’obliger l’observateur à noter ces espèces oubliées des carnets de données, sans qu’on sache vraiment d’ailleurs comment prendre des notes. PROSPECTIONS 2013 Les données récoltées permettent d’essayer de faire un point sur la mésange bleue en période de reproduction. Les données obtenues sont essentiellement issues de la seule année d’enquête 2013, où l’espèce a été échantillonnée selon plusieurs méthodes. A. Sur un ensemble de 24 parcours IKA pour une distance totale parcourue de près de 200 km, la mésange bleue est présente sur 23 parcours sur 24, ce qui en fait une espèce commune. Les calculs moyens de densités pour 10 ha sont basés sur ces IKA en prenant une distance maximale de détection de 100 m. Les données montrent que les densités varient souvent entre 0,1 et 1 couple pour10 ha (tableau 3.13, p. 321). Mais sur 5 parcours, les densités sont un peu plus fortes et varient de 1,3 à 2,1 (pour ce dernier chiffre intégrant une zone boisée), et donc supérieurs aux maximums de la mésange charbonnière. Ces parcours sont toujours situés dans des zones un peu plus bocagères. La moyenne et l’écart-type sur l’ensemble des parcours est de 0,71 (σ = 0,58) couple pour 10 ha. Elle est classée en 9e position parmi les espèces les plus communes sur le site (fig. 3.163). B. En considérant maintenant 20 des 24 parcours (fig. 3.164) où les milieux ont, cette fois, été pris en compte, la mésange bleue semble plus abondante de manière attendue dans les zones où l’arbre est présent, ainsi qu’à proximité des habitations. Les écarts-types sont très importants, indiquant une espèce à répartition très hétérogène, notamment au niveau des fermes (absente 35 fois/44 sites). Les écarts types ne permettent pas de conclure de manière définitive sur la significativité des données, sauf dans les polders et les zones sans aucun arbre.

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Fig. 3.164. Mésange bleue : moyenne des nicheurs et écart-type pour 10 ha dans les grands milieux la baie (IKA couplé à la distance de détection)

C. Des parcours « fermés » (recensement en même temps que les espèces à localiser) ont été testés. Ces surfaces de plus de 100 ha (fig. 3.165) permettent de proposer des densités pour 10 ha qui ont du sens (cf. aparté 2, p. 12). Les densités trouvées précédemment sont confirmées par cette méthode.

Figure 3.165. Mésange bleue : densités trouvées sur divers parcours fermés (B : proche bocage ; C : proche culture)

D. Maximums notés et autres zones prospectées (cadre d’enquêtes, études) : Les densités un peu plus fortes indiquent des milieux où l’arbre et l’arbuste sont plus présents : - digue de la Duchesse-Anne : 1,6 couple pour 10 ha ; - vallée du Couesnon (Antrain) : 1,6 couple pour 10 ha ; - station balnéaire (Jullouville) : 1,6 couple pour10 ha ; - zone de culture et hameau (Genêts) : 1,7 couple pour 10 ha ; - zone arborée (Cancale – Saint-Benoît-des-Ondes) : 1,8 couple pour 10 ha ; - partie boisée (Saint-Jean-le-Thomas) : 2,2 couples pour 10 ha. L’estimation proposée dans le périmètre étudié serait a minima de l’ordre de 1 500+ couples. Il est impossible de proposer une tendance pour cette espèce. PROSPECTIONS PROPOSÉES Plusieurs méthodes de recensement sont possibles comme les IPA, les points d’écoute ou les IKA, mais les recherches sur des surfaces supérieures à 100 ha semblent aussi donner de bons résultats en première approche.

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Mésange charbonnière Parus major BILAN Espèce non répertoriée de manière géolocalisée. CATÉGORIE Espèce considérée comme très commune non localisée (échantillonnage). ATLAS DE NORMANDIE (A) La mésange charbonnière est présente de manière homogène sur l’ensemble de la région, elle est nettement en augmentation mais avec probablement des variations interannuelles démographiques parfois fortes. En Normandie, cette espèce est contactée un peu plus de 30 fois sur 100 points d’écoutes (25-50 %), avec les maximums dans les paysages boisées (A2). ATLAS DE BRETAGNE (B) L’espèce est présente de manière homogène sur l’ensemble de la région. En Loire-Atlantique, l’espèce est contactée environ 40 fois sur 100 points d’écoute (B3), mais avec des disparités annuelles. AVANT 1999 (C, D1, D2) Cette espèce est pratiquement absente des notations habituelles des ornithologues. Nous ne répertorions que 47 données en période de reproduction de 1973 à 1999 (D1, D2 dont 4 données sur D2) soit 1,75 données par an en moyenne. DE 2000 À 2012 (D1, D2) La mésange charbonnière est un peu plus notée de 2000 à 2012 (× 7,5, mais en moyenne 13 données par an), surtout du fait de l’intégration de l’enquête Tendances du GONm (Debout, 2013. PROSPECTIONS 2013 Les données récoltées permettent d’essayer de faire un point sur la mésange charbonnière en période de reproduction. Les données obtenues sont essentiellement issues de la seule année d’enquête 2013, où l’espèce a été échantillonnée selon plusieurs méthodes. A. Sur un ensemble de 24 parcours IKA pour une distance totale parcourue de près de 200 km, la mésange charbonnière est présente sur 22 parcours sur 24, ce qui en fait une espèce commune. Les calculs moyens de densités pour 10 ha sont basés sur ces IKA en prenant une distance maximale de détection de 100 m. Les données montrent que les densités varient le plus souvent entre 0,1 et 1 couple pour 10 ha (tableau 3.13 p. 321). Il y a 3 parcours où la densité est plus importante, comprise entre 1,2 et 1,6 couple pour 10 ha, mais ces parcours intègrent des zones un peu plus bocagères. La moyenne et l’écart-type sur l’ensemble des parcours est de 0,21 (σ = 0,22) couple pour 10 ha. Elle est classée en 11e position parmi les espèces les plus communes sur le site, mais l’écart-type est vraiment très important, d’où une incertitude très forte. B. En considérant maintenant 20 des 24 parcours (fig. 3.166), où les milieux ont, cette fois, été pris en compte, la mésange charbonnière semble plus abondante de manière attendue dans les zones où l’arbre est présent ainsi qu’à proximité des habitations (fig. 3.167). Les écarts-types sont très importants, indiquant une espèce à répartition très hétérogène notamment au niveau des fermes (absence dans la grande majorité des cas 36 sur 44). Ces écarts-types ne permettent pas de conclure de manière définitive sur la significativité des résultats.

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Figure 3.166. Mésange charbonnière : moyenne des nicheurs et écart type pour 10 ha dans les grands milieux la baie (IKA couplé à la distance de détection)

Figure 3.167. La mésange charbonnière s’installe facilement en ville (Granville).

C. Des parcours « fermés » (recensement même temps que les espèces à localiser) ont été testés. La densité pour 10 ha est, cette fois-ci, absolue sur des surfaces suffisamment grandes (> 100 ha) qui peuvent donc être validées (fig. 3.168). Les densités trouvées précédemment sont confirmées par cette méthode. Elles montrent aussi que les densités > 1 couples pour 10 ha sont rares, ce qui était pressenti.

Figure 3.168. Mésange charbonnière : densités trouvées sur divers parcours fermés (B : proche bocage ; C : proche culture) Les oiseaux en période de reproduction en baie du Mont Saint-Michel.

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D. Maximums notés et autres zones prospectées (cadre d’enquêtes, études) : Cette espèce est bien présente dans la vallée boisée du Couesnon, elle est rare le long de la digue de la Duchesse-Anne : - digue de la Duchesse-Anne (8,5 km) : 0,3 couple pour 10 ha - vallée du Couesnon (Antrain) : 1,2 couple pour 10 ha - vallée du Couesnon (Aucey-la-Plaine) : 1,2 couple pour 10 ha - allée du Couesnon/Boucey (Pontorson) : 1,6 couple pour 10 ha - bocage de Genêts-Bacilly : 1,2 couple pour 10 ha - pourtour du marais de la Claire-Douve (Saint-Jean-le-Thomas) : 1 couple pour 10 ha L’estimation proposée dans le périmètre étudié serait : a minima, de l’ordre de 500-1000 couples, ce qui est assez faible finalement. Il est impossible de proposer une tendance pour cette espèce. PROSPECTIONS PROPOSÉES Plusieurs méthodes sont possibles comme les IPA ou les IKA, mais les recherches sur de grandes surfaces supérieures à 100 ha semblent aussi donner de bons résultats en première approche.

Figure 3.169. La mésange huppée est presque uniquement présente à Jullouville.

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Mésange huppée Lophophanes cristatus BILAN 8 contacts pour un seul secteur principal. SIGNIFICATION D’UN POINT Simple cri en milieu favorable, donc nicheur possible. CATÉGORIE Espèce à très petit nombre de contacts ou sites < 20. ATLAS DE NORMANDIE (A) C’est une espèce presque inféodée aux conifères, qui a progressé au XXe siècle avec leur plantation, il y a peu de modifications connues sur 20 ans (A1, A2). ATLAS DE BRETAGNE (B) Il y a peu de modifications connues sur 20 ans (B2, B3). AVANT 1999 (C, D1, D2) La mésange huppée est signalée sur les communes de Granville, Saint-Pair-sur-Mer, Jullouville, SaintJean-le-Thomas et Avranches ; elle semble absente du sud de la baie du Mont-Saint-Michel. DE 2000 À 2012 (D1, D2) Seulement 28 données ont été collectées, pour la plupart certainement hors du périmètre recensé durant l’atlas à part Julllouville : à Carolles, au Val Saint-Père, à Dragey-Ronthon, à Saint-Pair-sur-Mer, SaintJean-le-Thomas, Saint-Jean-des-Champs, Antrain, Plerguer. La mésange huppée est pareillement notée annuellement (faiblement) durant cette période 2000-2012 que dans la période 1973-1999. PROSPECTIONS 2009-2012 Seulement 7 contacts ont été obtenus à Jullouville, où la mésange huppée est certainement un peu plus abondante qu’ailleurs mais reste discrète (protocole trop rapide non adaptée à l’espèce), et 1 à Carolles dans un lotissement à conifères à proximité des plateaux de landes. Sur le fichier 1973-2012, la mésange huppée (0,31 % des données « passereaux » pour une 64e position sur 68 espèces plus ou moins communes de la baie du Mont-Saint-Michel) apparaît à peu près au même niveau que la mésange nonnette. L’espèce est inféodée aux conifères. Elle n’a donc été détectée que sur 2 communes, mais le protocole prévoyait d’éviter au maximum l’intérieur des villes. Les communes de Granville, Avranches, SaintPair-sur-Mer et Saint-Jean-le-Thomas n’ont été couvertes qu’à leurs marges, où les conifères étaient peu abondants. Finalement, elle ne serait plus abondante que dans la pinède de Jullouville (fig. 3.169), station balnéaire créée à la fin du XIXe siècle et traditionnellement plantée avec de nombreux conifères, dont le pin maritime et le pin sylvestre. Dans la mesure où c’est la seule zone de ce type sur l’ensemble de la zone d’étude, l’espèce y est plus présente. Elle aurait peut-être pu être détectée aux abords de Cancale mais, de manière identique aux villes du pourtour de la baie, seule la marge côtière a été prospectée. L’estimation proposée est d’une vingtaine de couples à Jullouville et moins de 10 sur l’ensemble du reste de la zone d’étude. On présume une véritable absence sur l’ensemble du sud de la baie, où aucune zone de conifères n’est visible, sinon un bois d’épicéa au marais de Saint-Coulban (Miniac-Morvan) qui ne semble pas l’accueillir. PROSPECTIONS PROPOSÉES Des prospections aléatoires liées aux observations éparses suffisent pour cette espèce ; il n’y a guère qu’à Jullouville qu’une enquête plus poussée pourrait être tentée pour évaluer le nombre réel de couples.

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Mésange nonnette Poecile palustris BILAN 2 sites seulement. SIGNIFICATION D’UN POINT Simple cri en milieu favorable, donc nicheur possible. CATÉGORIE Espèce à très petit nombre de contacts ou sites < 20. ATLAS DE NORMANDIE (A) La population normande de cette espèce déclinante est devenue nettement forestière en Normandie, elle est de plus en plus rare ailleurs avec des constances faibles sur les cartes pour 100 points d’écoute (< 5 % sur 80 % des cartes recensés). Collette (in A2) suggère que cette espèce pourrait ne plus être ce que l’on considérait comme une « espèce commune » et donc devrait être recensée autrement. ATLAS DE BRETAGNE (B) La mésange nonnette est très présente dans les massifs forestiers mais en régression incontestable. Les inquiétudes des atlas breton et normands peuvent être tempérées par les données récentes du STOC en France qui montrent une augmentation des courbes, même si la courbe baisse à nouveau depuis 2013 (Jiguet, 2015). Cette stabilité ou augmentation est confortées par les graphiques de tendance européenne, depuis le milieu des années 1995 (BirdLife, 2015). AVANT 1999 (C, D1, D2) L’espèce est nicheuse rare. DE 2000 À 2012 (D1, D2) La mésange nonnette est contactée sur le marais de Dol-Châteauneuf en 2001 (F2), là où elle est absente en 1998 (F1). Ailleurs c’est une espèce rare, avec seulement une vingtaine de données collectées de 2000 à 2012 sur une dizaine de communes. Cette espèce n’est ni plus ni moins notée (× 3,5) qu’auparavant : elle est « stable » dans sa rareté. PROSPECTIONS 2009-2012 La mésange nonnette parait suffisamment en diminution en Normandie pour que Debout (2012) décide de classer l’espèce comme en danger critique (CR, diminution > 50 %). La base de données 1973-2012 donne une information incontestable qui est la rareté de tout temps de cette espèce sur les communes bordant la baie, au moins sur la partie normande, très prospectée, du site. Sur 68 espèces de passereaux nicheurs ou potentiellement nicheurs, elle apparaît en 66e position, avec seulement 46 données de mars à juillet entre 1973 et 2012. Avec seulement 2 points de contact durant le protocole, le bois de la vallée du Lude (Carolles, site identifié depuis longtemps) et le bois à côté du marais de Châteauneuf d’Ille-et-Vilaine, cette espèce peut être considérée comme excessivement rare autour du site et l’a probablement toujours été. L’estimation du nombre de couples installés dans la zone prospectée (milieu souvent inhospitalier pour cette espèce) ne dépasse sans doute pas 20 couples, installés uniquement sur les marges. PROSPECTIONS PROPOSÉES Des prospections aléatoires liées aux observations éparses suffisent pour estimer la présence de cette espèce. BIBLIOGRAPHIE SPÉCIFIQUE BirdLife International (2014) The BirdLife checklist of the birds of the world: Version 7. Downloaded from http://www.birdlife.org/datazone/userfiles/file/Species/Taxonomy/BirdLife_Checklist_Version_70.zip Jiguet F., 2015. Les résultats nationaux du programme STOC de 1989 à 2013. www2.mnhn.fr/vigie-nature

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Sittelle torchepot Sitta europaea BILAN Seulement 8 sites. SIGNIFICATION D’UN POINT Une observation à toute période de recensement (chant ou individu observé en site favorable), donc nicheur possible. CATÉGORIE Espèce à très petit nombre de contacts ou sites < 20. ATLAS DE NORMANDIE (A) L’espèce occupe presque toute la région : il n’y a pas d’évolution constatée sur 20 ans (A1, A2). ATLAS DE BRETAGNE (B) L’espèce occupe presque toute la région : il n’y a pas d’évolution constatée sur 20 ans (B2, B3). AVANT 1999 (C, D1, D2) Quelques rares sittelles sont signalées sur de rares communes de la partie normande de la baie (Auceyla-Plaine, Carolles, Pontorson, Avranches, Granville, Genêts, Champeaux) et sur une seule commune de la partie bretonne, Baguer-Pican. DE 2000 À 2012 (D1, D2) L’enquête Tendances (Debout, 2013) permet de systématiser la prise en note de cette espèce qui est aussi signalée sur de nouvelles communes en Normandie (Saint-Pair-sur-Mer, Saint-Martin-desChamps, le Val-Saint-Père, Vains), et dans la partie bretonne, elle est enfin notée à Saint-Broladre, Cancale, Plerguer ou Sougéal. Ce dont nous pouvons témoigner, c’est que c’est une espèce véritablement rare jusqu’à maintenant aux abords du site. La sittelle torchepot est notée 5 fois plus que pendant la période précédente, ce qui semble indiquer une certaine stabilité (moyenne × 3) au moins dans la partie est de la baie. PROSPECTIONS 2009-2012 L’espèce est notée à Jullouville, Carolles, Genêts (sur un site atypique non favorable). Elle est présente à Saint-Jean-le-Thomas dans un bois non recensé dans le protocole ou en vallée du Thar (Saint-Pair-surMer) depuis peu ou encore à Saint-Michel-des-Loups, secteur plus boisé à l’arrière de Jullouville. Elle est absente, ou en tout cas rare, de manière surprenante vu le milieu, en vallée du Couesnon (Beaufils, Morel, Bouttier, 2014). Elle pénètre véritablement dans la baie du Mont-Saint-Michel uniquement sur le Mont-Dol, fortement boisé. Mais la surprise vient surtout de quelques contacts sur le pourtour des marais de Dol-Châteauneuf où elle n’apparaît ni dans les prospections 1998 (F1) ni dans celles de 2001 (F2). L’espèce est notée en bonne période sur toute une série de communes au sud de la baie, majoritairement dans les peupleraies. Sa présence aux marges sud de la zone témoigne donc de changements profonds du milieu, lié au devenir de ces peupleraies de grande taille. L’espèce est donc considérée comme une espèce rare dont quelques couples épars s’installent. L’estimation est de 10-15 couples au maximum sur l’ensemble de la zone couverte, avec augmentation vers le sud du site pour les raisons évoquées. PROSPECTIONS PROPOSÉES Des prospections aléatoires liées aux observations éparses suffisent pour le moment ; la sittelle torchepot peut être recherchée au moins sur quelques sites annuellement, comme le Mont-Dol et Carolles. Des prospections ciblées tous les 5 ans pourraient être menées aux marges sud du marais de Dol pour voir si l’espèce progresse. BIBLIOGRAPHIE SPÉCIFIQUE Beaufils M., Morel R. & Bouttier E. 2014. Espace Naturel Sensible du marais de la Folie (Antrain) Bilan d’une année de suivi de l’avifaune en 2013 Rapport Bretagne Vivante pour le Conseil Général d’Ille-et-Vilaine : 58 p.

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Grimpereau des jardins Certhia brachydactyla BILAN Près de 100 sites géolocalisés. SIGNIFICATION D’UN POINT Un chanteur en milieu favorable, espèce recherchée spécifiquement sur certains milieux en 2012, donc nicheur possible. CATÉGORIE Espèce évaluée à 50 à 200 couples. ATLAS DE NORMANDIE (A) Aucune évolution n’est perceptible. ATLAS DE BRETAGNE (B) Aucune évolution n’est perceptible. AVANT 1999 (C, D1, D2) Le grimpereau des jardins est observé sur tout le pourtour de la baie du Mont-Saint-Michel, mais il n’est vraisemblablement pas noté en Bretagne (1 donnée de 2 chanteurs, hors enquêtes, dans le marais de Dol de 1989 à 1999 !). Clergeau & Burel (1997) ont montré qu’il existait encore plusieurs cantonnements intra baie au nord de la digue de la Duchesse-Anne (Roz-sur-Couesnon) le long de digues d’anciens polders (fig. 3.170).

Fig. 3. 170. Répartition du grimpereau des jardins dans les polders (d’après Clergeau et Burel, 1997)

DE 2000 À 2012 (D1, D2) Le grimpereau est 13 fois plus noté durant cette période que dans la précédente. Cet élément est lié aux parcours de l’enquête Tendances, où toutes les espèces sont à signaler systématiquement. Mais l’importance du facteur multiplicateur semble indiquer une augmentation (4 fois plus que la moyenne × 3 de la décennie). Dans la partie bretonne, il est signalé à Antrain, à Sougéal, à Pleine-Fougères, à Roz-sur-Couesnon (bordure falaises), encore sur des communes du marais de Dol-Châteauneuf et à Cancale.

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PROSPECTIONS 2009-2012 Lorsque la carte de cette espèce a été produite (fig. 3.171), la constatation a été immédiate : avec d’autres espèces plus marginales, comme la sittelle torchepot ou le roitelet à triple bandeau voire la mésange à longue queue, le grimpereau des jardins est pratiquement absent de l’intérieur de la baie du Mont-SaintMichel. Les couples encore présents en 1994 (Clergeau & Burel, op.cit.) dans les polders semblent avoir disparu. Ils ont pourtant été cherchés de 2009 à 2014. Il est probable que, comme les auteurs l’expliquent, quelques couples de cette espèce peu mobile ont été isolés par les coupes de haies entre les polders et la zone favorable (falaise de Saint-Broladre). L’isolement fait qu’ils ont ensuite disparu par manque de connexions arbustives ou arborescentes permettant à des immigrants d’accéder à l’intérieur de la baie dans cette zone. Il est resté introuvable sur l’ensemble de la digue de la Duchesse-Anne (9 km), alors que le milieu, certes isolé dans les polders, semble très favorable. Il a, cependant, été détecté à proximité de l’anse de Moidrey (Pontorson), où il peut accéder par le sud, le long des rives arborées du Couesnon. Le grimpereau des jardins peut aussi être entendu dans la baie au Mont-Dol (très boisé sur son sommet et ses flancs) et sur une petite zone de peupleraie près de la Fresnais, où il a été entendu chacune des 4 années de prospection. Dans les marais de Dol-Châteauneuf, la progression est spectaculaire, puisqu’il n’est détecté qu’un seul chanteur en 1998 (F1) puis une quinzaine en 2001 (F2), contre 23 sites de chanteurs pour le présent atlas. Les 200 km de parcours IKA confirment la localisation de cette espèce aux marges de la baie, et une certaine rareté du grimpereau des jardins, avec seulement 6 parcours sur 24 où il est détecté. Il ne fait donc évidemment pas partie des espèces communes.

Figure 3.171. Répartition des points de contacts du grimpereau des jardins (2009-2012) en baie du Mont-Saint-Michel

PROSPECTIONS PROPOSÉES Il n’y a guère que des recherches systématiques ciblées sur des secteurs assez vastes qui peuvent faire progresser sur sa connaissance, avec éventuellement de la repasse. Il faudrait constater si l’augmentation au sud de la baie se poursuit. BIBLIOGRAPHIE SPÉCIFIQUE Clergeau P. & Burel F., 1997. The role of spatio-temporal patch connectivity at the landscape level: an example in a bird distribution. Landscape and Urban Planning, 38 : 37-43. Les oiseaux en période de reproduction en baie du Mont Saint-Michel.

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Groupe Ornithologique Normand 3.2.6

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ORIOLIDÉS, LANIIDÉS, CORVIDÉS, STURNIDÉS

Loriot d’Europe Oriolus oriolus BILAN Une trentaine de points géolocalisés. SIGNIFICATION D’UN POINT Au moins un mâle chanteur en site favorable en juin, donc nicheur possible. CATÉGORIE Espèce dont au moins 20 couples semblent présents mais dont les effectifs nicheurs ne dépassent pas 50 couples. ATLAS DE NORMANDIE (A) L’espèce progresse vers l’ouest (A1, A2). ATLAS DE BRETAGNE (B) Il n’y a pas de modification de l’aire de répartition, l’espèce ne progresse pas du tout vers l’ouest. Le loriot d’Europe est absent du Finistère, des Côtes d’Armor, et il existe une carte indicée dans le Morbihan. Dans les zones occupées, il semble qu’il y a densification des points (B2, B3). AVANT 1999 (C, D1, D2) Le loriot d’Europe est probablement nicheur dans les polders, sans que l’on sache vraiment si c’est occasionnel ou régulier ; il est certainement installé dans les marais de Dol et autour du marais de Châteauneuf (5-6 sites en 1998, F1). Une estimation anonyme, non étayée, de 10-20 couples en vallée du Couesnon est proposée à la fin des années 1980 (Collette, 1989). Cet effectif n’est pas retrouvé dans les années 1990 malgré des prospections régulières, menées entre l’anse de Moidrey (Pontorson) et le marais de la Folie (Antrain). Des chanteurs sont entendus de Servon à Jullouville, en passant par la vallée de la Sélune et les bois de Carolles, les marais de Vains, de la Claire-Douve (Saint-Jean-leThomas, Dragey-Ronthon ou Genêts), mais il y a peu de données de nidification certaine. DE 2000 À 2012 (D1, D2) Il y a très peu d’évolution par rapport aux informations connues auparavant. Les sites où l’espèce est entendue restent les mêmes. Le loriot d’Europe est noté 1,6 fois plus durant cette période que dans la précédente (× 3 en moyenne pour toutes les espèces de passereaux). Il est donc probable que le loriot d’Europe, noté sans doute systématiquement par les observateurs, soit un peu moins abondant lors de la dernière décennie, notamment à l’est de la baie du Mont-Saint-Michel d’où la plupart des données opportunistes proviennent. Ceci peut être aussi dû à des prospections moins nombreuses dans les marais de Dol-Châteauneuf durant la période récente. PROSPECTIONS 2009-2012 Le loriot d’Europe n’a été localisé que par les données de juin pour éviter de prendre en compte les données de migrateurs. Les migrateurs précoces d’une part : la prise des données de migrateurs de début de saison peut en effet amener à surestimer le nombre de données de nidification, comme l’illustre cette observation sur le marais de la Folie (Antrain) où, pour 4 loriots entendus un matin de mai, les visites suivantes ne montreront la présence régulière que d’un seul chanteur. Les migrateurs tardifs d’autre part : en effet, le passage du loriot d’Europe peut être extrêmement tardif comme nous l’avions constaté en forêt de Rennes lors d’une étude où des mâles, non présents auparavant, étaient entendus sans lendemain le 2 juin (notes pers.). La nidification certaine ne concerne qu’une famille de jeunes volants observée à Ardevon (Pontorson). Quelques rares femelles ou couples sont aussi notés, mais 25 des 29 indices concernent des mâles chanteurs en juin. Cette espèce est retrouvée sur les sites connus traditionnellement : dans les polders (2 sites), dans le secteur de la Bretèche (Servon) (2 sites), au marais de la Braize (Saint-Jean-de-la-Haize), en vallée du Couesnon (6 sites, c’est-à-dire ce qui était présumé dans les années 1990) et surtout dans l’ouest de la baie (14 sites) dans les grandes peupleraies à l’ouest de Dol-de-Bretagne.

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Le loriot n’est pas signalé, ou très rarement, en juin à Carolles, ni à la mare de Bouillon (Jullouville), ni à Genêts et plus généralement au nord-est de la baie, malgré des sites apparemment favorables à son accueil. Les sites connus depuis longtemps sont donc toujours occupés. Au cours des 5 années d’enquêtes, le loriot de d’Europe n’a certainement jamais été aussi abondant qu’en 2012. Cela tend à confirmer les variations dont il est fait état sur le marais de Dol-Châteauneuf (F1) : seulement 6 individus sont contactés en 1998, alors que des informateurs ont signalé que l’espèce « aurait été plus abondante » (ce qui n’est manifestement pas discernable sur la base de données de Bretagne Vivante depuis 1989 et donc non écrit). Il en est détecté 16 en 2001 (F2), ce qui correspond aux chanteurs estimés uniquement en 2012. Finalement, on retrouve, aux variations annuelles près, la population de loriot d’Europe sur peupleraie, connue depuis des décennies sur le site. La baie du Mont-Saint-Michel conserve donc cette population totale de l’ordre de 20-30 couples (spatialement très localisés, fig. 3.172), dont nous supposons finalement qu’elle est ancienne, et depuis longtemps en limite de répartition ouest en France (Yeatman, 1976 ; B1). Il n’est pas impossible que l’évolution actuelle des peupleraies, surtout leur vieillissement, permette à la population de croître.

Figure 3.172. Répartition des points de contacts du loriot d’Europe (2009-2012) en baie du Mont-Saint-Michel

PROSPECTIONS PROPOSÉES La prospection doit cibler les peupleraies, compte tenu des connaissances sur l’espèce en baie ; une matinée en juin dans les secteurs stratégiques des marais de Dol permettrait déjà de constater les probables variations interannuelles. BIBLIOGRAPHIE SPÉCIFIQUE Collette, J. 1989. Inventaire ornithologique des basses vallées des fleuves de la baie du Mont-Saint-Michel ; campagne 1989 : vallées de la Sée et du Couesnon. GONm pour la DIREN. Doc. polycopié : 21 p. Yeatman L., 1976 Atlas des oiseaux nicheurs de France. Loriot d’Europe Oriolus oriolus. Ministère de la qualité de la vie – Environnement : 258

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Pie-grièche écorcheur Lanius collurio BILAN 2 points de géolocalisation. SIGNIFICATION D’UN POINT Simple présence en juin mais recherche de l’indice maximum une fois le site identifié. CATÉGORIE Espèce à très petit nombre de contacts ou sites < 20. ATLAS DE NORMANDIE (A) Le nombre de cartes indicées entre les deux atlas évolue positivement de 22 (A1) à 59 (A2). Les populations du département de la Manche disparaissent (Chevalier, comm. pers.), il y a stabilité dans le Calvados (plus importante population normande), l’Eure et la Seine Maritime et une forte augmentation dans l’Orne. Il y a nette expansion de l’aire de répartition à l’est de la Normandie avec les aires disjointes (A1), Calvados-Orne, qui se rejoignent (A2). ATLAS DE BRETAGNE (B) Le constat est le même qu’en Normandie, il y a expansion de l’aire de répartition vers le nord, avec augmentation forte du nombre de cartes indicées par rapport au précédent atlas (14 B2, 52 B3) et même par rapport à l’atlas des années 1970 (B1) : en Loire Atlantique (11 à 33 cartes), dans le Morbihan (1 à 5 cartes), en Ille-et-Vilaine (1 à 11 cartes) et présence dans le Finistère (0 à 3 cartes). AVANT 1999 (C, D1, D2) Un couple est signalé à Jullouville en 1979 et un autre à Granville en 1980. Dans le marais de DolChâteauneuf, la petite population a probablement été découverte en 1983 (Bouteloup, in F1). Sur ce site, 2-3 couples sont recensés à partir de 1989 (Bourgault, 1990). En 1995, un recensement exhaustif élargi de la zone permet d’estimer la population réelle à au moins 6-7 couples et un mâle non apparié (F1, fig. 3.173). Il n’existe pas de population ni de couple isolé à l’est de la baie jusqu’en 1999.

Figure 3.173. Localisation des couples de pie-grièche écorcheur dans le marais de Dol (d’après Pulce, 2000). Les oiseaux en période de reproduction en baie du Mont Saint-Michel.

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DE 2000 À 2012 (D1, D2) Les couples du marais de Dol-Châteauneuf perdurent jusqu’en 2003-2004 (Février in Provost, 2003, F2). Ils disparaissent entre 2004 et 2010, mais l’historique précis n’est pas suffisamment documenté dans la base d’Ille-et-Vilaine. La disparition des couples au niveau du Biez du Milieu (Roz-Landrieux) n’est pas non plus documentée au niveau de la base 35 (D2). Il est probable qu’en 2007-2008, il reste encore au moins 1-2 couples (Eybert, 2008, D2) à l’intersection des communes de Saint-Guinoux et de Plerguer-Lillemer, sur la zone dite La Rosière (Plerguer) où sera effectuée en 2010 la dernière observation connue de reproduction probable. À l’est de la baie, un premier couple est détecté dans le marais de la Claire-Douve (Dragey-Ronthon) à partir de 2001. Un couple s’installe en 2009 au Mont-Manet (Genêts), un couple est découvert en 2012 à proximité de Saint-Léonard (Vains). PROSPECTIONS 2009-2012 Les prospections lors de l’atlas ne permettent pas d’observer l’espèce dans les marais de DolChâteauneuf. Le passage dans le secteur de la Rosière (Plerguer), site où ont été obtenues les dernières observations de l’espèce, est effectué en 2011. Aucune donnée dans la base de Bretagne Vivante (D2) n’atteste donc de sa présence après 2010. Les observations à l’est de la baie du Mont-Saint-Michel ne sont pas très nombreuses : le couple des marais de la Claire-Douve (Dragey-Ronthon) présent depuis 2001 semble avoir disparu après 2011 (D1). À partir de 2009, un couple est détecté au Mont-Manet/Genêts, il s’y reproduit toujours en 2012 ; 1 couple avec des jeunes est détecté à Saint-Léonard (Provost, 2013) ; une femelle est détectée dans le marais de Pontorson en juin 2012. Avant 2003, au moins 6-8 couples sont installés dans le marais de Dol-Châteauneuf depuis au moins 1989. Après 2010, les 6-8 couples du marais de Dol-Châteauneuf ont disparu, mais on retrouve 2-3 couples dans l’est de la baie du Mont-Saint-Michel. Le bilan fait donc état d’une perte globale de 4-5 couples sur l’ensemble de la baie. Si on prend en compte la seule population proche de la côte ouest du Cotentin (nord de Granville, Chabot, 1996), également très isolée, qui disparaît à la fin des années 2000 (Chevalier, comm. pers.), on est passé au cours des années 2000 d’une petite vingtaine de couples pour 3 petits noyaux de populations à seulement 3 couples au maximum pour un seul petit noyau de population (est de la baie) pour l’ensemble du site et la côte ouest du Cotentin. La perte locale s’avère donc plus importante qu’il n’y paraissait de prime abord, même si elle ne concerne finalement que 2 ou 3 très petits noyaux de populations isolées dans le Grand Ouest. Lors des prospections de cette enquête, les 2-3 couples de l’est de la baie et la femelle isolée de Pontorson s’installent systématiquement sur des espaces que l’on imagine comme typiques pour cette espèce : de « belles » prairies « naturelles » de fauche, haies arbustives à épineux de type aubépine (ou prunellier) et piquets de clôture, dans un système agricole plutôt extensif. C’est dans un paysage équivalent qu’évoluaient les couples présents dans les années 1990 au nord de Granville et dans les marais de Dol-Châteauneuf (même si, sur ce dernier site, on peut souligner que le maïs était déjà souvent cultivé à proximité des zones de nidification). La disparition de la population des marais de Dol-Châteauneuf pose question, dans la mesure où le site ne semble avoir connu d’événements qui l’auraient brutalement rendu inutilisable : pas de destruction de haies ni de changements drastiques des pratiques agricoles locales. Un travail de cartographie mené dans les années 1990 dans le secteur de Lillemer – Plerguer – Saint-Guinoux par Bachelot (1996) nous apporte toutefois une information très précieuse. Si les relevés d’occupation des sols et des habitats (voir carte « occupations précises du sol » p. 25 de son rapport) ne montrent que très peu de changements par rapport à la situation actuelle, ils mettent en évidence une différence de « taille » : à l’époque, la majorité des peupleraies ne dépassaient pas une hauteur de 5 m, alors que, 17 ans plus tard, les arbres sont 3 à 4 fois plus hauts ! Les peupliers projettent désormais une ombre très importante une bonne partie de la journée sur les prairies adjacentes auparavant fréquentées par l’espèce. En outre, dans plusieurs zones où des territoires étaient occupés, on constate l’abandon des pratiques d’entretien régulier des haies (haies de saules notamment, plus hautes et touffues qu’auparavant), et certains champs laissés en friche, friche favorable en début de cycle et évoluant vers un milieu boisé moins favorable. C’est un problème récurrent sur l’ensemble du territoire étudié : avec le temps et l’évolution de la friche vers un milieu boisé, le milieu devient moins favorable aux espèces de milieu ouvert.

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Les résultats obtenus lors de cette enquête viennent conforter ce constat, montrant nettement que de nombreuses espèces inféodées aux habitats boisés ont colonisé cette partie des marais de DolChâteauneuf depuis les recensements de 1998 (F1) (grive musicienne, grimpereau des jardins, pic épeiche, loriot d’Europe, geai des chênes, bouscarle de Cetti et plus marginalement mésange nonnette, bouvreuil pivoine, sittelle torchepot). Dans le même temps, la rousserolle verderolle est nettement plus implantée vers le nord, délaissant les zones trop boisées du sud (Beaufils, 2016). Ce panel d’espèces donne ainsi des indices corroborant l’hypothèse d’une fermeture du milieu par les boisements, de plus en plus défavorables à la pie-grièche depuis une dizaine d’années sur le secteur, même si les méthodes de recensement sont différentes (fig. 3.174). Au nord de Granville, la disparition de la petite population de pie-grièche intervient aussi à un moment où la poussée des arbustes est très forte (il n’y a plus de gestion) sur les sites où elle était présente auparavant, dont certains sont désormais de vastes friches boisées impénétrables.

Figure 3.174. Sur les anciens sites à pie-grièche écorcheur au fond, les saules ont fortement poussé ainsi que les « petites plantations » de peupliers de 1995.

Pour la pie-grièche écorcheur, les milieux apparemment favorables à la reproduction sont et restent nombreux. Si on peut étudier les quelques couples de manière plus approfondie, il y aurait bien d’autres espèces aussi intéressantes d’un point de vue dynamique (positive ou négative) que l’on pourrait suivre. Ces espèces communes ou assez communes, ou groupes d’espèces, permettraient de mieux appréhender les impacts à long terme de l’évolution des paysages sur l’avifaune, connaissance qui serait très utile pour élaborer des stratégies de gestion ciblée des milieux, favorable aussi à la pie-grièche écorcheur (gestion qui, pour le moment, se fait surtout empiriquement… quand il y a de la gestion !). PROSPECTIONS PROPOSÉES Des prospections aléatoires liées aux observations éparses suffisent à détecter cette espèce (une augmentation se verrait sans doute rapidement) ; l’espèce est à rechercher au moins sur quelques sites annuellement, les sites d’observations actuels et anciens, les sites dans un paysage favorable.

BIBLIOGRAPHIE SPÉCIFIQUE Bachelot, B. 1996 – Les pies-grièches écorcheurs dans le marais de Dol-de-Bretagne. Rapport B.T.A. Aménagement de l’espace. Option : Gestion de la faune sauvage Session 1994/1996 encadrement SEPNB : 29 p. et annexes Beaufils M., 2016. La rousserolle verderolle en baie du Mont-Saint-Michel. Ar Vran 27-2 : 15-38 Bell dans Rousselle G., 1990. Les oiseaux sauvages. Servon (Manche) : 761 p. (622-625) Bourgaut Y. (1990) Nidification de la Pie-grièche écorcheur dans la région de Dinan. en 1989. Ar Vran-GOB vol 1 n°1 p 3536 Chabot E., 1996. La pie-grièche écorcheur Lanius collurio dans la Manche : résultats de l’enquête 1995. Le Cormoran 9 (43) : 205-212 Eybert M.C., Geslin T., Morel L., 2008. Site des marais de Châteauneuf. Les oiseaux nicheurs au printemps 2008. UMR 6553 – Écosystèmes, Biodiversité, Évolution : 18 p. Février Y., in Provost S., 2003. La pie-grièche écorcheur Lanius collurio dans les marais de Dol en 2001. Statut et évolution de l’espèce. GONm – Bretagne Vivante : 34-43 Provost S., 2013. Les oiseaux de la Baie du Mont-Saint-Michel en 2012. GONm/ Bretagne Vivante, Maison de la Baie du Vivier-sur-Mer, AESN : 88 p.

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Geai des chênes Garrulus glandarius BILAN Près de 130 points de géolocalisation. SIGNIFICATION D’UN POINT Individu sur site favorable, donc nicheur possible. CATÉGORIE Espèce évaluée à 50 à 200 couples. ATLAS DE NORMANDIE (A) Le geai des chênes est plutôt considéré en augmentation. ATLAS DE BRETAGNE (B) L’espèce est en probable augmentation, même si elle est considérée comme stable, augmentation de 10 % du nombre de mailles indicées entre B2 et B3. AVANT 1999 (C, D1, D2) La synthèse (C) ne comporte que quelques lignes, le commentaire sur les nicheurs est laconique : « l’espèce est peu notée aux abords de la baie, elle ne niche qu’en de rares endroits. » DE 2000 À 2012 (D1, D2) L’évolution n’est pas connue, cette espèce étant peu notée en période de reproduction (et de manière générale) par les ornithologues ; elle est juste notée lors de la constitution des atlas régionaux. Les parcours de l’enquête Tendances (GONm, Debout, 2013) permettent au geai des chênes d’être 5 fois plus notée durant cette période que dans la période 1973-1999, ce qui est l’ordre de grandeur pour les espèces communes (× 5-7). PROSPECTIONS 2009-2012 (2013) Le geai des chênes s’est vraisemblablement implanté à l’intérieur de la baie (fig. 3.175) depuis une ou deux décennies. En 1998, seulement 5 contacts sont obtenus sur le marais de Dol-Châteauneuf (F1), pour 25 lors de cette enquête pour une surface identique de 2 000 ha. Des boisements, en augmentation dans ce secteur, peuvent expliquer en partie la diminution parallèle d’espèces de milieux ouverts. C’est en tout cas une des espèces inattendues à un aussi haut niveau (fig. 3.173). En France, l’espèce augmente fortement depuis 20 ans (Jiguet, 2015).

Figure 3.175. La vallée du Thar se boise : outre les peupleraies plantées il y a quelques décennies, on voit en arrière la déprise et naturellement, la friche s’installe...

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MIGRATIONS Nous avons fait extrêmement attention, lors de la validation des données, de ne pas prendre en compte les périodes de remontées migratoires (après les invasions automnales plus nombreuses en France depuis une décennie, Migraction.net, 2012) notamment au printemps 2011. Les geais des chênes ont alors un comportement très standardisé caractéristique d’oiseaux non locaux (souvent groupés en bandes, vols, en matinées, d’altitude très atypiques). La baie du Mont-Saint-Michel se boise en partie (conséquence de la déprise agricole, ce qui peut expliquer une présence plus importante du geai des chênes. Le nombre de points trouvés correspond-il au nombre de couples ? Rien n’est moins sûr. Cette espèce est clairement absente des polders. Le geai des chênes est présent dans 20 parcours IKA sur 24, ce qui en fait une espèce commune largement répartie mais à faible densité. Les densités évaluées (distance maximale de détection de 250 m) sont de l’ordre ou inférieures à 0,05 pour 10 ha (tableau 3.13, p. 321), ce qui correspondrait à 160 couples sur l’ensemble du site prospecté pour 126 points trouvés lors de l’enquête localisation. L’ordre de grandeur semble donc le même par les deux méthodes.

Figure 3.176. Répartition des points de contacts du geai des chênes (2009-2012) en baie du Mont-Saint-Michel

PROSPECTIONS PROPOSÉES Faut-il utiliser des méthodes d’échantillonnage, des prospections sur de vastes surfaces ? Cette espèce peu cotée par les ornithologues en période de reproduction a peu de chance d’être recensée en dehors des parcours Tendances (Debout, 2013) ou d’enquêtes régionales ou nationales (STOC, Jiguet, 2015). BIBLIOGRAPHIE SPÉCIFIQUE Jiguet F., 2015. Les résultats nationaux du programme STOC de 1989 à 2013. www2.mnhn.fr/vigie-nature Migraction. Synthèse annuelle par site, 2015. http://www.migraction.net/

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Pie bavarde Pica pica BILAN Un peu plus de 200 points de géolocalisation. SIGNIFICATION D’UN POINT Un nid apparemment occupé, donc nicheur probable. CATÉGORIE Espèce à plus de 200 couples, mais à moins 1 000. ATLAS DE NORMANDIE (A) La pie bavarde serait en régression en l’état des connaissances. ATLAS DE BRETAGNE (B) Cette espèce serait stable en l’état des connaissances. AVANT 1999 (C, D1, D2) Il existe trop peu d’informations sur cette espèce pour en tirer un texte cohérent. DE 2000 À 2012 (D1, D2) Il existe trop peu d’informations sur cette espèce pour en tirer un texte cohérent. Les parcours de l’enquête Tendances (Debout, 2013) permettent à la pie bavarde d’être 7 à 8 fois plus notée durant cette période 2000-2012 que dans la période 1973-1999. Elle fait partie des espèces peu notées qui apparaissent alors presque uniquement dans les enquêtes toutes espèces ou lors de la constitution des atlas. PROSPECTIONS 2009-2012 (2013) C’est un peu une surprise de trouver la pie bavarde à ce niveau assez haut (fig. 3.177). Si elle est clairement plus commune près des fermes, hameaux ou bourgs, on peut aussi la trouver hors de toute zone d’habitation. L’observation la plus surprenante est celle d’un nid occupé avec des œufs, trouvé en plein milieu de la digue ouest du Mont-Saint-Michel, sur un pommier « sauvage » bas, dans une zone qui n’est pas accessible aux marcheurs. Les indices collectés semblent fiables et presque tous de nidification certaine puisque l’on peut, à chaque fois, indiquer « nid probablement occupé » en prenant garde toutefois aux multiples nids construits par un même couple. Finalement, les 200 couples (estimation minimale) sont uniformément répartis, les peupliers semblant régulièrement utilisés dans les polders (fig. 3.178). Son absence au sud d’Antrain en basse vallée du Couesnon ne semble ni un biais ni un manque de prospection. Depuis 2012, où elle fait l’objet d’une recherche systématique, elle est vraiment rare ET très localisée ! La pie bavarde est présente dans 20 des 24 parcours IKA, ce qui en fait une espèce commune largement répartie. Les densités évaluées sont faibles (distance maximale de détection de 200 m). Elles sont de l’ordre de 0,15 couple pour 10 ha (tableau 3.13, p. 321), ce qui correspondrait à 280 couples sur l’ensemble du site prospecté, pour 200 trouvés en réalité lors de l’enquête localisation. L’ordre de grandeur semble donc le même par les deux méthodes. PROSPECTIONS PROPOSÉES Cette espèce, peu cotée des ornithologues, a peu de chance d’être recensée en dehors des parcours Tendances (GONm) ou d’enquêtes régionales ou nationales (STOC).

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Figure 3.177. Répartition des points de contacts de la pie bavarde (2009-2012) en baie du Mont-Saint-Michel

Figure 3.178. La pie bavarde utilise parfois les linéaires de peupliers des polders (Beauvoir).

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Choucas des tours Corvus monedula BILAN Près de 150 points de localisation de colonies. SIGNIFICATION D’UN POINT Individu sur site de nidification favorable, donc nicheur possible. CATÉGORIE Espèce coloniale évaluée à 50 à 200 couples sur la zone d’étude proprement dite, qui est en réalité utilisée par de nombreux autres oiseaux nicheurs en périphérie. ATLAS DE NORMANDIE (A) C’est une espèce qui est stable (A1, A2). ATLAS DE BRETAGNE (B) C’est une espèce qui est en progression forte : 170 à 284 cartes indicées (B2, B3). AVANT 1999 (C, D1, D2) Il n’y a pas de commentaires sur la nidification, mais à l’époque aucun état des lieux n’avait été dressé. DE 2000 À 2012 (D1, D2) Aucune évolution n’apparaît globalement dans les bases de données, malgré une progression flagrante (notes pers.) sur certains sites. Les parcours de l’enquête Tendances (Debout, 2013) permettent au choucas des tours d’être 7 fois plus notée durant cette période qu’entre 1973 et 1999. PROSPECTIONS 2009-2012 Environ 150 couples ont été détectés dans le périmètre étudié (250 km² hors les herbus). Ces points donnent une idée de la répartition plus que des effectifs. En effet, des villes et villages comme Granville, Carolles, Avranches et ses alentours, Pontorson ou Dol-de-Bretagne sont loin d’avoir été recensés entièrement : par exemple, pas de recherche en ville d’Avranches où il semble abondant ; sans doute la moitié des couples de Pontorson recensés, sans doute 1/5 des couples à Antrain, alors qu’on a sans doute 100 % des couples à Dol-de-Bretagne, mais une faible population. Le protocole n’est pas adapté à ce genre d’espèce coloniale des zones urbaines.

Figure 3.179. À Pont-Gilbert, le choucas des tours est abondant comme dans bien des communes « minérales » à l’est de la baie du Mont-Saint-Michel.

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On peut retenir la répartition peu dense à l’ouest, avec quelques 10 à 20 couples à Antrain, quelques couples à Dol-de-Bretagne, Saint-Broladre et Hirel et un individu isolé à Cancale sur le toit d’une maison. Encore plus à l’ouest, on ne retrouve le choucas que vers Saint-Malo (B3). L’espèce est beaucoup plus commune dans la partie normande à partir de Pontorson et vers le nord. Tous les secteurs urbains sont loin d’être occupés : le choucas est présent à Granville, Saint-Pair-sur-Mer, à Jullouville, à Carolles, peu commun à Saint-Jean-le-Thomas, présent à Bacilly, Vains, commun à Pont-Gilbert au bas d’Avranches (fig. 3.179), à Avranches, au Mont-Saint-Michel. En dehors de la zone retenue pour l’enquête, l’espèce est repérée à proximité à l’ouest de la route Granville-Avranches : une colonie forte d’une centaine de couples à Sartilly, mais aussi des couples à Saint-Pierre Langers, au hameau d’Angomesnil (Saint-Pair-sur-Mer), à Lézeaux (Jullouville). Pour ces derniers sites, il est certain (obs. pers.) que cette espèce était absente comme nicheur jusqu’à 2005. Finalement, avec ce protocole, l’estimation proposée à partir de nos résultats est d’environ 150 couples (fig. 3.180), mais on peut au moins tripler ce chiffre avec les colonies d’Avranches (au moins 80 couples en 2011 dans la vieille ville d’Avranches d’après Collette (2012) et autant hors de la vieille ville, Collette, comm. pers.), de Sartilly et les colonies éparses ; l’ensemble du grand pourtour de la baie du Mont-Saint-Michel pourrait donc compter autour de 500 couples, dont plus de 80 % à l’est du site. Pour cette espèce, outre les zones agricoles (surtout prairies, terres labourées), on indiquera aussi l’utilisation massive parfois (jusqu’à plusieurs dizaines d’oiseaux rarement plusieurs centaines) des herbus de la zone estuarienne, ainsi que parfois des vasières (observation régulière devant Saint-Jeanle-Thomas). Ces groupes utilisant le domaine public maritime sont très peu notés et comptés. Ils n’apparaissent que rarement dans les bases de données opportunistes.

Figure 3.180. Répartition des colonies du choucas des tours (2009-2012) en baie du Mont-Saint-Michel

PROSPECTIONS PROPOSÉES La mise en place d’un protocole spécifique peut être proposée. L’espèce est en réalité extrêmement peu notée sur les fichiers. Elle intéresse peu les ornithologues. Il faudrait ne pas hésiter à noter systématiquement les oiseaux sur le DPM notamment les troupes importantes. BIBLIOGRAPHIE SPÉCIFIQUE Collette J., 2012. Avifaune de la vieille ville d’Avranches. Le Cormoran, 18 (76) : 229-239.

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Corbeau freux Corvus frugilegus BILAN Une petite dizaine de colonies, pour près de 800 nids recensés en 2010. SIGNIFICATION D’UN POINT Détection d’un nid, donc nicheur certain. CATÉGORIE Espèce à plus de 200 couples, mais à moins de 1 000. ATLAS DE NORMANDIE (A) L’espèce serait au moins stable, sinon en augmentation. Elle se compte en dizaine de milliers de couples (30 000-40 000, Debout, 2003) dont le tiers en Haute Normandie. ATLAS DE BRETAGNE (B) Après une diminution des effectifs dans les années 1970-1980 (B1), le corbeau freux est à nouveau en expansion (autour de 2 000 couples) en Bretagne dans les années 1980 (B2) et il évolue positivement depuis (estimation 4 000 couples, B3). AVANT 1999 (C, D1, D2) Des colonies sont surtout connues à Dragey-Ronthon, Genêts, Vains, à la mare de Bouillon (Jullouville), à Sougéal, à l’anse de Moidrey (Pontorson). Au maximum moins de 200-300 couples nichent sur le secteur à la fin de la période 1973-1999. DE 2000 À 2012 (D1, D2) Les informations recueillies proviennent principalement d’un observateur tout au long de la période 1978-2012 pour les principaux sites, L. Loison (tab. 3.4). Ceci permet, a minima, en prenant en compte les quelques données complémentaires des autres observateurs, de tracer un historique assez long. La base de données (D1, D2) a été découpée en périodes de 5 ans car, certaines années, les colonies ne sont pas décomptées. Puis nous avons pris les communes fréquentées sur 5 ans et le maximum de nids observés durant cette période par site ou commune. On constate très nettement l’augmentation du nombre de communes occupées à partir de la fin des années 1990 et, parallèlement, du nombre de nids. Une nouvelle augmentation intervient à la fin des années 2000, tout en sachant que les colonies de Sougéal, qui se sont réimplantées à cette époque, n’apparaissent pas dans les résultats car il y a seulement quelques rares données sur la base d’Ille-et-Vilaine. Le nombre moyen de nids par colonie est de 40 avec un fort écart type (σ = 34), montrant qu’il n’y a pas de règle quant au mode d’installation de l’espèce. La plus grosse colonie comporte 180 nids et la plus petite 4. Toutes les colonies de plus de 100 nids sont essentiellement observées après 2009. Tableau 3.4. Évolution du nombre moyen de communes où des nids sont signalés et évaluation du nombre moyen de nids de 1978 à 2012 par période de 5 ans Périodes 1978-1982 1983-1987 1988-1992 1993-1997 1998-2002 2003-2007 2008-2012 Nombre moyen de communes

3

4

6

3

8

7

13

Nombre moyen de nids

50

100

130

120

300

330

800

PROSPECTIONS 2009-2012 Plutôt que de compter les nids dans les zones prospectées de 2009 à 2012, nous avons préféré réaliser, avec une dizaine d’observateurs, une enquête en 2010 spécifiquement dédiée à cette espèce coloniale (fig. 3.181). Le bilan s’établit à environ 800 nids. L’augmentation est perceptible avant ce recensement plus complet de 2010 La colonie la plus à l’ouest dans le marais de Dol-Châteauneuf correspond sans doute à une expansion territoriale, mais elle ne s’est en réalité installée qu’en 2009 et 2010. Il y a donc concentration de la Les oiseaux en période de reproduction en baie du Mont Saint-Michel.

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population à l’est de la baie du Mont-Saint-Michel, sans que l’on puisse comprendre pourquoi : le milieu apparemment très favorable dans la partie occidentale de la baie n’est pas conquis. Choquené (2003) écrit à partir d’une enquête réalisée en Ille-et-Vilaine, qui montre l’expansion de l’espèce : « Une progression des effectifs paraît pouvoir être confirmée, par la multiplication des colonies mais certainement également par la taille des colonies. Il semblerait que les populations s’accroissent de manière concentrique à partir des colonies les plus anciennes. L’expérience a d’ailleurs montré que la destruction d’une colonie pouvait avoir pour conséquence l’éparpillement des adultes qui se réinstallent à peu de distance en colonies satellites. » Comme Choquené (op.cit.), nous constatons que les colonies s’installent de proche en proche utilisant de nouveaux sites (grâce à l’accroissement de la taille ou de la coupe de certains peupliers). Les destructions de colonies par tirs sur les jeunes ou par exploitation des peupleraies ont apparemment peu de conséquences majeures (obs. pers. notamment à Sougéal et Saint-Pair-sur-Mer), les oiseaux se réinstallent l’année suivante ou déménagent plus loin.

Figure 3.181. Répartition des colonies du corbeau freux (2009-2012) en baie du Mont-Saint-Michel

PROSPECTIONS PROPOSÉES Un comptage des nids sur les colonies juste avant l’apparition des feuilles est déjà une très bonne indication. Recherche de nouvelles colonies à partir de la cartographie connue qu’il faut donc constituer (colonies existantes, colonies disparues…) sous base de données géolocalisées. BIBLIOGRAPHIE SPÉCIFIQUE Choquené G.L., 2003. Enquête sur les corbeaux freux Corvus frugilegus nicheurs en Ille-et-Vilaine (saison 2000-2002). Le Grèbe, 14 : 7-10. Debout G., 2003. Le corbeau freux Corvus frugilegus nicheur en Normandie : recensement 1999 et 2000. Le Cormoran, 13 (58) : 115-121.

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Corneille noire Corvus corone BILAN Pas de géolocalisation pour cette espèce. CATÉGORIE Espèce considérée à la base comme commune non localisée. ATLAS DE NORMANDIE (A) L’espèce est présente de manière homogène sur l’ensemble de la région sur les deux atlas (A1, A2). Longtemps en phase de forte croissance, la courbe de cette espèce s’infléchit depuis 2006. ATLAS DE BRETAGNE (B) L’espèce est présente de manière homogène sur l’ensemble de la région sur les trois atlas (B1, B2, B3). AVANT 1999 (C, D1, D2) Le texte (C) est insuffisamment documenté pour cette espèce sur l’ensemble de l’année, et encore moins documenté en période de reproduction. DE 2000 À 2012 (D1, D2) La corneille noire est aussi peu notée en période de reproduction. L’enquête Tendances (Debout, 2013) permet tout de même que cette espèce soit 5 fois plus notée que durant la période précédente. PROSPECTIONS 2013 Les données récoltées permettent d’essayer de faire un point sur la corneille noire en période de reproduction. Ces données sont obtenues essentiellement à partir d’une seule année d’enquête (2013), où l’espèce a été échantillonnée selon plusieurs méthodes. Les résultats indiquent que ce n’est pas une espèce si commune en période nuptiale. Ceci contraste avec les observations faites en période internuptiale (D1, D2), où la corneille noire paraît plus abondante. Il est possible que ce soit lié à un effet de groupes, ces derniers étant peut-être plus notés, notamment en zone littorale. A. Sur un ensemble de 24 parcours IKA pour une distance totale parcourue de plus de 200 km, la corneille noire est présente 21 fois sur 24, ce qui en fait une espèce largement répartie. Les calculs moyens de densités pour 10 ha (IKA et distance de détection maximale de 500 m) en font une espèce à densité faible, dont les meilleurs scores atteignent au mieux et rarement 0,5 couples pour 10 ha (tableau 3.13, p. 321). La moyenne et l’écart-type sur l’ensemble des parcours sont de 0,11 (σ = 0,09). De ce fait, elle n’est classée qu’au 28 e rang sur 35 espèces considérées comme plus ou moins communes. B. En considérant maintenant 20 des 24 parcours (fig. 3.182) où les milieux ont, cette fois, été pris en compte, on constate sans surprise que l’espèce est un peu plus présente sur les zones arborées et que la proximité de l’homme ne la dérange guère. Les écarts-types sont très importants, indiquant une espèce à répartition en réalité très hétérogène. Ces écarts-types ne permettent pas de conclure de manière définitive sur la significativité des résultats.

Figure 3.182. Corneille noire : moyenne des nicheurs et écart type pour 10 ha dans les grands milieux de la baie Mont-Saint-Michel (IKA couplé à la distance de détection) Les oiseaux en période de reproduction en baie du Mont Saint-Michel.

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C. Des parcours « fermés » (recensement en même temps que les espèces à localiser) ont été testés. Ces surfaces de plus de 100 ha (fig. 3.183) permettent de proposer des densités pour 10 ha qui ont du sens (cf. aparté 2, p. 12). Les ordres de grandeurs des densités trouvées précédemment sont parfaitement confirmés par cette méthode. La vallée boisée du Couesnon accueille les densités les plus importantes, qui restent faibles.

Figure 3.183. Corneille noire : densités trouvées sur divers parcours fermés (B : proche bocage ; C : proche culture)

D. Maximums notés et autres zones prospectées (cadre d’enquêtes, études) : - digue de la Duchesse-Anne (8,5km) : 1 couple pour 10 ha (la plus grosse densité obtenue mais probablement biaisée – utilisation des bordures de la zone – pour cette espèce qui a sans doute un vaste territoire) ; - vallée du Couesnon (Antrain) : 0,45 couple pour 10 ha ; - vallée du Couesnon (Aucey-la-Plaine) : 0,4 couple pour 10 ha ; Finalement, la corneille noire est certes une espèce commune, car présente partout, mais en petit nombre en saison de reproduction (fig. 3.184). L’estimation proposée dans le périmètre étudié serait de l’ordre de 400 (σ = 100) couples, sans doute plus en intégrant les bordures certainement plus peuplées, à l’instar du choucas. Il est impossible de proposer une tendance pour cette espèce. PROSPECTIONS PROPOSÉES Il est compliqué de proposer une prospection type, mais des parcours sur de grandes surfaces (>100 hectares) seraient sans doute plus judicieux qu’une recherche sur quelques hectares (< 10 ha).

Figure 3.184. La corneille noire est modérément présente dans les polders en période de reproduction (Roz-sur-Couesnon).

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Grand corbeau Corvus corax BILAN Aucune observation liée à la reproduction. SIGNIFICATION D’UN POINT Nicheur certain, donc finalement aucun point enregistré. CATÉGORIE Espèce disparue. ATLAS DE NORMANDIE (A) La population relique ne niche que sur quelques falaises et carrières du Cotentin. La baisse du nombre de couples en 20 ans est patente : de 11 (A1, dont 2 couples à Carolles et Granville) à 6-7 (A2, absent à Carolles et Granville). Cette espèce est inscrite en danger critique (CR) sur la liste rouge de Normandie (Debout, 2012). ATLAS DE BRETAGNE (B) Après une phase de croissance où les effectifs passent de 50 (B1) à 70 (B2) couples nicheurs, une forte baisse se fait sentir et il ne reste que 23 couples en 2000. La tendance s’inverse ensuite, et actuellement (B3) 35 couples sont répertoriés. La majorité des nouveaux couples s’installent sur les carrières de granulat généralement en exploitation. Les deux populations normandes et bretonnes sont probablement liées (T. Quellenec, comm. pers.) AVANT 1999 (C, D1, D2) C’est un nicheur connu aux falaises de Carolles depuis 1970, et aux falaises de Cancale depuis 1975 (tab. 3.5). Tableau 3.5. Nidification du grand corbeau, de 1970 à 1998, aux falaises de Cancale et de Carolles ; nombre de jeunes à l’envol ou indice maximum collecté. Années Nombre de jeunes à Cancale Nombre de jeunes à Carolles 1970 aucune observation 3 1971 aucune observation inconnu 1972 aucune observation 2 1973 aucune observation 1 1974 aucune observation inconnu 1975 4 pas de nid 1976 ? nid, pas de jeunes 1977 3 pas de nid 1978 ? 1 1979 3 4 1980 ? 2 1981 3 1 1982 ? 2 1983 1 ou 2 3 1984 ? 0? 1985 2 1 1986 ? 0? 1987 nid utilisé 2 1988 site déserté 2 1989 2 0 1990 site déserté ? 4 1991 site déserté 0 1992 ? 2 1993 1 contact 2 1994 ? 0 1995 ? 2 1996 ? 4 1997 ? 2 1998 parades 1? 1999 1 1 Les oiseaux en période de reproduction en baie du Mont Saint-Michel.

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DE 2000 À 2012 (D1, D2) Il y a production de jeunes pour la dernière fois à Cancale en 2002. Bien que toujours présent certaines années et jusqu’à récemment, aucune observation de nidification, au moins probable, n’est faite sur le site des falaises de Carolles depuis 1998. C’est une espèce rare, donc systématiquement notée par les observateurs : dans les bases, le rapport entre les périodes 2000-2012 et 1973-1999 est le plus faible, avec 0,3 (très loin du × 3 de la majorité des espèces), montrant qu’il n’est plus observé qu’occasionnellement annuellement (tab. 3.6). Tableau 3.6. Nidification du grand corbeau, de 1999 à 2012, aux falaises de Cancale et de Carolles ; nombre de couple ou indice maximum collecté. Années Nombre de couple à Cancale Nombre de couple à Carolles 2000 1 1 2001 1 avec 2 jeunes absence 2002 plus aucune donnée à partir de cette année absence 2003 -absence 2004 -présence d’individus (max 2 ensemble) 2005 -présence d’individus (max 2 ensemble) 2006 -absence 2007 -absence 2008 -absence 2009 -absence 2010 -présence régulière, parade d’un couple 2011 -présence d’individus (max 2 ensemble) 2012 -présence d’individus (max 2 ensemble)

PROSPECTIONS 2009-2012 L’espèce est suivie indépendamment du protocole de cette enquête, qui n’est pas adapté à sa recherche. Depuis sa disparition à Carolles (fig. 3.185), simultanément à la mise en place d’une activité parapente régulière maintenue encore actuellement, il est observé de temps à autre 1 individu, parfois 2, principalement entre Granville et le Grouin du Sud (Vains). Ces dernières années, les observations se multiplient (D1, D2), 2 individus souvent, laissant quelques espoirs de voir revenir cette espèce, emblématique du site de Carolles plusieurs décennies durant : la nidification pourrait être déjà effective en quelques lieux inconnus des ornithologues, comme des carrières intérieures, mais ce serait surprenant. Cette espèce est considérée comme « disparue » en tant que nicheur en 2012 (pas de nidification depuis plus de 10 ans), mais son retour n’est pas exclu, vu la progression bretonne (B3). PROSPECTIONS PROPOSÉES Des prospections aléatoires liées aux observations éparses sont suffisantes pour le détecter ; il est à rechercher au moins sur quelques sites annuellement à Granville, Carolles et Cancale.

Figure 3.185. Le grand corbeau nichait aux falaises de Carolles jusqu’aux années 2000.

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Étourneau sansonnet Sturnus vulgaris BILAN Pas de géolocalisation pour cette espèce. CATÉGORIE Espèces considérées comme très communes non localisées (échantillonnage). ATLAS DE NORMANDIE (A) Si, sur la carte de présence, l’espèce est apparemment notée de manière homogène sur l’ensemble de la région, l’enquête semi-quantitative met en évidence une légère disparité territoriale. La carte d’abondance relative montre une forte densité dans la moitié ouest de la Normandie (A2). ATLAS DE BRETAGNE (B) L’espèce est présente de manière homogène sur l’ensemble de la région et paraît au moins stable (B3). AVANT 1999 (C, D1, D2) Le texte est insuffisamment documenté sur cette espèce sur l’ensemble de l’année ; le texte est encore moins documenté sur la période de reproduction (8 sur 172 données concernant des nids). DE 2000 À 2012 (D1, D2) La base de données comporte encore moins de données de nids (1 sur 412 données) que pour la période 1973-1999. L’étourneau sansonnet est donc peu noté en période de reproduction. L’étourneau sansonnet est 5,5 fois plus noté durant cette période grâce aux parcours de l’enquête Tendances (Debout, 2013). PROSPECTIONS 2013 Les données récoltées permettent d’essayer de faire un point sur l’étourneau sansonnet en période de reproduction. Les données obtenues sont en fait issues d’une seule année d’enquête où l’espèce a été échantillonnée selon la méthode des IKA. A. Sur un ensemble de 24 parcours IKA pour une distance parcourue de près de 200 km, l’étourneau sansonnet est présent 22 fois sur 24, ce qui en fait une espèce commune. Les calculs moyens de densités pour 10 ha (basé sur ces IKA sur une distance de détection de 150 m) en font une espèce à densités assez homogènes de 0,1 à < à 1 couples pour 10 ha (tableau 3.13, p. 321). Les densités très faibles sont rares. La moyenne et l’écart-type sur l’ensemble des parcours est de 0,53 (σ = 0,21) couple pour 10 ha. Elle est classée en 12e position parmi les espèces les plus communes sur le site. B. En considérant maintenant 20 des 24 parcours (fig. 3.186) où les milieux ont, cette fois, été pris en compte, on constate logiquement que l’étourneau est une espèce quasiment inféodée aux constructions humaines dans ce périmètre. Les écarts-types sont très importants, indiquant une espèce à répartition très hétérogène. Ces écarts-types ne permettent pas de conclure de manière définitive sur la significativité des résultats, sinon que ce n’est clairement pas une espèce utilisant d’autres sites que des habitations humaines pour nicher (fig. 3.187).

Figure 3.186. Étourneau sansonnet : moyenne des nicheurs et écart type pour 10 ha dans les grands milieux de la baie (IKA couplé à la distance de détection).

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C. Maximums notés et autres zones prospectées (cadre d’enquêtes, études) : les maximums sont notés sur des parcours où il y a des bourgs, hameaux ou fermes. - Boucey (Pontorson) et Cherrueix- Mont-Dol : presque 1 couple pour 10 ha ; - station balnéaire de Jullouville (5 km) : 0,85 couple pour 10 ha ; - Le Val-Saint-Père : 0,85 couple pour 10 ha ; - Lillemer : 0,8 couple pour 10 ha ; - digue de la Duchesse-Anne (9 km) : 0,4 couple pour 10 ha, malgré des fermes présentes sur cette digue, l’espèce est peu abondante. L’estimation proposée dans le périmètre étudié serait de l’ordre de 1 000-2 000 couples a minima. Il est impossible de proposer une tendance pour cette espèce. PROSPECTIONS PROPOSÉES Il est difficile de proposer actuellement un type de prospection : IKA, points d’écoute, les possibilités sont multiples. Un suivi ne peut être intégré que dans un suivi plurispécifique avec une problématique particulière, type recherche de tendance à long terme.

Figure 3.187. Lors des prospections, l’étourneau sansonnet n’a été trouvé nicheur qu’en milieu artificiel (Ardevon).

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PASSERIDÉS, FRINGILLIDÉS, EMBERIZIDÉS

Moineau domestique Passer domesticus BILAN Pas de géolocalisation pour cette espèce. CATÉGORIE Espèce considérée comme très commune non localisée (échantillonnage). ATLAS DE NORMANDIE (A) Le moineau domestique est présent de manière homogène sur l’ensemble de la région. Il paraît au moins stable. L’enquête Tendances montre cette stabilité, mais il est aussi possible que les hivers doux depuis 1998 soient pour beaucoup dans cette tendance stable. D’après l’enquête Habitats (Collette & Debout, 1999), c’est la 1e espèce en ville, la 1e dans les bourgs et faubourgs, la 10e en plaine, la 12e dans les espaces avec bocage, et elle est anecdotique en forêt. ATLAS DE BRETAGNE (B) L’espèce est présente de manière homogène sur l’ensemble de la région. Il n’est pas possible en l’état actuel des connaissances de proposer une quelconque tendance. AVANT 1999 (C, D1, D2) Le texte (C) est insuffisamment documenté sur cette espèce sur l’ensemble de l’année ; le texte est encore moins documenté sur la période de reproduction. Les bases de données sont vides. DE 2000 À 2012 (D1, D2) Le moineau domestique est noté 10 fois plus que dans la période précédente (1973-1999), grâce aux parcours réalisés durant l’enquête Tendances (Debout, 2013). Ce facteur 10 traduit surtout la désaffection pour cette espèce, totalement oubliée des notations si un protocole toutes espèces n’est pas mis en place ! C’est véritablement un problème récurrent, notamment parce que cette espèce est souvent taxée en baisse, sans qu’on puisse le prouver concrètement ! L'impression de « bien sûr qu’il y en a moins chez moi ! » (fig. 3.188) n'est jamais accompagnée d’une date. En réalité, les variations annuelles peuvent être très importantes et donner une impression à court terme, peut-être fausse. Cette « baisse » n’est pas toujours caractérisable sur le long terme. Il faut inciter les observateurs à la noter plus systématiquement. En effet, faudra-t-il que le moineau domestique soit réellement en baisse drastique pour qu’on s’y intéresse ?

Figure 3.188. Il est très rare qu’un hameau ancien (encore occupé par les habitants) ne soit pas colonisé par quelques couples de moineau domestique (Pleine-Fougères). Les oiseaux en période de reproduction en baie du Mont Saint-Michel.

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PROSPECTIONS 2013 Les données récoltées permettent d’essayer de faire un point sur le moineau domestique en période de reproduction. Les données obtenues sont issues d’une seule année d’enquête, où l’espèce a été échantillonnée. Le choix a été fait de n’évaluer que les mâles. Il est probable que les observations concernent des minimas. A. Sur un ensemble de 24 parcours IKA pour une distance totale parcourue de près de 200 km, le moineau domestique est présent 24 fois sur 24, ce qui en fait une espèce commune. Il n’est présent que dans les zones d’habitations. Les densités moyennes exprimées ici sont lissées sur l’ensemble. Sur un corps de ferme, elles sont bien plus importantes que la plupart des autres espèces. Les calculs moyens de densités pour 10 ha (basé sur ces IKA sur une distance de détection de 100 m) en font une espèce à densités fortes finalement assez homogènes avec de 1 à 3 couples pour 10 ha (tableau 3.13, p. 321). Les plus fortes densités sont atteintes à Aucey-la-Plaine – Boucey (Pontorson) (nombreux hameaux et fermes), le secteur de Cherrueix – Mont-Dol (nombreuses grandes fermes), d’autres secteurs du même type sur les communes de Roz-Landrieux – La Fresnais – Hirel ou Pontorson – Courtils – Huisnes-sur-Mer. La moyenne et l’écart-type sur l’ensemble des parcours est de 3,4 (σ = 2,2) couples pour 10 ha. Le moineau domestique est très probablement (malgré la météorologie de l’année 2013 catastrophique pour cette espèce) l’espèce la plus abondante sur le périmètre étudié. Des réserves seront tout de même émises par le fait que les parcours se font le long des routes passant devant les zones plus favorables avec habitations. Finalement, en valeur absolue et en tenant compte uniquement du nombre minimal approximatif des mâles notés sur les 200 km de parcours, le moineau domestique arrive largement en tête des espèces observées. Plus de 1 200 contacts (mâles uniquement) ont été obtenus pour seulement autour de 500 pour le pinson des arbres et le merle noir. Les autres espèces se placent ensuite loin derrière. B.

En considérant maintenant 20 des 24 parcours (fig. 3.189) où les milieux ont, cette fois, été pris en compte, on constate logiquement que le moineau domestique est inféodé aux habitations humaines. Lors des prospections nous avons noté une seule fois 2 oiseaux à plus de 500 m d’un lieu d’habitation (champ de colza à Cherrueix).

Figure 3.189. Moineau domestique : moyenne des nicheurs et écart-type pour 10 ha dans les grands milieux (IKA couplé à la distance de détection)

C. La figure 3.190 indique une estimation minimale du nombre de couples par ferme Le nom des fermes a été volontairement omis. Ces écarts-types semblent montrer un peu plus d’homogénéité des résultats pour le moineau domestique que pour la plupart des autres espèces communes. Le moineau domestique est assez bien réparti dans les zones habitées.

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Figure 3.190. Moineau domestique : nombre de mâles estimés sur 45 fermes (de A à ZR) situées au sud de la baie du Mont-Saint-Michel (M = 5,23 ; σ = 3,42)

L’estimation proposée dans le périmètre étudié serait d’au moins 7 500 couples. C’est l’espèce qui serait la plus abondante en baie, tout en étant inféodées aux zones d’habitations. Les années 2009 et 2010 furent nettement, au moins localement, de bonnes années pour le moineau domestique (obs. pers.). En juin, on constatait la présence de bandes de dizaines d’oiseaux jeunes et adultes dans de nombreux hameaux prospectés. A contrario, en 2013, les ruelles sont restées vides et ce de manière très impressionnante. Il est donc probable que les estimations proposées ici soient vraiment minimales pour cette espèce et qu’il n’est pas impossible que les populations varient fortement selon les années. L’estimation proposée d’au moins 7 500 couples doit être prise comme un ordre de grandeur minimal, il est possible que les années normales ou les bonnes années, la population dépasse 10 000 couples. Il est impossible de proposer une tendance pour cette espèce. PROSPECTIONS PROPOSÉES La localisation liée aux habitations, et souvent un système de vie semi-coloniale, n’empêche ni de faire des IKA ni des IPA. Il est probable que si chaque ornithologue s’astreignait annuellement, ou même tous les 2 ou 3 ans, à compter les nids de moineau domestique dans le périmètre de son habitation ou de son hameau ou village (fig. 3.191), on aurait assez vite des informations plus précises sur cette espèce. Elle reste méconnue et pourtant beaucoup de gens en parlent, notamment en discutant de sa diminution… sans avoir jamais compté… La base de données et son absence de données en témoignent. Dans la base de données globale (D1, D2), le moineau domestique, espèce donc sans doute la plus commune comme nicheuse, apparait en 42e position parmi les passereaux (340 données de 1973 à 2012) ; il est loin derrière le bruant lapon (26e), le cisticole des joncs (16e) ou le traquet motteux (1er). BIBLIOGRAPHIE SPÉCIFIQUE Collette J., Debout G., 1999. L’enquête Habitats en Normandie : une approche des oiseaux communs par milieu au cours du cycle annuel. Le Cormoran, 11 (50) : 50-128.

Figure 3.191. Les villages accueillent encore largement le moineau domestique (Champeaux).

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Moineau friquet Passer montanus BILAN Seulement 3 points de géolocalisation, pour moins de 10 couples.

SIGNIFICATION D’UN POINT Simple contact en milieu favorable, mais recherches appuyées pour cette espèce une fois découverte un site, donc nicheur possible. CATÉGORIE

Espèce à très petit nombre de contacts ou sites < 20. ATLAS DE NORMANDIE (A) Des observations éparses et des recherches spécifiques permettent de montrer qu’il est plus présent que ce qui était connu dans le sud de la Manche et l’ouest de l’Orne (Beaufils, 2012a). La très faible population du Calvados a pratiquement disparu ainsi que celle de l’Eure, la population de SeineMaritime semblait se maintenir jusqu’en 2005. ATLAS DE BRETAGNE (B) On constate une forte régression vers l’est (B1, B2, B3), l’espèce déjà rare, ayant disparu du Finistère en1986 et disparue pratiquement du Morbihan, se maintenant à l’état relique en Loire-Atlantique. L’aire de la petite population de l’est de l’Ille-et-Vilaine régresse, mais semblait se maintenir au milieu des années 2000. AVANT 1999 (C, D1, D2) Avant 1980, il est noté en période de reproduction sur de très rares sites (anse de Moidrey à Pontorson, Granville, Sacey). Il est plus présent en période hivernale, mais les migrations postnuptiales sont toujours effectives sur les côtes de la Manche à l’époque (Beaufils, 2012b ). Les quelques données postérieures à 1980 indiquent de rares observations en vallée de la Sée, à BasCourtils dans les années 1980-1990, qu’il est probablement nicheur à Sacey en vallée du Couesnon, à Sougéal puis à Lillemer (clocher – fig. 3.192 – et la Bossaine), Saint-Guinoux et sur cette même commune au hameau de la Mare dans ces années 1990, Dol-de-Bretagne, Roz-Landrieux. Au total, sans doute une dizaine de sites au maximum sont concernés mais, dans 50 % des cas, ce sont seulement des observations furtives sans preuves de nidification. Le moineau friquet est noté annuellement comme durant la période précédente (1973-1999), c’est-à-dire en réalité 3 fois moins que la moyenne des espèces. L’espèce pourrait disparaître à l’instar du traquet tarier ou du grand corbeau dans les années à venir. DE 2000 À 2012 (D1, D2) L’espèce est découverte à la ferme du Manoir à Beauvoir au milieu des années 2000, d’où il disparaît sans raison apparente (2 couples) à la fin des années 2000. Puis plusieurs nids sont repérés à La Rive (Pontorson) dans un même pignon d’un vieux bâtiment.

Figure 3.192. La restauration du clocher de Lillemer (joints rénovés) a entraîné la disparition d’une des rares colonies de moineau friquet.

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PROSPECTIONS 2009-2012 Lors des prospections localisées, le moineau friquet a été trouvé dans le bourg de Saint-Guinoux, mais pas à La Mare (même commune) ; il a disparu de Lillemer (de manière certaine à cause de la réfection du clocher) ; 4-5 couples au moins sont présents à La Rive (Pontorson) observés tous les ans de 2009 à 2012 mais dans un seul vieux bâtiment. Le moineau friquet est retrouvé à Lozerais (Sougéal) en 2007 puis seulement en 2011 (malgré des recherches annuelles soigneuses), mais pas en 2012 ni en 2013. Au total donc 3 sites ont été retrouvés, contre probablement au maximum 5-10 à la fin des années 1990. Le moineau friquet a peut-être été plus présent dans les années 1950-1960, mais il est impossible d’avoir une idée de la réalité tant les informations sont parcellaires. Ce qui est certain c’est qu’il a été plus abondant dans le sud de la Manche (à partir sans doute du sud de Granville) dans les années 1950 d’après Bell (1955) in Collette, 1989, qui le dit commun autour d’Avranches et que Trouche (1936) in Collette, 1989, indique qu’il est commun dans le bocage de la Manche en 1930, ce qui reste vague quant à la répartition. Actuellement, dans le grand ouest de la France, des petites populations reliques survivent, mais diminuent lentement ou disparaissent une à une. La recherche de l’espèce (à moins d’avoir de la chance, comme à La Rive où le pignon dans lequel les nids sont installés est au bord de la route) est extrêmement chronophage et nécessite de rentrer dans toutes les cours de ferme qui sont des propriétés privées (c’est une contrainte majeure). On peut affirmer qu’en baie du Mont-Saint-Michel, l’hypothèse trouvée parfois dans la littérature de la diminution du nombre de loges (enduit sur les façades) est infondée. À la Rive (Pontorson), par exemple, les couples nichent dans un vieux pignon mais il y a autour d’innombrables loges de même type qui pourrait servir. À moins d’un kilomètre de là, à Ardevon (Pontorson), les vieilles maisons non enduites composent tout le village et il est pourtant resté introuvable. Les derniers couples qui restent sur ces trois zones vivent dans des milieux agricoles très différents : marais à prairie et bocage et quelques cultures à Sougéal, zone agricole intensive autour de SaintGuinoux, zone agricole ultra-intensive et élevage de mouton à la Rive (Pontorson). Beaucoup d’autres sites ruraux typiques des paysages du moineau friquet décrits dans la littérature (bocage, verger, têtard…) pourraient sans aucun problème accueillir l’espèce, et pourtant elle ne s’y installe pas . PROSPECTIONS PROPOSÉES Deux types de prospection peuvent être menés : - visite des sites où il est anciennement connu (mais ces visites doivent être soigneuses et il est parfois impossible de rentrer dans les propriétés privées, notamment les cours de ferme) ; prospections aléatoires liées aux observations éparses ; - il faut surtout suivre l’évolution des migrations le long des côtes de la Manche au fil du temps. Si un jour de nouveaux sites sont colonisés, ils ne le seront qu’à partir du moment où des populations extérieures viendront se substituer ou renforcer les populations locales incapables actuellement de faire perdurer sur le long terme ces micro-populations, comme G. Moreau l’avait constaté entre 1962 et 1976 dans le canton de Longny-au-Perche dans l’Orne/61 (G. Moreau dans Beaufils 2012a). Si cette seconde condition n’est pas remplie, il est peu utile de se lancer dans des recherches fastidieuses qui seront vaines. BIBLIOGRAPHIE SPÉCIFIQUE Beaufils M., 2012a. Le moineau friquet (Passer montanus) en Normandie entre 1970 et 2010, analyse brute des différentes sources réunies par le GONm. Le Cormoran, 18 (75) : 183-191. Beaufils M., 2012b. Le moineau friquet Passer montanus dans le nord-ouest de la France (Bretagne-Basse-Normandie) depuis une quarantaine d’années : évolution des effectifs relevés lors des migrations postnuptiales le long des côtes de la Manche en lien avec l’évolution de l’aire de répartition des reproducteurs et les données relatives à l’hivernage. Le Cormoran, 76 (18) : 195-206. Trouche, 1936 et Bell, 1955 dans Collette J., in GONm, 1989. Atlas des oiseaux nicheurs de Normandie et des îles AngloNormandes. Le moineau friquet. Le Cormoran, 7 : 201.

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Pinson des arbres Fringilla coelebs BILAN Espèce non répertoriée par géolocalisation. CATÉGORIE Espèce considérée comme très commune non localisée (échantillonnage). ATLAS DE NORMANDIE (A) L’espèce est présente de manière homogène sur l’ensemble de la région et elle paraît en augmentation. ATLAS DE BRETAGNE (B) L’espèce est présente de manière homogène sur l’ensemble de la région. Il n’est pas possible en l’état actuel des connaissances de proposer une quelconque tendance. AVANT 1999 (C, D1, D2) Le texte (C) est insuffisamment documenté sur cette espèce sur l’ensemble de l’année ; le texte est encore moins documenté sur la période de reproduction (5 données concernant des nids sur 160). Les bases de données ne sont pas utilisables. DE 2000 À 2012 (D1, D2) Le nombre de données est nettement supérieur à celui de la période 1973-1999 pour des raisons liées à des enquêtes « toutes espèces », d’une part l’enquête GONm avec les quelques parcours Tendances : le pinson des arbres est noté environ 9 fois plus durant cette période.

Figure 3.193. Le pinson des arbres est présent y compris dans les polders (Roz-sur-Couesnon) mais les densités sont très faibles.

PROSPECTIONS 2013 Les données récoltées permettent d’essayer de faire un point sur le pinson des arbres en période de reproduction. Les données obtenues sont issues d’une seule année d’enquêtes, où l’espèce a été échantillonnée. A. Sur un ensemble de 24 parcours IKA pour une distance totale parcourue de près de 200 km, le pinson des arbres est présent 24 fois sur 24, ce qui en fait une espèce commune. Les calculs moyens de densités pour 10 ha (basé sur ces IKA sur une distance de détection de 100 m) en font une espèce à fortes densités (1 à >3 couples pour 10 ha). Les densités faibles sont rares. La densité ne dépasse (hors des parcours annexes) jamais 5 couples pour 10 ha (tableau 3.13, p. 321). La moyenne et l’écart-type sur l’ensemble des parcours est de 2,3 (σ = 1,2) couples pour 10 ha, ce qui indique une certaine homogénéité de sa présence. Le pinson des arbres est classé selon cette méthode en 2e position parmi les espèces les plus communes sur le site, après le moineau domestique (fig. 3.193). B. En considérant maintenant 20 des 24 parcours où les milieux ont, cette fois, été pris en compte, on constate logiquement que le pinson des arbres est nettement moins lié aux bourgs, hameaux et fermes que le moineau domestique (fig. 3.194). Malgré la très faible densité dans les polders, il arrive en 1e position, pouvant s’installer dans les peupliers. Les écarts-types au niveau des Les oiseaux en période de reproduction en baie du Mont Saint-Michel.

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milieux sont cette fois plus importants, indiquant une espèce à répartition hétérogène. Mais en général, ces écarts-types sont moins importants que pour les autres espèces. Le pinson des arbres est sans doute l’espèce la mieux répartie sur l’ensemble de la baie du Mont-Saint-Michel (fig. 3.195), ce qui la classe de ce fait comme l’espèce la plus commune (nombre ET répartition).

Figure 3.194. Pinson des arbres : moyenne des nicheurs et écart-type pour 10 ha dans les grands milieux de la baie (IKA couplé à la distance de détection)

C. Maximums notés et autres zones prospectées (cadre d’enquêtes, études) : - digue de la Duchesse-Anne (9 km) : 6,1 couples pour 10 ha (à nouveau une densité exceptionnelle pour une espèce sur ce site) ; - Genêts, zone de culture et hameau (5 km) : 5,6 couples pour 10 ha (espèce dominante) ; - station balnéaire de Jullouville (5 km) : 4,1 couples pour 10 ha (espèce dominante) ; - marais de Boucey (Pontorson) : 4 couples pour 10 ha. L’estimation proposée dans le périmètre étudié serait de l’ordre de 5 000 couples. PROSPECTIONS PROPOSÉES Il est difficile de proposer actuellement un type de prospection : IKA, points d’écoute, les possibilités sont multiples. Un suivi ne peut être intégré que dans un suivi pluri spécifique avec une problématique particulière, de type recherche de tendance à long terme.

Figure 3.195. Le pinson des arbres niche dès qu’il y a quelques arbres (Beauvoir)

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Serin cini Serinus serinus BILAN Près de 120 géolocalisations. SIGNIFICATION D’UN POINT Essentiellement individu chanteur sur site favorable (aucun indice nicheur certain trouvé), donc nicheur possible. CATÉGORIE

Espèce évaluée à 50 à 200 couples. ATLAS DE NORMANDIE (A) C’est une espèce largement répartie depuis 1975 (A1), qui est peu abondante et qui semble stable (A1, A2). ATLAS DE BRETAGNE (B) C’est une espèce largement répartie depuis les années 1970 (B1), qui est peu abondante et qui semble stable (B2, B3). AVANT 1999 (C, D1, D2) Le serin cini apprécie essentiellement les zones urbaines à conifères. DE 2000 À 2012 (D1, D2) Aucune évolution n’est perceptible dans les bases de données. Le serin cini est noté 6,5 fois plus que la période précédente, c’est-à-dire comme les espèces plus ou moins communes qui sont recensées systématiquement dans les parcours Tendances (Debout, 2013). PROSPECTIONS 2009-2012 Lors des prospections, de manière attendue, le serin cini a été trouvé à proximité d’habitations et toujours avec à proximité des conifères (pins ou cyprès, fig. 3.196). Il donc normal de le trouver, comme prévu, majoritairement dans les zones de stations balnéaires (de Saint-Pair-sur-Mer à Carolles-plage, en passant par Jullouville, Cancale) et tout le long de la côte sud de la baie, de Cherrueix à Saint-Benoît-des-Ondes. Introuvable dans les vallées malgré de nombreux sites favorables, comme en vallée du Couesnon, il est facile à détecter à Pontorson. Il est curieusement absent ou rare de Beauvoir, Moidrey ou la Caserne (Beauvoir). Il est présent dans le secteur très urbanisé autour de la Fresnais.

Figure 3.196. Le serin cini utilise a priori exclusivement des zones à conifères pour nicher (Saint-Benoîtdes-Ondes). Les oiseaux en période de reproduction en baie du Mont Saint-Michel.

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Voici une espèce à répartition globalement attendue, mais mystérieuse par son absence dans des sites apparemment favorables, à l’instar du rougequeue noir. Avec plus de 100 chanteurs localisés (fig. 3.197), cette espèce n’était pas forcément attendue à un niveau aussi haut. Très peu contactée sur les parcours IKA, elle ne peut être considérée comme une espèce commune, car elle est très localisée sur un petit nombre de sites intégrant des zones minérales des habitations et des conifères.

Figure 3.197. Répartition des points de contacts du serin cini (2009-2012) en baie du Mont-Saint-Michel

PROSPECTIONS PROPOSÉES Des prospections ciblées (nombre de chanteurs) dans les zones les plus favorables (fig. 3.198) suffiraient à percevoir son évolution.

Figure 3.198. Le serin cini n’abonde qu’à Jullouville.

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Verdier d’Europe Chloris chloris BILAN Un peu plus de 700 points de géolocalisation. SIGNIFICATION D’UN POINT Un chanteur en zone favorable plutôt en avril-mai (peu de chanteurs en juin et bandes qui commencent à se réunir), donc nicheur possible. CATÉGORIE Espèce à plus de 200 couples mais à moins de 1 000. ATLAS DE NORMANDIE (A) L’enquête Habitats évalue le verdier d’Europe à 78 % de constance en village et 39 % en ville ; il serait plutôt en progression. ATLAS DE BRETAGNE (B) Le verdier d’Europe semble au moins stable. AVANT 1999 (C, D1, D2) Le texte est basé uniquement sur la répartition des atlas (A1, B2), il y a peu d’information sur cette espèce. DE 2000 À 2012 (D1, D2) Le verdier d’Europe est noté 11 à 12 fois plus que dans la période précédente 1973-1999. Or la moyenne pour la plupart des espèces est de l’ordre × 3-4 et, pour les espèces communes qui bénéficient d’un parcours Tendance (Debout, 2013), l’ordre de grandeur est de × 5 à × 7 : on est ici bien au-delà. C’est sans doute une espèce en augmentation ou qui n’était que rarement notée, à l’instar de la mésange bleue ou du moineau domestique.

Figure 3.199. Le verdier d’Europe est une surprise au sud de la baie. Il est vraiment commun dans les lotissements ou les villages (P. Chapon).

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PROSPECTIONS 2009-2012 (2013) C’est une espèce dont les effectifs étaient totalement inconnus auparavant. C’est pourtant clairement une espèce qui marque le territoire étudié de son empreinte (fig. 3.199). Il niche pratiquement à 95 % en zone d’habitats, mais n’est pas qu’inféodés aux habitations partout. Il faut absolument rechercher cette espèce en avril, notamment les chanteurs. Le verdier d’Europe est clairement moins perceptible en juin. Absent de seulement 2 parcours sur 24, le verdier d’Europe est une espèce commune (fig. 3.200). Il obtient ses plus fortes densités à Jullouville (3,5 couples pour 10 ha) De manière plus surprenante, le site où l’espèce est la plus abondante ensuite est la digue de la Duchesse-Anne avec 2,2 couples pour 10 ha où, apparemment, il niche hors zone d’habitations (plusieurs observations confortent l’information obtenues lors des deux parcours effectués sur ce site). La moyenne globale des parcours IKA le place en 5e position des oiseaux les plus communs (tableau 3.13, p. 321), devant les mésanges bleue et charbonnière, le pouillot véloce ou l’étourneau sansonnet. De même que la plupart des autres espèces, l’écart-type est important (0,78 couples pour 10 ha ; σ = 0,75), indiquant qu’il peut être absent de certaines zones, y compris de zones habitées. C’est une des seules espèces où l’écart est important entre le nombre de points localisés (>700, ce qui est déjà très important) et l’évaluation de la population à partir des IKA (> 1 500). Mais en réalité on passe du simple au double, ce qui reste un ordre de grandeur acceptable étant donné les objectifs de précision de cet atlas. L’estimation minimale en nombre de couples localisés pour l’ensemble de la baie serait au moins de 700-800 couples, ce qui le place devant la plupart des espèces localisées et non coloniales, juste derrière l’alouette des champs. C’est une situation inattendue qu’il faudra éventuellement confirmer.

Figure 3.200. Répartition des points de contacts du verdier d’Europe (2009-2012) en baie du Mont-Saint-Michel

PROSPECTIONS PROPOSÉES Il faut impérativement rechercher les chanteurs en mars-avril ; cette espèce peut être échantillonnée, mais à condition de passer dans les fermes, hameau ou bourgs.

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Chardonneret élégant Carduelis carduelis BILAN Entre 200 et 250 sites de géolocalisation. SIGNIFICATION D’UN POINT Un chanteur en période favorable essentiellement avril-début mai, donc nicheur possible. CATÉGORIE Espèce à plus de 200 couples mais à moins de 1 000. ATLAS DE NORMANDIE (A) Le chardonneret élégant est une espèce probablement stable (A1, A2). ATLAS DE BRETAGNE (B) Le chardonneret élégant est une espèce probablement stable (B2, B3). AVANT 1999 (C, D1, D2) Le texte (C) est basé sur les cartes des atlas (A1, B2), il y a très peu d’informations sur cette espèce DE 2000 À 2012 (D1, D2) La situation est aussi peu connue qu’antérieurement à 1999. Le chardonneret élégant est noté 7,3 fois plus que dans la période précédente, il n’est pas impossible qu’il soit en légère augmentation. PROSPECTIONS 2009-2012 (2013) Dans les bourgs, hameaux et fermes, sa densité moyenne est de l’ordre de 1 couple pour 10 ha mais avec de très forts écarts-types, montrant une répartition très peu homogène (tableau 3.13, p. 321). Absent de 5 parcours sur 24, le chardonneret élégant est seulement une espèce relativement commune (fig. 3.201). L’estimation du nombre de couples qui fréquentent la zone est au moins de 250.

Figure 3.201. Répartition des points de contacts du chardonneret élégant (2009-2012) en baie du Mont-Saint-Michel

PROSPECTIONS PROPOSÉES Pour le chardonneret élégant, il ne faudrait pas hésiter à noter systématiquement les chanteurs en période favorable. Les oiseaux en période de reproduction en baie du Mont Saint-Michel.

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Linotte mélodieuse Linaria cannabina BILAN De 200 à 250 sites de géolocalisation. SIGNIFICATION D’UN POINT Un (des) mâle (s) chanteur (s) en période favorable, donc nicheur possible. CATÉGORIE Espèce à plus de 200 couples mais à moins de 1 000. ATLAS DE NORMANDIE (A) L’espèce est encore stable au niveau régional au moment de l’acquisition des données de l’atlas (A2), mais l’enquête Tendances (Debout., 2013) montre actuellement que l’espèce est en diminution en Normandie. Debout (2012) classe cette espèce vulnérable sur la liste rouge des oiseaux de BasseNormandie. ATLAS DE BRETAGNE (B) Il n’est pas possible de connaître l’état des populations bretonnes, le nombre de carte est stable (B2, B3). AVANT 1999 (C, D1, D2) Le texte est basé uniquement sur la répartition des atlas (A1, B2), il y a peu d’information sur cette espèce et les bases sont peu renseignées en période de reproduction. DE 2000 À 2012 (D1, D2) La situation est aussi peu connue qu’antérieurement à 1999 pour cette espèce délaissée en période de reproduction par les ornithologues. La linotte mélodieuse est notée 5,3 fois plus que dans la période précédente, comme la plupart des espèces qui bénéficient des parcours Tendances (Debout, 2013). PROSPECTIONS 2009-2012 (2013) Si cette espèce niche à proximité des herbus, elle n’y a jamais été trouvée réellement, elle ne fait qu’exploiter ce milieu à la marge en période de reproduction ; c’est une espèce d’espaces ouverts mais avec la nécessité pour nicher d’avoir accès à des arbustes éparses, quelques friches isolées ou tout simplement des ronciers denses. La prise en compte principale des données de l’atlas est basée sur la présence des mâles en période favorable de reproduction sur des sites favorables.

Figure 3.202. La linotte mélodieuse est plus abondante sur la digue à l’interface polders-herbus (Roz-sur-Couesnon).

Elle est absente pratiquement du tiers des 24 parcours IKA, notamment dans les zones un peu plus boisées, ou certains grands polders où la seule végétation arborée est le peuplier. C’est donc une espèce que l’on peut considérer seulement comme presque commune. La densité moyenne sur ces parcours est de 0,21 (σ = 0,22) avec un fort écart-type, indiquant une répartition très hétérogène. Les oiseaux en période de reproduction en baie du Mont Saint-Michel.

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Il existe quelques pôles plus attractifs pour cette espèce à nidification éparse la plupart du temps (tableau 3.13, p. 321) : la pointe de Cancale, un marais à l’est de Pontorson, les bordures de la zone estuarienne de la Sélune sur la commune du Val-Saint-Père (>0,5 couple pour 10 ha), le Mont-Manet (Genêts) et la zone arrière-dunaire (>0,5 couple pour 10 ha), le bec d’Andaine (Genêts), le secteur de la Dune (DrageyRonthon), les zones arrière-dunaires de Jullouville encore en état (>0,5 couple pour 10 ha), des fourrés en arrière de l’embouchure du Thar (Saint-Pair-sur-Mer). On observe certaines années des densités plus importantes (recherche spécifique hors protocole) le long de la digue ouest du Mont-Saint-Michel en front d’herbus, avec presque 3 couples pour 10 ha sur 11,6 km de linéaire parcourus, soit 22 contacts de mâles sur ce parcours (fig. 3.202). Ces 22 contacts sont équivalents à la moitié des contacts obtenus sur les 200 km de parcours IKA (ce parcours atypique n’est pas intégré dans les 200 km sur parcours « banals »). Sur cette digue (et non aux abords), le nombre d’espèces de passereaux nicheurs est faible, (10 espèces, cf. conclusions générales) et la linotte mélodieuse y est sans conteste l’espèce dominante, loin devant des espèces communes comme l’accenteur mouchet ou le merle noir. L’estimation est de 200-300 couples localisés plutôt à proximité de la mer. Dès qu’on rentre à l’intérieur des terres, et surtout sur les marges du site, une absence nette est constatée (fig. 3.203), notamment si les zones ne sont pas ouvertes (basses vallées vers l’intérieur, marges sud de la baie).

Figure 3.203. Répartition des points de contacts de la linotte mélodieuse (2009-2012) en baie du Mont-Saint-Michel

PROSPECTIONS PROPOSÉES Un recensement des mâles chanteurs en avril-mai et leur localisation est déjà suffisant pour améliorer les connaissances. BIBLIOGRAPHIE SPÉCIFIQUE Debout G., 2012. Liste rouge des oiseaux de Basse-Normandie, GONm, 76 pages

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Bouvreuil pivoine Pyrrhula pyrrhula BILAN Quelques points de géolocalisation < à 20 couples. SIGNIFICATION D’UN POINT Simple contact en milieu favorable, donc nicheur possible. CATÉGORIE Espèce à très petit nombre de contacts ou sites < 20. ATLAS DE NORMANDIE (A) Cette espèce serait stable sur 20 ans (enquête Tendances, nombre de cartes indicées) en Normandie (A1, A2). ATLAS DE BRETAGNE (B) Le bouvreuil pivoine semble moins abondant en Loire-Atlantique qu’il y a 20 ans (B2, B3), département où il avait apparemment fortement progressé dans les années 1950 (B1). Il paraît stable ailleurs, mais il est nettement plus abondant à l’ouest de la région qu’à l’est. Guermeur & Monnat (B1) indique que sa situation en Bretagne sur les 60-70 dernières années n’est probablement pas simple à analyser. AVANT 1999 (C, D1, D2) Le bouvreuil pivoine est noté au moins une fois sur la plupart des communes d’Avranches à Granville. C’est une espèce peu commune de tout temps aux marges de la baie. La seule donnée quantitative obtenue est celle de 3 couples dans le marais de Dol pour 2 000 hectares, en 1998 (F1). En dehors de ce site, le bouvreuil pivoine est apparemment plus rare au sud de la baie. DE 2000 À 2012 (D1, D2) Cette espèce est notée au moins une fois sur toutes les communes du sud de la baie qui ne sont pas sur la bordure côtière (résultats obtenus par les recherches atlas B2). De manière très précise depuis 2007, elle n’est pas observée en vallée du Couesnon entre le marais de Sougéal et de la Folie (Antrain) et à Sacey, Aucey-la-Plaine et Boucey (Pontorson) où le milieu pourrait lui convenir. Le bouvreuil pivoine est noté 5 fois plus que durant la période précédente, mais le petit nombre de données annuelles ne permet aucune conclusion. PROSPECTIONS 2009-2012 Il était attendu que cette espèce ne soit observée qu’aux marges du site et ce fut le cas. Le bouvreuil a été localisé (simple observation en milieu favorable d’un mâle en période de reproduction) dans le marais de Châteauneuf (2 sites), à Lillemer, au nord de Saint-Guinoux, à la Folie (Antrain), à côté du lagunage de Genêts (où il n’a jamais été réentendu depuis, malgré la fréquentation régulière de ce site), à Jullouville (2 fois sur le même site à 2 ans d’intervalle) et surtout à Carolles (5 sites). Étant donné les milieux prospectés, il n’était pas prévu que de nombreux couples soient trouvés durant cette enquête. Le sud de la baie (digue de la Duchesse-Anne, boisements de la marge sud, Mont-Dol) semble loin d’être défavorable à l’installation de cette espèce mais aucun contact n’est obtenu. Le bouvreuil pivoine est une espèce discrète, audible à peu de distance et la méthode de prospection n’est peut-être pas adaptée : les sites du marais de Châteauneuf et ses abords, observés par Pulce (F1) dans les années 1990, ont tout de même été retrouvés. PROSPECTIONS PROPOSÉES Des prospections aléatoires liées aux observations éparses notées systématiquement sont suffisantes pour localiser les sites ; il est recherché au moins sur quelques sites annuellement, comme les bois de Carolles ou de Saint-Jean-le-Thomas, et en marge des marais de Châteauneuf qui, s’ils continuent à se boiser comme actuellement, vont devenir plus favorables.

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Bruant jaune Emberiza citrinella BILAN 350 à 400 sites répertoriés. SIGNIFICATION D’UN POINT Un chanteur en milieu favorable, donc nicheur possible. CATÉGORIE

Espèce à plus de 200 couples mais à moins de 1 000. ATLAS DE NORMANDIE (A) Le bruant jaune aurait été stable, voire en augmentation, de 1996 à 2005 d’après l’enquête Tendances. Elle serait maintenant nettement en baisse depuis quelques années d’après cette même enquête (Debout, 2013). De ce fait, Debout (2012) l’a classée en danger en Normandie. Le bruant jaune est présent sur pratiquement toutes les cartes régionales. ATLAS DE BRETAGNE (B) L’évolution réelle est peu connue depuis 20 ans. AVANT 1999 (C, D1, D2) Le bruant jaune est peu commun sur la côte est de la baie du Mont-Saint-Michel. Les marais de Dol sont connus comme abritant la plus importante population (59 points de contact en 1998, F1) de la baie. Le bruant jaune semble peu abondant et localisé en baie du Mont-Saint-Michel d’après les bases. DE 2000 À 2012 (D1, D2) Il n’y a pas d’éléments montrant une évolution par rapport aux données antérieures à 1999. Le bruant jaune est noté 2,6 fois plus entre 2000 et 2012 que durant la période précédente (1973-1999), c’est-àdire en réalité de manière identique, dans la mesure où la plupart des espèces sont notées en moyenne 3 fois plus durant cette période 2000-2012.

Figure 3.204. Quelques buissons épars en polder (Cherrueix) suffisent pour voir nicher le bruant jaune.

PROSPECTIONS 2009-2012 (2013) En premier lieu, les prospections dans le marais de Dol-Châteauneuf donnent, à zones parfaitement équivalentes, 59 contacts en 1998 (F1), pour 62 lors des prospections de 2009-2012. Considérons donc que, dans ce secteur, l’espèce est assez stable pour ne pas dire complètement stable, même si deux méthodes de recensement différentes ont été utilisées. Les oiseaux en période de reproduction en baie du Mont Saint-Michel.

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C’est d’ailleurs grâce à cette méthode que nous avons eu une des plus belles surprises de cet atlas : en réalité, le bruant jaune est abondant dans tout le sud de la baie, et à des niveaux assez importants (fig. 3.204 et fig. 3.205). Près de 400 points ont été localisés (c’est-à-dire au moins 3 à 5 fois plus que ce qui était attendu par rapport aux connaissances antérieures). Après quatre années de prospections, notons que cette espèce est facilement repérable aux deux passages d’avril et de juin, particulièrement par son cri ou son chant. Les différents passages au fil des ans, dans des zones en jouxtant d’autres déjà prospectées, montrent clairement que cette abondance n’est pas le fait d’une meilleure année. Tout au long de la campagne de prospection, sur des zones de chevauchements de parcours, nous avons retrouvé les mâles « locaux » déjà pointés les autres années, souvent sur les mêmes arbustes ou buissons. Du fait de sa répartition asymétrique, absent de la partie est du site, le bruant jaune fait seulement partie des espèces presque communes. Il a été contacté sur 16 des 24 parcours IKA effectués en 2013. La densité moyenne calculée (distance de détection de 200 m) serait de 0,12 (σ = 0,11) couple pour 10 ha (tableau 3.13, p. 321), avec un écart-type fort traduisant l’hétérogénéité des contacts (absence sur 8 parcours). Rapporté à l’ensemble de la baie, cela équivaudrait à 250 couples. Ce chiffre est tout à fait comparable en ordre de grandeur aux 300-400 contacts localisés lors des prospections.

Figure 3.205. Répartition des points de contacts du bruant jaune (2009-2012) en baie du Mont-Saint-Michel

PROSPECTIONS PROPOSÉES Vu son abondance et sa répartition, c’est une espèce qui se prêterait parfaitement à la méthode des IPA dans le sud de la baie du Mont-Saint-Michel. On peut aussi faire un recensement des chanteurs et des couples à vélo sur de vastes parcelles qu’il faudra reparcourir toutes les X années, la période étant à définir. Dans tout l’est de la baie du Mont-Saint-Michel, il faut systématiquement localiser les rares contacts. BIBLIOGRAPHIE SPÉCIFIQUE Debout G., 2012. Liste rouge des oiseaux de Basse-Normandie, GONm, 76 pages

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Bruant zizi Emberiza cirlus BILAN Pas loin de 100 sites en géolocalisation. SIGNIFICATION D’UN POINT Un chanteur en milieu favorable, donc un nicheur possible. CATÉGORIE Espèce évaluée à 50-200 couples. ATLAS DE NORMANDIE (A) C’est une espèce qui n’est pas commune en Normandie, malgré une implantation forte de 3 000 couples environ. Elle est absente du centre de la Manche et de la Seine-Maritime. C’est une espèce assez abondante sur la côte ouest du Cotentin d’Avranches à Portbail, où les constantes de l’espèce sur 100 points d’écoute (A2) atteignent 8 à 19 %, alors que le bruant jaune a toujours été rare. ATLAS DE BRETAGNE (B) Le bruant zizi est a minima stable, occupant l’ensemble de la Bretagne. Guermeur & Monnat (A1) décrivent une situation de ce type depuis plusieurs décennies. AVANT 1999 (C, D1, D2) L’espèce est surtout connue de Granville à Avranches, puis à la marge sud de la baie (hors du périmètre étudié ou à la marge) ; le bruant zizi semble rare, voire exceptionnel, dans les vallées de la Sée et de la Sélune. DE 2000 À 2012 (D1, D2) Il n’y a pas d’évolution connue de la répartition de l’espèce. Elle reste commune dans l’est du site (fig. 206) et rare à très rare ailleurs dans les zones directement liées à la baie du Mont-Saint-Michel, comme les marais de Dol-Châteauneuf ou les polders. Le bruant zizi n’est ni plus ni moins noté durant cette période qu’auparavant. PROSPECTIONS 2009-2012 La répartition est sans surprise par rapport aux connaissances antérieures (fig. 3.207). Les 83 points obtenus sur la frange littorale masquent son abondance à l’ouest de la route D973 de Granville-à Avranches (obs. pers.) et ensuite au nord de Granville. Néanmoins, cette répartition est intrigante, notamment dans la zone sud de la baie d’où il est presque totalement absent, alors que le bruant jaune est nettement plus abondant. Ce dernier est cepedant pratiquement absent de la zone est de la baie. Il existe quelques zones où les deux espèces cohabitent, comme à Saint-Michel-des-Loups (Jullouville). Il reste cependant surprenant que le bruant zizi demeure introuvable dans les parties basses à l’ouest, du site avec un paysage qui semble très favorable. Il existe probablement d’autres raisons biologiques pour expliquer cette répartition.

Figure 3.206. Le bruant zizi est commun en vallée du Thar (Lézeaux-Jullouville). Les oiseaux en période de reproduction en baie du Mont Saint-Michel.

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Figure 3.207. Répartition des points de contacts du bruant zizi (2009-2012) en baie du Mont-Saint-Michel

PROSPECTIONS PROPOSÉES Dans la partie est de la baie (fig. 3.208), il fait partie des espèces presque communes et pourrait être recherché par des méthodes d’échantillonnage ; dans le sud et l’ouest du site, il serait intéressant de tracer les limites précises de son implantation, et toutes les données sud-baie doivent être enregistrées hors vallée du Couesnon.

Figure 3.208. Le bruant zizi est très bien implanté sur les falaises de Bouillon (Jullouville).

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Bruant des roseaux Emberiza schoeniclus BILAN Environ 200 points de géolocalisation. SIGNIFICATION D’UN POINT Un chanteur ou un oiseau en site favorable, donc nicheur possible. CATÉGORIE Espèce évaluée à 50-200 couples. ATLAS DE NORMANDIE (A) Il y a trois grands secteurs identifiés où l’espèce est vraiment plus abondante, les marais du Cotentin et du Bessin (5 000+ couples), les marais de la Dives (estimation inconnue), la baie de Seine (1 000-2 000 couples). L’espèce semble stable sur ces trois zones. Ailleurs, le bruant des roseaux est loin d’être commun partout. La répartition n’est donc pas continue sur l’ensemble de la région (A1, A2). ATLAS DE BRETAGNE (B) Les fiefs connus avec des effectifs de plusieurs centaines de couples sont la Brière et le lac de GrandLieu. L’espèce serait en diminution (B1, B2). AVANT 1999 (C, D1, D2) Il est alors connu comme nicheur dans les herbus et un peu partout autour de la baie, mais sans connaissance réelle de sa répartition ni de ses effectifs. Il est indiqué que c’est une des espèces les plus courantes du marais de Dol (F1), mais, avec seulement 21 contacts à l’époque, elle arrive au même niveau que la bouscarle de Cetti, mais loin de la bergeronnette flavéole ou du bruant jaune (double de cantonnements pour les 2 espèces). DE 2000 À 2012 (D1, D2) L’évolution en période de reproduction n’est pas connue. Cette espèce ne fait l’objet que de peu d’intérêt de la part des ornithologues, comme beaucoup d’espèces de passereaux dits communs : la réalité étant que c’est une espèce presque rare sur certaines zones. Le bruant des roseaux n’est ni plus ni moins noté que lors de la période précédente.

Figure 3.209. À Sougéal, le bruant des roseaux s’est implanté immédiatement dès que la roselière, contenue sous les saules qui ont été coupés, a pu s’exprimer.

PROSPECTIONS 2009-2012 Après deux ans de prospection de l’atlas (2009-2010), la tentative d’extrapolation concernant cette espèce (300-400 couples in B3) a été surestimée (auteur de cet atlas). Finalement, le nombre de contacts avec des nicheurs possibles, probables ou certains atteint à peine de 200 points (fig. 3.210). Les oiseaux en période de reproduction en baie du Mont Saint-Michel.

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Le bruant des roseaux est présent ponctuellement dans les herbus. Deux zones restreintes en surface, de quelques dizaines d’hectares (frange des herbus ouest du Mont-Saint-Michel, secteur au-devant de la roselière de Genêts), totalisent une cinquantaine de couples, le quart de la population du site. L’espèce est assez abondante dans les marais de Dol-Châteauneuf (une soixantaine de couples), plus rare dans le marais du Vergon (Vains) ou celui de la Claire-Douve (de Saint-Jean-le-Thomas à Genêts). Il n’a pas été retrouvé en vallée de la Sélune (non prise en compte dans le périmètre) où une zone marécageuse, lui convenant jusque dans les années 1990 (Collette, 1990), a disparu sous les saules qui ne sont plus exploités ni coupés. Dans le marais de Sougéal, quelques ares de saulaie coupée ont permis à une roselière de repousser, un couple de bruant des roseaux s’y est implanté immédiatement (fig. 3.209). Dans les marais du Cotentin et du Bessin (Debout, 2014), cette espèce est suivie depuis 1991. Le suivi montre une progression forte des années 1990 à 2000 (doublement de la population), puis une certaine stabilité à un haut niveau, mais avec des fluctuations depuis 2000. La comparaison est possible avec le marais du Hode (étude par la même méthode) depuis 2000 : les deux courbes montrent la même évolution avec des hauts et des bas. Un suivi individuel des sites est nécessaire pour appréhender une situation locale. Ce type de suivi structuré est vraiment indispensable sur des sites à populations importantes. Cette situation des marais du Cotentin et du Bessin est atypique, puisque que Jiguet (2015) indique que cette espèce régresse fortement depuis 30 ans en France. Mais, les zones à gros noyaux de population (par exemple les trois de Normandie) jouent certainement un rôle majeur.

Figure 3.210. Répartition des points de contacts du bruant des roseaux (2009-2012) en baie du Mont-Saint-Michel

PROSPECTIONS PROPOSÉES Des prospections ciblées sur de vastes zones favorables sont peut-être une bonne méthode L’échantillonnage (IKA, IPA…) paraît peu productif pour cette espèce. Des recherches sur les zones d’abondance seraient intéressantes pour en comprendre les raisons. BIBLIOGRAPHIE SPÉCIFIQUE Collette, J., 1990. La basse vallée de la Sélune : les prés inondables de Poilley ; analyse avifaunistique et autres données écologiques. GONm pour la Dréal Basse-Normandie Document polycopié : 19 p. Debout G., 2014. Suivi des populations nicheuses dans le Parc naturel régional des Marais du Cotentin et du Bessin. PNR des Marais du Cotentin et du Bessin-GONm : 31 p. Jiguet F., 2015. Les résultats nationaux du programme STOC de 1989 à 2014. www2.mnhn.fr/vigie-nature

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Bruant proyer Emberiza calandra BILAN 30 à 40 sites de géolocalisation. SIGNIFICATION D’UN POINT Au moins un mâle chanteur en avril ou début mai. Les mâles chanteurs de juin sont indiqués dans des zones où l’espèce n’a pas été entendue auparavant (à déterminer la validité de ces chanteurs, dispersion ?), donc nicheur possible. CATÉGORIE Espèce dont au moins 20 couples semblent présents, mais dont les effectifs nicheurs ne dépassent pas 50 couples. ATLAS DE NORMANDIE (A) Après une baisse estimée à 40 % dans les années 1989-2000 (STOC Normandie), l’espèce se stabilise ensuite sur les fiefs normands (plaine de Caen essentiellement et quelques zones de plaine dans l’Orne, l’Eure et la Seine-Maritime). La tendance semble donc s’inverser dans les années 2000. ATLAS DE BRETAGNE (B) On constate une forte diminution du nombre de couples en Loire-Atlantique (perte autour de 50 % entre les années 1990 et les années 2000). Il y a une très forte contraction de l’aire de répartition vers l’est en Bretagne administrative. De nombreuses petites populations éparses qui s’étaient installées nouvellement dans les années 1970-1990 se sont éteintes rapidement. Seules les populations de la baie d’Audierne (ancienne) et des polders de la baie du Mont-Saint-Michel (récente) subsistent. AVANT 1999 (C, D1, D2) C’est une espèce qui colonise d’abord la partie normande de la baie, probablement à la fin des années 1960 ou au début des années 1970 (fig. 3.211). Elle ne niche possiblement sur la partie bretonne qu’à la fin des années 1970. Des chanteurs isolés (couples ?) atteignent les basses vallées de la Sée et de la Sélune et du Couesnon dans les années 1980, mais ils en disparaissent rapidement. L’espèce est ensuite contactée plus à l’ouest dans les marais de Dol-Châteauneuf dans les années 1990, mais les dates d’observation tardives (souvent chanteurs de mai-juin) peuvent correspondre à des mâles prospectant après la période de reproduction, ou à de la dispersion postnuptiale. Selon nos estimations (Beaufils & Chevalier, 2011) après une enquête fouillée, les effectifs principaux à la fin des années 1990 se situent entre Genêts et Vains à l’est (20 couples au maximum), puis entre Huisnes-sur-Mer et Beauvoir (10 couples maximum), dans les polders ouest du Mont-Saint-Michel (1520 couples au maximum), et de manière plus sporadique vers l’ouest (2-5 couples), pour un total autour de 50-60 couples. Le noyau important de population est bien détectable (fig. 3.212), avec au nord et à l’ouest les observations « satellites » (jaune).

Figure 3.211. Les chanteurs de bruant proyer en baie du Mont-Saint-Michel d’après D1 (1972-1975), les chroniques d’Ar Vran (1968-1975), Le Lannic (comm. pers.) et C. Les oiseaux en période de reproduction en baie du Mont Saint-Michel.

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Figure 3.212. Les chanteurs de bruant proyer en baie du Mont-Saint-Michel d’après D1 (1976-2003), D2 (1989-2003) et C.

DE 2000 À 2012 (D1, D2) La situation évolue peu jusqu’en 2003, puis les couples installés à l’est de la baie disparaissent progressivement presque tous, en commençant par ceux situés le plus au nord près de Granville (fig. 3.213). Ils désertent le site au même moment où la petite population de l’ouest du Cotentin s’éteint (Beaufils & Chevalier, op. cit.). Les couples installés entre Genêts et Vains disparaissent plus tard, mais en réalité provisoirement pour certains. Si les derniers sont observés à la fin des années 2000 au MontManet à Genêts, de nouveaux chanteurs sont retrouvés en 2012. Il en va de même de la population située entre Beauvoir et Huisnes-sur-Mer, qui ne disparaît pas totalement à cette période (2-3 chanteurs). Dans les polders à l’ouest du Mont-Saint-Michel, le nombre de chanteurs semble rester stable, mais les oiseaux se déplacent d’une année sur l’autre, ce qui rend difficile toute tentative de proposer une véritable évolution sans recensement précis sur un espace large. Le bruant proyer est seulement noté 1,85 fois plus que durant la période précédente, c’est-à-dire moins que la moyenne × 3 obtenue pour la plupart des espèces, cette indication nous indique qu’il est donc peut-être en baisse ou qu’il y a contraction de son aire de répartition.

Figure 3.213. Les chanteurs de bruant proyer en baie du Mont-Saint-Michel d’après D1 et D2 (2004-2009)

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PROSPECTIONS 2009-2012 Le bruant proyer était probablement réellement absent de la baie du Mont-Saint-Michel dans les années 1960. L’Atlas des oiseaux nicheurs de France de Yeatman, 1976, montre clairement un vide important dans la très grande moitié nord de la Bretagne et dans l’ouest de la Normandie (colonisation surtout des côtes atlantiques et de rares sites épars dans le Cotentin). Il est pourtant certain que des observateurs avaient prospecté ces zones. Le bruant proyer ne se trouvait sans doute en abondance avant les années 1970 que le long de la vallée de la Loire et dans le prolongement côtier de la Loire-Atlantique, sur les côtes du Morbihan et du Finistère et plus à l’est le Calvados et l’Orne en Basse Normandie. Les départements de la Manche, d’Ille-et-Vilaine et des Côtes d’Armor étant probablement particulièrement peu fréquentés de tout temps. À partir du milieu des années 1970, probablement à la suite de mouvements invasionnels, le bruant proyer progresse vers l’ouest, sans doute par le nord et le nord-est (Beaufils, Chevalier, op. cit.) en provenance de régions où il prospère alors (est de la Normandie, Nord – Pas-de-Calais, GrandeBretagne, Benelux). Il s’installe sur la côte ouest du Cotentin dans les dunes notamment, mais aussi en baie du Mont-Saint-Michel, et colonise des petits secteurs en Ille-et-Vilaine, Côtes d’Armor et Finistère. En 1980-1981, en baie du Mont-Saint-Michel, de nombreux ornithologues signalent des chanteurs partout où il y a un peu de paysage découvert, de Granville aux polders ouest du Mont-Saint-Michel (fig. 3.214), mais aussi dans les basses vallées de la Sée et de la Sélune, et même au-delà à l’intérieur des terres dans le département de la Manche (Saint-James et Villedieu-les-Poêles par exemple). C’est sans doute durant ces années 1980-1985 que la progression a dû être la plus forte. Les hivers très froids dans l’ouest 1984-1985, 1985-1986 et 1986-1987 ont-ils joués un rôle ? Toujours est-il qu’après cette date, l’espèce va plutôt stagner voire régresser, pour reprendre de la vigueur dans les années 1990, mais à l’intérieur d’une zone de répartition qui ne s’étend pas. Les fortes diminutions (non simultanées) en Bretagne à partir de 1985 se concluent au milieu des années 2000 par une baisse de 80 % des cartes indicées entre les atlas 1985-1988 (B2) et 2005-2009 (B3) ! L’espèce résiste en baie du Mont-Saint-Michel, où elle a quand même perdu peut-être la moitié (de 60 à 30 couples) de ses effectifs depuis la fin des années 1990. Mais les suivis rigoureux n’existant pas, nous ne pouvons que faire cette hypothèse en observant la contraction provisoire (?) de l’aire de répartition de cet oiseau.

Figure 3.214. Les fils téléphoniques encore non enterrés jouent un rôle non négligeable pour le bruant proyer comme poste de chant (Roz-sur-Couesnon).

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De 2009 à 2012, le bruant proyer est retrouvé sur ses fiefs des polders ouest de la baie du Mont-SaintMichel jusqu’à proximité de la chapelle Sainte-Anne (Saint-Broladre). Plusieurs estimations (dont une en 2012 en deux matinées sur l’ensemble des sites connus) font état d’environ 20-25 cantonnements au moins. En 2012, des chanteurs (réguliers ou occasionnels) sont réentendus, notamment à l’est de la baie près de Genêts au Mont-Manet (3 chanteurs d’avril à juin), et même à Champeaux sur le plateau des falaises où l’espèce n’avait pas été entendue depuis des décennies. Entre Huisnes-sur-Mer et Beauvoir, au moins 3 chanteurs sont présents en 2012 en début de saison, mais plusieurs sont entendus en juin (dispersion ?) sur les hauteurs bordant cette zone. Il faudrait étudier de plus près les dates où les chanteurs sont entendus par sites dans la mesure où l’on constate nettement tous les ans en juin une « extension » de l’aire de fréquentation de l’espèce, peut-être liée à de nouveaux apports, mais plus certainement à la fin de la reproduction et à la dispersion de mâles. Les sites de ces observations douteuses (fig. 3.215 : points rouges), dans la mesure où l’espèce n’est pas entendue avant juin, devrait faire l’objet de recherche annuelle au moins pour vérifier l’absence de chanteurs en début de saison.

Figure 3.215. Répartition des points de contacts du bruant proyer (2009-2012) en baie du Mont-Saint-Michel

PROSPECTIONS PROPOSÉES Dans la mesure où c’est une espèce notée, espérons-le, systématiquement, des prospections aléatoires liées aux observations éparses (chanteurs isolés) suffisent à repérer les sites de présence ; encore faut-il que les milieux soient prospectés, ce qui semble peu le cas sur les zones, notamment du côté Bretagne (Saint-Marcan, Saint-Broladre, ouest Roz-sur-Couesnon) ; l’espèce serait au moins à rechercher sur quelques sites annuellement ; des prospections ciblées à vélo pourraient être menées tous les 2-3 ans dans les polders à partir de mars, pour voir l’évolution numérique et spatiale des chanteurs. BIBLIOGRAPHIE SPÉCIFIQUE Beaufils M. & Chevalier B. (2011). Le Bruant proyer dans la Manche et en baie du Mont-Saint-Michel : histoire de l’évolution de ses populations en lien avec celles de l’Europe de l’Ouest. Le Cormoran, 18 (73) : 37-48. Yeatman L. (1976) - Atlas des oiseaux nicheurs de France de 1970 à 1975. Le Bruant proyer. Société ornithologique de France, Paris : 234.

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LES PASSEREAUX : DES ESPÈCES POTENTIELLEMENT NICHEUSES ?

L’alouette lulu Lullula arborea, n’a jamais niché en baie du Mont-Saint-Michel, mais marginalement, certains milieux pourraient être favorables ; la locustelle luscinioïde Locustella luscinioides reste une espèce potentielle, le développement de roselière (en cours) pourrait lui être favorable ; le pouillot fitis Phylloscopus trochilus peut être recherché en marge du site aussi (indices troublant 2015-2016) ; le gros-bec casse-noyaux Coccothraustes coccothraustes a probablement progressé vers l’ouest ces dernières décennies, des sites lui conviendraient, mais toujours en marge du site. Dans l’ensemble, très peu d’espèces pourraient être ajoutées à liste totale (on pourrait aussi proposer une liste très longue avec un sens limité, une espèce peut s’installer soudainement) et presque toutes sans doute de manière très marginale actuellement.

Figure 3.216. Une nouvelle route coupe une partie d’un petit marais négligé sous Kairon (Saint-Pair-surMer) ; c’est un des bordures du site qui peut accueillir des espèces marginales par des structures de paysages inhabituel (ici fourré et ajoncs).

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QU’EST CE QU’UNE ESPÈCE COMMUNE EN BAIE ?

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INTRODUCTION Entre 2009 et 2013, plusieurs enquêtes sur les oiseaux nicheurs sont mises en place (GONm – Bretagne Vivante) sur le vaste territoire de la baie du Mont-Saint-Michel. L’objectif primitif principal de l’enquête est de connaître nettement mieux la répartition des espèces nicheuses de l’annexe I de la Directive Oiseaux, qui représentent un enjeu majeur pour les partenaires institutionnels, puisque ce sont des espèces à recenser en priorité lors d’études (ZPS ; Zone de Protection Spéciale ; DOCOB ; Document d’Objectif) ; de vérifier que ces espèces ne sont pas présentes significativement en dehors de la ZPS ou que les milieux possiblement accueillants ne sont pas connus. Comment réaliser cet objectif ? L’ensemble de la baie terrestre doit être parcouru avec pour but le repérage des sites de présence en période de reproduction, mais aussi le repérage des sites potentiels d’accueil des espèces de l’annexe I. Si l’ensemble de la baie doit être parcouru pour réaliser cet objectif, pourquoi ne pas élaborer un protocole pour les autres espèces ? Un inventaire localisé des autres espèces est mené, il ne prend pas beaucoup plus de temps à réaliser. Parallèlement, le GONm lance une enquête sur les oiseaux communs : d’une part, un atlas des nicheurs de France étant en cours, d’autre part, Chevalier (2014) ayant lancé une enquête semiquantitative sur les espèces communes en Normandie en 2009, il est décidé entre 2011 et 2013 de compléter les inventaires localisés, qui ne prennent pas en compte les espèces considérées comme communes, par une méthode basée sur des échantillonnages (voir § 3.3.1). Les parcours sont testés en 2012 et réalisés pour la plupart en 2013. Ce sont ces inventaires qui sont utilisés principalement pour illustrer cet article. L’ensemble de ces travaux a permis : - de savoir si la ZPS terrestre actuelle inclut bien l’ensemble des espèces de l’annexe I de la Directive Oiseaux ; - d’obtenir des informations sur la répartition de nombreuses espèces d’oiseaux qui étaient peu étudiées ; - de définir les limites « ornithologiques » de la baie du Mont-Saint-Michel. À partir de l’ensemble des informations collectées, on pourra proposer des protocoles adaptés aux oiseaux nicheurs, par groupe d’espèces ou par milieux. 4.1.1

MATÉRIEL ET MÉTHODE

Le protocole suivi est proche de celui que Chevalier (2014) proposait en 2009 à l’ensemble des membres du Groupe Ornithologique Normand : « …je vous propose une méthode d’estimation du nombre de couples nicheurs des oiseaux “ communs ” mise en œuvre par le Groupe ornithologique Nord lors de son enquête atlas des oiseaux nicheurs entre 1985-1995 (J. -C. Tombal comm. pers, Tombal, 1996). Cette centrale ornithologique s’était elle-même inspirée de l’atlas des oiseaux nicheurs de Belgique ou de celui des Pays-Bas, réalisé un peu plus tôt. Dans le même temps, les anglo-saxons ont mis au point une méthode appelée “ Distance sampling ” dont le principe est “ comparable ”, mais il utilise un protocole qu’il n’est pas envisageable de mettre en œuvre dans le cadre de cette enquête compte tenu des moyens qu’il requiert. » Le principe est, qu’à partir de parcours échantillons parcourus deux fois à différents moments de la période de reproduction (sédentaires/migrateurs), il est possible d’obtenir une estimation quantitative ; au cours des parcours, on note tous les contacts auditifs et visuels des oiseaux plus ou moins communs du territoire d’étude ; on applique ensuite un coefficient de conversion calculé en fonction de la distance de détection (4.1.5) de chacune des espèces, selon des catégories de milieux (ici, ouvert). Finalement, on obtient des IKA (Indices Kilométriques d’Abondance), qui sont des parcours linéaires. Ceux-ci, couplés à une distance maximale de détection (4.1.5), permettent de tracer des « rubans » différents selon les espèces, en fonction de leur distance maximale de détection, que l’on convertit donc en surface. Ce protocole (deux passages en avril et juin) a été testé en 2011 et 2012 (4 parcours) sensu stricto, sans distinction des milieux annexes comme le prévoyait le protocole en Normandie (« Par ailleurs, quel que soit le type de milieu parcouru, vous prendrez soin d’inclure les petites zones urbanisées (fermes, Les oiseaux en période de reproduction en baie du Mont Saint-Michel.

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hameaux, villages inférieurs à 100 ha) et d’une façon plus générale de construire vos parcours de telle manière qu’ils soient représentatifs des milieux composants votre carte. » (Chevalier, op.cit.). Par la suite, après ces parcours globaux effectués en 2011-2012, il a paru intéressant de tenter de prendre en compte plus finement des zones. Cela a donc été fait dans les 20 parcours réalisés en 2013 (fig. 3.217, tab. 3.7, tab. 3.8).

Figure 3.217. Carte des parcours réalisés selon la méthode IKA/distance de détection entre 2011 et 2013. Tableau 3.7. Paramètres des parcours réalisés Nombre de parcours 24 Nombre total de km parcourus près de 200 km Longueur moyenne et écart-type 8,2 km σ = 6,2 Parcours le plus long 20,5 km * Parcours le plus court 2,5 km * : grand parcours réalisé à vélo

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Tableau 3.8. Descriptif des parcours Parcours

Commune(s) principale(s)

A

Saint-Guinoux

B

Lillemer

C

Jullouville

D

Observateur G. Dupont et A. Gérard G. Dupont et P. Laisné

Distance Moyen de parcourue locomotion (en km)

Milieux dominants habitats/cultures avec haies habitats/cultures avec haies

P

3,5

P

5,4

M. Beaufils

V

7,1

Arrière-pays de Genêts

M. Beaufils

V

7,2

E

Marais de la Claire-Douve

M. Beaufils

V

6,3

F

Saint-Benoît-des-Ondes

G. Dupont et P. Laisné

P

5

G

Saint-Broladre

C. Delanoé

P

3,6

H

Mont-Dol – Cherrueix

M. Beaufils

V

14,5

I

Saint-Méloir-des-Ondes – Cancale

G. Dupont et P. Laisné

P

2,75

J

Pontorson

P. Gérard et C. Ruau

P

5,1

marais et habitats

M. Beaufils

V

19,25

bocage, habitats et polders

M. Beaufils

V

20,3

K L

La Fresnais – Roz-surCouesnon – Roz-Landrieux – Hirel Beauvoir - Huisnes-sur-Mer Courtils

station balnéaire habitat, bocage et remembrement bordure marais de la Claire-Douve grandes cultures avec haies grandes cultures et habitats grandes cultures et habitats bordure falaises bord de mer/cultures et habitat

remembrement, habitats, polders habitat et grandes cultures cultures avec haies, habitat et grandes cultures habitat et marais bocager

M

Le Vivier-sur-Mer

A. Hémon

P

3,8

N

Saint-Georges-de-Gréhaigne – Pleine-Fougères – Pontorson

M. Beaufils

V

18,5

O

Aucey-la-Plaine

C. Delanoé

P

2,7

P

Boucey

C. Delanoé

P

2,5

Q

Le Val-Saint-Père

L. Loison

P

5,15

R

Roz-sur-Couesnon – SaintGeorges-de-Gréhaigne

M. Beaufils

V

13,9

S

Mont-Dol

P. Alber

P

3,5

T

Vains

T. Grandguillot

P

5,5

U

Hirel – La Fresnais Vildé-la-Marine

P. Chapon

P

4,8

V

Bacilly-Genêts

M. Beaufils

V

6,7

W

Saint-Pair-sur-Mer

M. Beaufils

P

2,6

habitat et bocage

Y

Roz-sur-Couesnon – Saint-Broladre

M. Beaufils

V

20,5

habitat et polders

habitat et marais habitat, cultures avec et sans haies habitat et grandes cultures habitat et grandes cultures habitat, cultures avec et sans haies habitat et grandes cultures habitat, bocage et remembrement

P : à pied, V : à vélo

Les oiseaux en période de reproduction en baie du Mont Saint-Michel.

316


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RÉSULTATS

ESPÈCES NON COMMUNES, LES DÉFINIR

Il faut considérer ici que le terme « non commun » sera évalué selon 3 critères principaux : - 1) la rareté de l’espèce : moins de 20-30 couples estimés sur l’ensemble du site ; - 2) la répartition des nicheurs : même si l’espèce compte plusieurs centaines de couples nicheurs, les sites de nidification sont rares et localisés ; - 3) le manque de données sur une espèce (elle pourra éventuellement être considérée comme commune mais après des études complémentaires). Indiquons que les 42 km² des herbus ne sont pas pris en compte, ils ont été étudiés à part. La liste de ces espèces non communes est proposée et justifiée dans le paragraphe 3.3.3. LES 24 PARCOURS : PRÉSENCE-ABSENCE

C'est un moyen rapide d’obtenir un résultat, sans doute approximatif, mais convenable pour une première approche et en tenant compte des réalités de terrain. ESPÈCES RARES (MOINS DE 25 % DES PARCOURS)

Certaines espèces présentes sur moins de 25 % des parcours ne sont pas communes de toute façon. (tab. 3.9). Tableau 3.9. Espèces rares Espèces Nombre de parcours % de parcours où Remarques où l’espèce est présente l’espèce est présente Bouvreuil pivoine Bruant proyer Gorge-bleue à miroir Loriot d’Europe Mésange huppée Pipit farlouse Roitelet à triple bandeau Gobemouche gris Pipit des arbres Moineau friquet Sittelle torchepot Mésange à longue queue Roitelet huppé Rousserolle verderolle Bruant des roseaux Cisticole des joncs Bouscarle de Cetti Bruant zizi Serin cini Grimpereau des jardins Locustelle tachetée Trames de fond

1 1 1 1 1 1 1 2 2 3 4 5 3 3 4 4 5 5 5 6 3

4 4 4 4 4 4 4 8 8 13 17 21 13 13 17 17 21 21 21 25 13

rare très localisé rare localisée station balnéaire localisé aux herbus marginal rare très localisé très rare marges de la baie peu commune station balnéaire localisée localisé rare en 2013 localisée localisé localisé marginal rare en 2013

Indication espèces incontestablement rares OU très localisées à un milieu espèces à répartition plus large mais qui apparaissent peu dans les relevés (raisons variables) espèce dont les résultats sont en désaccord au moins partiel avec ce qui a été trouvé durant l’enquête localisée 2009-2012

Les oiseaux en période de reproduction en baie du Mont Saint-Michel.

317


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Du bouvreuil pivoine au roitelet huppé : les effectifs de ces douze premières espèces sont très localisés, à certains secteurs pour le bruant proyer, dans certains milieux restreints pour la mésange huppée ou le roitelet huppé. Le loriot d’Europe ne niche que dans quelques peupleraies et seulement dans une partie de la baie. Les résultats 2009-2012 indiquent que, pour toutes ces espèces, moins de 50 couples sont présents sur l’ensemble du site (hors les herbus pour le pipit farlouse). À ces 12 espèces, nous ajoutons la sittelle torchepot (marges de la baie) et la mésange à longue queue. La locustelle tachetée est un cas particulier, puisque le très bas niveau de 2013 ne correspond pas au nombre plus élevé de contacts trouvés entre 2009 et 2012, même si cette espèce n’est pas « commune ». La rousserolle verderolle, le bruant des roseaux, la cisticole des joncs, la bouscarle de Cetti, le bruant zizi, le serin cini et le grimpereau des jardins, ont, malgré leurs répartitions « localisée », des effectifs 2009-2012 d’une centaine de couples, mais un certain nombre de critères variés indiquent qu’ils sont détectés sur peu de parcours en 2013. Ce sont des espèces marginales. ESPÈCES APPARAISSANT DANS 25 à 50 % DES PARCOURS

Tableau 3.10. Espèces présentes sur 25 à 50 % des parcours Nombre de parcours où % de parcours où Espèces l’espèce est présente l’espèce est présente Bergeronnette flavéole 7 29 Choucas des tours 10 42 Hirondelle de fenêtre 10 42

Remarques localement abondante localisé localisée

Pour la première espèce, l’estimation 2009-2012 (atlas localisé) est de 300-400 couples et pour les deux suivantes de 50-200. Ces espèces (tab. 3.10) sont donc presque communes, mais elles sont parfois absentes sur plusieurs dizaines de km², ou absentes de certains milieux de surface importante. Les bergeronnettes flavéoles sélectionnent des milieux avec peu d’arbres, les hirondelles de fenêtre et les choucas des tours s’installent sur des sites traditionnels (toujours avec des constructions) peu nombreux. ESPÈCES APPARAISSANT DANS 50 % à 75 % DES PARCOURS

Tableau 3.11. Espèces présentes sur 50 à 75 % des parcours Nombre de parcours où % de parcours où Espèces l’espèce est présente l’espèce est présente Rousserolle effarvatte Fauvette des jardins Phragmite des joncs Grive draine Hypolaïs polyglotte Rougequeue noir Bruant jaune Linotte mélodieuse

13 14 14 15 15 15 16 17

54 58 58 63 63 63 67 71

Remarque localisée à un milieu localisée localisé à un milieu localisée localisée localisé localisé à l’ouest localisée

L’enquête 2009-2012 montre que la plupart de ces espèces (tab. 3.11) atteignent, à l’exception du rougequeue noir, plus de 100 couples mais moins de 400, sauf la rousserolle effarvatte et le phragmite des joncs (milieux plus restreints à des linéaires de roselières). Elles sont réparties sur l’ensemble de la baie, mais on constate de fortes disparités de densité.

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ESPÈCES APPARAISSANT DANS PLUS DE 75 % DES PARCOURS

Tableau 3.12. Espèces présentes sur plus de 75 % des parcours Nombre de parcours où % de parcours où Espèces l’espèce est présente l’espèce est présente Bergeronnette grise 19 79 Chardonneret élégant 19 79 Fauvette grisette 19 79 Traquet pâtre 19 79 Geai des chênes 20 83 Pie bavarde 20 83 Alouette des champs 21 88 Corneille noire 21 88 Étourneau sansonnet 22 92 Grive musicienne 22 92 Hirondelle rustique 22 92 Mésange charbonnière 22 92 Verdier d’Europe 22 92 Accenteur mouchet 23 96 Mésange bleue 23 96 Fauvette à tête noire 24 100 Merle noir 24 100 Moineau domestique 24 100 Pinson des arbres 24 100 Pouillot véloce 24 100 Rougegorge familier 24 100 Troglodyte mignon 24 100

Remarques répartition homogène localisé aux habitations rang élevé inattendu localisé rang élevé inattendu répartition homogène densités faibles hors herbus pas si commune localisé à un milieu répartition homogène difficile à évaluer répartition homogène rare hors zone d’habitation fortes densités locales parfois commune très fortes densités locales très commun lié aux habitations très commun très commun très commun très commun

Les espèces indiquées en vert (tab. 3.12) étaient présumées comme les plus communes avant la réalisation de l’enquête 2009-2012, d’après les observations empiriques de terrain. Elles avaient été exclues du protocole des espèces à localiser. Il eut probablement été très complexe de localiser la plupart d’entre-elles, notamment sur des habitats de type hameaux, bourgs où elles peuvent atteindre de fortes densités. Ces espèces ne présentent pour le moment pas d’enjeu important en matière de conservation. Ce tableau montre donc que ces espèces sont donc bien communes à très communes. L’alouette des champs est la seule espèce commune qui témoigne de la présence de grandes cultures. Le geai des chênes, quant à lui, témoigne d’un certain niveau de boisement sur l’ensemble du site. Ce boisement devient parfois préoccupant, notamment par abandon des coupes régulières. Ceci se fait au détriment des espèces privilégiant comme milieu les cultures avec de petites haies ou des arbustes épars ou des fourrés bas. Certaines d’entre elles sont véritablement patrimoniales (par exemple la fauvette grisette ou la linotte mélodieuse) en baie du Mont-Saint-Michel. Ces espèces sont nettement plus rares sur l’arrière-pays manchois ou bretillien. DENSITÉS MOYENNES

Il y a donc une trentaine d’espèces de passereaux (tab. 3.11 et 3.12) que nous considérons comme communes. Les résultats globaux des 24 parcours, sans tenir compte des milieux rencontrés (qui sont essentiellement ouverts), sont maintenant exprimés en fonction de la densité de chaque espèce pour 10 ha. Pour un parcours donné et pour une espèce, le calcul simple est : IKA (indice kilométrique d’abondance) = X individus / Y km (1 parcours donné) Densité pour 10 ha = IKA x coefficient de conversion lié à la distance de détection / 10 (cf. 4.1.5.). De manière nette, le moineau domestique (M = 3,44, σ = 2,14 couples pour 10 ha) et le pinson des arbres (M= 2,30, σ = 1,2 couples pour 10 ha) sont les espèces dominantes (indépendamment des milieux), avec de plus un faible écart-type indiquant une certaine homogénéité. Le troglodyte (M = 1,13, σ =0,85 couple

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pour 10 ha) et le merle noir (M = 1,41, σ = 0,77 couple pour 10 ha) les rejoignent dans la catégorie des espèces avec plus de 1 couple pour 10 ha mais avec un plus faible écart-type (fig.3.218). Les densités de plusieurs espèces (moitié gauche du graphique, hypolaïs polyglotte compris) pourraient être exprimées en densité pour 100 ha plutôt que pour 10 ha (0,01 couple pour 10 ha) ; le coucou gris, la grive draine, le rougequeue noir, le geai des chênes, et ferment la marche. Pour beaucoup de ces espèces, l’écart-type trouvé est supérieur à la moyenne ce qui indique une forte hétérogénéité du peuplement et de vraies difficultés à interpréter les résultats.

Figure 3.218. Densité moyenne pour 10 ha (et écart-type) sur les 24 parcours réalisés

La pie bavarde, le geai des chênes et la corneille noire (trois corvidés à assez grand territoire), bien que présents sur plus de 80 % des parcours (tab. 3. 12), se retrouvent nettement plus bas que ce qui était pressenti, notamment pour la corneille noire. Cette dernière, abondante en toute saison sur le Domaine Publique Maritime ou à proximité, semble peu commune en période de reproduction intra-baie terrestre. Le chardonneret élégant a un rang relativement haut (partie droite du graphique) ; contre toute attente, l’hypolaïs polyglotte se place entre la linotte mélodieuse et l’hirondelle rustique : les résultats des années 2009-2012 montraient un oiseau plutôt peu abondant et localisé, 2013 est une bonne année. DENSITÉS PRISES INDIVIDUELLEMENT

-

Ces densités ont été classées en 6 catégories (tab. 3.13) : l’espèce n’apparaît pas dans le parcours ; l’espèce ne peut s’estimer qu’avec 0,0X couple pour 10 ha : densité très faible ; 0,1 à 0,5 couple pour 10 ha (catégorie importante pour certaines espèces) : densité faible >0,5 à 1 couple pour 10 ha : densité moyenne ; >1 couple à 3 couples pour 10 ha : densité forte ; jusqu’à > 3 couples pour 10 ha : densité très forte. Pour la dernière catégorie (> 3 couples pour 10 ha), on peut atteindre même plus de 5 couples pour 10 ha sur certains parcours. Pour le moineau domestique (seuls les mâles sont pris en compte sur les parcours), les plus basses densités sont évidemment rencontrées en l’absence d’habitation ou quand ce sont des fermes abandonnées ou parfois rénovées avec un bétonnage clairement assumé. Le pinson des arbres dépasse une fois les 5 couples pour 10 ha dans une zone riche en haies à l’arrière de Genêts. Selon les critères de densité et de nombre de parcours, nous obtenons un classement légèrement différent par rapport aux précédentes informations. Les oiseaux en période de reproduction en baie du Mont Saint-Michel.

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Pour les catégories, vert clair, violet, bleu et vert foncé la sélection est faite sur le tri croissant de la colonne de droite (plus grands densité). Tableau 3.13. Classement des espèces : tri en fonction des critères de présence sur les parcours et des densités obtenues (légende des couleurs page suivante) Densités (en couple pour 10 ha) Espèces absente 0,01 à 0,09 0,1 à 0,5 > 0,5 à 1 >1à3 > 3 couples Coucou gris Rougequeue noir Geai des chênes Grive draine Fauvette des jardins Poule d’eau Tourterelle des bois Corneille noire Bruant jaune Pie bavarde Traquet pâtre Alouette des champs Hirondelle rustique

10 8 4 9 9 9 7 3 8 4 5 2 2

14 11 13 8 7 7 7 10 1 4 3 4 2

0 5 7 7 8 8 10 11 15 16 15 17 19

0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1 1 1

0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0

0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0

Fauvette grisette Bergeronnette grise

5 5

7 2

10 15

2 2

0 0

0 0

Phragmite des joncs Rousserolle effarvatte Linotte mélodieuse Hypolaïs polyglotte Grive musicienne Tourterelle turque

10 10 7 9 2 1

4 3 3 3 4 3

7 8 11 8 13 12

3 3 3 4 5 8

0 0 0 0 0 0

0 0 0 0 0 0

Pigeon ramier Chardonneret élégant Étourneau sansonnet Mésange charbonnière Pouillot véloce

1 5 2

3 1 1

16 13 10

3 4 10

1 1 1

0 0 0

2 0

0 0

13 12

6 7

3 5

0 0

Mésange bleue Rougegorge familier Accenteur mouchet Fauvette à tête noire Verdier d’Europe Troglodyte mignon

1 0 1 0 2 1

1 0 0 2 0 0

7 10 7 10 8 5

10 8 10 4 10 10

5 6 6 8 3 7

0 0 0 0 1 1

Merle noir Pinson des arbres

0 0

0 0

1 1

11 1

10 15

2 7

Moineau domestique

0

0

0

3

10

11

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Orange : le coucou gris est la seule espèce qui n’atteint jamais 0,1 couple pour 10 ha mais toujours 0,01X pour 10 ha, c’est presque un cas particulier avec 10 parcours où il est absent. Sa densité est au moins 100 fois moins abondante que le moineau domestique. Vert clair : un lot d’espèces, ne dépassant jamais plus de 0,5 couple pour 10 ha, se dégage ensuite. Le rang du rougequeue noir explique sa distribution très éparpillée. Il ne se trouve pas dans de nombreux lieux qui, aux yeux de l’ornithologue, semblent pourtant favorables. L’exemple le plus emblématique est sa rareté comme nicheur au Mont-Saint-Michel (les données anciennes ne le signalent pas non plus) et dans toute la zone qui va du Mont-Saint-Michel à Beauvoir, alors qu’il est présent sur quelques fermes ou des hameaux aux abords de cette zone apparemment très favorable. Pour le geai des chênes et la grive draine, les raisons semblent plus objectives, comme l’utilisation d’un territoire plus vaste et la nécessité de la présence de boisements. Parmi les 6 espèces suivantes, on peut expliquer le rang du bruant jaune par son absence de l’est de la baie et une installation dans les grandes zones d’agriculture intensive avec quelques buissons, ce qui limite sa zone d’implantation ; la fauvette des jardins est limitée par la qualité des milieux. La corneille noire apparaît, à nouveau, comme une espèce pas si commune. Violet : ces espèces atteignent des densités de > 0,5 à 1 couple pour 10 ha, mais l’alouette des champs (hors herbus), l’hirondelle rustique et le traquet pâtre seulement une fois. Ces espèces sont, en ordre de grandeur, au moins 10 fois moins abondantes que le moineau domestique. Dans ce groupe, la rousserolle effarvatte et le phragmite des joncs sont absents de 10 parcours sur 24, mais ceci s’explique par leur spécialisation : ces deux espèces ont besoin de roselières majoritairement ouvertes pour s’installer. Les roselières sont absentes de certains parcours (Jullouville, le Val-SaintPère) ou présentes sur des zones peu exploitables par les espèces, car insuffisamment ouvertes (comme à Aucey-la-Plaine). Ces espèces restent néanmoins communes. L’hypolaïs polyglotte reste toujours à une place étonnante en 2013, mais avec un nombre de parcours élevé (environ 40 %) d’où il est absent. Bleu : ces 4 espèces peuvent atteindre une densité supérieure à 1 couple pour 10 ha localement. Le chardonneret élégant est la seule espèce à présenter un nombre important de parcours (20 %) où il n’est pas observé. Ces espèces présentent majoritairement des densités de l’ordre de 0,1 à 0,5 couple pour 10 ha. Vert foncé : ces 8 espèces sont véritablement communes, même si 5 d’entre elles n’atteignent jamais les plus fortes densités. Les espèces sont absentes de rares parcours, absences plus liées aux aléas de la méthodologie (deux passages), mais qui indiquent clairement que les densités peuvent être faibles localement. Dans plus de 20 % des cas, elles peuvent avoir de fortes densités de 1 à 3 couples pour 10 ha. Bien que moins abondantes, elles entrent dans les espèces qui sont globalement présentes sur le site, avec un ordre de grandeur du « type » du moineau domestique. Sans que cela soit une énorme surprise, classé en 7e position dans le chapitre précédent, le verdier d’Europe atteint maintenant la 5e position du classement. Ceci confirme parfaitement les informations obtenues lors des parcours localisés 2009-2012. Si l’on ne tient pas compte des herbus (alouette des champs) et des oiseaux coloniaux (goéland argenté et corbeau freux), le verdier arrive en 1 e position sur les espèces qui ont été localisées. Nous l’avions considéré en démarrant en 2009 comme sans doute « moins commun », alors qu’en réalité c’est une espèce parmi les plus communes. Jaune : il n’est pas surprenant de trouver ces 2 espèces classées à ce niveau, même si leurs écologies sont nettement différentes. Le moineau domestique arrive en tête grâce à ses concentrations locales et coloniales sur les fermes, hameaux, bourgs, totalement dépendantes des habitats humains. En période de reproduction et avant la dispersion postnuptiale, le moineau domestique est introuvable à plus de 100-200 m d’une habitation. Le pinson des arbres atteint ce niveau grâce à sa capacité à s’installer en densité parfois forte dans tous les milieux, des boisements aux polders. Hors zone d’habitations, le pinson des arbres est dominant, même dans les polders bordés de haies de peupliers. Il n’y a guère que les herbus qui ne sont pas utilisés par ces deux espèces, sauf le moineau domestique pour se nourrir aux marges.

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LES KILOMÈTRES PARCOURUS ÉTAIENT-ILS UTILES ?

Figure 3.219. Nombre d’espèces communes contactées par rapport au nombre de kilomètres parcourus (m = 29, σ = 3)

La figure 3.219 montre qu’on atteint, même sur de petit parcours, un nombre d’espèces communes autour de 26-32 (M = 29, σ = 3). Pour atteindre ces 25-30 espèces, des parcours de 5 à 10 km sont largement suffisants. Elles sont obtenues dès qu’on atteint au moins 3 km (il vaut éviter des milieux particuliers ou trop petits). La figure 3.220 intègre les espèces moins communes. Elle indique que l’on peut trouver près de 50 espèces sur un seul parcours (mais celui-ci englobait deux grands milieux nettement différents). Comme sur la figure 3.219, on remarque que si on obtient rapidement une trentaine d’espèces communes, une dizaine d’autres espèces peut être espérée pour peu que le parcours fasse plus de 5 km. On retrouve cette idée de faire des parcours de 5-10 km ; les rallonger au-delà ne change pas fondamentalement la liste.

Figure 3.220. Nombre d’espèces (toutes espèces confondues) contactées par rapport au nombre de kilomètres parcourus (M = 37, σ = 7)

Les parcours à plus de 30 espèces témoignent surtout de la forte hétérogénéité des milieux, traversant pour moitié les bordures boisées et à habitats dispersés de la baie, et pour l’autre les polders

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BILAN SPÉCIFIQUE

Les espèces auxquelles on peut attribuer le qualificatif de « commun » (tab. 3.13) : - les espèces très communes (5), qui sont présentes partout avec des densités qui peuvent être fortes : moineau domestique, pinson des arbres, merle noir, troglodyte mignon, verdier d’Europe ; - les espèces communes (8), présentes partout mais avec rarement des densités fortes, ne dépassant jamais 3 couples pour 10 ha : fauvette à tête noire, accenteur mouchet, rougegorge familier, mésange bleue, pouillot véloce, mésange charbonnière, étourneau sansonnet, pigeon ramier ; - les espèces assez communes (12) : chardonneret élégant, hirondelle rustique, alouette des champs, bergeronnette grise, traquet pâtre, grive musicienne, tourterelle turque, linotte mélodieuse, fauvette grisette, rousserolle effarvatte, hypolaïs polyglotte, phragmite des joncs ; - les espèces assez communes à densité faible (10) : pie bavarde, bruant jaune, corneille noire, tourterelle des bois, fauvette des jardins, poule d’eau, grive draine, geai des chênes, rougequeue noir, coucou gris ; - les espèces presque communes (11), qui ont des effectifs faibles ou modérés (EFM), qui sont localisées (en général, à faible densité), qui vivent dans des milieux particuliers (MP) ou qui sont sensibles aux aléas climatiques (AC) : choucas des tours (MP), hirondelle de fenêtre (MP), grimpereau des jardins (MP), bergeronnette flavéole (MP), serin cini (EFM), bruant zizi (MP), bouscarle de Cetti (AC), cisticole des joncs (AC), bruant des roseaux (MP), rousserolle verderolle (MP). Des très communes à presque communes, ces 46 espèces forment donc la trame du peuplement des passereaux de la zone « baie du Mont-Saint-Michel » Les espèces non communes (tab. 3.14) : Tableau 3.14. Les espèces non communes Raison de considérer que ce sont Espèces Remarque des espèces non communes goéland argenté, goéland brun, la moindre atteinte aux rares goéland marin, cormoran huppé, grand oiseaux coloniaux très localisés ou sites peut perturber la cormoran, huîtrier pie, aigrette localisés au milieu marin reproduction annuelle garzette, héron garde-bœufs grèbe huppé, canard chipeau, sarcelle d’été, fuligule milouin, fuligule oiseaux souvent rares et très morillon, mouette rieuse, râle d’eau, localisés ; parcours peu adapté à recherches spécifiques localisées marouette ponctuée, avocette élégante, ces espèces échasse blanche héron cendré, corbeau freux, espèces coloniales localisées ; recensement des colonies hirondelle de rivage parcours peu adaptés à ces espèces martin-pêcheur d’Europe espèce rare et localisée biologie particulière espèce ne fréquentant qu’un type gravelot à collier interrompu biologie particulière de milieu précis pic épeichette, perdrix rouge, pipit espèces rares ou localisées sur le maritime, mésange nonnette, fauvette site, non contactées (ou presque) babillarde, rougequeue à front blanc, quelques couples très localisés sur les 200 km de parcours intrapie-grièche écorcheur, bergeronnette baie des ruisseaux, fauvette pitchou espèce surtout présente sur les bergeronnette printanière flava secteurs particuliers herbus cigogne blanche, chouette chevêche, espèces ultra-localisées sur le site, cygne tuberculé, hibou des marais, biologie particulière donc non communes faucon pèlerin, busard des roseaux martinet noir protocole non adapté à cette espèce biologie particulière chouette effraie, hibou moyen-duc, protocole non adapté à ces espèces biologie particulière chouette hulotte pigeon biset non pris en compte espèce non recensée un milieu particulier non pipit farlouse presque exclusivement herbus prospecté par échantillonnage

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Bretagne Vivante - SEPNB

CONCLUSION

Cette présentation avait pour but d’essayer de qualifier la nature plus ou moins commune des oiseaux nicheurs en fonction des critères proposés pour aboutir à une liste finale. On remarque vite qu’il s’agit essentiellement des passereaux, à de rares exceptions près. Il y a quelques modifications à la marge dans ces listes, en fonction d’éléments qui n’ont pas été utilisés ici. Outre la poule d’eau et le coucou gris intégrés dans les distances de détection, d’autres espèces (hormis la « famille » des passereaux), pourront être considérées comme communes ou assez communes, comme le canard colvert, le pic vert, le pic épeiche, la buse variable, le faucon crécerelle, le pigeon ramier, la tourterelle turque, la tourterelle des bois, ce qui nous permet d’aboutir à une liste d’une cinquantaine d’espèces (54) communes ou assez communes formant le peuplement dominant du site. Il est en tout cas maintenant déjà possible pour l’ensemble des espèces citées de proposer rapidement un protocole par objectif en fonction des besoins locaux, comme la recherche de densité ou la recherche de tendance, qui tiendra compte de l’ensemble des données : rareté, dispersion spatiale ou localisation. Ce travail de parcours IKA couplé à la distance de détection est très largement transposable ailleurs, puisqu’il a été réalisé à l’échelle du département de la Manche et d’une partie de la Normandie (Chevalier, 2014). Les résultats obtenus, c’est-à-dire connaître l’ordre de grandeur à l’échelle d’une région des densités ou des effectifs des oiseaux les plus communs, semblent tout à fait satisfaisants quant à l’homogénéité des données par grands milieux (grande culture, bocage…). BIBLIOGRAPHIE DE QU’EST-CE QU’UNE ESPÈCES COMMUNE ? Beaufils M., 2001. Avifaune de la baie du Mont-Saint-Michel, 1979-1999. Enquête sur un site complexe, Groupe Ornithologique Normand / Bretagne Vivante-SEPNB Ille-et-Vilaine, 301 p. Chevalier B., 2014. Estimation des populations d’oiseaux nicheurs plus ou moins communs en Normandie : protocole. Le Cormoran, 19(80) : 195-206. Colette J. & Debout G., 1999. L’enquête habitats en Normandie : une approche des espèces communes par milieu au long du cycle annuel. Le Cormoran, 11 (50) : 59-128. Tombal J.C. (coord.), 1996. Les oiseaux de la Région Nord – Pas-de-Calais – Effectifs et distribution des espèces nicheuses : période 1985-1995. Le Héron, 29 : 1-336.

Figure 3.221. Le hameau de Kairon à Saint-Pair-sur-Mer : que des espèces communes.

Les oiseaux en période de reproduction en baie du Mont Saint-Michel.

325


Groupe Ornithologique Normand 4.1.5 Espèce

Bretagne Vivante - SEPNB

DISTANCE DE DÉTECTION MOYENNE UTILISÉE (B. Chevalier, GONm) Distance latérale de détection (en m)

Accenteur mouchet Alouette des champs Bergeronnette des ruisseaux Bergeronnette printanière Bergeronnette grise Bouscarle de Cetti Bouvreuil pivoine Bruant des roseaux Bruant jaune Bruant proyer Bruant zizi Chardonneret élégant Cisticole des joncs Corneille noire Étourneau sansonnet Fauvette à tête noire Fauvette des jardins Fauvette grisette Geai des chênes Gobemouche gris Grimpereau des jardins Grive draine Grive musicienne Hirondelle rustique Hirondelle de fenêtre Hypolaïs polyglotte Linotte mélodieuse Locustelle tachetée Merle noir Mésange à longue queue Mésange bleue Mésange charbonnière Moineau domestique Phragmite des joncs Pie bavarde Pinson des arbres Pipit des arbres Pipit farlouse Pouillot véloce Rougegorge familier Rougequeue noir Rousserolle effarvatte Rousserolle verderolle Serin cini Traquet pâtre Troglodyte mignon Verdier d’Europe

120 200 100 100 100 120 80 100 200 250 100 80 100 500 150 200 150 150 250 50 100 250 150 250 250 100 200 200 150 100 100 100 100 120 200 100 100 120 150 120 150 100 100 120 100 150 80

Les oiseaux en période de reproduction en baie du Mont Saint-Michel.

Coefficient de conversion km→km²

4,17 2,50 5,00 5,00 5,00 4,17 6,25 5,00 2,50 2,00 5,00 6,25 5,00 1,00 3,33 2,50 3,33 3,33 2,00 10,00 5,00 2,00 3,33 2,00 2,00 5,00 2,50 2,50 3,33 5,00 5,00 5,00 5,00 4,17 2,50 5,00 5,00 4,17 3,33 4,17 3,33 5,00 5,00 4,17 5,00 3,33 6,25

326


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Bretagne Vivante - SEPNB

CONCLUSION EN TABLEAUX

Le Mont-Manet, Genêts.

Les oiseaux en période de reproduction en baie du Mont Saint-Michel.

327


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Ce chapitre 4 est une proposition de synthèse sous forme de tableaux et de listes. L’idée développée ici est que, plutôt que de rechercher dans chaque texte des éléments dont il a besoin, un rédacteur de texte atlas ou un chargé de mission, par exemple, trouveront ici ce dont ils ont besoin (souvent rapidement) pour se faire une idée sur une espèce… et avant d’aller éventuellement consulter les textes spécifiques si besoin.

1

ESPÈCES COMMUNES : MILIEUX ET DENSITÉS Les résultats sont exprimés en couples pour 100 ha (1 km²). Cette surface nous a semblé plus simple à appréhender. Pour chaque espèce, les cases du tableau, coloriées en vert, indiquent les milieux les plus utilisés par celle-ci (tab. 4.1 – tab. 4.2). Les espèces en bleu ne privilégient pas un milieu particulier.

Espèces non localisées (tab. 4.1) : pour ces espèces, l’estimation est assez grossière. Nous avons repris les diverses densités obtenues lors des parcours ou sur des surfaces supérieures à 100 ha ; nous avons essayé de faire une proposition. La colonne « herbu » a été supprimée (aucune espèce très commune). Nous ne proposons donc pas d’analyse plus complexe de ce tableau. Tableau 4.1. Densités estimées par milieu, des espèces les plus communes Espèces Moineau domestique Étourneau sansonnet Hirondelle rustique Pinson des arbres Troglodyte mignon Accenteur mouchet Pigeon ramier Merle noir Rougegorge familier Mésange bleue Fauvette à tête noire Pouillot véloce Corneille noire Mésange charbonnière

Total/100 ha

Estimation sur 30 000 ha (en couple)

0

34

9500

0

0

5

1400

0

0

0

3

850

8

3

3

1

23

6400

5

2,5

1,5

1,5

0,5

11

3100

2,5

3

1,5

1,5

0,5

9

2500

1 4

1 4

0,5 3

0,25 2

0,25 1

3 14

850 3900

2,5

2,5

2

1,5

0,5

9

2500

3

1,5

1,5

0,5

0,5

7

2000

1,5

3

1,5

0,5

0,5

7

2000

1,5 0,4

2 1

1,5 0,2

0,5 0,2

0,5 0,2

6 2

1700 600

0,5

0,5

0,5

0,25

0,25

2

600

Présence habitation

Zone avec petits bocages

MARAIS

34

0

0

0

5

0

0

3

0

8

Les oiseaux en période de reproduction en baie du Mont Saint-Michel.

CULTURES POLDERS avec peu de sans haies haies

328


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Espèces localisées De manière quelque peu arbitraire, nous avons décidé que les espèces communes sont celles largement réparties sur le territoire étudié pour lesquelles le nombre de points localisés est supérieur à 100. Certaines espèces, notamment coloniales, n’utilisant que les habitats liés à l’homme (fermes, hameaux, bourgs), comme l’hirondelle de fenêtre (fig. 4.1) ou le choucas des tours, ne sont pas mentionnées. La surface totale ne prend pas en compte les milieux inférieurs à 1 000 ha, tels que les boisements, les îlots ou les falaises, comme certaines parties rases et inondables (évaluées) des herbus qui ne sont utilisées.

Figure 4.1. Nid d’hirondelle de fenêtre à Genêts : des nids peu comptés depuis 30 ans.

Les marais comptent le plus d’espèces particulièrement liées à ce milieu, et les herbus en comptent le moins (mais certaines avec des densités fortes). Les polders sont privilégiés par la bergeronnette flavéole et la fauvette grisette, ce qui était moins attendu pour cette dernière (petits buissons isolés). Pour plusieurs espèces, comme la tourterelle des bois ou le geai des chênes, aucun milieu ne semble privilégié, même si la présence de l’arbre est impérative ; dans ce cas il n’y a aucune case colorée en vert. Rappelons que les densités sont présentées en « couple pour 100 ha » donc généralement très faibles pour 10 ha !

Les oiseaux en période de reproduction en baie du Mont Saint-Michel.

329


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Tableau 4.2. Densités des espèces principales par milieu pour 100 ha Présence habitation

Surface totale

2,6

0,03

3,4

0,9

3,2

0

1,1

0,07

0,2

0,2

2,8

0,5

0,2

0,03

1,5

0,2

0,2

0,4

0,1

0,4

2,8

2,1

0,1

0,06

0,7

1

2,2

0

0,9

1,2

0,2

1,3

Canard colvert

0,8

0,8

0,2

2,9

0,7

0,2

0,9

Chardonneret élégant

0,2

0,2

0

0,3

0,2

5,6

0,8

Cisticole des joncs

0,1

0,4

2,3

0,8

0,2

0,2

0,5

Coucou gris

0,4

0,4

0

0,8

0,4

0,2

0,4

1

0,4

0

1

0,1

0,4

0,5

Fauvette grisette

0,6

1,1

0

1,2

2,4

0,3

1,1

Poule d’eau

0,6

1

0,1

1,8

0,4

0,6

0,8

Geai des chênes

0,9

0,4

0

0,4

0,07

0,8

0,4

Grive draine

0,4

0,3

0

0,3

0,1

3,2

0,6

Grive musicienne

0,9

0,4

0,03

0,6

0,2

6,8

1,2

Hypolaïs polyglotte

1,7

0,7

0

1,3

0,2

0,6

0,7

Linotte mélodieuse

0,5

0,6

0,1

0,4

0,7

2,3

0,7

Phragmite des joncs

0,6

2

0,03

6,6

0,7

0,4

1,7

Pie bavarde

0,3

0,4

0

0,4

0,3

4,1

0,7

0

0,04

19

0,2

0,2

0

2,1

Rousserolle effarvatte

0,7

1,9

0,9

7,1

2,4

0,3

2,1

Rousserolle verderolle

0,3

0,4

0

1,1

0,02

0,3

0,3

0

0,09

0

0,1

0,02

3,2

0,4

Traquet pâtre

0,6

0,8

0,1

1,7

0,5

0,03

0,7

Tourterelle des bois

0,9

0,8

0

0,8

0,4

0,5

0,6

Tourterelle turque

0,16

0,17

0

0,04

0,7

18,1

2,1

Verdier d’Europe

0,5

0,6

0

0,4

0,7

18,4

2,6

3 100

11 500

3 000

2 800

4 300

3 200

27 900

Bocage

Cultures

DPM (a)

Marais

0,4

1,7

18,7

2,2

0

0,5

3,2

Bergeronnette grise

0,1

0,2

Bouscarle de Cetti

0,6

Bruant des roseaux

Espèce Alouette des champs Bergeronnette flavéole

Bruant jaune

Fauvette des jardins

Pipit farlouse

Serin cini

Surface (en ha)

Polders

a : dont herbus (surface utilisable)

Les oiseaux en période de reproduction en baie du Mont Saint-Michel.

330


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2

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ESPÈCES SECONDAIRES : MILIEUX ET DENSITÉS

Dans le tableau 4.3, nous réunissons les espèces secondaires, c’est-à-dire celles pour lesquelles nous n’avons trouvé qu’un nombre de points inférieur à 100. Nous proposons des densités pour ces espèces. Elles restent très faibles, à la limite de la signification, ramenées à 10 ha pour celles vraiment rares. Par exemple, on obtiendrait pour le roitelet à triple bandeau 0,001 couple pour 10 ha. Nous avons proposé des densités pour 100 ha, mais aussi des densités pour 100 km² qui seront plus expressives. Ces densités brutes sont probablement moins fiables que les précédentes. Pour certaines espèces, comme le bruant proyer (fig. 4.2), la gorgebleue à miroir ou la locustelle tachetée, l’ensemble du jeu de données n’est pas pris en compte sur les quatre années (voir textes spécifiques). Cela donnera une indication de ce qui était connu pour les personnes qui travailleront plus tard sur le site.

Figure 4.2. Polders à bruant proyer (Roz-sur-Couesnon)

Les oiseaux en période de reproduction en baie du Mont Saint-Michel.

331


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Tableau 4.3. Densités et milieux fréquentés par les espèces secondaires Espèce

Densité pour 100 ha

Densité pour Milieux fréquentés 100 km²

Tadorne de Belon

0,36

36

milieux variés

Grimpereau des jardins

0,31

31

milieux variés boisement dominant

Bruant zizi

0,29

29

uniquement en bordure est du site

Buse variable

0,28

28

milieu dominant lié aux cultures avec haies

Faucon crécerelle

0,26

26

milieu dominant lié aux cultures avec haies

Rougequeue noir

0,25

25

100 % milieu lié aux habitations

Pic épeiche

0,23

23

bocages et cultures avec haies

Locustelle tachetée

0,21

21

zone de canaux liés aux cultures (plus grande surface)

Faisan de Colchide

0,19

19

cultures (plus grande surface)

Caille des blés

0,19

19

herbus largement dominants

Vanneau huppé

0,14

14

herbus, marais, cultures

Pipit des arbres

0,14

14

bocage et peupleraie (localisé)

Pic vert

0,13

13

milieux variés

Mésange à longue queue

0,13

13

milieux variés

Bruant proyer

0,13

13

polders (28/37)

Roitelet huppé

0,11

11

zones d’habitations (27 sur 31), dont station balnéaire

Bergeronnette printanière

0,10

10

herbus principalement

Gorgebleue à miroir

0,10

10

herbus (60 %), cultures, polders

Loriot d'Europe

0,10

10

100 % peupleraies

Épervier d’Europe

0,08

8

absent des herbus et polders

Gobemouche gris

0,07

7

100 % zones d'habitations

Bouvreuil pivoine

0,04

4

présence de fourrés ou de boisements

Faucon hobereau

0,04

4

présence de zones boisées et de milieux ouverts de chasse

Perdrix rouge

0,04

4

cultures

Sittelle torchepot

0,03

3

boisements

Mésange huppée

0,03

3

100 % Jullouville station balnéaire

Mésange nonnette

0,02

2

deux sites

Pic épeichette

0,02

2

?

Pigeon colombin

0,02

2

?

Perdrix grise

0,02

2

grandes cultures

Roitelet à triple bandeau

0,01

1

milieux variés mais présence d’arbres

Les oiseaux en période de reproduction en baie du Mont Saint-Michel.

332


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3

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TABLEAUX INTÉGRANT TOUTES LES ESPÈCES

Pour toutes les espèces, les tendances ont été évaluées sur une période de 20 ans. 3.1

ESPÈCES NON RECENSÉES

Les effectifs de ces 4 espèces sont sans doute au moins de plusieurs dizaines de couples (tab. 4.4). Tableau 4.4. Espèces non recensées Tendance

Estimation du nombre de couples

Chouette hulotte

?

au moins 1 (dizaines ?)

Chouette effraie

?

au moins 1 (dizaines ?)

Martinet noir

?

au moins 1(dizaines, centaines ?)

Pigeon biset

?

au moins 1 (dizaines, centaines ?)

Espèce

3.2

ESPÈCES À PLUS DE 1000 COUPLES (HORS HERBUS)

11 espèces, dont 1 peut-être stable et les 10 autres à tendance inconnue (tab. 4.5) Nous proposons ici des valeurs des valeurs moyennes estimées par le calcul IKA associé à la distance de détection, ce sont donc des valeurs « fragiles ». Il faut surtout considérer l’ordre de grandeur et la hiérarchie entre les espèces. Le moineau domestique, le pinson des arbres, puis le merle noir et le troglodyte mignon, sont nettement plus contactés que les autres espèces. Tableau 4.5. Espèces à plus de 1 000 couples (hors herbus) Espèce

Tendance

Estimation du nombre de couples Remarque (en 2013)

Accenteur mouchet

?

2 500

± autour de cette valeur

Étourneau sansonnet

?

1 000 - 1500

± autour de ces valeurs

Fauvette à tête noire

1 500

au moins une stabilité

Merle noir

?

4 000

± autour de cette valeur

Mésange bleue

?

1 500

± autour de cette valeur

Moineau domestique

?

5 000 - 10 000

Pigeon ramier

?

1000

± autour de cette valeur

Pinson des arbres

?

5 000 -7500

± autour de ces valeurs

Pouillot véloce

?

1 000 - 1500

± autour de ces valeurs

Rougegorge familier

?

2 500

± autour de cette valeur

Troglodyte mignon

?

4 000

± autour de cette valeur

Les oiseaux en période de reproduction en baie du Mont Saint-Michel.

très mauvaise année pour échantillonnage

333


Groupe Ornithologique Normand

3.3

Bretagne Vivante - SEPNB

ESPÈCES DE 200 À 1 000 COUPLES

24 espèces, dont 4 stables, 2 en augmentation, 1 en diminution, 1 certainement très variable, 16 à tendance inconnue (tab. 4.6). Tableau 4.6. Espèces de 200 à 1000 couples Espèce

Estimation du Tendance nombre de couples Remarque (en 2013)

Alouette des champs

?

900 - 1000

pour 300 km² ; 60 % dans les herbus

Bergeronnette flavéole

?

300 - 350

pour 300 km² ; 40 % dans les herbus

Bruant jaune

350 -400

semble stable d’après au moins un site de 2 000 ha

Canard colvert

200 - 300

au moins stable, sinon en augmentation

Chardonneret élégant

?

200 - 300

essentiellement à proximité de conifères

Corbeau freux

500 - 1000

enquête 2010 : 800 couples

Cormoran huppé

300 - 400

baisse à partir de 2000, puis stabilisation

Corneille noire

?

250 - 500

espèce pas si commune comme nicheuse

Fauvette grisette

?

300 - 400

très largement répartie

Goéland argenté

700 - 800

irrégulière depuis 2000

Grive musicienne

500

± autour de cette valeur

Hirondelle de fenêtre

?

300 - 400

aucune idée de la tendance pour cette espèce

Hirondelle de rivage

?

200 - 300

maximum en 2012

Hirondelle rustique

?

500 - 1000

aucune idée de la tendance pour cette espèce

Hypolaïs polyglotte

?

200 - 250

peut-être en augmentation ces dernières années ?

Linotte mélodieuse

?

200 - 300

tendance extrêmement difficile à estimer

Mésange charbonnière

?

500 - 1000

plus de 500 couples

Phragmite des joncs

?

500 - 600

peut-être en augmentation ; au moins stable

Pie bavarde

?

200 - 250

tendance extrêmement difficile à estimer

Pipit farlouse

?

600 - 700

sur moins de 50 km², 99 % dans les herbus

Poule d’eau

?

200 - 300

espèce peut être mal estimée

Rousserolle effarvatte

?

500 - 1000

au moins stable, sinon augmentation

Tourterelle turque

600 - 700

au moins stable, mais sans doute en augmentation

Verdier d’Europe

?

800 - 1500

évaluation large

Les oiseaux en période de reproduction en baie du Mont Saint-Michel.

334


Groupe Ornithologique Normand

3.4

Bretagne Vivante - SEPNB

ESPÈCES ASSEZ ABONDANTES DE 50 À 200 COUPLES

25 espèces, dont 6 espèces en augmentation, 1 à forte variabilité annuelle, 6 espèces stables, 12 espèces à tendance inconnue (tab. 4.7). Tableau 4.7. Espèces de 50 à 200 couples Estimation du Espèce Tendance nombre de Remarque couples (en 2013) Aigrette garzette

nicheurs s’installant au milieu des années 1990

150

Bergeronnette grise

?

150 - 200

tendance extrêmement difficile à estimer

Bouscarle de Cetti

100 - 150

sans doute réelle augmentation sur 20 ans

Bruant des roseaux

?

200

Bruant zizi

?

80 - 100

commun sur zone est de la baie du Mont-Saint-Michel

Caille des blés

30 - 60

tendance extrêmement difficile à estimer

Choucas des tours

150 - 200

Cisticole des joncs

?

0 - 200

Coucou gris

?

100 - 120

Faisan de Colchide

?

50 - 60

Fauvette des jardins

?

150 - 200

tendance extrêmement difficile à estimer

Foulque macroule

100 - 150

réelle augmentation sur les sites de la Folie et Sougéal

Geai des chênes

100 - 200

sans doute forte augmentation

Goéland brun

30 - 75

depuis les années 2000, irrégularité plus marquée

Goéland marin

60 - 75

depuis les années 2000, irrégularité plus marquée

Grimpereau des jardins

100 - 150

au moins stable

Grive draine

?

150 - 200

tendance extrêmement difficile à estimer

Locustelle tachetée

?

50 - 150

tendance extrêmement difficile à estimer

Pic épeiche

?

40 - 60

tendance extrêmement difficile à estimer

Rougequeue noir

?

80 - 100

répartition hétérogène

50 - 100

probablement en augmentation

Serin cini

?

120 - 150

tendance extrêmement difficile à estimer

Tadorne de Belon

100 - 200

au moins stable sinon en augmentation

Traquet pâtre

?

200 - 250

tendance extrêmement difficile à estimer

Tourterelle des bois

150 - 200

tendance extrêmement difficile à estimer

Rousserolle verderolle

Les oiseaux en période de reproduction en baie du Mont Saint-Michel.

peut-être diminution, mais complexe à mettre en évidence

peu commun à l’ouest ; augmentation à l’est depuis 10 ans installée depuis les années 1980-1990 tendance extrêmement difficile à estimer pas de tendance

335


Groupe Ornithologique Normand

3.5

Bretagne Vivante - SEPNB

ESPÈCES DE 10 À 50 COUPLES AU MINIMUM

16 espèces, dont 2 espèces en diminution, 4 espèces en augmentation, 2 espèces stables, 8 espèces à tendance inconnue (tab. 4.8). Tableau 4.8. Espèces de 10 à 50 couples (minimum certain, maximum possible) Tendance

Estimation du nombre de couples (en 2013)

?

40 - 50

évolution inconnue

Bruant proyer

25 - 30

stable actuellement (?) ; texte spécifique

Buse variable

?

40 - 50

évolution inconnue

Épervier d’Europe

?

20 - 40

évolution inconnue

Faucon crécerelle

?

40 - 50

évolution inconnue

Gobemouche gris

?

30

évolution inconnue

Gorgebleue à miroir

20 - 25

maximum 25 en 2012

Grand cormoran

20 - 150

augmentation années 1960, baisse années 2000

Gravelot à collier interrompu

30 - 70

estimations mini-maxi 2009-2012

Héron cendré

10 - 20

nicheur récent (2011) donc en augmentation

Loriot d’Europe

30 - 35

peu commun sur l’est du site

Mésange à longue queue

?

50 - 80

évolution inconnue

Pic vert

?

40 - 60

évolution inconnue

Pipit des arbres

40 - 50

un second site inconnu il y a 15 ans

Roitelet huppé

?

40 - 60

maximum

Vanneau huppé

30 - 50

proposé comme stable ; texte spécifique ;

Espèce Bergeronnette printanière

Les oiseaux en période de reproduction en baie du Mont Saint-Michel.

Remarque

336


Groupe Ornithologique Normand

3.6

Bretagne Vivante - SEPNB

ESPÈCES À MOINS DE 30 COUPLES ET À AIRE DE RÉPARTITION LIMITÉE

30 espèces, dont 9 en augmentation, 2 espèces diminution, 10 espèces stables, 9 espèces tendance inconnue (tab. 4.9). Tableau 4.9. Espèces à moins de 30 couples (30 espèces) Espèce

Tendance

Estimation du nombre de Remarques couples (en 2013)

Avocette élégante

5 - 10

nicheurs plus régulier, depuis moins de 10 ans

Bergeronnette des ruisseaux

3-5

pas d’habitat favorable, sauf à la marge du site

Bondrée apivore

0-1

milieux peu accueillants pour cette espèce

Bouvreuil pivoine

10 - 15

Chouette chevêche

?

1-2

Échasse blanche

10 - 20

nicheurs plus réguliers depuis moins de 10 ans

Faucon hobereau

5 - 10

sans doute stable depuis 20 ans

Faucon pèlerin

1-2

nicheur récent

Fauvette pitchou

4-5

espèce qui semble stable sur plusieurs décennies

Fuligule milouin

5-7

nicheurs récents

Grèbe castagneux

15 - 20

Grèbe huppé

2-4

1 site nouveau, d’où augmentation

Héron garde-bœufs

5 - 10

nicheur récent en augmentation

Hibou moyen-duc

?

3-6

à cerner, mais sans doute rare

Huîtrier pie

2-6

îlots de Cancale depuis des décennies

Martin-pêcheur d’Europe

?

5 - 10

pas d’habitats, sauf marginaux pour cette espèce

Mésange huppée

?

25 - 30

dont 20-25 à Jullouville, seule zone à pinède

Mésange nonnette

15 - 20

sur les marges et ce au moins depuis les années 1970

Moineau friquet

5 - 15

on part de très bas

Perdrix grise

?

5 - 10

aucun travail sur cette espèce de tout temps

Perdrix rouge

?

10 - 20

aucun travail sur cette espèce de tout temps

Petit gravelot

5 - 10

au moins stable

Pic épeichette

?

5 - 10

rare sur le site de tout temps

2-3

au plus 10 couples jusqu’en 2003

Pigeon colombin

?

5 - 10

espèce peu observée sur 30 ans

Pipit maritime

5 - 10

des nicheurs très localisés en 2 sites

Râle d’eau

?

10 - 20

peu de sites (fig. 4.3)

Roitelet à triple bandeau

5 - 10

apparition récente en marge du site

Sarcelle d’été

10 - 15

au moins stable, sinon en augmentation

Sittelle torchepot

10 - 15

sans doute en augmentation au sud-ouest

Pie-grièche écorcheur

espèce peu commune sur le site enquête à réaliser

a priori stable, mais peu de production de jeunes

La petitesse des populations et la recherche spécifique de certaines espèces entraînent une meilleure appréhension des tendances.

Les oiseaux en période de reproduction en baie du Mont Saint-Michel.

337


Groupe Ornithologique Normand

3.7

Bretagne Vivante - SEPNB

ESPÈCES À NIDIFICATION OCCASIONNELLE

Il s’agit de 20 espèces rares à très rares, à très petit nombre de couples, qui nichent ou ont niché au moins une fois sur le site. Rien ne permet de les insérer dans les nicheurs réguliers sur le site (tab. 4.10). Tableau 4.10. Espèces à nidification occasionnelle Estimation du nombre de couples Remarque (en 2012)

Espèce

Nidification

Busard des roseaux

occasionnelle

0-2

connu de la fin des années 1990 au début des années 2000

2 ou 3 cas

0-1

nicheur occasionnel récent (2009 et 2011)

très occasionnelle

0

1 cas certain (mai 1995 à Sougéal)

Canard souchet

2 ou 3 cas

0

2 cas possibles, 2 cas certains récents

Cigogne blanche

non régulière

0-1

Cygne tuberculé

1 site

1

nouvelle espèce (2011)

Eider à duvet

3 cas

0

3 cas certains sur les îlots de Cancale (1979, 1980, 1990, Le Mao, 1991)

Fauvette babillarde

occasionnelle

0-1

nicheur incertain depuis des années

Fuligule morillon

occasionnelle

5 -10

nicheurs récents 2012-2013

Grand gravelot

1 cas

0

Hibou des marais

2 cas

1-2

Huppe fasciée

très occasionnelle

0

elle a disparu

Locustelle luscinioïde

très occasionnelle

0

marais de la Folie en 2014-2015 (obs. pers.)

Marouette ponctuée

très occasionnelle

0-1

trouvé en 2013 (Provost, 2013)

Mouette rieuse

très occasionnelle

0-3

moins de 5 cas très localisés depuis 1980

Mésange à moustaches

très occasionnelle

0

2 années à la roselière de Genêts

a-t-il niché ?

?

voir texte spécifique

très occasionnel

0-1

Sarcelle d’hiver

1 cas

0

Traquet motteux

occasionnelle

0-1

Canard chipeau Canard pilet

Pouillot fitis Rougequeue à front blanc

pas d’installation durable véritable

1 cas certain (mai 2000) nicheur récent (fin des années 2000)

de tout temps, espèce très rare n’a pas niché durant la période d’étude ; de tout temps, espèce très rare

BIBLIOGRAPHIE SPÉCIFIQUE Le Mao P., 1991. Nidification de l'eider à duvet Somateria mollissima en Ille-et-Vilaine. L’Oiseau et R.F.O., 61 (2) : 149-150. Provost S., 2013b. Nidification de la marouette ponctuée (Porzana porzana) en baie du Mont-Saint-Michel en 2013. Point sur les données historiques régionales. Le Cormoran, 19 (78) : 115-118.

Les oiseaux en période de reproduction en baie du Mont Saint-Michel.

338


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3.8

Bretagne Vivante - SEPNB

ESPÈCES DISPARUES

Il n’est pas impossible que la pie-grièche écorcheur et le moineau friquet soient aussi très proches de ne plus se reproduire sur le périmètre du site étudié. Le grand corbeau est susceptible de revenir un jour (progression en Bretagne, B3). Pour le traquet tarier, la population proche des marais du Bessin et du Cotentin peut-elle avoir un impact un jour ? Certains sites restent visuellement favorables à un accueil (tab. 4.11). Tableau 4.11. Espèces disparues Espèce

Remarque

Grand corbeau

1-2 couples jusqu'en 2000 ; 2 sites éloignés.

Traquet tarier

sans doute largement moins de 10 couples par an avant 1980 en l’état des connaissances

3.9

ESPÈCES POTENTIELLES

Ces quelques espèces ont pu nicher ou sont susceptibles de le faire dans le futur (tab. 4.12). Tableau 4.12. Espèces potentielles Espèce

Remarque

Alouette lulu

jamais notée en période de reproduction

Bergeronnette de Yarrell

nicheur potentiel rare sur l’ensemble des côtes de la Manche

Grande aigrette

nicheur possible ces prochaines années, vu les évolutions régionales

Pic cendré

quelques rares observations dans les années 1980 ; pas d’indice même possible

Pic mar

pourrait s’y installer aux marges (connu au bois d’Ardennes au sud-est du site)

Rossignol philomèle

les milieux ne manquent pas, mais l’espèce ne progresse pas vers l’ouest pour le moment

Spatule blanche

nicheur possible ces prochaines années, vu les évolutions régionales

Les oiseaux en période de reproduction en baie du Mont Saint-Michel.

339


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4

Bretagne Vivante - SEPNB

BILAN EN FIGURES

Ce bilan tente d’évaluer le nombre global de couples sur l’ensemble du site. C’est un exercice complexe mais qui nous a semblé pertinent vu les informations dont nous disposions.

Figure 4.4. Nombres d’espèces par catégories (n = 139)

Figure 4.4 : 3 catégories sur les 9 proposées ont moins de 6 espèces nicheuses, ce qui représentent, au total, moins de 10 % de l'ensemble des espèces ; ce sont les espèces disparues, non recensées ou potentielles. Les espèces à plus de 1 000 couples sont au nombre de 11 (8 % du total). Les autres catégories regroupent entre 17 et 28 espèces (entre 12 à 21 % du nombre total d’espèces).

Figure 4.5. Tendances observées pour les espèces nicheuses régulières

Figure 4.5 : pour 58 espèces (soit près de 60 % du nombre total des espèces), la tendance est inconnue. Seulement 6 espèces sont en diminution de manière certaine. Ce sont toujours des espèces très suivies ou à très petits effectifs ou nombre de sites restreints. Pour 21 espèces en augmentation, le nombre de sites de nidification est restreint ou ce sont des espèces à petits effectifs ; néanmoins plusieurs de ces espèces sont maintenant bien implantées sur le site comme les ardéidés.

Figure 4.6. Nombre total de couples (minimum - maximum) par catégories Les oiseaux en période de reproduction en baie du Mont Saint-Michel.

340


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Bretagne Vivante - SEPNB

L’estimation du nombre total de couples est entre 42 000 et 57 000 couples. Cela représente entre 14 000 et 19 000 couples pour 100 km². 11 espèces, communes en France, représentent 70 % du total, 35 espèces représentent environ 93-94 % des effectifs et 56 espèces 98-98,5 % du total des effectifs. Pour les espèces communes, l’estimation du nombre de couples est assez large (cf. écarts-types importants dans les bilans spécifiques). La fourchette de 30 000 à 39 000 couples (fig. 4.6), uniquement basée sur les moyennes, est sans doute moins précise et plus large que pour les autres catégories. Les 14 000 à 19 000 couples pour 100 km² se rapprochent des 15 000 à 20 000 couples pour 100 km² trouvés par Chevalier (2014) en baie du Mont-Saint-Michel. Ils sont en revanche plus faibles comparés aux 24 000 couples pour 100 km² obtenus par ce même auteur dans le département de la Manche (tous milieux confondus). Ceci n’est pas une surprise, dans la mesure où la baie du mont-Saint-Michel est une zone de grande culture avec moins de paysages structurés par la strate arbustive ou arborée. BIBLIOGRAPHIE SPÉCIFIQUE Chevalier B., 2014. Estimation des populations d'oiseaux nicheurs plus ou moins communs en Normandie. Le Cormoran, 19 (80) : 195-207.

Figure 4.3. Le râle d’eau est plus présent (ou détecté), au marais de la Folie (Antrain).

5

LISTES COMPLÉMENTAIRES RESTREINTES 5.1

ESPÈCES RÉGULIÈRES DISPARUES ENTRE 1980 et 2013

Il s’agit du traquet tarier et du grand corbeau. En 2012, aucune de ces 2 espèces ne paraît susceptible de s’installer dans l’immédiat. La pie-grièche écorcheur et le moineau friquet sont devenus extrêmement localisés. 5.2

ESPÈCES NICHEUSES INSTALLÉES ENTRE 1950 ET 1980

Tableau 4.13. Espèces nicheuses, installées probablement entre 1950 et 1980 Espèce Année ou période d'installation Bruant proyer

fin des années 1960

Cigogne blanche

1975

Cisticole des joncs

1973

Serin cini

fin des années 1950

Tadorne de Belon

années 1960 ou 1970

Tourterelle turque

fin des années 1950

Les oiseaux en période de reproduction en baie du Mont Saint-Michel.

341


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Bretagne Vivante - SEPNB

Figure 4.7. La tourterelle turque, espèce apparue à la fin des années 1950, est commune à Cherrueix. 5.3 ESPÈCES NICHEUSES RÉCENTES Tableau 4.14. Espèces nicheuses récentes (après 1980) Espèce

Année ou période d’installation

Aigrette garzette

milieu des années 1990

Avocette élégante

1999

Bouscarle de Cetti

années 1980 ?

Busard des roseaux

sans doute milieu des années 1990

Canard chipeau

2009, 2011 (occasionnel)

Échasse blanche

1 cas en 1989, mais surtout régulière depuis le milieu des années 2000

Faucon pèlerin

milieu des années 2000

Fuligule milouin

2006

Fuligule morillon

2011

Gorgebleue à miroir

1997, mais surtout à la fin des années 2000

Héron cendré

2011

Héron garde-bœufs

2006

Pie-grièche écorcheur

trouvée en 1983

Rousserolle verderolle

1983 (doute sur la reconnaissance de l’espèce avant cette date)

Les oiseaux en période de reproduction en baie du Mont Saint-Michel.

342


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Bretagne Vivante - SEPNB

Figure 4.8. Le seul site où l’avocette niche régulièrement : dans les herbus (Roz-sur-Couesnon). 5.4

ESPÈCES RARES NICHANT SURTOUT SUR LES MARGES DU SITE

Ces espèces font partie de l’avifaune de la baie du Mont-Saint-Michel (tab. 4.15) avec la limite telle que nous l’avons définie, mais leurs effectifs sont extrêmement faibles. Il faudrait suivre le (s) dernier (s) site (s) à moineaux friquets ; le suivi de la progression de la sittelle torchepot sera le témoin possible de la progression de structures arborées au sud-ouest du site ; pour des espèces comme la chouette chevêche, le faucon hobereau, la bondrée apivore, le gobe-mouche gris ou la mésange nonnette (fig. 4.9) seules des enquêtes spécifiques permettraient de les appréhender. Tableau 4.15. Espèces nichant sur les marges du site Espèces nichant sur les marges du site Bergeronnette des ruisseaux Bouvreuil pivoine Chouette chevêche Faucon hobereau Gobemouche gris Mésange huppée Mésange nonnette Moineau friquet Pic épeichette Pigeon colombin Pipit maritime Roitelet à triple bandeau Sittelle torchepot

Les oiseaux en période de reproduction en baie du Mont Saint-Michel.

343


Groupe Ornithologique Normand

5.5

Bretagne Vivante - SEPNB

Figure 4.9. Les boisements du marais de Châteauneuf, un des rares sites où la mésange nonnette a été détectée. CONCLUSION

De manière comptable, le nombre minimum de colonisations depuis 1980 est supérieur au nombre de disparitions : une quinzaine de nouvelles espèces pour 2 disparues (peut-être 4 dans un proche avenir). Pour la quinzaine d’espèces, en limite de zone de répartition ou qui ont toujours été rares, il est difficile de décider si elles font partie intégrante de la liste des oiseaux nicheurs réguliers du site. Il est toujours litigieux (tab. 4.16) de prendre en compte sur les listes ces espèces marginales ou celles ayant nichées sporadiquement sur les 20 à 30 dernières années (souvent très peu de couples et de rares années : par exemple mouette rieuse, huppe fasciée, hibou des marais, fauvette babillarde). Le tableau ci-dessous montre à quel point on peut faire jouer le curseur. Tableau 4.16. Nombre d’espèces ayant nichées en baie du Mont-Saint-Michel, depuis 1990 Nombre d’espèces Espèces nicheuses communes ou assez communes (>98% des effectifs)

56

Espèces nicheuses régulières (y compris petits effectifs) à l’intérieur du site (20092012)

96

Espèces nicheuses régulières (2009-2012), y compris les espèces marginales du site

111

Espèces ayant niché de manière certaine depuis 1990, y compris les espèces occasionnelles

130

Les oiseaux en période de reproduction en baie du Mont Saint-Michel.

344


Groupe Ornithologique Normand

Bretagne Vivante - SEPNB

Figure 4.10. Les boisements (Saint-Jean-le-Thomas) sont rares et en marge du site : plusieurs espèces des bois restent donc marginales. 5.6 SUIVI DES ESPÈCES 5.6.1

MATÉRIEL ET MÉTHODES

Nous avons pris en compte les critères de menaces qui pèsent sur les espèces en fonction de leur classement, de l’échelle spatiale la plus vaste (européenne) à l’échelle la plus petite (locale). À l’échelle de la baie du Mont-Saint-Michel, 5 espèces sont classées sur la liste rouge mondiale, réalisée sous l’égide de l’UICN, dans une catégorie autre que préoccupation mineure (LC) : - une espèce nicheuse, la fauvette pitchou (Sylvia undata), est considérée comme quasi-menacée (NT) au niveau mondial (répartition mondiale restreinte au sud-ouest de l’Europe et nord-ouest de l’Afrique, effectif faible) ; - une espèce de passereau migrateur, le phragmite aquatique (Acrocephalus paludicola), est considéré comme vulnérable (VU) ; - deux espèces de limicoles, qui sont uniquement migratrices en baie du Mont-Saint-Michel, le courlis cendré (Numenius arquata) et la barge à queue noire (Limosa limosa), sont considérées comme quasi menacées (NT) ; - un visiteur d’été et d’automne, le puffin des Baléares (Puffinus mauretanicus), est en danger critique (CR) au niveau mondial, mais classé vulnérable (VU), sur la liste rouge des oiseaux non nicheurs de France métropolitaine (de passage). Les éléments suivants ont été pris en compte pour dresser une liste d’espèces à suivre. Les paragraphes suivants intégreront successivement les informations ci-dessous : - les espèces inscrites à l’annexe I de la directive européenne « Oiseaux » (Directive 79/409/CEE) et nichant en baie du Mont-Saint-Michel. - les espèces de la liste rouge des oiseaux menacées de France métropolitaine (2008) qui se reproduisent en baie du Mont-Saint-Michel et qui sont inscrites dans une des catégories suivantes : CR, EN, VU ou NT (tab. 4.17).

Les oiseaux en période de reproduction en baie du Mont Saint-Michel.

345


Groupe Ornithologique Normand

Bretagne Vivante - SEPNB

Tableau 4.17. Catégories de l’UICN pour les listes rouges Catégories

Description

CR

en danger critique

EN

en danger

VU

vulnérable

NT

quasi menacée

- l’atlas des oiseaux nicheurs de Normandie (Debout, coord., 2009) ; - l’atlas des oiseaux nicheurs de Bretagne (GOB, coord., 2012) ; - la liste rouge des oiseaux menacés en Basse-Normandie (Debout, 2012) ; - la liste rouge régionale et de responsabilité biologique régionale des oiseaux nicheurs et migrateurs de Bretagne (Bretagne Environnement et al., 2015) - la base de données du GONm sur les communes intégrées dans la baie du Mont-Saint-Michel 19732012 (GONm, 2012) - la base de données du groupe ornithologique 35 de Bretagne Vivante 1989-2012 sur les communes intégrées dans la baie du Mont-Saint-Michel (Bretagne Vivante, 2012) - l’ensemble du jeu de données récupérées lors de l’enquête 2009-2013 : les propositions des effectifs en nidification dans et hors Natura 2000 sont effectuées sur la base des chiffres de cette enquête. Bibliographie spécifique Debout G. (coord.), 2009. Atlas des oiseaux nicheurs de Normandie. 2003-2005. Le Cormoran, 17 : 448 p. Debout G., 2012. Liste rouge des oiseaux de Basse-Normandie, GONm, 76 p. GOB (coord.), 2012. Atlas des oiseaux nicheurs de Bretagne. Période 2004-2008. Groupe Ornithologique Breton, Bretagne Vivante - SEPNB, LPO 44, GEOCA. Delachaux et Niestlé, 512 p. Bretagne Environnement, Bretagne Vivante, GOB, ONCFS, LPO & GEOCA, 2015. Liste rouge régionale & Responsabilité biologique régionale Oiseaux nicheurs & Oiseaux migrateurs de Bretagne. Listes validées par le CSRPN de Bretagne le 11 juin 2015, 9 p.

Figure 4.11. Le lagunage d’Ardevon est composé de trois bassins et de zones herbeuses ; il est entouré d’un grillage fin ; des espèces inscrites à l’annexe I de la directive européenne « Oiseaux » y nichent.

Les oiseaux en période de reproduction en baie du Mont Saint-Michel.

346


Groupe Ornithologique Normand 5.6.2

Bretagne Vivante - SEPNB

ÉTAT DES SUIVIS SUR LES ESPÈCES NICHEUSES

ESPÈCES SUIVIES RÉGULIÈREMENT

Plusieurs espèces sont ici en limite de répartition (tab. 4.18) ou récemment nicheuses en BasseNormandie, ce qui explique un critère de menace important. Il y a finalement dans cette liste peu d’espèces en diminution forte. La plupart des espèces ne comptent souvent que moins d’une dizaine de couples (exception faite du goéland argenté, de l’aigrette garzette ou du gravelot). Tableau 4.18. Espèces suivies correctement et régulièrement Espèces (13)

DO

LR BZH

LR BN

Bilan

+

NT mo

LC

S

Héron garde-bœufs

EN é

EN

S

Cigogne blanche

NA

VU

S

Aigrette garzette

Faucon pèlerin

+

EN é

EN

S

Gravelot à collier interrompu

+

VU té

VU

S

VU té

VU

S

Huitrier pie Avocette élégante

+

VU é

CR

S* #

Échasse blanche

+

EN é

CR

S* #

VU té

NT

S

Mouette rieuse

NA

CR

S#

Huppe fasciée

LC m

VU

S

LC té

NT

S

EN é

CR

S

Goéland argenté

Fauvette pitchou

+

Grand corbeau

DO : +, espèce inscrite à l’annexe I de la directive européenne « Oiseaux » (Directive 79/409/CEE) LR BZH : liste rouge et responsabilité régionale des oiseaux de Bretagne. Responsabilité régionale : ma, majeure ; té, très élevée ; é, élevée ; mo, modérée ; pé, pas évaluée ; m, mineure (Bretagne Environnement et al. 2015) LR BN : liste rouge des oiseaux menacés en Basse-Normandie (Debout, 2012) Bilan : S, suivi correct de l’espèce ; S*, suivi insuffisant de l’espèce ; # : espèce peut ou a pu nicher hors ZPS

Pour la plupart de ces espèces, sauf la huppe fasciée, rare ou exceptionnelle de tout temps, les zones de nidification existantes ou potentielles sont connues ou visitées, et les espèces y sont comptabilisées ou recherchées (parfois systématiquement) tous les ans ou presque. Le grand corbeau est une espèce qui a pour le moment disparu mais dont des individus sont parfois encore vus. Pour l’échasse blanche et l’avocette élégante (fig. 4.11), nous avons indiqué * car le suivi de succès de reproduction (nombre de jeunes à l’envol) est pratiquement inexistant. ESPÈCES PARTIELLLEMENT, INSUFFISAMMENT OU NON SUIVIES

De nombreuses espèces, en diminution réelle en Basse-Normandie ou en Bretagne, ont de petites aires de répartition ou sont extrêmement localisées (tab. 4.18) ; les principales populations et des populations isolées ne sont pas suffisamment importantes pour qu’on les classe en LC. Nous avons inscrit ces espèces si une des deux régions a estimé qu’il y avait une menace pour une espèce donnée (les informations sur les espèces communes ne sont pas les mêmes dans les deux régions). Nous y avons intégré la fauvette grisette, espèce inscrite dans la catégorie NT sur la liste rouge des oiseaux menacées de France métropolitaine (2008).

Les oiseaux en période de reproduction en baie du Mont Saint-Michel.

347


Groupe Ornithologique Normand

Bretagne Vivante - SEPNB

Figure 4.12. Le bruant jaune est commun au sud de Cherrueix hors ZPS… Tableau 4.19. Espèces partiellement suivies, insuffisamment suivies ou non suivies. Espèces (22)

LR BZH

LR BN

Bilan

Grèbe castagneux

LC mo

VU

NS #

Grèbe huppé

LC mo

VU

S* (1-2 sites)

EN té

CR

S* #

Faucon hobereau

NT é

VU

NS #

Vanneau huppé

VU mo

EN

SP #

Petit gravelot

EN é

VU

S* #

Hibou moyen-duc

LC m

VU

NS #

Alouette des champs

LC m

VU

NS #

Pipit farlouse

VU é

EN

NS

Pipit maritime

LC té

EN

NS

Bergeronnette flavéole

EN é

NT

NS #

Bergeronnette printanière

NT m

VU

NS #

Cisticole des joncs

LC m

NT

NS #

Bouscarle de Cetti

LC mo

VU

NS #

VU mo

EN

S* #

LC m

LC

NS #

EN é

VU

S* #

LC mo

VU

NS #

Moineau friquet

EN é

NT

SP #

Bruant proyer

EN é

NT

SP #

Bruant jaune

NT mo

EN

NS #

Loriot d’Europe

NT m

NT

SP #

Busard des roseaux

Gorgebleue à miroir

DO

+

+

Fauvette grisette Pie-grièche écorcheur

+

Linotte mélodieuse

DO : +, espèce inscrite à l’annexe I de la directive européenne « Oiseaux » (Directive 79/409/CEE) LR BZH : liste rouge et responsabilité régionale des oiseaux de Bretagne. Responsabilité régionale : té, très élevée ; é, élevée ; mo, modérée ; pé, pas évaluée ; m, mineure (Bretagne Environnement et al., 2015) LR BN : liste rouge des oiseaux menacés en Basse-Normandie (Debout, 2012) Bilan : S*, suivi insuffisant de l’espèce ; SP, espèce peu suivie ; NS, espèce non suivie ; # : espèce peut ou a pu nicher hors ZPS Les oiseaux en période de reproduction en baie du Mont Saint-Michel.

348


Groupe Ornithologique Normand

Bretagne Vivante - SEPNB

La plupart de ces espèces peuvent nicher hors de la ZPS (#). Leur effectif varie de quelques rares couples possiblement nicheurs (busard des roseaux) à plusieurs centaines de couples (bruant jaune, fig.4.12). Certaines espèces sont à rechercher sur des sites connus mais sur une grande surface, où les sites à visiter sont éloignés : busard des roseaux, grèbes, petit gravelot, pipit maritime, pie-grièche écorcheur, moineau friquet. D’autres nécessitent de mettre en place un protocole d’échantillonnage qui est à définir. ESPÈCES DONT LE SUIVI DEVRAIT ÊTRE PLUS RIGOUREUX

Ce sont des anatidés rares (tab. 4. 20) à l’échelle de la baie mais aussi en Bretagne et en Normandie. Pour ces espèces, nous considérons que seul le critère « nicheur certain » des atlas devrait être retenu. Seuls le canard colvert et le tadorne de Belon sont des nicheurs que l’on peut qualifier de communs (> 100 couples). Les autres espèces sont des nicheurs très rares et très localisés, dont les populations sont fragiles (EN ou CR) aussi bien en Bretagne (Bretagne Environnement et al., 2015) qu’en Normandie (Debout, 2012). Tableau 4.20. Espèces dont le suivi devrait être plus rigoureux. Espèces (5)

DO

LR BZH

LR BN

Bilan

Sarcelle d’été

CR té

EN

S*

Canard chipeau

CR té

CR

S*

Canard souchet

EN é

EN

S*

Fuligule milouin

CR té

CR

S*

Fuligule morillon

CR té

CR

S* #

DO : +, espèce inscrite à l'annexe I de la directive européenne « Oiseaux » (Directive 79/409/CEE) LR BZH : liste rouge et responsabilité régionale des oiseaux de Bretagne. Responsabilité régionale : té, très élevée ; é, élevée (Bretagne Environnement et al., 2015) LR BN : liste rouge des oiseaux menacés en Basse-Normandie (Debout, 2012) Bilan : S*, suivi insuffisant de l’espèce ; # : espèce peut ou a pu nicher hors ZPS

D’autres espèces de canards que ceux cités dans ce tableau ont niché dans la baie (Beaufils, 2001) de manière certaine (jeunes) mais très occasionnelle, comme l’eider à duvet (3 cas connus), la sarcelle d’hiver (1 cas connu), le canard pilet (1 cas connu), le canard souchet (1 cas connu jusqu’en 2012) mais récemment (BDD GONm > 2012), celui-ci a été retrouvé sur un site et des tentatives ont été faites sur un autre site. Pour ces 5 espèces de canards qui nichent pour certaines depuis longtemps (sarcelle d’été) ou seulement depuis quelques années, les zones de reproduction potentielles ou effectives sont connues. Elles sont peu nombreuses. ESPÈCES INDICATRICES DE ZONE HUMIDE

Elles sont souvent demandées en tant qu’indicateur de zones humides (tab. 4.21), notamment dans des documents comme le DOCOB, ou tout document concernant l’état de conservation d’une zone humide. Pour 3 d’entre elles, les indicateurs européens sont plutôt corrects actuellement, mais le bruant des roseaux est en déclin modéré en Europe http://www.ebcc.info/index.php?ID=587 (BirdLife International, 2015) et en forte diminution en France (Jiguet, 2015). C’est une espèce discrète qui devrait être suivie beaucoup plus régulièrement et de manière rigoureuse.

Les oiseaux en période de reproduction en baie du Mont Saint-Michel.

349


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Tableau 4.21. Espèces indicatrices de zones humides. Espèces (4)

DO

LR BZH

LR BN

Remarques

Bilan

Rousserolle effarvatte

LC m

LC

Indicatrice des roselières

NS #

Rousserolle verderolle

EN é

LC

Limite actuelle ouest de répartition mondiale de l’espèce

NS #

Phragmite des joncs

LC m

Bruant des roseaux

VU mo

LC

Indicatrices de milieux même peu humides mais traduisant NS # la présence d’une zone humide

LC

Indicatrice de certains milieux très intéressant (zone NS # humide complexe), espèce à répartition à étudier

DO : + , espèce inscrite à l’annexe I de la directive européenne « Oiseaux » (Directive 79/409/CEE) LR BZH : liste rouge et responsabilité régionale des oiseaux de Bretagne. Responsabilité régionale : é, élevée ; mo, modérée ; m, mineure (Bretagne Environnement et al., 2015) LR BN : liste rouge des oiseaux menacés en Basse-Normandie (Debout, 2012) Bilan : NS, non suivi ; # : espèce peut ou a pu nicher hors ZPS

Pour ces espèces, il sera nécessaire de mettre en place un protocole d’échantillonnage. C’est une liste d’espèces protégées que les partenaires institutionnels comme les associations naturalistes ont besoin de recenser. Elles pourraient permettre de qualifier mieux les zones humides. VINGT ESPÈCES NON CITÉES CONCERNÉES PAR DES SUIVIS PONCTUELS

Espèces insuffisamment connues mais sans doute rares, très rares ou occasionnelles

Elles peuvent être recherchées sur certains sites connus tous les ans (enquête nocturne spécifique pour la marouette ponctuée ; Provost, comm. pers.) mais les recherches sont extrêmement chronophages (tab. 4.22). Tableau 4.22. Espèces insuffisamment connues. Espèces (3)

DO

LR BZH

LR BN

Bilan

Marouette ponctuée

+

Non évalué

Non évalué

?

Hibou des marais

+

Non évalué

Non évalué

?

Traquet motteux

-

EN é

CR

?

DO : +, espèce inscrite à l’annexe I de la directive européenne « Oiseaux » (Directive 79/409/CEE) LR BZH : liste rouge et responsabilité régionale des oiseaux de Bretagne. Responsabilité régionale : é, élevée (Bretagne Environnement et al., 2015) LR BN : liste rouge des oiseaux menacés en Basse-Normandie (Debout, 2012)

Les oiseaux en période de reproduction en baie du Mont Saint-Michel.

350


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Espèces qui ne nécessitent pas un suivi régulier, effectifs faibles ou très marginaux

Tableau 4.23. Espèces qui ne nécessitent pas un suivi régulier. Espèces (7) DO LR BZH

LR BN

Bilan

LC m

LC

S*

Gobemouche gris

LC mo

VU

NS

Bouvreuil pivoine

VU é

EN

NS

Pigeon colombin

LC m

VU

NS

Sittelle torchepot

LC m

NT

NS

Fauvette des jardins

LC m

NT

NS

Serin cini

LC m

NT

NS

Martin-pêcheur d’Europe

+

DO : +, espèce inscrite à l'annexe I de la directive européenne « Oiseaux » (Directive 79/409/CEE) LR BZH : liste rouge et responsabilité régionale des oiseaux de Bretagne. Responsabilité régionale : é, élevée ; m, mineure ; mo, modérée (Bretagne Environnement et al., 2015) LR BN : liste rouge des oiseaux menacés en Basse-Normandie (Debout, 2012) Bilan : S*, suivi insuffisant de l’espèce ; NS, non suivi

Il serait intéressant de cartographier au fil du temps les sites d’installation (tab. 4.23, fig. 4.13).

Figure 4.13. La station balnéaire de Jullouville est la seule à accueillir le serin cini de manière significative.

Les oiseaux en période de reproduction en baie du Mont Saint-Michel.

351


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Espèces marginales ou disparues non prises en compte dans le bilan

Tableau 4.24. Espèces marginales ou disparues Espèces

Remarques

Eider à duvet

derniers cas : 1979,1980, 1990, en baie de Cancale (Le Mao, 1991)

Cygne tuberculé

2 cas de reproduction certaine en 2012 et 2013 à Sougéal

Bondrée apivore

aucun cas de reproduction certaine, uniquement des individus observés ; nicheur rare même en marge du site

Sarcelle d’hiver

1 cas connu en 1997 : un couple avec 7 jeunes (M. Beaufils)

Canard pilet

1 cas connu en 1995 : une femelle avec 10 jeunes (G.-L. Choquené M. Beaufils)

Pic mar

Peut-être présent en marge du site

Pic cendré

1 cas de reproduction au bois d’Ardennes hors du périmètre, probablement jamais présent comme nicheur sur le périmètre retenu

Traquet tarier

derniers cas probables dans la partie normande entre 1985 et 1988 (sites inconnus) puis 1989 dans les marais d’Aucey-la-Plaine (nicheur possible), en 1989 à Lillemer ; peutêtre jusqu’au début des années 1990 dans les marais de Dol-de-Bretagne ; espèce rare sans doute même à cette époque

Fauvette babillarde

peut-être régulière en très petit nombre à Carolles et entendue une fois à Saint-Pair-surMer, à rechercher

Mésange nonnette

quelques très rares chanteurs en milieu favorable, à rechercher en marge du site

Ce sont des espèces (tab. 4.24) qu’il faut noter systématiquement toute l’année.

Les oiseaux en période de reproduction en baie du Mont Saint-Michel.

352


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Bretagne Vivante - SEPNB BILAN

Cette liste (tab. 4.25) regroupe les espèces qui devraient être suivies régulièrement. Tableau 4.25. Espèces à suivre régulièrement IPA : indice ponctuel d’abondance ; IKA : indice kilométrique d’abondance. Espèce

Bilan

Méthode de suivi proposée

Remarque

Grèbe castagneux

NS

suivi des sites connus ou potentiels

annuel possible

Grèbe huppé

S*

suivi des sites connus

annuel possible

Sarcelle d’été

S*

suivi des sites connus ou potentiels, en juin

annuel possible

Canard chipeau

S*

suivi des sites connus ou potentiels, en juin

annuel possible

Canard souchet

S*

suivi des sites connus ou potentiels, en juin

annuel possible

Fuligule milouin

S*

suivi des sites connus ou potentiels, en juin

annuel possible

Fuligule morillon

S*

suivi des sites connus ou potentiels, en juin

annuel possible

Busard des roseaux

S*

contrôle des plusieurs « zones » connues

à rechercher les indices

Faucon hobereau

NS

peu facile à suivre

chercher indices certains

Vanneau huppé

SP

méthode à rechercher

à rechercher les indices

Petit gravelot

S*

suivi des principaux sites connus

complexe à détecter

Hibou moyen-duc

NS

vérification nocturne

recherche annuelle

Alouette des champs

NS

IPA, IKA ; suivis ponctuels

périodicité suivi à définir

Pipit farlouse

NS

IPA, IKA; suivis ponctuels

périodicité suivi à définir

Pipit maritime

NS

suivi des sites principaux connus

sites connus

Bergeronnette flavéole

NS

IPA, IKA ; zone témoin

périodicité suivi à définir

Bergeronnette printanière

NS

IPA, IKA

à réfléchir

Cisticole des joncs

NS

IPA, IKA

périodicité suivi à définir

Bouscarle de Cetti

NS

IPA, IKA ; zone témoin

périodicité suivi à définir

Gorgebleue à miroir

S*

suivi de sites connu minimum

recherche par zones

Phragmite des joncs

NS

IPA, IKA ; sites témoins/linéaires roselière

périodicité suivi à définir

Rousserolle effarvatte

NS

IPA, IKA ; sites témoins/linéaire roselière

périodicité suivi à définir

Rousserolle verderolle

NS

IPA, IKA ; sites témoins/linéaire

périodicité suivi à définir

Fauvette grisette

NS

IPA, IKA ; sites témoins

périodicité suivi à définir

Pie-grièche écorcheur

S*

recherche sur les rares zones connues

Linotte mélodieuse

NS

IPA, IKA ; sites témoins

périodicité suivi à définir

Moineau friquet

SP

recherche sur les quelques sites connus

sites connus à vérifier

Bruant proyer

SP

parcours sur les quelques zones connues

périodicité suivi à définir

Bruant jaune

NS

IPA, IKA ; sites témoins

périodicité suivi à définir

Bruant des roseaux

NS

localisé en noyaux de population

périodicité suivi à définir

Loriot d’Europe

SP

recherches sur des peupleraies

périodicité suivi à définir

Les oiseaux en période de reproduction en baie du Mont Saint-Michel.

353


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Bretagne Vivante - SEPNB

Le tableau 4.26 propose la liste des espèces suivies correctement. Tableau 4.26. Espèces nicheuses déjà suivies correctement (sauf * à la limite) sur le site (En gras, espèce qui ne sont dans aucune liste mais qui sont suivies tous les ans) Espèce

Type de suivi

Grand Cormoran

comptage régulier des nids sur îlots

Cormoran huppé

comptage régulier des nids sur îlots

Goéland brun

comptage régulier des nids sur îlots

Goéland marin

comptage régulier des nids sur îlots

Aigrette garzette

comptage des colonies repérées

Héron garde-bœufs

comptage des colonies repérées

Cigogne blanche

suivi ponctuel

Faucon pèlerin

suivi ponctuel (espèce à rechercher ailleurs que sur les zones connues)

Gravelot à collier interrompu

recensements à faire régulièrement

Huitrier pie

suivi ponctuel

Avocette élégante*

suivi ponctuel (espèce à rechercher ailleurs que sur les zones connues)

Échasse blanche*

suivi ponctuel (espèce à rechercher ailleurs que sur les zones connues)

Goéland argenté

comptage régulier des nids sur îlots

Mouette rieuse

suivi ponctuel (espèce à rechercher ailleurs que sur les zones connues)

Huppe fasciée

espèce à rechercher, mais en général repérée

Fauvette pitchou

suivi ponctuel

Grand corbeau

suivi ponctuel

Sur les 47 espèces qu’il serait nécessaire de suivre sur l’ensemble de la baie : - 17 espèces sont suivies correctement (S), soit 36 %, - 10 espèces sont suivies insuffisamment (S*), soit 21 %, - 4 espèces sont peu suivies (SP), soit 9 %, - 16 espèces ne sont pas suivies (NS), soit 34 %

Les oiseaux en période de reproduction en baie du Mont Saint-Michel.

354


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30 espèces, soit 64%, ne bénéficient donc pas d’un suivi suffisant. Pour certaines de ces 30 espèces, le suivi ne nécessite pas de gros moyens supplémentaires : il suffit d’être là au bon moment (anatidés par exemple). Nouvelle liste rouge des oiseaux de France Avant la publication de ce travail, la liste rouge des oiseaux menacés de France a été réévaluée (UICN France et al., 2016). Nous indiquons donc les espèces non signalées auparavant (ou absente de listes régionales) et présentes de manière significative, qu’il faudrait peut-être prendre en considération : Faucon crécerelle (NT), Tourterelle des bois (VU), Hirondelle de fenêtre (NT), Hirondelle rustique (NT), Traquet pâtre (NT), Locustelle tachetée (NT), Fauvette des jardins (NT), Chardonneret élégant (VU), Verdier d’Europe (VU). Aucune de ces espèces ne bénéficient d’un suivi à l’échelle de la baie du Mont-Saint-Michel. UICN France, MNHN, LPO, SEOF & ONCFS, 2016. Synthèse des changements de catégories entre 2008 et 2016 http://uicn-france.fr/wp-content/uploads/2016/09/Synthese-changements-categories-Liste-rouge-Oiseaux-nicheurs-de-Francemetropolitaine.pdf

Figure 4.14. Le pipit farlouse mériterait un suivi régulier dans les herbus (Mont-Saint-Michel).

Les oiseaux en période de reproduction en baie du Mont Saint-Michel.

355


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5.7

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DISCUSSION

Pourquoi les partenaires institutionnels n’élargiraient-ils pas systématiquement les demandes d’informations aux espèces concernées par la liste rouge nationale et les listes rouges régionales ? La liste rouge des oiseaux de France métropolitaine (2011) indique les espèces nicheuses menacées en France. Ces espèces devraient être prises en compte comme les espèces inscrites à l’annexe I de la Directive « Oiseaux » (Directive 79/409/CEE), et au moins être recensées lors des rares études. Au niveau régional, les listes rouges ont été publiées. Elles complètent les listes nationales et elles devraient être aussi prises en compte. Finalement, seulement quelques espèces (17) sont suivies annuellement sur le site en période de reproduction et essentiellement à l’intérieur des zones dites de protection spéciale (ZPS) du site Natura 2000. Le recensement de ces espèces sont liées à des habitudes prises souvent depuis quelques décennies sur des milieux particuliers (îlots) ou à des éléments liés à la rareté ou à l’intérêt que suscitent certaines d’entre-elles (fauvette pitchou, grand corbeau…). Depuis une dizaine d’années, ce sont certaines espèces inscrites à l’annexe I de la Directive « Oiseaux » qui sont suivis quand cela est possible, c’est-à-dire si la prospection ne nécessite pas un temps de travail trop long et ni sur une surface trop vaste. Il faut considérer que ce suivi des espèces inscrites à l’annexe I de la Directive « Oiseaux » est déjà un progrès très important de la dernière décennie. Il faut maintenant aller plus avant. Mais pourquoi suivre des populations d’oiseaux supplémentaires ? En premier lieu, d’une part pour tracer l’évolution des tendances au regard des modes de gestion éventuellement mis en œuvre, et d’autre part pour orienter (ou pouvoir réorienter) ces modes de gestion lorsque nous sommes invités à jouer un rôle après avoir alerté les gestionnaires sur certains modes de gestion préjudiciables. Un suivi plus important et plus précis serait utile pour certaines espèces inscrites à l’annexe I de la Directive « Oiseaux », mais aussi pour d’autres espèces peu connues et qui ont un statut plus précaire aux niveaux national ou régional. Après avoir établi ici une première liste, il faut maintenant tenter de mettre en place des programmes de suivis qui doivent être peu coûteux. Quelles espèces cibler ? Par quels moyens, avec quels protocoles et quelle régularité ? Nous avons apporté quelques indications de base dans ce chapitre. Cela ne peut se faire, en baie du Mont-Saint-Michel, que par une politique volontariste organisée essentiellement par les associations GONm et Bretagne Vivante qui travaillent sur le long terme, sur l’ensemble du site et sur TOUTES les espèces (même si c’est souvent ponctuel, les travaux existent), éventuellement avec d’autres partenaires (CEL, ONCFS, Fédérations départementales de chasse, Universités…). Il est en tout cas clair que cela ne peut se faire qu’en équipe et au terme d’une réflexion longue, en lien avec les politiques globales (et non très locales) liées à l’environnement. Il est probable actuellement que les partenaires institutionnels ne peuvent être des promoteurs de suivis autres que ceux déjà consacrés aux espèces inscrites à l’annexe I de la Directive « Oiseaux » et souvent sur du court ou, au plus, du moyen terme. Ne parlons pas de réflexions sur le long terme qui paraissent peu envisageables !

Les oiseaux en période de reproduction en baie du Mont Saint-Michel.

356


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5.8

Bretagne Vivante - SEPNB

CONCLUSION

La méthodologie utilisée ici sur un vaste site de plusieurs centaines de km² pour évaluer les nécessités de suivis à long terme au moins pour certaines espèces pourrait être utilisée ailleurs. Il n’est pas essentiel qu’une zone soit en ZPS ou Natura 2000 pour effectuer les mêmes démarches. Dans tous les milieux, il y a des espèces à enjeux, à défaut d’être inscrites à l’annexe I de la Directive « Oiseaux ». L’évaluation et la répartition des effectifs du site « baie du Mont-Saint-Michel » s’est fait selon plusieurs protocoles : localisé sur toute la baie pour la plupart des espèces ou par échantillonnage pour les espèces très communes. À partir de ces expérimentations, on peut dresser la liste des espèces à suivre plus localement. C’est ensuite que l’on peut choisir tel ou tel protocole qui sera adapté à telle espèce ou à tel groupe d’espèces. L’ensemble de ces éléments étant acquis pour une vaste région paysagère ciblée, il serait intéressant de proposer objectivement des limites et d’évaluer (là où cela n’est pas fait) les besoins locaux en informations selon les critères nationaux, régionaux et éventuellement plus locaux.

Figure 4.15. Au sud de Beauvoir, les limites empiriques de la baie (M. et P. Sanson).

Les oiseaux en période de reproduction en baie du Mont Saint-Michel.

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CONCLUSION GÉNÉRALE

La voie ferrée Dol-de-Bretagne – Saint-Malo, La Fresnais

Les oiseaux en période de reproduction en baie du Mont Saint-Michel.

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Dans la conclusion générale, nous allons essayer d’attirer l’attention sur ce que nous considérons comme des éléments clés pour une meilleure considération de l’avifaune, mais aussi de l’ensemble de la faune et de la flore. Nous allons d’abord examiner dans un premier temps si les objectifs primordiaux prévus ont été atteints. Le chapitre sur la perception de l’environnement traite d’un point fondamental : les milieux humides, leur gestion et leur perception locale (qui influe sur la gestion), ou les milieux agricoles adjacents dont les cultures sont dépendantes de l’évacuation de l’eau. Nous aborderons les constructions de lotissements ou de zones d’activités, à proximité des villages, qui sont souvent des pertes (clairement légales) importantes de territoires riches. Nous verrons ensuite que, sur des surfaces importantes, la déprise agricole joue un rôle déterminant sur l’évolution de certaines espèces spécialistes de milieux ouverts au profit d’autres plus généralistes et banales. Nous nous poserons la question de l’existence de milieux « naturels », puis de l’ensemble des menaces actuelles qui pèsent sur l’ensemble du site, mais aussi des avancées substantielles obtenus en matière d’environnement depuis 25 ans sur des centaines d’hectares. Enfin nous discuterons de l’utilisation possible, immédiate ou future, de ce présent travail.

1

LES OBJECTIFS ATTEINTS EN PARTIE

À l’origine de ce rapport, les objectifs étaient : - de réaliser un inventaire ornithologique quantitatif le plus exhaustif possible, sur le périmètre de la baie ; - de tracer des limites de répartition ornithologiques plus réelles ; - et de constater, le mieux possible, un état des lieux en période de reproduction, notamment pour les espèces inscrites à l’annexe I de la directive européenne « Oiseaux » (Directive 76/409/CEE). Le chapitre présentant le projet montre que, très vite, les premiers objectifs limités à quelques espèces vont évoluer vers un programme plus ambitieux, en conséquence plus risqué. Bien que tout soit loin d’être totalement établi de manière certaine, on en sait maintenant plus sur la plupart des espèces nichant sur le site. En réalité, pour au moins 65 % des espèces (fig. 5.1), c’est-à-dire 80 taxons, on connaissait très peu leur répartition et leurs effectifs (sans doute 98+ % des effectifs de site pour ces 80 espèces). Nous avons bien conscience que les erreurs ont pu être nombreuses, mais nous pensons, pour les raisons développées ci-dessous, que les ordres de grandeur du nombre de couples sont assez conformes à la réalité des années recensées.

Faible apport ou pas d'apport; 43; 35% Apport majeur; 70; 57%

Apport intéressant; 10; 8%

Figure 5.1. Apport de cette enquête sur les connaissances spécifiques (nombre d’espèces ; pourcentage)

Les oiseaux en période de reproduction en baie du Mont Saint-Michel.

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1.1

DES DENSITÉS FAIBLES ; QUELQUES EXEMPLES ATYPIQUES

1.1.1

GÉNÉRALITÉS

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Nous trouvons en moyenne 17 couples (σ = 6) pour 10 ha (en dehors des herbus) sur les 200 km linéaires parcourus par Indice Kilométrique d’Abondance (couplé à une distance maximale de détection). Ces densités sont modestes comparées à celles obtenues à l’échelle du département de la Manche par Chevalier (2014). Les densités sur le territoire parcouru sont assez faibles, notamment dans sa partie sud (fig. 5.2). Elles sont aussi parmi les plus faibles du département de la Manche. Il faut toutefois être prudent avec la méthode du krigeage (interpolation) employée par Chevalier. Néanmoins, avec des densités moyennes de 15 à 20 couples pour 10 ha pour la partie manchoise du sud de la baie, ces résultats sont extrêmement proches des 17 couples (σ = 6) pour 10 ha que nous avons obtenus plus à l’ouest.

Figure 5.2. Estimation des densités d’oiseaux nicheurs (toutes espèces) dans le département de la Manche (Chevalier, 2014)

L’arbre et la haie sont peu présents sur le périmètre. Dans la Manche, les plus fortes densités d’oiseaux nicheurs sont situées dans des secteurs du département où le bocage est encore existant. Dans ces zones, les densités sont doublées par rapport aux zones avec les densités les plus faibles (fig. 5.2). Dans la partie concernant les « résultats et analyses » de l’atlas des oiseaux nicheurs de France métropolitaine, Comelet-Tirman et al. (2015) estiment à « 130-230 millions le nombre d’oiseaux nicheurs en France, soit 235 à 416 individus par km² ». Nous évaluons la densité d’oiseaux nicheurs à 17 couples (σ = 6) pour 10 ha, c’est-à-dire environ 340 individus par km² (17 × 2 × 10), ou, en intégrant l’écart-type, une estimation comprise entre 220 et 460 individus par km² : nos résultats sont donc proches de la fourchette proposée pour la France.

Les oiseaux en période de reproduction en baie du Mont Saint-Michel.

360


Groupe Ornithologique Normand 1.1.2

Bretagne Vivante - SEPNB

COMPARAISONS ENTRE LES GRANDS TYPES D’HABITATS

Dans ce chapitre, nous pouvons comparer les densités de pratiquement toutes les espèces, surtout celles qui sont communes, qui ont été échantillonnées sur 24 parcours. La plupart des parcours ont été effectués dans les zones sud et ouest, beaucoup plus vastes que la zone est. Les milieux de l’ensemble des zones comparées représentent près de 20 000 ha, c’est-à-dire les 2/3 de l’ensemble du périmètre retenu. Ces densités doivent être examinées avec précaution. Les écarts-types spécifiques sont parfois très importants. La moindre particularité d’un secteur peu changer fondamentalement la composition de l’avifaune. Si nous prenons un exemple concret, qui semble totalement anecdotique à première vue, la seule présence d’une ligne téléphonique aérienne, souvent plus basse que les lignes électriques, peut apporter suffisamment de diversité (en tant que site de pose pour les chanteurs) dans les polders pour que des espèces soient plus présentes, voire simplement présentes. Dans un milieu vaste totalement dénué de site de pose plus haut, cette ligne téléphonique devient un poste de chant impératif, pour le bruant proyer par exemple (voir diverses photos des polders). Les densités les plus faibles sont obtenues dans les polders récents (4 300 ha environ), où l’on obtient en moyenne 4 couples pour 10 ha (σ = 0,7) (fig. 5.7). La courbe des occurrences en pourcentages apparaît en « escalier » car, pour ces polders à paysage assez homogène, seuls quatre grands parcours (> 10 km) ont été effectués. A contrario, les densités les plus fortes sont obtenues dans les milieux « zones d’habitations » (près de 100 petits parcours unitaires), avec en moyenne 52 couples pour 10 ha (σ = 13) (fig. 5.8). L’abscisse maximum de la figure 5.8 monte à plus de 25 individus (moineau domestique) pour les densités, écartstypes compris, alors que celui des polders ne dépasse pas 1. Le moineau domestique a tendance à dominer les autres espèces. Pour beaucoup d’espèces des milieux habités, les densités sont largement supérieures à 1 couple pour 10 ha. Si on regarde la diversité de l’avifaune, les milieux habités sont surtout colonisés par des espèces communes et banales (par exemple moineau domestique, pinson des arbres, merle noir, troglodyte mignon, mésanges). Dans les milieux très ouverts, on retrouve le pinson des arbres en tête de liste, mais aussi des espèces moins courantes comme la bergeronnette flavéole, l’alouette des champs ou le bruant jaune. Dans les polders, il y a, en moyenne, plusieurs dizaines de fois moins d’oiseaux qu’à proximité des habitations (bourgs, hameaux, fermes), mais leur diversité est très différente. Une simple promenade avec écoute dans l’un puis l’autre milieu suffit pour remarquer que les polders sont de véritables déserts ornithologiques en période de reproduction. L’intensité des chants augmente progressivement quand on arrive près des fermes ou des hameaux, beaucoup plus peuplées, puis, dès qu’on les dépasse, le silence revient. Seuls les champs de blé et les peupleraies (très peu de haies autour des champs), sont utilisés pour nicher. Les zones de maraîchage ou de maïs sont déserts (fig. 5.4), comme d’ailleurs les rares prairies artificielles ou exceptionnellement « naturelles » (il en reste à l’ouest de la zone). Les canaux (fig. 5.5) restent souvent malheureusement peu propices, car leurs bords sont souvent nettoyés, et parfois même fauchés en pleine période de reproduction (fig. 5.6). Certaines espèces patrimoniales les colonisent, mais avec des densités très faibles. La végétation rivulaire des canaux est actuellement souvent gérée de façon inappropriée.

Les oiseaux en période de reproduction en baie du Mont Saint-Michel.

361


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Bretagne Vivante - SEPNB

Figure 5.4. Une zone typique des polders maraîchage, maïs, blé, ferme et peupliers (Roz-sur-Couesnon).

Figure 5.5. Des canaux très maltraités (Roz-sur-Couesnon).

Figure 5.6. Des roselières fauchées en pleine période de reproduction (Cherrueix).

Les oiseaux en période de reproduction en baie du Mont Saint-Michel.

362


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Les figures 5.7 et 5.8 montrent la différence entre la densité absolue et l’occurrence d’une espèce. Les informations ont été classées par le nombre d’occurrences sur les parcours puis, par les densités. Nous avons considéré qu’une espèce qui présentait une occurrence moindre sur l’ensemble des parcours devait être classée « en dessous » d’une espèce dont l’occurrence est supérieure. Sur la figure 5.8, le chardonneret élégant et le troglodyte mignon ont des densités et des écarts-types proches, mais le troglodyte mignon est nettement souvent plus présent que le chardonneret élégant. À densités comparables, le troglodyte mignon est plus abondant que le chardonneret élégant.

Figure 5.7. Densités (et σ) en nombre de couples pour 10 ha et occurrences des espèces principales évoluant dans les polders.

Figure 5.8. Densités (et σ) en nombre de couples pour 10 ha et occurrences des espèces principales évoluant à proximité des habitations.

Les oiseaux en période de reproduction en baie du Mont Saint-Michel.

363


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Pour les deux autres milieux intermédiaires, les cultures avec plus ou moins de haies (11 000 à 12 000 ha au total), on obtient des densités qui se rapprochent plus des polders que des zones d’habitations, avec 14 couples pour 10 ha (σ = 2,5) dans les cultures avec haies éparses et 7,3 couples pour 10 ha (σ = 1,35) dans les grandes cultures ressemblant aux polders, mais avec quelques haies basses plutôt que des peupliers. Pour l’ensemble des milieux, les moyennes sont en lien avec l’ouverture des milieux : baisse globale du nombre d’espèces et des densités d’oiseaux quand on passe des milieux avec habitations aux polders. Les écarts-types, assez faibles, valident les moyennes. La figure 5.9 expose assez bien les différences entre les milieux. Le pinson des arbres est l’espèce majoritaire (sauf moineau domestique dans le milieu habité), parfaitement adaptable à tous les milieux, c’est une espèce généraliste.

Figure 5.9. Densités (et écarts-types) des 10 principales espèces par grands milieux 1.2

DES ZONES REGUGES DANS LES POLDERS

Il existe dans les polders les plus cultivés quelques rares refuges utilisés par les oiseaux et particulièrement par quelques espèces montrant que des restaurations d’habitats sont possibles. LA DIGUE DE LA DUCHESSE-ANNE

C’est un cheminement d’environ 8,5 km de long sur 50 à 100 m de large et constituant un milieu tout à fait exceptionnel : un linéaire arboré, composé surtout de peupliers, et en quelque sorte isolé dans les polders. Il y a quelques fossés humides avec quelques roselières très petites. Sa structure actuelle (fig. 5.10) fait que ses populations d’oiseaux ne sont ni typiques d’un bocage, où le pinson des arbres serait majoritaire, ni d’une zone de fourrés, où des espèces de milieu ouvert seraient très présentes, mais d’un milieu intermédiaire. Les espèces dominantes témoignent de ce milieu intermédiaire, en particulier la formidable densité de fauvette à tête noire (voir chap. 3) (fig. 5.11). Mais, ce milieu est temporaire, il est voué à pousser et à se fermer. Les nombreux peupliers plantés depuis une ou deux décennies, pas encore adultes, vont sans doute modifier à terme la structure arborescente du site. Un état « fourrés bas moins touffus » sans peupleraie, jouerait un rôle beaucoup plus intéressant autant pour la faune que pour la flore. Les espèces patrimoniales des polders, telles le bruant jaune, le bruant proyer, la linotte mélodieuse, et certaines fauvettes, comme la fauvette grisette ou l’hypolaïs polyglotte, pourraient alors être accueillies. Curieusement, et sans explication à première vue pertinente, c’est le seul secteur où le verdier d’Europe s’est installé hors zone d’habitations ou de conifères.

Les oiseaux en période de reproduction en baie du Mont Saint-Michel.

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Figure 5.10. Zone assez typique de la digue de la Duchesse-Anne (Saint-Broladre), avec de petits buissons et des fourrés.

Figure 5.11. Évaluation en couples pour 10 ha des 20 principales espèces sur la digue de la Duchesse-Anne (2011).

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LA DIGUE OUEST DU MONT-SAINT-MICHEL

Elle jouxte les herbus. Elle est moins entretenue, exempte de peupliers, et joue aussi un rôle particulier pour l’accueil de certaines espèces.

Figure 5.12. La digue ouest du Mont-Saint-Michel (Roz-sur-Couesnon).

Cette digue présente une structure de végétation particulière (fig. 5.12) : très ouverte avec des ronciers et des arbustes, elle attire surtout la linotte mélodieuse, la fauvette grisette et l’accenteur mouchet. Le pigeon ramier utilise souvent les arbustes plus gros, comme le sureau, pour s’installer. La locustelle tachetée, très rare et très éparpillée sur l’ensemble de la baie du Mont-Saint-Michel, apparaît ici avec des effectifs modestes, mais elle est assez régulière. Le pipit farlouse, nicheur très commun des herbus, et la bergeronnette flavéole, nicheur commun des herbus et des polders, fréquentent communément les abords de la digue ou le chemin pour se nourrir et nourrir les jeunes, notamment dans la première moitié du parcours en partant du barrage de la Caserne. Cette zone accueille seulement 12 espèces (fig. 5.13), dont plusieurs sont considérées comme patrimoniales. Ce modèle de digue pourrait donc être testé ailleurs dans les polders. Il ne requiert pas un gros investissement ! Il suffit de pérenniser l’entretien actuel : périodes de pousse entrecoupées de brûlis sur des centaines de mètres en fin d’été, notamment entre le polder Foucault et le polder Frémont. On ne sait pas pourquoi cette digue est brûlée périodiquement, sans doute pour faire « plus propre ».

Figure 5.13. Évaluation du nombre de couples pour 10 ha de la digue ouest Mont-Saint-Michel, en 2011

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1.3

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CONCLUSION

Il y a de très nombreux motifs d’espoir. Nous l’avons remarqué sur les centaines de kilomètres parcourus à pied ou à vélo, il suffit de très peu de choses pour, soudainement, changer positivement la physionomie d’un paysage. Une friche, un ou deux buissons, quelques poteaux, aussitôt des espèces plus intéressantes s’installent. Quelques petits secteurs d’une dizaine d’hectares sont parfois très riches, comme le sud de la Petite Jugandière à Saint-Broladre, ou le polder Bertrand à Roz-sur-Couesnon. Ce ne sont que deux exemples sur des dizaines rencontrés. Ces petits secteurs, certes dispersés, sont extrêmement nombreux mais ne sont que très peu fréquentés par les naturalistes (sauf s’ils sont situés sur le chemin des parkings permettant d’accéder aux herbus). Ils contrastent pourtant visuellement avec l’environnement dominant autour et constituent une forme de havre ornithologique pour certaines espèces, comme le bruant jaune. Espérons que ces secteurs, en dehors de « Natura 2000 », pourront être préservés. Il faudrait qu’un organisme public puisse au moins les répertorier. Mais, malheureusement, s’il n’y a pas d’« Espèce » inscrite à l’annexe I de la directive européenne « Oiseaux » présente… une zone de ce type n’a souvent que peu d’intérêt. Récemment, dans le secteur de la Mare Jurée à Pontorson, l’un de ces territoires préservés, une vaste prairie humide à joncs avec des clôtures à poteaux et de petites haies, a disparu pour moitié, labourée puis ensemencée de maïs. C’était une prairie où dominaient les traquets pâtres et les bruants jaunes, mais aussi la linotte mélodieuse et le bruant de roseaux. Nous y avons même observé une pie-grièche écorcheur. Nous avons pu observer en certains sites la réversibilité possible de ces destructions, contrairement à toute zone nouvellement urbanisée.

LES PERCEPTIONS DE L’ENVIRONNEMENT

2

Profitons des conclusions du précédent paragraphe pour engager très modestement ce sujet de la perception des milieux naturels par les usagers du site et de son pourtour. Il n’est pas vraiment de notre ressort mais plutôt celui des sciences sociales. Il est pourtant majeur, très culturel et très complexe. Les constatations suivantes pourraient être faites n’importe où. Que ce soit en réunion publique, sur le terrain ou en privé, des opinions sont régulièrement évoquées, de manière orale ou parfois aussi dans les journaux locaux. Il n’y a pas que le monde agricole, qui exploite majoritairement le milieu, qui s’exprime ; il y a aussi régulièrement des représentants des communes, des associations de promotion de telle ou telle pratique sportive ou économique et le grand public qui tous utilisent un langage à différents niveaux : la « Nature » qui est « sale » et la « Nature protégée » qui empêche telle ou telle activité. 2.1

LES MILIEUX HUMIDES TERRESTRES

Cette envie de lutte permanente contre l’eau et les marais est ancienne. Plusieurs ouvrages grand public la décrivent en baie du Mont-Saint-Michel. Citons le magnifique ouvrage sur l’histoire des polders (Collectif, 2008) ou celui concernant le projet W.A.T.E.R. sur le marais de Châteauneuf d’Ille-et-Vilaine (Girard, coord., 2012), dont nous recommandons la lecture pour qui veut mieux connaître le site. Néanmoins, depuis quelques décennies, les regards changent très doucement, même si les pouvoirs publics s’en préoccupent… ou sont obligés de s’en préoccuper (loi sur l’eau, SAGE). Pour la majorité des habitants proches des marais, il faudrait sortir toute eau « intempestive », donc pratiquement toute eau visible hors des canaux, des milieux humides par le moyen de canaux larges et propres. Le mot « propre » signifie, ici, sans végétation haute, notamment et particulièrement les roselières. Des pompes sont utilisées en dernier recours, comme dans le marais de Dol vers la Fresnais (fig. 5.14), et parfois des drains sont installés (fig. 5.15).

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Figure 5.14. Pompes utilisées pour sortir l’eau du Figure 5.15. Drainage (Saint-Georges-de-Gréhaigne). marais, dans le marais de Dol (La Fresnais).

Pour que la circulation de l’eau soit « parfaite », il faudrait que les canaux soient curés régulièrement (fig. 5.16), y compris en pleine saison de reproduction et y compris en zone Natura 2000 (moins fréquent fig. 5.18) et surtout fauchés le mieux possible (fig. 5.18a et b).

Figure 5.16. Curage d’un fossé après avoir coupé la roselière, en juin 2014 (La Gouesnière).

Figure 5.17. Fauche au milieu du biez du Tonja (Lillemer, E. Chabot).

Figure 5.18 (a) Fossé « propre » (La Gouesnière).

Figure 5.18 (b). Fossé « sale » (La Gouesnière).

Si l’évacuation de l’eau permet de cultiver le blé et le maïs (surtout dans le marais de Dol), et le blé, le maïs et les légumes (dans les polders), cela n’empêche pas, lors de crues de printemps ou d’été, qu’une partie des cultures soient ennoyées et perdues (fig. 5.19).

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Figure 5.19. Difficile de rendre en photo l’ensemble de la zone inondée sur ce champ, mais plusieurs hectares ont été touchés juste ici, en 2014 (Roz-Landrieux).

Cette « propreté » agricole est manifeste quand on regarde les polders du haut de Roz-sur-Couesnon (fig. 5.20). On distingue de vastes zones de maïs et de blé, entrecoupées de canaux d’évacuation et de canaux de drainage. Rien ne dépasse, pas une haie, pas un arbre en vue sur des centaines d’hectares, sauf quelques rangées de peupliers trop hauts. Ce drainage forcené a entraîné sans doute une des plus grosses pertes (dans C) en baie pour les oiseaux hivernants sur les 30 dernières années. En 1988, dans les polders ouest du Mont-Saint-Michel, des canaux de drainage (fig. 5.21) sont creusés tous les 50 m. Dès cette année-là, nous avons perdu les très belles populations de certaines espèces peu communes en France, qui fréquentaient ces polders comme le combattant varié (un des très rares sites d’hivernage français, × 100), l’oie rieuse (× 100), la barge à queue noire (× 10 à × 100), le pluvier doré (× 100) et le vanneau huppé (× 1 000), ou les concentrations de fringilles (linotte mélodieuse, verdier d’Europe, pinson des arbres) qui se rassemblaient en cas de vague de froid, nombreuses entre 1979 et 1991.

Figure 5.20. Polders, vus de Roz-sur Couesnon.

Figure 5.21. Polders ouest du Mont-Saint-Michel, des drains tous les 50 m environ (Roz-sur-Couesnon).

Finalement, l’eau et la roselière, qui y est souvent associée, sont indésirables. Il faut changer ce regard, mais c’est extrêmement compliqué sociologiquement, voire, du point de vue de beaucoup d’agriculteurs, économiquement. Prenons comme autre exemple les bassins de lagunage, qui sont parfois riches en oiseaux nicheurs. Tous les ans, certains d’entre eux sont « entretenus » en pleine saison de reproduction, alors que les contraintes économiques y semblent mineures. Il suffirait d’attendre 15 jours ou 3 semaines pour cet entretien, ce qui ne modifierait pas les plannings de manière conséquente. Il s’agit ici peut-être d’ignorance, mais le côté « propre » est une constante difficile à modifier dans les esprits.

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Pour caricaturer, ces poubelles dont le pourtour a été inondé d’herbicides (quel intérêt ?) montrent à quel point le souci de propreté peut engendrer un paysage finalement affreux (fig. 5.22).

Figure 5.22. Vous avez dit propreté… autour des poubelles ? Le désherbant est-il vraiment utile (Hirel). 2.2

LES MILIEUX HUMIDES MARITIMES

Les herbus, eux aussi, sont décriés. Un herbu haut, pourtant riche en passereaux ou en insectes, est un lieu réputé pour accueillir la « vermine » (sic !). Cette « vermine » étant, pêle-mêle et indifféremment, sanglier, renard et moustique, ou toute autre bestiole peu sympathique à fréquenter. On préfère donc un herbu « sérieux » entretenu ; entretenu voulant dire qu’il est fauché ou rasé par les moutons. Ce regard est souvent celui de gens n’ayant jamais véritablement regardé de près ces herbus… et ils n’y tiennent d’ailleurs souvent pas. Ils ignorent tout de la riche biodiversité de ce milieu. Nous n’évoquerons les moustiques que très rapidement, alors qu’un article entier pourrait leur être consacré ! Disons avant tout que pour avoir été victime, à la tombée de la nuit et de nuit, d’attaques massives de nuages entiers, nous savons de quoi nous parlons ! Mais une personne qui a fait le choix d’habiter aux abords de marais sachant que c’est une zone humide devrait assumer la présence des moustiques. Ce n’est pas le cas dans certains secteurs de populations humaines plus denses où des pétitions obligent les pouvoirs publics à intervenir : traitements, spécifiques dit-on, ou vidange (même si c’est temporaire) de lagunes riches (faune, flore) sont alors à l’ordre du jour.

3

DES CONSTRUCTIONS, UNE PERTE DE MILIEU IRRÉVERSIBLE

Au cours des cinq années de périples à travers ce vaste territoire, nous avons pu voir de nombreuses constructions sortir de terre. Les lotissements fleurissent un peu partout (fig. 5.23), ainsi que des zones d’activité (fig. 5.24). Nous avons vu une bonne dizaine de zones nouvelles ou en construction, notamment à l’ouest de la baie. Le problème n’est pas obligatoirement dans ces zones de constructions à proprement parler, mais dans la manière de gérer l’environnement « dans et autour », qui n’est pas pris en compte.

Figure 5.23. Lotissement à proximité du marais. (Le Vivier-sur-Mer). Les oiseaux en période de reproduction en baie du Mont Saint-Michel.

Figure 5.24. Zone d’activité à proximité du marais. (La Fresnais).

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Nous n’avons malheureusement pas vu de construction qui semble tenir compte du paysage local. Tout est rasé et on construit, en plantant ensuite des essences presque systématiquement non locales. Les zones vertes sont tondues avec quelques maigres arbres, le plus souvent déconnectées d’un milieu de haies par exemple. Dans tous les lotissements on voit des pelouses rases, des haies d’arbustes allochtones bien taillées et, au milieu, une petite mangeoire et un ou deux nichoirs (souvent inadaptés) sur les murs… sans doute pour amuser les enfants… Ce sont toujours dans ce cas des pertes de terres agricoles, souvent des parcelles jouxtant des zones qui, sans qu’elles soient véritablement humides, sont néanmoins parfois inondées. En baie du Mont-SaintMichel, on continue à construire sur des zones (remblais) « presque » humides. La lutte est féroce pour la qualification des zones humides : souvent on est surpris de secteurs non qualifiés comme tels. Dans tous les cas, la prise en compte du milieu dans ces lotissements pourrait être beaucoup plus respectueuse, notamment par l’aménagement de corridors verts ou par le maintien de zones existantes tout simplement

4

ÇA POUSSE !

C’est un peu la surprise. Nous n’avions pas perçu l’ampleur de ce qui se passait depuis 20 ans. Si certaines zones sont très recherchées pour cultiver, exploiter ou construire, d’autres le sont beaucoup moins. L’exemple d’une partie de la vallée de la Sélune, finalement non prise en compte dans le périmètre d'étude, est impressionnant. Collette (1990) a réalisé un quadrat dans les prés de Poilley (sud-est du site) et dans un marais à proximité. Il détecte quelques couples de bergeronnettes flavéoles et même le bruant proyer (à une époque où il était certes en expansion) dans les prairies, et plus de 10 couples de bruants des roseaux dans le marais. Quand nous nous sommes rendus sur le site en 2012, donc plus de 20 ans après, nous avons trouvé des friches hautes entourées de peupliers et un marais presque totalement envahi par de grands saules. Espérer y retrouver des bergeronnettes flavéoles ou du bruant des roseaux, ou une espèce de milieu ouvert, aurait été une gageure ! Autre exemple significatif, quand nous avons commencé à exploiter les données des marais de DolChâteauneuf en les comparant avec celles de Pulce (F1), les espèces liées aux boisements avaient nettement progressé (voir les textes spécifiques concernant la rousserolle verderolle, le grimpereau des jardins, la sittelle torchepot ou le geai des chênes). Nous n’allons pas multiplier les exemples tant ils sont nombreux, majoritairement vers l’arrière-pays. Certes, il y a les peupleraies, dont beaucoup ont dû être plantées il y a 25 ou 30 ans et qui continuent à être plantées actuellement. Il y a aussi les innombrables saulaies linéaires ou en massifs. Sur cette photo, en vallée du Thar (fig. 5.25), nous pouvons garantir l’absence de tout saule dans cette vallée à la fin des années 1960 et dans les années 1970. Le « laisser-pousser » intervient à la dernière taille des arbres, il y a une vingtaine d’années. Dans le secteur de Lillemer (fig. 5.26), au sud de la baie, des peupleraies et aussi des saulaies envahissent le marais. Les roselières sont parfois encore présentes.

Figure 5.25. Vallée du Thar à Lézeaux (Jullouville) actuellement.

Les oiseaux en période de reproduction en baie du Mont Saint-Michel.

Figure 5.26. Des « lambeaux » de roselière à Lillemer.

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En revanche, y compris aux abords des champs cultivés (fig. 5.27), les arbres semblent moins exploités et entretenus. Au cours des cinq années de prospection, nous n’avons vu aucun gros chantier de coupe ou de rafraîchissement des branches. En 2015, il y en a eu quelques-uns, mais sur des secteurs marginaux.

Figure 5.27. Coupe classique des arbres le long d’un cours d’eau (Sacey).

Cet envahissement des saules, qualifions-le de « naturel », pose clairement un problème pour de nombreuses espèces patrimoniales (faune-flore des milieux ouverts), et pour de nombreuses espèces communes. Entendons-nous bien, par rapport aux paysages de tout l’arrière-pays manchois et bretillien qui l’entourent, la baie du Mont-Saint-Michel présente des particularités intéressantes liées à des milieux ouverts y compris dans les basses vallées. Ceci est vrai pour les espèces paludicoles, et pour les espèces des grandes cultures ou des prairies. Ces paysages ont été d’abord défrichés puis gérés comme ouverts, notamment les zones de marais où on ne pouvait planter des pommeraies, depuis au moins des décennies. Certains sont donc maintenant à l’abandon (déprise agricole, pas d’intérêt économique actuellement ou pas de filière organisée pour l’exploitation éventuelle du bois).

Figure 5.28. Le marais de la Folie se boise fortement dans son centre (à gauche) et aux abords (à droite).

Comme nous l’avons indiqué, nous avons affaire à une des grandes zones humides de Normandie et de Bretagne, il faut évidemment conserver et maintenir ce caractère humide et ainsi favoriser des espèces spécialistes (de milieux humides ou ouverts) qui disparaissent d’ailleurs (fig. 5.28). À Sougéal, nous avons proposé de réactiver en roselière une zone de saules denses jouxtant le marais (Beaufils & Morel, 2014). La mesure a été très efficace, puisque dès l’année suivant la coupe, la phragmitaie a repoussé densément, et la rousserolle effarvatte, la rousserolle verderolle, le bruant des roseaux et la bouscarle de Cetti se sont implantés sur une surface modeste. Deux de ces espèces sont inscrites sur la liste rouge des oiseaux menacés de Bretagne. Il est constaté que les saulaies denses accueillent rarement des espèces de passereaux menacées, contrairement aux roselières. Les oiseaux en période de reproduction en baie du Mont Saint-Michel.

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DES MILIEUX NATURELS ?

Nous avons exposé la manière dont les milieux patrimoniaux sont « construits » ou « déconstruits » par l’homme et la perception qu’ils en ont. L’association des deux mots « milieu » et « naturel » peut-elle être encore être utilisée en baie du Mont-Saint-Michel ? La baie n’est pas vraiment un milieu naturel. La partie terrestre, dans son entièreté probablement, est le produit de siècles d’exploitation par l’homme. Les paysages sont des « constructions » anciennes d’origine humaine, mais modifiées plus fortement lors des deux derniers siècles. Il serait difficile de trouver un seul secteur qui n’ait pas été touché et modifié (un bas de falaise à Cancale ou à Carolles peut-être ?). Même les herbus sont, pour leur structure actuelle, liés à des activités humaines, même si l’influence des marées et des mouvements sédimentaires est encore active. En conséquence, la biodiversité du site n’est pas une question de Nature, mais elle dépend étroitement de décisions (certainement politiques) concernant la sauvegarde de la biodiversité. Cette sauvegarde amène à des choix, non seulement internes au périmètre mais aussi débordant sur l’environnement des marges du site, en tenant compte des contextes régionaux normand et breton. La baie du Mont-Saint-Michel n’est pas, à bien des égards, un paysage banal des régions Bretagne et Normandie. Les options paysagères et les cultures ont été guidés jusqu’aux années 1970 uniquement par « le progrès », des choix économiques ou liées à des besoins humains, mais toujours avec les contraintes locales (lutte contre les marais). Après l’établissement de la loi relative à la protection de la nature (1976), les perceptions ont évolué et les règlements nationaux et européens se sont accumulés et ont fait évoluer les mentalités et les obligations légales. Depuis plus d’une décennie, les études et les travaux liés à l’amélioration de la qualité environnementale du site sont nombreux. Souvent, ils sont locaux et prennent peu en compte le site dans son ensemble. Prenons l’exemple d’une question qui se pose actuellement dans plusieurs secteurs, et qui nous paraît cruciale : faut-il « replanter » et retrouver un paysage de « bocage » en baie du Mont-Saint-Michel sur les zones de polders anciens ? Cette proposition est régulièrement préconisée (voire appliquée) par des associations de protection de l’environnement. À ceci nous répondons fermement que, sur le périmètre défini pour cette étude, le bocage « classique » sensu stricto, avec des linéaires d’arbres hauts, n’est vraiment pas adapté au site, même si cette configuration était présente avec des pommiers en plein champ (Géobretagne), dans l’arrière-pays de la baie, il y a 60 ans ! La haie basse clairsemée, en revanche, peut avoir des impacts positifs importants. La baie du Mont-Saint-Michel est un espace de canaux et de marais qui devrait, dans un contexte régional (Bretagne-Normandie) d’érosion des zones humides (faune-flore associées), rester le plus ouvert possible. On ne peut que conseiller, si on replante, d’inventer un paysage nouveau tenant compte des espèces présentes sur le site en lien avec les biodiversités régionales (voir § 4). Ce ne semble pas la préoccupation majeure de ceux qui replantent… cette thèse leur paraît presque incongrue, il est clairement difficile de trouver des espaces de discussion où en parler.

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DES MENACES ET DE BELLES AMÉLIORATIONS

L’urbanisation est irréversible. Elle devrait mieux considérer le milieu qu’elle détruit, bien que tout ceci soit fait en parfaite légalité. Les lois devraient être plus contraignantes en bordure des zones Natura 2000 et aux abords des zones humides, notamment en gardant des milieux favorables à la biodiversité (haies, arbres, canaux par exemple) et des corridors. Les milieux agricoles (réversibilité) occupent une très grande partie du site. Nous l’avons constaté, ces milieux agricoles sont loin d’être tous désertés par la faune et la flore. Il ne faudrait guère que des petits changements culturels sur la manière de traiter les bordures de talus ou de chemins, les roselières, les buissons, les haies. Ces mesures sont peu coûteuses, mais permettraient de faire évoluer positivement les sites. Ces changements culturels sont difficiles à faire admettre. Ils sont pourtant nécessaires pour permettre des évolutions substantielles, rapides et majeures. Imaginons seulement qu’on ne coupe les roselières qu’une année sur deux ou trois sur les centaines de kilomètres de canaux où elles se maintiennent ; imaginons les peupleraies linéaires des polders remplacées par des petites haies éparses.

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Les activités agricoles sont souvent associées au drainage pratiqué encore sur des secteurs comme les marais de Dol-de-Bretagne. Cette pratique pourrait être limitée, en particulier sur des zones qui devraient être classées en marais. Concernant les herbus, l’invasion par le chiendent d’une part et les demandes pour l’installation de troupeaux de moutons d’autre part ne doivent pas faire perdre de vue que ce sont des milieux riches en oiseaux nicheurs. Ils sont d’autant plus riches s’ils ne sont pas exploités ou surpâturés. Le chiendent reste tout de même un problème pour certaines espèces dominantes, notamment l’alouette des champs, lorsqu’il est en surface mono-spécifique trop importante (voir Beaufils, 2015a). On constate souvent un manque réel de prise en compte communale des données environnementales non répertoriées administrativement. En effet, seuls les lieux identifiés comme tels (souvent ZPS ou Natura 2000) sont pris en compte et le reste (faune, flore) est donc considéré comme banal, « sans intérêt », et pouvant être « géré » légalement quasiment sans souci de conservation environnementale. Nous engageons le lecteur à lire les travaux de Godet (2010) sur la nature ordinaire. Un envahissement des saules préoccupant sur le long terme (réversible mais en intervenant rapidement). C’est une conséquence indirecte de l’agriculture intensive : les milieux moins productifs ou peu rentables sont abandonnés, ou bien le temps manque pour les entretenir. Ce problème ne peut sans doute être résolu qu’économiquement (exploitation), dans la mesure où il est difficile de concevoir une politique volontariste sur le sujet. Ce problème doit être sans doute pris dans son ensemble (par grand secteur, par commune ?) et réfléchi en concertation. Cette poussée des saules, donc d’arbres, peut enthousiasmer certains, mais elle se fait au détriment d’espèces spécialistes à grande valeur patrimoniale (bruant jaune, espèces paludicoles cf. fig. 5.29, espèces de prairies comme l’alouette des champs), et au profit d’espèces généralistes (par exemple, pinson des arbres, merle noir, fauvette à tête noire, mésange bleue). Les espèces de milieux forestiers, à l’exception de quelques-unes comme le pouillot véloce, n’en profitent pas vraiment, car la saulaie ne devient jamais véritablement un milieu forestier (à l’instar des peupleraies). Les espèces spécialistes sont, pour certaines depuis des décennies, en forte diminution en France ou en Europe. Il serait intéressant de les favoriser du point de vue de la biodiversité. La saulaie (comme la peupleraie d’ailleurs) ne profite pas plus aux essences végétales patrimoniales (plantes des zone humides ou de prairies) ni probablement aux invertébrés.

Figure 5.29. Certaines roselières du marais de Dol - Châteauneuf disparaissent (Miniac-Morvan).

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Zone Natura 2000 Nous considérons enfin que la surface en Z.P.S. n’est actuellement pas suffisante. Sans forcément intégrer l’ensemble de la zone biologiquement assez homogène en Natura 2000, il faudrait trouver des solutions pour prendre en compte des zones humides riches mais ne contenant pas toujours (mais parfois) des espèces inscrites à l’annexe I de la directive européenne « Oiseaux ». Nous sommes conscients que ce n’est pas simple à mettre en œuvre, mais il pourrait y avoir quelques secteurs testés (voir cartes marais oubliés dans le chapitre 2). Les zones Natura 2000 sont mieux protégées et mieux évaluées, notamment depuis les premiers pas du DOCOB (milieu et fin des années 2000). En effet, le fait de mettre sur papier l’ensemble des problématiques permet d’y réfléchir et de tenter d’y remédier, même si ce n’est ni simple ni rapide. De nombreux secteurs peuvent être considérés comme en meilleur état ou surtout en bonne voie de restauration en 2012 : - le marais de Châteauneuf d’Ille-et-Vilaine (maintenant marais noir de Saint-Coulban) a été acquis par la fédération de chasse d’Ille-et-Vilaine ; les aménagements (qui continuent) ont permis d’en faire un marais « neuf » (300 ha) de tout premier ordre (toute l’année) par rapport à l’ensemble de la baie du Mont-Saint-Michel ; - des petits plans d’eau et la roselière de la chapelle Saint-Anne (Saint-Broladre) ont été acquis par le Conseil Général d’Ille-et-Vilaine (Conseil Départemental actuel) à la fin des années 2000, et sont donc protégés ; - le marais de la Folie (Antrain) a été acquis récemment par le Conseil Départemental d’Ille-etVilaine, et un plan de gestion et d’amélioration de l’accueil sur le site est en cours ; - le marais de Sougéal a été classé en Réserve Naturelle Régionale en 2006 ; les travaux de réflexion sont toujours en cours ; ils progressent chaque année ; - les mesures compensatoires au Mont-Saint-Michel (Syndicat mixte pour le rétablissement du caractère maritime) ont eu un succès inattendu, notamment au niveau des aménagements sur le parking grand public, mais aussi le long du Couesnon (espèce paludicoles) ; les travaux de compensation se poursuivent sur les prés d’Avranches, dans le marais de Châteauneuf, le marais de la Claire-Douve et la roselière de Genêts, par la création de roselières ou leur extension ; - le marais de la Claire-Douve (entre Saint-Jean-le-Thomas et Genêts) est géré par le Conservatoire du Littoral via le Symel ; la surface en roselière a été très fortement augmentée (très positif sur les paludicoles), ainsi que probablement la présence d’eau plus tard en saison (très positif sur la migration prénuptiale) ; - la mare de Bouillon (Jullouville) a été achetée par le Conservatoire du Littoral, et les études sont en cours pour savoir par quels moyens maintenir ou restaurer le site ; - le marais du Vergon (Vains) est en cours d’étude, et un plan de gestion sera probablement proposé ; - un plan de gestion des herbus est en cours de réflexion. Plus globalement, sur de vastes surfaces, les schémas d’aménagement de gestion de l’eau ou S.A.G.E (vallée du Couesnon, Sée, Sélune, Dol-de Bretagne) sont des espaces de discussions et de décisions qui ont permis d’avancer sur ces vallées ou marais ; tout n’est pas réglé partout, mais au moins les problématiques sont mises en discussion de manière beaucoup plus globale et avec un nombre d’acteurs importants qui ont l’occasion de se rencontrer et d’opposer leurs arguments. Ces espaces de discussion sont plus nombreux et la protection de l’environnement est un enjeu qui est mieux pris en compte. Sur certains secteurs, les discussions, qui amènent à construire des projets concrets et très positifs, sont réelles. Les avancées se font à petits pas, mais cumulées sur une ou deux décennies, quels progrès ! Néanmoins, l’ensemble de ces sites ne représentent qu’une modeste surface, de l’ordre de 100 m². Les 150 km² interstitiels restent plus ou moins des no man’s land (au sens littéral du terme), ignorés et potentiellement « à la merci » d’aménagements divers, alors qu’ils sont parfois d’une grande richesse biologique.

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Figure 5.30. Une zone riche au sud de Cherrueix.

Nous terminerons par un paradoxe. En 2011, la périphérie de ce magnifique échangeur de Pontorson (fig. 5.31) s’est avérée être une zone très riche en oiseaux, grâce à la variété des milieux, y compris humides, fourrés, strates arborées pas trop denses, ce qui était inattendu au premier abord !

Figure 5.31. Échangeur de Pontorson ouest.

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QUELLE UTILISATION DE CE TRAVAIL ?

Tout d’abord ce sont les associations qui en décideront d’abord (implications, projets, investissements humains). Nous pensons que la valeur principale de ce travail tient dans la base de données géolocalisées avec protocole associé qui a été constituée lors des prospections de terrain. C’est elle qui fait foi (et qui fera foi avec moins d’ambiguïté dans plusieurs années, notamment sur les fortes variations d’espèces) des récoltes obtenues. Elle permet ensuite d’interpréter, en utilisant ses propres arguments ou des données complémentaires. Nous l’avons déjà testé sur la rousserolle effarvatte ou la bergeronnette flavéole (fig. 5.32) ou sur un milieu, les herbus (Beaufils, 2013, 2015 a, 2015 b) : en réalité le jeu de données géolocalisées acquis permet d’aller beaucoup plus loin que les simples textes synthétiques spécifiques proposés. Il permet d’envisager à l’échelle de la baie du Mont-Saint-Michel, ou à des échelles bien plus modestes d’un petit secteur, une réflexion de fond sur de nombreuses espèces. Sur la figure 5.32, il est assez facile d’interpréter la zone N (très localisée) et pourquoi il est constaté une absence réelle et compréhensible biologiquement de la bergeronnette flavéole… on ne pourra pas éventuellement dire 20-30 ans plus tard que cette espèce a disparu de cette zone puisqu’elle n’y était pas présente. Les oiseaux en période de reproduction en baie du Mont Saint-Michel.

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Les articles ne dévoilent que quelques points de vue : ils pourraient être construits très différemment. Bien que comportant des biais, la globalité des observations permet d’aboutir à des cartes beaucoup plus précises que ce que nous connaissions auparavant. Ceci entraîne donc des analyses qui n’ont plus rien à voir avec ce que l’on pouvait produire précédemment à l’échelle de la baie sur les passereaux nicheurs (cf. DOCOB et C). Nous avons indiqué dans le texte quelques exemples déjà testés. Les années d’étude sur la nidification au marais de Sougéal (2007-2015) ont permis aussi de montrer la faiblesse des connaissances du site, contrairement à tout ce que l’on pensait.

Figure 5.32. La bergeronnette printanière dans les polders (d’après Beaufils, 2015).

Les quelques études locales qui ont été commandées récemment sur la période de reproduction montrent aussi encore plus nettement que l’on peut maintenant sur chaque site de la baie, quel que soit sa dimension (quelques ha, quelques km²), obtenir très rapidement un état des lieux que l’on peut interpréter et comparer sur la période 2009-2012. On peut aussi indiquer sa « valeur » par rapport à l’ensemble de la baie du Mont-Saint-Michel. On connaît également le temps à passer pour finaliser une étude sur une surface donnée. Cet atlas complète en fait l’ouvrage de 2001 (C), travail très incomplet sur les passereaux et les nicheurs. Il reste beaucoup à faire, notamment des vérifications plus précises pour certaines espèces. Ceci impliquerait d’autres études, mais quelles seront les priorités locales des associations ? En tout cas, elles ne sont pas dirigées actuellement vers les espèces nicheuses, sauf dans quelques cas restreints (colonie de laridés, d’ardéidés, gravelot à collier interrompu). Cet atlas est aussi un outil pour les temps futurs, lorsqu’il s’agira véritablement de connaître toutes les espèces que l’on rencontrait en baie du Mont-Saint-Michel à cette époque et leur abondance. Il est impossible de faire la même chose sur des époques plus reculées. Nous avons essayé de récupérer et d’interpréter toutes les informations, les plus anciennes possibles, pour essayer de faire le point. Ce bilan manquait cruellement jusqu’alors. Il y a beaucoup de surprises finalement, lorsqu’on y regarde de près. Mais on ne remonte pas très loin dans le temps, notamment postérieurement aux asséchements majeurs ou aux remembrements.

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Nous espérons que les informations proposées ici seront alors suffisantes (et fiables) pour conclure dans les temps futurs à l’évolution de telle ou telle espèce. Jusqu’en 2012, pour les espèces nicheuses notamment de passereaux, peu de protocoles véritablement fiables ont été mis en œuvre, sauf sur quelques très rares espèces (notamment les espèces coloniales ou des études précises sur une espèce), cet atlas en témoigne largement. Il n’y a aucun protocole non plus à grande échelle sur telle espèce ou groupe d’espèces qui nichent.

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QUE FAUT-IL FAIRE ?

Ce n’est pas le rôle de cet atlas de le dire. C’est aux structures associatives de se décider sur les questions auxquelles on doit répondre : évaluation de fiabilité, tendances, milieux… Ce qui a été le plus complexe dans cette synthèse a été de traduire les textes et les enquêtes plus anciens. Il a été extrêmement difficile de comparer, dans de rares cas, les informations collectées à ce que nous avons réalisé. À l’exception de petites surfaces, comme dans les études de quadrats qui sont décrites avec une cartographie associée, souvent rien n’est décrit ou localisé sur ce qui est appelé parfois abusivement « des protocoles ». Si des enquêtes ont eu lieu, seuls, souvent, les résultats globaux sont produits avec des commentaires parfois complexes à interpréter eux-mêmes ; les informations, qui ont bien voulu être données, sont déjà extrêmement filtrées ; on n’accède pas toujours à l’essentiel (ou rarement) c’est-à-dire aux données véritablement brutes et surtout à la manière dont elles ont été recueillies (non écrit ou rarement). En baie du Mont-Saint-Michel, nous avons besoin d’informations sur les espèces nicheuses et pas que sur celles de l’annexe I de la directive européenne, et pas que dans la ZPS, et pas que sur les quelques rares sites parcourus systématiquement, sans que pour autant on recueille une information fiable et utilisable. BIBLIOGRAPHIE SPÉCIFIQUE Beaufils M., 2015 a. Les oiseaux nicheurs des herbus de la baie du Mont-Saint-Michel (2009-2012) : une tentative d’expliquer la répartition des principales espèces nicheuses ; une réflexion sur les enjeux. Le Cormoran, 19 (80) : 43-56. Beaufils M., 2015 b. Essai sur l’état des populations de la bergeronnette printanière Motacilla flava en baie du Mont-SaintMichel. Ar Vran, 26 (1) : 18-44. Beaufils M. & Morel R., 2014. Espace Remarquable de Bretagne du marais de Sougéal. Suivi de l’avifaune nicheuse au printemps 2013. Bretagne Vivante, 20 p. Beaufils M., 2013. Analyse ornithologique de trois sites à la demande du syndicat mixte du Mont-Saint-Michel. Mesures compensatoires suite à la destruction de la roselière du Couesnon Roselière de Genêts, le marais de la Claire-Douves et les prés de l’hôpital d’Avranches : introduction et résumé. Contexte Rousserolle effarvatte. Groupe ornithologique normand (GONm) Syndicat Mixte de la Baie du Mont-Saint-Michel, 11 p. Chevalier B., 2014. Estimation des populations d’oiseaux nicheurs plus ou moins communs en Normandie. Le Cormoran, 19 (80) : 195-207. Collectif, 2008. De Sainte-Anne au Mont-Saint-Michel. Marais et polders de la baie. Communauté de commune Baie du MontSaint-Michel. Porte de Bretagne, 103 p. Collette J., 1990. La basse vallée de la Sélune : les prés inondables de Poilley ; analyse avifaunistique et autres données écologiques. GONm pour la Dréal. Doc polycopié, 19 p. Comolet-Tirman J., Dalloyau S., Issa N., Jiguet F., Muller Y., Witté I. in Issa N., Muller Y. Coord., 2015. Atlas des oiseaux nicheurs de France métropolitaine. Nidification et présence hivernale. Résultats et analyses. LPO/SEOF/MNHN. Delachaux et Niestlé, Paris : 39-52. Girard R. coord., Cadec A., Couldrik L., Diard L., Girard R., Lefeuvre J.C., Mauxion A. & Rickard A., 2012. W.A.T.E.R. Histoire d’une coopération européenne autour des zones humides. WATER, 96 p. Godet L., 2010. La « nature ordinaire » dans le monde occidental. L’Espace géographique, 4 : 295-308. Loi de protection de la Nature. 1976. Loi n°76-629 du 10 juillet 1976 relative à la protection de la nature https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=LEGITEXT000006068553&dateTexte=20101109

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BIBLIOGRAPHIE DES CHAPITRES 1 à 5

Abords du marais du Vergon, Vains

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Hors figure. Les mares des herbus peuvent s’assécher, les oiseaux les désertent alors (Roz-sur-Couesnon)

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