E79 EBOOK

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graphisme design image création


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s o m m a i r e décembre

2001

éditorial

Nouvelle époque ?...............................5

c r é at i o n

Consommation de Christmasse...............7

pub

Peps................................................19

a l e u r av i s

La charette ? .....................................24

technews

L’actualité des technologies.................26

présence

David Mus.........................................30

Packaging

Pack maker................................…....32

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Typographie

Méga Mixte........................................46

Agence

Staying alive.....................................52

Le Quernec

Mise à nu..........................................58

images

Des grues et des hommes.............…....67

regard

Toujours plus.....................................70

l é g i s l at i o n

La presse est une et indivisible............72

livres

Les dernières nouveautés.....................73

expos-concours Les créations d’Alain le Quernec étonnent autant qu’elles détonent. Après avoir publié plusieurs de ses articles, étapes : s’arrête aujourd’hui sur les affiches de ce provocateur de talent.

La XVIII e Biennale de Varsovie.............80

index

Le carnet d’adresses...........................86

Emploi

Offres d’emplois.................................88

rÉpertoire

La page des professionnels..................92

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é d i t o 15, rue de turbigo, 75002 Paris Tél. : 33 – 01 40 26 00 99 Fax : 33 – 01 40 26 00 79

Rédaction en chef - Direction artistique Michel Chanaud mchanaud@pyramyd.fr Patrick Morin pmorin@pyramyd.fr Rédactrice en chef adjointe Véronique Godé vgode@pyramyd.fr Maquette Alice Andersen aandersen@pyramyd.fr Amélie Pignarre apignarre@pyramyd.fr Création graphique et maquette © PYRAMYD Rédaction Vanina Pinter vpinter@pyramyd.fr Anne Melcer amelcer@pyramyd.fr Étienne Hervy ehervy@pyramyd.fr Ont participé à ce numéro Lewis Blackwell, Stéphane Darricau, Isabelle Durand, Marie-Pierre Guiard, Françoise Martin-Borret, Sophie Rocherieux. Publicité au journal Responsable : Nadia Zanoun (03 51) nzanoun@ pyramyd.fr Chef de publicité : Christelle Chassagrande (00 64) cchassagrande@pyramyd.fr Emploi, produits, services : Dulce Joao (02 77) djoao@pyramyd.fr Abonnements Laurent Robic Tél. 33 – 01 40 26 02 65 Fax 33 – 01 40 26 07 03 lrobic@pyramyd.fr Prix pour 10 numéros : 104  France 130  CEE, DOM TOM – 149,5  autres pays Flashé par Transparence Imprimé par Imprimerie Saint-Paul • Bar-le-Duc sur Hello Silk 135 g/m2, couverture sur Hello Gloss 250 g/m2. Hello est une marque européenne Buhrmann distribuée par Libert, division graphique de Buhrmann France Image. Directeur de la publication Michel Chanaud (mchanaud@pyramyd.fr) N° de commission paritaire : 0906 T 75280 Dépôt légal à parution – ISSN 1254-7298 © ADAGP Paris 1999 pour les œuvres des membres. Cette publication peut être utilisée dans le cadre de la formation permanente. Ce numéro contient 1 encart broché : 2 pages Fedrigoni entre les pages 72/73 3 encarts jetés : 10 pages Zanders, 2 pages Adobe, 4 pages UPM Kimmene. étapes : est éditée par PYRAMYD NTCV Société Anonyme au capital de 110 000  dont les principaux actionnaires sont M. Chanaud & P. Morin. 15, rue de Turbigo, 75002 Paris. Tél. : 01 40 26 00 99 R.C.S. Paris B 351 996 509

édite également Bloc Notes Publishing, le mensuel du savoir-faire en multimédia, Internet, création et prépresse, la lettre d’information et le site de la librairie Artdesign sélection et le catalogue de Pyramyd formation.

nouvelle époque ? Vin chaud, flonflons municipaux, discours convenus, expos et conférences tristounes, Échirolles 2001 vire à la kermesse quand Chaumont nage dans le psychodrame. Désireux de s’ouvrir à d’autres formes graphiques que celle de l’affiche, y compris, bien sûr, celle du Web, cette orientation irrite certainement Alain Weill, délégué général historique qui menace de démissionner (réellement ?). Une délégation élargie, plus représentative des tendances actuelles, ne devrait pourtant pas nuire à la manifestation, bien au contraire. Autre rumeur significative, le Syndicat national des graphistes est sous perfusion. Plus assez d’adhérents, peu de bénévoles, ce n’est pas la revendication d’un graphisme plus auteur que jamais et récemment anticopyrighté par un a * qui devrait renflouer les caisses et intéresser les professionnels des univers commerciaux. A suivre très prochainement ici même. Que se passe-t-il donc, alors que le design (pris dans son sens le plus large) s’ouvre et se décloisonne. Que les savoirs et les professions se rapprochent ? Que les jeunes diplomés soient forcément multimédia ? Que Jack Lang veuille ouvrir à la compréhension et à la connaissance des design dès l’école primaire (enfin) ? Faut-il faire table rase des institutions du “passé” pour mieux rebondir ? Faut-il atteindre le fond de la piscine avant de remonter à la surface ? Fort possible qu’au bout du tunnel une génération chasse la précédente avec des regards et des envies plus actuels. A l’heure où les écoles du monde entier – dans certains cas avec une énergie toute particulière, comme en Chine par exemple – forment de futurs professionnels dans des quotas jamais atteints, est-il logique qu’en France un secteur d’activité aussi vital économiquement et culturellement ne soit pas mieux défini au regard de la société, et donc porté par des actions significatives ? Mais qui les initiera, si ce ne sont les jeunes professionnels eux-mêmes ? * Télécharger sur le site du SNG www.sng.fr/expo/index.html

Le coupon d’abonnement est en pages 83/84 PROFESSIONNELLE

“Toute reproduction ou représentation intégrale ou partielle, par quelque procédé que ce soit, des pages ou images publiées dans la présente publication, faite sans l’autorisation écrite de l’éditeur est illicite et constitue une contrefaçon”. (Loi du 11 mars 1957, art.40 et art.41 et Code pénal art.425) • Le magazine n’est pas responsable des textes, photos, illustrations qui lui sont adressés • L’éditeur s’autorise à refuser toute insertion qui semblerait contraire aux intérêts moraux ou matériels de la publication • Toutes les marques citées dans étapes : sont des marques déposées ainsi que le logo “étapes :” et sa marque .

Foisonnante et cynique, cette composition est semblable au drôle de personnage qui se cache derrière, à découvrir en pages 16 et 17.

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Consommation de Christmasse Futuriste, irrévérencieux, interactif… Chez le Londonien Selfridges, honorable grand magasin d’Oxford Street fondé en 1909, Noël n’est plus ce qu’il était. Au rebus Teddy Bears à bouclettes et angelots en sucre ; place aux cascades de fibres optiques colorées, aux caissons à guitares phosphorescents et autres messages géants, sculptés par des guirlandes de ventouses lumineuses. Nées de l’imagination parfois controversée de l’architecte/ designer Ron Arad, les vitrines un peu folles de Selfridges servent aussi de “toile de fond” au tout récent Technology Hall, dernière folie du magasin. Également conçu par Arad, cet espace high-tech de 2 000 mètres carrés, pensé comme une salle de jeux pour grands enfants, propose au public le meilleur de la haute technologie domestique. A Londres cette année, la Nativité et son lot de shopping seront technoïdes.


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Capotées Osée, crue et pudique, l’affiche de Saintclair Piera et de Raphaël Halin a remporté le premier prix du concours de création graphique. Ce dernier, organisé par les affichages de Sup de Co Toulouse, en partenariat avec Sida info services, a récompensé une autre étudiante, Aurore Lechner. La jeune Marseillaise a joué sur l’attrait perfide des jeunes pour les marques. Les affiches créées sans la pression des commanditaires bien pensants sont d’une finesse et d’une force sans équivoque.

Bobo box Pour célébrer sa première année de succès dans l’univers impitoyable du Web, Showstudio, le très fashion site de Nick Knight et Peter Saville, a convaincu vingt de ses gentils mécènes (Alexander McQueen, Björk…) de concocter, chacun, une création de leur choix. Objets, dessins, photos, etc., ont été déposés dans des boîtes, qui forment autant de “Time capsules” destinées à être découvertes (avec émerveillement) dans plusieurs années. Trente des cent exemplaires édités viennent d’être mis en vente, pour la modique somme de £1 200 (1 921 ). www.showstudio.com

Cool œuvre

Il y a six mois, MTV Europe envoyait des éclaireurs, dans six capitales du vieux monde, recueillir l’avis d’adolescents sur ce que “cool” veut dire. Forte de ces précieuses informations, la chaîne décidait de les transformer en un guide des tendances à l’usage du groupe MTV : le Source of Cool Book. L’alchimie, designée par Field Design, a donné vie à un agenda, qui liste par ville et par époque tout ce qui est cool. Source of Cool Book n’est pas une œuvre d’utilité publique, mais ambitionne néanmoins de célébrer la culture des jeunes, cette polymorphe nébuleuse.

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N’oubliez pas le guide Le musée mobile et interactif Erich Kästners permet au visiteur curieux et entreprenant de pénétrer au cœur de l’univers de l’écrivain allemand, mort en 1974. Apparaissant d’abord comme une masse compacte, ce musée portatif invite chacun à déplacer à sa guise les différents éléments qui le composent. Ces présentoirs découvrent alors leur contenu : œuvres et reliques de l’auteur.

Mur à crédit La rénovation de l’agence centrale du Crédit Lyonnais de Nice a été l’occasion de donner au vaste hall d’accueil une nouvelle vocation. L’agence de design Metzler et Associés y a installé un espace d’information organisé selon quatre thématiques (maison, retraite, bourse, 18-25 ans). Identifiés par une couleur repère, autant de murets regroupent supports multimédias et informations en accès libre.

A l’affiche Une conférence à l’université de New York et une affiche de Philippe Apeloig célèbrent le cinquantenaire des Cahiers du cinéma. Le graphiste a utilisé les trois logotypes que les Cahiers ont connus depuis leur création. Une façon de rappeler la vocation essentiellement critique d’une revue où le texte l’emporte sur l’illustration et les gens illustres.

Rennes transposé Cette année, l’affiche des Transmusicales est signée Fox & Me. Ce duo, constitué de Mathieu Renard (graphiste) et Arno Guillou (photographe), a voulu souligner le rôle de défrichage du festival international : d’une forêt dense et verdoyante symbolisant l’univers musical s’échappent quelques bulles aériennes, petites perles sonores que les traînesemelles découvrent chaque année.

Let’s dance La fine équipe Duran-H5 est coutumière du fait : si la chanson ne nous dit rien ou presque, leurs images nous parlent. Trop explicites dans le clip de Super Furry Animal (It’s not Gonna Change the End of the World), elles sont autocensurées pour cause de conflit Est-Ouest. Quant au premier vidéo-clip du groupe londonien Playground, si l’idée n’est pas nouvelle, faire danser un robot, l’allégorie est plutôt réussie : l’expression de la vie se situe dans le mouvement. Sans aucun doute ! Six semaines ni plus ni moins pour faire sortir l’androïde métallique de sa boîte et lui insuffler (sans motion capture) les jeux de jambes d’un James Brown, ceux de Prince ou Michaël Jackson : bluffant. Pour être présent dans cette rubrique : etapes@pyramyd.fr

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L’apéro kit Habillée de porcelaine par Elizabeth Garouste et Mattia Bonetti, la bouteille Ricard faisait son entrée dans le troisième millénaire en même temps qu’au musée. Cette année, Suze lui prend la vedette pour les fêtes, dans une version totalement relookée par Jean-Charles de Castel Bajac. L’apéritif de papa se travestit de couleurs pop pour s’introduire dans les lounges tamisés. Lignes arrondies “sleevées” pour le circuit GMS (grand magasin supermarché), il est assorti d’un sac à main, servi sous cloche pour l’élite. A l’initiative de ce projet, l’agence Raison Pure qui planche depuis trois ans sur l’image trop rétro du produit. Résultat, une opération packaging orientée objet qui joue sur la signature et la série limitée. Allez, encore une p’tite goutte pour faire passer la note ? - A ce prix-là (150 ), servez-le avec deux doigts de cassis, “on the rocks” ! www.suze.com www.ricard.fr

Corporate décalé TWResearch, petite agence anglaise d’études de marché, spécialiste des médias et des divertissements, a eu l’audace de se créer une identité corporate tout en second degré. Cartes de visite à collectionner, site Web jonché de petits jeux interactifs et supports papier aux teintes acidulées sont tous habités par de bizarres petits bonshommes et quelques poulets rôtis. Le travail print est signé du studio Kerr/Noble ; le site est de Soda ; les illustrations du célèbre Paul Davis et la typo enfantine est de Rosemary Sassoon. www.twresearch.com

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C’est l’Amérique Canal Jimmy s’habille chez Blue Note. Gédeon communication a repris les codes graphiques qui ont contribué au renom du label de Jazz Roi des années 1970 pour réaliser le prochain habillage de la chaîne thématique. La nouvelle grille des programmes, toujours rock, culte et sixties, s’articule autour de prime time spécifique de chaque jour de la semaine. Pour chacun, l’équipe de François Dameron a su définir une identité visuelle distincte, quoique toujours dans l’esprit des créations de Reid Miles. Un logo suivant le modèle Levi’s ou Texaco poursuit ce rêve d’Amérique.

Recherche freudienne Le spectacle de la Compagnie Philippe Genty raconte l’odyssée moderne d’un personnage à la recherche de luimême. Graphiste échappé des arts appliqués pour mieux se retrouver sur les planches, Genty, dont la capacité à créer des images incongrues, poétiques, pathétiques et parfois dérangeantes, n’a pas résisté à la tentation de concevoir l’affiche de sa pièce. Un petit coup de pouce lui a cependant été donné par le studio Nova Mondo à Dijon. Les Ulis en pièces Legoff et Gabarra continuent leur collaboration avec le centre culturel des Ulis. Pour la saison 2001-2002, le commanditaire souhaitait mettre en scène de façon ludique la pluralité de ses activités. Seule contrainte technique, la bichromie pour tous les documents : affiches, programmes et invitations. Le duo de créatifs avait choisi de présenter un seul projet finalisé plutôt que plusieurs esquisses disparates. Le premier essai a été le bon.

Prime à l’anim Les MTV European Music Awards sont autant l’événement des rock stars que celui des graphistes : choisi parmi les figures de proue du pays maître de cérémonie, l’heureux élu se voit confier l’habillage de la manifestation, diffusée en boucle dans le monde entier. Cette année, l’illustrateur suisse-allemand, François Chalet, réalisait pour le show de Francfort un clip d’ouverture de 45 secondes et toute une série de jingles. Au total, trois minutes d’animation sous Flash, dont la ligne graphique expressive et minimaliste s’impose, de plus, au sein de la chaîne. En 2002, Barcelone accueillera la fiesta… www.primalinea.com Pour être présent dans cette rubrique : etapes@pyramyd.fr

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Sur la route Un pneu ou une paire de lunettes de conduite ? Le soleil ou le beau temps ? Le gris du bitume ou l’orange dynamique ? Entre les deux, une frontière en pointillé : une route qui de toute manière sera tenue grâce aux nouveaux pneus Michelin. Christophe Pouget, graphiste indépendant, mandaté par l’agence lyonnaise Jump, a créé le logo et les visuels de communication de Pilot City, pneus de scooters destinés aux jeunes citadins. www.rsrv.com

Train de nuit à un train d’enfer Over Night by Eurostar est plus qu’un ticket de train Paris-Londres, c’est une invitation au voyage et à la fête. Destiné aux Parisiens avides d’une nuit blanche outre-manche, ce pack Marketing est un concentré de création. Pro Déo, agence de communication parisienne spécialisée dans l’événementiel, a fédéré les talents nécessaires à cette réalisation. Avec les billets et une compilation de musique techno britannique, un hors-série Technikart fait office de guide. Le tout est contenu dans un étui conçu par Yorgo Tloupas. Installé à Londres depuis le début de l’année, l’ancien directeur artistique du magazine Crash restitue les lumières et l’ambiance du London by Night par un jeu de pixels. La beauté des laids

Triangulation du centre En plus d’identifier, le logo conçu par l’agence britannique The Chase situe le centre commercial dans la ville de Manchester. L’emblème retenu reprend le tracé des rues aux alentours du bâtiment. Cette vue du ciel devient un système évolutif qui s’applique à toutes les formes de communication du centre.

La contestation graphique va-t-elle renaître grâce aux designers canadiens ? Les jeunes créatifs de 1000kmdesignburo, à Toronto, ont, en tout cas, pris le parti de rallier et d’afficher l’exposition Working Projects. Message : montrer la force esthétique des bâtisses déglinguées venues de nulle part, qui ont poussé dans la région de Toronto, et qui s’effacent au profit des banlieues bourgeoises.

La municipalité de Pékin va mettre en place une hot line destinée à protéger le logo des JO d’éventuels détournements et faciliter les dénonciations. • La fondation Raymond Loewy a décerné un Award à Michael Ballhaus, directeur de la photographie sur les films de Scorsese et Coppola. • Les inscriptions pour le concours « Flyer de l’année » 2001, organisé par A Nous Paris, sont ouvertes jusqu’au 20 décembre. Positiv@ Le Flyer de l’année 2001, 3 rue d’Arboy, 75011 Paris. • Les anciens de l’école Olivier de Serres (ENSAAMA) relancent leur association, Effet de Serres, et mettent en ligne Pour être présent dans cette rubrique : etapes@pyramyd.fr

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M. Bidule

Dolly Roman Dolly Italique Dolly Bold

Worldtypo Des fontes ? Il en existe plus de 30 000 sur le

commerce. Malgré la saturation du marché, chaque jour, aux quatre coins du monde, des typographes en proposent des nouvelles. En France, la fonderie la Laiterie rassemble les polices de Julien Janiszewski, créées pendant ses années d’études et améliorées ensuite. Entre M. Bidule et Indoo, sa police la Curve se distingue par sa clarté et ses courbes divertissantes. Ses fontes sont distribuées par Bistream et T-26. Basés aux États-Unis, les designers internationaux de P22 lancent une nouvelle division en ligne, International House of Fonts (IHOF). Leurs créations ont pour particularité de puiser leur forme dans l’Histoire. La fonte Mucha, par exemple, reproduit directement le style de l’artiste. Parmi les dernières nouveautés, on remarque la Calligraphica, inventée par le spécialiste en la matière, Arthur Baker. Quant à la société berlinoise Fontshop, elle présente la création Eddie, d’Eddie Baret, où il a repris l’écriture de son frère âgé de cinq ans : C’est la police idéale pour tous les enseignants qui désirent faire progresser leurs élèves en leur montrant ce qu’il ne faut pas faire ! A noter, la sélection de fontes en cyrillique et en caractères grecs. Présentée dans un livre à la couverture flashy, décorée d’un bouledogue argenté, Dolly est une police, par contraste, étonnamment classique. Disponible sur www. underware.nl. Elle a demandé deux ans de travail aux designers néerlandais Faydherbe et de Vringer. Ils espèrent que leur “petit chien” sera le nouveau Frutiger ou le Bodoni. www.la-laiterie.com M. Bidule www.t26.com www.fontshop.com www.p22.com www.internationalhouseoffonts.com

Curve

Curve bold

Indoo

le site http://www.effetdeserres.com. • L’usine d’Oulu de Stora Enso remporte le Prix finlandais de la qualité 2001. • Le salon Now ! design à vivre reçoit le Grand prix Stratégie du design 2001 dans la catégorie édition pour sa campagne dirigée par l’agence Preview. • Global Graphics nomme Don O. Leary à la tête de ses usines françaises et italiennes de production de matériel prépresse. • Frédéric Ordronneau est nommé directeur général d’Allasso France, premier distributeur européen spécialisé dans la sécurité des réseaux. Pour être présent dans cette rubrique : etapes@pyramyd.fr

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Sans modération Pour lancer Powerade, sa nouvelle boisson énergétique, Coca-Cola s’est adressé à Ki Communication, agence de Montreuil repérée grâce au site du film Final Fantasy. Plutôt que de vendre un produit, les pages veulent fédérer un public d’internautes, amateurs de Californie et de sports de glisse. Peu d’infos et beaucoup d’images, la création de Benjamin Nitot et Eric Vidoni, directeurs artistiques du projet, est une belle enveloppe avec peu de contenu. Elle évite soigneusement son sujet principal, la boisson, pour parler skate-board et hip-hop. Franglais, tutoiement, illustrations flashs et branchées, c’est gratuit… Mais ça rafraîchit ! http://www.powerade.tm.fr http://www.finalfantasy-lefilm.com

Japonisant Le module Anemic dispense une dose d’énergie à base de très courtes séquences d’animations. Complètement abstraites, même si on peut y voir des monstres, des paysages ou des boyaux, elles ont un effet euphorisant et reposant. Il faut juste baisser le son, un peu trop agaçant. Le site expérimental de Torisu Koshiro (28 ans) est dynamité d’autres animations, tout aussi loufoques, absurdes et réussies. Elles ne demandent qu’à exercer leurs pouvoirs divertissants ou relaxants. http://www.torisukoshiro.com/ anemic/index.html

Un parfum de techno Le CD- Rom n’est pas mort ! Objet de marketing, il s’immisce dans l’industrie de luxe. Pour mettre en valeur l’originalité technologique du flacon dessiné par l’agence Cent Degrés, Paco Rabanne et l’agence Duke ont confié à Ignazio Mottola et Thierry Prieur la réalisation de deux présentations du produit sur CD. La première est destinée aux commerciaux qui comprendront ainsi qu’Ultraviolet Man se presse comme une gâchette de pistolet dans une main virile. L’autre sera distribuée dans les grands magazines de mode internationaux. Quoi de mieux qu’une simulation virtuelle pour évoquer l’esprit high-tech du parfum dont la modernité n’est pas toujours explicite sur la PLV… www.pacorabanne.com

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Typopotame Il y a autant d’animaux dans le zoo de Bembo que de lettres dans l’alphabet. Pour ses jeux typographiques, Roberto de Vicq de Crumptich suit le modèle des abécédaires animaliers et des calligrammes. Les caractères de la police Bembo forment à l’écran le nom anglais d’une espèce puis en dessinent un spécimen. Sur son site comme dans son livre pour enfants, on est prié de ne pas nourrir les animaux. http://www.bemboszoo.com

ERRATUM Lyon fait des siennes Le directeur artistique de l’agence lyonnaise Terre de Sienne se prénomme Xavier Fischer et non Erik. A leur avis Contrairement à ce qui était écrit, les déjections canines étaient bien présentes sur les affiches réalisées par Roland de Pierrefeu (Léo Burnett) pour la Ville de Paris. D’où les réactions choquées de certains passants !

Architectonique Sobre et conceptuel, le site d’architecture d’Allied Works se visite pour luimême plutôt que pour les édifices construits. On y entre par une page sombre portant l’éthique de l’agence. Un mot, une idée et, après seulement, la visite des bâtiments est autorisée. Ils se dévoilent par un déploiement de photographies. Mais cette linéarité permet toujours de voir tous les angles, le plan et la structure de l’édifice. Créé par l’agence Paris France de Portland, le site étonne par son approche zen. www.alliedworks.com

www.parisfranceinc.com

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Muddy

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Quel étrange garçon ce jeune Takashi Okamoto : Japonais de naissance, Canadien d’adoption; 22 ans à peine et un portfolio à faire pâlir d’envie plus d’un créatif européen dans le vent. Le jour, étudiant brillant en troisième année d’astronomie et de physique. La nuit, designer free-lance, détestant l’idée de travailler sous la coupe d’un directeur artistique. Le reste du temps, esprit vif et verni, hésitant entre un Ph. D. (Doctor of Philosophy) de physique et la filière artistique de Yale… Un condensé d’éclectisme et de créativité, venu de Toronto, qui s’affuble du curieux surnom de mud. Mud, ou le boueux, le brouillon à moitié timbré (nerd, dit-il de luimême), le presque schizophrène, dont le cerveau droit cherche à expliquer la Création, tandis que le cerveau gauche crée sans forcément chercher à s’expliquer. Son attraction grandissant, Takashi mute en un satellite à l’activité endiablée et disperse ses météorites iconoclastes chez Shift magazine, The New York Times, Toronto Fashionweek ou Emperor Norton Record, pour qui il compose illustrations, affiches et sites Internet. Entre deux examens et quelques briefs, Takashi parvient à se dégager du temps pour perpétuellement recomposer son site, espace de liberté graphique et communauté accueillant les échanges entre artistes, designers et photographes. Takashi se surnomme mud, mais I do what I want pourrait être son autre sobriquet. Tant mieux ! www.mudpub.com www.mudclub.org

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*L’équivalent d’un doctorat en France. Pour être présent dans cette rubrique : etapes@pyramyd.fr

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7 1 Image réalisée avec Stephen Crowhurst du studio canadien 1000kmdesignburo (voir p. 12). 2 Bye-Bye (2001). Takashi apprécie beaucoup les effets de miroirs ; il existe donc un “Welcome” qui reprend l’image de l’avion, mais inversée. 3 Illustration des “coulisses” de l’Internet, réalisée pour la rubrique. Rawshift du magazine Shift de décembre 2001. 4 Détail d’un flyer annonçant un concert de Dimitri from Paris à Toronto, en avril 2001. 5 Bon (2001) : montage réalisé avec le logo de “Bon Curry”, préparation pour curry intantané japonais. Le logo en question est la jeune femme. Au-dessus, étrangement, un B52 en plein bombardement. 6 7 Créations de Takashi, projetées lors du défilé de mode 2001 de Damzels in this Dress à la Fashion Week de Toronto. Pour être présent dans cette rubrique : etapes@pyramyd.fr

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p u b l i c i t é

par marie - pierre guiard

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Agence : Publicis Conseil ; DC et CR : Olivier Georgeon ; DA : Joseph Vinckel et Fabien Auvray.

Les contraintes ont du bon, comme par exemple promouvoir une eau minérale dans la presse magazine et quotidienne à peu de frais, en évitant tous les clichés, du mannequin filiforme au bébé joufflu… S’inspirant d’un concept imaginé, cet été, dans Zurban, où la bouteille s’exposait dans toutes les pages de pub et sous toutes les coutures, Vittel persiste et signe avec une campagne et un achat d’espace originaux, car totalement imbriqués. Pour renforcer la proximité de la marque avec les consommateurs, l’agence a choisi d’adapter le fond et la forme du message avec le titre dans lequel il est diffusé. Qui de l’œuf ou de la poule… ? On ne sait pas bien, mais ce sont, au total, douze annonces presse qui donnent lieu à douze histoires, faits divers, petites annonces mises en scène via la bouteille photographiée et une utilisation astucieuse de la typographie. De la Techno torturée, ombrée, grossie, aplatie ou italisée pour jouer la vitalité, sans forcément lasser les lecteurs. En ne mettant pas tous ses œufs dans le même panier, l’agence est certaine, comme le souligne le directeur de création Olivier Georgeon, que personne ne verra trois fois la même annonce (à moins bien sûr de ne relire minutieusement son journal à plusieurs reprises). Cette économie de moyens permise par le graphisme privilégie, en effet, l’achat d’espace sans trop forcer sur la création… Ça coule de source, encore fallait-il y penser…


p o r t r a i t

Paf le chien 1 2 Direction artistique pour

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le supplément accessoire Jalouse n°30, sur le thème du jeu.

3 Détails de l’installation de Vanessa Bruno, une mise en scène qui reconstitue, au travers d’erreurs d’imprimantes, toutes les couleurs de la collection hiver 2001 à la Fondation Icar.

4 Affiche du film Code inconnu de Michael Haneke.

5 Pochette du single des Vamentins (fleurs en papier).

6 Photo de tournage au Mexique pour le film Demon Lover d’Olivier Assayas. Strip : Génériques des 20 h 30 de la Cinquième : histoire, économie, éducation, société, exploration.

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Derrière ce pseudonyme gaguesque se cache une jeune femme de 25 ans qui a de la suite dans les idées. Non contente d’obtenir une bourse au terme de son année de préparation à l’ESSAG, la graphiste enchaîne, depuis trois ans, identités visuelles, affiches de films, photos de tournage, installations, en se jouant des étiquettes. Un chemin initiatique en forme de déclics qui la mène a u j o u r d ’ h u i , avec le label Dynamo de Première Heure, à la réalisation.

Pseudo J’ai un nom compliqué, aussi dur à écrire que difficile à prononcer, je trouvais assez drôle de transformer la chute d’une blague en pseudo. Paf le Chien a aussi nettement plus d’impact auprès des gens, et me permet, en guise de signature, de dessiner un petit logo. Plan de carrière Je n’ai jamais eu d’idée précise par rapport à mon métier. Film, print, photo, film d’animation, le support m’importe peu, j’ai toujours été guidée avant tout par le sens et la création. Visuel Je ne me définis pas comme une graphiste, mais plutôt comme une boîte à idées et une boîte à images. Je me sens d’ailleurs plus proche de l’image que de la typographie, l’idée, pour moi, passe d’abord par l’image. Et c’est ce qui m’intéresse, véhiculer une idée au travers des images. Poétique L’habillage des émissions de la Cinquième que j’ai réalisé change de l’imagerie un peu glacée et typographique des génériques télévisés. Grâce à un brief très ouvert, j’ai réussi à aller via une image cinématographique et quasi métaphorique vers des histoires. Caractère La mode est un milieu fertile, non seulement parce qu’elle fournit beaucoup de travail, mais aussi parce qu’elle permet d’imposer, par le biais d’une idée, une image forte qui ne soit pas simplement la vision traditionnelle du vêtement photographié. Bras de fer Les affiches de cinéma m’intéressent, car elles permettent un rapport de sens au travers d’une direction artistique qu’il s’agit d’imposer à la fois au réalisateur, au producteur et au distributeur. Avec comme difficulté supplémentaire d’arriver à ce qu’une affiche ne soit pas tirée d’une image du film, le réalisateur étant, par définition, très attaché à ses images… C’est un cheminement qui peut durer très longtemps. Logique Ma prochaine étape est de parvenir, dans


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cette idée du global design, à gérer un produit de A à Z. Pour la Cinquième, en même temps que les habillages, j’ai également conçu les dossiers de presse des émissions. De même en musique, j’essaie maintenant de réaliser non seulement les pochettes de disque, mais aussi les clips des artistes pour lesquels je travaille. A partir du moment où il y a une idée, elle peut se moduler sur n’importe quoi. Compromis Cela ne m’intéresse pas d’avoir un board pour l’exécuter. Je ne conçois de faire de la publicité que parce que la forme va ajouter quelque chose à l’idée. Si c’est pour plaquer des images, je sais que je n’y arriverai pas… Together Ce que je préfère dans la réalisation, c’est le travail en équipe. Il y a une émulsion formidable entre tous les techniciens, ça change de la relation solitaire du graphiste avec son ordinateur. École Je suis très attachée à la photo qui arrive à trouver le beau dans le laid. J’aime beaucoup les photographes de reportages, comme Dolores Marat, qui parviennent à magnifier le quotidien. J’espère pouvoir insuffler un peu de cet esprit dans la mode. Électron libre L’interaction de tous les milieux dans lesquels je travaille, mode, musique, cinéma, me nourrit et m’apporte sans cesse des idées. Un monde nourrit l’autre.

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Flash back Nous voilà repartis à fond dans les années soixantedix, mobilier en Plexiglas, cols pelle à tarte, débardeur chatoyant et Ray Bans teintées… A fond dans la tendance, sauf que, dans ce spot, le revival seventies ne sert qu’à marquer le chemin parcouru. Aujourd’hui, on n’a plus honte de dire à ses potes qu’on roule en diesel, il y a 25 ans si… L’autre bonne idée de la campagne est d’avoir ajouté une suite au dialogue métaphysique, dix secondes diffusées dans le même écran pour enfoncer le clou.

Gourmet

Pour ceux qui en doutaient, l’Atelier Renault est un restaurant, pas un centre de vidange. Quoique le lieu présente aussi les technologies de pointe de la marque automobile. D’où ce détournement de bon ton d’outils divers et variés avec lesquels l’agence Publicis a mis le couvert. Agence : Publicis ; DC : Serge Fichard, Pascal Midavaine ; DA : Quentin Schweitzer ; CR : Richard Cador ; photographe : Claude Weber.

Pompé Belle idée et surtout belle réalisation pour cette annonce presse qui flirte avec la peinture Renaissance. Rien, si ce n’est la mise en situation anachronique, ne distingue la vendeuse et son client du sacre de Napoléon et Joséphine peints par David, il y a deux siècles. Même traitement de lumière, mêmes visages solennels, la photo du couple, parfaitement réincrustée dans le visuel, suggère au passage qu’il n’y a rien de plus sacré aujourd’hui que de s’acheter une paire de tennis siglée… Agence : Leagas Delaney Paris Centre ; DC : Pascal Grégoire ; DA : Sébastien Pierre ; CR : Julien Rotterman ; photographe : Franck Goldbronn.

Pour être présent dans cette rubrique : etapes@pyramyd.fr

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agence : Louis XIV DDB ; DC : Bertrand Suchet ; DA, CR et réalisateur : Arnaud Roussel ; production : Why Us ?


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Patchwork Faire plus laid que cette série d’affichage relève du défi. Torturée au gré des humeurs des créatifs et des hasards de la programmation, l’image de Canal + n’en finit pas de souffrir, crucifiée régulièrement en 4X3… Un comble pour la chaîne cryptée qui fut, en son temps, pionnière dans la fabrication d’une charte graphique globale cohérente et pleine de sens. De l’excellence au nivellement par le bas, peut-être est-ce, là, une stratégie du Groupe Canal pour ratisser plus large. Agence : Euro RSCG BETC ; Dc : Rémi Babinet, Michèle Cohen ; DA : David Roulet ; CR : Jean-Christophe Saurel ; photographe : Vincent Dixon.

Aventureux Conçu pour l’anniversaire du Vieux Campeur, l’annonce presse Rossignol se moque gentiment des papies et mamies accros des patins. Il n’empêche qu’en termes de dépense énergétique, cirer un parquet en chêne à la force des chevilles vaut bien une ou deux descentes de piste en snow board.

Agence : Louis XIV DDB ; DC : Hervé Plumet ; DA : JeanYves Lemoigne ; CR : Nicolas Jacques ; photographe : JeanYves Lemoigne.

Trendy La marque de bière Carlsberg, plus habituée à communiquer en été qu’en plein hiver, innove avec une campagne destinée à rompre les codes en vigueur. De la neige, des signes extérieurs de richesse et, pour la première fois, le tout illustré par Jason Brook, le chouchou que tout le monde s’arrache, d’Harper’s Bazaar à Vogue et Visionnaire. Ambiance palace de stations de ski internationales, luxe, calme et, ce qui caractérise toute la production publicitaire ces temps derniers, un clin d’œil appuyé aux années soixante-dix. On peut juste se demander si, pour de la bière, le look est justifié. Agence : Young & Rubicam ; DC : Gabriel Gaultier ; DA : Olivier Hussenet ; illustrateur : Jason Brook.

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© ANNE ROMAN

La charrette ? petits conseils pour finir l’année

Concepteur Designer globe-trotter, graphique, Jean-Louis né en 1956,Merlet Melchior est un Imboden réalisateur entame, méticuleux, à l’âge de voire vingt perfectionniste, ans, sa carrière quidans ne compte sa Suisse guère natale ses comme heures. designer Avec sond’intérieur. complice, Jean-Baptiste Après de nombreux Alagnoux, voyages, il vient desdeétudes créer Lili de graphisme K, une petite à l’école structure d’artdedecréation Lucerneprésente et quelques sur années tous les dans fronts : la publicité, l’édition, le il Web fait de et la la vidéo. photographie et de l’affiche ses deux spécialités. Depuis une dizaine d’années, e siècle, Melchior Je charrette, Imboden tu charrettes, expose dans il charrette… le mondeAentier l’aubeetdu a xxi reçu de trèsnous nombreux prix.dire : J’aime le graphisme français – plus pardevrions Je voiture, tu moto, il autobus, elle ticulièrement de l’affiche – pour ses couleurs et sadébut diversité. Des gens comme Alain Le Quernec, Michel Bouvet ou trottinette… Lal’art création du musée Automobile du Mans, des années quatre-vingt-dix, a été, je crois, ma plus longue Philippe Apeloig travaillent dans destrente stylesjours différents, mais chacunnous d’entre eux a,littéralement à sa manière,les renouvelé de l’affiche. charrette : ça a duré six mois, dont pendant lesquels faisions 3 x 8. Jel’art travaillais avec Et tous possèdent identité forte, immédiatement reconnaissable. Jeconception suis plus incertain concernant la jeune garde du l’équipe de Films &une Formes. Je m’occupais de la signalétique et de toute la graphique de l’exposition permanente. graphisme français. Elle réalise dede très bonnesainsi, choses, il m’est pluslent arduoudemal distinguer unTrouver style, une patte. Je crois On me dit que ce n’est pas normal travailler quemais je dois être trop organisé. les personnes qui que c’est lié au fait que, de plus en plus, lespouvoir graphistes travaillent surmodifier ordinateur. Le “fait main” et sesavant contraintes oblipartagent votre sensibilité, les former pour déléguer. Vérifier, et améliorer le résultat de le valider geaient à se créerBref, unedu image et une personnalité définies. Face à cela, la création par ordinateur démultiplie demandeles deartistes la disponibilité. temps, et c’est bien ça qui nous manque. Aujourd’hui, je peux le faire. C’est un luxe ! les possibilités et brise lestard limites typologiques, chromiques autres. Tout modulable. qu’il par soitmois. Français Anglo-Saxon, reconnais Je travaille généralement le soir, quand le téléphone ne et sonne plus. Jedevient passe au minimum En unerevanche, nuit blanche Il y ou a des charrettes je qui roulent, entre un jeuneetdesigner a été influencé par Le Quernec. toute façon, le principal queles lespremières. jeunes affichistes français trouvent leur propre cellesmille qui grincent celles quiqui bloquent. Toutes gigotent, et vousDe maltraitent, mais j’apprécieest assez J’ai appris à aimer ces sacrifices non identité graphique, affirment leur d’engagement. style, leurs couleurs et leurs typographies. Etfaire puisque me demandez mon avis le design etgénéralement le graphisme obligatoires : ils fontqu’ils partie du contexte Le “challenge” consiste à tout pourvous être content du résultat, dontsur nous sommes français, il me juges. faut bien avouer que, stimulation ce qui pour moi symbolise Encore la France de ceque point de vue-là, ehJebien, c’estcures une carafe. Voustous savez, fameuse nos meilleurs C’est une vraie intellectuelle. faut-il le corps suive. fais des de “mag2” les la deux mois, carafe quinzeronde jours 1 que l’on vous et aplatie, en verre transparentEt, etpuis, frappée d’un soleil apporte de Colombie Ricard… 100 % arabica. L’important, c’est d’éviter le stress, sous Pidolate de magnésium. pendant : jus d’oranges, Coca, Coca…,avec Colaun etverre café de Membre du club directeurs artistiques Tokyo et de York,Si demon l’association des typographes Tokyo, le responsable dedes la fatigue mentale, et de lade dépression quiNew s’ensuit. comportement peut rassurerde mon entourage professionnel, sur le plan familial, Keizo Matsui est unjedesigner son studio Hundred Design, et créé en 1984, il conçoit c’est plus difficile : passe unprolifique. coup de filDans en prenant mond’Osaka, plus bel accent allemand, je dis : Charrette tout !packaging, publicité, identité visuelle, scénographie. Parmi ses grandes créations pour l’aéroport internaDe la photographie de mode à l’édition, de l’identité de marque à la qualité de vie: le enlogo entreprise, Dominique Bouchard navigue, tional Kansai (1987) celuivives du bulletin officiel du gouvernement japonais France est pour moi le pays depuisde dix ans, dans leseteaux de la communication. Un objectif en tête,(1995). rester La zen… de l’art nouveau et de l’Art déco. Le mauvais Corbusierstress, a marqué significativement l’architecture par ce jeu subtil qu’ilpervers. a Je n’aime pas les charrettes, c’est du de l’illusion en barre, dont les effets secondaires sont très Imposétabli entre la lumière l’ombre. Récemment, l’Arche de la Défense on devait l’interpréter sible de savoir si cette et stimulation artificielle est réellement créative,m’a cardéçu. on seSi retrouve face au mur. Oncomme n’a plusun le choix. Il faut pictogramme auBien senssouvent, large, onlapouvait s’attendre à une réalisation plus aboutie, davantage marquée par gérer l’urgence. charrette est une accumulation de négligences. Elle génère de la colère, et l’esprit c’est rare que ce soit français. Dans lescauses ! champsIldey l’architecture et de l’objet, Starck André Putman le devant la mois, avec pour de grandes a quelques années, pour lePhilippe ministère de laetCulture, j’ai vécutiennent une charrette de de quatre scène Pourpar cejour, qui est du graphisme, de la semble le européen plus avant-gardiste. L’identité visuelle quatrecontemporaine. heures de sommeil week-end compris.leIl milieu s’agissait demode créerme un magazine en trois langues (six numéros 1).sans de quarante la marquepages Hermès est une réussite internationale. C’est qu’elleavec ne symbolise la création avec plaquette de promo dans la foulée Nousdoute étionspour une cette toute raison petite équipe des délaispas et des niveaux 2 des caractéristiques française. Je trouve dans les paquets Gitane visuelles propres aux packagings français. étiquettes de validation très compliqués. J’ai misdetout le monde à la tisane : gingembre dans l’après-midi, Euphytose pour laVos nuit. C’est un de vin me fascinent : elles conjuguent typosEn à la vue d’un château montrent cet attachement à la tradition. médicament à prendre dans la journée,d’anciennes en cas d’anxiété. accroissant la dose et avant de se coucher, vous dormez comme unJ’aime bébé la façon dont Françaisaujouent couleurs, notamment beige. Ils sont doués ajouter un accent coloré dans leur création. Au Japon, nous sans avoir l’airles chiffonné réveil.avec Il y ales d’autres méthodes tellesle que la kinésiologie, unepour science qui s’intéresse au développement du potentiel créatif par sommes davantage au ou monochrome. Ruedi Baur, par exemple, dans pour expositions au centre a réussi la gestion du stress.attachés Charrette pas, je commence toujours la journée parses uneréalisations petite séance deles méditation et trouve unePompidou, heure pour nager.àJetransmetn’aurais tre à la surface un cette aspect tridimensionnel au volume l’aspect de milieu surface. D’autres personnalités ont donné au graphisme français ses lettres de peut-être jamaisplane adopté hygiène de vie, si jeetn’avais évolué dans un aussi survolté. noblesse : Michel Bouvet, Pierre Bernard, Apeloig, Le Quernec… Malgré tout, le design d’un pays ne se réduit pas à quelques grands noms.Les compétences

Jubilatoire pour la plupart, stimulante, créative, insidieuse, ou perverse, la charrette est une drogue dont les effets secondaires sont rédhibitoires avec l’âge, incompatibles avec la vie de famille, et l’harmonie au bureau. Mais, dès lors que le circuit décisionnel est bogué, quand le commanditaire ne parvient pas à trancher, et qu’à J-3 il se réveille, la charrette devient un mal nécessaire, une course contre la montre, un décathlon des neurones au poignet. Elle exige une bonne condition physique, un régime alimentaire particulier et, dans certains cas, quelques produits dopants pour terminer. L’expression aurait pris racine aux Beaux-Arts,

A leur avis


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Directeur artistique dans les cercles très huppés de la mode et de la beauté, celui qui créait George aux côtés de Mister Kennedy junior a rejoint la rédaction parisienne de Cosmopolitan. Avec sa complice, la rédactrice en chef du magazine, Matt Bearman nous concocte une toute nouvelle maquette pour 2002. Chaque couverture de George était un casse-tête inouï, une machine monumentale à mettre en place. Booker deux top stars telles que Cindy Crawford et Robert de Niro. Leur faire endosser le costume d’Abraham Lincoln ou un truc ridicule aux couleurs du drapeau américain. Réunir dans le même casting une pointure de la photo et tout un staff de maquilleurs, stylistes, coiffeurs, les meilleurs… Quand tout est prêt, faire en sorte que le boss puisse passer dix minutes sur le plateau, vous imaginez la pression ? Mais, surtout, il faut que tout cela ait l’air d’une bonne blague, que ce soit fun. Bref, une folie ! Le pire, c’est quand vous n’avez rien mangé de la journée et qu’à 3 h de l’après-midi, on vous propose un cheese burger à moitié froid ou une pizza, la plus mauvaise pizza de toute la ville ! Au moins à Paris, même si vous savez que vous allez passer une journée “de merde”, vous êtes sûr de vous faire une bonne bouffe à midi et un super repas le soir. A New York, j’étais entouré d’hommes, genre “college guys”. Ici, je travaille avec des femmes : c’est beaucoup plus dur ! (rires et indignations dans le background). Elles sont exigeantes, mais elles savent ce qu’elles veulent. Finalement, c’est plus simple. J’aime la période du bouclage : on entre dans l’action. On arrête le bla-bla, on pose le téléphone, les photos tombent, les textes sortent, on peut se concentrer sur la page. Mieux vaut rester relaxe. De toute façon, le magazine finit toujours par partir chez l’imprimeur. Et puis, quand on a réussi à sortir cinq cents couvertures, on se dit qu’on peut bien en faire cinq cent une. Graphiste attitrée du Magazine du court métrage, Anabelle Chapô travaille en tant que free-lance pour le milieu culturel et l’édition Il y a dix ans, j’avais décroché un contrat dans une maison de disques : dix pochettes à créer sur CD et K7… Les éléments sont arrivés à J-10. J’ai dû travailler jour et nuit. Un soir, je me suis endormie sur mon ordinateur après la sauvegarde du fichier. Au petit matin, j’avais le souvenir un peu flou d’avoir participé à une sorte de rituel, mais quoi ? Sans m’en rendre compte, j’avais mis un $ à la fin de chaque mot ! Il y a eu pire : Rio 1992, conférence de l’ONU sur l’environnement. Nous avions moins de cinq jours pour concevoir la formule et réaliser le quotidien de la manifestation. Le tout sans imprimante. Il fallait sortir les pages à l’aveugle. Nous avons travaillé pendant 72 heures, non-stop, à trois (maquettiste, SR, avec la rédactrice en chef qui nous envoyait nous coucher à 18 h pour trois heures de sommeil obligatoires !). Le quatrième du groupe a craqué au bout de 24 heures. Il a repris l’avion pour Paris ! On s’en est sorti, mais depuis j’évite les charrettes. C’est une véritable drogue avec post-partum douloureux. On se shoote à l’adrénaline. Seule, ça n’a aucun intérêt. Il y a encore quelques années, ça ne me déplaisait pas. L’effet de pression qui nous oblige à aller au-delà de nous-mêmes fonctionne. Mais, dans ces cas-là, plus rien n’existe. J’ai une idée fixe : finir ! Et après ? Aucune envie de remplir le frigo ou d’attaquer la pile de boulots entassés. Le rêve : partir en voyage ou, alors, comme à Rio, passer une semaine sur place, ne rien faire et décompresser… Illustrateur, graphiste, DA dans certains cas et, de toute façon, free-lance, Fernand Mognetti sévit surtout dans la presse et l’édition. Un peu calmé avec l’âge, il se souvient de quelques belles charrettes en tandem… Nous devions réaliser toute une flopée de story-boards. Pour qui, pour quoi ? Ce fut un travail à quatre mains : je crayonne, tu passes la couleur, et réciproquement ! Nous avons passé la nuit et une journée au gin tonic ! Pas de place pour les bras cassés. J’avais un copain qui “dépotait” bien. J’étais confiant. C’est beaucoup plus sympa à deux : vers 3 ou 4 h du mat., on finit toujours par ricaner pour n’importe quoi. En tant qu’illustrateur, je suis généralement le dernier maillon de la chaîne. Quand je décroche mon téléphone, c’est trop tard : mon client est déjà sous pression. Mon accent du Sud le détend un peu, mais ce n’est pas gagné. Il faut rendre le boulot à telle date, point final. A moi de gérer mon temps. A la maison, mon fils sent que l’ambiance se tend, il évite les questions métaphysiques. Ma femme lit beaucoup de romans noirs, ça l’inspire ! Moi, j’évite les nuits blanches qui sont davantage associées à la fête, l’alcool et au sexe. Pas de drogue non plus ! Ma génération a déjà payé un trop lourd tribut ! Avoir l’impression de dessiner avec six mains sur une feuille de papier qui parle, c’est de la haute voltige. J’ai passé l’âge. Une sieste éclair me remettra plutôt les idées en place. Si le client n’appelle pas toutes les deux secondes pour savoir si ça avance, c’est assez excitant, la charrette, dès lors que l’on parvient à un bon rythme de croisière. La main moite et les aisselles odorantes sont de bons repères. Je jubile ! Quoi qu’il arrive, on se présente rarement chez le client avec un boulot raté. Question d’éthique ! Mais pour ne pas tomber dans le piège systématique : Si tu peux le faire en deux jours, pourquoi pas en un !, il faudrait quand même expliquer aux commanditaires que, si l’informatique a considérablement raccourci les délais de réalisation, on a toujours besoin de temps pour réfléchir. ■

1. La lettre d’Europe : magazine culturel européen créé pendant la présidence de la France à Bruxelles.

à l’époque où l’on y enseignait encore l’architecture : les étudiants qui planchaient sur leurs examens se voyaient ramasser leur copie dans une charrette. Dès que celle-ci apparaissait dans la salle, l’un d’entre eux criait : Charrette !, et tout le monde se mettait à crapahuter pour achever son projet. D’autres vous diront qu’appelé par le roi l’architecte devait finir de tracer ses plans dans la charrette qui l’emmenait à la Cour... Quoi qu’il en soit, l’expression est bien française. Si l’AngloSaxon flegmatique (c’est bien connu) avance le terme de deadline rush, il ne semble pas avoir développé une culture aussi prégnante de la charrette. Nos voisins allemands, eux, emploient l’équivalent de Verzug dans lequel on retrouve l’idée du train, der Zug, et le préfixe ver qui évoque l’idée du dépassement... de soi, si ce n’est celui de la date !





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p a c k a g i n g par anne melcer et étienne hervy

PACK Des monodoses de lessive, du snacking*, des salades en éco-emballage individuel, du yaourt liquide sous sachet unidose recyclable… Dans un monde écolo de célibataires et de ménages aux repas déstructurés, le packaging est roi. Et représente un sacré marché ! Preuve en est, entre autres, de ces professionnels qui quittent de confortables postes en agences de design pour monter leur structure et lancer du packaging “différent”. A chaque fois, leur volonté d’innover est affirmée, leur stratégie, aiguisée, alors, forcément, on s’échauffe : on espère du défi, de l’inédit, de l’emballant… Pour, finalement, guère de dépaysement au fond de son caddy. Comme si l’appétit de ces nouveaux chefs d’entre-

Les illustrations de l’article sont tirées du livre Experimental Packaging

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prise était tempéré par le seul besoin d’indépendance et de rupture avec leurs agences passées… dont ils reformulent, à leur échelle, les mêmes principes. Il faut dire qu’en France designer pour attirer le chaland vers le bon rayonnage n’a jamais été vraiment prisé des créatifs. Tandis que la mode, les objets, le design visuel, le haut de gamme, expérimentent et lancent de nouvelles mouvances, le packaging, lui, suit… Seule exception française : les packagings à haute valeur ajoutée, du boîtier conceptuel de CD au flaconnage de parfum, des cosmétiques de prix au luxe en général.


MAKER Mais, pourquoi ces véritables niches créatives, où s’entremêlent packaging et conditionnement, demeurent le plus souvent réservées aux grands noms du design ? Pourquoi les fabricants de yaourts ou de soupes en boîte sont-ils généralement si frileux à l’idée de transformer leurs packagings et si prompts à les réduire à de triviaux retours sur investissement ? Un conditionnement trop original risquerait-il de bousculer le consommateur, et, par conséquent, de déstabiliser la marque ? Il est vrai que le pack made in France n’est qu’un dérivé de l’identité visuelle d’une marque… Difficile donc d’imaginer un emballage révolutionnaire à côté d’une ligne corporate bien dans les clous ! L’innovation en matière de packaging de grande consommation peut-elle venir de la technologie, du détournement de matériaux et de la résolution

de certains problèmes techniques ? Certaines agences, introduites dans le sérail de la création de luxe, seraient-elles curieuses de travailler pour des clients plus populaires ? Est-ce que les designers, qui, à l’image d’un Ross Lovegrove (é : 78), ne méprisent pas tous le produit de masse, mais exigent d’avoir les mains libres pour concevoir un packaging, seraient à même de faire bouger la situation ? Les agences de design devraient-elles prendre plus de risques, quitte à malmener de temps à autre leurs clients trop peu enclins au changement ? Ou bien est-ce tout bonnement les consommateurs, pas dupes ou dotés d’un réel mauvais goût, qui réduisent le packaging à un simple emballage, pour ne valoriser que le contenu ? Première étape : Rendez-vous au supermarché !

* snacking : c’est le grignotage made in USA, pays des en-cas, amuse-gueules et autres barres chocolatées, où la nourriture se prend de moins en moins au cours de repas traditionnels.

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se réduit trop souvent à placer un produit dans un emballage rectangulaire sur lequel figurent le logo de la marque, le nom de la marchandise et son prix. Influence du design et rôle grandissant de l’image aidant, la création retrouve peu à peu ses droits sur des boîtes, où formes, couleurs, matières et manières se diversifient à la recherche de nouvelles solutions et fonctions. Victoire de la démarche, l’emballage s’achète aujourd’hui autant que le produit. e packaging

Pourquoi la nonexpérimentation Sous le règne du toutmarketing, le packaging parasite son contenu en y ajoutant du coût et de l’encombrement. Le pack doit rester discret, s’effacer derrière une couche d’autopromotion, pas toujours esthétique, pour répondre à de simples problématiques fonctionnelles : contenir, identifier et protéger sa charge en permettant le stockage du plus grand nombre d’unités dans un

 Gerba : F Bortolani et E. Righi pour Agape. Carton ondulé, acétate vinyle éthylène et acier. Italie.

Packagings de produits frais réalisés pour Marie Saint-Hubert.

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 Comme des

garçons Parfums : Marc Atlan, Work in Progress pour Comme des Garçons. Polyéthylène, carton et matériaux divers. France.

OXO Marc Etienne le créatif et Cyril de Charentenay le commercial se sont rencontrés chez Future Brand et, ensemble, ont récemment fondé l’agence Oxo. “Design nouvelle génération”, “stratégie de prise en

compte de l’ensemble des supports et de leur univers de concurrence”, “territoire de marque”… Le discours est affûté, mais les premières créations de cette toute jeune agence ne renouvellent pas le monde de l’em-

ballage alimentaire. Leur travail pour la gamme de produits frais Marie réutilise des emballages standard et des codes couleur politiquement corrects. Reste que ce client préfère peutêtre continuer à investir ses

deniers en publicités télévisées, plutôt qu’en emballages de supermarché. Et, qui sait, Oxo, qui travaille aujourd’hui à des concepts prévus pour 2003 ou 2004, se révèlera peut-être plus innovante que prévu.

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faible volume. Dans cette perspective, à quoi bon en vouloir plus, la seule conséquence serait une perte de temps et d’argent. Le pack est une boîte, et il y a longtemps que celle-ci a été inventée. Le produit à l’intérieur de son emballage, beaucoup de monde à l’extérieur gravite autour : commanditaire, industriel, vendeur et utilisateur final qui, tous, affichent des exigences et des ignorances différentes. Hors de question qu’un créatif vienne compliquer l’affaire sans convaincre chacun d’eux de l’avantage qu’il y a de prendre le pack en considération.

 Torus Case : Marc Newson pour Syn Productions. Plastique. Japon.

Tout s’emballe La récente augmentation du pouvoir de l’image et des marques change la donne, le client devenu consommateur se voit proposer d’acheter des images aperçues dans la publicité ou la rue. Puisque l’image est à vendre, il convient de revêtir le produit d’une bonne apparence en lui fournissant un écrin. Les univers du luxe, parfums en tête, ont

AKDV Le premier était directeur du pôle architecture de Dragon rouge, le second créatif chez Carré noir. Ensemble, ils viennent de fonder l’agence de design AKDV, vouée à développer de l’architecture commerciale,

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comme de l’identité visuelle et du packaging. Une habile façon d’entrer par la petite porte – créer un packaging –, pour investir une marque, et décrocher une commande d’architecture de boutique, par exemple.

Le résultat est classique, mais la méthode de travail, testée avec la Brûlerie des Ternes, à Paris, semble plutôt bien fonctionner. Peutêtre le futur du packaging estampillé AKDV sera-t-il plus inattendu, grâce à l’ap-

plication de son concept de “mise en situation du packaging” ? A savoir aborder l’expérience du packaging telle qu’elle est vécue par le consommateur… et, donc, recevoir les briefs clients dans les supermarchés.


 Prada Beauty : Prada (interne). Tyvek, PVC et carton. Italie, États-Unis.

Pour la Brûlerie des Ternes, AKDV a designé un nouveau paquet de café, avant d’en adapter la ligne à l’architecture intérieure de la boutique.

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 Curiosity Killed the Ape : Keigo Oyamada Masakazu Kitayama. Carton, plastique, PVC. Japon.

Séries limitées Millenium et 2001, réalisées pour Evian. Lorsque l’on regarde à l’intérieur de la bouteille série 2001, un effet de loupe laisse apparaître la marque associée au millésime.

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 V&A Box :

Michael Johnson, Luke Gifford chez Johnson Banks pour Victoria & Albert Museum. Carton. Angleterre.

URVOY & CALIBANI Lassés de voir les agences de design s’uniformiser et péricliter une fois “avalées” par les groupes de publicité, Michel Calbani et Jean-Jacques Urvoy fondent leur agence de design, fin 1998. Stratégie pertinente et désir d’innover sont présentés comme

les fondements de leur activité, orientée, entre autres, vers le packaging de grande consommation. Pour autant, les principes d'emballage made in Urvoy & Calibani ne sont pas révolutionnaires. Mais hardis, parfois, à l’image des séries limitées en

forme de goutte d’eau qu’ils ont conçues pour Evian en 2000 et 2001. A l’occasion de ce budget, l’agence avoue cependant avoir eu la chance de travailler avec un client prêt à prendre quelques risques. Saluées par un vif succès commercial, ces deux

séries limitées ont également permis à Urvoy & Calibani d’exploiter leur concept phare de packaging sensoriel, censé provoquer chez le consommateur une émotion par la vue, l’ouïe, le toucher et, qui sait bientôt, par l’odorat.

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amorcé la tendance, l’aspect d’un flacon l’emporte sur une senteur vaporeuse. La technique participe, également, au changement par des exigences plus fortes et plus complexes de fabrication et de recyclage des matériaux. En retour, de nouvelles matières alliées à des procédés de transformations innovants ouvrent des perspectives. Les cartons et plastiques se diversifient et sont rejoints par le caoutchouc, le verre ou le textile, plus faciles à usiner dans un esprit écologique.

Les chemins de la découverte Investis de la demande et des moyens d’y répondre, les designers sont désormais en mesure d’expérimenter. Plutôt que de limiter les inconvénients d’un emballage préformaté, ils explorent de nouvelles pistes pour découvrir le plus qu’apporte un pack inventif. Ils disposent des trois axes de recherche concrets que sont les formes, le graphisme (les couleurs et la typographie) et les matières. En parallèle viennent le rapport du pack avec son

 Boa Watch Bag : The Boa Watch pour Strange Times Limited. PVC flexible. Angleterre.

De gauche à droite : boîtes-cadeau dessinées pour Cacharel (2000). Le client lui ayant imposé le thème de l’étoile, Vénus en Mars a crée “l’étoile Cacharel”, que l’on retrouve sur d’autres coffrets du parfumeur. Édition spéciale “année du Serpent” (2001) créée pour Soho*. * l’abus d’alcool est dangereux pour la santé.

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 Office Orchestra : Andrea Chappell et Cherry Goddard pour Makingspace Publishers. Cartons et papiers. Angleterre.

VÉNUS EN MARS Fondée fin 1998 par deux desig n e r s , Pa s c a l e C e r r u t i e t Thomas Viricelle, l’agence Vénus en Mars a bâti sa réputation grâce au packaging cosmétique. L’intention de cette petite structure ne s’affirme ni dans l’expérimental ni dans le

luxe, mais par l’embellissement des emballages et des flaconnages de grande consommation. Pas facile, quand on sait que la plupart des clients, dixit Vénus en Mars, se cantonnent à suivre la tendance du moment. Et qu’ils sont rare-

ment prêts à financer de nouveaux volumes, contraignant les créatifs à s’adapter et à trouver la bonne alternative entre existant et innovant. De ce fait, la notion d’embellissement s’exprime souvent via des séries limitées, ou des embal-

lages transformés en boîtescadeaux. Mais, l’atelier de création qui lance sa propre gamme d’objets espère, enfin, ainsi prouver son inventivité. Et décrocher des commandes de packaging à la hauteur de ses attentes.

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 Airmail Dress : Rebecca et

contenu et avec la culture collective : certaines matières sont, depuis longtemps, liées à des univers de produits : alimentaire, luxe, pharmacie… Transgresser les idées reçues en apprenti sorcier peut être le début de l’expérimentation. Le détournement de packs ou de matières spécifiques d’un domaine à un autre procure des résultats intéressants. Le pastiche rend parfois à un produit toute son originalité et contribue à modifier sa niche marketing. Une approche différente tend à dissocier un bien du pack-carcan que seule l’habitude lui impose. Certains ont tiré parti de la forme circulaire du CD pour restituer un contenu musical ou informatique, sans passer par le sempiternel boîtier carré.

Mike pour Hussein Chalayan. Tyvek. Angleterre.

Le dépassement du concept Il ne s’agit pas de créer un emballage simplement différent. Dans tous les cas, le but n’est jamais unique, un conditionnement esthétique, sans être une protection efficace, n’aurait aucune utilité. En plus de

De gauche à droite : flacon de shampooing bouée pour enfant (projet prospectif pour l’Oréal Professionnel). Fix Maxi, Digit Gloss et Airpump, également créés pour l’Oréal Professionnel.

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 MB R 327 : Michael Schmuck et hdr design pour Michael Schmuck. Feutre, bois et mousse haute densité. Allemagne.

 NATO

Packaging : :zoviet*france: (interne). Plastique. Angleterre.

BEEF Pour Sébastien Dragon, graphiste et Adrien Haas, designer objet, l’élégance et la créativité se conçoivent en deux, comme en trois, dimensions. Mobilier, print, identité visuelle, audiovisuel, 3D, packaging… Tout leur est permis et les comman-

ditaires se bousculent. Les jeunes créatifs sont ainsi parvenus à imposer un nouveau volume de flacon à l’Oréal Professionnel, allant même jusqu’à modifier son système de fermeture. Quasi impensable chez l’Oréal, où la norme

fait la forme ! Mais, chez Beef, on ne fait pas de compromis : du temps, de l’argent, la liberté d’innover et d’expérimenter. Soit, une situation de travail quasi idéale. Beef compte parmi ces studios privilégiés qui expérimentent des formes

et des concepts relativement inédits, pas toujours édités donc, afin de créer un véritable univers de marque. Le studio projette d’ailleurs de s’attaquer au packaging alimentaire. Mais sera-t-il à même d’y conserver sa liberté d’action ?

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 Remarkable Pencil : Packaging, Frot Design pour Remarkable. Cartons. Angleterre.

 Popular Soviet Songs and Youth Music : :zoviet*france: (interne). CD, feutre imprimé, recupération de surplus de l’armée Rouge.

remplir ses fonctions originelles, le pack repensé acquiert de nouveaux rôles et une efficacité plus grande. Plutôt que de représenter son produit, il est à même de le révéler, le montrer ou le suggérer par des jeux de transparence ou des effets d’enrobement. Élaboré, il suscite la curiosité ou l’envie de l’acheteur, qui passe à sa portée, par des couleurs ou des textures. Si, hier, le pack était jeté aux ordures, il apprend, aujourd’hui, à s’installer comme le complément indispensable de son contenu. Parfois vide de tout objet, il ne contient que les informations imprimées à sa surface. L’expérimentation cherche encore à emballer ce qui ne l’était pas ou à transformer un produit par son conditionnement. On ne vend plus de téléphone portable, mais un “pack de téléphonie mobile”. C’est plus cher, mais tout y est. Dernière évolution, le conditionnement va devenir le produit. ■

Angleterre

RESPECT DESIGN Chez Respect Design, il y a Béatrice (Salotti) et il y a Marie-Béatrice (Thermed), toutes deux convaincues que l’emballage doit être respectueux de l’environnement et des consommateurs. En un mot : citoyen. Les associées,

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qui, grâce à cette idée, ont su trouver un positionnement encore inexploité sur le marché du design, sont spécialisées en packaging volume. Ici, point d’emballages mystificateurs ou incitant les jeunes à la consommation d’alcool en

vue. Une stratégie, l’éthique ? Sans doute, puisque la législation qui s’applique aux entreprises est toujours plus lourde en matière d’environnement. C’est ainsi que Respect Design travaille actuellement pour Flam’Up, fabricant d’allumet-

tes français, dont l’attitude (la société utilise du bois, mais reboise en parallèle) les a séduites. Le projet, appelé à dépoussiérer l’image du fabricant d’allumettes autant qu’à renouveler le packaging, n’est pas encore en vente.


Experimental Packaging Auteur : Damien Mason Éditeur : RotoVision Format : 23 cm x 26cm Dos carré broché 144 pages Anglais Prix public TTC : 45,43  David Mason aborde le sujet du packaging expérimental sous tous ses aspects. Cinquante études de cas en images montrent la réalité de l’expérimentation en Europe, aux États-Unis et au Japon. Classé selon sa fonction première : protéger, attirer ou informer, chaque projet est accompagné d’un commentaire qui en restitue la philosophie. S’adressant aux designers, l’auteur poursuit son propos par la présentation des principales matières utilisées par l’industrie. Il en précise les différentes propriétés, l’aspect visuel et tactile ainsi que les domaines d’utilisation habituels. Des gabarits de formes simples terminent l’ouvrage et ébauchent la conception de packs à venir.

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Les familles de caractères “multistyle” ne constituent pas simplement une commodité supplémentaire pour les graphistes frileux ou peu enclins aux mélanges typographiques inattendus. Leur conception est le fruit d’une logique tout à fait particulière, comme le prouve le monumental Thesis de Luc(as) de Groot.

TheSans TheMix TheSerif L

e regretté Gérard Blanchard

usait parfois d’une formulechoc pour parler des caractères mixtes – c’est-à-dire incluant des variables de style aussi bien que de graisse ou de chasse – : il les appelait les “caractères Ikea®”. Il voulait dire par là que ces caractères, comme les gammes de meubles du célèbre fabricant suédois, dont tous les éléments sont conçus pour fonctionner ensemble de manière parfaitement homogène, dispensent l’utilisateur de

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faire un réel effort d’imagination ou de choix formel, l’usage conjoint de deux styles typographiques différents, dans un même espace graphique, équivalant à la cohabitation dans une même pièce d’un tapis oriental et d’un fauteuil en tube chromé de Marcel Breuer – ou d’un cadre de lit Louis XV avec une couette Pokémon™. C’est audacieux, inattendu, original, et, parfois, relativement risqué du point de vue de l’effet esthétique produit. Pour nombre de

graphistes, les caractères mixtes permettent, avant tout, d’évacuer cet épineux problème une bonne fois pour toutes : Adieu la prise de tête, bonjour la sécurité.

Univers et contre tout De fait, la qualité principale des caractères mixtes semble être leur extrême polyvalence : utilisables aussi bien pour du texte que pour du titrage, ils possèdent en outre de nombreuses déclinaisons qui les rendent virtuellement aptes à

solutionner n’importe quel problème de design graphique : identité visuelle, mises en page plus ou moins complexes pour la presse ou l’édition, affiche, signalétique, etc., tout en garantissant une complète cohérence formelle, puisque toutes les variables utilisées possèdent une “racine” commune et un indiscutable air de famille. Or, cette réputation de “caractères à tout faire” rappelle étrangement certaines expériences menées au cours du xxe siècle


t y p o g r a p h i e par stéphane darricau

Méga g •

Mixte au sein de ce qu’il est désormais convenu d’appeler le courant du graphisme fonctionnaliste, dont la manifestation la plus connue est le “style suisse” des années cinquante et soixante. Lorsqu’il fut mis sur le marché en 1957, le caractère Univers d’Adrian Frutiger fut ainsi salué par les tenants du fonctionnalisme comme l’outil typographique définitif, appelé à remplacer tous les autres, ce que son nom suggère d’ailleurs parfaitement. Aux yeux du grand Emil Ruder, par exemple, la conception rationnelle de

l’Univers – toutes les séries avaient été planifiées au préalable, fait alors unique dans l’histoire de la création typographique –, ses 21 variables et son aspect général neutre et objectif l’instituaient véritablement en caractère “universel”, dont le succès ne s’est, de fait, jamais démenti auprès des héritiers du graphisme suisse – Jean Widmer, par exemple, en use encore aujourd’hui très régulièrement. Cette recherche du “caractère absolu” prend évidemment sa source dans les travaux des avant-gardes des années vingt – et particulière-

ment le Bauhaus, où Herbert Bayer (1900-1985) dessina dès 1925 un Alphabet universel basé sur des principes géométriques rigoureux – et parcourt en filigrane toute l’aventure du graphisme fonctionnaliste. A cet égard, il me semble tout à fait significatif qu’un des premiers caractères mixtes, le Rotis (1989) – quatre séries dénommées Serif, SemiSerif, SemiSans et SansSerif, pour un total de dix-sept variables –, soit l’œuvre d’un des plus célèbres praticiens du fonctionnalisme allemand, Otl Aicher (voir encadré). Pourtant,

ces vénérables prétendants au titre de “caractère-universel-destinéà-remplacer-tous-les-autres-par son-envergure-et-sa-polyvalence” font aujourd’hui figure d’aimables plaisanteries face à un nouveau venu particulièrement impressionnant, le Thesis, créé en 1994 par le Néerlandais Luc(as) de Groot et distribué par FontShop®.

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1 Les 21 variables de l’Univers, telles qu’elles furent planifiées par Adrian Frutiger dès 1954. Le caractère lui-même ne sortit que trois ans plus tard.

La brigade lourde Sous sa forme normale, le Thesis présente un assortiment de base comportant six fontes distinctes : Romain, Italique, Petites capitales romain, Petites capitales italique, Expert romain et Expert italique. Cette “racine” initiale est proposée en huit graisses, du Black à l’ExtraLight, totalisant alors quarante-huit polices. L’ensemble de ces quarante-huit polices donne enfin lieu à une nouvelle déclinaison, en trois styles coordonnés,

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baptisés respectivement TheSans (sans empattements), TheSerif (avec empattements) et TheMix (entre les deux). Faites le compte : toutes séries confondues, le Thesis ne possède donc pas moins de 144 variables, ce qui en constitue le caractère typographique le plus complet, actuellement disponible sur le marché – pour ceux que ce genre de compétition intéresse, signalons que le second dans cette course au gigantisme est vraisemblablement

l’HelveticaNeue, qui ne comporte “que” cinquante variables. Ce constat effectué, le nom que de Groot a donné à son caractère sonne alors comme une déclaration d’intention – c’était déjà le cas, comme on l’a vu, pour l’Univers – : il s’agit ici effectivement d’une thèse, c’est-à-dire d’un travail destiné à épuiser son sujet, à en donner la vision la plus complète et approfondie possible. Le Thesis opère ainsi un balayage systématique de presque tous les possibles typographiques

connus, et l’on peut être légitimement saisi d’un léger vertige à l’idée que son créateur ait pu trouver une déclinaison supplémentaire en jouant sur la variable de chasse, d’ailleurs curieusement absente ici – mais le site personnel de Lucas de Groot1 annonce déjà la mise en chantier de versions condensées du TheSans et de séries larges du TheSerif, tremblez, pauvres mortels ! Et l’on pourrait également gloser sur l’article défini anglais “The” qui précède


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2 Quatre séries du Rotis d’Otl Aicher, un des premiers caractères multistyle d’inspiration fonctionnaliste. 3 Les trois séries du Thesis : avec empattements – The Serif –, sans empattements – TheSans – et un “entre-deux” hybride baptisé TheMix. 4 Comme dans

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les caractères “classiques”, l’italique du TheSerif (en haut) présente des signes très différents par rapport au romain qu’elle accompagne – différences moins sensibles dans le TheMix (au milieu) et le TheSans (en bas).

le nom de chacune des séries : TheSans, TheSerif, TheMix, comme s’il s’agissait des versions définitives, absolues, incontournables, des archétypes ainsi désignés – le caractère à empattements, la linéale, etc. Cette impression initiale se confirme lorsque l’on entre dans le détail. De Groot a tout prévu : les italiques, par exemple, sont de vraies italiques, plus étroites et cursives que le romain qu’elles accompagnent, même dans la série

TheSans – les italiques des caractères sans empattements sont pour la plupart, à de rares exceptions près, des obliques ou des romains penchés informatiquement. Elles présentent même, d’une série à l’autre, de subtiles différences : l’italique du TheSerif comporte plus de modifications de formes par rapport au romain qui lui est associé que celle du TheSans. De même, les petites capitales existent aussi bien en romain qu’en italique – les caractères classiques n’en possèdent tradition-

nellement qu’en romain – et trois séries de chiffres sont disponibles : chiffres suspendus dans le Romain (ici appelé “Plain”), alignés dans les polices de petites capitales (dénommées Caps) et tabulaires – c’est-àdire d’une chasse plus régulière que les chiffres alignés, dont ils découlent – dans les polices Expert. Ces dernières proposent en outre un assortiment impressionnant de signes additionnels : fractions, vignettes, éléments graphiques tels que flèches ou manchette,

“puces” rondes ou carrées, signes mathématiques, capitales “alternatives” ou à paraphe, et, même, six esperluètes supplémentaires (pour les maniaques de la raison sociale, sans doute !) .

Un arsenal très complet Lorsqu’il est interrogé sur le sujet controversé des caractères mixtes, Franck Jalleau, dessina-teur de caractères à l’Imprimerie nationale et enseignant à l’école Estienne, créateur en 1996 du Jalleau, une famille

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5 Les trois séries de chiffres

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du Thesis : suspendus dans les polices Plain (en haut), alignés avec les polices Caps (au milieu), tabulaires dans les polices Expert (en bas). 6 Quelques-uns des nombreux signes spéciaux disponibles dans les polices Expert du Thesis. 7 Les huit graisses du Thesis : des gradations très subtiles à utiliser avec discernement, tant le contraste est léger entre deux variables consécutives. 8 Certains usages particuliers des graisses du Thesis, suggérés par Luc(as) de Groot : une variable à peine plus maigre est utilisée en défonce ou sur un élément de signalétique rétroéclairé pour obtenir une équivalence optique par rapport à un texte en positif ou sur un support opaque.

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multistyle destinée au nouveau Code général des impôts, remarque d’abord que seule l’apparition de l’outil informatique – qui autorise, par exemple, la création automatisée de graisses différentes par interpolation à partir d’un dessin unique – a rendu possible la production d’une famille aussi étendue. Par ailleurs, il émet de sérieux doutes sur l’utilité réelle d’une déclinaison sur huit graisses : selon lui, la gradation d’une graisse à l’autre est trop subtile et trop peu

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contrastée pour permettre une discrimination visuelle vraiment efficace. De fait, Luc(as) de Groot, lui-même, déconseille l’utilisation simultanée de deux graisses consécutives du Thesis, et suggère de “sauter” une série en choisissant par exemple le Light et le Bold en combinaison avec le Normal, mais pas le SemiBold ou le SemiLight. Il justifie alors l’existence de ces variables “intermédiaires” en évoquant certains cas très précis de corrections optiques comme les textes en défonce

ou la signalétique rétroéclairée. Sur le plan strict du dessin, Franck regrette que les versions avec empattements des caractères multistyle ne soient souvent que le résultat d’un “copiercoller” : dans le Thesis, le TheSerif ressemble en effet à un TheSans auquel on a simplement rajouté des empattements. Le dessinateur de l’Imprimerie nationale insiste sur le fait que les empattements sont des éléments structurels, et non des appendices décoratifs amovibles à volonté. Luc(as) de Groot recon-

naît d’ailleurs que le TheSerif n’est pas vraiment un caractère de texte et s’apparente plus, par ses lourds empattements carrés et son manque de contraste pleins/déliés, aux mécanes du xixe siècle. Enfin, s’il est d’accord pour pointer une forte logique fonctionnaliste dans la conception des caractères multistyle, Franck Jalleau doute de la réelle fonctionnalité du Thesis. Il fait remarquer que le projet d’un caractère “universel” et “définitif” établit une sorte d’anachronisme à une époque où les caractères


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9 Le TheMix en titrage, utilisé ici par le grand directeur artistique britannique, Alan Fletcher, pour la couverture de son livre The Art of Looking Sideways, publié par Phaidon en 2001. Son aspect hybride ajoute une pincée d’inattendu dans

Otl Aicher : le précurseur

cette composition d’une grande sobriété graphique. 0 Encore le TheMix, pour la page d’ouverture du site de la société de communication Swisscom. Manifestement, la typographie d’inspiration

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fonctionnaliste conserve encore des adeptes chez nos voisins suisses.

typographiques sont des outils éphémères entre les mains de graphistes et de directeurs artistiques avides de nouveauté et de changement. Par ailleurs, il considère la famille du Thesis comme beaucoup trop étendue pour être réellement utilisable dans toute sa richesse, et note que ce sont souvent les séries “hybrides” – le TheMix ici, le SemiSerif dans le Rotis d’Otl Aicher – des familles multistyle qui sont les plus usitées, leur ambiguïté les rendant plus remarquables et/ou contemporaines aux yeux de

graphistes pour qui le TheSans, par exemple, n’est qu’un caractère sans empattements de plus. Peut-être faudrait-il, en fin de compte, interpréter d’une autre façon encore le nom du caractère de Luc(as) de Groot : le Thesis serait alors une thèse au sens d’un pur exercice de style intellectuel, une spéculation formelle sur les possibles typographiques, un voyage aux limites de la logique du dessin de caractères. ■ 1. www.lucasfonts.com

Les célèbres pictogrammes conçus par Otl Aicher pour les Jeux olympiques de Munich : un graphisme fonctionnaliste rigoureux, efficace et intemporel.

Figure incontournable du fonctionnalisme allemand de l’après-guerre, Otl Aicher (1922-1991) participe en 1995, aux côtés de Max Bill et de l’architecte Hans Gugelot, à la fondation de la Hochschule für Gestaltung (École supérieure de design) d’Ulm, qui sera pendant treize ans le centre névralgique de la pensée fonctionnaliste européenne. Aicher y prend en charge le département de communication visuelle, au sein duquel il mène, en compagnie de ses étudiants et dans une optique de radicalisme et d’économie visuelle largement héritée du Bauhaus et des avant-gardes des années vingt, des projets de design global pour des commanditaires extérieurs, comme le compagnie aérienne Lufthansa, entre 1962 et 1969. En 1967, il se voit également confier le programme d’identité visuelle des Jeux olympiques de Munich (1972), pour lequel il crée son célèbre système de pictogrammes, conçus pour fonctionner – ce n’est pas une coïncidence – avec le caractère Univers dans la signalétique et les documents imprimés. Enfin, il est le créateur de la première famille typographique multistyle planifiée, le Rotis (1988), un caractère au dessin rigoureux et mesuré, pensé, selon ses propres dires, pour mettre définitivement un terme à la “guerre” entre les partisans des caractères sans empattements (considérés comme plus lisibles) et les tenants de l’usage exclusif des linéales (ressenties comme plus modernes). Son ouvrage Typographie, paru en édition bilingue anglais/allemand chez Lüdenscheid en 1988, est une lecture essentielle pour quiconque s’intéresse au graphisme fonctionnaliste et à l’œuvre de ce praticien exigeant et modeste.

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www.etapes.com


I M A G E S

www.trans-port.org www.flat33.com Trans-form est en vente à la Librairie Pompidou, La Hune, Artazart.

Des grues et des hommes

Il suffit de regarder les choses sous un certain angle pour que de désagréables et contraignantes elles deviennent esthétiques et amusantes. Des grues, vues dans la durée, sous différentes lumières, perdent leur fonction auxiliaire de “gâcheuse de paysage” et racontent des petites histoires. Les photographies sérielles acquièrent un pouvoir anthropomorphique : les grues se rassemblent, dansent, parlent entre elles… Elles se transforment en insectes, mutants des villes en restructuration. Les grues toujours dépréciées deviennent ainsi des sculptures vivantes et insufflent au paysage urbain beauté et poésie. Il suffit de certains regards et de beaucoup de talent… Agathe Jacquillat (Française, née en 1975) et Thomas Vollauschek (Allemand, né en 1973) ont filmé pendant plusieurs mois, à raison d’une heure par jour, la vue depuis leur appartement londonien. Ils ont utilisé différents procédés pour capter la vie des grues sous toutes leurs facettes : artistiques, graphiques, sociologiques, techniques. Leur travail, projet postdiplôme pour le Royal College of Art, s’est développé à travers trois supports : site Web (Trans-port), CD (Trans-it) et magazine (Trans-form). Jamais les grues n’ont eu un tel piédestal. Le résultat aussi bien dans sa conception que sa réalisation est un chef-d’œuvre. Les deux créatifs projettent de réaliser une seconde édition sur un autre thème, mais pour l’instant ils se concentrent sur l’agence qu’ils viennent de fonder, Flat 33.


i m a g e s

Les filles de Hazard Elle s’inspire d’une attitude capturée dans la rue pour suggérer une mode à travers une posture plutôt qu’un vêtement. Amélie Hazard a commencé sa carrière d’illustratrice aux États-Unis. Elle a su y convaincre le bureau de style Here and There de la richesse et de la rentabilité de l’illustration face à la photographie dans les cahiers de tendances. Aujourd’hui, le label Verve utilise ses filles de papier pour promouvoir le jazz auprès d’un public plus jeune. Revenue en France cet automne, elle rejoint la nouvelle agence d’illustrateurs Chez Antoine et cherche à donner du mouvement à ses dessins en s’essayant à l’animation et au clip.

“En Savoie dans un chalet en bois…” …Isabelle Chatellard a illustré des livres pour enfants écrits par Olivier Douzou ou Rascal aux éditions du Rouergue ou chez Flammarion. En 1999, ses créations s’animent dans Un Jouet comme les autres, un dessin animé où elle a su transposer son style. Utilisant l’encre, l’aquarelle ou les pâtes acryliques, elle porte une grande attention à la couleur. Elle peuple d’animaux en costumes ses univers riches de détails poétiques. Pour cet hiver, Le Printemps du boulevard Haussmann lui a confié ses six vitrines de Noël. À partir de ses dessins, chaque pièce, meuble et accessoire ont ensuite été reproduits en volume et à l’échelle humaine par l’Atelier Antoine. Pour être présent dans cette rubrique : etapes@pyramyd.fr

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i m a g e s

A Corps rompus Extrapolation, boulimie, décalage, doute ou amnésie… Renaud Perrin a réuni, dans un petit livre, près d’une vingtaine de concepts-états d’âme interprétés sur le mode du portrait. Cet illustrateur d’une vingtaine d’années, formé aux arts déco de Strasbourg, n’a pas peur de revendiquer sa filiation avec Topor, ou du moins, son admiration pour le dessinateur. Il travaille beaucoup pour la presse mais aussi pour le théâtre. Bien loin des tendances graphiques actuelles, plus proche d’une réalité sociale, Renaud Perrin élabore des images en dehors du système de pensée réaliste. Pour la même maison* qui édite A Corps rompus, il prépare un deuxième volume, un peu plus narratif. *www.lesoiseauxdepassage.com

Jazzband Anne Reynaud met en scène ses personnages, les sculpte, les dote d’instruments composés de matériaux du quotidien : un ticket de métro en guise de bandonéon, des bouts de limes à ongles pour la guitare. Elle les modèle à partir de taules en aluminium, qu’elle ponce, coupe, tord et peint. Elle a même rendu les reflets lumineux pour donner plus de consistance à ses musiciens. Photographiés sur fond de rideau noir, ils affirment le goût prononcé de la jeune graphiste pour la matière, le volume et le mouvement. Anne Reynaud travaille en indépendante dans différents domaines, essentiellement pour l’édition. Son souhait actuel : animer ses créations.

© Francis Peyrat

Pour être présent dans cette rubrique : etapes@pyramyd.fr

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r e g a r d par lewis blackwell

Lewis Blackwell est chargé de la direction de la création de Getty Images, agence de contenu visuel de renommée mondiale. Il est également auteur à succès d’ouvrages de graphisme

Toujours plus L’illustration de la page possède une histoire, une histoire sans queue, ni tête – un récit interminable avec une sorte de morale à la fin. L’histoire du choix de l’illustration commence avec un problème qui me tourmente depuis quelque temps. J’ai noté le renouveau agitant le graphisme cette année. Difficile de suivre tous les styles apparus. Si ce n’est pas de la rétrotech rencontrant la postdéco, ce doit être du garage mélangé à du psychédélique nouvelle vague. Et pendant ce temps, le Nouveau Mouvement international continue d’avancer : je suis moi-même, en effet, un peu responsable de la propagation de cette confusion. Toute cette diversité est-elle importante ? est-elle rentable ? ou n’est-ce qu’une preuve de l’éphémère absolu de notre monde bidimensionnel ? Je discutais l’autre jour de cette troublante diversité dans le studio. Nous plaisantions un peu autour du modernisme et du minimalisme et de l’écart de ces bases. Oh oui, nous savons comment nous amuser sur notre lieu de travail. Toujours est-il qu’un collègue, que je respecte beaucoup, s’est avéré être un ardent admirateur du grand architecte Mies Van der Rohe. Vous savez, l’homme connu pour avoir initié la doctrine “le moins est un plus”, ce qu’il s’est attaché à pratiquer avec une maîtrise parfaite dans plusieurs immeubles de bureaux énormément influents. Il s’agit de constructions finalement détaillées – après tout, “le divin se trouve dans les détails” est une autre ligne de conduite associée au mouvement moderne. Mais les disciples de Mies devinrent le fléau de l’urbanisme, et leurs reproductions fades et irréfléchies d’immeubles de bureaux modernistes furent largement responsables des excès postmodernes. Alors, quand mon collègue entama sa thèse en faveur de Mies, je l’interrompis et lui évoquais quelques exemples sur les méfaits des principes du grand architecte, quand ils furent interprétés par des desi-

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gners moins compétents. Je voulais prouver que seul le principe mène si loin – en effet, que seule la raison mène si loin dans les arts visuels. Il reste toujours une grande place pour l’intuition, pour l’acte de création qui tire un peu de magie (ou non) de l’air et distingue le beau du maudit, ou qui distingue encore l’exquise Maison Farnsworth de Mies d’un millier de mauvais taudis modernistes. Mais, au-delà de cela, je cherchais aussi à montrer que ce qui compte dans tous les domaines de création – de l’architecture à l’urbanisme, en passant par la typographie, la photographie, la musique – est de savoir faire la différence. Il faut savoir imprimer une marque significative, et non suivre un principe bêtement. Cela introduit les éléments de la beauté et de plaisir, et nous surprend par une nouvelle opportunité. Ce qui s’applique à l’architecture vaut également pour le graphisme : les modernistes engendrèrent le style suisse qui engendra le style international qui devint la norme terne jusqu’à ce que les gens se révoltent. Quelques années de postmodernisme, puis les excès de la déconstruction causant la rupture typographique flamboyante des années 1990, entraînèrent une aspiration à un peu de calme, un peu de sobriété après l’abondance. Ce qui ramena de nouvelles variantes des styles suisse et international. Cela me ramène à mon sujet sur la “troublante diversité” actuelle que j’ai mentionnée plus haut. Je pense que nous tenons un modèle, d’où nous pouvons extraire divers styles de notre boîte à outils graphiques d’aujourd’hui. Ils conviennent à différentes choses, mais aucun n’est aussi fort, aussi dominant. Ce qui émerge, c’est la base pour une nouvelle poussée, une nouvelle synthèse qui sera d’abord remarquablement fraîche, puis deviendra la nouvelle norme. Puis, évidemment, l’on en abusera, et l’on s’en lassera, l’on réagira et l’on recommencera à chercher le prochain gros courant.

ainsi que conférencier international. Son prochain livre, Soon : brands of tomorrow, sera publié en octobre.

Mais, aujourd’hui, nous avons besoin de ce nouveau courant. A mon avis, il arrivera par une convergence entre les principes modernistes et les leçons tirées des innovations des nouveaux médias. Pendant le processus, nous serons capables de jeter tout élément rétro du modernisme, et aboutir à une véritable “fin-modernisme” : une nouvelle solution inspirante mi-art, mi-science, pour les graphistes. Cela semblera vraiment habile à tous pendant quelques années. Dans cette évolution, nous verrons la réaction inévitable au “Moins est un plus”. Ce sera “le plus est un plus”, mélangé au “moins est un moins” ! Une théorie graphique complète qui nous permet d’augmenter ou de baisser le volume de nos communications. Il suffit maintenant de la faire vivre. Et l’illustration alors ? Eh bien, je l’aime beaucoup. C’est une prise de vue récompensée de Kyoko Hamada, un excellent photographe qui a récemment travaillé avec nous (prenant cette photo parmi une série de personnes avec des animaux dans des décors inhabituels, avec des significations surprenantes). Dans son association hautement moderne et pourtant curieusement classique, épurée et pourtant riche en détails, allusive et infinie dans sa signification, elle semble reproduire dans une forme photographique la théorie existant au-delà du principe. Elle reproduit le mantra suivant : Parfois on veut plus, parfois on veut moins. En général, quand on a eu plus en abondance, il est temps d’avoir moins. Et quand on a eu moins un temps, il est temps d’avoir plus. Parfois, ce principe est suffisant en communication. Il est plus important d’avoir quelque chose à dire… comme : Cette photo semble un peu vide pour maintenant, 2001. Je sais – ajoutons un muntjac. ■


La photo choisie est de Kyoko Hamada pour Stone.

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l é g i s l a t i o n par isabelle durand avocat au bareau de paris

La presse est une et indivisible

La presse en ligne et la loi du 29 juillet 1881. La création sur Internet de journaux en ligne s’est accompagnée d’interrogations relatives aux conditions d’application de notre très ancienne loi sur la presse. De la juxtaposition du mot Internet et de la date de la loi sur la presse (29 juillet 1881), certains pensaient que ne pouvait émerger qu’une incompatibilité temporelle et technologique, rendant ce nouveau support incontrôlable. Peu à peu les problèmes se sont posés, et les solutions qui surgissent démontrent, une fois encore, que l’approche alarmiste qui décrit toutes les lois existantes sur la communication et les droits d’auteur comme inadaptées à Internet n’est pas en phase avec la réalité. Bien sûr, des adaptations sont nécessaires et des précisions seront encore à apporter, par exemple sur la responsabilité des fournisseurs d’accès, du fait des informations circulant sur les sites de leurs abonnés. Il serait souhaitable que le législateur français profite de la transcription, dans notre loi nationale, de la directive européenne sur le droit d’auteur et la société de l’information, pour définir précisément les obligations qui pèsent sur les fournisseurs en termes de surveillance des sites de leurs abonnés. Dans la presse, la plupart des journaux ont désormais signé, directement avec leurs salariés ou par le biais d’accords intersyndicaux, des contrats concernant le principe de la rémunération supplémentaire des journalistes, lorsque les publications sur papier sont également diffusées sur Internet.

Injure et diffamation L’autre question importante est celle du point de départ de la prescription de trois mois prévue par la loi de 1881 en matière d’injure et diffamation. Afin de ne pas compromettre l’existence des journaux avec des procès en diffama-

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tion, pouvant intervenir longtemps après la publication de l’article en cause, le législateur avait prévu que, si la personne mise en cause par un article ou par un dessin n’avait pas réagi trois mois après la date de la première publication dans la presse, son action était prescrite et la responsabilité du rédacteur en chef et celle du journaliste ne pouvaient plus être engagées pour injure ou diffamation. Le point de départ du délai est la date du premier acte de publication du périodique (article 65 de la loi de 1881). La période de trois mois accordée au plaignant pour agir avait été fixée en tenant compte de la durée moyenne des publications de presse (un jour, une semaine, un mois) et de la nécessité de laisser un délai au plaignant pour réagir, sans que la longueur de ce délai ne puisse faire peser indéfiniment une menace de procès sur la publication. La presse en ligne bouleverse quelque peu ces considérations, car la durée de mise à disposition des articles en ligne va bien au-delà de celle de la plupart des publications sur papier. On pourrait donc être injurié durant plusieurs mois, voire plusieurs années, et ne pouvoir se défendre à défaut d’avoir réagi dans les trois mois de la date de première mise en ligne de l’article incriminé.

Un téléchargement est-il un acte de publication ? Pour remédier à cela, certains juges avaient considéré que la prescription de trois mois pour les images et articles diffusés en ligne ne pouvait s’appliquer, car l’accessibilité permanente de l’information sur Internet faisait courir, à chaque nouveau téléchargement, un nouveau

délai de trois mois, car ils analysaient le téléchargement comme un acte de publication. Cela revenait à supprimer toute notion de prescription jusqu’à la date à laquelle ces informations ne seraient plus en ligne. Il résultait de cette analyse une difficulté majeure, constituée par les risques financiers liés aux éventuels procès, que cette menace permanente faisait peser sur la presse en ligne. De plus, un même article publié sur papier et sur le Net se trouvait ainsi soumis à deux régimes juridiques de prescription, ce qui était illogique.

L’unité de la notion de presse A deux reprises, la Cour de cassation a affirmé l’uniformité du régime de la prescription pour la presse écrite et la presse en ligne, par un arrêt du 30 janvier 2001 puis par un autre du 16 octobre 2001. Pour la Cour de Cassation, il n’existe pas deux types de presse et, quel que soit le support, c’est la date à laquelle l’écrit et/ou l’image litigieuse sont mis pour la première fois à la disposition des internautes qui constitue le point de départ de la prescription. Les analyses de certains juges sont intéressantes, mais peu en phase avec la réalité et la nécessité de préserver la liberté de la presse sous toutes ses formes, et sont donc balayées par le pragmatisme de la Cour de cassation qui affirme l’uniformité du régime de la diffamation et de l’injure en matière de publication de presse, quel que soit le support utilisé. Encore un petit effort, et l’on oubliera que certains prétendaient qu’il fallait entièrement refondre notre droit pour l’adapter aux nouvelles technologies ! ■


l i v r e s

Le bruit

et la fureur

Le livre du mois

Chaque année en décembre, la rubrique Livres d’étapes : prend de l’embonpoint. Plus que la dinde de Noël, c’est l’offre des éditeurs et l’occasion d’offrir à d’autres ou à soi-même quelques beaux livres qui nous motivent. Source d’informations et d’images, le livre est aussi un objet qui reste. Graphisme classique ou moderne, photographie ou design, monographie ou compilation, la variété des ouvrages sélectionnés reflètent l’ouverture éditoriale qu’étapes : vous propose depuis quelques mois.

Titre : Noise 4 Auteur : Attik Éditeur : HBI Format : 33 cm x 22 cm Dos carré relié 504 pages Anglais Illustrations en couleurs Prix public TTC : 98  Conçue par l’agence Attik à partir de ses créations et, surtout, de ses réflexions graphiques, la série des livres Noise place haut la barre de l’expérimentation. En raison des très fouillés et introuvables numéros 3 et 3.5 (é : 33 et 48), Noise 4 se devait d’être différent. Après avoir envisagé un support vidéo ou multimédia, James Sommerville et Simon Needham ont conservé l’objet livre et orienté leur travail vers plus de photographie et d’espace. Noise 4 respire et aspire à prolonger leur réflexion en images sur les composantes et les propriétés du graphisme. La problématique est aussi simple que le résultat est surprenant : transmettre à travers une photographie des phénomènes invisibles tels qu’un son, une ambiance ou le

temps qui passe. Les prises de vues de paysages vides sont cassées, retravaillées, manipulées, disséquées pour en sortir ce qui n’y apparaissait pas. Au cours du processus, le graphisme est soumis à la question. Compose-t-il des codes visuels universels, ou incarne-t-il uniquement la subjectivité de son auteur ? Où se situe la frontière entre cliché et illustration, est-elle perméable ? Par touches subtiles de géométrie et de commentaires succincts et exigus, la recherche s’avère plus riche qu’une réponse forcément restrictive. L’interrogation d’Attik se termine par la présentation de travaux commerciaux de l’agence moins intéressants, il faut bien l’avouer, que leurs homologues nés en liberté.

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Titre : ruedi baur…, intégral…, and partners Éditeur : Lars Müller Publishers Format : 18 cm x 24 cm Relié à la française, se lit à l’italienne 478 pages Français - Anglais - Allemand Prix public TTC : 67,08 

Titre : Metalheart Auteur : Andreas Lindholm, Anders F. Rönnblom Éditeur : HBI Format : 25,5 cm ­­x 30 cm Dos carré, collé + cédérom 168 pages Anglais Illustrations en couleurs Prix public TTC : 53,36 

Tenant un objet par le haut, tout d’un coup, il le retourne et le regarde par en dessous : voir le tout. La pensée intégral(e). Ce geste à lui seul a déjà permis de se sortir de bien des impasses. Ainsi introduit par Lars Müller, ce livre n’est pas une simple monographie dédiée au “Petit prince” du design. C’est un document dense, un manifeste qui met en scène les facettes et l’implication du graphisme dans la société contemporaine, à travers les différents projets réalisés par Ruedi Baur, associés et partenaires : autant de compétences connexes réunies autour du concept de l’interdisciplinarité qui viennent nourrir le travail du graphiste franco-suisse, éternel étranger face à la problématique d’un nouveau défi. Onze chapitres illustrés par de nombreux schémas techniques et des documents photographiques présentent l’exercice de la signalétique, l’identité visuelle au sens large, le graphisme urbain, le design d’exposition, des travaux de concours ou autres réalisations plus personnelles, sur lesquels la journaliste Chloé Braunstein porte, avec dix autres auteurs, un regard analytique, simple et constructif.

Initié par deux designers suédois, MetalHeart est né d’une expérience peu banale. En 1998, Anders F. Rönnblom – l’ancien – et Andreas Lindholm – le jeune –, décidaient de mettre à la disposition de designers numériques un cédérom de leur création, bourré de polices futuristes aux rendus étranges, le emBOX/Brainreactor Prototype. Un seul mot d’ordre à l’adresse des destinataires : utiliser ces fontes pour des expérimentations numériques en vue de la création d’une compilation. Trois années et

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pas mal de péripéties après, le résultat est plutôt séduisant : les œuvres sont assez débridées, les designers viennent du monde entier et MetalHeart permet au final de dresser un tableau fourni de l’art numérique, parfois kitsch, parfois proche de la science-fiction, toujours très visuel. Accompagné d’un cédérom qui fourmille de fontes, de matières et d’idées haute résolution libres de droit, MetalHeart est finalement un livre généreux.


Titre : Le Nouveau Salon des Cent Auteurs : Alain Weill, Anthon Beeke Éditeur : Odyssée Format : 23 cm x 33 cm Dos carré relié 228 pages Illustrations en couleurs Français - Anglais Prix public TTC : 48,78 

Titre : Henri de ToulouseLautrec, les Affiches Auteur : Danièle Devynck Éditeur : Odyssée Format : 24,5 cm x 33 cm Dos collé, relié Illustrations en couleurs Français - Anglais Prix public TTC : 45,5 

Le Nouveau Salon des Cent rassemble cent affiches de graphistes internationalement reconnus. Il est un hommage à Toulouse-Lautrec, sous la direction d’Anthon Beeke, avec un texte introductif d’Alain Weill… Avec tous ces grands noms, le résultat ne pouvait être qu’éclatant. Le moins que l’on puisse dire, c’est que le catalogue de l’exposition est une réussite. A droite : l’affiche-hommage, à gauche un autoportrait et une biographie sommaire du créatif qui l’a réalisée. Cette juxtaposition est une joute visuelle : l’autoportrait en révèle autant sur la personnalité du graphiste qu’elle explique l’affiche créée. Dans les réalisations, il y a du mauvais comme de l’excellent, et cela mérite un coup d’œil ! Comment des célébrités peuvent-elles rendre hommage au père de l’affiche ? Comment affirmer un héritage, louer un homme sans plagier ou tomber dans la caricature grotesque ? Comment conserver son style et évoquer le maître ? Le nabot débauché a inspiré plus d’affiches qu’il en a créées, son malin génie en a dérouté plus d’un. L’exposition du Nouveau Salon se tient au Centre Georges Pompidou jusqu’au 17 décembre 2001.

La trentaine d’affiches d’Henri de Toulouse-Lautrec, appartenant au musée d’Albi, est, ici, aussi bien explicitée dans leur force graphique que réinsérée dans l’histoire de l’artiste et celle de la vie parisienne. Ce livre a le grand intérêt de présenter quelques études préparatoires : Toulouse-Lautrec en accomplissait très peu et toujours avec un extrême minimalisme. En quelques traits et rehauts de couleurs, il définissait l’affiche future. Le catalogue explique la méthode, bien spécifique au peintre, du crachis (projection d’encre à travers une grille ou avec une brosse mouillée). Avec peu et du vulgaire (aussi bien dans

ses matériaux que dans ses sujets), Lautrec s’est imposé comme un affichiste hors norme, increvable, dixit Alain Weill.

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Titre : Woodtli Auteur : Martin Woodtli Graphisme : Martin Woodtli Éditeur : DGV Format : 22 cm x 24,5 cm Dos carré cousu 192 pages + jaquette Illustrations en couleurs Anglais Prix public TTC : 45,5 

Martin Woodtli est suisse, mais son imaginaire se trouve sûrement au Japon ou dans un ordinateur made in Hong Kong. Loin des alpages, les créations de ce graphiste s’apparentent à une science-fiction de plastique et de numérique. Son inspiration peut naître dans un gobelet de carton, mais après transformation, le résultat prend des airs de station spatiale. Concernant le style, des illustrations essentiellement vectorielles revêtent en nombre restreint des couleurs pures. Les travaux regroupés dans ce livre sont la réponse de Woodtli à des commanditaires culturels. L’auteur n’a

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Titre : The Best of Newspaper Design 22 Auteur : Society for News Design Éditeur : Rockport Format : 31 cm x 23,7 cm Dos carré relié 272 pages Anglais et espagnol Prix public TTC : 70,89 

Titre : Temporary Spaces Auteur : Martin Eberle Éditeur : Die Gestlatung Verlag Format : 28 cm x 22 cm Dos carré relié Anglais Illustrations en couleurs Prix public TTC : 45,43 

que faire du graphisme gratuit et s’attache à mettre son univers et son armée de robots au service de ses clients. Avec ce livre, il sert sa propre cause et prend, comme à son habitude, la chose au sérieux. Au lieu d’une couverture, l’objet hérite d’un emballage en carton recyclé ; le papier et les encres varient quand les repères techniques (gammes et hirondelles) sont conservés à l’impression. Loin d’apparaître mal fini, le produit obtenu séduit par sa fraîcheur et le foisonnement d’images qu’il contient. Un bon exemple ? la couverture d’étapes : 78.

Berlin Est fourmille de bars incroyables réalisés avec trois vieilleries et beaucoup de style, qui n’ont de commun que leur éphémère existence. Martin Eberle a pisté, sur une dizaine d’années, une trentaine de boîtes de nuit, des bâtiments réaffectés l’espace d’une valse. Il a photographié ces lieux fugitifs, à la fois leur devanture inquiétante (que seuls les habitués repèrent) et leur intérieur. Ces lieux de danse et de réjouissances nocturnes sont désertés, mais illuminés par des spots colorés. Après un pas-de-porte peu accueillant, on découvre une ambiance chaude, intimiste.

Eberle conjugue regard lucide et empathie, les talents d’un ethnologue à la recherche de cette ville troublante qui, depuis dix ans, se transforme à une vitesse dangereuse.

La maquette et l’illustration de presse sont à l’honneur avec la 22 e édition du Best of Newspaper Design, qui fait figure d’encyclopédie dans le domaine. Parmi les 341 tabloïds passés au crible par cinq équipes de juges impartiaux (minibio et trombinoscope à l’appui), l’Espagnol El Mundo remporte la médaille, pour les couvertures de son supplément magazine ou les pages intérieures du journal. Quant à la presse francophone, Le Devoir de Montréal sauve l’honneur avec un prix du meilleur design éditorial. Si, les DA des tabloïds français voulaient bien se manifester…


Titre : Narita Inspected Japan Graphic Design Compiler Auteur : Lopetz, Burö Destruct Éditeur : Die Gestalten Verlag GMBH Format : 25,5 cm x 30 cm Dos carré, collé 228 pages Anglais Illustrations en couleurs Prix public TTC : 44,97 

Titre : À bâtons rompus Auteur : Adrian Frutiger Éditeur : Atelier Perrousseaux Format : 21 cm x 29,5 cm Dos carré collé 93 pages Français Illustrations en bichromie Prix public TTC : 24 

À bâtons rompus, c’est l’explication sans complication du caractère typographique par Adrian Frutiger : référence dans le domaine. Impossible d’évoquer ce livre sans le comparer à Des Signes et des hommes, la précédente (1983) publication de l’auteur. Le fonctionnement des deux ouvrages est identique et certaines illustrations passent de l’un à l’autre. Un propos, simple et juste, en texte et en images aborde les perspectives historiques ou pratiques du signe. Aujourd’hui, Frutiger ne parle que d’un seul type de signe : le caractère typographique (et dans une moindre mesure son

corrélat le logo). Ses préoccupations ne sont plus seulement sémantiques et stylistiques et concernent aussi la technique et la lisibilité. Le dessinateur de caractères sert son sujet par les métaphores les plus inattendues : la typographie comparée à une chaussure ou à la Joconde. Pour les exemples, le maître a eu recours à Univers et Frutiger, ses fontes les plus connues. Les amoureux des belles lettres ou de Frutiger seront servis, ayant l’occasion d’en apprendre plus sans s’embarrasser des complications, uniquement de la rigueur.

Luxuriant ou épuré, ciselé ou pullulant, avant-gardiste ou prépubère, le graphisme japonais est une matière difficile à saisir pour un Occidental. Alphabets, culture, histoire, appréhension du monde… Tout ou presque sépare le Japon de ses voisins, pourtant intrigués par la création nippone, très active. De ce constat, les auteurs de Narita Inspected ont tiré un ouvrage élégant, qui présente le design graphique japonais en trente-trois studios et quelques réflexions des designers eux-mêmes. La typologie y tient une grande place, ainsi que les symboles et les pictogrammes, langage simplifié, drolatique et

Titre : Le s Parisiens de Poulbot Auteur : Alain Weill Éditeur : le cherche midi Collection : L’Art de l’illustration Format : 22,9 cm x 27 cm Dos carré collé 128 pages Illustrations en couleurs Prix public TTC : 26,56 

peut-être plus accessible aux étrangers. En bonus, Narita Inspected convie ses lecteurs sur les lieux mêmes de la création, et l’on découvre que les studios ou les appartements des designers sont tout aussi contradictoires que le graphisme qui y est créé.

Cet ouvrage préfacé par Alain Weill rompt avec l’image galvaudée du dessinateur de Montmartre. Plus d’une centaine de dessins inédits y s o n t p u b l i é s , r é v é l a n t u n t ra i t b i e n p l u s s u b t i l que celui qui est véhiculé par l’iconographie touristique de la butte. Né en 1879 dans une famille nombreuse d’instituteurs de SaintDenis, Francisque Poulbot, réfractaire aux études, décida très vite de devenir dessinateur. C’est avec humour et ironie qu’il croqua les milieux populaires pour deux des plus prestigieuses revues de l’époque Le rire e t L’ A s s i e t t e a u b e u r re . Rendu célèbre pour ses dessins de gamins de Paris, à tel point qu’on finit par leur donner son nom, Poulbot croquait pourtant sans concession l’hérédité alcoolique, voire syphilitique, de cette engeance prolétaire. A tord peut-être, il transforma le réalisme de ses personnages pour s’installer dans un stéréotype qui fut pillé, après sa mort, par de médiocres copieurs. Les enfants de Poulbot restent des orphelins.

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Titre : Designing the 21 st Century Auteurs : Charlotte et Peter Fiell Éditeur : Taschen Format : 25,5 cm x 20 cm Dos Carré relié 576 Pages Français - Anglais - Allemand Illustrations couleurs Prix public TTC : 32 

Le xxie siècle n’est ni futuriste ni spirituel, mais design. Le design se répand à toute vitesse, infiltre et enrichit sans cesse de nouveaux domaines, pirate les formes, s’approprie matières et couleurs. Des marques comme Apple ou Dyson instaurent le design comme une des caractéristiques premières d’appareils jusque-là purement utilitaires. Dans ces conditions, le designer ne se contente pas de la pureté des lignes, mais repense entièrement son objet. Designing the 21 st Century présente les 200 designers les plus actifs du moment à travers leurs créations, leur vision de la discipline, leurs Curriculum et leurs coor-

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données. Avec ses prédilections dans les styles, les enjeux privilégiés et les voies explorées, chacun ouvre de nouvelles perspectives à suivre.

Titre : Zoo 10 Éditeur : Purple Format : 25 cm x 30,5 cm Dos carré relié 368 pages Anglais Illustrations en couleurs Prix public TTC : 198 

Titre : Young Guns 3 Auteur : Club des Directeurs artistiques de New York Éditeur : The Art Director Club Publications Format : 16 cm x 21 cm Dos carré, collé Anglais Illustrations couleurs Prix public TTC : 41,16 

Si Zoo n’existait pas, le monde graphique serait bien pauvrement représenté. Certes, le prix du livre est exorbitant, mais 359 pages d’illustrations, de découvertes de jeunes talents ou de projets des grands noms de l’art, de l’architecture, du design ou du graphisme, valent leur pesant d’or. Dans le numéro 10, l’architecture domine. Berlin affirme sa suprématie et, avec elle, les architectes allemands. Les jeunes designers, repérés dans le plus grand salon de meubles, ont une place de choix. Un avant-goût ? Le studio Kesselkrämer, les photog ra p h i e s r é a l i s t e s d e l a

Tous les deux ans, le Club des Directeurs artistiques (ADC) de New York organise Young Guns NYC, une exposition mettant en lumière les valeurs montantes de la communication et du design visuel de la Grosse Pomme. Traditionnel-lement, l’ADC accompagne sa biennale d’un livre répertoriant œuvres et designers sélectionnés, et cette troisième édition ne déroge pas à la règle. Ainsi, le Young Guns 3 présente quatre-vingt-dix artistes et designers de trente ans maximum (au-delà, le “Young” est, paraît-il, abusif, comme au foot) s’exerçant au graphisme, au webdesign, à la publicité, à la vidéo, etc., ou au design d’objets. Pour tant, cette pléiade de styles et de sujets ne parvient pas à masquer une certaine platitude, un sentiment d’ennui, d’ailleurs souligné en introduction par les membres du jury, qui regrettent le manque d’énergie et d’implication des jeunes créatifs. Trop saine, trop gentille, trop “adolescente” aux dires du comité de sélection, cette nouvelle génération achoppe par sa dépolitisation, son manque de volonté sociale et son tempérament cocooning. Une léthargie qui, toujours selon le jury, a besoin d’une ère “Reagan-Thatcher” pour être combattue !

Hollandaise Martina Hoogland I va n ow e t l e s p e i n t u re s saisissantes de l’Italienne Margherita Manzelli. Côté pratique, à la fin de Zoo, se trouvent toutes les adresses pour contacter directement les agences et les designers.


Titre : Graphis Brochure 4 Auteur : Graphis Éditeur : Hearst Books International Format : 31 cm x 22 cm Dos carré relié 250 pages Anglais Illustrations en couleurs Prix public TTC : 94 

Titre : Max Hits Construire et promouvoir des sites Web réussis Auteur : Mike Slocombe Éditeur : Pyramyd Format : 23 cm x 26 cm Dos carré collé 160 pages Illustrations en couleurs Français Prix public TTC : 45 

Le Web contient aujourd’hui 8 milliards de pages, et il n’est pas dit que chacune d’entre elles rencontre son public. Partant du principe qu’un site à la conception et au contenu attrayants est p l u s f é d é ra t e u r q u e s o n équivalent quelconque, Max Hits part en croisade pour défendre les homepages réussies. L’auteur, personnage reconnu de l’Internet britannique, explore chacun des éléments qui peuvent contribuer au succès. Perspectives techniques, nom de domaine, architecture et démarches pratiques, sont présentés en fonction

Titre : No-Copy Advertising Auteur : Lazar Dzamic Éditeur : RotoVision Format : 23,5 cm x 30,5 cm Dos carré relié 160 pages Français Prix public TTC : 45 

des choix possibles et illustrés par des exemples largem e n t c o n va i n c a n t s . Lo i n d’être monotone, le discours de Max Hits alterne explications, études de cas ou entretiens avec des webdesigners pointus. Sa mise en page met en avant des captures d’écrans issues des meilleurs sites tous genres confondus : expérimentation, e-zine ou vitrine, chacun d’eux étant décrypté par l’auteur. Mike Slocombe révèle les secrets de l’audience en ligne pour les concepteurs de sites comme pour les internautes avides de surf extrême.

A quoi bon s’embarrasser de mots quand l’image suffit ? Pour pénétrer notre inconscient de consommateurs serviles, la publicité a depuis longtemps appris à se servir d u p o u vo i r d e s i m a g e s . No-Copy Advertising, littéralement “publicités sans légende”, a sélectionné quelques spécimens du genre, venus de la fin des années quatre-vingt-dix. La rhétorique visuelle joue à plein à chaque page, à travers des campagnes tantôt décapantes tantôt poétiques, où l’ironie féroce le dispute au clin d’œil. Parfois, seul l’esthétisme est recherché et suffit à occuper l’espace. Ces affiches, clips télévisés ou bannières Internet, sont tous accompagnés d’un commentaire qui met des mots où ils n’étaient jusqu’alors pas nécessaires. La morale : les images les plus bavardes se racontent en quelques mots.

Titre : Graphis Letterhead 5 Auteur : Graphis Éditeur : Hearst Books International Format : 31 cm x 22 cm Dos carré relié 250 pages Anglais Illustrations en couleurs Prix public TTC : 94  Titre : Nu Exposure Auteur : Akiko Komiya Éditeur : Pie Books Format : 22,5 cm x 30 cm Dos carré relié 216 pages Japonais - Anglais Illustrations en couleurs Prix public TTC : 114,5  Titre : Pierre Mendell At First Sight Auteur : Graphis Éditeur : Lars Müller Format : 29 cm x 22 cm Dos carré relié 240 pages Allemand - Anglais Illustrations en couleurs Prix public TTC : 74,07  Titre : Japanese Style Graphics Éditeur : Pie Books Format : 31 cm x 23 cm Dos carré relié 120 pages Anglais Illustrations en couleurs Prix public TTC : 105,95  Titre : Top Ten Advertising Auteur : Graphis Éditeur : Hearst Books International Format : 19 cm x 31 cm Dos carré relié 170 pages Allemand - Anglais Illustrations en couleurs Prix public TTC : 82  Titre : 36th Publication Design Annual Auteur : SPD Éditeur : Rockport Format : 31 cm x 24 cm Dos carré relié 270 pages Anglais Illustrations en couleurs Prix public TTC : 70,89 

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