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s o m m a i r e juillet/août 1999

édito r ial

Rendez-vous 2000

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c r é at i o n

L’actualité graphique

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Packagings, logos, pubs… arborescence

Le bénéfice de la contrainte

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curiosité

Internet B.A.BA

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technews

L’actualité des technologies

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présence

Daniel Kapelian

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22 Graphisme, mise en pages, logo, illustration, photo, tour d’horizon de travaux d’étudiants, de l’enseignement public et privé.

shérif interactif

spécial étudiants

Brut d’écoles

images

Friture

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l é g i s l at i o n

Une fois n’est pas coutume

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réactions

Vacances de signes

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Le design graphique

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avec le concours des enseignants suivants : Ruedi Baur, Michel Bouvet, Pierre Dusser, Peter Knapp, Denis Lebool, Alain Le Quernec, Jean-Claude Paillasson, Michel Palix, Gilbert Zalc et Paul Weber

un véritable rôle en France ? livres

Les dernières nouveautés

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de l’édition graphique expos-concours

Affiches de foires

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Le carnet d’adresses

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Offres d’emploi

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La page des professionnels

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index

E m ploi

répe rtoi r e

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Michel Chanaud Patrick Morin

15, rue de turbigo 75002 paris Tél. : 33 – 01 40 26 00 99 Fax : 33 – 01 40 26 07 03 Directeur de la publication Michel Chanaud (mchanaud@pyramyd.fr) Rédacteur en chef Patrick Morin (pmorin@pyramyd.fr) Édition-Maquette Émilie Greenberg, Laurent Gaudart, Alice Andersen Création graphique et maquette © PYRAMYD Création, Livres, Expos, Images… Guillaume Frauly (gf@pyramyd.fr) Léonor de Bailliencourt (ldb@pyramyd.fr) Ont participé à ce numéro Ulf Andersen, Marc Borgers, Solange Deloison, Isabelle Durand, Marie-Pierre Guiard, Philippe Quinton, Dominique Monrocq (dmonrocq@hotmail.com), Laurent Sauerwein (73364.2063@compuserve. com). Publicité au journal Nadia Zanoun 33 – 01 40 26 03 51 Abonnements 33 – 01 40 26 02 36 Prix pour 10 numéros : 680 FF France 850 FF CEE, DOM TOM - 980 FF autres pays Imprimé par Imprimerie Saint-Paul • Versailles sur BVS Plus mat satin TCF 135 g/m2 couverture : Job Parilux brillant S 250 g/m2 Une production Scheufelen Étapes graphiques est éditée par Pyramyd ntcv. Société Anonyme au capital de 500 000 F dont les principaux actionnaires sont Michel Chanaud & Patrick Morin. 15, rue de Turbigo, 75002 PARIS Tél. : 01 40 26 00 99 R.C.S. Paris B 351 996 509 N° de commission paritaire : 75280 Dépôt légal à parution – ISSN 1254-7298 Cette publication peut être utilisée dans le cadre de la formation permanente.

Le coupon d’abonnement est en pages 61/62 proFessioNNelle

“Toute reproduction ou représentation intégrale ou partielle, par quelque procédé que ce soit, des pages ou images publiées dans la présente publication, faite sans l’autorisation écrite de l’éditeur est illicite et constitue une contrefaçon”. (Loi du 11 mars 1957, art 40 et 41 et Code pénal art 425) • Le magazine n’est pas responsable des textes, photos, illustrations qui lui sont adressés • L’éditeur s’autorise à refuser toute insertion qui semblerait contraire aux intérêts moraux ou matériels de la publication. Toutes les marques citées dans “étapes graphiques” sont des marques déposées ainsi que le logo Étapes graphiques et sa marque .

ulf andersen

É d i t o r i a l

Roulez jeunesse ! Avec la fin de l’année scolaire, ce numéro d’été, pour la première fois entièrement consacré aux travaux d’étudiants, renforce ce que nous avons amorcé sur les démarches pédagogiques dans de nombreux numéros. Pour que cet essai s’affirme, il devra être plus fortement relayé par les écoles, les enseignants et les étudiants eux-mêmes. Quelques chiffres. Nous avons, début avril, contacté quatre-vingts écoles publiques et privées de niveau bac+3 minimum. Deux responsables (direction, responsable communication, profs, etc.) ont été informés par fax. Sur ces quatre-vingts écoles, plus de la moitié ont été relancées plusieurs fois par téléphone, courant mai. Au final, seule une vingtaine a répondu et, selon certains étudiants, l’information leur serait parvenue extrêmement tard, ce qui revient à dire trop tard. Certes la fin de l’année scolaire est synonyme d’examen. Certes l’habitude n’existe pas encore de transmettre à Étapes Graphiques son diplôme de fin d’études. Certes les journées portes ouvertes avec présentation des diplômes ont lieu quand le journal boucle. Mais toutes ces plus ou moins bonnes raisons, et sûrement d’autres encore, n’expliquent pas l’absence de certaines écoles dans ce numéro, la rareté d’authentiques projets de diplômes et dans trop de cas le manque de communication entre les structures scolaires et les étudiants. Encore une fois il est très difficile pour Étapes, magazine mensuel, de se rendre sur le terrain de l’enseignement du design graphique français. Or, sans relais, ce numéro thémathique que nous souhaitons annuel ne pourra pas évoluer. Soyons optimistes, tirons les leçons utiles et préparons d’ores et déjà le numéro de l’an 2000 qui présentera les meilleurs diplômes de ce début de siècle. Il devrait, si tout le monde est à l’heure, de nouveau paraître en été (à la rentrée les jeunes diplômés ne sont plus guère joignables). Les étudiants sont la richesse graphique de demain et les études sont le seul lieu où il est possible de s’exprimer en assumant encore sa liberté, de vie comme d’expression. Alors encourageons cet état de fait. A Londres, au Business Design Center aura lieu, du 8 au 11 juillet pour les produits et du 15 au 18 pour le graphisme, une expo de 4 000 jeunes diplômés d’une centaine d’écoles. Nous en sommes encore loin. Pourtant, ce n’est pas parce qu’on est champion du monde de foot qu’on est nul en design, loin de là… Bonnes vacances ! ■ 7/8.99

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Un clip entièrement constitué de caractères, près d’une centaine de typographies, pour certaines animées : voilà qui laisse rêveur. Cette histoire est née de l’imagination d’Antoine Bardou Jacquet, graphiste-typographe et cofondateur de l’agence H5 (EG 42). Elle raconte comment une femme enceinte, son mari et un chauffeur de taxi traversent en urgence New York pour qu’elle puisse accoucher à l’hôpital. La société de production Le Village, qui a pour client le label Solid, a fait appel à la société de postproduction Duran pour réaliser ce clip. Cette dernière a mis trois graphistes sur le coup, Christine Gatto, Sylvain Pellodi et Fabien Bonali, sous la direction de Jacquemin Piel. Ces derniers n’ont bénéficié que de trois semaines pour rendre leur copie… de trois minutes. Leur mission : écrire un storyboard, l’adapter à la musique d’Alex Gopher, modéliser des paysages en 3D en n’utilisant que des caractères typographiques, et animer le tout sans oublier la couleur, l’éclairage, avec un souci de fluidité et d’immédiateté. Les buildings, les ponts, les tunnels, les trottoirs, les arbres, les voitures, les piétons… sont constitués de lettres et de mots, choisis pour ce qu’ils véhiculent : l’attitude d’un piéton, la taille ou la nature d’un bâtiment. Pour l’anecdote, l’équipe s’est appuyée sur deux films, Die Hard et bien sûr Taxi Driver pour travailler les plans ! Mission réussie : les créatifs ont vraiment maîtrisé la mécanique de lecture. C’était la première réalisation d’Antoine Bardou Jacquet. La dernière ? A suivre. Ce clip est visible depuis début juin sur les chaînes musicales.

c r é a t i o n

Typo driver


c r é a t i o n

Identité

“Cooool !” Les hommes sont aujourd’hui une cible incontournable pour le marché du cosmétique. La chaîne spécialisée Superdrug l’a d’ailleurs compris en lançant récemment les Aromathérapy, une série de produits destinés au bienêtre des hommes. Le packaging, signé de l’agence britannique Wickens Southgate, illustre l’expression des sensations ressenties dès la première utilisation. Efficace. Ce design a d’ailleurs remporté plusieurs nominations à commencer par le prestigieux D&AD Direction Awards en 1999.

Jungle

Dune

Fusion

i & e prend des couleurs

Transport phocéen C’est à la suite d’une consultation que l’agence parisienne Euro RSCG Design a remporté la création de la nouvelle identité visuelle de la RTM, la régie de transport phocéenne. Trois propositions prototypées ont été remises au client : “Dune” qui renvoie directement au ciel et à la mer, “Urban Jungle” qui s’inspire de prises de vue de Marseille retravaillées et “Fusion”, un pointillisme qui évoque le meltingpot phocéen. C’est ce dernier projet qui a été retenu par le client, au service de chacun. Une signature de Pascal Couvry, directeur de création au sein de l’agence parisienne.

Information et Entreprise change de nom, d’identité visuelle et d’adresse. Le logo générique du groupe i & e se décline désormais en changeant de couleur selon les différentes filiales, qu’il s’agisse du conseil, des relations publiques ou encore des services pour ne citer qu’eux. Une création moins austère, synonyme de stabilité et de croissance signée de Frédéric Bénaglia, directeur artistique intégré.

Erratum : la maquette de l’ouvrage Facts of Life de Pippo Lionni (EG 52, p. 72) est bien sûr signée de Pippo Lionni • La Fnac propose depuis deux mois un service d’accès à Internet “gratuit”, baptisé FNAC. net : 56k ou 64k, adresses e-mail illimitées, newsgroups, hébergement des pages perso… Si l’abonnement est effectivement gratuit, la hot line en revanche est facturée 45 F par mois • L’Anar récompense la dernière campagne pour Suze, signée de Jean & Montmarin, dans le cadre du Grand Prix de l’affiche française • La PDA Pan- European Design Association a tenu son dix-huitième congrès les 10 et 11 juin derniers à Prague • Le groupe des Serial Designers, dont le leader ne serait autre que Michael Zana, recherché pour détournement d’images, a été pris en filature jusqu’à son nouveau repaire au 40, rue de la Folie-Regnault, Paris 11 e, destiné au trafic d’images • Ogilvy Interactive s’est vue décerner, le 18 mai dernier, un Clio d’or et le grand Clio interactive pour sa collaboration avec IBM • Sacha Buquet et Pierre-Louis Messager (Publicis Conseil) ont rejoint Enjoy • Projet P40 de Nancy déménage pour s’installer au 8

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Packaging

Anglais en France

Red porto

Absolut, une entreprise française de distribution de matériels informatiques, a confié sa nouvelle identité visuelle à l’agence britannique Carter Wong dans le but de “booster” les ventes et d’adapter son image au secteur des nouvelles technologies. Une signature de Neil Hedger et Craig Thomas.

Prenez un vin traditionnel portugais. Confiez son image à une agence londonienne. Vous obtiendrez un subtil mélange entre un look traditionnel et un aspect résolument moderne de ce vin. Graham Shearsby, directeur de création au sein de l’agence Design Bridge, joue sur la dualité des styles, tant au niveau de la typographie que de la mise en pages.

Français en Suède En Suède, l’adage “plus il y a de texte informatif sur un produit, plus le produit à quelque chose à dire” influence beaucoup les consommateurs. C’est du moins le résultat d’une enquête menée autour de la question. L’agence Dolhem Design, dirigée par deux créatifs français expatriés, Christophe Dolhem et Ludovic Bouveron, a été choisie pour la conception du pack de yaourts Ingmans Food OY, une laiterie finlandaise qui investit le marché suédois. Le résultat est à l’image du constat : de simples visuels, génériques, qui laissent le maximum de place à l’information. 31, rue Ampère, 54710 Ludres • Une antenne du SNG se constitue à la Réunion en faisant appel à Éric Morand, seul adhérent de l’île et promu président de ce bureau régional dans les DOM. Ils sont à ce jour 13 ! • Moïra Marguin et Claire Cuinier sont les deux lauréates du concours INA de création infographique, diplômées de l’Ensad, aujourd’hui professeur pour la première et infographiste chez Mikros Image pour la seconde • Le Centre du design Rhône-Alpes a publié le “Carnet d’adresses” qui répertorie de nombreux designers et quelque 78 graphistes • Selon la lettre Design Fax, la future identité visuelle du Centre Pompidou gardera le logo de Jean Widmer • D’après Alain Falque, directeur de la stratégie et de la politique commerciale des aéroports de Paris, le logo qui devra être refait sera très discret • Patrick Lamarque vient d’être nommé directeur de l’école Camondo • Extrême Design investit de nouveaux locaux pour s’installer à Suresnes • Ricoh France, pionnier du copieur numérique, confie sa communication à l’agence Image Force • Sans Blanc emménage au 11, rue des Solitaires, Paris 19e • 7/8.99

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Affiche

Festival Stanislas Bouvier, illustrateur de presse (Le Monde, Libération, The Sunday Times…) est également affichiste. Dans la lignée de Topor (qui fut d’ailleurs son professeur), il réalise les affiches de quelques manifestations et théâtres comme par exemple la dernière série d’affiches du Théâtre de la Commune. Il signe également les affiches du Festival international du film de La Rochelle, et ce depuis neuf ans.

Guide pratique Thomas Manss & Compagny, l’une des principales agences britanniques spécialisées dans l’édition, vient de réaliser l’identité du Business Link Guide, un guide pratique à l’attention des PME/PMI. Sa mission : mettre en avant l’indépendance de l’institution gouvernementale. Plutôt que de décrire les activités et les services de l’institution au travers d’une brochure A4, Thomas Manss a préféré montrer, en utilisant des pictos, que l’institution comprenait les problèmes de tout chef d’entreprise en y apportant une réponse à l’aide d’un cas concret. Il a réalisé une brochure pour chaque question liée à l’investissement, à l’exportation ou encore aux finances.

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Alto Contacté par l’Association des amis de l’alto pour la recherche d’un visuel générique annonçant les futures Rencontres internationales de l’alto, Olivier Vuarnesson nous livre une partie de ses recherches, toutes plus surprenantes les unes que les autres. On peut y découvrir des projets ludiques, informatifs, culturels…, qui n’ont pas séduit les commanditaires qui les jugeaient trop poétiques, trop anonymes, et l’affiche finale, retenue pour son image de convivialité (la fourchette et les spaghettis). Reste à préciser que le graphiste n’a jamais eu l’occasion de rencontrer ses commanditaires avant de présenter ses travaux.


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Campagne

En trois lettres Bien que positionnée sur l’information au sens large, la chaîne LCI doit continuer de se démarquer pour affronter ses consœurs. Plus qu’un positionnement, l’information devient un état d’esprit, une attitude souligne l’agence Enjoy Scher Lafarge qui a choisi une signature simple, mais efficace : “L’actualité tient en trois lettres.” Une campagne qui développe la notoriété spontanée du nom LCI, qui met en avant des mots, rien que des mots, en rupture avec l’ensemble des communications développées jusqu’alors qui tournaient plus autour de l’image. Une première prise de parole, simple, sobre, ludique et efficace, tant à l’affichage qu’à l’écran. Des créations signées de Gilbert Scher (DC), JeanChristophe Royer pour la conception-rédaction, Bénédicte Sillon (DA) et David Danesi, réalisateur des spots TV.

A l’affiche Graphiste-affichiste parisien, Gilbert Zalc fait également partie de l’équipe organisatrice de Parcours Marais, qui s’est tenu le mois dernier au cœur de la capitale. Il a créé l’affiche fédératrice de l’événement (une invitation à découvrir des créations au sein de galeries et boutiques de design) en jouant sur la symbolique des flèches dessinées au pochoir sur le sol du quartier, véritable tatouage signalétique. Il collabore également avec le théâtre du Ranelagh en signant l’affiche de la dernière pièce de Jean Giraudoux, Électre. Le brief : signifier le pleur d’Électre. Gilbert Zalc a plutôt choisi de travailler sur le regard que porte le personnage sur le monde, renforçé par une mise en pages dans la lignée des constructivistes.

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Réponse

retenu

non retenus

Campagnes Radio France

retenus

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Christine Roux et Igor Duvernay du studio HLM travaillent ponctuellement avec les trois graphistes de l’atelier graphique de la direction de la communication du groupe Radio France. Selon Brigitte Tauzin, adjointe au directeur de la communication du groupe, il s’agissait de trouver des jeunes graphistes qui puissent à la fois apporter une fraîcheur, un renouveau à la communication des différentes chaînes, tout en respectant la culture graphique interne et la charte propre à chaque chaîne. La mission des cinq graphistes : interpréter et valoriser les nombreuses chroniques de France Info, réaliser les annonces du groupe au sein des guides coédités par Radio France, ou intervenir sur la communication d’autres chaînes (France Inter, Radio Bleue, Le Mouv…). Le brief : Il est assez précis mais laisse quand même la porte ouverte à l’innovation. La preuve, la série d’annonces et de visuels pour présenter les chroniques de France Info joue sur l’humour, l’immédiateté. Pour France Info, on peut parler de codes très simples, comme les panneaux ou un picto qui sont à l’image des flashs info, alors que Fip, par exemple, joue beaucoup plus sur l’image, l’esthétisme, le second degré, déclare Igor Devernay. Si la direction de la communication aimerait, à terme, recruter un quatrième graphiste à plein temps, Brigitte Tauzin estime malgré tout qu’un regard extérieur est toujours important. Pour l’heure, Christine et Igor s’apprêtent à réaliser en collaboration avec l’atelier intégré les visuels utilisés par les différentes chaînes cet été.


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arborescence par dominique monrocq

Le bénéfice de la contrainte La logique de l’interactivité repose sur une ambiguïté incontournable. A la “liberté” d’action de l’utilisateur, dans un cadre programmé, s’oppose un subtil dosage de médias qui confère style et sens au propos de l’auteur, obligé de composer avec l’espace disque d’un support physique ou la bande passante du Web, notamment. En fait, l’acte de création lui-même amène, en général, des contraintes extérieures : limitations de temps, désirs de l’éditeur… Dès 1960, certaines œuvres sont allées jusqu’à adopter une forme de discipline accrue, en mêlant littérature et mathématiques. Une logique implacable, qui préfigurait leur consultation idéale sur l’écran de l’ordinateur ! Cédérom Machines à écrire (1999) Production et édition : Gallimard multimédia, NRF Conception et réalisation : Antoine Denize Une première version, sous le titre Littérature combinatoire, a rem-

porté le prix Möbius international-Cultures en 1997 (EG 36).

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Côté Queneau : une biographie décalée à épisodes, un conte interactif (où il est recommandé de ne pas cliquer sur les objets), tout sur le livre Cent mille milliards de poèmes (avec interviews de l’auteur) et quatre adaptations pour jouer avec les rimes, selon l’heure, l’humeur, la compréhension de chaque sonnet ou l’objet de ses pensées, pour se réapproprier un matériau existant.

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Cahier des charges de la Vie mode d’emploi (Zulma/CNRS Éditions, 1993) Coprésenté par Bernard Magné, également conseiller éditorial de Machines à écrire, ce livre rassemble les notes et listes de Perec pour l’élaboration complexe (et obsessionnelle) de La Vie mode d’emploi, dédié à Queneau. L’évolution du récit dans la topographie (un carré de 100 cases) est calqué sur le déplacement du cavalier, dans la règle des échecs.

Côté Perec : 286 notices biographiques et

alphabétiques, la recette des 243 Cartes postales, à partir d’un article de B. Magné dans une revue pour spécialistes (si complexe que j’en riais de ne plus rien y comprendre, explique A. Denize : Le défi consistait à synthétiser et simplifier ces règles en leur conservant une forme marrante), et leur consultation texte – dédié à

Calvino – et image, modulable par zone (premier plan, etc.), type d’incrustation (pin-up dénudée, dessin…), bordure et/ ou procédé de couleur.

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Fondé par Raymond Queneau et François Le Lionnais, l’Ouvroir de Littérature Potentielle cristallise un espace d’expérimentation à base de règles et d’algorithmes plus ou moins complexes et perceptibles. Combinatoire (grâce à laquelle la continuité du récit, multiple et éphémère, n’existe que par chaque manipulation de lecteur), jeux de lettres et de mots, sens cachés : en ne se limitant pas à l’apparence, l’œuvre potentielle renferme des richesses secrètes et se prête à l’exploration. Premier ouvrage, en 1961, de ce qui n’était pas un mouvement ou une école littéraire (pour Queneau, ajoutant : Nous nous plaçons en deçà de la valeur esthétique, ce qui ne veut pas dire que nous en fassions fi), Cent mille milliards de poèmes constitue un recueil en puissance que non seulement l’auteur n’a jamais véritablement écrit, mais que personne ne pourra jamais lire dans son intégralité ; même en s’y consacrant 24 heures sur 24, il faudrait pour cela un peu plus de 190 millions d’années ! Simple amateur du sujet, raconte Antoine Denize, j’ai d’abord envisagé ce projet comme un exercice de style sur un type de textes qu’il est difficile, voire impossible de découvrir sur le papier, avec les capacités du calcul informatique pour créer les permutations, mais aussi l’apport du son. Petit à petit, j’ai intégré d’autres contraintes, liées au multimédia. Dans l’adaptation de Un conte à votre façon, comment répondre par oui ou non à des questions si je m’interdis d’utiliser ces mots, avec une interface sans bouton ? Tout se déclenche alors en cascade. Trouver des analogies, faire intervenir l’utilisateur en lui donnant l’impression d’entendre ses pensées et de cliquer à ce moment-là…, également anticiper les perversités possibles d’action, en générant une injure après un clic inapproprié ! Le multimédia devient génial pour vérifier une règle simple comme le palindrome de mots. Face à un long texte, il faudrait constamment le feuilleter d’avant en arrière pour s’assurer que cela fonctionne, ce que personne de sensé ne fait. Là, il suffit d’afficher le début et la fin du texte sur des rouleaux, tournant dans des sens opposés alors que se déplace un curseur au rythme de la lecture, et le mécanisme devient perceptible pour n’importe qui, en privilégiant la mise en scène d’exemples à l’explication des procédés, le vagabondage à la quête encyclopédique. Mais la principale contrainte, insurmontable, aura été juridique : refus d’utilisation des textes d’Italo Calvino, le troisième larron, avec Queneau et Perec : OuLiPiens mais aussi authentiques écrivains, qui ne se limitaient pas au jeu mathématique… En positivant, cela m’a obligé à mieux réfléchir et à enrichir différemment le résultat final. Quatre ans de gestation et de travail, sur mon temps libre, c’est long, mais si cela avait été réalisé d’un seul trait, il est probable que le cédérom aurait été moins bon. De toute façon, comme l’a spécifié Queneau, rien des procédés oulipiens ne peut se substituer à la création. Ce ne sont que des outils. A partir de là, tout reste à faire… ■ 7/8.99

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c u r i o s i t é par laurent sauerwein

Internet B.A.BA Après Internet pour les nuls, voici Internet pour les gniards. Occasion d’en parler à vos enfants même s’ils en savent certainement plus que vous.

Il était une fois en Amérique des soldats et des savants qui voulaient s’envoyer des petits mots et ils étaient très, très loin les uns des autres, aux quatre coins du monde. C’était les années soixante-dix et il y avait déjà les ordinateurs et le téléphone. Ils ont eu l’idée de les relier entre eux et ils ont appelé ça Internet. A l’époque les Américains n’étaient pas très copains avec les Russes et ils avaient peur qu’une grosse bombe vienne tout casser, alors ils ont décidé que leur réseau n’aurait pas de centre. Un réseau qui n’a pas de centre c’est un peu comme un filet. Tu tires dessus avec une carabine, il y a beaucoup de chances que la balle passe par un trou. Et si elle touche le filet, elle n’en fait sauter qu’un tout petit bout, sans le détruire. Donc Internet est un gigantesque filet qui couvre une bonne partie de la Terre. Heureusement qu’il y a des trous, comme ça on peut encore respirer. Parce qu’il n’y a pas de centre, ça explique aussi qu’il n’y ait pas de gendarme qui contrôle tout. L’ordinateur, c’est comme une lampe : il faut le brancher et l’allumer. Ça fait une drôle de lumière. Sur l’écran, il y a des mots et des images, parfois même, de plus en plus d’ailleurs, des sons et de la vidéo. On appelle ça le Web, le Ouèbe si tu préfères. Il y a des gens qui disent la Toile, mais ça ne fait pas sérieux, à moins qu’ils soient québéquois. Mais attention, ça n’est pas comme la radio ou la télé. Ça y ressemble mais ça n’est pas pareil. Si tes parents ont installé l’ordinateur, le modem et tous ces trucs dans le salon, dis-leur qu’ils se sont trompés. C’est dans ta chambre qu’ils doivent les mettre. Internet, c’est pour toi toute seule, ou tout seul, ça dépend. C’est comme un secret. Une toute petite porte ouverte sur un grand monde. Et, sur chaque page, plein de petits ponts pour aller voir ailleurs. Tu es plus vieux que le Web. Il est né en 1990, il y a presque dix ans. En fait, ça ne fait pas quatre ans que ça marche vraiment, qu’on y trouve autant de choses et de gens, pas seulement des soldats et des savants. Au début, on se servait d’Internet pour ne s’envoyer que des petits mots. Il y a encore des millions et des millions de gens qui ne s’en servent que pour ça. Coucou, c’est moi. Et blablabla et bla-

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blabla. Gros bisous. Ou alors, ils s’en servent dans leur travail. Veuillez agréer, cher monsieur, l’expression de mes sentiments distingués. Ceux qui écrivent comme ça, tu peux être sûr qu’ils dictent leur lettre à leur secrétaire, ou alors ils tapent eux-mêmes sur leur clavier très lentement avec un seul doigt, pas comme toi et moi. Eux, ils n’ont rien compris. Ils s’emmêlent dans l’e-mail. Moi je tape avec six doigts seulement – la honte. C’est pas terrible. Je suis sûr que tu fais mieux. Mais moi je suis très fort avec la souris. Je te fais un cercle, pfouit ! comme ça. Bon, je me sers de la touche majuscule pour m’aider, mais au moins c’est bien rond. Ne passe pas trop de temps à jouer sur le Web, sinon tes parents n’auront plus de sous pour t’emmener en vacances. Si tu veux échanger des messages avec des copains, tu peux aller sur un chat. Non, ça n’a rien à voir avec les minous. C’est un endroit où on peut se parler comme si on était au téléphone. Sauf qu’on ne s’entend pas. On s’envoie des petits mots, et très vite, en temps réel. Bon, ça c’est un terme compliqué. Disons, pour simplifier, que le chat est un mode de communication synchrone, alors que l’e-mail est asynchrone… Tu vois ? Non ? En fait, l’informatique c’est pas tellement important de savoir comment ça marche, du moment qu’on sait s’en servir. Bref, dans un chat, on est ensemble à un même moment… tout en étant séparés. Pas comme l’e-mail, qui tombe dans des boîtes aux lettres et qu’on lit à des moments différents. Une boîte différente de celle qui est en bas de l’immeuble, remarque, parce qu’elle est virtuelle. Encore un mot compliqué… Tiens, une glace au chocolat que tu vois sur ton écran c’est une glace virtuelle. On te l’a promise mais tu ne l’as pas, contrairement à celle qui est si bonne quand elle dégouline sur tes baskets. Faire beaucoup de ronds sur Internet, il y en a qui en rêvent. On appelle ça le commerce électronique. Surtout fait attention à ce truc-là. Il y a des gens qui vont te proposer un tas de trucs, même des cochonneries. Si tu veux acheter une poupée Barbie, ils vont te demander comment tu t’appelles, où tu habites et tout ça, et puis ils vont te demander le numéro de la carte de crédit de tes parents. Attention, ça tu ne le fais pas. Si tu donnes un numéro comme ça, c’est comme si tu donnais de l’argent. Bien sûr, tu ne le vois pas, l’argent, mais c’est quand même de l’argent, crois-moi. Et pour gagner de l’argent, ton papa et ta maman doivent beaucoup travailler, du moins je l’espère. Alors fais attention. Et n’accepte pas de cookies de gens que tu ne connais pas. Internet c’est pour faire coucou et s’amuser, mais c’est aussi pour travailler. Tu peux t’en servir pour faire tes devoirs et même lire, en anglais, les œuvres complètes de William Chat-qui-expire. Le Web, c’est plein de couleurs et d’images, mais c’est parfois comme un grand trou noir. Tu cliques, tu creuses, et tu ne sais pas où ça s’arrête. Il arrive qu’on ne sache plus du tout où on est et qu’on ait peur. Mais, rassure-toi, ça n’est pas pour longtemps. Il suffit d’éteindre ton ordinateur et ça disparaît. S’il fait nuit dans ta chambre à ce moment-là, c’est qu’il est trop tard. Il est grand temps d’aller faire dodo. A + :-) ■


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t e c h n e w s

Zoom

En bref La version 5 d’XPress tarde à venir Quark communique, tout n’est pas perdu, et confirme la sortie d’XPress 5 (en version bêta) fin 99 et la version commercialisable pour l’an 2000 sans préciser si ce sera au début ou à la fin. Elle devra être brillante et inventive parce que entre-temps InDesign aura déjà taillé sa route et, qui sait, sorti une version 2. Pourtant les nouvelles fonctions ne porteraient que sur la productivité, avec génération directe de format PDF (sans avoir besoin du Distiller), l’export en HTML, la présence de calques et d’outils pour confectionner des tableaux. Tout ce qui faisait partie de la rumeur est confirmé, mais rien de plus. A la question “le fait d’annoncer officiellement la version 5 pour l’année prochaine ne va-t-il pas freiner les ventes de la version 4 ?”, Quark France répond que non, la version 4 étant la toute dernière supportant les Mac 68k et le système 7.x. Une révision mineure, 4.1, devrait sortir au cours de l’été (au moment de la sortie d’InDesign), avec la possibilité de générer du format PDF (mais avec Acrobat), sans doute s’agit-il de l’intégration de l’XTension PDF Filter disponible sur le site… En revanche, les révisions de XP4 pour UC sans lecteur de disquettes sont disponibles et gratuites (sur demande, pour les utilisateurs référencés) ainsi que l’adaptateur USB-ADB à 315 FTTC (toujours pour les utilisateurs légaux). Le site de Quark France devrait avoir formalisé ces disponibilités à la parution du numéro. Quark craint-il l’arrivée d’InDesign et la puissance d’Adobe ? Sans aucun doute. Pour le moment la politique commerciale n’est pas remise en cause et continue d’être défendue mais il y a fort à parier que la politique agressive de prix d’Adobe portera ses fruits. Face à une sérénité de façade, Quark s’inquiète néanmoins de savoir si les utilisateurs craignent le monopole Adobe.

XPress 3.32 et Mac OS 8.5 Le bogue qui causait des plantages irrémédiables lorsque, sous Mac OS 8.5, on faisait appel aux fonctions de trapping de Quark XPress 3.32 vient d’être résolu par une extension développée par Praxisoft. Elle est disponible par téléchar­gement sur le site de l’éditeur. (www. praxisoft. com/Pages/plumber. html)

Photoshop 5.5 Un an après la version 5.0, Adobe reprend sa course en avant et livre ces jours-ci un Photoshop 5.5 flambant neuf. Une attention toute particulière a été donnée, dans cette version, au travail en direction du Web. Photoshop est livré avec Adobe ImageReady 2.0, un logiciel de production Web qui fonctionne de manière transparente avec Photoshop afin

Écran Nokia

d’offrir un environnement de création complet. Il

Nokia lance le 800 XA, un nouveau moniteur de 18,1”. Cet écran plat multimédia est équipé de la technologie Super TFT (Thin Film Transistor) qui permet une image sans cesse “régénérée”. Il a été conçu pour répondre à un maximum d’exigences en matière d’ergonomie visuelle. Son angle de vision de 170° permet à plusieurs utilisateurs de voir des documents ensemble sous différents angles sans altération des couleurs ou du contraste. Autre argument de vente, la “matrice active” qui permet une image claire et précise, et des lignes sans distorsion ou courbe. De quoi voir parfaitement les 16,7 millions de couleurs que l’écran peut afficher. Et comme les écrans plats suscitent les convoitises et sont faciles à transporter, le Nokia 800 XA est muni d’un dispositif antivol. Il vaut quand même près de 24 000 FHT.

contient aussi un jeu de fonctions permettant d’op-

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timiser et de compresser les images Web, et les panneaux “Live View” de la nouvelle fenêtre “Save for Web” permettent de déterminer les meilleures options de compression. Photoshop sera disponible en français dans le courant de l’été. Les utilisateurs enregistrés de Photoshop 5.0 et d’ImageReady 1.0 pourront bénéficier d’une offre spéciale de mise à jour à un tarif préférentiel. La version complète est en vente à environ 5 000 FHT, les mises à jour de versions antérieures à la 5.0 devront coûter un peu moins de 1 600 FHT. Le prix de la mise à jour de 5.0 à 5.5 se situe aux alentours de 1 000 FHT.

•  Si vous aviez un vieil écran 14", voilà peut-être l’occasion de le recycler. La société Matrox sort DualHead (sur cartes Matrox G400), une nouvelle génération d’accélérateurs graphiques pour PC qui permet l’affichage simultané sur deux écrans. Il devient possible, par exemple, de doubler la taille du bureau Windows, mais aussi de voir sur le deuxième écran une zone zoomée sur le premier, etc. Les prix des cartes Matrox G400 s’échelonnent entre 1000 FTTC et 2 000 FTTC. •  L’appareil de prises de vue numérique Kodak Professionnel DCS 315 bénéficie désormais d’une nouvelle version qui accroît ses performances. Ces améliorations se traduisent par un meilleur rendu de la couche du bleu, une qualité de contour renforcée et une performance de couleur intensifiée. Le boîtier Nikon Pronea 6i, le système Kodak et le kit d’accessoires sont proposés à environ 36 000 FHT. •  Lexmark dote sa gamme de cartouches laser compatibles HP d’un nouveau nom et d’un nouvel emballage. Linea veut exprimer trois concepts : ces cartouches sont 100 % neuves (ni recyclées ni rechargées en toner), elles offrent des sorties imprimées de qualité et font bénéficier le client d’une réelle valeur ajoutée. Autre nouveauté, des paquets contenant plusieurs cartouches sont désormais disponibles : un pack de deux cartouches EX longue durée et un pack de cinq cartouches EX standard, destiné aux gros utilisateurs. •  La formule 1 de l’impression de Xerox s’appelle la ColorgrafX 54e. Cette imprimante numérique est conçue pour améliorer la compétitivité des professionnels des arts graphiques. Équipée d’une interface utilisateur graphique plein écran, la ColorgrafX est 50 % plus rapide que les précédents modèles de Xerox. La qualité de ses couleurs est également accrue grâce


t e c h n e w s

Photothèques

En bref Plus pour moins cher à un système de gestion des encres qui effectue automatiquement un réglage fin. •  Media 100 annonce la disponibilité d’une interface d’entrées et de sorties numériques série (SDI) pour sa gamme de produits destinée au Macintosh. C’est le seul système de montage numérique capable de supporter simultanément des entrées et sorties SDI, DV et YUV. L’option SDI permet également aux diffuseurs et aux postproducteurs d’intégrer et de mixer au sein d’un même programme l’ensemble des formats analogiques ou numériques existants. Son prix : un peu de moins de 30 000 FHT. •  Canson lance le PhotoJet Color, un papier photo en 160 g et 230 g, utilisable sur toutes les imprimantes, qui sèche quasi instantanément. La saturation des couleurs a été améliorée, valorisant la précision de leur rendu. Ce nouveau papier photo est compatible avec les encres standard ou pigmentées. Le PhotoJet Color est disponible en brillant et semi-mat. Lequel couchage possède des caractéristiques antireflets et permet la réalisation d’affiches ou de posters temporaires sans lamination car sa largeur maximale est de 152 cm (taille standard d’une affiche :  80 x 120 cm). Sa longueur maximale dépend du logiciel et du traceur dont dispose l’utilisateur. •  Live Picture, dont on se souvient qu’il fut un prétendant au trône de Photoshop et dont la caractéristique était de se jouer de la taille des images, est mort. En effet, Live Picture Inc, son éditeur californien, est en faillite. MGI Software, l’éditeur canadien de PhotoSuite II, le rachète mais n’envisage pas de relancer le logiciel. Seules les technologies liées à Internet (FlashPix…) l’intéressent vraiment…

Symboles Photodisc enrichit sa collection d’une nouvelle série de cédéroms, les “Designer Tools”. Avec ces nouveaux visuels, Photodisc entend répondre aux thématiques récurrentes de la communication actuelle. Les quatre premiers titres sont Rouages, métaphores de l’interaction, Pendules, iinstruments du temps, Cartographie et instruments de navigation et Monnaies du monde. Entre les engrenages qui illustrent le contact, les horloges qui évoquent le manque de temps, les billets qui ne sont pas seulement verts et les cartes qui aident à se repérer dans un monde toujours plus vaste, ces visuels sont autant de représentations de notre société en perpétuelle mutation. Chaque cédérom est vendu environ 2 000 FHT.

Mariage numérique Quand art et actualité fusionnent… Corbis, fournisseur de photographies et de reproductions d’œuvres d’art sur Internet, pénètre le monde du photoreportage par le rachat de la célèbre agence Sygma, qui devient Corbis-Sygma. Ce partenariat constitue la base d’une nouvelle stratégie de Corbis qui vise la création d’une plate-forme numérique dédiée aux photographies d’actualité et de célébrités. En acquérant Sygma, Corbis hérite d’un fonds photographique couvrant plus de 150 ans d’histoire. Avec l’apparition des reportages photo sur le Net, Sygma et Corbis scellent l’union de la maturité et de la modernité.

Enregistrez vos Web Jusqu’à présent, où que l’on soit dans le monde, pour faire enregistrer le nom de domaine de son site Internet (.en, . com, .net et .org), il fallait passer par Network Solutions. Cette société privée américaine avait obtenu l’exclusivité mondiale du marché de l’enregistrement grâce à un contrat signé avec le gouvernement des États-Unis à l’époque où l’Internet démarrait. Aujourd’hui, l’ICANN (Internet Corporation for Assigned Names and Numbers, une société à but non lucratif) dévoile le nom des cinq sociétés choisies pour participer à la phase initiale d’essai du nouveau système conjoint d’enregistrement (Shared Registry System) ouvert à la concurrence. Cinq entreprises internationales qui cumulent possibilités techniques et diversité géographique : America Online, CORE (Internet Council of Registrars), France Telecom/Oléane, Melbourne IT et register. com. Si cette première expérience réussit, 29 autres sociétés suivront. En s’ouvrant à la concurrence, l’Internet de l’oncle Sam est sur la voie d’une réelle

La suite graphique CorelDraw 9 est désormais disponible en français. La nouvelle version de cette application d’illustration vectorielle et de mise en pages comprend CorelDraw 9, Corel Photo-Paint 9, Bitstream Font Navigator, Corel Trace, Corel Texture, Corel Capture et Canto Cumulus Desktop. Les programmes majeurs de la suite graphique, CorelDraw 9 et Photo-Paint 9, ont subi un petit lifting. Les options de publication au format PDF se développent, les outils de création se multiplient, les filtres aussi. Il devient également possible de mettre à jour régulièrement les liens “Corel sur le Web”. Enfin, Photo-Paint 9 offre désormais une compatibilité avec les fichiers PSD de Photoshop et les formats de fichiers RIFF de Painter.

Productif Nicéphore est un logiciel qui permet aux professionnels des arts graphiques d’optimiser leur production quotidienne. Ses avantages diffèrent selon les cas de figure. •  Dans le cas d’archivage de travaux et d’images, Nicéphore répond à cette question : Comment retrouver une image précise parmi les centaines de fichiers qui ont déjà été créés ? En permettant un classement rationalisé des dossiers image. C’est donc un moyen de retrouver rapidement une image parmi un nombre important de dossiers. •  Nicéphore est également adapté aux photothèques et à toute société qui a besoin de constituer une base de données pour chacun de ses clients et d’y archiver l’ensemble des dossiers traités pour ce dernier. Par simple “glisser-déposer”, chaque base de données est automatiquement enrichie de nouveaux éléments auxquels le client peut avoir accès. A distance, il est à même d’enrichir sa base avec ses propres clés et commentaires et peut télécharger les images qui l’intéressent. •  Enfin, Nicéphore assure le suivi des dossiers de production. Il gère automatiquement l’historique des fichiers jusqu’aux corrections. Et lorsque la production est terminée, il cumule tous les temps et apporte une information précise quant à la productivité de l’entreprise et à la rentabilité des dossiers traités. Fonctionnant sous Windows 95, 98 et NT Server, Nicéphore est commercialisé environ 15 000 FHT.

démocratisation…

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p r é s e n c e par marie-pierre guiard

Daniel Kapelian shérif interactif

Qu’est-ce qui fait courir Daniel Kapelian ? Chargé de mission à la Société des auteurs et compositeurs dramatiques (SACD) sur les nouveaux médias, l’homme bataille pour que soient reconnus les droits des graphistes et concepteurs du multimédia. Écrivain, musicien, scénariste et auteur de cédéroms, Daniel Kapelian présente un visage atypique dans la maison des droits littéraires et artistiques. Ancien disquaire au long cours (bien avant les deux lettres DJ), il fait le tour de la Terre jusqu’au bout de la nuit. A la fin des années quatre-vingt, San Francisco réveille sa fibre littéraire. Pour s’isoler, il choisit le coin le plus reculé de Californie, le quartier noir d’Oakland. Des boîtes de nuit aux Black Panthers, Kapelian découvre la scène californienne et les premières tentatives multimédias, muralistes, écrivains, concepteurs du multimédia. Immergé dans ce Far West, l’auteur rejoint Paris et Ex Nihilo, la maison de production de Patrick Sobelman. Cela donne Circus, la première aventure “cartoonesque” sur cédérom qui fédère une belle bande de concepteurs, graphistes, animateurs. Le Lab, la Factory, Gaga Média… Suivront des créations off-line comme le cédérom pour la collection du Centre Georges Pompidou ou celui des 40 ans de création d’Yves Saint Laurent. Le menu interactif ne serait pas complet si l’on ne mentionnait pas les projets de longs métrages que Daniel Kapelian fomente depuis quelques années avec son ami Patrick Bouchitey et un premier livre qui vient de paraître aux éditions Méréal.

En quoi le multimédia modifie-t-il la donne des droits littéraires et artistiques ?

Le multimédia en tant que nouveau mode d’expression bouleverse la donne parce que cela suggère des configurations de production qui sont très différentes de celles que l’on a connues dans l’audiovisuel. Le multimédia entraîne aussi et surtout de nouveaux moyens de diffusion, ce qui sous-tend un cadre juridique à définir. Il existe tout de même une ébauche de droit même si la majorité des entreprises continue de penser qu’il n’y a qu’un vide juridique. Beaucoup de diffuseurs et de producteurs sont arrivés dans ce milieu espérant trouver la poule aux œufs d’or. Ils se sont comportés un peu comme des nouveaux barbares peu soucieux du sort des intervenants. Des efforts ont été depuis faits de part et d’autre pour améliorer la notion même d’auteur, mais les droits d’auteurs demeurent encore un concept très fragile et peu établi dans de gros marchés comme celui des jeux par exemple. D’importants éditeurs français continuent à nier les droits de leurs auteurs. J’entends par auteurs, les porteurs de l’idée première, les scénaristes, les graphistes, les musiciens, des personnes qui ne sont pas reconnues, donc qui ne sont pas proportionnellement rémunérées en fonction de leur apport créatif selon des barèmes logiques à établir comme cela existe par exemple entre producteurs et acteurs. Sur quoi la SACD concentre-t-elle ses efforts, le off-line, le on line, les deux ?

Nous avons démarré cette commission en concentrant nos efforts sur la production de cédéroms, ce que l’on appelle communément des produits et que nous, à la SACD, appelons des œuvres. Même si cela reste des créations très matérielles, des disques vendus par un diffuseur dans les grands magasins et référencés dans les circuits de distribution. Dans ce cas de figure, un contrôle est possible au niveau du droit. Dans le cas des produits on line, nous avons beaucoup plus de difficultés pour contrôler ce qui se passe sur Internet. Identifier ce qui sort, c’est-à-dire la première étape qui consiste à effectuer un marquage des œuvres, peut être résolu. Le problème concerne plus la diffusion, ce que l’on appelle le reporting des œuvres, qui constitue encore un travail énorme vu la profusion de sites qui circulent sur le réseau. Est-ce que ce reporting sera un jour possible ou est-ce totalement utopique ?

Photo : Irmelie Jung

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Nous sommes dans l’ère du numérique où tout est copiable, “samplable” sans déperdition de qualité, où

tous les documents circulent presque sans contrôle. Des efforts ont été faits pour le marquage des œuvres mais faudrait-il encore que le débit du réseau permette ce marquage-là. Il nous faudrait des programmes de type militaire comme celui que Thomson a inventé et développé. Lorsque nous en étions à l’analogique et que la cassette vidéo est arrivée, tout le monde a parlé de copie et de piratage. La conclusion à ce débat a été la création d’une taxe sur toutes les ventes de supports magnétiques privés. La question qui se pose aujourd’hui avec Internet porte sur l’évolution à donner à ce type de démarche sur le réseau. Il ne faudrait pas en faire une taxe de compensation comme l’a été la copie privée mais plutôt demander aux fabricants de suppléer aux droits d’auteurs. Comment les acteurs de ce nouveau marché réagissent-ils sur ces problèmes de droit ?

Un jeune graphiste qui se fait embaucher dans une grosse société de jeux qui ne veut pas admettre de représentant dans sa structure et qui ne veut pas entendre de doléances quant aux problèmes de droits, se retrouve très isolé. J’ai l’impression que la plupart des jeunes gens qui arrivent sur ce marché du multimédia n’ont pas conscience de ces problématiques. Ils changent néanmoins assez rapidement, lorsqu’ils s’aperçoivent que leur travail n’est pas rétribué comme il devrait l’être. L’éveil se fait alors et ils se tournent soit vers un avocat, soit vers nous. C’est un des rôles de la SACD que de fédérer cette population et de trouver des solutions entre tous les acteurs du marché. Car tout le monde est concerné par la bonne marche générale de l’entreprise. La défense de ces auteurs et graphistes passe par la fédération. Nous sommes proches d’une maturation du marché globale du multimédia et il y a un vrai savoir-faire français et européen de création sur cédérom et sur l’Internet. Face au laminage culturel américain, il est dommage qu’il n’existe pas encore de consensus qui permette à l’industrie européenne de se développer pour devenir un autre pilier de cette création. Pour cela il faut des règles basées sur le compromis car acceptables pour tout le monde. La SACD n’est pas qu’un groupe d’auteurs retranchés sur eux-mêmes qui défendent mordicus leurs droits. Nous organisons des soirées dédiées aux éditeurs, aux producteurs afin qu’ils présentent leurs projets et expliquent les contenus recherchés. Graphistes, programmeurs, musiciens, nous arrivons peu à peu à rassembler la population du multimédia autour d’une table. Même dans ce monde de virtualité, tout passe par la parole… ■


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É T U D I A N T S DOSSIER

Spécial étudiants

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Fini les horaires adaptés, les cours en commun, les séances de poses et les jurys souvent conciliants ! Les jeunes diplômés doivent coûte que coûte se faire embaucher ou faire le grand saut pour se lancer en indépendant. Pour certains, septembre est synonyme d’agence, de studio. Pour d’autres, c’est le grand trou noir. Nous avons reçu beaucoup de travaux. Peut-être trop mais de trop peu d’élèves, de trop peu d’écoles. Difficile donc d’être représentatif de la production estudiantine et surtout difficile de faire un choix exhaustif, d’en tirer le meilleur. Plutôt que d’argumenter autour des travaux de fin d’études (style, secteur d’activité, traitements…), Étapes Graphiques choisit pour ce dernier numéro de l’année scolaire de revenir brièvement sur la formation de ces futurs professionnels en invitant quelques enseignants à réagir sur leur métier, en perpétuelle évolution, à l’instar des créations. Qui donne le ton ? Personne ou plutôt tout le monde. Les apprentis graphistes se lâchent, guidés par leur instinct et leurs minces expériences. Les enseignants, eux, constatent et s’interrogent : sur le style, les techniques et les outils. Mais aussi sur l’avenir, sur leur rôle et sur les conseils prodigués. Ce dossier est l’occasion de faire partager des points de vue, des opinions, le tout en se soûlant, bien sûr, d’images avant le grand de l’été. de l’été. break

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L’enseignement du graphisme en sept leçons: une non-recette absolue tant donné la particularité de chaque individu et de chaque contexte, il paraît heureusement impossible de proposer une recette miracle. Nous prions donc le lecteur de considérer ce qui suit avec la distance nécessaire, comme un point de vue très personnel sur ce sujet complexe, fruit de multiples expériences effectuées sur quelques jours ou de longues années, dans différents types d’écoles et pays.

É

Leçon n°1 : le basique De peur de rendre les étudiants insuffisamment créatifs et sous l’égide de l’idéologie, imposant l’idée que l’artiste génial développe ses outils de création parallèlement à son projet, nous rencontrons souvent, dans les années supérieures et même les jurys de diplôme de nos écoles, des étudiants munis d’une pensée conceptuelle intéressante tout en étant cependant incapables de visualiser leur idée. Au risque de paraître rétrograde, il me semble qu’une préparation de type scolaire, permettant à l’étudiant de développer ses instruments d’expression sur une, voire deux années, dans le cadre de cours et de travail en atelier, reste indispensable à tout enseignement sérieux du design graphique. Ceci nécessite bien sûr un encadrement soutenu et des ateliers qui fonctionnent.

Leçon n°2 : spécialité et interdisciplinarité Grand partisan de l’interdisciplinarité et du dépassement de son propre domaine d’expression, il me semble cependant important, dans le cadre de l’enseignement, de créer une centralité d’expression, un lieu de spécialité que l’on apprend à maîtriser et à partir duquel on peut s’aventurer vers d’autres domaines. Nous avons choisi à la Hochschule für Grafik und Buchkunst de Leipzig de structurer l’enseignement en trois temps successifs. Première année : enseignement basique interdisciplinaire. Deuxième année : spécialisation et concentration sur un domaine d’expression choisi. Enfin, trois autres années consacrées au dépassement individualisé soit dans un domaine particulier, soit sur plusieurs avec possibilité de diplôme pluridisciplinaire.

ductif dans le cadre d’un enseignement. Pour ma part j’ai eu la chance, durant mon propre temps d’apprentissage à Zurich, de rencontrer des personnalités comme Max Bill, Josef Müller-Brockmann, Jul Keyser, Michael Baviera et bien d’autres. Ces échanges restreints dans le temps m’ont probablement plus appris que les longues heures de cours prodiguées par les enseignants, dans le sens où ils m’ont permis de relier les différents éléments appris à une réalité humaine fascinante. Le caractère exceptionnel de l’école de Zurich est d’ailleurs largement imputable à la présence en son sein d’un très actif musée du design et au grand nombre de graphistes, designers, architectes et autres créateurs que l’on rencontre sur les terrasses de café. Chaque ville n’a pas ce potentiel, mais certaines écoles, comme celle de Maastricht aux Pays-Bas, compensent la situation par une grande rotation du corps enseignant et des professeurs invités, et par de nombreux workshops, conférences et autres échanges.

Leçon n°4 : fiction et réalité La répartition entre projets fictifs, où l’étudiant développe sa propre personnalité, expérimente librement, et vraies commandes traitées dans le cadre de l’enseignement, où il acquiert un certain nombre d’expériences plus proches de la réalité, est difficilement estimable. Si certaines écoles donnent l’impression de perdre leur âme dès qu’elles abordent des projets émanant du monde professionnel, d’autres certainement en abusent. La juste mesure reste difficile à trouver et dépend notamment de la qualité des demandes extérieures. Il me semble nécessaire de donner à l’étudiant la possibilité de développer, dans un premier temps, sa propre personnalité, d’expérimenter librement l’espace de communication visuelle, pour n’entrer en contact avec les commandes réelles qu’en fin de parcours. A ce moment-là doit être acquis le caractère essentiel du design, la capacité de “résistance” à la commande : bon compromis, mauvais compromis, comment dialoguer, comment dépasser ou détourner la demande, comment répondre, que présenter, qu’estce qui est acceptable, qu’est-ce qui ne l’est pas ?

Leçon n°3 : environnement culturel

Leçon n°5 : de l’objet au process

Il me semble important d’aborder dès à présent cette question essentielle, puisqu’elle concerne l’ensemble du cursus de formation. Si l’on peut parfois comprendre le bien-fondé de l’isolement temporaire pour des créateurs ayant acquis une certaine maturité, il ne peut se révéler que contre-pro-

Une part importante de notre activité professionnelle dépasse largement la question de la conception d’un support visuel unique. Si cette dimension doit certainement être traitée dans un premier temps, il est absolument nécessaire de développer également les questions plus complexes de

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Ruedi Baur est designer graphique (Intégral Concept) et enseigne à la Hochschule für Grafik und Buchkunst de Leipzig (Allemagne).

“langages visuels” et d’interactions géographiques et temporelles entre des événements graphiques parallèles ou successifs. Ce passage de l’unique à un processus ouvert, qui doit intégrer tous les probables et imprévus, jusqu’à des domaines d’intervention dont nous n’avons pas la totale maîtrise, constitue aujourd’hui la réalité du design graphique. Il n’est que trop rarement enseigné.

Leçon n°6 : histoire et possibilités futures On le sait, notre profession a toujours eu quelques difficultés à se définir. Les mots “design” et “graphisme” s’utilisent à tort et à travers. Doit-on associer l’évolution de ce type de création à l’histoire courte de l’industrialisation ou à celle, plus importante, de la communication par le signe et la lettre, ayant débuté avec notre civilisation ? Quel rôle a le graphiste, dans cette société dite de l’image et de l’information ? Que manipule-t-il, quelle responsabilité a-t-il, quelles sont les possibilités futures de développement, quels liens existe-t-il avec les autres domaines de création ? Ces questions doivent être au cœur de l’enseignement du graphisme. Les cours d’histoire de l’art traditionnels ne suffisent pas. Les besoins se révèlent importants.

Leçon n°7 : plaisir et ambition Dernière leçon, plus difficile peut-être, comment communiquer la fièvre de cette activité? Comment transmettre le plaisir qu’elle suscite ? Comment expliquer l’ambition nécessaire pour la réaliser correctement ? Il s’agit ici parfois d’un déclic qui transforme une vie. Que dire ? n


Cuisine et indépendance Une fois de plus les étudiants de l’Esad d’Amiens (EG 48) se sont penchés, ensemble, sur un projet commun: la conception d’un livre de cuisine destiné à leurs semblables, généralement soucieux d’économie et de rapidité. Sous la direction de Pierre-Laurent Thève, 19 étudiants de cinquième année ont choisi de présenter des petits plats en apportant leur propre vision graphique, en jetant un regard plutôt moderne sur des conseils de préparation, de dégustation de vins, de présentation des plats… En trois mois, toutes les étapes d’un repas typique d’étudiant ont été décortiquées et traduites graphiquement, sans aucune contrainte. Selon Marie Cayet, une des étudiantes, ce livre est aussi une forme d’autopromotion puisque chaque étudiant met en avant un style graphique qui lui est propre! Alors, plutôt que de respecter des recettes graphiques, ces 19 acolytes se sont lâchés une dernière fois avant d’entrer sur le marché du travail. L’ouvrage, lui, n’a jamais été édité. Un sommaire atypique et des ouvertures de chapitres rythment l’ouvrage. • Marie Cayet Chaque recherche débute par une tête de chapitre, une sorte d’intercalaire, graphiquement liée au sommaire. Chaque intercalaire présente le sujet, le prénom de l’élève et comporte un visuel et des pictogrammes permettant une compréhension rapide de la partie qui suit.

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• Caroline Defrance J’ai choisi de décrire différentes ambiances à partir de photogrammes. Ces derniers ont tous un même lien graphique qui a pour but d’informer les consommateurs sur les mille et une manières de préparer les grogs, les décoctions, thés ou liqueurs…

• Florence Watteel Volonté de rattacher une recette

Jouer sur le triomphe de la fin

pour micro-ondes à l’idée de

du repas qui rend la cuisinière

vitesse, tant dans le graphisme

ou le cuisinier reine ou roi de

que dans les prises de vue.

la journée.

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• Jérôme Daburon Petit répertoire simplifié des vins français mis en pages pour donner l’illusion de croquis rapides sur un coin de nappe lors d’un banquet.

• Julie Bathellier En brodant sur une nappe en vichy jaune les différentes étapes de recettes d’amusegueules, j’utilise ma machine à coudre comme un crayon. Je n’y ajoute aucun texte, l’image suffit à la compréhension de la recette. • Audrey Lehembre La plupart des livres de cuisine utilisent des photos pour montrer le plat exécuté. J’ai voulu aller à l’encontre de cette habitude en ne représentant que les ingrédients dans une ambiance ludique.

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• Nadège Rouland a choisi de mettre en valeur des ustensiles essentiels à la préparation des pommes de terre. La nature est fascinante. Photographies : Didier Truffaut, photographe professionnel parisien et intervenant à l’Ensad.

• Stéphane Fossier Qu’elles soient longues, rondes, fines, carrées, en coquillettes ou entortillées, les pâtes font partie des premières recettes de mon enfance. Étape d’une vie, tranche de nostalgie, ces images sont un hommage aux enfants qui s’amusent à donner du sens à ce qu’ils mangent.

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• Cécile Attagnant

• Stéphane Cayrol Recensement des petits fromages de France. Il s’agissait de suggérer l’idée du fromage en illustrant mon travail avec une tapette à souris.

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Si j’avais su, j’aurais préféré enseigner le violon… Paul Weber est professeur de graphisme, option Communication à l’école régionale des beaux-arts de Besançon.

’aurais été un professeur honnête ; élève de X, lui-même élève du grand Kreisler, lui-même élève de Y, lequel aurait connu Paganini et j’aurais transmis rigoureusement, mais avec une certaine ouverture, la tradition d’interprétation d’un instrument qui n’aurait pas changé depuis plus de trois siècles. La redécouverte du violon baroque m’aurait filé un peu d’urticaire mais pas au point d’ébranler mes certitudes dans la suprématie intemporelle de mon instrument et de mon art.

J

Mais j’enseigne le graphisme, un art dont les violons n’arrêtent pas de changer pour créer une musique toujours nouvelle, jouée dans des lieux multiples et immatériels. Si j’avais su, j’aurais préféré enseigner le violon… J’aurais fait travailler à mes élèves la partita BWV 1004 de Bach, avec la tranquille certitude que le grand Jean-Sébastien pourrait à lui seul remplir toute leur vie à l’exclusion de toute autre préoccupation, les tenant bien à l’abri, dans une bulle close, des interrogations du monde.

• Astrid Vanheuverswyn/Maryse Éloy 3e année Design graphique/Prof. : Thierry Sarfis Titre : Transméditerranée Création de brochures et affiches pour une compagnie de voyages de luxe dont les séjours ont pour thème la visite culturelle des pays situés aux bords de la Méditerranée.

Mais j’enseigne le graphisme, et je crois aux élèves soucieux de la fracture Nord/Sud, du maïs transgénique, du droit à la fête et des droits de l’homme, du cinéma iranien et de la musique répétitive parce que le graphisme est là aussi. Si j’avais su, j’aurais préféré enseigner le violon… J’aurais été un roc de certitude, intransigeant avec les vibratos qui vibrent mal, la souplesse du poignet, la sonorité ingrate. J’aurais dit très sec et définitif : “Jamais vous ne pourrez jouer cette partita !” et j’aurais laissé l’élève sans remords. Mais j’enseigne le graphisme et je doute. Mes choix sont-ils justes, et ceux des élèves, les ai-je bien com-

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• Arnaud Jourdain, Laurent Stephany, Hee Yoon Yoo/ECV Paris e

2 année Design graphique Prof. : Patrick Félices Campagne globale IGN


• Emine Basutçu/École des beaux-arts de Besançon 4e année Design graphique Prof. : Paul Weber Titre : Les Traits Poly-Tic Sans Design Fixe Sens du Fixe

• Mélody Séré, Agnès Colonna/ECV Paris 2e année Design graphique Prof. : Patrick Félices Campagne globale IGN

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• Évelyne Lair/ École des beaux-arts de Toulouse

pris ? Quand les débuts sont difficiles, suis-je assez patient pour attendre que du travail accumulé surgisse la petite flamme de la création ?

3e année Communication visuelle Prof. : Michel Strauss Titre : Un geste pour vous, un grand pas pour lui Ces affiches, commanditées par le Centre d’éducation des Chiens-guides

Si j’avais su, j’aurais préféré enseigner le violon… Je me serais bien douté que, des hauteurs de Bach, mes élèves redescendaient parfois pour cachetonner sur des transcriptions douteuses de valses mollassonnes dans un orchestre à paillettes et que certains peut-être n’en remontraient jamais. Mais je n’aurais vu là qu’un phénomène marginal et méprisable, égratignant la plénitude de l’art, la recherche de l’absolu vers lesquels je les aurais guidés. Mais j’enseigne le graphisme et je ne sais pas si la communication au service du marché plus que de l’individu ne va pas les dévorer un peu, beaucoup, en entier, et si c’était le cas, je ne vois pas de quel droit je devrais les empêcher de choisir leur vie et de la gagner.

d’aveugles de Perpignan, sont destinées à une campagne de sensibilisation. L’intérêt artistique de ce travail consistait à concevoir un message graphique capable de traduire la réalité du handicap d’un aveugle et de rendre compte de l’intimité de la relation maître-chien. Ces affiches seront placées dans les réseaux Decaux des villes de Perpignan, Montpellier, Toulouse…

Fabien Mourgues/ LISAA Rennes

Si j’avais su, aurais-je préféré enseigner le violon ? Je n’en suis plus si sûr maintenant… J’enseigne dans une école d’art avec les mains de l’art dans le cambouis du monde, et c’est très bien comme ça. Peut-être que, quelque part, un prof de violon que je ne rencontrerai jamais se pose les mêmes questions que moi ? I

3e année Design graphique Prof. : Arnaud Goisque et E. Martinez Titre : La Boxe Série d’affiches sur l’univers de la boxe. Elles sont divisées en deux parties afin de décrire un univers à multiples facettes : parfois cérémonieux et magistral, souvent ingrat.

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• Gilles Dauguet/LISAA Rennes 3e année Design graphique Prof. : Arnaud Goisque Titre : Les Manies Pour les psychiatres, les manies sont des folies à multiples symptômes : l’agitation, l’extravagance… Manifestations qui peuvent se traduire à faible intensité chez chacun de nous. L’objectif de ces affiches est de permettre l’identification de ces différentes manies au moyen d’un symbole les représentant. La mise en scène graphique assure l’homogénéité et l’esthétique des affiches.

• François Bunel/ École des beaux-arts de Caen 3e année Design graphique Prof. : Denis Lebool Titre : Mon camion psychopompe Trois alphabets illustrés, soit vingt-six petites brûlures sonores, extraits du cédérom Mon camion psychopompe.

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Cultiver l’individualité

• Samie Naulin/ LISAA Rennes 3e année Design

Directeur artistique des Galeries Lafayette en 1956, de Elle, vingt ans photographe pour Stern, Vogue, Sunday Time, Peter Knapp a réalisé pas moins de 42 films “Dim Dam Dom” pour Antenne 2. Enseignant, il intervient à l’Esag depuis que Roman Cieslewicz et M. P. Penninghen ont fait appel à lui. Ces extraits sont tirés de l’ouvrage Peter Knapp, dix ans d’enseignement dans lequel Peter Knapp revient sur son métier d’enseignant en photographie. Il nous a semblé intéressant de vous en livrer quelques réflexions, valables pour l’ensemble des enseignements graphiques.

graphique Prof. : Édouard Martinez Titre : Le Rouge et la Prostituée Ces photographies révèlent une parcelle de vie d’une prostituée. Le moment où elle attire, cherche le client jusqu’à son retour dans la rue après l’acte sexuel. Le rouge représente les différentes matières symboliques de la prostitution : du latex

e crois sincèrement que mes étudiants m’ont appris plus que je ne leur ai donné. L’enseignement m’offre en peu de temps une approche, une connaissance des autres qui, dans la vie, demandent des années. Il ne faut pas être le maître qu’on imite, car on est professeur à un âge où le travail et la façon de faire pour lesquels on est reconnu appartiennent déjà au passé, du moins pour ce qui est de la forme. On n’est donc plus le bon exemple pour les jeunes générations. Aussi un éducateur doit-il, connaissant ses élèves, accepter leur tempérament, y compris leurs défauts, et cultiver leur individualité. Il lui faut d’abord signaler les événements qui font l’air du temps, puis montrer la diversité des possibilités de création qui en découlent, ensuite leur apprendre à ordonner les priorités correspondant à leur personnalité pour qu’enfin, à travers leur travail, ils retrouvent leur moi. L’éducation, en particulier l’éducation artistique, est difficile parce qu’il s’agit de déceler et de faire éclore la capacité créatrice de ce moi singulier de chaque élève, de lui donner confiance en lui-même, de découvrir et de révéler ses données personnelles, afin qu’elles se développent dans l’expression visuelle, transforment des rêves en images concrètes qui lui ressemblent, dans leur contenu et dans leur forme. […] Dans le domaine artistique, un enseignement théorique est possible collectivement, et bien qu’étant le même pour tous, les résultats visuels concrets seront néanmoins différents pour chacun. […]

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rouge, du gel, du vinyle, du vernis… La taille des visuels a elle aussi une grande importance dans la compréhension et l’impact que peuvent avoir les photographies sur le spectateur. Elles frappent de plein fouet le regardant et il devient le prostituant, “le client”. Chaque visuel est composé d’une partie du corps de la prostituée et d’un titre assez explicite pour former cette tranche de vie.


• Simon de la Porte/LISAA Paris 3e année Design graphique Prof. : François Fiévé et Olivier de Fontvielle Titre : Deux Mondes Projet de magazine bithématique trimestriel, format 211 x 307, 55 pages. “Je suis fasciné par le stylisme et la mécanique.” Pourquoi pas ? Mon idée est de réaliser un magazine à thèmes opposés. Par exemple : le bricolage et le fétichisme, le sexe et les mathématiques. Ce magazine a deux buts : éveiller notre curiosité sur des sujets a priori sans intérêt, et celui de promouvoir de nouveaux talents.

• Mitnik Macies/ École des beaux-arts de Toulouse 4e année Communication multimédia et graphique Prof. : Michel Strauss Titre : Engagement antitabac Dans le cadre d’une intervention ponctuelle du graphiste polonais Vladislaw Pluta de l’académie des arts visuels de Cracovie, les étudiants ont dû réfléchir sur une affiche 40 x 60 cm, sans lettrage et en utilisant un rapport suffisamment explicite pour que l’affiche puisse fonctionner partout ; un langage universel…

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• Alice Boitel/

Que leur manquait-il en ce début de 3e année ? Ils n’étaient déjà plus, arrivant à l’école, ceux dont rêve tout professeur de disciplines artistiques : les plus jeunes d’esprit, les plus frais, les moins conventionnels, en somme des sensibilités vierges encore. La différence avec le pur savoir serait pour eux dans l’éducation culturelle, artistique, qui ne pose pas de questions précises appelant des réponses précises. […] Mes classes étaient en moyenne de 35 à 50 élèves, rescapés des quelque 500 de la première année préparatoire, attentifs, travailleurs, ambitieux, au seuil de l’âge adulte et de la vie professionnelle. Il leur fallait devenir des graphistes, des illustrateurs, des photographes, des directeurs artistiques ou des artistes. Mon objectif était de leur ouvrir le chemin de la création d’images dont ils n’allaient pas forcément être les auteurs et de les familiariser avec les professions graphiques. […] Ils avaient déjà compris, par comparaison, ou par conscience d’eux-mêmes, de quoi ils étaient plus ou moins capables. […] Le talent ne se mesure pas, et l’on peut encore moins préjuger de son évolution. La vitalité indispensable dans ce métier, face à une concurrence expérimentée et déjà nombreuse, est sans commune mesure avec celle de la compétitivité dans l’école, face à des élèves-collègues. Et aucun professeur ne peut prévoir le potentiel d’énergie de l’élève quand il sera dans le métier. […] Pour garantir un métier à l’étudiant, le spécialiser me semble dangereux. Je crois plus souhaitable de diversifier son éducation. Aujourd’hui, les changements intervenus dans les moyens techniques et les métiers, dans les façons de concevoir et d’exécuter des travaux graphiques font que les connaissances d’ordre culturel, iconographique, valent mieux que de savoir dessiner un alphabet en Garamond. La direction de l’Esag exige un savoir-faire qu’imposent les formats, les délais et les sujets. Il s’agit donc d’un enseignement d’art appliqué qui débouche sur des emplois et des métiers indépendants ou libéraux en évolution permanente. Il diffère en cela de celui des Beaux-Arts. Un tiers des étudiants ne trouveront cependant pas leur voie dans l’art appliqué, et deviendront des artistes. La

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École des beaux-arts de Toulouse 3e année Communication visuelle Prof. : Michel Strauss Titre : Un geste pour vous, un grand pas pour lui Ces affiches, commanditées par le Centre d’éducation des chiensguides d’aveugles de Perpignan, sont destinées à une campagne de sensibilisation. L’intérêt artistique de ce travail consistait à concevoir un message graphique capable de traduire la réalité du handicap d’un aveugle et de rendre compte de l’intimité de la relation maîtrechien. Ces affiches seront placées dans les réseaux Decaux des villes de Perpignan, Montpellier, Toulouse…

• Steve Romani/École Émile Cohl 3e année Infographisme Prof. : Jean-Michel Nicollet Titre : Concentrate Illustration numérique traduisant la concentration d’une personne écoutant un mix de musique électronique. Titre : Nat + capture vidéo Images tirées d’une série sur les infographistes au travail.


• Tugdual Le Goff et Camille Gabarra/ESAG-Penninghen 5e année Design graphique Prof. : Michel Bouvet Titre : N’ayez pas peur Travail personnel. Concours organisé par la Barclay’s Bank. Sujet : expliquer l’arrivée de l’euro en janvier 1999. Cette création a remporté le premier prix CB News Culture Pub.

• Sarah Fondeur/ École d’art Maryse Éloy 3e année Design graphique Prof. : Thierry Sarfis Titre : L’Art forain L’art forain à travers les manèges, les jeux et les gourmandises. Les éléments visuels se transforment pour animer les pages.

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… commande du marché exige en effet des concessions auxquelles certains ne peuvent ou ne veulent se résoudre. […] L’étudiant, en sortant de l’école, risque toujours de se trouver face à un système autre que celui qu’il a connu jusque-là. Pour cela aussi, il est donc plus important d’investir dans un enseignement qui développe sa créativité et sa personnalité. C’est ce que disait déjà Walter Gropius dans le manifeste du Bahaus : Nous devons retourner au travail manuel. Il n’y a pas de différence, quant à l’essence, entre l’artiste et l’artisan. L’artiste est une promotion de l’artisan. […] La base du travail manuel est indispensable à tout artiste, c’est la source de la création de forme. J’ajouterais que c’est aussi une satisfaction sensuelle que les techniques actuelles ne donnent pas. […] Pour un directeur artistique, communiquer avec les mots sera essentiel quand il lui faudra décrire ses intentions à des interlocuteurs extérieurs au métier. Il y a plus de gens intelligents que visuels, et ce sont les mots et la lecture que ceux-là comprennent. Au visuel donc de créer les ponts de compréhension pour les aider à regarder. C’est pourquoi, en projetant les travaux des étudiants, je m’employais à leur faire décrire leurs images. Cela leur paraissait superflu, mais je savais que je les armais pour les métiers de la communication, où l’information ponctuelle se mêle à l’information permanente. […] J’invitais à plusieurs reprises des conférenciers venus de métiers graphiques et de l’art comme du journalisme, de la publicité et du droit pour donner aux élèves le sentiment d’être déjà des professionnels. […] Je ne cessais de souligner qu’il leur fallait profiter de ces occasions, car la liberté de création et de réalisation est très rare dans les métiers graphiques. […] Aucun professeur, aucune école ne peut assurer à l’étudiant l’un ou l’autre des termes de ce choix : être artiste ou artisan ? J’ai gardé des liens avec beaucoup de mes anciens élèves : ils sont nombreux à rester en équilibre instable entre l’art et l’art appliqué, entre la liberté et la commande. […] Écouter des jeunes, c’est être dans le présent. I

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• Philippe Gallezot/ École Émile Cohl 3e année Infographisme Prof. : Jean-Michel Nicollet Titre : Insectes et monstres Photoshop et ses possibilités : comment, grâce aux filtres de Photoshop, on peut tirer plusieurs images d’une seule. Origine : photo numérique de câbles électriques sur un support métallique.


• Romuald Genevois/ École des beaux-arts de Besançon 5e année Communication graphique Prof. : Paul Weber Titre : Graphisme expérimental Codes de lecture, combinaisons texte-image, choix typographiques, autant de certitudes qui peuvent donner lieu à des automatismes. En se libérant de ces modèles, le graphiste peut explorer des voies qui lui étaient jusque-là proscrites. Au fur et à mesure de l’expérimentation se pose le problème de la limite de la lisibilité. Tendre vers cette limite sans la dépasser devient l’enjeu du travail graphique.

• Benjamin Proust/ École d’art Maryse Éloy 3e année Design graphique Prof. : Thierry Sarfis Le musée de la Magie et de la curiosité situé à Paris dans le Marais. • Angélique Fromont/ École des beaux-arts de Caen 4e année Design graphique Prof. : Denis Lebool Illustration au fil de fer d’une chanson pour enfants.

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Pastiche Pierre Dusser est graphiste, essentiellement pour l’édition. Il enseigne à l’ECV depuis… la naissance de sa fille.

ous faire partager. Tout si possible. Notre intimité avec la page. Notre plaisir de l’image. Nos hésitations. Le raffinement du gris typo juste, équilibré, adéquat. Notre doute. Typo trop dure ! Celleci trop baroquisante. Ah non ! sans empattement, trop cartésienne. Mais cette icono, finalement, légèrement plus petite ? Le blanc de tête à peine plus large. Essai. J’adopte. Ne pas y passer des heures. Qu’en dirait mon prof ? J’inverse. Laisser faire. Tu dis quoi, comment. Tu n’es pas obligé de le crier. Le texte en petit dans la surface, qu’est-ce que ça donne ? Ça gueule pas ! Alors ? C’est pas ce que tu voulais ? Attention aux couleurs. Rouge sur vert, les mots vibrent. Justement, c’est toi qui décides. Mais pourquoi ? Tu proposes quels arguments ? Défends ton projet : pourquoi ça, et ça. Ton corps, tu es sûr ? Mais la titraille me paraît trop forte en graisse, écrasante. Non ? Tu es un peu à la limite du sujet. Défendable. A toi d’apporter les éléments convaincants qui vont structurer ton discours. Le fond. Le fond d’abord. La forme, quand le thème sera verrouillé. Tu réaliseras quand tu auras complètement intégré ton propos. Pas avant. La jouissance est là. Autrement, insatisfaction, mal-être, déception, regrets. Pénétrer le contenu, le posséder, c’est… OK ? Moi ? Je ne veux rien. Mes acquis, mon expérience, je livre. Vous consommez à tout va, comme bon vous semble. Me démolir ? C’est déjà fait, le premier jour… et quel bonheur, toutes mes certitudes mises à nu ! Il faudrait un atelier de recherche. On pourrait explorer nos recoins pour trouver tout notre potentiel. On aurait du temps. On irait au bout. I

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• Alexandre Mercier/École des beaux-arts de Caen 3e année Design graphique Prof. : Denis Lebool Titre : Des cailloux Série de photographies accompagnant des textes de Caillois, écrivain des pierres précieuses : “Pareilles rencontres ne sont nullement indispensables pour que de nombreux minéraux attirent communément l’admiration humaine.”

• Cédric Lacherèse/ École des beaux-arts de Caen • Léonard Bertrand/ École des beaux-arts de Saint-Étienne 5e année Communication multimédia et graphique Prof. : Jean-Claude Paillasson Titre : Je travaille dans la recherche… d’un emploi Le projet de Léonard Bertrand est d’avoir de multiples projets, dont une étiquette de recherche d’emploi.

3e année Design graphique Prof : Denis Lebool Titre : Morphing Exercice photographique consistant en un morphing réalisé à partir de Polaroid.


• Alice Andersen/LISAA Paris 3e année Design graphique Prof. : François Fiévé Titre : Magazine pour la cinémathèque française La cinémathèque déménage dans les anciens locaux du centre américain. J’ai donc redynamisé l’identité visuelle de la cinémathèque et créé un magazine à double emploi : informations sur les films, réalisateurs, acteurs et programme. Ce magazine serait mensuel.

• Épiphanie Edom et Perrine Gardet-Feltgen/ École des beaux-arts de Toulouse 3e année Communication Prof. : Michel Strauss Titre : Un geste pour vous, un grand pas pour lui Ces affiches, commandées par le Centre d’éducation des chiensguides d’aveugles de Perpignan, sont destinées à une campagne de sensibilisation. L’intérêt artistique de ce travail consistait à concevoir un message graphique capable de traduire la réalité du handicap d’un aveugle et de rendre compte de l’intimité de la relation maître-chien. Ces affiches seront placées dans les réseaux Decaux des villes de Perpignan, Montpellier, Toulouse…

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Une profession intellectuelle et artistique ! Michel Bouvet est affichiste, graphiste et enseignant à l’ESAG-Penninghen.

’étant enseignant que depuis quelques années, il m’est relativement difficile de comparer une situation antérieure à celle d’aujourd’hui. Toutefois, force est de constater que le monde de la communication visuelle a beaucoup évolué et que le marché requiert actuellement plus de professionnels qu’il y a encore quelques années. Les champs de compétence des graphistes s’étendent considérablement, rejoignant d’autres professions, d’autres territoires. Les graphistes investissent des domaines nouveaux ou d’autres qui se développent très rapidement : l’habillage et les génériques des multiples chaînes de télévision apparues avec le Câble et le satellite, les nouveaux supports numériques (cédéroms…), Internet et l’édition électronique, bien entendu, mais aussi la presse, le disque, la signalétique des espaces publics et la communication d’entreprises plus que jamais confrontées à la mondialisation des marchés. Tout cela pour dire que les rapports de force ont changé et que la demande de compétence en matière de graphisme s’est beaucoup accrue ces dernières années. C’est pourquoi il faut se poser la question suivante : L’enseignement du graphisme (au sens large) doit-il suivre l’évolution du marché de l’offre et de la demande ou se fixer des objectifs indépendamment de celui-ci ? Je n’ai ni la prétention ni les moyens de trancher, mais je demande à ce que l’on s’interroge sur les finalités du graphisme et de son enseignement. Car les enjeux apparaissent clairement : d’un côté des formations et des succédanés d’enseignement pour répondre au plus pressé d’un marché impatient, et de l’autre un dispositif éducatif sérieux, élaboré mais dont les capacités d’accueil sont limitées. En effet, les principales écoles, dont le cursus pédagogique correspond au niveau requis pour l’acquisition des connaissances artistiques et professionnelles nécessaires, n’ont pas augmenté de manière significative le nombre

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• Pei-Sin Ma/ École d’art Maryse Éloy 3e année Design graphique Prof. : Thierry Sarfis Titre : Le Livre ouvert Mise en pages d’un livre de poésies de Paul Éluard intitulé Le Livre ouvert. • Nicolas Coubrun/LISAA Rennes 3e année Design graphique Prof. : Édouard Martinet et Arnaud Goisque Titre : Le Temps Une affiche parmi six réalisées sur le thème du temps, psychologique et intérieur. Chaque visuel est lié aux autres et représente 12 heures.


• Ana Nikolic/ École d’art Maryse Éloy 3e année Design graphique Prof. : Thierry Sarfis Titre : Le Livre ouvert Mise en pages d’un livre de poésies de Paul Éluard intitulé Le Livre ouvert.

• Valérie Duvieusart/ École d’art Maryse Éloy 3e année Design graphique Prof. : Thierry Sarfis Titre : Musée de la Magie Affiche et carte postale (recto verso) pour le musée de la Magie. • Marie-Laure Tomasi/ Axe Sud 2e année Design graphique Prof. : Olivier Bersin Titre : Roméo et Juliette Affiche pour le théâtre de La Criée autour du thème de Roméo et Juliette.

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… d’étudiants qu’elles peuvent admettre et intégrer de manière satisfaisante. Alors, inévitablement, des initiatives se multiplient pour pallier cette disproportion entre places disponibles et nombre de candidats, mais, hélas, souvent sans prendre en compte les exigences que requiert l’enseignement du graphisme. Car un projet pédagogique, même s’il doit tenir compte de l’état du marché, n’a pas pour fonction unique de répondre à celui-ci et se doit de défendre des valeurs égales à celles de l’enseignement universitaire d’autres disciplines ainsi que de donner les moyens à l’étudiant(e) d’assumer pleinement ses responsabilités artistiques et professionnelles dans la société. Profession à la mode, le graphisme a attiré, depuis quelques années, beaucoup de gens qui, considérant que le seul apprentissage du langage informatique suffisait, se sont lancés dans l’exercice d’une activité qu’ils ne maîtrisent ni intellectuellement ni culturellement. Ceux-là doivent savoir que l’outil informatique n’est que le prolongement de la réflexion et l’élaboration d’une idée, même si, grâce aux multiples possibilités offertes par les logiciels, l’ordinateur a permis et permet d’enrichir des idées qui s’exprimaient autrement auparavant. Néanmoins, ne perdons pas de vue que l’enseignement du graphisme doit s’articuler, comme on le constate en architecture, en design ou en arts plastiques, autour d’axes forts et structurants : l’histoire de l’art et de l’esthétique, la pratique du dessin comme socle à toute expression ultérieure, l’apprentissage, la pratique et l’étude de la typographie, l’analyse de l’image et de ses transpositions techniques (photographie, collage…) et, ceci n’est pas exhaustif, le rapport fondamental entre le fond et la forme, entre un concept (une idée) et sa réalisation. L’enseignement du graphisme doit afficher haut et fort son ambition : faire reconnaître cette profession comme une profession intellectuelle et artistique, dont les acteurs ont la lourde responsabilité, notamment, de contribuer à façonner notre environnement visuel dans le monde de demain. J’ajouterai que la pratique de l’enseignement ne me paraît possible que dans un profond engagement de l’enseignant vis-à-vis de ses étudiants, mais aussi dans un échange exigeant et un partage de connaissances entre ces deux parties. I

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• David Plougoulm/ LISAA Rennes 3e année Design graphique Prof. : Arnaud Goisque Titre : Les Sept Péchés capitaux Affiches caractérisant les sept péchés capitaux.


• Alexandre Nicolas/ École des beaux-arts de Toulouse 4e année Communication multimédia et graphique Prof. : Michel Strauss Titre : Engagement antitabac Dans le cadre d’une intervention ponctuelle du graphiste polonais Vladislaw Pluta de l’académie des arts visuels de Cracovie, les étudiants ont dû réfléchir sur une affiche 40 x 60 cm, sans lettrage et en utilisant un rapport suffisamment explicite pour que l’affiche puisse fonctionner partout ; un langage universel…

• Delphine Passadori/École des beaux-arts de Saint-Étienne 4e année Communication multimédia et graphique Prof. : Jean-Claude Paillasson Titre : Sténotypie Création de typographie et d’une revue, Sténotypie, sur le graphisme et l’architecture. Delphine Passadori a créé deux typos : la Lumineuse et la typo Chien. • Yasuko Kikuchi/ Créapole 3e année Communication visuelle Prof. : Danielle Memet Titre : Changement d’Habitat Nouvelle identité visuelle pour la marque Habitat et mise en place d’un système de signalétique. Le logo, la signalétique (pour indiquer les rayons), les sacs et le packaging des produits Habitat sont repensés.

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Le syndrome du “Kleenex” Alain Le Quernec, professeur d’arts plastiques en collèges et professeur intervenant en écoles de design graphique.

ous appréciez ce professeur, son enseignement est brillant, ses références sont devenues vos références, sa technique, votre technique… Attention, méfiez-vous d’en devenir son ou sa groupie, d’autant plus que, même s’il s’en défend, il ne détestera pas jouer les gourous. Si vous avez accepté ses règles, ses références, profitez-en pour aller plus loin, ne vous contentez pas de simples critiques ou de vagues conseils en guise de corrections, forcez-le à travailler lui aussi, mettez-le au pied du mur, qu’il démontre ce qu’il peut faire lui. S’il vous suggère de passer du temps sur votre travail qu’il en passe sur le vôtre lui aussi. Qu’il vous convainque par des propositions et non par des suggestions, qu’il les justifie, qu’il prenne le risque de ne pas être bon et n’acceptez pas ses recettes toute faites. Ne le lâchez pas, faites-lui dire tout ce qu’il sait… Il y aura toujours les opposants systématiques. Ceux-là ont besoin d’exister par l’affrontement, par la négation et par la remise en question de l’enseignement. Cette opposition est bien stérile mais je suppose nécessaire à leur équilibre, à leur épanouissement. Quant au prof, il n’en a pas grand-chose à faire, il ne va pas perdre son temps à relever les provocations. Tout cela est une perte de temps quand bien même vous l’appréciez, le respectez, dites-vous bien que vous n’êtes pas marié avec lui, profitez-en et quand vous en aurez fait le tour, plaquez-le pour un autre qui vous apportera quelque chose d’autre, votre évolution est au prix de ces petites trahisons successives. Ne vous embarrassez pas de sentiments, un professeur n’est qu’un Kleenex, on ne le garde pas dans sa poche après usage. Il ne pourra jamais prétendre vous avoir fait, tout au plus vous avoir révélé mais répétez-vous toujours que vos succès vous ne les devez qu’à vousmême et vos échecs aussi, d’ailleurs. L’enseignement du gra-

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• Jean-Luc Monnet/École Émile Cohl 3e année Infographisme/Prof. : Jean-Michel Nicollet Titre : Démentia Access Images extraites d’une animation pour un clip.

• Philippe Gallezot/École Émile Cohl 3e année Infographisme/Prof. : Jean-Michel Nicollet Titre : Appart51 Une visite de l’appartement de Philippe Gallezot. Dix-huit mètres carrés sous forme de frise horizontale composée de huit images. Technique : photo numérique et infographie.


• Christophe Silan/ École Émile Cohl 3e année Illustration papier Prof. : Jean-Michel Nicollet Titre : Giroflées Illustrations de textes d’André Frédérique.

• Frédéric Le Donge/ École des beaux-arts de Rennes 3e année Communication visuelle Prof. : Michel Palix Titre : Le Bien et le Mal Extrait d’un projet personnel sur le bien et le mal constitué d’un livre de 80 pages. L’objectif : mélanger textes, illustrations traditionnelles et infographie pour aboutir à un travail “graphique”.

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• Stéphane Carteron/

phisme est avant tout un problème administratif. Chaque école devant proposer aux étudiants des équipements et des enseignants en nombre suffisant et donc des programmes adaptés à l’actualité du métier, si c’est une banalité de le dire, c’est une priorité de le faire. La qualité du niveau technique de leur formation est un argument de poids quand les étudiants négocient leur premier emploi. Une fois cette logistique en place, on peut alors, mais pas avant, prétendre que la formation est avant tout intellectuelle, qu’elle dépasse de beaucoup la technique et les équipements. Je crois aux vertus d’un enseignement basique, théorique, abstrait, artistique. Je crois en la formation de l’œil plus qu’en celle de la main (ou de la souris), voir, cela s’apprend. L’éducation “artistique” commence dès la sixième, je ne pense jamais à parler d’art, et à certains parents qui affirment en gloussant “mon petit n’est pas doué pour le dessin”, je leur réponds qu’ils devraient dire “mon petit ne sais rien voir, rien ressentir, c’est un handicap mental” et donc il n’est pas de mise de glousser pour annoncer un tel constat. Cette même gymnastique de l’œil et de la pensée doit se poursuivre tout au long de la formation. Plus qu’une formation technique elle assurera votre autonomie. Je défends un enseignement qui permet à chacun d’analyser et de remettre en question sa production, qui développe l’intelligence du regard. Cette éducation permet d’échapper tant aux diktats techniques qu’aux phénomènes de mode mais permet par contre d’aborder toute forme de production qu’elle soit graphique ou publicitaire avec clairvoyance et efficacité. I

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École des beaux-arts de Besançon 5e année Design graphique Prof. : Paul Weber Titre : La route est belle la nuit Affiche pour une campagne de prévention de l’alcool au volant.

Stéphanie Lachaussé/École des beaux-arts de Caen 3e année Design graphique Prof. : Denis Lebool Titre : Bande-son Capture d’écran retranscrivant les courbes comparées du son fait par un cheval et une usine. Traduction des sons par la typographie.


• Maud André/École Émile Cohl 3e année Illustration — PAO Prof. : Yves Got Titre : Bestiaire de nuit (A chacun sa nuit, à chacun sa façon de dormir) Projet de livre pour enfants, un bestiaire qui montre les animaux en plein sommeil. Leur façon de dormir est souvent originale. Le traitement des images est entièrement fait sur Photoshop.

• Gwenaëlle Le Corre/École des beaux-arts de Caen

• Karim Douis/

3e année Design graphique

École des beaux-arts

Prof. : Denis Lebool

de Caen

Titre : Le Temps d’un week-end

3e année Design graphique

Une histoire absurde composée d’images absurdes.

Prof. : Denis Lebool Titre : Psyché Images extraites d’un travail d’expérimentation interactive, réalisé en hommage à Psyché.

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Des clés et des leviers Denis Lebool est graphiste et enseignant à l’école des beaux-arts de Caen.

raphistes, infographistes, photographistes, lookers, metteurs en forme, spécialistes, designers graphiques, typographistes, etc. […] Quelle que soit sa définition, le graphisme est enseigné dans les écoles d’art. Les écoles sont des sas, des lieux de passage, des territoires de libertés, dans lesquels les étudiants pratiquent les codes graphiques, développent des recherches et apprennent à apprendre. Les objectifs sont plus ou moins professionnels. Chacun y trouve sa place, même pour ceux qui n’obtiennent pas de diplômes, les études restent des années de bonheur riches en expériences. […] Aujourd’hui, les écoles d’art ont investi l’informatique, ses outils de création et de production, dans les domaines du signe, du son et de la vidéo. Les enseignants sont aussi des professionnels, des auteurs, des acteurs en phase avec le monde extérieur, dont la morale ne défend pas toujours un graphisme d’utilité publique. Les signes et les images investissent l’espace des villes, il y a de tout et n’importe quoi, trop de recettes et des banalités. Les enseignants n’ont pas pour mission que d’enseigner des savoirs, mais de donner des clés pour savoir, de fournir des leviers pour créer. De la méthodologie, de la culture spécifique et surtout une solide culture générale. Un graphiste, c’est une sorte d’antenne, un capteur d’énergies extraordinaire, un émetteur-transmetteur subtil. Il est intéressant de noter que les étudiants actuels, diplômés ou diplômables, ont des appétits nouveaux. […] I

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• Jérôme Cousin/École Émile Cohl 3e année Illustration-Animation/Prof. : Yves Got Titre : Les Hiboux Mise en scène d’une famille de hiboux qui se veut un comique de variation très libre. Ce projet est à la fois un regard tendre sur notre société tout en comportant des gags absurdes. Il se prête facilement à l’animation grâce à son minimalisme : six dessins animés de moins d’une minute ont déjà été réalisés.

• Charlotte Gautier/ECV Paris 3e année Design graphique Prof. : Jean-Claude Cally et Laurence Didion Titre : La Vie Claire Direction artistique pour la communication des magasins biologiques La Vie Claire.

• Laurent Honnard/ECV Paris 1re année Illustration Prof. : François Deshayes Titre : Le Corbeau et le Renard Illustration de la célèbre fable de La Fontaine.

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• Patricia Perret/ École des beaux-arts de Besançon 5e année Communication Prof. : Jean-Claude Terrier Titre : L’Échappée belle Création d’un label spécialisé dans la chanson française et mise en place d’une communication globale. Six affiches faites à partir de citations d’artistes de cette mouvance, en faisant ressortir des mots-clefs dans un univers coloré.

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On nous cache tout, on nous dit rien

• Ludovic Laurent et

Jean-Claude Paillasson est responsable de l’atelier graphique à l’école des beaux-arts de SaintÉtienne.

3e année Design

ui fait le graphisme ? Les responsables marketing d’Adobe ou les programmateurs d’Xpress ? Qu’est-ce qui fait le plus identité visuelle ? Le maillot orange de l’équipe des Pays-Bas ou celui des Verts de Saint-Étienne ? Qu’est-ce que je peux mettre comme typo ? Que faut-il faire ? Exécuter des recettes ou développer recherches et expérimentations, monter des classiques ou des modernes, doiton faire un choix ? Que répondre à quelqu’un qui vient vous voir et vous demande de lui transmettre instantanément les trucs qui vont lui servir pour être compétent en graphisme alors que vos étudiants mettent de 3 à 5 ans pour le devenir ? Si un professeur professe, un enseignant en saigne combien ? Quelle nécessité existe-t-il aujourd’hui à faire du graphisme autant qu’il y en avait à faire pipi autour de chez soi pour marquer son territoire ? Qu’est-ce qu’une chapelle ? Vous pouvez me faire un petit logo, rapide ? Qu’est-ce que le langage et à quoi ça sert ? Pourquoi séparer l’histoire des idées, des formes et des techniques ? Tu connais pas le raccourci clavier pour faire une cocotte en papier ? Pourquoi n’y a-t-il pas d’accent sur les e de Emigre ? C’est quoi une planche Letraset ? C’est quoi un graphisme essentiel ? Est-ce que vous êtes prêt à rentrer dans le monde professionnel ? Combien est-on payé ? I

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Romain Nougairède/LISAA Paris graphique Prof. : François Fiévé Titre : RAS RAS est un support de recherche graphique. Il regroupe différents travaux personnels. Ici Qu’est-ce qu’on fait vendredi ?, une série d’images réalisées à partir de photos et d’enregistrements audio d’une soirée improvisée. Collection 98-70 regroupe des annonces immobilières présentant différents appartements à la façon d’un portfolio de mode.


• Philippe Gallezot/ École Émile Cohl 3e année Infographisme Prof. : Jean-Michel Nicollet Titre : Carte postale Série de cartes réalisées pour la présentation du diplôme. Technique : photos numériques et infographie.

Anne-Sophie Charpié et Benoît Jung/ Créapole Prof. : Danielle Memet Titre : Eve Éve symbolise la naissance, la culture occidentale et la sensualité. Eve est le nouveau produit que Nike a choisi pour conquérir le marché chinois. Ce site Internet se différencie du site actuel de Nike, car il associe la culture occidentale qui entoure la légende d’Éve aux images traditionnelles chinoises.

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Créer des individus conscients Scéno-graphiste parisien indépendant, Gilbert Zalc enseigne la communication visuelle à Créapole et à l’Esat-Com.

e pose ici la question de l’enseignement artistique qui ne pose pas la question de la place de l’artiste et de sa mission dans la société. Ou qui préfère s’en tenir aux images séculaires et inaptes à produire de véritables individus aptes à appréhender les incohérences et les errances de notre monde dit professionnel. Je pose la question de la formation à l’école primaire et ensuite des donneurs d’ordres ou des intermédiaires qui ont fleuri ces derniers temps et qui souvent, par méconnaissance, figent le processus créateur à leur propre incapacité. Je pose la question de la fonction et de la performance de cet enseignement pédagogique qui ne se régénère que difficilement et avec opacité dans certaines institutions soutenues par les perfusions des fils du pouvoir. De cet enseignement qui ne s’en tient qu’aux schémas les plus inconscients de l’ordre social et moral établi. De cet enseignement qui cautionne des pratiques de stages et de concours souvent inadmissibles. De cet enseignement qui ne participe pas à la réflexion des professionnels et qui n’élargit pas sa propre réflexion. De cet enseignement qui oublie de construire sur la sève de l’arbre qui le supporte : l’art et la réflexion, l’intelligence au service de… De cet enseignement qui s’arrête à la mise en forme et qui ne montre pas la piste du véritable enjeu de la communication, la parole donnée et la parole perçue. Je suis non pas triste pour ces jeunes qui courront, coûte que coûte, la course qui les attend, mais pour cette pédagogie consensuelle à l’image de notre société, qui par les non-dits et les enjeux individualistes, camouflés et hypocrites, encourage au final les abstentions et le découragement civique fort compréhensible dans cette population naissante. Je n’envisage aujourd’hui, à 40 ans, que l’hypothèse du caillou ou du plancton. La déflagration à la fran-

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• Hugo Oudin/École des beaux-arts de Toulouse 3e année Communication/Prof. : Michel Strauss Titre : Un geste pour vous, un grand pas pour lui Ces affiches, commandées par le Centre d’éducation des chiens-guides d’aveugles de Perpignan, sont destinées à une campagne de sensibilisation. L’intérêt artistique de ce travail consistait à concevoir un message graphique capable de traduire la réalité du handicap d’un aveugle et de rendre compte de l’intimité de la relation maître-chien. Ces affiches seront placées dans les réseaux Decaux des villes de Perpignan, Montpellier, Toulouse… • Xavier Depraetere/École des beaux-arts de Caen 3e année Design graphique/Prof. : Denis Lebool Titre : Les Infectes Petit livre contenant des créations d’insectes basées sur la typographie avec des illustrations présentant des expérimentations diverses faites sur les insectes. • Gil Cornut/Axe Sud 3e année Design graphique/Prof. : Olivier Bersin Titre : Le Vert Réalisation d’un cahier de tendances sur le thème du vert.


• Valentine Victor-Pujebet/École des beaux-arts de Saint-Étienne 3e année Communication multimédia et graphique Prof. : Jean-Claude Paillasson Titre : Typo Aux-Mots-Normal Comment lier intimement l’image au mot ? Pour construire cette typo, il a fallu composer les postures des deux garçons afin que leurs corps enlacés forment les caractères alphabétiques. D’images photographiques, les corps deviennent signes typographiques pour former une police de caractères “vivante”.

• Sophie Brunelin/ École des beaux-arts de Saint-Étienne 5e année Communication multimédia et graphique Prof. : Jean-Claude Paillasson Titre : Illisible (Code) Illisible est un recueil présentant des expériences typographiques aux frontières du lisible. Ces typos, déclinées sous le nom de Code pourraient s’apparenter au code-barres. • Emmanuelle March/École des beaux-arts de Bordeaux 2e année Communication Prof. : Bernard Cazaux et Yannick Lavigne Titre : La Metamorphace Couverture d’un livre de montages photo. Son objectif : défaire les gens de leur tendance à préjuger les autres sur leur apparence physique.

• Jérôme Broniarz/ École des beaux-arts de Saint-Étienne 3e année Communication multimédia et graphique Prof. : Jean-Claude Paillasson Titre : Crise sociale chez les Lego Sur un mode narratif, la crise sociale se décline aussi chez les Lego. Les mots d’ordre, slogans, consignes de sécurité accompagnent les mises en scène de ce monde du travail modèle réduit. Pour traduire cet univers du travail et de propagande, une typographie était nécessaire, elle se nomme bien sûr la typo Totalitario.

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• Vincent Portal/ École des beaux-arts de

çaise de toutes les instances publiques ou politiques à venir ne fera que rendre crédible cette vision. Créons du lien et de la vie, créons des générations conscientes de la valeur de la transmission du savoir et du savoir-être des aînés qu’ils seront un jour, créons des individus conscients de leur force et de leur mission, créons des professionnels passionnés et passionnants, ouverts à la vie et au monde qui au-delà d’être en mutation crée des mutants et des exceptions, créons du sens valable pour tous et par tous, créons une génération qui remettra au sol les rails qui nous manquent. […] Écrivons une page de notre histoire où les générations et les milieux sociaux se côtoieront en s’affrontant et en s’enrichissant mutuellement. Notre rôle de designers du temps qui passe est aussi là, ne laissons pas les marchands du temple s’emparer de notre âme. Les images finissent toujours par donner du travail à un conservateur, conservons un travail décent à tout créateur vivant…. I

Toulouse 4e année Communication multimédia et graphique Prof. : Michel Strauss Titre : Engagement antitabac Dans le cadre d’une intervention ponctuelle du graphiste polonais Vladislaw Pluta de l’académie des arts visuels de Cracovie, les étudiants ont dû réfléchir sur une affiche 40 x 60 cm, sans lettrage et en utilisant un rapport suffisamment explicite pour que l’affiche puisse fonctionner partout ; un langage universel…

• Sandrine Binoux/École des beaux-arts de SaintÉtienne 3e année Communication multimédia et graphique Prof. : Jean-Claude Paillasson Titre : Comportement de chien Cette signalétique du comportement urbain est réalisée dans un premier temps avec des gommettes. Elle donne lieu aujourd’hui à un film en 3D. • Alexandra Carlier, Alexandre Curvat et Emmanuel Chandes/ École des beaux-arts de Saint-Étienne 4e année Design & Communication multimédia et graphique Prof. : Jean-Claude Paillasson Titre : Signalétique du Bon Sens Signalétique sur Plexiglas orange réalisée pour une exposition d’art contemporain.

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• Justin Staple/École des beaux-arts de Bordeaux

• Tugdual Le Goff et Camille Gabarra/ESAG-Penninghen

2e année Communication/Prof. : Bernard Cazaux et Yannick Lavigne

5e année Design graphique/Prof. : Michel Bouvet

Titre : Tide

Titre : Tête-bêche

Projet de couverture de Tide, un magazine réalisé par des élèves de 2e année. Ici, l’idée est

Commande d’une affiche de théâtre pour la pièce de Grégoire

de faire de Tide une marque de lessive, ce qui évite de hiérarchiser les titres des articles.

Aubert de Palindrome au théâtre Mélo d’Amélie.

• Katia Lugan/École des beaux-arts de Caen

• Daphné Rougeck/Axe Sud

2e année Design graphique

Formation design graphique/Prof. : Nathalie Bossard

Prof. : Denis Lebool

Titre : 100 Ans-100 Objets

Titre : Des prises

Affiche autour du thème “100 objets de la vie quotidienne”.

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• Julien Roques/

De la martre à la souris

École des beaux-arts Michel Palix est enseignant à l’école des beaux-arts de Rennes.

de Bordeaux

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Communication

988. Je fais rentrer le premier Mac à l’école des beaux-arts de Rennes. Exit les lettres-transferts et bienvenus les électrons. La typographie était un terme désuet, souvent mal enseignée, car la plupart du temps abordée d’un point de vue technique. Nos étudiants ne connaissaient pas le nom des typos. Cochin était un hôpital. Depuis, la typographie est redevenue un moyen d’expression que les étudiants emploient régulièrement. […] Quant aux images, c’est une autre révolution. Avec un modeste budget, n’importe qui actuellement est capable de commettre une image techniquement irréprochable. […] Le problème est là. Les idées s’effacent devant la technique, les effets et les filtres… L’école d’art est un des derniers espaces de liberté où l’expression ne doit pas être la réplique du modèle professionnel. […] Pour l’étudiant le diplôme est l’occasion de concevoir un projet qu’il ne pourrait réaliser dans le milieu professionnel. Nous avons eu le cas d’un étudiant qui a fait son diplôme sur “la sexualité chez les handicapés physiques”, alors qu’il voulait faire de la pub. Six mois plus tard, diplôme en poche, il était DA dans une grande agence à Paris. […] Auparavent les étudiants travaillaient avec des partenaires extérieurs et réalisaient leurs visuels sur une problématique effective, celle de l’entreprise en question. Actuellement, on serait plutôt dans la mythologie personnelle avec un souffle et une créativité sans contraintes, avec un mélange de techniques éprouvées, voire traditionnelles, ringardes ou contemporaines, louchant parfois sur l’installation et la mise en scène. […] Le métier est devenu trop vaste, il va falloir se spécialiser. Soit dans le papier, soit dans l’écran. La manière d’enseigner va changer dans les années qui viennent. Les étudiants disposant d’une machine personnelle sont de plus en plus nombreux et le “temps-machine” qu’on leur a consacré tend à disparaître. Cet apprentissage sera moindre à l’avenir dans les écoles d’art et la façon d’enseigner des profs va radicalement changer pour ne plus penser, enfin, qu’au concept. […] Les étudiants et les techniques ont bien changé et les profs beaucoup appris. I

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2e année Prof. : Bernard Cazaux et Yannick Lavigne Titre : Tide Projet de couverture pour Tide, le magazine des élèves de 2e année.

• Quentin Guillard/École des beaux-arts de Toulouse 3e année Communication/Prof. : Michel Strauss Titre : Un geste pour vous, un grand pas pour lui Ces affiches, commandées par le Centre d’éducation des chiens-guides d’aveugles de Perpignan, sont destinées à une campagne de sensibilisation. L’intérêt artistique de ce travail consistait à concevoir un message graphique capable de traduire la réalité du handicap d’un aveugle et de rendre compte de l’intimité de la relation maître-chien. Ces affiches seront placées dans les réseaux Decaux des villes de Perpignan, Montpellier, Toulouse… • Sébastian Deneymet/École des beaux-arts de Toulouse 4e année Communication multimédia et graphique/Prof. : Vladislaw Pluta Titre : Antitabac Il fallait produire des images signifiantes d’un engagement antitabac. Une drôle de contrainte : aucun lettrage, donc ni mots ni phrases. De par la présence du polonais Vladislaw Pluta, l’affiche devait être compréhensible aussi bien en France qu’en Pologne.


• Tugdual Le Goff et Camille Gabarra/ ESAG-Penninghen 5e année Design graphique Prof. : Michel Bouvet Titre : Mise en boîte Travail personnel. Commande de deux affiches et leurs flyers pour des soirées étudiantes organisées au Dupleix à Paris. Deux thèmes : mise en boîte et nuit de l’oreiller.

• Émile Chatanay/ École des beaux-arts de Saint-Étienne 3e année Communication multimédia et graphique Prof. : Jean-Claude Paillasson Titre : Tranches de bruit Restitution graphique des sons. Après avoir été enregistrés sur Dictaphone, les sons sont ensuite retranscrits graphiquement. Ils deviennent des onomatopées graphiques, remis en scène sur l’image, d’où ils proviennent.

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Cartier s’habille en HTML A l’occasion du Festival Comunica à Deauville, des étudiants en graphisme Web, réunis dans un espace ouvert visible par tous les festivaliers, ont planché sur un cas d’entreprise pendant deux jours et deux nuits.

a Design Gallery organisée par Tribe lors du Festival Comunica, en partenariat avec Intel et IBM, a rassemblé des graphistes étudiants du monde entier autour d’une compétition de sites Internet. Une trentaine de jeunes apprentis du Web installés en réseau sur les derniers IBM, s’est affrontée autour d’un cas d’entreprise gardé secret jusqu’au début de la compétition. Avec comme impératifs de travailler par équipe de deux et de construire et animer un site en 72 heures, soit trois jours, les teams créatifs avaient, de plus, carte blanche quant aux technologies à utiliser avec ou sans modération. Flash, Shockwave, 3D, design sonore sur Sound Forge, tout était permis pour mettre en ligne l’image de l’entreprise. Révélé à Deauville, la veille de l’ouverture du festival, le brief était de promouvoir une des deux merveilles de la technologie du joaillier Cartier, la montre Panthère. Le jury composé de professionnels, directeurs du marketing, de la communication et graphistes confirmés a visionné une quinzaine de sites dans la nuit de vendredi à samedi pour finalement récompenser trois réalisations. Le premier prix, présenté lors de la remise des Dauphins d’or à la clôture du festival, a été attribué à deux étudiants en première année de l’école Sup Info Com de Valenciennes, Kate Havran et Renault Dorizon. Le deuxième prix a récompensé Jérôme Lacote, étudiant de Paris VIII, le troisième enfin a été attribué au team anglais déjanté Sandeeth Sheth et John Bjegfelt du London College of Music and Media. I

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Artichaud, le lauréat de la Design

Les écoles ayant participé à la Design

Gallery s’inspire d’une imagerie

Gallery :

féminine et raffinée. Lignes

• Sup Info Com, un cursus de

pures, sobriété des effets, apparition en flash de visuels

Valenciennes spécialisé dans l’image de synthèse

fabriqués par le team, Artichaud

• Université Paris VIII, à Saint-Denis

a convaincu le jury par sa

• CFT Gobelins

maturité.

• Institut international du

Le site, deuxième prix de la compétition, est un jeu élégant en flash sur la typo, la texture et les courbes de la montre pour femmes Panthère de Cartier. Des effets rythmés sur une musique jungle et qui défilent de façon instinctive dans l ‘écran comme un bracelet glisse sur la peau. Death Wish, le troisième prix, joue l’humour et le total décalage à travers des clins d’œil appuyés à l’imagerie surannée des années cinquante. Pictos malins, rouages chapliniens des Temps modernes et musique de Franck Sinatra revisitent brillamment le brief urbain de Cartier.

Multimédia-Léonard de Vinci • Thames Valley University, Grande-Bretagne • Tafe Enmore Design Center-Sidney, Australie • London College of Music and Media, Grande-Bretagne


Friture

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Photographe

Antoine Calmettes est photographe. Sa méthode de travail, il l’a trouvée dans les archives du xixe siècle. Il pratique la photographie aquatinte (ou gomme bichromatée). A partir de prises de vue en noir et blanc, le photographe travaille par contact. Il pose directement son négatif sur un papier photo qu’il a fabriqué lui-même, et auquel il a incorporé un pigment de couleur. Entre le séchage du papier coloré, l’exposition qui dure une heure et le développement (ou “dépouillement”) par petites touches au pinceau, il faut s’armer de patience. L’image finale n’apparaît qu’après cinq heures de travail. Avec de telles contraintes horaires, il n’est pas évident de répondre aux commandes des speedés de la pub et de la presse. Mais parfois cela marche. Ainsi, pour répondre au journal Marianne, Antoine Calmettes a travaillé 40 heures d’affilée. Ça se mérite la photo aquatinte.

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i m a g e s

Femmes fatales

L’illustration ferait-elle son retour dans la pub ? Les parfumeries Patchouli et leur agence Le Nouvel Eldorado en prennent le pari en employant les talents créatifs de l’uruguayen Jordi Labanda (Art Department), repéré dans les publications anglosaxonnes les plus pointues (Interview, Allure, Details, Wall Paper, Vogue…). L’illustrateur, qui a grandi en Espagne, a également réalisé des campagnes aux USA pour Pepsi, Nickelodeon, Geffen Records ou Sloggi… Pour Patchouli, le brief était simple. Le Nouvel Eldorado souhaitait des femmes extrêmement sophistiquées. Des femmes libres et impressionnantes, féministes mais féminines jusqu’au bout des ongles. Pour répondre à cet idéal, l’illustrateur et l’agence se sont tournés vers la fin des années soixantedix. Entre James Bond Girls et Pam Grier version blaxploitation, le résultat de la collaboration “francouruguayenne” cumule couleurs flash et traité ultraglamour – ce qui est inédit en France. Et s’il y avait déjà des fans des pimbêches de Patchouli, sachez que la saga ne fait que commencer…

Fashion victims Absolut Vodka continue son exploration de la “branchitude”. Pour sa nouvelle action fashion, la marque suédoise a invité Tom Ford, le styliste de Gucci. Le designer a conçu une collection de vêtements inspirée de la célèbre bouteille de vodka. Le photographe de mode Mario Testino a réalisé les prises de vue à Paris, dans une discothèque. Pendant le shooting, les mannequins ont été noyés sous des coulées de mousse afin de créer la “baignoire la plus branchée du monde”. Après Herb Ritts, Helmut Newton et quelques centaines d’autres, Mario Testino vient parachever la belle brochette de photographes déjà épinglés par Absolut Vodka.

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i m a g e s

Rankin La FNAC envoie la deuxième vague de sa campagne “Attention Talent”. Les visuels de cette annonce, déclinée en deux affiches, sont dus au photographe britannique Rankin. Éditeur, directeur de création, photographe, réalisateur de vidéos et communicant rebelle, Rankin déroule un CV édifiant. L’homme a cofondé le magazine Dazed & Confused en 1991. Il en a réalisé presque toutes les photos de couverture. Il travaille régulièrement pour Q Magazine, Spin, Max et Rolling Stone. Ses dernières campagnes ne déparent pas son curriculum : Diesel, Schweppes, Givenchy… Pour ce qui est du people, l’homme affiche un grand nombre de stars de la musique à son compteur. Pour la campagne FNAC, DDB recherchait la spontanéité et la modernité. Moyennant un grand espace de liberté, Rankin leur a offert des clichés pris sur le vif, avec de “vrais” gens évoluant dans des couleurs vives. Tout l’esprit “Attention Talent”, semble-t-il.

Web héros

Comment sortir de sa Picardie natale sans se résoudre à la quitter ? La réponse de François Glineur, c’est le Net. L’homme est illustrateur. Sorti l’année dernière de l’ESAD d’Amiens, il réalise depuis de petits films d’animation qu’il lance sur la Toile. Si ce n’est pas le meilleur moyen de gagner sa vie, ses dessins animés lui offrent une grande visibilité. Il travaille, entre autres, avec un site canadien pour lequel il met tous les mois une BD et un dessin animé on line. Les créations de François Glineur sont le fruit de l’artisanat. Un ordinateur et trois logiciels (SoundEdit, Director et Photoshop) lui suffisent. Pour les bruitages, sa bouche est son unique instrument, son walkman sa seule prise de son. Mais l’Internet n’est pas le seul support des illustrations du Picard. François Glineur n’oublie pas le print. Il a publié L’Ours de Crécy, une BD commandée par la région à l’occasion de la commémoration de la guerre de Cent Ans, il a également réalisé un fanzine de BD et collaboré au Courrier Picard. Côté actualité : un livre d’illustrations est sur le feu…

Classieux Quand il était encore aux Arts-Déco, à Strasbourg, Bruno Salamone cherchait à réunir le dessin et le montage photo. Quatre ans après, c’est chose faite. Tout droit sortis d’une “réunion Tupperware”, ses personnages évoluent dans un univers digne d’un téléachat des années soixante. Bruno Salamone a récemment éprouvé sa nouvelle harmonie stylistique dans les pages de Mobile Magazine, ainsi que chez Nathan et BDDP Interactive. Pour le magazine chic et masculin Upstreet, l’article à imager traitait de la calvitie. Le résultat ? L’illustrateur a mélangé tous les codes les plus kitsch de notre société ultra-consumériste : pubs avant-après, meubles en Formica, gadgets en tout genre et autres “Vu à la télé”. Dans le choix de la couleur de ses fonds – entre marron, violet et vert pétant –, Salamone persiste dans son univers décalé et n’hésite pas à passer son bras sous le scan, histoire de donner du relief à ses Pantone. Le charme désuet d’une époque où le progrès technologique faisait encore rêver, où les femmes avaient des robes et les hommes parlaient de voitures, Bruno Salamone a su le retrouver. 7/8.99

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l é g i s l a t i o n par isabelle durand Avocat au barreau de Paris

Une fois n’est pas coutume Les vacances d’été approchant et portée par l’enthousiasme et l’énergie de ce numéro consacré aux étudiants des arts graphiques en particulier, j’ai souhaité également vous faire partager l’engouement d’une jeune étudiante en droit pour ma matière de prédilection.

J’ai bien entendu parlé des droits d’auteur et il m’a donc paru intéressant de délaisser pour une fois le ton de mes chroniques pour un sujet moins rigoureux mais non moins intéressant : Comment et pourquoi une étudiante en droit décide-t-elle de se spécialiser dans la matière des droits d’auteur ? Nous avons pour cela interrogé Alexandra qui, à 22 ans, vient d’obtenir sa maîtrise en droit des affaires et s’apprête à entrer dans un troisième cycle où elle étudiera de façon plus approfondie la propriété industrielle et la propriété littéraire et artistique. Vous souhaitez rentrer dans un troisième cycle, pouvez-vous me rappeler quel est votre premier choix ?

Mon premier choix est celui d’un DESS de propriété industrielle qui comporte toutefois des matières consacrées à la propriété littéraire et artistique. Depuis quand vous intéressez-vous aux droits d’auteur ?

Depuis la maîtrise car c’est la première année que l’on aborde cette matière qui nécessite pour sa compréhension toutes les bases, notamment de droit civil, que l’on a étudiées dans les années antérieures. Votre attrait pour cette matière est-il d’ordre strictement juridique ?

Non, pas seulement, car je m’intéresse à l’art et à tout ce qui est création. D’un point de vue plus juridique, la protection des œuvres de l’esprit induit un système de protection et l’application de règles très spécifiques dont l’étude m’intéresse particulièrement. A mon sens, la vulnérabilité et la difficulté de la condition de créatif au sens large du terme suscitent un intérêt particulier quant à l’étude d’une protection de leurs droits réellement adaptée et évolutive, plus que dans nombre d’autres matières. De plus il me semble qu’en France nous avons une législation et une jurisprudence particulièrement riches ce qui rend la matière très attrayante même si cela accroît la difficulté de son étude. Êtes-vous plus particulièrement intéressée par la propriété industrielle (marque, brevet) ou par les droits d’auteur ?

Dans l’immédiat il me semble que les deux matières sont très intéressantes et je pense que mes futures études en troisième cycle me permettront d’affirmer un penchant particulier pour l’une de ces matières. Mais il est vrai que les droits d’auteur m’intéressent parce qu’ils participent à la recherche d’un

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équilibre entre la protection de l’œuvre créée par un auteur et la nécessité d’en faire profiter la collectivité. Trouvez-vous la loi et la jurisprudence complexes ?

En l’état de mes connaissances, j’ai été surprise par la grande part de subjectivité dans l’appréciation des éléments qui détermine l’octroi ou non de la protection d’une œuvre (originalité, nouveauté). Il m’apparaît que dans cette matière plus que dans toute autre les choses s’apprécient avec subjectivité ce qui en droit me semble assez rare. C’est à mon sens ce qui explique aussi la richesse et l’importance de la jurisprudence dans cette matière. Y a-t-il de nombreux étudiants qui s’intéressent aux droits d’auteur ?

Oui, énormément et, en particulier depuis un an, il me semble que ce phénomène s’est nettement accru. Pour quelles raisons à votre avis ?

J’ai le sentiment que certains étudiants entretiennent une confusion des genres et ont l’impression qu’en étudiant cette matière ils atténueront la rigueur de leur formation juridique et peut-être de leur future vie professionnelle et auront l’illusion d’être eux-mêmes transformés en créateurs. Peutêtre de façon encore plus superficielle pensent-ils pouvoir ainsi évoluer dans le monde fantasmé des artistes et même plus généralement du show business ! C’est une espèce de mode… Partagez-vous cette motivation ?

Pas exactement… (sourire) même s’il est vrai que je pense qu’il est professionnellement plus attrayant et plus épanouissant de côtoyer des créatifs que des couples qui divorcent ! Donc, si je comprends bien, vous souhaitez devenir avocat ?

Oui. Bon courage !

Nous remercions vivement Alexandra pour avoir répondu à nos questions. Ainsi donc l’on peut rassurer les étudiants en arts graphiques qui souhaitent embrasser des professions de créatifs en tout genre, car il semble qu’il ne manquera pas de futurs et brillants avocats pour défendre leurs intérêts d’auteur. A moins que la mode ne change ! ■


r é a c t i o n par philippe quinton Graphiste-Enseignant Chercheur en communication

Vacances de signes… Voici venir le temps des congés estivaux, payés ou pas payés, après une année d’étude ou de production intensive. C’est l’occasion de se reposer, d’aller “voir” ailleurs, de faire autre chose pour se régénérer l’imaginaire. Mais cette période exceptionnelle n’est pas forcément une mise au repos de “l’activité graphique”, car les signes sollicitent encore plus notre disponibilité pendant les vacances. Alors qu’adviendrait-il si on les mettait eux aussi en vacances ?

La question n’est pas ici la vacance du sens si souvent déplorée dans notre société dite de la communication, mais l’excès de signes graphiques, la masse d’informations visuelles qui nous entoure, à l’accroissement de laquelle chacun apporte avec passion sa contribution. La prolifération de messages graphiques ne produit pas toujours les effets, le sens désiré, elle ne procure pas forcément le plaisir espéré… Dans l’urgence des commandes, les créateurs graphiques fabriquent beaucoup d’images matérielles mais ont finalement assez peu l’occasion de travailler leur imaginaire profond, de se laisser aller à des rêveries régénératrices. Cette plongée demande du temps et un recul spécifique, un certain détachement qui ne peut trouver sa place que dans les temps de vacances, quand le potentiel créatif peut errer sur d’autres horizons, quand on peut s’échapper d’une certaine dépendance graphique, se réveiller après une anesthésie générale des sens par le travail… Besoin de vacances graphiques ? Notre capacité d’absorption visuelle est certainement émoussée après une année d’abondance en communication graphique. Il y a des jours où on ne sait plus quoi faire de cette masse de signes visuels qui semblent vacants, en attente d’une signification qu’on leur accorderait, menacés aussi par une certaine vacuité. La création s’use à force de rénover les formes sans repenser le fond, contrainte à la pertinence et interdite de laisser-aller. Alors, pourquoi ne pas se mettre en vacances de graphisme, se déconnecter, se sevrer un peu d’images le temps d’un été, histoire de voir ce que cela ferait à un humain visuellement saturé ? Après tout, on arrive bien à se passer de bagnole, pourquoi pas d’images ? Serait-ce reposant, frustrant, angoissant, d’aller quelque part où il n’y aurait pas de signes graphiques ? Pourrait-on vivre, ne serait-ce que quelques jours, sans eux, loin d’eux ? Quel effet cela aurait-il sur les perceptions et sur les créations futures ? L’expérience vaudrait peut-être le coup d’être tentée dans des conditions positives et épanouissantes (ce qui n’a pas encore été fait, car les témoignages dont nous disposons à ce propos sont souvent issus de circonstances dramatiques). Que les volontaires fassent signe ! No graphic-land Imaginez des vacances sans pub, sans presse, sans Web, sans mail, et bien sûr sans télé… Une coupure totale de graphisme ! Mais passer des vacances sans être sollicité par des signes ou des images faits à dessein par l’homme communicant, sans même en rencontrer, n’est pas une chose facile à réaliser. En effet, on sait bien que les signes sont partout. Même au fond du désert il y aura toujours une étiquette dans la culotte pour nous rappeler notre attachement à ce monde des représentations. Supposons donc un

endroit où il n’y aurait aucun signe graphique produit par l’homme, aucune sollicitation conduite par des messages visuels, aucune image artificielle… Bien sûr des lieux pareils existent, à condition de ne pas y amener ses petites marques graphiques de civilisé, ses béquilles d’Occidental, et tous artefacts portables très vite insupportables. Il ne resterait alors que les images mentales, un potentiel à l’état brut. Le rêve ? N’allez pas croire qu’il s’agit là d’une rémanence baba cool. Non, c’est plutôt un désir de se rebooter le système créatif pour retrouver des sensations essentielles. Régénérer le regard Certains d’entre vous choisiront cet été le dépaysement géo-graphique en allant dans d’autres cultures, visiter d’autres univers. Une telle immersion invite à découvrir d’autres approches visuelles, elle interroge les habitudes, les manières de voir et de concevoir. Elle permet de prendre du recul, de renouveler les sources d’inspiration, car on sait bien que les graphistes, avec leur dynamique de création difficile à débrancher, “picorent” leurs graines un peu partout. Aller voir ailleurs (mais pas aller se faire voir) est évidemment fortement conseillé à l’étudiant qui construit son regard, forge sa démarche. Alors, tant qu’on y est, pourquoi ne pas partir sans appareil photo (mais peut-être juste un carnet de croquis ou un album de voyage), pour capter le monde autrement, s’arrêter un instant de faire des images et vivre quelque temps dans d’autres réalités du monde. Un tel regard, nécessairement plus profond, ne peut que modifier plaisamment celui des autochtones, ceux qui regardent d’ordinaire le touriste passer et piquer au vol des clichés sans âme. Et puis, quitter un peu le monde des images, comme quand on quitte sa maison pour un temps à part, cela donne tellement de plaisir quand on revient chez soi, quand on retrouve ses repères avec un regard lavé par le large, nourri par d’autres ouvertures sur le monde que celles de bien plates fenêtres-écrans, pourtant fondamentales – paraît-il – à une existence moderne. Pour le moment, les étudiants dont les travaux sont présentés ici dévoilent leurs potentiels en attente de sollicitations. A leur manière, ils sont en eux aussi en vacance, libres, disponibles, mais loin d’être vides, même si dans tout ce qui est proposé il est parfois difficile de faire la part entre le semis innovant et le repiquage, entre les graines originales qui régénèrent vraiment une culture visuelle, et de multiples clonages. Ces vacances-là ne peuvent que faire du bien aux regards blasés. Voilà, pour que tout le monde (re)trouve plaisir à créer, il y a des potentiels à faire travailler et d’autres à mettre en congé. Prenons de l’air pour ne pas en manquer ! ■

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r é a c t i o n par marc borgers

Le design graphique n’aura-t-il jamais de véritable rôle en France ? Graphiste, affichiste et

L’élargissement du domaine artistique

dessinateur de caractères belge

Le design graphique est pour moi une profession intéressante parce qu’elle se situe aux croisements, aux frontières de beaucoup de genres. C’est cela qui la rend moderne (pertinente et actuelle). Il y a moins d’un siècle, la création graphique est née d’une volonté d’élargissement du domaine artistique pour œuvrer comme critique du champ politique et social. Plus tard, c’est un Français, Raymond Loewy, qui inventa le design avec sa règle “maya” – most advanced, yet acceptable (“Bien en avance en restant acceptable”). Plus récemment, la nature du champ de la création a changé avec l’éclatement de la culture. Une pensée unique se profile et génère une multitude de contradictions et de complexifications de sens et donc forcément des moyens de l’exprimer.

installé en France, Marc Borgers nous livre sa vision sur la profession et ses devenirs.

La charnière entre lisible et visible Les designers graphiques sont formés comme cela : ce sont des plongeurs intuitifs et passionnés. Ils prennent en compte les charges culturelles des codes de communication induits par les arts plastiques. Ils ont cette faculté de traduire leur propre regard, de mêler leur histoire propre au sujet, à la commande. Ils sont contraints d’anticiper toutes les évolutions et les changements permanents. Ils occupent sur le plan de l’image une position charnière en décloisonnant les principaux modes d’expression de l’image : photo, peinture, illustration et tous ses dérivés, typo bien sûr et par ce biais l’écriture et les relations entre le lisible et le visible…

Le nivellement du marché Le design industriel est totalement submergé par la rentabilité économique. Ce n’est pas (ou pas encore ?) le cas pour le design graphique. En France, d’une manière générale, ce métier est en fait très peu considéré. Qui se pose vraiment la question de savoir à quoi ça rime un appel d’offres adressé à un graphiste auteur ? Si chaque auteur défend ses approches et son savoir-faire, pourquoi le client ne choisit-il pas directement en fonction de ces possibilités comme c’est souvent le cas dans d’autres pays ? L’indépendant, pour maintenir une activité rentable, est contraint de chercher d’autres voies. Du fait des concours et appels d’offres, beaucoup de travaux sont pris par des studios indépendants dont la politique se rapproche de plus en plus des agences de pub : rentrer des commandes, faire de l’argent avec du travail propre, lisse, bon genre, passepartout. Comment éviter ce nivellement par le bas ? Le designer n’a-t-il pas une place à défendre ? En écoutant ses propres intuitions, le créateur graphique oublie trop souvent la partie gauche de son cerveau qui lui permet d’expliquer ses choix et de construire son argumentation. Et plus généralement de rencontrer son interlocuteur, l’écouter et analyser les contextes pour lui proposer un point de vue différent. Défendre ses approches et montrer par là de quelle manière un travail personnel pour chaque cas constitue une valeur ajoutée.

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La subtilité Comment peut-on prétendre restaurer la radicalité du processus créatif dans un contexte mondialiste et sans tabou ? La réalité est plus compliquée que lisible ou visible… ou binaire. Le dualisme noir/blanc n’apporte plus rien. Pour comprendre la complexité et les contradictions de la vie contemporaine dans le libéralisme économique ambiant, chacun a besoin de la subtilité et plus encore de savoir comment l’utiliser… Il est possible et nécessaire de réunir complexité et intelligibilité dans le graphisme actuel. En créant des ponts et des écritures appropriées en fonction du centre de l’émotion.

Éclectisme et ouverture Par sa position, le graphiste est idéalement placé pour développer des interrogations sur les contours et le contexte de ses interventions. Il peut dénicher de nouveaux supports, inventer de nouveaux canaux fluides ou fabriquer de l’utopie fonctionnelle. Provoquer des ouvertures et générer des esthétiques nouvelles en confrontant différents genres. Décloisonner, construire une logique expressive. Pervertir les signes par la poésie. Découvrir dans les formes les parentés et le langage commun… Générer du sens par la puissance de ces correspondances, cela fait plus que véhiculer un simple message : introduire l’éveil et le questionnement. Corriger le regard en permanence à l’aide de ces digressions visuelles. Passer d’une problématique à une autre, changer de paysage, c’est apporter du frais pour soi-même et du nouveau partout… parce qu’on n’est pas contraint par un rituel comme c’est le cas dans la plupart des professions. Ceux qui sont ailleurs nous disent bien souvent mieux où nous sommes nous écrivait Malraux.


c o u r cr o i eu rr r i e r des lecteurs

Maître et esclave Un objet est chargé de désir de mémoire et de culture autant que de fonction écrivait un autre… Voilà ce qui nous échappe ces derniers temps. Nous devrions nous faire à l’idée que la technologie constitue des moyens, est là pour nous servir, pas pour nous aliéner ou restreindre nos libertés, même si c’est aussi plus ou moins le cas désormais. Nous sommes maîtres et esclaves. De nouvelles contraintes techniques peuvent influencer directement notre façon de construire les images : participer au nivellement ambiant ou faire évoluer son regard. C’est au départ de ces réflexions et avec un peu de solidarité que les créateurs graphiques arriveront à faire valoir et faire respecter leur travail.

des lecteurs

Nathalie Roussas nous écrit de

Guadeloupe dans un patient message calligraphique.

Une place au design graphique Passer au-delà des schémas produits par l’économie industrielle. Sortir des schémas du graphisme d’auteur. Pour beaucoup de graphistes en France, la création se réduit à l’institutionnel, étant acquis qu’il est impensable de négocier de la création graphique avec des “marchands de tapis”. (Les intérêts sont si différents !) D’accord pour les marchands de tapis. Mais il y a les autres. Les réceptifs. Ils ne demandent qu’à comprendre le rôle du design et à lui faire un peu de place. Mais en France depuis longtemps le secteur institutionnel s’oppose au secteur privé. (Le noir/blanc : l’argent d’un côté, la culture de l’autre). Au point qu’il devient difficile pour un jeune designer graphique de s’appuyer sur d’autres modèles. Les écoles ne me semblent pas suffisamment orientées vers l’action pratique, vers une idée plus pragmatique du métier. En France, beaucoup de designers indépendants pensent très sérieusement que l’idéal pour exercer la profession est de travailler avec des gens qui partagent la même opinion, le même fonctionnement. En quelque sorte, des amis ou des partenaires avec lesquels vous n’avez pas de problème. C’est une position très confortable et enviable : comme le peintre et son galeriste, l’artiste et son mécène. C’est aussi ce qui illustre le terme “graphisme d’auteur” de la manière la moins convaincante (et finira par rendre poussiéreuse une activité aussi ouverte que le graphisme). Il me paraît évident qu’un designer doit prendre en compte les contraintes qui font partie de son métier. Les contraintes sont toujours fécondes si l’on envisage la rencontre, la communication, l’extraversion. Si l’on induit l’ouverture à l’extérieur et le dialogue dans la créativité. ■

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l i v r e s par guillaume Frauly

Le livre du mois

Pack mania Titre : 50 Trade Secrets of great design packaging Auteur : Stafford Cliff Éditeur : Rockport Graphisme : Richard Dewing, Stuart Smith, Stafford Cliff, Keith Bambury Format : 23 x 30 cm Dos carré, collé 224 pages Illustrations en couleurs Anglais Prix : 351 F En vente en librairie et par VPC AD Sélection : 01 40 26 00 99

Comment naît un pack ? Quel est le brief, s’il existe ? Pourquoi certains projets ne voient-ils jamais le jour ? Il est souvent très difficile, voire impossible, de présenter les différents stades d’évolution d’un produit, et ce pour des raisons de concurrence. Cet ouvrage retrace pourtant de manière très fonctionnelle, au travers de cas, l’histoire de 50 produits, tous secteurs confondus. Si les contraintes auxquelles sont confrontés les designers d’emballages sont spécifiques quand il s’agit de packaging (soucis de recyclage, de fabrication…), la démarche créative est la même. Les technologies permettent aujourd’hui de visualiser sur écran des images de synthèse, mais les prototypes n’ont pas pour autant disparu. Les documents rassemblés dans ce livre sont uniques. Certains n’ont, d’après l’auteur, jamais été présentés aux clients… Du bidon d’huile pour moteur au dernier shampoing révolutionnaire, sans oublier les boîtes de chaussures ou les bouteilles de vin, Stafford Cliff nous emmène dans les coulisses des studios et publie tout le processus de création, des roughs au produit final. L’univers du pack, souvent très cloisonné, livre une partie de ses secrets. Un livre passionnant et fort utile, tant pour les créatifs que pour leurs commanditaires.

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nes de ces polices sont présentées pour la première fois comme par exemple la F2F Money Mix conçue pour les billets de banque ou encore la Pace in Love qui milite à elle seule contre la violence ! 84 polices sont rassemblées, expliquées et mises en pages dans ce livre, pour le plus grand plaisir des mordus des typos décalées. Elles continuent de fasciner les créatifs tout en demeurant sujettes aux critiques.

Titre : The Best of brochure design 5 Éditeur : Rockport Graphisme : Stoltze Design Format : 23,5 x 30,5 cm Dos carré, relié 207 pages Illustrations en couleurs Anglais Prix : 351 F En vente en librairie et par VPC AD Sélection : 01 40 26 00 99

Titre : Alphabook Auteur : Roger Walton Éditeur : Nippan Graphisme : Dan Sturges Format : 22 x 28 cm Dos carré, relié 184 pages Illustrations en N & B Anglais Prix : 425 F En vente en librairie et par VPC AD Sélection : 01 40 26 00 99

La cinquième édition de Best of brochure est une nouvelle compilation, réactualisée, de quelques-uns des meilleurs catalogues, brochures, plaquettes et books professionnels conçus l’année passée. En provenance du monde entier et de tous les secteurs d’activité, toutes ces créations ont un point commun : elles sont tout simplement différentes de ce que l’on a l’habitude de voir ! Gaufrées, reliées, luxueuses ou travaillées à partir d’un petit budget, de toutes formes, de tous styles, toutes les productions rassemblées dans cet ouvrage constituent une source d’inspiration variée et pratique.

Auteur de plusieurs ouvrages sur les créations graphiques, tous secteurs confondus, Roger Walton a choisi de s’intéresser cette fois-ci aux créations typographiques les plus radicales qui naissent de l’esprit de certains graphistes ou dessinateurs de caractères. La question est plus que jamais d’actualité face à la déferlance d’ouvrages sur les créations typographiques. Mais à la différence des autres compilations du même ordre, l’auteur privilégie la mise en scène de ces caractères image et leurs utilisations, justifiant par là même son choix d’auteur. L’ensemble des alphabets est publié, ce qui permet une vraie comparaison des caractères. Un commentaire du concepteur vient renforcer la pertinence de l’exemple. Certai-

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Titre : WebWorks Typography Auteurs : J. Mills et D. Donnelly Éditeur : Rockport Graphisme : Daniel Donnelly, Interactivist Designs Format : 23 x 28 cm Dos carré, collé 192 pages Illustrations en couleurs Anglais Prix : 392 F En vente en librairie et par VPC AD Sélection : 01 40 26 00 99

La profusion d’ouvrages consacrés au Web rend le choix difficile : il s’agit soit d’analyses en profondeur du sujet, soit d’ouvrages très fonctionnels mis à la disposition des graphistes. WebWorks Typography fait partie de la seconde catégorie. Ses deux auteurs, Jason Mills et Daniel Donnelly, se penchent à leur manière sur une vingtaine de sites, de fonderies en ligne ou d’ezines spécialisés dans la création et la diffusion de nouveaux caractères. Il ne s’agit pas d’une compilation, mais véritablement d’une succession de fiches – portraits, classés par styles. Les incontournables comme T26 (Carlos Segura) ou Emigre sont présents, mais les sites moins institutionnels ou expérimentaux comme celui d’un étudiant danois ou encore du collectif suisse Buro Destruct (EG 52, p. 42-49)… n’ont pas non plus été oubliés. L’ouvrage présente aussi l’avantage de référencer toutes les adresses (sites ou e-mails). Les sites sont présentés par les créatifs, leurs créations critiquées par les auteurs. Le tout, enfin, est accompagné d’un cédérom hybride qui offre au lecteur la possibilité de découvrir par lui-même les sites référencés et, par la même occasion, lui donne accès à une série de polices libres de droits.

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c o nc o u r s

manife s tati o n s

e x p o s iti o n s

Avant le 30 juillet 1999

Jusqu’au 30 septembre 1999

Les 25 et 26 septembre 1999

Appels à propositions

Une médaille pour Cannes

Pic & Poc

Le monde de Pierrot

La Commission européenne lance des appels à propositions dans les domaines de la culture, de l’éducation et de la jeunesse. L’objectif : concevoir (sur tout support ou tout concept) un programme qui réponde aux exigences de Bruxelles. Le premier projet couvrira deux domaines d’actions : culture et éducation ; culture et formation/perfectionnement. La date limite de dépôt des dossiers : 30 juillet 1999. Le second projet évoluera dans le cadre des nouvelles actions européennes pour la culture (période 2000-2004). Trois types d’actions sont à développer : actions spécifiques et novatrices, actions intégrées au sein d’accords de coopération culturelle transnationale, structurés et pluriannuels, et enfin des événements culturels spéciaux ayant une dimension européenne ou internationale. Les dossiers sont à rendre avant le 30 juillet 1999.

Partenaire du Festival du film de Cannes, la Monnaie de Paris lance un concours en vue d’éditer la médaille du LIIIe Festival, celui de l’an 2000. Cette compétition est ouverte bien sûr aux médailleurs, mais aussi aux graphistes et à tous les créateurs artistiques. La composition de la médaille est libre, toutefois la palme, emblème du festival, devra obligatoirement y figurer. La composition gagnante sera déclinée en trophée du festival. Les dessins ou maquettes devront être adressés à la Monnaie de Paris.

Anduze a décidé, pour la deuxième année consécutive, de sauter dans le IIIe millénaire en organisant un festival d’images numériques. Ainsi est né Pic & Poc, en s’appuyant sur les plus récentes révolutions technologiques en matière de communication (Internet) et de traitement de l’information, insistant plus particulièrement sur leur caractère créatif, culturel et artistique.

Première rétrospective pour ce photographe iconoclaste et productif. Dans l’univers d’Emmanuel Pierrot s’agitent Le Radis qui fait pipi, un certain nombre de unes de Libération, des publicités pour de vraies agences, Madame Lachèvre et Monsieur Lechoux ou encore le livre Nos vaches. Arrêt sur les images d’un esprit libre à la créativité aussi délirante que commerciale.

Renseignements : 01 53 40 95 10.

Jusqu’au 23 juillet 1999

Design Sense A l’occasion de ses dix ans, le Design Museum de Londres lance les Design Sense awards. Cette compétition, ouverte à tout designer (ou société) de par le monde, récompense l’excellence en design industriel et en architecture. Le gagnant et les onze nominés seront sélectionnés au regard de la “durabilité” de leurs produits, ainsi que de leur qualité graphique. L’aspect environnemental ne sera pas oublié. Le gagnant remportera 40 000 £ (environ 400 000 F). Le gagnant et les nominés seront exposés au Design Museum en octobre/novembre prochain. Contacter Deborah Dawton (Design Events). Tél. : 00 44 171 735 29 37. Fax : 00 44 171 735 29 63.

Jusqu’au 4 septembre 1999

Les arts du livre Organisé dans le cadre de “Lire en fête”, cet appel d’offres concerne tous ceux qui, de l’artisan à l’écrivain, du typographe au maquettiste, du calligraphe à l’illustrateur, de l’imprimeur à l’éditeur…, participent à l’élaboration du livre. L’inscription est gratuite et ouverte à tous. Les travaux sélectionnés seront exposés les 15 et 16 octobre prochains à l’occasion du Marché Foire de l’Odéon. Tél. : 01 56 24 35 61.

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Renseignements : 01 40 46 58 62.

Jusqu’au 11 octobre 1999

Photo Off

Le IVe Mois Off de la photographie se déroulera à l’automne 2000 à Paris. Comme pour les précédentes manifestations, possibilité est donnée aux photographes de présenter leur travail sur un thème de leur choix. Le comité de sélection du Mois Off, composé de photographes, privilégiera la qualité du travail d’auteur. Renseignements : www. art-contemporain.eu.org/mois-off

Jusqu’au 31 octobre 1999

Type design contest Créateurs de caractères, la Linotype Library en Allemagne organise un concours dont le jury est constitué d’Adrian Frutiger, de Jean-François Porchez, d’Irma Boom et de bien d’autres encore. Cette compétition est ouverte à tous. Les polices présentées doivent appartenir à l’une des quatre catégories suivantes : polices de texte, polices d’en-tête, fontes expérimentales et symboles. L’œuvre lauréate sera publiée, aux côtés d’autres fontes choisies, sur un cédérom. Les gagnants présenteront leur police de caractères au congrès Typomedia. Plus de renseignements sont disponibles sur le Web : www.typomedia.com/contest/index.html

Jusqu’au 14 juillet 1999

Picto Montparnasse, Paris 14 e.

Salle Pélico, Anduze.

Les 20 et 21 octobre 1999

Beer’99 La conférence Beer’99 propose un programme complet sur le procédé d’étiquetage des bouteilles. Du conditionnement à la fabrication des étiquettes en passant par le choix du papier, cette conférence traitera du design des étiquettes, des nouvelles encres d’impression, des exigences techniques requises ou des nouveaux types de papier pour étiquettes métallisées. Toutes les interventions se feront en anglais, français, allemand et russe. Hôtel Maritim, Cologne, Allemagne.

Du 18 au 28 août 1999

Rencontres d’été de Lure Cette manifestation est en deux parties. Du 18 au 21 août, le sujet sera la calligraphie, du 23 au 28 août, il sera question de typographie. Pour la calligraphie, deux thèmes se dégagent : “Supports d’écriture” et “Calligraphie chinoise”. Au menu, une conférence d’Annie Berthier de la BNF, des ateliers, la présence du calligraphe chinois Zhen Dehong et une table ronde. Le thème de la partie typographique est cette année “Typos ordinaires, typos singulières”. L’occasion de réfléchir à la typographie dans son environnement, et à l’originalité dans la création typographique. Ville de Lurs en Provence.

Du 3 au 7 septembre 1999

Maison & Objet Ce salon international, strictement réservé aux professionnels, réunit quelque 2 300 exposants issus de l’univers de la décoration, du cadeau et des arts de la table. Ils présenteront leurs nouveautés pour l’an 2000. Parc des expositions Paris-Nord, Villepinte.

Jusqu’au 30 juillet 1999

Le Corbusier : mobilier Entre les années vingt et trente, Le Corbusier, avec son cousin Pierre Jeanneret et Charlotte Perriand, réalise les célèbres villas “puristes”. Une conception architecturale dans laquelle prédominent espace et lumière, où viennent s’ajouter des éléments d’équipement mobilier pour augmenter le confort d’un art de vivre moderniste. C’était l’époque de la grande utopie des lieux de vie harmonieux car standardisés. Galerie Down Town, Paris 6 e .

Jusqu’au 31 juillet 1999

Jacques Nathan-Garamond Né à Paris en 1910, Jacques Nathan débute à l’atelier Paul Brandt où il dessine des bijoux inspirés des principes du Bauhaus. En 1937, il participe à la réalisation du pavillon de la publicité à l’Exposition universelle de Paris. Après la guerre, il s’installe comme graphiste indépendant et réalise des affiches, mais aussi des annonces de presse, des couvertures de revue, des sigles et des catalogues. En 1958, il est membre fondateur de l’Alliance graphique internationale. Il est également professeur aux Arts décoratifs, puis à


l’ESAG. A partir de 1960, Jacques Nathan accole à son nom celui de Garamond. Il signera ses dernières affiches sous ce seul nom. Depuis 1985, il se consacre surtout à la peinture.

fabrication du papier dans la région. Entre machines et pâtes issues des différentes étapes de la maturation, les visiteurs découvriront d’anciens calendriers publicitaires, réalisés entre 1884 et 1928.

l’expression multiforme comprend aussi – désormais – un volet purement photographique.

Bibliothèque Forney, Paris 4e .

Musée municipal, Saint-Gaudens.

Jusqu’au 30 septembre 1999

Maison européenne de la photographie, Paris 4e.

Humour et pub Les lauréats du grand prix de l’humour publicitaire sont visibles à la Maison de la publicité. Le jury, présidé par le réalisateur Alexandre Arcady, a récompensé le film Allez poulet signé Grey. Le film Virgin Cola d’Hémisphère Droit a, lui, reçu le grand prix du public. Maison de la publicité, Paris 4 e .

Jusqu’au 20 août 1999

Du 21 au 31 juillet 1999

Visionjapon

Book of Silk

Seize photographes pas forcément nippons, réunis sous le nom de Laboratoire, proposent leurs regards subjectifs sur le Japon. Clichés flottants, icônes, objets arbitraires, insectes ou visages sont présentés dans un espace d’exposition entièrement mis en scène.

Graphistes établis et étudiants s’étaient retrouvés autour du concours organisé par le papetier Zanders : Book of Silk. Le papier Chromolux Xtra silk leur servait de matière première. Les résultats donnés, les lauréats sont aujourd’hui exposés dans un tour d’Europe qui s’achèvera en décembre à Berne, en Suisse. Soixante compositions graphiques sont à découvrir.

Galerie L, Paris 14e .

Jusqu’au 31 août 1999

Lefèvre-Utile Les biscuiteries LU ont toujours fait appel à la création pour la promotion et l’illustration de leurs produits. La multiplication des supports publicitaires (images, affiches, objets, calendriers, menus, papiers d’emballage, cartes postales) a très tôt favorisé la pénétration des produits dans les foyers, où ils sont devenus des éléments du décor. Cette exposition propose un retour en arrière sur un siècle de collaboration entre un industriel et des créatifs. Château des ducs de Bretagne, Nantes.

Jusqu’au 28 août 1999

Le Grand Mix Associé au musicien Pierre Henry, Jacques Villeglé est inspiré par le mouvement techno. Il expose des affiches consacrées aux annonces de concert, aux formations musicales et à ce thème uniquement. Selon Villeglé, les rassemblements techno opèrent un véritable brassage culturel. Il dresse le portrait esthétique d’un mouvement qui le fascine. Galerie du confort moderne, Poitiers.

Jusqu’au 31 août 1999

Papier chiffon — Papier bois Sans être au niveau de l’Ariège, la région du Comminges en HauteGaronne possède une tradition de fabrication du papier. A l’occasion des 100 ans de la papeterie Rizla +, et en collaboration avec l’usine de pâte à papier Pyrénécell, le musée municipal de Saint-Gaudens organise une exposition sous forme d’historique de la

Jusqu’au 5 septembre 1999

Jusqu’au 31 août 1999

Affiches de foires Cette exposition retrace l’évolution de la société française depuis plus d’un siècle à travers la présentation d’affiches de foires et salons. Foires internationales, salons des arts ménagers, concours régionaux agricoles… leurs sujets sont autant d’éclairages sur la vie quotidienne, les loisirs et la culture. Datant de 1894 à nos jours, ces affiches sont signées par les plus grands noms : Cappiello, Carlu, Colin, Francis Bernard, Hervé Morvan, Fore, Carrier, Auriac, Fix-Masseau, Kiraz, Folon… L’exposition met également à l’honneur les affichistes toulousains tels qu’Édouard Bouillière, Renée Aspe, Daniel Schintone, Albert Pons et bien d’autres. Parallèlement, le Centre de l’affiche présente des maquettes originales qui viennent apporter un éclairage sur la manière dont est conçue une affiche. Centre municipal de l’affiche, Toulouse.

ENSCI/Les Ateliers, Paris 11 e .

Du 21 juillet au 26 septembre 1999

Affiches publicitaires du Maghreb Le “Temps du Maroc” en France est l’occasion de découvrir une soixantaine d’affiches du Maghreb de l’ère coloniale. Ces premières “réclames” apparaissent vers 1890, elles vantent le dépaysement et l’exotisme à quelques encablures de Marseille. Mais c’est entre les deux guerres que l’affiche orientaliste va connaître son essor, avec des signatures telles que celle de Jossot, Cauvy, Carré, Dinet, Broders, Brondy, de La Nezière, Majorelle ou Romberg, qui vont créer un véritable âge d’or de l’affiche orientaliste. Musée de l’Imprimerie, Lyon 2e .

Topor rit encore Malgré son effervescente activité, Roland Topor n’a cessé de s’intéresser à la photographie, d’en jouer et d’en user comme d’un moyen de création original. Des Topor-maton (1967-1970), où il se livre à des facéties dans des Photomatons, aux séances conçues en studio à Essen (1985), où il dessine sur du papier photo avec une lampe de poche, l’exposition présente quelque 80 pièces pour la plupart inédites et toutes originales. Elles éclairent d’un jour inattendu l’œuvre d’un créatif plurivalent qui a vécu mille vies et dont

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