Date : 26 FEV 17 Journaliste : Laurent Beauvallet Périodicité : Quotidien OJD : 749258
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Même en BD, Prévert s'affranchit des cases Bande dessinée. Disparu voici quarante ans, Prévert laisse une empreinte dans la poésie et le cinéma. Une biographie lui rend un formidable hommage. GABÏH, etat UN cecTAiN MONSIEUR VÏTCHÛUf VOWà À UNE FÊTE CE SOIR AU SAGA Tf UE .'
Herve Bourhis au scénario et Christian Cadeaux au dessin font souffler sur leur biographie un formidable vent de liberte. Comment faire souffler, dans une bande dessinée, l'esprit de liberté si cher a Jacques Prévert ? Pour ne pas contraindre son dessin, ni son dessein, Christian Cadeaux a supprimé les cases. Un vrai choix artistique. Voilà pour la forme, qui rend la lecture des premières pages assez déconcertante. Dans le fond, Hervé Bourhis a retracé la vie du poète et cinéaste en s'affranchissant lui aussi de codes trop classiques. En s'adaptant ainsi a cet artiste hors norme, le dessinateur et le scénariste lui rendent un formidable hommage, pétri d'humanité et de fantaisie. Tout en respectant à la lettre l'esprit du maître, grâce à des recherches très poussées, étalées sur plusieurs années. Les auteurs se sont rapprochés de la fondation Fatras, qui gère la succession de Jacques Prévert. « Nous avons eu accès aux meilleures sources », apprécie Hervé Bourhis. Le scénariste s'est aussi inspiré de Raconte pas ta vie, le
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livre de Marcel Duhamel riche en anecdotes sur la jeunesse des frères Prevert. Par petites touches, « Jacquot » se dévoile, avec toutes ses magnifiques contradictions. « ll avait une image de dilettante, de farfelu et semblait désinvolte. En fait, c'était un homme anxieux », selon Hervé Bourhis, qui définit d'une simple phrase un malentendu : « Prévert, c'est quelqu'un que tout le monde connaît. Mais mal. »
« L'image officielle du poète » Car ses Feuilles mortes se ramassent certes à la pelle, maîs elles tombent d'un arbre qui cache la forêt. « ll y a l'image officielle du poète. Mais on connaît finalement peu sa vie, qui est une aventure à part entière, et encore moins sa jeunesse », raconte Hervé Bourhis, qui apprécie certains poèmes « coups de boule » de l'auteur - pas forcément ceux enseignes en classe...
L'immersion de Prévert dans le septième art est tout aussi fascinante. Il collabore à une centaine de films, souvent avec son frère Pierre, scénansant et dialoguant un nombre incroyable de chefs-d'œuvre : Drôle de drame, Le Quai des brumes, Les Visiteurs du soir, Les Enfants du paradis... Gabm, qui l'adore, le retrouve avec plaisir sur le tournage de Remorques. Cette biographie du « braconnier révolutionnaire », colorée et surréaliste, truffée de bons mots, rend grâce à cet homme « d'une totale liberté ». Laurent BEAUVALLET. Hervé Bourhis et Christian Cadeaux, Jacques Prevert n'est pas un poète, Dupuis, 232 p., 32 €.
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