Remembrement et évolution de l’avifaune du bocage normand - synthèse de quelques études locales

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GROUPE ORNITHOLOGIQUE NORMAND

REMEMBREMENT ET ÉVOLUTION DE L’AVIFAUNE DU BOCAGE NORMAND Synthèse de quelques études locales Gaëlle Hergault

Groupe ornithologique normand Etude et Protection des Oiseaux et de leurs Milieux en Normandie Adresse : 181 rue d'Auge 14000 Caen - France Mail : secretariat@gonm.org Tél : 02 31 43 52 56 Fax : 02 31 93 27 07 Association reconnue d'utilité publique Siège social : Université 14032 Caen cedex SIREN : 383 694 080

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SOMMAIRE

INTRODUCTION ........................................................................................................................ 3 DÉNOMBREMENT DE PASSEREAUX NICHEURS SUR LACOMMUNE DE BARENTON.......................... 4 État initial du territoire d’étude.................................................................................................. 5 État transitoire du remembrement et premières réactions de l’avifaune ...................................... 6 Effets immédiats du remembrement et modifications de l’avifaune ........................................... 6 EFFETSDUREMEMBREMENTSURLESPASSEREAUXDUBOCAGEAJUVIGNY-LE-TERTRE ......................... 9 État initial et modifications du milieu ...................................................................................... 10 Signification et analyse des résultats........................................................................................ 12 COMPOSITION ET DISTRIBUTION DE L’AVIFAUNE DU BOCAGE NORMAND .............. 15 Taux de boisement et éléments de comparaison de l’avifaune rencontrée sur les deux îlots.................................. 15 Caractérisation des haies ......................................................................................................... 16 Importance de la conservation de zones « moins productives » ................................................ 17 Mesure de la valeur de l’habitat bocager pour les oiseaux ........................................................ 18 ÉLÉMENTS RECHERCHES PAR L’AVIFAUNE DU BOCAGE ............................................... 20 CONCLUSION........................................................................................................................... 21 BIBLIOGRAPHIE ...................................................................................................................... 22

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INTRODUCTION « L’arbre est partout et la forêt nulle part ». C’est ainsi que le bocage pouvait autrefois être décrit. Ce milieu emblématique de la Normandie connaît depuis plusieurs décennies de profondes restructurations du fait notamment des mutations de l’agriculture et de la simplification du parcellaire par le remembrement. Le regroupement et l’agrandissement de parcelles ont eu pour conséquence la disparition de linéaires de haies, de chemins et talus boisés accueillant d’importantes populations d’oiseaux. Entre 1972 et 2006, le bocage bas-normand a ainsi perdu 40 % de ses haies, soit en moyenne 2 700 km/an (2008, Geosignal). Après un ralentissement de la régression du bocage entre 2000 et 2006 en particulier dans le Calvados et la Manche, une nouvelle accélération de l’érosion du linéaire de haies est relevée entre 2006 et 2010, en particulier dans l’Orne et sur les franges de la plaine de Caen. La DREAL Normandie indique que pendant cette période, 5,6 % des haies ont disparu dans le Calvados, la Manche et l’Orne, soit près de 1800 km par an, tandis que la Seine-Maritime et l’Eure ont perdu 2 % de leurs haies et bosquets. La cohérence (nombre de connexions entre les haies) du bocage diminue quant à elle de façon constante depuis 1972.

Évolution générale de la dynamique bocagère en Normandie entre 1972 et 2010

Source : trameverteetbleuenormandie.fr L’avifaune du bocage, constituée par des populations d’oiseaux utilisant à un moment ou à un autre de l'année les potentialités offertes par les haies et les milieux qui les environnent, évolue en même temps que les techniques agricoles, et la simplification du maillage bocager entraîne des modifications notables sur l’avifaune le fréquentant. L’impact des travaux connexes du remembrement sur l’avifaune bocagère a été mesuré sur 2 communes du Mortainais, à Barenton entre 1973 à 1977 (Collette, 1973, 1975 & 1978), et à Juvigny-le-Tertre de 1974 à 1983 (Collette 1983).

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DÉNOMBREMENT DE PASSEREAUX NICHEURS SUR LA COMMUNE DE BARENTON La commune de Barenton, en territoire de bocage à petites mailles, présente avant remembrement un paysage constitué de champs limités de talus de terre, en général plantés d'arbres. Les vergers de vieux poiriers sont très présents sur la commune mais dégradés et peu développés sur le secteur de l’étude.

© IGN 2019 - source geoportail.gouv.fr - sans échelle

© IGN 2019 – source geoportail.gouv.fr

© IGN - Source :

https://remonterletemps.ign.fr

Barenton (1947)

Barenton (2016)

©IGN – Source : remonterletemps.ign.fr

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État initial du territoire d’étude Entre mars et juin 1973 à Barenton, avant les premiers travaux prévus dans le cadre du remembrement, 15 sorties d'environ 3h30 chacune, à partir du lever du jour, ont permis de rencontrer 49 espèces d’oiseaux qui, à une exception près, sont des hôtes réguliers de la région. La superficie étudiée par la méthode des plans quadrillés s’étend sur 20ha2a52ca : Vergers : 1ha74 a Cultures : 3ha51a50ca Bois : 6a50ca Constructions, jardins : 31 a40ca Prairies : 14ha39a12ca On compte 1 seul corps de ferme (1 habitant), quelques vergers dégradés (pommiers et poiriers).

Talus boisés Clôtures artificielles Vergers, arbres isolés Tas de souches Bâtiments Bosquet

Parcellaire de 1973, source le Cormoran n°19-20 (1978) Les espèces d’oiseaux rencontrées ont été classées en 5 catégories suivant l'intérêt qu'elles présentaient pour l'étude : résidents d'hiver, traquets motteux de passage en avril, oiseaux non passereaux (sédentaires ou migrateurs), passereaux sédentaires, passereaux migrateurs. Seuls les passereaux ont été retenus dans l'étude de densité. De plus le moineau, l'étourneau, le verdier et les corvidés ont été éliminés pour des raisons inhérentes à la technique utilisée. 24 espèces ont donc été étudiées, le but du travail étant de comparer deux états successifs : - Merle, grive musicienne, rouge-gorge, grive draine, rougequeue à front blanc - Mésange bleue, mésange charbonnière, mésange nonnette, mésange à longue queue - Pouillot véloce, pouillot fitis, fauvette à tête noire, fauvette des jardins - Pinson, chardonneret, bouvreuil, troglodyte, accenteur mouchet, grimpereau des jardins, sittelle, gobemouche gris, pipit des arbres, bruant zizi, alouette lulu. 125,5 couples ont ainsi été recensés sur les 20 ha étudiés, soit une densité1 de 62,7 territoire/ha, nombre nettement inférieur à la réalité, compte-tenu des espèces écartées dans l’enquête.

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Densité, ou abondance absolue : notion découlant de l’application de la méthode des quadrats (ou plans quadrillés), en période nuptiale exclusivement, mesurant les populations d’oiseaux Remembrement et évolution de l’avifaune du bocage normand - synthèse de quelques études locales Octobre 2019 – G. Hergault

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Le biotope a été analysé suivant la superficie des parcelles avant travaux, suivant l’utilisation des sols, la longueur et la nature des clôtures. Les peuplements ont été analysés par dénombrement, données annexes (pourcentages, densités), observations sur certaines catégories (nicheurs de haies, sylviidés).

État transitoire du remembrement et premières réactions de l’avifaune Les travaux entrepris dans le cadre du remembrement ont été progressifs : 30 arbres furent abattus au printemps 1973, puis 120 jusqu'en septembre 1974, à l'intérieur des 20ha du quadrat étudié. La surface du bosquet a été réduite de moitié à la même époque. L’hiver suivant, les arbres et rejets étaient systématiquement coupés, les arbres têtards subsistaient souvent. En avril 1975, les limites parcellaires sont rectifiées par les engins mécaniques, 1,7km de talus et haies sont supprimés, soit 27 % talus de 1973. Le bois des haies est exploité sur 2,35 km, soit 37 % des 6,3 km de 1973 (talus arasés non inclus). Des territoires de passereaux de zones à végétation très éclaircies sont déplacés vers une zone restée bien boisée. Plusieurs espèces sont notées en régression : sitelle, fauvette des jardins, mésange charbonnière, fauvette à tête noire, mésange bleue, pouillot fitis, chardonneret. Quelques espèces sont notées en progression : accenteur mouchet, pipit des arbres, bruant jaune (espèce absente en 1973).

Effets immédiats du remembrement et modifications de l’avifaune Des recensements effectués aux printemps 1976 et 1977 mesurent les évolutions du milieu : l’utilisation du sol est peu modifiée, la surface en herbe reste pratiquement constante. Le milieu est cependant simplifié : l’observateur note une dégradation accentuée des vergers abandonnés, la réintégration des jardins désaffectés dans les prairies, le défrichement d’une partie du bosquet existant avant travaux. Les techniques agricoles évoluent également, avec des prairies artificielles sur les terres remaniées après arasement, et le développement du maïs. Le maillage existant avant travaux est bouleversé : les 2/3 des talus boisés ont été arasés, leurs souches ont été accumulées en 24 tas et une partie enterrée. 400m de talus herbeux non boisés sont également supprimés. Il reste après travaux 2km de talus boisés. Des fils barbelés matérialisent 1,4km de nouvelles limites. Les limites du quadrat étudié sont maintenant ouvertes sur des parcelles qui n’en faisaient pas partie en 1973. Le maillage n’est plus fermé, il n’y a plus vraiment de parcelles.

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Parcellaire de 1976-77, source le Cormoran n°19-20 (1978)

Résultats bruts du recensement des population de passereaux après remembrement Année

Longueur des talus boisés (Longueur/unité de surface)

Nombre de couples/10ha

Variation du nombre de couples

1973

6,3 km (315 m/ha)

62,7

-

1975

4,6 km (230 m/ha)

51,7

-17,5 %

32,5

-48,1 %

24,5

-60,9 %

1976 1977

2,09 km (104 m/ha)

Espèces favorisées Seules 3 espèces ont tiré profit des modifications du milieu : - Le pipit des arbres est le seul cas d’espèce bocagère de 1973 favorisée par l’augmentation de la taille des parcelles - Les zones à végétation basse (talus à rejets buissonnants et tas de souches) attirent le bruant jaune - La linotte niche plus spécialement sur les talus dénudés où la végétation réapparaît (ronces, saules …)

Espèces en régression Sur les 24 espèces recensées en 1973 et retenues dans le cadre de l’étude, 9 disparaissent. - Les sylviidés (pouillots et fauvettes) chutent de 83,3 % entre 1973 et 1977, passant de 15 couples à 2,5 couples - Les cavernicoles stricts diminuent de 73,8 % : 32,5 couples à 8,5 couples. Dans certains cas, les mésanges peuvent pallier la disparition des arbres âgés par l'utilisation de cavités à flanc de talus - Les 3 espèces de turdidés pouvant nicher dans les strates basses (merle, grive musicienne ou rouge-gorge) subsistent en 1977, même si leur population diminue de moitié environ. Les talus, même pauvrement boisés,

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constituent un site privilégié de nidification. Ces espèces ont su tirer profit des tas de souches pour élargir leurs territoires. Parmi les espèces les mieux représentées en 1973, un groupe résiste mieux que l'ensemble : merle, grive musicienne, rouge-gorge, troglodyte, accenteur mouchet et pinson totalisés régressent de 51%. Ils représentaient 50% de la population en 1973 et 62% en 1977. Conclusion De 1973 à 1977, le quadrat de 20ha de Barenton perd 66 % de ses talus boisés et près de 61 % de la population des 24 espèces de passereaux recensés. Cette étude écarte les espèces à grand territoire, mais permet par contre une étude individuelle des réactions à l'échelle de la parcelle. Deux ans après les travaux, le bocage reste bouleversé. Les espèces du milieu ouvert ne colonisent pas immédiatement l'ensemble du territoire offert. La population bocagère primitive semble résister par le biais d'un cantonnement artificiel, lentement abandonné. Les acquisitions ne comblent toutefois pas le vide quantitatif et qualitatif laissé par les espèces perdues.

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EFFETSDUREMEMBREMENTSURLESPASSEREAUXDUBOCAGEAJUVIGNY-LE-TERTRE Le bocage de Juvigny-le-Tertre, en crête d’une colline du Mortainais, est constitué avant remembrement de petites parcelles limitées par des talus plantés essentiellement de chênes et de châtaigniers.

© IGN 2019 – source geoportail.gouv.fr

Les passereaux ont été recensés sur un quadrat de 20 ha pendant 8 années successives de 1974 et 1981, 4 ans avant et 4 ans après l’arasement des talus.

Source : remonterletemps.ign.fr - © IGN – Territoire d’étude de Juvigny-le-Tertre Photographies aériennes 2006-2010

Photographies aériennes historiques 1950-1965

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Les visites se sont déroulées au lever du jour, pendant une durée de 2 à 3h suivant l’activité vocale des oiseaux et les conditions météorologiques. 1974-1975 : 17 sorties 1976 : 16 sorties 1977-1978 : 15 sorties 1979-1981 : 14 sorties

État initial et modifications du milieu Le secteur étudié, d’une superficie réelle de 21ha24a, est composé de prairies sur sa majeure partie (70 % à 80 %), et de cultures de maïs ou autres céréales (20 à 30 %). Un bosquet de vieux hêtres (19a) et 2 fermettes enfermées dans leur verger dense de pommiers constituent un ensemble destiné à rester stable dans le futur. Les bois, vergers, potagers s’étendent sur 2,8 % de la surface totale. L'ensemble restant est constitué de 28 parcelles d'une superficie moyenne de 73a71ca (max. 2ha, min. 18a) Les talus plantés et haies de pied taillées des jardins ont un linéaire de 6240m, soit 293,6m/ha (clôtures et talus herbeux non boisés non pris en considération : 445m). Après les travaux connexes au remembrement, il reste 2900m de talus plantés (136,5m/ha) soit une perte de 3340m, soit 53,5 % de la longueur initiale. La reconquête des surfaces récupérées s’opère par semis de ray-grass. Les tas de souches sont poussés le long des talus. Un seul amas est nettement écarté d'une haie et peut jouer le rôle de poste de chant avancé. Parcellaire initial 1974-1977 Source le Cormoran n°25 (1983) Extrait sans échelle (Image déformée lors de la reproduction du document d’origine) Voir légende page 7

Richesse spécifique Les 67 espèces rencontrées au cours des 8 années ont été classées en 4 groupes : - 5 espèces hivernantes : grive litorne, grive mauvis, roitelet triple bandeau, pinson du nord et tarin des aulnes - 8 espèces migratrices faisant halte sur le quadrat : pluvier doré, courlis cendré, chevalier gambette, chevalier culblanc, chevalier guignette, traquet motteux, locustelle tachetée, loriot.

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- nicheurs locaux en déplacement sur le quadrat mais installés à l’extérieur de celui-ci : épervier d’Europe, faucon crécerelle, perdrix grise, tourterelle des bois, coucou gris, pic vert, pic cendré, pic épeiche, hirondelle rustique, pipit farlouse, bergeronnette grise, rougequeue noir, rougequeue à front blanc, hypolaïs polyglotte, fauvette grisette, roitelet huppé, mésange huppée, sitelle torchepot, serin cini - nicheurs cantonnés totalement ou en partie sur le quadrat ; 32 espèces dont 25 passereaux ont été retenues dans l’étude : alouette lulu et alouette des champs, pipit des arbres, troglodyte mignon, accenteur mouchet, rouge gorge familier, merle noir, grive musicienne, fauvette des jardins, fauvette à tête noire, pouillot fitis, pouillot véloce, gobe mouche gris, mésange à longue queue, mésange nonnette, mésange charbonnière, mésange bleue, bruant jaune, bruant zizi, verdier d’Europe, pinson des arbres, chardonneret élégant, linotte mélodieuse, bouvreuil pivoine, grimpereau des jardins. Les espèces dont la taille du territoire ou le comportement cadrent mal avec un quadrat de 20ha ont été écartées : grive draine, moineau domestique, étourneau sansonnet, geai des chênes, pie bavarde, corneille noire, pigeon ramier (non passereau). Le tableau ci-dessous synthétise le nombre d’espèces nicheuses recensées annuellement : Année

1974

1975

1976

1977

1978

1979

1980

1981

Richesse spécifique

22

19

20

20

21

20

14

15

Abondance totale Le nombre de couples nicheurs est calculé par cartographie des territoires. Sur la période initiale, la moyenne des abondances annuelle s’élève à 61,5 couples, soit 28,9 couples pour 10ha. Les 4 dernières années voient en moyenne 29,3 couples se reproduire, soit 13,7 couples pour 10ha. La population de passereaux nicheurs chute donc de 52,5 %. Parcellaire final 1978-19 Source le Cormoran n°25 (1983) Extrait sans échelle (Image déformée lors de la reproduction du document d’origine) (Légende en page 7)

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Signification et analyse des résultats Au cours des 8 années d’étude, la sécheresse de l’été 1976, l’hiver rude de 1979, ont probablement influencé les populations de passereaux. Les coupes d’entretien des haies et l’exploitation régulière du bois sur les talus peuvent aussi être considérées comme des phénomènes « naturels » dans un milieu maintenu artificiellement en état par l’homme. Le remembrement n’est probablement pas la seule cause des modifications observées, mais le bouleversement du milieu a certainement influencé – dans un sens ou dans l’autre – les variations d’effectifs. Variations de l’abondance totale Le quadrat a perdu 53,5 % de ses talus boisés. La population de passereaux a diminué de 52,5 % au cours des 4 années suivant ces travaux. Le même rapport s’établissait à Barenton : 61 % de passereaux en moins pour une perte de 60 % des talus boisés. Il y a donc dans les deux cas proportionnalité entre la longueur des talus arasés et le nombre de couples nicheurs perdus. Autre effet remarqué aussi à Barenton, la population décroît lentement après les travaux (40 couples en 1978, 31,5 en 1979, 22,5 en 1980) ce qui peut s’expliquer par un cantonnement résiduel des couples attachés à des territoires n’offrant plus les niches indispensables dans des secteurs plus ou moins remaniés. Variation de la richesse spécifique La 1ère période accueille 20,25 espèces nicheuses en moyenne, la seconde 17,50 en moyenne. 6 espèces disparaissent des dénombrements des deux dernières années (même 10 en 1980), 2 nouvelles apparaissent. Ces 8 cas représentent près du 1/3 des 25 espèces considérées dans l’étude. Espèces bénéficiaires Le nouveau maillage aéré dont une partie des haies a été coupée au ras des talus profite à la linotte mélodieuse et l’alouette des champs. Espèces en régression Outre la fauvette des jardins et la fauvette à tête noire qui disparaissent aussitôt après les travaux, le pouillot fitis, bouvreuil pivoine, chardonneret élégant, pipit des arbres et grimpereau des jardins constituent un groupe sur lequel le recul est maximum.

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Evolution de la distribution spatiale du peuplement Les modifications qualitatives et quantitatives de l’avifaune sont les effets les plus évidents du remembrement. Elles résultent de l’ajustement de chaque espèce au milieu modifié. Après les travaux, le nouveau peuplement n’occupe pas l’espace de la même façon que l’ancien. De 1974 à 1980, de moins en moins d’espèces utilisent le bocage pour y implanter leur territoire. L’évolution est parallèle pour le cantonnement sur le bosquet. Par contre, le nombre d’espèces sur les deux fermes augmente. Le nombre d’espèces à cantonnement strict est multiplié par 5 de 1976 à 1979.

Variations du cantonnement

Comparaison avec les fluctuations notées à Barenton Quelques facteurs limitent les possibilités de comparaison entre les deux études : - les résultats de Barenton concernent seulement les 2 années suivant les travaux d’arasement - les abondances spécifiques ont pu varier dans le temps entre Barenton (1973-1977) et Juvigny-le-Tertre (1974-1982) - le bocage de Barenton (fond de prairies humides) est différent de celui de Juvigny-le-Tertre (colline) Cependant après arasement des talus boisés, aussi bien à Barenton qu’à Juvigny-le-Tertre, l’observateur effectue différents constats : - les mêmes groupes d’espèces connaissent les plus fortes diminutions, avec un recul des Sylviidés - quelques espèces ubiquistes apparaissent plus résistantes aux modifications du milieu (merle noir, pinson des arbres, accenteur mouchet …) - l’installation et le développement de populations liées aux milieux ouverts sont notées : l’espèce la plus résistante à Juvigny-le-Tertre est le bruant jaune, espèce pionnière de Barenton. La linotte mélodieuse, l’alouette des champs, le pipit farlouse profitent de l’éclaircissement du milieu - les pertes en couples nicheurs sont proportionnelles aux longueurs de talus boisés arasés - le retentissement sur l’avifaune s’étale sur plusieurs années. A côté des modifications de la composition du peuplement, d’autres changements sont intervenus dans les années suivant le remembrement : une majorité Remembrement et évolution de l’avifaune du bocage normand - synthèse de quelques études locales Octobre 2019 – G. Hergault

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d’espèces occupe un espace restreint (bosquet dans le cas étudié), par ailleurs l’environnement proche de l’homme offre des sites artificiels en remplacement des éléments disparus du biotope. Etats initiaux des quadrats et évolutions mesurées après travaux Barenton

Juvigny le Tertre

4 ans : 1973 à 1977

8 ans : 1974 à 1981

Superficie du quadrat

20ha 2a

21ha 24a

Boisement moyen

315m/ha

296m/ha

Superficie moyenne des parcelles avant travaux

65a

73a 71ca

Richesse spécifique initiale

32

31

Abondance totale initiale en couples/10ha

62,7

28,9

Linéaire de haies supprimées par les travaux

-66 %

-53,5 %

Population nicheuse après travaux

-61 %

-52,5 %

Durée de l’étude

Le bocage présente après remembrement une moindre aptitude à fournir les niches nécessaires aux oiseaux (sauf pour l’alouette des champs et la linotte). Les espèces réagissent différemment à cet appauvrissement : la fauvette à tête noire, cantonnée initialement sur le bosquet, disparaît dès qu’une partie des haies adjacentes au bois sont arasées ; même réaction, retardée, du grimpereau des jardins. Le pouillot véloce ne subsiste que dans le bosquet. Le troglodyte mignon et la mésange bleue utilisent à la fois bosquet et fermes, à l’exclusion du reste du bocage.

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COMPOSITION ET DISTRIBUTION DE L’AVIFAUNE DU BOCAGE NORMAND Dans le cadre du dispositif Reine Mathilde (programme visant à renforcer la filière lait bio en BasseNormandie), une étude commandée par l’Institut de l’Elevage, réalisée sur trois exploitations du Calvados en agriculture biologique, expose diverses informations relatives à l’avifaune rencontrée, et à la valeur de l’habitat bocager pour les oiseaux (Collette, 2017). Sur la ferme d’Arry (ancienne commune du Locheur, vallée de l’Odon), deux îlots de prairie, l’un au sud en ripisylve de l’Odon (3 parcelles formant un total de 18 ha), l’autre moins boisé au nord (parcelle de 16 ha), au contact de bâtiments de l’exploitation, ont fait l’objet de relevés avifaunistiques en juillet 2016. Le linéaire de haies considéré à l’intérieur des champs sur l’îlot sud est mesuré à 176 m/ha, tandis que le linéaire de haies mesuré sur l’îlot nord est de 112 m/ha. Ilot sud

Ilot nord

Taux de boisement et éléments de comparaison de l’avifaune rencontrée sur les deux îlots Nombre d’individus recensés rapportés à la longueur de haie : Îlot sud : 97 individus sur 3170m, soit 3 ind / 100m Îlot nord : 49 individus sur 1800m, soit 2,7 ind/100m Nombre d’individus recensés rapportés à la surface des îlots : Îlot sud : 97 individus sur 18ha, soit 53,8 ind/10ha Îlot nord : 49 individus sur 16ha, soit 30,6 ind/10ha La population de passereaux liés à la haie est supérieure sur l’îlot sud, sur lequel le boisement est supérieur (jugement à tempérer toutefois compte-tenu du décalage horaire entre les deux relevés, l’un réalisé entre 5h25 et 6h35 du matin, privilégié pour certaines espèces par rapport au second plus tardif en matinée (6h408h00), favorisant quant à lui les espèces plus « lève-tard » comme les granivores). Remembrement et évolution de l’avifaune du bocage normand - synthèse de quelques études locales Octobre 2019 – G. Hergault

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Le supplément d’espèces de l’échantillon de fond de vallée (îlot sud) est nettement corrélé à la densité de haies. - Certaines espèces fortement liées à l’arbre n’apparaissent que sur l’îlot sud : grimpereau des jardins, pic épeiche, gobemouche gris. - La haie riche en résineux est la seule à accueillir le roitelet huppé, très attaché à ces essences. - Quelques secteurs buissonneux sont marqués par la présence de la fauvette des jardins, de l’hypolaïs polyglotte. - Le troglodyte mignon, passereau des basses strates, très lié aux habitats frais (ripisylve, ruisseaux forestiers, friches humides…), trouve sur les parcelles boisées du lit majeur l’illustration de ses exigences écologiques, ce qui explique la forte différence du nombre de contacts : 20 au sud, 5 au nord.

Caractérisation des haies Sur la ferme du Mesnil (Tracy-Bocage), 2 des haies recensées sur lesquelles une faible population d’oiseaux a été rencontrée ont un point commun : elles ont été replantées il y a une vingtaine d’années, essentiellement en charme, dont chaque pied est traité en arbre de futaie. Les basses strates du niveau habituel des arbustes et buissons sont absentes, d’où la faible attractivité de la haie. On se trouve dans la situation intermédiaire du cycle forestier au stade du perchis : les espèces des buissons ne sont plus présentes, celles des vieilles futaies encore absentes. Inversement, certaines haies sont particulièrement riches en contacts, aussi bien en nombre d’individus qu’en espèces. Elles jouissent de caractéristiques faciles à mettre en évidence : - stratification complète, depuis les ronciers jusqu’aux vieux arbres : le bouvreuil, la mésange à longue queue sont présent ; - arbres âgés, donc présence de vieilles écorces et bois mort : le grimpereau des jardins, le pic épeiche (cavité notée) mais aussi les mésanges nonnette, bleue et charbonnière sont concernés - la variété des espèces augmente les potentialités alimentaires : par exemple les fruits du fusain d’Europe présent dans les sections anciennes de haies sont un atout pour retenir le rouge-gorge de même que ceux de l’aubépine qui sont consommés par merles et grives. (ex. sur des secteurs de longueurs à peu près égale, l’un replanté en charmes, l’autre en chêne pédonculé, frêne, érable champêtre, noisetier, aubépine, prunellier, sureau, fusain, saule cendré, églantier, lierre : l’occurrence de contacts passe de 0,4 à 1,7 oiseau pour 100m) - la dernière caractéristique des haies les plus riches réside dans leur rapport aux autres haies : faible écartement de deux haies plantées sur des ruptures de pentes (vallon étroit), rives du ruisseau colonisées par une aulnaie spontanée, ronciers pionniers : la plus forte densité de contacts sur ces haies s’explique par le fait que les oiseaux circulent non seulement en longeant les haies, mais aussi en traversant l’espace entre les 2 haies. L’habitat original ainsi créé n’est pas loin de figurer une bande boisée et non plus un système de haies.

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Importance de la conservation de zones « moins productives » Un vallon, une déprise humide, un reliquat de voie ferrée ou encore un barrage de remblais routiers, constituent des exemples d’infrastructures agro-écologiques naturelles ou artificielles formant des réservoirs de biodiversité, d’autant plus importants lorsque ces espaces sont interconnectés. Localement, sur des secteurs à maillage bocager plus lâche, la démarche la plus simple consisterait à boiser des angles de grandes parcelles à la jonction de haies. La connectivité ainsi renforcée est l’un des paramètres majeurs mis en évidence pour expliquer la richesse du bocage en oiseaux des haies.

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Mesure de la valeur de l’habitat bocager pour les oiseaux Sur la ferme du Hamel (Surrain), près de 170 ha sont exploités en prairie. La richesse avifaunistique sur cette exploitation tient non seulement au maillage dense du bocage mais aussi à l’âge des haies dont la stratification est complète : présence de tous les étages, et strate arborée constituée de vieux arbres. Un secteur d’étude comprenant une série de parcelles de superficies croissantes (contenances comprises entre 1,2ha et 7,7ha) permet d’illustrer le rapport du maillage (taille des parcelles et linéaire de haies) à l’abondance des oiseaux déterminée à partir du nombre de contacts par haie. Au cours de sa progression, l’observateur note le nombre d’oiseaux, tous types de contacts confondus (cris, chants, vus). Les parcelles étant toutes couvertes de prairie, le facteur essentiel commandant la présence des oiseaux est la haie avec tous ses paramètres : densité, hauteur, composition floristique, largeur, connections, etc. Exemple : la parcelle A, de superficie d’environ 1ha 20, est bordée par 524m de haies, soit un linéaire de 433m/ha. 28 oiseaux sont recensés, soit 28/524 * 100 = 5,3 oiseaux/100m. Le même calcul est effectué pour les parcelles A à E de la partie Ouest.

Plus les parcelles sont petites, plus le linéaire de haies est dense et plus les haies accueillent d’oiseaux.

Ci-contre : Relation entre le linéaire de haies et la présence détectée des oiseaux

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L’observation des déplacements des oiseaux montre qu’ils occupent plus les angles (stratégie de fuite devant les prédateurs), et que les vols de transits d’une haie à l’autre sont plus fréquents quand les haies sont peu éloignées les unes des autres. Sur la parcelle A, 2 haies sont séparées de 60m et restent ainsi joignables par les merles, mésanges, etc. Les territoires sont donc élargis et pas seulement étirés selon l’axe principal des haies, ce qui offre plus de possibilités de cantonnement pour les couples nicheurs.

Une autre expression possible du résultat est de dire que la fréquentation des haies par les oiseaux est approximativement proportionnelle au linéaire : Parcelle

Linéaire de haies

Abondance relative *

E

155m/ha

2,1 contacts pour 100m

A

433m/ha

5,3 contacts pour 100m

Facteur de variation

2,7

2,5

L’ordre de grandeur est assez proche pour valider cette proposition. On retrouve ici une conclusion tirée des études réalisées dans le bocage Sud-Manche, avec les arasements consécutifs aux opérations de remembrement. Rappel Commune et période d’étude Barenton 1973-1977 Juvigny-le-T 1974-1981

Linéaire de haies

Population nicheuse

-66 %

-61 %

-53,5 %

-52,5 %

Les résultats de ces études ont permis de constater que la population de passereaux nicheurs est proportionnelle au linéaire de haies. La méthode de comptage utilisée lors des relevés à Surrain ne permet pas de parler de population nicheuse, néanmoins le rapport étroit entre la densité du bocage et le nombre d’oiseaux le fréquentant reste démontré.

* Abondance relative : pour chaque comptage effectué, simple expression de la somme des contacts par espèce au cours de la sortie Remembrement et évolution de l’avifaune du bocage normand - synthèse de quelques études locales Octobre 2019 – G. Hergault

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ÉLÉMENTS RECHERCHES PAR L’AVIFAUNE DU BOCAGE Les observations des comportements des oiseaux ont mis en évidence certaines caractéristiques du bocage nécessaires à l’avifaune le fréquentant. Les éléments suivants peuvent notamment être rappelés : - Le volume de vieux bois (branches et arbres morts, écorces soulevées, têtards, troncs à cavités, …) enrichit la haie d’un plus grand nombre de potentialités : les espèces cavernicoles (pics, mésanges, grimpereau …) ne peuvent habiter la haie sans la possibilité de creuser ou d’occuper des cavités pour y établir leur nid. Elles sont souvent tributaires des proies chassées dans les vieux bois (larves d’insectes xylophages). Par exemple, la mésange nonnette, espèce redevenue quasi strictement forestière depuis que le bocage a été simplifié par les remembrements, a besoin de vieux arbres porteurs de bois mort pour s’y nourrir, mais également pour y nicher dans une cavité qu’elle agrandit. - La composition floristique de la haie augmente avec son âge, avec pour conséquence une plus grande diversité de l’offre de proies pour les insectivores, de fruits pour les végétariens frugivores selon les saisons, et également une facilitation de la reproduction : certains nids de début de saison, avant le débourrement des bourgeons, ne seront construits que dans des plantes à feuillage persistant (houx, lierre…) ou marcescent (chêne, charme …) Ainsi plus la haie est âgée, plus le maillage est dense et plus les populations d’oiseaux sont importantes. - Les conseils d’entretien sont toujours commandés par une logique de diversité des habitats : valorisation des couverts végétaux herbacés (semis de plantes sélectionnées, fauchages échelonnés, bandes herbacées doublant les haies) ou buissonnants, des écoulements d’eau, des zones humides, pierriers, bois mort, etc. - Une augmentation de la surface de certains massifs buissonnants permet de diminuer le risque de prédation, celui-ci étant plus élevé sur les lisières d’un massif étiré en longueur (favoriser ainsi la fauvette à tête noire, la grive musicienne, le rouge-gorge, etc.) - Les surfaces de prairie tondue jouent un rôle important pour les oiseaux en offrant deux sources de nourriture : les proies extraites du sol et les fleurs et graines des herbacées (laisser alors le temps aux plantes à fleurs de porter des fleurs puis des graines). - La disparition des talus nuit au pic vert qui se nourrit de fourmilières ; le pic épeiche, plus forestier, est affecté par la disparition des arbres de haut-jet. - La simplification du maillage (diminution de la longueur et de la largeur des haies, disparition de bosquets intercalés) et la disparition des plantes sauvages pourvoyeuses de graines affectent la tourterelle des bois, qui affectionne les haies larges et denses - La croissance du maïs repousse l’alouette lulu

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CONCLUSION Chaque bocage a son individualité, et la mesure de l’impact des aménagements sur les oiseaux nécessite au préalable une bonne connaissance de l’avifaune initiale du secteur considéré. Un unique type de haie, un seul mode de gestion de parcelle ne peuvent satisfaire les besoins de toutes les espèces. Les études menées sur deux différents bocages de la Manche avant et après remembrement ont cependant montré de manière similaire une proportionnalité entre les pertes en couples nicheurs et les longueurs de talus boisés arasés. Le rapport étroit entre la densité du bocage et le nombre d’oiseaux le fréquentant a également été remarqué à la suite de comptages effectués sur deux types de haies d’une exploitation en agriculture biologique du Calvados : la population de passereaux nicheurs est proportionnelle au linéaire de haies. Cette population est d’autant plus abondante en présence d’essences variées, d’arbres âgés et d’une stratification complète, facteurs favorisant la diversité des niches possibles et ainsi les capacités d’accueil du bocage. Dans la recherche d’une conciliation entre protection de la biodiversité et prise en compte des techniques actuelles de production agricole, la présence de larges bandes boisées ou de haies de plusieurs mètres de larges en secteurs de bocage à grande ou très grande maille peut être une solution permettant de conserver un maillage riche en biodiversité. La création (ou la préservation) d’un réseau harmonieux de zones d’accueil des espèces inféodées au bocage, par le renforcement de la connectivité entre les réservoirs de biodiversité, favorise le maintien d’une abondance d’oiseaux malgré une densité réduite de talus ou de boisements.

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BIBLIOGRAPHIE Etudes réalisées par le GONm Fromage JL, JM, P, F, E, D (1968-1971) - Dénombrement des oiseaux nicheurs en région de bocage du Pays d'Auge. Le Cormoran, 1 (6) : 206-218 Collette J. (1973) - Dénombrement de passereaux nicheurs dans le Bocage normand. I. Etude avant remembrement. Le Cormoran, 2 (9) : 77-91 Collette J. (1975) - Dénombrement de passereaux nicheurs dans le Bocage normand. 2e partie : réactions spécifiques à un état transitoire de remembrement. Le Cormoran, 3 (13-14) : 31-49. Collette J. (1978) - Dénombrement de passereaux nicheurs dans le Bocage normand. 3e partie : effets immédiats du remembrement. Le Cormoran, 3 (19-20) : 44-53. Collette J. (1983) - Quelques effets du remembrement sur les passereaux du Bocage normand. Le Cormoran, 5 (25): 44-49. Collette J. (2001) -Les oiseaux du bocage (enquête Habitats). Le Cormoran, 11 (50) : 71-96. Collette J. (2001) -L'avifaune du Mortainais : essai de rétrospective. Le Cormoran, 12 (54) : 89-102. Collette J. (2008) - Les oiseaux du verger en Normandie. Le Cormoran, 16 (67) : 31-57. Collette J. (2014) -L'impact d'un projet industriel sur l'avifaune du bocage. Le Cormoran, 19 (80) : 233-252. Collette J. (2017) - L'avifaune du bocage normand : composition et distribution ; zoom sur trois fermes du Calvados en agriculture biologique. GONm/Institut de l'élevage - Programme reine Mathilde. 26 p. Autres études et documents Cartographie de bocage par photo-interprétation sur des secteurs de Basse-Normandie - Romain Dautresire Travaux d’Études et de Recherches - Master ECOCAEN 1ère année " Gestion et valorisation agroenvironnementale "Mention SECC " Sciences des Environnements Côtiers et Continentaux " Université de Caen – Basse Normandie – trameverteetbleuenormandie.fr Le bocage, un paysage en déliquescence, à réinventer – 2017 – DREAL Normandie http://www.trameverteetbleuenormandie.fr/evolution-du-bocage-bas-normand-a66.html, octobre 2015

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