Réussir sa communication

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RĂŠussir sa communication

196 fiches pratiques 416 pages utiles

Tout savoir sur la nouvelle dĂŠmocratie qui est en marche exprimeo.fr


Sommaire Fiches pratiques : connaître l’opinion publique 01 02 03 04

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Une nouvelle opinion publique Démocratie et sondages Élections et action gouvernementale Enquêtes d’opinion : les clefs pour comprendre Éthique du devoir Fierté nationale Fractures Modèle français N. Sarkosy : un succès de communication Nouveaux électeurs Pouvoir et jeunesse Primaires à la française Réforme de partis politiques Scandales Sécurité Social démocratie en France Société civile Symboles français Télévision Union nationale Valeurs dominantes

5 7 9 10 12 13 15 17 19 23 25 27 29 31 32 33 35 37 39 41 43

Fiches pratiques : organiser sa communication 22 23 24 25 26 27

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Blogs Calendrier de communication Candidature CNIL et e-mailing Collecte de fonds électoraux Comité de soutien

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- Communiqué de presse - Confiance - Contentieux électoraux -Corps électoral féminin - Couleurs - Courriers ciblés - Crise du politique - Cyber-élections - Débats télévisés - Directeur de campagne - Discours - Droitisation de l’opinion - Enquêtes - Enquêtes de dépistage - Équipe de communication - Gadgets - Groupes d’intérêts - Internet - Investiture - Jeunes de 18 à 30 ans - Journal institutionnel - Lettres types - Marketing de la compassion - Mentalités - Militants - Morale aujourd’hui - Mots magiques - Moyens de com. à la mode - Nouveaux médias - Nouvelle année - Permanence électorale - Photos - Photothèque - Plan de communication - Profession de foi - Publicités institutionnelles - Réunions privées - Salariés du secteurs publics - Seniors - SMS - Sondages

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Sommaire 69 - Vie Privée

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Fiches pratiques : connaître les techniques d’ailleurs 70 71 72 73 74 75 76 77 78 79 80 81 82 83 84 85 86 87 88 89 90 91 92

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Al Gore Arnold Schwartznegger Barack Obama Bill Clinton John Edwards Campagne Rudy Giuliani Campagnes négatives Communiquer par un seul mot Conventions nationales George Clooney Gérer l’après-défaite électorale Gestion de crises Hillary Clinton Howard Dean Internet dans la communication US Joe Biden John Kerry John McCain Karl Rove Mike Huckabee Mitt Romney Nancy Pelosi Organisation type d’une campagne électorale US Record de levée de fonds pour Obama Recherche dans la politique US Wirthlin et ses élèves X... : candidats aux sénatoriales US

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Fiches pratiques : 99 discours pour convaincre 97 - Afrique 98 - Argent 99 - Arts 100 - Atouts de la France 101 - Autorité 102 - Blogosphère locale 103 - Capitalisme 104 - Changement 105 - Cinéma 106 - Cœur en politique

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Communautarisme Commune et l’informatique Consensus Contrôle de l’administration Décentralisation Décentralisation des dangers? Défense Démocratie d’opinion Démocratie locale Formules choc Différences Drapeau Bleu Blanc Rouge Égalité aujourd’hui Élites aujourd’hui Engagement public : quel sens? Enquêtes parlementaires État spectacle Éthique en politique Être de droite aujourd’hui Être de gauche aujourd’hui Être du centre aujourd’hui Europe Exclus de la vie publique Femme aujourd’hui Femme et la vie publique France et son passé Le gauchisme Gestion publique Notion de gouvernement Immigration Indépendance nationale Information locale Informer aujourd’hui Institutions Intellectuels et la vie politique Intercommunalité International et la France Jeunes : quel rôle? Jeunesse d’aujourd’hui Juge qui gouverne Justice Justice en temps de crise Justice et politique Justice, morale et politique Libertés Libertés aujourd’hui Lutte des classes aujourd’hui Maire Majorité parlementaire (1) Majorité parlementaire (2) Mimétisme institutionnel Morale dans les affaires Musique

228 230 232 234 236 238 240 242 244 246 250 252 254 256 258 260 262 264 266 268 270 272 274 276 278 280 282 284 286 288 290 292 295 298 300 302 304 306 308 310 312 314 316 318 320 322 324 326 328 330 332 335 337


Sommaire 160 - Nation 339 161 - Nouveau souffle pour la démocratie 341 162 - Opinion publique en pleine déprime? 343 163 - Opposition 345 164 - Optimisme ou désespoir 347 165 - Ordre public 349 166 - Parlement 351 167 - Parlementaire aujourd’hui 353 168 - Partis politiques : quel avenir? 354 169 - Patriotisme 357 170 - Peurs 359 171 - Populisme 361 172 - Pouvoirs d’influence 363 173 - Pouvoir et responsabilités 365 174 - Précarité 367 175 - Premier Ministre 369 176 - Président de la République 371 177 - Progrès 373 178 - Proportionnelle 375 179 - Quotidien 377 180- Redressement national 379 181 - Réforme 381 182 - Réformer aujourd’hui 383 183 - Religion 385 184 - Religions aujourd’hui 387 185 - Repères d’aujourd’hui 390 186 - Responsabilité aujourd’hui 392 187 - Risques : quelle place dans la société? 394 188 - Santé : quelle politique? 396 189 - Séparation des pouvoirs 398 190 - Société bloquée 400 191 - Syndicat aujourd’hui 402 192 - Transparence et politique 405 193 - Université 407 194 - Valeurs aujourd’hui 409 195 - VIème République 411 196 - Violences urbaines 414

Par ailleurs, Denis Bonzy est intervenant à l’Institut Supérieur Européen de Gestion (ISEG). Il est auteur de plusieurs ouvrages sur la communication et a participé notamment à des ouvrages collectifs de Lexis Nexis. En 1988, il a été l’auteur d’un guide sur la communication publique qui a connu un grand succès (Editions SMP) salué à cette époque par la presse comme le «guide de référence» en la matière. Exprimeo, c’est par ailleurs : un site d’informations en ligne : - 20 000 visiteurs uniques par mois en moyenne, - plus de 50 000 visites par mois, - plus de 120 000 pages vues par mois. •

une lettre numérique hebdomadaire diffusée aux abonnés : 141 numéros au 30/07/08.

La rédaction de cet ouvrage collectif a été coordonnée par Denis Bonzy. Il connaît bien les campagnes électorales. Dès 1984, il a participé à l’équipe d’un candidat démocrate sur la cote Est des Etats-Unis. Depuis cette date, il est en contacts réguliers avec des intervenants Américains dans ce domaine.

Des conseils en communication à des collectivités publiques : - définition de la stratégie de communication, - création de sites Internet, - opérations évènementielles, ... •

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01 - Une nouvelle opinion publique La société française est traversée par deux courants contraires. D’un côté, elle aspire au changement. Mais, d’un autre côté, elle a une relation anxiogène avec ce changement. Or justement, l’une des priorités de la période présente consiste à faire disparaître ou pour le moins atténuer cette tendance anxiogène de la société française. Tant que ce réflexe demeurera aussi fort, il entraînera des replis sur soi destructeurs de toute réforme. Cette bataille de l’avenir est décisive. C’est d’abord une bataille de projets. Cette bataille va présenter de nouvelles caractéristiques tant sur la forme que sur le fond. Sur la forme, tout d’abord, elle sera plus personnalisée que jamais. Le talent de leader du candidat s’avèrera déterminant. Ensuite, elle sera plus émotionnelle que d’ordinaire. Les critères rationnels de différenciation perdent de l’influence. Des émotions subconscientes vont emporter la décision d’où le poids déterminant des images. Enfin, la troisième nouvelle caractéristique concerne le besoin de réconciliation entre les élus et les citoyens. Cette caractéristique entraîne l’émergence d’un nouveau code de comportements et d’expression. Sur le fond, cette bataille de l’avenir doit apporter des réponses à deux questions majeures : 1) la modernité peut-elle être synonyme de

progrès ? 2) La modernité n’est-elle pas synonyme de précarité généralisée ? Depuis le début des années 90, on assiste à une relation très différente avec le thème de la modernité. Pendant des décennies, la modernité était la garantie d’évoluer vers le meilleur. Ce n’est désormais plus le cas. Bien davantage, c’est presque l’assurance d’évoluer vers le pire ; d’où l’émergence d’une forte résistance à la modernité. La réforme suppose de réconcilier les Français avec la modernité. Le levier de cette réconciliation réside dans la réaffirmation que la modernité n’est pas la précarité généralisée. L’opinion publique a aujourd’hui le sentiment que dans l’échelle des risques tous les «périls» ont gagné en gravité. Dans le même temps, face à des risques plus graves, plus imprévisibles voire même plus inconnus, le filet social est de moins en moins solide. C’est ce rapport entre l’aggravation des risques et la solitude individuelle qui crée des réflexes anxiogènes. Le changement ne redeviendra acceptable que s’il signifie moins de risque individuel face à des règles sociales plus claires. Si le changement s’identifie à cette évolution, il deviendra acceptable. S’il s’éloigne de ces

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01 - Une nouvelle opinion publique repères, il sera trop craint pour être accepté. Le citoyen d’aujourd’hui est toujours sur ses gardes. Il ne dort plus sur ses deux oreilles. Pire, il n’a plus d’œillères. Il ne veut plus de responsables qui captent tout et se présentent comme des irremplaçables. Il veut des responsables compétents qui évoluent dans un climat permanent de fidélités renouvelées et jamais acquises par avance. Ces dernières années, une nouvelle attente de gouvernance publique est née. Cette attente repose sur 5 modifications principales : 1) le refus de la conscience de classe. Certes les classes existent si l’on se réfère aux niveaux de revenus ou à la hiérarchie des occupations. Mais les rapports entre les individus sont fondés sur la notion d‘égalité en tant que conscience de la propre identité de chacun. Les médias «people» baignent en ce moment dans ce climat avec les rapprochements au-delà des barrières. 2) Les élites ne peuvent se justifier que par l’existence de leurs résultats. Sans résultat, il n’y a plus d’élite. Ou plutôt, en l’absence de résultat, il faut changer d’élite. Cette notion de changement est la seule façon de faire émerger une forme de responsabilité appliquée aux élites afin qu’elles ne soient plus une caste d’intouchables. 3) La politique n’est plus marquée par l’idéologie. L’idéologie, c’est l’expression de la société de classes qui est rejetée. 4) Avec la décentralisation et la désacralisation de l’Etat, il n’y a plus de «sens de l’Etat» comme formateur et garant de l’intérêt national donc supérieur par essence aux intérêts particuliers. L’Etat ne doit plus être l’armature de la société mais le serviteur de la société. C’est une collection de services publics et non plus une mystique. 5)

Le

pouvoir

politique

peut

donner un coup de pouce pour l’accélération d’une avancée collective mais cette avancée sera d’abord le produit de la dynamique sociologique. La société a pris le pouvoir. Elle attend du politique qu’il ne soit plus un frein aux vitalités portées par la société. Le pouvoir doit être un facilitateur et non plus un guide providentiel. Cette culture ne remet pas fondamentalement en cause le système. Elle demande au système des adaptations majeures pour : - devenir pilote du changement, - manifester certes une volonté mais surtout une capacité à écouter, à libérer les possibilités, à fonctionner en acteur parmi d’autres d’un changement contrôlé, voulu, pragmatique. Cette culture a fait naître des «nouvelles frontières» : - le refus des leurres. Les démarches idéologiques faites de matrices ne correspondent plus à cette démarche. - le discrédit des responsables dont le bilan a été défaillant. Il n’y a plus d’expert en dehors de celui qui a prouvé par les actes et par les résultats. Ce qui n’est pas utile est absent du débat. Nous avons ainsi assisté à l’émergence d’une nouvelle citoyenneté : le citoyen rationnel. A la différence du citoyen militant qui était a priori acquis ou hostile, le citoyen rationnel ne peut être touché que par une communication persuasive basée sur : - l’identification claire de ses besoins, - l’énoncé de propositions précises, - la présentation de la différenciation avec les propositions des concurrents car l’univers de ce citoyen est fait de comparaisons permanentes. C’est un nouveau «rapport de séduction» entre le candidat et le citoyen qui prend naissance.

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02 - Démocratie et sondages Pas une semaine désormais ne se déroule sans que des sondages ne soient livrés à l’opinion publique. Pourquoi cette «sondomanie» et surtout quelles sont les conséquences pour la structuration de l’opinion publique ? A l’origine, le sondage est destiné dans une démocratie moderne à permettre d’entendre la voix du citoyen entre deux votes officiels. A l’exception des USA, la France est le pays qui produit le plus de sondages. Pourquoi ? Plusieurs situation.

facteurs

contribuent

à

cette

Tout d’abord, l’absence d’un mode de sélection formalisé pour l’élection présidentielle. Faute de processus clair, les sondages fournissent les éléments d’information et de clarification des forces en présence. Ensuite, la généralisation d‘un scrutin majoritaire simple qui fait que techniquement l’opinion doit finalement toujours se structurer de façon binaire y compris sur le plan local. Cette logique porte en elle une structuration permanente de l’opinion sur la base d’une question simple qui est celle de l’adhésion ou pas à la politique mise en œuvre par le pouvoir en place.

exemple : - renforcer les Pouvoirs du Parlement et que celui-ci gagne dans la réalité d’influence sur la vie gouvernementale, - que les élections législatives intègrent une forte part de proportionnelle c'est-à-dire permettent de désigner des représentants et non pas une majorité simple, - ... Dans ces circonstances, assistons-nous à un «gouvernement des sondages» ? La réponse est négative. Chacun peut citer des indications de souhaits de l’opinion publique non suivis de conséquences pratiques par le pouvoir politique. La profusion de sondages peut lasser l’opinion mais présente au moins deux effets positifs très importants : * d’une part, elle réduit l’écart d’information entre les détenteurs de sondages privés et ceux qui n’ont connaissance que des sondages publics. Plus les sondages publics sont nombreux et diversifiés, moins cet écart d’information est grand. Ce qui est un bon point dans une démocratie,

Enfin, la Vème République est construite sur la base d’une «majoritisation» qui convient parfaitement à la logique des sondages.

* d’autre part, la multiplication des sondages réduit les risques d’intoxication donc de manipulation de l’opinion. Dés l’instant que les sondages sont très nombreux, celui qui ne respecterait pas une stricte rigueur professionnelle serait immédiatement corrigé par un autre sondage et serait ainsi placé en difficulté.

Pour réduire cette influence des sondages donc leur nombre considérable, il faudrait par

Tous ces arguments vont donc à l’opposé de bon nombre d’idées très souvent admises en

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02 - Démocratie et sondages la matière. D’autres questions importantes demeurent quand même pour que cette «sondomanie» ne compte pas trop d’effets négatifs. D’abord, les précautions nécessaires pour distinguer l’intention de vote et le vote. Le sondage n’enregistre pas un vote mais une intention de vote à un moment donné. L’intention est une chose. Le passage à l’acte en est une autre. L’histoire des sondages montre que la courbe de l’opinion publique ne présente jamais une grande régularité dans le rapport entre ces deux notions différentes. Ensuite, l’élément majeur réside dans la fermeté de l’intention de vote. Cette notion très subjective montre vite l’approximation qui existe dans la notion même d’intention de vote. Enfin, les instituts devraient clarifier publiquement la notion de «correction des résultats». Le redressement des sondages préélectoraux est une technique nécessaire qui a gagné en qualité mais qui laisse encore une part important à «l’intuition». Tous ces enjeux vont connaître des développements nouveaux avec l’apparition des sondages via Internet.

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03 - Élections et action gouvernementale Les tournants d’âges de communication se produisent de façon parfois brutale mais surtout inattendue induisant des secousses profondes. Ce fut le cas en 1965. L’élection présidentielle a marqué l’émergence de la télévision. Elle désacralisa le pouvoir présidentiel jusqu’alors magnifié par la place de l’imaginaire laissée par la radio. Elle assura l’éclosion immédiate de nouveaux talents dont Jean Lecanuet et François Mitterrand. Le résultat : un ballottage qui était totalement inattendu et imprévu. Second tournant : 1974. Lors de cette élection, Valery Giscard d’Estaing met en place une 1ère campagne «people» avec l’exposition inhabituelle à cette époque de l’épouse comme des enfants de l’un des candidats. C’est aussi une campagne qui, par la médiatisation croissante, fait la décision. Elle marque une inversion des tendances entre les intentions de votes de départ de Jacques Chaban Delmas et de Valéry Giscard d’Estaing par rapport aux résultats d’arrivée. Si la campagne de 1965 désacralisait, celle de 1974 faisait la différence. Il en fut de même en 1981. Les campagnes de 1988 puis 1995 vont confirmer leurs espaces de décisions avec l’amplification de questions purement d’actualité. Il en fut de même en 2002 qui s’est avérée une campagne sans spécificité novatrice. Le résultat de Lionel Jospin en avril 2002 est certes le fruit de l’éclatement des «paroles de gauche» mais n’est-il pas aussi, pour une part au moins équivalente, le résultat des situations suivantes :

une annonce de candidature particulièrement mal maîtrisée avec un fax envoyé à la sauvette et un candidat qui longe les murs en quittant son appartement, - la mise en cause de l’âge du Président sortant dans des conditions qui ont pour premier effet de le dynamiser sur le plan personnel et de le rendre sympathique auprès de nombreuses couches électorales. 2007 a été aussi un nouvel âge dans la communication publique française. Pour être fondatrice d’un nouvel âge, cela signifie qu’une nouvelle communication doit naître et doit rencontrer l’adhésion en profondeur des citoyens qui s’avèrent ainsi non seulement prêts mais surtout réceptifs à cette nouvelle façon de communiquer. Nicolas Sarkozy a incarné un nouvel esprit de communication. Dans un 1er temps, cette communication moderne sera qualifiée de «communication à l’américaine» comme ce fut le cas en 1965 pour les conseils de Michel Bongrand auprès de Jean Lecanuet ou ceux de Joseph Napolitan en 1974 auprès de VGE. Mais, il y a un moment où le nom de baptême d’une technique de communication supposé la diaboliser par la qualification «à l’américaine» ne produit pas les effets négatifs attendus. Bien au contraire, les mots n’ont plus prise parce que cette communication était attendue par les récepteurs et correspond à leur nouvelle maturité. Pour l’essentiel, c’est un nouveau rythme de communication qui est né avec le franchissement d’une nouvelle étape de personnalisation.

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25 - CNIL et l’e-mailing Nous sommes entrés dans l’ère des elections. A ce jour, le principe de base est le suivant : la prospection politique doit être organisée dans un cadre « strictement identique » aux opérations de prospection commerciale. A la différence des opérations commerciales se posent des sujets spécifiques à l’exemple de la gestion des demandes de désinscriptions qui peut donner lieu à la création d’un fichier d’opposants. Aujourd’hui, la situation est simple: l’émetteur doit faire preuve de transparence. Lors de la collecte de données, l’internaute doit être informé que l’adresse mail peut servir ultérieurement à de la prospection politique, - lors de la réception du mail, l’internaute doit être informé de l’origine de la base de données et de la possibilité d’exercer son droit de désinscription. En réalité, la cyberpolitique pose bon nombre d’autres questions importantes. Pour l’essentiel ces questions sont au nombre de 3 : 1) Dans le cadre des dépenses électorales plafonnées, comment quantifier une information aussi dématérialisée que celle véhiculée par internet ? Une revue papier s’insère dans un cadre

financier précis dont l’indiscutable seuil de base pour la production minimale. Il n’y pas de repère de ce type pour les informations contenues dans un site internet. 2) Comment garantir l’imperméabilité des logistiques comme des bases de données entre celles constituées par des collectivités locales et celles des candidats exerçant des responsabilités éminentes dans lesdites collectivités locales ? L’actualité fourmille désormais d’exemples d’élus locaux proclamant qu’ils entretiennent eux-mêmes leur site Internet ou leur blog mais incapables de donner l’adresse de l’un ou de l’autre… 3) Pourquoi considérer la boîte mails différemment d’une boîte aux lettres classiques ? Pour ces dernières, il n’a jamais été question d’interdire la dépose d’un tract ou d‘un document d’information. Pourquoi en irait-il autrement pour la boite des mails ? Encore une fois, la communication par Internet ne va-t-elle pas faire l’objet d’un combat d’arrière garde dont les dispositions seront vite dépassées par l’évolution du marché en général ? La cyber-information est foisonnante. Il n’y a pas d’intermédiaire entre l’émetteur et le récepteur. Dans cette multitude de sources d’ in fo rm at ion s , c o mmen t ap pliq u e r concrètement des sanctions rapides opérationnelles pour mettre fin à des campagnes négatives manifestement gravement outrancières ?

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25 - CNIL et l’e-mailing Ces questions montrent, si besoin était, l’étendue et l’importance des clarifications à obtenir. Avant d’avancer sur ce chemin délicat, quelques repères de bon sens s’imposent. Il est exact qu’un nouveau type de campagne électorale est né avec la démocratisation d’Internet.

sécurité pour évoluer positivement vers le récepteur. La seconde modification réside dans la nouvelle conception des messages. Hier, le premier conseil d’un consultant en communication consistait à indiquer : répéter toujours le même message. Aujourd’hui, par différente.

l’e-mailing,

la

règle

est

Il est tout aussi exact que ce n’est pas la 1ère fois qu’un nouveau support d’information émerge. Contrairement à des idées souvent répandues, aucun nouveau support n’a fait disparaître un ancien support d’information. L’équilibre général a été modifié car chaque support a trouvé sa nouvelle raison d’être.

Pour capter l’attention du récepteur, il faut changer le message mais garder le cap du pouvoir d’évocation.

Enfin, Internet bouge tellement vite que la nouvelle réglementation risque d’être rapidement obsolète.

-d’identifier récepteur,

L’e-mailing va entièrement révolutionner les prochaines campagnes électorales. Ce moyen de communication apporte trois modifications majeures. Tout d’abord, il offre la possibilité de segmenter les messages dans des conditions probablement difficiles jusqu’alors et ce dans des conditions de coût incomparables. Pendant longtemps, la base d’une campagne politique était de «gaver l’électeur», inondé de documents, harcelé par des informations parfois totalement sans intérêt pour lui. Internet change le rapport entre le récepteur et l’émetteur. Pour l’émetteur, il ne s’agit plus d’harceler le récepteur mais lui donner envie de connaître son message.

Si le message est toujours le même, le récepteur zappera. C’est donc un nouveau défi considérable que : l’appétit

-analyser comment d’informations,

d’informations

satisfaire

cet

du

appétit

-mettre en place une diversité d’informations de nature à conserver intacte la capacité d’éveil, -que cette diversité d’évocation cohérent.

dégage

un

pouvoir

Enfin, troisième modification, l’appétit d’information de l’internaute vit au jour le jour et il est étroitement fonction de cette actualité quotidienne en perpétuel mouvement. C’est une nouvelle logique de communication. Hier, tout pouvait être préparé tôt. La seule part d’imprévu résidait dans les réponses à faire aux attaques éventuelles des concurrents.

Mais parce qu’il a envie, son rapport au message devient entièrement différent.

Aujourd’hui, l’enjeu d’adaptation est permanent. L’e-mailing est rapide et assume toutes les caractéristiques de cette rapidité. Parler d’hier fait déjà en retard. Par conséquent, chaque équipe de campagne vit dans l’instant.

La segmentation constitue le 1er filet de

Voilà les trois changements majeurs dans le

S’il n’a pas cette envie là, le message ne lui parviendra jamais.

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25 - CNIL et l’e_mailing rapport entre l’émetteur et le récepteur, le candidat et les citoyens. Il y a un quatrième changement au moins aussi important que les 3 premiers mais celui-ci ne concerne que l’émetteur. C’est la faculté d’identifier la fréquentation du site. L’enjeu est simple. Prenez un tract classique. Il est distribué. Sur 10 000 tracts distribués, comment savoir si 3 000 d’entre eux ont été lus, quel temps passé par tract, les pages les plus lues... ? Tous ces repères techniques essentiels sont impossibles à mettre en œuvre. Avec le site Internet, par campagne d’emailing, il est possible de quantifier les conséquences pratiques : -nombre de visiteurs, -nombre de visites, -parcours du visiteur (durée, pages les plus vues…). Tous les éléments de retour sur information sont à votre disposition dans les plus brefs délais. Tous ces éléments sont également disponibles avec un historique qui vous permet de comparer l’impact des différentes campagnes d’e-mailing. Bref, c’est l’interactivité globale et permanente. Cette interactivité est une page entièrement nouvelle dans les campagnes de communication. Il est à souhaiter que la CNIL ne la bride pas car ce serait réellement remettre en question une vraie forme de liberté d’expression mais surtout placer la France en marge de techniques modernes de communication. L’e-mailing est la «vraie nouvelle frontière» de la communication. Il faut laisser le champ libre aux émetteurs les plus imaginatifs et les plus modernes.

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26 - Collecte des fonds électoraux « N’importe comment cela marchera... » : Cette phrase se substitue souvent aux approches réalistes en matière de financement d’une campagne électorale. Ce sentiment s’accompagne d’autres commentaires du type : « je n’ai pas à demander moi-même de l’argent. Un membre de l’équipe de campagne s’en chargera » ou « même si c’est difficile, les contributions arriveront bien vers la fin de la campagne ». Trop de candidats croient qu’ils n’ont qu’à se présenter aux élections et les finances suivront. Il est vrai qu’il est exceptionnel qu’un candidat puisse aimer demander de l’argent à ses amis ou à ses électeurs. Beaucoup d’entre eux souhaiteraient presque tout faire pour ne pas avoir à demander de l’argent. Les mauvais réflexes Le 1er réflexe peut consister à ce que le candidat délègue la prospection pour collecter des fonds. C’est une erreur. Une des raisons qui conduit à donner de l’argent à une campagne électorale, c’est la confiance portée au candidat. Rompre ce lien direct est une erreur. Bien davantage, compte tenu de l’importance de cet enjeu, si le candidat ne se sent pas à la hauteur pour demander de l’argent pour sa propre candidature comment peut-il s’attendre à ce que d’autres le fassent pour lui ? Second réflexe : engager les dépenses et penser que l’argent rentrera juste avant les élections.

C’est vrai seulement dans les contes de fée. Si les démarches pour collecter des fonds ne débutent pas dés l’origine du lancement de la campagne, il n’y aura pas de collecte ni au début ni plus tard. Troisième réflexe : beaucoup de mes amis m’aideront. Avant de lancer cette idée, il vaut mieux commencer par dresser une liste précise de noms et d’inscrire face à chaque nom la somme probable. Vous constaterez que même cette liste vous réservera beaucoup de surprises et pas nécessairement dans le sens espéré. Les bons réflexes Pour éviter de telles mauvaises surprises, il importe tout d’abord de dresser le tableau des dépenses probables dans le cadre du plafond légal. Ce tableau présente par ailleurs l’intérêt d’imposer de mettre la campagne en perspective calendaire et d’opérer des arbitrages entre certaines actions initialement envisagées. Ensuite, le financement demande un effort d’organisation. A ce titre, loin de tout tabou, cette tâche doit être inscrite parmi les vraies priorités de la campagne. Il s’agit d’identifier les donateurs potentiels. Si ce n’est pas la première campagne, il est utile de retrouver la liste de ceux qui ont déjà contribué lors de la précédente élection. Enfin, il est nécessaire d’installer un comité de financement. C’est l’une des premières responsabilités du chargé des finances que d’installer ce comité. Cette approche

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26 - Collecte des fonds électoraux collective, classique à l’étranger, est peu utilisée en France. Elle présente pourtant de nombreux intérêts : - elle désacralise le sujet du financement qui ne devient plus un dossier tabou géré dans le secret, - elle responsabilise chacun des membres de ce groupe en collectivisant les objectifs, - elle assure une certaine transparence. Les « secrets honteux » résultent rarement de décisions d’un comité. Aux Etats-Unis, la composition du comité de financement est une étape très importante de la campagne. L’objectif c’est de constituer une base la plus large possible donc de choisir des membres permettant de solliciter des réseaux complémentaires. Le comité se réunit généralement de façon hebdomadaire pendant toute la durée de la campagne électorale. Le candidat est présent pour montrer l’importance qu’il attache à cette fonction mais aussi pour motiver chacun des membres du comité. Un moyen de collecte : le courrier Le courrier est le moyen le plus classique. En effet, les deux applications de base du courrier sont les contacts avec les électeurs et la collecte de finances. Ce mode de collecte donne de plus en plus souvent des résultats décevants. Trois données considération.

doivent

être

prises

en

Tout d’abord, ce moyen coûte cher. Avant d’assurer la collecte des premiers fonds, la première conséquence d’un mailing est d’inscrire une dépense parfois très significative : achats de timbres, frais d’impression, enveloppes et parfois même achat d’adresses. Ensuite, toutes les statistiques officielles sur l’impact d’un mailing montrent qu’il y a deux cas de figures différents. L’expéditeur dispose d’une bonne notoriété. La prospection par correspondance peut être efficace.

L’expéditeur ne dispose pas d’une bonne notoriété. La prospection par correspondance sera vaine. Enfin, il n’est pas aussi facile d’écrire une lettre sur un tel sujet que cela peut sembler a priori. La lettre doit être convaincante. Elle peut circuler et aller bien au-delà du destinataire initial. La rédaction doit donc intégrer cet aspect non négligeable. Tous ces volets conduisent à beaucoup relativiser l’impact de la collecte de fonds par correspondance. Cet impact décroissant conduit à l’émergence de nouveaux moyens. Parmi ces moyens, le recours aux suivants est de plus en plus fréquent : -phoning, -Internet, -rencontres individuelles, -dîners, ...

outils

De nouveaux moyens de collectes sont apparus et ont été de plus en plus utilisés. Appels téléphoniques Cette formule de sollicitation s’avère très efficace et considérablement plus légère à mettre en œuvre. C’est d’ordinaire la tâche de bénévoles qui, à partir du local de campagne, se voient remettre une liste d’appels téléphoniques à opérer. Cette méthode majeurs :

présente

trois

avantages

-elle correspond à un contact direct très personnalisé, -elle est légère à mettre en œuvre puisqu’elle suppose deux outils en amont à savoir la liste des noms avec les n° de téléphone et une fiche type à remplir par l’opérateur permettant de retracer le contenu de l’entretien téléphonique dont la promesse de don,

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26 - Collecte des fonds électoraux -mais surtout, ce contact peut être l’occasion d’un échange plus global plaçant la personne contactée dans une logique plus participative que la simple donation financière. Internet Au fur et à mesure que, dans la consommation courante, les achats sur Internet se développent traduisant ainsi notamment la confiance croissante dans la sécurisation des moyens de paiement par ce biais ; Internet devient un support efficace de collecte de fonds. Les coûts d’organisation sont moindres que l’envoi des correspondances mais aussi que celui des communications téléphoniques. La rapidité pour contacter un grand nombre de destinataires assure également une grande réactivité. Il est probable que ce moyen de collecte va considérablement progresser en puissance au cours des prochaines années. Pour bien apprécier le potentiel de ce support, il importe d’avoir à l’esprit les repères de la dernière enquête lourde conduite sur un échantillon représentatif de 1 025 personnes accompagnée d’entretiens en face à face conduite par Cap Gemini Consulting en partenariat avec TNS Sofres. Que nous apprend cette enquête ? -la grande démocratisation d’Internet. Les catégories d’usagers longtemps à l’écart (seniors et femmes) deviennent des «consommateurs» à part entière de ce support

ayant effectué une démarche comptent renouveler l’expérience.

en

Tous ces indicateurs traduisent normalisation de ce support.

ligne la

Les opérations spéciales A l’étranger et tout particulièrement aux Etats-Unis, ce volet est considérablement développé. Il rassemble les activités suivantes : - les dîners : organisés autour de personnalités, ils permettent de dégager des ressources très significatives par la marge dégagée entre le coût réel du repas et le prix facturé dont il est admis qu’il constitue une forme de soutien financier, - les barbecues : l’esprit est rigoureusement le même que celui des dîners sauf à préciser que le cadre champêtre donne un côté plus cool et populaire, - les soirées spectacles : le montage financier est le même que pour les opérations cidessus. Le thème du rassemblement sera celui d’un spectacle musical, culturel ou défilé de mode. Ce qui est important, c’est que le coût d’organisation soit considérablement moindre que le produit attendu des recettes. Si pour un dîner, le veau coûte moins cher que le mouton, prenez du veau. Aucun candidat n’a perdu parce qu’il n’y avait pas de mouton à un repas… Les finances des partis politiques

-la percée des «sites locaux» : 30 % des internautes affirment avoir visité au moins une fois les sites publics des acteurs locaux reconnaissant même la forte valeur ajoutée de ces sites qui ont une information très précise,

Aux Etats-Unis, les structures décentralisées des partis politiques ont parfois des ressources considérables. Le vrai enjeu de la primaire est certes d’émerger du lot des concurrents mais surtout l’onction ultérieure du parti qui assure une logistique et un soutien financier incomparables.

-il n’y a pas de montée d’inquiétude sur la protection des données personnelles via ce support. Bien davantage, 87% des Français

En France, la situation est très différente. Même pour des législatives, il n’y a jamais eu de contributions décentralisées financières

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26 - Collecte des fonds électoraux décisives. Un nouvel enjeu : transparence absolues

diversité

et

Ce qui sera nouveau à l’avenir en France c’est un devoir de vérité sur le financement. Le candidat qui aura le plus grand nombre de petits donateurs dans le cadre le plus clair ayant fait appel aux moyens les plus diversifiés gagnera en crédibilité et en morale. Deux qualités qu’il capitalisera bien au-delà du seul domaine de la collecte des fonds.

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27 - Comité de soutien «Avec une même aiguille, on peut coudre ou piquer». Ce proverbe chinois s’applique particulièrement bien à un comité de soutien. Le comité de soutien permet de «coudre» c'est-à-dire de raccrocher des électorats. Il permet aussi de «piquer» en portant l’offensive contre vos concurrents sans que vous n’ayez à vous engager personnellement dans une telle fonction souvent délicate. Le rôle d’un comité de soutien est en effet double. Il doit être un outil efficace de promotion de vos idées. Il doit être aussi capable de porter des attaques contre vos concurrents. La composition de votre comité de soutien et tout particulièrement le choix de son Président ou de sa Présidente est un message déterminant. C’est le casting des cibles électorales à toucher en mettant en scène les divers critères : âges, sexes, catégories socio-professionnelles … La première fonction de votre comité de soutien consiste à crédibiliser votre action. C’est la fonction des témoignages. Secteur par secteur, les membres de votre comité de soutien doivent être les premiers à exprimer la légitimité de votre action comme la qualité de vos propositions. La seconde fonction consiste à engager le débat sur l’inefficacité de vos concurrents. C’est la fonction contestation. Il importe donc de lister l’essentiel des propositions de vos concurrents, analyser leurs déclarations, détecter des contradictions. Votre comité de soutien doit porter le fer sur ces différents volets.

Enfin, pour tous les électeurs, le comité de soutien est le garant de vos priorités. Pour exercer efficacement ces trois fonctions différentes mais complémentaires, il importe que vous respectiez un certain nombre de précautions préalables : - une campagne électorale ne se fait pas tout seul. Le candidat ne doit pas s’exposer en permanence. Il importe donc de préparer la «répartition des actions» en donnant à d’autres les moyens de parler et de s’expliquer sur les dossiers qu’ils connaissent, - pour faire passer un message majeur, il faut le répéter aussi souvent que possible. La diversité du comité de soutien est une formidable «caisse de résonance», - l’appel à l’expression du plus grand nombre est valorisant pour chaque personne mise à contribution. L’expression des membres du comité de soutien impose de respecter certaines règles. Il faut étudier sérieusement l’histoire des membres afin d’éviter des «mauvaises surprises». La perte de crédibilité d’une personne et c’est l’ensemble de l’équipe qui est déstabilisé. Si l’effort de répétition est un défi essentiel, il faut que ce soit plusieurs voix pour un même message. Cette répétition est à organiser méticuleusement pour ne pas être rapidement indigeste. Chacun doit exprimer le même message mais avec sa «petite musique originale». Pour cela, il faut travailler

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27 - Comité de soutien la précision de l’expression dans l’unité. Chaque intervenant doit apporter des informations nouvelles composant autant de facettes d’un même message en ayant à cœur de s’inscrire dans une unité d’argumentation. Avant d’arrêter la composition définitive de

votre comité de soutien, il vous reste d’ultimes arbitrages à rendre dont les suivants sont les principaux : Chaque fois qu’une personne de forte notoriété est supposée être contactée pour appartenir à votre comité de soutien, si vous voyez immédiatement ce qu’elle peut vous apporter, interrogez-vous systématiquement aussi sur ce qu’elle peut vous faire perdre. Il est exceptionnel qu’une personne à forte notoriété ne soit pas clivante. Ce qu’elle risque de vous faire perdre n’est-ce pas plus important que ce qu’elle est censée vous apporter et que vous gagneriez peut-être aussi bien sans elle ? Il vaut souvent mieux que la campagne soit la révélation de noms peu connus qu’une course aux «notabilités diverses» qui seront difficiles à gérer car soucieuses d’abord de leur propre image de marque. Choisissez des personnes solides et au tempérament optimiste. Vous connaissez la formule «quand tout va bien, l’optimisme est un luxe. Quand tout va mal, c’est une nécessité». Le comité de soutien intervient souvent quand tout va mal ...

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88 - Karl Rove Une légende entoure Karl Rove. Le Conseiller le plus proche du Président Bush est au centre d’une réputation sulfureuse mais établissant aussi une incontestable efficacité. La réputation sulfureuse résulte d’une succession de « coups tordus » prêtés à l’intéressé. Le premier d’entre eux aurait débuté à l’âge de 20 ans quand, dans l’Illinois, Karl Rove se présente comme un supporter d’un candidat démocrate, lui dérobe du papier à en tête et transforme chacune de ses réunions publiques en annonces de fêtes avec « filles et bière gratuite » distribuées aux marginaux et aux clochards. Né en 1950 au Colorado, il est l’indiscutable maître d’œuvre des deux dernières campagnes présidentielles de GW Bush. En réalité, Karl Rove a introduit comme règles majeures quatre concepts. Le premier est celui dit du « push polling ». Il s’agit de poser des questions biaisées lors d’un sondage pour modifier les intentions de votes des électeurs. Le sondage ne porte pas seulement comme message le chiffre qui donne la photographie de l’électorat sur une question donnée mais c’est l’existence même du contenu de la question qui devient le message. Ainsi, en 1994, il commande un sondage qui, parmi les questions, comporte la question suivante « voteriez-vous toujours pour Ann Richards pour le poste de Gouverneur du Texas en sachant que son équipe est entièrement composée de lesbiennes ? ». Il transforme le sondage d’outil quasi-

scientifique en instrument d’un message au « hasard » d’une question. Il a reproduit méthodiquement ce système lors de la présidentielle de 2000 à l’occasion de la primaire difficile contre McCain en demandant si « les électeurs voteraient pour McCain si celui-ci s’était rendu coupable de trahison durant sa guerre du Viet-Nam ». Il reproduira le même dispositif lors de la campagne de 2004 contre Kerry au moment où celui-ci caracole en tête des sondages. Le second repère majeur dans la technique de Karl Rove, c’est la conviction que le vote à organiser est le « vote contre » et non pas le « vote pour ». C’est cette logique qui place désormais les campagnes négatives républicaines en outils les plus élaborés et efficaces des campagnes électorales. Le troisième repère c’est de s’attaquer d’abord aux qualités majeures de ses concurrents sans respecter aucune précaution sur la vérité desdites attaques. Dés l’instant qu’un concurrent est doté d’un point fort, celui-ci fait l’objet d’un matraquage systématique pour au moins jeter le doute sur cette qualité « objective ». Ainsi, l’été 2004, bien que titulaire des décorations militaires les plus prestigieuses attribuées après des enquêtes minutieuses, John Kerry fait l’objet d’une campagne mettant en cause la réalité de son engagement pendant la guerre du Viet-Nam. Rove aurait monté de toutes pièces à l’aide de militants républicains rémunérés des déclarations fabriquées visant à attaquer Kerry sur sa qualité principale : son

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88 - Karl Rove engagement pendant la guerre du Viet-Nam. Il s’en est suivi un matraquage de communication notamment par des campagnes web qui ont conduit à jeter le doute pendant un moment et conduire Kerry à mobiliser toute son énergie pour se justifier sur un point inconcevable en début de campagne. Il ne tournera la page que lorsque la chute de Kerry dans les sondages avait été amorcée. Le quatrième repère majeur de Karl Rove réside dans le dynamisme des dernières semaines de campagne électorale. Il est persuadé que les électeurs ont la « mémoire courte » et qu’ils peuvent changer d’avis jusqu’au dernier moment. Les dernières semaines sont donc un vrai « feu d’artifice ». Avec de tels repères, Rove a fait naître une nouvelle génération de communicants politiques.

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89 - Mike Huckabee Vendredi 7 décembre 2007 tombaient des premiers sondages traduisant une nouvelle donne : Mike Huckabee s'installe en joker d'un camp républicain désorienté.

entourage peut prendre les bonnes décisions.

Huckabee a bénéficié de l'atout du neuf.

En réalité, progressivement, l’opinion républicaine a éliminé Giuliani, pas « assez républicain ». Elle a cherché à s’accoutumer à Romney mais le facteur religieux l’en éloigne régulièrement.

Mike Huckabee est né le 24 août 1955 dans l’Arkansas. Cet ancien Gouverneur de l’Arkansas a été cité en 2005 par Time Magazine comme l’un des 5 meilleurs Gouverneurs. Toute la percée de Mike Huckabee repose sur un deux socles : - le premier est la référence permanente à Ronald Reagan, - le second réside dans la faiblesse de l’actuelle offre des candidats républicains. La référence à Reagan est constante dans chacun de ses discours. Derrière cette référence, c’est le retour à une certaine Amérique. Cette Amérique, c’est le retour des valeurs traditionnelles, le retour à la loi et à l’ordre. C’est surtout le retour à une autorité rassurante dans un monde où tout bouge. C’est un langage populaire simple contre l’immoralité.

Le second point fort de Mike Huckabee a été faiblesse de l’offre des autres candidats.

Romney n’arrive pas à régler la question religieuse mais surtout, progressivement, en cherchant à cacher ce volet, il a beaucoup communiqué sur son passé de manager talentueux et s’est éloigné des «citoyens ordinaires». Il a ouvert un second espace à Mike Huckabee qui s’est affirmé face au candidat «trop mormon et trop parfait». Mike Huckabee est apparu simple, guidé par des valeurs morales accessibles à tous. Il est parvenu à effectuer une percée avec des moyens financiers très limités. Dans l’Iowa, les observateurs considèrent que Mike Huckabee a dépensé 10 fois moins que Romney dans cet Etat qui accueillait l’une des premières primaires.

C’est une Amérique simple qui se méfie de Washington mais qui « croit au labeur du travailleur, à l’initiative de l’entrepreneur et au conseil du prêtre ».

Mais il faut que la presse le passe maintenant au tamis pour que l'opinion trouve des angles d'attaques.

Ces valeurs simples deviennent le pilote automatique d’un candidat président qui ne cache pas ses limites voire même ses faiblesses mais qui estime que le cap de la gouvernance est tellement clair que son

Or, sur ce point, les angles ne manquent pas. Il se prétend le « nouveau Reagan » mais les hausses d’impôts en Arkansas auraient été considérables. C'est encore trop tôt pour voir s'il va résister à cette étape.

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89 - Mike Huckabee Mais surtout, l’Amérique de l’après 11 septembre avec le très délicat désengagement de l’Irak est-elle prête à accepté un profil aussi inexpérimenté ? L’électorat républicain devait répondre non à cette question essentielle et Huckabee a dû se retirer de la primaire en ayant d’abord représenté un temps de « fantaisie ».

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90 - Mitt Romney Du côté républicain, au lancement de la campagne, c’est un juriste de 59 ans, ancien Gouverneur du Massachusetts (2003 à 2007) qui a créé la surprise.

Il a levé un fonds électoral de première importance. Dans le seul premier trimestre 2007, il a levé 23 millions de dollars dont une très grande partie provient de l’Utah.

Barack Obama pose à l’Amérique une question importante : est-elle prête à élire un Président métissé ? Mitt Romney a posé une autre question importante : est-elle prête à élire un Président mormon ?

Les informations communiquées par la commission fédérale électorale montrent que près de 36 000 dons ont été obtenus selon un ordre géographique décroissant suivant : - Californie, - Utah, - Massachusetts, - Texas, - Michigan, - Floride, - Arizona, ...

Il faut remonter à 1960 pour voir la religion occuper une place aussi importante dans un débat politique. La question concernait alors JFK et la religion catholique. Bien entendu, pendant longtemps, Mitt Romney s’est efforcé de relativiser la question. Mais, dans la dernière ligne droite, cette question a occupé une place centrale dans le débat. En réalité, le positionnement de Mitt Romney était entièrement axé sur les valeurs morales. Il savait que ce positionnement non seulement permettait de faire la différence par rapport à son concurrent Giuliani mais surtout que ce positionnement correspondait à une vague de fond dans l’Amérique profonde. Toute sa démarche reposait sur deux socles : - d’une part, ses capacités reconnues de bon gestionnaire. Il fut l’organisateur des JO de 2002 à Salt Lake City, - d’autre part, ses valeurs morales qui tranchent avec les mœurs de Washington.

Sur la base de ce montant collecté lors du 1er trimestre 2007, Romney disposait alors d’une large avance devant Giuliani (15 millions) et McCain (12,5 millions). Mais, la présidentielle américaine est une élection à enjeu où l’argent ne fait pas tout. A la droite religieuse, le profil de foi de Romney a parlé et peut-être même un peu trop. C’est pourquoi, le mormon qu’il est a veillé à rappeler de façon incidente qu’il était capable d’avoir pris des mesures traduisant une entorse à sa religion à l’exemple de l’autorisation de vente d’alcool le dimanche et l’autorisation d‘ouverture d’un casino. Mais Romney n’est jamais parvenu à donner un autre ancrage que son engagement religieux qui l’affaiblissait.

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90 - Mitt Romney Il a insisté sur sa réussite d’homme d’affaires. Il a mis en lumière son parcours de responsable économique présentant son élection comme Gouverneur du Massachusetts comme une expérience dans sa vie professionnelle. Mitt Romney restera comme le candidat neutralisé par une question religieuse écrasant tous ses autres atouts.

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91 - Nancy Pelosi Dans l’histoire des Etats-Unis, c’est la première fois qu’une femme accède à la responsabilité de speaker c'est-à-dire de Présidente de la Chambre des Représentants soit le troisième personnage de l’Etat. C’est aussi la première fois qu’une femme accède à une place aussi élevée dans la hiérarchie de l’Etat. Nancy Pelosi est élue d’un district très à gauche du pays tout en étant l’une des plus grosses fortunes du Congrès. Elle est classée parmi les 10 plus grosses fortunes du Congrès Américain. Au sein de la Chambre des Représentants, elle a défendu des positions particulièrement progressistes : - elle a voté contre la résolution autorisant le Président Bush à entrer en guerre en Irak, - elle a voté contre les baisses d’impôts, - elle soutient le droit à l’avortement, ... Elle a contribué à définir les nouvelles priorités du Parti Démocrate avec des avancées significatives en matière sociale et de couverture santé. Sa prise de fonction a été immédiatement altérée par un revers lors du vote du numéro deux de la Chambre des Représentants. Son candidat a été battu. Les nouveaux élus ont ainsi voulu démontrer que, s’ils respectaient le rôle éminent tenu par Nancy Pelosi dans la reconquête démocrate (ils l’avaient élue par acclamation à sa nouvelle fonction), ils n’entendaient pas pour autant ne pas limiter son influence.

Ce geste symbolique très fort en dit long sur le climat dans l’ensemble du Parti Démocrate. La victoire du 06 novembre 2006 a traduit certes la récompense d’élus anciens qui ont tenu « dur » pendant les « belles années républicaines ». Mais cette victoire a consacré une nouvelle génération d’élus qui entendent jouer leur chance immédiatement. Ils savent que la médiatisation de la vie politique américaine est implacable. Le « tour » passe vite. Ce climat signifie combien la marge de manœuvre de Nancy Pelosi est étroite. La nouvelle majorité démocrate, avec Nancy Pelosi parmi ses plus fortes figures emblématiques, est attendue sur trois dossiers très difficiles à gérer dans le détail après les faciles effets d’annonces. Le premier dossier est celui du désengagement progressif de la guerre en Irak. Les repères en la matière sont simples. Le retrait le plus rapide des troupes américaines dans des conditions qui respectent la dignité de l’autorité internationale des Etats-Unis. Dans les faits, cette conciliation est délicate. Le second dossier concerne l’assainissement des « mœurs de Washington ». C’est l’ensemble de la vie politique fédérale qui est à réformer dont la place du lobbying. Là aussi, c’est dire l’importance de la réforme. Le troisième enjeu consiste à conduire toutes ces réformes dans un climat de popularité

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91 - Nancy Pelosi stabilisée afin que le candidat démocrate à la présidentielle de 2008 puisse bénéficier d’une vraie rampe de lancement. Pour toutes ces raisons, si Nancy Pelosi parvient à mener sa tâche à bien, cette réussite traduira un savoir-faire hors du commun la plaçant au centre du dispositif démocrate pour le dernier sprint de la présidentielle de 2008. Une période très incertaine s’ouvre donc bien éloignée des réussites faciles si souvent présentées.

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92 - Organisation type d’une équipe électorale US En préalable, il est indispensable de rappeler la spécificité de chacune des vies publiques américaines et françaises qui obéissent à des cultures, des réglementations, des échelles très différentes. Les caractéristiques de l’une et de l’autre imposent de garder à l’esprit un devoir permanent de différence. Néanmoins, au-delà de ces différences, il est possible de dégager des lignes directrices qui peuvent préfigurer certaines évolutions. C’est le cas en matière d’organisation d’une équipe électorale américaine. L’organisation type est articulée autour de 7 pôles qui correspondent à 7 catégories de tâches différentes. La 1ère fonction est celle de la direction de campagne. En liaison permanente avec le cabinet-conseil qui constitue la structure extérieure de conception et de définition de stratégie,la direction de campagne est confiée à un professionnel de l’organisation. Cette fonction est conçue comme une tâche de management au sens classique du terme. La période concernée constituera d’ailleurs une ligne à part entière du cursus professionnel de l’intéressé. Il est rémunéré officiellement sur des bases proches du secteur privé. Sa fonction est analogue à la direction générale d’une entreprise. Le second pôle est celui de la collecte de fonds. Dans chaque équipe, le « fund raising » constitue un travail professionnel officiel quotidien. Régulièrement, l’équipe de campagne publie l’état de sa collecte. Plus les caisses sont pleines, plus elle est assurée de durer. C’est l’indicateur de crédibilité.

Le troisième pôle est le suivi d’opinion. C’est souvent la structure la plus étoffée. L’enquête par phoning (téléphone) va occuper quotidiennement plusieurs personnes qui suivent pas à pas l’évolution de l’opinion sur les messages lancés et sur les sujets d’actualité. Le 4ème pôle est constitué par l’équipe « d’oppo research ». Ils suivent pas à pas les concurrents, leurs positions passées et présentes, leurs carrières, leurs financiers... La matière pour les publicités négatives sortira de leurs dossiers. Le 5ème pôle est celui des relations presse. La personne doit avoir un tempérament très énergique et des « nerfs d’acier ». Les relations sont en effet très différentes de celles connues en France. La « complicité amicale » serait synonyme d’un mauvais professionnalisme. Le représentant du candidat doit donc « en imposer » à la presse par sa connaissance détaillée des dossiers comme de la personnalité et du cursus du leader qu’il représente. Le 6ème pôle est celui des « faiseurs de messages ». Ce pôle va du « speech writer » au photographe attaché aux basques du candidat ou au caméraman qui anime le site Internet. Le speech writer coordonnera souvent une cellule argumentaires fonctionnant en liaison avec des universitaires locaux. Le 7ème pôle rassemble toutes les tâches diverses dites de secrétariat. Ce poste recouvrait encore dans la décennie 80 des travaux importants d’envois ciblés donc de mise sous enveloppe. Toutes ces tâches

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92 - Organisation type d’une équipe électorale US parait proche et naturelle.

sont désormais externalisées. Cette organisation caractéristiques qui profondément des équipes françaises.

présente 4 la différencie traditionnelles

La 1ère est celle du professionnalisme à part entière. Par le système transparent, officiel des structures électorales, les postes sont revendiqués comme un cursus professionnel comme un autre. L’objectif est d’abord l’efficacité bien davantage que le militantisme. La 2ème caractéristiques est celle de la dimension moyenne des circonscriptions électorales. L’échelle démographique va de plusieurs millions d’électeurs (Sénat) à des centaines de milliers. Cette dimension impose et/ou autorise des méthodes « de masse ». Pour parler au grand nombre, il faut un message clair, des moyens lourds répétitifs et une grande cohérence dans le temps pour d’abord franchir le seuil minimal de notoriété puis construire son image de marque. La 3ème différence est le règne absolu de l’image. Le candidat est le message : par sa tenue, par ses formules brèves et incisives, par ses gestes, par ses attitudes. La 4ème différence majeure est la reconnaissance de la segmentation du corps électoral. Parler ou agir général, c’est parler ou agir en vain. Tout le travail consiste à passer le bon message aux bons récepteurs. Les publicités télévisées sont un moyen privilégié puisque les émissions ont une identification précise de leur audience. Par conséquent, les ads (vidéos clips payants) assurent le meilleur ciblage possible pour prendre position sur des thèmes qui sont chers aux téléspectateurs de la tranche TV concernée. Tout ce dispositif trouve un impact particulier avec la place reconnue à l’argent. Plus les caisses sont pleines, plus le candidat est reconnu comme un « winner » et prend l’avantage. Plus il peut compter sur des professionnels de qualité. Plus la victoire Exprimeo.fr - 198


93 - Record de levée de fonds pour Obama Pour bien prendre conscience de la nouvelle donne actuellement connue par les Etats-Unis en matière de collecte de fonds, il faut avoir à l’esprit des repères simples. 1) La collecte de fonds est l’enjeu premier de chaque campagne. Les sommes en question sont considérables. Des chiffres parlent d’eux-mêmes. Aux USA, pays qui traite ce volet financier avec la plus grande transparence, on estime que pour l’ensemble des comités électoraux qui se chargent des campagnes pour les élections à la Chambre des Représentants ou au Sénat, l’évolution suivante est intervenue : 1960 1968 1976 1980 1988 1995

: : : : : :

20 millions de dollars, 44 millions de dollars, 540 millions de dollars, 1, 2 milliards de dollars 10 milliards de dollars, 40 milliards de dollars.

Ces chiffres n’intègrent pas les dépenses pour les élections présidentielles. 2) Il n’y a pas de corrélation entre le montant de la dépense et la victoire ou l’échec. L’argent n’achète pas le succès électoral. Toutes les études sérieuses conduites dans ce domaine montrent, à chaque époque, que les candidats disposant des plus gros moyens mat ériels n’emportaient pas automatiquement la victoire. La vraie question n’est pas tant de savoir si l’argent joue un rôle décisif lors d’une élection mais pourquoi il n’a pas été un facteur déterminant ?

Sous ce volet apparaissent deux constats : - l’argent est soumis à la loi des rendements décroissants. L’électorat se fatigue d’être bombardé d’appels électoraux trop répétés, - si une vague de rejet du pouvoir en place est forte, aucune cagnotte électorale ne pourra l’endiguer. 3) Dans cette compétition à la collecte de fon ds , les R épu b l ic ain s ont traditionnellement un avantage considérable. Pour la première fois, les démocrates sont en tête. Ils sont en tête grâce aux sommes records collectées par Obama et Clinton. 4) Non seulement les démocrates collectent davantage de fonds que les Républicains mais au sein des démocrates c’est un candidat pour une première présidentielle qui a devancé une ex-First Lady habituée des réseaux. Comment expliquer cette situation ? Pour l’essentiel, Barack Obama a mis en place la première collecte de fonds via Internet par un système de relais de collectes. Il a été le premier à poser comme principe d’efficacité que la collecte c’est le don personnel + l’amorçage d’une chaîne de donations complémentaires. Le donateur ne doit pas considérer qu’il a rempli son apport en envoyant sa participation. De façon indissociable, son apport passe par la mise en place d’une véritable chaîne et il en est de même pour chaque autre donateur de cette chaîne.

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93 - Record de levée de fonds pour Obama Internet est ainsi devenu le meilleur réseau de collecte de fonds. Obama a innové. Il restera une logique Obama dans la collecte des fonds bien au-delà de son résultat dans la présidentielle 2008.

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94 - Recherche dans la politique US Début août 2004, après la convention démocrate de Boston qui s’est tenue du 26 au 29 juillet, l’écart entre George Bush et John Kerry est désormais très faible. C’est le moment choisi par le Président sortant pour engager une nouvelle é t ap e de communication dans sa campagne électorale. Jusqu’en août 2004, Kerry, comme Mc Cain, incarnait une figure emblématique de la guerre du Vietnam. Lors des primaires républicaines, après la victoire écrasante de Mc Cain dans le New Hampshire, George Bush avait déjà ouvert des hostilités de façon collatérale sur les états de service du Sénateur Mc Cain. Il s’agissait d’insinuer des doutes. En août 2004, une opération de toute autre envergure est engagée contre JF Kerry. Les républicains font lever tous les tabous et conduisent une attaque en règle contre les états de service de JF Kerry lors de la guerre du Vietnam. C’est la 1ère fois que des attaques seront portées non seulement sur les points faibles d’un candidat mais sur les points forts de celui-ci afin que rien ne résiste à l’affrontement. Cette technique est le résultat de l’apparition dans les équipes de campagne d’une nouvelle fonction : « opposition research ». Une fonction nouvelle à part entière qui est officiellement appelée «opposition research», «oppo» dans le jargon quotidien. Cette fonction consiste à passer au microscope tout ce qui pourrait nuire au concurrent dans sa vie. Tous les magazines, journaux, votes sont épluchés pour détecter les failles de l’adversaire, ses points manifestement faibles. Bien davantage, aucun point fort n’est

désormais reconnu comme insurmontable ou incontestable. Selon certaines sources dignes de confiance, 40 personnes auraient travaillé dans une cellule de ce type pour chaque candidat à la dernière élection présidentielle américaine. Puis, toutes les informations sont intégrées sur ordinateur. Le RNC ( Republican National Committee ) a même organisé un service interne de logistique qui couvre en permanence les principaux démocrates. Tout est classé par thème. Vous appuyez sur un mot et toutes les déclarations sortent avec leurs contradictions, leurs excès, les votes…Cette méthode a pris une telle importance que désormais le 1er service des « oppo » consiste à fouiller dans le passé de leur propre candidat pour identifier ses points faibles afin de prévenir et de s’organiser en conséquence. Ils effectuent ce travail avant même de s’occuper des candidats concurrents. Les campagnes électorales deviennent des vrais lieux de guerre avec pour objectif quasi-déclaré : la destruction pure et simple de l’adversaire. Cette « technique » connaît un développement accéléré avec la place désormais prise par Internet. Le circuit entre l’émetteur et le récepteur est tellement court que de telles « révélations » n’ont plus à être filtrées par un intermédiaire extérieur comme un journal. L’informatique offre des possibilités de stockage et de croisement d’informations qui démultiplient les possibilités d’un telle approche. Lors de l’élection présidentielle de 1990, chaque membre influent de l’état-major de campagne de Bill Clinton avait sur ordinateur une documentation classée par thème

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94 - Recherche dans la politique US relative au Président sortant : promesses non tenues, financiers des campagnes, votes … Tout était ainsi réuni pour répondre sur l’instant à une initiative de leur concurrent. Cette approche rencontre une conjoncture d’autant plus porteuse que les programmes politiques ont perdu de leur importance. L’enjeu n’est plus d’analyser un programme mais de mieux connaître une personnalité, son histoire, son tempérament. L’enjeu n’est plus de croire dans l’opposition entre un candidat honnête et un opposant malhonnête. La malhonnêteté est partagée. Ce qui l’est moins c’est d’établir le degré de gravité. Cette approche n’est pas limitée aux EtatsUnis. Le 1er leader européen a avoir repris cette organisation a été Tony Blair lors de l’élection de mai 1997. Au 1er étage de la Millbank Tower, une tour défraîchie au bord de la Tamise, il a installé le modèle « Excalibur ». Ce modèle comprenait un programme « rapid rebuttal » (riposte rapide) très directement inspiré des techniques de la « war room » de Bill Clinton. En 30 minutes, ce programme informatique mettait en évidence toutes les contradictions d’un concurrent, ses votes défaillants ... Les prochaines campagnes électorales françaises devraient connaître l’émergence d’une telle approche. Ce sera probablement l’une des principales nouveautés des prochaines campagnes avec l’effet de contamination qui devrait en résulter.

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120 - Élites d’aujourd’hui La mode est à la dénonciation du divorce entre les français et leurs élites. Le fossé qui les sépare est en effet particulièrement profond. Pourquoi ? Je vais avancer une explication d’autres mais à laquelle je particulièrement.

parmi crois

Dans la culture française, l’erreur est mal acceptée. Dans beaucoup d’autres pays, il en va différemment. L’erreur peut être perçue comme faisant partie de la vie, voire même un facteur de progrès. En France, l’erreur est signe d’une faiblesse. C’est une déficience qui touche la personne dans son être, son statut social. Ce refus d’intégrer l’erreur comme une composante de la vie conduit d’ailleurs à créer un climat très particulier de refus de culpabilité. Les médias ont considérablement accentué ce climat en généralisant une ambiance globale du « à qui la faute ? ». Le manque de professeurs dans les écoles, la faiblesse de crédits de recherche, tel ou tel mauvais résultat et la course à la recherche aux erreurs est immédiatement engagée. Parce que le refus de la reconnaissance de l’erreur est poussé à l’extrême, on en vient presque à légitimer le mensonge.

au constat humiliant de l’erreur. C’est la justification de cet adage populaire « toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire ». Si aujourd’hui les citoyens sont coupés de leurs élites politiques, administratives ou économiques, c’est qu’ils ont la certitude que ces élites ont cumulé trop d’erreurs et trop de mensonges. Trop d’erreurs, parce qu’elles n’ont pas été capables de suffisamment prévoir, d’engager les réformes pour sortir de la crise. Ce cumul a cassé la confiance et le respect. Il n’y aura donc d’évolution qu’en apportant une double correction : - admettre le droit à l’erreur, - pour enfin refuser le droit au mensonge. Cet enjeu montre qu’il s’agit de bâtir une autre culture politique. Il ne peut plus être question de s’en remettre à une « élite providentielle » ayant réponse à tout. Bien au contraire, il importe d’évoluer vers davantage d’humilité, de transparence, d’écoute, de partage des décisions. C’est une vraie « nouvelle morale » qui est nécessaire. Sur quoi repose cette nouvelle morale :

Dans une société qui désacralise l’erreur, le mensonge n’a pas sa place.

il faut dépasser les oppositions systématiques pour faciliter les passages et les rencontres de points de vues,

Dans une société qui interdit l’erreur, le mensonge peut devenir le moyen d’échapper

- il faut ouvrir les instances de direction aux profils les plus divers,

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120 - Élites d’aujourd’hui - il faut rompre avec l’autoritarisme aveugle qui refuse le compromis et qui repose en permanence sur une valorisation excessive de l’intérêt général en qualité d’abstraction. La précarité ne devrait pas d’abord frapper les plus faibles mais les plus puissants. Les dirigeants, plus que tous les autres, doivent être contestés de façon permanente afin d’évincer les incapables ou les paresseux. Sans cette instabilité permanente des élites, ces dernières se sclérosent, se protègent, se coupent de la « vraie vie » connue par le plus grand nombre et accélèrent leur chute. Cette nouvelle mentalité est le principal défi des prochaines années. Elle ouvre un exercice différent du pouvoir. Elle impose un contrôle différent du pouvoir. Elle exige un exercice différent de la qualité de citoyen.

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121 - Engagement public : quel sens ? « Je ne suis plus jeune » avertit SAINT SIMON dans les lettres d’un habitant de Genève à ses contemporains datant de 1803. Il ajoute : « J’ai observé et réfléchi. Pendant toute ma vie, votre bonheur a été le but de mes travaux ». Bonheur ! Le mot est lâché. Qui oserait aujourd’hui s’aventurer à employer de tels termes et se fixer de tels objectifs ? Au-delà de cette question, deux autres interrogations apparaissent immédiatement : - Est-il possible dans un engagement public de parler aujourd’hui du bonheur, - Serait-il possible de faire référence à ce terme comme sens d’un engagement public ? La question qui s’impose immédiatement sonne comme celle d’une midinette : « les Français sont-ils heureux aujourd’hui ? » Le quotidien est pavé d’informations graves et inquiétantes : terrorisme, guerre, crise économique, des mutations technologiques, famines ... où peut être la place du bonheur dans ce contexte ? L’inquiétude ne chasse pas nécessairement le bonheur. Bien davantage, il est normal d’être inquiet. Mais il n’est pas interdit d’être heureux. Paradoxalement, cette inquiétude, cette sorte de poids sur l’estomac, peut contribuer à gagner des moments de bonheur. Comme si chaque instant de calme gagné sur des lendemains incertains prenait une saveur particulière. « Vivez si vous m’en croyez. N’attendez à demain. Cueillez dès aujourd’hui… » : telle a longtemps été la

devise de ceux qui, ayant échappé aux grands maux dont tout le monde parle, redoutent d’en être bientôt atteints. Il n’est pas possible de se satisfaire de cette forme éphémère du bonheur. Comme s’il fallait être heureux maintenant par crainte de l’être moins demain. Le bonheur aujourd’hui, et vous en serez d’accord avec moi, c’est en effet trop souvent de ne pas souffrir des problèmes dont les autres sont affectés. On est donc heureux par différence. On l’est également parce qu’on n’est pas sûr de l’être encore demain. Les français savourent ainsi avec délice un bonheur dont ils pensent les autres privés et dont ils ne savent pas combien de temps il durera. Pour ne pas dire comme RADIGUET : « bonheur, je ne t’ai reconnu qu’au bruit que tu fis en partant ». Notre société est aujourd’hui d’autant moins heureuse qu’elle est surtout désemparée. Les mots ont perdu leur sens. Les engagements ont perdu leur signification. Les repères s’estompent voire même parfois disparaissent. L’inquiétude s’accroît au fur et à mesure que les progrès technologiques devaient être censés nous en libérer. L’inquiétude va au-delà des valeurs pour gagner y compris la sécurité alimentaire. Cette précarité est généralisée au point que la société de consolation existe de moins en moins. Bref, le supposé progrès collectif ne s’accompagne pas du progrès individuel que l’on semble en droit d’attendre. D’ailleurs, dans ces conditions peut-il être encore question de parler de « progrès collectif » ? Ces constats nous imposent des remises en

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121 - Engagement public : quel sens ? question profondes. Il n’est pas possible de laisser au religieux le monopole du sens. Il n’est pas sain de laisser prendre racine une telle remise en cause de la modernité.

à nous engager dans la vie publique.

Notre vie publique ne peut rester orpheline de sens, de valeurs, de repères collectifs mobilisateurs. Parce que je crois toujours à cette nécessité d’avancer vers un progrès collectif porteur d’améliorations individuelles, j’ai la conviction plus forte que jamais que le meilleur doit être devant nous. Des modifications majeures incontournables doivent être intégrées. Mais sans nostalgie ni culte du rétro, même avec ces modifications majeures, l’avenir est un formidable défi. Il peut permettre à chacun d’entre nous de gagner en autonomie. La personnalisation n’est pas seulement une éventuelle menace sur l’anonymat supposé protecteur. La personnalisation peut aussi receler la reconnaissance de la singularité de chacun et nous éloigner par exemple d ‘une consommation de masse qui casse les identités trop singulières. Nous pourrions reprendre beaucoup d’exemples de ce type pour remettre rapidement en question certains a priori. La vocation de notre engagement public, c’est de donner un sens à nos actions collectives et individuelles. Nous devons montrer que le travail doit être respectueux de l’épanouissement individuel. Que si l’accumulation des produits consommables n’est pas une garantie de bien-être, notre société ne peut pas accepter que certains en soient po urt ant excessivement privés. Les périodes d’excès sont destructrices. Nous devons évoluer vers l’équilibre, mieux l’harmonie. L’harmonie pour soi-même comme avec les groupes qui constituent notre communauté. Cette harmonie est peut-être le visage moderne du bonheur en reconnaissant une part plus importante à l’épanouissement individuel. C’est un défi qui mérite tous nos efforts. C’est la raison pour laquelle je souhaite que nous soyons de plus en plus nombreux à croire et Exprimeo.fr - 259


122 - Enquêtes parlementaires L’affaire Outreau a constitué un test majeur pour l’avenir des commissions parlementaires d’enquêtes en France. Cette affaire traduit et / ou entraîne une crise profonde de l’Institution Judiciaire Française. C’est désormais une réalité unanimement constatée. Permettra-t-elle une restauration de l’image du Parlement ou au contraire confortera-t-elle l’opinion publique dans son sentiment que, sous la Vème République, l’Assemblée Nationale est presque toujours impuissante ? C’est désormais le nouvel enjeu de l’affaire d’Outreau. En effet, sous la Vème République, le Parlement se heurte à la difficulté de mettre en œuvre des procédures de nature à traduire la reconnaissance d’un véritable pouvoir parlementaire. Le fait majoritaire a progressivement placé le Parlement dans une image et dans une réalité de « chambre d’enregistrement » incapable d’engager la responsabilité gouvernementale. Dans ces circonstances, le Parlement a donc cherché à développer ses moyens d’information. Là réside désormais tout l’enjeu de la commission d’enquête sur l’affaire d’Outreau. Il est aujourd’hui admis que le Parlement n’exerce plus deux de ses fonctions essentielles. Il n’a plus l’initiative de création de la loi. Il n’exerce plus de contrôle effectif sur le gouvernement. Il ne lui reste donc que le développement d’une fonction d’information. Si la commission

d’enquête révèle au grand jour une incapacité à exercer cette fonction d’information, c’est l’ensemble de l’image de marque du Parlement Français qui risque de s’en ressentir gravement. L’affaire Outreau c’est désormais l’enjeu de l’appréciation de l’efficience de la reconversion du Parlement sous la Vème République qui est devenu une caisse de résonance, un organe à l’écoute de l’opinion publique. Le Parlement a-t-il les moyens de répondre aux attentes de l’opinion publique sur ce point ? C’est un défi redoutable et difficile à honorer avec succès. C’est un défi redoutable car, dans l’ambiance actuelle de perte de crédibilité des Institutions, un échec du Parlement sera très lourd de conséquences graves pour le fonctionnement global de notre démocratie. Même en ayant conscience de cet enjeu, comment le Parlement peut-il réussir dans cette opération c'est-à-dire conduire une action concrète qui soit à la hauteur d’un double enjeu : l’immensité de l’attente de l’opinion publique et la réalité des modifications pratiques de nature à améliorer le fonctionnement concret de l’Institution Judiciaire ? A-t-il les moyens de ce défi ? Il n’est pas évident de répondre oui à cette question. Il est même plus aisé d’anticiper en répondant non. L’opinion attend du concret rapide. Dans la foulée immédiate de la commission, elle

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122 - Enquêtes parlementaires aspire à des remises en question majeures dont le traitement différent de la question de la responsabilité des juges. Le Parlement peut-il donner à l’opinion ce qu’elle attend ? Il faut avoir l’honnêteté de reconnaître que probablement pas. L’ampleur d’une telle réforme impose des consultations, des délais qui vont demander du temps. Ce temps sera pour l’opinion publique la reconnaissance de l’échec de la commission d’enquête qui risque alors de devenir une commission comme les autres c'est-à-dire une commission pour rien. Si tel devait être le cas, dans l’ambiance actuelle déjà dominée par la préparation d’un débat majeur sur la modernisation des Institutions de la Vème République, cela risque d’être un coup fatal à ces Institutions. Il n’est jamais bon qu’un pays réforme ses Institutions sous la pression de la crise. Il n’est pas meilleur qu’un pays constate avec fatalité le divorce entre une Nation et ses Institutions.

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123 - État spectacle Les deux dernières décennies ont vu naître et se développer en France un certain nombre de t en d an c es n o u v e ll e s qui on t fondamentalement modifié les équilibres de notre vie politique. Tout d’abord, nous avons assisté à la généralisation d‘un catastrophisme permanent. Nous sommes passés d’un pessimisme ambiant fort à un catastrophisme où la surenchère à la dramatisation semble ne plus avoir de limite. Seconde tendance, l’émergence de « nouveaux gourous » qui sévissent sans aucune humilité. Les prêtres ne sont plus des directeurs de conscience reconnus. Les intellectuels sont morts avec SARTRE, ARON. Les hommes politiques sont livrés aux jugements péremptoires et sans appel sur leurs « défauts indécrottables ». Heureusement, une nouvelle race de « maîtres à penser » est née. Ils animent des émissions de TV ou de radio, font du cinéma ou de la chanson et parfois même les deux et « eux savent ». On ne sait pas trop pourquoi et à quel titre mais comme dans la présente période il vaut mieux croire que chercher à comprendre, chacun s’en remet docilement à leurs jugements sur tous les sujets dans tous les domaines. Ils éditent les nouvelles « tables de la loi » que tout responsable public doit en permanence respecter sous peine d’exclusion. Enfin dernière tendance, la nouvelle France déboussolée qui s’en remet à la dérision avec déraison. Il est bien clair que la société française a connu et connaît encore

de profondes mutations. La crise dès 1973 n’avait pas excessivement inquiété. A cette époque, il ne faisait pas de doute que le pouvoir allait y remédier. En 1981, toujours malades, les Français ont décidé alors de changer de médecin. Après 23 ans de « frustrations », ils donnèrent libre cours à leur joie du Printemps 81. Plusieurs printemps après, les impôts étaient plus lourds, le chômage plus élevé, le franc plus bas. Pour beaucoup, le rêve était fini. Par le biais de l’alternance, les Français s’étaient enrichis d’une expérience nécessaire mais ils se sont appauvris d’un constat d’une gauche qui a failli. Depuis cette époque, c’est la fin de l’enthousiasme. Les différences entre droite et gauche se sont estompées en matière économique. Pendant les années au pouvoir, la gauche s’est appliquée, au-delà de ses réformes sociales, à démontrer qu’elle était capable de gérer. De son côté, la droite s’efforce d’apparaître comme le champion d’une sorte de libéralisme à visage humain qui ne mettrait pas en cause les acquis sociaux et se donnerait comme priorité de créer des emplois dans un pays qui n’a pas cessé d’en perdre depuis quelques années. La montée des mécontentements a favorisé la forte ascension des extrêmes. Et les promesses non-tenues, les décisions à contre-courant, la détérioration des rapports entre les membres de la classe politique ont terni de façon durable l’image des partis et des hommes politiques. Dans un cadre aussi éloigné des repères habituels, il est facile de tout tourner en

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123 - État spectacle dérision avec les refrains désormais connus de tous : - face à une nouvelle proposition, il suffit de laisser tomber « et pourquoi ne l’avez-vous pas mise en œuvre quand vous étiez au pouvoir ? », - face à un chiffre officiel, il suffit de laisser entendre « vous en êtes sûr ? », - face à une promesse, il suffit de commenter « vous dites cela aujourd’hui mais demain... ». Ces réactions ont sapé et sapent en permanence la fiabilité et la crédibilité de tout débat public. Dans ce contexte, un nouvel « Etat spectacle » est né. Ses terrains sont : - la compassion. Il ne s’agit pas tant de lutter contre les drames permanents mais surtout de les accompagner avec l’émotion intense, - l’humanitaire. Plus le pays est éloigné et inconnu, plus l’ambition parait grande et mériter le respect, - la tolérance. Dans ce domaine, la règle du jeu est simple. Il faut dire en permanence que « tout ce vaut ». Malheur au premier qui cherchera à rétablir des hiérarchies, l’association d‘images avec les « nouveaux maîtres à penser ». Partant du principe de la sagesse populaire qui dit « qui se ressemble s’assemble » être aux côtés des « nouveaux gourous » est un formidable laisser passer pour la popularité. Cet Etat spectacle est de plus en plus un triste spectacle d’Etat.

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124 - Éthique en politique Si ces deux termes, éthique et politique, ne sont pas nécessairement incompatibles, force est de constater que les relations paraissent désormais fréquemment conflictuelles. La politique est souvent perçue maintenant comme la sphère d’activité où le pouvoir peut transgresser beaucoup de règles parfois au titre d’une efficacité « supérieure » mais malheureusement aussi au titre d’un simple mépris de règles élémentaires. Ce n’est pas une situation nouvelle. La raison d’Etat, le totalitarisme, le terrorisme tout comme la lutte contre celui-ci et tant d’autres raisons ont parfois officiellement justifié ce mépris de certains droits. Chaque fois que ce fut le cas, c’est la démocratie qui a été la première victime. Parce que la démocratie suppose un certain idéalisme mais également une indispensable vertu. La démocratie suppose un certain idéalisme, car elle repose sur l’idée d’une dignité particulière de l’individu. Un individu libre, sacré qui constitue le peuple souverain. C’est en son nom que le pouvoir légitime peut s’exercer. C’est une offense à cette dignité chaque fois que le pouvoir méprise cette reconnaissance de la primauté de l’individu. La démocratie est également le régime de la vertu. Ses éléments fondateurs sont la reconnaissance que tout individu doté de pouvoir doit l’exercer dans un cadre « transparent » de nature à permettre le contrôle des citoyens. C’est aussi la conception que le dirigeant doit servir et non

pas se servir. D’ailleurs, chaque fois que des régimes démocratiques se sont éloignés d’une certaine éthique, ils ont été emportés par cette attitude : - en France, la IIIème République et les affaires Stavisky et Dreyfus, - la IVème République avec les « ballets roses », La Vème République a été très menacée par la Garantie Foncière, l’affaire Aranda. L’alternance à l’intérieur de la majorité en 1974 s’explique pour une bonne partie par le rejet de la majorité des « copains et des coquins » et le boulet de l’avoir fiscal de J. Chaban Delmas, il en est de même à l’étranger. Watergate pour R. Nixon, Clinton et le Monicagate, Edward Kennedy et Chappaquidick…jusqu’au dernier scrutin britannique du jeudi 04 mai 2006 en passant par le rejet des libéraux Canadiens en janvier 2006 en raison du scandale des commandites... Chaque fois que le pouvoir transgresse une certaine éthique d’exercice, il est condamné par l’opinion publique. Ce constat historique est encore plus fort dans la présente période. La crise collective actuelle est matérielle, psychologique et morale. Elle est matérielle parce que la situation du grand nombre est affectée par l’érosion du pouvoir d’achat comme par la nouvelle précarité en terme d’emploi.

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124 - Éthique en politique Elle est psychologique parce que les repères collectifs traditionnels ont disparu pour laisser place à un monde déboussolé sans sortie garantie ni prévisible de tunnel. Un monde dans lequel il n’est plus question de vivre sur des bases rationnelles, connues voire programmables mais seulement de survivre dans le court terme. Cette crise est aussi morale. L’opinion publique est d’autant plus sévère avec les dirigeants qu’elle éprouve un confus mais réel besoin de vengeance face à des élites qui ne parviennent plus à rendre la vie plus belle. Dans ce contexte, il n’y a plus de « morale de l’efficacité » qui permettrait de transgresser une certaine éthique. Dans ces nouvelles circonstances, le citoyen aspire au respect. Pour qu’on lui prouve ce respect, il demande un comportement honnête, transparent. La communication économique a intégré cet état d’esprit depuis longtemps. La communication publique a commencé mais des résistances demeurent. Il ne doit pas y avoir place au doute. Cette nouvelle éthique n’est pas « une morale provisoire ». C’est une nouvelle donne qui s’est installée durablement et qui constitue une valeur que chacun se doit de respecter avec rigueur.

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125 - Être de droite aujourd’hui Etre de droite en France c’est exprimer un choix qui dérange.

d’abord

Pour les uns ce serait tantôt un luxe tandis que pour d’autres ce serait un défi. C’est un luxe parce que nous avons le sentiment profond que c’est aller à l’encontre des tendances lourdes de notre pays prêt pour la gauche et seulement tolérant pour des parenthèses de « droite ». La place de l’Etat, celle de l’égalité conditionnent en effet notre pays à mieux vivre la gauche que la droite. C’est donc un défi dans un tel contexte que d’oser s’affirmer de droite. Parce qu’il s’agit de s’affirmer à contre courant. Pour moi, être de droite n’est ni un luxe ni un défi mais une nécessité. C’est une nécessité car être de droite c’est être libéral. Le libéralisme c’est la liberté politique, la liberté économique et surtout le progrès amené par la liberté économique. Le libéralisme est la reconnaissance de la primauté de l’individu face aux systèmes de masse qui ont pu porter le nom de socialisme, de communisme c'est-à-dire une aliénation de l’individu par un système collectif qui l’encadre parfois jusqu’à l’oppression. Etre de droite, c’est placer sa confiance dans la liberté et dans la responsabilité des individus avant de les placer dans l’Etat. Regardons autour de nous, cette droite là est

presque partout au pouvoir. Pourquoi la France resterait-elle à l’écart de ce mouvement, bunkerisée dans une prétendue exception la condamnant à considérer le socialisme comme une voie d’avenir ? Regardez les 35 heures, obligatoires contre toute logique économique. Regardez leur coût, le carcan qu’elles représentent pour ceux qui voudraient gagner plus en travaillant plus. Regardez aussi tous ceux qui doivent, en travaillant le plus, payer toujours plus d’impôts afin que d’autres travaillent moins. Clémenceau disait : « la France est un pays extrêmement fertile. On y sème des fonctionnaires et on y récolte des impôts ». Mais que donne la récolte des impôts ? Les services publics sont-ils des exemples de performance traduisant ainsi la plus belle forme de respect de l’argent donné par les contribuables ? Pourquoi les fonctionnaires ne seraient-ils pas rémunérés au mérite ? Puisqu’il n’y a pas de reconnaissance matérielle du mérite, pourquoi un fonctionnaire s’imposerait-il une quelconque productivité ? Pourquoi dans ce pays n’y aurait-il jamais que le choix entre des pourcentages de hausses des prélèvements obligatoires : la modérée ou la forte ? Pourquoi le secteur privé devrait-il toujours être la première victime des grèves des services publics organisées par ces derniers pour défendre des droits acquis qui sont

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125 - Être de droite aujourd’hui inimaginables dans le secteur privé et dont, seules quelques parties visibles sont sporadiquement dévoilées avec pudeur pour ne pas encourir les reproches des bénéficiaires ? Pourquoi les seuls noms de Thatcher ou de Reagan seraient-ils des épouvantails et ceux de Castro, Lénine, Staline ou Mao mériter de baptiser quelques unes de nos plus belles avenues ? Qui pourrait sérieusement prétendre que la balance en vies humaines pourrait s’équilibrer ? Parce que j’ai toujours préféré la liberté face à la pensée unique, la révolte face au consensus totalitaire, l’individu face à la masse, le mérite face à l’égalité de la grille abstraite ; je suis un libéral donc un citoyen de droite. Parce que la France n’a jamais été libérale, j’éprouve un immense besoin de proposer que cette voie soit enfin expérimentée. Comment demander à résoudre nos problèmes en s’en remettant aux courants de pensées qui ont contribué à créer ces mêmes problèmes ? Le libéralisme est la seule vraie alternative offerte à notre pays. Toutes les autres voies se sont révélées des impasses. Le libéralisme est donc bien une vraie nécessité.

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126 - Être de gauche aujourd’hui Comme élu de gauche, il me paraît nécessaire de vous rappeler ce que je considère être le sens de mon engagement dans ce cadre. J’ai toujours considéré qu’une personne engagée à gauche avait pour objectif de modeler la société pour qu’elle soit plus juste, rendant l’homme plus libre et plus heureux. La force et l’originalité de notre engagement résident dans cette finalité là où les tenants du libéralisme acceptent si facilement que des groupes puissent régner sur la société, dominer pour dominer. Pour un élu de gauche comme moi, le rapport à la société s’inscrit dans une logique qui doit être mise au service de l’être humain, pour sa dignité, pour son respect. Ce rapport ne peut exister qu’en reconnaissant la société telle qu’elle est pour la faire évoluer. Aucune évolution n’est possible si elle est déconnectée d’une réalité économique, sociale, internationale. Si nous nous réfugions dans une conception de la société qui ne résisterait à aucune analyse réaliste, nous nous comporterions en apprentis sorciers indignes de toute confiance démocratique. La logique initiale du libéralisme c’est une philosophie selon laquelle la liberté rend les hommes plus responsables d’eux-mêmes. L’actuelle mondialisation économique, qui est une indiscutable victoire du libéralisme, à l’opposé de cette logique initiale de liberté

comme point de passage vers la responsabilité individuelle, dépossède les individus de leur propre sort. Une liberté collective devient la liberté de quelques uns à démunir les autres de toute emprise réelle sur leur sort personnel comme sur celui de la société. Dans ce contexte, nous devons offrir une alternative. Nous ne voulons pas d’une société de compétition qui exclut et écrase les plus faibles. Mais nous ne voulons pas davantage d’une société égalitaire qui démobiliserait les talents comme les meilleures bonnes volontés. Nous ne voulons d’une société matérielle où l’envie domine tout. Mais nous ne devons pas pour autant que l’une des formes de cette envie soit une égalité qui paralyse tout. Si nous reconnaissions cette égalité, nous devrions les pires conservateurs possibles, bloquant le moindre changement. Or le sens de notre engagement réside dans le mouvement qui dit apporter le progrès par une amélioration de l’organisation du collectif. Pour la première fois peut-être à ce point dans l’histoire de l’humanité, nous avons un double sentiment : - demain sera moins bien qu’hier, - demain la planète peut ne plus supporter notre présence avec toutes nos attitudes négatives. Notre responsabilité, c’est d’apporter des réponses à ces deux questions fondamentales :

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126 - Être de gauche aujourd’hui - rétablir l’espoir, - restaurer la confiance. Pour conduire cette responsabilité, nous devons agir sur le réel. Il ne s’agit pas de se résigner à ce réel mais de le reconnaître pour en contrôler la finalité. Plus que jamais, le grand dossier des prochaines décennies sera le partage des richesses entre les territoires, les Nations, les groupes sociaux. Dans ce contexte, nous devons défendre le rôle de la puissance publique comme régulatrice et outil des volontés démocratiques. Nous devons placer nos engagements dans du concret, du proche et du réel. L’ailleurs radical et mirifique est un mirage. Si nous plaçons au cœur de nos priorités la défense des oubliés de l’égalité des chances, nous ne devons pas les rendre victimes d’illusions indignes. Etre de gauche c’est aujourd’hui reconnaître comme socle du progrès social la réalité de la société pour mieux pouvoir la changer.

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127 - Être du centre aujourd'hui Les leçons de l’histoire récente apportent une justification décisive à mon ancrage d’élu appartenant à ce qu’il est convenu d’appeler « le centre ». L’échec du socialisme dogmatique est manifeste. Le libéralisme a fait la preuve de son efficacité mais les performances économiques ne peuvent remplacer la finalité d’une société qui doit demeurer l’amélioration sociale et la promotion humaine. Nous avons une approche de synthèse. Nous acceptons la finalité sociale de la société mais nous refusons le dogme de la lutte des classes. Nous acceptons le libéralisme mais nous refusons l’agressivité qui peut si souvent imprégner cette doctrine. Cette synthèse, face aux doctrines d’organisation collective, nous la retrouvons aussi dans le fonctionnement de la vie politique au quotidien. Nous n’acceptons pas cette cassure de notre pays en deux camps irrémédiablement séparés. Des siècles pèsent sur les mentalités, sur les structures. Nous sommes convaincus qu’un mouvement est nécessaire face au poids des habitudes. Mais surtout être au centre, c’est se fixer comme moteur de son engagement le respect des autres.

de la pensée infaillible d’un système politique. Le respect de l’échange pour que la décision publique soit le fruit d’un accord du plus grand nombre et non pas la concession faite aux plus puissants. Ces valeurs sont celles de l’avenir. Notre génération ne peut demeurer indifférente à l’avenir sous peine de courir à sa propre perte. Comment notre pays peut-il se situer dans cette perspective d’avenir si tout ce que propose un camp l’autre le combat systématiquement ? Tout ce qu’a fait un camp l’autre le détruit systématiquement ? L’avenir impose d’autres réflexes. Notre génération est celle qui aura le plus hypothéqué l’avenir des générations futures au point que certains comportements paraissent quasi-suicidaires tant ils sont préjudiciables à l’ensemble des générations futures. La charge de la dette va écraser les actions publiques pendant des décennies. Le réchauffement de la planète menace à terme notre espèce même. Combien faudra-t-il de cris d’alarmes de démographes, de scientifiques …?

Le respect du débat avec tous les autres sans exclusion.

Ces générations penseront demain à nous dans des termes sévères nous qualifiant probablement de la génération de l’abondance égoïste, de l’éphémère, de l’urgence sans lendemain, de l’instant.

Le respect de l’identité des autres pour éviter une forme de colonialisme intérieur inconscient qui écrase le citoyen sous le poids

Si nous voulons commencer par corriger ces appréciations légitimes, nous pouvons débuter par une vie publique apaisée,

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127 - Être du centre aujourd'hui respectueuse des héritages de doctrine de chaque courant de pensées. Dans ces courants de pensées qui pourrait dire que le consensualisme de JJ Rousseau, le solidarisme de Léon Bourgeois, le radicalisme d’Alain ne constitueraient pas des courants d’une extrême qualité qui font partie intégrante de notre culture ? Ces courants de pensées sont animés par le souci de comprendre, celui de garder la distance nécessaire avec les utopies qui sont en réalité la négation de l’idéal. Nous avons des convictions mais nous ne souhaitons pas les enfermer définitivement dans une doctrine. Appartenir au centre, c’est d’abord aimer cette liberté. Cette liberté qui remet en cause tout aveuglement. Cette liberté, par l’autonomie qu’elle donne à chacun, est un formidable enjeu d’avenir. Construire cet avenir c’est la tâche d’avenir à laquelle je vous invite à participer.

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