Érectile Magazine #6

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Érectile MAGAZINE numéro SIX

Septembre Laura Manfre Elisabeth Mironenko The Early Bird LH June Bloody Marie ÉR

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Érectile MAGAZINE numéro six Érectile est un magazine bi-mensuel gratuit extensif proposant des portraits, des interviews et des rencontres croisées de jeunes créateurs français. Ici, l’objectif est de parvenir à porter un regard plus objectif sur l’œuvre par le biais d’une démarche compréhensive du parcours de son géniteur. Nous souhaitons raconter des histoires plutôt que d’en inventer, avec simplicité – parfois – et sincérité – toujours.

Rédacteur en chef Matthias Meunier

Directeur de publication Yannis Mouhoun

Rédaction magazine Charlotte Gelas Perrine Hériot Inès Lockert Cindy Renard Thibaut Renoulet Héléna Gillant Marion Régnier

Conception graphique Matthias Meunier

Contact

matthias@erectilemagazine.fr

Site web

www.érectile.fr

Un projet de

www.medias-culture.fr

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Érectile [adjectif] ⁝

Dérivé d’érection ou du latin erectum, supin de erigere, ériger. Qui peut se gonfler et durcir par afflux de sang dans les vaisseaux.

Se dit également de poils susceptibles de se dresser.

D’un point de vue symbolique, l’ours est un animal possédant bon nombre de facettes. Dans la cosmogonie chinoise, Yu le Grand, créateur du monde, prenait la forme d’un ours afin de l’organiser. Les Inuits, eux, voient l’ours comme un symbole de grande force et de courage symbolisant également le pouvoir de l’inconscience et de la connaissance de soi. Cette dernière vision de l’image de l’ours peut également se rapprocher de celle que possédaient les alchimistes puisqu’ils voyaient en lui une forme d’initiateur. Aussi surprenant que cela puisse paraître, l’ours possède également quelques points communs avec l’art. L’ours est considéré comme un animal violent et brutal. Il est pourtant capable d’être apprivoisé de manière très simple, mais n’en demeure pas moins capable de régresser violemment vers un état primaire, de la même façon que l’art peut lui aussi être considéré comme un moyen d’expression brut, primitif aujourd’hui apprivoisé et même intellectualisé. Enfin, tout comme l’art, quel animal s’est retrouvé apprivoisé pour être donné en spectacle et exposé aux yeux de tous dans les cirques et les foires ? Et bien oui, il s’agit de l’ours. De la à trouver cohérente l’idée d’associer Érectile Magazine à un ours, il n’y qu’un poil...


RENCONTRE

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Laura Manfre, l’illustratrice "cuteness" qui réalise des patterns de gourmandises. Quand l’illustration se décline "all over".


ERTNOCNER

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Érectile MAGAZINE numéro six

laura manfre rencontre Entretien réalisé par

inès lockert

SIte internet de l’artiste http://cargocollective.com/lauramanfre ÉR

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KONNICHIWA Bonjour Laura, peux-tu te présenter pour qu’on en sache un peu plus sur toi (parcours, profession, ville, rapport à l’art) ? Bonjour, j'ai 24 ans, je vis près de Norwich en Angleterre et je suis une illustratrice autodidacte. Mon parcours est plutôt différent, j'ai en effet passé mes premières années après le lycée dans une fac de droit, qui ne me plaisait pas du tout, j'ai donc décidé d'abandonner mes études et de me consacrer au dessin et à la peinture, ma vraie passion. N'ayant pas les moyens d’intégrer une école d'art, j'ai du apprendre à dessiner/peindre seule. Ça n'a pas toujours été facile, mais je ne regrette pas mon choix.


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Quelle technique utilises-tu pour réaliser tes illustrations et obtenir ce rendu ? Toutes mes illustrations sont réalisées avec de l'aquarelle. Je commence par un dessin au crayon que j'efface très légèrement avec une gomme mie de pain (pour n'avoir aucune trace). Ensuite, c'est une construction de couches d'aquarelle assez longue et méticuleuse. L'aquarelle ne pardonne pas, une seule erreur peut totalement ruiner une peinture.


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illustration feat graphisme Tu te focalises énormément sur le sujet que tu dessines mais l’arrière-plan est totalement absent, ce qui crée de très chouettes motifs, pourquoi cette volonté de créer des patterns ? J'ai toujours été attirée par les patterns, surtout dans le textile, la papeterie... C'est vraiment quelque chose que j'aimerai développer avec mon travail. C'est aussi une sorte de challenge, un motif ne se crée pas rapidement. C'est des heures de recherches, croquis, de coordination de couleurs et de formes mais aussi l’étape finale, la plus difficile, l'assemblement des illustrations, qui peut vite tourner au cauchemar si on est perfectionniste! C'est un challenge que j'aime.


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Est-ce un moyen pour toi de te rapprocher du graphisme ?

Plutôt timidement alors. Même si les domaines de l'illustration et du graphisme se rapprochent de plus en plus, ils restent différents. Et sans réelle éducation, je n'ose pas trop m'y aventurer. Cela dit, je rêve de travailler sur un livre de cuisine ou même sur des packagings de produits.


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le kitsch c'est hype ? Tu travailles à la frontière entre kitsch délicieux et "cuteness", qu’est-ce qui t’attire dans cette esthétique ?

Je suis une grande fan de la culture kawaii japonaise, des illustrations de la période "mid-century" (les livres de Mary Blair et Alain Grée notamment), mais aussi les superbes publicités et packagings. J'aime leurs côtés enfantins, "playful" et colorés. Ce style attire vraiment le regard, en tout cas le mien. J’ai découvert ton travail sur Instagram et je remarque que ce que tu dessines fait parties intégrantes des codes que l’on retrouve justement sur cette plateforme, #foodporn #cute #yum #kitten, es-tu consciente que tu dessines ce que les gens photographient ? Non pas vraiment, mon compte Instagram est plutôt récent et j'ai toujours peint ce genre de sujets. Une heureuse coïncidence donc !


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Te sers-tu de tes dessins comme carnet de bord, journal intime ?

Dans un sens, oui, je peins beaucoup selon mes découvertes du moment mais mon appareil photo me sert plus de journal que mon sketchbook. Au final, ce que tu dessines fait il partie de ton environnement (déco, bibelot ect) ? Y a-t-il des pièces dans ton intérieur auquel tu penses notamment ?

Énormément oui. J’ai une petite collection d'objets dans mon studio qui font très souvent apparition dans mes peintures: des figurines vintage, de la déco japonaise (maneki-neko, daruma doll)... Mais aussi mes animaux de compagnie, mon chien Sura et mon chaton Aiko. Elles m'inspirent beaucoup!


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épilogue J’ai vu que tu imprimais tes motifs sur des tasses, poster ou tote-bag, où peux t-on les acquérir ? J'ai travaillé avec Sarah Menzies (créateur de Cat Tee Mission - The Feline Foundation) il y a quelques mois sur des t-shirts pour son super projet qui aide financièrement plusieurs organisations à sauver des chats mais aussi des léopards, cheetahs, etc... J'aide également un refuge pour chats près de chez moi "Venture Farm Cat Rescue", à récolter des fonds via mes illustrations. Je viens de créer un tote bag (qui sera bientôt en vente) avec des portraits des chats qui vivent en centre. Les autres produits que je partage sont souvent liés aux vols de mes illustrations (cas malheureusement fréquent) mais je suis sur le point d'ouvrir une boutique Etsy!


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Des noms d’illustrateurs ou de tumblr que tu apprécies particulièrement à nous fournir ? Depuis que je vis en Angleterre, j'ai découvert un bon nombre d'illustrateurs que j'admire beaucoup : Harriet Gray, Hannah Rowlands (raisin heart), Joel Benjamin, Kate Wilson, Olivia Mew, Rachel Basinger (Oh No Rachio), Laura Redburn (cardboardcities)... la liste est longue! Le blog www.lookatthesegems.com, créé par Mallory McInnis est l'un de mes préférés.

Le félin, roi des internets ? Absolument !


IMMERSION

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Entrez dans le monde poétique et borderline

Elisabeth Mironenko. d’


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NOISREMMI

Érectile MAGAZINE numéro six

elisabeth mironenko IMMERSION Entretien réalisé par

cindy renard

SIte internet de l’artiste http://elisabeth-mironenko.wix.com/mironenko ÉR

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Être borderline est une volonté Après un Baccalauréat littéraire au Lycée Buffon (Paris 15ème), Elisabeth MIRONENKO a passé toute une année à découvrir et expérimenter ce qu’elle venait de réaliser être une véritable passion : l’art. Non scolarisée, elle s’est lancée en autodidacte dans différentes approches artistiques, ce qui lui a permis d’acquérir une autonomie et une liberté qui lui sont précieuses aujourd’hui. Entre pratiques personnelles, voyages, concours, expositions, lectures, salons, stages, etc..., elle est entrée dès l’année suivante en MANAA avec sérénité et beaucoup d’enthousiasme. Son éclectisme l’a menée en BTS Design Graphique à l’ENSAAMA Olivier-de-Serres, dont elle vient tout juste d’obtenir le diplôme. À côté de sa pratique personnelle très riche, notre artiste poursuit ses études en DSAA Multimédia au Pôle multimédia et audiovisuel du lycée Jacques Prévert (BoulogneBillancourt) pour les deux prochaines années, avec l’ambition de devenir un jour directrice artistique à l’étranger. Durant ses deux années d’apprentissage à l’ENSAAMA, elle a pu affirmer sa polyvalence et son goût prononcé pour la prise de risques : « Être borderline est ma volonté ! », dit-elle. Elle ajoute : « Ceci doit sûrement venir de mon père, artiste-peintre du mouvement conceptuel russe, qui m’a baigné dans sa marmite étant petite. »


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Elle ajoute à ce sujet : « L’art est un risque. Je pense qu’en plus de tenter d’éviter le premier degré, je cherche toujours à m’approprier chaque thème ou sujet, ce qui me mène sur des sentiers périlleux, parfois incompris. » Selon notre artiste, chaque thème possède sa part d’absurde, mais repose en réalité sur des fondations bien réfléchies. Elle tient d’ailleurs particulièrement à ce que chacun de ses choix plastiques comme conceptuels trouve sa justification. « Pourtant, je me retrouve souvent à réaliser l’impensable, l’osé, le discutable, ajoute-t-elle. Il se trouve que j’ai justement travaillé sur un récit en bande dessinée qui a pour titre Border Line ». Cette histoire dont parle Elisabeth est une histoire qui raconte la modification de l’espace-temps de trois films. De fait, ces trois scénarios n’ayant rien à voir à la base (époques, géographies, acteurs, réalisateurs) ont en commun certains fils conducteurs qui permettent un redécoupage, afin de créer une nouvelle histoire hybride. Ainsi, ce projet cherche à briser les frontières. C’est surement ce goût pour les mélanges expérimentaux qui a mené Elisabeth vers le multimédia, carrefour de toutes les possibilités.


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Le monde merveilleux de l’image « Il est vrai qu’au départ, je fis mes premières rencontres avec le monde de l’image avec des feutres à la main, comme la plupart des enfants. Mais dès l’adolescence, mon attirance pour la photo et la vidéo ne se fit pas longtemps attendre. » explique Elisabeth. Cependant, la musique et le cinéma frappèrent aussi à sa porte. En effet, notre artiste ne supporte pas l’idée de s’enfermer dans un médium précis, car sa curiosité la pousse toujours à tenter de nombreuses expériences.

Je crois que mon parcours artistique s’est vraiment construit sur des périodes diverses voire très opposées en terme de style.


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Lorsqu’on regarde le travail d’Elisabeth, on croirait y voir une cinquantaine d'artistes différents, mais pourtant, chacun de ses travaux ressemble à sa personnalité et à ses convictions artistiques. En réalité, notre artiste passe beaucoup plus de temps à réfléchir qu’à produire. Elisabeth élabore toujours précisément son idée avant de passer à l’action, même si elle reste une grande amatrice de hasard et de spontanéité, paradoxalement. Les choses peuvent changer lors de l’exécution, encore heureux. Ceci dit, il lui est déjà arrivé de tenter le procédé inverse : « c’est le cas de ma BD expérimentale sur Le Dépeupleur de S. Beckett. » explique-t-elle. « J’ai tout dessiné en écoutant un conteur me la conter, dans une lecture irrégulière et incontrôlable, en opposition au contenu du récit dans lequel tout est réglé et mesuré. »


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quelques inspirations En premier lieu, ses voyages sont une source intarissable d’inspiration. Par exemple lors de son projet d’édition fictif pour la marque Louis Vuitton, mené dans le cadre d’un cours de Publicité à l’ENSAAMA, Elisabeth s’est servie de ses propres photos et croquis de voyage qu’elle a manipulés et réadaptés sous forme de cartes postales. Comme autre source d’inspiration, elle peut aussi compter sur sa culture cinématographique. Ainsi, certains films ont déjà été l’objet de projets, comme Paris, Texas de Wim Wenders, par exemple. De plus, la musique fait aussi partie de son quotidien : « J’ai par exemple illustré la chanson de G. Brassens « Supplique pour être enterré sur une plage de Sète », ou alors tourné un clip musical en collaboration avec des musiciens. », explique-t-elle.


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Notre artiste avoue posséder un côté plus sombre avec des thèmes récurrents comme l’araignée, dont elle est pourtant phobique, ou encore le sexe. Elle a notamment réalisé un Kama Sutra à colorier, enrichi d’une histoire qu’elle a imaginée. « Il y a cependant une chose que j’ai constatée, et qui survient probablement du domaine de mon inconscient, c’est que la plupart de mes travaux se destinent à une cible jeune, à des enfants.» ajoute-t-elle. En effet, notre artiste insiste souvent sur l’aspect pédagogique et didactique dans ses projets, les accompagnant toujours d’un contenu culturel et ludique.


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l'univers de l’enfance Il est indéniable qu’Elisabeth a su garder son âme d’enfant : une forme de liberté, la prise de risque, la spontanéité, le goût pour les choses manuelles… Enfant, elle nous confie avoir été fascinée par les illustrations narratives et les histoires bien faites qui les accompagnaient. « Je les vivais en moi-même, et je veux à mon tour transmettre tout cet amour. » ajoute-t-elle. Pour son projet de diplôme de BTS, notre artiste a travaillé sur la Petite Ceinture du 15ème à Paris, qui vient d’ouvrir il y a un an. Elle a proposé une série de guides sur la biodiversité de cet espace vert en les divisant par tranches d’âges. Ils se destinent donc aux enfants, accompagnés de leurs parents ou de leur classe, et sont ludiques, pédagogiques et interactifs, imaginés selon les saisons, la faune et la flore. Cette réunion enfant-adulte au sein de la nature et de la ville importe tout autant notre artiste, à l’heure où les familles ne consacrent plus de temps aux loisirs culturels. Voilà, quand on s’adresse aux enfants, on dessine comme un enfant, car il faut dire que les dessins d’adultes sont un peu ennuyeux parfois…

Pourquoi ne pas proposer aux enfants des sujets que l’on aborde rarement avec eux par peur de ne pas être capable d’en expliquer subtilement les tréfonds ?


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Cependant, il existe un réel paradoxe entre le style enfantin auquel Elisabeth souhaite rendre hommage et les sujets plus sombres qu’elle aime aborder. Les enfants sont tout autant intrigués par les arcs-en-ciel et les fleurs que par les monstres et les secrets d’adultes. « Pourquoi ne pas proposer aux enfants des sujets que l’on aborde rarement avec eux par peur de ne pas être capable d’en expliquer subtilement les tréfonds ? » soulève notre artiste. Il lui est important de communiquer aux enfants, de manière philosophique et amusante, le monde qu’ils sont en passe de comprendre et d’intégrer.


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voir le travail d'élisabeth Notre artiste a la chance de participer cette année à l’exposition du Collectif Synaps, à la Galerie Thierry Marlat dans le Marais à St Paul (2 rue de Jarente, 75004). Il s’agira de la 3 ème exposition du groupe, dont le thème sera « Miam Miam ». Elisabeth ajoute à ce sujet : « Nous sommes une dizaine de jeunes artistes et étudiants en art à réaliser des œuvres autour de ce vaste sujet. Le vernissage est programmé pour le 11 octobre, et je projette, en plus de mes travaux exposés, de monter une performance musicale et nutritive qui aura donc lieu ce premier soir, dans l’impasse à l’entrée de la galerie. » Cette exposition proposera donc des œuvres de tous horizons.


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Elle ajoute au sujet de sa préparation : « Je suis avant tout en train de vivre pleinement cette expérience, dès la conception des travaux qui seront exposés. » Notre artiste s’attache a penser ses œuvres entre elles dans un espace, elle prévoit leur encadrement, et évalue leur valeur… « Dans la perspective du vernissage, je suis simplement ravie de pouvoir passer un moment avec mes proches comme avec des amateurs et des professionnels, ainsi qu’avec d’autres artistes. Après, si mes travaux plaisent et interrogent, ce sera le régal complet ! »


IMMERSION

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D.A. du néo-label White Colours :

The Early Bird

nous immerge dans son monde de motifs, de couleurs et de musique.


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NOISREMMI

Érectile MAGAZINE numéro six

The Early Bird IMMERSION Entretien réalisé par

héléna gillant

SIte internet de l’artiste facebook.com/whitecoloursmusic ÉR

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l'oiseau du matin The Early Bird catches the worm. L'oiseau qui se lève tôt attrape le ver. Comme l'explique ce proverbe, le monde appartient donc aux opportuns. À ceux qui savent créer leur chance sans s'économiser. C'est notre credo chez Érectile de le croire, alors ce drôle d'oiseau est vraiment l'artiste idéale à vous présenter... Derrière cet élégant pseudonyme se cache une jeune femme dans ses twenties. Son parcours dans le graphisme est studieux. Grâce à une lettre de motivation originale et poétique, elle intègre la Mise à Niveau d'Olivier de Serres à Paris. Ensuite, elle va poursuivre avec un BTS design graphique option multimédia. En quête de nouveaux horizons, elle s'est installée au Québec via un programme Vacances/Travail. La vocation pour le graphisme lui est venue en découvrant l'histoire de l'art et ses mouvements, en particulier les œuvres graphiques suisses flirtant avec l'excellence car à la fois disciplinées et élégantes. « J'ai eu la certitude : Ok, c'est clair, je veux faire du design ». Sa marque de fabrique sera ajustée à ses goûts : un style épuré, léger mais qui a une forte singularité...


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les mutations musicales The Early Bird officie en tant que directrice artistique du label White Colours. Ce web label français est né en 2009, fondé par Rainbows et Lil Bad Swagga, il a pour objectif de distribuer de la musique gratuitement. Le label distribue plusieurs artistes mais le style musical développé se concentre sur la bass et ses hybrides. Il met en avant de jeunes artistes, et au vu de l'importance de l'offre musicale sur Internet, il est très important pour White Colours de se démarquer. C'est là que notre D.A. entre en jeu.

White Colours est une structure qui a été créée pour lancer de la musique librement. – @WTCLRS whitecolours.bandcamp.com


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La première création de The Early Bird signant ainsi sa première collaboration avec White Colours a été la réalisation du logotype. « Cela s'est fait tout naturellement et les fondateurs sont très cools et réceptifs en ce qui concerne leur identité. Nous avons donc pu dessiner et choisir ensemble un univers correspondant aux sons et aux courants musicaux dans lesquels s'inscrit le label. » Puisque la musique de White Colours est uniquement numérique, il tenait à coeur aux fondateurs de citer le format vinyle à travers les covers, c'est la raison pour laquelle en plus du format carré, il y a ce fameux macaron au centre. Il n'est plus à démontrer que le plaisir des yeux est devenu très important en matière de musique. Cela peut nous paraître aller de soi en terme de vidéo par exemple, mais aussi d'Artwork. La direction artistique d'une création musicale est la clef, néanmoins, les supports visuels exploitables par les artistes ont évolué. Nous sommes passés des pochettes vinyles, au disque et son livret, aux visuels iTunes... Il y a donc une évolution des médiums fulgurante.


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de l'identité globale Notre artiste a une opinion tranchée sur la place du visuel dans l'industrie de la musique à l'heure paradoxale où les vinyles (objet) reviennent à la mode mais où nous assistons à une dématérialisation complète de la musique. Selon elle, le visuel d'une pochette pour White Colours est là pour alimenter une identité globale, une certaine ambiance dans laquelle on souhaite être toujours plongé à chaque écoute, la direction que prendra le "voyage auditif"sera différente selon les EP. Le visuel appuie la musique et l'illustre. On peut dire que les visuels aident à créer une aura autour du label, une atmosphère qui tourne autour de l'ensemble.

À l'heure actuelle, je trouve que cette notion d'identité globale est fondamentale pour pouvoir opérer des transitions entre objets physiques et numériques.


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Motifs et rythmique Motif : petit élément caractéristique d'une composition musicale, qui en assure l'unité. Il peut être harmonique, mélodique ou rythmique. Cette définition donnée par le Larousse va nous servir d'entrée pour découvrir et comprendre la fascination de notre artiste pour les motifs. La démarcation et la singularité des créations de The Early Bird ne reposent pas uniquement sur sa maitrise des motifs, en effet, notre jeune artiste est aussi très au fait de l'évolution des néo-mouvements qui naissent sur Internet. Nous ressentons dans les créations de The Early Bird une patte, un savoir-faire, rendus visibles par des éléments récurrents. Le motif en fait partie. Nous l'avons donc interrogée sur cet amour de la répétition. « La création d'un motif est pour moi un moyen d'adoucir des visuels anarchiques. Tout est plus propre une fois rangé et classé. C'est un peu aussi par là que ma personnalité ressort parce que j'ai toujours été maniaque de l'organisation dans la vie de tous les jours. Cela doit expliquer mon attirance certaine pour les motifs. » Les autres caractéristiques emblématiques des covers de White Colours sont les visuels pop flottants, les couleurs pastel, les dégradés et de temps à autre l'intervention du fameux fond Photoshop. Entre en scène aussi un bestiaire 2.0 (des petits chats, des requins, des renards...), des figures mystiques (divinités japonaises, moaïs, bustes grecs décapités, etc...), de la nourriture et des têtes de mort...


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les pistes de création Le procédé de réalisation des pochettes commence en amont avec l'écoute de la musique. Évidemment, il faut se plonger dans les sons à chaque fois. Elle écoute toujours au calme et plusieurs fois l'EP en notant à la façon d'un brainstorming les images qui lui viennent en tête. Cela peut être simplement des gammes de couleurs et des ambiances, comme cela peut être des choses totalement farfelues comme "ninja, vortex, eucalyptus…" « C'est la partie que je préfère parce qu'il est possible de projeter n'importe quoi et de délirer complètement. » Une fois le visuel majeur choisi, il est temps de passer à la création. The Early Bird propose toujours plusieurs déclinaisons, en commençant par réaliser des visuels à l'image de ce qu'elle a imaginé en écoutant les sons, puis elle les clarifie ensuite. En effet, très souvent, c'est beaucoup trop barré et anarchique au début ! « C'est comme lorsque tu vas raconter ton rêve de cette nuit, sur le vif ça n'a aucun sens et puis si tu écris au calme l'histoire de base en mettant en forme, ça peut devenir un super roman fantastique. » Enfin, elle envoie aux fondateurs et aux artistes une sélection, de 2-3 images, qui selon son expertise, correspondent à l'ambiance générale. Le temps de création d'une pochette d'EP peut varier entre deux jours et une semaine.


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internet, nid de styles S'ils peuvent paraître un peu obscurs aux non-initiés, les visuels de The Early Bird sont très riches en matière de références. En effet, ils empruntent à la fois au graphisme moderne (simplicité, formes primaires, minimalisme...) mais aussi énormément à la culture web. Internet est un vivier pour de nouveaux genres et subgenres d'univers graphiques. « Les premiers décors que j'imagine en écoutant les EP sont toujours très "what the fuck" et il est clair que mon imagination mélange tout ce que j'ai pu voir ailleurs. Je suis très friande de tous ces courants que l'on pourrait regrouper au sein du post-Internet tels que le Seapunk, le Vaporwave, la New Aesthetic,… Le net art en somme. Je m'intéresse beaucoup à l'appropriation de l'inutilisable ou du ugly pour donner quelque chose de propre et cohérent. » Parmi les mouvements cités par l'artiste, le Seapunk est l'une de ses influences majeures. Cet attrait est tel qu'elle lui a consacré son mémoire de fin d'études. Pour le définir très simplement, les caractéristiques du seapunk sont un très grand emprunt à l'univers aquatique (dauphin, bleues, fond marin...), un traitement low-fi, et une bonne dose de "WTF"... Le Seapunk a étendu son influence dans la rue mais aussi sur les podiums et dans les clips vidéo. Des artistes tels que Rihanna, Azealia Banks ou encore Nicki Minaj ont mis en avant le style seapunk.


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Le voyage optique & auditif continu Si vous souhaitez pouvoir encore mieux apprécier les visuels emblématiques de The Early Bird, nous vous invitons à les visualiser sur le site officiel du label et bien sûr à écouter les sons illustrés. Au gré de Morning High, Ideal Corpus, Der Kunst ou encore Ewphoria, peut-être à vous aussi vous viendront à l'esprit des patterns oniriques aux décors curieux. À votre convenance. Et n'oubliez pas : The Early Bird catches the worm.


IMMERSION

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Patiente, acharnée et enthousiaste,

LH met en avant des productions

empreintes d’une certaine dualité, plutôt directe et parfois nostalgique.


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NOISREMMI

Érectile MAGAZINE numéro six

LH IMMERSION Entretien réalisé par

Thibaut RENOULET SIte internet de l’artiste

http://lh-vaudier.tumblr.com ÉR

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une styliste aux multiples cartes L-H est originaire de Grézieu le Marché, petite commune située dans le Rhône. Elle obtient un Bac Arts Appliqués à Saint-Etienne puis elle prolongea sa formation dans le domaine du stylisme. C’est à Nîmes qu’elle décrocha un Bts Design de mode suivi d’une licence pro textile environnement et produits dérivés. Après ce parcours d’étudiante, L-H entreprend de s’installer à Paris pour exercer son métier : styliste-infographiste. Elle est actuellement assistance de création chez AB (Agnès B) et membre actif de la Compagnie de Nîmes ainsi que de la Factory 30.

Travailler, créer, ne pompe pas mon énergie, mais m’en donne encore plus.


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LH est attirée par la teinture. En effet, elle utilise les techniques de coloration sur tissu avec des expériences aléatoires par des procédés naturels ou artificiels laissant jouer le hasard. D’ailleurs en ce moment elle expérimente la couleur avec le bleu indigo : « ce bleu couleur du ciel entre chien et loup, tellement profond et pourtant naturel, l’indigo a une histoire qui éveille les sens. ». Par ailleurs, LH est fascinée par l’attirance des Hommes envers les paradis artificiels, la seconde de bonheur, et comparer les effets des acides avec des insectes grouillants, des vertiges à l’encre de chine ou des explosions de couleurs. Elle aime faire cohabiter une image représentant une chose avec un texte parlant d’une autre chose à la manière des cadavres exquis.


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la création, une quête d'évasion LH est largement influencée par la Beat Generation (Burroughs, Ginsberg…) mais aussi par Kafka, Basquiat, Soulage, Martin Parr, Jodorowsky, Cronenberg, Rimbaud, Michaux et tant d’autres. À travers son travail, elle a envie de créer des « Tempo Rubato », des temps hors du temps, de faire rentrer le spectateur dans des histoires, des univers qui le dépendront de sa routine. En l’écoutant, l’art a forcément un but aussi bien pour l’artiste que pour le spectateur : quand on fait quelque chose, on le fait par besoin ou par envie. Et c’est déjà un but en soi.


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LH exploite le plus souvent son idée de départ comme un travail d’étapes : « Je commence par un mot, une phrase, une couleur une technique, une image. Je pars de là pour rechercher, en sortir des formes, des couleurs, des principes, des concepts. Seul le hasard sait où cela nous mène. La recherche et l’expérimentation, les « prémisses du projet » sont les parties que je préfère car il faut se perdre et crouler sous les pistes et les informations pour en revenir plus fort et dégager le concept. Quel que soit le sujet que l’on peut choisir, que l’on a à travailler, que ce soit pour moi ou pour Agnès b, on arrive toujours à se l’approprier et notre « trait » en ressort comme un drapeau planté en Terre inconnue. »


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créer mieux Sur le plan écologique, LH a la chance de travailler pour Agnès b qui recherche des solutions plus humaines et moins lourdes pour l’environnement. En dénichant de nouveaux tissus, en favorisant les cycles cours, en fabriquant au maximum en France, et en allant à la rencontre des artisans, cette jeune artiste participe à cette ligne de conduite et l’approuve complètement. « L’avenir doit aller dans cette direction », dit-elle.

Il y a beaucoup de trésors cachés à découvrir dans les savoirs faire de notre pays ou d’ailleurs, et tellement de techniques artisanales à exploiter, si seulement ces ressources pouvaient être pérennes et ne jamais disparaître. On ne mesure pas assez l’importance de la transmission.


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C’est dans cette optique qu’elle adhère à la Factory 30, une association visant à faire revivre le denim et la mode à Nîmes à travers des échanges intergénérationnels entre professionnels et jeunes diplômés. Le but est de travailler de façon plus collective en s’attachant à l’artisanat qui a pu exister dans cette région, le tout sous un climat plus clément que celui de Paris. La Compagnie de Nîmes est le nom du collectif de la Factory30.


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C’est un consensus de jeunes stylistes qui travaillent sur des projets communs pour proposer une mode contemporaine et plus humaine. « Nous n’avons pas voulu faire ce métier pour faire rimer mode avec angoisse, compétition, arrogance et exploitation mais pour habiller les personnes, les couvrir, leur apporter une seconde peau. Nous aimerions faire en sorte que le métier de styliste puisse exister d’une autre manière », conclut-elle.


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IMMERSION

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FEMME-ENFANT

JUNE

NOUS TRANSPORTE VERS DES MONDES FANTASTIQUES


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Érectile MAGAZINE numéro six

june IMMERSION Entretien réalisé par

marion régnier

SIte internet de l’artiste

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TNAFNE-EMMEF

ENUJ

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introduction June est une jeune illustratrice de 19 ans à peine qui fait preuve d’une grande maturité dans son travail. Elle a grandi et habité à Troyes pendant plusieurs années, mais elle a décidé de tenter sa chance sur Paris, où elle vient d’aménager. Elle a longtemps hésité entre divers parcours. D’abord attirée par les langues, elle s’est laissée tenter par son côté artistique qui ne la quitte jamais. Après l’obtention de son bac l’an passé, elle a donc décidé de se consacrer à l’art et a laissé une place toute particulière à son petit monde imaginaire. Très proche de sa famille, elle ne nous cache pas qu’elle a beaucoup de mal à accepter d’être loin d’eux. C’est son père qui a commencé à lui faire découvrir un monde à part : la photographie. Elle s’engouffre alors dans le monde des arts plastiques sans regarder derrière elle.


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une enfance compliquée Elle a grandi dans la peur de l’autre. Les moqueries étant son quotidien permanent elle se réfugie rapidement dans des mondes intérieurs, remplis d’animaux fantastiques et de dinosaures. Elle s’invente mille vies pour échapper au monde réel, trop présent à son goût. Avec ses problèmes de santé – l’intolérance au gluten – elle décide de prendre une autre voie : celle du dessin. Cette maladie va la miner pendant plusieurs années. Elle sera alors tours à tours moquée, incomprise, et abandonnée par certaines personnes qu’elle considérait comme des amis. Elle se retrouve alors seule, et décide de faire comme un déni du monde réel. L’enfance est balayée par l’âge adulte bien trop rapidement pour une personne de son âge. Elle se renferme sur elle-même, sur la musique, et sur ses longues promenades seules en longboard. Le dessin deviendra alors un endroit rassurant où elle deviendra seule maître de son univers.


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de la solitude émerge la création Son processus est assez singulier. Elle commence par dessiner, gribouiller, des croquis sur des petits carnets. Puis, elle les laisse reposer un moment avant de s’y replonger et de créer de grands formats. Elle commence à montrer son travail grâce aux défis lancés par trois blogueuses : Flavie (la-mouette.com), Florence (songesfunambules. com) et Émilie (lavieeibel.blogspot.fr). Le principe consiste à dessiner par rapport à un thème prédéfini à l’avance. June se demande alors si ça ne pourrait pas être une opportunité détournée de montrer ce qu’elle sait faire. Le succès est immédiat. Plusieurs blogueurs anonymes lui envoient ses encouragements, et lui demande des répliques de ses dessins. L’engouement laissant place aux doutes, elle se lance à corps perdu dans sa nouvelle passion. Grâce aux réseaux sociaux, elle se créer de nouvelles amitiés, sincères et bénéfiques.


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Son univers, naïf et enfantin, est la représentation littérale de ce qui se trouve dans sa tête. Mise à l’écart par la société, d’abord durant son enfance, puis son adolescence, elle s’invente des univers parallèles où elle se sent bien et en sécurité. Son travail représente tout ça. On obtient un résultat assez confus, fouillis. De façon plus théorique, son travail s’ inspire des artistes de rue, du graffiti mais également de la BD. Les artistes Dan Hipp, Furry Little Peach, Alyssa Mees, Supakitch, et Koralie sont ceux qui la touchent le plus. Son combat quotidien contre le gluten n’est plus qu’un mauvais rêve, elle l’assume complètement et arrive désormais à vivre avec. Les séquelles deviennent des cicatrices. Désormais, elle aimerait que les intolérants au gluten soient plus rapidement diagnostiqués pour pouvoir jouir d’une existence décente. Elle a également appris à vivre avec la solitude, qu’elle entretient comme un petit sanctuaire.


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s'évader pour mieux vivre Elle se prend même à rêver de voyages en Alaska, au Canada ou parmi les fjords d’Islande. Seule sur son longboard, la musique de Ben Howard pour fond sonore. Elle s’évade régulièrement dans les séries, Tumblr n’arrangeant rien, elle se jette dans la vie de Seth Cohen et Ryan Atwood de Newport Beach ou encore celle de Ned et Chuck de Pushing Daisies. En 2013 elle découvre le film Her qui, au-delà de la toucher profondément, deviendra un de ses films favoris. Mais June, c’est avant tout un surnom trouvé pour internet. Elle y exerce une activité accrue, que ce soit à travers son Blogspot ou son Tumblr. La signification de son pseudo June - aventurière - lui a tout de suite plu et elle trouve que c’est ce qui la qualifie le mieux.


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les enfants : éternelle source d'inspiration À l’heure où je vous parle, elle en a terminé avec les problèmes qui la rongeaient il y a encore quelques mois, elle continue de dessiner avec acharnement, et s’accroche au petit monde de l’enfance qui est devenue sa nouvelle source d’inspiration. Elle se plaît à travailler au contact des enfants. Leur vision de la vie est ce qui la maintient dans un processus créatif constant et lui permet d’avancer au quotidien.


IMMERSION

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Jeune créatrice basée à Grenoble,

Marie-Laure Bazzani nous fait voyager dans son univers fantastique à travers des créations pleines de poésie.


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Érectile MAGAZINE numéro six

bloody marie IMMERSION Entretien réalisé par

charlotte gelas

SIte internet de l’artiste http://bloodymarie.fr ÉR

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inazzaB eruaL-eiraM srevinu nos snad regayov tiaf suon srevart à euqitsatnaf .eiséop ed senielp snoitaérc sed


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itinéraire d'une créatrice Marie-Laure Bazzani, née le 28 Mars 1985 développe aujourd’hui la marque de vêtements et accessoires Bloody Marie à Grenoble. Après cinq années d’études partagées entre l’École des Beaux Arts de Rouen et l’École Supérieure d’Art et Design de Grenoble, elle s’est tournée vers un BTS Modélisme. Ces différentes formations lui ont permis de mener de nombreuses recherches autour du corps et du vêtement, et de gagner en méthodologie. Il y a un an et demi, elle décide de développer sa propre identité en lançant sa marque Bloody Marie.


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le vêtement comme moyen d'expression D’aussi loin qu’elle s’en souvienne, elle a toujours nourri une passion dévorante pour la création. Elle a compris qu’avec le temps, plus elle tentait de l’alimenter, plus son appétit grandissait. L’inspiration, elle lui vient par surprise :

Ce sont les émotions, les choses qui me touchent, qui m’inspirent. Parfois j’arrive à les provoquer, mais souvent je suis complètement impuissante face à elles.


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En général, ses créations sont empreintes d’éléments se rapportant à la nostalgie de l’enfance. Pour elle, les vêtements sont avant tout porteurs de significations. Ils sont à la fois les messages en eux-mêmes, et les supports de ces messages : « En effet, au-delà de sa vocation originellement protectrice, le vêtement endosse aussi d’autres dimensions, notamment psychologiques, culturelles et sociales. C’est très intéressant d’avoir la possibilité de jouer avec ces codes. » Elle considère d’abord l’art comme un moyen d’interroger, et de laisser une empreinte de son existence, tout en transmettant une sensibilité. Comme beaucoup d’artistes, elle ne se destinait pas à faire de la création son métier. En effet, elle voulait être archéologue : « D’une certaine façon, on peut considérer que j’étudie aussi l’Homme et ses comportements, qu’il y a de la "recherche" là dedans ! »


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bloody marie un cocktail créatif Le nom de sa marque, elle le trouve en faisant des recherches autour de son prénom : « J’ai été très surprise par la diversité des mythes et légendes qu’il pouvait y avoir autour. Je suis très rapidement tombée sur Bloody Marie : aussi bien nom du célèbre cocktail que d’une femme invoquée selon un certain rituel dans le film Candyman avec la phrase "Bloody Marie I killed your baby"… » Ces mots portent une aura de mystère qu’elle tente de cultiver à travers ses créations. Chaque saison un thème est défini, toujours de l’ordre du fantastique ou du féerique. En deux mots, son univers se veut poétique et décalé.


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Au niveau technique, elle n’a pas de préférence ni de matière de prédilection : « J’aime l’idée que le vêtement soit une seconde peau, et je fais mes choix en fonction de cela. » Grâce aux événements créateurs auxquels elle participe, à la boutique Corezone chez qui elle est très fière que sa marque soit distribuée à Grenoble, au site internet qui fournit un accès à la boutique de vente en ligne Etsy, aux réseaux sociaux et bientôt à des ambassadrices, Bloody Marie semble commencer à se faire un petit nom dans les environs.


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L’année passée, elle a eu plusieurs fois l’occasion de collaborer avec d’autres jeunes artistes, notamment à travers la pratique de la sérigraphie : « C’est très enrichissant et ces associations permettent la création d’éléments d’autant plus précieux, puisqu’ils sont produits en série limitée lorsqu’ils ne sont pas des pièces uniques. » Aujourd’hui, Marie-Laure reste ouverte à la collaboration mais sa priorité reste cependant le développement de l’identité de la marque.

C’est très enrichissant et ces associations permettent la création d’éléments d’autant plus précieux, puisqu’ils sont produits en série limitée lorsqu’ils ne sont pas des pièces uniques.


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Érectile MAGAZINE numéro six Retrouvez dans chaque numéro d’Érectile Magazine une thématique proposée par l’artiste de couverture autour de laquelle ce dernier invite les autres créateurs publiés à réfléchir. Le support, le format et les médiums sont totalement libres. Les artistes sont alors détachés de toutes contraintes et peuvent ainsi s’exprimer comme bon leur semble.

Pattern Laura Manfre Elisabeth Mironenko The Early Bird LH June Bloody Marie ÉR

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Laura Manfre

CHATON À L’ÉTAT SAUVAGE J'ai créé le pattern "jungle cats" après avoir photographié mon chaton Aiko dans son coin préféré, notre espace plante! Et puis ça m’a sauté aux yeux, son pelage tigré se mélangeait vraiment bien avec nos plantes exotiques.


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Elisabeth Mironenko

Des femmes chewing-gum qui s’étirent et se tordent sans jamais se toucher. Il y en a pour tous les goûts. Unicité de loin, différences de près. Un motif de femmes dissemblables mais si proches.


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The Early Bird

L'artiste affectionne l'univers aquatique. Ici, les motifs sont incarnés par un duo de requins complémentaires, décuplés, qui évoluent dans une marée agitée de motifs primitifs...


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LH


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June


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bloody marie

Lorsqu’on m’a parlé de Pattern, j’ai pensé immédiatement à présenter le premier thème de la collection Automne/Hiver 2014-15 : Heroes. Avec cette troisième collection, c’est une pensée aux fascinantes, eux érudites, aux courageuses qui se tisse pour commencer cette saison entre la trame d’une armure satin. Ici, j’ai tenté d’imaginer des vêtements qui pourraient fonctionner comme une véritable parure, et e sans joyau véritable ! Finalement, Heroes est un hommage à chacune d’entre nous, qui jouons quoi qu’il en soit un premier rôle: le principal qu’est celui de notre propre vie.


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Septembre Laura Manfre Elisabeth Mironenko The Early Bird LH June Bloody Marie ÉR

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