E77 EBOOK

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graphisme design image création

octobre 2001 mensuel 10,7 


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s o m m a i r e octobre

2001

éditorial

Et demain ?............................….........4

c r é at i o n

Hommage graphique............................5

a l e u r av i s

Quelle place donner à l’image ?...........14

pub

Ton sur ton.......................................17

technews

L’actualité des technologies.................22

présence

Pierre-Alain Mercier...........................26

San francisco

30

Territoires d’expression..............….....30

le design interactif

a-t-il un language?.............................52

F r e d e r i c W . GOU d y

Venise sur l’Hudson............................60

affiches

Shangaï-Paris.............…...................66

images

Apparitions.......................................73

regard

Notre regard change...........................76

l é g i s l at i o n

L’auteur, un homme qui a des droits!....79

Climat au beau fixe, bienvenue à San Fransico, vivier des industries informatique, pharmaceutique et des nouvelles technologies. le climat stimule les créateurs qui, en outre, offrent de l’audace et de l’expérimentation.

livres

Les dernières nouveautés.....................80

expos-concours

Conférence de Paul Kahn.....................85

index

Le carnet d’adresses...........................88

Emploi

Offres d’emplois.................................91

rÉpertoire

La page des professionnels..................96

10.2001

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Michel Chanaud Patrick Morin

15, rue de Turbigo, 75002 Paris Tél. : 33 – 01 40 26 00 99 Fax : 33 – 01 40 26 00 79

Et demain ? Ces deux tours jumelles étaient un symbole, elles sont devenues un signe. Reconstruites ou non, il suffira désormais de tracer un filet sur lequel se dresseront deux hauts rectangles parallèles pour qu’instinctivement l’on comprenne. Les premières réactions graphiques en France ou aux États-Unis en attestent (voir page 5). Pourtant, à l’heure où nous bouclons ce numéro, peu d’images nous sont parvenues et le site de l’AIGA qui a ouvert un memorial gallery ne contient pour le moment qu’une quinzaine d’images. Affiche, couverture, logo, crayonné, ces images immédiates sont réactives. D’autres vont venir, probablement moins instinctives. Chez les professionnels du design, la main tient lieu de mot. La gorge serrée, il est plus facile de ne rien dire et de dessiner. Une angoisse nouvelle nous a tous gagnés. A 6 000 km de distance, elle est un peu différente. Mais si peu. Il est à craindre que d’autres images puis d’autres signes soient nécessaires… de chaque côté de l’Océan. ■

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en couverture Même s’il vit et travaille à Londres, Erik Jarlsson, talentueux designer de 22 ans, conserve, comme la plupart de ses compatriotes suédois, un lien viscéral avec la nature et le monde physique. Son Smygplocka*, hybride organique, de végétal et de fantastique est pareil à une créature métallique et évanescente. Ou bien à un vaisseau animal qui semble se déplacer avec lenteur, mais qui reste immobile. www.greyscale.net * Qu’es-ce qu’un Smygplocka ? C’est du suédois qui se prononce Smugplokkka et qui signifie “cueillir en cachette”… le Suédois est parfois joueur.

Rédaction en chef - Direction artistique Michel Chanaud mchanaud@pyramyd.fr Patrick Morin pmorin@pyramyd.fr Rédactrice en chef adjointe Véronique Godé vgode@pyramyd.fr Maquette Alice Andersen aandersen@pyramyd.fr Amélie Pignarre apignarre@pyramyd.fr Création graphique et maquette © PYRAMYD Rédaction Étienne Hervy ehervy@pyramyd.fr Anne Melcer amelcer@pyramyd.fr Vanina Pinter vpinter@pyramyd.fr Ont participé à ce numéro Ulf Andersen, Marion Bijleveld, Lewis Blackwell, Stéphane Darricau, Isabelle Durand, Marie-Pierre Guiard, Françoise Martin-Borret. Publicité au journal Responsable : Nadia Zanoun (03 51) nzanoun@ pyramyd.fr Chef de publicité : Christelle Chassagrande (00 64) cchassagrande@pyramyd.fr Emploi, produits, services : Dulce Joao (02 77) djoao@pyramyd.fr Abonnements Tél. 33 – 01 40 26 02 65 Fax 33 – 01 40 26 07 03 lrobic@pyramyd.fr Prix pour 10 numéros : 104  France 130  CEE, DOM TOM – 149,5  Autres pays Flashé par Transparence Imprimé par Imprimerie Saint-Paul • Bar-le-Duc sur Hello Silk 135 g/m2, couverture sur Hello Gloss 250 g/m2. Hello est une marque européenne Buhrmann distribuée par Libert, division graphique de Buhrmann France Image. Directeur de la publication Michel Chanaud (mchanaud@pyramyd.fr) N° de commission paritaire : 0906 T 75280 Dépôt légal à parution – ISSN 1254-7298 © ADAGP Paris 1999 pour les œuvres des membres. Cette publication peut être utilisée dans le cadre de la formation permanente. Ce numéro contient 3 encarts brochés : 2 pages Job Scheufelen entre les pages 16-17 2 pages Fedrigoni entre les pages 64-65 4 pages Buhrmann entre les pages 72-73. 2 encarts jetés : 2 pages CB News, 2 pages Zanders. étapes : est éditée par PYRAMYD NTCV Société anonyme au capital de 110 000  dont les principaux actionnaires sont M. Chanaud & P. Morin. 15, rue de Turbigo, 75002 Paris. Tél. : 01 40 26 00 99 R.C.S. Paris B 351 996 509

édite également Bloc Notes Publishing, le mensuel du savoir-faire en multimédia, Internet, création et prépresse, la lettre d’information et le site de la librairie Artdesign sélection et le catalogue de Pyramyd formation.

LE coupon d’abonnement est en pages 71-72 “Toute reproduction ou représentation intégrale ou partielle, par quelque procédé que ce soit, des pages ou images publiées dans la présente publication, faite sans l’autorisation écrite de l’éditeur est illicite et constitue une contrefaçon.” (Loi du 11 mars 1957, art. 40 et art. 41 et code pénal art. 425) • Le magazine n’est pas responsable des textes, photos, illustrations qui lui sont adressés • L’éditeur s’autorise à refuser toute insertion qui semblerait contraire aux intérêts moraux ou matériels de la publication • Toutes les marques citées dans étapes : sont des marques déposées ainsi que le logo “étapes :” et sa marque . PROFESSIONNELLE

ulf andersen

É d i t o r i a l


c r é a t i o n 1

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Hommage graphique

Cinq compositions graphiques en guise de requiem. Toutes à leur manière stigmatisent l’événement tragique par le symbole des deux tours, dont les ombres solennelles endeuillent la journée du 11 1. Hommage typographique aux victimes pour qui l’Amérique tout entière se dresse inébranlable et stoïque 5 face à la vision, sans doute plus européenne, d’une nation dans le rouge 4. Minute de silence ou changement de paradigme, le symbole de la pause universelle 3 nous invite à réfléchir quand, sous une forme maladroite et faussement naïve, le billet griffonné nous renvoie à la fragilité du monde lorsqu’un être cher disparaît 2. Les images 1,2,3 et 5 sont publiées dans la galerie virtuelle de L’American Institute of Graphic Arts, fondé en 1914 “comme source de plaisir et d’enrichissement intellectuel pour ses membres” : www.aiga.org. D’autres réactions graphiques sont visibles sur le site : http://nitot.free.fr et www.manolo-images.com.

1 “September 11”, Leslee Paquette. 2 “Missing” Jeanne Verdoux. 3 “Pause”, Andrea Codrington David Wohmack. 4 Emmanuel Chrétien. 5 “Side by Side” Suka & Friends Design, Inc NYC.


c r é a t i o n design

Orthes’art

photographie : G. guyader

Katrin Gattinger se moque-t-elle de la mentalité allemande si “correcte et droite” ? Ou bien se distancie-t-elle de la caricature souvent attribuée à ses concitoyens ? Quoi qu’il en soit, cette jeune designer, originaire de la région de Wiesbaden, ne passe pas inaperçue avec sa série Garde-du-corps constituée d’orthèses destinées à “ne pas baisser les bras” ou à “garder la tête haute” (du gr. orthos “correct et droit” ; orthèse : “appareil d’assistance destiné à corriger une déficience du système locomoteur, par opposition à la prothèse”). Photographe, sculptrice, cinéaste, enseignante en arts plastiques, Katrin Gattinger travaille en France depuis 1991 et a exposé sa sculpture “sauter aux calanques”, lors de l’expositioncolloque sur le sport, organisée par le centre d’études et de recherches en arts plastiques de Paris I, le 1er octobre dernier. www.katrin-gattinger.net

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Lampe de poche Remarquée par le VIA, la Lightpack d’Emmanuel Guyader inverse la relation entre objet et matière, puisque, ici, c’est la lumière plutôt que la lampe qui est modelée. Ne désirant pas faire une énième lampe, étape à peu près obligée de tout jeune designer, Emmanuel Guyader s’est attaché à faire de la lumière un produit consommable, pratique et… pouvant être mis en sachet. Résultat : une lampe sachet qui diffuse harmonieusement ses mille heures de lumière, grâce au choix d’une enveloppe en calque polyester. Une fois la lumière consommée, le sac se jette. Hop !


c r é a t i o n design

Piknik expérience Initialement conçu pour la CAMIF, le tapis Piknik de mesdemoiselles Fanny Crochard et Adeline Gault était sans doute trop audacieux pour le catalogue de cette honorable institution. C’est donc le VIA qui a permis aux deux étudiantes de l’ESAD de Reims de réaliser le premier prototype de leur drôle de création. Entre tapis expérimental, tapis de jeux et déclinaison souple du concept de glacière, le Piknik se définit comme un tapis de pique-nique aventurier, tout terrain, isotherme (il est bourré de polystyrène), qui allie confort et détente en famille. Le Piknik transporte nourriture et ménagère associée et devrait faire fureur sur les pelouses branchées !

Pantone étend sa gamme

Le célèbre créateur de couleurs Pantone Inc., en association avec l’agence parisienne Nekt, lance PANTONEUNIVERSE, label de ses toutes nouvelles collections de basiques. Papeterie et PVC, gamme “voyage”, produits pour la maison et accessoires pour enfants : Pantone Inc. a assuré son entrée dans le monde très “tendance” des accessoires en demandant à de jeunes et talentueux designers français de dessiner ses produits. Alexis Tricoire, Ronan et Erwan Bouroullec ou Christian Biecher se retrouvent donc au travers de sacs, albums photos, ou imperméables aux couleurs forcément très pointues. Rendez-vous au show-room magasin, 36-38 rue Charlot, Paris 3e.

Design mobile Sur les routes d’Amérique latine depuis juin 2001, l’exposition itinérante Movilización (Mobilisation) réunit, grâce à l’association parisienne Doc design (axt@magic. fr), les créations très originales d’une trentaine de designers venus du monde entier. Pouf à trois places, rouleau de scotch à pois noirs destiné à la fabrication compulsive d’un ballon de football, tables basses qui se montent dessus… Movilización met en scène des objets du quotidien qui n’ont rien d’ordinaire, avec, en arrière-plan, la volonté très humaniste de favoriser les échanges culturels entre la France et l’Amérique latine. Inaugurée à Bogota, l’exposition itinérante Movilización est actuellement en Colombie et ralliera de très nombreuses villes, avant de revenir en France, pour une exposition rétrospective majeure. Pour être présent dans cette rubrique : etapes@pyramyd.fr

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c r é a t i o n édition

Le temps des cerises

Les lauriers de Titus

Mathieu Desailly travaille depuis trois ans avec la compagnie théâtrale Digor Dor. Dernière réalisation en date, une affiche pour La Cerisaie d’Anton Tchekhov. Le format vertical s’explique par le nom de la compagnie qui signifie “porte ouverte” en breton. Dans ce cadre, prennent place les informations formelles d’un texte rigide et les suggestions de l’image : le retour en enfance, le temps qui s’égare.

Michal Batory réalisera les prochaines affiches destinées aux spectacles de danse et de théâtre de Chaillot. Cette collaboration débute avec Bérénice de Racine mise en scène par Lambert Wilson. A l’image des destins tragiques des deux personnages, et sur fond de marbre froid, les lauriers de l’empereur Titus y figurent inextricablement liés aux lèvres rouge passion de Bérénice.

Envolées typographiques D’une simplicité déconcertante, paré de couleurs vivifiantes, le logo du musée d’art moderne du Luxembourg s’élance, se déploie et vole de ses propres lettres. Homogènes dans leurs variantes, ces oiseaux de papiers planent au-dessus de tout institutionnalisme paralysant. Le musée GrandDuc Jean (ouverture prévue en 2004) a choisi : l’agence berlinoise de Nicolaus Ott et Bernard Stein pour son logo (cartes postales, papier à lettres…), I. M. Pei pour son architecture, Claude Closky pour son site www.mamgdj.lu (une visite en avant-première s’impose). Pour être présent dans cette rubrique : etapes@pyramyd.fr

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c r é a t i o n édition

Cure de Jouvence au Figaro Le Figaro a commencé sa cure de rajeunissement en novembre 1999, sous la direction artistique de Clive Crook qui a proposé une nouvelle maquette du quotidien, du Figaro économie et du Figaro littéraire. En mai 2001, le supplément économique hebdomadaire du lundi est repensé ; le nouveau Figaro Entreprise a été conçu graphiquement par François Lecardonnel. Dernier lifting, le Figaroscope, confié au studio JBA sous la direction de Philippe Bissière. Une maquette simple dotée d’une belle architecture rapatrie l’actualité culturelle au sein des rubriques (cinéma, théâtre, musique, arts, restaurants, week-end, enfant, etc.) différenciées par des codes couleurs. Les pages guides qui conservent une analyse critique pour chaque événement culturel sont maquettées sur un fond bistre tramé pour pouvoir ouvrir au texte de larges fenêtres blanches et valoriser le contenu rédactionnel. Paris a désormais son city magazine exhaustif en quadri, lisible sans salir les mains.

Travaux ludiques

Devant l’impopularité des travaux publics, Autrechoz, agence de communication basée à Amiens, met ses Playmobils au service de sa ville. Affiches, panneaux indicateurs et dépliants aux couleurs vives s’ornent de photos des personnages en situation. Les valeurs ludiques des jouets font oublier les nuisances occasionnées et le slogan “aménageons l’avenir” met en avant le résultat. La génération d’utilisateurs actuels des jouets se trouve ainsi associée aux bénéficiaires des travaux.

Trois erreurs notables Peut-être plus, se sont glissées dans les lignes de notre dernier numéro, étapes : 76 Le mur du son Page 7 : Pour cinq cents euros (et non cinq) soit près de 3 500 francs, vous pouvez télécharger sur Internet l’équivalent d’un véritable studio professionnel ! Quoi qu’il en soit, la valeur de l’objet virtuel demeure très inférieure à celle de consoles bien réelles. Adrien de Maublanc La rubrique Présence de ce numéro 77 est consacrée à Pierre-Alain Mercier. Vous connaissez déjà sa photo, placée par erreur dans le portrait publicité du mois dernier. Voici enfin celle d’Adrien de Maublanc, réalisateur publicitaire victime de la confusion.

Laurence Dautinger, aphp

Lectures de l’art

New York, Berlin, Bordeaux… Jenny Holzer sillonne les capitales et projette ses textes sur leurs monuments. Parfois, elle s’installe plus longuement dans un centre d’art : elle fait alors défiler ses phrases sur des panneaux électroniques lumineux. Conceptuel, son art affiche des idées et s’empare du verbe. Elle met en abyme les mots, leur sens. Minimalistes, ses installations ne changent pas d’un lieu à un autre, elles métamorphosent les architectures qu’elles investissent. Son travail est exposé à Paris, à la chapelle Saint-Louis de la Salpêtrière jusqu’au 4 novembre dans le cadre du Festival d’automne. www.festival-automne.com

Pentagram Le dossier consacré à l’exposition Graphismes et à ses 200 créateurs comporte une erreur. Page 63, la plaquette réalisée par Pentagram pour Mohawk Paper Mills n’est pas montrée avec la typographie adéquate. La bonne fonte autorise une lecture sans problème.

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c r é a t i o n 72 dpi

Fortissimo Un simple clavier et vous voilà transformé en maestro de l’image capable de créer d’étonnants accompagnements visuels sur un air des Beatles. Avec violence, puis peu à peu avec maîtrise, vous pianotez les touches et les icônes associées, dont la forme même relève de la beatlemania. Enivrantes, les compositions graphiques se superposent jusqu’à saturation. Derrière cette apparente facilité se cachent un véritable labeur et un étonnant créateur. L’aventure du piano graphique commence il y a 10 ans, lorsque Jean-Luc Lamarque décide de lier plaisir musical et poésie plastique. Tout en perfectionnant ses pianos magiques au sein de son studio Upload, il attend que la technique mûrisse. En 2001, le site officiel des Beatles consacre son travail : la chanson Love Me Do accueille les délires plastiques d’un de ses pianographiques. www.thebeatles.com/lovemedo/treatment www.pianographique.com

L’ombre d’Hitchcock Vous venez de rencontrer cette mystérieuse femme blonde au teint clair, et depuis tout vous semble étrange. Qu’attend là cet oiseau ? Vous avez déjà vu cette route, vous reconnaissez ce manoir. L’atmosphère est pesante et ces quelques objets de couleur rouge ne font qu’augmenter l’intensité dramatique du décor. Les scènes modélisées en noir et blanc s’inspirent des six polars du réalisateur hollywoodien, Frenzy, L’Étau, Le Saboteur, – à vous de trouver les trois autres – dont les droits furent négociés avec Universal Studios. Vous voilà détective privé d’un nouveau jeu d’aventure signé Arxel Tribe. Un conseil, n’approchez pas trop près du rideau déchiré, à moins que le maître en personne ne veuille vous donner là un indice. Quinze minutes de séquences cinématiques extraites de l’œuvre originale d’Hitchcock sont réinjectées dans ce jeu vidéo comme autant de poussées d’adrénaline. Et s’il plane encore l’ombre d’un doute sur cette production, made in Ljubljana (Slovénie), menez donc votre propre enquête, mais soyez prudent jusqu’au Final Cut… http://.hitchcock.arxeltribe.fr

La vie en noir

extrait du jeu, The final cut, le manoir de Psychose, d’après le film distribué en 1960.

En ces temps d’images surcolorées et d’animations saccadées à l’extrême, le site réalisé par Duke Interactive pour la Boutique noire du Printemps est aussi caressant qu’une étole de soie sauvage griffée ! Souple, élégant et très en nuances, ce site démontre, en outre, que le noir est une couleur aux déclinaisons multiples, et qui possède des attraits que seuls les plus audacieux des Web designers osent exploiter. La navigation est simplissime et convient certainement à la clientèle ciblée, pas tout à fait prête à tâter de l’expérimental. Un seul reproche : la boutique en ligne propose de choisir des articles parmi un catalogue aux images de taille très modérée… Quant au convertisseur de monnaie, il n’a pas dû digérer le passage à l’euro et se mélange un peu les conversions. www.printemps.com/ultranoir

Publicis prend le contrôle de Graphic Huon en acquérant 60 % de son capital. • La Nuit de l’art vidéo aura lieu à Namur le 20 octobre. • Le bureau de l’Icograda est renouvelé : Mervyn Kurlansky président, Tiffany Turkington secrétaire général, Apex Lin trésorier, Jani Bavcer, Yu Bingnan, Karen Blincoe et William Harald-Wong viceprésidents. • L’éditeur allemand Tashen a reçu le prix Camera (Conseil audiovisuel mondial pour l’édition et la recherche sur l’art), décerné par l’Unesco au meilleur éditeur d’art international. • Catherine Headley est nommée directrice commerciale de Silicon.fr • La webagency bruxelloise Virtuology fusionne avec l’agence française Millenium Multimédia. • L’école de l’image des Gobelins porte à trois ans la durée de sa formation en cinéma d’animation. • Le Digital Media World se tiendra à Singapour du 24 au 26 octobre 2001 pour l’Asie et à Londres du 13 au 15 novembre pour l’ Europe. http://www.digmedia.co.uk/ • Stéphane Vial arrive à la présidence de Lost Boys Pour être présent dans cette rubrique : etapes@pyramyd.fr

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Design zen Sur les pages minimalistes et blanches de son site, Matt Sindall donne à voir le mobilier qu’il a designé et rien d’autre. Un espace vierge où s’esquissent en filaire des traits de construction qui peu à peu prennent forme et révèlent la silhouette de chaque pièce. Commencée dans le vide, cette transition sans heurt s’achève sur le meuble photographié avec pour seuls commentaires son nom et les circonstances de sa genèse. La sobriété domine et tout est dit : l’importance des formes et la pureté de la ligne dans le travail du designer. Fred Bontemps et Colin Sayetta, anciens élèves de Sindall, signent cette réalisation digne de l’esprit et de l’enseignement du maître. http://www.mattsindall.com/

La vierge midinette 1499 : Michel-Ange achève sa Pietà. A peine installée dans une chapelle de Saint-Pierre de Rome, l’œuvre offusque les bons esprits : la Vierge est orgueilleusement belle, aucun de ses traits n’est défiguré pas la douleur, elle est terriblement jeune, presque autant que son fils mort. 1999 : Grégor Podgorski décide de réaliser 500 photographies reprenant cette composition pour célébrer les 500 ans de la Pietà. Il fait appel à des couples de toutes les nationalités qui affichent “leurs désirs, leurs rêves ou leurs fantasmes”. Désacralisation de l’art : l’iconographie religieuse devient anecdotique, sociologique. Les photos de Podgorski choquent, amusent, font le tour des journaux et des plateaux télévisés. 2001 : Kookaï lance une nouvelle campagne d’affichage (étapes : 76). La Piéta en est le symbole. Les femmes recueillent leur proie masculine qui se pâme de plaisir. Elles sont proches de celles de Grégor Podgorski. Plagiat ? Éternel retour du cycle de l’art ou simple provocation ? www.lapieta.com

à Paris. Il remplace Arnauld Boular et Denis Gillier, fondateurs de Lab Production (devenu par la suite Lost Boys à Paris). • Eric Didier inaugure le poste directeur général de Soamaï, éditeur de logiciels en architecture distribuée fondé en juin 2001. • Le sponsoring d’Unilever au niveau mondial est désormais assuré par Redmandarin. • Jean-Jacques Monfort devient président-directeur général de Téléprosoft. • La fusion des agences du Mans 2GMB et Agence grise donne naissance au groupe Beluga. • Le Grand Prix de l’Affichage 2001 est décerné à Eram pour sa campagne conçue par Devarieuxvillaret. • Pour être présent dans cette rubrique : etapes@pyramyd.fr

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c r é a t i o n studio

Passeport pour Kékéland

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Toujours au fait des modes graphiques, Geneviève Gauckler a suivi un parcours sans faute à travers les différentes sphères de la culture électronique. Tandis que la musique du genre fait son apparition en France, elle contribue à en fixer les codes graphiques avec ses pochettes de disques pour Laurent Garnier et les artistes du label F Communication. C’était une bonne école avec tout l’aspect typo à gérer et une image qui représente aussi bien l'artiste que la maison de disques. Elle mettra ensuite à profit l’exigence acquise dans la mise en page et l’illustration en assurant chez Kuntzel et Deygas la direction artistique de clips en animation pour Dimitri from Paris ou Yves Saint Laurent. La suite l’emmène en Angleterre et sur Internet avec Boo.com (é : 54). Pour cet ambitieux projet de magazine en ligne, elle rentre en guerilla marketing. Durant un an, elle contribue au sein d’une équipe internationale à mettre au point le branding de Boo. Elle découvre aussi le graphisme à l’anglaise chez Me Company. À Londres, le design est partout, le moindre menu n’échappe pas à la recherche de cohérence des graphistes. De retour en France, Geneviève s’attache à “un graphisme plus libre où il ne s’agit pas de trouver une place et une raison à tout”. C’est l’état d’esprit qui convenait pour Kékéland, le dernier album de la fantasque Brigitte Fontaine. Associée à Estelle Saint Bris, Geneviève réalise un univers fou et chamarré, transposé sur la pochette, pour un site et dans un clip. A l’écoute de cet album de collaborations, Estelle a imaginé une ville cosmopolite et délirante dont Fontaine est la reine. Pour mettre en images cette vision de Kékéland, Geneviève s’est inspirée des dessins et collages d’Archigram (groupe d’architectes anglais des années 1960). Partant de formes simples, silhouettes de buildings, de personnages et d’objets, elles ont obtenu des illustrations foisonnantes où les gratte-ciel flirtent avec les minarets et les angelots survolent des kalachnikovs. Zazous contemporains, Les kékés évoluent parmi les explosions de couleurs et les ombres chinoises. Sans chercher la complication, les deux graphistes sont parvenues à tracer la cartographie de www.kekeland.net Kékéland.

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5 1 Boo.com (1999) : le super cercle, signature du site. 2 Travail personnel (2001). 3 Clip de Dimitri from Paris : Stylish Girl. Réalisation Kuntzel & Deygas (1998). 4 Illustration pour Perso Magazine (2000). 5 6 9 Kékéland: graphisme de

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Geneviève Gauckler et Estelle Saint Bris (2001). 5 Pochette du single “Y’a des Zazous”. 6 Pochette de l’album. 9 Clip de “Y’a des Zazous”. 7 8 Projet d’affiches concert global techno à La Villette (1998).

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Quelle place donner à l’image ?

Photographe-reporter, Jean-Jacques Saubi participe à la “révolution numérique” du groupe Sud-Ouest en 1994. Deux ans plus tard, il chapeaute vingt-deux autres photographes et dirige un service qui publie près de 600 clichés par jour. Nous étions abasourdis par ce qui venait de se passer et avons tous immédiatement réagi d’un point de vue journalistique. Chacun a fait son métier dans l’excitation que peut susciter un tel événement, mais sans réel plaisir. Face à la lenteur des systèmes de consultation des bases d’agences magazine (Gamma, Corbis Sygma, Sipa, etc.), nous avons rapidement opté pour l’offre du fil, l’AFP et Reuters. Le choix de la Une s'est très vite arrêté sur deux photos publiées côte à côte ; la tour du World Trade Center avec le Boeing et celle de l’explosion. Nous avons consacré les deux premières pages au factuel. La 3 aux témoignages et images de fuite dans les rues de Manhattan. En page 4, nous avons placé une infographie sur cinq colonnes, pour reconstituer les attentats du 11 septembre, complétée par un article très détaillé sur les dispositifs de sécurité mis en place dans le monde. Page 5, les hypothèses concernant les auteurs de ces attentats, les réactions internationales, plus particulièrement au Proche-Orient. Page 6, l’économie mondiale en état de choc avec une grande photo d’un employé catastrophé à la Bourse à Francfort ; derrière lui une représentation graphique de la chute vertigineuse des cours. Les deux dernières concernaient les réactions en Gironde, les témoignages d’Américains venus participer au marathon du Médoc, bloqués à l’aéroport, etc. Les jours suivants, Sud-Ouest a consacré huit pages à l'événement dont une entièrement consacrée à l’image. J’ai eu carte blanche pour la mise en page et le choix des documents. Sud-Ouest Dimanche a même proposé à ses lecteurs un cahier spécial de douze pages photos, ce qui est très rare pour la PQR. Nous nous sommes rapidement mis d’accord avec le rédacteur en chef quant à l’angle : raconter une histoire, montrer les victimes, les secours. J’ai pu prendre le temps de consulter les agences et établir d’autres choix, afin d’éviter les redondances. Chef du service photo au Figaro, tous les jours, Benham Attar se partage le journal avec Patrick Launay. Si le directeur de la photographie se consacre à l’étranger, l’autre manage l’intérieur… Avec vingt personnes dans leur service, l’abonnement aux trois fils, des contacts réguliers avec plus d’une quinzaine d’agences et huit photographes salariés, ils n’ont pas le temps de s’ennuyer. Dès que l’info est tombée, vers 15 h, nous avons monté une cellule de crise et décidé d’augmenter la pagination. Chaque jour, vers 15 h 30, nous faisons le point. Une chance. Nous avons trois éditions, la A à 20 h, qui part en province, la B à 22 h et la C pour Paris, à minuit. Ce soir-là, nous sommes restés au journal jusqu’à 2 h du matin. Ici, la maquette est effectuée avant le choix des photos, une politique totalement différente de celle de Libé. On ne va pas couper dans le texte, mais plutôt recadrer l’image. On gère au quotidien une vingtaine de photos, mais face à la dimension spectaculaire de l’événement, la direction s’est tout de suite rendue compte de l’importance d’une couverture visuelle. Des pages ont été débloquées, des rubriques ont sauté, on a même modifié la Une qui se compose normalement avec des “greniers”, trois vignettes qui rappellent les points forts de l’actualité. Il fallait montrer l’impact, en pleine page avec l’avion qui arrive sur le World Trade Center. A l’intérieur, nous voulions raconter une histoire, mais aux États-Unis la presse est totalement contrôlée, lors d’événements importants, trois photographes d’agences sont généralement désignés. Dans notre jargon, lorsque l’on veut passer outre, on appelle cela Fuck the pool, mais dans ce cas, le quartier a immédiatement été bouclé et de toute façon, on s’autocensure : depuis la guerre du Vietnam, on ne montre plus de mort. La réalité n’est plus réelle et pourtant cette fois, elle dépasse la fiction.

Responsables photo ou directeurs artistiques, à la tête de cinq grands quotidiens régionaux ou nationaux, ils ont assumé la couverture des attentats du 11 septembre dernier avec une réactivité et une capacité de mobilisation exemplaires. Ces grands professionnels de l’image ont mis leurs émotions de côté et privilégié une information factuelle, soulignant l’ampleur du drame et son caractère historique par une refonte totale de leurs colonnes. Malgré la fermeture des aéroports, le filtrage américain et des moyens financiers qui ne peuvent rivaliser avec la presse magazine, ils ont mis en œuvre tous les moyens possibles pour offrir à leurs lecteurs un regard différent sur l’événement. Anciens photographesreporters pour la

A leur avis


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Photographe-reporter, Dan Torres rejoint Libération magazine en 1994 et occupe un an plus tard le poste de rédactrice en chef adjointe du quotidien. Responsable de la photo, elle travaille en étroite collaboration avec Alain Blaise, rédacteur en chef adjoint de la maquette. J’ai été vampirisée par ce que je voyais à la télé. L’émotion est immédiate, elle passe avant la réflexion. Une image arrêtée ne se lit pas dans le même contexte. A Libération, tout passe par la photo. A 15 h, nous nous sommes réunis et avons mis en place “le plan de guerre”. Il fallait reconstruire le journal. Tout s’est mis en route de façon simultanée, chaque service gère ses rubriques et le responsable centralise l’info. Le bouclage a duré jusqu’à 2 h du matin pour sortir la 3e voire une 4e édition. La Une se discute avec le directeur de la rédaction, Jacques Amalric. Ce jour-là, ça n’a pas été si compliqué : l’image s’imposait. Nous avons voulu montrer l’impact. Le monde, même si ce n’est pas tout à fait vrai, s’est arrêté à ce moment-là. Nous avons pris une image vidéo sur le fil : les deux tours vues en contre-plongée avec une personne qui lève la tête, l’avion… C’est finalement plus simple de devoir choisir une photo parmi cinquante autres que d’en fabriquer une pour illustrer le réseau hertzien. Près de quinze personnes assistaient à la réunion, avec le staff édition, très puissant à Libération, poursuit Alain Blaise. Nous avons décidé – c’était la première fois – d’englober tout le journal dans la couverture. Il fallait marquer le coup. En pages 2 et 3, nous devions entrer dans le sujet et puis re-focaliser l’information sur les gens en pages 4 et 5. Retour sur New York City avec des images d’explosion en pages 6-7 et Washington en 8-9. Ensuite, on claque une double, noir et blanc, avec des photos “prétextes” : focus sur le premier attentat du WTC en 1993 qui provoqua six morts et celui de l’Oklahoma, 168 morts. Avec les rappels historiques, les manifestations de joie dans les territoires occupés et les dérapages des marchés financiers, nous avons consacré un cahier de seize pages plus la double couverture à l’événement. Le lendemain ça continuait, toujours à la recherche “d’exclus”, pour nous c’est impératif. Un photographe basé à New York, Stéphane Sednaoui, a pu franchir le périmètre de sécurité en s’enrôlant tout de suite comme sauveteur. C’est ce qui nous a poussés à réaliser un hors-série avec, pour couverture, cette image incroyable du désastre. Sorti de l’ESAG, François Lolichon travaille pour différentes agences de graphisme puis pour l’atelier de Jean Nouvel. En 1992, il est appelé comme maquettiste à Libération, quitte le journal trois ans plus tard pour Sud-Ouest et rejoint Dominique Roynette, directrice artistique au Monde en 1997. Introduire la photographie dans Le Monde est un vrai débat qui s’est tenu avec les journalistes, il y a deux ans ! Dominique Roynette avait commencé par les pages froides à l’intérieur, en développant le portrait pour les séquences culture. Il n’était pas question de courir derrière Libé pour couvrir l’actu. Le Kosovo nous a pourtant permis d’ouvrir une première fenêtre de tir en page 3. En ce qui concerne le 11 septembre, nous avions cette chance de boucler le lendemain à 10 h 30, ce qui nous laissait plus de temps que les autres quotidiens pour réagir. Quelques photos sont tombées dans la nuit. Nous avons choisi, pour la Une, une vision de l’apocalypse avec la statue de la liberté en fond dans le nuage de poussière, et puis deux photos en page 3, “panique à Manhattan”, plus une incroyable des pompiers. Mais, surtout, avec la direction de la rédaction, nous avons décidé de “casser” la maquette, si bien que l’on s’est retrouvé avec un premier cahier de vingt pages sur l’événement, l’actu France-société, dans une deuxième main en quelque sorte. Deux semaines après, nous sommes encore dans cette logique “de boîtes” avec des intitulés spéciaux pour découper cet événement historique, et plusieurs photos de liaisons qui lient la double page. Aujourd’hui, nous avons cherché une photo de Ben Laden jeune, se trouvant dans une voiture avec sa famille. C’est une petite agence britannique qui la détenait, mais elle a été bloquée en exclu par Paris-Match. Nos moyens ne sont pas les mêmes ! Philippe Jarreau, 43 ans, directeur de la photo au Journal du Dimanche depuis six ans. En 1981, il participait à la création d’une agence de photo reportage. J’apprends la nouvelle par téléphone, au restaurant ; je remonte fissa au bureau, découvre la dépêche AFP et les images télévisées. Première chose : annuler les productions en cours et envoyer une équipe sur place. Ça prend trois jours : former un tandem rédacteur-photographe, les faire partir malgré les aéroports bloqués, organiser un vol privé avec l’agence Gamma, faux départ le jeudi, etc. Les deux grands reporters, Patrick Othoniel (photo) et Claude-Marie Vadrot (texte) débarquent à Montréal le vendredi matin et louent une voiture pour arriver parmi les premières équipes étrangères à New York City dans la soirée. D’un autre côté, on est rassuré quant à la santé de nos collègues new-yorkais de l’agence Reflex News : tout va bien, on doublonne avec eux sur les lieux. Pendant ce temps-là, les images tombent sur le fil. Je me suis aussi inspiré de la presse britannique, toujours très pertinente visuellement : The Independant avait choisi une image Reuter qui pouvait sembler banale en petit format. J’avoue, je ne l’avais pas remarquée sur le fil. Imprimée en pleine page, elle vous plonge dans l’explosion, c’est impressionnant, nous l’avons placée en page 8. Ensuite, d’autres l’ont traitée de cette façon. Mais on ne peut pas toujours jouer sur l’aspect graphique. Cinq jours après l’événement, nous voulions parler des gens : on nous annonçait 7 000 morts, mais on ne voyait pas de blessés, or il y en avait, je ne voulais pas passer à côté. Nous avons choisi de publier une image couleur représentant un homme ensanglanté, elle est dure mais c’est la réalité. Sur une autre, on voit un homme en cravate qui se sauve en courant, le visage paniqué. Certaines ont été recadrées, elles montrent les sauveteurs ou la police dans le feu de l’action. Pour La Une, c’est différent, le journal sort le dimanche, nous avons opté pour une photo de Bush, sa première sortie dans les rues de New York avec ses hommes du moment, les pompiers. Il prépare la riposte, c’est notre façon de restituer l’événement tout en se projetant dans le futur. ■ présidentielles de 1988)

* (1er record : le 2e tour des élections

plupart, ils sont allés chercher “l’exclu”, même si, le 12 septembre au matin, la même Une, ou presque, s’est partout imposée. Suivis par un public en demande, pourtant saturé d’images télévisées mais désireux de comprendre, les cinq quotidiens que nous avons contactés, SudOuest, Le Figaro, Libération, Le Monde, ou Le Journal du Dimanche ont pour la plupart doublé leur tirage et cela n’a parfois pas suffi : Libération dont la couverture photo est sans doute la plus impressionnante sousestimait ses ventes avec 400 000 numéros, quand Le Monde affichait son deuxième record historique* avec 1,2 million d’exemplaires.


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p u b l i c i t é

par marie - pierre guiard

Ton sur ton Noir c’est noir, mieux vaut être plongé dans l’obscurité absolue pour distinguer nettement la campagne cinéma du Printemps et en apprécier toutes les subtilités. Et pour cause, à l’origine de cette première prise de parole en film, une exposition sur le noir organisée par le grand magasin qui a donné naissance à un concept aussi gonflé que difficile à réaliser : capturer en mouvement des objets noirs sur… fond noir. Le grand magasin n’a pas spécialement cherché à faire compliqué, c’est le hasard qui a voulu que ses besoins de communication coïncident exactement avec les travaux de recherche d’un jeune graphiste, inconnu au bataillon publicitaire. Fraîchement sorti de l’ESSAG, Benoît le Mauff nourrit en effet depuis plusieurs années une fascination pour la couleur ou plus exactement pour la non-couleur. Quête d’absolu, véritable défi aux lois de la lisibilité, l’étudiant a même poussé le vice jusqu’à produire un livre d’une centaine de pages noires sur noir pour sa thèse de fin d’études. Repéré par Patrice Haddad, producteur réputé pour son flair et accessoirement membre du jury de l’ESSAG, Benoît le Mauff s’est collé quelques semaines plus tard à la réalisation du 45 secondes, avec, comme cerise sur le gâteau, carte blanche pour travailler le noir. Sur un shopping des plus hétéroclites, un scarabée, une fleur, une chaise…, chaque objet, savamment éclairé par le chef opérateur Stéphane Valet, a été filmé en mouvement sur tournette puis monté cut en musique pour un effet quasi stromboscopique. Flash sur les lignes de force, effets de matière, gammes de gris et de blancs très forts, Benoît le Mauff réussit à faire de ce film un objet curieusement poétique, sorte d’hybride entre le film et le papier sans la moindre retouche ni aucun effet spécial. Parfait écrin de la campagne, sa diffusion dans les salles obscures devrait même se faire hors écran publicitaire, juste avant le film, lorsque la salle est plongée dans le noir. Agence : Enjoy ; DC : Antoine Choque ; Réalisateur : Benoît le Mauff ; Production : le Dynamo de Saint-Cloud/Première Heure.


p o r t r a i t Derrière un pseudonyme énigmatique se cache un couple d’illustrateurs réalisateurs hors du commun. Soandsau, comme Sophie Deiss et JeanChristophe Saurel, est devenu en quelques spots pour la BNP ou Kiss Cool synonyme d’un univers loufoque et jubilatoire. Toujours directeurs artistiques dans la pub, le couple se lance maintenant dans la réalisation d’une saga pour y développer leur imaginaire tous azimuts.

Soandsau

Non-stop

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Notre processus de création est quasi permanent : on amasse, on stocke, on classe des tissus, des objets, des matières, toutes sortes de visuels que l’on trouve en bas de la rue ou au bout du monde sans savoir ce que l’on va encore en faire.

Parenté On ne cherche pas à construire un univers en particulier, ce n’est que lorsque l’on met tous nos personnages côte à côte que l’on réalise qu’il y a comme un air de famille…

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Descendance

3

Nous sommes en train de réaliser une série de pilotes avec de nouveaux personnages, “Les n’importe quoi”. Il s’agit d’un projet personnel que nous avons créé avec Didier Barcelo et que nous réalisons avec Primalinea production et Mikros. Au programme, une famille de trois personnages que nous allons adapter en série TV, en poupées, en livres…

Genèse Animer des personnages demande une 4 longue préparation, beaucoup de travail pour leur créer un décor, des attitudes, une personnalité, un langage. Tout part d’un crayon et d’une feuille, ce crayonné donne naissance à un volume très précis en plastilline que nous affinons ensuite en 3D.

Concret Nous passons toujours par l’étape du modelage pour la création d’un person-

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p o r t r a i t

123 “N’importe qui,

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nage. Nous avons besoin de le voir exister pour lui créer son caractère, sa démarche, ses attitudes. Nous les réalisons en tissus aussi pour le plaisir de jouer avec eux…

n’importe quelle” “n’importe quiqui”, les trois nouveaux personnages de Soandsau 1. N’importe

Home made

quelle, le personnage féminin des n’importe

Chez nous, c’est un peu Mako Moulage Couture. Notre salon devient très vite une pièce commune où l’on découpe, dessine, colle des poils… mais ce n’est pas grave.

quoi, ici, en volume 2, puis en image de synthèse 3. 45 Le “gloid” et

Tandem

“le blemish schmurck” des précédentes campagnes Kiss Cool.

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8 6 Autoportrait réalisé par Sophie Deiss pour le magazine Bilbok. 7 Spot minimaliste et décalé pour la BNP.

9

Notre travail est très imbriqué dans notre vie quotidienne. La confrontation de nos deux univers nous maintient en mouvement perpétuel ; l’idée de l’un se frotte et se pique sans cesse à l’idée de l’autre. Il y a entre nous un flux énergétique continu. Ce principe de vase communicant est alimenté aussi par Didier Barcelo, notre compère dans bien des coups.

Cousu main

Saurel.

Ce qui nous passionne aussi, c’est de pouvoir réaliser nos personnages de A à Z, nous assumons tout, de la conception jusqu’aux voix des personnages que nous interprétons nous-mêmes.

9 BOL, première

Commande

8 Couverture de livre réalisée à partir d’une photographie de Jean-Christophe

réalisation officielle des Soandsau. Ci-dessous : Les aventures de Michel, un des personnages du nouveau spot Kiss Cool.

Nous devions réaliser un personnage pour Microsoft, mais cela ne s’est pas fait. En revanche, un magazine japonais intitulé Brutus nous a commandé une mascotte personnalisant le Takarazuka, un théâtre atypique constitué uniquement de femmes incarnant également les rôles masculins.

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p u b l i c i t é actualité

Suspect La campagne automne-hiver de la marque de vêtements italienne conçue à Amsterdam et photographiée par un Français est un bel exemple de création européenne : des accroches en anglais, une esthétique née des travaux de recherche de Jean-Pierre Khazem, des mannequins portant un masque en latex juste légèrement plus grand que la normale, un ton provoc qui se veut innovant et des fringues que l’on ne va pas forcément porter… Au fait, que va-t-il rester de ce concept qui tourne en dérision le jeunisme ambiant (buvez votre urine, clonez-vous, ne faites pas l’amour) ? Rien, mis à part le travail du photographe qui crée à lui seul ce décalage chèrement recherché…

Agence : KesselsKramer ; DC : Eric Kessels et Dave Bell ; DA : Karen Heuter ; Photographe : Jean-Pierre Khazem.

Virtuel

Le nouveau jeu Gran Turismo 3 de Playstation était, paraît-il, très attendu des accros de la console. Pour annoncer son lancement, un film entièrement créé en images de synthèse plonge le spectateur à l’intérieur du jeu en jouant sur la confusion entre réel et virtuel. Confié au réalisateur chouchou des créatifs, Antoine Bardou Jacquet, le spot met en scène un intérieur design et des personnages vus de dos. Jusque-là, rien d’anormal, ce n’est que lorsque l’on découvre le visage de la fille que l’on comprend que nous sommes plongés dans un monde virtuel avant d’être projetés dans le circuit. Du Lewis Carroll un peu tiré par les cheveux. Agence : TBWA/Paris ; DA : Eric Holden ; CR : Rémi Noël ; Réalisateur : Antoine Bardou Jacquet ; Production : Partizan Midi Minuit.

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E=MC2 De l’absurde toujours, la marque de chaussures Bocage continue de surfer sur une image surréaliste en empruntant cette fois la structure des molécules qui ont un effet euphorisant sur notre organisme. Avec cette campagne articulée autour de trois visuels (celui de l’ecstasy ne passe qu’aux Pays-Bas), comme avec celle d’Eram, marque-mère de Bocage, l’agence devarrieuxvillaret signe une communication aux antipodes du racolage ambiant. Ça nous fait du bien. Agence : devarrieuxvillaret ; DA : Stéphane Richard ; CR : Pierre-Dominique Burgaud ; Photographe : Ola Bergengren.


p u b l i c i t é actualité

Des mots Minimaliste et bien trouvé, au travers des cinq rapports d’une boîte de vitesses écrits en un seul mot, l’annonce presse BMW met en scène la vitesse sans rien montrer. Agence : BDDP & fils ; DC : Olivier Altmann ; DA : Rémy Tricot ; CR : Olivier Couradjut.

Dérangé Grâce à une série de cinq films aussi improbables qu’impertinents, Ikéa souffle ses vingt bougies comme d’autres allument des pétards. A la trappe l’image bien policée de la famille Ikéa, en changeant radicalement d’image, la marque suédoise retrouve un peu de son identité d’agitateur lorsqu’elle est apparue il y a vingt ans sur le marché du meuble. Modulés sur le thème du rangement, les spots mettent en scène ce qui peut arriver (de pis) lorsque l’on ne range pas son chez-soi. La réalisation signée par un jeune clippeur américain pousse encore un peu plus loin le bouchon du réalisme. Sur des bruits de la vie quotidienne, l’absence de voix off et de signature doublée d’un pack shot minimaliste collent parfaitement à la philosophie de la marque : du bon sans esbroufe.

Démo Comble de la démonstration produit, ne plus montrer le produit, mais l’effet sur le consommateur. Et visiblement, la motorisation de la nouvelle Golf diesel, ça décoiffe.

Agence : Leagas Delaney Paris Centre ; DC : Pascal Grégoire ; DA : Siandra Conan ; CR : Aude Mee ; Réalisateur Brian Beletic ; Production : Les Télécréateurs.

Agence : Louis XIV DDB ; DC : Sylvain Guyomard et Jocelyn Devaux ; DA : Hugues Pinguet ; CR : Olivier Apers ; Photographe : Nathalie Mourot. Pour être présent dans cette rubrique : etapes@pyramyd.fr

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t e c h n e w s actualités

Nom de code C-40Z Le C-40Z, dernier-né de la gamme Olympus Camedia, est un véritable appareil multimédia de poche. Ses 190 grammes poids plume renferment un capteur CCD de quatre millions de pixels, un zoom 2,8 (équivalant au 35-98 millimètre d’un 35 millimètre classique), et un zoom numérique 2,5 grossissant jusqu’à 7 fois. Professionnel, il sait aussi respecter le plaisir de la prise de vue et est doté de nombreuses fonctions réglables manuellement qui décuplent la qualité des photographies. Parmi les plus remarquables, le “Pixel Mapping” intensifie la netteté des contrastes et l’éclat des couleurs. A peu près aussi encombrant qu’une carte de crédit, le C-40Z permet également de filmer jusqu’à 130 secondes de séquences vidéo et d’enregistrer le son en format jpeg QuickTime Motion. Et pour gérer sans souci toutes ces fonctionnalités, le C-40Z dispose d’un menu bien structuré, assurant au photographe de trouver aisément les fonctions dont il a besoin. Bien évidemment compatible Mac et PC, le C-40Z d’Olympus est disponible à la fin du mois d’octobre 2001 et son prix avoisine les 1 220 euros TTC.

Gest ion de f lux prépresse B r i s q u e, le flux de production de CreoScitex, s’enrichit de deux nouvelles versions. La première, Brisque Entro, est une formule à la carte. Le flux s’adapte aux besoins de chaque imprimeur par l’ajout de modules d’imposition, d’épreuvage, de trapping, de conversion, de RIP ou de sortie. Configuré pour le marché des quatre et huit poses, Brisque Entro fonctionne sur plateforme IBM 43P. Il permet de joindre dans un seul système des flux PDF et rasteurisés. Seconde nouveauté, Brisque 4 devrait supprimer les goulets d’étranglement des services prépresse. Il fonctionne sur plateforme multiprocesseurs et accepte tous les formats de fichier standard. Capable de piloter jusqu’à huit périphériques, il possède de nombreuses fonctionnalités dont un mode de gestion des couleurs et des PDF.

Apple Expo on line Rendez-vous sur le www.apple-expo.com/fr/, afin de connaître l’ensemble des exposants initialement prévus lors de l’Apple Expo 2001 (annulée par suite des attentats du 11 septembre). Ce site propose des informations sur les produits et les solutions Apple, les adresses des revendeurs en France, ainsi qu’un forum alternatif et les informations relatives au pré-enregistrement de la future Apple Expo.

Satis-faction Du 23 au 25 octobre

2001, le 7e trophée des SatisFecit organisé avec la CST récompensera, dans le cadre du salon SATIS, les meilleures innovations technologiques dans les domaines de l’image et du son parmi une sélection de vingt-quatre nominés. La remise des trophées et le cocktail dînatoire auront lieu le 23 octobre, dès 19 h 30, à Paris Expo, hall 7, salle hémisphère sud. L’accès est réservé aux visiteurs munis d’un badge VIP, aux exposants et à la presse.

AGFA primé

AGFA a remporté le prix EISA (European Imaging and Sound Association) 2001-2002 pour les films négatifs couleurs Vista. La remise du prix aura lieu le 24 août, en avant-première du salon de l’électronique grand public de Berlin et marquera aussi le 20e anniversaire de l’EISA. A l’origine du choix du jury, un rendu des couleurs plus précis, même en conditions de prises de vues difficiles.

Une vision plus loin Digital

Banque d’images La photothè-

Vision, éditeur indépendant d’images et d’animations libres de droit, vient de lancer son service direct en France. Visuels numériques “tendance”, images de la vie moderne et du monde des affaires, animations haut de gamme… Avec ce lancement, les graphistes disposent désormais de supports visuels de qualité et peuvent se consacrer à leurs créations. Les CD d’images sont évidemment réutilisables, mais, parallèlement, Digital Vision a décidé d’éditer une version française de son site Web. En se connectant sur le www.digitalvision.fr, graphistes et utilisateurs d’images de tout poil pourront ainsi rechercher, acheter et télécharger les visuels dont ils ont besoin en moins de cinq clics !

que Zefa s’ouvre à la France et installe un bureau à Paris. Troisième photothèque au monde après Getty Images et Corbis, Zefa Visual Gmbh, basée à Düsseldorf, représente des photographes professionnels et vend ses catalogues à l’international. L’implantation d’une filiale aux États-Unis est prévue au début de l’année prochaine. www. zefa.fr

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Traitement d ’images La dernière version du logiciel Picture Publisher 9 est destinée aussi bien aux professionnels qu’à tous ceux qui ont besoin de retoucher les images (des photographies numériques ou des images pour des sites Web). Picture Publisher 9 est distribué par Micrografx, il est disponible à la Fnac à 1 190 FF TTC pour la version complète, 590 FF TTC pour la mise à jour.


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t e c h n e w s actualités

240 grammes de précision Avec ses 240 grammes pour 92

Combattre les virus PDF

millimètres de large, 59 de haut et 31 d’épaisseur, l’appareil photo numérique Pentax Optio 330 a les plus belles mensurations de sa génération. Et ses qualités techniques sont amplement à la hauteur, puisqu’il dispose d’un capteur de 3,34 millions de pixels, capable de produire des images fidèlement restituées. Son zoom 7,6-22,8 dispose de deux lentilles double face et délivre des images haute résolution à faible distorsion. A l’aise dans la majorité des situations de prises de vues, le Pentax Optio 330 est d’une simplicité déconcertante : ses cinq m o d e s d’exposition, ses six modes de balance des blancs et ses trois modes de prise de vue se gèrent via un simple “pad” de navigation. Polyvalent, il propose également un mode vidéo permettant d’enregistrer des séquences de 15 vues, jusqu’à 30 secondes. A noter enfin que l’Optio 330 intègre la nouvelle technologie PIM (Print Image Matching) développée par Epson, qui permet de sortir des impressions optimisées si l’imprimante utilisée supporte elle aussi le Print Image Matching. Le Pentax Optio 330 fonctionne sous PC et sous Mac, pour un prix de 838 euros TTC environ.

Enfocus Software met gratuitement à disposition sur son site des informations permettant de se protéger des virus PDF. De même est téléchargeable une liste d’actions Enfocus PitStop favorisant l’élimination automatique de tous les fichiers annexés à un document PDF, qui pourraient être porteurs de virus. http://www.enfocus.com/support/ knowledgeBase/kb047.htm

Et de dix Illustrator, le logiciel d'il-

Formica, nouvelle génération Inventé en 1913, le Formica est un stratifié décoratif, amalgame de différents papiers et de résines que l’on croyait passé de mode. Mais grâce à Pascal Glardon de la société Digimédia, qui a mis au point un nouveau procédé introduisant la technologie numérique dans la fabrication du Formica, celui-ci est en passe de connaître un nouveau succès. Cette innovation augmente la qualité de son rendu visuel et offre un matériau encore plus résistant. Cette nouveauté appelée MédiaPLAQ résiste à l’eau, au gel, aux acides, aux solvants, aux chocs, aux brûlures de cigarettes et même à l’usure ! Elle possède une surface antigraffitis et sa résolution d’image est optimisée jusqu’à 600 dpi. Cet apport graphique a déjà séduit des designers comme Elisabeth de Senneville qui l’emploie pour sa ligne de mobilier. www.digimedia.fr

Imprimante couleur Destinée aux professionnels des arts graphiques et de la reprographie, la nouvelle imprimante Canon CLC 1000 fournit une qualité couleur irréprochable grâce à sa résolution de 800 x 400 dpi. Dotée d’un moteur impression de 8.5 ppm en couleur et de 44 ppm en N & B, elle accepte des supports papiers de 209 g/m2 jusqu’au format A3 +. En complément, elle peut s’associer à des contrôleurs Z40e et Z600, l’imprimante devient alors une imprimante couleur PostScript 3 et un scanneur de format A3. Son prix : 16 600 euros.

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lustration vectorielle d’Adobe lance sa 10e version. Native au système Mac OS X et orientée vers le Web, cette nouvelle formule gère parfaitement le format SVG où sont conciliés éléments graphiques et code JavaScript. Dorénavant, graphistes et développeurs Web utilisent un outil commun et chacun peut utiliser la technique qu'il maîtrise sans empiéter sur le travail de l’autre. Second avantage, la taille des fichiers est optimisée par de nouveaux modes de découpe des images et tous les éléments identiques peuvent être regroupés sous un même symbole. Une opération sur ce dernier permet de modifier l’ensemble. Pour ne rien gâcher, les passages d’Illustrator à Photoshop sont facilités et l’outil baguette magique arrive sur Illustrator.

La photo technique Stone, fournisseur de photos commerciales contemporaines de la marque de Getty images, sort son dernier album, Organoteque. Consacrée à l’imagerie technique, cette nouvelle collection d’images essaie de répertorier les liens qui régissent les êtres humains et la technologie, que ce soit à la maison, au travail, dans les espaces urbains. En dehors de tous les poncifs visuels, ces photographies particulièrement conceptuelles sont disponibles en ligne. www.tonystone.com Oxygen Usiplast élargit son offre de feuilles polypropylène irisées Priplack, grâce aux sept teintes de la gamme translucide Oxygen qui viennent s'ajouter aux modèles opaques existants. Imprimables en offset comme en sérigraphie, les feuilles peuvent aussi être travaillées à chaud. Leurs deux épaisseurs disponibles (500 et 800 µ) et un fini satiné ou brillant les destinent à l’emballage de luxe et aux industries graphiques. Antalis distribuera le mois prochain ce produit recyclable.


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p r é s e n c e par marie - pierre guiard

Pierre-Alain Mercier reporter du quaternaire Pierre-Alain Mercier travaille à l’Iris, un comble pour le chercheur qui se définit comme un

Ma position visà-vis du progrès technique n’est Attali accueille des économistes et des sociologues comme jadis Baudrillard ou aujourd’hui pas facile à tenir Pierre-Alain Mercier, fervent observateur de la société digitale depuis une vingtaine et peut sans doute d’années. Moins fasciné par les grandes théories du changement social que par la vie des paraître un peu gens et son évolution, le chercheur vit pleinement son époque, traquant dans nos clics et réac. Huxley a bien nos bips de nouveaux enjeux. Une quête passionnante pour qui aime déchiffrer des codes cerné le problème encore obscurs de la communication et débusquer des indices aussi omniprésents lorsqu’il disait il ne qu’invisibles. A l’heure où la prospective se fait discrète, Pierre-Alain Mercier redouble de s’agit pas de dire vigueur pour tenter d’évaluer à combien se montera l’addition du tout-numérique. si c’est bien ou mal mais de se demanPourquoi vous êtes-vous intéressé à la der combien ça coûte. Toute innovation a société digitale ? un prix, ce coût n’est pas toujours visible. Actuellement, par exemple, on ne connaît Il est intéressant d’observer que face à cette pas encore vraiment le prix de cette société idée forte du progrès qu’est le numérique, numérique parce qu’a priori elle ne pollue il y a disparition des dimensions critiques. pas, elle facilite beaucoup la vie… Fêter On est bien loin des discours alarmistes sur l’abrutissement des foules qui ont ponctué, Internet c’est très bien, mais pourquoi n’aurions-nous pas une fête Prozac ? On dans les années soixante, les débuts de a coutume de dire que l’on est en retard la télévision. Hormis le débat qui porte en taux d’équipement informatique des aujourd’hui sur la bonne ou la mauvaise ménages, mais pourquoi ne dit-on pas que télévision, plus personne ne remet en cause nous sommes en avance en consommala place que l’invention peut prendre dans nos vies. Lorsque l’on fait de la prospective, tion de neuroleptiques ? Il y a donc des force est de reconnaître que nos enfants évidences qui ne sont pas discutées, les psychotropes sont des béquilles, pourtant ne pourront plus travailler autrement que d’autres formes de communication en sont sur écran, ce qui n’est pas très tonique également… Il y a une sorte d’acceptation d’un point de vue physique, mais surtout, très globale de tout ce qui touche au digital ce qui est devenu dans le monde du traassez fascinante à observer. vail une sorte de dénominateur commun surpuissant. Alors qu’il y a encore vingt Est-ce selon vous une posture face à un ans la prospective avait tendance à aller progrès toujours plus rapide ou est-ce très vite, au grand dam des scientifiques, propre à cet outil particulier qu’est le avec l’avènement de la numérisation, cette prospective est devenue beaucoup trop numérique ? lente. Les premières montres à affichage L’informatisation de la société à travers numérique, le portable, toutes ces choses les nouveaux systèmes de communicadont on s’est moqué à leur apparition ont tion que sont Internet, la numérisation eu une vitesse de diffusion extrêmement du téléphone, du son, de l’image et de la rapide que personne n’a réellement anticitélévision constitue effectivement un outil pée. Les gens qui sont en charge de penser fort particulier… Nous en sommes encore à et de se représenter l’avenir ont sans doute une phase d’éblouissement, la capacité et été trop prudents. la rapidité d’appropriation notamment au

voyeur. Cette structure mixte au CNRS et à l’université de Paris-Dauphine créée par Jacques

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niveau des jeunes sont étonnantes. Ce qui rend risibles tous les efforts entrepris au milieu des années quatre-vingt par l’Éducation nationale pour initier à l’informatique les enfants qui allaient être complètement dépassés. Ils sont pourtant entrés dedans sans problèmes avec infiniment plus d’intuition que leurs aînés, tous ces instituteurs péniblement formés à l’informatique pour les besoins de la cause…

N’est-ce pas justement en raison de ses aspects invisibles et intuitifs que cette technologie est entrée de plainpied dans nos vies ? Oui, tout à fait, c’était d’ailleurs le thème du “saut technologique” développé à l’époque par Jean-Jacques Servan-Schreiber qui estimait qu’au contact de l’informatique le tiers-monde allait pouvoir faire l’économie du mode de développement de l’industrie lourde pour basculer directement dans la société de l’information. Cela commence à se vérifier lorsque l’on observe la facilité avec laquelle ils s’y mettent. Pour nous Occidentaux, le prix à payer pour ce développement est d’être en permanence au milieu de boîtes noires. Des boîtes noires d’autant plus performantes qu’elles se calquent, comme le système Macintosh, sur notre logique. Conclusion, on n’a plus d’efforts à faire, mais lorsqu’il y a une panne, en revanche, c’est beaucoup plus compliqué car on ne sait pas d’où cela vient. On y a gagné quelque chose, mais on y a également perdu quelque chose. La numérisation ne va pas sans un effet de désaproppriation, il y a dans la délégation à la machine une perte de maîtrise.

Quelles sont les conséquences de cette perte de maîtrise ? Outre le transfert de compétence où de nombreuses tâches automatisables sont


maintenant automatisées, on ne sait par exemple plus vraiment compter puisqu’il y a les calculatrices, la normalisation constitue un des aspects les plus effrayants. Prenez par exemple les premiers correcteurs orthographiques automatiques, ils soulignaient les passés simples en invoquant une forme grammaticale désuète… On sent, malgré les progrès réalisés pour parvenir à une correction plus fine, cette injonction d’être dans la norme. Les différences vont aller en s’appauvrissant pour parvenir à des langages universels simples, efficaces… Sur un plan technique, montage cinéma, graphisme, composition sonore, on est passé d’une phase de créativité à une phase de modulation. Une palette graphique possède un répertoire de formes qui sont déjà là. La créativité va surtout porter sur comment les assembler. C’est le phénomène de sampling où tout est dit, tout est créé, seuls l’agencement, le choix permettent une forme de créativité. Je dis cela sans porter de jugement, il s’agit d’un constat qui rejoint d’ailleurs cette idée de la fin de l’histoire et des grands récits. Tout est là, tout est écrit. Le modernisme a atteint un tel niveau de civilisation et d’abstraction que l’unique chose que l’on puisse faire maintenant, c’est de découper, de prendre des bouts ou d’avoir recours au pastiche. Tout cela est

très postmoderne… La troisième conséquence, et sans doute la plus importante, touche à la communication. Après avoir gambergé sur les news techs, on s’est rendu compte que l’on ne connaissait toujours pas grand-chose sur la communication téléphonique. Le téléphone prend, dans la relation aux autres, une part prépondérante, mais il manque encore beaucoup d’éléments aux chercheurs. Vous savez, le travail du chercheur n’est pas très différent du travail du flic, c’est un truc de voyeur. J’ai une très grande curiosité sur la communication du portable. Ce n’est pas nécessairement un report de la communication domiciliaire, c’est de la communication en plus. A priori le portable n’est pas né d’une demande du public, les gens vivaient très bien sans cela. Ce qui prouve au moins une chose, cette richesse à partager avec l’avènement de la société d’information n’est plus dans le contenu mais dans la connexion. Téléphoner de son portable, c’est d’abord se rassurer que l’on est connectable et connecté.

Qu’est-ce que le portable a changé dans la relation à l’autre ? D’une communication de lieu à lieu qui symbolisait en fait une collectivité, nous sommes passés avec le

portable à une communication d’individu à individu. Le portable est, par définition, un outil individuel, peut-être est-ce aussi la vraie identité du téléphone que de relier des individus à des individus et non plus des “étiquettes” sociales ou familiales. On n’appelle plus un père de famille chez lui ou un expert financier à son bureau, mais un homme représentant de luimême. Avec le portable, on est à la fois nu, proche des gens, tout en avançant masqué car l’on ne peut plus rien décoder de l’environnement ou de la personne qui appelle.

C’est tout à fait paradoxal… Oui, de la même façon que l’Internet, censé permettre aux gens de s’ouvrir au monde, cloisonne un peu plus les gens via le phénomène des communautés. Il n’y a pas d’ouverture en matière de communication, sans qu’il n’y ait de fermeture. La communication, par définition, ouvre et clôt en même temps. On peut également penser, à l’image de ces nouveaux modèles affinitaires, que les femmes communiqueront surtout avec les femmes et que les hommes communiqueront surtout avec les hommes. Cette liberté de choisir précisément son interlocuteur aura certainement un prix. Peut-être celui d’un appauvrissement dans la rencontre de l’autre… ■

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G r a p h i s m e

par vanina pinter

 San 

Destination San Francisco : la quatorzième ville des États-Unis regorge de créatifs. La côte ouest offre des carrières alléchantes, promet de belles aventures dans les industries informatique, pharmaceutique et dans les nouvelles technologies, tout en cultivant un style de vie moderniste, libéral et individualiste. Ce climat charme et stimule les graphistes, sollicités pour accompagner visuellement le dynamisme des entreprises. South Park, quartier d’excellence, séduisait déjà dans les années 1960 intellectuels, artistes, architectes et designers de tous horizons. La révolution informatique a renouvelé cette population. San Francisco et toute son agglomération sont devenues des pôles d’attraction. Tous les travaux présentés ici ont pour point commun : audace, probité, expérimentation et innovation, reflet de commandes osées de sociétés et de musées, ou aboutissement de projets personnels. Cette galerie de portraits n’est en rien exhaustive, elle présente des designers de différentes branches, dépeint la diversité des recherches actuelles. Le panorama aurait pu être plus vaste, les designers plus nombreux : le design à San Francisco reste à découvrir. La visite peut se poursuivre sur leurs sites personnels : ils y exposent leur portfolio, révèlent leur savoirfaire. Tous ces créateurs sont des San Franciscains d’adoption, beaucoup des Européens exilés. Si, pour eux, la côte ouest n’est pas synonyme de paradis financier, San Francisco est la ville de leur créativité.

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Francisco

Erik Adigard Fuse Project Joachim Müller-Lancé DesignRaw Jennifer Sterling

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Erik Adigard 

☛Formation : Études de sémiologie à Paris-III, de beaux-arts à Montpellier, de design au California College of Arts and Crafts de San Francisco. ☛Expérience : 1989 : il crée l’agence M.A.D avec Patricia McShane. 1992 : réalisation de doubles pages d’introduction pour le magazine Wired. 1995 : conçoit Funnel, un site expérimental. 1999 : un projet multimédia pour le musée d’art moderne de San Francisco 010 101, Art in Technological Times, un court documentaire sur le Web, etc. ☛Domaines d’applications : Illustration, identité visuelle, publicité, print, Web, vidéo, design industriel, installation artistique. ☛Projet : Un film…

 ❃

 www.madxs.com www.madxs.com/2001.html www.madxs.com/casestudies http://funnel.com/mickeytime.dcr http://webdreamerproject.com http://timelocator.projects.sfmoma.org

Illustration pour : Architecture Must Burn Book, livre écrit par Aaron Betsky, paru chez Thames & Hudson, 2000.

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Couverture du catalogue annuel de l’école de musique de Berkeley : recto verso.

Création sur le Web ayant pour but une campagne d’aide pour l’association AIDS (2000).

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Création du site Html pour la conférence à Aspen consacrée au Digital design-the Mouse, the House, the City. Erik Adigard a joué sur les transparences, il a simulé une structure en trois dimensions.

Le graphisme colonise actuellement toutes les activités périphériques. Erik Adigard expérimente ce qu’il affirme. Sa production est démesurée. Ses projets disparates : des installations artistiques aux conceptions d’identités visuelles, au sein de son agence M.A.D, en passant par des vidéos. Avec l’aide de sa complice Patricia McShane, il explore les dernières potentialités du design, accrues par les nouvelles technologies qui transforment sans cesse les langages, les styles existants. Ce graphiste, d’origine française, se passionne très tôt pour la communication électronique (étapes : 39) et le Web devient son principal support de travail. Le designer épuise les possibilités des interfaces, bouleverse les codes, optimise l’interactivité. La meilleure façon de comprendre le Net, c’est de le comparer à l’espace urbain. Le Web est presque tridimensionnel, on utilise des icônes pour trouver son chemin, on clique pour ouvrir une porte, etc. Le cheminement est à la fois incertain et programmé. Ses créations sont à nulle autre semblables. Il investit toute la page de l’écran, dépasse les marges, fait exploser les couleurs. Les images se succèdent à un rythme soutenu, les formes se créent et se défont, se superposent. Au flux d’informations, Erik Adigard répond par des couleurs bigarrées, une saturation d’images. Elles viennent de toutes les sources et de toutes les techniques possibles. Il les anime, les détourne, transforme le fonds graphique en texte, et vice versa. Le tout est souvent accompagné de musiques, de bruits, d’une cacophonie orchestrée. Il souhaite élaborer un espace total où chaque élément contribue à la logique de l’ensemble. A l’image de ses créations, son œuvre est un puzzle, dynamique, bariolé, impossible à recomposer. Son insatiabilité créatrice lui interdit de refuser une commande. Tous les imprévus sont les bienvenus : chaque projet est une redécouverte du design. Les travaux ne se succèdent pas, ils s’accomplissent en même temps. A toute vitesse. Le temps a perdu sa linéarité. L’ordinateur a sublimé l’espace, il a apporté les premiers éléments de la maîtrise du temps, c’est notre prochain voyage. Erik Adigard projette le graphisme dans l’aventure du temps et de l’espace. Il se lance, dans une quête sans fin, une odyssée du temps. ■


Illustrations pour Architecture Must Burn Book.

Webdreamer 1999 Un court documentaire vidéo présentant quatre personnalités du Web répondant à la question Rêvez-vous au sujet du Web ?

Funnel Projet de site Web conçu par M.A.D, avec Shockwave, illustré par Erik Adigard en collaboration avec des artistes et des écrivains. Une horloge décomptait le temps jusqu’à l’an 2000.  1996. Projet pour Aspen

Illustration pour le magazine Eye qui n’est pas parue.

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Affiche pour la 49e Conférence de design qui s’est déroulée à Aspen en 1999. Erik a inventé le symbole, conçu l’affiche.

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a f f iches par vanina pinter

Introduction pour le magazine Wired réalisée en 1999.

LiveWired Projet sur le Web, acquis par le musée d’art moderne de San Francisco. 1996-1998. Timelocator Commandé par le musée d’art moderne de San Francisco, 2000.

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Fuse Project The Fuse Shoe est composé de trois pièces : une chaussette (ci-contre) et deux parties assembables pour la

 ☛Formation : Né en 1967, il étudia 

à l’Art Center College of Design. ☛Expérience : En 1992, il travaille chez Lunar Design, devient design leader chez Frogdesign. Il est professeur au département de design industriel au CCAC de San Francisco. ☛Clients : Dunlop, la marque cosmétique Philou, Hewlett-Packard, Alcatel, Schick-Wilkinson, Mitsubishi, Kensington, Apple Computer. ☛Q uelques prix : Récompensé en juillet 2001 par I.D Magazine pour Philou, par l’IDEA/Business Week Awards en 2000… ☛P rojet : Yves Béhar inaugure à l’automne un nouveau champ d’activités en créant une ligne de tapis pour Elson and Company. Sa gamme de plateaux Lush lily sera commercialisée à New York chez Totem.

❃ www.fuseproject.com

Yves Béhar a créé une bouteille exprimant la pureté et la sensualité. La commercialisation de Philou est prévue en Europe et en Asie cet automne.

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chaussure en dur.


The Learning Shoe

The Mind Room

De mère allemande et de père turc, Yves Béhar, Suisse de Lausanne, arrive en Californie en 1992. Sept ans plus tard, il crée sa propre structure composée actuellement de cinq personnes. Fuse Project, située à South Park, est une agence de design industriel et de développement de marques. Son fondateur l’a conçue comme un espace créatif. L’originalité et la personnalité de ce studio sont décelables au premier coup d’œil. Son graphisme se distingue par des courbes et des couleurs monochromes, une griffe biomorphique. Avec une ligne particulièrement travaillée, les objets se fondent commodément dans la vie quotidienne, on pourrait même dire qu’ils sont une invitation au plaisir. Grâce à leurs surfaces lisses, ils ont un aspect particulièrement tactile, sensuel. Ce n’est pas sans raison si Yves Béhar privilégie la relation émotionnelle qui s’établit entre l’usager et l’objet qu’il crée. Loin de toute froideur, de toute conceptualisation hermétique, la ligne de Fuse Project communique un message hédoniste. Être sur la côte ouest, pays des technologies et de nouveaux lifestyles, m’a permis de développer une approche unique fondée sur l’idée de “technology with humanity (technologie à visage humain). Yves Béhar qualifie son style de fluidism. Il cherche dans ses objets l’intégration d’idées dans un langage formel fluide et clair. Si on lui demande ses références dans le design, il cite Achille Castiglioni, designer italien (1918-1968), car il ne définit pas son style selon la forme, mais selon ses idées. Au bout de deux ans d’existence, Fuse Project connaît un succès retentissant, les commandes se multiplient. L’esprit de recherche, la fraîcheur expérimentale demeurent un atout majeur du studio. Le musée d’art moderne de San Francisco a invité le designer à imaginer une paire de chaussures futuristes. Yves Béhar a inventé deux chaussures pour 2005. The Learning Shoe, la chaussure intelligente, aura la spécificité de corriger la bêtise des pieds ! Elle est faite pour s’adapter à chaque pied et éviter les mauvaises positions. Autre entreprise expérimentale et futuriste : The Mind Room. La chambre n’est plus un espace fermé, nocturne : les quatre murs s’ouvrent sur l’espace. Grâce à la technologie du liquide crystal Display, un paysage apparaît selon différents degrés de transparence. La chambre s’expose comme un espace privilégié à la méditation et à la rêverie. Fuse Project ou l’harmonie rêvée. ■


The Carbon Lounge Alliance de finesse et de légèreté, ce fauteuil incarne la fluidité voulue par Yves Béhar.

The Carbon Opium Un minimalisme sensuel en accord avec la lévitation.

The Scoot-Hydrogen Cette trotinette pliante a été conçue par Johan Liden au sein de l’agence.

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Joachim Müller-Lancé Représentant américain de la 7e conférence, vision

 ☛Formation : Diplômé avec mention  de l’école de design à Bâle, il étudia avec Wolfgang Weingart, célèbre typographe suisse, poursuivit ses études au Fine Arts au Cooper Union à New York. ☛Expérience : Designer senior chez AccessPress/TUB à New York, puis designer culturel indépendant à Barcelone pour les expositions liées aux jeux Olympiques 1992 et enfin Lead information designer pendant trois ans chez Barclays Global. Crée avec Mikaël Kohnke le site typebox, où ils commercialisent leurs fontes. Il donne des cours au CCAC de San Francisco et des conférences sur le design d’information et sur la typographie à l’Elisava School of Design de Barcelone. ☛Domaines d’application : Typographie, design d’information, illustration, photographie. ☛Quelques prix : Le Gold Prize des Morisawa Awards en 1993 pour sa fonte Lancé, The Igarachi Prize pour Shirohuro. ☛Projets en cours : Actuellement, Joachim Müller-Lancé réalise le design d’un film de Farhad Parsa, Dead Flowers (le générique, le site Web, etc.).

plus, de l’Institut international du design d’information, Joachim illustra sa conférence amateur information design in public de 200 photographies.

 ❃

www.kamedesign.com www.typebox.com

Illustration pour Druk magazine sur l’art de la rue au Japon.

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Sa typographie Shuriken boy est représentée par ce petit personnage, au milieu du symbole de Kame design : la tortue.

Déclinaison de sa typographie Shuriken Boy, accessible chez Adobe.

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Déclinaison de Ouch ! Elle est commercialisée chez Adobe ainsi que celle de Flood, Lancé est disponible sur Fontshop. D’autres encore sont visibles sur le site typebox.

Joachim Müller-Lancé quitte New York pour San Francisco en 1987. J’aime cette ville pour ses rues escarpées, ses maisons, ses vues magnifiques, le mélange des cultures, la cuisine internationale, sa taille humaine (800 000 habitants). A San Francisco, marcher est un plaisir. La campagne est proche, on y est en peu de temps. C’est facile de traverser l’océan pour aller en Asie, voir mes amis, travailler. Sa description de la ville laisse apparaître deux des caractéristiques que l’on retrouve dans son travail : la simplicité et l’humanisme. A l’époque de ce déménagement, la carrière de Joachim MüllerLancé est déjà bien engagée. Il s’intéresse à tout ce qui concerne le graphisme culturel et international. Il devient Lead Information Designer pour Barclays Global Investors. Un designer de l’information est spécialisé dans la culture, l’éducation, l’orientation. Il rend les choses plus compréhensibles, simples d’utilisation, il organise l’information et l’exprime de façon claire, logique, pratique. Il invente des systèmes pour réfléchir : des interfaces simples, des plans, manuels, pictogrammes, des systèmes de couleurs. Une éthique pédagogique, intellectuelle prédomine sa démarche au même titre qu’une dimension émotionnelle et spirituelle. En 1997, Joachim Müller-Lancé crée son propre studio Kame Design. Il y travaille seul. Il préfère la solitude et, avec elle, le temps de la réflexion, de la concentration. Toute une philosophie guide son travail. Le nom de son studio traduit son éthique. Kame signifie en japonais “tortue”. Au Japon, la tortue est le symbole de 10 000 ans. Dans une légende, elle porte le monde. La tortue est lente, mais forte. Elle est l’incarnation de la patience, du temps de la réflexion et de la sagesse. Ce symbole est loin d’induire le décalage et le passéisme. Au contraire, Joachim MüllerLancé insiste sur l’importance de préserver au sein de ses productions un espace rendant possible leur actualisation permanente. Informer, c’est aussi se renouveler. Afin de réveiller l’attention de son lecteur, il joue avec des formes assez provocantes et subversives. Son travail graphique pique et ravive. Toutes ses productions respirent la jovialité. Ses formes sont explosives (certains de ses personnages ont des allures de héros mangas), mais elles sont toutes parfaitement délimitées, concentrées. C’est de la force contenue. A San Francisco, à l’extrême pointe du monde occidental et oriental, Joachim Müller-Lancé lie sagesse et turbulences. Il accorde les opposés, vivifie ses compositions musicales ou graphiques (d’ailleurs les deux s’entremêlent), pour Kame design ou pour son groupe de musique, Sadsadfun. ■


DesignRaw  ☛Membres : Fadhly Bey

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(Indonésien, né en 1973), Markus Diebel (Allemand, né en 1964), Nicolas Denhez (Français, né en 1970), Pierre-Yves Dubois (Suisse, né en 1972), Roman Gebhard (Allemand, né en 1971), Tadeo Toulis (Américain, né en 1967), Pontus Wahlgren (Suédois, né en 1974). Rico Zörkendörfer (Allemand, né en 1972) ☛Profession : Tous travaillent ou ont travaillé pour de grandes agences de San Francisco : Zoé, Lunar, Ideo, Frogdesign. ☛Financement : Leurs revenus personnels et l’aide financière de certains de leurs employeurs. ☛F ormation : College Art Center of Pasadena (là où ils se sont rencontrés). *Présentations : Dialogs au Salon satellite à Milan (avril 2000), Elements à Londres lors de 100 % design (octobre 2000), Snake Sound Serum Party à San Francisco (décembre 2000), animation à la Totem Gallery à Soho de New York (mars 2001), Spirito au Salon du meuble à Milan (avril 2001). ☛Projet : Une installation est prévue à Milan au printemps prochain. www.designraw.com

Anima, installation à la Totem Gallery à New York en mars 2001.

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Cartes parmi sept distribuées lors de leur manifestation à Milan en 2001. Chaque recto symbolise une vertu et à son recto son opposé.

Spirito, installation au Salon satellite à Milan, en avril 2001.

DesignRAW est un studio non lucratif. Il ne produit pas, ne vend pas d’objets. Il regroupe sept jeunes designers professionnels. Six d’entre eux sont européens. Amenés à vivre dans la même région alors qu’ils étaient étrangers, ils côtoient le même milieu professionnel restreint, se rencontrent souvent. Peu à peu, ils décident de créer un groupe qui se forme en automne 1999. Né d’un besoin et d’une volonté bien affirmés, DesignRAW est une plateforme expérimentale qui nous permet d’aller au-delà de ce que les industries nous demandent dans notre travail quotidien. Le groupe est en complet décalage avec les studios commerciaux. Il permet aux jeunes créatifs de réaliser ce qu’ils ne pourraient jamais faire dans un studio traditionnel : explorer les hors-pistes de la recherche gratuite et s’attarder sur les problèmes conceptuels. Ils n’ont rien à vendre, si ce ne sont des idées et surtout une certaine idée du design. De ce fait, au sein de ce groupe, il n’y a aucune censure, aucune pression extérieure. C’est du design brut. Purifié. Il s’agit de saisir son essence et, en deçà, la nature de l’objet réalisé. Leur but ? Créer des idées qui peuvent inspirer un renouvellement. Leur démarche se veut exemplaire : notre espoir, c’est que ces activités aideront à libérer et fortifier notre propre travail aussi bien que le travail de l’ensemble de la communauté des designers. DesignRAW s’intéresse aussi aux relations entre les consommateurs et les créatifs. Au Salon satellite à Milan en avril 2000, le collectif dévoile sa première installation, Dialogs. Le visiteur est invité à appuyer sur des boutons symbolisés par des icônes, et la machine invente pour lui un objet. Le spectateur devient le créateur. En octobre 2000, DesignRAW présente une autre boîte géante, Automatic Design Machine où ils mettent à nu le mécanisme d’émergence du design. A l’origine de la conception d’un objet, ils décèlent quatre éléments : Speed, Chaos, Magic, Sex. Leur machine permet au visiteur de choisir un de ces quatre éléments, figurés sur un tube, que le passant introduit dans la machine à distiller. Notre intention est d’informer le consommateur, le public sur le design à travers des installations amusantes et instructives. Pour DesignRAW, cette machine symbolise l’amont de la création : les idées, latentes ou apparentes, utilisées par les designers et leurs clients pour toucher le plus grand nombre de consommateurs. Derrière ces installations interactives, ludiques, ils rappellent subrepticement que le design est une affaire de communication, donc de manipulation, un jeu de forces ayant des implications sociales, économiques et politiques. Le groupe est à la limite de l’art et du design. Désintéressées, leurs apparitions ont toujours lieu dans un contexte d’expositions. Leurs installations sont autoréférentielles, interrogent l’essence du design. DesignRAW dénonce les vices de la profession : tout en la purifiant, ils lui insufflent des énergies créatrices. Leur mission ne fait que commencer. ■


Tube : Vue d’une partie de l’ installation, Elements, montrée au Salon 100 % design, Londres, octobre 2000. Ci-contre : Les différents tubes, Magic, Sex, Speed, Chaos à introduire dans la machine à distiller.

Poster pour Dialogs, installation au Salon du meuble à Milan 2 000. Ce sont des dessins d’objets réellement fabriqués.

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Jennifer Sterling 

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☛Formation : Diplômée de l’institut d’art de Miami ☛Expérience : Elle travailla pendant cinq ans chez Tolleson Design à San Francisco. ☛Quelques récompenses : Membre de l’AGI, elle a obtenu de nombreux prix et plusieurs musées ont déjà acquis certains de ses travaux. ☛Domaines d’application : Édition, conception graphique de livres, communication visuelle, packaging, report annuel, titre de films, produit. ☛Projet : Travailler davantage pour le Web.

www.jennifersterling.com

Aiga vote poster (2001) : Commandé à l’initiative de l’Aiga, cette affiche incite à voter : bad officials are selected by good citizens who do not vote. Réalisée dans le style du déconstructivisme russe et du Bauhaus. Ci-dessus : Brochure promotionnelle pour Consolidated Papers. Jennifer Sterling utilisa pour la couverture un emballage plastique et du papier d’aluminium.

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Des kits de pochettes et de packakging CD pour Spike radio, créés uniquement à partir de matières Aiga Poster

synthétiques.

Packagings Couverture et maquette pour AIGA Book 2000 : American Institute of Graphic Art rassemblant les meilleures productions graphiques de l’année.

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promotionnels pour David Maisel, 2000.


Rapport annuel pour DSP communications.

Packaging pour la marque Nourishe : Jennifer Sterling a réalisé ce travail avec l’assistance d’Amy Hayson. Actuellement, six personnes travaillent avec elle dans son agence.

Dans cette galerie de portraits, celui de Jennifer Sterling est sans doute le plus atypique : il est le plus conventionnel. La graphiste s’installe à San Francisco en 1990. Son studio, créé en 1995, est devenu en l’espace de cinq ans une véritable institution. Un second bureau vient de s’ouvrir à Londres. Spécialisée dans le print et dans les maquettes de livres, Jennifer Sterling accorde beaucoup d’importance à la typographie et aux caractères. Certains de ses travaux se caractérisent par une communication visuelle complexe, une superposition de messages différents. La lecture peut en être déstabilisante, d’autant plus que l’art de la cinétique la rend aléatoire. Une danse rythmique, dynamique anime la valse de ses caractères. Derrière une apparence désordonnée, le travail est parfaitement orchestré. Le fouillis s’ordonne, l’œil se perd et découvre peu à peu le chemin de la lisibilité. Jennifer Sterling utilise des fontes classiques, des caractères traditionnels, nobles, dotés d’une ligne élégante et fine. La froideur sévère de ses caractères, son classicisme est souvent contrebalancé par l’emploi de matériaux différents, inhabituels (plastiques, cartons, métaux). Pour ses couvertures de livres, Jennifer Sterling travaille souvent en reliefs. Elle joue sur le contraste, la texture des matières, la graduation des informations, le chevauchement des matériaux comme sur celui des caractères. Son graphisme est tactile. Originale et novatrice, Jennifer Sterling n’en néglige pas moins l’esprit du client. Elle travaille toujours en étroite collaboration avec leurs intentions. Son travail n’est perceptible, apprécié que pour un œil patient, attentif, qui, armé d’une loupe, s’égare, se retrouve et s’aperçoit de la finesse de l’entreprise. ■


Le design interactif a-t-il une langue ?

Petite évidence : le graphisme et le design n’existeraient pas si personne n’avait envie de s’en servir, ni de les contempler. Dans ce genre de domaine, il faut être au moins deux. D’un côté, un récepteur (vous par exemple) qui regarde ; de l’autre, un émetteur (une illustration ou une jolie carafe…) qui donne à voir. Ensuite, l’on peut s’interroger sur la nature de cette relation… En schématisant, le rapport graphisme/individu serait plutôt distancié – l’individu interprète une forme graphique suivant sa vision du monde, sa culture et son tempérament. Tandis que le rapport design/individu semble plus impliquant – l’individu est censé se servir d’un objet de design, et le fera également suivant sa vision du monde, sa culture et son tempérament. Pour simplifier, la relation au graphisme est plutôt froide, la relation au design plutôt chaude… Tout se complique lorsque l’on ajoute “interactif” à côté de design : ce n’est soudain plus une relation d’émetteur à récepteur, mais une démultiplication des relations possibles. Car qui dit interactivité sousentend tout type d’activité que peuvent partager ensemble émetteur et récepteur : se regarder, se parler, se toucher, échanger des informations, des blagues, et cætera. Et là, c’est beaucoup plus dur de simplifier… 52   10.2001


i n t e r n e t par anne melcer

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epuis le début des années quatre-vingt-dix, le design interactif est un lieu d’expérimentation privilégié. Animations 2D, 3D, création numérique, inclusions sonores, recherches de mise en scène, reconstruction de l’espace et développement du dialogue homme-machine… Toutes ces avancées ont apporté fluidité, vitesse, profondeur de champ, interactions créatives et-ou ludiques à des sites comme à des supports multimédia. En quelque sorte, le design interactif expérimental d’hier est un peu le design interactif marchand d’aujourd’hui. Reste maintenant à envisager ce que sera son devenir… Car le design interactif ne se résume

De plus en plus d’agences de création multimédia développent leur propre “laboratoire” de design interactif expérimental, comme Œil pour Œil et son Yogoo

Retrouvez les liens sur :

(yogoo.oeilpouroeil.fr).

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1 à 4 Pour accompagner un film tel que Requiem for a Dream, l’agence londonienne, Hi-res !, a choisi de prolonger, sur le Web, l’atmosphère cauchemardesque et déstabilisante créée par le réalisateur, Darren Aronofski. Le site est apparemment chaotique, “parasité” par des images incohérentes. Sa navigation est en fait éminemment interactive et demande une grande attention à l’internaute qui ne peut simplement se laisser mener.

pas à une simple forme graphique inscrite dans la communication programme-utilisateur. C’est une matière mouvante, évolutive, qui fait intervenir des paramètres cognitifs sans doute appelés à métamorphoser les relations qui se tissent entre l’humain et la machine.

S’en tenir aux acquis ? Contraintes économiques, contraintes techniques, contraintes d’intelligibilité… Le design interactif est, comme toute autre forme de communication “exploitée”, soumis à des entraves peu compatibles avec l’expression artistique pure. Dans l’univers de l’interactivité, le gratuit ne rapporte rien ! Pourtant, affirme Philippe Gully, responsable éditorial de Praktica, premier portail francophone en

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matière de webdesign, toute recherche en matière d’ergonomie, d’interface ou de degré d’interactivité passe par un stade d’expérimentation. Encore faut-il savoir glisser de l’expérimentation vers le monde “réel”, celui du grand public. Car s’il est admis que l’artiste n’a de codes à suivre que ceux dictés par son imaginaire, le designer interactif est, quant à lui, soumis à une restriction majeure : celle de la compréhension d’autrui. Comment, en effet, parvenir à rendre intéressant ce qui repose sur des concepts non encore acquis par les individus ? S’il ne possède pas les outils lui permettant de comprendre ce qui lui est donné à voir, le public ne pourra ni apprécier ni être critique. Malheureusement, le monde fonctionne avec des standards. Il faut un minimum de repères pour être compris, explique Rémy Rubbio,

directeur du pôle ergonomie chez Yuseo, agence d’ergonomie spécialisée dans les nouvelles technologies. En d’autres termes, une création interactive doit “parler” à un public, répondre à certains de ses besoins, et ce par le chemin le plus court.

Ou ouvrir de nouveaux langages… Pourtant, le design interactif, comme toute activité de création, est résolument soumis à des phénomènes de mode et doit perpétuellement se remettre en question, sous peine de lasser. Renouvellement des contenus, des règles de navigation, du graphisme et renouvellement des outils techniques banalisent ce qui était encore étrange quelques mois auparavant. Les progrès de la 3D, l’arrivée du haut débit


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5 à 7 Chercher à faire comprendre qu’une navigation est un mécanisme global, qui peut être invisible car fondu dans l’espace de la maquette. Philippe Giuntini, créateur du site www.benjaminbiolay.fr

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ou l’avancée de l’intelligence artificielle ont permis d’introduire et de démocratiser des éléments expérimentaux au sein de sites marchands. Et sous l’impulsion de certaines marques, des projets audacieux ont vu le jour, remettant en question les seuls critères de lisibilité et de facilité d’accès. La société londonienne Hi-res ! qui a réalisé le site pour le film de Darren Aronofsky Requiem for a dream (www. requiemforadream.com) a montré que l’on pouvait, dans le cadre d’une communication commerciale, transgresser les lois de la navigation facile pour volontairement désorienter l’utilisateur (passif ) qui devient alors acteur, précise Philippe Gully. On peut, de même, explorer le site que le studio de création multimédia Ici la Lune a réalisé pour Kenzo et qui utilise la musique comme élément de navigation –

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c’est réellement une mise en scène de l’espace par la musique, explique Arnaud Le Ouedec, designer et cofondateur de l’agence. Ou bien encore, parcourir le site www.benjaminbiolay, conçu par un graphiste indépendant, Philippe Giuntini et produit par la société Milk. A l’origine de ce projet, commanditaire (Virgin) et graphiste s’entendent pour que soit pensé un site mystérieux et avant-gardiste. L’occasion pour Philippe Giuntini de fusionner ses profils de webdesigner et d’artiste de l’interactif, en injectant dans le site la navigation expérimentale qu’il a mise au point. Constituée d’un axe mobile, sans boutons, ni menu, cette dernière ne respecte pas les conventions, mais fait appel à la réflexion. Dès lors, naviguer sur ce site n’est pas “prendre” possession d’une barre de navi-

gation, mais “apprendre” comment avancer. Sans ce temps d’apprentissage, l’internaute ne pourra pas se faire obéir de son écran et l’interactivité lui échappera. En d’autres termes, il doit s’adapter au langage utilisé par sa machine.

Pour faire avancer l’interactivité Pas de message possible donc, sans un code convenu entre les deux protagonistes de la communication. Et pas de compréhension sans décodage, sans interprétation des signes et de leur combinaison. Or, comment faire évoluer la capacité d’un individu à percevoir et à décrypter de nouveaux codes langagiers ? Peut-être en lui soumettant de nouvelles formes de communication.


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8 9 Le but de mon travail n’est pas d’apporter des réponses, mais de susciter

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des interrogations. Interprétez-le comme vous l’entendez, je sens que ça va me plaire. Joshua Davis, à propos de son site www.Once-upon-a-forest.com. Les sites expérimentaux font avancer les choses dans la mesure où personne ne fait d’argent avec l’interactivité, Pierre Lavoie, directeur d’Hyptique, (conception et production multimedia), et président de Numer (rencontres internationales du design interactif), à propos du site de joshua Davis. 0 à z Hi-res ! est très versée dans l’interactivité expérimentale. Son www.amotobin.com met en scène une navigation plutôt simple, mais coulée dans l’esthétique du site. e En ligne dans quelques semaines, une image du site de Première Heure qui promet une navigation expérimentale…

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r r à y Alex Griffin, alors designer pour l’agence Deepend a défini une navigation selon deux principes : des repères sonores, des repères écrits, mais déconnectés des codes habituels de la navigation. www. newordergetready.com u i Sur le site www.kozen.com réalisé pour Kenzo par Ici la Lune, l’espace et la navigation sont gérés par des cubes musicaux qui s’ouvrent et se referment, selon que l’on s’en approche ou que l’on s’en éloigne. o Newt est une interface invisible, mais très bavarde, également créée pour www.kozen.com. Personne ne sait s’il s’agit d’une fille ou d’un garçon.

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C’est, en quelque sorte, le parti pris des productions Dadamédia qui éditent des cédéroms pour enfants. Murielle Lefèvre, “chef d’orchestre” de ces produits, a notamment mis au point “Alphabet”, un cédérom destiné à faire découvrir les 26 lettres de l’alphabet cyrillique aux petits Japonais. Or, le cédérom n’est pas en japonais ; il n’est en fait en aucune langue connue, puisqu’il ne fait intervenir aucun mot. Il n’a ni menu ni icônes de navigation ; il est déroutant, hors standard et n’utilise que le graphique et le musical. Pourtant les enfants, quelle que soit leur nationalité, se l’approprient si vite et si bien qu’il est référencé “produit éducatif ”. On sait que les enfants abordent avec facilité l’informatique, les langues et les supports inte-

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ractifs. Malgré tout, ne disposant ni de menus, ni d’icônes, ni même d’indication écrite, l’enfant comprend le fonctionnement de son cédérom, comme s’il développait un langage intuitif avec lui. La musique l’aide, mais il doit seul observer, comprendre, s’ouvrir au fonctionnement de l’interactivité. Et apprendre à s’immerger dans l’univers avec lequel il lui est offert de communiquer. Quelque chose de l’ordre du ressenti, presque de l’instinctif intervient ici. Ou bien, c’est un nouveau langage. Et il est en devenir, ainsi que l’exprime Murielle Lefèvre, à propos de son travail sur l’interactivité. Point de vue apparemment partagé par les enseignants qui préparent la future génération de desi-

gners interactifs. Ils ne limitent plus leur enseignement au graphisme et à la technique, mais ouvrent leurs élèves aux questions de communication et de langage. Jean-François Depelsenaire, qui enseigne dans la section “graphisme et multimédia” de l’ENSAD explique que l’on commence à voir pointer des figures interactives qui sont une forme de langage, et qu’il est par conséquent indispensable de préparer les futurs designers à cette évolution de l’interactivité. Bientôt, c’est à eux qu’incombera la responsabilité d’informer le public des réalités de l’interactivité et d’expérimenter de nouvelles voies de communication entre les hommes et leurs machines. Bref, de banaliser ce qui nous paraît dément aujourd’hui. ■


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p à s Plus qu’un cédérom pour enfants, le Théâtre de Minuit, créé et édité par Dadamedia est une incitation à jouer et à naviguer avec les formes et les sons, une façon différente d’aborder et de comprendre l’interactivité.

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Références des professionnels évoqués : Praktica : www.praktica.com Yuseo : www.yuseo.com Ici la Lune : www.icilalune.com Dadamedia : www.dadamedia.com École normale supérieure des arts décoratifs : www.ensad.fr Œil pour Œil : www.oeilpouroeil.fr Hi-res ! : www.hi-res.com Hyptique : www.hyptique.com Voir aussi : les colloques des rencontres internationales du design interactif organisés par Numer : www.numer.org

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t y p o g r a p h i e par stéphane darricau

Les relectures radicales et subjectives de caractères anciens ne sont pas l’apanage de la typographie digitale contemporaine, comme en témoigne l’œuvre du pionnier américain Frederic W. Goudy : cinquante années d’une carrière exceptionnelle passées à traquer le juste équilibre entre expression personnelle et respect des formes classiques.

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que la rumeur typographique attribue au dessinateur américain Frederic W. Goudy (1865-1947), il en est un particulièrement savoureux et, pour le coup, authentique, qui proclame : Les vieux maîtres nous ont volé toutes nos meilleures idées. Cette déclaration quelque peu péremptoire – mais l’homme, diton, était assez coutumier du fait – n’est pourtant pas seulement un paradoxe à l’emporte-pièce, mais le résumé saisissant d’une carrière prolifique – plus de cent-vingt polices ! – presque entièrement vouée à un seul but : insuffler une vigueur nouvelle aux archétypes des siècles passés. armi les nombreux aphorismes

Une affaire de goût

Le modèle le plus “revisité” par Goudy est sans conteste celui des romains vénitiens de Nicolas Jenson (vers 1420-1480), un imprimeur tourangeau installé sur la lagune après un probable apprentissage à Mayence, où il avait été envoyé par le roi de France Charles VII pour s’enquérir des progrès de l’invention gutenbergienne. Unanimement considérés comme les premiers chefs-d’œuvre de la typographie humaniste, les caractères de Jenson – en particulier celui du De Præparatione Evangelica d’Eusèbe, imprimé en 1470 – ont donné lieu à de très nombreuses adaptations depuis la fin du xixe siècle et furent tout particulièrement

A gauche : Frederic Goudy vers 1925, aux commandes de son graveur pantographique de matrices.

populaires au sein du mouvement des presses privées en Grande-Bretagne et aux États-Unis (voir encadré). Goudy n’en donnera pas moins d’une demi-douzaine de versions, dont le Village (1932-1934), baptisé d’après son propre atelier d’édition, la Village Press, installé à partir de 1924 dans un ancien moulin à Marlborough-onHudson, dans l’état de New York. La passion que le dessinateur américain semble avoir nourrie pour les caractères humanistes en général et ceux de Jenson en particulier fut avant tout une histoire de sensibilité esthétique : élevé dans un Middle West encore rural, doué d’une forte personnalité et d’une robuste constitution, Goudy se sentait sans 10.2001

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doute des affinités personnelles avec le tempérament direct et organique, presque rustique, de ces romains “primitifs”. Par ailleurs, étant lui-même un autodidacte complet – d’abord comptable puis agent immobilier, il ne dessina sa première police, presque par accident, qu’à trente-deux ans –, l’enfant de Bloomington, Illinois, ne pouvait que se sentir attiré par le travail des premiers typographes de la Renaissance qui, s’improvisant tout à la fois graveurs de poinçons, fondeurs, imprimeurs, éditeurs et libraires, inventèrent à partir de presque rien la communication graphique moderne.

La “Goudyfication” des classiques Les romains vénitiens de Goudy – et le Village ne fait pas exception à la règle – doivent donc autant à la personnalité de leur créateur qu’au génie des pionniers du Quattrocento. Pour s’en convaincre, il suffit de comparer les caractères originaux et l’interprétation qu’en donne le dessinateur américain. On peut d’abord observer qu’ont été conservées en priorité les caractéristiques structurelles essentielles, notamment les rapports de proportions : la hauteur d’œil équivalant à peu près à la moitié de la hauteur des ascendantes et la qualité architecturale des capitales – très stables, modelées sur le canon des inscriptions antiques. On retrouve également, dans les bas-de-casse, certains indices caractéristiques des types humanistes : le e barré à l’oblique, l’axe très incliné des lettres rondes, la traverse du z en délié. Pour le reste, le caractère de Goudy est globalement plus léger que son modèle et, surtout, sensiblement plus nerveux : le Village présente des transitions presque abruptes entre les pleins et les déliés et une inflexion calligraphique marquée qui lui confère une saveur très particulière, par ailleurs typique des meilleures réalisations de son créateur, que même les adaptations récentes les plus discutables – comme le Berkeley Old Style, dessiné par Tony Stan pour ITC à partir du romain créé par Goudy en 1938 pour la presse privée de l’université de Californie – ne peuvent totalement édulcorer.

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Le Village donne finalement la sensation d’être moins une adaptation fidèle des types de Jenson que le résultat de l’application scrupuleuse d’un cahier des charges intitulé “Ce que doit être un caractère humaniste” : nette influence calligraphique – en ces temps héroïques, la typographie, “l’art d’écrire sans la plume”, était encore fortement tributaire de la tradition des manuscrits –, hauteur d’œil réduite, hétérogénéité d’ensemble, aspect généreux et charpenté. Goudy prend plus de liberté dans le dessin de son italique, ce que lui permet d’ailleurs largement son modèle : il importe ici de rappeler que les imprimeurs vénitiens de la génération de Jenson n’ont jamais utilisé de fontes italiques, dont les premiers prototypes ne datent que de la toute fin du xve siècle – ce seront les célèbres Aldines, créées par le graveur Francesco Griffo (vers 1450-1518) pour l’imprimeur Alde Manuce (1450-1515). L’italique du Village accentue encore l’aspect calligraphique du romain : bien que faiblement penchée, elle est très dansante et étroite, ce qui lui donne une grande cursivité. On n’y trouve quasiment aucun empattement horizontal, mais des attaques obliques qui semblent être nées directement du tracé à la plume. La marque personnelle de Goudy est particulièrement sensible dans le dessin des capitales, dont certaines s’ornent de paraphes ou de boucles – C, G, N, Q, S, T, X, Y et Z – : c’est là pratiquement un effet de signature de la part du dessinateur que l’on retrouve dans nombre de ses créations – comme le populaire Goudy Old Style.

Un classique américain Frederic W. Goudy occupe une place à part dans le patrimoine typographique des États-Unis : il n’est pas seulement un créateur de grande envergure, mais aussi celui qui a fait découvrir, à travers ses interprétations audacieuses, la beauté des formes classiques à plusieurs générations de directeurs artistiques américains. Marqué par l’héritage artisanal du mouvement des presses privées, il s’est par ailleurs considérablement investi dans la production industrielle des caractères typographiques – il

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1 Le romain original de Nicolas Jenson. 2 Le moulin de la Village Press à Marlborough-onHudson. 3 Comme la plupart des revivals de Goudy, le Village conserve les proportions du caractère original.

7  4 Les éléments caractéristiques du romain vénitien de Jenson, tels qu’ils sont repris dans le Village de Goudy. 5 Certaines des capitales du Village présentent de très nettes inflexions calligraphiques. 6 La cursivité de l’italique est assurée par le jeu des directions obliques des attaques et des empattements. 7 Les capitales paraphées du Village italique.

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Ci-dessus : L’Italian Old Style, un des nombreux romains vénitiens de Goudy, mis en scène par Fred Woodward pour le livre Rolling Stone – Images of Rock’n’Roll, en 1995

fut conseiller technique de la firme Lanston Monotype pendant plus de vingt-cinq ans –, allant jusqu’à acquérir une machine pantographique – en 1924, à près de soixante ans ! –, afin de maîtriser le processus de fabrication mécanique des matrices. Homme essentiellement pragmatique, Goudy ne partageait évidemment pas le purisme austère d’un William Morris, et a pu ainsi servir de “passeur” entre le monde artisanal et élitiste des presses privées et celui, industriel et populaire, de la communication graphique de masse. Ce rôle de figure tutélaire explique l’omniprésence de ses caractères dans la presse et l’édition américaine jusqu’à aujourd’hui : la version informatique du Village a ainsi été réalisée en 1992 par David Berlow (voir étapes : n° 37) à la demande du magazine américain Esquire, et les romains vénitiens de Goudy – le Village, mais aussi l’Italian Old Style, le Berkeley Old Style ou le Truesdell – restent immensément populaires auprès des graphistes, comme en témoigne l’usage régulier qu’en fait Fred Woodward dans les pages de Rolling Stone, dont il est le directeur artistique depuis 1988. Les qualités organiques du Village, sa nervosité et ses “goudyismes” en font un caractère de texte extrêmement performant, animé d’un rythme vivant et énergique, à des années-lumière de l’aspect monotone et archivu des romains couramment utilisés dans la presse et l’édition – les incontournables Times, Adobe Garamond ou New Baskerville. Il possède également plus de personnalité et de saveur que la plupart des autres revivals de Jenson actuellement disponibles – notamment l’Adobe Jenson (1996) de Robert Slimbach, qu’un dessin exagérément rond et poli éloigne de l’esprit de son modèle, ne produisant en fin de compte qu’une version presque insipide. Il serait dommage qu’un pan entier de l’héritage des pionniers de l’imprimerie sombrât dans l’oubli faute de versions informatiques contemporaines suffisamment “croustillantes”. ■

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Les illustrations de cet article sont tirées de l’ouvrage Frederic Goudy de D. J. R. Bruckner, publié par Harry N. Abrams, Inc., New York, en

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1990, dans la série Masters of American Design.


L’aventure des presses privées

Quelques variations personnelles de Frederic Goudy sur le modèle des romains vénitiens du xve siècle.

Au milieu du xixe siècle commence à s’élever en Angleterre un mouvement de protestation face aux dérives de la révolution industrielle : constitué d’artistes, d’architectes, de théoriciens, desquels se détache au premier plan la figure imposante de William Morris (1834-1896). Cette galaxie de mécontents, connue aujourd’hui sous le nom de “mouvement Arts & Crafts”, prône le retour à l’artisanat contre la production mécanisée, l’amélioration de l’”esthétique du quotidien” contre la recherche du profit immédiat, et la suprématie du modèle médiéval original sur l’éclectisme décoratif du “goût victorien”. Pour propager ses thèses et mettre ses principes en pratique, Morris fonde en 1890 un atelier d’imprimerie-maison d’édition, la Kelmscott Press, au sein duquel il s’attache à faire revivre l’esthétique de la typographie du xv e siècle. L’exemple de la Kelmscott Press suscite de nombreuses vocations, et la mode des “presses privées” fait tache d’huile en Grande-Bretagne et aux États-Unis. Son influence se fait alors sentir jusque dans le cercle encore restreint des fondeurs industriels – Mergenthaler Linotype, Lanston Monotype, American Type Founders –, qui se lancent dans de vastes campagnes de rééditions de caractères anciens adaptés aux conditions de la production mécanisée, en embauchant parfois certains de ces dessinateurs issus de la mouvance Arts & Crafts. Ce mouvement de redécouverte du patrimoine typographique initié par les presses privées a laissé des traces durables, qui se font encore sentir aujourd’hui : dans les typothèques informatiques contemporaines, une forte proportion de polices de style ancien sont en fait des rééditions de caractères de presses privées du début du siècle – le Centaur, un des romains vénitiens les plus utilisés actuellement dans la presse et l’édition aux ÉtatsUnis, est ainsi un revival d’après Jenson dessiné en 1915 par l’Américain Bruce Rogers (1870-1957) pour la Montague Press de Boston, Massachussets.

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Le “ manifeste” de la Kelmscott Press, rédigé et imprimé par William Morris en 1891.

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a f f i c h e s

L’année où Pékin rafle la cité olympique à Paris, les Français affichent sur leurs murs une image négative de la Chine, celle d’un pays bafouant les droits de l’homme 1. En septembre, à l’école Maryse Éloy, une exposition présentait une initiative réunissant des jeunes créatifs des deux pays dans un état d’esprit de tolérance et de découverte mutuelles. Une cinquantaine d’étudiants, pour une moitié chinoise et pour l’autre française, dévoilaient une affiche reflétant leur vision personnelle du pays de l’autre.

paris

Shangaï

par vanina pinter

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Heratchian Yervant : Huo Jianqi (né en 1958) a commencé à être

Marion Perron : Li Bai (701-762) est un poète chinois, en partie

reconnu avec son film Postman in the moutain. Sur l’affiche, un

taoïste et surtout libre penseur. Excentrique, séducteur,

homme marche sur une montagne. Cette dernière est en fait le profil du réalisateur. La symbolique est élaborée : la personnalité de l’artiste se reflète directement par son œuvre, un film : un postier qui marche sur une montagne. Le jaune est la couleur originelle de la Chine, un pays de l’Extrême-Orient. Le vert se réfère aux montagnes situées près de Shanghaï. L’étudiant a voulu dans son graphisme rester fidèle à la personnalité du réalisateur et à sa nationalité.

buveur, protégé ou poursuivi par ses mécènes, sa vie remplie de voyages inspira de nombreux récits et des pièces de théâtre qui participèrent à créer sa légende. L’étudiante a construit une forêt de bouteilles, sources et ressources essentielles des créations poétiques de Li Bai. Elle a donné au tout l’apparence brune des papiers de calligraphie. Li Bai (avec l’œil rouge des alcooliques) est une célébrité en Chine.

Yu Meng . Coco Chanel (1883-1971) fut la première couturière à créer un parfum à son nom en 1921 (Chanel n° 5). Le paon est un symbole riche et équivoque. Symbole de la beauté, il est aussi celui du soleil et de l’immortalité grâce à son association à la roue solaire. Les plumes de paon épuisent ici leur sens et deviennent l’ultime élément décoratif des chapeaux féminins.

A l’origine de ce projet : Thierry Sarfis, graphiste français, professeur à l’école Maryse Éloy, avec pour signe particulier : la sinophilie. Après plusieurs voyages en Chine, il a été commissaire de l’exposition Signes de Chine à Echirolles en 1997 (étapes : 34). Il y a deux ans, l’école des Fine Arts de Shanghaï l’invite pour donner des conférences sur le graphisme en France. A ce moment-là, Thierry Sarfis a déjà en tête l’idée d’une collaboration avec Shanghaï dans le cadre du programme d’échanges culturels avec des écoles supérieures d’art organisé par l’école Maryse Éloy. Début 2001, il revient dans la plus grande ville de Chine pour animer un atelier d’une semaine. Il met alors son projet en place. Le principe est simple : les étudiants chinois créent une affiche sur un personnage historique français, vice versa pour ses étudiants

français. Le choix de la personnalité est libre, mais doit obligatoirement figurer sur l’affiche. Aller à la découverte de l’autre, rencontrer une culture différente sont les bases de cet échange culturel graphique. Le travail préalable à la réalisation de l’affiche, c’est-à-dire la recherche historique et l’analyse du personnage sont les premiers pas, difficiles et tâtonnants étudiants. Soucieux mettre Lenaïkqu’effectuent Fily. Zhuangziles (entre – 350 et – 275 av.de J.-C.) est leen avant l’intérêt pédagogique cet exercice, Thierrytaoïste. Sarfis prône le positioncofondateur avecde Lao-Tseu de la pensée Elle est nement critique des graphistes :dejepoints les pousse très loin dans représentée parapprentis cette arborescence d’interrogation, qui le retranchement de la réflexion intellectuelle. Un travail précis et peut aussi symboliser le monde végétal (les rosiers et les rigoureux est effectué l’analyse dutao signe la puissance anneaux autour sur d’une tige). Le estafin uned’optimiser force cosmique, vitale des symboles et la justesse deillustre la polysémie. A l’instar de leur professeur, et spirituelle. L’affiche l’interrogation voire l’incompréhension de l’Occident face à cette pensée. L’essence du blanc, le vide reflètent l’espace nécessaire à l’isolement essentiel

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du sage au Non-Agir.


Florie Van Eecke : Toute la force de cette affiche tient à sa simplicité. Qin Shi Huangdi (259-210 avant J.-C.), le premier empereur chinois, prit le titre de Huangdi (divin ancêtre). Sa dynastie fut de courte durée, mais son action fut capitale. Il abolit l’ordre féodal, réunit la Chine en 26 commanderies soumises à un pouvoir central. Il ébaucha en terre la grande muraille, unifia les mesures, la monnaie, l’écriture, exila 120 000 familles aristocratiques,Lidétruisit certains Zhifen. Le tableau de Hyacinthe livres. Il avait réuni une armée colossale. Il s’est enterré à Shaanxi avec Rigaud est1 087 le portrait officiel de guerriers armés en terre cuite grandeur nature. Le pictogramme rouge Louis signifie XIV bien au-delà de nos “empire du Milieu”. Les soldats forment le mot. Le portrait de l’empereur frontières. est Louis Dieudonné, roi apposé comme le sceau indéniable du créateur de la Chine. soleil est aussi roi tigre. Puissance et férocité. Animal chasseur, le tigre est un symbole de la caste guerrière. Chasse et guerres étaient les deuxCatherine activitésLevi : Guangxu (1871-1908) est principales et préférées de Louis empereur de la Chine. Il n’a l’avant-dernier XIV. En Chine, le tigre est aussirégné. le jamais Empereur à 4 ans, sa tante symbole du Yang, Cixil’élément (Ts’eu-hi 1835-1908) devient la régente masculin incarnant force terrestre. de l’empire. En 1898, Guangxu tente la La superposition duréforme tigre etdes du Cent-Jours, mais Cixi réussit à visage amène unl’enfermer troisième et régna dès lors à sa place en élément : l’art du divertissement, véritable autocrate. Symbole féminin celui de la danse, du déguisement, d’oisiveté, donc de noblesse, les ongles, très appréciés à la cour. dangereusement longs, sont ici les barreaux de la prison. La main a été entièrement réalisée sur Photoshop. Ne trouvant pas de portrait en pied, Catherine Levi a surmonté la tête de Guangxu du corps du dernier empereur (Puyi). Ce photomontage en noir et blanc met encore plus en retrait l’empereur.

Blondeau Sandra. Ce portrait de Mao Zedong (1893-1976) a pour origine une prise de vue du photojournaliste David Hume Kennerly. La jeune graphiste voulait rajouter à ce portrait officiel un aspect occidental, une touche décalée, mélange d’impertinence et d’insolence. Elle l’a tagué d’un bariolage colorié. Il est impensable de trouver une telle affiche Lu Jun : Brigitte Gui Zhenglin : En mandarin, ladans les rues de Chine. C’est tout son Bardot, B.B. dernière syllabe de Napoléon paradoxe, elleInitiales est hyperréaliste et se prononce comme le mot

est symbolisée parces rapports impossible. Elle esquisse

ses deuxentre B, ses seinset le peuple, “pneu” et la seconde comme leambivalents l’icône mot “troué”. Ce jeu de mots

ses fesses. Que et oscillantetentre l’adulation

visuel est surenchéri par un

rajouter de plus ? l’iconoclasme, entre lesUn deux,

Napoléon gonflé, ridé.

point. Un nombril. passive. l’indifférence, l’assimilation

Napoléon, assimilé à un personnage de bande dessinée, est réduit à sa petitesse, son 1 m 70 bien tassé. Pis, des moustaches rajoutées lui donnent un faux air d’Hitler dépité lui aussi par la campagne de Russie.

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David Calmel : Cang Jie était conseiller de l’empereur Fu Xi. Selon la légende, il aurait inventé les caractères chinois en regardant des traces d’oiseaux laissées sur la berge et la forme des constellations. D’où ses quatre yeux : une paire tournée vers les cieux, l’autre vers la

et les couleurs qu’il a créées. Au fond, un patchwork des papiers collés que le peintre réalisa à la fin de sa vie. Ses femmes, ses nus

terre. L’affiche brille par ses couleurs, l’étudiant l’a voulu pleine de

féminins, véritables sources d’inspiration

vitalité et de complexité afin de mettre à l’honneur la créativité

forment la base de son visage . Le tout est

chinoise. Les caractères dans le fond ont été sélectionnés dans

dessiné par une ligne simple et continue, propre

différents journaux chinois. Mélangés, ces caractères pris pour euxmêmes ne signifient rien. Ils sont pure poésie plastique. La signature est écrite en caractère archaïque, celle que Cang Jie a inventée.

chaque étudiant a été amené à tout penser, à tout rendre signifiant : formes, signes, couleurs. Les étudiants français s’accordent à dire que le plus long et le plus laborieux dans cet exercice d’un mois furent la recherche documentaire (essentiellement effectuée à la BPI de Beaubourg et sur Internet) et le temps de la réflexion. La plupart d’entre eux ne connaissaient pas le personnage historique qu’ils ont choisi avant de se plonger dans la conception de l’affiche. Tous parlent du plaisir à rencontrer et découvrir la civilisation chinoise. De cet échange, il est assez amusant de remarquer que les Français n’ont pas failli à leur réputation d’amateurs d’histoire. Les étudiants ont privilégié des personnalités historiques de la Chine (empereurs, penseurs, écrivains). A l’inverse, 70   10.2001

Li Ting : Matisse est portraituré par les formes

à Matisse. N’oublions pas le foulard, nécessairement associé au peintre français du Sud !

les Chinois ont pris des personnages plus contemporains, issus d’une culture moins savante, plus populaire. Pour preuve : la présence nonnégligeable du monde de l’art, du sport, de la mode. Les étudiants chinois semblent avoir été plus irrespectueux vis-à-vis de nos icônes. Ils se sont permis un regard davantage chargé d’humour et d’interrogations. Les étudiants ne se sont pas contentés de représenter une personnalité, très souvent ils ont respecté la ligne graphique du pays. ■

1 Se reporter à la récente compagne lancée par Reporters sans frontières demandant de boycotter les JO de Pékin.


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i m a g e s

Apparitions Vitres embuées, silhouettes évanescentes, contours dilués : plus un être s’efface, mieux il nous hante. Un sentiment mortifère plane sur ces apparitions en noir et blanc. Les personnes n’ont ni ombres ni traits distincts. Les êtres s’absentent discrètement tout en étant frontalement présents. Ces portraits en pied sont des visions étranges et paradoxales. Toute la série expose des habitants de Lituanie, anonymes, non identifiables. Or, malgré le flou, chacun conserve sa propre personnalité. Les Lituaniens sont coupés de notre monde, notre œil est incapable de les discerner. Par ce jeu d’absence et de dévoilement, le regard est intrigué. Le questionnement sur le sens est libre. Constat politique ? Rappel de certains ghettos juifs ? Au-delà de l’histoire, quand le sujet (représenté) disparaît, la photographie vit de sa propre essence. Elle est. Belle, émouvante, tragique. Elle n’est plus qu’une empreinte artificielle d’êtres. Cette récente série, Présents et absents, est atypique dans le parcours de John Batho, commencé en 1963 et irrémédiablement associé à la couleur. Sa carrière photographique est enfin visible dans John Batho, une rétrospective, recueil publié aux éditions Marval.


i m a g e s

Paradis de formol Sombres et morbides, les machines infernales de Lars Henkel s’exercent à d’adorables petites séances de tortures ! Le dessinateur allemand les “croque” à coups de scalpel. Ses crayons, irréprochables, semblent aiguisés au cutter. Son livret, Paradis de formol, composé d’une cinquantaine de pages, paraîtra fin octobre à la Presse à Grumeaux. Cette association de sept illustrateurs d’Agen, d’Auch et de Toulouse édite leurs “absurdes créations” sous toutes les formes (cartes postales, livrets illustrés…) pour un prix très modique. Elle publie aussi le travail d’illustrateurs extérieurs, comme Lars Henkel et Isabelle Boinot, qui révèlent ce mois-ci leurs derniers recueils d’images démoniaques.

Freaks Imaginez H.R. Giger en train de se battre avec Léonard De Vinci, pendant que Terry Gillian les asperge de peinture et que Steve Kilby raconte la scène par écrit… Et vous comprendrez l’univers que je cherche à créer, s’amuse Marc Stricklin, qui pourrait tout aussi bien se sentir proche d’un David Lynch, dont il partage les couleurs terriennes, les atmosphères sombres et l’imaginaire peuplé de monstres. Illustrateur, directeur Pour être présent dans cette rubrique : etapes@pyramyd.fr

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i m a g e s

Féerie mécanique Le NewYorkais Éric Feng, alias Feric, joue au mécano. D'un amas de rouages et d'engrenages, il façonne tout un bestiaire hybride de rêve et d'horlogerie. Ses animaux en filaire sont les squelettes de pantins à la démarche aussi précaire que fascinante. Son premier court-métrage d'animation, Inside Out, donne sa pleine mesure à la féerie. Du fond des mers à celui des bois, toute la ménagerie s'ébat en couleur et en liberté. Poissons frétillants et loups en maraude roulent les mécaniques sur une musique de Danny Elfman (complice habituel de Tim Burton). Avant que la sonnerie du réveil ne mette fin au rêve, embarquez vite à bord de cette arche de Noé. http://www.feric.com

de création, Web designer et développeur, cet Américain de 35 ans qui rêve de passer à la réalisation cinématographique, mixe photographies, illustrations et travail sur Photoshop pour donner naissance à des images composites. A voir également le site qu’il a monté pour le groupe californien Doom Kounty Electric Chair, en ligne autour du 15 octobre.

Pour être présent dans cette rubrique : etapes@pyramyd.fr

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r e g a r d par lewis blackwell

Lewis Blackwell est viceprésident de la direction créative chez Getty Images, agence leader dans la création et la fourniture de contenu

Notre regard

visuel partout dans le monde. Il est également l’auteur de plusieurs

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ouvrages sur le design et la communication.


r e g a r d par lewis blackwell

Les terribles événements du 11 septembre nous ont amené des images fortes, marquantes. Des images qui serviront à définir notre époque. Même si nous ne sommes pas directement liés aux personnes impliquées dans cette tragédie, nous sommes néanmoins tous concernés. Ce drame a bouleversé nos vies nourries par les médias, et bouleversera peut-être la politique de nos États, affectera peut-être les lois de nos sociétés. Les conséquences de ces images entraîneront peut-être d’autres morts. Il n’est sans doute pas exagéré d’imaginer que nous chercherons toute notre vie à comprendre ces moments bouleversants, filmés comme au cinéma, voire à les apprécier davantage. Comme ce fut le cas pour les atrocités du XXe siècle, où la caméra servait déjà de témoin. Grâce au regard fixe et vide de cette lentille et de la pellicule derrière elle, le moment ne s’en va jamais. Mais le sens, lui, est plus difficile à saisir. Alors que l’on immortalise les moments atroces, l’événement se fractionne en de multiples perspectives, en de multiples interprétations. Ma notion d’horreur n’est pas la vôtre, et ailleurs quelqu’un se félicite peut-être. C’est arrivé. En tant qu’acteurs de la communication graphique, nous avons des leçons à tirer des messages contenus dans ces images, même sans tomber dans l’émotion excessive. Selon moi, la principale leçon à retenir est que, quelle que soit la force des photos, leur pouvoir de documentation et de communication (avec un sens surprenant de la précision) se trouve renversé par l’absence de toute mesure. Les images sont des témoins sans recul : elles sont amorales, et peuvent être aussi insensées ou sensées, aussi positives ou négatives, que les circonstances qui les entourent.

Il ne s’agit absolument pas de discréditer l’engagement ni la sensibilité de ceux qui risquent leur vie pour prendre ces photos. Quelques-uns de mes collègues se trouvaient là-bas – parmi les photos de couvertures du mercredi 12 septembre, nombreuses sont celles qui furent fournies par l’agence Getty Images, grâce aux efforts de nos photographes, et au fait que nos bureaux de New York ne se trouvaient qu’à quelques pâtés de maisons du World Trade Center. On pouvait entendre l’avion, voir l’explosion, suivre le déroulement du désastre. Mais une fois ces images passées, après le contexte immédiat de la couverture à sensation, l’image se fige dans notre conscience comme une illustration, mais l’horreur se retire. Exactement comme ce fut le cas pour les images des camps de concentration, ou de l’explosion de la navette spatiale Challenger… La vérité des images est comme celle d’un mot ou deux… une vérité qui change selon le contexte. Si l’on place l’image, le mot, dans un nouveau contexte ou une autre phrase, il prendra un sens différent. C’est ce qui arrive au mot le plus puissant et aux images les plus terribles et les plus fortes. Ainsi en est-il des images et des séquences des avions s’écrasant sur les tours du World Trade Center et de l’effondrement de celles-ci. Nous regardons la collision avec un effroi évident face à une telle action, et pourtant l’expérience visuelle des films catastrophe et des jeux vidéo est proche dans un coin de notre esprit. C’est aussi dans ce contexte-là que nous voyions ces immeubles. Et c’était tellement différent. Il fut un temps où les tours symbolisaient une destination - New York ! New York ! criaient-elles, célébrant le culot de Manhattan

et l’aspect “grandiose” du rêve américain. Jusqu’au 11 septembre, cette image signifiait aussi économie mondiale, ambition, espoir, voyages d’affaires. J’ai remarqué ce changement de signification de l’image quand, le lendemain de la tragédie, j’ai retiré deux images d’une de nos collections, parce qu’elles ont maintenant une tout autre portée que ce qui était recherché. Alors qu’un jour elles avaient représenté des affaires ou des voyages positifs, elles véhiculent à présent des messages confus voire pis. Les messages, positifs à une époque, ne l’étaient plus. La première était une photo très réussie des tours jumelles vues d’en bas, un avion passant tout près dans le ciel. Avant, cela symbolisait l’ambition, aujourd’hui, cela suggère un quelconque commentaire sur la tragédie. La seconde représentait une tour se penchant sur l’autre… un photomontage pour une plaisanterie architecturale qui est de bien mauvais goût dorénavant. Les deux ont dès lors une acception très éloignée de leur intention d’origine. Nous les avons retirées, de la même manière que ces stations de radio américaines ont retiré tant de chansons ordinairement innocentes, faisant allusion à des avions, des tours, etc.  Il est important de distinguer cette action de la censure – nous préférons mettre l’accent sur la sincérité et la clarté de notre propos, plutôt que de laisser nos œuvres ou celles de nos photographes être déformées par les événements. Ma conclusion est habituelle – que les images les plus excellentes sont, en fin de compte, très manipulatrices, et peuvent être trompeuses. Nous avons besoin de ces images, elles sont extrêmement précieuses, mais nous devons rester vigilants sur leur contexte. Que ce soit un extrait de reportage photo ou un élément fabriqué pour une publicité, les images fonctionnent parce qu’elles vont au-delà de notre surface rationnelle, et font rapidement appel à notre côté émotionnel. Ce n’est pas seulement efficace, mais dangereux. Les images donnent l’illusion d’être contenues dans leur cadre, mais elles n’ont de sens que pour ce qui existe autour et en-dehors du cadre. Les images ne véhiculent aucune valeur, elles prennent celles de leur environnement. A regarder et manipuler avec précaution. A l’heure actuelle, on aimerait encourager des réactions moins incontrôlées, et davantage de raison à travers le monde. ■

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l é g i s l a t i o n par isabelle durand avocat au barreau de paris

L’auteur

un homme qui a des droits !

Le Juge français est traditionnellement hostile à l’élargissement des exceptions prévues par le code de la propriété intellectuelle pour permettre librement l’utilisation des créations d’autrui (article L. 122-5 du CPI). De nombreuses tentatives ont pourtant été faites pour étendre ces exceptions.

Références : Cour d’appel de Paris, 4e Chambre A (Revue Dalloz 2 001, N°30, page 2504)

On a tenté de faire “entrer l’image” dans l’exception de courte citation pourtant uniquement autorisée pour les écrits, ou de façon plus originale d’invoquer l’article 10 de la Convent io n e u ro p é e n n e des droits de l’homme qui consacre le droit à l’information du public, pour justifier la reproduction d’œuvres au cours d’un journal télévisé sans autorisation des ayants droit de l’auteur. Le tribunal de grande instance de Paris s’était laissé séduire par cette dernière argumentation et avait jugé que France Télévision pouvait se fonder sur le droit de l’information prévue par la Convention européenne des droits de l’homme pour se dispenser de l’autorisation préalable de l’héritier du peintre Utrillo, et diffuser un reportage consacré à une exposition de ce peintre au musée de Lodève. La cour d’appel de Paris n’a pas partagé cette analyse et a réaffirmé la liberté de l’auteur d’autoriser ou non la reproduction de ses œuvres. C’est en se fondant sur ce même texte que la Cour a rappelé que l’exercice

du droit de l’information s’accompagnait d’obligations également énoncées par l’article 10 de la Convention en ces termes “l’exercice de ces libertés comportant des devoirs et des responsabilités peut être soumis à certaines formalités, conditions, restrictions ou sanctions, prévues par la loi, qui constituent des mesures nécessaires dans une société démocratique à… la défense des droits d’autrui…”. En bref, l’exercice du droit de l’information ne justifie pas de passer outre la loi et les droits d’autrui dont ceux des auteurs. La Cour conclut qu’il “appartenait à la société France 2 de solliciter l’autorisation de représenter les œuvres du peintre auprès des ayants droit de celui-ci préalablement à la réalisation et à la diffusion du reportage”. En effet, le raisonnement de France Télévision, s’il était suivi, serait la porte ouverte à tous les abus car pourquoi payer son journal, un livre, ou toute autre source d’information si l’on peut justifier leur vol par la Convention européenne des droits de l’homme ? Un texte récent du Parlement européen, la Directive sur l’harmonisation de certains aspects du droit d’auteur et des droits voisins dans la société de l’information, en date du 22 mai 2001 contient pourtant les germes d’un notable assouplissement des règles de reproduction des œuvres.

En effet, l’article 5 de ce texte offre la possibilité de reproduire librement une œuvre quand la reproduction est faite à des fins scientifiques et d’enseignement et à des fins d’illustra-tion ou quand le but poursuivi est l’information. On sort donc du champ étroit de la courte citation écrite du droit français et de l’exigence d’une autorisation préalable de reproduction si l’on est en-dehors des exceptions légales. Il reste cependant à bien définir la notion d’information et surtout à déterminer si le législateur français va reproduire ces exceptions dans le texte de loi qui va résulter de la transcription de ce texte européen (la transcription est l’intégration de la directive à notre loi nationale), ou s’il va les exclure comme le texte européen l’y autorise. L’enjeu est très important et cette transcription qui doit intervenir au plus tard le 22 décembre 2002 va certainement constituer un tournant important dans l’évolution des droits d’auteur en France. Pour l’instant, les magistrats français nous ont rassurés en réaffirmant que l’auteur était un Homme comme les autres et que ses droits ne devaient pas être sacrifiés sur l’autel du droit de l’information dont on découvre chaque jour avec ravissement ce qu’il signifie pour bon nombre de médias… Entre PPD et Utrillo, mon cœur ne balance pas… ■

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li v r es

Le livre du mois

Titre : La couleur pour les sites Web : mode d’emploi Auteur : Molly E. Holzschlag Éditeur : Pyramyd Format : 29 cm x 22 cm Dos carré collé 150 pages Français Illustrations en couleur Prix public TTC : 44,50  - 292 F Pris en main par les graphistes, Internet ne peut pas laisser au hasard un élément aussi important que la couleur. Les pièges sont nombreux avant d’arriver à la teinte juste. Entre Windows et Mac, d’un écran à un autre, l’affichage des couleurs varie. Le Web international se heurte aussi aux frontières des idées et des interprétations. On découvre dans ce livre que le bleu est la couleur la plus sûre pour un usage mondial alors qu’en traversant l’Atlantique la symbolique du violet s’inverse. Autorité dans le monde du Web, Molly E. Holzschlag partage avec le lecteur son expérience dans la conception graphique de sites. Sans écarter la complexité technique, ses préoccupations sont essentiellement esthétiques et pratiques. Montrant dans quel contexte et de quelle façon les couleurs sont présentes sur le Web, Molly Holzschlag ne s’adresse pas uniquement aux webdesigners, mais à tous ceux qui portent leurs yeux sur un écran. L’intérêt de ces pages dépasse d’ailleurs le cadre du Net. L’auteur aborde autant la question de la création que celle de la réception et parle de la couleur comme l’on évoquerait un souvenir d’enfance. Sur un ton convivial plutôt que doctoral, son discours aiguise notre regard et nos exigences en matière d’image, de couleur et de Web.

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Couleurs :


En ligne !

Titre : Epica Book 14 Europe’s Best Advertising Éditeur : Andrews Rawlins Format : 23 cm x 30,5 cm Dos relié, collé 384 pages Illustration en couleur Anglais Prix : 84,30  - 553 F L’Epica d’or est un trophée qui cou-

ronne depuis quatorze ans les meilleures campagnes publicitaires européennes. Cette année, il a été décerné à l’agence hollandaise 180 communications pour son film, Adidas makes you better. Ce livre compile plus de 300 travaux sélectionnés qui, pour la plupart, jouent sur la provocation ou l’humour. Ils sont classés selon dix thèmes (nourriture, santé, maison…). L’Europe – représentée par 38 pays – se dévoile à travers ses affiches et ses films publicitaires. Si, dans ce recueil, le dépaysement est garanti, il n’est jamais angoissant : quelle que soit la langue, l’image parle d’elle-même. Les codes visuels sont devenus internationaux, même s’ils s’adaptent au pays ciblé. En tous les cas, la plupart de ces créations sont mémorables.

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Le livre du mois

Titre : T.S.V.P. - Nouvelles perspectives graphiques Auteur : Emily King Graphisme : Christian Küsters Éditeur : Thames & Hudson Dos carré collé 176 pages Illustrations couleur Français Prix : 29,95  - 196,47 F

Titre : New Models for Growth and Profitability Editeur : Stora Enso Graphisme : Cahan and associates Format : 9 cm x 11,5 cm Dos relié, collé 544 pages Illustration couleur Anglais Prix : 14,48  - 95 F

Avec une introduction qui revient sur cinquante années d’histoire du graphisme, T.S.V.P. permet d’envisager son sujet sous un angle intéressant car très critique. Il apparaît que les graphistes ont subi, parfois volontairement, le jusqu’au-boutisme de systèmes pas toujours constructifs. A l’inverse, T.S.V.P. s’intéresse à la création sortie de son cadre habituel pour expérimenter en toute liberté. Qu’il s’agisse de mettre du graphisme là où il n’y en a pas ou d’y insérer ce qui en était exclu, les designers présents dans ces pages ouvrent et découvrent de nouveaux horizons. La première perspective graphique de ce livre est sa mise en page. Du texte à l’image, le sens de lecture est giratoire : T.S.V.P. Le commentaire et son sujet gardent leur indépendance et renseignent sur l’esprit du projet. Les productions déjà existantes de Maeda, Tomato ou M/M n’ont pas suffi aux auteurs. A leur demande, les studios les plus créatifs du moment ont conçu spécialement pour le livre des réalisations sur le thème. Bonne nouvelle, la sortie en français coïncide avec sa sortie internationale en anglais.

Ce livre d’images tient dans la main et se feuillette avec réjouissance. A la fin, grâce aux légendes, on découvre qu’il traite des rapports annuels! Il en parodie les idées essentielles, les détourne, les développe en 22 thèmes (l’éphémère, la peur, la valeur, etc.). Chaque chapitre est identifié par un logo, exprimé par une expression graphique spécifique : une série de travaux photographiques ou d’illustrations. L’agence de San Francisco, Cahan and Associates, spécialiste des rapports annuels décalés et inventifs, se livre ici à un exercice de style, à un travail graphique particulièrement réussi. Parmi les divers créatifs réunis à l’occasion, il faut remarquer la contribution de Bob Dinetz et de Mark Giglio.

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Titre : Poster Annual 2001 Auteur : B. Martin Pedersen Éditeur : Graphis Format : 31 cm x 22 cm Dos carré relié 250 pages Anglais Illustrations couleur Prix public TTC : 51,83  - 339,98 F

Titre : Touch Graphics, The Power of Tactile Design Auteurs : Rita Street et Ferdinand Lewis Éditeur : Gingko Dos carré relié 190 pages Illustrations couleur Anglais Prix : 73  - 480 F

Noir et argent, les couvertures de la collection “Graphis” nous rassurent sur la qualité des ouvrages qui la composent. Poster Annual 2001 confirme la règle en proposant près de 400 des meilleures affiches de l’année précédente. Alliée à l’académisme des images, la sobriété de leur présentation inscrit cette sélection parmi les classiques du genre. Publicitaires ou culturelles, toutes bénéficient d’une réalisation soignée. Les styles et les tons sont nombreux et évitent la monotonie. Le changement de siècle a inspiré aux affichistes un retour réussi sur les styles passés : 1900, art déco ou constructivisme. Faute d’audace et d’avant-garde, ce panorama international clôt le xxe siècle sans entamer le xxie.

En plus des formes et des couleurs, le graphisme peut aussi tirer parti des textures et des volumes. Les créations que présente Touch Graphics explorent les ressources du pliage, misent sur des matériaux propres à réveiller le toucher de ceux qui les manipulent. Caoutchouc, carton ou textile, ces matériaux sont le point de départ d’un graphisme à voir du bout des doigts. Les différents chapitres montrent l’intérêt de ce graphisme tactile pour annoncer un événement, lancer une campagne publicitaire ou donner corps à une identité. Avec Touch Graphics, la création prend du relief, les travaux sélectionnés sont récents et une section consacrée au toucher dans l’image de synthèse (l’haptic) évoque l’avenir.

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ma n i f e s tati o n s

Du 3 au 14 octobre 2001

Cité, nature : les interdits La biennale d’art contemporain d’Issyles-Moulineaux, créée en 1996, s’est donné pour but de développer les échanges et les métissages culturels. Cette année, elle a choisi de mettre les designers et les architectes à l’honneur. Pour cause, la ville en pleine mutation sera complètement transformée à leurs investigations dans les prochaines années. Sont en cours de construction la fondation d’art contemporain par Jean Hamon, l’usine d’incinération par Marc Landowski, le siège social et la maison de Philippe Stark, le siège de l’agence publicitaire BBDO par Jean Nouvel. A la biennale, tous les artistes invités présenteront des créations originales. www.issy.com/biennale

Du 15 octobre à fin mars 2002

concours

Plus de 27 000 visiteurs sont attendus à ce salon des technologies de l’image et du son. Le groupe Pyramyd et étapes : seront présents sur le stand A35. Hall 3, Paris expo, Porte de Versailles http://satis.reed-oip.fr

Les 19, 20 et 21 octobre 2001

Festival BD

Du 24 au 27 octobre 2001

Packaging des produits de luxe

Luxe Pack présente la 14e édition de son salon consacré aux dernières collections des packagings de luxe. Il est le rendez-vous des créatifs et des commerciaux. La nouveauté 2001 est l’instauration de quatre nouveaux espaces intitulés : luxe discret, luxe ostentatoire, luxe naturel, luxe transgressif. En parallèle, se tiendra le salon des fournisseurs d’accessoires et de composants pour la fabrication de produits cosmétiques de luxe. Monaco, Grimaldi forum Tél. : 377 97 77 85 60 www.idice.mc

Le salon de la BD à Chambéry fête ses 25 ans. Deux invités d’honneur, Tarquin et Claude Guth, auront le prestige de présider cette manifestation. Beaucoup d’auteurs viendront dédicacer leurs ouvrages. Cette année, deux expositions seront proposées, l’une retracera le travail de René Hausman, l’autre ira, à travers 40 panneaux, à la piste des éléphants dans l’iconographie BD. Les jeunes talents ont leur propre espace et pourront se faire connaître. Un concours de dessin est organisé sous le patronage de Disney. www.chamberybd.com

Les 24, 25, 26 octobre 2001

Les rencontres de l’Orme

Text-e La BPI héberge sur son site Internet un colloque virtuel portant sur le développement des nouvelles technologies de l’information et de la communication ainsi que sur les changements qu’elles entraînent. La question est posée : “Écrans et réseaux, vers une transformation du rapport à l’écran ?”. Dix thèmes au total seront abordés par des chercheurs théoriciens et des praticiens des nouvelles technologies. Tous les 15 jours, un texte sera mis en ligne. Autour de celui-ci, une quarantaine de personnalités reconnues sont invitées à discuter afin d’enrichir le débat. Des organisateurs animeront le tout. Le public pourra suivre le tout à distance, confortablement installé.

Abbaye royale de Fontevraud, Tél. : 02 41 51 73 52 www.abbaye-fontevraud.asso.fr

Du 25 au 27 octobre 2001

Le virtuel et la pierre Comment la révolution numérique peut-elle contribuer à préserver, restaurer, reconstituer notre patrimoine ? Un colloque international se penchera sur cette question et traitera des relations entre patrimoine et multimédia, des enjeux et des perspectives des images de synthèse, de l’apport des sons et lumières et du parcours multimédia… Cinq ateliers sont proposés aux participants : les monuments virtuels, la réinvention de la visite, les nouveaux supports, le patrimoine en ligne. Le dernier atelier laissera la parole aux artistes.

Marseille accueille l’Observatoire des ressources multimédias en éducations. Cette septième édition est consacrée à une thématique, particulièrement pédagogique : Savoir-medias et nouvelles médi@tions. Chaque journée est placée sous une dominante autour de laquelle se dérouleront débats, rencontres, tables rondes. La première journée traitera de l’éducation artistique et culturelle, notamment à travers le plan pour les arts et la culture, présenté récemment au ministre de l’Éducation. Des créations ludiques, interactives, œuvres d’élèves, de chercheurs et d’artistes seront exposées à cette occasion. www.orme-multimedia.org

Jusqu’au 25 octobre 2001

Museumsinseln Le pari est de taille mais, pour qui le gagnera, la reconnaissance est assurée. Si l’île de Musées de Berlin est une véritable île aux trésors, déambuler parmi les cinq musées gris en restauration est loin d’être une balade agréable. Protégée par l’Unesco comme patrimoine mondial, l’île aux musées est actuellement en pleine restructuration. L’office fédéral de construction et de l’aménagement du territoire organise un concours de Design pour une identité visuelle et un système de signalisation et d’information. L’identité visuelle doit être forte, elle s’expatriera comme attrait touristique dans le monde entier. La signalisation doit opérer aussi bien dans le système urbain que dans les musées. Pour tout renseignement : http://ted.EUR-OP.EU.INT philipp.dittrich@bbr.bund.de

Jusqu’au 31 octobre 2001

Plastics Design competition “Jouer grave, mais en toute sécurité”, tel est le sujet 2001 sur lequel plancheront les candidats intéressés. Leur projet plastique doit être la glorification du matériau plastique qui, de par ses qualités et ses multiples applications, est très apprécié par les designers. L’objet proposé doit être un jeu, particulièrement amusant et sécurisant. Les critères de sélection sont : l’innovation, la contribution au développement durable, la fonctionnalité, la faisabilité, la présentation du projet, l’utilisation des plastiques. Attention, les inscriptions seront closes le 31 octobre, mais le projet doit être remis le 31 mars. www.apme.org

www.bpi.fr

Du 23 au 25 octobre 2001

SATIS Premier salon français des solutions, produits et services dans les domaines du son, de l’image et de la lumière pour le cinéma, la télévision, la radio et l’audio professionnel, le Satis officie depuis 1982. Cette année, trois nouveautés seront inaugurées : les espaces Cinéma, Édition-Presse, et le Pavillon britannique dédié aux entreprises anglaises. A retenir dans le programme des conférences les deux thèmes suivants : le cinéma numérique en salle, l’acoustique des salles et des petits studios. L’espace e-cast créé l’an passé prendra encore plus d’envergure.

Le 25 octobre 2001

Conférence de Paul Kahn Depuis les années quatre-vingt, Paul Kahn se captive pour la navigation à l’intérieur des sites Web, il l’étudie à travers cinq aspects : l’analyse, la planification, l’organisation, la visualisation et le design. Lors de cette conférence, il livrera conseils, résultats et méthodologie afin d’aider les professionnels à rendre leurs sites plus opérationnels et faciliter l’utilisation des visiteurs. Par ailleurs, Paul Kahn, en compagnie de Krysztof Lenk, vient de publier Architectures de sites Web, aux éditions Pyramyd ntcv. Palais des congrès. Porte de Maillot, Paris. De 17 h 30 à 20 h. Renseignements et inscriptions : 01 40 26 01 32.

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e x p o s iti o n s

Jusqu’au 31 octobre 2001

Jusqu’au 28 octobre 2001

IdN decade Design Awards

Design japonais

Le magazine de Hong-Kong IdN (International designers Networks) annonce son concours. Différentes disciplines sont proposées dans les deux catégories : graphique design (affiches, logo, identité visuelle, etc.) et le graphisme dans les vidéos (télé commerciale ou l’animation, la production vidéo). L’inscription à la compétition est payante. Elle peut être individuelle ou collective, une sélection est spécialement réservée aux étudiants. Étant donné la qualité du magazine IdN, cette compétition graphique, à coup sûr, révélera des jeunes talents et confirmera la réussite de certaines créations.

Le VIA (Valorisation de l’innovation

Pour plus d’informations et télécharger le dossier : www.idnworld.com.

Jusqu’au 8 novembre 2001

Numer 02 Praticiens et théoriciens de design interactif sont invités à soumettre leur proposition pour la seconde édition de Numer 02. Trois thèmes ont été définis, ils devront être traités sous forme écrite et-ou par des réalisations multimédia. Chaque projet sélectionné sera présenté pendant 45 minutes lors des prochaines rencontres internationales du design interactif. Elles se dérouleront du 19 au 21 avril 2002 au centre Georges Pompidou.

Festival Virus

dans l’ameublement) ouvre son espace aux jeunes designers japonais. Quelle est la particularité de cette nouvelle génération de designers ? A la vue des objets, se dégagent une ligne et des formes dépouillées où transparence, matières lisses sont de mise. Cette tentative de caractérisation est assez limitée face à l’internationalisation évidente des influences et de la créativité. Cependant, la qualité des objets présentés est indéniable. Un colloque sur le design japonais est organisé par le centre Georges Pompidou le jeudi 27 septembre. VIA 29-35, av. Daumesnil, Paris 12e. www.via. asso.fr

Du 11 octobre au 20 décembre 2001

Nan Goldin Une chance inopinée que cette présentation de plus de 320 de ses photogra-

Jusqu’au 21 janvier 2001

Concours Imagineering

www.dupont-imagineering.com

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Du 3 au 17 novembre 2001

Artekno est un collectif qui promeut les arts technologiques : la musique électronique, le graphisme, les instal-

http://www.numer.org/02/docs/formulaire.doc

Pour la sixième fois, DuPont de Nemours propose un concours pour les étudiants ou les ingénieurs diplômés depuis 1998 d’Europe, du Moyen-Orient et d’Afrique. Le sujet proposé cette année est “détente et loisirs en toute sécurité”. Les critères de sélection sont l’originalité du produit et des matières ainsi que la capacité de production industrielle en série. Le produit présenté devra nécessairement être composé de polymères techniques moulés par injection, la marque de fabrication de DuPont. Le prix est de 5 000 euros pour le gagnant national.

Centre Georges Pompidou, Paris 3 e .

phies ! Deux cents sont inédites, parmi elles, l’œuvre Heart Beat sponsorisée par le centre Pompidou, qui sera accompagnée d’une musique créée par la chanteuse Björk. La photographe la plus renommée des États-Unis œuvre depuis plus de trente ans. Sa cible photographique ? Les êtres humains (artistes, travestis, amants), ses amis surtout. Dans les années soixantedix, la jeune artiste les photographie en gros plan dans leur intimité, leur nudité, leur ébriété, sous l’emprise de drogues. A travers ses clichés, ses différentes familles successives, les drag queens, punk, les personnes atteintes du sida…, Nan Goldin (née en 1953) se révèle. Son œuvre déstabilisante, proche de l’autobiographie, fait déjà partie de l’histoire de la photographie.

lations vidéo, le multimédia… Il organise un festival d’art contemporain qui se propagera dans une trentaine de lieux parisiens (galeries, bars, espaces culturels). Cinquante-six artistes contamineront la ville par leurs œuvres, performances ou spectacles de rues. Ils ont été invités à créer une œuvre portant sur le thème du “virus”. Artekno organise une journée de rencontres et de débats le samedi 10 novembre à la bibliothèque Buffon autour de la question : “Existe-t-il des formes de virus positives ?”. www.artekno.com

Jusqu’au 10 novembre 2001

Graphisme(s) La Bibliothèque nationale de France expose un vaste panorama de créations graphiques contemporaines. Elle a sollicité deux cents graphistes reconnus internationalement à présenter certaines de leurs œuvres créées entre 1997 et 2001. L’affiche est très largement représentée. Vient ensuite tout l’éventail de la production des graphistes : l’élaboration d’une identité visuelle, la conception d’un livre, d’une brochure, d’un cédérom, la création de pochettes de disques et CD. Bibliothèque nationale de France, déambulatoire est, Paris, 13 e . www.bnf.fr

Jusqu’au 11 novembre 2001

Ambiance Magasin Le temps d’une exposition, les frontières entre les arts plastiques, le

stylisme, l’architecture, le design s’estompent. Des objets sont disséminés partout, sur le sol, au plafond, au mur. Des vêtements, revêtements, mobiliers, objets utiles ou abscons confrontent le visiteur à une atmosphère de grande surface, où il n’y a rien à vendre, mais tout à copier, à envier, à inventer. La centaine d’œuvres exposées présente les travaux des déjà célèbres, Philippe Ramette, Natacha Lesueur, Liam Gillick, Tony Cragg, Martine Aballéa et d’une cinquantaine d’autres. Ce désordre créatif mérite une visite. Abbaye Saint-André, Centre d’art contemporain. BP 26 19250 Meymac. Tél. : 05 55 95 23 30.

Jusqu’au 17 novembre 2001

Féeries japonaises Nakashima Kiyoshi (né en 1943) illustre essentiellement des livres pour

enfants. Dessinateur hors pair, sa ligne est fluide, légère, aérienne. Dans ses paysages, les êtres flottent dans l’espace, le vide domine, les horizons sont invisibles. Ses personnages ont une présence onirique, celle des êtres des contes de fées, omniprésents (dans nos têtes) et chimériques. Ses paysages d’un autre temps ont la douceur de la nostalgie, l’innocence du paradis perdu. Fin lettré, Nakashima Kiyoshi a illustré de nombreux textes japonais. A travers ses images, le voyage au pays du soleil levant commence. Mitsukohi-Étoile Espace des arts. 3, rue de Tilsitt. Paris 8 e . Tél. : 01 44 09 11 11.

Jusqu’au 30 novembre 2001

Objets d’arts ? Partant de la notion de design, étroitement associée à l’industrialisation des objets, cette exposition s’interroge sur le statut des objets designés. Les chaises sont-elles des objets d’art à part entière ? A travers la collection d’objets du musée d’art moderne de


Saint-Étienne Métropole, c’est toute l’histoire de design qui est retracée en condensé. A retenir, un panorama de l’évolution de la chaise et du fauteuil. On peut voir : un fauteuil d’Aalto, le confortable fauteuil Feltri, de Gaetano Pesce créé en 1987 (ci-dessus), les chaises de Pierre Jeanneret, Le Corbusier, Mies Van Der Rohe… Château de Villeneuve, art contemporain 06140 Vence. Tél. : 04 93 58 15 78.

Jusqu’au 30 novembre 2001

Fan de femmes

dans ce parcours. Après la guerre, l’établissement d’un gouvernement communiste isole le pays, la création se construit loin de toutes influences américaine et européenne. Pour terminer le parcours : les gravures de six artistes contemporains. En tout, sont exposées trois cents estampes, toutes issues des collections des musées nationaux de Cracovie et Varsovie et de collections privées. Centre de la gravure et de l’image imprimée de la communauté. La Louvière. Bruxelles. Tél. : 064 27 87 22.

Du 19 octobre au 19 novembre 2001

bloc notes 100

Le nouveau salon des Cent

Le premier volet de la trilogie d’expositions “Femmes… Femmes” traite de l’évolution de la Femme dans les affiches publicitaires de la fin du xixe siècle jusqu’à nos jours. Évolution ? De femme fatale à séductrice, de femme ménagère à mère accomplie, la femme est source de revenus. L’image de la femme vend. Les personnages féminins ont même laissé des noms Mamie Nova, la mère Denis, certains affichistes ont conçu des personnages féminins, par exemple, les Parisiennes de Kiraz, “Marianne” de Lefor-Openo, etc.

Toulouse-Lautrec est mort le 9 septembre 1901, il y a 100 ans. Pour marquer cet événement, le club des partenaires du musée Toulouse-Lautrec, sous l’impulsion et la générosité de l’imprimeur Michel Escourbiac, a décidé de rendre un hommage au père de l’affiche. Cent graphistes, internationalement renommés, ont été invités par Anthon Beeke à réaliser une affiche. Elles seront toutes offertes au musée Toulouse-Lautrec à Albi. L’exposition circulera dans différentes capitales. Centre Georges Pompidou, Niveau sous-sol, Paris, 3e .

Jusqu’au 7 janvier 2002

Espace américain Puriste, précis, Alain Balmayer privilégie dans ses photographies les droites qui cadrent, délimitent, encerclent. Il

Centre de l’affiche. Mairie de Toulouse. Tél. : 05 61 59 24 64.

Jusqu’au 16 décembre 2001

L’estampe polonaise 1900-2000 La Belle Époque, l’art nouveau puis les avant-gardes à travers trois groupes Formisci, Bunt et Ryt, dont ce

dernier est réputé pour ses nombreuses gravures sur bois : c’est toute l’histoire de l’art polonais qui défile. L’affiche politique est très présente

aime la profondeur de champ, les tirages nuancés sur papier brillant. Né à Millau en 1930, le photographe s’installe à Paris fin des années soixante. En 1984, il découvre les États-Unis, les grands espaces de Californie, du Texas, du New Jersey. Ses paysages en noir et blanc sont silencieusement tristes. L’homme moderne omniprésent par les traces techniques qu’il laisse dans ces no man’s land s’est éclipsé. Musée national de Coopération franco-américaine 02300 Blérancourt.

Contactez Laurent Robic : Tél. : 01 40 26 02 65 lrobic@pyramyd.fr


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