Innovation Book BY Mountain Planet

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EDITION SALON 2022

INNOVATION BOOK BY


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INNOVATION BOOK BY MOUNTAIN PLANET / ÉDITION 2022

INTRO EDITION SALON 2022

INNOVATION BOOK BY

INNOVATION BOOK EST ÉDITÉ PAR MOUNTAIN PLANET - ALPEXPO .........

CONCEPTION RÉALISATION EDITIONS COSY

GERANT : Claude BORRANI SAVOIE Technolac 18, ALLÉE DU LAC ST ANDRÉ 73 382 LE BOURGET DU LAC CEDEX Tél : 00 33 (0)4 79 65 46 10 Fax : 00 33 (0)4 79 65 46 12 Site Internet : www.cosy-design.com

Rédaction

Cécile Ronjat - Marie-France Sarrazin Claude Trinidad

En couverture

OT Courchevel /OT Grand Bornand

Illustrations Anne Bosquet

Direction artistique & maquette Séverine Béchet • studiosbdesign.fr

Directeur du développement Kamel Beghidja kamel@cosy-editions.com

Directrice commerciale Olivia Gontharet olivia@cosy-editions.com

Conseillers en communication Fanny Marguet fanny@cosy-editions.com

Caroline Javelle caroline@cosy-editions.com

Administration et relations clients Laurence Rémy laurence@cosy-editions.com

Périodicité : Annuelle Impression

IME By Estimprim ZA La Craye 25 110 AUTECHAUX

La montagne vit une époque de transition formidable ! Certes, ces périodes pas comme les autres demandent des qualités d’adaptation indéniables, mais au-delà des nuages ponctuels et conjoncturels qui font la vie depuis la nuit des temps, la dynamique en altitude reste celle d’un nouveau siècle, rempli d’espoir sous l’étendard de cette fameuse transition. En montagne, ce n’est pas depuis hier que l’on pense à « transiter », et aujourd’hui un nouveau cap est en train d’être franchi sous nos yeux grâce à l’innovation. Transition/Innovation, le duo fonctionne à merveille et les inventions, les brevets et les applications « pour délivrer utile » sont légion si l’on en croit les nombreux exemples recueillis pour les besoins de ce deuxième numéro de l’INNOVATION BOOK… le bien-nommé. Stations, remontées mécaniques, équipementiers, aménageurs, start-up, institutionnels, constructeurs, observateurs, tous les acteurs d’en haut (mais pas que…) ont déjà pris le chemin du changement, de l’invention, chemin parsemé parfois d’inconnus mais toujours accompli avec une certaine hardiesse comme en témoignent les pages de notre magazine. Mountain Planet envisage toutes ces alternatives de la montagne de demain. Plutôt qu’un modèle unique de station de sport d’hiver, c’est tout un avenir envisagé collectivement qui devrait déboucher sur plus de richesses et de diversité. Et pour ne pas tomber dans la dichotomie actuelle - les promoteurs du tout ski versus ceux qui veulent le voir disparaître - le duo transition/innovation semble être un allié bien plus raisonnable et rationnel, celui qui permettra d’encourager chaque territoire à oser construire une histoire différente que son voisin, à assumer ses particularités avec audace et panache. Nous remercions l’ensemble des contributeurs, partenaires, annonceurs pour leur participation à la réalisation de ce nouveau numéro, un collector, un « must have ». Rendez-vous en 2023 pour le n° 3 de l’Innovation book by Mountain Planet. Bonne lecture !

Jérôme Riff DIRECTEUR GÉNÉRAL · ALPEXPO, LE PARC ÉVÈNEMENTIEL DE GRENOBLE

Dépôt Légal : à parution ISSN 2418-0297

Toute reproduction ou représentation intégrale ou partielle par quelque procédé que ce soit des pages publiées dans le présent magazine faites sans l’autorisation de l’éditeur est illicite et constitue une contrefaçon. Seules sont autorisées, d’une part, les reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective, et d’autre part, les courtes citations justifiées par le caractère scientifique ou d’information de l’oeuvre dans laquelle elles sont incorporées. (art. L.122-4, L.122-5 et L.335-2 du Code de propriété intellectuelle).

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SOM MAI RE INNOVATION BOOK BY MOUNTAIN PLANET

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INTRODUCTION – ANALYSE Mountain planet 2022, dans l’air d’une nouvelle ère !

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ACTUS - INNOVATION Le meilleur de l’actualité des innovations Montagne

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INTERNATIONAL Transport, gouvernance, diversification, identité, partenariats entre petites et grosses stations, transition énergétique : deux spécialistes nous font part de leurs ressentis sur les domaines étrangers qu’ils connaissent bien…

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INNOVATIONS MONTAGNE : DÉJA LÀ ET À VENIR Dameuses hybrides, intelligence artificielle, mobilité douce, modélisation, qualité des réseaux : le point sur l’existant et la recherche !

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ENQUÊTE Comment le CEA participe à l’émergence d’innovations liées à la montagne.

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FOCUS Le numérique au service de la transition énergétique. Sans digitalisation point de transition disent les spécialistes. La preuve par l’exemple…

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RÉFLEXION Design : peut-il aider les entreprises à imaginer la montagne de demain ?

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RESSOURCES NATURELLES L’eau, la forêt, les alpages, le vent, le rocher, en un mot la nature : trésor patrimonial montagnard que de nombreux acteurs de notre secteur apprivoisent en douceur. La preuve par l’exemple…

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DÉBAT Gare au greenwashing !

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CLAP DE FIN Rendez-vous en 2024.

MOUNTAIN PLANET • ONLINE

www.mountain-planet.com 4

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Une cabine réservée aux vélos Avec la Bike Cab, il est possible de transporter jusqu'à huit vélos simultanément. Cela garantit une grande capacité de transport et un grand intérêt pour les amateurs de vélo. Le chargement et le déchargement sont effectués simplement et rapidement par les cyclistes eux-mêmes. Ils fixent leurs vélos à la Bike Cab en gare aval puis embarquent dans la cabine suivante. En gare amont, les passagers ont suffisamment de temps pour récupérer leur vélo - et c'est parti pour le frisson de la descente. doppelmayr.com


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INNOVATION TOUTE ! La montagne et les stations de sports d’hiver n’ont pas attendu la crise sanitaire pour prendre leur avenir en mains. Oui, elles doivent se transformer, tant sur le plan économique qu’écologique, et certaines plus rapidement que d’autres. Mais chacune doit écrire son propre modèle. Une période à la fois grisante et riche d’innovations. Textes : Marie-France Sarrazin Illustrations : Anne Bosquet

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’apparition de ce fichu virus aura entraîné dans son sillage la propagation d’un mot, d’un concept. Résilience. Il intrigue autant qu’il agace. A remplacé l’expression de Nietzsche « Ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort ». Cette pandémie sémantique s’explique sans doute par la note d’optimisme qu’elle véhicule : la capacité à surmonter une épreuve, à rebondir, à se réinventer. A vrai dire, l’épreuve n’est pas nouvelle pour le milieu de la montagne qui porte plus que quiconque les stigmates du dérèglement climatique. Les stations de sports d’hiver n’ont pas attendu 2020 pour engager leur nécessaire transition écologique et économique. Simplement, comme toute crise, celle-ci a joué le rôle de révélateur, incarné par la fermeture des remontées mécaniques. « Le ski paie le ski et davantage que le ski », résume très justement le maire du Grand-Bornand, André Perrillat-Amédé. Aucun doute làdessus, le ski demeure le moteur des stations. « Et il n’est pas substituable. Non, l’été ne remplacera pas l’hiver », tranche Patrick Arnaud, directeur général de Serre Chevalier Vallée domaine skiable. La station haut-alpine compte parmi les premières à s’être attaquées à la diversification estivale. « En cinq ans, nous avons multiplié notre chiffre d’affaires estival par quatre, mais il ne représente que 3% de notre chiffre d’affaires annuel ! En 12 semaines l’été, nous réalisons le chiffre de notre plus petite semaine de janvier. Ce n’est pas rentable, mais nous faisons travailler beaucoup de monde et contribuons à l’attractivité de la destination. Nous ne pouvons le faire que parce que l’hiver marche bien. » Les activités d’été sont rarement rentables. « Elles ne permettent pas à elles seules de générer une attractivité significative. Il faut en faire, mais arrêtons le fantasme de vouloir remplacer le ski par la diversification. Il n’y a ni réalité économique, ni touristique là-dedans », juge Laurent Reynaud, délégué général de Domaines skiables de France (DSF). ASSUMER SON MODÈLE ÉCONOMIQUE Faire table rase du passé, impossible et tout simplement pas souhaitable. La clientèle n’est, de toute façon, pas prête à lâcher le ski alpin : « Tous ceux qui avaient pratiqué d’autres activités l’hiver dernier, contraints par la fermeture des remontées, sont revenus au ski alpin », constate Jean-Luc Boch, président de l’Association nationale des maires des stations de montagne (ANMSM) et maire de La Plagne. « Le ski ou le snowboard sont des activités qui demandent peu d’efforts par rapport aux sensations qu’elles procurent, contrairement au ski de fond. Avant, les gens skiaient 8 h par jour, aujourd’hui 3 à 4 h, mais tous les jours. Ils pratiquent d’autres activités mais ça reste du bonus, pas des produits pour lesquels ils viennent en station », constate Kaline Osaki, responsable du pôle business développement du

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Les stations de sports d’hiver n’ont pas attendu 2020 pour engager leur nécessaire transition écologique et économique.

Cluster Montagne. Patrick Grand’Eury, président du Cluster Montagne, plaide pour l’équilibre : « Il faut sortir de la dichotomie actuelle : les promoteurs du ski à tout prix versus les promoteurs de la révolution brutale sans le ski. L’erreur serait de dire que le ski c’est fini, qu’il faut faire autre chose. C’est à la fois faux et trop radical. De la neige, il y a en aura encore dans les prochaines années, certes moins en basse altitude. » Toutes les montagnes ne se ressemblent pas, toutes ne sont pas impactées de la même manière par le réchauffement climatique. Ce que l’on pressentait est aujourd’hui scientifiquement confirmé. Pour construire leur avenir, les stations se sont emparées d’un formidable outil prospectif, Climsnow, né d’un consortium entre Météo France, l’Inrae et Dianeige. « L’avenir est très variable d’une station à l’autre, d’où l’intérêt de réaliser ces études. Il est fonction de la topographie, des équipements, de l’exposition. On peut se retrouver avec deux stations proches mais où les effets du


changement climatique ne seront pas les mêmes », explique Carlo Carmagnola, chercheur en physique de la neige au Centre d’études de la neige de Météo France et consultant pour Dianeige. Fait rassurant : « Le ski va continuer encore très longtemps. Les aménagements et outils de diversification vont permettre la survie des stations. » Mais il existe déjà des stations de basse ou moyenne altitude difficilement exploitables, qui n’ont pas un enneigement suffisant pour garantir le ski tout l’hiver. UNE PAGE BLANCHE À ÉCRIRE Des choix s’imposent. En 2020, une station a défrayé la chronique pour son virage que certains jugeront radical et d’autres courageux. Métabief. Cette petite station du Jura se déployant entre 900 m et 1430 m d’altitude, a anticipé la fin potentielle du ski alpin à l’horizon 2030-2035 sur son domaine. « Nous avons décidé de ne plus investir dans la neige de culture et dans de nouvelles remontées mécaniques, juste d’en assurer la maintenance », lâche Olivier Erard, directeur du syndicat mixte du Mont d’Or. Fin 2018, il a été décidé de dédier du temps et de l’argent en ingénierie pour imaginer le modèle d’après, tout en maintenant le ski le plus longtemps possible. Métabief se donne 15 ans pour écrire son futur, qui passera par une dépolarisation. « A l’échelle du domaine skiable, rien ne remplace le ski. Il a fallu admettre que la bonne échelle n’était plus le domaine skiable mais le territoire au sens large. » Le territoire d’approche, c’est le Haut-Doubs. Olivier Erard compte sur sur l’humain pour se transformer. « Les professionnels de la montagne ont sans doute des solutions. N’imaginons pas trop rapidement des infrastructures, donnons-nous du temps. » C’est à la fois effrayant et électrisant d’imaginer un modèle dont on ne

connaît pas les contours. « On pense qu’on va y arriver, mais on ne sait pas. Comme la station fonctionne encore, ça n’encourage pas la créativité. » Olivier Erard est conscient que la station est désormais scrutée, attendue au tournant presque. « Evidemment, il y a des résistances et des innovations qui émergent. » Mais il se dit à la fois rassuré par « la méthode et les moyens déployés » et encouragé par le soutien de toutes les strates publiques. « Les stations françaises ont développé un modèle très mimétique. Il faut peut-être que chaque territoire ose construire quelque chose de différent du voisin. Il faut de l’audace. Les territoires qui s’en sortiront sont ceux qui assumeront leur particularité ; ça demande du courage. Le champ des possibles est considérable », estime Patrick Grand’Eury. RENAÎTRE DE SES CENDRES La renaissance de Puigmal, dans les Pyrénées, en est la preuve tangible. En 2013, la station avait été contrainte de fermer, croulant sous les dettes et face à un manque de neige, laissant le site à l’abandon. Elle a rouvert cet hiver grâce à l’implication de sept copains passionnés de ski, qui ont investi toutes leurs économies dans ce projet, sans aucun argent public. Ils ont conçu la station de leurs rêves, plus variée et éco-responsable, ouverte à l’année. L’offre ski alpin est présente mais son fonctionnement rationalisé : la production de neige de culture et le damage sont réduits au minimum et une jauge de 1500 skieurs par jour instaurée. Le domaine comprend une zone de freeride sécurisée et un espace ludique avec un fil neige d’apprentissage et d’autres activités hors ski (luge, randonnées, raquettes, chiens de traîneau, trail, marche nordique, VTT...). Ce modèle est-il viable ? L’avenir le dira.

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« Les territoires qui s'en sortiront sont ceux qui assumeront leur particularité ; ça demande du courage. Le champ des possibles est considérable » L’EXPÉRIENCE DIGITALE « Il faut construire une montagne plus durable, créative, connectée et ludique », songe Patrick Grand’Eury. La station des Orres s’est résolument tournée vers la technologie, la digitalisation dans son exploitation comme dans son offre. Le passé professionnel high tech de son maire, Pierre Vollaire, n’y est pas étranger. La commune porte un projet de station expérientielle (12 M€) pour promouvoir les sports de pleine nature, reconquérir les jeunes et les publics percevant les activités de montagne comme inaccessibles ou peu attractives. Comment ? Par la création de trois pôles. Le premier, expérientiel, prendrait les attributs d’un « Futuroscope de la montagne », abritant un ensemble de simulateurs et de dispositifs de réalité augmentée. Le but : permettre au grand public de tester les activités de plein air proposées en station et dans la vallée, en toute sécurité (ski, vélo, rafting, kitesurf, luge, parapente, wingsuit...) pour ensuite l’amener à une pratique réelle. Le deuxième, le pôle sport et innovation, favorisera l’apprentissage des nouveaux pratiquants et l’amélioration des performances des plus aguerris. Au programme, ski et vélo sur tapis, ski latéral, home trainers connectés, salle de sport avec suivi physiologique connecté, cabine de cryothérapie, table de massage, salle hypoxie et salle d’analyse de performance. Troisième composante : le domaine expérientiel. Les pistes et spots d’entraînement ski et VTT seront équipés de caméras, capteurs et chronomètres pour mesurer ses performances en temps réel. Outil à visée professionnelle pour les sportifs de haut niveau et ludique pour le grand public.

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PATRICK GRAND'EURY, CEO LUMIPLAN MONTAGNE ET PRÉSIDENT CLUSTER MONTAGNE

RÉÉQUILIBRER L’HIVER ET L’ÉTÉ L’été est-il l’avenir des stations ? « L’hiver, on est arrivé à maturité, à moins que ne se fasse jour une nouvelle glisse. La principale source d’évolution demeure donc l’été », pense Jean-Luc Boch. La marge de progression est grande ; les chiffres d’affaires été/hiver disproportionnés. Un rééquilibrage doit s’opérer. Val Thorens, station d’altitude internationale, a la chance de pouvoir compter sur une longue saison d’hiver. « Nous ne sommes pas menacés à court terme ; le ski va perdurer quelques décennies, ce qui ne nous empêche pas de préparer l’avenir et de dire que


notre futur relais de croissance sera probablement l’été. On y travaille depuis 5 ans. On a un vrai potentiel de progrès sur cette saison et des produits à inventer », remarque Jérôme Grellet, directeur général de la Setam qui exploite la station savoyarde. Là encore, Val Thorens réfléchit à l’échelle du territoire, tablant sur une clientèle d’été plus mobile. UN GRAND LABO À CIEL OUVERT Ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier, dit l’adage. C’est un peu le propre des stations-villages, qui ont conservé un patrimoine, des activités autres que le ski, leur conférant un certain charme que le touriste en quête d’authenticité vient rechercher. Le Grand-Bornand fait partie de ces happy few. Ce village de 2200 habitants permanents et 25.000 lits touristiques, fortement imprégné d’agropastoralisme, compte 42 exploitations pérennes, employant 120 équivalents temps plein, autour d’un produit : le reblochon. En parallèle, 1500 emplois sont liés au tourisme. La commune peut se targuer d’un taux de chômage résiduel de 3% ! La station-village de Haute-Savoie a su garder ses caractéristiques : 3% de la surface totale est urbanisée, 27% des espaces sont classés en zones naturelles sensibles, 40% en en zone agricole et la présence de plus de 400 chalets anciens. « Le Grand-Bornand a pris soin de son territoire, l’a aménagé dans le respect de ses ressources, de façon à en faire aussi un lieu d’activité, créateur d’emplois. Nous sommes perpétuellement à la recherche d’équilibre, entre protection et aménagement », analyse André Perrillat-Amédé. Sur un million de nuitées annuelles, 45% se font en saison estivale ; il n’en demeure pas moins que le moteur reste le ski. L’hiver dernier, Le Grand-Bornand a connu des taux d’occupation parmi les plus forts _ 45% en moyenne avec des pics à 70% _, « pour autant, le volet économique a subi. On a touché encore un peu plus du doigt à quel point l’outil ski était déterminant, le pilier de notre modèle financier actuel ». Dans ce contexte, la commune réfléchit elle aussi à son avenir et a développé un projet de recherche inédit

avec l’université Savoie-Mont-Blanc, un Grand Labo à ciel ouvert pour imaginer la montagne de demain, un modèle transposable. Ce programme de trois ans intègre 9 laboratoires, 35 chercheurs, 400 étudiants, deux chargés de mission développement durable et impliquera les acteurs et habitants du territoire pour définir collectivement les orientations stratégiques du Grand-Bornand. « L’objectif est de maintenir une population active, de faire du village un lieu où l’on doit bien vivre, bien habiter, bien séjourner. Le tourisme est un moyen, pas une fin en soi. » A travers ce grand projet d’étude, la municipalité entend fixer et respecter des objectifs chiffrés de la stratégie de développement économique, en maîtrisant la capacité de charge du territoire. Cette étude tournera autour de trois thématiques clés, sous l’angle du développement durable : la vie locale, l’agriculture et la biodiversité, et le tourisme. Non loin de là, en Isère, Emmanuelle George, chercheure en aménagement touristique de montagne à l’Inrae (Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement), mène une démarche similaire initiée avec Isère Attractivité, l’Agence d’urbanisme de la région grenobloise (AURG) et le Labex ITTEM (Innovations et transitions territoriales en montagne). Le projet porte sur les transitions des stations et des territoires touristiques de montagne. « Nous avons commencé par élaborer des dispositifs de travail co-construits entre les acteurs de la recherche, de l’ingénierie et des territoires volontaires pilotes partenaires, Gresse-en-Vercors et la communauté de communes du Grésivaudan », indique la chercheure. Le processus débute par une phase de compréhension et d’échanges sur la manière dont le territoire se voit et définit ses enjeux, abondée par un diagnostic participatif associant les habitants et acteurs économiques et publics. De là, émergent les points d’attractivité et de vulnérabilité perçus par le territoire, qui sont « mis en regard avec ce que l’on sait aujourd’hui des évolutions climatiques et des pratiques par exemple ». Place ensuite à l’élaboration de scénarios qui conduiront à un choix avant de proposer un plan d’action. Un programme au long cours, à l’image de la transition. « Transition n’est pas forcément synonyme de fin du ski, il existe plusieurs chemins », insiste la spécialiste. L’objectif, à court terme, est de mettre en œuvre ces dispositifs dans les territoires isérois intéressés. Du côté des Vosges aussi, on s’interroge. A la demande des élus du massif, Isabelle Blaise, directrice de mission à la Scet, filiale de la Banque des territoires, a réalisé une étude sur « l’évolution du modèle des stations des Vosges face au changement climatique ». Il en ressort la nécessité d’initier progressivement une transition où le ski n’occupe plus une position aussi centrale. « A court terme, passer d’une garantie ski à une garantie activités neige et

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à long terme, passer d’une garantie activités neige à une garantie activités toutes saisons », résume l’étude. Elle préconise aussi de développer des spécificités propres à chaque station, mais à penser à l’échelle du territoire pour proposer une offre complémentaire et itinérante. S’ADAPTER PLUTÔT QUE LUTTER Skier toujours plus haut. Pour garantir la présence de la neige et moins produire de neige de culture, une tendance émerge : les fronts de neige d’altitude. Le seul département des Hautes-Alpes en compte trois en projet. Dans le Dévoluy, un plateau à 1850 m d’altitude sera desservi par un futur téléporté et aménagé en nouveau point d’attraction touristique et en lieu d’initiation, habituellement cantonné au bas de station. A Orcières-Merlette, le plateau de Rocherousse (2300 m), accessible par télémix, accueille déjà de nombreuses activités, mais va être réorganisé en vrai domaine d’altitude, avec un espace ski débutants.

« Les lignes bougent vite pour éviter les scénarios catastrophes. » LAURENT REYNAUD, DÉLÉGUÉ GÉNÉRAL DOMAINES SKIABLES DE FRANCE

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A Serre Chevalier, le futur téléporté du Pontillas, ralliera Villeneuve au plateau de Méa, à 2255 m, converti en espace débutants là encore. Serre Chevalier a choisi de s’adapter plutôt que lutter. Skier en haut du domaine et revenir en station en télécabine en cas de manque de neige fait partie des solutions envisagées. Le domaine skiable a créé un site internet pour à la fois sensibiliser et sonder sa clientèle sur de potentielles améliorations à opérer en faveur de l’environnement, comme la limitation du damage, la réduction de la vitesse des remontées mécaniques, la fermeture de l’accès à certaines zones pour protéger la faune et la flore ou encore le fait de laisser certaines pistes en jachère pour laisser la nature se régénérer. L’innovation passe aussi par un changement de comportement à adopter, accepté par les usagers, auquel cas l’effort est vain. Programmer des ascenseurs valléens pour désengorger les routes et les stations est louable ; encore faut-il convaincre les vacanciers de laisser leur voiture au garage. Dès sa création en 1966, Avoriaz a toujours été une station piétonne. On s’y déplace à pied, à skis ou en calèche. « C’est vraiment ancré dans les mœurs et des vacanciers viennent à Avoriaz pour ça, pour pouvoir se balader tranquillement avec les enfants », précise Sara Burdon, responsable communication de Morzine-Avoriaz. Les voitures sont reléguées aux parkings des entrées de ville en été comme en hiver, y compris pour les résidents


permanents. Les véhicules peuvent simplement circuler en intersaison, plus simple pour les chantiers ! D’autres initiatives voient le jour pour limiter l’usage de la voiture en station. Fidèle à son état d’esprit high tech, Val Thorens s’est volontiers portée volontaire pour tester une navette autonome 100% électrique, construite par Navya et exploitée par Bertolami, en 2019, ralliant le bas au haut de la station. Une première mondiale. La crise sanitaire aura marqué un coup d’arrêt à cet essai, qui n’aura pas duré très longtemps, mais assez pour constater une difficulté. « Cette navette arrondie au look sympa, une fois arrivée en zone piétonne, constituait un point de curiosité pour les vacanciers qui s’approchaient pour la regarder. Or cette navette s’arrête au moindre obstacle. Cela l’empêchait donc de fonctionner convenablement », relate Jérôme Grellet, directeur général de la Setam, exploitant le domaine skiable. EN ROUTE VERS LA MONTAGNE DE DEMAIN Mountain Planet montre combien l’écosystème de la montagne fourmille d’innovations pour anticiper l’avenir et réduire son empreinte carbone. Les stations s’y emploient volontiers. « Je ne connais pas une station qui reste inactive

face aux enjeux. Cette crise sanitaire aura au moins eu le mérite d’accélérer la réflexion et la mise en place de dispositifs tels que le plan Avenir Montagnes », lance Pascale Boyer, secrétaire générale de l’Association nationale des élus de la montagne (Anem). DSF promet la décarbonation des domaines skiables français d’ici à 2037 et a pris 16 éco-engagements. Evidemment, ces efforts ne doivent pas concerner que les seules stations, mais être partagés par la société dans son ensemble. Les prévisions du Giec, l’innovation, la créativité des entreprises, les économies d’énergie opérées, et de manière générale le progrès rendent Laurent Reynaud confiant : « Les lignes bougent vite pour éviter les scénarios catastrophes. » Alors, à quoi ressemblera la montagne de demain ? Sans doute un savant équilibre entre zones économiques, zones de pleine nature sanctuarisées, avec l’instauration de nouvelles formes de glisses, de nouvelles offres sportives, du digital au service de l’expérience et du service client... Une montagne plurielle. « Nous avons tant de pistes à explorer, du côté du tourisme culturel, industriel, naturel, gastronomique, astronomique ou encore thermal ou d’art de vivre », suggère Pascale Boyer. « Il faut construire un futur en ne lâchant pas ce qui a fait l’économie des 50 dernières années, se réinventer été comme hiver. Ce sera plus facile à mettre en place dans les territoires qui pourront capitaliser sur les bénéfices liés au ski », observe Patrick Grand’Eury. S’inspirer, regarder ce qui se passe ailleurs, travailler une stratégie en impliquant la population, les associations et les forces économiques en place. Bref, prendre son futur à bras le corps. « Certains vont prendre des risques, on les critiquera et ils serviront ensuite de modèle. Donnons tout le champ aux innovations, acceptons l’échec, tirons-en les enseignements pour mieux repartir », exhorte Patrick Grand’Eury. Le travail a bel et bien commencé.

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ACTUS - INNOVATION

LE SAVIEZVOUS

DANS LES STANDS

LE MEILLEUR DE L’ACTUALITÉ DES INNOVATIONS MONTAGNE

Aujourd’hui, les émissions de gaz à effet de serre des domaines skiables (qui ne représentent que 2 % du bilan carbone d’un séjour au ski) sont liées à 95 % à l’usage des dameuses fonctionnant au gasoil, puisque les remontées mécaniques fonctionnent à l’électricité. Les transports de personnes, eux, pèsent pour 57% dans le bilan carbone d’une station de ski.

Les hommes, les marques, les stations de ski, les territoires de montagne, les entreprises, les études, les chiffres… Textes : Marie-France Sarrazin et Claude Trinidad

TRANSPORTS

REMORQUE HIGH TECH

NIELS ST VITEUX

Rapide, silencieux, électrique, fiable, à la croisée du loisir et des transports, MoonBikes propose un véhicule à la maniabilité d’un vélo et à la puissance d’une moto. Une alternative écoresponsable aux motoneiges thermiques et polluantes, un marché d’avenir gigantesque.

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La start-up Kid’Venture a conçu Ecrins, une remorque multisport en carbone pour les enfants, utilisable aussi bien sur les sentiers, que sur les pistes cyclables ou la neige. A l’intérieur, l’air y est filtré et sa coque rigide protège des UV. La remorque est équipée d’un dispositif électronique permettant de contrôler l’environnement à l’intérieur de l’habitacle, comme la température, et de garder un œil sur son enfant grâce à un système vidéo.

KID’VENTURE

MOONBIKES, LES PREMIERS SNOWBIKES 100% ÉLECTRIQUES


C.CHABOD/LE GRAND-BORNAND TOURISME

L’ALPE D’HUEZ PASSE À L’HYDROGÈNE L’entreprise savoyarde Green Korp Konnection (GCK) avait déjà sorti un prototype de véhicule hydrogène dans le cadre du Dakar 2021. La société s’attaque aujourd’hui à la flotte des gros véhicules, dont la dameuse, la première source de pollution des domaines skiables. Une solution très attendue dans le milieu de la montagne, en quête de décarbonation. « L’engin est très similaire à une voiture de course du Dakar avec la même puissance moteur, le même fonctionnement basé sur la pile à combustible. Nous avons travaillé très tôt avec le fabricant de dameuses Kässbohrer pour nous assurer que nous tenions quelque chose de sérieux avant de proposer le produit. L’Alpe d’Huez a été la première à dégainer », décrit Eric Boudot, co-fondateur de GCK, associé à Guerlain Chicherit. L’Alpe d’Huez, l’exploitant du domaine skiable SATA Group, et l’exploitant des bus urbains de la station Resalp, vont donc se doter de cinq dameuses (avec le concours financier de la Région), offrant 8 heures d’autonomie continue, et trois bus à hydrogène, rétrofités par GCK Industry. La première des cinq dameuses diesel Kässbohrer converties sera testée sur la saison 2022-2023 avant une mise en service globale l’hiver suivant. Le premier prototype de bus à hydrogène sera livré à l’hiver 2022 pour une mise en service des trois véhicules en 2024. Chaque dameuse sera équipée d’un moteur électrique de 320 kW avec un couple maximal de 850 Newton-mètre.

Les grands fabricants de dameuses sont également engagés sur la voie de l’hydrogène et de l’électrique : Prinoth avec le modèle LEITWOLF h2MOTION, ainsi que Kässborher Pisten Bully avec son modèle hybride 600 E+ ici en image !

« Les conducteurs retrouveront exactement le même fonctionnement qu’une dameuse classique, la même façon de piloter » La pile à combustible, capable de produire 150 kW, sera alimentée par 70 kg d’hydrogène à 700 bars, couplée à une batterie conçue par IBS, une autre filiale de GCK. « Les conducteurs retrouveront exactement le même fonctionnement qu’une dameuse classique, la même façon de piloter, avec une autonomie de 8 heures en fonctionnement continu et des capacités d’ascension et d’accélération identiques », garantit Eric Boudot. GCK travaille avec des sociétés spécialisées dans la production et la distribution d’hydrogène pour proposer un package complet au client. « Bien sûr, la structure de distribution s’approvisionne en hydrogène garanti vert, produit dans la région, en vallée, sinon ça n’aurait pas de sens. Le gros avantage c’est qu’ici, en montagne, des sources d’énergie verte, il y en a beaucoup », indique le chef d’entreprise. Dans un deuxième temps, si la flotte s’accroît, libre à chaque client de monter son propre site de production. Combien ça coûte ? « Un peu plus cher qu’une dameuse classique mais ça reste raisonnable, d’autant que les premières sont soutenues financièrement par la Région. »

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ACTUS - INNOVATION

Le groupe travaille aujourd’hui sur un concept d’hôtel de marchandises en station, une solution à la problématique du dernier kilomètre.

A l’image de ce qui se fait en ville, ici le futur hôtel logistique urbain au Port Edouard-Herriot à Lyon, celui des stations imaginé par Bertolami desservirait le fameux dernier kilomètre en navette électrique.

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TRANSPORTS

BERTOLAMI SOUHAITE DÉPLOYER DES HÔTELS DE MARCHANDISES EN STATION L’autocariste drômois Bertolami avait été le premier à déployer une navette électrique autonome en station, à Val Thorens, en 2019. Le groupe travaille aujourd’hui sur un concept d’hôtel de marchandises en station, une solution à la problématique du dernier kilomètre. Placé très en amont de la destination finale, l’hôtel de marchandises constituerait un péage, un terminus pour les camions de livraison. La suite du trajet serait ensuite assurée par une navette décarbonée. « Beaucoup de camions de messageries venant de la vallée circulent en station. Souvent ils ne sont pas remplis mais roulent car ils ont une tournée à accomplir et ne sont pas de dernière génération. On est loin de la vision du Pays de Cocagne », constate Benjamin Beaudet, directeur général de Bertolami. Le dirigeant pointe un autre problème : le besoin en mobilités n’a jamais été aussi important alors que les collectivités voient leurs dotations baisser, peinant à financer ce genre de service. Cet hôtel de marchandises répondrait finalement aux deux besoins : une navette pourrait transporter les marchandises comme les passagers, « créant ainsi une équation économique favorable à la collectivité ». Benjamin Beaudet reprend finalement l’idée initiée par son grand-père il y a 70 ans, remplissant de colis les soutes de ses autocars. « Ce principe a été abandonné en France », regrette le chef d’entreprise. Le groupe l’expérimente d’ailleurs sur ses lignes régulières. Qui financerait ce dernier kilomètre ? Il serait soit supporté par le socioprofessionnel, soit par le logisticien. Reste encore à déterminer la logistique nécessaire, les quais d’embarquement et de débarquement, la gestion de la chaîne du froid et travailler à l’acceptation par les transporteurs, les logisticiens et les socioprofessionnels. Et Bertolami dans tout ça ? « Nous sommes en train d’écrire un nouveau métier d’opérateur de la mobilité qui n’existe pas aujourd’hui et qui se rapprocherait du rôle des opérateurs de téléphonie. » Pour l’heure, le groupe tente d’identifier les territoires prêts à tenter l’aventure.

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268 M€

C’est le montant des investissements pour les domaines skiables français en 2021 À la suite de l’interruption prématurée de la saison de ski en mars 2020, le niveau d’investissement sur les domaines skiables français avait immédiatement plongé pour totaliser -37 % à l’issue de l’année civile avec 237 M€ en 2020 contre 379 M€ en 2019. Dans ce contexte, l’hiver 2020-2021, contraint par la fermeture administrative des remontées mécaniques, pouvait laisser craindre le pire. Que nenni ! Avec 268 M€ d’investissements pour l’année 2021, les opérateurs de domaines skiables français affichent leur dynamisme et conservent un solide niveau d’investissements. Cela représente 85 % de la moyenne annuelle à l’échelle de la décennie 2011-2020. C’est l’enseignement premier de l’enquête annuelle menée par le magazine Montagne Leaders, en partenariat avec Atout France et Domaines skiables de France.


WWW.WISTHALER.COM - HARALD WISTHALER

LE SAVIEZVOUS

UNE CABINE FONCTIONNANT DANS LES AIRS COMME AU SOL Le fabricant tyrolien Leitner a imaginé ConnX, une solution de transport hybride, mixant téléphérique et véhicule autonome. Comment ça marche ? En gare, la cabine de téléphérique se transforme en véhicule autonome capable de poursuivre sur sa propre voie. Les passagers n'ont ainsi plus besoin de changer de véhicule pour atteindre leur destination. Une solution adaptée au milieu urbain où certaines zones demeurent inaccessibles en téléphérique.

LE TRANSPORT DES MARCHANDISES DÉSORMAIS OPÉRÉ PAR LES REMONTÉES MÉCANIQUES Le marché de l’ascenseur valléen revient en force pour décongestionner les stations de ski et les routes y menant, parfois victimes d’éboulements. « En station, le mètre-carré est à la fois rare et coûteux et il y a également derrière une réelle volonté de décarbonation », soutient Christophe Hepp, responsable de l’activité avant-vente chez Poma. Le leader du transport par câble participe à l’un des projets les plus attendus en la matière, la création du Funiflaine (88 M€). Il en est même actionnaire, aux côtés de la Compagnie des Alpes, des Autoroutes et tunnel du Mont-Blanc et du Crédit Agricole des Savoie. Fin 2025, cet ascenseur valléen reliera la vallée de l’Arve (depuis Magland) à la station de Flaine, en 15 minutes, empruntant un tracé de 5,3 km pour 1367 m de dénivelé. La construction de la télécabine 2S (avec un câble porteur et un câble tracteur) a été confiée à Poma et l’exploitation à la Compagnie des Alpes. L’ascenseur valléen sera équipé de 68 cabines EVO 16 places. Ouvert neuf mois sur douze, le Funiflaine devrait accueillir 500.000 passagers par an, assurer le transport de bagages et de marchandises pour approvisionner les hôtels et les commerces de la station. Objectif : la suppression annuelle de la circulation de 85.000 voitures, 500 camions et 100 cars. 2022

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En 2019, DPD, filiale du groupe La Poste, ouvrait une deuxième ligne de livraison de colis par drone en France, en Isère, reliant Le Fontanil-Cornillon au village de Mont-Saint-Martin en 8 minutes aller-retour, contre 30 minutes en voiture. Cette livraison par drone s’effectue à partir d’un terminal mobile installé dans un véhicule. Lorsqu’ils arrivent à Mont-SaintMartin, les colis sont déposés par le drone dans un terminal de réception fixe près de la mairie, dans un compartiment les protégeant des intempéries.


ACTUS - INNOVATION

LE FRÊT VALLÉEN Les remontées mécaniques transportaient jusqu’à présent des personnes, désormais elles peuvent aussi acheminer des marchandises. A commencer par les bagages. A proximité de la gare de départ, un dépose-minute permettra à l’usager de déposer ses bagages, immédiatement pris en charge par du personnel, et d’aller se garer dans des zones prévues à cet effet. Les bagages seront étiquetés et placés sur des rolls. Les usagers pourront ensuite les récupérer à la sortie de l’appareil ou se les faire déposer sur leur lieu de résidence. Le Funiflaine fera aussi office de messagerie pour les colis, assurera le fret des services de blanchisserie pour les hôtels, qui enverront leur linge en vallée pour le faire nettoyer avant d’être remonté ensuite. Libre à l’hôtel de le récupérer à la sortie de la gare d’arrivée ou de se le faire livrer. « Le projet de départ prévoyait même le transport des ordures ménagères, finalement jugé peu pertinent car des camions provenant de la vallée auraient été nécessaires à la collecte avant de redescendre à vide », ajoute Christophe Hepp. Tous ces services nécessitent forcément quelques aménagements logistiques : du personnel, des espaces de stockage en gare amont et aval et des véhicules capables d’intégrer des rolls dans les cabines. Le transport de marchandises serait privilégié le matin, avant l’ouverture au public, en fin d’exploitation ou en période creuse. Poma travaille à un autre projet d’équipement dans les Emirats-Arabes, dans le cadre du développement touristique de Hatta. Le projet Dubai Summit est développé par Dubai electricity and water authority dont EDF est l’ingénieur et Groupe 6 l’architecte. Il s’agit de construire un téléphérique de 5,4 km de long ralliant le point culminant de Dubai, le sommet Um Al Nesoor, à 1300 m d’altitude. Il constituera le seul point d’accès à un hôtel niché au cœur de la montagne pour lequel il s’agit d’acheminer la nourriture bien sûr, l’eau potable et gérer les eaux usées. Poma, qui maîtrise bien le sujet, a répondu à l’appel d’offres pour la construction de cette télécabine 3S (avec deux câbles porteurs et un câble tracteur) de 35 places, à l’importante capacité de fret. Reste à savoir si Poma se verra attribuer le marché. « On fait tout pour », promet Christophe Hepp.

Objectif du FuniFlaine : la suppression annuelle de la circulation de 85.000 voitures, 500 camions et 100 cars.

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Le premier train électrique à panneaux solaires, Soios Solar Sunshuttle, de Mobilité Plus, homologué route, peut rouler à 25 km/h et gravir des pentes de 15%. Il fonctionne grâce à un pack de batteries lithium, logées dans la cabine du conducteur, ce qui lui permet de rouler y compris par temps froid. Son autonomie – 150 km sur terrain plat – peut être augmentée par les panneaux solaires en toiture. Sa locomotive tracte entre un et trois wagons, soit jusqu’à 75 personnes assises. Il est équipé d’une rampe d’accès pour les personnes à mobilité réduite. Ce train, personnalisable, peut aussi transporter des skieurs avec leur matériel, en position debout. Des rangements à skis peuvent être installés sur les portes ou à l’arrière du train.

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TRANSPORTS

Un train électrique à panneaux solaires

Le transport de marchandises est une autre corde à l’arc des ascenseurs valléens. A Flaine il serait privilégié le matin, avant l'ouverture au public, en fin d'exploitation ou en période creuse.


15%

TAPIS ROULANT SOLAIRE

C'est la pente qu'est capable d'avaler le vélo cargo partagé à assistance électrique signé Néoz, créateur d'utilitaires écologiques.

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La station de SuperDévoluy a inauguré le premier tapis roulant solaire, une innovation signée Sunkid, intégrant la solution eV+ conçue par Sunwind Energy. La bande transporteuse Sunkid est alimentée par l’énergie solaire grâce à la présence d’une galerie photovoltaïque, équipée de panneaux eV+. Le module solaire est laminé sur la galerie selon une méthode de construction en sandwich, avec deux lentilles en polycarbonate de deux millimètres d’épaisseur chacune. Sa structure en arc de cercle permet d’adapter l’alignement des cellules à la position changeante du soleil tout au long de l’année. Le matériau porteur cristallin offre une vue sur l’extérieur pendant le trajet et permet au personnel d’exploitation d’avoir une vue dégagée sur le convoyeur. « Cette galerie permet à la fois de produire de l’électricité et de diviser par deux la température intérieure l’été grâce à l’effet ombrière », indique Xavier Duport, dirigeant de Sunwind Energy.

L'entreprise cherche une station partenaire où expérimenter cette solution, alternative à la voiture, qui pourrait être utilisée par les touristes en montagne l'été, permettant de se déplacer de site en site, en famille. Ce vélo cargo pourrait aussi trouver pleinement sa place au sein d'un hub de transports, dans le cadre de la livraison du dernier kilomètre en station.

SÉCURITE/GESTION

« Faire de votre site un lieu unique et remarquable »

L’ENNEIGEMENT EFFICACE Le logiciel ATASSpro, de Technoalpin, combine les meilleures fonctions des systèmes de contrôle Liberty et ATASSplus dans un seul boîtier, simple d’utilisation. Il fait entrer le pilotage et la gestion de la production de neige de culture dans une nouvelle ère. L’enneigement démarre automatiquement, dès que les conditions sont réunies, et la neige est répartie sur le domaine en fonction de l’existant, pour une meilleure optimisation des coûts et de la ressource. L’intégration de caméras et de webcams offre une vue d’ensemble et augmente la sécurité d’exploitation. Ce logiciel favorise enfin l’aide à la décision en fournissant des données complètes tournant autour des prévisions météorologiques.

Concilier l'éco-responsabilité, l'offre ski et promouvoir la diversification touristique sur plusieurs saisons est compatible ! Une réflexion adaptée à chaque domaine skiable, en prenant en compte ses particularités, ses installations existantes, sa clientèle, ses habitants et ses agriculteurs sera la clef de la réussite de la transition selon ArviPro. Persuadé qu'une solution unique n'existe pas, la société savoyarde est moteur dans la définition de votre projet, avec l'apport d'idées novatrices, puis dans la coordination des entreprises sélectionnées.

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ACTUS - INNOVATION

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Téléphériques intelligents Serge Ferrari, l’innovation à tout crin depuis bientôt 50 ans, un anniversaire à fêter en 2023.

CONSERVER LA PRODUCTION ANTICIPÉE DE NEIGE La neige de culture peut être produite tôt dans la saison pour anticiper les besoins, dès que les températures s’y prêtent. Pour éviter une fonte prématurée de cette ressource, Serge Ferrari, spécialiste mondial des matériaux composites, a breveté un système mobile de conservation de la neige de culture, ESPS. Ce dispositif en membranes techniques comprend un ancrage au sol et une couverture isolante et étanche.

La numérisation ouvre de nouvelles possibilités dans le monde des téléphériques. Smart Ropeway, de Doppelmayr, regroupe un ensemble de technologies intelligentes au service des exploitants, en leur facilitant la tâche et leur permettant de gagner en efficacité : les informations concernant l’exploitation, la maintenance et la commande de pièces de rechange sont toujours disponibles. Smart Ropeway, c'est aussi une expérience unique pour les usagers : la conduite autonome entièrement automatisée (AURO) en est un exemple, l’infodivertissement en cabine en est un autre. La nouvelle cabine Omega V, outre une vue à 360°, propose ainsi un accès gratuit à internet, des informations touristiques, la possibilité de voyager en musique. Avec la nouvelle génération de cabines, dont fait également partie la 3S Atria à la vue panoramique, cette mise en réseau croissante garantit efficacité et sécurité pendant le fonctionnement et confort pour les passagers. Les fonctions de la cabine telles que l’éclairage, la ventilation, la climatisation, le chauffage des sièges ainsi que les systèmes d’interphone peuvent être contrôlées facilement et de manière centralisée via Doppelmayr Connect, individuellement pour chaque cabine.

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SÉCURITE/GESTION

L’institut de recherche technologique, le CEA-Leti, a développé plusieurs outils innovants. Le premier se révèle fort utile aux secours en montagne, dans le cadre de la recherche de victimes d’avalanche par exemple. Elle permet de localiser un smartphone en milieu enneigé ou non, en exploitant la troisième dimension par l’intermédiaire d’un drone survolant une zone de recherche. Basée sur une antenne étudiée spécifiquement pour l’estimation précise de la direction d’arrivée d’un signal radio, elle peut être déployée hors couverture du réseau cellulaire. Le drone permet la localisation en exploitant la troisième dimension, un Ce travail, réalisé conjointement avec la société outil développé en collaboration avec le CEA-Leti et la société Squadrone. Squadrone, bénéficie du soutien de la Région AuvergneRhône-Alpes. Le CEA-Leti est à l’origine d’une autre innovation, l’antenne ultra large bande, intégrable sur drone, utilisée notamment lors des inspections de falaises. Couplée à un GEORADAR elle permet la surveillance des risques naturels gravitaires et des ouvrages d’art difficiles d’accès. Ces travaux ont été menés avec l’entreprise Géolithe. Troisième programme : un nouveau système de mise à feu bidirectionnel qui peut être adapté aux besoins des professionnels de la montagne. Il permet le déclenchement sans fil et la synchronisation ultra précise de centaines de détonateurs situés à quelques kilomètres de la zone de dynamitage.

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MARIO

TROIS INNOVATIONS DU CEA-LETI


En utilisant l’eau comme Snow X, marque fluide frigorifique, le détenue par Alpinov X, système Alpinov X est spécialisée dans le moins impactant. marché de la neige de culture, a développé une solution révolutionnaire, permettant de produire de la neige de culture de manière écologique, économique, y compris par température élevée. « Notre système est différent des autres. Nous utilisons de l'eau comme fluide frigorifique à la place des fluides frigorifiques traditionnels qui sont des gaz, générant du CO2 et donc contribuant au réchauffement climatique, décrit Thomas Vinard, PDG d'Alpinov X. Notre solution est respectueuse de l'environnement et offre un rendement énergétique supérieur, ce qui réduit le coût énergétique de l'exploitation du m3 produit, nécessitant moins d'électricité. » Le procédé, disponible dès cet automne, présente l'autre particularité de pouvoir produire de la neige de culture jusqu'à 30° ! « ça ne fait pas sens car la neige de tiendrait pas, mais c'est possible. Nous proposons une utilisation jusqu'à 7°, ce qui permet de sécuriser complètement l'exploitation du domaine skiable, de garantir des périodes d'ouverture et de fermeture et donc de maîtriser les coûts. »

IL A DIT

« Nous avons décidé de nous fixer une date ambitieuse pour atteindre la neutralité carbone de notre secteur dès 2037, avec zéro émission de CO2 » Alexandre Maulin, président de Domaines skiables de France

NEVEPLAST ALPINE

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° 7

Nouvelle donne pour les pistes de ski artificielles Grâce à sa passion pour le ski, à la recherche et aux efforts inlassables de son équipe, Neveplast a réussi à réaliser un produit qui manquait dans le secteur des pistes de ski sèches : une solution qui améliore les compétences des skieurs et des riders, quel que soit leur niveau. Alors que la surface Neveplast ALPINE simule le ski sur une couche de neige dure et compacte, Neveplast FREESKI ressemble davantage à la neige naturelle grâce à la technologie révolutionnaire appliquée et au motif différent adopté, permettant une adhérence latérale optimale et facile. La cible à laquelle s’adresse le Neveplast FREESKI est large : skieurs et snowboarders de tous niveaux jusqu’aux riders professionnels qui ont besoin de s’entraîner régulièrement toute l’année. Parmi les testeurs qui aidé l’entreprise à développer le nouveau Neveplast FREESKI figure Michela Moioli, championne olympique de SBX aux Jeux olympiques d’hiver de Pyeongchang de 2018. Selon elle, « on a l’impression de faire du snowboard sur de la neige fraîche. »

NE PLUS ATTENDRE AUX REMONTÉES Depuis cet hiver, 12 stations gérées par Vail Resorts proposent à leurs clients, grâce à l'application EpicMix, une prévision des temps d'attente aux remontées mécaniques, actualisée toutes les 15 minutes, afin d'optimiser leur journée de ski.

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ACTUS - INNOVATION

SÉCURITE/GESTION

Embarquement sécurisé Sivao, de la société Bluecime, est en quelque sorte le troisième œil de l’exploitant des remontées mécaniques : il détecte les anomalies à la sortie d’embarquement des véhicules grâce à un boîtier caméra fixé sur le premier pylône. Il assiste l’opérateur et le client pour un embarquement sécurisé et informe l’exploitant en temps réel du nombre et de la localisation des personnes sur la ligne, en distinguant les enfants.

LA CLUSAZ SMART La station de La Clusaz va piloter ses installations à distance grâce aux technologies de l'internet des objets (IoT), développées par le groupe Kerlink, la société iséroise Adeunis et l'entreprise savoyarde API-K. Sur ses remontées mécaniques, par exemple, des capteurs de détection de présence placés dans les habitacles permettent à la station haut-savoyarde d'optimiser ses plans d'intervention de secours, en les évacuant de manière efficace. Un autre capteur permet d'identifier un disjoncteur défaillant sur une installation et de remettre en route rapidement la remontée mécanique. Ce process a également été mis en place pour gérer les installations frigorifiques des restaurants d'altitude en intersaison.

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C’est le poids du boîtier K-IP, une innovation signée API-K, société savoyarde de géosécurisation des pratiquants outdoor, qui permet de localiser avec une extrême précision une personne en milieu naturel, y compris en zone blanche. Idéal pour les professionnels de la montagne. Une dizaine de sociétés de remontées mécaniques ont d’ores et déjà équipé leurs personnels et engins. Pour un suivi sur piste et hors-piste de ses élèves, la technologie va être adoptée par l’ESF. Les organisateurs d’événements sportifs sont eux aussi grandement intéressés par cette nouvelle technologie. Cette balise sera également accessible au grand public dès ce printemps.

Le boîtier développé par API-K n’a pas tardé à intéresser les professionnels de la montagne, ESF comprises.

DES FORFAITS AUX TARIFS AJUSTÉS À AVORIAZ

Xsalto développe des solutions intelligentes de vente de forfaits de ski pour les stations. Ces tarifs peuvent être ajustés quotidiennement à travers des taux de remise calculés en fonction de la météo, de la date d’achat, de l'enneigement, de la date de pratique... La solution a été mise en œuvre à Avoriaz.

OT AVORIAZ

SIVAO

88 GRAMMES


MND

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ENNEIGEMENT ET SÉCURITÉ

L’O’BellX option+, l’exploseur qui porte bien son nom !

Données géographiques en réalité augmentée

Lors du déclenchement à distance d’une avalanche, l'opérateur doit pouvoir s’assurer du résultat du tir pour garantir la bonne sécurisation de la piste, de la route ou de l’infrastructure protégée. MND Safety, leader du contrôle à distance des avalanches, a mis au point un dispositif autonome placé dans le couloir en aval de l’exploseur qui détecte le passage de l’avalanche et en estime l'importance. L'entreprise élargit sa gamme d’exploseurs. Grâce à une chambre de combustion deux fois plus grande, l’O’BellX option+ génère une puissance deux fois plus importante par rapport au modèle standard pour sécuriser des zones plus larges, avec une autonomie incomparable. MND possède aussi un pôle Snow. Blizzard factory est une solution d’enneigement par tout temps complète, de taille compacte (6 x 2,5 m) facilitant son intégration, son exploitation et sa maintenance. Grâce à un balayage automatique, le dépôt de neige XXL réduit les interventions sur site et le travail de damage. Equipé d’un système de récupération de chaleur, Blizzard factory permet de générer 180kW de chauffage.

La plateforme numérique Skadii offre aux gestionnaires de stations de ski un outil de pilotage global et en temps réel de leur domaine skiable en regroupant toutes les données, analysées, traitées et visualisables dans une interface unique, facile à utiliser. Cette plateforme, fruit d’un long travail de réflexion, de recherche et de concertation a été développé par HTI Digital, un poids lourd du génie civil et de la technologie industrielle, représenté en France par la société d’ingénierie électrique, Semer.

IESA

PILOTER UNE STATION EN UN CLIC

A travers sa solution vGIS, GeoProcess permet de visualiser précisément sur le terrain toute donnée géographique existante ou projet en réalité augmentée. vGIS localise les ouvrages enterrés sous une couverture enneigée, sans avoir à déneiger une large zone.

FORMÉS EN 3D IESA développe des simulateurs 3D pour former les opérateurs de maintenance et de conduite des stations de montagne, en recréant l’environnement 3D complet et réaliste d’un équipement. Une formation virtuelle, immersive et dématérialisée. Le process permet aussi une sensibilisation à l’écoconduite et aux procédures d’urgence.

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SÉCURITE/GESTION

COUTURE INDUSTRIELLE SUR-MESURE MBACI fabrique des produits textiles et en cuir sur mesure, adaptés au milieu de la montagne, à partir de matériaux techniques (Dyneema, Cordura, Hypalon), naturels et issus de l'économie circulaire. L'entreprise savoyarde fournit sellerie de télésièges, housses de protection thermique pour les portiques de contrôle des forfaits ou encore sacs professionnels.

OBJECTIF 0 CARBONE D’ICI À 2030 POUR VAIL RESORTS

Le domaine skiable de La Plagne teste les premiers tapis antidérapants à faible impact carbone labellisés Ecovertis, développés par la société IDM. Habituellement importés d’Asie, les tapis d’IDM sont fabriqués à partir de bandages usagés de remontées mécaniques, évitant ainsi leur incinération. Tout le processus est assuré par des entreprises de la région Auvergne-RhôneAlpes. Ce produit est testé au sein de la gare de départ du Funiplagne, comptabilisant en moyenne 1,3 million de passages chaque hiver, et donc particulièrement propice pour étudier l’usure et les qualités techniques des tapis. Au-delà de ce test, le projet induit une évolution du processus de gestion des déchets pour l’ensemble des 10 domaines skiables de la Compagnie des Alpes, en commençant par la Société d’aménagement de La Plagne (SAP) : 20 tonnes de bandages usés seront ainsi récupérées chaque année, à l’échelle du groupe, pour alimenter la fabrication des tapis labellisés Ecovertis.

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En décembre dernier, Vail Resorts, qui gère 37 stations de ski dans 15 Etats américains et dans trois pays, a co-signé un manifeste, aux côtés de 400 entreprises américaines de premier plan, exhortant le Congrès à lancer rapidement des investissements solides dans le climat et l’énergie propre. Le but : atteindre l’objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre de 50 à 52% promis par le président Joe Biden. De son côté, l’opérateur s’est fixé l’objectif d’une empreinte carbone nulle d’ici à 2030.

JON_RESNICK

DES TAPIS ANTIDÉRAPANTS À FAIBLE IMPACT CARBONE TESTÉS À LA PLAGNE


PAS DE CLUSTER COVID DANS LES REMONTÉES L’Oitaf, l’organisation internationale du transport par câble, a mené une étude en 2020-2021 dans les stations qui ont fonctionné quasi-normalement aux Etats-Unis, en Suisse, en Norvège, en Finlande, et en Suède. Il en ressort que le risque de propagation du Covid dans les remontées mécaniques est extrêmement faible si les protocoles sont respectés, grâce au changement d’air régulier dans les véhicules et au temps de trajet réduit.

VAIL RESORTS

LA SÉCURITÉ DIGITALISÉE Motorialab est une PME innovante crée pour la collecte, l’analyse et la numérisation des données de sécurité dans les stations de ski. Elle produit SAFE, un logiciel sur le cloud avec abonnement annuel pour enregistrer, géolocaliser et analyser les accidents sur les pistes de ski, les temps d’intervention et l’ouverture/fermeture des pistes grâce aussi à une App dédiée. La base des données permet l’élaboration automatique en temps réel des statistiques et l’utilisation des modèles de prévision et des compte-rendu. Un module spécifique permet la géolocalisation et la gestion des équipements de sécurité (matelas, filets, etc.) en utilisant le QrCode et/ou la RFID. Un module pour la facturation peut aussi être adjoint. L’outil « FLOW », lui, est un logiciel pour compter les personnes en file d’attente aux remontées mécaniques grâce à l’intelligence artificielle et des webcams. Le résultat est montré avec un feu vert, orange ou rouge visible sur App, web-sites, écrans et autres médias. La base des données permet l’élaboration automatique en temps réel des statistiques et l’utilisation des modèles de prévision et des compte-rendus.

LA TÉLÉCABINE QUI FOND Pour alerter sur le réchauffement climatique, la station d’Aspen, dans le Colorado, a placé sur un sommet une œuvre signée Chris Erikson, « The melted gondola », « La télécabine qui fond ». La station s’est aussi engagée auprès du mouvement POW (Protect Our Winters), qui regroupe athlètes, entrepreneurs, scientifiques visant un changement d’ampleur en matière de politique climatique.

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STUDIO DMKF DIDIER MICHALET & KAREN FIRDMANN

ACTUS - INNOVATION

LOISIRS

INTERVIEW

Le Savoyard François Gaillard vient de prendre la direction de France Montagnes. « La montagne sera la destination du XXIe siècle » Quel est votre parcours ?

« J’ai 45 ans. Je suis né et j’ai grandi en Savoie. J'étais sur des skis à l'âge de deux ans. Les Jeux Olympiques d’Albertville ont constitué un déclic dans la naissance de ma vocation. Après des études supérieures de management à l’Ecole hôtelière de Lausanne, j’ai obtenu un master en marketing du tourisme à l’université de Savoie. J’ai été pendant 17 ans directeur général d’OnlyLyon, l’office de tourisme de la métropole de Lyon. J’ai également occupé, au début des années 2000, des postes de direction d’offices de tourisme en station, notamment à La Plagne, où j’ai participé à la création de Paradiski. Passionnant ! »

Quelles sont les priorités que vous entendez donner à France Montagnes ?

« Ma priorité sera toujours de fédérer le plus largement possible les acteurs du rayonnement de la montagne, dans une grande ouverture d’esprit. « Seul on va plus vite, ensemble on va plus loin ». France Montagnes doit être un lieu de rassemblement et d’échange, un partenaire évident. Notre objectif sera de contribuer à positionner durablement la montagne française en tant que leader mondial. Pour cela, il nous faudra proposer des projets innovants et fédérateurs, imaginer de nouveaux dispositifs de communication qui viendront compléter ou soutenir efficacement les nombreuses actions déjà déployées par les différents massifs et partenaires. »

Ma priorité sera toujours de fédérer le plus largement possible les acteurs du rayonnement de la montagne, dans une grande ouverture d’esprit.

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Quels sont les chantiers qui vous attendent ?

« Ils sont très nombreux ! Nous allons devoir identifier de nouvelles cibles, séduire les nouvelles générations et nous adresser à la clientèle domestique qui a encore un potentiel de développement considérable. Nous allons devoir être créatifs, mais aussi faire preuve de curiosité et d’humilité pour nous inspirer des meilleures pratiques de nos concurrents. Nous travaillerons à étirer toujours plus nos saisons et à promouvoir une offre montagne plus inclusive qui ne se contente pas d’une simple montée en gamme. Il s'agit surtout de diversifier l'offre pour satisfaire toutes les attentes. Dans cette optique, nos massifs sont très complémentaires. »

Quelle est votre vision de la montagne de demain ?

« C’est une évidence : la montagne sera la destination du XXIe siècle. Une courte analyse de l’évolution de notre société montre à quel point nous serons, demain, à la recherche de havres de paix, d’espaces pour respirer, nous retrouver, nous défouler, nous ressourcer, nous régénérer... Seule la montagne peut répondre à toutes ces attentes avec une telle proximité, dans le respect des personnes et des paysages. L’écosystème montagnard a toujours eu un esprit pionnier. Il sait depuis des décennies faire preuve de courage et d’enthousiasme pour anticiper les changements et s’adapter aux enjeux de notre monde. Aspirer à un tourisme toujours plus responsable en est un. Je suis d’une nature optimiste, et donc très confiant pour l’avenir. »

TÉLÉSKI DE POCHE SPÉCIAL HORS-PISTE Zoa Engineering a inventé Zoa PL1, un ingénieux système de remorquage par corde si compact qu’il tient dans un sac à dos. Le principe : attacher la corde à un arbre, dévaler la piste puis remonter en se laissant tracter. Un dispositif en cours de brevetage, parfait pour les pratiquants de hors-piste qui peuvent s’amuser davantage en déployant moins d’efforts.


LA MONTAGNE DE FRANCE EN CHIFFRES… • Dans le top 3 mondial des destinations ski après les Etats-Unis et l’Autriche • Le plus grand espace skiable d’Europe avec 250 stations de ski alpin et 200 entreprises de domaines skiables • Chaque hiver, les stations accueillent 10 millions de touristes (25% d’étrangers), dont 7 millions pratiquent les sports de glisse • 1 milliard d’euros de recettes annuelles • 95% du chiffre d’affaires est produit en station et l’hiver • 55 millions de journées skieur • 18.000 salariés répartis dans une vingtaine de métiers • Plus de 120.000 emplois dépendent de l’ouverture des domaines skiables • Les domaines skiables français investissent en moyenne 350 M€ chaque année, soit entre 25% et 30% de leur chiffre d’affaires

Source : DSF

QUI SONT LES SKIEURS FRANÇAIS ? • Près d’un Français sur deux skie et un sur cinq régulièrement

53%

sont des hommes

40%

ont moins de 35 ans

Etude : Ipsos 2021 sur l’image du ski

RENDEZ-VOUS Parmi les temps forts de Mountain Planet, figure la conférence sur l’hôtellerie haut de gamme et luxe en montagne, animée par Armelle Solelhac, à la tête d'une agence de prospective et de stratégie spécialisée dans le tourisme. Avec l'intervention de Laurent Chelle (Friendly Hotel Collection) et d'Eric Darde (Beaumier Group). Quelles sont les nouvelles attentes de la clientèle ? Quelles sont les meilleures pratiques ? Quelles tendances pour le futur ? Réponses mardi 26 avril à 15h.

47%

des femmes

54%

habitent dans un foyer de plus de trois personnes

DES SENSATIONS EN TOUTE SÉCURITÉ Aérofun est le leader mondial des tyroliennes. Le développement récent d'un chariot autofreiné permet de descendre de fortes pentes en toute sécurité, en régulant la vitesse d'arrivée, tout en conservant une vitesse maximale élevée sur le parcours. La société propose aussi une tour modulable qui peut associer jusqu'à six activités : saut sur airbag, mur d'escalade, toboggan, quick jump, départ ou arrivée de tyrolienne.

IL A DIT

« L’innovation est aussi comportementale, de la part des professionnels comme des clients. Il ne faut pas tout attendre de la technologie si on veut conserver une planète propre. » Laurent Reynaud, délégué général de DSF

SES PERFORMANCES À SKI SUR UNE APPLICATION En 2023, dans le cadre des championnats du monde de ski à Courchevel-Méribel, une nouvelle technologie de ski connecté permettra aux skieurs et au grand public de vivre une expérience innovante. Un capteur autonome placé sur le ski permettra de connaître les données de performance du skieur retransmises par une application pour smartphone. Ce projet, Smart ski expérience, soutenu par le Cluster Montagne, dispose d’un budget de 991.892€ en R&D, financé à plus de 50% par la Région Auvergne-RhôneAlpes. Il associe Rossignol, Lumiplan et le CEA.

Dans le cadre des championnats du monde de ski à Courchevel-Méribel, une nouvelle technologie de ski connecté permettra aux skieurs et au grand public de vivre une expérience innovante.


La tour ludique du parc d’activités de montagne de Prabouré, un belvédère qui permet de s’élever, puis de glisser jusqu’au sol. Le toboggan, dont le départ se situe à plus de 30 mètres de hauteur, est le plus haut de France.

ACTUS - INNOVATION

LOISIRS

C’EST DU PROPRE

La station de nettoyage manuelle pour vélos, Veloclean, peut être utilisée en intérieur comme en extérieur, sans accès direct à l’eau courante et aux eaux usées, grâce au compresseur intégré ainsi qu’aux conteneurs pour l’eau et le produit de nettoyage. Son bac de récupération de saletés assure une mise au rebut des eaux usées respectueuses de l’environnement et ce système garantit une faible consommation d’eau.

TERRAIN DE JEU PERCHÉ

En 2021, SMC2 a réalisé sa première tour ludique pour le parc d’activités de montagne de Prabouré. Son belvédère, en structure bois lamellé-collé, permet aux utilisateurs de s’élever au-dessus de leur environnement pour l’observer, puis de glisser jusqu’au sol. Le toboggan, dont le départ se situe à plus de 30 mètres de hauteur, est le plus haut de France. Un environnement de jeu esthétique, avec une vraie signature architecturale, qui s’intègre dans le cadre d’une politique quatre saisons pour les stations. La tour peut se parer de façades translucides ou végétalisées et il est possible d’interconnecter plusieurs tours afin de créer des parcours : murs d’escalade, modules de jeux, tyroliennes, jeux de cordes, périscopes… L’outil peut revêtir une dimension numérique en termes de contrôles d’accès, de capteurs de vitesse, de hauteur en chute libre pour partager l’expérience sur les réseaux sociaux.

FOTOSTUDIO SX HEUSER

Le concept existait déjà en Suisse et en Patagonie. En 2019, Eric Reynaud lançait le premier complexe hôtelier français composé de neuf dômes de grand standing de 40 m², aux Orres, offrant une vue à 160° sur la nature environnante. Deux ans après, le succès d’Alpin d’Hôme se confirme. « Les gens sont à la recherche d’expériences », reconnaît l’entrepreneur haut-alpin Eric Reynaud. Au point d’ouvrir deux autres dômes et de monter trois kotas, des maisons finlandaises de 20 m² en bois permettant de contempler les étoiles. Prochainement, Alpin d’Hôme sera doté d’un spa en forme d’ellipse, histoire de compléter l’expérience.

SMC2

DORMIR SOUS UN DÔME AUX ORRES

Jeux de pistes scénarisés Explor Games crée des aventures sur mesure, adaptées au lieu et à la cible, des jeux de piste scénarisés, guidés par des applications mobiles, dont les héros sont les visiteurs. Mélange de parcours d’orientation et d’escape game en extérieur, familles et amis réaliseront ensemble des défis et des énigmes bien réels.

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SKIBRID

ILS FONT DES VAGUES

La compagnie d’ingénierie d’eau vive Hydrostadium, filiale d’EDF, développe des vagues artificielles dans les lacs, rivières ou même dans les complexes indoor. Waveboat, une vague de surf flottante, a été déployée pour la première fois en 2020, sur le lac de Tencin, en Isère. La première vague indoor a été inaugurée au City Surf Park de Lyon en 2021 tandis qu’une vague gravitaire, aménagée sur un seuil, a fait son apparition sur le Thiou, à Annecy, en 2021.


CARLOS AYESTA

NID SOLAIRE EN PIN

Rondino réinvente l’abri bois avec son Nid solaire, fabriqué en France à partir de pin, issu de forêts françaises gérées durablement. Ses lattes se déploient en un ruban de bois formant un transat qui se retourne sur lui-même. Ce nid est équipé d’un panneau solaire alimentant, de manière autonome, quatre prises USB pour recharger les appareils mobiles.

SKI 100% RECYCLABLE Courchevel a lancé son premier concours international de start-ups, le MET 21 (montagne écologie technologie), récompensant le meilleur projet d'avenir pour la montagne. Sur une cinquantaine de candidatures, c'est celle d'ADN skis qui a le plus convaincu le jury. La porteuse de projet, Camille Lambert, et ses 3 jeunes acolytes, a imaginé développer un ski entièrement recyclable alors que certaines colles ou résines utilisées dans la fabrication des skis ne le sont pas ou peu. Le ski de demain !

FOLIE DOUCE

Rider les pieds libres

Franck Mischler, chef exécutif de la Folie Douce, à la rencontre de ses producteurs… et productrices !

Sans fixations ni chaussant, Skibrid permet de rider les pieds libres avec un ski ! Un guidon contrôle le vrillage et la prise de carres. Une pratique ludique, accessible à tous. Par sa simplicité d’usage et le croisement avec les mobilités urbaines, Skibrid rejoint cette dynamique de diversification de de l’offre des stations. Engagée dans une démarche vertueuse, la startup grenobloise pratique l’up-cycling. Elle réutilise des skis neufs invendus pour fabriquer ses produits.

Le groupe La Folie Douce a pris 14 engagements qu’il s’engage à mettre en place d’ici 2025 pour limiter son impact sur l’environnement. Depuis plusieurs années déjà, les cartes des restaurants font la part belle aux produits locaux. L’un des fournisseurs du groupe, la Ferme de l’Adroit (lait et crèmerie), récupère même à chaque livraison les déchets organiques récoltés sur le site pour nourrir les cochons de la ferme. Pour lutter contre le gaspillage alimentaire, aux Arcs, les plats de La Folie Douce sont à retrouver au sein du Folie Shop, en cœur de station. Les clients peuvent emporter les plats élaborés au sein des cuisines du restaurant d’altitude, conditionnés dans des bocaux en verre. Déplacements doux des équipes, gamme textile écoresponsable, soutien aux créateurs français, plantation d’arolles sont d’autres exemples d’engagements de La Folie Douce.

Le groupe La Folie Douce a pris 14 engagements qu’il s’engage à mettre en place d’ici 2025 pour limiter son impact sur l’environnement.

SKIBRID

FOLIE DOUCE… MAIS PAS QUE !

L’ASSIETTE MONTAGNE DURABLE

L’hôtellerie-restauration suit la tendance écoresponsable. Le restaurant Chez Pépé Nicolas, à Val Thorens, possédait déjà son jardin potager depuis 2012 et s’est lancé en 2020 dans la permaculture. L’établissement a fait appel aux services du paysagiste chambérien Christophe Gonthier pour créer ce jardin d’altitude, culminant à 1950 mètres. Ses plantes aromatiques, fleurs comestibles et légumes sont une vraie source d’inspiration pour la conception de la carte.


SUNWIND

ACTUS - INNOVATION

PRODUCTION D’ENERGIE RENOUVELABLE

IL A DIT

« Le monde de la montagne n'est pas le faiseur du bouleversement climatique mais il est celui qui le ressent le plus ». Jean-Luc Boch, maire de La Plagne et président de l'ANMSM

UNE PREMIÈRE EN FRANCE Après avoir installé dès 2018 deux éoliennes sur son domaine skiable, des panneaux photovoltaïques sur son parc de bâtiments et ses gares de remontées, Serre Chevalier Vallée (SCV) commence tout juste à produire de l’énergie verte à partir de l’hydroélectricité. Système qui constituera, à terme, 85% de sa production d’énergie renouvelable. Le spécialiste de l’ingénierie hydroélectrique, Hydrostadium, filiale d’EDF, a accompagné SCV dans son projet de création de deux microcentrales, s’appuyant sur le turbinage des réseaux neige de culture. Une première en France. La plus petite (180 kWh) a été mise en service cet hiver à Saint-Chaffrey. Une prise d’eau a été reconstruite en lieu et place de l’existante sur le cours d’eau du Peytavin _ les conduites forcées étant les canalisations eau du réseau neige _, et une nouvelle turbine a été installée dans la salle des machines Chantemerle. Le but : exploiter la ressource en eau du Peytavin et la chute entre la prise d’eau et l’usine. L’eau est ensuite restituée dans ce même cours d’eau. La plus grosse (950 kWh) sera mise en service à l’hiver 2023 à La Salle-les-Alpes. LE TRA Le principe demeure le même si ce n’est MICROCEN STATIONS DE SKI que l’eau provient du Bez, est acheminée via la conduite neige de culture jusqu’à la salle des machines Fréjus pour y être Le turbinage e de culture des réseaux neig turbinée avant d’être restituée dans le Bez. « L’énergie produite sera consommée au plus près des sites de production. Lorsque la station sera fermée, l’électricité sera réinjectée dans le réseau de distribution, précise Grégory Macqueron, responsable d’activité turbinage des réseaux d’eau chez Hydrostadium. La priorité sera toujours donnée à la neige de culture, le turbinage restant un usage complémentaire. » ctures valoriser les infrastru Notre concept : » existantes, par « neige de culture , afin de produire l’installation de turbines garantissant la tout en de l’énergie verte, neige la production de bonne gestion de TechnoAlpin France). (partenariat avec existantes : Les infrastructures e : la retenue collinair • La prise d’eau sur un cours d’eau ou la prise d’eau e, d’altitud : la canalisation eau forcée e • La conduit gement, du système d’ennei dans ion de la turbine • L’usine : intégrat e. l’usine à neige existant

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Projets clé en main

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Hydrostadium a accompagné Serre-Chevalier dans son projet de création de deux microcentrales, s’appuyant sur le turbinage des réseaux neige de culture. Une première en France.

Moulins 22 avenue des Vieux France 74000 Annecy -

Annecy TGI B 1 000 000 € - RCS SA au capital de 00035 - NAF 7112B Siret 438289662 r www.hydrostadium.f

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eV+, les panneaux solaires conçus pour la montagne Xavier Duport, dirigeant de Sunwind Energy, a conçu eV+, des panneaux photovoltaïques semi-rigides venant épouser la forme des gares de remontées mécaniques sur lesquelles ils sont installés. Le principe : l’alliance d’un panneau photovoltaïque semi-rigide et d’un matériau isolant, coupe-feu, léger, rigide et formable. Le courant produit est directement absorbé par la consommation de l’appareil. Cette technologie présente plusieurs avantages : les panneaux prennent la forme courbe, ils sont cinq fois plus légers qu’un panneau traditionnel (ce qui permet de ne pas modifier la structure qui les accueille), ils sont modulables en taille et en forme. Leur matière ne génère quasiment pas de cristallisation de la neige dessus, ce qui augmente la production et décharge les structures. Le panneau intègre des cellules

En montagne, la réverbération, l’irradiation, la pureté atmosphérique, l’air sec et froid assurent un meilleur rendement des panneaux. monocristallines qui dépassent les 20% de rendement et enfin, le produit est intégrable à 100% en changeant la couleur de la structure. En montagne, la réverbération, l’irradiation, la pureté atmosphérique, l’air sec et froid assurent un meilleur rendement. Mais les contraintes techniques (vent, givre, neige, surcharge des structures) obligent à s’orienter vers des solutions plus adaptées que des panneaux photovoltaïques classiques en verre, cadrés et lourds. Serre Chevalier Vallée a été la première à faire confiance à Sunwind Energy en 2018. Depuis, l’entreprise a fait du chemin. Elle commercialise eV+ auprès de deux clients. Les premiers, ce sont les constructeurs de remontées mécaniques Poma et Leitner, qui proposent à leurs clients l’option solaire, directement intégrée à la chaîne de production. Les seconds, ce sont les domaines skiables qui commandent les panneaux pour rétrofiter leurs gares ou pour les intégrer lors de la construction de leurs appareils neufs.


V I L L A G E D E S STA RT- U P S

FRENCH TECH IN THE ALPS

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C’est le nombre d’entreprises présentes au sein du village des start-ups qu’accueille Mountain Planet. La French Tech in the Alps, l’une des 13 capitales French Tech de France, offre une vitrine à ces 28 entreprises novatrices du milieu de la montagne, sélectionnées au terme d’un appel à projets. Parmi elles, figurent les six à huit start-ups issues de la deuxième promotion de l’Alpes Tourisme Lab, une initiative portée par La French Tech in the Alps Chambéry, l’incubateur Savoie Technolac, le Village by CA des Savoie et le Cluster Montagne. L’Alpes Tourisme Lab est un dispositif d’accompagnement de quatre mois, décliné en trois bootcamps d’une semaine, pour les start-ups françaises apportant une réponse aux enjeux du tourisme en montagne, avec un objectif de durabilité. Le but : faire émerger les nouveaux acteurs du tourisme de montagne de demain. Grâce à la mobilisation d’experts, les entreprises sélectionnées se voient proposer du coaching individuel et collectif, un travail sur leur posture entrepreneuriale et la commercialisation de leur produit, à travers des ateliers collaboratifs, des conférences, des rendez-vous individuels et des speed meetings. Ce dispositif permet aux porteurs de confronter leur projet à la réalité du terrain et de nouer de premiers partenariats commerciaux.

En photo, Anne Turpin-Hutter, directrice de La French Tech in the Alps Chambéry, et Laura Colombat, coordonnatrice de La French Tech in the Alps

DR

LE DESSIN AU SERVICE DE L’ENTREPRISE... Vous avez aimé les illustrations de cette revue ? Derrière ce style inimitable on retrouve Anne Bosquet dont l’art consiste à faire passer vos messages, même complexes. Anne les traduit en dessins clairs, pédagogiques, synthétiques et compréhensibles par tous. Résultat : votre message atteint sa cible ! Contact : 06 73 56 63 22 - annebosquet44@orange.fr

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ACTUS - INNOVATION

MONTAGNE ET HANDICAP

DES STATIONS À LA POLITIQUE VOLONTARISTE Pour les personnes en situation de handicap, l’organisation d’un séjour à la montagne peut se révéler périlleux. D’autant plus que la topographie et la météo ne facilitent pas les choses... Depuis la loi du 11 février 2005 sur le handicap, les stations de ski doivent proposer une offre adaptée et faciliter l’accessibilité de leur domaine. De nombreuses avancées sont constatées en termes d’accueil, d’hébergement, d’infrastructures, d’encadrement ou encore de matériel. Même s’il reste encore du chemin à parcourir, certaines stations, souvent labellisées, jouent particulièrement le jeu. Et des associations locales concourent grandement à cet élan volontariste. Exemples à suivre L’association La Pierre Handis Pyrénées n’est pas étrangère à la reconnaissance de La Pierre-Saint-Martin dans le domaine de l’handiski. La station, doublement labellisée Tourisme et Handicap et Sports et Handicaps, propose toujours plus d’équipements et d’activités aux personnes à mobilité réduite. Elle peut compter sur les contributeurs de l’association dont 10 initiateurs de la Fédération française handisport, 8 pilotes de tandem ski, 23 de dualskis pilotés, 21 de Cimgos et 3 bénévoles initiés à la langue des signes. A Samoëns, la commune, l’office de tourisme et l’association Samoëns HandiGlisse ont formé un comité de pilotage et identifié les offres dédiées. L’office de tourisme a visité les hébergements et restaurants dont le niveau d’accessibilité est compilé dans une brochure. De son côté, l’association propose du matériel handisport et le met gratuitement à disposition. Elles sont nombreuses à jouer ce rôle en France : Handiski Club Loisirs au Grand-Bornand, Loisirs Assis Evasion en Haute-Savoie, Tatu Handi Giffre à Morillon, Antenne Handicap à La Plagne, pour ne citer qu’elles. Les écoles de ski disposent bien souvent de moniteurs diplômés, comme c’est le cas à Combloux, Val Thorens, La Pierre-Saint-Martin, Le Grand-Bornand, Valberg, Peyragudes, La Plagne, Serre Chevalier... Dans de nombreuses stations, les remontées mécaniques elles aussi sont handi compatibles et parfois, des tarifs préférentiels sont appliqués, comme à Val Thorens, Samoëns, Morillon, Vars. Ax 3 Domaines s’est attachée à rendre le domaine et la station accessibles, en installant un ascenseur avec accès direct aux remontées mécaniques, des places de parking à proximité du départ des pistes, des toilettes adaptées... Adapter son offre est une bonne chose, encore faut-il la faire connaître pour faciliter au maximum l’organisation. Val Thorens a édité un guide spécifique. Serre Chevalier a dédié un blog à la cause recensant les hébergements, restaurants magasins de sport, équipements disponibles, l’encadrement, les activités sportives et culturelles adaptés. L’office de tourisme du Grand Tourmalet Pic du Midi possède lui aussi un onglet handi’voyageurs sur son site.

L’association La Pierre Handis Pyrénées n’est pas étrangère à la reconnaissance de La Pierre-Saint-Martin dans le domaine de l’handiski.

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Certains territoires sont plus en avance que d’autres.

« Nous sommes dans une démarche de progression » Si de nombreux efforts ont déjà été engagés en matière d’accessibilité, Sandrine Chaix, viceprésidente de la Région Auvergne-Rhône-Alpes à l’action sociale et au handicap, plaide pour qu’il y en ait davantage encore. « Nous sommes dans une démarche de progression », insiste-t-elle. Car, de fait, l’accessibilité concerne tout le monde : les personnes handicapées bien sûr, les personnes blessées, les jeunes parents avec poussettes, les personnes atteintes d’Alzheimer... voire les étrangers. Au-delà de l’accessibilité matérielle, le dispositif régional H+ Destination tourisme encourage les offices de tourisme à s’interroger sur la fluidité du parcours client « pour que la personne ne passe pas des heures à organiser son séjour. C’est un client à part entière qui vient en famille, avec des amis, un client comme un autre que l’on doit accueillir de manière qualitative », rappelle l’élue. La sensibilisation et la formation des personnels de l’ensemble du tissu économique de la destination concourent à l’amélioration de cet accueil. Certains territoires sont plus en avance que d’autres. Sandrine Chaix aime à citer l’exemple de Pralognan-la-Vanoise dont la présence du centre de vacances Anaé a sensibilisé l’ensemble des acteurs à la question du handicap : les voiries, sentiers de randonnée, remontées mécaniques ont été aménagés et l’ensemble de l’écosystème _ comme les commerçants _ a adhéré à la démarche. De nombreuses innovations ont vu le jour ces dernières années... accompagnées parfois de régressions pour des questions réglementaires. La sécurisation des remontées mécaniques pour les enfants peut induire des problèmes d’accessibilité, par exemple. « Il y a un compromis à trouver entre les exigences réglementaires, de confort, de sécurité, et l’accessibilité. » Sandrine Chaix exhorte les industriels à se pencher sur la question et les exploitants à opérer des améliorations dès qu’ils rénovent leur parc de matériel. Elle espère, par le biais du village accessibilité sur le salon Mountain Planet, « ouvrir les esprits ».


Sans les innovations d'équipementiers, les joies de la montagne ne seraient pas accessibles à tous. Tessier, qui conçoit, fabrique et commercialise une large gamme de matériels de sports assis, est sans conteste le plus connu d'entre eux. D'autres entreprises s'engagent sur cette voie : Le fauteuil tout terrain de Quadrix, équipé d'une motorisation électrique, offre plaisir et liberté grâce à un pilotage proche du VTT. Le TrailRider d'AccessRevolution permet de crapahuter en montagne, grâce à l'assistance de sherpas. Joëlette and co propose une gamme complète autour de cet équipement (manuel ou électrique, double roue, enfant), idéal pour la pratique de la randonnée, du trekking, y compris sur terrain accidenté. De la même manière, pour se balader sur la neige, L'Hippocampe, fauteuil roulant tout terrain de la société Vipamat, est particulièrement adapté. Un choix tout terrain De son côté, Swincar a développé un petit buggy électrique qui s'adapte à tous les reliefs. Il s'incline dans les virages et reste d'aplomb dans les dévers, gardant les roues toujours au contact du sol, même dans les passages les plus ardus. Ses commandes au volant facilitent l'accès au plus grand nombre. Axsol propose une chenillette tout terrain Freedom Trax FT2, une plateforme sur laquelle une personne à mobilité réduite peut placer son fauteuil roulant et commander depuis son joystick. Idéal sur la neige, les forêts hors sentiers, les terrains boueux. Cette chenille est notamment disponible à la location au GrandBornand. Pour les personnes présentant des douleurs articulaires et musculaires, l'exosquelette Ski-mojo se place sous le pantalon pour devenir invisible. Son puissant ressort réglable permet d'alléger d'un tiers le poids ressenti par les jambes. Il réduit les chocs et vibrations, de même que la pression sur les genoux, tout en soulageant les hanches et le dos.

INTERVIEW

Laurent Wauquiez, président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes « Faire d’Auvergne-Rhône-Alpes la première montagne durable d’Europe » La Région Auvergne-Rhône-Alpes, partie prenante du salon Mountain Planet, a lancé un nouveau Plan montagne, dans la continuité de celui qu’elle avait initié en 2016. Son président, Laurent Wauquiez, en résume les contours et donne sa vision de la station de demain. essentiels pour le secteur de la montagne que la diversification, les mobilités, le développement durable, les financements doivent être à la hauteur des enjeux.

La Région avait consacré 90 M€ au Plan montagne lors du précédent mandat. Vous avez annoncé un nouveau plan doté de 100 M€, avec de nouvelles orientations. En quoi diffère-t-il du premier ?

Quelle place votre plan accordera-t-il à l’innovation ?

Ce nouveau Plan montagne nous permet d’aller beaucoup plus loin en direction d’un objectif clair : faire d’Auvergne-Rhône-Alpes la première montagne durable d’Europe. Cela passe par des dispositifs renforcés permettant la rénovation des équipements publics et une baisse de la consommation énergétique, l’amélioration de la qualité de l’air avec l’investissement dans les ascenseurs valléens et le développement de véhicules à hydrogène sur le domaine skiable, ou encore l’émergence d’une clientèle issue de nos territoires, en rendant le ski accessible à tous les enfants du primaire et du secondaire de notre région. Cependant, si de nouvelles orientations sont présentes dans ce nouveau plan, il s’inscrit pleinement dans la continuité du premier. Les volets relatifs à l’enneigement, aux hébergements, à l’aide aux petites stations, aux ascenseurs valléens et à l’accès du ski aux enfants de notre région sont reconduits et enrichis.

Ce dispositif vient-il compléter le plan Avenir montagnes lancé par l’Etat ?

Concernant le programme Avenir montagnes, je me réjouis que l’Etat investisse enfin dans nos massifs. Cependant, j’attends maintenant que les annonces se traduisent en actes. Sur des sujets aussi

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L’innovation est au cœur de la conception du développement durable et de l’écologie positive que nous portons à la Région. Je ne crois pas à la décroissance défendue par les Verts et l’extrême gauche. Notre objectif est de parvenir à faire d’Auvergne-Rhône-Alpes la première montagne durable d’Europe en misant sur l’innovation, la recherche, l’industrie, tout en continuant de développer l’attractivité économique et touristique de nos massifs. C’est précisément parce que nous sommes la première Région d’Europe sur l’hydrogène vert et sur la production d’énergies renouvelables que nous pouvons investir pour moderniser les équipements publics, les remontées mécaniques, les véhicules sur le domaine skiable et, in fine, développer durablement notre montagne.

Pour vous, à quoi doit ressembler la station de demain ?

C’est d’abord une station à l’environnement naturel préservé et aux consommations énergétiques maîtrisées. Ensuite, c’est une station dynamique économiquement qui connaît une activité diversifiée et prolongée, tant sur la saison d’hiver que sur celle d’été. Enfin, c’est une station davantage ouverte à tous et notamment à une clientèle de proximité.

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©CHARLES PIETRI, RÉGION AUVERGNE-RHÔNE-ALPES

DR

Les plaisirs de la montagne accessibles à tous, grâce à l'innovation


ACTUS - INNOVATION

COMMENT LES DRONES AMELIORENT LA SECURITE EN MONTAGNE PATROLAIR et le service des pistes de la Vallée des Belleville sont heureux d’annoncer la création de la première école de pilotage et d’opération de drones spécialisée en montagne. Les drones permettent une localisation plus rapide des victimes d’accidents ou d’avalanches et viennent efficacement compléter le dispositif de sauvetage existant des hélicoptères et moyens sols. Leur utilisation nécessite une formation et des processus du plus haut niveau et reconnus par les autorités de l’aviation civile.

LE PREMIER DISTRIBUTEUR AUTOMATIQUE DE SKI AU MONDE Géré par l’exploitant, le SNOOClib’ raccourcit le parcours client et offre aux non-skieurs une première expérience de la glisse en moins de 5 minutes. Il permet de toucher une nouvelle clientèle et de vendre des forfaits additionnels grâce à une gestion automatisée qui s’inspire des trottinettes en ville. Un engin de plaisir déjà autorisé dans plus de 100 stations.

PISTENBULLY

L’innovation via le retour clients !

ET LE CHAMPION DE L’ÉCO-DAMAGE EST… Imaginé pour valoriser les initiatives et les actions concrètes mises en place par les stations pour réduire l’impact de l’activité damage, les Trophées de l’éco-damage, sixième du nom, seront remis sur le stand Kässbohrer le jeudi 28 avril à 11h en présence des 3 stations lauréates et des membres du jury : Mountain Riders, ANMSM et ADSP.

Le travail constant du service R&D de LEITNER et les attentes des clients de la marque sont à l’origine de l’évolution de la cabine Premium Diamond EVO. Ce modèle de cabine, le plus haut de gamme chez LEITNER, intègre maintenant encore plus de possibilités de configurations dans sa version standard et la nouvelle pince LPA EVO peut désormais être utilisée sur les installations monocâbles avec un câble de 64 mm de diamètre.

PLUS D’AFFLUENCES POUR MOINS D’AFFLUENCES… La startup Affluences permet aux acteurs de la montagne, grâce à sa solution de gestion de l’affluence en temps réel, de répartir leurs visiteurs dans le temps et dans l’espace. La mesure et la connaissance de la fréquentation, du taux d’occupation et du temps d’attente facilitent l’accueil du public et améliorent l’utilisation des services proposés.

MON EVENT, MA TV

AEngieTV est une solution de bout en bout basée sur le Cloud qui permet aux organisateurs d’événements (sportifs par exemple) de fournir une expérience de télévision sociale de 3e génération (en direct, interactive, spontanée et axée sur la communauté) en transformant leur public en fans et journalistes. Mustang AEngie est une start-up créée en octobre 2020 et basée à Montbonnot-St Martin (Grenoble Métropole, France), composée d’une équipe d’anciens cadres supérieurs de Hewlett-Packard Enterprise (HPE), d’entrepreneurs et de spécialistes des événements sportifs. La société prévoit un développement international à moyen terme et s’appuie sur des équipes de R&D basées en France et en Italie.

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L’ECO RESPONSABILITE AU CŒUR DE LA MOBILITE

e, ma montagn AUTREMENT plus durable.

une démarche innovante par câble, POMA engage tale. Pionnier du transport à haute valeur environnemen avec une gamme de produits toujours plus durable, ensemble une mobilité Dès aujourd’hui, imaginons et les territoires en harmonie avec notre pour connecter les hommes environnement. 21/03/2022 17:22:07

Pionner du transport par câble, POMA est caractérisé par un engagement fort au service de l’innovation et de la mobilité durable. Le groupe français né de la Montagne dont il a hérité de ses valeurs. Ainsi, depuis plus de 85 ans, POMA veille à respecter, préserver et valoriser chaque territoire, en milieu naturel comme dans l’espace urbain, à travers ses réalisations aux quatre coins du monde. Si, pour POMA, s’adapter est depuis toujours une évidence, la nécessité d’aller encore plus loin est dictée aujourd’hui par les enjeux climatiques, et l’impérieuse nécessité d’une transition urgente pour le bien des générations futures. Ainsi, l’industriel français s’est structuré pour agir à l’échelle de l’entreprise mais aussi de son écosystème. Poussé par la force du collectif, POMA a retravaillé chacun de ses process pour que dès la conception et sur tout le cycle de vie d’un appareil, l’empreinte de l’homme soit la plus minime possible. En 2022, l’engagement de POMA, référence mondiale du transport par câble, se traduit à travers une nouvelle gamme de produits et services toujours plus performants et éco-responsables, pour un moindre impact environnemental. Découvrez notre vision de la mobilité par câble sur le stand 123 de Mountain Planet et engageons-nous ensemble pour un monde moins carboné et plus vertueux.

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Transition et développement durable, avez-vous étudié toutes les solutions ? Pour réussir un projet innovant il faut définir les objectifs, comprendre les enjeux, et connaître sa cible. Outil statistique en full web développé sur mesure pour chaque besoin, hiceo quanti aide à concrétiser les innovations et à être plus efficient dans les secteurs d’avenir tels le développement durable et la transition énergétique.

ON PISTE, LA NOUVELLE APPLI MOBILE DU GROUPE ROSSIGNOL AU SERVICE DES SPORTIFS ET DES TERRITOIRES !

FIABILITÉ ET SÉCURITÉ DE VOS ÉQUIPEMENTS GRÂCE AUX SOLUTIONS D’INSPECTION BUREAU VERITAS Leader mondial des essais, de l’inspection et de la certification, la mission de Bureau Veritas consiste à réduire les risques, améliorer les performances et aider ses clients à innover. Avec son offre « Câbles et Inspections », Bureau Veritas dispose d’un service dédié aux inspections des téléphériques. Leurs experts interviennent sur l’ensemble des problématiques de la conception, à la réalisation, en passant par la modification, l’exploitation et la maintenance des téléphériques afin de garantir la fiabilité et la sécurité des équipements. Les inspections par drone proposent une innovation garantissant sécurité, rapidité des interventions, gains de temps et donc maitrise des coûts !

Au service des sportifs et des territoires, On Piste se présente sous la forme d’un site web et d’une appli gratuits et intuitifs. Le but de l’outil ? Encourager la pratique de sports en pleine nature toute l’année, dans le respect des ressources locales !

Les + de la solution On Piste ?

> pour les territoires : plus qu’une simple solution digitale, le service On Piste propose (depuis 2011 !) un accompagnement complet : de l’identification des parcours, à la mobilisation des acteurs locaux, jusqu’à la promotion multicanale de ses destinations partenaires ! Les territoires apprécient également que seuls les parcours certifiés soient mis en avant sur On Piste. > pour les pratiquants : en regroupant toutes les informations utiles (parcours et points d’intérêts, hébergements, magasins de location, conseils...) sur une seule plateforme, On Piste facilite la recherche, l’organisation et le déroulement de l’excursion sportive des pratiquants ! Tous les parcours proposés sont vérifiés sur le terrain par l’équipe On Piste, pour garantir une expérience de qualité. Sur ONPISTE.COM et l’app on peut retrouver dès à présent plus de 40 Stations de Trail, 15 destinations marche nordique, 200 destinations vélo et 8 Espaces Ski de Rando, répartis sur toute la France et dans les pays limitrophes (Belgique, Espagne).

La nouvelle génération de pompes CR(N) Grundfos - Pour ceux qui défient les limites Fabricant mondial de pompes, Grundfos propose une nouvelle génération de pompes CR(N) repoussant les limites des solutions de pompage avec une efficacité sans pareille et des débits jusqu’à 390 m3/h. Avec trois nouveaux modèles haute capacité (CR(N) 185, CR(N) 215 et CR(N) 255), la nouvelle génération de pompes offre une pression allant jusqu’à 40 bar et des mises à niveau significatives en matière d’efficacité énergétique.

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ACTUS - INNOVATION

QUELQUES EXEMPLES EMBLÉMATIQUES….. Optimiser les besoins énergétiques des remontées mécaniques

Première destination mondiale pour le tourisme d’hiver, la montagne est un pilier économique du territoire. Elle représente 120 000 emplois directs et près de 400 000 emplois indirects pour un CA avoisinant les 7,5 M€ par an. Depuis 2016, la Région Auvergne-Rhône-Alpes a fait de la montagne une de ses priorités. Le premier plan montagne a permis d’aider 120 stations, 350 projets, pour un montant total de 90 Millions d’euros. Le second acte du plan montagne, déployé par la Région dans nos massifs vise à faire d’AUVERGNERHONE-ALPES la première montagne durable d’Europe avec une enveloppe de 100 Millions d’euros. Pour y parvenir, la Région mise sur l’innovation des entreprises.

.................... Durant la crise sanitaire, la Région a mis en place un plan d’urgence s’élevant à 400 Millions d’euros. Avec un volet spécifique d’accompagnement des entreprises impactées par la fermeture des remontées mécaniques.

www.imagina-international.com

OCIRN Le numérique au service des Risques Naturels Gravitaires

Les acteurs de l’aménagement du territoire ont vocation à générer et traiter de très grandes quantités de données et à utiliser des outils numériques nombreux et sophistiqués, lesquels ne sont pour l’instant pas interconnectés et ne permettent pas une assistance à la gestion globale des opérations d’aménagements. La révolution numérique offre aujourd’hui l’opportunité de partager ces informations et leurs évolutions tout au long de la vie d’un aménagement, afin de l’adapter à l’évolution de son environnement et des besoins des gestionnaires. L’objet du projet OCIRN est la création d’une plateforme numérique de gestion collaborative et de modélisation de l’information ainsi que de l’ensemble des offres de service afférentes. La plateforme permettra de centraliser l’ensemble des données et outils

nécessaires. Le socle commun est constitué d’une base de données partagée liée à un moteur de visualisation graphique, autour duquel gravitent les modules métiers utilisés dans chaque phase d’un projet : gestion du risque et conception, réalisation, maintenance des ouvrages. www.linkedin.com/showcase/ocirn

DR

Avec l’appel à projet Financer mon innovation montagne, ce sont près de 70 projets aidés générant 55 millions d’euros d’investissement par les entreprises.

IMAGESETREVES.FR

DEVENIR LA PREMIÈRE MONTAGNE DURABLE D’EUROPE

Lors de son test à Chamrousse le module « Optimisation énergétique » Aten Altitude a confirmé tout son potentiel ! Résultat : des économies substantielles, entre 10 et 30 %, de la consommation électrique des remontées mécaniques de la station olympique. Basé sur des logiciels avancés utilisant l’Intelligence Artificielle adossés à différents capteurs, le module Aten Altitude permet de modéliser en temps réel les comportements des files d’attentes et apporte une assistance optimum aux collaborateurs pilotant ainsi la remontée en mode « Eco-conduite ». Plus globalement, tout un ensemble de sources de consommation électrique périphériques sont également pris en compte et font l’objet d’une optimisation, comme la gestion du chauffage des cabanes des conducteurs et la régulation prédictive de la température de fonctionnement des équipements.

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IDM

IDM Du caoutchouc… au caoutchouc

En janvier 2022, à La Plagne, IDM a inauguré la première concrétisation d’Ecovertis®, une gamme de produits plus respectueuse de l’environnement qui a bénéficié du soutien fort de la REGION AUVERGNE-RHONE-ALPES qui a subventionné massivement ce projet de réindustrialisation. Cette première application est tout aussi simple que novatrice : au sein des stations, IDM collecte les bandages* en caoutchouc lorsqu’ils sont usés, et les revalorise en région Auvergne-Rhône-Alpes avec son partenaire Plymouth (69). Le résultat ? Le sol caoutchouc antidérapant Ecoverclip®, dont les premières dalles équipent actuellement la gare G1 du FuniPlagne. Ceci permet de réduire considérablement les 80 tonnes de bandages usés, initialement incinérés chaque année, ainsi que le transport en cargo des dalles en caoutchouc, depuis l’Asie. De nombreux exploitants de domaines skiables ont déjà signé la charte ECOVERTIS et soutiennent ce projet : la Compagnie des Alpes, la Compagnie du Mont-Blanc, la Société des 3 Vallées entre autres. *Bandages : anneaux en caoutchouc présents sur chaque pylône de téléportés et téléskis, permettant de guider et supporter le câble.

www.idm-france.com

MOUNTAIN DATA DRONE Ou comment donner des ailes aux services rendus par les drones

Le consortium Mountain Data Drone (MDD) regroupe des entreprises qui, chacune dans leur domaine, portent des développements R&D innovants*. Concrètement, MDD propose des concepts originaux basés sur un service de drone automatisé équipé de capteurs de pointe permettant la réalisation de missions d’intérêt général. Les systèmes automatisés couplés à de nouvelles générations d’objets connectés garantiront aux citoyens des interventions rapides avec un niveau de sécurité maitrisé et des coûts d’utilisation optimaux. Des systèmes uniques « multi-rôles » permettant de bénéficier d’une palette complète de services répondant aux besoins spécifiques de nos territoires. Le drone sur mesure est né, les solutions qui vont avec aussi, le tout développé dans l’esprit collaboratif du consortium cher à la Région AURA. Les entreprises du consortium : • NIHPARES : construction aéronautique / Bureau de recherche et développement • API-K : Opérateur télécom et fabricant IOT / smart moutain • SINTEGRA : Géomètres -Experts / modélisation • BE YS RESEARCH France : Informatique / data science et data analyse PAGE 1/6

UNE POLITIQUE REGIONALE DE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE AMBITIEUSE Pour faire face aux enjeux de compétitivité et d’attractivité, la Région Auvergne-Rhône-Alpes a décidé de concentrer ses moyens sur des filières stratégiques. Elle ambitionne ainsi à maintenir sa place de leader en Europe. Catalyseurs de cette ambition, les 22 pôles de compétitivité et clusters d’Auvergne‑Rhône-Alpes sont au cœur de ce dispositif. Par leurs actions, les pôles et clusters contribuent à l’émergence de projets collaboratifs innovants, à la compétitivité des acteurs économiques régionaux et au rayonnement européen et international de la Région.

Des approches fondées sur la coopération Les filières « Sport, montagne et tourisme » visent à développer et à renforcer l’excellence d’Auvergne Rhône Alpes en matière d’innovation sur les champs du sport bien être, de l’aménagement et des loisirs de montagne, et de manière transversale de l’offre de services touristiques. Dans le cadre de Mountain Planet, le CLUSTER MONTAGNE est en première ligne s’agissant de l’expertise « aménagement de la montagne ».

api-k.com

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PISTENBULLY

RUN RED : LE NOUVEAU PISTENBULLY 400 MONTE EN PUISSANCE

La technologie LiDAR révolutionne la mesure d’épaisseur de neige ! La mesure à distance de l’épaisseur de neige par la technologie LiDAR est une première mondiale signée SNOWsat ! Jusqu'à présent, la profondeur de neige était saisie sous le véhicule, le nouveau système testé cet hiver sur le terrain permet désormais une mesure du manteau neigeux sur un rayon de l’ordre de 30 mètres devant la dameuse : un pas de géant en matière de gestion de l’épaisseur de neige sur les domaines skiables ! Le LiDAR est une technique de mesure à distance fondée sur l'analyse des propriétés d'un faisceau laser renvoyé vers son émetteur. Adapté à la mesure de l’épaisseur de neige et intégré au système SNOWsat, le laser scanne le terrain devant et sur les côtés du véhicule sur un angle de 120°, traite 200.000 points par seconde et peut analyser, selon les conditions, jusqu’à 2.600 mètres carrés en temps réel. Le LiDAR de SNOWsat offre aux conducteurs la possibilité d’identifier de loin les endroits où il y a peu de neige, ou beaucoup, et ainsi de réagir à temps en conséquence tandis que le scan de la surface à proximité du véhicule permet d’éviter de nombreuses passes. Les données d’épaisseur de neige devant et sur les côtés de la machine s’avèrent également très utiles lors du déplacement de neige sur les pistes ou de la création de stocks de neige en début et en fin de saison. Le système assure la collecte de données précieuses aux exploitants de domaines skiables constituant, entre autres, une base concrète d’aide à de nombreuses décisions d’ordre économique comme la production de neige de culture par exemple. Productivité, réduction des couts grâce à un travail plus efficient, sécurité d’exploitation, respect de l’environnement, toutes les équipes profitent des avantages de SNOWSat LiDAR : les chauffeurs, les snowmakers et les directeurs de pistes. Le domaine skiable de la Zugspitze en Allemagne a été cet hiver un des premiers à utiliser cette nouvelle technologie de mesure à distance de l’épaisseur de neige. L'impact des différentes conditions de visibilité et de la météo sur la mesure a été étudié en collaboration avec les professionnels de la station et de nombreux échanges ont été prépondérants pour développer et perfectionner le système et le nouveau concept d’exploitation du logiciel. Petit composant mais beaucoup d’effet : les retours des premiers utilisateurs sont prometteurs. « C’est vraiment un pas de géant » conclut Martin Hurm, directeur d’exploitation de la station de Zugspitze. A découvrir sur Mountain Planet pour préparer l’hiver prochain dans les meilleures conditions. Plus d’infos sur : www.snowsat.com

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RUN RED ! Telle est la devise du nouveau PistenBully 400 qui affiche une refonte complète de ses capacités. L'efficacité, c’est ce qui compte sur la piste et c'est ce qu'offre le nouveau PistenBully 400 dans ses quatre versions : moteur le plus puissant de sa catégorie, capacité de poussée impressionnante, commandes simples et intuitives, autonomie importante et longue durée de vie des composants. Il complète la nouvelle génération de la famille PistenBully. Une génération entière avec le même confort d'utilisation, la motorisation la plus propre et un design unique. Run efficient De l'ancien PistenBully 400, on retrouve l'équilibre entre puissance, poids et dimensions, auquel ont été ajoutés des systèmes d'assistance électroniques comme AutoTracer ou AutoWinch qui facilitent encore la conduite, tout en améliorant son efficacité. Les trains de chenilles KombiPlus 6 bandes, identiques à ceux du PistenBully 600, ouvrent des performances accrues notamment en utilisation de treuil ou de poussée de neige de culture. L’augmentation du volume du réservoir associée à une faible consommation permet une plus grande autonomie. Enfin, le modèle ParkPro propose pour la première fois une version treuil et les nouveaux accessoires supplémentaires, améliorés, offrent tout ce que l'on peut souhaiter pour la préparation professionnelle des snowparks. Run clean Le nouveau PistenBully 400 dispose d’un moteur 6 cylindres propre de 435 ch équipé d’un filtre à particules diesel conforme à la réglementation européenne Stage V / EPA Tier4 final répondant aux normes anti-pollution les plus contraignantes. A l’instar de tous les PistenBully, il est livré depuis janvier 2022 avec du carburant HVO produit à base de déchets végétaux hydrogénés et de déchets de graisses animales, permettant de réduire les émissions de CO2 d'environ 90% par rapport au carburant diesel traditionnel. Run smart Les systèmes de commandes ont été homogénéisés (comme dans les PistenBully 600 et 100) avec notamment un joystick ergonomique et intuitif à double articulation pour 4 mouvements simultanés de la lame et possibilité de mémoriser 4 profils de conducteurs différents. La cabine arbore un nouveau look : design arrondi plus sexy, surface vitrée plus importante, isolations phonique et thermique encore améliorées. De nouvelles options font également leur apparition comme l’ajout d’un 3ème siège à l’identique du PistenBully 600, l’air conditionné ou les phares à leds. Le nouveau PistenBully 400 est à découvrir sur Mountain Planet Il se décline en 4 modèles : PistenBully 400, 400 W, ParkPro et ParkPro W Plus d’infos sur : www.pistenbully.com


De la signalétique dynamique à la gestion des flux de visiteurs Depuis 50 ans, l’expérience client est au cœur de notre démarche. Nos innovations améliorent le parcours client pendant le séjour.

Visualiser l’offre globale et faire son choix, jour après jour selon les conditions du moment Ouvertures/fermetures, événement météo, affluence… autant de facteurs qui conditionnent une bonne journée ! Nos solutions “panoramiques“ physiques et numériques aident les touristes au quotidien et en temps réel.

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Embarquer l’information pour mieux vivre son séjour, en toute saison Nos applis en “marque blanche“ comme l’appli communautaire Mountain Live sont pensées pour optimiser l’information pratique, les expériences vécues et les aspects ludiques du séjour. Elles sont aujourd’hui utilisées par plus de 80 stations.

Le meilleur de la techno pour le meilleur des séjours Mesure des temps d’attentes, mesure de l’affluence, guidage dynamique vers les lieux plus fluides… Nos innovations renforcent le confort et la sécurité des usagers grâce à des médias toujours plus “intelligents“ et utiles.

Contribuer aux mobilités douces et à l’économie des territoires Notre dernière innovation concerne les touristes à vélo pour le plus grand bénéfice des collectivités à proximité des vélo routes.

montagne@lumiplan.com - Tél.04 79 31 32 46

www.lumiplan.com

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LA NEIGE EST-ELLE PLUS BLANCHE AILLEURS ?

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Tour du monde des bonnes pratiques au sein des domaines skiables internationaux avec Kaline Osaki, responsable du pôle business développement du Cluster montagne, et l’expert suisse Laurent Vanat, dont le rapport international annuel sur le tourisme de neige et de montagne est toujours un événement très attendu.

Kaline Osaki, responsable du pôle business développement du Cluster Montagne et Laurent Vanat, auteur du rapport international annuel sur le tourisme de neige et de montagne.

Texte Marie-France Sarrazin - Illustrations : Anne Bosquet

GOUVERNANCE Ah, la gouvernance. Ce sujet revient forcément sur la table alors que les stations de sport d’hiver réfléchissent plus que jamais à leur avenir. « La gouvernance française est très spécifique. La loi Montagne a encadré la gestion des domaines skiables, donnant une place centrale à l’autorité organisatrice, qui peut être une commune ou une intercommunalité par exemple. L’enjeu consiste à se mettre d’accord sur une vision, chacun défendant sa propre logique. L’opérateur est là pour faire tourner les remontées mécaniques et la collectivité nourrit aussi d’autres préoccupations », expose Emmanuelle George, chercheure en aménagement touristique de montagne à l’Inrae (Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement). La gouvernance est au cœur de toute implantation d’une nouvelle stratégie. « C’est un grand sujet en France car elle bloque beaucoup de projets si tous les acteurs ne sont pas intégrés à la démarche », juge Kaline Osaki, responsable du pôle business développement du Cluster montagne. En France, quand l’exploitation ne se fait pas en

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régie municipale, les délégations de service public (DSP) cantonnent souvent le champ d’intervention des opérateurs privés aux seuls domaines skiables. Ce qui donne naissance à des stations à la gouvernance éclatée, avec trois acteurs clés : la commune, les remontées mécaniques et l’office de tourisme. « Les stations qui fonctionnent bien sont celles où il y a entente entre ces trois entités », remarque Mme Osaki. Aux Gets, la DSP est assurée par une société d’économie mixte (Saem), une entreprise dont la commune est actionnaire, ce qui lui ouvre le champ des possibles. Outre le domaine skiable, cette Saem gère le golf, les activités VTT, la garderie, le lac de baignade et le parcours nocturne Alta Lumina. Les DSP ne sont autres que des contrats à durée déterminée qui peuvent ne pas être renouvelés. « Les exploitants ont une épée de Damoclès au-dessus de la tête, ce qui ne les incite pas à investir de peur de ne pas avoir le temps rentabiliser l’équipement », analyse la spécialiste. En France, le secteur public est prégnant, puisque les pistes sont créées sur des terrains communaux, dans la grande majorité des cas. Aux Etats-Unis, des privés peuvent acheter


« En France, les stations collaborent peu entre elles. Alors que la Suisse et l’Autriche raisonnent en logique territoriale, comme entre Mürren, Wengen ou Grindenwald. » KALINE OSAKI, INTERNATIONAL MANAGER CLUSTER MONTAGNE

L’ÉTÉ Les destinations neige des pays occidentaux et matures sont toutes confrontées à la même problématique, dans la mesure où le produit d’appel reste le ski. Un mot revient dans toutes les bouches : tourisme quatre saisons. Un terme que certains jugent excessif. Rééquilibrer le rapport entre l’hiver et l’été serait déjà un bon début. Aujourd’hui, l’hiver finance l’été. « Le ski a pris la place principale dans les stations depuis les

années 1970. Pourtant, le tourisme de montagne a été créé l’été », rappelle Laurent Vanat. Ce basculement vers le tout-ski semble avoir épargné les stations-villages comme Chamonix, « mais il y en a peu en France comparé à la Suisse et à l’Autriche. Là, on a des infrastructures qui fonctionnent toute l’année ». Des stations comme Chamonix, Zermatt, Moléson, dans la Jungfrau, arriveraient à équilibrer leur exploitation sur l’été et l’hiver. Trouver un modèle économique viable à la belle saison demeure un enjeu de taille, alors que les activités non marchandes fleurissent, sans forcément avoir besoin de passer par la case remontées mécaniques. A l’étranger, on a trouvé la parade : « On développe des activités en haut du domaine, avec obligation de prendre les remontées pour accéder à l’espace », observe la spécialiste du Cluster Montagne. Les exemples ne manquent pas. En Andorre, Vallnord a conçu un domaine skiable version été en haut du domaine avec un mountain bike, des circuits sportifs et excursions. Au sommet du domaine suisse de Grindelwald, un restaurant panoramique et un belvédère offrent une vue à couper le souffle... tout comme la descente en tyrolienne. Dans le Tyrol autrichien, à Hexenwasser, l’été, le domaine skiable se mue en parc à thème autour de l’eau, accessible depuis la télécabine. Grâce à cet équipement, Hexenwasser comptabilise autant de nuitées l’été que l’hiver. Trysil, en Norvège, a investi 2,7 M€ dans un bike arena pour réaliser

SEM DÉVOLUY

des terrains pour y fonder des stations de sport d’hiver. Ils sont donc maîtres en leur demeure. « En Italie, un maire n’est pas forcément impliqué dans la négociation pour la gestion des remontées mécaniques. L’exploitant est un opérateur économique comme un autre, qui ne dépend que de luimême. On peut tout de même imaginer des relations avec la collectivité support pour des questions d’aménagement ou de développement », émet Emmanuelle George. A l’étranger, on trouve des modèles diversifiés où les remontées mécaniques exploitent des restaurants, hôtels, d’autres activités et sont donc moins dépendantes d’une activité unique. « En Andorre, à Grandvalira, les remontées mécaniques possèdent des restaurants, qui alimentent leur chiffre d’affaires l’été à hauteur de 30% ! En Europe de l’Est, le groupe Tatry Mountain Resort exploite stations, parcs aquatiques, hôtels, écoles de ski, magasins de sport, restaurants-bars », relève Kaline Osaki. Depuis quelques années, la Compagnie des Alpes, l’un des plus gros acteurs mondiaux de la montagne, gérant l’exploitation de 11 stations alpines, sort de son métier historique centré autour des remontées mécaniques en investissant dans des univers corollaires pour améliorer le parcours client. La société a étendu son champ à l’hébergement touristique, visant à accroître le parc de lits chauds, à la distribution et à l’offre packagée, avec l’acquisition d’un tour operator TravelFactory, et même à l’offre d’activités indoor et outdoor, avec le rachat d’Evolution 2. Le nouveau DG de la Compagnie des Alpes, Dominique Thillaud, se donne pour objectif de réaliser 30% de son chiffre d’affaires sur la saison estivale d’ici 10 ans. Il n’est plus question de stations de ski, mais de stations de montagne. Nuance. La compagnie expérimente d’ailleurs un produit clé en main toute saison sur le Grand Massif, en Haute-Savoie, sous la forme de camps de base s’adressant à différents publics.

La gare intermédiaire du nouveau téléporté reliant La Joue-du-Loup à SuperDévoluy abritera un point d'attractivité touristique jouant sur l'identité du territoire.

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Le Grand-Bornand met tout en oeuvre pour valoriser l’agriculture.

20% de son chiffre d’affaires annuel l’été. Bachledka, en Slovaquie, mise sur un parcours à la cime des arbres accessible en remontée été comme hiver, y compris aux personnes handicapées. Cette attraction s’accompagne de services annexes : boxes pour chiens, jeux pour enfants, prêt d’après-skis... Au Canada, Grouse Mountain constitue la première attraction payante de la métropole de Vancouver. Ses deux téléphériques sont ouverts toute l’année de 9h à 22h. Le forfait permet d’accéder aux activités qui se trouvent au sommet (balades, spectacles, parc des grizzlis, disc golf) et à des activités payantes en supplément (tyrolienne, accès en haut d’une éolienne). En France, des projets émergent. La Sem Dévoluy, qui exploite SuperDévoluy et La Joue-du-Loup, envisage la création, en 2024, d’un téléporté reliant les deux stations. Il desservira une gare intermédiaire, située à 1850 mètres d’altitude, où sera créé un nouveau point d’attractivité touristique toutes saisons, pour tous, skieurs et non skieurs, jouant sur l’identité du territoire. On y retrouvera le Dévoluy sous toutes ses filières : pastorale, scientifique avec l’observatoire radioastronomique de Bure et géologique avec ses cavités naturelles appelées chourums. « Nous souhaitons en faire un espace de découverte et d’expériences à vivre », résume Laurent Thélène, directeur de Dévoluy ski développement. Une bergerie, un petit observatoire, une aire de barbecue, des jeux du type escape game, du cerf-volant, de la luge, l’aménagement d’une via souterrata dans deux cavités, un site d’initiation à l’escalade viendraient alimenter l’offre d’été. Laurent Vanat soulève toutefois un problème : « L’été, et même l’hiver quand on ne fait pas de ski, aucune activité n’offre la même capacité d’accueil que le ski. »

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IDENTITÉ « Le modèle sera pertinent si, à l’avenir, on arrive à concilier vie locale et vie touristique à l’année », estime Kaline Osaki. Des stations s’engagent sur cette voie : « Ce sont des villages avant d’être des stations, avec une architecture, un ADN, une histoire, des activités autres que le tourisme », considère-t-elle. Le tourisme a parfois écrasé des activités comme l’agriculture. « La Suisse et l’Autriche ont tout mis en œuvre pour les conserver ; les gens aiment aller dans des destinations qui racontent des histoires. Chamonix, par exemple, peut se prévaloir d’une histoire incroyable, unique au monde. » Pour les autres, rien n’est perdu. Libre à chacune de développer son storytelling. PARCOURS CLIENT Qui n’a pas déjà pris pitié de ces skieurs qui, une fois garés, parcourent un long chemin jusqu’à la billetterie puis jusqu’aux remontées dans une démarche hésitante, robotisée, skis qui se désolidarisent sur l’épaule ? L’aspect logistique peut en décourager plus d’un, en particulier les débutants. « Aux Etats-Unis, une étude révèle que plus de 80% des skieurs débutants trouvent leur première tentative mauvaise et ne reviennent pas. Mon expérience la plus cool ? Skier à Dubaï, où je suis arrivé dans ma tenue de tous les jours. Je n’ai pas eu à trimbaler le matériel ; on m’a tout fourni », lâche l’expert suisse Laurent Vanat, dont le rapport international annuel sur le tourisme de neige et de montagne est toujours un événement très attendu. Pour lui, l’amélioration du parcours client passe par le fait de lui faciliter la vie, d’éviter les services atomisés.

DR

B. DELERUE/LE GRAND BORNAND

INTERNATIONAL

Bachledka, en Slovaquie, mise sur un parcours à la cime des arbres accessible en remontée été comme hiver.


« Attention au greenwashing ! »

Certaines stations d’Amérique du Nord ou de Chine réunissent tous les services au même endroit, au sein d’immenses malls au pied des pistes. On y trouve parking, billetterie, école de ski, restaurants, magasins de sport, et départs de remontées mécaniques. « En France, on a peu de stations intégrées, elles ont d’ailleurs été désintégrées dans les années 80. Certaines stations gérées par Labellemontagne sont peut-être plus proches de ce modèle », observe Laurent Vanat. Evidemment, il est plus simple de partir d’une page blanche, comme ces stations récentes construites ex-nihilo en Chine, en Azerbaïdjan et même en Turquie. Pour ces deux derniers pays, bien équipés, il s’agit désormais d’attirer des clients... On ne peut pas tout avoir ! Même s’il est inconcevable de faire table rase du passé, il est tout de même possible d’opérer quelques améliorations, certes coûteuses. « Lorsque l’on reconstruit des remontées mécaniques, on peut très bien concevoir un grand bâtiment qui abrite un maximum de services », imagine M. Vanat. Faciliter, centraliser. « C’est le problème de la DSP en France, restrictive pour les exploitants qui ne peuvent pas contrôler tout ce qu’ils aimeraient », résume l’expert suisse. La gouvernance, encore elle. PARTENARIAT AVEC LES PETITES STATIONS En France comme à l’étranger, des stations ferment. « C’est triste, car ce sont de petits sites qui meurent, tenus en régie par la collectivité, qui attiraient des débutants ou des gens ayant peu de moyens. Ce sont des stades de neige qui élèvent une nouvelle clientèle », considère Kaline Osaki. Le groupe Vail Resorts possède parmi les plus grosses stations des Etats-Unis. « Depuis quelque temps, le géant américain acquiert des stations plus petites, souvent à proximité de bassins urbains pour se diversifier, gagner en identité et se positionner vers l’été. Les clients de ces petites stations se tourneront ensuite vers les plus grosses. » Ce principe a été dernièrement adopté par Les 2 Alpes, qui a signé un partenariat avec la petite station familiale du Col de Porte. Il s’agit d’apprendre à skier dans la petite station pour ensuite migrer vers la grande. Comment se traduit cet échange de bon procédé ? Les 2 Alpes s’engagent sur un don de matériel et un accompagnement technique tandis que le Col de Porte promeut Les 2 Alpes. « En France, les stations collaborent peu entre elles, déplore Kaline Osaki. Ça pose problème l’été, lorsque les gens bougent beaucoup. Chacune communique sur ses propres offres. La Suisse et l’Autriche raisonnent en logique territoriale, comme entre Mürren, Wengen ou Grindenwald. »

DR

LAURENT VANAT, CONSULTANT

En plus de s’acquitter du forfait d’accès au téléphérique, un supplément est nécessaire pour monter au sommet de cette éolienne, à Grouse Mountain, au Canada.

TRANSITION ÉNERGÉTIQUE La transition énergétique, les pays y sont plus ou moins sensibles. « Ceux qui s’y penchent sérieusement et prennent des initiatives intéressantes sont les pays matures du ski : la France, l’Autriche, la Suisse, les Etats-Unis, le Canada, la Scandinavie. Moins les pays émergents du ski comme l’Asie centrale, la Chine, la Russie ou le Japon », cite Kaline Osaki. Si DSF vise la neutralité carbone en 2037, en Finlande, Pyhä et Ruka sont parmi les premières à l’avoir déjà atteinte. Les expérimentations fleurissent sur les domaines pour réduire leur consommation énergétique voire la produire. « Attention au greenwashing ! », alerte Laurent Vanat pour qui les efforts doivent se concentrer sur les dameuses, et surtout, sur le transport. « En France, il faut être convaincu pour se rendre en station autrement qu’en voiture », ironise l’expert. « Les Japonais, même s’ils n’ont pas cette arrièrepensée de préserver l’environnement, viennent en transport en commun. Les bagages sont envoyés en amont par la Poste, le transport est peu cher et le territoire bien maillé », avoue Mme Osaki. En Suède, l’exploitant Skistar a investi dans la création d’un aéroport local à côté de Sälen, la plus grosse station. Même cas de figure en Suisse, dans l’Aletsch Arena. Pour se rendre dans la station interdite aux voitures de Fiescheralp, il faut passer par le hub de transports publics de Fiesch, qui combine gare de train, terminal de bus et télécabine, co-financé par l’opérateur. Laurent Vanat tempère cet engouement. « En Suisse, 16 des 20 plus grandes stations sont connectées au train. Malgré tout, nous n’avons pas une grande population qui vient en

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transport public. Si seulement les gens n’avaient pas à trimbaler tout leur matériel ! », relève l’expert, qui imagine la commercialisation d’un forfait, incluant le matériel et le transport. « En Autriche, et à Verbier, en Suisse, des vestiaires et casiers à skis se trouvent à côté des caisses et au départ des télécabines. En Corée du Sud, dans une station proche de Séoul, les gens arrivent, se changent car ils ont leur casier, et retournent en ville. » Autre sujet problématique pour Laurent Vanat, les gouffres énergétiques, « ces immeubles des années 1970 qu’il vaudrait parfois mieux détruire et reconstruire ». PASS ET PRÉVENTES Aux Etats-Unis, le ski reste élitiste. Le groupe Vail Resorts a été le premier à mettre en place un système de pass saison donnant accès à une trentaine de stations à prix accessible, à des réductions sur l’hébergement, la restauration, les cours de ski, la location de matériel... « Il existe aussi le Magic Pass en Suisse. Des petites stations gérées indépendamment se sont réunies autour d’un pass unique pour encourager la pratique du ski auprès d’une clientèle jeune et locale », signale Kaline Osaki. Val Cenis a adopté la tarification dynamique pour booster l’achat anticipé. Les pré-ventes et forfaits saison aux capacités limitées, incitant à acheter à l’avance, deviennent une tendance lourde qui arrive en France et se confirme en Suisse, annonce Laurent Vanat. Ces capacités limitées, justement, seraient-elles la réponse à une surfréquentation des pistes ? « Une enquête de satisfaction française révèle que les usagers considèrent qu’il y a trop de monde sur les pistes. L’Autriche et la Suisse ont mis en place des mesures pour limiter la fréquentation et bien gérer les flux. N’aurait-on pas intérêt à revenir à un modèle plus raisonnable ? », s’interroge Kaline Osaki.

Projet de recherche européen sur les transitions des territoires de montagne Emmanuelle George, Chercheure, travaille au montage d’une candidature au programme Interreg Espace Alpin avec d’autres pays européens alpins : la Suisse, l’Italie, l’Autriche, la Slovénie. Cette étude concerne les transitions des stations et des territoires touristiques de montagne, problématiques partagées par l’ensemble de ces pays. Si le projet est retenu, la mission devrait démarrer à l’automne prochain.

« L’idée est d’obtenir une diversité de situations : des stations plus ou moins vulnérables, avec des niveaux de prise de conscience différents. Et dans tous les cas, des territoires volontaires, prêts à se lancer dans ce dispositif associant recherche et acteurs de terrain », indique la chercheure. Une fois constitué, ce réseau de stations européennes permettra un partage d’expériences, la recherche de solutions transposables, adaptées à chaque territoire, en vue de les mettre à disposition des acteurs de stations comme porteurs de politiques publiques.» Emmanuelle George mène déjà des travaux similaires à l’échelle du département de l’Isère. Elle entend bien articuler les deux programmes qui peuvent se nourrir l’un de l’autre.

« L’idée est d’obtenir une diversité de situations » EMMANUELLE GEORGE, CHERCHEURE

S’il y a du bon chez chacune des stations, « aucune ne fait tout bien », tranche Laurent Vanat. La station idéale n’existe pas, et les modèles ne sont pas tous réplicables. Aucune montagne ne se ressemble, et c’est très bien ainsi.

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Axess TICKET LOUNGE Le corner de vente pour les stations de ski La vente de forfaits en caisse appartient au passé. À l‘avenir, elle aura lieu en ligne et s’effectuera en libre-service. Le duo constitué d’un Axess TICKET FRAME 600 et d’un Axess PICK UP BOX 600 permet aux stations de ski de disposer dès à présent d’un corner de vente autonome pour l’achat et l’émission des forfaits, et établit ainsi de nouvelles normes dans le monde des automates de vente. Tous les produits commandés peuvent être transférés en quelques clics sur le compte du client et utilisés aussitôt. Le corner de vente réduit ainsi le temps d’accès aux pistes ce qui augmente d’autant plus le plaisir du ski pour les skieurs. teamaxess.com

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PRINOTH

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INNOVATIONS MONTAGNE

DÉJÀ LÀ ET À VENIR Agile, flexible, notre écosystème est un formidable vivier d’où jaillissent des innovations essentielles à la montagne de demain. Mobilité, outils digitaux, transition énergétique, modélisation de l’enneigement futur ou encore intelligence artificielle et connectivité, les évolutions et nouvelles avancées technologiques préfigurent déjà la montagne du futur. Panorama innovations, au pluriel.

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Textes : Cécide Ronjat - Illustrations : Anne Bosquet

n matière de motorisation hybride, le mix diesel/électrique tourne déjà depuis 10 ans. Pourtant, pour relever le défi de la transition et accompagner les domaines skiables vers la neutralité carbone visée en 2037, les constructeurs continuent d’innover. Dameuses électriques pour le nordique et le ski indoor, dameuses à hydrogène pour les gros travaux alpins : défis et calendrier des échéances.

#Dameuses hybrides aujourd’hui, dameuses à hydrogène demain, quelles sont les vraies échéances dans le domaine…

À gauche : Prinoth Leitwolf und Husky CleanMotion

Dans son dossier de presse 2021/2022, Domaines skiables de France rappellent que 95% des émissions de gaz à effet de serre des domaines skiables sont liées à l’usage des dameuses fonctionnant au gasoil. Le modèle énergétique est pourtant en passe de changer avec les dernières avancées des constructeurs sur les motorisations alternatives. « Notre groupe ne se contente pas de parler de protection de l’environnement, il adopte des mesures concrètes avec […] le lancement de dameuses neutres en CO2 », déclarait en décembre 2020 Anton Seeber, président du groupe HTI (Prinoth). Dans le même temps l’allemand Kässbohrer annonce des motorisations alternatives prêtes pour une fabrication en série à un coût abordable, sans parler du biocarburant HVO (Hydrotreated Vegetable Oil) livré dès 2022 avec toutes les dameuses Pistenbully. L’ÉLECTRIQUE DÈS CET HIVER L’électrique c’est pour cet hiver. La PistenBully 100 E de Kässbohrer est quasiment prête pour son tour de piste. Entièrement électrique, 0 émission, silencieuse, 200 chevaux, 3 heures d’autonomie : la machine est taillée pour les petits domaines nordiques et les centres de ski indoor. Les batteries électriques rajoutent quelques 800kg embarqués et visent une charge complète en 5 à 6 heures. « Nous sommes sur les dernières phases de développement avec des machines de démonstration modèle 0 dès cet hiver et une commercialisation dans la foulée. » explique Didier Bic, directeur général de Kässbohrer ESE. Pour la Husky eMotion développée par l’italien Prinoth dans le cadre de son projet Clean Motion, les échéances suivent : « La machine de démonstration sera disponible à l’hiver 2022/2023 et prête pour la commercialisation en série en 2023/2024 » confirme Renaud Vezier directeur des opérations Prinoth France. Sous le capot, 270 chevaux

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entraînés par un moteur électrique, une puissance de batterie de 190 kWh et une autonomie de travail de 3 heures. Même si la batterie rajoute 700kg pour 0.5m3 d’encombrement « on constate une progression de 20% sur la puissance et le couple par rapport à la version thermique. » poursuit Renaud Vezier. L’HYDROGÈNE À HORIZON 2025 Quant à l’hydrogène, l’horizon est un peu plus lointain même si les prototypages entrent déjà en phase de test. C’est le cas de la Leitwolf H2Motion, à entrainement pile à combustible et moteur électrique. « Les tests ont démarré. On est sur une machine de 400Kw, équivalent 544 chevaux, avec 7 réservoirs de 67L d’hydrogène gazeux à haute pression, pour une autonomie de 4 heures. Une batterie tampon fait le lien entre la pile à combustible et le moteur électrique. Pour le reste on a conservé le système hydraulique classique de la machine » explique le directeur des opérations de Prinoth France. Sur la balance, 2 tonnes supplémentaires et une consommation moyenne de 10kg d’hydrogène par heure. Du coté de Kässbohrer, la motorisation hydrogène est aussi d’actualité. Elle s’appuie sur le fonctionnement du modèle hybride PistenBully 600 E+ rétrofité. « On a l’avantage d’avoir déjà la motorisation électrique, reste à remplacer le moteur thermique par une pile à combustible. On conserve toute la chaine cinématique actuelle et les performances ne changent pas. » Alourdie de 3 tonnes, l’engin atteindrait pourtant une autonomie de 7 à 8 heures. Dans tous les cas, l’utilisation de l’hydrogène reste étroitement liée aux avancées régulières de la recherche. « Le projet hydrogène est à affiner, il y a plusieurs pistes, trancher et prendre la bonne décision n’est pas facile » confirme Didier Bic. Puis restera la question essentielle de l’approvisionnement. La station à hydrogène de Chambéry, intégrée au projet Zero Emission Valley (ZEV) de la région Auvergne Rhône-Alpes (20 stations), produit 40kg d’hydrogène par jour, là où 5 dameuses de type Prinoth Leitwolf H2Motion en consommeraient 400kg/jour. Si le maillage s’organise progressivement en vallée, le défi reste entier pour les territoires d’altitude. « J’ai l’habitude de dire à mes clients : dès que tu as l’hydrogène en station, j’aurais la dameuse » ajoute Didier Bic. Pour soutenir l’équipement des domaines skiables, Kässbohrer a imaginé une solution de production in situ : « un modèle basé sur l’achat packagé de 3 dameuses et d’une petite station de production. Bien sûr c’est un investissement conséquent qui implique toute la station, mais cela permettrait d’amorcer la transition énergétique. » conclut le directeur général de Kässbohrer ESE.

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PAROLE D’EXPERT

L’hydrogène en question

ANNE-SOPHIE BANSE, Transport I Numérique, ADEME Comment produit-on de l’hydrogène renouvelable bas carbone ?

« Il y a différentes manières de produire le vecteur énergétique hydrogène : électrolyse, vaporeformage, pyrogazéification. Pour être bas carbone et renouvelable, l’hydrogène doit être produit par électrolyse utilisant de l’électricité issue de sources renouvelables, comme l’éolien et le photovoltaïque, ou celle du réseau à la condition qu’elle soit garantie renouvelable. En résumé, l’intérêt environnemental de l’hydrogène dépend du mode de production et tous ne se valent pas. »

Y a-t-il encore des verrous à lever ?

« La production d’électricité renouvelable en amont est encore un verrou organisationnel. En aval, il faut aussi être capable de garantir les usages à hauteur de 50% de l’écosystème. L’hydrogène vitrine ne nous intéresse pas, là où l’électricité fonctionne. Ensuite, pour être considéré comme mature, un projet hydrogène doit s’intégrer dans un écosystème « production/distribution/usages » lié, qui peut faire appel à une gouvernance public/privé pas toujours évidente. Enfin, il y a le problème du coût, coût du véhicule et coût de l’énergie. Sans un nombre important d’acteurs investis sur l’hydrogène, les coûts ne diminueront pas. D’où l’intérêt de l’engagement des pouvoirs publics pour aider au démarrage de la filière. »

Où en est la filière justement ?

« En région AURA, on pose les premières pierres de l’hydrogène avec le gros projet ZEV. Sur les 20 stations de recharge prévues, celle de Chambéry est active, mais petite. Il y en aura 5 autres en 2022. Il y a des volontés politiques d’aller sur ce vecteur. Mais il faut trouver des usages et avoir des voitures. Jusqu’à présent, nous n’en n’avons pas suffisamment. C’est un frein. On peut supposer qu’entre 2022 et 2026, on aura un premier maillage territorial. Petit à petit, les usages vont se développer, et le marché en produira de nouveaux, notamment les poids lourds ».

A quand l’hydrogène en montagne ?

« Je pense que les territoires de montagne feront partie de la fin du 1er maillage. A partir du moment où la chaîne production/ distribution/usage se met en place, ça pourrait aller vite. L’écosystème de montagne est actif et innovant. A l’Alpe d‘Huez, la Plagne, les Ménuires, les Deux Alpes, les discussions sont déjà engagées. La montagne doit aussi prendre en compte la saisonnalité de son activité (les dameuses ne tournent pas l’été) pour bien dimensionner les projets. Mais ces hubs de montagne assez contraints géographiquement pourraient être de bons territoires d’expérimentation. »


DR

#Intelligence artificielle

comment l’utiliser dans l’économie montagnarde Assistants vocaux, recommandations personnalisées sur les plateformes vidéo : on l’utilise au quotidien sans s’en rendre compte. Si l‘intelligence artificielle (IA) n’a pas encore gagné les territoires de montagne, ses applications seraient pourtant multiples. Le point avec Mathieu Poissard, directeur marketing de Néovision, société grenobloise spécialisée en IA. Qu’est-ce que l’intelligence artificielle ? « Ce sont des programmes informatiques qui aident à automatiser et résoudre des problèmes à haut niveau de complexité algorithmique, notamment des tâches que les humains accomplissent avec leurs fonctions cognitives. Loin d’être de la science-fiction, l’IA fait partie de notre quotidien : filtres de réalité augmentée sur les réseaux sociaux, GPS et prédiction du temps d’arrivée, etc. Concrètement on parle de traitements de données, de reconnaissance visuelle et vocale. Les smart cities l’utilisent pour l’éclairage automatique ou les véhicules autonomes, l’industrie pour la maintenance prédictive, et le secteur de la santé pour les prédiagnostics. Mais, pour utiliser l’IA, il faut des données, c’est sur ce point qu’il faut commencer à travailler en montagne. » Peut-on imaginer l’IA comme une aide à l’amélioration de l’expérience touristique en montagne ? « Oui, c’est le rôle des chatbots sur les sites web par exemple. Il faut imaginer le chatbot comme un arbre de décisions pour répondre avec interaction aux questions classiques, maintenir un contact client 24h/24 et faciliter la recherche d’information. Si on va plus loin, on peut utiliser la reconnaissance vocale pour les traductions automatiques à destination des clients étrangers, d’autant qu’on capte désormais le ton et l’émotion dans un discours. Côté reconnaissance visuelle, on fait déjà du comptage sur les sites fréquentés et on est capable de détecter des chutes de personnes. On peut même prendre une photo au lieu de poser une question. En mixant chatbot, reconnaissance visuelle et vocale, on aboutit à des guides virtuels, des sortes d’assistants personnels pour toute la durée du séjour. »

L’IA a donc tout son rôle à jouer dans la connaissance et la satisfaction client ? Complètement. Aujourd’hui les clients laissent énormément d’informations sur Internet. Avec l’extraction et l’analyse sémantique de ces contenus, on a tout ce qu’il faut pour les connaître. Dès lors, on peut personnaliser les offres de séjour et pousser des campagnes commerciales ciblées. De même en regroupant des données relatives à la météo, les dates et la durée des séjour, les préférences client, on aboutit à de la tarification dynamique très pertinente. En termes de gestion, d’une station, d’un domaine, quels seraient les usages de l’IA ? L’analyse de l’historique des flux de personnes va nous permettre de prédire les prochains flux, dans des conditions similaires. De là, on peut anticiper les temps d’attente, adapter le nombre de navettes à faire tourner, le personnel ou encore optimiser la consommation d’énergie de la station. Même chose sur le domaine skiable. Avec un bon historique sur la production de neige, on pourrait identifier les paramètres optimaux pour savoir comment et combien produire cette année. Ensuite, il y a des applications évidentes sur la maintenance prédictive des remontées mécaniques ou même la sécurité sur les pistes en détectant les chutes et en prédisant les comportements dangereux.

Bluecime, intelligence artificielle et sécurité des télésièges

Le Système Intelligent de Vision Artificielle par Ordinateur (SIVAO) de Bluecime, détection des défauts de fermeture du garde-corps à l’embarquement des télésièges, évolue. Le traitement des images par l’intelligence artificielle permet non seulement de savoir si le gardecorps est fermé, mais aussi de compter le nombre de personnes sur un siège, puis prochainement de déterminer s’il s’agit d’un enfant ou d’un adulte, et enfin d’analyser son comportement. Un croisement de données pour toujours plus de sécurité, bientôt aussi capable de fournir des informations essentielles sur le cycle d’exploitation des remontées mécaniques (optimisation énergétique et maintenance prédictive).

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#Mobilité douce/Autonomie le point sur l’existant et la recherche

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vec 57% des émissions de gaz à effet de serre (Les Echos 06/02/2020), le transport est le cheval de bataille des stations de ski. Lors des Etats Généraux de la transition du tourisme de montagne en septembre dernier, le secrétaire d’Etat chargé de la Ruralité Joël Giraud annonçait un financement de 10 millions d’euros sur 2 ans pour l’ingénierie des projets innovants de transports en altitude.

Au-delà du déplacement de personnes, l’ascenseur valléen a un rôle à jouer dans le transport de marchandises. Le Funiflaine, opérationnel dès l’hiver 2025, compte bien répondre aux enjeux de la logistique propre en montagne. Le projet intègre des quais d’embarquement réservés au fret, aménagés dans les gares de départ et d’arrivée, à usage des métiers de service comme la blanchisserie. L’objectif : réduire le trafic routier de 500 camions par an.

L’ASCENSEUR VALLÉEN, UN PROJET BIEN CÂBLÉ Il fait l’actualité et les projets se multiplient. L’enjeu ? La décarbonation des territoires, une meilleure gestion des flux touristiques et la désaturation du trafic routier sur les 100 derniers kilomètres. Dans son Plan Montagne II, le président de la région AURA surenchérit même sur le Plan gouvernemental Avenir Montagne en octroyant 20 millions d’euros au soutien de projets d’ascenseurs valléens. « Pour moi, c’est la conception de la montagne de demain. On veut éviter ces cortèges d’embouteillages, de pollution des voitures » explique Laurent Wauquiez. Pour l’heure, le funiculaire électrique des Arcs 1600 rallie Bourg-

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NEOZ SOLUTIONS

NAVETTES AUTONOMES, ROBOTS ET VÉLOS CARGO En station, la mobilité horizontale prend le relais de la mobilité verticale, notamment via les navettes électriques autonomes. A l’initiative du projet, déjà testé à Val Thorens,

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Saint-Maurice en 7 minutes. En Oisans, l’Eau d’Olle Express connecte désormais le village d’Allemond à la station d’Oz-en-Oisans en 8 minutes contre 20 par la route. Et d’autres projets sont en cours, de Magland à Flaine, de Bozel à Courchevel, de Aime à La Plagne. On mise aussi sur l’arrivée d’une télécabine entre Grenoble et Chamrousse, une liaison fixe nécessaire visant à termes la succession de la Bastille.


il y a la PME drômoise Bertolami menée par Benjamin Beaudet. Aujourd’hui électrique et autonome, « Beti » fonctionnera demain à l’hydrogène via une pile à combustible. « Nous avons mis à profit les confinements de l’année 2020 pour adapter l’agilité et l’autonomie de nos navettes. La motorisation à hydrogène nous permettra de tourner 20h au lieu de 10 en électrique ». Et l’entreprise va plus loin en conceptualisant un réseau de mobilité autonome par robots livreurs « L’idée serait de créer des hôtels de marchandises à l’entrée des stations puis d’assurer les livraisons intramuros avec des robots électriques capables de transporter 400kg de charge. » explique Benjamin Beaudet.

Plus comporte une locomotive et des wagons, pour une capacité de 75 personnes. Alimenté par une batterie lithium placée dans la cabine conducteur et des panneaux solaires sur le toit, il affiche une autonomie de 150 à 180km. La solution intéresse les stations, comme le confirme Jordan Ré, directeur technique de Tignes : « Le train électrique fait partie d’un panel de solutions pour décarboner notre mobilité. Nous mènerons un test en 2023 aux Brévières. L’idée est de favoriser la piétonisation du centre village en remplaçant les voitures par le train électrique et en extériorisant le stationnement. L’expérimentation pourra, à termes, être généralisée à d’autres quartiers. »

L’assistance robotique au service de la transition des territoires de montagne est justement l’un des chevaux de bataille de Jérôme Fauchet, CEO de TAUR. « La robotique va faire naitre de nouvelles perspectives en montagne. Il y a des usages à s’approprier pour les exploitants, les socioprofessionnels et même les secours. » Dans le principe, les robots autonomes TAUR assureraient la livraison de charges lourdes, jusqu’à 500kg, depuis un hub de marchandises en dehors de la station : courrier, essence et énergie, denrées alimentaires, linge pour les hôtels. « On imagine même des livraisons en robot à chenilles pour les terrains difficiles ou enneigés ». De fabrication française, autonome même en zone blanche, bientôt à hydrogène grâce au partenariat avec Pragma Industries, le robot TAUR aurait une autonomie de 5 à 6 heures. « C’est une solution pensée pour répondre au défi du dernier kilomètre dans les stations piétonnes. Nous prévoyons une première démonstration de la solution en 2023 » conclut Jérôme Fauchet.

De son côté, Railcoop, première entreprise ferroviaire sous statut coopératif de France, travaille au déploiement de lignes Province/Province dont certaines liaisons dans les Alpes. Retardée de 6 mois, la première ligne voyageurs Bordeaux/ Lyon devrait néanmoins être mise en service dès 2023. L’année suivante, l’entreprise entend bien développer un axe Thionville/Grenoble desservant, entre autres, les gares d’Aixles-Bains, Chambéry et Montmélian. La société a également notifié auprès de l’Autorité de régulation des transports son intérêt pour une exploitation, au plus tard à horizon 2026, d’une ligne Annecy/Marseille passant par Grenoble et les Alpes du Sud. « Le train est un maillon essentiel de la transition écologique. Nous avons de plus en plus de sociétaires dans la région de Chambéry, cela nous permet d’ores et déjà d’identifier un besoin de remaillage dans les Alpes, et peut-être même d’initier un cercle de réflexion local. » explique Ludovic Grandjacques, chargé du processus capacitaire de Railcoop, et de compléter « la desserte des vallées alpines par les trains de nuit est également un sujet d’intérêt pour Railcoop. »

Dans le pack des solutions innovantes de mobilité douce, on note aussi le déploiement des vélos cargo. Ses usages en montagne sur la mobilité intra-station ou inter-sites sont doubles : logistique pour le transport de marchandises et touristique pour le déplacement de personnes. Pour Julien Curtet de Neoz Solutions, il s’agit avant tout de lever les freins culturels et politiques à l’usage du vélo cargo en montagne. « Nos vélos cargo à assistance électrique peuvent porter des charges de 25 à 300kg, sur des pentes de 15 à 20%. Une motorisation à hydrogène est en cours de développement pour donner plus de couple. Ils sont complémentaires à d’autres solutions de mobilité douce. » LE TRAIN À L’ASSAUT DE LA MONTAGNE Homologué route, capable de grimper des pentes de 15%, le train électrique solaire sur roues de la société Mobilité

MOONBIKE, le scooter des neiges 100% électrique monte en puissance

Lancée en 2018, il aura fallu 2 ans de R&D à la société Moonbikes pour mettre sur le marché ses scooters des neiges électriques. Côté fiche technique : un ski à l’avant, une chenille à l’arrière, un mini poids de 87kgs, un système de propulsion permettant d’atteindre les 42km/h, et 1h30 d’autonomie. « Il a la maniabilité du vélo et la puissance d’une petite moto », résume Nicolas Muron, président fondateur. L’objectif est clair : révolutionner la mobilité en montagne. L’engin tourne déjà sur une douzaine de stations et ne compte pas s’arrêter là puisque l’entreprise vient de lever 4.5 millions d’euros pour atteindre les 5000 unités d’ici à 2025 et croître à l’international.

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INNOVATIONS MONTAGNE

#Outils digitaux focus sur notre sélection DAT’MOUNTAIN, MONITORING ÉNERGIE ET PROCESS DES DOMAINES SKIABLES DAT’MOUNTAIN de la société Dative est un logiciel d’intelligence artificielle et de monitoring, dédié aux exploitants de domaines skiables. Il permet de collecter des données énergie et process en temps réel afin d’optimiser le pilotage des domaines. Concrètement, il croise les données de consommation et de production d’énergie pour piloter intelligemment les ressources. Il s’appuie sur les données météo et flux de personnes pour prédire l’affluence, optimiser l’exploitation, diminuer l’attente et la densité de skieurs sur les pistes. UPILOT DE POMA, SIMULATEUR 3D DE FORMATION À L’EXPLOITATION ET LA MAINTENANCE DE TÉLÉCABINE UPilot® est une plateforme numérique de formation au transport par câble. Elle met à disposition des apprenants des modules interactifs de e-learning et des outils d’évaluation. L’outil permet de digitaliser ses parcours de formation en mixant ses propres contenus à ceux proposés par UPilot® afin de personnaliser les expériences de formation. Accessibles en ligne, la formation s’appuie sur des supports vidéo, web, PDF et quiz, mais aussi un simulateur 3D de télécabine. « MA STATION DANS MA POCHE », L’APPLICATION MOBILE D’ORANGE L’application « Ma station dans ma poche » digitalise les services de la station : présentation des activités, plans des pistes, achats de forfaits, webcams, infos pratiques, accès et transport… D’autres prestations peuvent s’ajouter comme les pass touristiques ou le click & collect. Adaptée aux spécificités des territoires de montagne, Ma Station dans ma Poche accroit la visibilité et améliore la relation client. Une solution qui a déjà convaincu la station de Montgenèvre.

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API-K PRO, SÉCURITÉ ET GÉO-POSITIONNEMENT Sécurité des professionnels de la montagne, recherche de personnes en détresse, géo-positionnement engins & véhicules, sécurisation des zones sensibles, traçabilité des groupes, connexion des équipements : voilà les fonctionnalités de la balise API K Pro. Sa nouvelle interface de visualisation devient même plus ergonomique et plus intuitive pour les exploitants. MOBILE FLOW BY SKIDATA, FORFAIT SUR SMARTPHONE Le forfait 100% digital sur smartphone Androïd et Apple. Avec l’application « Mobile Flow » de SKIDATA (téléchargeable sur Google play et Apple store), l’autorisation d’accès est automatiquement reconnue au tourniquet des remontées mécaniques. Pas besoin de réseau Wi-Fi ou internet, le système peut même fonctionner en mode avion, grâce à la technologie Bluetooth. Pour Guy Tessereau, directeur général de SKIDATA France : « Notre objectif est toujours de rendre le parcours client plus facile. Avec le forfait sur le téléphone portable, il est encore plus simple de profiter du ski. » EPICMIX APP, PRÉDICTION DES TEMPS D’ATTENTE AUX REMONTÉES MÉCANIQUES L’américain Vail Resort propose depuis décembre dernier une nouvelle version d’EpicMix Time, dans son application EpicMix. Elle fournit une prévision des temps d’attente aux remontées mécaniques sur une journée complète, avec actualisation toutes les 15 minutes. La technologie s’appuie sur une compilation de données : historique des temps d’attente, flux de skieurs en temps réel, temps d’attente aux autres remontées du domaine, météo, jour et période de la saison. Dans son dernier rapport sur le climat, le GIEC projetait une hausse des températures de +1.5°C à +4.4°C d’ici à 2100, selon les scénarios d’émissions de GES. Pour objectiver l’enneigement futur et aider les domaines à la prise de décision, Météo France et la Compagnie des Alpes (CDA) ont développé des outils de modélisation.


WAYHOMESTUDIO 2022

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INNOVATIONS MONTAGNE

#Les outils de modélisation climatologique et d’aide à la décision

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nnover pour s’adapter. L’écosystème de montagne montre encore une fois son agilité en développant des outils de projection de l’évolution de l’enneigement, avec des perspectives allant jusqu’à la fin du siècle, pallier par pallier. L’objectif : donner des clés de lecture, factuelles et scientifiques, pour aider les domaines à prendre les bonnes décisions en termes d’investissements et de stratégie touristique. Il s’appelle CLIMSNOW pour Météo France et IMPACT pour la CDA, deux outils mais des visées communes pour accompagner les domaines vers la transition climatique.

Pour comprendre la complexité, et la puissance des calculs, il faut savoir que la chaîne de modélisation tient compte de l’évolution de la neige naturelle bien sûr, mais aussi des effets du damage et de la production de neige de culture (selon la période, le type d’enneigeur, la température ou encore la vitesse du vent), de la pente et de l’orientation des pistes. « Les massifs sont traités individuellement, et au sein de chaque massif, on prend en compte explicitement la pente, l’orientation et l’altitude, avec huit orientations différentes, plusieurs pentes différentes et également des altitudes par bandes de 300 mètres. » explique Carlo Carmagnola.

TOUT SAVOIR DE CLIMSNOW CLIMSNOW est né des compétences partagées de Dianeige, l’INRAE et Météo-France, un consortium alliant les performances de la recherche scientifique appliquée et les expertises de l’ingénierie touristique en stations de montagne. Abouti en 2020, il s’appuie sur des chaînes de modélisation travaillées depuis 2014 par Météo France. Depuis la création de l’outil, 97 stations en ont bénéficié, des Alpes aux Pyrénées. A la question, comment ça marche, Carlo Maria Carmagnola, chercheur Météo France, CNRS, Centre d’Études de la Neige, explique : « CLIMSNOW se sert des observations nivo-météorologiques et du réseau de mesures de Météo-France pour faire un état de l’art puis développer des projections climatiques selon 3 scénarios d’émissions de gaz à effet de serre (réduction après 2050, stabilisation ou forte progression). Les données tournent sur un supercalculateur puis nous permettent d’estimer, à différentes échéances et jusqu’en 2100, les évolutions de l’enneigement. »

Destinataires de l’étude, formalisée dans un rapport papier très fourni, les domaines ont alors toutes les clés pour objectiver la viabilité, secteur par secteur, projeter des choix d’investissements structurants en équipements neige de culture ou amorcer une transition de l’offre touristique. « L’un des points les plus intéressants c’est que globalement les 3 scénarios sont en phase à projection 2050. Ce qui va se passer dans 30 ans est déjà piloté par les choix du passé. Les décisions d’aujourd’hui auront un impact dans 3 décennies, d’où l’intérêt de choisir avisement. » conclut Carlo Carmagnola.

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IMPACT EN QUESTION IMPACT, son nom dit tout de son objectif : quel est l’impact du changement climatique sur l’évolution de l’enneigement en station ? Développé en 2020, IMPACT répond d’abord à un besoin d’objectivation. « Il y a beaucoup de discours sur l’avenir du ski face au changement climatique mais rien de factuel. IMPACT est né d’un besoin d’objectiver


eige naturelle

mbre de jours avec une épaisseur de ge naturelle damée supérieure à 30 cm ant compte de la fonte) < 20 jours

Le rendu impact

10 à 20 jours > 10 jours

Neige naturelle Nombre de jours avec une épaisseur de neige naturelle damée supérieure à 30 cm (tenant compte de la fonte)

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> 10 jours

Neige de culture scientifiquement les choses pour aider les gestionnaires de d’heures froid cumulées < -4°C Loïc Bonhoure, domaineNombre à prendre desdedécisions. » précise directeur général adjoint de la Compagnie des Alpes. < 100h

200h Déjà dupliqué sur100 lesà 10 domaines skiables gérés par la CDA, IMPACT s’appuie sur les données météorologiques de Météo > 200h France (limite pluie/neige, précipitation et température), puis implémente ses propres data, seuils et critères sur la production et l’exploitation de la neige de culture, l’exposition des versants et l’altitude. La modélisation prend en compte 2 scénarios réalistes de progression des émissions de GES, selon une hausse des températures de +2 et +4°C. L’analyse se personnalise enfin massif par massif, par maillage zone de 75m x 75m, et peut s’appuyer sur l’historique de l’enneigement des domaines pour valider la fiabilité de ses projections. « C’est de la modélisation confrontée à la connaissance de l’historique et de l’exploitant » complète Loïc Bonhoure. Résultat : une visualisation 3D du domaine, mois par mois, où le code couleurs vert/orange/rouge projette la viabilité de l’enneigement sur 4 périodes de 20 ans jusqu’à la fin du siècle, en spécifiant les pires années et les années médianes. « C’est un outil très visuel qui donne des clés pour l’aménagement futur du domaine : quel besoin en eau, quels investissements en neige de culture et en infrastructures téléportées si le retour ski aux pieds n’est plus possible ».

Gestionnaire de domaine skiable, la CDA a compulsé toutes ses connaissances pour produire un outil au plus proche des besoins terrain des exploitants et des aménageurs. Déjà pertinent pour modéliser l’enneigement futur et le dimensionnement en équipement de neige de culture, IMPACT a récemment intégré un nouveau module de calcul d’impact économique sur le chiffre d’affaires du domaine skiable. Deux outils pour une prise de conscience essentielle : « ce qui me semble important c’est que tout le monde s’empare du sujet climatique et qu’on objective le changement », conclut Loïc Bonhoure.

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BOUYGUES TELECOM

INNOVATIONS MONTAGNE

#Qualité des réseaux / 5G / Fibre le chaînon qui ne doit pas manquer !

A

vec la mise en place du « New Deal Mobile » en janvier 2018, le déploiement de la fibre et l’arrivée de la 5G : la connectivité des territoires s’accélère, notamment au profit des zones peu denses. En montagne, c’est un chaînon indispensable à la transition. Etat des lieux. UNE COUVERTURE MOBILE 4G EN CONSTANTE PROGRESSION EN MONTAGNE Le New Deal Mobile établit un accord historique entre le gouvernement, l’Autorité de Régulation des Communications Electroniques, des Postes et de la distribution de la Presse (ARCEP) et les opérateurs de téléphonie, en rupture avec les précédents programmes d’aménagement numérique. Imaginé pour assurer une couverture mobile de qualité dans les zones non ou mal couvertes, il oblige les opérateurs à l’installation de 5000 nouveaux sites 4G, à un rythme de 600 à 800 par an. À fin octobre 2020, plus de 2 000 zones à couvrir étaient identifiées sur l’ensemble du territoire par les collectivités et arrêtées par le Gouvernement, dont plus de 600 sur des communes de montagne*

« En 2021, le New Deal Mobile a produit 10 fois plus de sites en 5 fois moins de temps que les précédents programmes. » DIDIER CHAMINADE, DÉLÉGUÉ RÉGIONAL ORANGE POUR LA RÉGION ALPES

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4 ans après sa mise en œuvre, le New Deal Mobile fait état d’avancées substantielles, portant le taux de couverture 4G nationale de 45 % début 2018 à 76 % mi-2020. En montagne au 30 septembre 2020, la part de la population couverte variait de 92% à 97% selon les opérateurs, quand la part du territoire couvert oscillait entre 68 et 79%*. Un an après, à fin novembre 2021, Orange annonçait couvrir de 97 à 99.7% de la population en 4G dans les Alpes. Même proportion pour Bouygues Telecom avec 99% de couverture de population dans les 70 stations de ski de la région Centres, Alpes. En 2021, SFR et l’Association Nationale des Elus de la Montagne signaient un accord de partenariat portant sur la couverture numérique des territoires de montagne, les zones blanches, la fibre optique et la 5G. FIBRE, LA COUVERTURE FIXE GAGNE DE L’ALTITUDE L’ARCEP note également dans son rapport 2021 sur les Territoires Connectés, une nette progression du déploiement des réseaux FttH (Fiber to the home) dans les zones de montagne, de l’ordre de 40% par an. Un tiers des locaux de la zone de montagne étaient raccordables au FttH à la fin du 3ème trimestre 2020. Bouygues Telecom officiait fin novembre 2021 l’ouverture de 1600 foyers raccordables à l’Alpes d’huez, 3000 aux Deux Alpes et bientôt d’autres en Savoie et Haute-Savoie. Partout les opérateurs s’appuient sur les réseaux d’initiative publique des collectivités pour commercialiser leurs offres fibres, réduire la fracture numérique et rendre plus attractifs les territoires peu denses.


« Altice France déploie le FttH en fonds propres dans les Alpes-de-Hautes Provences, et les Hautes-Alpes, et en partenariat avec les collectivités dans les Pyrénées-Atlantiques, l’Isère, la Vallée de Chamonix Mont-Blanc et la Corse. » CYRILLE-FRANTZ HONEGGER, DÉLÉGUÉ RÉGIONAL CENTRE-EST SFR/ALTICE FRANCE

5G, DÉBIT ET INSTANTANÉITÉ C’est un véritable bon des performances que promet la 5G. « Niveau débit et instantanéité, c’est un facteur 10 par rapport à la 4G » rappelle Julien LAIR, directeur Régional Réseau Centre, Alpes et Méditerranée de Bouygues Telecom. Côté calendrier, l’ARCEP rappelle que les opérateurs devront déployer 3 000 sites en 2022, 8 000 sites en 2024, 10 500 sites en 2025 sur les fréquences de la bande 3,4 3,8 GHz, dont 25% en zones peu denses comme les territoires de montagne. Opérée à partir des sites 4G existants, la 5G, déployée prioritairement dans les zones de forte densité, gagne déjà de l’altitude avec le raccordement de l’Alpes d’Huez, 1ère station 5G, puis de Morzine, Tignes, Val d’Isère, Isola 2000, Montgenèvre, les Arcs et Chamonix à l’hiver 2021, confirme Didier Chaminade pour Orange. Via Bouygues Telecom, la 5G s’invite à La Plagne, Megève et Morzine, avec une ouverture technique opérationnelle à l’hiver 2021. Loin d’être une escalade technologique, la 5G vient au secours de son prédécesseur. Les 40% d’accroissement annuel du volume de données transmises projettent la saturation de la 4G dans les 12 à 18 prochains mois, en zones de très forte densité. « C’est une révolution silencieuse qu’il faut absorber pour assurer la continuité de service » confirme Didier Chaminade d’Orange. Si les territoires de montagne, peu denses hormis en saison, sont peu concernés, la 5G est néanmoins importante pour accompagner la transition.

la télémédecine, l’intelligence artificielle, l’IoT (internet des objets) : la connectivité en montagne est un chaînon essentiel. Le développement de nouveaux usages et les mutations sociétales invitent les territoires d’altitude à travailler sur la qualité de leurs réseaux. Et les opérateurs sont au rendez-vous. « L’inclusion numérique pour tous fait partie de notre politique RSE » rappelle Didier Chaminade pour Orange, quand Julien Lair de Bouygues Telecom complète « l’aménagement numérique du territoire est un engagement fort. »

« La 5G va permettre de nouveaux usages, et ce que l’on ne voulait pas en territoire de montagne, c’était d’être exclus de ces usages. » JEANINE DUBIÉ, PRÉSIDENTE DE L’ANEM

LA CONNECTIVITÉ, MAILLON DE LA TRANSITION Visites virtuelles, sites web et applications pour renforcer l’expérience touristique, le wifi partout pour l’information et la sécurité du domaine, les smart grids pour réduire les consommations énergétiques, ou encore le télétravail,

*rapport TC 2021 de l’ARCEP 2022

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ENQUÊTE

COMMENT LE C.E.A PARTICIPE A L’EMERGENCE D’INNOVATIONS LIÉES A LA MONTAGNE

DENIS MOREL / CEA

Textes : Cécile Ronjat

Le CEA, Commissariat à l’Energie Atomique et aux Energies Alternatives, est le 1 er centre de recherche technologique de France. Au service de l’État, de l’économie et des citoyens, il est le seul organisme de recherche public français dans le top 100 mondial des acteurs de l’innovation (Derwent 2018-19). De ses laboratoires sortent des inventions majeures, dont certaines liées à l’univers de la montagne. Enquête in situ.

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IMMERSION DERRIÈRE LES BARRIÈRES Mener l’enquête au CEA de Grenoble, c’est déjà relever le défi de l’accès. Le site est sécurisé : barrières, accès par badge et accompagnement par un personnel autorisé uniquement. La carte d’identité est réquisitionnée le temps de la visite. Sur le chemin piéton menant aux locaux, Gaëlle Mistrulli, chargée de coordination showroom & projets de communication, nous apprend que le CEA travaille sur 4 domaines de recherche (défense et sécurité du pays / énergie nucléaire et renouvelable / recherche fondamentale / recherche technologie) via un maillage de 9 centres de recherche en France, dont Grenoble, et 7 plateformes régionales. En 2020, il a été le numéro 1 des dépôts de brevets en Europe.

« Accélérateur d’innovation au service de l’industrie » A Grenoble, le CEA consacre l’essentiel de ses recherches au développement de solutions innovantes liées à l’énergie, la santé, l’information et la communication : batteries électriques, nanotechnologies, matériaux, biotechnologie, etc... Pour ce faire, il s’appuie sur sa Direction de la Recherche Technologique (DRT) et ses 3 instituts CEA-Leti, pour les micro et nanotechnologies, CEA-Liten, pour les technologies des énergies nouvelles, et CEA-List, pour les systèmes numériques intelligents. Boostée à la culture de l’innovation, la DRT n’ambitionne rien d’autre que diffuser ses technologies vers

ANDREA_AUBERT

PATRICK_AVAVIAN

« Numéro 1 des dépôts de brevets en Europe »

l’industrie, en assurant un pont entre le monde scientifique et le monde économique. La tâche est ardue mais les moyens conséquents. Chaque année, ses innovations permettent la création de 6 à 10 start-ups, dont plusieurs sont devenues des acteurs de premier plan comme Aledia (technologie d’affichage WireLED) et Isorg (électronique organique et imprimée).

« Des innovations de rupture pour façonner le monde de demain » Chemin faisant, nous arrivons au Y. Spot, une infrastructure dédiée à l’innovation ouverte et collaborative, inaugurée en janvier 2020 avec l’ambition d’y accueillir les innovations de rupture qui façonneront le monde de demain.

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ENQUÊTE

Le RESCUE DRONE, vous en aviez rêvé, ils l’ont fait

Parfois les innovations découlent d’expériences personnelles. C’est le cas du Rescue Drone.

MARIO

TECHNOLOGIE DE LOCALISATION DE SMARTPHONE POUR LE SECOURS EN MONTAGNE Parfois les innovations découlent d’expériences personnelles. C’est le cas du Rescue Drone. « J’ai beaucoup pratiqué le ski de randonnée et même l’encadrement de l’activité. Lors d’accident, la rapidité d’intervention des secours est vitale. Je me suis alors demandé comment accélérer la localisation des victimes d’avalanche en exploitant la troisième dimension, avec un drone et un réseau d’antennes. » explique Norbert Daniele. Quand on sait que les chances de survie sous avalanche dépassent rarement les 15 minutes, l’innovation est porteuse d’espoir. Concrètement, le Rescue Drone et son antenne embarquée permet aux secours de détecter la victime en localisant le signal radio de son smartphone, puis d’estimer par des algorithmes complexes l’angle d’arrivée et la distance. À mesure que le drone converge vers la victime, la localisation se précise. L’antenne peut même être déployée hors couverture mobile. « Nous avons imaginé deux scénarios : celui d’un smartphone collaboratif, c’est-à-dire avec le

Bluetooth activé, et celui d’un smartphone non collaboratif, où nous nous appuyons sur les signaux GSM. » détaille Norbert Daniele. En hiver pour les victimes d’avalanches non équipées de DVA (détecteur de victimes d’avalanche), ou en été pour les personnes en danger dans des secteurs exposés, le Rescue Drone constitue un moyen de recherche d’une grande efficacité. « Les simulations sur une zone de recherche de 200m x 100m ont montré que la localisation d’un smartphone s’effectuait en quelques minutes. On a démarré le programme fin d’année 2021 avec un droniste et des partenaires. La technologie sera disponible sur le marché en 2023. Elle ne se substitue en aucun cas à l’action terrain des secours, à la formation des pratiquants, et au triptyque pelle/sonde/DVA, mais vient en complément » précise Norbert Daniele.La technologie, soutenue par la région AURA à travers le programme EasyPOC, est présentée au salon Mountain Planet 2022.

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VITALIYMATEHA

EXPERTISE ET SURVEILLANCE DES RISQUES NATURELS GRAVITAIRES PAR DRONE La maîtrise des micros et nanotechnologies et des antennes embarquées offre au drone d’autres usages en montagne, terrain naturel accidenté. Eboulements, routes fermées pour chutes de pierres : les risques gravitaires sont ici, plus qu’ailleurs, à surveiller. C’est pour répondre à cet enjeu de sécurité que le CEA Leti a mis ses compétences au service de Géolithe, un bureau d’ingénieurs conseils en géologie, géophysique et géotechnique, et de ses partenaires. De leur collaboration est né ROCDRO, un projet de surveillance des risques naturels gravitaires par drone. « Le CEA-Leti a travaillé sur le design d’une antenne ultra wide band spécifique, associée à un module radar pour ausculter la montagne depuis un drone, en se rapprochant au plus près des parois. » Là où les hommes déploient du matériel lourd dans des endroits difficiles d’accès voire dangereux, le drone sera bientôt en mesure de passer la montagne au scanner. « L’idée est de mixer drone, antenne et technologies de sondage pour voir en profondeur les fissures, la présence d’eau, déterminer la stabilité des blocs. C’est une sorte de radiographie de la falaise. » La technologie est présentée au salon Mountain Planet 2022.

ANDREA_AUBERT

ROCDRO, passer la montagne au scanner

SÉCURISER LE DÉCLENCHEMENT PRÉVENTIF D’AVALANCHES Initialement développé pour l’industrie minière en partenariat avec Davey Bickford, le CEA-Leti dévoile également au Mountain Planet 2022 un nouveau système de mise à feu bidirectionnel. Chaque détonateur est allumé, programmé et reconfiguré via une unité de programmation à distance facile d’utilisation, fonctionnant par liaison optique. Faisant appel à l’internet des objets, le système permet, pour la toute première fois, le déclenchement sans fil et la synchronisation ultra précise de centaines de détonateurs situés à quelques kilomètres de la zone de dynamitage. Adaptable en montagne, l’innovation ouvre de nouvelles perspectives pour la sécurité des pisteurs artificiers.

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ENQUÊTE

L’INNOVATION AU SERVICE DE L’INFANTERIE DE MONTAGNE Avant d’envisager des usages civils, l’innovation sert parfois en priorité des visées militaires, même en montagne. Depuis décembre 2019, La Direction de la Recherche technologique (DRT) du CEA a signé une convention de partenariat avec la 27e brigade d’infanterie de montagne (27e BIM). L’objectif ? Participer à des projets d’innovation afin d’améliorer la performance opérationnelle des troupes, dans des milieux verticaux et froids comprenant de fortes contraintes opérationnelles. Dans le cadre de ce partenariat, le CEA peut s’appuyer sur l’Ecole militaire de haute montagne (EMHM) ainsi que le pôle d’expertise montagne et grand froid des Armées. A ce jour, deux projets sont en cours d’étude. Le premier concerne l’intégration d’une IHM (Interface Homme Machine) visuelle pour paralpinisme et skis aérotractés. Le second, plus large, s’inscrit dans un nouveau champ de coopération structurant autour de « l’autonomie nomade utile en camp déployé ».

Admiration et clap de fin sur une visite passionnante et inspirante.

Initialement développé pour l’industrie minière en partenariat avec Davey Bickford, le CEA-Leti dévoile également au Mountain Planet 2022 un nouveau système de mise à feu bidirectionnel.

FRANCK_ARDITO

LE SHOWROOM : VITRINE TECHNOLOGIQUE Notre enquête au CEA-Grenoble se termine par une visite du showroom et sa centaine de démonstrateurs et maquettes imaginés pour rendre concrets les travaux du CEA Tech en matière de santé, de transport, d’informatique, d’énergie ou encore de matériaux. Sous nos yeux : un prototypage de route solaire, un exosquelette activé par BCI (Brain Computer Interface), un laboratoire d’analyse de poche à peine plus

gros qu’un smartphone, une raquette de tennis connectée, des lunettes de réalité augmentée, de la magnétométrie, et d’autres avancées en matière de cybersécurité et d’intelligence artificielle.

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FOCUS

LE NUMÉRIQUE AU SERVICE DE LA TRANSITION ÉNERGETIQUE Sans digitalisation point de transition disent les spécialistes. La preuve par l’exemple… Aujourd’hui, révolution numérique et développement durable avancent de pair dans la mutation des territoires. Optimisation de l’efficacité énergétique et autoconsommation d’énergies renouvelables, bâtiments intelligents, modulation énergétique des infrastructures : le digital collecte les données, analyse et donne les clés d’un pilotage au plus près des besoins. On parle alors de smart grid. Exemple en stations. Textes : Cécile Ronjat - Illustrations : Anne Bosquet

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SMART GRID, KESAKO ? La smart grid est un réseau intelligent de distribution d’électricité qui adapte automatiquement la production à la demande en favorisant la circulation d’informations entre les fournisseurs d’énergie et les consommateurs. Concrètement, le réseau s’appuie sur un maillage de capteurs et de flux de data pour calculer la consommation. L’objectif ? Consommer moins et mieux en utilisant toutes les potentialités du territoire et de ses infrastructures : production photovoltaïque, éolienne, biomasse et hydroélectrique, stockage du surplus d’énergie et connexion des bâtiments au réseau. Derrière ces smart grids, l’on trouve des logiciels de management de l’énergie, des solutions numériques de gestion technique des bâtiments et des outils de prévision et de pilotage des consommations. Résultat : une baisse de la facture énergétique et une diminution significative des émissions de Co2. Au Learning grid de Grenoble, 800 capteurs collectent les data de consommation, ensuite traitées en temps réel dans un « cocktpit énergétique » d’où l’on envoie les ordres de pilotage. Panneaux solaires sur les toits des bâtiments, unité de cogénération, batteries de stockage : le microgrid prend en compte toutes les potentialités des 30 000m² du site. En 2 ans d’expérimentation, le projet technico-pédagogique du campus de l’IMT Grenoble affiche une baisse de sa consommation de 30% par rapport à l’avant-projet (2016). LES ORRES, STATION PILOTE DE LA MONTAGNE DE DEMAIN Aux Orres, station pilote du programme Flexgrid et du programme européen Smart Altitude, « la mise en place d’un système de maîtrise de l’énergie a permis de faire baisser la consommation de 20%, la facture énergétique de 25% et les émissions de gaz à effet de serre de 100 tonnes équivalent CO2 chaque année. » explique son maire Pierre Vollaire. Pour améliorer son efficacité énergétique, les Orres misent sur l’autoproduction d’énergies renouvelables locales issues du photovoltaïque, de l’hydroélectricité (production de 23GwH sur les 26 nécessaires) et d’une centrale biomasse. La station s’appuie également sur des capacités de stockage exploitant le potentiel des retenues d’eau, des groupes froids, des groupes à air comprimés, des ballons d’eau chaude. Elle pilote le tout par un système numérique de management énergétique des productions, des stockages et des usages (remontées mécaniques, canons à neige, cabanes d’altitude, bâtiments administratifs et culturels, patinoire, office de tourisme, résidences de tourisme).

DESSINE-MOI CHAMROUSSE 2030 La station de Chamrousse a également posé les premières pierres de son Smart Grid multiénergies : un mix énergétique vertueux associé à un pilotage global intelligent et évolutif. En termes de production, la station misera sur le bois via le recours massif à la biomasse (87% des besoins en chaleur.), l’hydrogène (production in situ de 40kg/jour), et le photovoltaïque pour une production de 900MWh/an. Le smart grid multi-énergies permettra ainsi de mesurer, suivre et piloter en temps réel et par anticipation tous les flux, grâce à un écosystème digital de pilotage prédictif. En bout de chaîne : une baisse des GES de plus de 72 000 tonnes de CO2 sur toute la durée du contrat prestataire (25 ans) et une réduction de la facture énergétique de l’ordre de 28 %. BATIMENTS INTELLIGENTS, DE 30 À 50% EN MOINS SUR LA FACTURE ÉNERGÉTIQUE A la question de la définition d’un « smart building », Emmanuel François, président de la « Smart Building Alliance » répond : « C’est avant tout un bâtiment connecté vers l’extérieur, qui a un lien vers un réseau internet et qui est doté d’une infrastructure numérique grâce à laquelle on peut déployer des services multiples. Le bâtiment communique des données et interagit en temps réel de façon à optimiser son utilisation au niveau énergétique mais aussi en termes d’utilisation d’espace par exemple. » Contrôle automatique du chauffage et des éclairages, contrôle de la climatisation : le pilotage optimisé d’un smart building permettrait de réduire de 30% sa consommation en KWh et jusqu’à 50% avec un pilotage très fin (Le Monde, avril 2021) ISOLA 2000 Isola 2000 est un autre exemple de mise en place d’un pilote énergétique local intelligent (dans le cadre du Plan Climat 2019-2025 de la Métropole Nice côte d’Azur). Pour atteindre ses objectifs de réduction de 20% de sa facture énergétique et de sa consommation, la station entend bien mobiliser toutes ses potentialités de stockage et d’autoconsommation d’énergie renouvelable : microcentrale hydraulique, turbinage sur la station d’épuration et sur les eaux potables, photovoltaïque, récupération d’énergie du funiculaire. La production d’énergie sera contrôlée par un système de management numérique de l’énergie et les Smart Grids. L’objectif : un pilotage énergétique optimisé des remontées mécaniques, des canons à neige, des bâtiments, des résidences, des complexes de loisir ainsi que des bornes de recharge pour véhicules électriques.

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FOCUS

le chiffre

La 5G consomme 10 fois moins que la 4G et la fibre 7 fois moins qu’une ligne ADSL (données Orange).

ELLE A DIT

ERIK-ODIIN

« Nous sommes convaincus, nous élus de la montagne, que la transition écologique ne pourra pas se faire sans la transition numérique et réciproquement. »

MADONNA DI CAMPIGLIO (ITALIE) Station pilote italienne du programme Smart Altitude, au même titre que son homologue Les Orres, Madonna di Campiglio vise le 0 émission carbone à l’horizon 2026, année des jeux olympiques d’hiver. Pour améliorer son efficience énergétique en intégrant davantage d’énergie renouvelable et en optimisant sa consommation d’eau, la station a mis en place un système de gestion de l’énergie pilotant son réseau électrique, les remontées mécaniques, les dameuses, la production de neige et les bâtiments. Bruno Felicetti, directeur adjoint de Funivie Madonna di Campiglio SpA, explique : « Expérimenter l’IEMS (Integrated Management System) Smart Altitude à Madonna di Campiglio nous met à la pointe de la gestion de l’énergie sur notre domaine skiable. Nous voulons repenser le modèle traditionnel en utilisant de nouvelles solutions de gestion et d’organisation, et en adoptant des technologies de plus en plus performantes dans une optique d’intégration des énergies renouvelables et de la mobilité électrique. L’objectif est d’atteindre zéro émission de CO2 d’ici 2026. »

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Jeanine Dubié, Présidente de l’Association Nationale des Elus de la Montagne

LES JUMEAUX NUMÉRIQUES, UNE VOIE D’AVENIR EN STATION ? Un jumeau numérique est une réplique digitale d’un objet, d’un process ou d’un système, utilisable pour simuler un nouvel usage et en mesurer les impacts avant de passer à la conception. Une étude publiée conjointement par Dassault Systèmes et Accenture montre que plus de 7,5Gt d’émissions de CO2 pourraient être évitées sur la décennie à venir et plus de 1,3 tn€ de valeur économique créée, grâce aux jumeaux numériques. Simuler la conception de bâtiments basse consommation, d’un smart grid ou d’un réseau de véhicules électriques sur une station : les jumeaux numériques ont tous les atouts pour s’inscrire au cœur de la transition énergétique. Et si ces technologies disruptives étaient une voie d’avenir en montagne ?


Photo©Fred Malguy

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RÉFLEXION

DESIGN THINKING

LE DESIGN PEUT-IL AIDER LES ENTREPRISES À IMAGINER LA MONTAGNE DE DEMAIN

Lorsque l’on imagine la montagne de demain, impossible d’occulter le point de vue de l’usager. Coconstruite, innovante, partagée, elle s’appuiera sur ses besoins pour aménager les futurs espaces : flux touristiques, parkings et stationnements, rénovation du bâti, remontées mécaniques, architecture, etc… En termes de stratégie, on parle de design thinking ou d’innovation par l’usage. Textes : Cécile Ronjat - Illustrations : Anne Bosquet

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RÉFLEXION

INNOVER EN S’APPUYANT SUR L’HUMAIN Avant d’entamer une réflexion sur les apports du design thinking en montagne, une définition s’impose. Le design thinking est « une approche qui vise à générer de l’innovation en s’appuyant sur l’usager pour guider la démarche. » explique Guillaume Imbert, docteur en innovation et co-fondateur de l’agence de design et d’innovation KIDS à Cran-Gevrier. La méthode a émergé aux Etats-Unis dans les années 50/60, avant de percer dans les années 80 puis de se démocratiser auprès des entreprises et plus récemment des collectivités. « C’est une méthode de bon sens empruntée aux designers, que l’on généralise à des domaines aussi variés que le développement de produits, de services, d’outils digitaux, de business models » précise Guillaume Imbert. Concrètement on coconstruit l’innovation en intégrant l’usager dès le début de la réflexion, au lieu de le convaincre ultérieurement, à renfort de marketing et de communication, que les solutions pensées sans lui sont les bonnes. Logique, et pourtant. Innover par l’usage offre donc l’opportunité de repenser certains modèles en les confrontant très vite au terrain. Car dans l’approche design thinking, l’usager intervient dès la phase de découverte du projet, où il est consulté pour exprimer ses problématiques. Après un temps d’interprétation et d’idéation en interne, on retourne sur le terrain pour expérimenter puis tester les solutions retenues par maquettage ou prototypage. « L’idée est de croiser une grande variété de points de vue en consultant tous les types d’usagers au contact de l’innovation, qu’ils soient touristes mais aussi résidents, domaines skiables, mairies, offices du tourisme, agriculteurs… En allant très vite sur le terrain, le design thinking autorise à « se tromper » assez tôt, afin de rapidement dessiner l’innovation qui concentrera toutes les attentes. » complète Guillaume Imbert.

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LE DESIGN THINKING EN 5 POINTS CLÉS 1. 2. 3. 4.

Centré sur l’humain Pluridisciplinarité & collaboration Maquettage, prototypage et test Souplesse du processus : revenir en arrière pour mieux avancer 5. Proposer des expériences utilisateur et faire preuve d’empathie envers l’usager

UN OUTIL POUR IMAGINER LA MONTAGNE DE DEMAIN Encore peu répandue en montagne, la démarche d’innovation par l’usage intéresse et les réflexions s’engagent. Quelles sont les attentes des touristes, comment le copropriétaire de résidence secondaire peut-il optimiser la location de son bien, comment repenser la mobilité à travers le stationnement, et le bâti à travers l’efficience énergétique, comment concilier aménagement du paysage et préservation : autant de sujets sur lequel le design thinking peut poser un regard éclairé et imaginer la montagne de demain. « Le design thinking a très clairement un rôle à jouer dans la transition des territoires d’altitude. Cette transition passera forcément par de l’innovation, où il faudra coconstruire à partir des nouveaux besoins des usagers, puis tester rapidement des solutions pour répondre à l’urgence climatique. Même si certaines technologies ne sont pas encore matures, il y a déjà des briques intermédiaires peu coûteuses à mettre en place pour commencer à enclencher le changement. Dans tous les cas, il y a tout à gagner à repenser les modèles en se confrontant sans tarder à la réalité terrain puis en s’appuyant sur les compétences des acteurs déjà en place. » conclut Guillaume Imbert de l’agence KIDS.


L’EXPÉRIENCE DESIGN THINKING AU PÔLE EXCELLENCE BOIS RENOVACIME : Une démarche durable, locale et soutenable pour la rénovation des résidences de montagne Renovacime est un projet innovant collaboratif mené entre 2017 et 2021 par le Pôle d’Excellence Bois (BEP) et deux consortiums de partenaires (architectes, designers, économistes, constructeurs), accompagnés dans leur démarche d’innovation par l’usage par le FCBA (Forêt Cellulose Bois-construction Ameublement). L’objectif : Relever le défi d’une réhabilitation globale, structurée, innovante et compétitive de l’immobilier de Montagne, afin de : • • • •

Lutter contre les lits froids Réinventer les espaces communs Adapter les cellules de vie aux nouveaux usages Traiter la relation entre l’extérieur et l’intérieur en tenant compte des nouveaux usages et de la performance énergétique

La méthode design thinking : créer une dynamique collective autour du PEB et des entreprises des consortiums pour réaliser une étude d’usages, rencontrer les usagers, développer des concepts innovants puis réaliser des prototypes démonstratifs des savoir-faire de la filière dans la réhabilitation des hébergements touristiques de montagne. Résultats : Prototypage d’une visite virtuelle 3D d’une résidence rénovée : avec un casque de réalité augmentée, les élus et copropriétaires se projettent dans des espaces repensés (communs et appartement) et visualisent les solutions proposées pour adapter les logements résidentiels au nouveau tourisme 4 saisons en station.

« La démarche d’innovation par l’usage a permis de croiser dès le début des points de vue très différents. En s’appuyant sur des « personae types », nous avons pu identifier un large panel de problématiques usagers et imaginer des solutions différenciantes, comme l’intégration de buanderies partagées à chaque étage de la résidence. Au Pôle Excellence Bois, nous sommes convaincus des apports du design thinking. Nous développons d’ailleurs d’autres projets sur la base de l’innovation par l’usage. Pour les entreprises, c’est essentiel d’aller à la rencontre de l’usager. » Emeline Mauduit, chef de projets du Pôle Excellence Bois.

« Pour les entreprises, c’est essentiel d’aller à la rencontre de l’usager. » EMELINE MAUDUIT, CHEF DE PROJETS DU PÔLE EXCELLENCE BOIS.

Perspectives : Sur la base de la visite 3D, promouvoir le projet auprès des propriétaires immobiliers et sensibiliser les collectivités aux solutions innovantes et durables de réhabilitation de l’immobilier touristique en utilisant du bois local.

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RESSOURCES NATURELLES

LA NATURE, RICHESSE APPRIVOISÉE Les stations de sports d’hiver ont construit leur modèle économique à partir des richesses naturelles qu’offre la montagne. Ressource fragile qu’il convient à la fois de sauvegarder et d’utiliser à des fins vertueuses. Textes : Cécile Ronjat - Illustrations : Anne Bosquet

LA SOBRIÉTÉ D’ABORD Un domaine s’est bâti sur la sobriété. Arêches-Beaufort a été la première station française signataire de la charte nationale en faveur du développement durable dans les stations de montagne, en 2007. Cette station-village savoyarde a

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SAM INGLES

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n montagne, le dérèglement climatique n’est pas un concept. Cette réalité, les montagnards la vivent, la ressentent, la constatent. Ils sont aux premières loges. La perception du phénomène est finalement peu tangible ailleurs que dans les océans, les littoraux, et en montagne. « Comme tout autre acteur économique, les domaines skiables ont une responsabilité sur les impacts environnementaux et sociaux, sur les ressources naturelles et la biodiversité. Ils ont un rôle à jouer d’autant plus important qu’ils seront demain des territoires éducatifs et pédagogiques », considère Camille Rey-Gorrez, directrice de l’association Mountain Riders, à l’origine du label Flocon Vert. Ils ont aussi tout intérêt à soigner ce qui est finalement leur outil de travail. Faire sa part, engager des démarches vertueuses. Les domaines skiables, et plus largement les communes qui les accueillent, s’emploient depuis quelque temps déjà à diminuer leur empreinte carbone, souvent grâce à l’innovation. « Des technologies ont permis d’optimiser les coûts et d’économiser la ressource. Il y a eu une évolution très positive, mais on ne se pose pas assez la question de comment baisser la consommation, ce qui nécessite de revoir les pratiques », estime Mme Rey-Gorrez. A l’instar de l’Ademe, Mountain Riders plaide pour la sobriété énergétique avant de penser à la production d’énergie renouvelable. L’énergie la plus propre est celle qu’on ne consomme pas... Pour celle qu’on doit malgré tout consommer, mieux vaut avoir recours à des énergies d’origine 100% renouvelable, certes plus chères. Une initiative adoptée par 48 sociétés de remontées mécaniques françaises.

La forêt est un trésor, son bois une ressource locale.

véritablement tiré parti de son environnement pour se construire. Sa situation géographique, sur les contreforts du Mont-Blanc, lui garantit des chutes de neige exceptionnelles, bien conservées grâce à l’orientation Nord et l’altitude du domaine skiable. Les enneigeurs ne couvrent donc que 15 % du domaine, sur les parties basses. Cette neige de culture est d’ailleurs fabriquée uniquement à partir du barrage de Roselend, le réseau étant alimenté par pression gravitaire, ce qui nécessite moins d’énergie. La sobriété passe aussi par des choix, comme la fermeture des remontées mécaniques en période creuse, les zones non damées. « Ces actions permettent de changer d’échelle en termes d’impact », assure Camille Rey-Gorez. Pour Laurent Reynaud, délégué général de Domaines skiables de France (DSF), « l’innovation est primordiale, et comportementale aussi, autant de la part des professionnels


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F. ARNOULD

Des panneaux bipodes, conçus par Sunwind Energy, recouvrent le toit de la gare du Prorel, à Serre Chevalier.

que de nos clients. Il ne faut pas tout attendre de la technologie si on veut conserver une planète propre ». Serre Chevalier a largement utilisé la technologie et s’attaque aujourd’hui à un autre chantier qui repose sur une exploitation plus raisonnée. Une compréhension, une adhésion de la clientèle est forcément nécessaire pour faire accepter les changements envisagés. Le domaine a choisi de la sensibiliser et de la sonder en lançant un site internet dédié, Tous engagés Serre Chevalier. Des pistes en jachère pour laisser la nature se régénérer, skier en haut du domaine et redescendre en vallée en télécabine en cas de manque de neige, fermer l’accès à certains espaces pour protéger la faune et la flore, limiter le damage de certaines pistes pour moins consommer de gasoil... Voilà quelques pistes de réflexion engagées. S’adapter plutôt que lutter.

Serre Chevalier s’emploie depuis 2018 à produire 30% de sa consommation d’ici 2023 en utilisant trois sources d’énergies renouvelables. 76

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LA PRODUCTION ENSUITE La station des Hautes-Alpes s’est surtout illustrée par son initiative inédite, qui capitalise sur ses richesses naturelles. 2500 heures annuelles d’ensoleillement, un réseau dense de bassins versants et des cols d’altitude bien exposés au vent... En plus de réduire sa consommation énergétique, Serre Chevalier s’emploie depuis 2018 à produire 30% de sa consommation d’ici 2023 en utilisant trois sources d’énergies renouvelables : l’éolien, le photovoltaïque et l’hydroélectrique. Sur l’éolien, une technologie s’étant révélée peu concluante, le domaine s’est tourné vers deux éoliennes traditionnelles résistant aux vents très forts, qui produisent 40.000 kWh par an. « La production est bonne mais l’installation coûte cher et l’impact visuel est là », reconnaît Patrick Arnaud, directeur général de Serre Chevalier Vallée domaine skiable (SCV), qui, même s’il ne regrette en aucun cas ce choix, en restera donc là. Le photovoltaïque, lui, a plus que tenu ses promesses, au point que l’exploitant a équipé des surfaces qui n’étaient pas programmées à l’origine. L’air sec, l’altitude, l’exposition, les températures basses et l’effet albédo (réverbération) de la neige sont particulièrement propices à cette technologie qui représentera 10% de la production totale d’énergies renouvelables. SCV a rétrofité des gares, utilisé les toits de ses bâtiments de panneaux soit traditionnels, soit innovants, comme les équipements semi-rigides et bipodes signés Sunwind Energy. L’hydraulique, enfin, constituera à terme la plus grosse source de production d’énergie renouvelable du domaine (85%), à travers le turbinage des réseaux neige de culture. SCV a fait appel à la société d’ingénierie hautsavoyarde Hydrostadium, filiale d’EDF, pour l’accompagner dans ce projet qui constitue une première en France. La première installation de 180 kWh a été mise en service à Saint-Chaffey cet hiver et la seconde (950 kWh) le sera à La Salle-les-Alpes à l’hiver 2023. L’hydroélectricité n’est pas nouvelle. Ce qui l’est davantage, c’est d’utiliser son réseau neige de culture pour produire une énergie propre et renouvelable. En Italie, le domaine skiable de La Thuile est le premier au monde à l’avoir développé, dès 2016. Comment ça marche ? Le dispositif utilise la force de l’eau qui circule par gravité dans le réseau de neige de culture pour faire fonctionner les deux turbines qui produisent l’électricité, ensuite injectée sur le réseau électrique italien de CVA-Compagnie des eaux du Val d’Aoste. La société française MND, à travers sa filiale Sufag, a eu pour mission de faire évoluer le logiciel de gestion du réseau de neige de culture. Ce programme a été rentabilisé en seulement trois ans et produit en moyenne 20 % d’énergie de plus qu’il ne


ECONOMISER LA RESSOURCE EN EAU « Des innovations ont essaimé et sont plus largement utilisées. Je suis frappé par la vitesse à laquelle les engins de damage ont été équipés en GPS – la moitié du parc – permettant de mesurer la hauteur de neige et d’optimiser la production de neige de culture », indique Laurent Reynaud. Courchevel a ainsi réduit de 15 % sa production de neige de culture, de 8 % sa consommation de carburant et de 5 % les heures de damage. Dans la même veine, les logiciels Prosnow et plus récemment Tipsnow permettent aux exploitants de station une gestion fine et en temps réel de leur production de neige de culture. Certains domaines ont choisi de partager leur ressource en eau. À Morzine-Avoriaz, à Manigod et aux Karellis, l’alimentation en eau des alpages pour les agriculteurs est réalisée via le réseau de neige de culture. À La Rosière, l’eau de l’usine à neige peut être utilisée après retraitement comme eau potable de secours à destination de la commune. À Avoriaz, la retenue d’eau potable utilise pour partie l’eau de la retenue du domaine skiable. BOIS MULTI-USAGES La forêt est un trésor, son bois une ressource locale dont s’empare de plus en plus le milieu de la construction. Au Corbier, Ossabois a construit la première résidence hôtelière conçue en 100% modulaire bois, L’Etoile des Sybelles. Un bâtiment de huit étages comprenant 99 appartements ou suites. La fabrication hors-site et l’utilisation de matériaux renouvelables ont généré une économie de 30 % d’émission de CO2 par rapport à une construction classique. Les modules construits dans l’usine d’Ossabois, en région Auvergne-RhôneAlpes, ont permis une réduction de 30 à 40 % des déchets.

THIBAUT DURAND

consomme. Photovoltaïque et montagne font particulièrement bon ménage. L’entreprise suisse de production, distribution et commercialisation d’énergie, la Romande Energie, dresse le même constat que la station de Serre Chevalier. Elle vient d’inaugurer le premier parc solaire flottant en milieu alpin au monde, situé à 1810 mètres d’altitude, sur le lac des Toules, à Bourg-Saint-Pierre (Valais). L’installation de 2240 m² n’occupe que 2% de la surface du lac et produit 800.000 kWh par an, soit la consommation de 220 ménages. Ce procédé produit jusqu’à 50% d’énergie supplémentaire par rapport à un parc solaire en plaine, grâce au froid, à l’altitude et à l’effet l’albédo, décuplé par la présence de panneaux bifaciaux. Face à ce succès, la Romande Energie souhaite remplacer ce dispositif provisoire de démonstration par une structure fixe encore plus grande sur ce même lac, qui couvrirait l’équivalent de la consommation annuelle de 6100 ménages.

Serre Chevalier a installé deux éoliennes en haut de son domaine.

Rendre à la nature ce qu’elle nous donne. A Morzine-Avoriaz, chaque coupe de bois réalisée sur le domaine skiable est comptabilisée et compensée sur des zones du Chablais, en collaboration avec l’Office national des forêts. La commune de Tignes nourrit un projet conduit en partenariat avec l’ONF et avec le concours de la société MND : une nouvelle forêt multifonctionnelle d’altitude de 4,5 ha, à côté de son domaine skiable. Multifonctionelle, car elle servira à ralentir les coulées de neige, constituera une zone refuge pour le tétras lyre, permettra de stocker du carbone et d’enrichir les paysages de la station. Le sol aussi est source de richesse. Le programme Pyrégraine est le premier à avoir développé les semences cultivées à partir des graines ramassées en montagne, utilisées par les stations pyrénéennes pour revégétaliser leurs terrains, après aménagement. Une initiative similaire a vu le jour dans les Alpes, Sem’ les Alpes. A Morzine-Avoriaz, tous les travaux sur piste bénéficient d’une revégétalisation à base de graminées adaptées au milieu. Ces semences sont même sur mesure à La Clusaz, dans le périmètre de l’AOP reblochon, où l’on plante des graines spécialement destinées au pâturage des vaches. SEMER LES BONNES PRATIQUES Cette prise de conscience s’étend aussi aux domaines étrangers. Pyhä, station finlandaise carboneutre, compense les émissions de carbone de ses équipements d’entretien des pistes en finançant des projets de production d’énergie propre reposant sur l’éolien et l’hydroélectricité. Le géant américain Vail resorts a été récompensé par la NSAA, l’équivalent américain de DSF, pour son « engagement à 0 » : zéro émission de CO2 et zéro déchet en décharge d’ici 2030, zéro impact d’exploitation sur les forêts et les habitats. Le groupe réalise non seulement des efforts mais exhorte l’ensemble de son écosystème à opérer une démarche similaire. Elle sensibilise ses clients à la réduction et à la compensation de leur empreinte carbone et travaille avec ses fournisseurs et ses vendeurs à la réduction de leur impact environnemental. Cet appel collectif à l’engagement, c’est ce que recherche Mountain Riders à travers la démarche Flocon Vert. « J’agis en matière de développement durable, je veux aller plus loin et j’emmène l’ensemble des acteurs dans cette voie », résume Camille Rey-Gorrez. L’environnement est l’affaire de tous.

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TRANSITION GARE AU GREENWASHING « Verdir » sans fondement pour valoriser son image, voilà l’essence du greenwashing. La transformation écologique en montagne a tout intérêt à s’en prémunir pour s’opérer avec efficacité et ne pas prêter le flanc. Plaidoyer pour une transition dans la vérité et regards croisés. Textes : Cécile Ronjat - Illustrations : Anne Bosquet

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GREENWASHING, DE QUOI PARLE-T-ON ? En 2013 déjà, face aux dérives observées, l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie (ADEME) publiait un guide anti-greenwashing, sous-titré « petit guide d’auto-évaluation des messages de communication ». C’est dire si la tendance à l’écoblanchiment, pour donner une image faussement écologique à des entreprises, à des services ou des produits, ne date pas d’hier. En montagne, espace naturel par définition, le greenwashing est tout sauf un ami qui vous veut du bien. Le changement climatique et l’urgence à se mettre collectivement en mouvement, oblige à une transition dans la vérité. « Je ne suis pas inquiète » avoue d’ailleurs Camille Rey Gorrez, directrice de l’association Mountain Riders à l’origine du label Flocon Vert, « ce qu’il peut rester de greenwashing relève d’actes involontaires, par manque de conscientisation des enjeux. Mais il y a un tel besoin de transparence, qu’il va de toute manière disparaître ». DES ENJEUX PRESQUE « SCHIZOPHRÉNIQUES » Pour autant, si l’on a pu verser dans le greenwashing, par ignorance aussi, l’on connaît aujourd’hui les apports du ski au désenclavement des territoires de montagne, rappelle Nathalie Saint-Marcel, directrice adjointe du

Cluster Montagne. Pire encore, l’ennemi sournois du greenwashing serait d’opposer écologie et économie, acteurs vertueux et protagonistes inconscients. « Je ne suis pas pour une vision aussi manichéenne. C’est beaucoup plus nuancé. Nous sommes tous pétris de paradoxe. » Une vision partagée par Michaël Ruysschaert, directeur général de l’Agence Savoie Mont-Blanc, « c’est un sujet presque schizophrénique, car nous parlons de tourisme durable alors que nous comptons les deux plus grands domaines skiables du monde ». Preuve que le sujet est complexe par nature. ACCULTURER L’ÉCOSYSTÈME S’approprier les enjeux de la transition, tout en se prémunissant des pièges de l’écoblanchiment, demandera de l’acculturation de la part des acteurs de la montagne. « C’est sur ces thématiques que nous les accompagnons » explique Nathalie Saint-Marcel, « les études d’impacts écologiques des projets, et les méthodologies de contrôle sont une évolution récente sur laquelle il faut progresser en continu. » Les garde-fous du greenwashing : dire, faire et mesurer Transiter dans la vérité nécessite de la transparence, de paroles et d’actes. « La transparence c’est déjà de dire

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que la transition sera difficile et douloureuse, il y aura des fracas, et tout l’enjeu sera de les atténuer. » précise Camille Rey Gorrez. Communiquer clairement sur sa stratégie environnementale, développer des outils de pilotage, mesurer les résultats, s’appuyer sur l’implacabilité du discours scientifique, sont autant d’arguments à opposer à l’écoblanchiment. C’est dans cette optique que s’inscrivent les 16 éco-engagements de Domaine Skiable de France. « Nous avons pris du chiffrable et du quantifiable pour ne pas tomber dans l’accusation de greenwashing » précise Alexandre Maulin, président de Domaines skiables de France (DSF), qui vise la neutralité carbone en 2037.

« Les études d’impacts écologiques des projets, et les méthodologies de contrôle sont une évolution récente sur laquelle il faut progresser en continu. » NATHALIE SAINT-MARCEL, DIRECTRICE ADJOINTE DU CLUSTER MONTAGNE

« Co-construire c‘est donner des rôles aux uns et aux autres, avec des attributions et des périmètres de prise de décision. » rajoute Camille Rey Gorrez. Il n’y a pas à douter que l’écosystème de montagne a dans ses rangs les talents pour jouer collectif et éco-construire un avenir durable. « C’est notre vision » rappelle d’ailleurs Nathalie Saint-Marcel en évoquant le manifeste du Cluster pour une montagne vivante, innovante, bienveillante, accueillante et bas carbone. PRISE DE CONSCIENCE Enfin, prendre conscience que tout ne peut pas être 100% vert, ne serait-il pas le dernier argument à opposer au greenwashing ? « Toute activité humaine a un impact » rappelle Nathalie Saint-Marcel. A l’évocation de l’hydrogène, se pose la question de sa production renouvelable, du transport et du stockage, à celle du photovoltaïque, du cycle de vie et du recyclage des panneaux. La directrice de Mountain Riders alerte : « ce ne sont que des technologies en remplacement d’autres. Elles sont intéressantes bien sûr, mais elles doivent s’intégrer dans une stratégie pensée à l’échelle du territoire, si l’on ne veut pas simplement répéter le passé. Le vrai parent pauvre de la transition en montagne, ce sont les moyens humains. »

UN POUR TOUS ET TOUS POUR L’INTELLIGENCE COLLECTIVE S’il y a bien une affirmation qui désormais fédère dans le grand débat de la transition c’est celle de l’action partagée. Il y a tout à gagner à s’appuyer sur l’intelligence collective et sa diversité de points de vue pour reformater durablement les modèles sans prêter le flanc à l’écoblanchiment. Derrière, se cache la notion de gouvernance. « Le changement de business model demande du courage, notamment décisionnel. On touche du doigt l’enjeu de la gouvernance » explique Armelle Solelhac fondatrice de l’agence Switch Consulting. Débat dans le débat, la gouvernance est néanmoins un sujet essentiel.

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REGARDS CROISÉS JÉRÔME CAVIGLIA, DIRECTEUR D’ATÉMIA

« Alerter sur le greenwashing lorsque que l’on parle de transition est important. D’une part la population a atteint un niveau de conscience élevé sur les sujets environnementaux, et, d’autre part, il y a une urgence à agir. Ces deux facteurs obligent à une prise de parole, mais peuvent aussi ouvrir la porte à une survalorisation du discours, par peur d’être jugé coupable. Il y a donc tout intérêt à agir avant de communiquer : avancer sur des actions structurelles mesurables, être transparent et factuel, et continuer d’innover et coconstruire. La transition passera forcément par une phase chaotique où il faudra ramener de l’apaisement dans le débat et apprendre à travailler ensemble. La coopération est d’ailleurs un des garde-fous du greenwashing. Transiter, c’est aussi changer de perspectives et apprendre à faire mieux avec moins. Je crois plus en la valorisation du progrès (bien-être, santé…) que des indicateurs économiques, tout simplement parce que la croissance infinie dans un monde fini n’est plus possible. Il y a pourtant un vrai optimisme à imaginer l’écosystème de demain et fédérer autour de leviers d’action. On ne prêtera jamais le flanc au greenwashing en faisant du sujet de la transition un moyen d’agir plutôt qu’un outil marketing. »

CAMILLE REY GORREZ, DIRECTRICE DE L’ASSOCIATION MOUNTAIN RIDERS

« Si l’on assume sa responsabilité en reconnaissant ce qui fonctionne ou pas et que l’on mesure ses résultats, alors le greenwashing n’existe plus. Ça commence par-là : oser dire et sortir de sa posture de revendication pour construire ensemble. La transition est une affaire de gouvernance partagée où l’on accepte de laisser de la place à l’autre. On n’a plus le choix que d’agir collectivement dans une dynamique d’anticipation positive des « fracas », car il y en aura. Je crois qu’il faut accepter de parler de sobriété et de décroissance, et sortir de la logique d’opportunité. Au regard de l’urgence climatique, la décennie à venir sera déterminante. »

NATHALIE SAINT-MARCEL,

ARMELLE SOLELHAC,

DIRECTRICE ADJOINTE DU CLUSTER MONTAGNE

FONDATRICE DE L’AGENCE SWITCH CONSULTING

« La transition dans la vérité c’est déjà admettre ses propres contradictions et dépasser le stade des injonctions. Toute activité humaine a un impact, et on ne fera pas de business sur une planète morte. Tout l’enjeu est de s’inscrire dans un process d’amélioration continue pour dessiner la voie d’un futur plus sobre, innovant, bienveillant, bas carbone mais économiquement nourricier. Faire mieux avec moins, se parler, s’écouter, accepter les écueils, panacher les solutions car il n’y a pas d’ingrédient magique, c’est de cela dont il s’agit. On a 10 ans pour essayer de ralentir l’emballement climatique, puis 20 ans pour tenter de faire mieux. »

« J’ai plutôt bon espoir pour la transition qui s’opère, tout en sachant que ce sera difficile et progressif. Le changement de business model demande du courage. On touche du doigt l’enjeu de la gouvernance. Il y a de plus en en plus de maturité sur ces sujets du fait d’une nouvelle génération d’élus entretenant une autre relation à la politique, à la démocratie, à la RSE et au développement durable. L’économie n’est plus le seul juge de paix. La capacité à réinvestir dans le territoire, à magnifier les patrimoines et les savoirfaire sont aussi des indicateurs forts. Pour transiter durablement chaque massif devra trouver sa propre voie qu’il s’agisse d’une logique servicielle, d’un tourisme d’espace, d’hyperspécialisation, d’hybridation des pratiques et des habitats, ou encore de ré-enchantement. »

Le changement climatique et l’urgence à se mettre collectivement en mouvement, obligent à une transition dans la vérité. 2022

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CLAP DE FIN EDITION SALON 2022

INNOVATION BOOK

EN 2023, RETROUVEZ L’INNOVATION BOOK BY MOUNTAIN PLANET EN NUMÉRIQUE UN GRAND MERCI À L’ENSEMBLE DES INTERVIEWÉS QUI ONT ÉCLAIRÉ NOS ARTICLES • Laurent Reynaud, délégué général de Domaines skiables de France (DSF). • Kaline Osaki, responsable du pôle business développement du Cluster Montagne. • Patrick Grand’Eury, président du Cluster Montagne • Carlo Carmagnola, chercheur en physique de la neige au Centre d’études de la neige de Météo France et consultant pour Dianeige • Olivier Erard, directeur du syndicat mixte du Mont d’Or • Jérôme Grellet, directeur général de la Setam • Isabelle Blaise, directrice de mission à la Scet, filiale de la Banque des territoires • Sara Burdon, responsable communication de Morzine-Avoriaz • Pascale Boyer, secrétaire générale de l’Association nationale des élus de la montagne (Anem) • Emmanuelle George, chercheure en aménagement touristique de montagne à l’Inrae (Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement). • Laurent Vanat, auteur du rapport international annuel sur le tourisme de neige et de montagne. • Didier Bic, directeur général de Kässbohrer ESE • Renaud Vezier directeur des opérations Prinoth France • Anne-Sophie Banse, transport I Numérique, ADEME • Mathieu Poissard, directeur marketing Neovision • Laurent Wauquiez, président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes • Benjamin Beaudet, directeur général de Bertolami • Jérôme Fauchet, CEO de TAUR • Nicolas Muron, président fondateur MOONBIKE • Guy Tessereau, directeur général de SKIDATA France • Carlo Maria Carmagnola, chercheur Météo France, CNRS, Centre d’Études de la Neige • Loïc Bonhoure, directeur général adjoint de la Compagnie des Alpes.

• Didier Chaminade, délégué régional Orange pour la région Alpes • Jeanine Dubié, présidente de l’ANEM • Cyrille-Frantz Honegger, délégué Régional Centre-est SFR/Altice France • Jeanine Dubié, présidente de l’ANEM • Pierre Vollaire, maire aux Orres • Emmanuel François, président de la Smart Building Alliance • Bruno Felicetti, directeur adjoint de Funivie Madonna di Campiglio SpA • Jeanine Dubié, présidente de l’Association Nationale des Elus de la Montagne • Guillaume Imbert, docteur en innovation et co-fondateur de l’agence de design et d’innovation KIDS à Cran-Gevrier • Emeline Mauduit, chef de projets du Pôle Excellence Bois. • Camille Rey-Gorrez, directrice de l’association Mountain Riders, à l’origine du label Flocon Vert • Michaël Ruysschaert, directeur général de l’Agence Savoie Mont-Blanc • Nathalie Saint-Marcel, directrice adjointe du CLUSTER MONTAGNE • Jérôme Caviglia, directeur d’Atémia • Armelle Solelhac, fondatrice de l’agence Switch Consulting • David Cuccolo, directeur Bluecime • Christophe DUBAIS, directeur MOBILITE PLUS • François kalaydjian, director, Economics & Technology Intelligence Hydrogen Coordinator IFP Energies Nouvelles • Julien Curtet, responsable commercial NEOZ SOLUTIONS • Jordan RE, directeur technique Tignes • Laurent Gaillard, co-gérant Cabinet Aktis • Farah Ghanmi, coordinatrice Learning Grid Learning Grid IMT Grenoble • Gaëlle Mistrulli, coordination Showroom & projets de Communication CEA Grenoble • Florence Martin, direcrice de la Communication et relations publiques CEA Grenoble

BY

• Johann Lejosne, industrial partnership manager CEA Grenoble • Norbert Daniele, responsable des partenariats département système du CEA-Leti CEA Grenoble • Julien Lair, directeur Régional Réseau Centre, Alpes et Méditerranée Bouygues Télécom • Ludovic Grandjacques, chargé du processus capacitaire RAILCOOP • Olivia Wolanin, chargée de communication et des relations presse RAILCOOP • Jérôme Berthier , CEO & Founder Deeplink S.A • André Perrillat-Amédé, maire du Grand-Bornand • Patrick Arnaud, directeur général de Serre Chevalier Vallée domaine skiable • Jean-Luc Boch, président de l’Association nationale des maires des stations de montagne (ANMSM) et maire de La Plagne • Christophe Hepp, responsable de l’activité avant-vente chez Poma • Xavier Duport, dirigeant de Sunwind Energy • Thomas Vinard, PDG d’Alpinov X • Eric Reynaud, dirigeant d’Alpin d’Hôme • Grégory Macqueron, responsable d’activité turbinage des réseau d’eau chez Hydrostadium • Anne Turpin-Hutter, directrice de la French Tech in the Alps Chambéry • Laura Colombat, coordinatrice de la French Tech in the Alps • Benjamin Beaudet, directeur général BERTOLAMI • Julien Lair, directeur régional réseau centre, alpes et méditerranée Bouygues Télécom • Nathalie Saint Marcel, directrice adjointe Cluster Montagne

UN GRAND MERCI AUSSI AUX ANNONCEURS PUBLICITAIRES SANS LESQUELS L’INNOVATION BOOK NE POURRAIT SE FAIRE. Cluster Montagne, Région Auvergne Rhône Alpes, Sunwind, Lumiplan, Poma, Doppelmayr et Axess.

LES ACTIONNAIRES D’ALPEXPO

LES MEMBRES DU COMITÉ RESTREINT CO-PRÉSIDENTS

ANEM – DOMAINES SKIABLES DE FRANCE – ALPEXPO

MEMBRES

AFMONT – ANMSM – CCI DE GRENOBLE – CCI DE SAVOIE – CLUSTER MONTAGNE – CONSEIL REGIONAL AUVERGNE-RHONE-ALPES – DOPPELMAYR KASSBOHRER – LEITNER – MND – MONTAGNE LEADERS – POMA – TECHNOALPIN

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GRENOBLE ALPS - FRANCE

SAVE THE DATE

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ma montagne, AUTREMENT plus durable.

Pionnier du transport par câble, POMA engage une démarche innovante avec une gamme de produits à haute valeur environnementale. Dès aujourd’hui, imaginons ensemble une mobilité toujours plus durable, pour84connecter territoires en harmonie avec notre M O Ules N TAhommes I N P L A N E T et les 2022 environnement.


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