9782728920129 chrétiens des catacombes t1

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Blandula rentre enfin dans la maison. Le silence qui règne dans la vaste demeure est effrayant. La jeune fille erre dans la villa déserte. Machinalement elle ramasse les objets jetés à terre par les gardes. Des vases brisés, des coussins éventrés… Dans la chambre de son maître, elle remet de l’ordre, espérant secrètement que cela le fera revenir. Au pied du lit, elle trouve un livre auquel Cornelius tenait plus que tout, un livre dont les pages manuscrites sont enroulées autour de deux baguettes de bois. Il a glissé par terre et les soldats ne l’ont pas vu. Sans cela, ils l’auraient détruit. – Ce sont les évangiles, Blandula, lui a-t-il dit un jour. Ce livre m’a sauvé. La jeune esclave soupire. Son maître se trompait : c’est ce livre qui a causé sa perte. Sophie de Mullenheim est l’auteur de nombreux romans chez Mame dont la série « Les Sœurs Espérance ». Suivez les aventures de Maximus, de son esclave Aghilès et de Titus, son fidèle compagnon, dans le premier opus de sa nouvelle série : « Chrétiens des catacombes ».

UNE AVENTURE PALPITANTE AU TEMPS DES PREMIERS CHRÉTIENS

13,90 € France TTC

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Illustration de couverture : William Bonhotal Direction : Guillaume Arnaud Direction éditoriale : Sarah Malherbe, Sophie Cluzel Édition : Charlotte Walckenaer Direction artistique : Élisabeth Hebert Fabrication : Thierry Dubus, Audrey Bord et Marie Dubourg Mise en page : Facompo © Mame, Paris, 2015 15/27 rue Moussorgski, 75895 Paris Cedex 18. www.mameeditions.com ISBN : 978-2-7289-2012-9 MDS : 531 424 N° d’édition : 15023 Tous droits réservés pour tous pays. « Loi n° 49-956 du 16 juillet 1949 sur les publications destinées à la jeunesse. »

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À Thibault, fidèle relecteur, premier conseiller et merveilleux mari.

« Martyr (du grec martus, marturos, “témoin”). Littéralement le martyr est celui qui témoigne de sa foi. Le titre est cependant réservé par l’Église à ceux dont le témoignage a été jusqu’à la mort. Mais, de manière plus courante, on parle de martyrs chaque fois que la fidélité à la foi a été la cause de souffrance. » Le Nouveau Théo, l’encyclopédie catholique pour tous, Mame, 2009.

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PROLOGUE De violents coups sur la porte font trembler les murs de la grande villa. – Ouvrez ! Blandula sursaute et lâche la main de son maître qu’elle est en train de masser avec des huiles parfumées. Le vieux Cornelius souffre d’arthrose. Ses doigts sont gonflés et déformés avec l’âge. – Ouvrez ! Blandula regarde son maître, inquiète. Il lui sourit. – Pars vite, mon enfant. C’est à moi qu’ils en veulent. Mais la jeune fille ne bouge pas. Derrière la porte de la chambre, elle entend les autres serviteurs qui rassemblent leurs dernières affaires. Des objets chutent dans la panique. Elle perçoit des cris étouffés. – Va, Blandula ! Tu es libre maintenant. Maître Cornelius l’a affranchie quelques jours auparavant, elle et tous les autres esclaves de la maison. Il leur a offert leur liberté, comme s’il savait qu’il allait bientôt être privé de la sienne. Beaucoup sont partis déjà. Les derniers sont en train de fuir. Maître Cornelius se lève lentement et se dirige vers la porte d’entrée. Il se tient bien droit. Fier. Il n’a pas peur. Il attend ce jour depuis longtemps. – Ouvrez ou je… 5

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Le soldat n’a pas le temps de terminer sa phrase. Le propriétaire des lieux vient de lui ouvrir et le regarde sereinement. – Que puis-je pour toi ? Le soldat ne daigne pas répondre. Il fait un pas en avant, attrape le pauvre Cornelius par l’épaule et le pousse devant lui, sans ménagement. Blandula, qui a suivi son maître, retient un cri. – Saleté de chrétien ! Tu sais bien pourquoi je suis ici ! L’officier fait signe à ses hommes d’entrer à leur tour. En quelques secondes, ils envahissent la maison. – Fouillez tout ! Les hommes s’éparpillent dans les pièces. Partout ils renversent et retournent tout ce qu’ils trouvent. Blandula tressaille à chaque coup, à chaque objet qui tombe et se brise. – Inutile de tout saccager, dit calmement Cornelius après quelques minutes. C’est moi que vous cherchez. Le chef des soldats déplie son bras et gifle le vieil homme. – Je ne t’ai pas autorisé à parler. Cornelius chancelle sous le coup mais tient bon. Il lève les yeux et croise le regard terrorisé de Blandula. Alors, il lui sourit. Puis il ferme les yeux et la jeune fille voit ses lèvres remuer doucement. Elle l’a vu faire si souvent qu’elle comprend aussitôt. Son vieux maître prie. Sa maison est saccagée, sa vie est en danger, et il prie ! – Qu’est-ce que tu fais ? tonne l’officier. Cornelius ouvre les yeux et le fixe sans rien dire. – Qu’est-ce que tu fais ? Toujours pas de réponse. Alors la fureur du soldat se déchaîne. Il attrape le vieil homme et le force à s’agenouiller devant lui. Cornelius résiste. En vain. – Abjure ta foi ! hurle-t-il. Le maître de Blandula ne dit rien. – Abjure ! 6

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Un violent coup de pied dans l’abdomen met le vieil homme à terre mais il ne desserre pas les dents. – Si tu obéis, tu auras la vie sauve, lui susurre l’officier avec une voix mielleuse. Seul le silence lui répond. L’homme frappe toujours Cornelius. Un autre soldat qui revient vers eux lui crache dessus et l’insulte. Alors Cornelius relève difficilement la tête. Blandula frémit en apercevant du sang qui coule le long de sa tempe. Il regarde un à un les soldats, crispe sa mâchoire puis… – Je crois… Un sourire mauvais se dessine sur les lèvres des deux soldats. – Je crois en Jésus Christ qui est ressuscité ! Une pluie de coups furieux répond à son affront. Les deux hommes s’acharnent sur la maigre silhouette. Blandula ferme les yeux, c’est plus qu’elle ne peut supporter. De longues minutes plus tard, elle n’entend plus rien. Elle rouvre les yeux. Les hommes emmènent son maître. – Maître Cornelius ! Le vieil homme se tourne vers elle et lui sourit malgré tout. – N’aie pas peur, Blandula, il ne t’arrivera rien. Tu es libre maintenant, mon enfant. Pars ! Mais la jeune fille ne bouge pas. Lorsque le triste cortège s’ébranle, elle s’avance sur le pas de la porte puis reste là, immobile. Elle regarde son maître qui suit les soldats en claudiquant. Sa toge blanche tachée de sang bat lamentablement sur ses mollets si maigres. On ne lui a pas permis de mettre de sandales ; il va pieds nus. Il fait peine à voir. Les hommes de l’empereur se moquent de son grand âge. Ils l’ont sauvagement battu avant de l’enchaîner. La jeune fille a le cœur serré en voyant disparaître sa silhouette voûtée au coin de la rue. – Maître Cornelius, murmure-t-elle, les larmes aux yeux. 7

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Dans les maisons toutes proches, on se terre. Blandula devine quelques silhouettes dissimulées dans l’ombre des fenêtres. Personne n’est sorti dans la rue. Pas un esclave n’a franchi la porte des riches villas. Pas un bruit. C’est comme si le quartier tout entier était désert. On attend que l’orage passe. Que tout soit terminé. Aucun voisin n’a osé prendre la défense du vieux magistrat. Il est pourtant de leurs amis. Maître Cornelius a toujours été aimable et courtois avec tous, charitable avec les plus démunis, à l’écoute… Mais, en ce début d’année 303, il ne fait pas bon défendre un chrétien. Le connaître passe encore, mais lui venir en aide… C’est beaucoup trop dangereux. L’empereur Dioclétien a ordonné de fermer les églises et de confisquer tous les livres qui parlent de Jésus Christ. Il arrête ceux qui osent renier ouvertement les dieux romains, écarte du pouvoir ceux qui proclament leur foi dans le Christ ressuscité, persécute ceux qui ne lui font pas allégeance. Blandula se détourne enfin et rentre. Le silence qui règne dans la vaste demeure est effrayant. La jeune fille erre dans la villa déserte. Machinalement elle ramasse les objets jetés à terre par les gardes. Des vases brisés, des coussins éventrés, des statues décapitées. Dans la chambre de son maître, elle remet de l’ordre, espérant secrètement que cela le fera revenir. Au pied du lit, elle remarque un objet auquel Cornelius tenait plus que tout. C’est un livre dont les pages manuscrites sont enroulées autour de deux baguettes de bois. Il a glissé par terre et les soldats ne l’ont pas vu. Sans cela, ils l’auraient détruit. – Ce sont les évangiles, Blandula, lui a-t-il dit un jour. Ce livre m’a sauvé. La jeune esclave soupire. Son maître se trompait : c’est ce livre qui a causé sa perte.

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I Mauvais augures Titus rejoint ses amis la mine sombre. – Un problème ? lui demande Maximus. – Les augures ne sont pas bons ! Maximus jette un œil méprisant sur l’homme que son ami vient de quitter. Sa toge est usée, ses sandales déchirées, ses mains mal soignées, sa barbe clairsemée et ses cheveux hirsutes. – C’est incroyable ! soupire-t-il. Tu t’es encore fait avoir. Tu n’es pas idiot pourtant… L’homme au loin compte ses sous, l’air satisfait. Puis il se redresse et hèle un nouveau passant qui passe juste à côté de lui. – C’est un charlatan ! Le roi de l’arnaque ! Il n’est pas plus devin que moi ! – Détrompe-toi, rétorque Titus. Il a très bien interprété mon rêve. – Et ? – Je n’aime pas ça ! Il m’a prédit que je croiserais un fantôme aujourd’hui. – Tiens donc, un fantôme. La dernière fois, il me semble que c’était l’esprit d’un pharaon qui cherchait à entrer en contact avec toi. Titus hausse les épaules et caresse pensivement le petit singe accroché à son cou. – Tu ne comprends rien ! bougonne-t-il. 9

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Titus est superstitieux, comme de nombreux Romains de sa génération. À sa naissance, ses parents ont fait agiter des clochettes tout autour de lui pour écarter les mauvais esprits. Le matin, il ne sort jamais de sa maison du pied gauche. Si quelqu’un dit des paroles de mauvais augure devant lui, il crache trois fois par terre. – En attendant, lance Maximus, j’espère que cela ne t’a pas coupé l’appétit. Je ne suis ni un fantôme ni un pur esprit et je meurs de faim. À côté de lui, Aghilès approuve d’un mouvement de tête et lui emboîte le pas. Ils se dirigent tout droit vers un marchand ambulant qui tente de protéger son minuscule étal de la foule. Si un passant peu attentif renverse la grosse marmite brûlante qu’il a posée sur un petit support de bois, sa journée est perdue. C’est sans doute l’une des heures les plus animées du jour. On dirait que la ville de Rome tout entière s’est donné rendezvous sur la grande esplanade du forum. C’est bruyant. Ça sent fort. On se bouscule et on se marche sur les pieds. Les vendeurs ambulants hèlent le chaland en vantant leurs marchandises d’une voix forte. Légumes secs, gibier fraîchement chassé, pain à l’ail, poissons, saucisses gorgées de graisse, fruits frais mais aussi accessoires de cuisine, lampes à huile, mauvaise poterie… On trouve de tout sur le forum. Même des acrobates de fortune, des animaux savants ou des devins sans scrupule qui extorquent quelques pièces aux crédules. – Mets-nous quelques saucisses et de ta bouillie, s’il te plaît, lance Maximus au marchand qu’il connaît bien. L’homme ouvre sa marmite et y plonge sa louche. Une forte odeur de pois chiche et de viande s’échappe de la casserole. – Le plus grand cuisinier du forum ! s’exclame Maximus en attrapant le bol brûlant. 10

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Il prend également un pain frotté à l’ail et paye le vendeur tandis que Titus et Aghilès se servent à leur tour. – Merci Maximus ! dit le marchand en s’inclinant. Que Jupiter et tous les dieux bénissent ta famille ! Maximus s’incline à son tour et s’écarte. – Je te rapporte les bols, lance-t-il en s’éloignant. Nous allons plus loin. On étouffe ici ! Avec un autre que Maximus, le marchand aurait refusé. Combien de ses clients ont profité de son inattention pour lui voler ses bols pourtant tout ébréchés. Mais il connaît le fils du sénateur Julius Claudius depuis des années : c’est un garçon honnête. Il peut lui faire confiance. Et quand bien même Maximus oublierait de lui rapporter son bien, l’homme sait qu’il peut aller trouver son père pour se faire dédommager. Julius Claudius est généreux : il le paye sans jamais rechigner. Le sénateur n’ignore pas combien il est difficile de vivre à Rome pour les plus démunis. Il sait se montrer prodigue avec ceux qui le sollicitent. Lorsqu’ils trouvent enfin un endroit presque au calme, à l’ombre d’une arcade du Colisée, le plus grand et le plus bel amphithéâtre de Rome, Titus, Maximus et Aghilès s’assoient, le dos contre la grande porte de bois. Dux dégringole alors de l’épaule de Titus et lui chipe son morceau de pain. – Dux ! ordonne Titus. Rends-moi ça ! Mais le petit singe regarde son maître, les yeux brillants. Il grimpe quelques mètres plus haut et s’installe au sommet de l’arcade pour grignoter son butin tranquillement. – Ce singe est une vraie bourrique ! Et dire que j’ai cru un moment que c’est moi qui commanderais… Titus est le fils d’un marchand d’animaux sauvages réputé dans toute la ville. L’année dernière, pour ses treize ans, il a 11

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reçu un petit singe qu’il a aussitôt adopté et baptisé Dux. Dux signifie « général » et Titus est fier de pouvoir donner des ordres à un chef d’armée. Mais la réalité est tout autre : Dux porte bien son nom, car c’est lui qui dirige ! Désobéissant, farceur, chapardeur, glouton. Titus ne s’en sépare jamais. Où qu’il aille, il se promène, son singe juché sur l’épaule. Arrêtons-nous un instant sur ces trois amis qui déjeunent à l’ombre du Colisée. Le plus grand et le plus fort, presque un géant, celui dont nous n’avons toujours pas entendu la voix, c’est Aghilès. Il arrive tout droit de Numidie, au nord de l’Afrique, ce qui explique sa peau sombre, ses cheveux crépus et ses yeux semblables à deux billes noires. Personne, pas même lui, ne sait exactement quel est son âge. Seize ? Dix-sept ? Peut-être un peu plus. La seule chose dont il est sûr, c’est qu’il est né le jour où son père tua un léopard. C’est pourquoi il fut appelé Aghilès, le léopard. Aghilès est entré au service de Maximus il y a quelques mois à peine. Il était son cadeau d’anniversaire pour ses quinze ans : son premier esclave. Depuis, il est devenu aussi son meilleur ami. Aghilès est fidèle, solide comme un roc, imperturbable et terriblement fort. Maximus, à côté de lui, ne peut être plus dissemblable physiquement. Car le garçon est loin d’avoir le physique que son prénom laisse supposer. Il était pourtant un bébé très grand, énergique et grassouillet. « Une vraie force de la nature ! » dirent les femmes qui assistèrent à sa naissance. C’est tout naturellement alors, et non sans fierté, que son père le baptisa Maximus. Son fils promettait d’être remarquable ! Hélas, Maximus perdit bien vite ses rondeurs et sa grande taille. Il ne fut physiquement remarquable que fort peu de temps. Son prénom, en revanche, 12

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lui resta. Aujourd’hui, il est plutôt petit, fin, presque maigre, les yeux d’un bleu très clair, le teint toujours pâle, les cheveux si blonds qu’on les croit blancs. Les apparences cependant sont trompeuses. Maximus n’est presque jamais malade, il court vite, mange comme quatre et ne craint pas grand-chose. Il compense son physique minimus par une énergie incroyable, une rare intelligence qui le rend un rien prétentieux, un goût immodéré pour l’aventure et le risque. Titus, enfin, est d’une taille et d’une corpulence tout à fait normales pour ses quatorze ans. Son visage rond entouré de cheveux châtains et bouclés et ses yeux marron respirent la joie de vivre. Superstitieux et trouillard, il fait pourtant preuve d’un rare aplomb et s’échauffe facilement. Il est le beau parleur de la bande, celui qui commente et propose mais craint de faire. Néanmoins, il faut lui reconnaître un véritable talent de débrouillardise : il connaît tant de monde qu’il est capable de trouver une solution à n’importe quel problème. Ces trois-là s’entendent à merveille et sont inséparables. – Ce qui m’ennuie avec ces divinations, c’est leur manque de précision, réfléchit tout haut Titus. Maximus tressaille : il était perdu dans la contemplation d’un funambule un peu plus loin. L’homme, entièrement grimé de blanc, se balance sur une corde tendue entre deux poteaux qui se tordent dangereusement. – Pardon ? – Je disais que les divinations sont toujours trop vagues. – Les devins sont des escrocs mais pas des fous. Titus regarde Maximus sans comprendre. – Si un devin te prédit quelque chose de trop précis, il court le risque que cela ne se réalise jamais. Alors que s’il reste dans le flou, tu peux interpréter à ta guise… 13

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Maximus montre le funambule à son ami, d’un coup de menton. – Tiens, par exemple, qui te dit que ton fantôme n’est pas là ? Titus regarde le funambule et se rembrunit. – Pourquoi ne prends-tu jamais les prédictions au sérieux ? demande-t-il en triturant l’amulette ronde qu’il porte autour du cou et qui le protège des mauvais esprits. – Je devrais ? Titus hausse les épaules : à quoi bon discuter de cela avec son ami ? Sur ce sujet, ils ne s’entendent pas du tout. Titus est très versé dans la religion. Il honore chaque dieu du panthéon romain avec dévotion, offre des sacrifices, consulte les augures. Maximus, lui, se contente d’adresser quelques offrandes aux dieux lares qui protègent sa famille. Il trouve cela bien suffisant. Quant aux augures, il refuse de s’y fier. Ils n’ont aucune valeur à ses yeux et il les considère même comme dangereux. À trop vouloir savoir ce que l’avenir leur réserve, les hommes en perdent tout jugement et ne sont plus libres d’agir à leur guise. Prenons Titus par exemple, cette histoire de fantôme va empoisonner sa journée… Soudain, un gamin s’approche d’eux, arrache l’amulette avec laquelle Titus joue du bout des doigts et s’enfuit en courant. – Eh !

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II Au voleur ! – Reviens ici, sale petit morveux ! hurle Titus en brandissant le poing. Aghilès et Maximus ont bondi sur leurs pieds, envoyant valser leur repas. Déjà le grand esclave numide se lance à la poursuite du gamin. – Arrêtez-le ! crie Titus. Au voleur ! Arrêtez-le ! Mais son cri se perd dans la foule. À cette heure-ci, le forum est vrombissant de bruit. Les gens s’apostrophent, conversent, s’échauffent, s’appellent, chantent, se disputent, déclament des vers. Sans parler des milliers de semelles qui piétinent le sol, des casseroles qui s’entrechoquent, des marchandises qui tombent. Dans tout ce vacarme informe, il est impossible de distinguer une conversation d’une autre, de percevoir un appel. Maximus et Aghilès disparaissent déjà au milieu de la foule. Titus se relève d’un coup et leur court après. – Eh ! Attendez-moi ! Soudain, quelque chose l’agrippe dans le dos et grimpe sur son épaule. C’est Dux qui a dégringolé de son promontoire pour le rattraper. Le voleur file à toute allure entre les jambes des passants. Il est petit et se faufile sans peine dans la forêt de corps qui l’entoure. Derrière lui, Aghilès a plus de mal à progresser. Il se cogne dans 15

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les hommes et les femmes qu’il croise, les écarte brutalement, renverse quelques étals, fait valser des corbeilles de fruits et se fait copieusement injurier. Juste derrière lui, Maximus calme les passants comme il peut. Il redresse rapidement quelques tréteaux, rattrape une femme sur le point de tomber, distribue les mots d’excuse tout en suivant son ami à la trace. Titus qui l’a rejoint, continue d’invectiver le voleur pourtant trop loin pour l’entendre. – Rends-moi ma bulla, tête d’amphore ! Jupiter te foudroierait pour moins que ça ! Tu iras rôtir aux enfers ! Cette bulla, Titus y tient énormément. Il l’a reçue en cadeau le jour de sa naissance et il ne s’est pas passé une seule journée sans qu’il la porte à son cou. Bébé, bien sûr, l’amulette était trop grosse mais ses parents la gardaient épinglée à ses langes. Titus est persuadé qu’elle l’a protégé jusqu’à maintenant. La perdre équivaudrait pour lui à ne plus avoir la protection des dieux contre les mauvais esprits. Quant à la remplacer par une autre, le garçon n’y pense pas non plus. C’est cette bulla-là qui le protège depuis toujours, c’est donc elle qu’il doit retrouver. Soudain, Aghilès s’arrête. Il scrute la foule, tourne la tête dans tous les sens. Une rue part de la place du Colisée. Le jeune voleur a-t-il tourné dans la rue ? À moins qu’il n’ait fait demitour, se dissimulant parmi les passants. Maximus et Titus rejoignent leur ami. – Tu l’as perdu ? demande Titus le souffle court. Aghilès lève la main pour le faire taire et plisse les yeux. Il dépasse la plupart des Romains d’une bonne tête ; il espère repérer quelque chose. Tiens, oui, là-bas ! Dans la rue. C’est imperceptible mais cela ressemble à quelqu’un qui se fraie un passage dans la foule. Il semble que les gens s’écartent légèrement pour laisser la voie libre. – Par ici ! lance Aghilès. 16

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Il s’élance de nouveau. Derrière lui, Maximus et Titus avancent à l’aveuglette : ils n’ont rien vu du tout si ce n’est une forêt de toges, d’épaules et de têtes qui s’ouvre devant eux et se referme juste après leur passage. Ils font confiance à leur ami et à son instinct. Les trois garçons courent dans la rue puis débouchent dans une autre, moins peuplée. La silhouette du gamin disparaît sur la gauche à un nouveau croisement. – Là ! hurle Titus. Aghilès accélère. Lorsqu’il arrive à l’angle de la rue, il s’arrête, hésite, regarde en arrière et scrute de nouveau la rue qui s’ouvre devant lui. Titus le rejoint. Il regarde à son tour dans la rue dans laquelle se presse une poignée de piétons : des hommes, des femmes, un vieillard mais pas de jeune voleur. – C’est impossible ! Il est passé par là. Je l’ai vu. Par tous les dieux, Aghilès, tu le tenais presque ! – C’est comme s’il s’était volatilisé. – Un fantôme peut-être ? se moque Maximus. – Tu n’es pas drôle. Il m’a volé ma bulla. – Il s’est peut-être caché quelque part, suggère Maximus. Je ne vois que ça… Une lueur d’espoir s’allume dans les yeux de Titus. – Il s’est caché ! Mais bien sûr ! La rue est bordée de bâtiments hauts dont les portes en retrait sous des porches font de formidables cachettes. Titus court vers le premier, l’inspecte et regarde ses amis en secouant la tête. Il passe au deuxième. Maximus et Aghilès lui emboîtent le pas tout en gardant un œil sur la rue. Si le voleur se sent en danger, il jaillira sans doute de sa cachette. Aghilès et ses amis devront réagir au quart de tour. – Venez voir ! 17

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Maximus tourne la tête vers Aghilès qui inspecte l’autre côté de la rue. – Quoi ? se précipite Titus. Aghilès est debout devant une grille posée à l’entrée d’un étroit passage. Quand Titus arrive à sa hauteur, il plisse le nez, déçu. – Ah ! C’est l’entrée d’un des tunnels qui mènent au Colisée. C’est par là que mon père passe avec ses bêtes, les jours de jeux du cirque. Maximus s’est approché lui aussi. Il inspecte le fond du tunnel qui plonge dans les ténèbres. – C’est la cachette idéale, constate-t-il. – À condition d’avoir la clé, relève Titus. Aghilès attrape la grille et la secoue légèrement. La serrure tient bon. Il change ses mains de place, secoue de nouveau et, cette fois-ci, il lui semble que la grille se décale légèrement. L’un des gonds a joué dans son logement. Aghilès maintient alors la grille dans l’axe et la tire fermement vers lui. Aussitôt, les deux gonds se descellent, presque sans effort. En tirant encore un peu sur les barreaux, le Numide parvient à dégager un espace suffisant pour faire passer un homme. Titus est stupéfait. Maximus sourit. – Je crois qu’une petite visite s’impose. – C’est inutile. Il n’y a personne à l’intérieur, affirme Titus. – Et comment expliques-tu que la grille s’ouvre ainsi ? – Elle s’est peut-être descellée avec le temps. Maximus fait la moue. – C’est un vrai labyrinthe là-dedans, dit Titus. Nous ne trouverons rien si nous ne savons pas ce que nous cherchons. – Nous cherchons ton voleur.

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Titus presse machinalement sa tunique à l’endroit où son amulette devrait se trouver si on ne la lui avait pas arrachée. Sans elle, il se sent presque nu. – À la bonne heure, dit-il. Mais il peut être n’importe où dans l’hypogée. – L’hypogée ? Titus sourit. Maximus est comme tous les spectateurs du Colisée, il ne voit jamais rien d’autre que les gradins de l’amphithéâtre. Lui, en revanche, en connaît tous les secrets. – Ce sont les coulisses du Colisée, ses sous-sols. C’est là que sont entreposés les décors et les cages réservées aux bêtes sauvages. C’est là aussi que les gladiateurs se préparent ou que les prisonniers attendent de connaître leur sort. C’est une sorte de ville miniature sous le théâtre. – C’est bien ce que je disais. – Comment ? – C’est l’endroit idéal pour se cacher. Titus hausse les épaules. – Si mon voleur est là-dedans, je suis prêt à parier que nous ne le retrouverons jamais. – Bon, alors ? s’impatiente Aghilès. – Allons-y ! lance Maximus.

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III Comité d’accueil Maximus passe les épaules entre la grille et le mur puis se glisse à l’intérieur du tunnel. Il frissonne. L’air est glacé. Le boyau humide. Au dehors, Titus hésite encore. – Vous êtes sûrs que… Aghilès lui pose la main sur l’épaule et le pousse dans l’interstice sans rien dire. Dux grimpe alors sur la tête de son maître et saute dans le tunnel pour rejoindre Maximus. – Si le général l’ordonne… marmonne Titus. Je crois que je n’ai plus vraiment le choix. Il se faufile par l’ouverture. – Brrr ! On gèle ici. Derrière lui, Aghilès jette un dernier regard dans la rue pour s’assurer que personne ne les a vus puis se contorsionne pour entrer à son tour. La brèche ouverte est un peu étroite et lorsque le solide Numide passe enfin, la serrure se tord légèrement. Il replace la grille à sa place et rejoint ses amis. Maximus plisse les yeux et regarde vers le fond du tunnel. On n’y voit vraiment rien. Si seulement ils avaient eu de la lumière. Il se tourne vers Titus. – Tu sais où nous devons aller ? Titus sourit et se redresse : il aime quand ses amis ont besoin de lui. Il a l’impression d’être quelqu’un d’important.

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– C’est ici un peu comme ma deuxième maison. Pour le moment, il suffit de suivre le tunnel. Dux ! Le petit singe émet un léger couinement et saute sur l’épaule de son maître. Titus lui tapote la tête, satisfait, comme toutes les fois où il lui semble avoir un peu d’autorité sur son animal. Les trois amis s’enfoncent lentement dans le tunnel. Les ténèbres s’épaississent. La lumière de la rue n’éclaire bientôt plus rien. Ils progressent dans le noir le plus complet. Maximus étend la main pour se guider avec le mur mais la retire vivement. La pierre est suintante et froide. Visqueuse presque. Un long frisson lui parcourt le dos. Devant lui, Titus avance à tâtons lui aussi. Il a beau connaître les lieux, il n’en mène pas large. Il est tendu, à l’affût, conscient que le danger peut surgir à tout moment devant lui. Heureusement, le petit singe sur ses épaules lui communique un peu de chaleur. Quant à Aghilès, il reste imperturbable. Maximus sent sa présence dans son dos, silencieuse. Soudain, la texture du sol change. La terre battue laisse la place à des pierres qui forment un dallage plus ou moins régulier. – Nous y sommes ! soupire Titus, soulagé. – Où ça ? – Dans l’hypogée. Attendez ! Un bruit sec et rapide fait tressaillir Maximus. Une étincelle jaillit dans la pénombre, puis une autre et une autre encore. Enfin, Titus brandit une lampe. Il affiche un sourire victorieux. – Mon père garde toujours ici une lampe à huile et un briquet. Sa voix provoque un étrange écho dans la pièce vide. Il promène sa lampe autour de lui. La petite flamme projette des ombres mouvantes sur les murs. Des chauves-souris dérangées par la lumière jaillissent d’un coin de la pièce. Maximus baisse instinctivement la tête. 22

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– C’est là que les bêtes attendent d’entrer en piste. Titus parle bas. Il dirige la lumière vers des cages alignées le long du mur. Elles sont ouvertes. Vides. – C’est lugubre, souffle Maximus. On se croirait dans un cachot. Il s’avance puis… – Pouah ! L’odeur qui vient de lui sauter aux narines est infecte. Un mélange de nourriture avariée et de sang caillé. – Qui peut bien vivre ici ? Aghilès est pressé. – Par où allons-nous ? Titus hésite. – Commençons par le quartier des gladiateurs. C’est celui qui est le plus proche d’ici. Si c’était moi, c’est là que je m’instal… Il n’a pas le temps de terminer sa phrase. Dux pousse un cri strident, bondit à terre et disparaît par une porte donnant sur la pièce. On entend alors un bruit étouffé. – Par là ! lance Aghilès. Il se précipite hors de la salle et… Blang ! La porte se referme violemment devant lui, manquant lui écraser le nez. Son sang ne fait qu’un tour. Il projette son poing en avant et pulvérise la porte de bois. Le garçon resté derrière est surpris. Avant de pouvoir s’échapper, il reçoit le deuxième poing d’Aghilès au milieu du menton. Sa mâchoire craque sous le coup. Il titube et s’écroule par terre. Titus se précipite. – Bravo, Aghilès ! Tu l’as eu. Il se penche sur la silhouette à terre et lève la lampe pour lui éclairer le visage. Son menton bleuit déjà. – Ce n’est pas lui, s’exclame-t-il, déçu. Ce n’est pas mon voleur. Celui-ci est beaucoup plus âgé. 23

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Au même moment, un projectile lui passe au ras de la tête et vient exploser contre le mur. De minuscules éclats de poterie lui griffent la peau. Titus rentre la tête dans les épaules. Immédiatement, Aghilès se retourne et se rue dans la direction d’où est partie l’amphore. Au même moment, trois hommes surgissent de l’ombre et assaillent Maximus et Titus. Maximus est petit et agile. Il esquive les poings, riposte en lançant des pieds dans les mollets de ses agresseurs. Il porte de riches sandales cloutées et chacun de ses coups tire des cris de douleur aux garçons qui lui sont tombés dessus. De son côté, Titus se défend en brandissant sa lampe devant lui. Là, il enflamme une mèche de cheveux. Là, il brûle une main. Ça sent le cochon grillé ! Et ce faisant, il distribue les injures pour se donner du courage. – Alors, bande de lâches ! On se cache ? Vous avez peur. Vous préférez attaquer en traître. Je vais vous présenter les crocodiles de mon père si vous continuez. Allez ! Allez ! Qui veut être le premier à passer ? Il s’échauffe mais ses adversaires aussi. Juché sur la tête de son maître, Dux participe également à la provocation : il roule de grosses billes et montre ses minuscules crocs acérés. Soudain, l’un des attaquants se dresse devant Titus, le regarde droit dans les yeux avec un vilain sourire, gonfle ses joues et… pfff !, souffle la flamme de la lampe. Titus déglutit. – Aghilèèèèèès ! À l’autre extrémité du couloir, le Numide vient d’aplatir contre le mur un nouvel adversaire. Il ne sait pas combien ils sont devant lui mais il sent leur présence. Ses instincts de chasseur se sont réveillés. Il perçoit le moindre bruit, les respirations saccadées, les haleines chargées en ail et l’odeur de la sueur aussi. 24

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Sans rien voir, il est capable de repérer ceux qui l’entourent, de les bourrer de coups de poings et de parer leurs attaques. – Aghilèèèèès ! Le Numide se retourne, donne un dernier coup de coude dans le plexus d’un assaillant et se précipite vers ses deux amis. – Titus ! Maximus ! L’un et l’autre crient pour signaler leur présence dans le noir et s’accroupissent. Ils ont l’habitude. C’est souvent ainsi que se terminent leurs bagarres. Aghilès, en effet, arme ses bras et distribue à la volée des claques puissantes. – Lumière ! gronde-t-il après un moment. Il ne sait plus très bien où donner du poing. Titus tâtonne et retrouve la lampe à huile qu’il a bêtement lâchée lorsqu’elle s’est éteinte. Juste à côté d’elle, le sol est humide : l’huile a dû se répandre par terre. Titus grimace. Il l’attrape néanmoins, se dirige à quatre pattes vers la grande salle et essaye de remettre la main sur le briquet. Soudain, un long sifflement retentit dans les galeries du Colisée. Les coups s’arrêtent de pleuvoir. Aghilès et Maximus perçoivent une nouvelle agitation autour d’eux. Quelques minutes plus tard, quand Titus revient avec la lampe enfin allumée, le couloir est désert. Même ceux qui étaient à terre ont disparu. On les a certainement traînés sur le sol pour les éloigner. Seuls des éclats de poterie et des traces de sang sur les murs témoignent de la bagarre. Maximus est abasourdi. Il masse sa mâchoire où il s’est pris une droite bien ajustée. Aghilès fait craquer ses poings. À côté de lui, Titus s’en sort avec seulement quelques égratignures sur les joues. – De la bouillie de pois chiche, moi je vous le dis, s’exclamet-il. On peut dire que je leur ai fait peur.

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Table des matières Prologue ............................................................................. 5 I – Mauvais augures............................................................ 9 II – Au voleur ! ................................................................. 15 III – Comité d’accueil....................................................... 21 IV – Ultimatum ............................................................... 27 V – Ruminations .............................................................. 31 VI – Devoir de mémoire .................................................. 33 VII – En quête ................................................................. 35 VIII – Halte ! ................................................................... 39 IX – Chasse à l’homme ..................................................... 43 X – Les égouts .................................................................. 45 XI – Blandula ................................................................... 49 XII – Un passage .............................................................. 55 XIII – Repérages............................................................... 59 XIV – Réunis ................................................................... 61 XV – Cauchemar ............................................................. 65 XVI – Un fantôme ........................................................... 69 XVII – Alerte ................................................................... 77 XVIII – Corvée d’eau ....................................................... 81 XIX – Sauvetage ............................................................... 87 XX – Cas de conscience.................................................... 93 XXI – Paulus .................................................................... 99 XXII – Une ombre dans la nuit ...................................... 103 217

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XXIII – Hésitations ........................................................ 107 XXIV – Espoirs .............................................................. 109 XXV – Un véritable trésor .............................................. 113 XXVI – Un vieux gardien ............................................... 115 XXVII – Témoignage ..................................................... 121 XXVIII – Les catacombes ............................................... 127 XXIX – Colère ............................................................... 131 XXX – Dernier hommage .............................................. 133 XXXI – Menaces ............................................................ 137 XXXII – Panique............................................................ 141 XXXIII – Urgence .......................................................... 143 XXXIV – L’atelier........................................................... 149 XXXV – Miraculé ! ........................................................ 153 XXXVI – Branle-bas....................................................... 159 XXXVII – En toute discrétion… .................................... 161 XXXVIII – Impatience ................................................... 165 XXXIX – La litière de Cléopâtre..................................... 167 XL – Vide !..................................................................... 173 XLI – Contrôle de routine.............................................. 175 XLII – Victor ................................................................. 179 XLIII – Suivis ! ............................................................... 181 XLIV – Toujours personne ............................................ 185 XLV – Guet-apens ......................................................... 187 XLVI – Rencontre nocturne ........................................... 191 XLVII – Déception ........................................................ 197 XLVIII – Arrestation ...................................................... 199 XLIX – La fin du voyage ................................................ 201 L – Sans nouvelles .......................................................... 205 LI – Le bon Samaritain .................................................. 209 Épilogue ......................................................................... 213

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Achevé d’imprimer en mars 2015 par Lego S.p.a (Italie) Dépôt légal : mars 2015

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Blandula rentre enfin dans la maison. Le silence qui règne dans la vaste demeure est effrayant. La jeune fille erre dans la villa déserte. Machinalement elle ramasse les objets jetés à terre par les gardes. Des vases brisés, des coussins éventrés… Dans la chambre de son maître, elle remet de l’ordre, espérant secrètement que cela le fera revenir. Au pied du lit, elle trouve un livre auquel Cornelius tenait plus que tout, un livre dont les pages manuscrites sont enroulées autour de deux baguettes de bois. Il a glissé par terre et les soldats ne l’ont pas vu. Sans cela, ils l’auraient détruit. – Ce sont les évangiles, Blandula, lui a-t-il dit un jour. Ce livre m’a sauvé. La jeune esclave soupire. Son maître se trompait : c’est ce livre qui a causé sa perte. Sophie de Mullenheim est l’auteur de nombreux romans chez Mame dont la série « Les Sœurs Espérance ». Suivez les aventures de Maximus, de son esclave Aghilès et de Titus, son fidèle compagnon, dans le premier opus de sa nouvelle série : « Chrétiens des catacombes ».

UNE AVENTURE PALPITANTE AU TEMPS DES PREMIERS CHRÉTIENS

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